:
Merci, madame la présidente. Merci de m'avoir invitée à comparaître devant votre comité. C'est un privilège réel pour ma collègue et moi que de comparaître devant le comité à l'heure où vous entamez une étude sur la violence faite aux femmes autochtones du Canada.
[Français]
En premier lieu, j'aimerais décrire certains programmes d'Affaires indiennes et du Nord Canada qui contribuent à la santé et à la sécurité des familles autochtones. De plus, je souhaite vous faire connaître les initiatives du ministère visant expressément la violence faite aux femmes et vous expliquer comment Affaires indiennes et du Nord Canada collabore avec d'autres ministères fédéraux, les provinces et les Autochtones à la formulation d'une réponse globale afin de régler ce problème grave, particulièrement dans les réserves, mais aussi dans les communautés autochtones et les centres urbains.
[Traduction]
Le mandat du ministère est double: les affaires indiennes et inuites, et le développement du Nord. Sa mission est donc d'aider les Autochtones et les résidents du Nord à réaliser leurs aspirations sociales et économiques et à former des collectivités viables et en santé. Le ministère soutient également les Autochtones vivant en milieu urbain, les Métis et les Indiens non inscrits par l'intermédiaire du Bureau de l'interlocuteur fédéral.
Comme vous le savez, certains facteurs socioéconomiques rendent les femmes autochtones plus vulnérables à la violence, comme le taux de chômage, la situation familiale et les niveaux d'instruction.
Par le soutien qu'il fournit aux services à l'enfance et à la famille, ainsi qu'aux programmes de développement communautaire et d'éducation dans les réserves, le ministère collabore étroitement avec ses partenaires autochtones, fédéraux et provinciaux pour réduire ces risques sous-jacents et améliorer la santé et la sécurité des familles autochtones.
Les gouvernements provinciaux assurent habituellement la prestation ou le financement des services aux femmes autochtones qui résident à l'extérieur des réserves. Dans le Nord, le gouvernement du Canada fournit une aide financière au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut au moyen de la formule de financement des territoires. Cette aide financière soutient les services publics essentiels, comme les hôpitaux, les écoles, l'infrastructure et les services sociaux.
[Français]
La réforme des programmes sociaux existants d'Affaires indiennes et du Nord Canada et l'élaboration de nouveaux programmes sur les réserves sont essentielles à l'éradication des causes profondes de la violence faite aux femmes dans les réserves et à l'extérieur. Par exemple, le programme des services à l'enfance et à la famille sur les réserves vise une approche préventive pour aider les parents et garder les familles ensemble, ce qui contribue en fin de compte à rehausser le sentiment de sécurité chez les femmes qui habitent dans les réserves et ce qui peut diminuer le risque de violence.
[Traduction]
Le programme de soutien du revenu dans les réserves du ministère ne vise désormais plus seulement qu'à répondre aux besoins fondamentaux, mais aussi à mettre en oeuvre des mesures concrètes pour aider les citoyens et citoyennes à participer à des programmes de préparation à l'emploi et de formation afin qu'ils puissent trouver de l'emploi. Au fur et à mesure de nos progrès, les résidents des réserves deviendront plus autonomes, ce qui contribuera à réduire l'incidence de la pauvreté.
Il y a également le projet connexe de réinvestissement de la Prestation nationale pour enfants, qui vise principalement à réduire la pauvreté des enfants et à appuyer les familles vivant dans les réserves au moyen de services de garderie, d'activités de transition du domicile au travail, de soutien parental, d'aide à la nutrition et de programmes culturels appropriés. Le ministère a aussi des programmes directement axés sur la lutte contre la violence faites aux femmes. Le Programme de prévention de la violence au foyer vise à créer des refuges sûrs pour les femmes et les enfants des premières nations en cas de violence familiale. Il aide aussi les collectivités des premières nations à éliminer les causes profondes de la violence familiale au moyen de tout un éventail d'activités de prévention. En 2007, le ministère a annoncé un investissement de 55 millions de dollars sur une période de cinq ans pour appuyer le réseau actuel de maisons d'hébergement, dont une tranche de 2,2 millions de dollars est réservée à la construction de cinq nouvelles maisons. Le ministère appuie actuellement un réseau de 41 maisons d'hébergement dans les réserves et environ 350 projets communautaires de prévention s'adressant aux membres des premières nations vivant dans les réserves.
Le Programme d'amélioration des maisons d'hébergement de la Société canadienne d'hypothèques et de logement assume les coûts de la construction et de l'entretien de ces maisons.
[Français]
Pour ce qui est des programmes urbains, le Bureau de l'interlocuteur fédéral cherche à améliorer les conditions socioéconomiques des Métis, des Indiens non inscrits et des Autochtones en milieu urbain qui habitent à l'extérieur des réserves.
Dans l'étude sur les Autochtones en milieu urbain publiée le 6 avril 2010, on constatait que la majorité des femmes recensées s'étaient établies en ville pour se rapprocher de leur famille, faire des études, fuir une mauvaise situation familiale ou encore pour trouver un meilleur endroit où élever leurs enfants. Dix pour cent de ces femmes ont déménagé afin de fuir une mauvaise situation familiale.
[Traduction]
Conformément à la Stratégie pour les Autochtones vivant en milieu urbain, le Bureau de l'interlocuteur fédéral s'allie à la collectivité autochtone, aux organismes locaux, aux administrations municipales, aux gouvernements provinciaux et au secteur privé pour contribuer à des projets dans trois domaines prioritaires, à savoir l'amélioration des compétences sociales; la promotion de la formation professionnelle et de l'entreprenariat; et l'aide aux femmes, aux enfants et aux familles autochtones. Depuis 2007, environ 7,5 millions de dollars ont été injectés dans plus de 140 projets relevant de cette troisième priorité, en particulier dans les domaines de la guérison et du bien-être; du leadership et de l'habilitation; de la réduction des préjudices et la prévention de la violence dans certains grands centres urbains du Canada. Par la voie de la réforme législative, comme le projet de loi S-4, la Loi sur les foyers familiaux situés dans les réserves et les droits ou intérêts matrimoniaux, et les modifications à la Loi canadienne sur les droits de la personne, le gouvernement du Canada prend des mesures concrètes pour procurer aux femmes des premières nations une protection et des droits semblables à ceux dont bénéficient les autres Canadiens et Canadiennes.
Une fois en vigueur, le projet de loi S-4 procurera les protections et les droits fondamentaux en ce qui a trait à l'occupation et à la juste répartition de la valeur du foyer familial dans les réserves en cas de séparation ou de décès du conjoint. La loi prévoit aussi des mesures de protection en cas de violence familiale.
Le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien participe à l'initiative globale de lutte contre la violence familiale de l'Agence de la santé publique du Canada. Lancée en 1988, cette initiative met à contribution 15 ministères et organismes fédéraux. De plus, l'Association des femmes autochtones du Canada, par la voie de l'initiative Soeurs par l'esprit, a contribué à mieux faire connaître l'étendue et la nature de la violence faite aux femmes autochtones. Le ministère contribue également à la coordination du Programme de prévention de la violence au foyer avec d'autres intervenants, comme le Cercle national autochtone contre la violence familiale, les provinces, les territoires et d'autres ministères comme Santé Canada, le ministère de la Justice et Condition féminine Canada.
[Français]
Ensemble, nous travaillons afin d'obtenir des résultats, mettre un terme à la violence faite aux femmes autochtones et éliminer les facteurs qui les rendent vulnérables.
Ma collègue et moi ferons de notre mieux pour répondre à vos questions. Merci.
:
Bonjour. Je vous remercie de m'offrir cette occasion de témoigner devant le comité alors que vous entamez votre étude sur la violence faite aux femmes autochtones. Comme l'a demandé le comité, je compte donner un aperçu général du cadre actuel de la justice pénale en ce qui a trait à la violence faite aux femmes en général.
Le comité sait que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux se partagent la responsabilité du système de justice pénale. Le rôle du gouvernement fédéral consiste à formuler et promulguer des lois pénales, dont le Code criminel du Canada, et également, par l'intermédiaire du Service des poursuites pénales du Canada, à intenter des poursuites contre les délinquants criminels en vertu de mandats fédéraux, de même que contre les auteurs d'infractions au Code criminel dans les territoires.
Les provinces et territoires sont responsables de l'administration de la justice, ce qui englobe les services policiers, les poursuites, la prestation des services aux victimes de crimes et l'administration des tribunaux. Le système de justice pénale exige donc une collaboration et une coordination continues entre les deux ordres de gouvernement.
La nature de notre mission, au ministère de la Justice du Canada, nous amène forcément à réfléchir aux incidences directes et indirectes de toute mesure ou action envisagée pour lutter contre la violence faite aux femmes, y compris à évaluer toute espèce d'incidence différentielle fondée sur des facteurs liés à la diversité, comme le sexe, la race, l'origine ethnique, la culture, l'âge et la capacité.
La violence faite aux femmes est un enjeu complexe qui se répercute sur la santé physique et mentale des femmes, sur leur bien-être et sur leur sécurité économique, et elle influe sur leur capacité de parvenir à l'égalité dans la société canadienne. Ces effets se conjuguent dans le cas des femmes autochtones, des femmes de couleur, des femmes handicapées, des femmes âgées et des femmes pauvres. Pour cette raison, les mesures que nous mettons en oeuvre pour lutter contre la violence faite aux femmes sont variées et peuvent être de nature législative ou encore être axées sur les politiques, les programmes, la recherche ou l'éducation du public.
Passons maintenant à nos réponses législatives. Un système de droit pénal solide et exhaustif sert non seulement à assurer l'imposition de sanctions adéquates lorsque sont commis ces actes de violence, mais aussi à prévenir ces actes ou à en dissuader les auteurs potentiels. Le Code criminel prévoit un large éventail de mesures qui visent à protéger tous les Canadiens contre la violence, notamment des dispositions interdisant les voies de fait, l'agression sexuelle, le harcèlement criminel, la séquestration, la traite de personnes ainsi que le meurtre et l'homicide involontaire coupable.
Aucune distinction n'est établie entre les hommes et les femmes qui sont victimes de ces crimes, à une exception près peut-être. L'article 268, qui porte sur les voies de fait graves, comporte la mention « Il demeure entendu » précisant que la mutilation de l'appareil génital féminin constitue une forme de voie de fait grave.
De même, les interdictions stipulées au Code criminel n'établissent pas de distinction entre d'autres types de victimes, à l'exception des enfants victimes d'agression sexuelle, bien que souvent, les dispositions générales relatives à l'agression sexuelle s'appliquent elles aussi lorsque la victime est un enfant.
Les principes et les objectifs relatifs à la détermination de la peine que renferme le Code criminel reconnaissent néanmoins que certains crimes peuvent avoir une incidence différente sur certaines victimes. Ainsi, les tribunaux doivent-ils considérer certains facteurs comme des circonstances aggravantes aux fins de la détermination de la peine, notamment lorsque l'infraction a été motivée par des préjugés, de la haine ou des facteurs particuliers, y compris la race ou le sexe, et lorsque l'acte en question a été commis contre l'époux ou le conjoint de fait du contrevenant, ou encore contre une personne âgée de moins de 18 ans.
Le comité sait certainement qu'étant résolu à lutter contre les crimes violents, le gouvernement continue de renforcer ce système pénal dans l'optique, surtout, de mieux assurer la protection des Canadiens, y compris les groupes vulnérables, contre toute forme de violence. La Loi sur la lutte contre les crimes violents de 2008, par exemple, a relevé l'âge du consentement à l'activité sexuelle dans le but de mieux protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes, et a promulgué des mesures plus efficaces de détermination de la peine et de surveillance pour empêcher les délinquants dangereux et à risque élevé de récidiver.
Outre ces mesures de protection de fond, le Code criminel comporte aussi de nombreuses dispositions qui visent à faciliter le témoignage des victimes et des témoins vulnérables, y compris les plaignants — le plus souvent des femmes —, dans les cas d'agression sexuelle, de violence conjugale et de harcèlement criminel.
Des moyens destinés à faciliter le témoignage, comme des écrans, la télévision en circuit fermé et la présence d'une personne de confiance peuvent être fournis sur demande s'il est démontré que le témoin n'est pas en mesure, sans cette aide, de livrer un récit complet des faits en raison de certaines circonstances, notamment la nature de l'infraction et des relations entre l'accusé et la victime ou le témoin, un handicap physique ou mental ou toute autre circonstance pertinente.
Le ministère mène plusieurs initiatives stratégiques et programmes qui s'inscrivent aussi dans la réponse intégrée de la justice pénale à la violence faite aux femmes. Je citerais en particulier la Stratégie fédérale d'aide aux victimes que dirige le ministère de la Justice, laquelle vise à faciliter l'expérience des victimes de crimes, y compris des femmes qui ont été victimes de violence, dans le système de justice pénale. Menée en étroite collaboration avec les provinces, les territoires et les principaux intervenants, la stratégie soutient des initiatives visant à cerner les besoins et préoccupations des victimes de crimes, et à y répondre.
Donnons un exemple des recherches qu'a entreprises le Centre de la politique concernant les victimes, qui administre la stratégie fédérale d'aide aux victimes sur le sujet. Le centre a publié en janvier 2006 un rapport intitulé « Revue de la recherche sur la victimisation criminelle et les membres des Premières nations, les Métis et les Inuits, 1990 à 2001 ». Une mise à jour de ce rapport est en cours.
Le Centre de la politique concernant les victimes a aussi collaboré avec le Centre des enfants et des familles dans le système de justice dans l'élaboration de son guide de 2009 à l'intention des jeunes victimes et des témoins, intitulé Cheminer vers la justice : Un guide pour penser, parler et travailler comme une équipe en faveur des jeunes victimes d'actes criminel dans le Grand Nord canadien.
Un autre exemple pertinent de la stratégie fédérale pour les victimes qu'il convient de souligner est celui d'une conférence tenue en septembre 2009 sur le thème « Approches et interventions auprès des victimes d'actes criminels dans le Nord... Miser sur la force intérieure et la résilience ». Cette conférence d'une durée de trois jours a rassemblé plus de 275 professionnels qui travaillent auprès des victimes de crimes dans les trois territoires. Plusieurs ateliers y étaient offerts portant sur les femmes autochtones en tant que victimes et témoins vulnérables.
L'autre stratégie que je voudrais souligner est la Stratégie relative à la justice applicable aux Autochtones, que dirige le ministère de la Justice et dont les provinces et territoires se partagent les coûts. Cette stratégie applique des méthodes de résolution des différends pour combattre le crime et la victimisation et soutient actuellement plus de 120 programmes de justice communautaire dans environ 400 collectivités autochtones du Canada. En vertu de ce processus holistique, les contrevenants sont tenus responsables de leurs actes et des tentatives sont faites pour réparer le mal fait à la victime tout en rétablissant la relation entre les victimes, les contrevenants et les collectivités.
Enfin, j'aimerais donner deux exemples de collaboration fédérale-provinciale-territoriale dans des dossiers liés à la violence contre les femmes, à savoir les femmes portées disparues et les femmes victimes de violence conjugale.
Les sous-ministres fédéraux-provinciaux-territoriaux ont créé au début de 2006 le Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur les femmes portées disparues, qu'ils ont chargé d'examiner la question des femmes portées disparues. Le groupe de travail, qui est coprésidé par la Colombie-Britannique et l'Alberta, se concentre sur l'identification, l'enquête et la poursuite efficaces dans les affaires de tueurs en série qui mettent en cause des personnes dont le style de vie les expose à des risques élevés, y compris celles qui vivent de la prostitution. Cette démarche, qui devrait s'achever plus tard cette année, comprend un examen des pratiques exemplaires pour faciliter la détection précoce des tueurs en série potentiels, ainsi que des stratégies pour protéger les victimes potentielles.
Le deuxième exemple dont je veux vous parler est le rapport final, datant de 2003, du Groupe de travail fédéral-provincial-territorial spécial chargé d'examiner les politiques et les dispositions législatives concernant la violence conjugale. En sa qualité de partenaire dans l'initiative de lutte contre la violence familiale, le ministère de la Justice a tenu le rôle de coprésident fédéral de cet examen. Ce rapport final a fait un examen approfondi de la mise en oeuvre et de l'application des mesures de justice pénale adoptées depuis 20 ans relativement à la violence conjugale, y compris des politiques favorables à l'inculpation et aux poursuites qu'ont adoptées toutes les compétences canadiennes au cours des années 1980.
L'examen portait notamment sur l'incidence particulière de la violence conjugale sur les femmes autochtones. Outre les recommandations précises qui y sont faites, le rapport recense trois objectifs qui devraient éclairer à l'avenir les réponses du système de justice pénale à la violence conjugale: premièrement, il faut criminaliser la conduite — en l'occurrence, la violence conjugale; deuxièmement, la réponse doit accroître la sécurité de la victime; troisièmement, la réponse doit préserver la confiance dans l'administration de la justice.
Pour terminer, nous reconnaissons que la violence faite aux femmes est un enjeu complexe et qu'une collaboration étroite entre tous les ordres de gouvernement et un éventail de mesures seront nécessaires pour que l'intervention du système de justice pénale contre ce problème soit exhaustive et efficace. Des lois et politiques pénales sévères, notamment, devront être mises en oeuvre dans le but de prévenir la perpétration des actes de violence et d'y réagir efficacement lorsqu'ils sont commis, d'offrir un soutien aux victimes, de continuer d'éduquer et de sensibiliser le public, ainsi que d'assurer la formation professionnelle.
Je vous remercie.
:
Bonjour, je suis Daniel Sansfaçon, directeur exécutif par intérim du Centre national de prévention du crime du ministère de la Sécurité publique du Canada. Je vais partager cette période d'intervention avec mon collègue Ed Buller, qui est directeur de la Division des politiques correctionnelles autochtones.
Je vais vous parler essentiellement de trois choses. Je vais essayer de le faire assez rapidement, pour qu'on ait suffisamment de temps ensemble. Dans un premier temps, il s'agira des grandes orientations de la Stratégie nationale pour la prévention du crime. Dans un deuxième temps, je parlerai de l'état des lieux, et dans un bref troisième temps, je vous donnerai au moins un exemple d'une intervention que l'on finance actuellement.
La Stratégie nationale pour la prévention du crime a essentiellement pour objectif de réduire, dans la mesure du possible, les comportements de délinquance. On pense que des mesures de prévention bien réfléchies et bien mises en oeuvre sont la meilleure façon de réduire la victimisation. Bien évidemment, en même temps, on est conscient que c'est un travail à long terme, et que les effets ne se feront véritablement sentir que plusieurs années après que les interventions auront été menées, d'autant plus que nos groupes cibles sont plutôt des jeunes âgés de 6 à 24 ans. Je vous en parlerai plus tard de manière plus précise.
La stratégie dispose notamment de trois mécanismes permettant de financer des actions de prévention sur le terrain, partout au pays. Le mécanisme plus général est le Fonds d'action en prévention du crime, qui est d'environ 37 millions de dollars pour l'année 2010-2011. Il s'agit du fonds principal en ce sens que l'on essaie, par ce mécanisme, de financer des actions qui sont largement basées sur l'état des connaissance de ce qui « fonctionne pour réduire la délinquance. »
Le deuxième mécanisme, créé spécifiquement lors du tout récent renouvellement de la stratégie en 2008, est le Fonds de prévention du crime chez les collectivités autochtones et du Nord. Comme l'indique son titre, il a précisément pour objectif d'aider plus spécifiquement les collectivités autochtones à mettre en oeuvre des actions de prévention qui soient ciblées, mais aussi adaptées à leur réalités, à leurs circonstances. Ce fonds est de 8 millions de dollars pour 2010-2011.
Finalement, même si c'est moins pertinent immédiatement, il y a le Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes. Il s'agit d'un fonds à durée limitée qui se termine le 31 mars 2011 et qui dispose de 6 millions de dollars en 2010-2011.
Comme je vous le disais, tout à l'heure, les grandes priorités de la stratégie sont de prévenir la délinquance — notamment chez les jeunes de 6 à 24 ans, puisque c'est la période où se manifestent les principales tendances délinquantes — parmi les peuples autochtones et les collectivités du Nord, et de prévenir la récidive des ex-contrevenants qui ne font plus l'objet d'une sentence.
[Traduction]
Le CNPC finance les interventions qui ciblent les enfants et les jeunes à risque élevé chez qui l'on reconnaît plusieurs facteurs de risque de délinquance plus tard dans la vie. Ces facteurs comprennent notamment le fait d'avoir été témoin ou victime de violence familiale. Le CNPC finance également des interventions visant à prévenir la récidive chez les délinquants chroniques et à risque élevé dans les collectivités, y compris ceux qui ont des antécédents connus de violence conjugale ou de violence faite aux enfants.
Mes collègues en ont déjà parlé. Les données de recensement et d'autres données ont démontré que bon nombre d'Autochtones courent de plus grands risques de délinquance et de victimisation que les non Autochtones. L'une des priorités du CNPC consiste à appuyer des initiatives adaptées sur le plan culturel, qui favoriseront l'élaboration et la mise en oeuvre de stratégies de prévention du crime dans les collectivités autochtones, et ce, tant dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci que dans les collectivités du Nord. Le CNPC cherche aussi à accroître les connaissances et les capacités requises pour élaborer ou adapter des moyens efficaces de prévention du crime.
Ces deux dernières années, le CNPC a été un partenaire actif et coopératif dans les collectivités autochtones, ayant investi plus de 46 millions de dollars pour financer 40 projets de prévention du crime destinés aux collectivités autochtones du Canada. La plupart de ces projets sont déjà en oeuvre, pour les deux prochaines années.
Tout cela est expliqué dans la documentation que vous avez reçue. Le CNPC a financé des projets axés sur la réduction de la délinquance et, de fait, la prévention de la victimisation; les résultats sont assez positifs, notamment pour le projet Options de traitement de la violence familiale qui a été mis sur pied en 2000 à Whitehorse, ou le projet de classe en plein air Gwich'in, dans les Territoires du Nord-Ouest.
[Français]
Toutefois, je n'insisterai pas sur ces programmes, puisque vous avez devant vous le sommaire d'évaluation qui montre effectivement que ces initiatives ont permis de réduire les comportements de délinquance parmi les jeunes.
Un des projets actuellement en cours est le centre de soutien pour les femmes autochtones du pavillon Minwaashin, à Ottawa. Il s'agit d'un centre multiservices qui offre aux membres des collectivités autochtones des services de guérison, d'éducation et de loisirs adaptés à leur culture. Ce projet de trois ans vise à utiliser des approches éducatives pour essayer notamment de prévenir les formes de violence, y incluant les violences contre les femmes, parmi les filles et les garçons âgés de 12 à 18 ans. Les participants sont sélectionnés parmi ceux qui ont recours aux services de l'organisation qui parraine l'initiative ou aux services de leurs partenaires. On prévoit qu'environ 200 jeunes auront participé à cette initiative au fil de ses trois années d'existence.
Voilà donc quelques exemples du type de projets que finance la Stratégie nationale pour la prévention du crime. On a de bonnes raisons de penser qu'ils contribueront à réduire les violences contre les femmes autochtones et, plus généralement, la violence.
Merci.
Bonjour. Je m’appelle Ed Buller. J’occupe actuellement le poste de directeur de la Division des politiques correctionnelles autochtones à Sécurité publique Canada.
J’aimerais prendre le temps de vous présenter une démarche visant à prévenir la violence faite aux filles et aux femmes autochtones. Celle-ci consiste à reconnaître qu’il faut réduire la violence dans l’ensemble de la collectivité pour améliorer la sécurité des filles et des femmes autochtones.
Un certain nombre de collectivités autochtones ont démontré que les démarches culturelles, fondées sur les croyances et les pratiques traditionnelles, constituent un moyen efficace de lutter contre le crime et d’appuyer les victimes dans leur traitement, sans compter qu’elles sont un pivot qui contribue au développement économique, social et culturel.
Par exemple, une étude sur le processus de guérison dans la première nation de Hollow Water au Manitoba révèle que, sur une période de dix ans, la communauté de Hollow Water est venue en aide à plus de 100 délinquants et à environ 400 victimes de violence sexuelle ou physique dans la collectivité. Grâce au processus de guérison, le taux de récidive chez les délinquants était de moins de 2 p. 100. À titre de comparaison, aux services correctionnels du système judiciaire canadien, le taux de récidive habituellement accepté est de 19 p. 100 pour les délinquants sexuels. Les auteurs de l’étude ont conclu que pour chaque dollar investi par le gouvernement du Manitoba, celui-ci en avait épargné trois. De même, pour chaque dollar investi par le gouvernement fédéral, ce dernier avait épargné entre deux et onze dollars.
Cette étude montre que l’appui apporté à la première nation de Hollow Water était un bon investissement financier, mais la collectivité a aussi signalé d’autres avantages pour ses membres. De fait, on a constaté qu’il y a eu une baisse importante de la toxicomanie, que les parents jouaient un rôle plus actif dans l’éducation de leurs enfants, que les enfants restaient à l’école ou y retournaient, qu’une quarantaine d’enfants d’autres collectivités étaient placés en foyer d’accueil à Hollow Water et que d’anciens résidents retournaient vivre dans la collectivité. Au départ, le processus de guérison lancé à Hollow Water avait pour but d’aider les victimes et les délinquants à se remettre d’actes de violence sexuelle ou familiale, mais il a contribué de façon importante à améliorer la sécurité et le bien-être de la collectivité en général.
Un grand nombre de collectivités autochtones se tournent de nouveau vers des approches traditionnelles pour amener leur population à surmonter des obstacles liés à des problèmes communs. Après des dizaines d’années durant lesquelles le gouvernement a tenté de les morceler en offrant des programmes modestes pour régler différents problèmes, les collectivités appliquent des stratégies traditionnelles pour mobiliser les gens et régler des problèmes qui s’étendent à toute la collectivité.
Les démarches axées sur la guérison amènent les collectivités à former une société civile et durable au lieu de s’en tenir à régler des problèmes. Il en résulte des collectivités plus saines, au profit de tous les résidents, que ce soit directement par l’entremise de programmes intégrés ou indirectement en répondant aux besoins et aux aspirations des particuliers.
Au fil du temps, nous en sommes venus à croire que la première étape de la guérison pour une collectivité est d’établir un plan de sécurité communautaire, ce qui permet aux collectivités de définir des interventions globales et intégrées pour surmonter les problèmes de sécurité. Ces plans doivent préciser les questions et les enjeux clés qui nuisent au bien-être et à la sécurité de la collectivité tout en donnant une orientation pour les années à venir.
Les plans de sécurité communautaires aident les collectivités à définir les risques qui peuvent mener à la criminalité et à la victimisation, à mettre à profit les ressources et à cerner les lacunes des interventions. Étant donné que ces plans sont globaux et ne s’en tiennent pas à la justice ou à la sécurité publique, ils permettent de collaborer avec d’autres fournisseurs de fonds et d’assurer une intervention intégrée. Ces plans servent de cadre pour s’attaquer de manière systématique aux causes profondes de la victimisation et pour régler les problèmes de sécurité de la collectivité.
Il existe actuellement divers programmes de financement pour lutter contre la violence faite aux femmes. Cependant, dans bien des cas, ces programmes visent à corriger des problèmes en particulier et ne permettent pas à la collectivité de coordonner et de combiner leurs interventions.
Si l’on aidait les collectivités à adapter leurs interventions en fonction de la sécurité communautaire, on pourrait utiliser les programmes pour mettre à profit les ressources existantes tout en améliorant la capacité des collectivités d’accéder aux sources de financement existantes ou nouvelles.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie tous d’être des nôtres aujourd’hui. J’ai beaucoup de questions, mais je n’ai pas suffisamment de temps.
J'ai d’abord une petite entrée en matière. Permettez-moi de vous dire, monsieur Buller, que je connais l'initiative de Hollow Water au Manitoba. Je sais qu'il s'agit d'une approche intégrée et holistique qui est en cours depuis longtemps et que l’on y a affecté beaucoup de ressources différentes. Cette initiative a connu de nombreux succès et un certain nombre de revers en cours de route, mais ce pourrait bien être un modèle.
Je m’adresse maintenant à la GRC. J'ai eu l'occasion de rencontrer le conseil d’administration de l’initiative Highway of Tears. J’ai été ravie de vous voir participer dans le but d'avoir une réponse plus unie et globale à ce problème.
Cependant, je suppose que je suis vraiment inquiète. En mai dernier, mon collègue, Todd Russell, et moi-même avons écrit au ministre de la Justice pour demander une enquête sur les disparitions et les meurtres de femmes autochtones. On nous a pratiquement envoyé une lettre de réponse qui parlait de toutes les initiatives isolées en cours. Certes, il y a un certain nombre d'initiatives en cours, mais ce qui me frappe avant tout, en écoutant les exposés précédents du gouvernement, c’est que je me demande si vous communiquez entre vous. Existe-t-il une démarche intégrée globale à cet égard? C'est une question très complexe.
Il y a eu des compressions quant au financement de la Fondation autochtone de guérison, qui traitait de nombreuses questions liées à la violence contre les femmes. Or, il ne semble pas y avoir de plan d'ensemble. Il y a beaucoup de mesures ponctuelles, mais il ne semble pas y avoir de plan stratégique global, intégré et holistique.
En ce qui concerne les causes profondes, on en a cerné certaines, mais nous n'avons rien entendu à propos des problèmes de logement, de l'impact générationnel sur les peuples autochtones, des cycles de la pauvreté ou rien de tout cela. Dites-moi donc ce que fait le gouvernement pour nous donner l'espoir que l’on déploie des efforts réels pour traiter ce problème. C'est une question compliquée, mais les mesures ponctuelles ne vont pas nous mener loin.
Je ne sais pas qui veut répondre à cette question.
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Merci beaucoup pour la question.
Je peux vous dire que l'Agence de la santé publique du Canada dirige effectivement une initiative de prévention de la violence au foyer, à laquelle 15 ministères participent. Cette initiative comporte trois objectifs: sensibiliser le public aux facteurs de risque de violence familiale et à la participation nécessaire du public pour intervenir; renforcer la capacité d’intervention des systèmes de la santé, du logement, de la justice pénale et des systèmes sociaux; et soutenir les efforts de collecte de données, de recherche et d'évaluation.
Le rôle du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien à l’égard de la prévention de la violence familiale passe par notre programme de prévention de la violence au foyer. Nous collaborons également avec les parties intéressées, comme le National Aboriginal Circle Against Family Violence et l'Association des femmes autochtones du Canada.
Nous faisons effectivement des efforts d'intégration et de coordination. C'est un domaine où nous pouvons toujours nous améliorer, surtout dans un domaine aussi important que la prévention de la violence familiale.
Pour ce qui est des questions liées au logement, à l'éducation, à l’eau potable et à l’aide à l’enfance et à la famille, nous sommes en train de mettre sur pied des mesures de prévention dans cinq provinces. Ainsi, nous ne serons pas toujours en train de chercher de la protection et de soustraire des enfants à leur foyer. Au sein du ministère, nous travaillons sur plusieurs fronts avec des collègues et les provinces, car les services sociaux sont en grande partie un domaine où les provinces ont compétence ou beaucoup d'expérience sur laquelle on peut compter.
Il y a donc des efforts en cours pour assurer la coordination et établir les priorités pour les années à venir. Cependant, comme je l’ai dit, c'est aussi un domaine où nous pouvons et devons toujours nous améliorer.
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Merci de votre présence aujourd'hui. J'ai beaucoup de questions à vous poser.
Je constate qu'il y a beaucoup d'argent investi, et je me demande où il va. Personnellement, je suis allée au Nunavut où j'ai visité un refuge. Si ce refuge reçoit un million de dollars par année, il y a des choses que je ne comprends pas. Il n'y a pas de maison de transition ni de programme. Les gens de ce refuge n'ont pas de vêtements. Ils doivent demander la charité pour obtenir des vêtements pour les enfants. Ils doivent demander la charité pour obtenir des vêtements pour les femmes du refuge. Celles-là doivent y rester pendant plus de six semaines, car il n'y a pas de maison de transition.
Il y a environ 30 millions de dollars par année qui sont destinés à 35 refuges, alors qu'on sait que les refuges pour femmes dans les communautés autochtones reçoivent 190 000 $ par année, qu'ils sont sous-subventionnés, comparativement aux refuges dans les autres communautés du Québec, par exemple.
Dans certaines communautés autochtones au Québec, la situation est tellement dramatique qu'il y a deux ou trois enfants par famille qui se suicident. J'ai passé trois jours au Nunavut, à Iqaluit, et il y a eu là trois suicides de jeunes de 15, 16 et 17 ans. L'argent ne semble pas être la solution. C'est peut-être aussi la façon dont il est utilisé qui fait défaut. Travaille-t-on trop dans nos bureaux et pas assez sur le terrain?
Cela m'inquiète énormément de savoir qu'il y a autant d'argent octroyé, soit présentement 30 millions de dollars par année, et les 56 millions de dollars additionnels qui ont été investis en 2007 sur cinq ans. Ça fait beaucoup d'argent. Où est passé cet argent? Vous avez parlé de programmes, madame Quinn, mais ce n'est pas suffisant.
Madame Morency, pourriez-vous me dire ce que vous allez faire avec les 10 millions de dollars qui ont été investis dans la justice pour cette initiative de déterminer ce qui s'est produit par rapport aux meurtres non résolus? Vous nous dites que depuis 2006, vous enquêtez sur les meurtres, les viols et les disparitions non résolues des femmes autochtones. Qu'avez-vous découvert pendant ces quatre années? Avez-vous partagé vos informations avec les gens qui travaillent pour l'Initiative « Soeurs par l'esprit »? Est-ce que vous nous avez informés de ce que vous avez découvert? En effet, il y a quelques années qu'on demande une enquête, et, maintenant, vous nous dites que vous en faisiez une. Évidemment, on n'a pas été mis au courant. Le cas échéant, on n'en aurait pas demandé une.
Je vais me limiter à ces deux questions pour le moment.
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Je pense qu'il faut envisager cette question de plusieurs points de vue et examiner diverses démarches possibles. Aucune approche n'est universelle, c'est sur cette base que repose notre travail.
Premièrement, je dirais que nous n'offrons pas un programme. Nous sommes plutôt responsables d'une initiative stratégique. Donc, lorsque vous entendez parler de millions de dollars dépensés pour certains projets, ce n'est pas de mon budget qu'il est question, car le mien est considérablement moins élevé.
Nous cherchons des collectivités qui ont pris l'initiative de s'attaquer à certaines des causes sous-jacentes de la criminalité et de la victimisation, et qui peuvent nous présenter une approche unique ou nous aider à mieux comprendre comment les collectivités elles-mêmes abordent ces questions.
Chaque fois que nous avons collaboré avec des collectivités, c'étaient toujours des femmes qui avaient établi et maintenu les processus de guérison, quel que soit la province, le territoire ou la collectivité.
Les gens ont le sentiment que lorsque quelqu'un admet être la victime ou l'auteur de mauvais traitements, la collectivité doit prendre la responsabilité de donner suite à la divulgation. À Hollow Water, à Mnjikaning et dans plusieurs autres collectivités avec lesquelles nous travaillons, il a fallu qu'un groupe de gens dévoués qui collaboraient avec les dirigeants de la collectivité déclarent que la violence à répétition, qu’elle soit dirigée contre des hommes, des femmes, des garçons ou des filles, était inacceptable au sein de la collectivité. Il est donc essentiel que la collectivité fasse preuve de leadership et de détermination.
Les travailleurs dévoués passent du temps à la fois avec la victime et le délinquant afin de recueillir les renseignements et de les consigner sous une forme qui peut être présentée à la police. Les renseignements sont ensuite transférés aux tribunaux et, dans certaines collectivités, le tribunal et les avocats de la Couronne ont élaboré un protocole d'entente qui autorise la collectivité à régler ces problèmes elle-même. La victime et le délinquant retournent au sein de la collectivité où ils participent à des cérémonies ou reçoivent des services de counselling individualisés ou du counselling en groupe.
Le travail effectué pour résoudre les problèmes de colonisation contribue à la réussite de bon nombre de processus. Un processus de décolonisation est utilisé pour aider la personne à comprendre à quel moment de sa vie elle est entrée en conflit avec la loi ou elle est devenue une victime, et quelles expériences l'y ont conduit. Le processus, en soi, est très important. Il permet de mettre un terme à beaucoup d'activités qui sont devenues la norme au sein de la collectivité, parce que les parents ne savent comment élever leurs enfants. Dans certains cas, les victimes ont l'impression qu'elles sont responsables des gestes qui ont été posés à leur endroit.
Un processus de guérison se préoccupe davantage des raisons pour lesquelles le crime a été commis que de l'incident lui-même. Dans tous les cas, la victime est traitée par un groupe de femmes, dont bon nombre sont des victimes elles-mêmes. Elles sont en mesure de partager leur histoire et de montrer comment, avec le temps, elles ont réglé leur problème de victimisation, à un point tel qu'aujourd'hui, elles n'ont plus l'impression d'être des victimes.
Pour participer à ces processus, le délinquant doit reconnaître sa responsabilité en public et doit être mis au courant des répercussions que ses actes ont eues sur sa famille, la victime et la collectivité en général.
Le processus expose le problème au grand jour et prouve que la collectivité est prête à régler ces questions ouvertement et qu'elle en est capable.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Par déférence pour mes collègues qui ont parlé plus tôt de la coordination des programmes, j’ai fait quelques recherches avant que nous entreprenions toute cette enquête. J’ai découvert que la violence à l’égard des femmes autochtones avait fait l’objet de plus de 21 000 études au Canada. Son existence est fort bien documentée. Notre présidente, qui est absente aujourd’hui, m’a confié avoir pris part à des études sur cette question depuis 17 ans.
J’apprends aujourd’hui qu’il s’agit probablement de la meilleure coordination de programmes et de services que nous avons vue depuis longtemps. Je suis très heureuse d’entendre dire que ces efforts sont en cours et que Santé Canada et Affaires indiennes et du Nord y participent. Vous travaillez en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux afin d’obtenir des fonds qui seront affectés là où ils sont nécessaires.
En tant que femme, et j’espère que c’est le cas pour toutes les femmes du comité, je ne tolère absolument pas que les femmes autochtones soient victimes de violence. Nous en avons examiné les causes. D’après ce que j’ai lu sur la psychologie de la violence à l’égard de qui que ce soit, cela se produit très souvent parce que l’agresseur a une piètre estime de lui-même. Comment pouvons-nous nous employer à résoudre ce problème?
Monsieur Sansfaçon, vous avez mentionné que d’excellents projets étaient en cours dans le domaine de l’éducation. L’une des choses que j’ai lues ici concerne l’un de vos projets:
[Le projet] a permis à des garçons de 6 à 9 ans d'acquérir des aptitudes sociales positives. On a constaté une différence importante, tant chez les garçons que chez les filles, sur le plan de la réussite scolaire (en lecture, en mathématiques et en orthographe).
J’aimerais que vous nous parliez du processus d’éducation. Quel est le taux de fréquentation scolaire des garçons et des filles, mais en particulier des garçons?
Quant au représentant de la GRC qui a été plus ou moins interrompu, pourriez-vous nous donner davantage de renseignements sur vos initiatives en matière de prévention?
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Je vous remercie de votre question. Je vais m’efforcer d’y répondre aussi rapidement que possible afin de laisser suffisamment de temps à M. Paulson.
Vous avez essentiellement raison. Les facteurs de risque, les causes de la violence à venir, sont bien connus, que ce soit… vous avez mentionné l’estime de soi. Au sein de la famille, la violence est transmise de génération en génération, et il existe d’autres facteurs de risque connus et d’autres contextes sociaux plus généraux, comme la consommation excessive d’alcool ou d’autres drogues et la toxicomanie, pour n’en nommer que quelques-uns.
Ce qui est moins connu, ce sont les pratiques efficaces. Quelle est la meilleure façon de prévenir, en particulier chez les jeunes, les facteurs de risque qui les pousseront plus tard à la délinquance, à la criminalité et à la perpétration d’actes de violence à l’égard des femmes? Nous en avons encore beaucoup à apprendre — et pas seulement au Canada — au sujet des méthodes qui réussissent à prévenir…
Les démarches mentionnées ne sont que quelques exemples, mais nous osons espérer que ces programmes, ces interventions, qui ont connu un certain succès sont bel et bien des exemples qui pourraient être reproduits, adoptés par d’autres provinces, d’autres territoires ou d’autres collectivités, et faire partie intégrante de ce que Ed a appelé plus tôt des approches plus globales. Aucune approche unique ne suffira à régler le problème, mais nous aimerions croire que ces interventions réussies nous permettront de dresser une liste des méthodes qui fonctionnent, et qu’ensuite, nous appuierons ces types de programmes afin de veiller à ce que les femmes soient moins souvent victimes de violence.
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C'est une question difficile à répondre, au sens que nos collectivités sont si différentes.
Tout d'abord, je vais commencer par décrire ma ville natale. Je suis Autochtone et je suis originaire de Lac La Ronge, qui se situe plutôt au centre de la Saskatchewan; avant, c'était là que s'arrêtait la civilisation, bien honnêtement.
La collectivité est répartie assez également: il y a environ 2 500 non-Autochtones et environ 3 000 Autochtones. Elle est assez moderne, parce que le siège du gouvernement pour le nord de la Saskatchewan s'y trouve. Il y a beaucoup de services offerts autant aux Autochtones qu'aux non-Autochtones.
Il n'y a pas beaucoup d'industries locales. Les gens obtiennent du travail dans les mines environnantes. Bien entendu, il y a les emplois gouvernementaux et les emplois de soutien connexes. Il y a un peu de tourisme. Il y avait des activités forestières jusqu'à il y a probablement quatre ans. Bref, comme base économique, il n'y a vraiment pas grand-chose. La ville est quasiment autosuffisante en ce qui concerne les services gouvernementaux.
Si nous regardons légèrement plus au nord de La Ronge, — et ce n'est pas si loin au nord — la collectivité voisine s'appelle Stanley Mission; en fait, elle fait partie de la bande de Lac La Ronge, dont je suis membre. La collectivité compte environ 2 500 Autochtones et probablement 100 non-Autochtones.
Il n'y a aucune industrie, mais il y a un peu de tourisme. Des gens pratiquent encore un mode de vie traditionnel et subviennent à leurs besoins grâce à la pêche et au piégeage, mais ce nombre diminue aussi très rapidement. Ils profitent eux aussi de l'industrie minière qui est tout près. Donc, de plus en plus de gens y travaillent.
Les gens qui réussissent et qui reviennent dans la collectivité y sont parvenus grâce à l'éducation. Bon nombre d'enseignants locaux qui sont partis chercher un diplôme d'enseignement à Saskatoon ou à Regina reviennent ici enseigner aux enfants.