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Mesdames et messieurs, bonjour.
En ce mardi 13 avril 2010, nous en sommes à la septième séance du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Nous recevons aujourd'hui deux blocs de témoins.
Le premier bloc va nous occuper de 15 h 30 jusqu'à 16 h 30. Comparaissent devant nous les représentants de trois groupes soit la Metro Toronto Chinese and Southeast Legal Clinic, l'Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (OCASI) et le Syndicat de l'emploi et de l'immigration Canada.
Bonjour et bienvenue à tous.
Notre étude porte sur les délais de traitement des demandes d'immigration. Voici comment nous allons procéder. Chaque groupe a droit à une déclaration préliminaire d'un maximum de 10 minutes, après quoi les membres du comité pourront poser leurs questions, à raison de sept minutes pour chaque parti. Nous devrons probablement nous limiter à ce premier tour de sept minutes.
Nous débutons avec Mme Avvy Yao-Yao Go.
Vous avez la parole. Merci d'être des nôtres.
Je m'appelle Avvy Go. Je suis directrice de la Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic, une clinique offrant des services juridiques gratuits aux immigrants et réfugiés à faible revenu faisant partie des collectivités chinoises et sud-est asiatiques de Toronto.
J'ai eu l'honneur de comparaître devant ce comité à plusieurs reprises et j'aimerais vous remercier de me fournir à nouveau l'occasion de vous adresser la parole aujourd'hui. Dans mon exposé de 10 minutes, je vais surtout traiter des demandes de parrainage dans la catégorie du regroupement familial ainsi que des demandes connexes basées sur des motifs d'ordre humanitaire.
Je vais débuter avec quelques observations de nature générale, après quoi je ferai quelques commentaires au sujet des retards que nous avons pu constater à notre clinique d'aide juridique. Je vous parlerai ensuite des motifs qui, selon nous, causent ces retards et des changements que nous recommandons.
Depuis plus d'une dizaine d'années, les immigrants de la catégorie du regroupement familial ont vu leur importance réduite au profit d'autres catégories d'immigrants, alors que le gouvernement canadien a admis un pourcentage beaucoup plus élevé d'immigrants indépendants et membres de la catégorie des gens d'affaires.
Compte tenu du nombre sans cesse croissant de demandes acceptées dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires au cours des deux dernières années, les immigrants de la catégorie du regroupement familial doivent partager les ressources consacrées au traitement avec un nombre encore plus élevé de demandeurs potentiels. Parallèlement à cela, des modifications législatives ayant un effet restrictif ainsi que des décisions arbitraires prises par des agents d'immigration ont rendu encore plus difficile, voire impossible, la réunification des familles. Il est intéressant de noter que le ministre de l'Immigration est suffisamment désireux d'accélérer le traitement des demandes de reconnaissance du statut de réfugié pour présenter une réforme législative de ce système, mais il ne semble pas ressentir la même urgence à l'égard de la longueur tout à fait inacceptable des délais de traitement des demandes d'immigration au titre du regroupement familial.
Le traitement des demandes relatives au regroupement familial, tant celles qui sont présentées à l'étranger qu'au Canada, exige beaucoup de temps. Pour ce qui est des demandes présentées à l'étranger, les délais sont particulièrement longs pour les Canadiens qui veulent parrainer leurs parents et des enfants qui ne sont pas à leur charge; ils doivent souvent attendre des années, voire jusqu'à 10 ans, pour que leur demande soit traitée.
Même si le temps de traitement des demandes de parrainage d'un conjoint qui sont présentées hors du Canada est plus court, des retards se produisent, surtout si la demande a été rejetée au départ et doit être portée devant la Section d'appel de l'immigration, un processus qui exige des années. En outre, il n'y a aucun délai imposé lorsque le dossier est renvoyé au bureau des visas pour réexamen quand l'appel est accueilli.
Pour ce qui est des demandes de parrainage d'un conjoint présentées au Canada, le délai de traitement est, d'après notre expérience, d'environ deux ans et demi à trois ans, une fois que le dossier est transféré au bureau local. Pendant cette période, le conjoint parrainé n'est bien souvent pas en mesure de travailler et n'a pas accès aux soins de santé publics, ce qui alourdit d'autant le fardeau financier pour la famille.
Il y a aussi les demandes fondées sur des motifs d'ordre humanitaire qui sont présentées par des personnes qui sont réputées inadmissibles au parrainage, mais qui ont des liens familiaux étroits au Canada. Même quand ces demandes sont approuvées, il faut compter de trois à quatre ans pour obtenir une décision définitive.
Voici nos recommandations pour réduire le temps d'attente pour les demandes au titre du regroupement familial et celles fondées sur des motifs d'ordre humanitaire.
Premièrement, les ressources que les bureaux des visas utilisent pour le traitement des demandes d'immigration dans les catégories des travailleurs indépendants et des travailleurs étrangers temporaires devraient être réaffectées à l'immigration au titre du regroupement familial, en incluant les demandes fondées sur des motifs d'ordre humanitaire.
Deuxièmement, il conviendrait d'augmenter les ressources attribuées aux bureaux locaux de CIC pour le traitement des demandes de parrainage du conjoint présentées au Canada ainsi que celui des demandes fondées sur des motifs d'ordre humanitaire.
Je vous parle maintenant des raisons qui expliquent les délais en m'intéressant à trois aspects distincts.
Premièrement, nous nous inquiétons beaucoup des changements que le gouvernement propose d'apporter au Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés, et plus particulièrement à la disposition relative à ce qu'on appelle la mauvaise foi. En vertu de cette proposition, l'article 4 du Règlement serait modifié de telle sorte que le seul fait que le but du mariage soit d'acquérir un statut aux termes de la loi suffirait désormais à prouver la mauvaise foi. Des changements semblables sont également proposés pour ce qui est du parrainage des enfants adoptés.
Même avec le système actuel, il semblerait que bon nombre d'agents des visas rejettent souvent des demandes légitimes au fin de la réunification des familles parce qu'ils considèrent que leur travail consiste davantage à écarter les immigrants indésirables qu'à faciliter la réunification des familles.
Sans que cela ne soit établi officiellement, on semble présumer qu'il y a mauvaise foi pour toutes les demandes de parrainage d'un conjoint, surtout lorsqu'elles proviennent de l'hémisphère sud, jusqu'à preuve du contraire. Si les modifications réglementaires proposées sont adoptées, le nombre de demandes légitimes refusées va augmenter. Avec l'accroissement des refus en première instance, le nombre de dossiers portés en appel va aussi grimper, tout comme le temps de traitement pour les personnes qui entretiennent une relation authentique avec leur conjoint. Nous exhortons donc le gouvernement à ne pas modifier la disposition réglementaire sur la mauvaise foi et à préserver le critère actuel à deux volets.
Par ailleurs, les restrictions financières applicables au parrainage causent également des retards. En raison des exigences en la matière, de nombreux Canadiens à faible revenu ne peuvent pas retrouver leurs êtres chers. Le parrain peut toujours interjeter appel en invoquant des motifs d'ordre humanitaire convaincants, mais il devra tout de même attendre des années avant que sa famille puisse être réunifiée, en présumant que son appel sera accueilli. Nous recommandons par conséquent que les conditions exigeant un revenu minimal, y compris l'interdiction du parrainage en cas de recours à l'aide sociale, soient supprimées.
L'alinéa 117(9)d) du RIPR est un autre obstacle à la réunification des familles. Cette disposition interdit le parrainage des membres de la famille qui n'ont pas été déclarés. À notre clinique, nous avons vu de nombreux parents qui ne peuvent faire venir leurs enfants au Canada à cause de cette disposition. Il arrive parfois que les enfants à charge ne soient pas déclarés dans la demande initiale pour diverses raisons. Dans le cas de la Chine, nous avons vu bien des parents ne pas déclarer leurs enfants par crainte d'être pénalisés par le gouvernement chinois pour violation de la politique de l'enfant unique. Un certain nombre de demandes ont été rejetées aux termes de l'alinéa 117(9)d) pour la simple raison que des consultants en immigration ont mal conseillé leurs clients. Bien souvent, le fait d'ajouter la personne à charge n'aurait pas eu de répercussions sur l'admissibilité du répondant à devenir résident permanent.
Cette omission a non seulement pour effet d'interdire à l'enfant la possibilité d'être parrainé, mais elle entraîne également parfois le renvoi du répondant, parce qu'il a fait une fausse déclaration. Nous vous soumettons respectueusement que les erreurs initiales commises par ces répondants ne justifient absolument pas les conséquences très rigoureuses qui en découlent, alors que les consultants qui ont fourni le mauvais conseil en incitant les répondants à ne pas déclarer certaines personnes au départ sont rarement pénalisés. Nous recommandons donc l'abrogation de l'alinéa 117(9)d). À titre subsidiaire, nous recommandons que la Section d'appel de l'immigration ait le pouvoir de faire droit aux appels interjetés dans ce genre d'affaires lorsqu'ils sont fondés sur des motifs d'ordre humanitaire.
En conclusion, la réunification des familles a été et est toujours un principe fondamental de la législation canadienne en matière d'immigration. Le gouvernement canadien doit se donner comme priorité d'abréger la durée du traitement des demandes au titre du regroupement familial. Il ne pourra y parvenir que s'il accepte d'affecter des ressources suffisantes au traitement de ces demandes et de présenter des modifications législatives pour supprimer tous les obstacles déraisonnables et indûment restrictifs au parrainage des membres de la catégorie du regroupement familial.
En terminant, j'aimerais profiter de l'occasion pour exhorter le comité à tenir une audience publique sur le projet de loi C-11, car celui-ci pourrait avoir des incidences sur les délais d'attente des demandeurs du statut de réfugié qui pourraient éventuellement faire partie de la catégorie du regroupement familial.
Je vous remercie.
Je veux d'abord remercier le comité pour l'invitation adressée à l'OCASI. Notre organisation chapeaute les agences offrant des services aux immigrants et aux réfugiés en Ontario. Comme nous ne travaillons pas directement auprès de ces clientèles, nos observations d'aujourd'hui sont fondées sur l'expérience de nos quelque 200 agences membres dans la province.
L'OCASI appuie les recommandations que vient de vous formuler la représentante du Metro Toronto Chinese and Southeast Asian Legal Clinic. Nous avons collaboré étroitement à bon nombre de ces dossiers depuis bien des années déjà.
Le parrainage aux fins de la réunification des familles a été et demeure l'une des grandes priorités de nos agences membres et des communautés qu'elles desservent. Je suis persuadée que les membres du comité ont pu constater l'évolution des tendances: il y a plus de 10 ans, les demandes pour la réunification des familles comptaient pour environ 60 p. 100 du total; elles en représentent moins de 30 p. 100 aujourd'hui. C'est une diminution qui préoccupe énormément les membres de l'OCASI dans toute la province. Notre pays semble avoir renoncé à son engagement en faveur d'une immigration permanente pour plutôt chercher à faire venir ici une population vulnérable de travailleurs migrants temporaires.
Lorsque le gouvernement fédéral a adopté le projet de loi C-50, le nouveau mécanisme de sélection, et a accru le financement afin d'accélérer le traitement de ces demandes, l'OCASI s'est demandé si cela ne se ferait pas au détriment de celles de la catégorie du regroupement familial. Nous ne savons pas vraiment comment le ministère répartit ses ressources à l'interne, mais nous avons bel et bien constaté une chute du nombre de demandes traitées pour la réunification des familles et un allongement des délais de traitement.
Le nombre de demandes n'a toutefois pas diminué. De fait, au fur et à mesure qu'augmente le nombre de Canadiens nés à l'étranger, nous devrions sans doute voir grimper également la quantité de demandes pour le parrainage d'un membre de la famille. Pour nos agences membres, cela se traduit par beaucoup de temps de travail pour les employés de première ligne affectés à l'établissement. Elles nous ont indiqué que le volume de cas est vraiment élevé dans deux secteurs principaux: les demandes d'immigration et la recherche d'un emploi, lequel servira principalement à accumuler un revenu suffisant pour pouvoir parrainer un membre de la famille.
L'OCASI gère les sites Web settlement.org et etablissement.org, les deux ressources principales d'information pour les immigrants et les réfugiés ainsi que pour bon nombre de personnes travaillant auprès d'eux. J'ai regardé les statistiques de notre site Web la semaine dernière. Je voulais voir comment les choses se déroulaient avec notre groupe de clavardage. C'est dans le secteur de l'immigration que l'activité est la plus intense. Cela n'est guère étonnant, mais il faut tout de même noter que les questions et les thèmes touchant d'une manière générale le parrainage de membres de la famille figurent parmi ceux comptant le plus grand nombre d'affichages. On recensait 8 053 thèmes ou questions pour le parrainage seulement, et 10 665 affichages à ce sujet. Je ne sais pas si le trafic était semblable sur le site francophone qui n'existe que depuis quelques années.
Le thème suivant était celui de l'emploi, mais ne comptait que 4 359 affichages, soit moins que la moitié du nombre enregistré pour le parrainage. Nous croyons que cela montre bien l'intérêt et le niveau de préoccupation des visiteurs de notre site Web.
Nous nous inquiétons beaucoup de voir cette importance moindre accordée aux demandes de la catégorie du regroupement des familles alors même que nous constatons une augmentation du nombre d'immigrants en provenance de pays dont les populations sont plus souvent qu'autrement racialisées, comme la Chine, l'Inde, le Pakistan et les Philippines. C'est aussi avec une grande préoccupation que nous constatons que les demandes dans les catégories de la réunification des familles et de la revendication du statut de réfugié semblent peu prioritaires pour le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration.
Nous nous réjouissons donc que le ministre Kenney ait parlé récemment d'augmenter le nombre de réfugiés parrainés par le secteur privé et d'accélérer le processus de traitement des revendications du statut de réfugié au Canada. Il faut toutefois regretter que l'on ne ressente pas le même sentiment d'urgence par rapport à la lenteur épouvantable du processus pour ceux et celles qui essaient de parrainer un membre de leur famille. Nous avons plutôt entendu une proposition visant la modification du Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés dans le cas du parrainage du conjoint, ce qui pourrait causer d'autres problèmes et retards.
Dans ce contexte, nous sommes vraiment heureux que votre comité se penche sur cette question.
Les travailleurs de nos agences membres constatent que les immigrants et les réfugiés sont de plus en plus nombreux à leur demander de l'aide pour composer avec les retards dans le processus de traitement des demandes de parrainage pour la réunification des familles. Ils doivent attendre trois ou quatre ans, voire davantage, dans bien des cas, pour pouvoir parrainer un enfant à charge ou un parent.
Les délais de traitement pour le parrainage du conjoint semblent plutôt courts lorsque les choses se passent bien. Lorsqu'il y a des complications et que le parrainage est refusé, il faut toutefois des années pour que les conjoints puissent être réunis de nouveau.
Les travailleurs de première ligne sont à même de constater les impacts de ces lacunes. Le processus est extrêmement coûteux pour la plupart des demandeurs. Ils doivent payer les frais de traitement ainsi que le droit exigé pour l'établissement, en plus de devoir trouver des fonds additionnels pour les tests d'ADN et la reprise des examens médicaux, car les retards dans le dossier font souvent en sorte que ces examens ne sont plus valides et doivent être renouvelés. Pour bon nombre d'entre eux, il y a également des coûts additionnels et du temps à consacrer pour se rendre à l'endroit où les examens sont effectués et dans la ville où est situé le bureau des visas du Canada. Dans les pays dont l'infrastructure de transport est déficiente et où il existe des entraves à la liberté de déplacement, certains membres de la famille sont aux prises avec des difficultés que le temps et l'argent ne suffisent pas à régler. Ainsi dans des endroits comme l'Afghanistan, le Pakistan et le Sri Lanka, les travailleurs de première ligne voient de plus en plus de clients qui arrivent difficilement à faire traiter leur dossier.
Dans bien des cas, le parrain finit tout simplement par abandonner. D'autres ont vécu la terrible expérience de voir un proche décéder pendant que son dossier était toujours coincé dans le système. Plusieurs ont indiqué que l'attente et l'incertitude quant au moment des retrouvailles avec l'être cher, si jamais cela venait à se concrétiser, rendaient la situation particulièrement pénible. Sans compter les répercussions considérables du point de vue financier, cette incertitude mine leur santé mentale et émotive.
De nombreux demandeurs ont constaté que malgré le traitement relativement rapide des demandes de parrainage du conjoint, il arrive que celui-ci soit jugé inadmissible par le bureau des visas pour différentes raisons et que l'on doive alors entamer des procédures d'appel qui s'étendront sur plusieurs années. Dans l'intervalle, le parrain au Canada de même que son conjoint parrainé doivent composer avec les implications mentales, émotives et sociales associées à la remise en question du bien-fondé de leur relation par un bureau canadien des visas. Ils doivent également investir beaucoup de temps et de ressources pour mener à terme leur démarche de parrainage jusqu'au moment où ils peuvent enfin être réunis, ce qui peut exiger plusieurs années.
Les travailleurs locaux ont noté que les retards sont à l'origine de conflits et exacerbent les tensions entre les conjoints et les membres de la famille. Bon nombre des immigrants subissant des retards proviennent de communautés racialisées, et particulièrement de celles qui sont surreprésentées parmi les petits salariés. Ils doivent s'endetter lourdement pour payer les frais juridiques, les appels téléphoniques et les allers-retours pour voir le proche dont ils sont séparés. Les travailleurs locaux ont aussi constaté qu'une fois la famille enfin réunie, elle est souvent aux prises avec un décalage entre les conjoints et surtout entre les enfants et leurs parents.
Nous recommandons fortement au ministère d'accroître les ressources affectées au traitement de ces demandes, tant au Canada que dans les bureaux de visas à l'étranger. Nous recommandons également à CIC d'affecter plus de ressources au traitement des demandes pour des motifs d'ordre humanitaire de manière à réduire les délais de traitement et le fardeau de ces demandeurs.
J'aimerais vous parler brièvement de trois autres obstacles dont Avvy vous a déjà entretenu.
Les travailleurs communautaires ont notamment constaté que le revenu constitue un obstacle énorme. Les demandeurs doivent avoir le revenu minimum exigé par la LIPR. C'est un critère difficile à remplir pour bon nombre des clients qui sont surreprésentés parmi les pauvres, y compris les petits salariés. Plus souvent qu'autrement, ce sont eux qui sont incapables de parrainer un membre de leur famille. La majorité d'entre eux proviennent de communautés racialisées, ce qui est extrêmement préoccupant pour l'OCASI. Plusieurs parrainent d'abord leur conjoint et doivent attendre plusieurs années avant que leurs revenus combinés ne soient suffisants pour faire venir un enfant ou leurs parents. Pour ce faire, ils doivent pouvoir confier leurs enfants ou leurs parents à un adulte digne de confiance, ce qui n'est pas toujours possible. Le parcours est parsemé d'embûches et de tensions, ce qui ne manque pas de causer bien des inquiétudes de part et d'autre.
Nous recommandons que l'on retire de la LIPR et de son règlement d'application toute exigence relative à un revenu minimum, y compris l'interdiction de parrainage en cas de recours à l'aide sociale.
Nous nous inquiétons aussi beaucoup relativement aux changements proposés à l'article 4 de la LIPR concernant la mauvaise foi, une autre préoccupation déjà soulevée par l'intervenante précédente. La modification proposée aurait un impact sur les enfants adoptés et les conjoints parrainés. Elle pourrait créer des retards qui prolongeraient les temps de traitement et la durée de la séparation forcée pour de nombreuses familles.
Comme on vous l'a indiqué précédemment, de nombreuses demandes légitimes de parrainage de conjoints et d'enfants adoptés sont déjà rejetées par les bureaux de visas à l'étranger. Dans bien des cas, ces bureaux semblent avoir des préjugés à l'encontre des demandeurs pour différents motifs.
Bonjour. Je m'appelle Jeannette Meunier-McKay, et je suis la présidente nationale du Syndicat de l'emploi et de l'immigration du Canada, élément de l'Alliance de la fonction publique du Canada.
Nos 20 000 membres comprennent des personnes travaillant au Centre de traitement des demandes de Citoyenneté et Immigration Canada à Sydney, en Nouvelle-Écosse. Comme l'a indiqué M. Tilson, je suis accompagnée de Wilf MacKinnon, président de la section locale de Sydney et employé du Centre de traitement des demandes, et d'Alan Lennon, coordinateur à notre service.
Je compte vous décrire, dans mon exposé, les effets qu'aura sur le public canadien l'élimination d'emplois à Sydney. Nous répondrons ensuite volontiers à vos questions.
Le CTD de Sydney est responsable de deux secteurs d'activité: les cartes de résident permanent et la citoyenneté. Il s'occupe aussi de la mise en oeuvre du projet pilote relatif au bureau de réception centralisée, qui reçoit les demandes pour les travailleurs qualifiés (fédéral). Il importe de se rappeler que le centre de Sydney comprend de nombreux postes occupés par intérim par des personnes dont ce n'est pas le poste d'attache. Ainsi, lorsque des membres du personnel d'une salle de courrier, par exemple, sont mis en disponibilité, il peut sembler qu'on les remplace, sauf qu'ils se font remplacer par des employés qui reprennent leur poste d'attache et qui quittent des postes de niveau plus élevé. Il est essentiel de considérer le niveau de dotation global de chacun des secteurs d'activité du centre de Sydney, et de ne pas se laisser leurrer par le jeu de gobelets qui consiste à déplacer des travailleurs ou travailleuses afin de donner l'impression que l'on comble de graves pénuries de personnel.
Côté citoyenneté, le centre traite les demandes de citoyenneté et d'attestation de la citoyenneté, qui doivent toutes être présentées en premier lieu au centre de Sydney. Elles sont reçues par des commis qui les dépouillent, les trient et les acheminent au service de production approprié. Des agents vérifient l'intégralité des informations fournies, les signatures, les dates, la documentation, le respect des exigences en matière de résidence, ainsi de suite. Il arrive qu'ils communiquent directement avec des clients afin de s'assurer qu'il ne manque rien au dossier.
Une fois que le personnel de Sydney juge que le dossier est prêt, il le transmet à un bureau local de CIC, qui, lui, se charge de faire passer des tests, de faire prêter le serment de citoyenneté et de délivrer une carte au nouveau citoyen ou à la nouvelle citoyenne. Cela ne peut être accompli qu'une fois terminé le travail du bureau de la citoyenneté, à Sydney. Ensuite, le dossier est renvoyé au centre de Sydney aux fins d'archivage. Le personnel de la salle de courrier du bureau de la citoyenneté est en train d'être ramené de 45 à 7 personnes, même s'il est possible que des employés occupant d'autres postes par intérim reviennent travailler dans la salle de courrier.
Or, la réduction du personnel à ce stade initial aura pour effet de ralentir le traitement des demandes de citoyenneté. De plus, la section qui produit les cartes de citoyenneté sera amputée de 13 postes. Cela obligera les résidents permanents à attendre plus longtemps avant de recevoir leurs documents de citoyenneté et, par conséquent, d'être réunis avec leur famille et de participer pleinement à la vie au Canada. Le traitement d'une demande de citoyenneté prenant de 18 à 24 mois, il serait inacceptable d'allonger, plutôt que de réduire, le délai de traitement.
Les personnes auxquelles le statut de résident permanent du Canada est accordé doivent avoir une carte de résident permanent, qui est la seule preuve acceptable de ce statut. Les demandes de carte de résident permanent arrivent à Sydney à partir de différents points d'entrée à mesure que les immigrants reçoivent le droit d'établissement et commencent à résider au Canada. Ces demandes sont traitées initialement dans la salle de courrier des CRP où elles sont dépouillées, triées et acheminées au service approprié. Des demandes électroniques de cartes sont créées et transmises à la Compagnie canadienne des billets de banque, qui produit les cartes.
Les cartes de résident permanent sont habituellement valides pour cinq ans. Les demandes de renouvellement sont traitées d'abord dans la salle de courrier des CRP, et ensuite par des agents qui examinent les demandes et s'assurent du respect des exigences en matière de résidence. Si tout est en règle, ils demandent qu'une nouvelle carte soit émise. À défaut de cette carte, les résidents permanents n'ont pas, en pratique, le statut de résident permanent du Canada. Ils ne peuvent pas demander une carte d'assurance-sociale, faire renouveler celle-ci, obtenir des services de santé provinciaux, ainsi de suite.
[Français]
En moyenne, le centre reçoit 3 500 demandes par semaine et, malgré plusieurs années d'heures supplémentaires et de tours de service additionnels, le centre a, à tout moment, de 25 000 à 30 000 demandes à traiter.
La compression de l'effectif de la salle du courrier des CRP, qui est ramené de 15 à 5 employés, s'assortira d'une réduction des agents dont le nombre sera ramené de 36 à 20, ou il y aura une autre combinaison de compressions du personnel de la salle du courrier et des agents. La réduction des effectifs signifie qu'aucun remaniement de personnel n'empêcherait la baisse de la production et l'allongement du temps d'attente des personnes ayant besoin de l'importante pièce d'identité qu'est la CRP.
Le projet-pilote des travailleurs qualifiés porte sur les demandes de la catégorie de l'immigration économique. Il a été mis sur pied afin de permettre aux résidents permanents éventuels d'accéder à un traitement accéléré s'ils peuvent prouver qu'ils ont une formation et de l'expérience dans l'une des 38 professions à forte demande visées. Selon le Toronto Star du 29 mars 2010, 600 000 personnes ont présenté des demandes de cette catégorie et devront attendre de sept à huit ans avant que leur demande ne soit traitée. Pour faciliter le traitement, un agent de Sydney examine la demande et fait parvenir à la personne qui la présente une évaluation négative qui met fin au traitement ou une évaluation positive qui lui donne l'occasion de présenter son cas à un agent dans un bureau de visa à l'étranger.
Il est projeté de mettre en disponibilité 22 personnes participant à ce projet. De plus, un grand nombre des personnes qui participent au projet sont des employés permanents d'autres secteurs d'activité du centre de Sydney rattachés au projet. De toute évidence, s'il y a des mises en disponibilité dans d'autres secteurs d'activité, il y aura lieu de réaffecter ces employés à leur poste d'attache, ce qui accroîtra les effets des mises en disponibilité dans la section des travailleurs qualifiés étrangers. Si, pour une raison quelconque, les employés en question ne sont pas réaffectés, l'effet négatif sur les autres secteurs d'activité sera encore plus important.
[Traduction]
Il y a lieu de signaler que Sydney et l'île du Cap-Breton ont de graves problèmes économiques et que les emplois du centre de traitement des demandes contribuent grandement à la vitalité de la communauté. Nous n'approuverions l'élimination d'emplois dans aucune communauté du Canada. Toutefois, nous ne jugeons pas nécessaire de cibler le centre de CIC à Sydney, compte tenu de l'histoire et la situation économique de la région. Il est clair que la fonction publique fédérale est en difficulté dans l'ensemble du pays. Le gel prévu des budgets des ministères signifie qu'il faudra réduire les dépenses, y compris les effectifs, afin de permettre aux ministères d'absorber la hausse des coûts. Les services fournis aux Canadiens et Canadiennes en souffriront. Il s'agit là d'un fait incontournable, en raison des paramètres indiqués dans le budget. Or, l'augmentation du temps d'attente des immigrants et des résidents permanents ne devrait pas être perçu comme une politique publique viable, même en période de restrictions budgétaires et de déficits fédéraux.
Nous croyons que le CTD de Sydney devrait avoir un niveau d'effectifs approprié, en fonction des demandes d'immigration et de citoyenneté qu'il est censé traiter. Il est tout simplement inexcusable de maintenir la pratique actuelle qui consiste à engager un nombre insuffisant d'employés et à compter sur les affectations spéciales de fonds pour embaucher des travailleurs à contrat afin qu'ils réduisent peu à peu l'arriéré qui, lui, continue néanmoins de s'accumuler depuis des années.
:
Monsieur Eyking, je tiens à vous remercier, vous et vos collègues, de me donner l'occasion d'exprimer mes vues sur le sujet.
Pour répondre à votre question, le CTD de Sydney est fier de représenter le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration et de remplir le mandat qui lui est confié. Année après année, nous arrivons, par tous les moyens, grâce à l'esprit d'initiative de nos gestionnaires, à accomplir notre travail. Nous nous occupons des futurs citoyens et aussi des citoyens naturalisés de ce pays.
Nous avons été tellement efficaces que, lorsqu'il a été question, en 2002, d'ouvrir un centre de traitement des cartes destinées aux résidents permanents, c'est Sydney qui a été choisi pour mener le projet pilote en raison de l'éthique de travail solide des gens de l'endroit et de leur compétence. Le projet pilote s'est transformé en secteur d'activité permanent, de sorte que c'est avec grand plaisir que nous desservons aujourd'hui ce segment de la société.
Quand le ministère a décidé de rapatrier au Canada les activités liées au programme des travailleurs qualifiés étrangers, c'est encore Sydney qui a été retenue pour assumer cette responsabilité, en raison de l'effort et du dévouement des employés du CTD de Sydney.
M. Coderre, qui a déjà été notre ministre, a visité les installations de Sydney. Il a été en mesure de constater que notre tâche est loin d'être simple. Nous faisons de l'excellent travail et nous en sommes fiers.
Certaines années, nous produisons 400 000 cartes, et cet effort contribue à réduire l'arriéré auquel Mme McKay a fait allusion. Toutefois, lorsqu'on coupe les effectifs et qu'il n'y a que deux personnes pour faire le travail, on ne peut s'attendre à atteindre un tel rendement. C'est impossible. On peut difficilement y arriver avec 15 personnes qui essaient d'assurer le traitement de 250 000 demandes par année.
Nous avons fait la preuve, à maintes et maintes reprises, que nous sommes des travailleurs sérieux, des travailleurs heureux de faire partie de Citoyenneté et Immigration, de servir les Canadiens et les Canadiennes ainsi que les futurs citoyens du Canada. Le fait que l'île du Cap-Breton ait hérité de deux nouveaux secteurs d'activité le démontre.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais dire ceci aux gens de Sydney: vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais un de vos plus puissants alliés est le personnel des députés, parce que dès que la nouvelle est tombée au sujet des mises à pied, mon personnel m'a expliqué à quel point la situation devenait problématique et allait empirer, car au moment où je vous parle, notre personnel reçoit des commentaires de gens dans la circonscription qui demandent: « Qu'entendez-vous par « huit mois »? Que signifie « une année »? C'est inacceptable ».
Permettez-moi d'illustrer mes propos par un exemple, même s'il ne vise pas un cas précis, mais traduit une situation assez courante et répandue. Un mandant envoie son dossier au bureau de CIC à Sydney, disons, en novembre. On lui répond qu'il manque deux renseignements au dossier. Il fournit l'information requise et n'entend plus parler de l'état de sa demande jusqu'en février. En mars, il envoie une lettre pour s'enquérir de la situation.
Voilà ce qu'il en est; mais pouvez-vous nous décrire comment les travailleurs voient la série de retards? Qu'arrive-t-il une fois que vous avez reçu la demande initiale? À quoi tiennent les délais?
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Pour ce qui est de la catégorie du regroupement familial ou de la citoyenneté...
Mme Megan Leslie: Qu'en est-il des délais entourant la délivrance des cartes de résidence permanente?
Mme Avvy Yao-Yao Go: Celle-ci ne nous cause pas beaucoup de problèmes étant donné que les gens visés sont quand même résidents permanents, qu'ils aient ou non leur carte en mains. Mais pour la citoyenneté, c'est une toute autre histoire, car, comme on l'a dit plus tôt, cela prend de 18 à 24 mois avant d'avoir une réponse, c'est-à-dire deux ans. Cela signifie que les personnes doivent attendre deux ans de plus pour être admissibles à certains emplois ou même pour pouvoir voter.
Même si cela n'a pas nécessairement d'incidence sur le parrainage, parce qu'on peut quand même parrainer des familles à l'étranger, certaines personnes ne veulent pas quitter le Canada avant d'avoir obtenu la citoyenneté, parce qu'elles considèrent que c'est mieux de retourner dans leur pays d'origine en tant que citoyens canadiens. Ce genre de considérations peut donc poser problème.
En ce qui nous concerne, les retards que nous connaissons généralement touchent ce dont je vous ai parlé plus tôt — les parrainages pour des motifs humanitaires et charitables —, et c'est terrible parce que bien souvent, quand la demande est en cours de traitement, si les gens sont à l'intérieur... pendant qu'ils attendent, ils ne peuvent pas travailler. Ils n'ont pas non plus droit aux prestations de maladie, ce qui fait peser un énorme fardeau sur la famille toute entière puisqu'ils doivent attendre sans pouvoir faire quoi que ce soit.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Claudette Deschênes, et je suis la sous-ministre adjointe des Opérations de Citoyenneté et Immigration Canada. Je suis accompagnée de Paul Armstrong, directeur général de la Région des processus centralisés à CIC.
Je souhaite remercier les membres du comité de m'avoir invitée de nouveau. J'ai dû y réfléchir.
[Français]
Récemment, j'ai eu l'occasion de comparaître à plusieurs reprises devant les membres du comité afin de discuter des mesures que CIC a prises relativement à la prestation de services efficaces, c'est-à-dire une prestation intégrée dans l'ensemble de notre réseau mondial, offerte à l'aide de la technologie et de partenariats et qui est guidée par une bonne gestion du risque et le contrôle de la qualité.
Comme le savent les membres du comité, nous vivons dans un monde de plus en plus interrelié et complexe. Pour qu'un ministère gouvernemental connaisse du succès, il doit toujours être à la recherche de moyens novateurs pour améliorer son service au public sans compromettre la sécurité.
[Traduction]
Bien des choses se font au Canada et à l'étranger en vue de réaliser cet objectif et de rendre notre système d'immigration plus efficace. Pour ce faire, nous avons établi des normes de service dans de nombreux domaines.
Notez que la liste qui suit n'est pas exhaustive. Notre but est de fournir un avis dans un délai de cinq jours ouvrables suivant la réception de la demande complète, et ce, pour 80 p. 100 des réponses aux employeurs sur la dispense de l'avis relatif au marché du travail.
Notre but est de prendre une décision définitive dans un délai de 12 mois suivant la réception de la demande au centre de traitement des demandes de Mississauga, et ce, pour 80 p. 100 des demandes présentées à l'étranger au titre de la catégorie du regroupement familial (c'est-à-dire époux, conjoints de fait, partenaires conjugaux et enfants à charge à l'étranger).
Notre but est d'envoyer une première carte de résident permanent dans les 40 jours ouvrables suivant la date à laquelle le formulaire de confirmation de la résidence permanente est remplie au point d'entrée ou au bureau intérieur de CIC, et ce, pour 80 p. 100 des nouveaux résidents permanents.
Notre but est de transmettre à tous les demandeurs admissibles la décision sur le financement demandé dans un délai de 90 jours ouvrables suivant la confirmation de leur admissibilité à du financement, ou de les informer dans ce même délai de toute période supplémentaire de traitement pouvant être nécessaire. Il est question ici des subventions et des contributions.
L'expansion de nos services en ligne et l'augmentation du recours aux demandes en ligne ne sont que quelques exemples de la façon dont nous réalisons cet objectif.
[Français]
Nos normes de service peuvent dorénavant être mesurées en fonction du rendement actuel de CIC, et les résultats seront utilisés pour appuyer notre objectif d'améliorer la prestation de services.
Nous sommes déterminés à faire preuve de transparence et de responsabilité en matière de gestion ainsi qu'à offrir des services axés sur le citoyen. Le public peut maintenant consulter nos engagements en matière de prestation de services sur notre site Web.
Je vous remercie. Nous nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Nous devrions peut-être accepter cette offre de nommer Mme Deschênes membre honorable. Elle ne cesse de multiplier ses visites au comité.
J'aimerais qu'on remonte un peu dans le temps, madame Deschênes. En 2006, quand il y a eu le changement de gouvernement, le délai de traitement était de neuf mois dans tous les points de service pour 80 p. 100 des demandes (pour les conjoints et les partenaires). Aujourd'hui, il est de 12 mois. Il s'agit d'une augmentation de 33 p. 100. Pour les enfants à charge, 80 p. 100 des demandes étaient traitées en 11 mois. À l'heure actuelle, en 2009, le délai est de 13 mois, soit une augmentation de 18 p. 100.
Pour les époux, en 2006 et en 2009, le délai était de neuf mois pour les demandes en provenance d'Afrique; aujourd'hui, il est de 14 mois. Pour l'Asie et le Pacifique, le délai était de sept mois; il est aujourd'hui de neuf mois. Pour l'Europe, il était de huit mois; aujourd'hui, on parle de 10 mois. On enregistre donc une augmentation des délais de traitement des demandes pour conjoints, notamment en Afrique, où la hausse est de 55 p. 100. Pour l'Asie et le Pacifique, l'augmentation est de 29 p. 100; et pour l'Europe, elle est de 25 p. 100.
Pour les enfants à charge, le délai était de 11 mois pour l'Afrique en 2006; aujourd'hui, il faut attendre 24 mois, soit une augmentation de 218 p. 100. Pour l'Asie et le Pacifique, le délai était de sept mois; aujourd'hui, il est de 10 mois, une augmentation de 42 p. 100. Pour les Amériques, on avait un délai de 10 mois, maintenant, il est de 11 mois, une hausse de 11 p. 100.
J'aimerais vous parler de quelques histoires d'horreur en ce qui concerne le parrainage de conjoints. Pour Colombo, en 2006, le délai était de sept mois; aujourd'hui, il est de 14 mois, une augmentation de 200 p. 100. Pour New Delhi, il est passé de cinq à six mois, une hausse de 12 p. 100. Pour Islamabad, il est passé de 8 à 14 mois, une hausse de 175 p. 100. Pour Kingston, en Jamaïque, le délai de traitement de 80 p. 100 des demandes pour conjoints est passé de 5 à 15 mois, une horrible augmentation de 300 p. 100. Pour Le Caire, il est passé de 7 à 11 mois, une hausse de 57 p. 100. Pour Nairobi, le délai est passé de 13 à 26 mois, une augmentation de 200 p. 100.
Pour ce qui est des enfants à charge à Nairobi, le délai est passé de 19 à 37 mois — ce sont nos enfants dont il est question —, plus que le double pour cette partie du monde, c'est-à-dire une hausse de 194 p. 100. Pour Pretoria, il est passé de 7 à 21 mois, une hausse de 300 p. 100; à New Delhi, de 10 à 13 mois, une hausse de 30 p. 100; à Islamabad, de 12 à 18 mois, une hausse de 150 p. 100. Au Guatemala, il est passé de 14 à 23 mois, une hausse de 164 p. 100. À São Paulo, au Brésil, il est passé de 10 à 19 mois, une hausse de 190 p. 100. À Kingston, en Jamaïque, il est passé de six à neuf mois, une augmentation globale de 150 p. 100.
Et ce ne sont là que quelques-unes des histoires d'horreur qui se déroulent. Il faut que les conjoints et les enfants soient une priorité, non seulement pour le gouvernement au pouvoir en ce moment, mais pour tous les gouvernements. Le ministère doit accorder la priorité à la réunification des familles. Je crois qu'il est totalement inacceptable qu'un parent doivent attendre 37 mois, plus de trois ans, avant de pouvoir revoir son enfant.
Je reconnais que les agents doivent travailler dans des conditions particulières, mais s'ils ne s'en sentent pas capables, je suis certain que beaucoup de gens se proposeraient à prendre leur place s'ils en avaient la chance.
Il faut remédier à ce genre de situations, dont je vous ai donné quelques exemples, et c'est d'ailleurs pourquoi cette étude a été commandée. Peu importe qui occupe le poste de ministre ou quel parti est au pouvoir. C'est notre responsabilité à nous tous, mais surtout aux représentants du ministère. Il faudra d'une façon ou d'une autre trouver plus de ressources, ou si le ministre n'est pas prêt à fournir les ressources nécessaires, vous allez devoir vous présenter devant ce comité et nous dire que vous manquez de ressources.
Nous pouvons régler le dossier de façon impartiale... Rien à voir avec les libéraux, les conservateurs, les néo-démocrates ou les bloquistes. Ce sont nos enfants, nos conjoints. On parle de maris et de femmes que nous tentons de réunir. Si on ne fait pas plus d'efforts pour remédier à la situation, nous, les personnes dans cette salle, vous demandons au nom des Canadiens de remplir le mandat du gouvernement, peu importe ce qu'il...
Il y a certainement lieu d'affirmer que les temps d'attente ont augmenté sous le règne de ce gouvernement. Les obligations que nous avons de réunir les familles vont au-delà de l'appel du devoir. Nous devons tout faire pour réunir les familles.
Ma question est simple. Quels sont les plans du ministère? Qu'a-t-il prévu? Quelles directives le ministre vous a-t-il données pour mettre fin à ces histoires d'horreur, à l'augmentation globale de 33 p. 100 dans l'ensemble des bureaux, on parle de 18 p. 100 pour les enfants, et surtout aux augmentations que l'on connaît en Afrique, où l'attente pour les enfants à charge est passée de 11 à 24 mois, soit une augmentation de 218 p. 100? Faites-nous plaisir et dites-nous que le ministère a prévu quelque chose à cet égard.
Si vous n'avez pas les ressources nécessaires, comment pouvons-nous de façon impartiale, peu importe le gouvernement, vous aider à les obtenir? Si nous devons demander au ministre de réclamer plus d'argent au Cabinet, c'est ce que nous ferons.
Je n'en peux plus d'entendre ces histoires d'horreur tous les jours. Elles sont de plus en plus horribles. Je suis persuadé que vous aussi en avez entendu beaucoup au fil des ans, puisque vous êtes responsable de l'immigration depuis un bon moment.
Madame Deschênes, je veux revenir au dossier d'Haïti invoqué par mon collègue St-Cyr.
Présentement, il y a une réalité sur le terrain. On a fait un travail exceptionnel à propos de l'adoption: ça a bien fonctionné. Cependant, quand vient le temps de réunir des familles et d'amener les enfants de là-bas ici, il y a un problème majeur. Que se passe-t-il de votre côté? Ça n'a pas de bon sens! On a dit qu'on avait émis 160 visas permanents. On parle de cas pathétiques, ça se fait au cas par cas. À Montréal, ils viennent tous nous voir, ils vont à un bureau de député, puis à un autre.
Or je demande qu'on soit sensible à l'urgence de la situation, parce que ça n'a plus de bon sens. La saison des pluies commence et je viens de recevoir un rapport sur la situation: c'est majeur, c'est une débandade totale. Il va y avoir d'autres décès. On sera alors confrontés à une réalité. Ils n'ont même pas fini de déplacer les camps de fortune.
Quelle est la situation présentement? Je ne parle pas de l'entente du Québec par rapport au reste; je parle strictement du point de vue d'une mère ou d'un père de famille qui veut récupérer ses enfants. Vous avez déjà pris des mesures concernant l'ADN, les tests médicaux, etc., et c'est correct. Maintenant, donnez de l'espoir à ceux qui nous regardent — nous sommes télévisés — parce qu'il y a une réalité présentement sur le terrain. On ne sait pas quoi leur dire. En fait, on leur dit qu'on travaille fort, mais en réalité on n'avance pas et ça ne fonctionne pas. Pourquoi?
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Ce que je comprends de tout cela, c'est que nous semblons disposer d'un système beaucoup plus intégré. Surtout depuis le 11 septembre, notre système s'oriente vers un programme informatisé qui fonctionne mieux pour les personnes désireuses d'immigrer ici et qui garantit un processus plus sécuritaire.
Les personnes qui désirent immigrer au Canada ne manquent pas. Je vous fais remarquer que le succès du Plan d'action économique en pleine récession mondiale et le fait qu'autant de gens sont encore ravis de venir s'installer ici sont des points positifs, et que nous devrions nous concentrer sur cela.
Le succès de la mission et ce que votre ministère a accompli en Haïti devraient servir d'exemple dans l'avenir pour tous les autres incidents ou circonstances dévastatrices.
Je suis très impressionné par tout ce que le ministère a dû gérer dans un laps de temps très court. Il y a eu une nouvelle loi et il y avait un arriéré qui nous avait été légué par un gouvernement précédent. Je suis très impressionné par le travail absolument spectaculaire que vous avez accompli en garantissant aux Canadiens que leurs intérêts passeraient toujours en premier.
En dépit de ce que vous avez entendu et de tout le reste, je tiens à féliciter le ministère pour quelque chose que je considère comme vraiment remarquable... Surtout au cours de l'année et demie où j'ai été député, je n'ai jamais cessé d'être impressionné par ce que le ministère a accompli.
Je peux vous dire qu'à mon bureau... J'ai la plus grande circonscription en terme de population et l'une des plus diversifiées au Canada. Le personnel de mon bureau de circonscription n'a que de bons mots pour le ministère. Bien entendu, nous aimerions que les choses aillent plus vites et soient un peu mieux faites parfois, mais je peux vous dire que nous pourrions faire mieux pour répondre à nos électeurs.
Je tiens seulement à faire un commentaire, parce que je sais qu'il ne nous reste plus de temps. Je veux seulement remercier le ministère encore de la charge de travail extraordinaire, selon moi, qu'il a accomplie, et du fait qu'il fait toujours passer les Canadiens en premier.
Je termine sur ce commentaire. Si vous voulez rajouter quelque chose, je vous en prie.