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Merci, monsieur le président.
Distingués députés, nous vous remercions de l'occasion qui nous est donnée de comparaître aujourd'hui. Je m'appelle Louise McEvoy. Je suis chef de service générale, Langues et diversité, à Air Canada. Je suis accompagnée de mes collègues, Joseph Galimberti, directeur, Relations avec les gouvernements et collectivité; et Me Louise-Hélène Sénécal, conseillère juridique générale adjointe.
Permettez-moi de souligner que je suis toujours heureuse de parler des initiatives et des réussites de ma société en matière de langues officielles. Ce sera aujourd'hui ma dernière comparution devant le présent comité, car je vais bientôt prendre ma retraite, après plus de 30 années de service à Air Canada, la plupart consacrées aux affaires linguistiques.
Nous avons été invités à comparaître aujourd'hui au sujet de la conformité à la Loi sur les langues officielles. Nous aborderons cette vaste question en posant un regard sur la prestation de services, notre réussite dans le cadre des Jeux olympiques et certaines difficultés auxquelles nous devons faire face. Nous traiterons également des questions soulevées lors de la comparution du commissaire aux langues officielles devant le comité, le 30 mars.
Comme nous l'avons affirmé lors de notre comparution d'octobre 2009, servir les clients dans la langue officielle de leur choix est une priorité fondamentale pour Air Canada.
[Traduction]
Dès le premier jour de leur formation, nous familiarisons les employés avec l'offre active de service. Nous leur présentons maintenant notre nouvelle vidéo intitulée Bonjour! Hello!, que certains d'entre vous ont peut-être déjà visionnée, puisqu'elle a été réalisée l'automne dernier et a été envoyée au comité en début d'année. De plus, au cours de leur formation initiale, les nouveaux employés de première ligne suivent un cours sur la prestation du service en français, qu'ils maîtrisent ou non cette langue. Année après année, nous continuons d'investir d'importantes ressources financières et humaines dans des programmes visant à accroître la capacité de bilinguisme de nos employés de première ligne, malgré les difficultés que cela représente.
Ces difficultés commencent au recrutement. Sur le marché canadien, il n'y a tout simplement pas assez de candidats bilingues qui souhaitent faire carrière dans l'industrie du transport aérien. Le mois dernier encore, nous avons connu ce problème lors du recrutement d'agents d'aéroport. Pour le mois de mars seulement, marqué par de nombreuses activités de recrutement lié à des emplois d'été temporaires à Toronto, notre base de données indiquait que 200 des 800 candidats avaient déclaré avoir une bonne maîtrise des deux langues officielles dans leur demande d'emploi. Or, seulement 17 de ces 200 candidats ont réussi le test.
De nombreux candidats nous informent qu'ils ont participé à un programme d'immersion en français pendant toutes leurs études primaires et secondaires, mais qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'utiliser cette langue depuis ce temps. Même s'ils ont fini leurs études il y a quelques années seulement, leurs compétences linguistiques ont commencé à décroître au point où ils ne peuvent plus soutenir une simple conversation.
Lorsque nous recrutons des agents de bord pour notre base à Toronto, où nous en avons le plus besoin, nous avons la chance de pouvoir encore trouver des candidats bilingues au Québec. Cependant, la réalité des postes d'agents d'aéroport, qui sont dans la plupart des cas à temps partiel, n'est pas propice au déplacement d'employés.
[Français]
Air Canada est généralement considérée comme une entreprise attractive pour quiconque souhaite faire carrière dans le secteur de l'aviation, et c'est pourquoi le seul fait d'annoncer les postes dans le site Web de la société suffit pour attirer des candidats à la plupart des postes. Cependant, pour attirer les candidats bilingues, nous devons diffuser des annonces dans des médias ciblés. Vous trouverez en annexe une description des divers médias que notre agence de recrutement a ciblés dans le cadre de notre dernière campagne visant des postes d'agents d'aéroport.
Le manque de pratique constitue un autre enjeu. Dans le contexte canadien, les compétences linguistiques se distinguent nettement des autres compétences liées à l'emploi. En effet, dans le cas d'un employé pour qui le français est une langue seconde ou étrangère ou à qui on a enseigné cette langue lors d'une formation initiale, il faut lui offrir de la formation continue lui permettant de maintenir cette compétence. C'est d'ailleurs ce que nous faisons. À Air Canada, la réalité est que plus de 7 000 agents de bord et agents d'aéroport ne doivent communiquer en moyenne qu'avec un seul passager francophone par tranche de 100 passagers. Par conséquent, nous devons réévaluer les compétences linguistiques de notre personnel de façon périodique, c'est-à-dire tous les deux ans, ainsi que lui offrir, tout au long de l'année, des cours pour lui permettre de maintenir ses connaissances.
À titre d'exemple, en 2009, nous avons fait passer plus de 2 000 tests dans le cadre de nos activités linguistiques. En outre, plus de 1 000 employés d'un océan à l'autre ont participé à une formation linguistique en vue de maintenir leurs compétences en français. Nous sommes particulièrement fiers d'avoir donné, en 2009, quatre classes de français pour débutants à des groupes d'agents de bord et d'agents d'aéroport, qui ont permis à quelque 37 employés de première ligne de rehausser leurs compétences, et cela, pendant leurs heures de travail.
Enfin, tous les agents d'aéroport non bilingues à Vancouver, Calgary, Edmonton, Winnipeg et Toronto ont participé, également pendant leurs heures de travail, à l'atelier « Un moment s'il vous plaît » afin d'apprendre stratégies et vocabulaire leur permettant de s'occuper d'un client francophone.
Un autre important obstacle qu'il nous reste à surmonter est la très faible capacité de bilinguisme à certains aéroports que nous desservons et à certaines bases du Service en vol. Au cours des 10 dernières années, depuis la fusion avec Lignes aériennes Canadien International, seuls des employés saisonniers ou temporaires sont embauchés aux aéroports. Par conséquent, le taux de bilinguisme demeure exactement le même à la fin de la période d'affectation de ces employés saisonniers ou temporaires bilingues.
À la fin de mars 2010, les statistiques témoignent de ce problème. D'un océan à l'autre, 25 p. 100 des employés des aéroports sont bilingues, soit 668 employés bilingues sur un effectif total de 2 667 personnes. La capacité de bilinguisme est particulièrement faible dans l'Ouest. Quant à nos agents de bord, 47 p. 100 d'entre eux sont bilingues, soit 2 689 employés bilingues pour un effectif total de 5 712 personnes. Malgré ce pourcentage relativement faible, nous sommes en mesure de nous assurer que chaque appareil décolle avec à son bord au moins un agent de bord bilingue, et ce, que la demande soit importante ou non.
Nous sommes conscients que la solution consiste à accroître le nombre d'employés de première ligne bilingues. Toutefois, la réalité, c'est que l'on n'embauche actuellement aucun employé permanent aux aéroports. Cette situation existe depuis les 10 dernières années.
[Traduction]
Depuis notre dernière comparution devant le présent comité, nous avons assisté à un important événement, tant pour le Canada que pour Air Canada: les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver. Transporteur officiel et fier partenaire de cet événement, Air Canada a apporté son soutien en matière de langues officielles en commanditant la Place de la Francophonie, à l'île Granville. Notre rendement au cours des Jeux sur tous les fronts, y compris la disponibilité pour nos clients du service dans les deux langues officielles, est une source de fierté à Air Canada.
Air Canada a établi un budget de 1,5 million de dollars en prévision des Jeux et affecté une équipe de professionnels dévoués pour satisfaire à la demande accrue de services à la clientèle en français transparents. Ainsi, une centaine de bénévoles se sont littéralement établis à Vancouver pendant près de deux mois. Ils avaient pour objectif d'aider leurs collègues de Vancouver à gérer la demande accrue. On pouvait voir des employés portant des vestes rouges et le macaron « français » dans tout l'aéroport, ainsi qu'aux installations d'enregistrement hors de l'aéroport.
Nous n'avons pas reçu la moindre plainte sur la langue de service au cours des Jeux. Au contraire, de nombreux clients ont salué la présence de ce personnel de soutien bilingue, qui a rehaussé le niveau de service. Même Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, est l'un des clients nous ayant fait part de sa grande satisfaction à l'égard du service en français à l'aéroport.
Ayant moi-même passé beaucoup de temps à l'aéroport de Vancouver depuis le début de l'année, j'ai été à même de constater que les autres locataires de cet aéroport sont confrontés aux mêmes enjeux que nous, jour après jour. J'ai remarqué qu'un petit autocollant « english-français » était affiché bien en vue dans chaque boutique et restaurant, et j'ai décidé de tester leurs compétences en français. Après quelques jours, j'ai finalement renoncé à être servi en français. La difficulté à Vancouver fait en sorte que cela n'était tout simplement pas possible.
[Français]
Lorsque M. Graham Fraser a comparu devant le présent comité, le 30 mars, on a soulevé la question du statut d'Air Canada et on a demandé des clarifications quant à sa relation avec ses anciennes filiales. Ma collègue Me Louise-Hélène Sénécal fera le point à ce sujet auprès des membres du comité.
Bien entendu, c'est aux parlementaires qu'il incombe de soumettre un projet de loi visant à modifier la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Cependant, nous craignons qu'il persiste un certain doute quant aux obligations d'Air Canada aux termes du cadre juridique actuel.
Vous vous souvenez peut-être que les modifications apportées, en août 2000, à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada ont eu pour effet d'imposer à Air Canada l'obligation de veiller à ce que tout client d'une filiale de la société puisse communiquer avec cette filiale au sujet des services aériens, ainsi qu'obtenir ces services auprès d'elle dans l'une ou l'autre des langues officielles, lorsque la demande est importante.
On a accordé beaucoup d'importance à la question de savoir si Jazz, société en commandite, faisant affaire sous le nom d'Air Canada Jazz, est ou non une société affiliée ou une filiale d'Air Canada.
[Traduction]
En effet, aux termes de l'article 25 de la Loi sur les langues officielles, il incombe à Air Canada de veiller à ce que, tant au Canada qu'à l'étranger, les services offerts au public par un tiers pour son compte le soient dans l'une ou l'autre des langues officielles et à ce que le public puisse communiquer avec le tiers dans l'une ou l'autre des langues officielles lorsque la demande est importante pour ces services.
Selon les dispositions actuelles, Jazz SEC fournit des services pour le compte d'Air Canada en vertu d'un contrat d'achat de capacité, qui établit clairement le niveau de service attendu. En outre, nous partageons avec Jazz nos obligations en matière de bilinguisme du service, qu'elles soient imposées ou liées au volume de passagers.
Si le service offert en notre nom par Jazz fait l'objet d'une plainte, nous la transmettons immédiatement à Jazz et nous nous attendons à ce que des corrections soient apportées. Jazz n'a jamais cessé de donner de la formation à ses employés de première ligne, puisqu'elle était elle-même assujettie à la Loi sur les langues officielles et qu'elle doit maintenant se conformer à l'article 25 étant donné qu'elle offre ses services au public au nom d'Air Canada. En fait, Jazz a été en mesure d'augmenter son effectif bilingue à plus de 55 p. 100 alors qu'il se situait à moins de 5 p. 100 en l'an 2000.
[Français]
Par conséquent, le public bénéficie de la protection adéquate en vertu de la Loi sur les langues officielles, puisque l'obligation énoncée à l'article 25 s'applique aux services rendus par Jazz, qu'elle soit ou non une filiale d'Air Canada.
Nous accueillons respectueusement l'annonce du commissaire concernant la vérification de nos politiques et processus, y compris le recrutement, la formation et l'affectation de nos employés de première ligne en fonction de leurs compétences linguistiques. Presque tous les jours, nous examinons les analyses du commissaire au sujet de plaintes, nous discutons de mesures visant à corriger la situation et nous organisons des rencontres avec nos cadres pour faire le point sur différents problèmes. Il y a quelques semaines, Duncan Dee, vice-président général et chef de l'exploitation, et son équipe ont rencontré le commissaire et son équipe afin de discuter des divers défis que pose l'offre d'un service bilingue plus complet.
Air Canada n'est pas parfaite et reçoit sa part de plaintes portant sur les langues. Une seule plainte est toujours une plainte de trop. Cela dit, sans évaluer la validité des 355 plaintes reçues sur une période de 5 ans, si l'on considère que chacun de nos 30 millions de clients annuels entre en contact avec notre personnel à 5 ou 6 points de service, le ratio de plaintes est de moins de 1 plainte par 1,5 million de points de service.
Comme je l'ai mentionné, l'équipe des Services linguistiques d'Air Canada collabore avec les équipes de l'exploitation pour s'assurer que chaque plainte est examinée, et que des mesures appropriées sont prises pour corriger la situation. L'ensemble de l'information et de la correspondance portant sur l'enquête et le suivi des plaintes transmises à Air Canada et au commissaire est également envoyé au commissariat. Lorsqu'une plainte est déposée uniquement auprès du commissaire, mais pas auprès d'Air Canada, l'identité des plaignants demeure confidentielle. Néanmoins, toutes les plaintes sont traitées avec la même attention.
Une grille a été distribuée en annexe aux membres du comité afin de décrire en détail le volume et le type de plaintes qu'Air Canada a reçues du commissaire. Nous invitons les membres du comité à discuter du détail des plaintes.
[Traduction]
Comme nous l'avons promis aux membres du comité à la dernière audience en octobre 2009, nous avons mis à jour notre plan d'action linguistique 2001-2010, qui sera entièrement remanié d'ici 2011.
[Français]
Encore une fois, la solution à nos défis consiste à augmenter la capacité du bilinguisme de nos employés de première ligne et à sensibiliser davantage notre personnel. Chaque activité de recrutement vise à ajouter des ressources bilingues à notre main-d'œuvre.
En ce qui concerne la formation, des efforts considérables sont déployés à tous les niveaux en vue de maintenir ou d'accroître les compétences. Des séances de sensibilisation ont régulièrement lieu afin que les employés adhèrent aux valeurs de bilinguisme d'Air Canada que partage notre chef de la direction.
Mes collègues et moi sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Le gouvernement de M. Paul Martin et celui de Stephen Harper ont déposé des projets de loi et nous, au Bloc québécois, souhaitions que ces projets de loi entrent en vigueur le plus vite possible. On sait qu'il n'y a pas de nouveaux projets de loi à l'étude. On a demandé au commissaire aux langues officielles d'en suggérer un qui soit encore plus à point, de suggérer des éléments, afin de s'assurer de pouvoir être servi en français lorsqu'on prend un avion d'Air Canada ou de l'un de ses partenaires.
Il me semble un peu loufoque d'entendre dire, ce matin, que vous n'avez pas besoin de ce projet de loi alors que vous représentez Air Canada, l'un des délinquants top list sur le plan du non-respect des langues officielles et des plaintes que reçoit le commissaire.
Vous me dites que le ratio est de 1 plainte par 1,5 million de points de service. J'ai moi-même fait le test le 14 octobre dernier et j'ai fait attendre beaucoup de gens. Je n'ai pas gagné de concours de popularité lorsque j'ai demandé un service à bord de l'avion qui m'amenait à Vancouver pour voir les installations olympiques. J'ai demandé quelque chose d'aussi simple qu'une boisson gazeuse et de la nourriture. La dame a élevé le ton dans l'avion.
Ça s'est terminé par une plainte au commissaire des langues officielles, ce qui constitue un voeu parce que le commissaire ne peut pas taper sur les doigts d'Air Canada et lui dire qu'elle aura une amende à payer. Ça devient récurrent, c'est toujours la même chose: on vous demande de faire mieux et vous répondez que vous ferez mieux.
Dans ces conditions, c'est « platte », c'est même navrant qu'on ait à utiliser des projets de loi pour vous obliger à respecter les langues officielles, mais il faut le faire et nous allons le faire.
Lorsque vous êtes venue nous rencontrer la dernière fois, madame McEvoy, vous nous avez dit que le plan d'action linguistique 2001-2010 n'avait pas été mis à jour depuis 2007. Avez-vous revu ce plan d'action pour connaître la qualité ou, du moins, l'avancement des services, entre autres, en français? On sait que c'est surtout le français qui est bafoué chez Air Canada.
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Merci, monsieur le président.
Le fait que ma collègue conservatrice, qui est de la même province que moi, pose de telles questions me laisse très perplexe. C'est à se demander si le gouvernement n'a pas l'intention de lever certaines restrictions ou obligations à Air Canada. L'avenir nous le dira.
Madame McEvoy, vous avez dit que vous vous trouviez dans un entonnoir extrêmement petit. La dernière fois que vous avez comparu, on a soulevé la question suivante et M. Godin l'a fait également, à savoir qu'au Nouveau-Brunswick, le tiers de la population est francophone, qu'à l'intérieur de ce groupe, beaucoup de gens sont bilingues et que parmi les anglophones, beaucoup sont bilingues. Il y a donc là un potentiel d'effectifs bilingues.
En ce qui a trait aux embauches dans les aéroports pour l'été 2010, si vous avez un besoin à Calgary, vous l'affichez seulement à Calgary parce qu'au Nouveau-Brunswick ou en Atlantique, c'est Jazz qui offre le service. Rien ne dit qu'un étudiant ne voudrait pas se déplacer pour occuper un emploi d'été. Beaucoup posent leur candidature à des emplois d'été et en obtiennent. Ils le font pour l'expérience, par exemple pour pouvoir venir à Ottawa sur la Colline du Parlement tous les étés. Ils viennent de partout au pays. Ils ne viennent pas seulement d'Ottawa et n'étudient pas nécessairement à Ottawa non plus. On vous mentionne encore une fois cette possibilité, mais vous persistez vraiment à essayer de démontrer que vous n'êtes pas en mesure d'embaucher des étudiants bilingues. Vous vous imposez vous-mêmes des limites en prétendant ne pas pouvoir embaucher d'étudiants qui viennent de régions où il y a du potentiel en termes de candidats bilingues.
On parle de bilinguisme, mais prenez l'exemple de votre petite annonce parue dans Le Courrier de la Nouvelle-Écosse le vendredi 26 mars 2010. Je suis d'accord pour dire que l'annonce est en français, mais il reste que dans les exigences, rien ne dit que le bilinguisme est requis. C'est un francophone qui va lire l'annonce, soit, et s'il vient de la Nouvelle-Écosse, il y a de bonnes chances qu'il soit capable de s'exprimer en anglais. Par contre, vu qu'on parle de bilinguisme, comment se fait-il que ce matin, on ne puisse même pas voir dans ce que vous nous montrez des exigences en matière de bilinguisme? Il ne s'agit pas de Jazz, ici, mais bien d'Air Canada. Zéro exigence en matière de bilinguisme.
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Merci bien, monsieur le président.
Bienvenue encore une fois. Vous êtes venus nous rencontrer récemment, soit en octobre 2009.
[Traduction]
Je vais parler anglais aujourd'hui parce que je suis fière de pouvoir m'exprimer dans les deux langues officielles. Je dois mon bilinguisme aux programmes d'immersion.
Ce qui m'a étonnée aujourd'hui, c'est le manque de compréhension dont ont fait preuve les députés, qui ne semblent pas reconnaître que nous avons un problème social important en raison d'une pénurie de Canadiens bilingues.
Nous avons étudié la question au comité. Nous avons reconnu, et nous avons entendu plusieurs témoins le dire, que ce problème n'est pas exclusivement celui d'Air Canada. La pénurie de personnes bilingues est un problème de société au pays. Chaque représentant d'université qui a comparu devant le comité a dit très clairement que nous n'avons pas suffisamment de Canadiens bilingues.
Ce n'est pas de votre faute. Je vais vous présenter des excuses à tous, parce que je suis absolument consternée par le traitement qu'on vous a accordé ce matin. Vous n'êtes pas venus ici pour être attaqués, et je suis désolée que ce soit l'attitude de certains des députés.
Monsieur Godin, j'ai la parole.
Cette situation m'inquiète tout particulièrement puisque je fais partie du comité depuis que j'ai été élue. Je m'excuse de faire simplement des commentaires et je passerai à mes questions sous peu, mais chaque fois que nous accueillons des témoins, peu importe les raisons, nous semblons nous attaquer au témoin dans le but de nous en prendre en fait au gouvernement et à d'autres intervenants. Cela suffit.
J'aimerais dire très clairement que la pénurie de Canadiens bilingues n'est pas votre faute exclusivement. Tous les membres du comité ont appris, on le sait, que même au sein de la fonction publique, on ne peut pas trouver suffisamment de Canadiens bilingues à embaucher. Il y a 5 000 postes qu'on ne peut pas combler.
Cependant, certaines suggestions ont été faites aujourd'hui qui méritent d'être étudiées plus à fond. Je ne suis pas d'accord avec tout ce que M. D'Amours a dit parce que certains commentaires étaient certainement partisans, mais je suis d'accord avec lui sur ce point.
[Français]
Monsieur le président, je n'ai pas porté d'accusations ou de plaintes de ce genre, pendant que les autres parlaient. J'ai la parole, alors il faut me laisser parler.
[Traduction]
M. D'Amours a fait un commentaire judicieux, et j'espère que vous pourrez vous engager aujourd'hui à vous améliorer. L'annonce qu'il a évoquée ne fait aucune mention du bilinguisme comme étant un atout; je crois que vous avez raté une belle occasion. Je crois que c'est un commentaire fort judicieux. Si nous pouvons vous offrir des suggestions pour vous permettre de vous améliorer, je crois que c'est une proposition que vous pourriez retenir.
Certains ont signalé que ces annonces n'ont paru qu'à cinq endroits. Je viens du Manitoba. Nous avons une des plus importantes communautés francophones du pays à l'ouest de l'Ontario, et je sais qu'un bon nombre d'étudiants seraient disposés à déménager pour trouver un emploi pendant l'été.
Nous avons un centre d'emploi bilingue. J'ai noté que votre...
[Français]
affichage se fait d'habitude dans des endroits comme le Collège universitaire de Saint-Boniface et Pluri-elles. Pour ce qui est des programmes d'immersion, plusieurs élèves sont à l'Université du Manitoba, à l'Université de Winnipeg, etc. Je vous encourage à changer ces petites choses de façon à augmenter vos chances de trouver du personnel bilingue.
[Traduction]
Je ne vais pas vous blâmer pour tout ce qui se passe ici au Canada; je vais vous féliciter parce que chaque fois que vous venez, j'écoute attentivement ce que vous me dites et vous ne cachez pas les défis que vous devez relever. Cependant, nous n'en tenons pas compte.
Je reconnais que vous devez relever des défis de taille. Je vous encourage à mieux réussir. Nous vous avons donné certaines suggestions quant à la façon d'améliorer les choses, mais nous ne pouvons pas vous demander d'expliquer tout ce qui ne va pas dans le monde, donc je ne le ferai pas. Je ne pense pas que ce serait réaliste.
Vous devriez également vous pencher sur les promotions. Via Rail, à mon avis, a un très bon système qui lui permet de reconnaître les compétences de ses employés bilingues et de les récompenser en assurant leur avancement. Je crois que vous pourriez étudier de très près cette façon de faire parce que c'est une situation qui permet à vos gestionnaires de donner l'exemple. C'est en effet ce qu'ils font.
Je regrette que vous n'ayez pas encore mis sur pied ces initiatives parce qu'elles avaient déjà été mentionnées, mais je vous prie de vous pencher sur ces possibilités. J'aimerais savoir ce que vous pensez de ces suggestions et si vous êtes prêts à vous engager aujourd'hui à y donner suite.
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Monsieur le président, je ne veux pas m'étendre sur le sujet suivant, mais, en effet, ce n'est pas la première fois que ça arrive au comité. Le Bloc québécois, comme l'ensemble de nos collègues, qu'ils soient conservateurs, libéraux ou néo-démocrates, n'a pas à s'excuser pour faire son travail. La teneur de nos questions nous regarde. Les témoins viennent rendre compte au gouvernement et à la population de situations, et on est en droit de poser des questions. Lorsqu'on est sceptique à l'égard d'une situation, c'est à nous de le faire. Si on ne le fait pas, on enverra des fleurs à tout bout de champ et on ne reflétera pas une réalité qui est mise en avant. Sur ce, je termine ma remarque.
J'aimerais savoir de la part d'Air Canada et de ses partenaires combien de cours il y a. J'aimerais avoir un chiffre — je ne vous demande pas de me le donner tout de suite si vous ne l'avez pas. Un cours, pour moi, dure une certaine période de temps et comporte des leçons. Combien de cours y a-t-il? Je sais qu'il y a trois catégories — j'ai lu les documents que vous nous avez donnés et je vous en remercie. Pour me donner une idée, dites-moi combien d'employés d'Air Canada suivent ces cours annuellement depuis les cinq dernières années. Mettons ça en parallèle avec le nombre d'employés qu'il y a dans la grosse machine qu'est Air Canada.
Comme on le soulignait plus tôt, 41 p. 100 des postes bilingues occupés par des personnes bilingues — on a vu que 59 p. 100 de ces postes sont occupés par des personnes unilingues. J'espère que ces gens courent — j'utilise l'homonyme — à leurs leçons dans le cadre de leur cours pour devenir bilingues. Si on attribue des postes, administrativement parlant, selon toute bonne conscience, à des individus qui ne se conforment pas aux exigences linguistiques, j'espère que ces gens-là sont assidus et font tout pour réussir. S'ils ne réussissent pas, on leur dira qu'ils ont eu leur chance et on les placera ailleurs. Si c'est un poste bilingue... Il doit y avoir un élément de fierté à avoir ce poste, comme une meilleure rémunération — je ne sais pas, je ne connais pas tous les critères.
Donc, dites-moi le nombre de cours, le nombre de personnes qui les suivent — réparties selon les trois catégories dont vous avez parlé plus tôt — et, enfin comparez ce nombre au nombre d'employés d'Air Canada.
Un autre aspect est le nombre de personnes qui suivent ces cours et qui travaillent directement avec le public ou les clients. C'est majeur! Ce n'est pas nécessairement la personne préposée aux bagages, mais certainement la personne dans l'avion et tous les préposés qu'un voyageur croise pour se rendre à bon port. Aussi, dites-moi combien de personnes suivent le cours comparé au nombre des personnes qui travaillent en première ligne, comme on dit dans d'autres métiers, soit directement avec les clients.
Ça nous donnerait alors une appréciation. Et au fil des années, si on voit une amélioration dans ce cadre, on se dira que ça ne va peut-être pas bien, mais qu'au moins des efforts se font.
Présentement, on se fie à la bonne foi de tout le monde, alors qu'on a un rapport du commissaire aux langues officielles qui vous met — quand je dis « vous », je parle d'Air Canada bien sûr — parmi les délinquants. C'est au point où l'on pense légiférer, à cause du vide juridique, pour veiller à ce que les partenaires aient les mêmes responsabilités.
Vous savez comme moi, dans un avion, on n'a pas le gros bout du bâton quand on est le client: on peut nous arrêter à certaines étapes. Or si on demande le service en français, qu'on ne nous le donne pas et que ça crée des émois, soit on se retrouve en taule, soit on ne voyage pas.
Si on pouvait avoir ces chiffres, ce serait très apprécié.
Oui, monsieur le président?