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Bonjour à tous. Tandis que les députés s'installent, nous allons commencer la réunion.
Bienvenue à la septième réunion du Comité permanent des langues officielles. Nous sommes le jeudi 1er avril. Conformément à l'article 108 du Règlement, nous menons une étude sur le soutien du gouvernement fédéral aux médias de langue officielle en situation minoritaire.
Nous avons le plaisir d'accueillir ce matin deux membres de l'Association nationale des radios étudiantes et communautaires. M. Kevin Matthews est le directeur exécutif et Shelley Robinson est la coordonnatrice, membres. Merci d'être ici ce matin.
Nous entendrons par vidéoconférence le témoignage de M. George Bakoyannis, secrétaire-trésorier de l'Association des journaux régionaux du Québec. M. Bakoyannis, merci d'être avec nous ce matin grâce à cette technologie.
Je crois que nous devrions commencer. J'invite les représentants de l'Association nationale des radios étudiantes et communautaires à commencer leur déclaration préliminaire.
Monsieur Matthews.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les députés. Je m'appelle Kevin Matthews et je suis directeur exécutif de l'Association nationale des radios étudiantes et communautaires. Shelley Robinson, coordonnatrice des membres, m'accompagne.
L'Association nationale des radios étudiantes et communautaires est un regroupement sans but lucratif d'organismes et de particuliers qui se consacrent à la radiodiffusion bénévole et communautaire au Canada. L'ANREC a pour objectif d'accroître l'efficacité des radios étudiantes et communautaires au Canada en sensibilisant le public au sujet des médias communautaires et en offrant aux diffuseurs communautaires une tribune pour mettre en commun leurs travaux, perfectionner leurs compétences et faire du réseautage. Nous contribuons aussi à la représentation des radiodiffuseurs communautaires auprès du gouvernement et d'autres organismes.
Constituée en 1981, l'association compte aujourd'hui 76 membres, dont quatre sont situés dans des communautés anglophones en situation minoritaire au Québec. Il existe deux autres stations québécoises dans cette situation qui ne sont pas actuellement membres de l'ANREC. Il y a aussi dans des communautés anglophones en situation majoritaire un grand nombre de stations anglophones titulaires d'une licence qui offrent une programmation en français pour leur communauté francophone en situation minoritaire locale et qui pourraient profiter d'un soutien pour améliorer leurs services. Mais, comme la durée de notre exposé est limitée, nous insistons surtout sur les besoins particuliers des stations servant les CLOSM au Québec.
Nous poursuivons notre collaboration avec l'Alliance des radios communautaires du Canada et l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec afin de représenter le secteur et nos 134 membres, qui comprennent une part plus ou moins égale de radiodiffuseurs anglophones et francophones.
Nos stations soutiennent les communautés de langue officielle en situation minoritaire de plusieurs façons. Elles diffusent des bulletins de nouvelles locaux et des annonces communautaires dans la langue de la minorité. À bien des endroits, la radio communautaire est le seul moyen dont disposent les gens pour prendre connaissance des services, des événements culturels locaux et des programmes gouvernementaux offerts dans leur langue officielle.
À Sherbrooke, par exemple, CJMQ-FM est la seule station de la région qui diffuse des alertes en anglais, et la station CFTH-FM, située à Harrington Harbour, reçoit la majorité des communiqués de presse qui viennent de l'extérieur de la collectivité en français et les traduit pour ses auditeurs locaux.
Les membres soutiennent aussi d'autres médias de langue minoritaire. CIDI-FM à Missisquoi et CJMQ-FM à Sherbrooke assurent une collaboration étroite avec les journaux anglophones locaux: ils en font la promotion au moyen de publicités et fournissent du contenu.
Ils contribuent aux entreprises locales, surtout celles qui ciblent la CLOSM, en leur fournissant de la publicité à un coût minime. Par exemple, à CIDI-FM à Missisquoi, pour 10 $, vous pouvez diffuser une publicité de 30 secondes en anglais et en français.
Ils soutiennent les artistes et la culture de la communauté de langue officielle en situation minoritaire. Toutes les stations diffusent beaucoup de musique locale et régionale et en font une priorité. Il arrive aussi parfois que des musiciens locaux se rendent sur place pour jouer en direct et donner des entrevues.
Ils offrent une tribune aux communautés de langue officielle en situation minoritaire afin qu'elles puissent raconter leur propre histoire. CIDI-FM à Missisquoi vient tout juste d'entreprendre la diffusion d'une série historique, produite en anglais par ses bénévoles, qui porte sur les 60 à 80 dernières années de la région.
Ils réservent une place spéciale à la communauté de langue minoritaire. Même les stations qui diffusent beaucoup de contenu en français estiment que leur programmation anglophone et leur statut d'organisme culturel anglophone sont essentiels au service qu'elles offrent à la communauté de langue officielle en situation minoritaire.
Quant aux besoins particuliers, nos membres servant des communautés de langue officielle en situation minoritaire nous disent que leur principal problème tient au sous-financement. Que ce soit pour étendre leur territoire de diffusion, embaucher plus de personnel en vue de couvrir un plus grand nombre de nouvelles et d'événements culturels locaux ou créer des programmes de sensibilisation pour recruter de nouveaux bénévoles, ces stations se retrouvent dans l'incapacité financière de prendre de l'expansion, d'établir des plans stratégiques pour leur avenir, de renforcer leurs capacités et de servir pleinement leur communauté.
CFTH à Harrington Harbour a besoin de formations en conception d'émissions, en animation, en informatique, en journalisme et en perfectionnement des bénévoles. CFBS-FM à Blanc-Sablon veut aussi offrir de la formation pour s'assurer un meilleur maintien en poste de ses employés et de ses bénévoles. Le personnel de la station est autodidacte et aimerait obtenir de l'aide de l'extérieur pour former la prochaine génération et éviter un coûteux processus d'apprentissage par essais et erreurs. Il aimerait aussi dispenser une formation aux membres de son conseil d'administration, recrutés à même la collectivité, pour les aider à comprendre leur rôle de gouvernance à la station.
CJMQ-FM à Sherbrooke veut faire passer sa puissance de radiodiffusion de 2 000 à 6 000 watts afin de mieux servir la communauté anglophone du canton et aimerait embaucher d'autres employés. Actuellement, même le directeur de la station n'est pas payé, situation qui perdure depuis huit ans. En outre, la station ne possède pas les ressources stratégiques requises pour bien comprendre les besoins de la communauté et la façon de mieux les combler.
CIDI-FM à Missisquoi estime avoir besoin d'environ sept employés à temps plein pour bien servir les communautés locales. À l'heure actuelle, trois employés travaillent à la station. Elle a également soulevé le besoin de créer une conférence régionale des stations québécoise servant des communautés de langue officielle en situation minoritaire où l'on pourra échanger des conseils, mettre en commun des ressources et renforcer les liens pour favoriser un soutien continu.
Tous ces problèmes se rattachent au financement. Avec de meilleures ressources, les stations pourraient offrir plus de formation au personnel et aux bénévoles ainsi que de meilleurs salaires et avantages sociaux pour maintenir du personnel qualifié et expérimenté en poste, et elles auraient davantage de ressources pour recruter des bénévoles dans la collectivité et les former. Par-dessus tout, ce genre de soutien leur permettrait de mieux servir les communautés de langue officielle en situation minoritaire locales.
Un grand nombre de ces difficultés accablent aussi les stations anglophones exploitées dans des communautés anglophones en situation majoritaire qui offrent aussi un accès et une programmation aux communautés francophones en situation minoritaire. Le sous-financement chronique signifie qu'il n'y a pas de fonds pour traduire le matériel de formation en français ou embaucher des employés qui pourraient parler aux responsables de la programmation dans leur langue officielle minoritaire.
Par conséquent, en plus des mesures de soutien précises à l'intention des stations situées dans des CLOSM, un soutien au secteur des radios étudiantes et communautaires dans leur ensemble aiderait aussi à renforcer les services offerts aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Quant au financement, en deux mots, le secteur de la radio communautaire est investi d'un mandat de service public, mais ne profite d'aucun financement garanti pour le réaliser. Les stations touchent de l'argent des activités de financement locales, des publicités et des cotisation étudiantes, ainsi qu'une somme infime du gouvernement et d'autres subventions. En 2008, les sources gouvernementales comptaient en moyenne pour 3,1 p. 100 des recettes des membres de l'ANREC. En comparaison, 14 p. 100 de ces recettes provenaient de dons privés, des auditeurs et de campagnes de financement communautaires.
À l'heure actuelle, le gouvernement du Canada n'a établi aucun programme particulier pour la radio communautaire. Les stations qui présentent une demande dans le cadre d'un programme de financement fédéral sont en concurrence avec d'autres types d'organismes communautaires, dont des groupes artistiques et d'autres organismes de services sociaux.
Pour dissiper certaines de ces préoccupations, l'ANREC, l'ARC du Canada et l'ARC du Québec ont créé le Fonds canadien de la radio communautaire, qui est sur pied depuis maintenant deux ans. Ensemble, nous nous efforçons de combler les lacunes sur le plan du financement accordé aux radios communautaires en sollicitant des contributions des radiodiffuseurs canadiens privés, du gouvernement fédéral et d'autres donateurs.
Au Québec, le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine a mis sur pied un programme à l'intention de la radio communautaire, bien qu'il ne vise pas les stations de radio étudiante. Sans ce programme, les représentants de CJMQ-FM à Sherbrooke affirment qu'ils devraient fermer les portes de la station. Nous applaudissons cette réalisation du gouvernement provincial du Québec, mais ce financement permet tout juste aux stations servant des communautés de langue officielle en situation minoritaire de survivre. Or, elles méritent de prospérer.
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Dans la dernière année, l'ANREC, l'ARC du Canada et l'ARC du Québec ont toutes trois participé à l'examen des politiques du CRTC sur la radio communautaire et la radio étudiante. Dans le cadre de ces audiences, nos commentaires portaient sur plusieurs aspects de la politique à l'égard desquels nos stations ont besoin d'une réglementation plus souple et plus réaliste, mais le principal sujet de l'audience tenait au besoin d'un financement durable pour le secteur.
Nous avons encouragé le CRTC à affecter au Fonds canadien de la radio communautaire une portion obligatoire des cotisations que versent les stations de radio privées aux fins du DCC, conformément aux directives du CRTC, car soutenir la radio communautaire revient à soutenir la culture canadienne.
À la même occasion, nous avons parlé du service offert par nos stations à l'endroit des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Pour respecter la durée prévue de notre exposé, nous devons vous renvoyer au mémoire que nous avons soumis lors de ces audiences; nous l'annexerons à un mémoire adressé au comité prochainement et qui est aussi accessible en ligne sur la page du compte rendu de l'audience du CRTC en question. Il s'agit de l'audience numéro 2009-418.
Le régime canadien du droit d'auteur dresse des obstacles devant la radio étudiante et communautaire, et ceux-ci se répercutent sur les communautés de langue officielle en situation minoritaire. La réforme du droit d'auteur minera la capacité des stations de soutenir des artistes locaux — y compris ceux issus d'une CLOSM — et d'adopter de nouvelles technologies, mais aussi, évidemment, elle aggravera leur situation financière, déjà précaire.
Afin de gagner du temps, nous vous renvoyons au mémoire que nous avons présenté l'année dernière, dans le cadre de la consultation publique sur le droit d'auteur, où nous avons exposé notre vision de la réforme du droit d'auteur au profit de la radio communautaire. Nous joindrons aussi ces observations à notre mémoire à venir.
Si les nouvelles lois canadiennes en matière de droit d'auteur ne tiennent pas compte de nos besoins, nos stations risquent de ne plus être en mesure de soutenir la relève et les artistes indépendants, d'affecter des ressources à la programmation sur la culture et l'information locales et peut-être même de transposer leurs activités de soutien des arts sur de nouveaux supports.
Plus tôt cette année, lorsque nous préparions notre témoignage pour l'audience du CRTC, l'ANREC, l'ARC du Canada et l'ARC du Québec ont évalué le manque à gagner entre le financement que nous touchons et les dépenses nécessaires à la réalisation de notre mandat. Nous demandons instamment au gouvernement fédéral de jouer son rôle à ce chapitre, car les cotisations par les radiodiffuseurs privés aux fins du DCC sont fondées sur leurs recettes et ne sont pas suffisamment durables et constantes pour soutenir un système de radio communautaire digne de ce nom. Les langues officielles sont une pièce du casse-tête.
À l'heure actuelle, nous recommandons un financement de base, par l'entremise du Fonds canadien de la radio communautaire, de l'ordre de 30 000 $ par station, pour financer les activités de base et, par le fait même, permettre à toutes les stations de mieux servir les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Cela nécessite davantage que la rémunération d'un employé à temps plein pour la plupart des stations, qui obtiennent des résultats remarquables avec des budgets très limités.
Pour les 140 stations de radio étudiante et communautaire qui servent les Canadiens dans neuf provinces et tous les territoires, ce financement de base n'exigerait du gouvernement fédéral que 4,2 millions de dollars, renforcerait le soutien offert aux communautés de langue officielle en situation minoritaire et toucherait directement des centaines de collectivités, des milliers de bénévoles et encore plus d'auditeurs à l'échelle du pays.
Merci.
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Bonjour. Je m'appelle George Bakoyannis et je vous remercie de me donner la possibilité de venir ici aujourd'hui. Je suis secrétaire-trésorier de l'Association des journaux régionaux du Québec. Je suis aussi éditeur de cinq journaux communautaires, dont trois qui s'adressent à des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Je témoigne ici aujourd'hui au nom des quelque 35 membres de l'AJRQ et de notre association. Notre association, qui existe depuis 30 ans, soutient les journaux communautaires anglophones au Québec. L'AJRQ est financée par Patrimoine canadien et, par conséquent, nous reconnaissons l'importance des Programmes d'appui aux langues officielles.
Notre association existe grâce aux fonds que nous verse Patrimoine canadien. Le reste de notre financement provient d'un service de publicité. Essentiellement, nous avons un client, à savoir le gouvernement fédéral. Nous travaillons en collaboration très étroite avec le ministère des Travaux publics afin d'offrir des services et d'obtenir de la publicité pour les journaux membres au Québec.
Nous pourrions aborder de nombreux points, mais j'en ai choisi deux afin d'être bref et de ne pas prendre trop de temps. Premièrement, je vais parler du soutien que fournit le gouvernement fédéral aux médias de langue officielle en situation minoritaire, et je crois qu'il s'agit d'un point très pertinent à la réunion d'aujourd'hui.
À pareille date l'année dernière, j'assistais à une consultation à Ottawa au sujet de la publicité dans les médias de langue officielle en situation minoritaire. J'ai rencontré des représentants de Travaux publics. Ils m'ont donné une brochure contenant des renseignements au sujet de la publicité du gouvernement fédéral et de son orientation depuis les dernières années.
Dans un graphique qu'on nous a présenté, nous avons pu observer que la publicité fédérale avait augmenté, pas seulement dans les journaux, mais aussi à la télévision et à la radio. J'aimerais signaler que c'est dans les journaux qu'on enregistrait la plus grande croissance. Le graphique montre que, en 2004-2005, le gouvernement fédéral a consacré 868 000 $ à la publicité au Québec — dans les médias de langue officielle minoritaire, j'imagine. En 2007, ce chiffre a doublé — encore une fois, on ne parle que des journaux — pour atteindre 1 938 000 $. C'est une augmentation considérable.
Mais l'AJRQ doit composer avec un énorme problème, car, entre ces deux années, elle a observé une réduction de la quantité de publicité dans ses journaux membres. En 2004-2005, l'AJRQ a obtenu environ 300 000 $ en publicité du gouvernement fédéral au profit de ses quelque 35 membres. Par comparaison, en 2006-2007, nos membres n'ont reçu qu'à peine 65 000 $ du gouvernement fédéral.
Alors, bien que le budget ait doublé, les journaux communautaires minoritaires au Québec ont vu une diminution de 75 p. 100 de leurs recettes publicitaires de source fédérale par rapport à 2004-2005. L'écart est énorme, et nous aimerions voir la situation se rétablir de sorte qu'une certaine part des dépenses du gouvernement fédéral en publicité soit affectée aux journaux communautaires.
Je ne suis pas aussi bien préparé que mes homologues du secteur de la radio, mais je peux tout de même vous dire que nos besoins sont aussi criants que les leurs. Certains journaux sont essentiellement en mode survie.
Je peux parler de l'un de mes journaux qui réussit à peine à subsister. Il s'agit du Parc-Extension News. C'est un petit journal distribué dans un secteur de Montréal appelé « le Port du Canada », essentiellement parce que c'est là que la plupart des nouveaux immigrants du Québec finissent par se retrouver. On parle de taux de chômage et de bien-être social d'environ 40 p. 100. Il s'agit d'un secteur très défavorisé.
Nous avons un journal à cet endroit. Nous le publions depuis 17 ans. Je peux vous dire que, si ce n'était de la modeste contribution du gouvernement fédéral et de la très modeste contribution du gouvernement provincial et de la Ville de Montréal, ce journal n'existerait pas. Il ne serait tout simplement pas viable s'il ne dépendait que de la publicité des entreprises du secteur.
L'autre sujet que j'aimerais aborder, c'est le Fonds du Canada pour les périodiques, que j'estime aussi important et essentiel aux journaux communautaires et à notre association. Nous étions très heureux de voir les changements apportés au Fonds du Canada pour les périodiques et nous espérons que l'on accordera une considération particulière aux journaux communautaires de langue minoritaire.
Nous aimerions aussi voir l'inclusion des journaux à distribution gratuite, sous réserve, bien sûr, de certaines dispositions réglementaires. Compte tenu de la conjoncture du marché québécois, les journaux payants admissibles au Fonds du Canada pour les périodiques devaient modifier leur mode de distribution pour suivre l'évolution du marché et demeurer concurrentiels. Ils devaient aussi faire concurrence aux journaux distribués en porte-à-porte ou, essentiellement, distribués en masse. À cause de cette initiative, ils ont perdu leur financement accordé dans le cadre du programme. Nous aimerions voir ce financement être accordé aux journaux distribués gratuitement, soumis à une distribution contrôlée.
Je tiens seulement à insister sur le fait que, lorsqu'il s'agit de soutenir les journaux francophones à l'extérieur du Québec, le gouvernement fédéral fait un travail fantastique. L'APF — ou Association de la presse francophone — obtient de la publicité pour ses membres, environ 35 journaux à l'échelle du Canada — des journaux francophones —, à l'extérieur du Québec. Les recettes publicitaires des journaux anglophones au Québec sont de l'ordre d'environ 100 000 $, mais nos homologues francophones à l'extérieur du Québec touchent un montant 10 fois supérieur. Cela dit, je crois qu'il y a place à l'amélioration, et j'espère qu'on pourra rétablir la situation dès que possible.
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Vous savez, je ne crois vraiment pas que ce soit juste, car je parcours la liste de toutes les personnes qui profitent d'un financement — on y trouve d'énormes sociétés multinationales qui, selon moi, n'ont pas besoin de l'aide du gouvernement fédéral, tandis qu'e d'autres journaux sont essentiellement en train de vivoter. Je parle des journaux de langue officielle en situation minoritaire: en anglais au Québec et en français à l'extérieur du Québec. Je ne parle pas seulement du Québec; je parle de mes homologues francophones à l'extérieur du Québec. Ils sont essentiellement dans la même situation que nous. À mon avis, ce n'est pas juste.
Nous contraindre à aller sur le terrain et à vendre 2 500 journaux ou 5 000 journaux — je ne suis pas certain du chiffre — afin d'être admissibles au programme est, à mon avis... Oui, certaines personnes vont se retrousser les manches et déployer des trésors d'ingéniosité pour le faire, afin de profiter du programme, mais je ne crois pas qu'il devrait en être ainsi.
Vous parliez de 35 journaux au Québec et de 35 autres journaux à l'extérieur du Québec et de la façon dont ces journaux touchent déjà un financement parce qu'ils sont de petits journaux à l'extérieur des régions métropolitaines. Si vous publiez un journal dans un petit village et que vous le distribuez sur un secteur de 30 kilomètres carrés, où il est impossible de recourir au porte-à-porte, alors vous devez vous rabattre sur Postes Canada ou adopter une autre méthode. Vous n'avez pas d'autre choix que de fonctionner par abonnement. Toutefois, dans nos communautés de Montréal et des environs, le marché ne fonctionne pas ainsi. Nous sommes en concurrence avec nombre d'autres journaux. En notre qualité de journal anglophone, je fais concurrence à trois ou quatre autres journaux francophones dans le secteur, alors nous ne pouvons pas nous limiter aux abonnements; nos chiffres chuteraient à un point tel que nous serions incapables de soutenir la concurrence.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, je voudrais féliciter notre ami Yvon Godin. Son projet de loi portant sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême été adopté hier. C'est une avancée importante pour l'État canadien que les juges de sa plus haute cour comprennent les deux langues officielles du pays, le Canada. Cela aurait dû être fait il y a très longtemps, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Je tenais à le souligner.
Bonjour, monsieur Matthews, madame Robinson et monsieur Bakoyannis. Je suis content de vous voir aujourd'hui. On a rencontré vos collègues des médias franco-canadiens il n'y a pas si longtemps. J'ai retenu notamment un aspect de la situation, et j'aimerais vous entendre à cet égard. Il s'agit de la question interministérielle.
Y a-t-il des programmes ou de l'appui provenant du gouvernement fédéral, à part Patrimoine canadien, qu'on vous encourage à solliciter? Ou encore connaissez-vous des programmes ou des ministères fédéraux qui peuvent vous aider dans vos projets relatifs à la transmission de l'information aux gens qui vous écoutent et qui vous lisent?
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C'est plus pour vous que pour moi, mais cela nous éclaire.
À l'article 42 de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, on invite de façon concrète l'ensemble des ministères fédéraux — je fais un large portrait — à appuyer les communautés minoritaires, qu'elles soient du Québec ou de l'extérieur du Québec ou de l'ensemble du Canada, c'est-à-dire les francophones autant que les anglophones, dans leur milieu minoritaire. À la lumière de propos qui ont été tenus ici au comité, on peut dire que ce n'est pas le législateur qui ne fait pas son travail; c'est plutôt la machine de l'État qui ne fait pas ce que demande de faire la loi. Je veux aussi vous mettre au parfum à ce sujet. En effet, selon l'écho qu'on en a, il y a encore beaucoup de travail à faire dans ces domaines.
Le fait que vous soyez anglo-québécois ou anglophones au Québec ne vous assujettit pas à un seul ministère, alors que tous les autres anglophones au Canada ou les francophones majoritaires ont le droit de composer avec tous les autres ministères également. À ce moment-là, il y a une disproportion dans la façon de voir le travail qui doit être fait par l'ensemble des ministères du gouvernement fédéral canadien à l'égard des communautés de langue minoritaire dans la province ou dans les régions où elles se trouvent au Canada.
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Non, je parlais des dépenses du gouvernement fédéral au Québec au chapitre de la publicité. J'ai ici un graphique de Travaux publics Canada qui fait état des dépenses dans les secteurs des journaux, de la radio et de la télévision de 2004 à 2009.
En 2004-2005, les recettes publicitaires de source fédérale des journaux québécois étaient de 868 000 $. Je crois que ce chiffre se rattache aux journaux de langue minoritaire, les journaux anglophones. En 2006-2007, ce chiffre a bondi à 1 938 000 $. Ce sont des chiffres qui m'ont été transmis par Travaux publics Canada. Ce ne sont pas les miens.
J'aimerais vous faire remarquer que, en 2004-2005, mon association a obtenu environ 300 000 $ en publicité pour ses 35 membres. À l'époque, le gouvernement fédéral dépensait 800 000 $. En 2006-2007, au moment où le gouvernement fédéral dépensait presque deux millions de dollars, mon association a obtenu 70 000 $ pour ses 35 membres.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Bakoyannis, je vais vous poser une question et, par la suite, j'aimerais que Mme Robinson et M. Matthews y répondent.
Dans quels domaines devons-nous, en tant que législateurs, travailler afin de vous aider à atteindre vos objectifs de distribution de journaux et, surtout, à vous assurer de la survie des journaux et des radios?
Un peu plus tôt, on a entendu dire que des radios fermeront boutique. C'est la même chose pour les journaux qui peuvent être dans des situations difficiles. Sur quel clou devons-nous cogner pour vous donner un coup de main à cet égard?
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En votre qualité de législateurs, la première chose que vous pourriez faire serait de demander instamment au ministère du Patrimoine canadien de créer un programme visant le soutien de la radio communautaire.
[Français]
Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine
[Traduction]
Le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine a mis sur pied un programme dont il est assez fier, et ce programme a une grande incidence sur la radio communautaire au Québec. À mon avis, il conviendrait que Patrimoine canadien élabore un nouveau programme du même ordre visant particulièrement la radio communautaire à l'échelle du Canada.
Deuxièmement, je crois qu'il serait raisonnable que les députés appuient notre recommandation au CRTC afin que celui-ci affecte une portion obligatoire des cotisations pour le DCC au Fonds canadien de la radio communautaire.
Je crois que ces deux mesures apporteraient un soutien aux communautés de langue officielle en situation minoritaire en contribuant à la santé de l'ensemble du secteur.
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Je dirais que non. En particulier, je vais souligner le fait que le Fonds canadien de télévision est devenu le Fonds des médias du Canada, alors cet argent peut profiter à la télévision et aussi à la mise en valeur de nouveaux médias, mais pas la radio, pour une raison qui m'échappe. Alors nous n'obtenons pas d'aide de cet organisme.
Nous considérons que nos stations sont les endroits tout indiqués pour offrir aux Canadiens un accès public aux nouveaux médias. C'est un modèle éprouvé. Le modèle de la radio communautaire permet effectivement d'assurer au public un accès aux ondes, et cela fonctionne. Et, si le gouvernement veut que les Canadiens profitent d'un accès public à la radiodiffusion dans les nouveaux médias, le gros bon sens exige qu'il soutienne les établissements qui réussissent déjà à ce chapitre, qui offrent déjà un service à ce chapitre. Mais le soutien ne vient pas.
Je préciserais aussi qu'il y a des obstacles. J'aurais dû mentionner, en réponse à la question de M. Nadeau, un autre secteur où les législateurs pourraient nous venir en aide dans le cadre de la réforme du droit d'auteur. Le régime du droit d'auteur actuel présente d'importants obstacles qui empêchent l'adoption de nouveaux médias dans le secteur de la radio communautaire ainsi que l'utilisation adéquate des nouvelles technologies de distribution et de production de médias, ce que nous pourrions faire. Il y a des bénévoles qui arrivent dans les stations et sont prêts à le faire. Nous collaborons avec des gens compétents. Nous avons besoin des fonds nécessaire à l'adoption d'une approche systématique pour étendre nos services au moyen des nouveaux médias. Jusqu'à maintenant, le soutien n'est pas au rendez-vous, et j'ai bien peur que le régime du droit d'auteur nous empêche d'avancer, à certains égards.
Il est maintenant l'heure de passer à la séance avec l'autre témoin.
Au nom des membres du comité, j'aimerais vous remercier d'être venus et de nous avoir éclairés sur le sujet.
J'ai vu dans la note préparatoire que les anglophones sont vivement intéressés par les journaux locaux et que le lectorat bilingue est important. Il y a une radio communautaire dans ma circonscription, mais elle ne réussit pas à obtenir les cotes d'écoute.
Le public vous est reconnaissant de votre travail. Nous pouvons le voir dans le cas des journaux, et je suis sûr qu'il en va de même pour le secteur de la radio. Je vous remercie encore.
Nous allons interrompre nos travaux pendant quelques minutes pour accueillir notre prochain témoin.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président. Bonjour aux membres du comité.
Je suis Jean-François Bernier. Je travaille au ministère du Patrimoine canadien et je suis directeur général des politiques et des programmes des industries culturelles. Comme cela a été mentionné aujourd'hui, je suis accompagné de Scott Shortliffe, qui est le directeur des politiques et des programmes pour une des quatre industries culturelles, soit l'industrie des périodiques.
Aujourd'hui, notre présence a pour but d'offrir une séance d'information technique sur le soutien du gouvernement du Canada aux périodiques canadiens. Elle touche de façon générale et particulière les périodiques issus des milieux de langue officielle en situation minoritaire.
Je veux laisser beaucoup de temps pour les questions. Je vois déjà qu'on a entamé 11 minutes du temps qui nous est accordé. J'ai une brève présentation pour mettre la table sur ces enjeux et je tiens pour acquis que vous avez cette présentation devant vous pour préparer les échanges qu'on aura dans les prochaines minutes.
Aujourd'hui, c'est non seulement le 1er avril — la question des pneus, c'était une blague pour mon collègue —, mais c'est aussi la première journée du nouveau Fonds du Canada pour les périodiques. Il entre effectivement en vigueur aujourd'hui. Ce fonds est issu d'une fusion de deux programmes, soit le Programme d'aide aux publications et le Fonds du Canada pour les magazines. Le Programme d'aide aux publications existe déjà depuis de nombreuses années et le Fonds du Canada pour les magazines existait quant lui depuis une quinzaine ou une vingtaine d'années.
Lorsqu'on parle des périodiques, on parle des magazines traditionnels en papier glacé. Cela comprend aussi les journaux plus traditionnels et les journaux communautaires. Pour les fins de la discussion, notre programme ne s'adresse qu'aux journaux communautaires qui ne sont pas des quotidiens. Alors, oubliez le Global and Mail, La Presse et Le Journal de Montréal. On est pas dans cette business en termes de soutien gouvernemental.
Quelles sont les caractéristiques principales du nouveau Fonds du Canada pour les périodiques? Essentiellement, on a fusionné ces deux fonds pour simplifier les processus de demandes qui étaient rendus, ma foi, assez complexes. Ce l'était également pour les rapports que les bénéficiaires devaient faire périodiquement au gouvernement pour le soutien qu'ils reçoivent. Le nouveau Fonds du Canada pour les périodiques va aussi donner une plus grande flexibilité aux éditeurs de journaux communautaires ou de périodiques, c'est-à-dire de magazines, dans l'utilisation des ressources. Par le passé, par exemple, le Programme d'aide aux publications ne soutenait que les dépenses de distribution des magazines et des journaux communautaires. Avec ce nouveau programme, on élargit cela à une panoplie de dépenses admissibles, que ce soit la création de contenus, le transfert vers les sites Web, la rédaction, la distribution, la production, etc. C'est donc un éventail beaucoup plus large de dépenses éligibles.
Le Fonds du Canada pour les périodiques a aussi comme objectif de les aider à passer à l'ère numérique. On pourra en parler un peu plus tard, si vous le souhaitez. Le fonds demeure basé sur les décisions d'achat des Canadiens. On est donc dans un secteur où on va travailler avec les périodiques que les Canadiens achètent.
Le budget annuel est de 75,5 millions de dollars.
[Traduction]
À la page 4 de la présentation, nous pouvons observer les trois principaux volets du programme. Le premier volet tient à l'aide aux éditeurs, et la majorité du financement y est affectée. Le processus est fondé sur une formule. Essentiellement, on se penche sur la taille du lectorat de ces revues ou journaux communautaires.
J'ai mentionné que les fonds pouvaient servir à une vaste gamme d'activités d'édition, comme la création, la production et les activités en ligne. Nous prévoyons que plus de 900 publications en bénéficieront. Le programme comporte une nouvelle caractéristique: un plafond de 1,5 million de dollars par publication. Il s'agit d'un changement important par rapport aux lignes directrices des deux autres programmes. Les éditeurs de périodiques doivent vendre 5 000 exemplaires par année, à l'exception des publications autochtones, ethnoculturelles et de langue officielle en situation minoritaire. J'aborderai ce point plus loin dans mon exposé.
Les deux autres volets du programme sont modestes, mais importants. Les initiatives collectives visent le financement de projets pour des initiatives à l'échelle de l'industrie et des campagnes de marketing générale pour les revues. Lorsque vous allez dans un aéroport, vous pouvez voir des feuilles d'érable sur les tablettes où se trouvent les revues. Voilà le genre de projets que vise ce volet. Le troisième volet touche l'innovation commerciale. Essentiellement, ce volet vise à aider les éditeurs à peaufiner leur plan d'entreprise, à perfectionner les compétences, à réaliser des études de marché et autres choses du genre. En outre, nous allons collaborer exclusivement avec les éditeurs de publications en ligne. Nous pourrions répondre à quelques questions à ce sujet si cela vous intéresse.
À la page 5, qui porte sur les publications de langue officielle en situation minoritaire, nous avons adapté les critères. Essentiellement, on lève, au profit des publications de langue officielle en situation minoritaire, le critère d'admissibilité selon lequel 50 p. 100 de la publication doivent être payés. L'exigence de 5 000 exemplaires vendus par année a été réduite de moitié pour ces publications, de sorte qu'elles doivent en vendre 2 500. Des organismes comme l'Association de la presse francophone et l'Association des journaux régionaux du Québec peuvent présenter une demande dans le cadre d'un des volets du programme, à savoir celui des initiatives collectives.
[Français]
Essentiellement, on trouve à la page 6 nos deux programmes en 2008-2009, soit le Programme d'aide aux périodiques et le Fonds du Canada pour les magazines, qui ont soutenu 27 publications de langue officielle en situation minoritaire. Le montant total a été d'un peu plus de 700 000 $ pour ces publications. La plupart des publications étaient des journaux communautaires. On anticipe plus de demandeurs cette année parce qu'il y aura plus de publications de ce type. Le concours est terminé et on a déjà reçu 35 demandes. Il s'agit d'une progression significative. L'analyse de ces demandes est actuellement en cours. On s'attend à ce que le financement soit égal, sinon plus élevé que par le passé, pour ce type de publications. Ce montant pourrait aller jusqu'à environ 1 million de dollars. Selon nos calculs, les publications de langue officielle en situation minoritaire pourraient obtenir jusqu'à 1 million de dollars du total des ressources.
[Traduction]
Scott, voulez-vous présenter la dernière page?
:
Bonjour. Je vais parler de certaines de nos mesures spéciales pour 2010-2011.
Dans le cadre de la conception du programme, nous avons continuellement tenu des consultations — nous avons fait des tables rondes, nous avons reçu des mémoires de groupes comme l'AJRQ et l'APF — et ce processus se poursuivit depuis l'annonce du lancement du programme. Il en ressort que la principale préoccupation tenait au délai entre la fin du PAP, à savoir hier, et l'accès à un nouveau financement.
Afin de réduire le délai autant que possible, nous avons décidé de lancer le volet d'aide aux éditeurs plus rapidement. Il faut savoir que nos anciens programmes étaient en vigueur jusqu'à hier. Nous avons créé le nouveau programme. Nous l'avons lancé le 19 janvier, et nous avons donné un mois aux gens pour déposer une demande, mais nous avions averti les autres associations, pendant des mois, que l'échéance pour présenter une demande serait très courte. Nous avons reçu 1 000 demandes le 19 février de cette année. Habituellement, dans le cadre d'un programme gouvernemental, 1 000 demandes peuvent prendre neuf mois à traiter. C'est un volume de travail énorme. Pour que la situation soit gérable, nous avons décidé de profiter du fait que nombre de nos critères sont semblables à ceux de nos programmes déjà en place. Nous avions déjà examiné la plupart de ces publications dans le cadre de nos programmes existants, alors quiconque touchait déjà un financement n'avait, essentiellement, qu'a remplir un formulaire de demande extrêmement simplifié, un formulaire d'attestation de deux pages.
Cela signifie que le nombre de demandes qui exigeaient un travail poussé est passé de 1 000 à environ 200. Nous traitons ces demandes à l'heure actuelle. Nous avons l'intention de calculer la formule de financement en avril. Cela ne signifie pas que les chèques seront délivrés à ce moment-là. Cela signifie que nous saurons combien chacun touchera. Il faudra obtenir des approbations. Nous devrons produire les lettres de subvention. Elles devront se rendre à destination. Mais, nous avons réussi à réduire le délai de beaucoup.
Il y a au moins six mois, nous avons invité toutes les associations à informer leurs membres qu'il y aurait une interruption du financement, mais que, lorsqu'ils toucheraient de nouveau un financement, ce serait sous la forme d'un versement unique pour toute l'année. En vertu du PAP, les gens touchaient un peu d'argent chaque fois qu'ils utilisaient les services d'envoi postal, alors ils obtenaient 1 000 ou 2 000 $ par mois. Dans le cadre du nouveau programme, les gens recevront le montant total de leur financement annuel en un seul versement et pourront le dépenser de façon stratégique.
Nous avons aussi informé les gens du fait que, pour cette année seulement — car nous savions que les gens devraient s'adapter à un nouveau programme et être en mesure de procéder à une planification financière —, les sommes qu'ils recevraient seraient entre 90 et 150 p. 100 de ce qu'ils avaient déjà reçu des deux programmes combinés durant les années antérieures. Si vous étiez déjà bénéficiaire, vous pouviez regarder le montant que reçu par le passé et avoir au moins cette garantie.
De fait, dans le cas de publications modestes, le pourcentage sera supérieur à 100. Il variera entre 100 et 150 p. 100. La seule exception à la règle des 90 à 150 p. 100, comme l'a mentionné M. Bernier, tient au fait que nous avons établi un plafond de 1,5 million de dollars. Cela signifie que certaines des grandes publications vont perdre près de 50 p. 100 de leur financement cette année, conformément à une décision stratégique du gouvernement, et le financement sera réaffecté parmi les petites publications, dont les publications de langue officielle en situation minoritaire.
:
De fait, c'était l'une des principales questions étudiées dans le cadre de notre examen des politiques. Nos anciens programmes ont été établis ainsi. Ils ciblaient les revues à distribution payée et les journaux communautaires.
Dans le cadre de nos consultations, plusieurs groupes ont demandé pourquoi nous n'étendions pas l'accès aux journaux à distribution gratuite? Le problème des journaux à distribution gratuite, c'est qu'on n'est pas certain du lectorat. Distribue-t-on 30 000 exemplaires parce que 30 000 personnes veulent les lire? En effet, on peut imprimer 30 000 exemplaires et les déposer sur le pas de 30 000 portes, seulement pour que le journal se retrouve dans la litière du chat le lendemain.
Nous avons décidé que le programme refléterait notre respect du choix des Canadiens en matière de lecture. Le financement que nous accordons est fondé sur l'argent que les Canadiens ont décidé de dépenser eux-mêmes pour l'achat de revues, dans des kiosques à journaux ou par abonnement. Ainsi, nous compensons l'utilisation créative que font les citoyens de ces publications. Et, de cette façon, si une revue dilapide les fonds que nous lui avons accordés ou qu'un journal communautaire dilapide son argent et perd des lecteurs, nous réduirons son financement. Il s'agit d'un moyen d'inciter les éditeurs à fidéliser le plus possible leur lectorat.
L'autre réalité pratique tient au fait que, actuellement, nous comptons financer de 900 à 1 000 publications. Selon Statistique Canada, il y a au pays 2 700 revues et 1 300 journaux. Si nous étendons l'accès au financement à toutes les publications à distribution gratuite aussi, il faudrait accroître notre budget de 300 p. 100. Je ne crois pas que le moment soit opportun pour présenter cette demande, puisque je crois connaître la réponse.
Alors, compte tenu de la réalité du...
Je trouve qu'un budget de 75,5 millions de dollars est un budget important. Il y a, selon moi, un certain dilemme. Dans mon comté, il y a beaucoup de journaux locaux ainsi que des journaux anglophones. Ces journaux sont des mensuels ou des semestriels et ils se battent. Des bénévoles y travaillent. Ces journaux gratuits n'ont aucun financement. Ils sont obligés de gratter les fonds de tiroirs alors que je vois que vous financez quand même des journaux qui seraient sûrement très capables de survivre sans votre financement. J'ai certaines réticences à cet égard.
À la page 4 de votre document, il est question du volet « Aide aux éditeurs ». Ils doivent vendre un total de 5 000 numéros par année, à l'exception des journaux autochtones, ethnoculturels et de langue officielle en situation minoritaire. Qu'est-ce que ça veut dire exactement? Expliquez-moi cela.
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Nous finançons une gamme incroyablement vaste de publications, et c'est un gros écosystème. Nous finançons des revues à très gros tirage, lesquelles offrent également la meilleure rémunération à leurs auteurs et à leurs artistes, et nous finançons un grand nombre de publications très modestes.
Lorsque nous avons établi le critère de 5 000 exemplaires par année, c'était en partie parce qu'une évaluation sommative du PAP, notre Programme d'aide aux publications, il y a quelques années, avait révélé que le temps et l'argent consacrés à l'administration de petites sommes étaient supérieurs de beaucoup à la valeur du financement octroyé. L'année dernière, le plus petit bénéficiaire du PAP touchait, je crois, 7,11 $ pour l'année.
À la suite de l'évaluation et compte tenu de ce facteur, nous avons établi le maximum général à 5 000 $ par année, parce que, avec des chiffres inférieurs, la vente de 5 000 exemplaires par année, par exemple, une publication toucherait un financement de 1 000 $ ou moins. Si les ventes de la publication sont inférieures à 2 500 $ par année, elle touchera probablement 500 ou 600 $ par année. Et nous avions environ 300 dossiers de cette taille. Compte tenu du fardeau administratif lié à la gestion de 300 autres dossiers et de la recommandation découlant de l'évaluation indépendante, nous avons décidé de fixer un seuil de 5 000 exemplaires vendus par année.
Nous avons prévu l'exception à l'intention des publications de langue officielle en situation minoritaire et des publications autochtones et ethnoculturelles, car, même si la valeur de leurs ventes est inférieure à 1 000 $ par année, nous reconnaissons que toute forme d'aide à ce chapitre est utile. C'est pourquoi nous avons fixé ces seuils, et nous offrons aussi un appui par le truchement de nos initiatives collectives gérées par des associations en vue d'aider les plus petits.
Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais essayer d'y aller rapidement. On avait besoin de clarifications sur ce sujet.
Si les gens de Quebecor — c'est effectivement Quebecor qui est chez nous — font une demande pour des journaux nationaux ou locaux et disent que ces journaux seront vraiment financés par votre fonds, comment faites-vous pour vérifier et vous assurer que ce sont bien ces journaux qui sont financés et que ce n'est pas Quebecor, en haut, qui ramasse l'argent? Il y a beaucoup de journaux édités par Quebecor partout au Québec. Faites-vous des vérifications de ce genre? En effet, c'est fort important. Si l'argent reste à un endroit, les journaux, en bas, n'en bénéficient pas.
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[
Le député s'exprime en mandarin]
[Français]
Le premier avril, il est important de constater que le chinois n'est pas une langue officielle du Canada, n'est-ce pas?
[Traduction]
Merci de l'information. C'était très bref. Très clair et très facile à comprendre — même pour des députés. Merci beaucoup.
J'ai plusieurs petites questions.
Nous avons entendu dire plus tôt, soit par George Bakoyannis, soit par Shelley Robinson, qu'il n'y avait pas de programme particulier — je tiens seulement à m'assurer que nous parlons de ce programme particulier — qui finance le type de ressources que fournissent les membres des associations qu'ils représentent. Vous avez entendu leur témoignage. Étiez-vous étonné lorsque vous avez appris...?