:
Bonjour à tous et bienvenue à la 27
e séance du Comité permanent de la défense nationale.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons poursuivre l'étude sur la nouvelle génération d'avions de chasse.
Avant de commencer, j'aimerais préciser que
[Traduction]
nous avons reçu une motion présentée par M. Laurie Hawn, conforme à nos règles, portant que le comité invite M. Dan Ross, sous-ministre adjoint (Matériels) du ministère de la Défense nationale, à comparaître comme seul témoin de la réunion du mardi 19 octobre 2010, de 15 h 30 à 17 h 30.
Je cède la parole à M. Hawn à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Le fait est qu'il y a eu des discussions ici. La dernière fois que M. Ross est venu ici, il faisait partie d'un groupe de cinq ou six témoins. Il n'était pas le témoin principal. Nous accordons deux heures à M. Williams, et cela ne me cause pas de difficultés, à titre d'ancien SMA (Matériels), il y a cinq ans. Je pense que le simple bon sens exige que nous accordions une période de temps complète au SMA (Matériels) actuel, et plus leurs témoignages sont rapprochés, plus il sera facile pour les membres du comité de se faire une idée, dans un sens ou un autre.
Cela me semble assez clair; cela me semble assez équitable, et je serais très étonné si, en fin de compte, nos collègues d'en face ne le comprennent pas et ne le voient pas du même oeil.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais m'opposer à la motion voulant qu'on invite M. Dan Ross. J'étais absente quand il a comparu, mais d'une part, si je comprends bien, M. Ross a témoigné le 15 septembre au sujet de la question qui nous intéresse aujourd'hui. D'autre part — et corrigez-moi si je me trompe —, tous les membres du groupe qui étaient présents à ses côtés le 15 septembre ont avancé des arguments dont l'orientation était la même que celle de M. Ross. Cela veut dire, en fait, que l'ensemble des membres du groupe du 15 septembre a avancé des opinions parallèles à celles de M. Ross.
En réponse à M. Hawn, je dirai que selon ma compréhension des choses, les gens qui défendent cette opinion ont eu deux heures pour la faire valoir et qu'il est tout à fait normal que nous entendions maintenant des gens qui défendent une autre opinion.
Je m'oppose donc à la motion de M. Hawn.
:
Merci, monsieur le président.
Ce n'est pas uniquement une question d'équité; c'est également une question de cohérence. À la dernière réunion, plus tôt cette semaine, dans sa sagesse, le comité a décidé qu'un témoin pouvait profiter d'une réunion complète de deux heures aujourd'hui. Lorsque M. Ross a comparu le 15 septembre, nous avons été convoqués à Ottawa, dans la sagesse des députés de l'opposition, une semaine avant la reprise des travaux du Parlement, et nous avons eu très peu de temps — et j'ajouterais, à un coût considérable pour les contribuables.
Encore une fois, il s'agit d'une question d'équité et de cohérence. Et maintenant que nous creusons davantage la question de l'approvisionnement lui-même, nous devons faire revenir M. Ross de manière que nous puissions explorer et examiner à fond cette question et en discuter de manière complète.
:
Oui, simplement pour ajouter aux observations de M. Harris; il serait assez difficile de trouver quelqu'un dans l'industrie canadienne qui dirait quelque chose de très différent de ce que nous avons entendu de ces personnes. Alors, il n'y a pas vraiment deux côtés dans cette affaire, pas du tout.
En ce qui concerne les deux côtés, une des choses que nous proposons — et vous n'êtes pas encore au courant de cela —, c'est d'avoir le 26 octobre un groupe de témoins de Lockheed et de Boeing de sorte que les deux grands fabricants d'avions de chasse en Amérique du Nord à l'heure actuelle puissent le faire.
La position du SMA (Matériels) est une position assez unique, assez tranchée, et il est tout à fait approprié d'entendre un ancien SMA (Matériels) qui a certaines opinions très fortes. Mais cela devrait être équilibré par le témoignage du SMA (Matériels) actuel pendant une période de temps comparable, comme il a été dit, pour creuser les questions qui font l'objet de la discussion et d'une certaine controverse.
Monsieur le président, je répète — et, de toute évidence, nous savons où cela mène, parce que c'est de cette façon que ces choses fonctionnent — qu'à notre avis, ce serait un manque d'équité et un manque de bonne foi si M. Ross ne comparaissait pas le 19 octobre.
:
Merci, monsieur le président.
Il me semble qu'un des objectifs du comité est de recueillir l'information nécessaire pour prendre de sages décisions; alors, je ne suis pas certain que nous devrions retrancher environ une heure à un témoin. J'ai raté la réunion du 15 septembre parce qu'elle a été convoquée après que nous avions convoqué une réunion du caucus de la Saskatchewan à Saskatoon. Je préside ce caucus et, par conséquent, je n'ai pu être ici le 15. Je regrette de ne pas avoir pu entendre l'exposé. J'aimerais beaucoup l'entendre et entendre ce témoin.
Encore une fois, monsieur le président, si notre objectif en prenant plus de temps pour étudier cette question, est de faire une enquête, d'entendre les gens, alors, je pense qu'automatiquement, nous devrions entendre le témoin dans la mesure où nous devrions tous avoir l'occasion de l'entendre. Je m'excuse de ne pas avoir pu l'entendre parce que j'avais d'autres engagements.
:
On n'a pas la même définition de ce qu'est un délai de 48 heures, mais ce n'est pas grave. Je ne veux pas que M. Hawn pense que je veux bloquer sa motion, parce que ce n'est pas le cas. C'est simplement que le respect des délais prescrits par le Règlement nous permet de discuter avec nos collègues et de voir s'il n'y a pas matière à négociation. C'est simplement ce que je voulais faire valoir.
Pour ce qui est de ma position, vu qu'on en discute et qu'on va trancher la question, j'aimerais rappeler que la dernière fois — et je ne veux pas que mes collègues de l'opposition m'en veuillent —, je m'étais dit intéressé à écouter M. Ross, compte tenu que c'est lui qui occupe la fonction actuellement. C'est donc important. M. Williams, qui assiste à la réunion aujourd'hui, sait qu'à l'intérieur même du SMA (Mat), il y a souvent des philosophies qui diffèrent. Je me rappelle que M. Williams avait de bonnes discussions avec M. Lagueux, son prédécesseur. Il ne voit pas les choses de la même façon. Quoi qu'il en soit, l'important est de prendre aussi connaissance de l'opinion de la personne qui occupe la fonction actuellement.
J'ai dit la dernière fois craindre pour l'intégrité physique de M. Williams. J'ai parlé de la nécessité de tenir les ancien et nouveau titulaires du poste à distance d'épée. Cette image, ce principe, demeure tout aussi valable dans l'armée qu'au Parlement canadien.
Je pense que vous serez davantage qu'à distance d'épée: vous serez à environ deux semaines l'un de l'autre.
Je vais donc appuyer cette motion, de façon à ce qu'on puisse écouter son témoignage. Ça va mettre fin au débat politique voulant qu'on demande pourquoi l'un serait le premier et l'autre le deuxième. Nous allons régler la question une fois pour toutes et passer ensuite à autre chose.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invité à vous adresser la parole aujourd'hui au sujet de l'avion de combat interarmées.
J’ai souvent eu la chance de comparaître devant vous et de partager mes opinions sur une foule de sujets au cours de ma carrière de 33 ans au sein de la fonction publique. J’ai toujours considéré cela comme un honneur et un privilège, et j’ai grandement joui de nos échanges d’opinions.
[Traduction]
Dès le départ, j'aimerais remercier le greffier, Jean-François Lafleur, d'avoir distribué mes longues observations en anglais et en français. Dans la période de 10 minutes qui m'est accordée, je vais présenter une version abrégée de ces observations.
Au cours de ma carrière, j'ai eu quelques occasions qui allaient bien au-delà de ma description de poste du moment d'accomplir quelque chose d'exceptionnel pour le Canada et pour les Canadiens et Canadiennes. L'une de ces occasions était la signature d'un protocole d'entente avec les États-Unis le 7 février 2002 qui a déclenché la participation du Canada à la deuxième phase du programme d'avion de combat interarmées, ou ACI. Cette entente était unique parce que ses intentions n'avaient que très peu de liens avec mes responsabilités en tant que sous-ministre adjoint (Matériels) du ministère de la Défense nationale, mais plutôt avec ce que je pouvais accomplir pour le Canada, pour l'industrie canadienne et pour la création d'emplois au Canada. Cette signature n'a rien eu à voir avec l'achat de ces avions de chasse, ou l'engagement de les acheter, mais plutôt avec l'occasion offerte à l'industrie aérospatiale canadienne de participer au plus important projet d'approvisionnement de l'histoire des États-Unis, un marché évalué à plus de 200 milliards de dollars.
En 2001-2002, l'idée de remplacer notre flotte aérienne de F-18 n'était pas, excusez mon jeu de mots, dans notre ligne de mire à ce moment. Nous étions en train de moderniser ces avions de chasse qui devaient nous servir jusqu'en 2017-2018. Toutefois, une réalité s'est imposée, rendant facile la décision de nous joindre ou non à cette phase, à savoir que si le Canada ne participait pas, son industrie n'aurait même pas l'occasion de participer aux appels d'offres dans le cadre de ce programme de 200 milliards de dollars. Nous ne pouvions pas envisager une telle possibilité et le Canada a participé à ce programme.
Il est vrai qu'il y avait d'autres avantages à la participation, mais ils étaient insignifiants comparativement aux avantages que pouvaient en retirer notre industrie.
[Français]
J'ai été déçu lorsque le gouvernement a négocié un marché pour l’ACI sans mise en concurrence. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi une telle décision avait été prise. Il existe sans aucun doute de bonnes raisons pour choisir un marché sans concurrence. Comme vous le savez probablement, l’approvisionnement de défense est soumis à l’Accord sur le commerce intérieur. Cet accord, spécifique au Canada, a pris effet le 1er juillet 1995. Tout en exigeant que l’approvisionnement soit concurrentiel, l’accord reconnaît qu’il existe des exceptions. Par exemple, dans une situation de sécurité nationale ou d’urgence imprévisible, la concurrence pourrait être contournée. J’ai étudié attentivement les raisons invoquées par les ministres pour choisir un marché sans concurrence dans le cas de cet achat, et franchement, elles sont toutes déficientes.
[Traduction]
Tout d'abord, les ministres ont dit qu'un appel d'offres compétitif avait déjà eu lieu et qu'ainsi, il n'y avait pas lieu d'en lancer un autre. Les ministres faisaient allusion à l'appel d'offres lancé par les États-Unis pour déterminer quelle compagnie allait construire l'avion de chasse. Le 26 octobre 2001, Edward Aldridge, secrétaire général adjoint de la Défense (Approvisionnement et Technologie) a annoncé que Lockheed Martin avait été préférée à Boeing. Je me souviens très clairement que, les yeux rivés sur nos téléviseurs, nous attendions tous cette décision au quartier général de la Défense nationale. C'était comme si nous assistions à notre propre soirée des Oscars pour la défense. Cet appel d'offres n'avait absolument rien à voir avec le besoin d'un appel d'offres pour déterminer quel avion pourrait répondre aux exigences militaires canadiennes au coût global de cycle de vie le plus bas possible. Toute comparaison entre les deux appels d'offres est une insulte à notre intelligence.
En second lieu, le ministre a dit que le gouvernement voulait acheter l'avion de combat interarmées dans le but de permettre à l'industrie canadienne de participer à des marchés de l'ordre de 12 milliards de dollars. La réalité veut que ces avantages possibles deviennent insignifiants lorsque nous les comparons aux avantages assurés à l'industrie canadienne qui résulteraient d'un appel d'offres. Dans un appel d'offres de cette envergure, on exigerait que tous les soumissionnaires incluent dans leur soumission un plan en conformité avec le programme de retombées industrielles et régionales. Ce plan exigerait que chaque soumissionnaire soumette une assurance de bénéfices égaux ou supérieurs à la valeur du marché.
[Français]
Troisièmement, les ministres ont déclaré qu’il s’agissait du meilleur aéronef disponible. Quand on lui a demandé comment il pouvait affirmer une telle chose, le ministre Peter MacKay a déclaré s'être fondé sur des notes de breffage qui lui avaient été remises par quelqu’un à l’intérieur du ministère de la Défense nationale. Malheureusement, une analyse interne reflète toujours les préjugés internes. D’autres experts militaires bien informés ont exprimé des points de vue différents.
[Traduction]
Il se pourrait effectivement que l'avion de combat interarmées soit le meilleur appareil pour répondre aux besoins du Canada. Si c'est le cas, laissons-le remporter un processusprocessus concurrentiel concurrentiel. La seule façon de savoir avec certitude quel avion est le mieux en mesure de répondre aux besoins du Canada, et à quel coût, c'est de publier un énoncé des besoins ouvert, juste et transparent, et de faire une évaluation rigoureuse des réponses des soumissionnaires. La soumission qui répond aux exigences des Forces canadiennes au coût du cycle de vie le plus bas sera choisie.
Accorder le marché pour l'achat d'avions de chasse à l'ACI souligne les risques associés à l'absence de processus concurrentiel. Ces risques comprennent, entre autres, des coûts plus élevés, jusqu'à 20 p. 100 de plus, des occasions réduites pour l'industrie canadienne et surtout, l'incapacité de savoir avec certitude si nous avons acheté le meilleur produit pour répondre aux besoins des forces armées.
En passant, les fonds que nous gaspillons parce que nous payons trop cher proviennent du budget d'immobilisations du ministère de la Défense nationale qui, n'eut été du recours à un fournisseur unique, pourraient être réaffectés à d'autres immobilisations militaires prioritaires.
Malgré tout, le gouvernement persiste à augmenter le pourcentage d'approvisionnements sans processus concurrentiel à un taux alarmant. En 2004, 8,8 p. 100 de la valeur des marchés de plus de 25 000 $ ont été conclus sans appel d'offres. En 2009, ce pourcentage avait quintuplé pour atteindre 42,1 p. 100. L'expression « approvisionnement concurrentiel » devient rapidement un oxymoron. Le processus d'approvisionnement est devenu incontrôlable et a dégénéré en subventions gouvernementales à des bénéficiaires choisis.
Le recours à un fournisseur unique comporte un autre désavantage important, à savoir un potentiel accru d'inconvenance. La dépense des fonds publics, surtout lorsque nous parlons de milliards de dollars, exige non seulement le plus haut degré d'intégrité, mais également l'apparence du plus haut degré d'intégrité. Un processus ouvert, équitable et transparent est capital. Entreprendre des marchés sans appel d'offres rend le processus d'approvisionnement plus vulnérable à la fraude, à la corruption et à des ententes en coulisses en plus de rendre le gouvernement fédéral plus susceptible de faire l'objet de telles accusations.
Merci et je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Très, très peu, et c'est probablement une exagération. Vous devez comprendre que dans ce programme, votre degré d'influence dépend de votre degré de participation financière. Nous étions un acteur de niveau trois dans cette affaire. Le seul acteur de niveau un était le Royaume-Uni. Celui-ci a eu une participation de 200 millions de dollars dans la première phase, alors que notre contribution était de 10 millions de dollars. Sa contribution dans la deuxième phase était de 2 milliards de dollars; la nôtre, de 250 millions de dollars. Sa contribution équivalait à environ 8 p. 100 de la seconde phase, et la nôtre, à 0,06 p. 100; alors, penser que nous pourrions avoir un degré quelconque d'influence n'a pas vraiment beaucoup de sens.
Le fait est que le 20 décembre 1995, le Royaume-Uni a signé la seule entente de partenariat de niveau un avec les États-Unis, ce qui lui a permis d'être un partenaire à part entière dans l'élaboration des exigences et dans la conception du système. Aucun autre participant à ce programme n'a eu cette possibilité; alors, prétendre que nous avions plus de poids que ce pourquoi nous avons signé au cours de la première phase — c'est-à-dire, comme un observateur — constitue une grossière exagération de notre influence ou de notre apport.
L'autre point à se rappeler, évidemment, c'est qu'à ce moment-là, nous n'avions même pas encore élaboré d'énoncé des besoins pour nos avions de chasse. Cela n'était même pas dans notre ligne de mire; alors, il n'y avait rien pour comparer ce qui est incorporé dans les plates-formes américaines avec nos besoins réels. Nous étions dans cette aventure pour une raison fondamentale et c'était, comme je l'ai dit, pour donner à notre industrie l'occasion de participer. Comme vous l'avez entendu, elle a fait un travail extraordinaire et s'est extrêmement bien tirée d'affaire. Nous devons lui donner beaucoup de crédit pour cela — et en passant, il en est de même d'un petit groupe de personnes. Je pense que vous avez rencontré Michael Slack. Lui et un très petit groupe de personnes ont fait preuve de beaucoup d'énergie pour s'assurer que les principaux intéressés se concentrent vraiment pour s'assurer que notre industrie est au courant de ces occasions. Sa petite équipe et lui ont fait un travail magnifique et je pense qu'ils méritent nos félicitations.
:
Je n'ai jamais eu cette impression durant toute la période de ma retraite. Je sais que lorsque le protocole d'entente de 2006 a été signé, si vous lisez les rapports et les déclarations de l'époque, le gouvernement canadien non plus n'avait pas cette impression à ce moment-là, parce qu'il a reconnu par le communiqué du 11 décembre, qu'il envisageait toujours un processus concurrentiel. Michael Slack a été cité comme ayant dit que cela n'interdisait pas les processus concurrentiels. Il y a eu des notes de services ultérieures d'Industrie Canada disant qu'encore une fois, cela n'empêchait pas les processus concurrentiels.
Même le chef d'état-major de la Force aérienne, André Deschamps, le jour où, je crois, l'annonce a été faite, est cité dans un numéro de Canadian Defence Review, lorsqu'on l'a interrogé sur l'avion de combat interarmées... Je vais vous lire ce qu'il a dit. Cette entrevue a eu lieu seulement quelques mois auparavant; elle a été publiée en juin. La question posée par le journaliste était: « Où se situe le chasseur de prochaine génération sur votre liste de priorité? »
[Traduction] Le chasseur de prochaine génération est très haut sur ma liste. Nous savons que le gouvernement veut discuter de cette question prochainement, mais il est certain que nous devons démarrer un processus pour l'acquisition d'un nouveau chasseur. Il semble que cela prendra beaucoup de temps, mais comme nous le savons, il y a beaucoup de choses à faire pour lancer un processus d'approvisionnement et produire un nouveau chasseur. Nous venons tout juste de finir la mise à niveau de nos CF-18 pour les amener à ce que nous appelons la norme R2. Il s'agit d'une mise à niveau incroyable qui crée une excellente plate-forme, et elle nous procurera un appareil de haute performance qui nous gardera concurrentiels certainement jusqu'à la fin de la décennie. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas aller de l'avant dans la sélection d'un remplaçant pour le CF-18. Nous espérons que nous débuterons les discussions avec le gouvernement dans un avenir qui n'est pas trop éloigné.
Alors, je dirais que non seulement le gouvernement a essentiellement affirmé que cela n'empêchait pas les processus concurrentiels, mais certainement, au sein du ministère, le chef d'état-major de la Force aérienne, en réponse à la question, n'a pas répondu: « Je suis extrêmement impatient d'avoir l'avion de combat interarmées; je m'attends à ce que l'annonce soit imminente — c'est le seul qui nous convienne. »
Tout cela vient clairement renforcer l'idée qu'en fait, il y aurait un processus concurrentiel.
Je ne suis pas d'accord avec lui lorsqu'il dit que cela prend beaucoup de temps. Je pense que nous pourrions le faire dans un délai très court, mais c'est une autre question.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux souhaiter la bienvenue à M. Williams, avec qui j'ai eu des discussions épiques dans le cadre de ce comité. M. Williams est très compétent et capable de se défendre. C'est pourquoi, à mon avis, il aime comparaître devant ce comité. Faire face aux parlementaires est pour lui un grand défi.
Monsieur Williams, je suis sur le point d'entamer des poursuites contre vous pour une question de droits d'auteur. Lorsque vous avez fait votre présentation plus tôt, vous avez sauté des sections de votre texte. C'était probablement parce que vous vouliez respecter les délais. Vous avez sauté un paragraphe très important pour moi, que je vais vous lire en français:
C’est comme si on allait chez un concessionnaire d’automobiles pour louer une voiture sur une période de 5 ans. Le vendeur affirme qu’il y a un acompte de 1 000 $ et une charge mensuelle qu’il n’est pas en mesure de révéler. Est-ce qu’un de nous louerait une voiture sans cette information? J’en doute fort. Pourtant, c’est exactement ce que nous sommes en train d’accomplir avec des milliards de dollars de l’argent des contribuables.
Je vous ai lu également dans certaines revues et j'ai remarqué que vous faisiez souvent cette analogie concernant les concessionnaires d'automobiles. J'aimerais que vous reconnaissiez aujourd'hui devant le comité que c'est moi qui vous ai mis l'image de l'automobile dans la tête, il y a quelques années. Il faudrait que vous avouiez que j'ai des droits d'auteur là-dessus.
Êtes-vous prêt à faire cela?
D'abord, si je n'ai pas mentionné tous mes points, c'est parce que le greffier m'a accordé seulement 10 minutes. Ainsi, j'ai dû éliminer quelques points.
M. Claude Bachand: Dont certains importants.
M. Alan Williams: Tout est important. Mais la question est très importante.
[Traduction]
Laissez-moi répondre du mieux que je peux.
Il est très important, selon mon estimation, que le public comprenne pourquoi les exigences que nous choisissons sont nécessaires. Pour continuer — et ici, je vais vous donner le crédit qui vous revient —, si j'allais de nouveau chez un concessionnaire automobile et que je voulais acheter un mode de transport, il faudrait d'abord que je décide si ce mode de transport m'est destiné, est destiné à mon épouse; est destiné à moi-même, à mon épouse et à mes 10 enfants; ou si j'ai besoin de transporter des meubles et de l'équipement. Les exigences sont très spécifiques du rôle et du besoin.
Il est possible que nous ayons besoin d'un avion de la cinquième génération. Si tel est le cas, tâchons d'expliquer pourquoi nous avons besoin de la cinquième génération, en quoi cela correspond à notre politique de défense et en quoi cela correspond au rôle que nous envisageons pour nos militaires dans l'avenir. Si le processus franchit cet obstacle et qu'il s'avère que c'est le seul avion qui convient, tant mieux. Mais nous pouvons faire cela d'une manière ouverte. Que quelqu'un caché derrière des portes closes dise que c'est ce dont nous avons besoin simplement parce qu'il le dit, c'est franchement inacceptable lorsque vous dépensez 16 milliards de dollars de notre argent. Voilà le principal point à faire valoir.
Deuxièmement —et c'est un autre point que je n'ai pas soulevé dans mon exposé oral, mais qui figure dans les notes —, si une fois que j'ai déterminé mes exigences et que je suis allé chez les concessionnaires qui ont ce que je veux pour répondre à ces exigences, quelqu'un me disait: « Monsieur Williams, vous aurez un versement initial de 1 000 $ maintenant, mais je ne vous dirai pas quel sera le paiement mensuel », est-ce que j'achèterais cette voiture? Évidemment que non. Acheter quelque chose, s'engager à quelque chose sans même savoir ce que cela coûtera, pour moi, c'est le comble de l'absurdité.
Je pense que l'avion de combat interarmées est un excellent programme et il pourrait s'avérer qu'il s'agit de l'appareil parfait pour nous. Mais nous faisons l'acquisition sans processus concurrentiel d'un produit qui, en ce moment, est en retard de quatre ans, dont les coûts ont grimpé en flèche et qui tombe sous le coup de la loi Nunn-McCurdy aux États-Unis, où le Sénat ampute le nombre d'appareils produits année après année parce que le programme n'arrive pas à respecter les échéanciers. Il me semble que nous allons un peu trop vite. Pourquoi décidons-nous de nous engager maintenant alors que ce programme court tellement de risques? Je n'arrive vraiment pas à le comprendre. Il est possible que ce soit l'appareil parfait pour nous, mais je pense qu'en ce moment, rien ne le démontre.
:
Pour les compagnies qui participent à ce programme aujourd'hui, et nous en avons 85 jusqu'à maintenant, oui, vous voulez absolument que ce programme se poursuive. Il n'y a pas de garantie, mais essentiellement, ce que dit l'article 7.3, c'est que si vous avez signé le protocole d'entente de 2006, ce que nous avons fait, vous cochez une case; et si vous avez un contrat et que vous continuez de produire le bien pour lequel vous avez obtenu le contrat par la méthode d'approvisionnement de la plus grande valeur, vous cochez un autre case; et si vous êtes d'accord pour acheter ces avions, un point d'interrogation pour l'instant, alors, normalement, mais pas toujours, mais normalement, vous auriez le droit de continuer de produire ce bien pour l'ensemble du carnet de commandes de cet appareil, les milliers d'appareils qui viendront dans l'avenir. C'est là qu'il y a beaucoup d'argent à faire.
Alors, c'est un incitatif. Mais vous devez garder deux choses à l'esprit. Premièrement, on dit « normalement ». Il n'y a aucune garantie que les compagnies qui ont effectivement remporté des contrats se verront automatiquement accorder quelque chose, surtout, comme nous l'avons tous lus, qu'il y a tellement de pression sur ce programme que l'on a envisagé de revenir en arrière et de faire les choses d'une manière moins coûteuse.
Alors, il n'y a pas de garantie, mais au-delà de cela, l'article 7.4 dit, qu'est-ce qui arrive si, en fait, le Canada n'achète pas ces avions? C'est là qu'intervient l'article 7.4, parce que ces mêmes contrats seraient alors sujet à de nouveaux appels d'offres. Fondamentalement, l'article 7.4 dit qu'il incombe à chacun des pays participants de s'assurer que les principaux intéressés accordent à leurs industries la même diligence raisonnable et la même possibilité de soumissionner pour ces contrats une nouvelle fois. Alors, d'une façon ou de l'autre, il y a encore une possibilité en ce qui concerne les retombées industrielles et régionales.
Je vais simplement terminer avec un autre point, que je vais probablement soulever plus souvent. Nous ne devrions jamais penser que les retombées industrielles et régionales sont la raison pour laquelle nous participons à ce programme. Cette idée ne devrait jamais occuper la première place par rapport à la nécessité de nous assurer que nos militaires obtiennent le bon appareil. Parfois, j'ai l'impression... Très bien, j'ai terminé.
:
Nous pourrons revenir sur cette question, mais je n'ai que quelques minutes. Je voulais vous permettre de terminer votre point.
Monsieur Williams, nous avons lu un article dans le Ottawa Citizen du 20 septembre, le jour où Pugliese a laissé entendre qu'il avait en sa possession des documents du ministère de la Défense indiquant qu'il y avait un plan, qui a été élaboré à l'été 2009, pour la tenue d'un processus concurrentiel touchant à la fois l'appareil et son entretien à long terme. Le plan prévoyait que l'appel d'offres aurait lieu en 2010; le contrat devant être adjugé en 2012. De plus, le a affirmé à la Chambre des communes le 27 mai qu'il y aurait un processus concurrentiel et s'est assuré que cela était absolument clair.
Que se serait-il passé entre le 27 mai et le mois de juillet, six semaines plus tard, lorsqu'on nous a dit qu'il s'agissait d'un contrat à fournisseur unique, etc.? Que s'est-il passé? Comment passons-nous de l'un à l'autre?
Deuxièmement, parlez-moi du processus d'établissement d'un énoncé des besoins. Êtes-vous au courant qu'il y aurait eu un énoncé des besoins du Canada pour un avion de chasse destiné à remplacer le F-18? Quand un tel énoncé aurait-il été préparé et est-ce que cet énoncé serait normalement accessible à un comité comme le nôtre?
:
La seule chose que je peux voir, c'est que le ministre m'aurait convoqué à son bureau pour me dire qu'il voulait que ce contrat soit attribué à un fournisseur unique. J'aurais répondu que ce n'était pas nécessaire, que ce n'était pas l'intention, que nous n'avions aucune raison ni justification de le faire. Il aurait dit qu'il voulait le faire de toute manière. J'aurais répondu que s'il voulait le faire de toute manière, je ne pourrais pas l'en empêcher. J'aurais deux choix, me plier à ses désirs ou remettre ma démission. Le fait est qu'il ne fait rien d'illégal. Il a tout à fait le pouvoir de le faire de cette manière.
Je pense que c'est une manière stupide de faire des affaires et je l'aurais conseillé dans ce sens. En fait, je lui aurais dit que s'il procédait de cette manière, il détruirait tout ce qu'il y a de bon. Le gouvernement paraît très bien si le ministre dit simplement qu'il autorise le ministère de la défense nationale à remplacer ses F-18. C'est excellent pour les bulletins de nouvelles. Il recevrait toutes les félicitations et tout le monde serait très fier de ce qu'il fait. Je lui dirais qu'il détruirait tout cela en embarquant dans un processus d'approvisionnement où le gagnant est déterminé d'avance et pour lequel il n'y a pas de justification. J'aurais fortement conseillé le ministre ou la ministre de ne pas le faire.
En termes d'énoncé des besoins, il s'agit typiquement du document fondamental dont les militaires et seulement les militaires doivent rendre compte. Il est certain qu'à l'époque où j'y étais, les militaires devaient produire un énoncé des besoins pour tous les grands programmes d'approvisionnement, document qui serait examiné, autorisé et contesté au sein du ministère, et qui devrait obtenir l'aval des officiers supérieurs et du chef d'état-major de la Défense avant d'être rendu public, dans le cadre du processus global d'approvisionnement de la défense, avoir des discussions, démarrer tout le processus des exigences avec l'industrie en ce qui concerne la disponibilité du produit, élaborer les conditions contractuelles et ce genre de choses. Il est fondamentalement à la base de tout processus d'approvisionnement et, typiquement, rien ne devrait aller de l'avant sans lui. Quant à savoir s'il est accessible au présent comité, c'est quelque chose que je ne suis pas en mesure de commenter de manière factuelle.
:
Non, pas du tout. Je disais essentiellement que c'était une excellente chose pour nous de participer à ce programme. C'était bénéfique pour le ministère de la Défense nationale sous bien des aspects et il y avait aussi d'autres avantages. Nous en avons beaucoup appris sur les concepts de logistique autonome, de châssis composites, d'optimisation des activités de fabrication et développement et d'amélioration des systèmes. Tout cela était formidable pour nous. Notre ministère a pu acquérir toutes ces connaissances. Par ailleurs, il va de soi que l'interopérabilité était un élément à considérer.
Permettez-moi de vous parler un peu de l'interopérabilité. Vous m'excuserez, mais je vais faire encore une fois un parallèle avec l'automobile. Si vous faites le trajet d'Ottawa à Calgary avec neuf de vos amis dans dix autos différentes, il n'est pas nécessaire que vous conduisiez tous un véhicule Ford pour pouvoir communiquer entre vous. Ce n'est pas le châssis qui détermine l'interopérabilité.
C'est une bonne chose que bon nombre de nos alliés utilisent le même châssis et le même produit, mais nous collaborons actuellement avec de nombreux alliés qui possèdent bien des appareils différents. Nous n'avons aucun problème d'interopérabilité avec l'OTAN, les 16 normes applicables et tout ce qui s'ensuit. Une fois que ces avions seront en service, bon nombre de nos alliés n'auront pas les mêmes et bon nombre de ceux qui en feront l'acquisition en ont d'autres actuellement.
Ce n'est pas donc pas l'appareil qui détermine l'interopérabilité, ce sont les systèmes qu'il renferme. Si l'acquisition de cet aéronef est peut-être la meilleure chose à faire pour le Canada et pourrait nous donner une meilleure interopérabilité, je me demande simplement pourquoi nous ne procédons pas plus ouvertement.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Williams, je ne suis pas une experte en aéronautique et en défense nationale, mais je crois, comme vous, que pour être certain qu'un appareil puisse satisfaire aux exigences canadiennes et qu'on sache combien ça doit coûter, il faut avoir recours à un appel d'offres transparent, clair et détaillé.
Je ne comprends pas une chose. Vous dites, dans vos notes, que des ministres se sont présentés, ont parlé du programme et ont dit qu'il y avait eu un concours et qu'on n'avait pas besoin d'un deuxième concours. Cependant, vous écrivez aussi que le concours qui a été mené n'avait absolument rien à voir avec le sujet dont on parle ici, cet après-midi, ou en d'autres termes, l'achat de ces appareils. C'est ce qu'indiquent vos notes.
Si vous le voulez bien, j'aimerais que vous vous expliquiez là-dessus. À quelle sorte de concours ces ministres faisaient-ils référence, et quelle sorte de concours y aurait-il dû y avoir pour qu'on puisse avoir une réponse à un appel d'offres qui n'a pas eu lieu?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir un instant à une question de Mme Folco et à une observation que vous avez faite concernant notre rôle qui diffère de celui des Britanniques et des Américains.
Il va de soi que les Américains participent à beaucoup plus d'opérations que nous, mais je vous dirais que leurs besoins pour des intercepteurs de longue portée dans le Nord... Pour ce qui est de cet espace aérien, le Canada est sur le même pied que les États-Unis à partir de l'Alaska. Les Britanniques ont les mêmes besoins pour le nord de leur pays. Pour des missions semblables, nos exigences sont très similaires. Elles sont les mêmes et nous en avons fait tout autant avec les aéronefs que nous utilisons: CF-18, CF-104, CF-5 ET CF-101. Dans d'autres missions, comme celle en Afghanistan, où nous conjuguons nos efforts, nous n'utilisons pas d'avions chasseurs pour l'instant. Les Britanniques et les Américains le font.
Je dirais que nos rôles sont très semblables, dans les faits, à ceux des Britanniques et des Américains.
:
Monsieur le président, faut-il avoir une confiance absolue en ceux qui ont un niveau d’habilitation de sécurité très secret? Vous savez que je me suis toujours élevé contre cela. Les contribuables canadiens paient, et nous sommes leurs représentants. Lorsque vient le temps de décider quel type d'appareil choisir, il est très important que nous ayons le plus de détails possible.
Je ne veux donc pas qu'on me dise que je dois avoir une complète confiance en un gars qui a un niveau d’habilitation de sécurité très secret, parce que ce n'est pas vrai du tout. Je veux que ce soit bien clair. Malheureusement, je suis aussi très frustré par le fait que je n'ai pas un niveau d’habilitation de sécurité très élevé. Je fais face à des gars comme lui, et comme M. Ross qui va venir, qui ont un niveau d’habilitation de sécurité très secret. Je fais face à des généraux, des majors-généraux, des lieutenants-généraux qui ont un niveau d’habilitation de sécurité très secret. Nous posons des questions qui sont parfois pas mal insignifiantes. Ils disent qu'ils ont la vérité et qu'ils savent ce qui se passe. Toutefois, nous avons la responsabilité d'acheter ces appareils ou de décider du type d'appareil. Il faut que ce soit clair, pour moi, avoir un niveau d’habilitation de sécurité très secret n'est pas nécessairement un gage de confiance.
Il y a autre chose aussi, et c'est la question de l'interopérabilité. Si je comprends bien, ce n'est pas parce que tous ont le même appareil, c'est-à-dire un F-35, qu'on sera complètement interopérables. Ce n'est pas vrai. L'interopérabilité est la façon d'opérer sur un théâtre d'opérations. Personnellement, je suis certain, même si j'ai un grand respect pour le F-35, qu'un Eurofighter Typhoon ou un Super Hornet est capable d'opérer de façon interopérationnelle avec les autres membres de l'OTAN. Il n'y a pas de doute là-dessus.
Monsieur Williams, compte tenu de l'engagement signé par le gouvernement, j'aimerais savoir ce qui arriverait si le gouvernement décrétait qu'il veut maintenant lancer un appel d'offres, si, par exemple, il y avait un nouveau gouvernement. Le gouvernement actuel s'est compromis. Y aurait-il un danger de poursuites? Tout le monde se souvient que le parti de M. Chrétien avait promis d'annuler la commande d'hélicoptères avant d'arriver au pouvoir. On a eu une amende assez salée à payer pour bris de contrat. Il y a eu pire que cela, car on a été 10 ans sans avoir d'hélicoptères. En effet, vous vous rappellerez, monsieur Williams, qu'on disait que, sur le plan politique, on ne pouvait quand même pas acheter le même appareil, même si on en avait besoin, parce qu'on avait dit qu'on ne le voulait plus. On a inventé une patente où on voulait avoir le châssis d'une compagnie et l'appareillage et l'armement d'une autre compagnie. On en revient aux exemples de voitures...
:
Dans l'accord, un article sert effectivement à la résolution des différends et on décrit franchement très bien et très objectivement des façons de se retirer d'un programme. Autrement dit, on doit, en cas de retrait, payer sa juste part. Cela nous a coûté 551 millions de dollars.
En fait, nous pouvons décider de nous retirer du programme, ce que nous ne sommes pas obligés de faire uniquement parce que nous n'achetons pas l'avion. Il n'y a pas de rapport entre les deux. Nous pouvons rester, sans l'acheter, mais cela pourrait se répercuter sur l'établissement des coûts, parce que tout est calculé proportionnellement entre toutes les compagnies et tout ce genre de trucs.
Entre la résiliation de 1993 et la situation actuelle, il existe une différence notable: la résiliation concernait un entrepreneur du secteur privé; aujourd'hui, nous sommes dans une relation entre deux États. D'après moi, avant qu'un gouvernement décide de s'abstenir, c'est probablement — je m'aventure peut-être ici, mais ce sont manifestement de grandes personnes — de peu de conséquences, parce qu'on s'est engagé, entre gouvernements, à acheter quelque chose. Entre le moment présent et cette éventualité, rien n'empêche, honnêtement, de lancer un concours.
:
La question concernait l'appel à un fournisseur exclusif pour l'entraînement en vol de l'OTAN. Je ferai un commentaire, puis j'en viendrai à la réponse de Denis Desautels à ce commentaire.
Et je pense qu'il n'y a probablement personne ici qui soit plus déterminé que moi à procéder à des achats en régime de concurrence, aussi bien dans mon poste actuel que dans le précédent où j'en étais responsable. Toutefois, s'il y a eu un cas où il aurait fallu octroyer un contrat sans concurrence, c'est bien celui-là. Grâce à l'esprit d'innovation et de créativité de l'industrie, nous avons trouvé une solution qui a permis d'économiser 56 millions de dollars aux contribuables jusqu'à présent, et cette économie pourrait très prochainement monter jusqu'à plus de 200 millions de dollars. Voilà pour le premier point.
En second lieu, vous devez savoir que cette initiative a été prise dans le respect absolu de l'accord commercial applicable, c'est-à-dire l'Accord sur le commerce intérieur, ainsi que la réglementation gouvernementale en matière de contrats. Si vous regardez l'alinéa 506.11a) de l'accord sur le commerce intérieur, vous constaterez qu'une urgence imprévisible...
:
Merci, monsieur le président.
Il y a quelque temps, à Winnipeg, dans un échange avec un journaliste du Globe and Mail, le premier ministre s'est fait poser la question suivante:
Dans son témoignage devant un comité de la Chambre, l'ex-sous-ministre adjoint aux achats à la Défense a déploré l'importante erreur que constituait un marché avec un fournisseur exclusif. D'après lui, un concours ouvert aurait permis d'obtenir le meilleur chasseur au plus bas prix en créant le plus d'emplois. Le chef libéral Michael Ignatieff propose de revoir le processus pour éventuellement le transformer en appel d'offres ouvert. Le mieux, pour les contribuables, ne serait-il pas de suivre les conseils de M. Ignatieff?
C'était la question.
Et la réponse du premier ministre se lit comme suit:
Précisons d'abord que l'individu dont vous parlez a formulé un avis très différent à l'époque où il était rémunéré pour le donner.
Pouvez-vous faire des commentaires à ce sujet, monsieur Williams?
:
J'ai une autre question.
Dans votre témoignage, vous avez parlé à quelques reprises d'obtenir le bon avion et à un excellent coût, dans tous les cas, en préconisant de bien comprendre ses besoins avant de signer un contrat et d'engager de telles dépenses. Vous avez parlé du processus que vous utilisiez antérieurement. Vous vous informiez du nombre d'avions à acheter et vous avez souligné le fait que si l'avion ne répondait pas aux priorités, on se trouvait en partie à gaspiller un montant faramineux. Vous en avez parlé plus d'une fois.
J'ai souvent constaté, notamment, que, en fait, la situation inverse se produit: on utilise ce que l'on a. Si on ne clarifie pas, pour le public, ses orientations en matière de politique étrangère et si on n'organise pas de débat sur cette question, on se retrouve avec les outils que l'on a. On fini par utiliser la technologie dont on dispose. En fait, la politique finit par suivre la technologie, plutôt que le contraire, ce qui cause vraiment un problème colossal qui ne se résorbe pas.
Avez-vous quelque chose à ajouter?
:
Non, mais nous en avons une assez bonne idée.
Et je profite de l'occasion pour souligner que les coûts à long terme associés à tout bien dépassent souvent le coût d'acquisition initial. Quand j'étais en poste, nous avions préparé des projections de coûts à long terme pour le soutien de l'équipement, en nous projetant 10 ou 15 années en avant, afin de donner à ce comité, de même qu'à l'industrie, une idée de ce que seraient les coûts. Vous voudrez peut-être en avoir une copie.
J'essaie tout simplement de dire que nous faisons les choses de façon plus judicieuse aujourd'hui. Lorsque nous avons acheté des hélicoptères récemment, nous nous sommes assurés que le contrat en question couvre l'achat initial ainsi que le soutien à long terme. Quand nous avons acheté les hélicoptères de recherche et de sauvetage, nous n'étions pas aussi astucieux et nous ne l'avons pas fait.
Aujourd'hui, si nous faisons des achats judicieux et éclairés, nous pouvons avoir une très bonne idée de ce que seront les coûts à long terme.
:
Voyons voir si je comprends bien votre question.
C'est tout à fait exact, je crois. C'est ce que j'ai entendu le ministre dire. Au lieu d'obtenir une garantie, nous nous créons un potentiel, et ce potentiel comprend des appels d'offres d'une valeur de 12 milliards de dollars. Lorsqu'on a la possibilité de présenter des soumissions pour des contrats d'une telle valeur, on est susceptible d'obtenir de 10 à 50 p. 100 des contrats. Si le passé est garant de l'avenir, la proportion devrait être de l'ordre de 30 ou 40 p. 100. Et je devrais vous dire que, même à l'époque où j'étais au ministère, nous avions estimé les retombées pour l'industrie à un montant variant entre 4 et 6 milliards de dollars, ce qui serait phénoménal, compte tenu de la petite somme que nous avons dépensée.
Alors, je crois que c'est tout à fait exact et que rien, dans le protocole d'entente de 2006, ne nous empêche de continuer de récolter de tels avantages. Cela dit, comme je l'ai indiqué, si l'on décide de ne pas acheter les avions, les entreprises qui auront décroché des contrats courront davantage de risques. Évidemment, je ne suis pas en train de vous proposer de ne pas les acheter, ni de vous retirer du contrat. Je suis seulement d'avis qu'il devrait y avoir un appel d'offres.
Franchement, si le gouvernement croyait pouvoir se prémunir ainsi contre certains risques, il n'avait qu'à décider d'attribuer le contrat à un fournisseur exclusif le 12 décembre 2006. Pourquoi attendre jusqu'à maintenant avant de s'engager sur cette voie? Rien n'a changé depuis lors. Mieux encore, le gouvernement aurait pu diffuser un appel d'offres le 12 décembre 2006. À l'heure qu'il est, le résultat serait déjà connu, et le contrat aurait pu être attribué à la suite d'un appel d'offres.
:
Nous entendons les militaires nous dire en public et devant notre comité que c'est le meilleur avion, que c'est le seul avion. C'est tout ce qu'on nous a dit jusqu'à maintenant.
La vérificatrice générale a fait une étude l'année dernière des achats urgents pour l'Afghanistan. Personne ne dit qu'il n'y avait pas de besoins urgents, mais apparemment, selon la vérificatrice générale, pour les véhicules blindés légers avec poste de tir télécommandé, le ministère de la Défense nationale a indiqué aux ministres que le véhicule déjà choisi par les militaires était le meilleur choix pour remplacer les véhicules G-Wagon et Bison, dotés d'une protection insuffisante. Mais des documents internes ont révélé que les véhicules blindés légers choisis n'étaient pas le meilleur choix et qu'on estimait plutôt qu'il fallait construire de nouveaux véhicules du genre.
Lorsqu'on entend quelqu'un dire qu'il n'y a pas de meilleur choix, comment pouvons-nous nous en assurer, nous les membres du comité, sans disposer d'un énoncé des besoins qui n'est rien d'autre que... ? Ce n'est pas que je manque de confiance envers les militaires simplement parce que ce sont des militaires. Cependant, j'aimerais que quelqu'un me dise pourquoi c'est le meilleur choix, selon lui. Je voudrais qu'on nous l'explique et qu'on nous montre l'énoncé des besoins. Nous savons, par exemple, que l'énoncé des besoins de l'aéronef à voilure fixe a fait l'objet d'une critique de 55 pages de la part du CNRC.
Il me semble que cet avion a été premièrement choisi, puis les spécifications ont été définies de manière à justifier le choix. C'est l'impression que j'ai et c'est ce que me dit mon jugement.
Risquons-nous de nous retrouver encore une fois dans la même situation? On nous dira: « Nous aimons cet avion, nous voulons un avion de cinquième génération. » Devrons-nous nous contenter de cet argument?
Vous avez parlé de ne rien cacher, monsieur Williams. Or, le programme d'acquisition de la prochaine génération d'avions d'attaque est ouvert et transparent. Il fait partie de la stratégie de défense Le Canada d'abord depuis 2008. Il existe manifestement depuis 1997. Le protocole d'entente est sur le site Web depuis 2007. Il n'y a rien de secret.
Ce qui m'inquiète, franchement, c'est l'histoire des hélicoptères Sea King: 17 ans, 600 millions de dollars par année, et nous n'avons toujours pas un avion. C'est un problème qui a engendré des coûts élevés et des conséquences néfastes. Mais je vous dirais que, si nous revenons sur notre décision dans le dossier des avions d'attaque, le coût pour notre industrie, le préjudice pour notre réputation et le désavantage de ne pas disposer du matériel volant dont nous avons besoin d'ici 2050, voire au-delà, seraient catastrophiques pour l'industrie canadienne et pour notre capacité à nous acquitter de nos obligations militaires au cours des 30 à 40 prochaines années.
:
Je vous répondrais seulement que je suis très fier de la manière canadienne de faire les choses, de nos méthodes et des gens qui les appliquent. Je n'ai jamais douté un instant que si nous lancions un appel d'offres, la démarche se ferait très efficacement.
Permettez-moi de faire valoir un autre argument. Il est intéressant de constater qu'au moment même où nous parlons de faire un achat avec un fournisseur exclusif, les États-Unis viennent d'adopter, l'année dernière, la loi de 2009 sur la refonte de l'acquisition des systèmes d'armement, qui a été signée par le président, comme vous le savez probablement. Je crois que la loi a reçu l'appui unanime de la Chambre et du Sénat. Elle contient un passage très intéressant: « Le secrétaire à la Défense doit veiller à ce que le plan d'acquisition de chaque grand programme d'acquisition de la défense comprenne des mesures pour faire jouer au maximum la concurrence au niveau des contrats principaux et de la sous-traitance [...] »
Lorsque j'étais au ministère, nous nous enorgueillissions des méthodes canadiennes. Nous nous efforcions de faire jouer la concurrence le plus possible, parce qu'il s'agit de la façon intelligente de faire les choses. Je le soulignais toujours à mes homologues étasuniens. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les rôles sont inversés. Ce sont eux qui exigent qu'il y ait des appels d'offres, tandis que nous nous contentons de faire des achats avec un fournisseur exclusif.