:
J’en déduis que les députés veulent aussi entendre mon collègue au lieu de n’entendre que moi pendant toute la période.
[Français]
Il est évident qu'on est intéressés à écouter les commentaires des autres au lieu d'écouter simplement les discours du député d'. Je voudrais toutefois revenir au thème de la journée qui a trait à la façon dont le gouvernement actuel se met à la disposition des intérêts des Canadiens et Canadiennes partout au pays au sujet des règlements qui géreront ou auront une influence sur la gestion des intérêts nationaux du pays.
Comme tous les citoyens, avec une certaine surprise, voire avec horreur pour exagérer un peu et mettre l'emphase sur le thème, on a appris l'autre jour que le déficit national imposé aux Canadiens atteindra 50 milliards de dollars cette année.
[Traduction]
Le a déclaré qu’il y aurait un déficit d’au moins 50 milliards de dollars cette année, sur une période de cinq mois, expression d’au moins trois longues estimations différentes de l’orientation suivie par le Canada sous la direction du gouvernement actuel, d’allégeance conservatrice. Il suffit de voir à quoi correspond cette déclaration.
D’abord, cette déclaration signifie que nous tournons le dos aux dix années précédentes de budgets équilibrés ou excédentaires, dans une économie prospère, dans une économie mixte où il existait un bon équilibre entre l’intervention de l’État et l’entrepreneuriat privé. Voilà ce que cela veut dire. Cela ne veut pas dire seulement que le ne comprend pas le mode de fonctionnement du marché, mais aussi qu’il a une conception pernicieuse de la façon dont le marché doit fonctionner.
Imaginez: au moins 50 milliards de dollars. Les Canadiens qui suivent les délibérations et les députés qui débattent de projets de loi comme le doivent donc se résigner à envisager un ajout de près de 2 000 $ par habitant à la dette de tous les Canadiens: 2 000 $.
Monsieur le Président, vous avez trois enfants. Cela veut dire que, dans votre propre famille, ces trois enfants, qui n’ont aucune part de responsabilité dans le gâchis que le gouvernement essaie d’imposer à tous les Canadiens, viennent de se faire imposer 2 000 $ de dette chacun, pour toujours.
Le gouvernement n’a qu’un seul moyen de les soulager d’une dette dont ils ne sont aucunement responsables, et c’est de leur faire payer des impôts pendant le reste de leur vie jusqu’à ce que la dette soit remboursée, avec les autres dettes qui s’accumuleront. Chacun de ces enfants vient de se faire imposer une dette de 2 000 $, à cause d’un qui plaide l’ignorance.
Il s’agit d’une conspiration mondiale. D’une dette mondiale. D’une crise mondiale. À ce qu’on nous dit, nous sommes bien équipés pour affronter la tempête, comme le sont vos enfants, monsieur le Président. Il y aura dans votre famille une dette supplémentaire de 6 000 $ parce que le ministre ne sait pas gérer l’économie. Ce sont les 6 000 $ de dette de vos enfants. Mais il y aussi, pour vous et votre épouse, 4 000 $ de plus également. Le total s’élève donc à 10 000 $.
C'est magnifique, monsieur le Président. C'est 10 000 $ de dette après impôt que le vient d'imposer à votre ménage et aucun Canadien n'y échappe. Tous les Canadiens sont allés travailler avec zèle ces 10 dernières années, sous un gouvernement libéral qui maîtrisait l'économie, qui avait réduit la dette de plus de 100 milliards de dollars et qui avait éliminé un déficit de 42 milliards de dollars. Tout cela a été perdu par le de Whitby. Merci au gouvernement conservateur de si mal gérer nos finances et de faire de si mauvaises prévisions économiques.
Aucune intervention à la marge, comme le projet de loi , qui nous arrive du Sénat, n'aura d'effet. Peut-on imaginer qu'un gouvernement qui, jusqu'à tout récemment, était un ennemi radical de l'autre endroit s'en sert maintenant pour présenter une loi à effet marginal à seule fin de pouvoir prétendre que nous avons de l'influence sur l'économie? En plus, le ministre siège à la table du Cabinet et fait des évaluations. Il y a six mois, notre budget était excédentaire. Le ministre nous disait que tout allait bien, qu'il n'y avait aucun problème, que nous ne devions pas nous inquiéter parce que nous étions entre bonnes mains.
Deux mois plus tard, soit il y a quatre mois, il nous disait que nous ferions un déficit parce qu'il fallait dépenser. L'argent ne sortirait pas des coffres, mais le ministre nous disait que nous dépenserions et que les dépenses atteindraient 34 milliards de dollars. Il était question d'un déficit de 34 milliards de dollars qui serait converti en dette.
Trois mois et demi plus tard, nous nous retrouvons avec la perspective d'un déficit d'une cinquantaine de dollars, soit plus de 50 milliards de dollars d'impôts directs et indirects que devront payer l'ensemble des Canadiens. C'est cela qu'a fait le ministre. C'est le résultat de son incompétence crasse dont les Canadiens font les frais.
J'ai dit que je ne tomberais pas dans la partisanerie, mais nous devons regarder comment il faut gérer l'économie. Nous devons juger ceux qui veulent le pouvoir d'administrer une économie mixte comme la nôtre, qui était une économie dynamique avant l'arrivée au pouvoir du parti d'en face. Nous devons déterminer quel est le niveau de compétence nécessaire, mais je dois malheureusement dire que les gens en poste n'ont pas la compétence voulue.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Ce qu'il y a de préoccupant à propos de ce projet de loi, c'est qu'il pourrait bien n'être qu'un autre mécanisme de protectionnisme. Il a passé par toutes les étapes au Sénat et à la Chambre. Il en est maintenant à la dernière étape du processus. Ce projet de loi ajoute des obligations liées aux douanes. Il accroît le pouvoir des agents de douane en ce qui concerne la fouille et prévoit un règlement concernant les passagers.
Coïncidence intéressante, à compter du 1er juin, environ 30 p. 100 des Américains seulement vont être en mesure de venir au Canada. En effet, 70 p. 100 des Américains n'ont pas de document de voyage valide et ne pourront donc pas traverser la frontière. De notre côté, 53 p. 100 des Canadiens ne pourront pas se rendre aux États-Unis.
Je ne crois pas que ce soit très bon pour aucun des deux pays. Au nom de la sécurité, qui semble toujours l'emporter sur les intérêts économiques et sur le bon sens, nous resserrons de plus en plus les contrôles à la frontière. Malheureusement, le projet de loi semble poursuivre dans la même veine.
Nous avons récemment reçu la visite de la secrétaire Napolitano, qui s'est longuement excusée pour ses remarques. Je suis prêt à accepter ses excuses. J'aimerais que le sénateur McCain fasse la même chose et reconnaisse que les terroristes responsables des événements du 11 septembre 2001 ne sont pas passés par le Canada.
Cela reflète malheureusement une certaine mentalité aux États-Unis, surtout en ce qui concerne la sécurité du territoire. Je souligne que la sécurité nationale est visée par la politique d'achat aux États-Unis, qui est l'équivalent de charger un revolver et de se le pointer sur la tempe. Cette politique aurait un effet direct sur quelque 17 millions d'emplois aux États-Unis.
Ce matin, j'ai pris part au Petit Déjeuner-prière national. C'était vraiment très impressionnant. J'étais assis à côté du propriétaire d'une entreprise possédant deux usines à Scarborough et ayant son siège social à Mississauga. C'est son entreprise qui fournissait la tuyauterie et les raccords aux installations militaires américaines de Californie.
Cette entreprise existe depuis 1949. Elle a littéralement fourni assez de tuyauterie pour faire le tour de la terre 150 fois. Elle est en affaires depuis 1949 et n'a jamais eu la moindre difficulté à expédier ses produits de l'autre côté de la frontière; pourtant, à cette base militaire, après avoir enfoui les tuyaux, ils les ont déterrés parce qu'ils portaient une étiquette indiquant qu'ils avaient été fabriqués au Canada. C'est ce qu'on appelle la sécurité intérieure. C'est l'armée américaine, cela. C'est la politique adoptée par les États-Unis pour favoriser la reprise.
Cela semble aller à l'encontre de ce qu'a dit le président Obama, lors de son passage au Canada. Il a dit: « Nous réaffirmons l'engagement pris à Washington: celui de s'abstenir d'ériger de nouvelles barrières à l'investissement ou au commerce de biens et services, d'imposer de nouvelles restrictions aux exportations ou de mettre en vigueur des mesures non conformes aux règles de l'Organisation mondiale du commerce pour stimuler les exportations. De plus, nous remédierons promptement à toute mesure de la sorte. Nous prolongeons cet engagement jusqu'à la fin de 2010. »
Son secrétaire, Tim Geithner, a déclaré: « Le G7 reste engagé à éviter les mesures protectionnistes, qui ne feraient qu'exacerber la crise ». Le 24 avril, il a répété les propos suivants: « Les États-Unis d'Amérique s'abstiendront d'ériger de nouvelles barrières au commerce des biens et services ».
Il serait très difficile de convaincre la personne avec qui j'ai déjeuné ce matin que ces belles paroles sur le libre-échange ne sont pas que cela: de belles paroles.
Il est temps que nous défendions véritablement le Canada. Il est temps que le gouvernement défende le Canada. Il est temps que le Parti conservateur se montre à la hauteur de son slogan des dernières élections, qui était « Leadership pour le Canada ». La seule personne apte à renverser ces mesures protectionnistes prises aux États-Unis est le du Canada. Il n'a qu'à téléphoner au président Obama. À ma connaissance, le premier ministre n'a pas encore fait cet appel ou, en tout cas, ce n'est pas de notoriété publique.
Lorsque nous signons un accord avec les États-Unis comme l'a fait la secrétaire d'État avec son homologue cette semaine, un accord qui améliore la sécurité pour les deux pays, il est certain que nous nous attendons à être traités comme nation la plus favorisée. Bien évidemment, lorsque nos échanges commerciaux ont une telle ampleur qu'il s'agit de la relation commerciale la plus importante au monde, nous pouvons nous attendre à cela. Et, bien entendu, nous pouvons nous attendre à ce que le président Obama, le Congrès ou quelqu'un d'autre ira dire à nos homologues au niveau des États et des municipalités qu'il n'y a aucun protectionnisme dans les mesures de stimulation aux États-Unis. Nous pouvons certainement nous attendre à cela, et nous pouvons nous attendre à ce que le et ses ministres soulèvent cette question à chaque occasion, puisque l'issue contraire débouche sur une situation que nous ne voulons même pas envisager.
Mon collègue d' a parlé abondamment ce matin des difficultés qu'engendre pour notre pays ce déficit apparemment imprévu. Si nous sommes entraînés dans l'escalade protectionniste, nous n'avons encore rien vu. En effet, nos deux économies seraient touchées de façon tragique si les possibilités que mon collègue a évoquées ce matin au déjeuner se concrétisent de façon générale. À ce moment-là, tout ce qui porte une étiquette « Fait au Canada » finira par être rejeté par les États américains, les forces armées américaines, les municipalités américaines ou d'autres entités américaines qui participent à des projets de stimulation visant les infrastructures.
Le 15 novembre, le G20 a publié la déclaration suivante à Washington D.C.:
Nous soulignons l'importance critique de rejeter le protectionnisme et de ne pas nous replier sur nous-mêmes en période d'incertitude financière. À cet égard, au cours des 12 prochains mois, nous allons nous abstenir de dresser de nouvelles barrières à l'investissement et au commerce des biens et des services [...]
Pourtant le Recovery Act crée également une exigence toute nouvelle en matière de contenu intérieur pour les acquisitions du département de la Sécurité intérieure en lui interdisant d'utiliser ses crédits, et non pas seulement les fonds de relance, pour l'acquisition de vêtements, de matériel individuel, d'une longue liste de produits du textile, à moins qu'ils ne soient fabriqués aux États-Unis. Il convient de signaler que les achats du département de la Sécurité intérieure ne sont pas assujettis à l'ALENA.
Voilà donc. Le département de la Sécurité intérieure fait partie d'une catégorie à part; il est visé par des dispositions légales particulières. Cela a pour effet non seulement de rendre un côté de la frontière moins perméable de façon unilatérale par toutes sortes de mesures, mais de le faire au détriment de nos deux économies. Si cette tendance se poursuit, si cette double tendance de l'imperméabilisation de la frontière pour le département de la Sécurité intérieure et du protectionnisme, tant direct qu'indirect, nos deux économies iront à la destruction.
Tout en appuyant le projet de loi qui comporte, selon nous, des éléments valables, nous sommes extrêmement inquiets de ces exigences additionnelles, qui constituent effectivement des barrières non tarifaires.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour appuyer le projet de loi . Ce projet de loi, qui est à l'étape de la troisième lecture, a été étudié par les deux Chambres et par leurs comités respectifs. À chaque étape, le projet a reçu un vaste appui parce qu'il répond à des priorités universelles. Les Canadiens veulent se sentir en sécurité dans leurs collectivités. Ils veulent que l'Agence des services frontaliers du Canada dispose des ressources et de la souplesse nécessaires pour pouvoir gérer tous les types de risques, quels qu'ils soient. Finalement, ils veulent pouvoir voyager et faire des affaires en toute liberté et sécurité.
Je veux signaler à la Chambre que les modifications contenues dans le projet de loi visent directement ces priorités. Ces modifications aideraient l'ASFC à gérer les risques de manière proactive, un élément clé de la modernisation de la gestion des frontières. Pour administrer efficacement les frontières, il faut mettre en place une vaste gamme de programmes et de politiques qui permettront de résoudre divers problèmes, tels que la contrebande, l'immigration illégale, la santé et la sécurité, le crime organisé et le terrorisme. Ces problèmes changent avec le temps, et nous devons tenir compte de cette évolution quand nous cherchons des solutions.
Les modifications proposées dans le projet de loi tiennent compte des changements qui sont survenus dans le secteur de la sécurité frontalière et donnent à nos agents des services frontaliers les outils nécessaires pour y faire face.
En même temps, le projet de loi propose une approche tout aussi rigoureuse pour faciliter le commerce transfrontalier. La responsabilité de préserver cet équilibre est au coeur du mandat de l'ASFC. L'agence fournit des services frontaliers intégrés qui soutiennent les priorités nationales en matière de sécurité générale et de sécurité publique, tout en facilitant la libre circulation des personnes et des biens légitimes.
Ce projet de loi a été présenté pour conférer un pouvoir élargi et une souplesse accrue à l'ASFC dans l'exécution de son double mandat. Plus l'agence dispose de renseignements au sujet de menaces potentielles, mieux elle est équipée pour y faire face avant qu'elles n'arrivent aux portes du Canada.
Le projet de loi propose plusieurs modifications à la Loi sur les douanes. Je m'attarderai surtout sur deux de ces modifications qui permettraient de mettre en oeuvre intégralement deux programmes qui ont été approuvés et financés par le gouvernement du Canada, c'est-à-dire l'initiative des déclarations préalables, appelée le Manifeste électronique, et, deuxièmement, les zones de contrôle des douanes.
Premièrement, la zone pleinement opérationnelle de contrôle des douanes est nécessaire pour parer les menaces liées aux complots internes et au crime organisé qui peuvent se manifester dans l'atmosphère bourdonnante d'un port. Nos agents des services frontaliers ont besoin de toute la souplesse nécessaire pour s'acquitter de leurs fonctions d'interception, de fouille et de saisie à tout instant pendant le transit des marchandises et des personnes dans un port.
L'adoption du projet de loi donnerait aux agents des services frontaliers le pouvoir d'interroger, de fouiller et de détenir toute personne soupçonnée d'une infraction, non seulement au moment où elle quitte la zone désignée, mais également à l'intérieur de cette zone. Cette disposition améliorerait la capacité de l'agence à intercepter les articles de contrebande et tout autre article illégal avant qu'ils n'entrent dans le pays et à déjouer les complots internes aux points d'entrée.
Le Manifeste électronique est le deuxième programme qui pourrait être mis en oeuvre intégralement grâce à l'adoption du projet de loi. Il s'agit d'un projet important découlant du concept selon lequel l'ASFC devrait recevoir des renseignements sous forme électronique sur les marchandises destinées au Canada bien avant leur arrivée. L'agence pourrait ainsi procéder à l'avance à des évaluations des risques plus incisives.
L'initiative du Manifeste électronique correspond à la troisième phase de l'initiative Information préalable sur les expéditions commerciales. Elle permettrait d'élargir au système routier et au rail les exigences déjà en place pour les transports maritime et aérien. Cette phase finale permettrait une évaluation complète de toutes les marchandises avant leur arrivée à notre frontière. Cela signifierait en revanche que le temps de traitement à l'arrivée serait réduit et que les marchandises commerciales légitimes pourraient entrer au Canada plus rapidement et avec moins d'interruptions.
L'initiative du Manifeste électronique est un projet d'envergure qui facilitera la circulation de marchandises et qui rendra plus sécuritaire et rationalisé le processus d'autorisation de marchandises légitimes à la frontière. Il aurait une incidence importante sur les partenaires de l'agence dans la chaîne commerciale. L'initiative du Manifeste électronique imposerait aux intervenants de l'industrie un nouveau modèle de conformité dans lequel les renseignements demandés sont reçus bien avant l'arrivée de la marchandise, ce qui permettrait à l'ASFC d'effectuer une évaluation plus approfondie des risques.
Il est essentiel que l'agence soit réceptive aux préoccupations des intervenants à mesure qu'approche la date de mise en oeuvre du projet. La meilleure façon pour l'ASFC de veiller à ce que ses partenaires commerciaux se conforment aux exigences changeantes à la frontière est de gagner leur confiance. C'est pour cela que l'agence mène des consultations approfondies depuis les premières étapes de l'initiative du Manifeste électronique.
Le gouvernement est déterminé à préserver la réputation du Canada en tant que pays d'accueil libre-échangiste. En même temps, il reconnaît l'ampleur et l'évolution des dangers à la frontière. L'Agence des services frontaliers du Canada réussit très bien à assurer l'intégrité de cet équilibre, et il revient aux parlementaires de l'appuyer dans ce rôle.
J'aimerais terminer mes observations en demandant à tous les députés de faire en sorte que le projet de loi franchisse l'étape de la troisième lecture. Celui-ci répond à d'importantes préoccupations. Les gens qui gèrent les déplacements considérables de personnes et de marchandises par la frontière du Canada ont-ils les bons outils à leur disposition? De quoi ont-ils besoin pour mieux faire leur travail? Voilà les questions que nous devons continuer de poser compte tenu du fait que la gestion des frontières est un domaine qui change constamment.
Le projet de loi tient compte des défis auxquels est confrontée l'Agence des services frontaliers du Canada et j'estime qu'il peut beaucoup contribuer à lui donner les outils nécessaires pour faire son travail.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole au nom du Bloc québécois sur le projet de loi . Le sommaire du projet de loi se lit comme suit:
Le texte modifie la Loi sur les douanes pour apporter des précisions et des modifications de forme. De plus, il ajoute des obligations liées aux zones de contrôle des douanes et modifie des dispositions relatives à la détermination de la valeur en douanes et les obligations relatives aux déclarations préalables. Enfin, il autorise l’incorporation par renvoi dans les règlements.
Ce projet de loi n'est pas très volumineux. Il comporte sept pages, en excluant le sommaire. D'entrée de jeu, le Bloc québécois sera en faveur du projet de loi S-2. Ce dernier vise principalement à fournir aux agents de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) les renseignements, les outils et la souplesse nécessaires pour leur permettre de détecter les menaces et d'empêcher les activités criminelles tout en veillant à ce que les marchandises et les voyageurs légitimes puissent traverser la frontière de façon efficace.
Selon les modifications annoncées, toutes les entreprises faisant partie de la chaîne commerciale des importations seront tenues de fournir à l'ASFC les données électroniques sur leurs expéditions avant l'arrivée des marchandises au Canada. Avec cette information préalable, l'ASFC sera en mesure de prendre de meilleures décisions en ce qui a trait à l'admissibilité des marchandises et à l'analyse des risques que représentent ces marchandises pour les Canadiens.
D'autres modifications permettront à l'ASFC de mettre en oeuvre de façon intégrale des zones de contrôle des douanes grâce auxquelles les agents de l'agence frontalière disposeront d'une plus grande flexibilité pour examiner les marchandises ou interroger et fouiller les personnes, peu importe où elles se trouvent à l'intérieur de ces zones et non seulement aux points de sortie, comme le stipule la loi actuelle.
Même si le projet de loi semble adéquat au premier regard, un suivi constant de celui-ci ainsi que des interrogations serrées devront être menées auprès des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada et du gouvernement et s'avéreront nécessaires.
La Loi sur les douanes (LSD) fait le lien entre les dispositions des tarifs des douanes, qui imposent des droits et tarifs aux importateurs, et les mesures de sécurité de diverses autres lois.
Dans ce projet de loi, les modifications proposées aux méthodes de détermination de la valeur des marchandises importées pourraient réduire le nombre de différends relatifs au calcul des droits. Par ailleurs, les recettes tirées des droits pourraient augmenter si la valeur des marchandises importées était plus susceptible d'être ajustée à la hausse par suite des modifications proposées aux méthodes de détermination de la valeur en douane.
Les dispositions du projet de loi qui obligent à fournir des renseignements au préalable ont pour objet d'améliorer l'évaluation du risque des marchandises à la frontière. Conjuguée à l'établissement de pouvoirs élargis en matière de fouille des agents dans les zones de contrôle des douanes, cette mesure pourrait faire diminuer le nombre de contrefaçons dangereuses qui entrent au Canada pour des zones de contrôle des douanes.
Actuellement, les agents des services frontaliers peuvent procéder à une fouille de personnes seulement à leur sortie des zones de contrôle. Si le projet de loi est adopté, les agents des services frontaliers pourront le faire à l'intérieur de ces zones.
Comme l'a expliqué la vice-présidente de l'Agence des services frontaliers du Canada lors de l'étude du projet:
En ce moment, l’agent interroge les gens à la sortie, ou les gens doivent se présenter devant lui. L’agent pose des questions et peut procéder à une fouille s’il juge que c’est nécessaire. Dans le nouveau scénario, les agents des douanes vont pouvoir poser le même genre de questions à l’intérieur de la zone de contrôle des douanes, et, s’ils ont des motifs raisonnables pour le justifier, ils vont pouvoir procéder à une fouille. Ils auront reçu la formation adéquate, et les gens entrant dans une zone de contrôle des douanes seraient avisés de la possibilité de fouille. Il y aurait un avis.
Il faudra donc s'assurer que ce suivi sera fait. On nous dit que les agents auront reçu la formation et qu'il y aura des avis. Il faudra donc s'assurer, dans le respect des droits et libertés des individus, que les agents seront bel et bien formés et qu'ils donneront les avis nécessaires.
Le a assuré que les agents procédant à ces fouilles seront soumis aux exigences de la Charte canadienne des droits et libertés en ce qui a trait à la protection des droits constitutionnels des personnes qui y seront soumises. Le ministre l'a déclaré, effectivement, mais il faudra s'assurer, encore une fois, que le gouvernement n'en profitera pas pour aller plus loin que ne le lui permet, entre autres, la Charte canadienne des droits et libertés.
C'est bien de dire tout cela, mais il faut comprendre que ce projet de loi octroie aussi un pouvoir réglementaire au gouvernement pour l'établissement, voire l'élargissement, des zones de contrôle. La zone de contrôle pourrait aussi bien s'étendre à la totalité d'un aéroport ou d'un port, et même aux stationnements et aux aires de débarquement. Le pouvoir accordé aux agents frontaliers serait alors visiblement démesuré. Par conséquent, un suivi constant de ces dispositions auprès de l'Agence des services frontaliers ainsi qu'auprès du gouvernement s'avérera nécessaire.
En effet, le gouvernement conservateur a toujours cette façon de faire, soit de déposer des projets de loi visant la sécurité, ou des projets de loi modifiant le Code criminel, en y incluant une petite pilule empoisonnée pour essayer d'aller encore plus loin dans sa philosophie de droite. Il faudra faire attention à cet élan de recherche de la sécurité. En effet, ces zones de contrôle dans lesquelles pourront intervenir des agents des services frontaliers pourraient, selon le projet de loi déposé, être élargies à la totalité d'un port ou d'un aéroport, y compris les stationnements. Imaginez toute l'anarchie qui pourrait s'ensuivre si on n'assure pas un contrôle adéquat et qu'on laisse des philosophies de droite prendre le contrôle de la sécurité. Ce serait même inquiétant pour tous ceux et celles qui utiliseraient ces espaces.
Soulignons que la GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité et Transports Canada ont réservé un accueil favorable aux modifications relatives aux zones de contrôle des douanes. De même, les autorités aéroportuaires considèrent le recours à des zones de contrôle des douanes comme une mesure de sécurité raisonnable et les autorités portuaires reconnaissent le besoin de zones de contrôle des douanes à proximité des navires commerciaux et de croisière. On aura compris que, autant les administrations aéroportuaires que portuaires veulent un assouplissement et qu'elles veulent de nouvelles zones. Cependant, pour les ports, par exemple, elles nous ont bien dit: près des navires. Il ne s'agit pas de la totalité de l'espace portuaire et de tout le reste. Il faut donc faire attention.
Pour les hommes et les femmes qui nous écoutent, tout comme vous, il faut bien comprendre que le Bloc québécois se fera toujours le grand défenseur de la sécurité, certes, mais aussi de la protection des intérêts des individus. Il ne faudrait pas que des gens soient lésés dans leurs droits parce qu'ils se situent sur le territoire d'un aéroport ou d'un port, tout simplement parce qu'on a décidé de faire des fouilles complètes et qu'on a laissé des dirigeants, surtout un gouvernement, faire des excès de sécurité. Évidemment, encore une fois, le Bloc québécois se fera fort de garantir le respect des droits des citoyens.
On peut résumer la chronologie du projet de loi. Il a été déposé par la leader du gouvernement au Sénat, le 29 janvier 2009. Il a été lu en troisième lecture le 23 avril 2009, puis transmis à la Chambre. Nous venons donc de le recevoir. Il est identique au projet de loi portant le même numéro et le même titre, déposé le 2 décembre 2008. En effet, il y avait déjà eu un projet de loi , déposé le 2 décembre 2008. Il est également identique au projet de loi déposé le 15 février 2008 au cours de la deuxième session de la 39e législature. Ces derniers sont mort au Feuilleton car le gouvernement a décidé d'aller en élection.
Encore une fois, on plaide l'urgence, mais il était plus urgent pour le de manquer à sa promesse de tenir des élections à date fixe, la dernière fois. Cela lui a donné encore un gouvernement minoritaire. On peut comprendre, de nouveau, cette philosophie conservatrice de toujours penser qu'on est les meilleurs. Finalement, les conservateurs se ramassent où ils sont et, de jour en jour, ils deviennent de moins en moins bons. C'est la réalité. Nous le savions, mais, évidemment, la population s'en aperçoit, en tout cas au Québec.
Jour après jour, on s'aperçoit que ce gouvernement n'a plus la capacité de gouverner. Il a perdu le sens de ce que souhaite la population. Évidemment, quand on a une philosophie de droite, on pense toujours qu'on a raison et que tous les autres ont tort. Si les conservateurs continuent comme cela, ils disparaîtront complètement de la carte électorale du Québec et ce n'est pas moi qui pleurera sur leur sort. C'est désolant de voir, encore une fois, des Québécois élus dans ce gouvernement qui se font pratiquement laver le cerveau par cette philosophie de droite. Ils auront le sort qu'ils méritent, c'est-à-dire de retourner chez eux tout simplement.
Ce projet de loi ajoute des obligations liées aux zones de contrôle des douanes, accorde au ministre le pouvoir d'autoriser l'entrée et modifie des dispositions concernant la détermination de la valeur en douane et les déclarations préalables. Il accroît les pouvoirs des agents des douanes en ce qui concerne la fouille des personnes et de leurs marchandises qui se trouvent dans une zone de contrôle des douanes ou quittent cette zone.
Ce que je disais est important parce qu'on donne plus de pouvoir dans les zones visées. Il est inquiétant de laisser le gouvernement agrandir la zone à la totalité à l'aéroport ou encore au stationnement annexé.
D'abord, plus d'agents des douanes seront nécessaires pour assurer un vrai contrôle. Ces gens seront-ils bien formés? Respecteront-ils la Charte des droits et des libertés? On voit la philosophie conservatrice de droite derrière cela. Il faut la freiner et, encore une fois, on peut compter sur le Bloc québécois pour empêcher cela.
Le projet de loi prévoit en outre qu’un règlement peut être pris pour préciser le délai et les modalités selon lesquels les personnes visées par règlement peuvent fournir des renseignements sur les passagers.
L’actuelle loi découle du remaniement complet de la loi de 1867 effectué en 1986 pour préserver le triple objectif initial et pour assurer une plus grande souplesse à la lumière de l’évolution des moyens de transport et de communication et des pratiques commerciales et administratives. Depuis 1986, le législateur modifie régulièrement la loi pour tenir compte des accords de libre-échange et des accords internationaux connexes et pour peaufiner les mesures relatives au commerce international.
C'est pour cette raison que le Bloc québécois veut jouer le jeu. Oui, il y a des nouvelles normes internationales. Oui, on fait des affaires avec d'autres pays comme les États-Unis. Oui, il faut de temps à autres mettre à jour notre loi sur les douanes. Par contre, il ne faut pas tomber dans les excès et, encore une fois, on peut se fier sur le Bloc québécois pour empêcher les conservateurs de tomber dans les excès.
Je reprendrai quelques articles du projet de loi qui est déposé et on me permettra de donner des commentaires sur chacun des articles.
L’article 2 du projet de loi supprime l’obligation qu’a actuellement le ministre de recourir à un règlement pour autoriser l’accès d’une personne à une zone de contrôle des douanes. Le ministre peut donc dorénavant autoriser directement cet accès.
Encore une fois, il faudra s'assurer d'une certaine transparence par rapport à ce que le ministre aura comme pouvoir.
L’article 3 du projet de loi supprime une exemption applicable aux personnes qui quittent une zone de contrôle des douanes pour embarquer sur un vol à destination de l’étranger. Dorénavant, ces personnes sont tenues de se présenter à un agent, de s’identifier, de déclarer les marchandises acquises dans la zone et de répondre aux questions.
Évidemment, il est bien d'assurer un suivi plus important. C'est pour cette raison, entre autres, que le Bloc québécois a appuyé ce projet de loi.
L’article 4 modifie le pouvoir de réglementation du gouverneur en conseil en l’autorisant à prendre des règlements qui désignent les personnes ou les catégories de personnes dont l’accès à une zone de contrôle des douanes peut être approuvé et qui concernent la manière dont doit se présenter une personne qui se trouve dans une zone de contrôle des douanes ou quitte cette zone.
On aura compris que la superficie de cette zone est importante. C'est pour cette raison qu'on disait dès le départ qu'il faudra être très vigilant par rapport à la façon dont le gouvernement appliquera cet article et comment le ministre décidera d'étendre la superficie de la zone. Évidemment, les administrations portuaires souhaitent que cette zone soit agrandie à tous les lieux situés près des navires, mais elles n'ont pas demandé à ce que cela s'applique à tout le territoire du port et aux stationnements qui y sont annexés. Il faudra donc être vigilant dans l'application de l'article 4.
L’article 5 modifie l’obligation de déclarer des marchandises importées au Canada pour que ce soit la personne visée par règlement et non le responsable du moyen de transport qui doive faire une déclaration au bureau de douane le plus proche. Par conséquent, un règlement définissant les personnes visées par règlement déterminera qui doit déclarer des marchandises importées au bureau de douane le plus proche.
C'est bien. C'est une norme pour essayer d'arrimer les échanges internationaux et s'assurer que la personne qui transporte la marchandise est obligée de la déclarer et non, comme en vertu de l'ancienne loi, le responsable du moyen de transport. Cela apportera tout de même un éclairage important.
L’article 12 du projet de loi modifie la loi pour habiliter le ministre à établir le délai et les modalités selon lesquels il pourra exiger des personnes visées par règlement qu’elles fournissent des renseignements sur les passagers dans les circonstances et conditions prévues par règlement.
Toutes les fois qu'on parle de fournir des renseignements sur les passagers, le Bloc québécois se préoccupe grandement du respect des renseignements personnels. On ne fera jamais assez d'efforts pour que ces renseignements ne tombent pas entre les mains de personnes qui pourraient les utiliser d'une mauvaise façon. C'est donc important d'assurer le suivi et d'assurer que les renseignements qui seront fournis sur les passagers à l'agence seront bien protégés.
L’article 7 du projet de loi modifie les méthodes utilisées pour ajuster la valeur transactionnelle des marchandises importées dans le cas où le vendeur reçoit un bénéfice d’une vente ultérieure. Cette mesure peut mener à l’établissement d’une valeur plus élevée et, par conséquent, à une hausse des droits payés par les importateurs.
On a vu que dans les échanges internationaux, il faut payer des droits sur la valeur des biens. Cet article propose donc un certain ajustement. Les entreprises de nos manufacturiers québécois et canadiens subissent parfois des pressions énormes à cause de la compétition de pays émergents et de la compétition étrangère, qui offrent des prix qui ne sont pas réalistes par rapport à la valeur des biens. Cet article permettra d'établir des droits de douane équilibrés. Cela ne peut que favoriser les échanges internationaux et, conséquemment, favoriser nos entreprises.
L’article 10 modifie la loi pour autoriser un agent des douanes à fouiller toute personne qui se trouve dans une zone de contrôle des douanes ou quitte cette zone s’il soupçonne, pour des motifs raisonnables, qu’elle dissimule sur elle ou près d’elle tout objet d’infraction effective ou éventuelle à la loi ou à ses règlements d’application.
On augmente donc les pouvoirs et les droits de fouille dans une zone de contrôle ou lorsqu'une personne quitte cette zone. Auparavant, ce n'était qu'après s'être enregistré ou après avoir passé le service que la personne devait faire face aux agents. Désormais, les agents pourront l'interpeller et la fouiller peu importe où elle se trouve dans une zone désignée.
L’article 11 modifie la loi de manière à ce qu’un agent des douanes puisse, conformément aux règlements, procéder à l’examen discret de marchandises en la garde ou en la possession d’une personne qui se trouve dans une zone de contrôle des douanes ou quitte cette zone.
On peut faire la fouille de la personne, mais on peut aussi faire la fouille des marchandises et des biens qu'elle garde en sa possession de façon discrète.
L'objectif du Bloc québécois a toujours été d'assurer une sécurité importante dans les territoires qui sont sous le contrôle du Canada ou qui relèvent de sa compétence. C'est dans cet esprit qu'on s'est assurés de discuter de ce projet de loi. On aura compris notre grand intérêt à défendre les droits des individus, et c'est pourquoi, par rapport à l'élargissement de la zone de contrôle, il faudra être très vigilant, et s'assurer que les demandes de l'Agence des services frontaliers du Canada et du gouvernement ne seront pas exagérées.
Enfin, je prends l'exemple des administrations portuaires. Elles nous ont dit ce dont elles avaient besoin, à savoir que la zone de contrôle soit élargie aux territoires près du navire. Toutefois, elles n'ont jamais dit que cela devrait s'appliquer à tout le port ou au stationnement afférent, etc. Lorsqu'un contrôle s'effectue sur un territoire trop vaste, on ne peut pas s'assurer que le personnel qui fait le travail a la formation adéquate et que les individus se sont fait expliquer leurs droits.
Encore une fois, on pense à la protection des intérêts des individus, des passagers et de ceux qui s'occupent du service.
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Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi au nom de notre caucus et de notre chef.
Nous sommes saisis du projet de loi . Nous sommes ravis de contribuer à ce que le projet de loi franchisse les étapes du processus législatif. Nous en avons examiné attentivement les dispositions et, bien que nous ayons quelques modestes réserves, dont je parlerai plus loin, nous croyons qu'il s'agit d'un projet de loi solide qui permettra à la fois de maintenir la sécurité à nos frontières et d'améliorer la circulation transfrontalière des marchandises et des personnes.
Le projet de loi propose un certain nombre de mesures. Il apporte les modifications législatives voulues pour la mise en place du cadre légal nécessaire à la mise en oeuvre complète des programmes clés déjà approuvés. Ces modifications renforceront l'évaluation des risques et l'application de la loi et faciliteront les échanges commerciaux et le maintien de la sécurité.
Le projet de loi apporte aussi les modifications de forme et d'ordre administratif nécessaires à la mise en oeuvre des programmes que j'ai mentionnés plus tôt et qui ont été mis en place au cours des dernières années.
Le projet de loi renferme des modifications clés qui répondent concrètement aux préoccupations liées à la sécurité que la vérificatrice générale a signalées dans son rapport d'octobre 2007.
L'Agence des services frontaliers du Canada utilise trois stratégies fondamentales pour la gestion de la frontière. Il y a d'abord des programmes pour les voyageurs préautorisés. Ces programmes visent à accélérer le passage des marchandises et des personnes présentant peu de risques et à permettre de concentrer les ressources stratégiques sur les personnes et les marchandises présentant un niveau de risque plus élevé ou inconnu. En nous concentrant sur cette dernière catégorie, nous permettons un passage continu, plus facile et plus rapide, de la première catégorie.
La possibilité de déclaration préalable constitue la deuxième stratégie. L'objectif du projet de loi est de contribuer à stopper la menace avant qu'elle atteigne la frontière et à faciliter la procédure au moment du passage des passagers et des marchandises légitimes.
La troisième stratégie consiste à appliquer des techniques de renseignement dans le traitement de l'information. Comme l'Agence des services frontaliers s'appuie sur des systèmes perfectionnés d'évaluation du risque tirant parti de la technologie moderne ainsi que de l'expertise et de l'expérience des employés tant dans notre pays qu'à l'étranger, nous devons nous assurer que ces employés possèdent les outils et le cadre juridique qui leur permet de s'acquitter de cette fonction importante.
Le premier élément important qui se trouve amélioré par ce projet de loi, en matière d'efficacité et de sécurité à la frontière canadienne, a trait au nouveau manifeste électronique. Il s'agit d'un système traitant l'information commerciale, qui exige des entreprises transportant de la marchandise ou des personnes qu'elles transmettent l'information à leur égard avant d'entrer dans notre pays. Ce système permettra au personnel de notre Agence des services frontaliers du Canada d'évaluer le risque à partir de données plus précises. Cela permettra aussi un mouvement plus fluide des gens et des marchandises qui désirent entrer au Canada et qui ne présentent pas réellement de risque pour notre pays.
Le programme actuel, qui est modifié par le projet de loi, exige que le propriétaire ou la personne responsable d'un transporteur aérien ou maritime fournisse les renseignements commerciaux par voie électronique avant l'arrivée au Canada du moyen de transport. La réglementation que nous proposons précise le délai, le mode de transmission et les données qui doivent être fournies à l'ASFC par tous les maillons de la chaîne d'importation. Autrement dit, ce ne sera plus que le propriétaire ou la personne responsable du moyen de transport qui devra fournir l'information, mais aussi tous les intermédiaires.
La raison d'être de ce changement, c'est d'aider l'ASFC à mieux cibler les chargements présentant un risque élevé tout en rationalisant la procédure d'entrée pour les chargements présentant peu de risques. Pour le moment, sans la modification proposée, cette information est fournie sur une base volontaire.
Par ailleurs, les déclarations électroniques demeureraient concises et arriveraient en temps opportun, ce qui réduirait l'utilisation du papier. C'est donc aussi un signe d'engagement à l'égard du développement durable.
Beaucoup des transporteurs commerciaux, des courtiers en douane et des importateurs de notre pays seraient en mesure d’assurer un mouvement plus efficace des marchandises à la frontière. Comme ils auraient la possibilité de transmettre leurs renseignements par voie électronique, le mouvement serait plus rapide et plus écologique.
Je suis heureux de signaler qu’il y a eu des consultations extérieures. L’étude en comité du projet de loi a principalement visé à s’assurer que les gens les plus touchés par ces changements en comprenaient les effets et avaient eu la possibilité de faire valoir leur point de vue et leurs idées. Je suis heureux de dire que cela a été fait.
Les partenaires de la chaîne commerciale en transport maritime, aérien, routier et ferroviaire, les importateurs, les associations d’expéditeurs et les courtiers s’occupant des différentes étapes de la chaîne d’importation ont tous étés informés et consultés. Au Nouveau Parti démocratique, nous continuerons à veiller à ce que la communauté commerciale soit consultée à tous les stades de la conception, de l’élaboration et de la mise en œuvre de ce projet.
Le deuxième grand domaine couvert par le projet de loi traite de la création de ce qu’on appelle les zones de contrôle des douanes. Les dispositions actuelles de la loi désignent des zones de contrôle de douanes comme zones sûres contrôlées par l’ASFC, comme les salons et les aires de trafic des aéroports, où peuvent se trouver simultanément des marchandises et des voyageurs n’ayant pas passé la douane et des marchandises ou des personnes locales.
À l’heure actuelle, les agents des services frontaliers ne sont autorisés à interroger et à fouiller des personnes qu’aux points de sortie. Autrement dit, toutes les personnes sortant d’une zone de contrôle des douanes doivent se présenter à un agent. Les modifications proposées dans le projet de loi maintiendraient les zones de contrôle sans donner de pouvoirs supplémentaires quelconques aux agents des services frontaliers.
Toutefois, ces agents seraient autorisés à interroger et, dans certaines conditions, à fouiller des personnes n’importe où dans les zones de contrôle, et pas seulement aux points de sortie. Les gens auraient encore l’obligation de se présenter à un agent sur demande, mais ils n’auraient pas tous à le faire en sortant d’une zone de contrôle parce que les agents seraient habilités à les aborder pour leur poser des questions.
Nous considérons cette modification comme une mesure positive car, dans les zones où se côtoient des travailleurs, des marchandises ou même des citoyens locaux ainsi que des voyageurs étrangers ou des marchandises importées, des atteintes à la sécurité sont possibles. Si des gens entrent dans ces zones et en sortent plusieurs fois par jour, comme dans le cas des travailleurs, l’ASFC ne dispose tout simplement pas des ressources nécessaires pour les contrôler chaque fois qu'ils sortent. Il est beaucoup plus efficace de conférer aux agents des services frontaliers le pouvoir d’intervenir en cas de risque élevé ou d’activités suspectes dans une zone de contrôle.
Cette mesure dispenserait en même temps les gens qui entrent et sortent fréquemment de l’obligation de se présenter à un agent chaque fois qu’ils quittent la zone de contrôle. À mon avis, il y a donc là un double avantage. Cette mesure augmente l’efficacité des agents des services frontaliers et allège le fardeau de ceux qui doivent tous les jours entrer dans les zones et en sortir.
Nous croyons que ces changements renforceront la sécurité à ces endroits car, d’après les témoignages entendus au comité, c’est là que des conspirations sont montées. C’est là que des gens peuvent se rencontrer et prendre des dispositions pour faire entrer ou sortir des marchandises ou des personnes dangereuses. Nous croyons que c’est un important élément de notre sécurité.
Je répète encore une fois qu’aucun pouvoir supplémentaire n’est accordé aux agents des services frontaliers au-delà des pouvoirs qu’ils ont actuellement. Il s’agit simplement d’un moyen plus efficace d’exercer ces pouvoirs.
Le projet de loi comporte en outre des modifications de forme et de nature administratives, que je ne passerai pas en revue. Je me limiterai à en mentionner quelques-unes. Certaines dispositions relatives à la détermination de la valeur en douanes sont modifiées pour rendre la loi conforme à l’Accord sur l’évaluation en douane de l’Organisation mondiale du commerce, que le Canada a ratifié en 1991.
Le projet de loi renferme une modification de forme au Système d'information préalable sur les voyageurs/dossier du passager qui aiderait à clarifier les obligations existantes qu'ont les transporteurs commerciaux de transmettre par voie électronique des renseignements sur les passagers, et qui imposerait des délais fixes pour la communication de ces renseignements. À l'heure actuelle, il n'existe pas de délai prescrit à cette fin. Les transporteurs sont tenus de fournir ces renseignements avant d'arriver au Canada, ou dans un délai raisonnable après avoir atterri. En vertu des modifications proposées, tous les renseignements devraient obligatoirement être fournis avant l'arrivée au Canada, ce qui aiderait notre personnel à traiter cette information et à accélérer le processus.
Certaines différences entre les versions anglaise et française de la loi seront corrigées, notamment afin de s'assurer que la version française correspond davantage à la version anglaise.
Je veux mentionner certaines préoccupations liées au projet de loi, parce que cette mesure suscite des réserves. Premièrement, le projet de loi ne précise pas exactement ce qu'est une zone de contrôle des douanes. Cette définition est laissée à la discrétion du ministre, ce qui est un peu préoccupant. Les parlementaires devront faire preuve de vigilance afin de s'assurer que, dans sa façon de désigner ces zones, le ministre ne va pas au delà de l'objectif du projet de loi. Certains ont laissé entendre que les zones de contrôle des douanes pourraient inclure les boutiques hors taxes et, comme l'a mentionné le député de il y a quelque temps, qu'elles pourraient aussi inclure les stationnements.
Il faut être vigilant et s'assurer que ces zones se limitent au strict minimum nécessaire pour atteindre le but du projet de loi, qui est de contrôler les zones de contrôle des douanes où les personnes et les marchandises transportées à bord de vols intérieurs et internationaux convergent pour franchir la frontière.
Une autre source de préoccupation est le pouvoir discrétionnaire du ministre d'exempter certaines personnes de l'obligation de se présenter dans une zone de contrôle des douanes. J'ai posé une question au comité à ce sujet, pour être bien certain de comprendre la justification de ce pouvoir discrétionnaire. On m'a répondu que cette disposition visait le personnel diplomatique ou d'urgence, comme par exemple des ambulanciers ou du personnel médical qui répondent à une urgence.
Quoi qu'il en soit, c'est un autre point concernant lequel il faut être vigilant, afin d'éviter tout dérapage. Il ne sert à rien de dire que les voyageurs qui arrivent dans une zone de contrôle des douanes peuvent faire l'objet d'une fouille et d'un interrogatoire si l'on permet ensuite au ministre d'exempter certaines catégories de personnes. Il faut s'assurer que cette liste est restreinte et qu'elle est pleinement justifiée.
Il y avait d'autres choses importantes que notre parti et nos représentants au comité tenaient à voir dans le projet de loi. On nous a garanti que la Charte des droits et libertés s'appliquerait dans ces zones de contrôle des douanes et qu'on n'y ferait pas de fouilles ou de saisies abusives. Nous tenions à ce que les privilèges des gens qui y transitent soient respectés. Souvent, ce sont des avocats qui transportent des documents touchant aux intérêts juridiques privilégiés de leurs clients. Nous tenions à ce que ces privilèges soient respectés et que ces documents ne puissent pas être fouillés ou saisis.
Nous nous sommes intéressés aux questions de protection de la vie privée et nous avons demandé que ces intérêts soient protégés. Je dois dire que c'est une zone qui reste floue pour l'instant et que nous devons donc, en tant que parlementaires, rester vigilants pour que la vie privée des Canadiens soit respectée dans ces zones comme elle doit l'être partout dans le pays.
Nous avons posé des questions et nous nous sommes assurés qu'il y aurait des plans pour former correctement les agents de l'ASFC qui pourront être amenés à appliquer ces pouvoirs élargis, afin qu'ils respectent tout ce que je viens de mentionner et qu'ils exercent leurs pouvoirs de manière responsable et dans le respect de la loi.
Nous avons aussi tenu à nous assurer qu'il y aurait suffisamment de garanties concernant les informations ou les biens détenus ou saisis. Nous voulions nous assurer que la durée de rétention de ces informations ou de ces biens soit limitée et qu'il y ait des limites à la divulgation de ces informations à des tierces parties. Nous voulions nous assurer que ces informations ne serviraient pas à autre chose qu'aux fins pour lesquelles elles étaient recueillies au départ. Nous tenions à ce qu'elles soient soigneusement contrôlées et rendues ou détruites à la fin, et à ce qu'elles en la possession légale des personnes responsables d'en garantir la confidentialité.
Nous avons enfin tenu à nous assurer que les personnes qui travaillent dans ces zones de contrôle des douanes soient informées de leurs droits et puissent les faire respecter en tout temps dans le cadre de l'application de cette loi.
Cela dit, je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi. Il nous semble équilibré et bien rédigé sur le plan administratif. Il a d'ailleurs été adopté en comité avec l'appui unanime des quatre partis. C'est un modèle de fonctionnement de notre Parlement quand les quatre partis oublient leurs divergences partisanes et s'unissent pour élaborer une loi solide et raisonnable.
Je tiens à féliciter tous les membres du comité, quel que soit leur parti, qui ont coopéré et travaillé de façon constructive pour faire avancer ce projet de loi de manière efficace et logique.
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Monsieur le Président, je suis heureux de me prononcer au sujet du projet de loi , qui vient du Sénat.
Ce projet de loi modifierait la Loi sur les douanes en y apportant des précisions et des modifications de forme. Il ajouterait aussi des obligations liées aux zones de contrôle des douanes et modifierait des dispositions relatives à la détermination de la valeur en douanes et les obligations relatives aux déclarations préalables. Enfin, il autoriserait l’incorporation par renvoi dans les règlements.
Il est intéressant de constater comment le débat a évolué. Un député de l'opposition officielle a d'abord passé un certain temps à discourir sur l'influence possible des régions frontalières sur l'économie du Canada, puis a brièvement passé en revue le climat économique actuel et la position financière du pays, qui préoccupent les députés, qu'il s'agisse de l'importance du déficit, du taux de chômage, des problèmes à l'étranger, du sauvetage d'entreprises, etc.
Le fait d'avoir permis à ce discours de se prolonger pendant une dizaine de minutes a ouvert la porte à des discussions sur les finances du pays, ce qui n'est pas l'objet de ce projet de loi, qui n'a que très peu de liens avec ce sujet.
Le secrétaire parlementaire est aussi intervenu pour nous donner un cours sur l'Agence des services frontaliers du Canada. Il est utile que le public comprenne que cette agence a des responsabilités très sérieuses et très coûteuses.
Ce qui a attiré mon attention à propos du projet de loi, c'est toute la question du cadre réglementaire et de l'élargissement de la portée de la réglementation, ce que permet le projet de loi .
Je me suis demandé pourquoi ce projet de loi, qui a été présenté à la Chambre au cours de la dernière législature, a été cette fois-ci présenté au Sénat. Je serai le premier à reconnaître que les comités sénatoriaux fonctionnent mieux que les comités de la Chambre, pour la simple raison que les sénateurs n'ont pas à s'occuper d'une circonscription et n'ont pas les mêmes responsabilités politiques que les députés. Les sénateurs n'ont pas à disperser autant leurs efforts et peuvent étudier les projets de loi avec soin. J'ai relevé quelques éléments soulevés par des sénateurs.
Le projet de loi a été adopté au Sénat le 23 avril, soit il y a environ un mois. Il a été étudié rapidement à la Chambre à l'étape de la deuxième lecture, puis a été renvoyé au comité, où il est resté pendant une journée. À mon avis, l'étape de la deuxième lecture est le moment où quelques députés peuvent prendre part à un débat et faire valoir leur point de vue ou partager leurs connaissances, mais sans avoir l'apport des témoins ou des experts et sans savoir exactement ce que pensent les parties concernées à propos des questions relatives à la Charte ou à la protection de la vie privée. La commissaire à la protection de la vie privée a-t-elle comparu? Qu'en pensent les autorités aéroportuaires? Que pensent-elles des changements proposés à la Loi sur les douanes?
Le projet de loi aurait un effet majeur sur l'application de la Loi sur les douanes et sur la latitude des agents. Il touche aux droits garantis par la Charte, aux renseignements personnels contenus dans les documents électroniques et à la facilitation du commerce transfrontalier. Le projet de loi S-2 touche à bien des choses, mais le comité n'a eu qu'une journée pour en discuter.
Le comité a tenu une séance le 26 mai et il fait rapport aujourd'hui.
Cela a fait se demander pourquoi le comité n'avait pas examiné plus attentivement certaines des questions de fond qui ont été soulevées. Je ne sais pas pourquoi on n'a pas entendu des témoins capables de faire ressortir les secteurs de risque. L'intervenant précédent a siégé au comité. Je lui posé une question toute simple: quelle est la définition de zone de contrôle des douanes? Il ne le savait pas. Cette définition se trouve dans la Loi sur les douanes en vigueur, mais je ne l'ai pas sous la main.
Dans un discours prononcé plus tôt aujourd'hui, un député se demandait si une zone de contrôle des douanes inclurait un stationnement d'aéroport ou d'autres lieux que l'on ne considère généralement pas comme faisant partie de la zone des douanes où des agents sont en poste et où l'on conduirait des gens pour les interroger. Une autre question qui a été soulevée avait trait aux boutiques hors taxes, lesquelles sont des zones de contrôle des douanes. Ces boutiques se trouvent dans le bâtiment principal de l'aéroport.
Cela manque de rigueur. Je regrette d'avoir à le dire, mais une façon aussi peu rigoureuse d'aborder un projet de loi risque de porter à conséquences. J'ai posé tout à l'heure une question sur un aspect sur lequel je me suis penché longuement, soit la réglementation. Je ne sais pas ce qui s'est dit et je n'ai pas eu la chance de prendre connaissance du compte rendu des délibérations du comité sénatorial. On ajoute à la Loi sur les douanes une nouvelle disposition, l'article 164.1, qui stipule ceci:
Peut être incorporé par renvoi dans un règlement tout document — quelle que soit sa provenance —, soit dans sa version à une date donnée, soit avec ses modifications successives.
Outre le facteur temps, cela veut tout simplement dire que l'on peut incorporer dans la réglementation n'importe quel document, indépendamment de sa provenance. J'ai été stupéfait de lire cela. Aucune restriction n'est prévue. On peut incorporer n'importe quoi dans la réglementation. Pourquoi incorporerait-on un document par renvoi? Prenons l'exemple de la mesure législative concernant le crédit d'impôt pour l'achat d'outils. On pourrait y incorporer par renvoi la Loi de l'impôt sur le revenu pour que les gens qui voudraient vérifier quels types d'outils sont admissibles puissent consulter ce document plus détaillé. Le but est de fournir des précisions.
Cette nouvelle disposition qui sera intégrée à la Loi sur les douanes parle de « tout document ». L'homme de la rue pourrait se dire, je suppose, qu'il n'a qu'à lire la Loi sur les douanes pour constater quels pouvoirs elle confère et qu'il pourrait également prendre connaissance du règlement. Les députés savent, évidemment, que nous ne voyons la réglementation relative à un projet de loi qu'après l'adoption et la sanction royale. Les règlements sont pris par décret.
Or, selon la nouvelle disposition, la réglementation que nous ne voyons qu'après la sanction royale permet d'intégrer par renvoi tout autre document. Comment une partie intéressée peut-elle donc comprendre le sens d'une disposition d'un projet de loi ou d'une loi comme la Loi sur les douanes sans voir la réglementation, si des éclaircissements sont nécessaires? Désormais, on prévoit d'intégrer tout autre document par renvoi.
Ceux qui se demandent s'ils vont agir en conformité de la loi sont pratiquement obligés maintenant de consulter la réglementation pour déterminer quels documents y sont intégrés par renvoi, puis de prendre connaissance desdits documents pour les situer dans le contexte.
Voilà donc un ajout fort étrange. À ma connaissance, la question a été soulevée au comité sénatorial, où on a manifesté des inquiétudes. Ici, à l'étape de la troisième lecture, certains députés ont déjà fait valoir les leurs. Il subsiste des questions sans réponse au sujet de ce qui constitue une zone de contrôle des douanes. Le fait de pouvoir incorporer tout autre document reste une source de préoccupation. Continue-t-on d'avoir des réserves concernant la protection de la vie privée, au sujet des droits individuels garantis par la Charte, ou encore au sujet des répercussions qu'auront les pouvoirs élargis conférés aux agents des douanes sur la circulation non seulement de biens et de services, mais aussi de personnes? Tout cela fait partie de la donne économique.
Nous en sommes à la troisième lecture. Nous continuons de nous poser des questions. La Chambre ne sait pas encore vraiment si une zone de contrôle des douanes englobe l'aire de stationnement d'un aéroport. L'Administration de l'aéroport du Grand Toronto a donné son avis à cet égard. Elle appuie le projet de loi et elle estime qu'il donnera aux agents des services frontaliers la souplesse, et je dis bien la souplesse, d'examiner des marchandises et aussi d'interroger et de fouiller des personnes n'importe où dans la zone de contrôle des douanes. Selon le libellé actuel de la Loi sur les douanes, l'Agence des services frontaliers du Canada ne peut exercer ce pouvoir qu'aux points de sortie.
C'est un peu vague. Le Conseil des aéroports du Canada appuie aussi le projet de loi. Il indique que, lorsque le projet de loi S-2 a été présenté pour la première fois, les avocats spécialisés en droit commercial ont exprimé leur préoccupation au sujet de certaines parties du projet de loi qui risquaient de permettre au gouvernement de prendre des règlements concernant l'information ou les données préalables exigées de la part des exportateurs au sujet des marchandises arrivant au Canada, et ce, sans grande consultation. Le conseil s'inquiète aussi de la quantité d'information qui sera requise et des répercussions que l'exigence de recueillir et de fournir l'information aura sur les exportations au Canada.
Il est extrêmement important de tenir compte de la réaction de l'Autorité aéroportuaire du Grand Toronto et du Conseil des aéroports du Canada concernant l'incidence que ces mesures pourraient avoir sur la circulation des personnes et des marchandises. Les exigences bureaucratiques laissent maintenant beaucoup de place à l'interprétation. C'est presque comme si, tout à coup, ceux qui exportent des biens ou des services au pays, ou ceux qui entrent au pays, risquent de devoir maintenant satisfaire à un tas d'exigences pénibles.
Cela soulève la question que j'ai souvent posée à des représentants d'entreprises. Que pouvons-nous faire pour favoriser leur croissance et leur réussite? À maintes reprises, ils ont répondu qu'ils veulent que nous réduisions les tracasseries administratives et les exigences de divulgation ainsi que le nombre de formulaires à remplir et de rapports à produire. Tous ces éléments sont très importants, mais le projet de loi ouvre la porte à des exigences en matière de déclarations préalables qui risquent d'embourber le système. Cela va avoir des conséquences.
Ce matin, j'ai participé à la réunion au Comité mixte permanent d'examen de la réglementation. C'est un des comités les moins connus au Parlement, mais il joue un rôle important.
Comme je l'ai dit plus tôt, lorsque nous sommes saisis d'un projet de loi, la Chambre l'étudie à l'étape de la deuxième lecture, après quoi il est renvoyé au comité. Il revient ensuite à la Chambre à l'étape du rapport avec peut-être des propositions d'amendements. Vient ensuite le débat à l'étape de la troisième lecture, puis le vote final. Si le projet de loi est adopté, il est envoyé au Sénat, où il franchit essentiellement les mêmes étapes.
Si un projet de loi autorise le ministre à prendre certains règlements, ce que fait le présent projet de loi, les députés et les sénateurs auront débattu du projet de loi et exprimé toutes leurs préoccupations sans avoir vu les règlements. Il y a une mesure législative qui a reçu la sanction royale il y a quatre ans et pour laquelle aucun règlement n'est encore en place. D'ailleurs, bon nombre des articles de cette loi ne sont toujours pas appliqués parce qu'on attend les règlements qui s'y rapportent.
La situation est telle qu'un projet de loi d'initiative parlementaire provenant du Sénat et qui a été adopté ici prévoit que, si un projet de loi ne reçoit pas la sanction royale ou que si une mesure législative n'est pas promulguée et mise en vigueur dans les dix ans, ils deviennent caduques. Cela arrive, c'est la réalité.
En l'occurrence, les règlements de ce projet de loi en élargissent la portée en autorisant l'incorporation par renvoi. Il sera ainsi plus difficile pour les gens de comprendre ce que dit vraiment la loi. Le Comité mixte permanent d'examen de la réglementation se doit de vérifier scrupuleusement les règlements à mesure qu'ils sont publiés dans la Gazette du Canada afin qu'ils apportent des précisions ou fournissent les renseignements supplémentaires nécessaires pour qu'on comprenne ce que stipulent les articles de la loi.
Il ne peut y avoir de règlements sans qu'ils soient autorisés par une mesure législative. Le projet de loi doit comprendre des articles autorisant le ministre à prendre un règlement afin d'expliquer ou de préciser des détails. Par exemple, si un crédit d'impôt pour les outils est prévu, le règlement peut comporter une liste des types d'outils admissibles. Voilà un exemple de règlement qui fait ce qu'il devrait faire.
Depuis longtemps, on insère dans les règlements des intentions ou des champs d'activités qui ne sont pas autorisés par la loi. Cela signifie que la Chambre des communes et le Sénat peuvent faire tout leur travail mais, une fois que le projet de loi est adopté et qu'il reçoit la sanction royale, il est soumis au Cabinet. C'est ce dernier qui est responsable de l'élaboration des règlements. Les règlements commencent à avoir une portée plus large et des implications plus vastes sur le projet de loi. Lorsque nous examinons les règlements, cela pourrait modifier notre interprétation des dispositions du projet de loi. Cela ne devrait pas se produire. Les règlements ne devraient pas contenir de surprises.
Cela me préoccupe grandement. Je ne crois pas que je peux faire quelque chose pour régler ce problème. Les implications possibles m'inquiètent. Je suis préoccupé par le fait que le comité semble ne pas y avoir accordé une grande attention. C'est problématique. Cela peut avoir des ramifications importantes. Nous avons reçu quelques assurances à propos des questions liées à la Charte et des questions concernant la protection des renseignements personnels. J'aurais été plus rassuré si les représentants du Commissariat à la protection de la vie privée avaient été présents pour donner au comité leurs opinions sur la question de la protection des renseignements personnels parce que, si une zone de contrôle des douanes est beaucoup plus vaste que nous le pensons, le public pourrait avoir à répondre à des questions sur n'importe quel sujet que l'on pourrait raisonnablement soupçonner d'avoir des répercussions sur la Loi sur les douanes.
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Madame la Présidente, dans l'ensemble, j'appuie le projet de loi.
Nous l'avons étudié au Comité de la sécurité publique, dont je fais partie. De façon générale, très peu de questions ont été soulevées, mais il y a quelques problèmes, dont deux en particulier que je souhaite souligner durant la dernière partie de mon intervention.
Pour commencer, je veux simplement commenter les points positifs du projet de loi. Premièrement, il faut se rappeler que cette mesure législative, la Loi sur les douanes, a pour seul objectif d'administrer et de rendre obligatoire la perception des droits et des taxes. Ce n'est pas une loi fiscale ni une mesure législative complète relativement à la sécurité frontalière et à l'armement des gardes. Nous avons d'autres lois pour cela.
Ce que nous devons nous rappeler lorsque nous adoptons des modifications à l'une des lois dans ce secteur, c'est que les temps ont changé. Quand la loi a été adoptée il y a de nombreuses années, nous n'avions pas autant de préoccupations concernant la frontière et les attentats du 11 septembre n'avaient pas eu lieu. Bien des choses ont changé. À l'heure actuelle, nous devons trouver un équilibre raisonnable entre la sécurité et l'application de ces différents droits.
Aucune loi n'est parfaite, mais dans l'ensemble, je pense que c'est une assez bonne mesure, et je serais étonné si tous les partis ne l'appuyaient pas à la Chambre. Elle a déjà été adoptée le 23 avril 2009 par le Sénat, qui l'a bien étudiée.
Le projet de loi apporterait deux changements principaux à la Loi sur les douanes. Dans un premier temps, il y a l'expansion de l'activité dans les zones de contrôle des douanes. Mon estimé collègue s'est déjà prononcé à cet égard. Essentiellement, nous créons une zone de contrôle des douanes qui serait sous la supervision de ces agents sans qu'on limite leur capacité d'appliquer la loi et de veiller à ce que rien ne soit fait illégalement.
Par exemple, un avion à destination du Canada peut transporter un colis provenant de l'étranger. Du passage en fraude se fait. Nous avons des problèmes avec les armes et les stupéfiants. Si le colis provient d'un secteur de chargement international et que quelqu'un aux intentions malveillantes tente de l'amener en territoire national, le colis peut être de ceux qui ne sont pas vérifiés.
Cette mesure législative vise notamment à permettre aux agents de fouiller des gens dans ces zones de contrôle des douanes même si ce ne sont pas des passagers, s'ils ont des motifs raisonnables et fondés de le faire. Par exemple, on ne peut évidemment pas contrôler à chaque fois quelqu'un qui travaille sur place, ce serait trop compliqué. Il y a trop d'activité. Je crois que d'après les statistiques, il y a un atterrissage ou un décollage par minute à l'aéroport Pearson de Toronto. par exemple. Dans ces conditions, il faut agir de façon pragmatique et efficace.
Pour revenir à mon exemple, s'il y a un paquet dans la zone intérieure, où normalement il n'y a pas de fouilles, il se trouvera maintenant dans une de ces zones de contrôle des douanes. Quel que soit le paquet, et quelles que soient les allées et venues dans ces zones, on pourra désormais fouiller les personnes et les paquets. En gros, on élargit les dispositions de la précédente loi. Je crois que c'est une bonne chose compte tenu des divers problèmes que nous avons actuellement.
Le deuxième grand objectif de cette modification est de fournir à l'avance aux autorités canadiennes des informations sur les gens qui arrivent au Canada. C'est logique. Il n'y a rien de mal à obtenir à l'avance des informations sur les gens qui viennent au Canada. Cela nous permettra de mieux nous protéger contre des situations indésirables. Je pense que c'est un autre aspect louable de ce projet de loi.
Par ailleurs, en vertu de l'article 2, le ministre pourra désormais autoriser directement l'accès aux zones de contrôle des douanes. Auparavant, il fallait un règlement et ce n'était pas pratique. Si un ministre veut maintenant autoriser un député, par exemple, à venir examiner le site, il pourra très bien le faire. On n'aura pas besoin d'attendre un règlement. C'est encore une mesure qui me semble parfaitement logique.
Il y avait aussi auparavant une exemption pour les personnes qui prenaient l'avion pour l'étranger et quittaient une zone de contrôle des douanes. Ces personnes n'avaient pas à se présenter ou à s'identifier à un agent. Elles n'avaient pas à déclarer les biens obtenus dans cette zone ni à répondre aux questions d'un agent.
Dans un souci de sécurité, je crois qu'il est raisonnable de nos jours de stipuler que les agents peuvent en fait interroger les gens, les examiner, vérifier leur identité et voir ce qu'ils transportent. Cela fait partie d'un ensemble de mesures de dissuasion. Encore une fois, si les voyageurs innombrables qui arrivent au Canada ou en partent savent que ces pouvoirs existent et qu'ils peuvent désormais faire l'objet d'une inspection, cela suffira peut-être à réduire considérablement les activités indésirables.
Il est important de reconnaître qu'il y a chaque jour des échanges commerciaux de l'ordre d'environ 1,6 milliard de dollars entre le Canada et les États-Unis. Ces amendements ne s'appliquent évidemment pas uniquement aux États-Unis, mais comme 80 p. 100 des échanges commerciaux du Canada se font avec les États-Unis, il est important que nous fassions respecter ces diverses exigences raisonnables. Nous avons tout particulièrement une obligation envers tous nos partenaires commerciaux et tous nos amis à l'échelle internationale et nous devons voir à prendre les mesures nécessaires pour nous assurer que les lois sont mises en application.
D'autres améliorations, plus particulièrement les articles 10 et 11, portent sur les inspections basées sur les motifs raisonnables et probables dont je parlais. Ces articles sont très importants. Ils préconisent des changements positifs qui nous permettront de lutter précisément contre la contrebande. Je les appuie entièrement.
Pour ce qui est de l'appui des groupes d'intérêt, je souligne celui du Greater Toronto Airports Authority et du Conseil des aéroports du Canada. Bon nombre de personnes ont également fait part de leur appui. Je ne parle pas officiellement au nom de tous les partis, mais je crois que tous les partis seront prêts à accorder leur appui au moment du vote.
Il y a tout de même certains problèmes. J'aimerais me pencher sur deux en particulier. Je le répète, les projets de loi ne sont pas parfaits et il est peut-être possible de les améliorer, mais je voudrais souligner ces problèmes. Mon collègue a déjà parlé du premier qui porte sur le paragraphe 164.1(1) que je vais lire. Il traite du règlement et prévoit que:
Peut être incorporé par renvoi dans un règlement tout document — quelle que soit sa provenance —, soit dans sa version à une date donnée, soit avec ses modifications successives.
D'un point de vue juridique, l'un des premiers principes à retenir, c'est qu'il n'y a rien de certain dans tout cela. Je le répète, en ce qui a trait à la dernière partie « soit dans sa version à une date donnée, soit avec ses modifications successives », je préférerais de beaucoup que la formulation soit resserrée pour permettre de préciser de quelle façon les règlements devraient être pris et qu'on fasse disparaître cette incorporation par renvoi, particulièrement en ce qui concerne l'expression « soit avec ses modifications successives ». Cela n'offre aucune certitude du point de vue légal et j'aimerais que la formulation soit modifiée.
Je signale que j'ai l'honneur d'être le coprésident du Comité d'examen de la réglementation, qui se penche précisément sur ce type de question. Lorsque nous sommes saisis de règlements qui posent problème, nous nous employons à les changer ou à les modifier. Notre dernier recours est le pouvoir d'abrogation. Il s’agit d’un pouvoir qu’exerce rarement le Comité. Il vaut mieux tenter d'éviter ces problèmes maintenant que d'y être confronté dans l'avenir. C'est pourquoi j'aimerais qu'on apporte cette modification, si cela est possible.
La deuxième difficulté possible concerne le secret professionnel entre l'avocat et son client. La formulation de la mesure n'indique pas clairement que ce secret est protégé. Le secret professionnel entre l'avocat et son client est un des droits juridiques que tous les pays de common law respectent, et il y a lieu d'indiquer dans la mesure que ce secret est protégé. Voici un exemple. Le projet de loi accorde aux agents le pouvoir de fouiller toute personne en tout temps dans les zones de contrôle des douanes. Il parle de motifs raisonnables. Or, toutes sortes de voyageurs entrent dans ces zones de contrôle des douanes et en sortent.
J'aimerais que la mesure interdise clairement toute fouille dans le cas d'un avocat ayant en main des documents concernant ses rapports avec son client. J'ai été moi-même dans ce genre de situation, en toute légalité, bien sûr, c'est-à-dire que je traversais la frontière en ayant en main des documents juridiques pour des affaires que je défendais aux États-Unis. Cela n'a jamais posé problème. Toutefois, je veux m'assurer que cela ne posera jamais problème pour qui que ce soit. Je crois qu'il vaudrait mieux avoir une formulation claire, pour être sûr qu'aucune atteinte ne sera portée à ce droit.
En somme, je crois que la mesure mérite d'être adoptée. Il y aura toujours des difficultés. Je préférerais que les problèmes que j'ai signalés soient réglés. Cela dit, dans l'ensemble, le projet de loi témoigne d'un bon travail du Sénat et je crois que nous devrions l'appuyer.