J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité. Aujourd'hui, j'ai l'intention de vous faire part de l'expérience de la Ville d'Ottawa relativement au programme Données ouvertes.
[Traduction]
La première question à nous poser est la suivante: que sont les données ouvertes pour la Ville d'Ottawa? Pour nous, c'était une occasion d'accroître la transparence, de sensibiliser les diverses composantes de l'organisation et de faire participer nos résidents à l'amélioration de notre ville.
Il y a environ un an, nous avons lancé une grande initiative appelée Service Ottawa. L'idée était d'améliorer les services offerts à nos résidents. L'utilisation de données ouvertes était pour nous un moyen de mettre à profit un segment de la collectivité qui donne de son temps et de sa créativité afin d'améliorer la ville et ses services. Pour la Ville d'Ottawa, les données ouvertes signifient davantage que de rendre accessibles au public des données lisibles par machine.
Pourquoi le faisons-nous? Nous pouvons dire que c'est pour maximiser la valeur de l'information que nous avons devant nous. Nous avons clairement relevé six avantages.
D'abord, nous améliorons la coopération entre la ville et les citoyens. Nous nous servons des idées et des compétences qu'ont nos citoyens relativement à l'utilisation de nos données afin d'en faire des informations dont nous pouvons tous profiter sur les plans social, culturel et environnemental. Nous mettons à contribution la forte population d'Ottawa, une population diversifiée et très instruite.
Ensuite, le fait de rendre nos données ouvertes favorise la participation externe et le partenariat grâce à de multiples facettes de la communauté. Les citoyens de la ville sont très dévoués lorsqu'il est question de bénévolat dans la collectivité. En avril de l'an dernier, j'ai eu le privilège d'assister à ce que l'on appelle un « hackerfest ». À cette rencontre assistaient plus de 70 développeurs de logiciels prêts à développer gratuitement un logiciel pour la ville si nous leur fournissions les données ouvertes. C'est le genre de participation que nous obtenons de la part de nos citoyens.
Le développement économique est un autre avantage. Nous avons lancé un concours appelé AppspourOttawa dans lequel on utilise nos données ouvertes. Nous avons reçu un très grand nombre d'applications. Nous avons davantage d'informations et de services pour l'industrie touristique et le développement de logiciels. Cela profite à nos citoyens et favorise l'esprit d'entreprise. Quiconque veut utiliser nos données peut le faire gratuitement. Les gens peuvent donc développer une application et s'ils réussissent à la commercialiser, c'est bon pour eux. Nous avons également constaté une hausse de l'assistance aux événements organisés par la ville et d'autres organismes.
Le regroupement des données et la collaboration sont un autre avantage. Les données que nous fournissons relativement à la ville peuvent être combinées avec d'autres renseignements d'ordre social accessibles au public, de sorte que le développeur peut créer des moyens uniques et novateurs d'utiliser ces renseignements, qui sont également ouverts aux résidents. Cela permet aux citoyens d'avoir une meilleure idée de la façon dont fonctionne leur ville et de mieux connaître les services disponibles. L'une des applications développée est celle des parcs et loisirs. On peut la télécharger vers un téléphone intelligent et ainsi obtenir une liste de tous les parcs et de toutes les installations de loisirs de la ville. En cliquant sur un élément de cette liste, on peut voir où les installations sont situées ainsi que les heures d'ouverture — ce genre de renseignement.
Le fait de réduire les risques et les coûts est un autre avantage. Nous recevons de moins en moins de demandes d'accès à l'information. La population peut facilement télécharger les renseignements et les utiliser comme bon lui semble. Cela permet aux personnes intéressées et passionnées dans la communauté d'expérimenter sans restriction. Normalement, elles sont dans une tribune gouvernementale. Cela diminue également les risques et les coûts associés au développement de logiciels pour la ville, car ce n'est pas elle, mais la communauté qui effectue le développement.
Un autre avantage est que cela encourage l'innovation. En cette période de budgets très serrés et de restrictions budgétaires, les données ouvertes offrent une solution créative pour la prestation des services municipaux et la transmission de renseignements de façon efficiente. Nous avons pu mettre à profit la communauté du développement et du graphisme d'une façon qui nous aurait semblé impossible auparavant.
Donc, à qui profitent les données ouvertes? Dans le cadre de notre démarche, nous nous sommes posés cette question essentielle. Bien qu'il y ait un nombre illimité de groupes qui peuvent en bénéficier, nous avons relevé quatre groupes principaux. Il y a d'abord le grand public. En rendant nos données disponibles, nous lui permettons d'utiliser davantage nos installations et nos services.
Il y a ensuite les chercheurs. Ils peuvent avoir accès à ces données et les interpréter en utilisant des cycles dont nous n'avons pas besoin de nous occuper. Et les choses les plus étranges peuvent se produire. Des fonctionnaires utilisent nos données pour leur propre travail, car elles sont plus facilement accessibles.
Le troisième groupe qui profite de la transparence des données est celui des développeurs qui aiment créer des applications et rendre les données utilisables et utiles. Un groupe de développeurs s'est présenté à l'une de nos réunions du sous-comité des TI, à l'hôtel de ville, et nous a dit que si nous lui donnions les données, il développerait l'application gratuitement pour nous. Selon ce que nous constatons, après une année, c'est exactement ce qui s'est produit. J'y reviendrai.
Les militants politiques peuvent également utiliser ces renseignements. Je pense entre autres au site Web d'Ottawa connu sous le nom de representeme.ca. Dans ce site Web, si on inscrit son code postal, on obtient le nom de son représentant aux niveaux municipal, provincial et fédéral. On peut voir le profil des représentants, savoir sur quoi ils votent et tout ce qui est écrit à leur sujet dans les médias, etc. Au moins, le public est très bien informé de ce que fait la personne.
Quel a été notre cheminement vers les données ouvertes? Cela a commencé il y a environ un an, à la suite d'une motion du conseil proposant un examen de la politique municipale sur la diffusion des données. Le conseil a demandé au personnel de formuler une recommandation pour modifier la politique afin de faire profiter la ville et les citoyens d'un accès libre aux données publiques.
Nous avons donc entamé une série de consultations, d'abord auprès du personnel, des résidants de la ville, de certains universitaires, ainsi que de la communauté des développeurs de logiciels. En avril 2010, le conseil a approuvé une motion visant à adopter le principe de transparence gouvernementale. À cette étape, nous avons commencé à travailler en collaboration avec d'autres villes canadiennes, dont Edmonton, Vancouver et Toronto, et nous avons fini par former ce que nous appelons le G-4, dont on vous a parlé, je crois, à une séance précédente. Cette initiative avait pour but de collaborer à un cadre de données ouvertes et de renforcer notre initiative actuelle sur les données et notre partage des données dans les domaines des normes de données, des accords sur les conditions d'utilisation et de la conception des sites Web de données ouvertes.
Lorsque nous avons lancé notre site Web, nous avons mis à la disposition du public 17 ensembles de données afin qu'il puisse les utiliser comme bon lui semble. Nous avons demandé aux gens de nous dire quel ensemble de données ils aimeraient nous voir utiliser et d'après leurs réponses, nous avons commencé à rendre ces ensembles de données disponibles. Actuellement, nous en offrons 36, dont certains fournissent des renseignements concernant les élections, les routes, les patinoires, les musées, les aéroports et les parcs, entre autres. Nous avons constaté que la plupart de ces ensembles entrent dans la catégorie de l'information géospatiale, comme les GPS, notamment les données relatives aux patinoires récréatives, aux musées, aux piscines et aux terrains de jeu, à la planification d'événements et aux élections.
Le site Web a aussi servi de tremplin pour le concours AppspourOttawa. Nous sommes extrêmement satisfaits des résultats de ce concours. Grâce à la participation de la communauté, il s'est créé une sensibilisation et un enthousiasme grâce au concours qui, selon nous, est le plus réussi... Nous savons que c'est celui qui a connu le plus de succès au Canada, et on m'a dit, mais je n'ai pas pu le confirmer, que c'est probablement celui qui a connu le plus de succès en Amérique du Nord.
Notre concours comportait deux volets. Le premier encourageait les gens à développer une application en utilisant nos données ouvertes ou d'autres données ouvertes accessibles auprès d'un organisme gouvernemental. Il y avait aussi un volet où les gens pouvaient proposer des idées. Autrement dit, si on ne dispose pas du savoir-faire technique pour développer une application, mais qu'on a une idée qui selon nous, pourrait être bonne pour les résidants, on peut la soumettre et quelqu'un d'autre peut développer l'application en conséquence. Un grand nombre d'applications ont été développées en fonction des idées qui ont été soumises par nos résidants à d'autres résidants.
Ce concours continue de susciter beaucoup d'intérêt dans les médias, d'autant plus que le dévoilement des gagnants se fera très bientôt, soit le 15 février prochain. Nous concentrons maintenant nos efforts sur la durabilité, dans le cadre de notre vision à long terme.
En résumé, ce que nous avons fait jusqu'à présent consistait à établir des stratégies en vue de sensibiliser les gens. Nous comptons sur une solide gouvernance et sur la participation de la population. Nous avons engagé le public à chaque étape du processus, depuis le début. Nous avons tenu des consultations publiques sur les données ouvertes. Lorsque nous avons annoncé notre concours, nous avons organisé une séance publique à cette fin. On nous a proposé des catégories et des membres du jury, et, curieusement, il n'y a aucun expert technique au sein du jury. C'était strictement à l'intention des résidants. Comme je l'ai déjà dit, nous avons sollicité la participation de la population, mais aussi des universités et des collèges afin d'encourager la création de partenariats avec notre programme.
Les médias ont également été présents depuis le début. Nous avons tenu des consultations publiques. Comme je l'ai mentionné, à la ville, on a organisé des événements afin de promouvoir l'environnement de données ouvert.
Nous avons mis cela de l'avant et nous avons présenté nos résultats concluants. Nous avons fait la démonstration de l'application, et nous avons réduit les risques au minimum. Comme il y a toujours des questions entourant la protection des renseignements personnels et ainsi de suite, nous avons mis sur pied un groupe chargé d'examiner les données avant leur publication pour nous assurer de respecter la Loi sur la protection des renseignements personnels et d'autres aspects.
Bref, à l'heure actuelle, nous travaillons à maintenir nos partenariats, tant avec le public qu'avec la ville, et nous sommes à intégrer les données ouvertes à notre modèle de gestion. Cela est devenu une activité quotidienne pour nous.
En conclusion, selon nous, la transparence des données est une initiative fort emballante et des plus valables pour la ville. Elle a entraîné des avantages sur les plans social et économique, et elle nous a permis d'offrir de meilleurs services à nos citoyens avec un minimum d'investissement.
Il ne faut pas oublier que nous sommes là pour servir le public, et que la transparence des données vise avant tout à éliminer les obstacles à l'accès à l'information et au respect de la vie privée et de la nature délicate des renseignements tout en facilitant l'accès à l'information pour nous et pour la communauté afin de tirer parti des données, d'améliorer l'expérience de la population et de stimuler la croissance économique.
En terminant, je tiens à remercier l'honorable Shawn Murphy, le président du comité, ainsi que les membres du comité permanent qui m'ont invité à prendre la parole aujourd'hui.
:
Mesdames et messieurs, bonjour.
J'aimerais commencer par remercier le comité de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui et de prendre part à ses délibérations sur la transparence gouvernementale.
Je suis ici au nom de ma patronne, la commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Ontario, Mme Cavoukian. Malheureusement, Mme Cavoukian était dans l'impossibilité de venir témoigner aujourd'hui, mais elle vous demande de l'excuser et vous envoie ses sincères salutations. Elle tient également à remercier le comité d'avoir pensé à inviter le Bureau du commissaire à l'information et à la protection de la vie privée.
Vous savez sans doute que Mme Cavoukian et le Bureau du commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Ontario veillent à l'application de deux lois ontariennes en matière d'accès à l'information, c'est-à-dire la Loi sur l'accès à l'information et à la protection de la vie privée, qui s'applique aux organisations provinciales, et la Loi sur l'accès à l'information municipale et à la protection de la vie privée, qui vise les organisations à l'échelle municipale. Même si ces deux lois ont une portée différente, au bout du compte, elles visent les mêmes objectifs: s'assurer que les citoyens ont accès à l'information de façon à pouvoir participer à la vie publique et au processus politique et veiller à ce que les fonctionnaires et les politiciens soient tenus responsables de leurs actes.
À titre de commissaire adjoint, je dirige ce que nous appelons les Services de tribunal administratif. Mon équipe est donc chargée de régler les appels concernant l'accès à l'information déposés par des citoyens qui estiment que le gouvernement n'a pas répondu de façon convenable à leur demande. Soit dit en passant, contrairement à la commissaire fédérale à l'information, Mme Cavoukian a le droit d'obliger les organisations gouvernementales à divulguer de l'information.
Je sais que vous avez probablement entendu beaucoup de différents termes au cours des dernières semaines. Guy parle de données ouvertes. D'autres témoins ont parlé de transparence gouvernementale. Pour ma part, la terminologie que j'utilise résulte de mon expérience à titre de membre d'un tribunal qui veille à l'application des lois en matière d'accès à l'information. Par exemple, il se peut que je traite davantage de la divulgation proactive que ce que vous avez entendu auparavant. N'empêche qu'au bout du compte, peu importe la terminologie qui est employée, tous les témoins qui s'adressent à vous, y compris moi, visent, en général, les mêmes objectifs.
Si vous me le permettez, j'aimerais tout d'abord vous situer un peu dans le contexte et vous donner une petite idée de ce qui se passe en Ontario. Je pense qu'il est difficile de parler d'un gouvernement transparent s'il n'y a pas en place, à tout le moins, un régime pleinement fonctionnel d'accès à l'information. À bien des égards, il s'agit du fondement sur lequel reposent les concepts de transparence gouvernementale et de données ouvertes.
Je pense que ces dernières années, l'Ontario a réalisé des progrès considérables à ce chapitre. Permettez-moi de vous donner quelques exemples. À l'instar des autres lois d'accès à l'information, les lois ontariennes accordent 30 jours aux organisations gouvernementales pour traiter une demande d'accès à l'information. Lorsque je me suis joint au bureau vers la fin des années 1990, le nombre de demandes auxquelles on donnait suite à l'intérieur de ce délai se situait autour de 48 p. 100, ce qui est tout à fait inacceptable. Or, grâce à l'excellent travail de mon bureau et des fonctionnaires provinciaux, nous avons réussi à hausser ce taux à 80 p. 100. Ce n'est pas parfait, mais je pense que cela montre que le gouvernement reconnaît désormais l'importance d'un régime d'accès à l'information.
Par ailleurs, sachez que nous avons élargi la portée de nos lois au cours des dernières années. En 2006, les universités ont été assujetties à la Loi sur l'accès à l'information, et une mesure législative adoptée en décembre dernier fera en sorte que les hôpitaux de l'Ontario le seront également en date du 1er janvier 2012. Il est embarrassant de dire que l'Ontario a été la dernière province à emboîter le pas, mais je considère que l'important, c'est que nos deux principales lacunes sur le plan législatif aient été corrigées.
Je vais vous donner un dernier exemple des progrès que nous avons réalisés en ce qui a trait à la transparence gouvernementale. L'Ontario exige désormais que les ministres et les hauts fonctionnaires du gouvernement divulguent leurs dépenses de façon proactive. Ces dépenses sont affichées sur notre site web. Il s'agit donc d'un petit pas en avant dans l'optique de la divulgation proactive et de la transparence gouvernementale.
Nous travaillons sur le dossier de la divulgation proactive et de la transparence gouvernementale depuis de nombreuses années, soit depuis la création du bureau dans les années 1980. La situation a énormément évoluée depuis. La divulgation des renseignements gouvernementaux est beaucoup plus facile, maintenant que l'ère du papier est révolue.
Selon moi, les gouvernements reconnaissent de plus en plus que l'information du secteur public est un bien public. Le groupe de travail australien sur le gouvernement l'a d'ailleurs bien exprimé dans son rapport: « ... l'information du secteur public est une ressource nationale dont la diffusion la plus large possible suivant les conditions les plus permissives qui soient permettra de maximiser la valeur économique et sociale et de renforcer la contribution à une saine démocratie. » Je pense que cet extrait rend très bien cette idée.
Il va sans dire que ma commissaire et probablement tous les commissaires du pays souscrivent pleinement aux concepts de transparence gouvernementale et de données ouvertes. En décembre dernier, vous avez sans doute appris que les commissaires à l'information et à la protection de la vie privée, à l'échelle fédérale et provinciale, avaient adopté une résolution en septembre en faveur de la transparence gouvernementale. Chose certaine, Mme Cavoukian, à titre de commissaire de l'Ontario, appuie entièrement ces idées.
On vous a décrit les mesures concrètes à prendre et on continuera de le faire. Je profiterai du temps qu'il me reste pour vous parler d'un modeste programme ou de notre modeste contribution — espérons-le — à la transparence gouvernementale. Il s'agit du programme d'accès à l'information intégré qu'a lancé Mme Cavoukian. À nos yeux, le concept et les principes d'accès à l'information intégré constituent une évolution logique puisque les gouvernements envisagent maintenant de divulguer leurs renseignements et misent sur la transparence des données.
Certains d'entre vous savent peut-être que Mme Cavoukian est reconnue à l'échelle mondiale comme un leader en matière de protection de la vie privée. Elle fait la promotion du concept de protection intégrée de la vie privée, qui a pris une grande place partout dans le monde, tant dans les secteurs public que privé, lorsqu'il s'agit de régler des questions relatives à la protection de la vie privée. L'idée derrière ce concept consiste à intégrer le respect de la vie privée à la conception et à l'exploitation des technologies de l'information et des services. Autrement dit, il ne faut pas que le respect de la vie privée se fasse en réaction à des mesures; il faut en tenir compte au moment même de concevoir de nouveaux produits et services. Le concept d'accès à l'information intégré en est tout le contraire. Nous estimons que les gouvernements devraient adopter une approche plus proactive en matière de divulgation, mais nous reconnaissons que le programme d'accès à l'information intégré vise beaucoup plus que la simple divulgation proactive. Je parle ici des données ouvertes et de la transparence gouvernementale dont on vous a déjà parlé.
Ce programme repose sur sept principes fondamentaux, que le greffier vous a probablement transmis. Nous espérons et nous avons confiance que ces principes guideront les organisations gouvernementales dans ce monde de transparence et les aideront à déterminer l'information à divulguer et la façon de s'y prendre.
Je ne vais pas vous exposer les sept principes; je ne vais en aborder que quelques-uns. Vous ne serez pas étonnés d'apprendre que le premier principe consiste à assurer la divulgation proactive et non réactive de l'information. J'en ai déjà parlé. Même si les organisation savent qu'il est important d'avoir un régime officiel d'accès à l'information, certaines peuvent se servir d'un processus lent et fastidieux pour retarder la publication des données. Il est maintenant temps d'adopter une approche proactive en ce qui a trait à la divulgation de l'information. C'est seulement dans des circonstances exceptionnelles — par exemple, lorsque la protection des renseignements personnels est compromise — que le gouvernement pourrait envisager de déroger à ce régime.
Le deuxième concept dont je voudrais vous parler concerne l'intégration de l'accès à l'information aux programmes. Nous considérons que ce concept est essentiel.
Lorsque les gouvernements élaborent de nouveaux ensembles de données ou de nouveaux programmes, ils devraient tout de suite envisager, dès l'étape de la conception, comment ils s'y prendront pour faciliter l'accès à cette information. Plutôt que d'adopter une approche réactive, par exemple en répondant à une demande d'accès à l'information, les gouvernements devraient songer à l'information qu'ils souhaitent recueillir, à l'importance de cette information, aux destinataires ciblés ainsi qu'aux différents moyens de publication. Nous sommes d'avis qu'en accordant l'accès dès le début, nous pourrons davantage tirer parti de la transparence gouvernementale et des données ouvertes.
J'aimerais faire deux ou trois autres observations qui vont dans le même sens, à mon avis, que les propos de Guy. Le quatrième principe consiste à favoriser la collaboration, et je considère que c'est important. Comme Guy l'a très bien expliqué, si je ne m'abuse, lorsque le gouvernement divulgue l'information, le public, le secteur privé ou même les autres ministères gouvernementaux peuvent en bénéficier et s'en servir pour construire quelque chose de très utile.
Pendant que je rédigeais mon allocution la semaine dernière, je suis tombé sur un article du Globe and Mail qui, à mon avis, rend bien cette idée. L'article s'intitule « Data Bank a one-stop trove of GTA, regional housing stats ». Je ne vais pas vous le lire au complet, mais je vais vous en lire un extrait traduit:
Combien y a-t-il de familles en attente d'un logement social à Toronto? Combien y a-t-il de logements locatifs disponibles partout dans la ville et combien coûtent-ils en moyenne?
En prévision du Sommet du Grand Toronto de la semaine prochaine, la CivicAction Alliance a dévoilé une banque de données relatives au logement pour la région du Grand Toronto et les environs, qui rassemble des statistiques à jour concernant le logement, la pauvreté et les tendances démographiques.
Les données sont compilées à partir de l'information de Statistique Canada, des données municipales et des rapports provenant des secteurs à but non lucratif et de développement, et dressent un tableau complet des besoins en matière de logement dans la ville de Toronto et les régions environnantes...
Je pense que cela illustre très bien l'esprit de collaboration dont Guy a parlé plus tôt.
Je vais m'arrêter ici. Je voulais simplement dire que je suis de près les travaux que mène Guy à la ville d'Ottawa. Si je ne me trompe pas, la semaine dernière, vous avez recueilli le témoignage de Dave Wallace, de la ville de Toronto. On y fait également un travail remarquable. Je vous encouragerais à passer 15 ou 20 minutes sur leur site Web. Vous pourriez être surpris du type d'information qui s'y trouve.
Merci beaucoup.
:
J'aimerais vous remercier de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
C'est pour moi un privilège et un plaisir que d'être ici aujourd'hui pour faire état de l'expérience de Vancouver en matière de transparence des données. Comme vous l'avez entendu des deux témoins précédents, nous nous sommes lancés dans cette initiative très importante dans le but de collaborer avec d'autres administrations municipales pour tirer profit de nos connaissances respectives, de façon à nous permettre de suivre la tendance et d'amener des changements le plus rapidement possible.
Je crois qu'il est très clair que pour réussir dans ce domaine particulier, il faut une direction et du courage politiques. En mai 2009, notre conseil a souscrit au principe de transparence et d'accessibilité des données en adoptant une motion très compliquée que je ne comprenais pas à moitié. On y parlait de données cadastrales, entre autres, ce qui nous a grandement surpris, pour la plupart. Cette motion disait, en substance, que la Ville de Vancouver allait désormais partager librement avec les citoyens, les entreprises et d'autres administrations publiques le plus grand nombre de données possible, tout en respectant les exigences en matière de protection des renseignements personnels et de sécurité. Au bout du compte, voici en résumé ce que demandait la direction au personnel: occupez-vous-en, faites-le correctement, nous sommes derrière vous et nous allons vous soutenir.
Nous avons lancé notre portail de données ouvert en septembre 2009, soit six mois après l'adoption de la motion par le conseil. Je me souviens du jour où cette motion a été adoptée. En tant que directrice municipale, je me suis promenée dans les couloirs, à l'extérieur de la salle du conseil, pour rencontrer les membres de mon personnel, parler avec eux très brièvement et leur donner quelques instructions. Je me rappelle que notre personnel de l'information et des TI, ainsi que quelques hauts responsables, me regardaient fixement en me demandant ce que tout cela voulait dire.
J'y reviendrai plus tard, car je crois qu'il est très important de comprendre toute la dynamique entourant le lancement de cette initiative. L'appui que l'on donne et la clarté que l'on confère à l'intention derrière tout cela, comme le feraient nos représentants élus au sein des gouvernements, changent vraiment la suite des choses.
Nous avons commencé avec un ensemble de 75 données — c'était d'ailleurs de l'information disponible sur notre site Web, à condition de disposer de deux années pour la consulter; et il fallait vraiment être devin pour la trouver. Notre site Web compte actuellement des milliers de pages d'information. Nous sommes en train de le remodeler pour le rendre, grâce à un investissement considérable, beaucoup plus convivial. La première étape a consisté à prendre des données publiques qui n'étaient pas faciles à trouver ou utilisées normalement pour les rendre conviviales et faciles à obtenir.
Aujourd'hui, en février 2011, notre ville met à la disposition du public 126 jeux de données différents. Cela va de renseignements sur l'ingénierie en passant par les parcs et la vie communautaire, les conseils scolaires, le zonage et les vignettes, le comptage de la circulation, l'indication de l'endroit où se trouvent tous les feux de circulation, les pistes cyclables, sans parler de renseignements sur les voies rapides, les permis d'exploitation d'un commerce ainsi que les journées de ramassage des ordures et du recyclage. Vraiment, nous avons commencé par des choses relativement faciles dont nous savions, à partir des données recueillies grâce à notre ligne 311, qu'elles intéressent la population.
Un autre conseil: commencez par quelque chose qui sera bien accueilli et digne d'intérêt. Ne commencez pas par fournir les données les plus polarisées et les plus politisées, et ne vous attendez pas à ce qu'elles fassent leur chemin rapidement. Je pense que le personnel le comprend bien et agit en conséquence.
Depuis septembre 2009, nous avons compté 45 000 téléchargements de séries de données. Cela vous donne un peu une idée du volume. Contrairement à la Ville d'Ottawa, qui est très en avance sur nous au chapitre de la consultation publique, notre mode de consultation était beaucoup plus orienté stratégiquement vers la communauté qui avait travaillé avec nos élus pour dire: « faites-le; c'est la bonne chose à faire ». Ces gens travaillent dans le développement, l'information, et certains sont dans l'enseignement. Nous accusons un certain retard actuellement, parce que nous essayons de viser le grand public et la communauté dans son ensemble pour les aider à comprendre comment utiliser ces données.
Notre portail de données ouvert enregistre environ 425 visites par jour. Étant donné que beaucoup des informations versées sur le site Web sont techniques, cela donne une mesure de l'intérêt qu'elles suscitent, et cela avant même qu'on se soit lancé dans un processus de mobilisation citoyenne complet à grande échelle.
Ce que les gens préfèrent télécharger de notre site Web, si nous nous fions aux 200 000 visites que nous avons reçues depuis le début, ce sont les renseignements sur la propriété. Comme l'a indiqué M. Michaud, les gens s'intéressent beaucoup aux données géospatiales. Quant aux promoteurs et aux professionnels, ils s'intéressent énormément aux renseignements sur les infrastructures.
C'est un des sujets dont nous avons longuement discuté avec nos collègues ingénieurs, qui se souciaient beaucoup de savoir si l'intégrité des données était suffisante et quels risques ils couraient à rendre publiques des données qu'ils utilisent tous les jours. Ils étaient... je crois « timides », si je puis m'exprimer ainsi, mais surtout très inquiets que les données ne soient pas suffisamment à jour et leur posent des problèmes.
Mais au bout du compte, il est absolument incontestable que nos professionnels, la population et les universitaires accueillent favorablement cette initiative et comprennent que les données ne sont pas nécessairement parfaites. Il est possible de leur fournir adéquatement une mesure de qualité des données de la façon que nous comprenons le mieux. Comme Guy l'a dit, ces personnes nous fournissent de la rétroaction et nous aident à améliorer les données beaucoup plus facilement et rapidement que cela ne se ferait si nous continuions simplement à les gérer nous-mêmes.
Les appels téléphoniques que nous recevons le plus couramment sur notre ligne 311 concernent les journées de ramassage des ordures. Ce sont aussi les données les plus téléchargées, ce qui est un indicateur en soi. Ce n'est pas bien compliqué de publier les journées de collecte des ordures. Nos concitoyens veulent ces informations. C'est un peu bête de ne pas y avoir pensé avant.
Pendant que nous travaillions sur notre catalogue de données ouvertes, nous voulions nous assurer qu'un certain nombre d'éléments feraient partie intégrante de l'information rendue publique dans la première phase de cette initiative. Il fallait tout d'abord offrir des outils pour aider les utilisateurs à se servir des données correctement ou de la meilleure manière qui soit. J'y reviendrai un peu plus tard.
Ensuite, comme vous l'avez entendu, nous voulions travailler en collaboration avec nos partenaires et, en l'occurrence, avec d'autres administrations municipales. Je pense que lorsqu'on travaille main dans la main avec des partenaires qui partagent les mêmes défis que vous, cela vous aide à les relever. C'est beaucoup plus facile d'avancer en groupe que seul.
Nous avons demandé de la rétroaction sur les données: leur application, leur caractère convivial et, évidemment, quels types d'ensembles de données nos utilisateurs voulaient avoir. Nous avons également demandé à nos concitoyens quelles données ils souhaitaient pouvoir obtenir par la suite. Nous avons fait des mises à jour. Nous nous sommes assurés, à mesure que les gens revenaient visiter le site Web, qu'ils distinguaient bien ce qui était nouveau et ce qui avait été ajouté. Nous avons travaillé fort pour créer des liens avec notre communauté élargie de producteurs de données ainsi qu'avec l'ensemble des partenaires qui s'intéressent énormément à toutes ces informations.
Je peux dire, sans risquer de me tromper, que nous avons visé juste. Maintenant, le défi, c'est de continuer. Vous pouvez regarder mon petit diagramme. Il vous montre que notre première phase d'ascension a été abrupte. Nous continuons de progresser, mais à un rythme moins soutenu. L'exercice le plus important sur lequel nous devons nous concentrer actuellement consiste à déterminer ce qui nous empêche de poursuivre notre progression. Est-ce la complexité des données? Est-ce la difficulté associée à la présentation conviviale des données? Voilà quelques-unes des questions auxquelles nous tentons de répondre, au sein de notre organisation et avec d'autres administrations municipales.
Comme vous le savez, les demandes d'accès à l'information constituent une part importante des données échangées et transmises par un gouvernement transparent. Fait intéressant, en tant que directrice générale... Par le passé, j'ai travaillé comme sous-ministre provinciale. Ceux d'entre nous qui travaillent pour cet ordre de gouvernement, jouant le rôle d'interface entre les élus et la bureaucratie, savent qu'une grande partie du travail consiste à gérer le partage d'informations et les avantages, les occasions et les risques stratégiques qui y sont associés — et à le faire correctement. Je dirais que les demandes d'accès à l'information constituent pour nous un énorme défi, mais comme vous l'avez entendu, cela nous aiderait beaucoup d'apprendre à les gérer de manière plus proactive.
Pour avoir examiné les demandes d'accès à l'information que nous recevons, je dirais que ce sont les données financières qu'il convient de divulguer sans attendre. Actuellement, nous rendons publiques les versions PDF de nos budgets et tous nos rapports financiers. Cela représente une énorme quantité d'informations financières que nous publions régulièrement et dont nous discutons ouvertement à l'occasion de nos réunions du conseil municipal. Mais nous ne faisons pas beaucoup de ventilation détaillée et continue par service ou par projet.
Les demandes de remboursement des dépenses de nos élus suscitent énormément d'intérêt. Notre conseil s'est engagé à les publier tous les trimestres.
Nous publions également, une fois par an, des informations financières relatives à la liste des contrats entre la ville et des tiers, comme le prévoit la loi provinciale. Nous commençons à publier des rapports trimestriels sur les contrats accordés et lancés par la ville, ainsi que les critères permettant de déterminer si tout le monde peut répondre aux appels d'offres ou si l'on doit faire appel à un fournisseur exclusif, et pourquoi. Le simple fait que nous nous soyons engagés à publier ce genre d'informations, et le travail que nous avons réalisé en matière d'approvisionnement dans le cadre de cette initiative nous ont permis de réduire le nombre de contrats exclusifs de 2 p. 100 pour l'ensemble de nos grands marchés concurrentiels.
Fait digne de mention, les renseignements concernant les fourrières de chiens intéressent énormément le public. Je n'ai aucune explication à cela, mais nous allons les publier également.
Nous allons également compiler des statistiques à partir de données tirées des appels à notre ligne 311 et des questions posées. Bien sûr, lorsqu'on commence à publier ce genre d'informations, l'organisation est prise beaucoup plus au sérieux, parce que les gens se rendent compte que lorsqu'on décide de publier les questions des citoyens, la prochaine étape sera de fournir les réponses.
Je ne saurais trop insister sur... et vous avez entendu tout ce qu'avait à dire M. Michaud sur les avantages d'une telle initiative et sur ce que nous en avons retiré. Je pense que nous avons tous appris les mêmes choses, mais ce que je retiens, en tant que directrice municipale, c'est que cette transparence à l'égard de nos données a fait en sorte que notre organisation travaille beaucoup mieux et de manière plus proactive; nous nous donnons la peine de réfléchir à ce que nous faisons. La normalisation de la notion selon laquelle toutes vos actions et toutes les données que vous compilez seront rendues publiques favorise véritablement la rigueur, l'analyse et la réflexion à l'égard du travail que nous accomplissons en tant que fonctionnaires.
Le public nous adresse toutes sortes de demandes. À titre d'exemple, les gens sont très intéressés de connaître les informations relatives aux centres communautaires, ainsi qu'à tous les parcs et loisirs. Ils veulent aussi des renseignements sur nos cimetières, c'est-à-dire pouvoir consulter les registres de nos cimetières. J'imagine que c'est pour faire des recherches généalogiques et que ces gens s'intéressent à... et la bibliothèque publique de Vancouver.
Il y a donc une longue liste de choses que nous envisageons de publier.
L'une des façons dont nous nous y sommes pris, et qui nous aide pour déterminer la faisabilité, c'est au moyen d'une matrice de risques qui nous permet d'évaluer les données sous l'angle des coûts et de la complexité de publication, et d'estimer ensuite la valeur que cela peut avoir aux yeux de la population. Lorsqu'on classe les données selon ces critères, on commence à comprendre plus facilement avec quelle rapidité il faut les rendre disponibles et quel sera le résultat final.
Nous avons eu des applications commerciales, dont vous ont déjà parlé certains témoins. Nous mettons également à profit la recherche universitaire. Nous publions des données sur la façon dont le réchauffement climatique va transformer le littoral de la région de Vancouver. Nous avons des citoyens qui nous rapportent des violations de règlements concernant les places de stationnement réservées aux personnes handicapées, grâce aux moyens que nous avons mis à leur disposition. Je pense que vous savez que Vancouver est le centre des jeux en ligne par excellence, et que nous avons un jeu appelé TaxiCity, développé par Vancouverites, qui a construit ce jeu avec les données que nous lui avons fournies, et qui le vend dans le cadre d'une initiative d'entrepreunariat.
Enfin, l'un des avantages de toute cette initiative, c'est la transformation de notre relation avec la communauté. Cette initiative a permis d'instaurer la confiance. Elle favorise l'engagement auprès de la communauté d'une manière totalement différente et elle donne beaucoup de pouvoir à la population et aux partenaires. Elle favorise le rendement des investissements en données — la collecte et la sauvegarde des renseignements. Cela ne coûte rien de garantir des données de qualité, et quand on peut partager ces données et obtenir tous les avantages qui en découlent, c'est vraiment profitable. Elle favorise également le développement économique, la transformation et l'optimisation des ressources dans le secteur public, parce que cela permet de savoir très rapidement où ouvrir des points de libre service pour des choses qui intéressent les citoyens. En plus, je crois que cela permet de construire des partenariats avec d'autres ordres de gouvernement, ce qui est très efficace.
Je vais m'arrêter ici et conclure simplement en vous disant que l'année prochaine, nous allons développer des outils simples pour nos concitoyens. Nous espérons être en mesure de mettre au point un site Web commun; notre groupe G-4 travaille à la création d'un site Web commun que nous partagerons avec d'autres ordres de gouvernement et des agences de la Couronne. Nous voulons instaurer des principes de transparence des données dans tout le travail que nous faisons et en faire la norme, de façon à accentuer la courbe du changement.
[Français]
Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant votre comité.