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La séance va commencer.
Bienvenue à nos témoins.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, ce comité étudie la violence faite aux femmes autochtones.
J'aimerais savoir si la Métis Nation of Saskatchewan et le Ralliement national des Métis constituent un seul groupe. Est-ce le cas? Merci.
Les témoins disposent de 10 minutes, et s'il y a plus d'un témoin par groupe, vous pouvez partager vos 10 minutes. Chaque groupe dispose de 10 minutes, mais pas chaque personne. Je vous dirai lorsqu'il restera deux minutes, pour que vous puissiez résumer ce que vous avez à dire.
Je commencerai par l'Assemblée des Premières Nations et la chef Elizabeth Cloud du conseil des femmes.
De la Métis Nation of Saskatchewan, nous avons Helene Johnson, directrice régionale, Région de l'Est 2; et du Ralliement national des Métis, Wenda Watteyne, directrice principale.
Aussi présente l'Association des femmes autochtones du Canada — l'AFAC — représentée par Kate Rexe, directrice, Sœurs par l'esprit, et par Karen Green, directrice exécutive.
Nous avons ensuite l'Association des femmes Inuit Pauktuutit, avec Tracy O'Hearn, directrice exécutive; Joyce Ford, gestionnaire des projets spéciaux; et Sandra Tucker, gestionnaire des problèmes d'abus.
Ce sont nos témoins pour aujourd'hui.
Je commencerai par l'Assemblée des Premières Nations.
Chef Cloud, vous avez 10 minutes.
Permettez-moi d'abord de remercier le président et les membres du comité pour l'invitation de comparaître devant vous au nom du conseil des femmes de l'Assemblée des Premières Nations.
Je m'appelle chef Elizabeth Cloud. Je représente les Chippewas of Kettle and Stony Point dans le Sud de l'Ontario, connu comme l'endroit où Dudley George a été tué par balle en 1995.
L'Assemblée des Premières Nations est une organisation nationale représentant tous les citoyens des premières nations au Canada, peu importe le sexe et le lieu de résidence. Le conseil des femmes de l'APN s'efforce de veiller à ce que les préoccupations et les points de vue des femmes des premières nations influencent tout le travail de l'APN. Je représente les femmes chefs de l'Ontario au conseil national.
La violence faite aux femmes autochtones n'est pas seulement une préoccupation criminelle ni un problème social, c'est également une question de droits fondamentaux de la personne. Les faits montrent que les femmes autochtones sont victimes de violence et ne reçoivent pas un niveau adéquat de protection par l'État, à cause de leur sexe et de leur identité autochtone.
Dans un sondage du gouvernement fédéral réalisé en 2004, les taux déclarés de violence faite aux femmes autochtones — y compris la violence au foyer et l'agression sexuelle — sont trois fois et demie plus élevés que chez les femmes non autochtones. Un sondage effectué en 1996 par Affaires indiennes et du Nord Canada a indiqué que les jeunes femmes des premières nations courent cinq fois plus de risque de mourir à la suite d'un acte de violence que les autres femmes.
Peu d'études ont été menées à l'échelle nationale. Au Canada, il arrive souvent que la police ne prenne même pas note du fait que les victimes sont autochtones. Selon un rapport produit en 2009 par Amnistie internationale, la Saskatchewan est la seule province au Canada où l'information sur les femmes assassinées ou disparues depuis très longtemps est compilée par les autorités gouvernementales et rendue publique. Dans cette province, en 2007, un comité mixte composé de représentants gouvernementaux, d'Autochtones, de membres du corps policier et de groupes communautaires a signalé que 60 p. 100 des cas de femmes disparues depuis longtemps sont autochtones, même si les femmes autochtones ne représentent que 6 p. 100 de la population. Le sort de ces femmes demeure toujours inconnu à ce jour.
L'Association des femmes autochtones du Canada, à partir de témoignages de membres de familles et de reportages médiatiques, a dressé la liste des femmes autochtones qui sont disparues ou qui ont été assassinées ces 30 dernières années. Elle a recueilli de l'information sur plus de 520 cas. Nous sommes sincèrement reconnaissants de tout le travail qu'elle fait. Nous croyons savoir qu'il sera rapporté — espérons-le aujourd'hui — que le nombre de cas connus est encore plus élevé.
Même si les données sont limitées, une évidence fascinante se dégage, et le taux auquel les femmes autochtones subissent de la violence de manière ciblée n'est rien de moins qu'épouvantable. Par ailleurs, un rapport d'Amnistie Internationale produit en 2009 indique que la police n'a souvent pas pris au sérieux le signalement de femmes disparues et assassinées, retardant ainsi les enquêtes, ou déployant peu d'efforts pour effectuer des recherches ou demander l'aide de la population pour chercher des femmes autochtones disparues. Une réponse inadéquate de la part des services de police contribue sans aucun doute au nombre de cas qui demeurent non résolus.
Le rapport d'Amnistie indique également que les auteurs de ces crimes prennent pour victimes des femmes autochtones, croyant que l'indifférence de la police ou de la société au bien-être de ces femmes leur permettra d'échapper à la justice. C'est pour ces raisons que, comme je l'ai déjà mentionné, la violence faite aux femmes autochtones est plus qu'une préoccupation criminelle ou un problème social, mais une question des droits de la personne.
L'Assemblée des Premières Nations était heureuse d'entendre l'importance de cette question dans le discours du Trône du mois dernier et se réjouit de l'engagement de nouveaux fonds pour commencer à s'attaquer au problème. Toutefois, des préoccupations subsistent quant à la façon dont l'argent sera dépensé, et on se demande si le soutien nécessaire et essentiel sera offert aux femmes qui sont à risque ou qui subissent actuellement de la violence.
Il faut reconnaître la nécessité d'avoir davantage de refuges. Au Canada, il y a moins de 40 refuges d'urgence pour les femmes autochtones. C'est inacceptable, surtout compte tenu du taux disproportionné auquel les femmes des premières nations font l'objet de violence.
Il faut également améliorer les services et le soutien aux victimes, et créer des programmes ciblés pour aider les femmes qui ont fait l'objet d'un trafic et qui ont été exploitées dans le commerce du sexe.
L'an dernier, l'Assemblée des Premières Nations s'est engagée à joindre l'Association des femmes autochtones du Canada, Amnistie internationale et d'autres associations pour élaborer un plan d'action national. Il faudra entre autres un engagement de la part de tous les ordres de gouvernement par les meilleurs moyens possible, en mettant l'accent et en attirant l'attention sur ce problème, par exemple en rendant les autorités plus responsables de leurs actions.
Nous sommes d'avis qu'un tel plan devrait, premièrement, reconnaître la violence à laquelle sont confrontées les femmes autochtones; deuxièmement, permettre d'assurer une intervention policière efficace et impartiale en offrant la formation appropriée; troisièmement, offrir une coordination et des ressources adéquates pour lutter contre la violence; quatrièmement, mieux sensibiliser le public et accroître la responsabilité en recueillant et en publiant des statistiques nationales exhaustives de façon cohérente sur le taux de crimes violents contre les femmes autochtones; et cinquièmement, offrir un soutien afin de réduire les risques pour les femmes autochtones en resserrant l'écart économique et social entre les peuples autochtones et non autochtones du Canada.
L'Assemblée des Premières Nations a également demandé la constitution d'un comité parlementaire mixte — composé de ce comité, la condition féminine; les affaires autochtones; la justice et les droits de la personne; et la sécurité publique — pour étudier la question à savoir pourquoi autant de femmes et de jeunes filles autochtones sont disparues ou ont été assassinées, pourquoi autant de cas ne sont toujours pas résolus, et pour formuler des recommandations particulières sur le moyen d'empêcher la poursuite de ces crimes.
Les interventions policières comme telles relèvent de la compétence provinciale, mais la question exige une supervision et une coordination nationales d'une manière qui dépasse le mandat précis d'un ministère fédéral.
D'autres examinent de près cette question, et c'est un sujet qui a l'attention et qui préoccupe grandement le groupe de travail des ministres sur les affaires autochtones, créé par le Conseil de la Fédération l'été dernier. Le groupe de travail des ministres sur les affaires autochtones se rencontrera à Toronto la semaine prochaine, et nous espérons qu'il n'en fera pas seulement une priorité, mais qu'il s'entendra également sur le besoin d'adopter une approche mieux coordonnée pour résoudre le problème de la violence faite aux femmes et aux fillettes autochtones, en plus de tenir compte des influences générales comme l'état de santé, le statut social et la situation économique des femmes autochtones.
Pour terminer, le gouvernement fédéral a récemment fait part de son intention de prendre des mesures pour appuyer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui établit les normes minimales concernant les droits de la personne. On peut lire à l'article 22 de la déclaration:
Une attention particulière est accordée aux droits et aux besoins spéciaux des anciens, des femmes, des jeunes, des enfants et des personnes handicapées autochtones dans l'application de la présente Déclaration.
On peut aussi lire:
Les États prennent des mesures, en concertation avec les peuples autochtones, pour veiller à ce que les femmes et les enfants autochtones soient pleinement protégés contre toutes les formes de violence et de discrimination et bénéficient des garanties voulues.
L'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies se réunit actuellement à New York, et notre chef national, Shawn A-in-chut Atleo, y présente un exposé demain après-midi. Il demandera que la communauté internationale prête attention au taux très alarmant de femmes et de fillettes autochtones assassinées et disparues, et au taux élevé de violence faite aux femmes et aux fillettes autochtones.
Nous croyons que le Parlement peut et devrait jouer un rôle pour redresser la situation en collaboration avec les dirigeants autochtones et les organisations de femmes, et qu'il peut prendre des mesures concrètes pour résoudre les problèmes sous-jacents qui continuent de présenter un risque pour les femmes des premières nations.
Merci.
J'aimerais tout d'abord remercier les membres du comité de permettre au Ralliement national des Métis de comparaître aujourd'hui. Nous tenons à féliciter le comité pour l'intérêt qu'il porte aux causes fondamentales de la violence faite aux femmes autochtones, à l'ampleur du problème et aux types d'actes qui sont commis, et pour sa volonté de recommander des solutions à l'issue d'une collaboration avec les femmes autochtones.
Les femmes comptent pour plus de la moitié de tous les Métis dans le territoire des Métis du Canada. Ce territoire comprend les provinces des Prairies et s'étend jusqu'en Ontario, en Colombie-Britannique, dans les Territoires du Nord-Ouest et aux États-Unis. Selon le recensement de 2006, un peu plus de 170 000 femmes du territoire s'identifient comme Métisses. Le Ralliement national des Métis représente la nation métisse à l'échelon national et international. Élus de façon démocratique, les membres dirigeants du Ralliement national des Métis parlent au nom de la nation métisse du Canada.
Notre population est très jeune. Au moins 25 p. 100 des femmes métisses du territoire sont âgées de moins de 15 ans, et 26 p. 100 sont âgées de 15 à 29 ans. La majorité des femmes métisses sont en fait des enfants et des jeunes filles.
La violence et la discrimination dont sont victimes les femmes métisses et d'autres femmes autochtones au Canada constituent une source de préoccupation au regard des droits de la personne, une source de préoccupation qui a une portée nationale et une dimension tragique. Au cours des dernières années, il est devenu impossible pour les Canadiens et la communauté internationale de nier la discrimination systémique et la violence brutale dont sont victimes les femmes des communautés métisses, inuites et des premières nations. Les rapports publiés concernant les retards dans les enquêtes sur la disparition de femmes autochtones dans le Downtown Eastside de Vancouver et dans d'autres centres comme Edmonton, Saskatoon, Winnipeg et Toronto montrent que les femmes autochtones sont injustement traitées au Canada. Nous ne sommes pas en mesure de fournir des statistiques précises sur la nature et les proportions de la violence faite aux femmes métisses parce que nous ne disposons pas de données sur les taux d'incidence qui sont propres aux Métis. Quoi qu'il en soit, les femmes métisses, leurs familles et leurs communautés connaissent trop bien l'ampleur de cette discrimination et de cette violence.
Certaines études ont été réalisées sur les victimes métisses dans le commerce du sexe, par exemple; les données recueillies montrent la dure réalité dans laquelle se trouvent de nombreuses femmes et jeunes filles. Nous aimerions féliciter le gouvernement fédéral de s'être engagé dans le dernier budget à s'attaquer au problème de la violence faite aux femmes autochtones. Des initiatives telles que la campagne Sœurs par l'esprit de l'Association des femmes autochtones du Canada ont contribué à sensibiliser les gens à ces questions grâce à la recherche, à l'action éducative et à l'élaboration de politiques.
Selon le rapport de l'Association des femmes autochtones du Canada, il y a actuellement 582 cas connus de femmes ou de filles autochtones qui ont disparu ou qui ont été assassinées. Malheureusement, on peut présumer sans se tromper que bon nombre d'entre elles sont métisses. Amnistie Internationale a aussi produit un rapport pertinent intitulé Assez de vies volées. Selon ce rapport, la violence et la discrimination dont les femmes indigènes sont victimes sont une source de préoccupation au regard des droits de la personne.
Le Ralliement national des Métis appuie la demande d'Amnistie Internationale pour que le gouvernement fédéral mette en place un plan d'action national afin de protéger les droits des femmes des communautés métisses, inuites et des premières nations. Il convient du fait qu'un plan d'action doit inclure la collecte et la publication régulière de données ventilées par sexe sur la santé et les conditions socioéconomiques des femmes et des hommes des communautés métisses, inuites et des premières nations, notamment le taux de violence faite aux femmes; des protocoles normalisés pour la gestion policière des cas de disparition qui tiennent compte des risques touchant expressément les femmes autochtones; l'amélioration des enquêtes policières relatives aux cas non résolus de disparition et de meurtres de femmes autochtones; et un financement permanent adéquat à long terme pour assurer la prestation de services pertinents sur le plan culturel afin de répondre aux besoins des femmes et des filles métisses qui risquent d'être victimes de violence ou qui sont aux prises avec les systèmes policier et judiciaire.
Le Ralliement national des Métis conjure le gouvernement fédéral de jouer un rôle de premier plan pour s'attaquer à cette discrimination profondément enracinée et au nombre important de femmes qui ont été assassinées ou qui ont été portées disparues au Canada. À l'initiative du Conseil de la fédération, un groupe de travail sur les affaires autochtones a été créé, réunissant les ministres provinciaux des Affaires autochtones et des dirigeants autochtones. Ce groupe de travail se réunira le 28 avril pour discuter du développement économique, de l'éducation et de la violence faite aux femmes autochtones. Lors de sa première réunion l'automne dernier, le groupe de travail a réitéré la demande des premiers ministres de tenir une réunion sur les questions autochtones. La nation métisse exhorte aussi le premier ministre de convoquer dans les plus brefs délais une réunion des premiers ministres à laquelle prendraient part les dirigeants des communautés métisses, inuites et des premières nations.
La nature grave et complexe de la violence faite aux femmes métisses va nécessiter un engagement considérable. La participation de plusieurs ordres de gouvernement sera requise, de même que celle de divers organismes des domaines de la justice, de l'application de la loi, de la protection de l'enfance et des services sociaux.
Le Ralliement national des Métis encourage la création de groupes de travail comme le Groupe de travail intégré manitobain pour les femmes disparues et assassinées. Ce groupe de travail réunit des représentants du gouvernement du Manitoba, de la GRC et des forces policières de Winnipeg de même qu'un porte-parole des femmes métisses au Manitoba. Pour pouvoir changer les choses de façon significative, une collaboration soutenue, une volonté politique à tous les niveaux et des investissements financiers adéquats sont absolument nécessaires.
Nous aimerions profiter de cette occasion pour attirer l'attention du comité sur l'accès aux ressources fédérales. Le financement de base des femmes métisses était auparavant administré par l'entremise du ministère du Patrimoine canadien, et cette responsabilité relève désormais du bureau de l'interlocuteur fédéral pour les Métis. Cependant, ce financement de base est destiné à des organisations de femmes constituées en société.
Cette politique constitue depuis longtemps une source de frustration pour les dirigeants de la nation métisse, aussi bien les hommes que les femmes, parce qu'elle empêche les gouvernements métis élus démocratiquement d'avoir accès à ces ressources dont elles auraient grandement besoin. Condition féminine Canada a le mandat de promouvoir la pleine participation des femmes à la vie économique, sociale et démocratique du Canada.
Le Ralliement national des Métis est heureux d'indiquer que 48 p. 100 des dirigeants provinciaux élus sont des femmes. Au sein de deux de nos organisations dirigeantes les plus importantes, la Métis Nation of Alberta et la Manitoba Métis Federation, les femmes comptent pour 64 et 52 p. 100 respectivement des dirigeants élus démocratiquement. Les femmes métisses sont élues à la fois dans le cadre d'élections provinciales générales et en tant que représentantes des femmes. Des femmes sont élues au sein des conseils métis régionaux et provinciaux, et on leur confie souvent le portefeuille des questions féminines, ou elles sont nommées ministres responsables de la situation des femmes.
Pourtant, les ressources telles que le Fonds communautaire pour les femmes et le Fonds de partenariat pour les femmes de Condition féminine Canada ne sont pas accessibles. Cela nuit aux femmes, enfants, familles et communautés métis. La politique actuelle du gouvernement impose une méthode de financement qui est incompatible avec la gouvernance de la nation métisse. Le Ralliement national des Métis recommande que la politique du gouvernement sur le financement de base fasse l'objet d'un examen. Il est disposé à collaborer avec les ministères fédéraux en vue de trouver une solution appropriée.
Pour résumer, j'aimerais rappeler nos trois recommandations.
Tout d'abord, nous recommandons que les membres du comité et le gouvernement fédéral assument de façon plus générale un rôle de premier plan dans le dossier de la violence faite aux femmes en favorisant une démarche axée sur les distinctions pour traiter des inégalités sociales et économiques entre les peuples autochtones et la population générale, y compris un plan d'action visant expressément les Métis; en appuyant la poursuite des travaux du groupe de travail sur les affaires autochtones et en y participant; et en demandant au premier ministre de convoquer une réunion des premiers ministres et des dirigeants métis, inuits et des premières nations pour se pencher sur la liste de priorités dressée par le groupe de travail sur les affaires autochtones.
Deuxièmement, nous recommandons que des ressources soient prévues pour permettre un engagement concerté entre les nations métisses, les gouvernements fédéral et provinciaux, les organismes de service, le système judiciaire, les tribunaux et les forces policières pour trouver des solutions aux problèmes de violence faite aux femmes métisses, notamment les femmes et les filles métisses disparues et assassinées.
Troisièmement, nous recommandons que le gouvernement fédéral travaille en collaboration avec les nations métisses pour éliminer les obstacles bureaucratiques qui, depuis longtemps, empêchent les femmes métisses d'avoir accès au financement prévu par Condition féminine Canada et d'autres organismes, comme le bureau de l'interlocuteur fédéral du MAINC. C'est un point de départ important si l'on veut promouvoir l'égalité des femmes métisses d'une manière qui corresponde à leurs aspirations et qui respecte la gouvernance de la nation métisse.
En terminant, j'aimerais souligner que la nation métisse est résolue à appuyer, à protéger et à respecter les droits des enfants, des femmes et des jeunes métis. En tant que nation, nous avons perdu un trop grand nombre de nos mères, de nos sœurs, de nos filles, de nos amies et de nos enfants à cause de la violence. Une société juste ne peut tolérer cela.
Merci.
Je tiens à remercier chacun d'entre vous d'être ici aujourd'hui et de permettre à ces groupes de parler au nom des femmes autochtones.
Je vais débuter en vous parlant un peu d'histoire. En 2004, l'Association des femmes autochtones du Canada a reçu du financement pour la campagne Sœurs par l'esprit, qui visait à sensibiliser les gens à l'égard des femmes et des filles autochtones portées disparues et assassinées au Canada. À l'époque, on estimait que, au cours des 30 années précédentes, quelque 500 femmes et filles autochtones avaient été portées disparues ou avaient été assassinées dans des communautés du Canada. Pourtant, le gouvernement, la société et les médias étaient restés muets sur le sujet.
En 2010, on a brisé le silence, mais il reste beaucoup de travail à accomplir.
En 2005, l'Association des femmes autochtones du Canada a reçu du financement pour l'initiative de recherche, de sensibilisation et d'élaboration de politiques de Sœurs par l'esprit, initiative d'une durée de cinq ans qui devait permettre d'établir le nombre de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées au Canada et de déterminer les causes fondamentales et les circonstances de leur disparition et de leur mort ainsi que les tendances relatives à la violence qui s'y rattache.
Cela n'a pas été facile. Nous sommes partis de zéro pour établir notre méthodologie de recherche. Il n'existait pas vraiment de méthodologie sur laquelle nous aurions pu nous appuyer pour recueillir de l'information dans les communautés et obtenir des données policières et criminelles reposant sur des observations factuelles pour les femmes autochtones qui ont été portées disparues ou que l'on a retrouvées assassinées. Comme l'a rapporté la Métis Nation of Saskatchewan, on dispose de très peu d'informations concernant l'identité autochtone des victimes de crime, particulièrement les Métis, les premières nations ou les Inuits.
Les éléments de preuve recueillis au cours des cinq dernières années n'ont pas été recueillis uniquement pour la recherche ou les statistiques, mais aussi pour la vie des femmes et des filles qui ne sont plus avec nous. Les histoires que nous ont racontées les familles pour honorer la mémoire de leurs sœurs, de leurs mères, de leurs filles, de leurs grands-mères et de leurs tantes disparues et assassinées nous rappellent que chaque vie était belle, que chaque femme était forte et que chaque personne manque beaucoup à ses proches.
L'histoire de ces victimes et les données statistiques que nous avons recueillies constituent une part très précieuse de notre initiative de recherche. Fondée sur une approche mixte, notre méthodologie a évolué pour devenir un processus de collaboration et de réciprocité privilégiant l'expérience des femmes et des filles autochtones et de leurs familles et englobant différentes perspectives, cultures, valeurs et traditions et différents besoins, qui doivent tous avoir leur place.
Le processus de recherche repose sur les valeurs culturelles et éthiques que sont la bienveillance, le partage, la confiance et la force, qui revêtent une importance particulière pour ce type de recherche compte tenu de leur nature délicate, et sur la compréhension que bon nombre de ces voix, et celles des familles, ont été perdues au cours de la génération précédente.
Les histoires que nous avons entendues nous ont aussi aidés à comprendre les circonstances, les causes et les tendances relatives à la disparition et à l'assassinat des femmes autochtones, et à mettre au point une intervention appropriée. Ce sont les femmes et les filles autochtones, leurs familles et leurs communautés qui savent quelles sont les mesures les plus appropriées.
Nous avons aussi pris au sérieux la nécessité de communiquer nos constatations aux familles, aux communautés autochtones de même qu'au grand public, aux gouvernements fédéral et provinciaux et à divers ministères, qui sont tous parties prenantes dans ce dossier.
Au cours de cette initiative, nous avons aussi appris qu'il n'existe aucune source de données détaillées sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. D'après les données policières, selon le territoire, la police ne recueille pas systématiquement d'information sur l'identité ethnique des victimes. Il arrive souvent que les victimes de crime ne soient jamais identifiées.
L'Association des femmes autochtones du Canada détient maintenant l'unique source de données sur les femmes disparues et assassinées. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec la police, y compris la GRC, pour vérifier ces données et nous assurer qu'elles concordent avec ce qui figure dans leurs dossiers.
En ce qui concerne les problèmes plus vastes associés à la violence faite aux femmes et aux filles autochtones, nous avons constaté que la littérature didactique et les ouvrages traitant de la violence tendent à mettre l'accent sur la violence familiale, mais ce que vivent les femmes et les filles autochtones est beaucoup plus large. Il ne s'agit pas non plus d'une question qui touche uniquement les Autochtones ou les femmes, mais c'est une question à laquelle tous les Canadiens doivent s'intéresser. Nous devons veiller à ce que tous les ministères et les ministres concernés reconnaissent que cette question touche divers domaines comme la justice, la sécurité publique, la culture, le logement et la sécurité économique.
Au cours des cinq dernières années, nous en sommes venus à comprendre que la violence perpétrée à l'endroit des femmes et des jeunes filles autochtones constitue en réalité un racisme systémique et sexo-spécifique, soit le legs d'une colonisation qui déshonore les femmes autochtones dans la société canadienne.
Cet avilissement des femmes autochtones est évident lorsqu'on examine les taux disproportionnés de violence, les hauts taux de disparition et le nombre alarmant de meurtres parmi les femmes et les jeunes filles autochtones. Ce qui est encore plus alarmant, toutefois, c'est le très faible taux d'élucidation des homicides. Nous avons récemment constaté que le taux d'élucidation est très faible, 'est-à-dire que seulement 53 p. 100 des affaires d'homicides sont élucidées au Canada. Ces données contredisent celles publiées en 2005 dans un rapport de Statistique Canada, où il était indiqué que 84 p. 100 des affaires d'homicides étaient élucidées au Canada.
Nous savons également, compte tenu des renseignements recueillis dans le cadre de notre initiative de recherche, que les situations de violence et le silence qui les entoure sont souvent vus à tort comme une acceptation des choses.
Nous savons que l'identité autochtone est un des plus forts indicateurs de violence au Canada. Les Autochtones sont trois fois plus susceptibles d'être victimes de violence que tout autre groupe et, comme l'a mentionné le chef Cloud, les femmes sont 3,5 fois plus susceptibles d'être victimes de violence.
Selon Statistique Canada, les femmes autochtones sont également sept fois plus susceptibles d'être victimes de meurtre que les femmes allochtones au Canada. La violence n'est souvent pas rapportée — dans 60 p. 100 des cas, paraît-il. Elle est souvent associée à des contextes de vulnérabilité comme le faible revenu, l'insécurité liée au logement, l'âge — une question de jeunesse —, tout comme l'emplacement géographique et le sexe.
Nos récentes constatations de recherche indiquent que les femmes et les filles autochtones risquent autant d'être tuées par un étranger ou une connaissance que par un partenaire intime. Cette situation est très différente de celle des femmes allochtones au Canada, chez qui les taux d'homicides sont souvent attribuables à la violence perpétrée par un partenaire intime.
Pour ce qui est des constatations de recherche que nous publions aujourd'hui dans un rapport intitulé Ce que leurs histoires nous disent, nous savons que le Canada compte 582 cas de femmes et de filles autochtones disparues ou assassinées. Les provinces de l'Ouest affichent des proportions démesurées de meurtres et de disparitions de femmes, sans compter tous les cas mis en lumière par nos recherches des dix dernières années. Deux tiers des affaires sont survenues dans les provinces de l'Ouest, c'est-à-dire en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. La Colombie-Britannique, qui compte à elle seule 160 affaires du genre, occupe le premier rang.
Nous savons également qu'elles étaient pour la plupart des jeunes femmes. Plus de la moitié de ces femmes étaient âgées de moins de 31 ans. Si nous sommes pour concevoir des mesures pour enrayer convenablement la violence, il faut tenir compte des besoins des jeunes, et des jeunes femmes en particulier. Beaucoup de ces femmes avaient également des enfants. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous savons que près de la moitié des affaires de meurtre impliquant des femmes et des filles demeurent irrésolues, car seuls 53 p. 100 des cas ont été élucidés.
Nous savons que la plupart de ces histoires surviennent en milieu urbain, mais il ne faut pas oublier la violence qui a cours dans les réserves, dans les régions rurales et éloignées, dans les collectivités nordiques et dans les territoires des Métis; il convient donc d'adopter des mesures propres à l'identité pour répondre aux besoins culturels des victimes d'actes criminels.
Ainsi, les décisions stratégiques, les mesures et les services offerts aux victimes doivent s'inspirer de certaines constatations clés émanant de nos recherches et des tendances décelées en lien avec les causes profondes et les contextes sous-jacents.
Tout d'abord, nous tenons à vous remercier, madame Fry, ainsi que les coprésidents et les membres du comité, de nous donner l'occasion de faire ainsi valoir nos idées.
Nous vous transmettons également les salutations d'Elisapee Sheutiapik, notre présidente, qui ne pouvait venir aujourd'hui. Elle est certainement avec nous d'esprit.
Nous sommes d'accord avec tous les commentaires formulés par les intervenants précédents — qui sont également nos collègues — et nous nous réjouissons à l'idée de collaborer avec eux. Ces occasions ne se présentent malheureusement pas tous les jours.
Pour ceux et celles d'entre vous qui ne connaissez pas Pauktuutit, il s'agit d'une association constituée en société en 1984. Elle vient de célébrer son 25e anniversaire. Elle est l'organisation nationale représentative de toutes les femmes inuites au Canada. L'organisation a été constituée en société de manière à pouvoir s'occuper des problèmes sociaux vécus dans les collectivités lorsque le processus de négociation des revendications territoriales a vu le jour.
Depuis ce temps, Pauktuutit a brisé le silence à propos de questions très douloureuses et difficiles, telles que la violence faite aux femmes inuites et les sévices sexuels infligés aux enfants. Elle s'est forgé une réputation très solide et crédible en travaillant étroitement avec les femmes inuites, en plus de se montrer un vecteur positif de changement. Au fil des ans, elle s'est également attaquée aux questions d'égalité politique, sociale et économique et à de nombreuses questions liées à la santé, y compris la santé mère-enfant et le travail des sages-femmes.
Tous les travaux de Pauktuutit reposent sur deux principes, c'est-à-dire la reconnaissance du caractère singulier de la culture inuite et le respect d'un cadre qui non seulement appuie, mais renforce, les approches, la langue et la culture propres aux Inuits.
De 1984 à 2007, 244 résolutions ont été adoptées à l'occasion des assemblées générales annuelles de l'organisation. Nous avons procédé à l'analyse initiale de ces résolutions, ce qui nous a permis de constater que les cinq plus grandes priorités au cours de ces 25 années ont été celles de l'égalité politique, de la santé, des questions sociales, de l'administration de la justice et de la violence. La violence faite aux femmes représente encore aujourd'hui un problème important de santé physique et mentale.
Compte tenu du peu de temps dont nous disposons aujourd'hui, je ferai un court exposé, après quoi il nous fera plaisir de répondre à vos questions.
Notre plus récente assemblée générale annuelle s'est déroulée ici même à Ottawa à la fin mars. À cette occasion, les membres du conseil d'administration et les délégués ont pu rencontrer la ministre de la Condition féminine. Les discussions ont essentiellement porté sur la sécurité des femmes et sur le manque de refuges sûrs.
Les femmes inuites vivent dans 53 collectivités dispersées dans quatre vastes régions géographiques de l'Arctique, qui s'étendent sur quatre fuseaux horaires. On compte huit principaux dialectes de l'inuktitut et toutes les collectivités ou à peu près ne sont accessibles que par avion.
On ne compte que 15 refuges sûrs pour 53 collectivités et ceux-ci ne sont pas toujours ouverts compte tenu des coûts d'exploitation, du manque de capacités et de ressources humaines ou même de l'absence d'un bâtiment convenable pour loger les femmes.
Je ne répéterai pas bon nombre des statistiques présentées par nos collègues pour illustrer les taux de violence mais, selon Statistique Canada, les taux d'homicides conjugaux dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut étaient de 7,3 p. 100 pour les femmes et de 3,6 p. 100 pour les hommes, comparativement à 1,0 p. 100 pour les femmes et 0,03 p. 100 dans la population en général. Le nombre de délits sexuels rapportés à la police en 2004 était de trois à six fois plus élevé dans les Territoires du Nord-Ouest et de sept à quatorze fois plus élevé au Nunavut. Il ne faut pas non plus oublier que les femmes inuites du Nord vivent également dans la région arctique du Québec, dans la région du Nunavik et au Nunatsiavut, un territoire situé dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador où s'effectue la mise en œuvre d'un accord d'autonomie gouvernementale. Le problème n'est donc présent ailleurs que dans les territoires et collectivités situés au nord du 60e parallèle.
Nous ne ferons qu'effleurer aujourd'hui les nombreux facteurs qui contribuent à ces taux révoltants de violence faite aux femmes inuites, mais il faut noter que le manque d'infrastructures dans les collectivités, y compris de logements, et l'absence de services de soutien et d'intervention d'urgence pour les victimes font sérieusement obstacle à la sécurité des femmes.
Nous aimerions maintenant présenter certaines recommandations qui concernent l'annonce faite récemment par le gouvernement fédéral, qui s'est engagé à consacrer 10 millions de dollars pour contrer la violence faite aux femmes. Nous nous réjouissons de cet engagement du gouvernement fédéral et nous tenons à souligner l'excellence du travail accompli par nos soeurs de l'Association des femmes autochtones du Canada qui, toutefois, ont dû reconnaître pendant nos échanges qu'elles n'avaient pas les moyens d'entreprendre des recherches propres aux Inuits. Elles ont dit appuyer Pauktuutit dans ses efforts visant à contrer la violence faite aux femmes. Nous demandons l'aide de ce comité pour faire en sorte que ces ressources soient réparties équitablement, de manière à permettre à Pauktuutit et à ses membres des différentes collectivités et régions d'entreprendre des initiatives propres aux Inuits.
Il faut créer une tribune nationale de femmes inuites qui seront à même de déterminer leurs propres priorités et plans d'action. Lors de notre récente assemblée générale annuelle, nous avons entendu que le peu d'options en matière de logement et le manque de refuges sûrs posent un énorme problème pour tous nos membres, pour toutes les femmes de ces collectivités. Les femmes qui vivent dans des collectivités sans refuge, accessibles seulement par avion, n'ont pas toujours de lieu sûr où aller si elles sont incapables de prendre un avion et de se rendre dans une autre collectivité; cette démarche peut tout simplement se révéler prohibitive compte tenu du coût élevé du transport aérien au Canada.
Nous avons entendu l'histoire d'une femme du Nunavut qui a demandé aux services sociaux de l'aider à s'installer dans une autre collectivité pour s'éloigner de son partenaire violent. Sa demande a été refusée et le lendemain, elle a été tuée. Cette année, en janvier, une inuite du Nunatsiavut a été tuée par son conjoint. Il faut mettre un terme à cette violence.
Les sévices sexuels infligés aux enfants figurent également à l'avant-plan des priorités des femmes inuites. Une étude réalisée par Pauktuutit au début des années 1990 a permis de constater que jusqu'à 85 p. 100 des fournisseurs de soins de santé et des travailleurs sociaux étaient au courant de cas précis d'abus sexuels sur des enfants. Nous ne savons pas à quoi ressemble ce pourcentage aujourd'hui. Des enfants inuits sont également à risque d'être exploités sexuellement et d'être la proie de prédateurs sexuels en région urbaine. Ma collègue Sandy comparaîtra devant la table ronde Dallaire demain.
Il nous faut des ressources adéquates pour mener des recherches sur la prévalence des sévices sexuels infligés aux enfants inuits partout au pays. Les recherches nous ont permis de constater que parmi la population en général, les femmes prendront souvent des mesures pour se sortir d'une situation de violence lorsque leurs enfants sont à risque. Nous savons également que c'est pendant cette période qu'elles courent le plus grand risque d'être assassinées. Il faut instaurer sans plus tarder des mesures d'intervention sûres et efficaces pour les enfants inuits victimes d'abus sexuels au sein même de leurs familles.
Notre association est en quelque sorte devenue spécialiste des questions de violence faite aux femmes et à leurs enfants. Nous nous sommes dotés d'une stratégie nationale pour prévenir les abus et nous travaillons actuellement avec Condition féminine Canada dans le cadre d'un projet de deux ans sur la prévention des mauvais traitements. Ce projet met notamment l'accent sur la prévention des mauvais traitements grâce au développement des compétences des femmes en leadership. Nous avons également élaboré un plan d'action initial et une stratégie de communication qui s'attaquent aux sévices sexuels infligés aux enfants, à la lumière de certains de nos travaux récents dans ce dossier.
Nous devons pouvoir compter sur l'aide de nombreux partenaires, y compris du gouvernement fédéral, pour entreprendre des initiatives holistiques substantielles et exhaustives pour sauver la vie des femmes et des enfants inuits. Nous vous remettrons quelques documents et nous serons ravis de vous entretenir à ce sujet, peu importe le moment.
En terminant, nous aimerions vous présenter la stratégie de prévention des mauvais traitements que nous envisageons. Notre vision est celle d'une société inuite en santé, respectueuse du passé et garante d'avenir, fière de son héritage et soucieuse d'appuyer les familles au sein de communautés bienveillantes. Dans cette société, la violence et les mauvais traitements seraient des incidents rares qui seraient traités rapidement et justement selon les coutumes inuites. Les auteurs des gestes de violence sont tenus responsables de leurs actions et ont accès, tout comme les victimes, au soutien nécessaire pendant leur processus de guérison.
Nous tenons une fois de plus à vous remercier pour ce temps de parole et nous sommes disponibles en tout temps pour répondre à vos questions. Merci.
Je vous remercie toutes beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Comme vous le savez certainement toutes, aujourd'hui est la première journée de ce qui sera, je suppose, une étude très substantielle sur la question de la violence faite aux femmes autochtones.
Avant de poser une question, permettez-moi de prendre l'occasion de reconnaître publiquement l'initiative Sœurs par l'esprit et le rapport remarquable qu'elle a déposé aujourd'hui. J'ai eu l'occasion de le lire. Il est exhaustif, détaillé et réfléchi, et il englobe une foule d'enjeux. Je vous félicite pour le travail que vous avez accompli, en particulier pour avoir mis au jour la question des femmes autochtones disparues et assassinées. Vous avez fait de l'excellent travail.
J'ai tellement de questions que je ne sais pas par où commencer. Certaines questions sont brèves et portent sur des détails, et d'autres sont des questions globales. Parce que vous êtes le premier groupe que nous accueillons pour parler du sujet, je vais nommer deux ou trois sujets globaux, puis je vais demander à celles qui veulent prendre la parole de les commenter.
Quand j'ai lu le rapport de l'initiative Sœurs par l'esprit, j'ai été frappée, madame Rexe, par vos propos détaillés sur l'incidence de la colonisation sur les femmes et les communautés.
Je demanderai à celles d'entre vous qui veulent répondre de parler de la question de la colonisation, des pensionnats indiens, et de leur incidence sur les femmes. Voilà un sujet.
Si nous avons le temps, j'aimerais que vous me parliez de quelques problèmes sociaux fondamentaux auxquels vous êtes confrontées.
Pauktuutit, vous avez parlé du logement et des défis que pose le logement. Je me suis rendue dans plusieurs communautés des premières nations et j'ai moi-même constaté les défis que pose le logement. Je suis allée dans les Territoires du Nord-Ouest et les coûts du logement m'ont sidérée. J'ai vu les refuges que les femmes ne pouvaient pas quitter parce qu'elles n'avaient nulle part où aller, et les défis qui en découlent. J'aimerais avoir quelques commentaires à ce sujet.
Je sais que c'est une question lointaine, mais quelle est l'importance selon vous de l'adhésion du Canada à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones? Beaucoup la demandent depuis très longtemps. J'aimerais avoir quelques commentaires à ce propos.
Commençons donc par ces trois sujets. Je suppose qu'il n'y aura même pas de temps pour cela.
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue à vous toutes.
Je me sens un peu comme ma collègue du Parti libéral. Il y a tellement de questions qu'on pourrait poser. Il s'agit d'un drame de société important, selon moi. Je vous ai entendu parler beaucoup de tout l'aspect culturel des différents groupes, qu'il soient Métis, Inuits, et des différents endroits. Je suis d'accord pour dire que si des gestes sont posés, c'est à vous d'agir c'est-à-dire que vous devez diriger toutes les actions, avec l'argent qu'on peut réussir à obtenir du gouvernement, pour permettre de résoudre ce problème.
L'une de mes principales questions — je ne sais pas si vous y pensez aussi — est de savoir si l'argent va servir strictement à la justice ou plutôt à mettre en place un vrai système qui permettra d'inverser la culture actuelle ? Je pensais à ce que Mme O'Hearn disait: dans une communauté éloignée, comment fait-on pour qu'une femme ne soit plus battue? Si on la sort de chez elle, puis qu'on la ramène chez elle, elle sera encore battue. Donc, comment fait-on pour régler cela?
Il y a sûrement beaucoup de sensibilisation, d'information et de travail à faire, il faut agir. C'est à ce sujet que j'aimerais vous entendre, pour qu'on puisse finalement dire au gouvernement qu'il faudrait plus que 10 millions de dollars pour résoudre un tel problème. Si vous commencez aujourd'hui à travailler sur ce problème, ce n'est pas demain qu'il va être réglé, d'après ce que j'ai entendu. Donc, j'aimerais que vous me parliez de la période de temps qui serait nécessaire. C'est incroyable de constater que de tels meurtres sont commis, qu'ils ne sont pas résolus, et que la police ne s'en occupe pas. On prend probablement les corps et on les « garroche » aux ours — ou je ne sais quoi —, et la police ne fait rien. Le malaise est profond.
J'aimerais vous entendre davantage, parce que ce que vous dites est passionnant, et on se doit d'écouter cela aujourd'hui si on veut prendre des mesures concrètes dans l'avenir.
Je vous remercie de vos observations sur les questions et les préoccupations constantes auxquelles nous faisons toutes face, je crois, compte tenu du financement global habituellement limité pour des projets à court terme. Nous savons tous ce qui doit être fait. Je crois que la première étape qui permettrait d'accomplir quoi que ce soit, c'est un financement durable. Cela se produit tous les jours en première ligne. Le problème remonte au manque de confiance qui découle des pensionnats indiens, qui découle de la colonisation.
Nous mettons sur pied des programmes, que ce soit des programmes d'éducation ou des programmes de refuges sécuritaires, nous gagnons la confiance des membres de la communauté pour qu'ils y prennent part, qu'ils commencent leur démarche de guérison, et ensuite les fonds s'épuisent et nous devons recommencer. Chaque fois, nous devons réinventer la roue, et nous perdons la confiance des membres des communautés envers les organisations, le gouvernement dans l'ensemble, parce qu'il n'y a pas de stabilité.
Nous pouvons faire un lien avec les diverses possibilités de financement qui ont déjà existé, surtout récemment, étant donné l'annonce de la suppression du budget accordé à la Fondation autochtone de guérison. Compte tenu de la quantité de travail qu'il a fallu accomplir pour bâtir la réputation et le succès de ce projet, qui n'existe plus maintenant, nous entendons des gens dans nos communautés dire qu'il n'a pas fallu cinq ans pour créer les problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui, et que ça prendra beaucoup plus que cinq ans pour les régler.
En tant qu'Autochtones, nous avons été mis de côté dans l'histoire parce que nous étions des citoyens de classe inférieure, et c'est pourquoi les répercussions liées au fait de retirer les possibilités de financement et la permanence des programmes sont beaucoup plus profondes à mon avis que ce qui se produit à la surface selon nous. Ce n'est donc pas seulement une question d'obtention de fonds, mais également une question de permanence des programmes.
Qu'il s'agisse de fonds pour les refuges ou de fonds pour les programmes d'éducation dans les écoles, le financement doit se poursuivre. C'est la seule façon pour nous d'être en mesure de changer les choses pour ce qui est des sévices, chez les enfants disparus et assassinés, et en ce qui concerne la violence familiale. Il nous faut cette permanence.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous les témoins. Je crois qu'il est très opportun d'entreprendre cette étude, certainement en raison de la publication très récente de l'étude complète et du rapport de l'initiative Soeurs par l'esprit.
Je me suis toujours sentie très chanceuse de venir de la Colombie-Britannique et de venir du Canada, mais je dois partager une certaine honte de savoir que ma province et mon pays sont parmi les pires en ce qui concerne les femmes et les enfants autochtones disparus. Personne ne peut ressentir autre chose que de la honte par rapport à cette situation.
J'apprécie tout le travail très important et excellent accompli par la Fondation autochtone de guérison. J'étais là pendant une partie des délibérations, et j'ai écouté certains commentaires et affirmations puissants formulés par différents membres. Je dois aussi examiner... vous savez, dans ma circonscription, rien ne s'est passé en fait. Les gens n'ont pas été en mesure de tirer parti des ressources; il n'y a eu aucune initiative particulière.
Également — et aussi dans d'autres circonscriptions —, peut-être que Santé Canada aurait les fonds nécessaires, mais la plupart des services de soins de santé, du moins dans ma circonscription, ont été transférés aux bandes. Ils ont été transférés aux groupes. Alors j'espère que cela permettra une intégration, gérée par les bandes, gérée par des groupes comme le Q'wemtsin Health Society, non seulement pour fournir un soutien additionnel, mais aussi pour l'intégrer dans un réseau et un filet globaux de soins de santé. Notre gouvernement certainement a l'intention de fournir ce soutien à plus grande échelle. Ce n'est en aucune façon pour diminuer l'excellent travail qui a été accompli.
Plusieurs personnes ont parlé de données. Je vais révéler mon âge — je le fais parfois —, mais je me souviens que dans les années 1980, il a eu une identification de divers groupes ethniques au sein du système de soins de santé. Cela a été perçu comme inapproprié et erroné, alors je crois que nous nous en sommes éloignés.
Comment cela a-t-il fonctionné en Saskatchewan? Comment avez-vous obtenu un accord pour recueillir des données d'une façon qui soit respectueuse pour toutes les personnes concernées?
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Merci, madame la présidente.
Merci, mesdames, de votre présence ici.
J'ai déjà vécu à Vancouver. En ce moment, je vis naturellement à Richmond que je représente. J'ai également enseigné dans le Downtown Eastside de Vancouver. J'enseignais l'anglais, langue seconde, aux adultes. J'ai donc été personnellement témoin de bien des situations. C'est naturellement l'affaire de la ferme d'élevage porcin de Coquitlam qui a attiré l'attention de l'ensemble du pays sur la question de la disparition de femmes et de filles autochtones. Elle a déclenché une prise de conscience dans l'ensemble du pays.
Voici quelques éléments d'information. Encore une fois, j'applaudis à l'excellent travail accompli par la campagne Soeurs par l'esprit. Leurs constatations ont donné lieu à la mise sur pied d'un programme appelé « De la preuve à l'action » et elles seront suivies de mesures concrètes.
J'ai également des nouvelles sur le financement pour Tracy — vous permettez que je vous appelle Tracy? — à savoir que les fonds de soutien de la Fondation autochtone de guérison sont en cours de transfert au ministère de la Santé. La ministre elle-même est originaire des territoires et vous souhaiterez peut-être y avoir accès.
De plus, le gouvernement va présenter une loi régissant les droits des femmes autochtones à la propriété immobilière. Ce sera un progrès. L'indépendance économique et la situation économique des femmes autochtones est l'une des causes profondes de leur pauvreté. C'est la cause profonde des incidents.
Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet? Si la loi accordait davantage de droits aux femmes autochtones, est-ce que leur situation s'en trouverait améliorée?
Si vous parlez de la loi sur les biens immobiliers matrimoniaux, les seules communautés qui sont en avance à cet égard sont celles qui ont un rôle à jouer dans l'élaboration du code foncier et celles qui sont déjà dotées du pouvoir de gestion des terres qui leur est reconnu en tant que premières nations. Quant à ce que fait le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, la discussion avec la communauté semble un peu indigente. L'absence de consultation persiste.
En ce qui concerne la loi sur les biens immobiliers matrimoniaux, il est clair qu'elle donnera l'accès à un certain droit à la propriété matrimoniale quand elle commencera à s'appliquer dans nos communautés. Mais dans notre esprit, elle protégera davantage les droits des femmes qui ne sont pas admissibles à être inscrites dans la communauté. Est-ce bon ou mauvais? Quoi qu'il en soit, c'est à prendre avec un grain de sel.
Je sais que dans ma communauté, quelques personnes y gagneraient dans la mesure où, disons, le mariage éclaterait et où les biens immobiliers accumulés pendant la relation... Dans certains cas, il faut s'attendre à beaucoup de chicanes de famille, parce que dans une communauté de première nation, quiconque n'est pas membre de la bande ne peut être propriétaire de biens immobiliers ou de terres dans la communauté en question.
Alors il y a du bon et du mauvais. C'est sûr qu'il y aura un peu de bon dans certains cas, mais tout se jouera au cas par cas.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup d'être ici, mesdames.
J'ai beaucoup de difficulté à écouter ce que vous avez à dire parce que, comme plusieurs Québécoises et Canadiennes, je ne connaissais pas la situation des femmes autochtones. Comme plusieurs d'entre nous, quand les Autochtones se plaignaient, je pensais qu'ils avaient tort de se plaindre, qu'ils en avaient déjà assez et qu'on devrait leur dire de se taire, et ce, jusqu'à ce qu'Hélène Gabriel vienne à mon bureau et me raconte l'histoire. En fait, on ne connaît pas l'histoire. On n'enseigne pas l'histoire dans les écoles. On ne sait pas ce qui s'est passé.
Alors, comme tout bon Blanc, on pense qu'on est les bosses et qu'on sait mieux comment s'occuper de vous. Donc, on continue à faire la même chose. Les Soeurs par l'esprit ont fait un travail exceptionnel. Les communautés autochtones font un travail exceptionnel avec le peu de moyens qu'elles ont. Je suis allée à Iqaluit pour rencontrer les gens du refuge. J'ai été fascinée par la capacité des personnes qui y travaillent, malgré le fait que celles qui y vivent doivent y rester pendant des mois — non pas des semaines mais des mois —, parce qu'il n'y a pas de maisons de transition. Donc, si on les renvoie chez elle, on les renvoie à la violence.
Présentement, on dit qu'il y a 10 millions de dollars, mais on ne vous les donne pas parce qu'on sait comment s'occuper de vous. On sait comment arrêter la violence. C'est encore nous, les Blancs, qui allons vous dire comment faire cesser la violence. J'ai beaucoup de difficulté à accepter cela. On vous fait croire qu'il y a de l'argent pour l'Aboriginal Healing Foundation, dans le secteur de la santé. S'il y en a, qu'on vous le donne. On vous fait croire qu'il y a 10 millions de dollars pour Soeurs par l'esprit. Si cet argent existe, qu'on vous le donne et qu'on cesse de faire accroire des choses, de raconter des histoires et de dire n'importe quoi et qu'on vous donne l'argent parce que vous êtes celles qui savez comment guérir, comment prendre les mesures que vous devez prendre pour vous assurer que les femmes ne vivent plus cette violence. J'en ai assez! Excusez-moi, mais il fallait que je le dise.
Ne croyez-vous pas que vous êtes les mieux placées pour savoir comment aider les femmes à se sortir de la violence?
Merci beaucoup pour vos présentations. En tant que représentante du Nord du Manitoba, je les ai trouvées très stimulantes. Bon nombre d'entre nous connaissons le travail important réalisé par Sœurs par l'esprit et sommes très préoccupés par la situation actuelle et le fait que, comme nous l'avons entendu aujourd'hui, 10 millions de dollars restent à allouer. Bien sûr, on constate qu'il y a un grave manque de consultation.
Un certain nombre de questions, semblables à celles que nous avons entendues, me sont venues à l'esprit lors de vos présentations. À l'écoute de vos présentations, j'ai entendu les voix de certaines de mes amies, des femmes avec lesquelles j'ai grandi et qui soulèvent ces questions dans nos collectivités. Des affiches de femmes disparues parsèment les autoroutes de notre région et nos lieux publics. Bien qu'un silence ait été rompu, le mutisme subsiste lorsque vient le moment de trouver des réponses et de composer avec les problèmes fondamentaux.
Je crois qu'un des thèmes soulevé dans vos présentations sur l'importance de ne pas composer avec la violence uniquement lorsqu'elle est présente, particulièrement dans le domaine de la recherche, est la prévention. J'aimerais connaître vos opinions — madame Tucker, vous avez été la première à la soulever —, sur la question de la non-viabilité du programme, et particulièrement en ce qui a trait à la Fondation autochtone de guérison.
En tant qu'ardente défenderesse de la Fondation autochtone de guérison et de son programme dans la région que je représente ainsi que dans l'ensemble du Canada, je suis très préoccupée par l'approche gouvernementale à l'égard de la Fondation. Je suis également préoccupée par les commentaires entendus aujourd'hui concernant le fait que l'argent de la Fondation autochtone de guérison soit maintenant entre les mains de Santé Canada. Les organisations communautaires qui ont dû fermer leurs portes vous diront qu'il n'y a pas d'argent pour ce type de programmes, que les employés de Santé Canada ne sont pas là pour combler les manques à gagner et que Santé Canada n'a aucun plan pour reprendre le programme qui a été mis en œuvre par la Fondation autochtone de guérison.
J'aimerais savoir comment vous percevez l'importance des programmes de guérison; la nécessité de soulever l'expérience des pensionnats; et la nécessité de comprendre qu'il n'est pas simplement question de présenter des excuses, mais plutôt d'être à l'écoute des collectivités et de leur permettre d'élaborer leurs propres programmes. J'aimerais également connaître vos opinions à l'égard d'un éventuel appui fédéral pour ce type de programmes complets, qui aurait également pour objectif de composer avec le problème de la violence faite aux femmes autochtones.
C'est essentiel — c'est essentiel —, et j'aimerais partager avec vous quelques exemples de la nécessité de mettre en œuvre des approches distinctes et uniques.
Au Nunavut, il y a 26 collectivités dispersées sur un très vaste territoire. Il est impossible de mettre en œuvre un réseau complet de services de soutien dans une collectivité de 500 personnes. Par l'entremise de la Fondation autochtone de guérison, un programme d'intervention mobile en situation de crise a été mis au point afin qu'un groupe d'experts puisse se rendre dans les différentes collectivités. Ce n'est pas une solution idéale, mais c'est une approche de guérison élaborée au Nunavut.
Nous avons élaboré de nombreux modèles dans notre organisation. Nous n'offrons pas de services, mais nous travaillons avec les gens des collectivités et des experts afin d'élaborer des modèles de guérison. Nous travaillons au perfectionnement d'un programme offert « sur le terrain ». Nous travaillons avec Condition féminine Canada sur un projet de deux ans visant à appuyer les femmes qui jouent un rôle de leadership. Ce projet est fondé sur un autre projet intitulé Somebody's Daughter qui rassemble les femmes sur le terrain.
Pendant une semaine, les gens renouent avec les compétences traditionnelles, comme la fabrication de kamiks et le nettoyage de peaux. Des anciens et des conseillers sont présents. Ce projet a un volet de journalisation. Par conséquent, au cours de cette semaine, les femmes développent leur estime de soi au moyen de différentes activités complémentaires. Cette estime de soi devient un outil très important pour contrer la violence, que ce soit dans leur vie ou au sein de leur collectivité.
Alors oui, c'est essentiel, mais ça doit être élaboré sur mesure pour les différentes régions et les différentes personnes. La langue est très importante.
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Bonjour, mesdames. Je suis heureuse que vous soyez présentes.
Comprendre et connaître ce qui se passe nous tient vraiment à cœur. En effet, on doit avouer une chose malheureuse: je suis d'accord avec Mme Demers quand elle dit qu'en tant que femmes blanches, on ne connaît pas vraiment la réalité des Autochtones, des Innus, des Métis.
Je suis secrétaire parlementaire depuis presque trois ans. J'ai eu la chance de rencontrer plusieurs groupes. Cependant, je n'ai pas l'habitude de faire ça, mais je vais remettre les pendules à l'heure. Mme Demers a fait ce que j'appelle une crise d'hormones. Le montant de 10 millions de dollars, on l'a investi parce qu'on y croit.
Selon moi, tout le monde ici autour de la table veut absolument connaître et faire une chose... Je n'ai pas fini. On m'a attaquée, personnellement. Aujourd'hui, je veux comprendre pourquoi les femmes... Il faut que les femmes se mettent ensemble, et non les unes contre les autres, pour comprendre ce qui arrive aux femmes autochtones disparues.
Je vais répéter ce que j'ai dit, madame Demers. Je répète pour que tu sois présente. J'ai uniquement dit que je voulais remettre les pendules à l'heure. Je ne savais pas comment m'exprimer exactement, j'ai utilisé les mots « crise d'hormones », mais elle me connaît et sait que ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais remettre les pendules à l'heure parce que je pense qu'on veut comprendre ici pourquoi ça arrive chez les femmes autochtones.
Si Mme Demers était là, elle pourrait renchérir et Mme Neville aussi. Un jour, des femmes autochtones sont venues. Sur la première page du journal, on voyait la photo d'une femme blanche aux yeux bleus et aux cheveux blonds, qui était disparue. La photo d'une femme autochtone se trouvait à une autre page, floue, non loin de la rubrique des sports. Je m'en souviens parce que ça m'avait fâchée. Je suis blanche et je ne connais pas la réalité des Autochtones, des Innus ou des Métis.
Cependant, j'aimerais savoir ceci. Vous avez dit un peu plus tôt que vous n'aviez pas d'aide de la police. Que doit faire le comité pour essayer de vous aider le mieux possible, en travaillant ensemble pour aider les femmes autochtones et surtout comprendre ce qui arrive sur le terrain? Comment se fait-il qu'on n'ait pas plus d'informations sur les femmes disparues?
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Les gens sont certainement encore effrayés lorsqu'ils voient — maintenant — la voiture noire; ils ont changé sa couleur.
Cependant, nous avons vraiment fait la promotion dans la région du cours de sensibilisation. En fait, nous avons eu, en novembre dernier, un symposium important avec tous les agents d'application de la loi — la PPO, le corps de police de Sarnia, le corps de police de Nishnawbe, la patrouille frontalière et Pêches et Océans — ainsi que l'ensemble de nos communautés pour discuter des outils qui seront utilisés lorsque les corps de police auront terminé leur formation.
Ils ont aussi désigné certains agents principaux de la PPO à qui je peux m'adresser directement par téléphone afin d'établir de meilleures lignes de communication. Si une situation se produit où je dois aussi faire appel à un agent de la PPO — nous avons à notre disposition le corps de police de Nishnawbe —, j'ai le nom de personnes vers qui je peux me tourner. Ils ont donc désigné des personnes précises.
Je pense qu'ils ont accordé plus d'attention au cours de sensibilisation de façon à ce qu'ils ne croient pas avoir terminé leur sensibilisation après avoir regardé une vidéo de cinq minutes. Dans les faits, il y a actuellement un court programme qui peut prendre plus de quelques heures. Un agent du corps de police de Sarnia m'a même confié que le seul cours de sensibilisation qu'il a suivi est une vidéo de cinq minutes.
Il faut tenter de renouer les relations de façon générale et faire en sorte que cela devienne une composante très importante du cours de sensibilisation. Pour la PPO, l'une des recommandations qu'ils ont formulées était qu'elle apporte son aide pour renouer les relations dans la communauté.
Je ne suis pas certaine qu'ils en font réellement partie, mais nous avons un conseil municipal de première nation, et nous tenons maintenant des réunions. Notre députée provinciale, Maria Van Bommel, y siège comme présidente, parce que nous voulions nous assurer que c'était un comité respecté plutôt qu'un simple lieu de rencontre. Nous parlons maintenant d'une stratégie pour l'ensemble de la plage d'Ipperwash, parce que nous partageons tous le même territoire.
Je suis donc d'avis que des mesures importantes ont été prises, et nos agents, dont certains ont joué un rôle dans la crise d'Ipperwash, sont aussi intervenus dans la crise de Caledonia, en s'inspirant de leur expérience. Nous avons aussi le centre Simon Wiesenthal, un centre qui traite de l'Holocauste, où vous pouvez participer à certains ateliers, pour nous aider à comprendre nos différences. Ces ateliers s'intitulent « outils de tolérance ».
Nous avons accompli un certain nombre de choses, mais nous ne pouvons jamais vraiment oublier le fait que certaines personnes qui étaient présentes cette nuit-là reculeront si elles voient une voiture de la PPO les suivre. Le frère de Dudley George, qui était avec lui dans la voiture cette nuit-là, est en voie de guérison. Il conçoit pour nous un monument, et il voit à son aménagement. C'est la façon dont il réussit à surmonter la perte de son frère cette nuit-là.
Des mesures très positives ont donc été prises.