Au nom de l'Association of Manitoba Municipalities, qui représente l'ensemble des 198 municipalités, nous tenons à vous remercier de nous donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
L'administration municipale a joué un rôle très important dans le plan de stimulation du Canada. Les municipalités manitobaines ont travaillé d'arrache-pied pour en faire un succès et elles veulent s'assurer que chaque dollar permet de créer des emplois et de soutenir nos économies rurales et urbaines en vue de renforcer la province et le pays.
Comme nous le savons tous, nous venons de vivre une des pires crises économiques depuis la Grande Dépression. Les recherches montrent que la meilleure façon de créer des emplois et de stimuler l'économie est d'investir dans les infrastructures. D'après les recherches, l'investissement dans les infrastructures est deux fois plus efficace contre la récession que les baisses d'impôt.
Dans les semaines qui ont précédé l'annonce du plan d'action économique du gouvernement, les municipalités au Manitoba ont dressé une liste de nombreux projets prêts à exécuter. Les municipalités au Manitoba et dans l'ensemble du pays étaient prêtes à retrousser leurs manches. En janvier 2009, nous avons applaudi la décision du gouvernement de faire des infrastructures la pierre angulaire du plan d'action économique. Dans les mois qui ont suivi, on a débloqué en un temps record de nouveaux fonds, mais des difficultés sont apparues.
La négociation des accords de financement, la conception des programmes et l'approbation des projets dans l'ensemble des provinces et territoires ont pris du temps au gouvernement. Ces difficultés ont créé des retards, que nous essayons toujours de gérer. Chose certaine, l'Association of Manitoba Municipalities accueille favorablement l'engagement pris par le gouvernement fédéral d'être juste et raisonnable en ce qui concerne la date limite fixée pour les projets réalisés dans le cadre du Fonds de stimulation de l'infrastructure.
En 20 mois, nous avons accompli beaucoup de choses au Manitoba: 73 projets municipaux ont été approuvés, pour un coût total de 75,5 millions de dollars. Dans le cadre du Fonds Chantiers Canada, sous le volet collectivités, 22 projets ont été approuvés, pour un total de 54,4 millions de dollars.
Dès que le gouvernement a donné le feu vert à tous les accords au Manitoba, les municipalités manitobaines ont travaillé d'arrache-pied pour s'assurer que ces fonds de stimulation portent fruit dans leurs collectivités. Infrastructure Canada a travaillé étroitement avec le Manitoba pour le contrôle de ces projets et a constaté que l'immense majorité des projets se déroulaient comme prévu.
Notre association est en liaison étroite avec ses membres. D'après ce que ces derniers nous disent, presque partout, les projets se déroulent comme prévu ou ont pris de l'avance. Toutefois, il y a des collectivités au Manitoba où les projets, au départ, ont été exceptionnellement retardés. Sans que ce soit leur faute, les municipalités manitobaines ont dû faire face à des situations comme des pluies torrentielles, des retards dans les approbations provinciales et des autorisations tardives pour essayer de respecter la date limite fixée. Au Manitoba, sur les 73 projets approuvés, quatre sont à risque et un ne sera pas achevé. Sur les 22 projets du volet collectivités, deux sont à risque et un ne sera pas achevé.
Au Manitoba, la plupart des budgets ont été établis lorsque le Fonds de stimulation de l'infrastructure et le Fonds Chantiers Canada ont été annoncés; autrement dit, les dépenses n'étaient pas incluses dans les plans financiers municipaux. Il a donc fallu prendre part à une audience supplémentaire du conseil municipal pour obtenir une autorisation d'emprunt ainsi qu'à des audiences publiques, d'où les retards malencontreux.
C'est l'un des problèmes que nous observons au Manitoba: les règlements et les retards à l'échelle provinciale. Quand on doit respecter des échéances critiques, ce genre de facteurs influent vraiment sur notre capacité de mener à bien ces projets, parce que même si on s'adresse au conseil municipal pour faire adopter un règlement d'emprunt, le conseil municipal a jusqu'à 90 jours pour prendre sa décision, ce qui retarde les projets. Ainsi, les municipalités ne savent pas si leur demande d'emprunt va être approuvée ou non. En ce qui concerne les règlements provinciaux, comme les approbations environnementales du conseil routier, ce sont là des étapes nécessaires dans le cadre du processus, mais on a observé qu'elles constituent également des obstacles par rapport à des échéances critiques. C'est ce que nous constatons au Manitoba.
Pendant que le Canada traversait certains des jours les plus sombres de la récession, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont travaillé ensemble pour aider le pays à s'en sortir. Les choses ne se sont pas déroulées et ne se dérouleront jamais parfaitement, surtout quand on affronte une crise mondiale. En ce qui concerne la date limite accordée aux projets, nous saluons la promesse fédérale de faire preuve d'équité et de raison.
Nous avons deux recommandations à faire au gouvernement pour qu'il tienne sa promesse.
Premièrement, le gouvernement devrait s'engager immédiatement à faire preuve de souplesse chaque fois qu'une collectivité qui a travaillé fort pour respecter le délai a besoin de plus de temps pour terminer les projets entrepris dans le cadre du Fonds de stimulation de l'infrastructure. Il devrait encourager la province du Manitoba à faire de même.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral et le gouvernement du Manitoba devraient donner instruction à leur fonction publique de commencer à travailler avec chaque collectivité pour modifier, au besoin, le calendrier des travaux.
Pour conclure, jusqu'à maintenant, les trois partenaires du programme de stimulation — le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux-territoriaux et les administrations municipales — se sont montrés flexibles quand il le fallait. Le gouvernement fédéral a fait preuve de souplesse au moment de travailler avec chaque province et territoire pour concevoir des programmes de relance adaptés aux besoins particuliers des régions.
Les municipalités, quant à elles, se sont montrées flexibles quand elles ont attendu des mois, et parfois même jusqu'à un an, pour que tous les paliers de gouvernement approuvent les projets. L'échéance du plan de stimulation approche, et il est clair que la souplesse demeure essentielle à son succès.
Après la relance, nous ne pourrons pas dire que le problème est réglé. Nous devons examiner en rétrospective le programme de stimulation et les leçons tirées en vue d'élaborer un plan à long terme d'investissement dans l'infrastructure de nos collectivités. Nous devons utiliser ce que nous avons appris pour faire le bilan de nos besoins à long terme en infrastructure et ébaucher les programmes fédéraux d'infrastructure de la prochaine génération. Ainsi, quand les perspectives financières seront meilleures, nous serons en mesure de protéger les gains récents et de nous doter de l'infrastructure qu'il nous faut pour nous épanouir dans le Canada du XXIe siècle.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je trouve toujours un peu étrange qu'on essaie d'imputer la faute aux municipalités.
[Traduction]
Vous avez fait vos devoirs. Je pense que nous devons faire preuve de flexibilité point à la ligne. C'est une question de cas par cas, mais je crois que parce que vous avez fait vos devoirs, vous méritez d'avoir cette flexibilité.
[Français]
J'aimerais poser quelques questions.
[Traduction]
Nous avons dit « juste et raisonnable »
[Français]
Si vous obtenez ce prolongement, ça va sûrement avoir des répercussions sur l'année prochaine. Si vous ne l'obtenez pas, ça va nuire un peu à votre planification pour l'année prochaine. Comment vous organisez-vous face à tout ça? On a l'impression, avec raison, que vous êtes présentement dans une zone grise. Si vous n'avez pas de nouvelles, que vous devez quand même faire le travail et que celui-ci n'est pas terminé, ça va avoir des répercussions sur les travaux des années suivantes.
En tant qu'association de municipalités, comment prévoyez-vous répondre aux besoins de votre population? J'ai toujours pensé que, par rapport aux autres gouvernements, les municipalités étaient les plus proches des citoyens. Dans certains cas, Ottawa est loin. En plus de vous servir de la pelle, vous allez peut-être la recevoir.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Permettez-moi d'abord de féliciter nos partenaires municipaux. Au cours des deux dernières années, je pense qu'ils ont accompli un travail immense en faisant leur part pour transformer une idée en réalité, pour fouetter l'économie juste dans le bon créneau. Je crois que c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas recensé de problèmes généralisés dans l'ensemble. Il s'agit certainement d'une des raisons qui font que nous ne parlons pas d'un ensemble de problèmes pour les municipalités en ce qui concerne ces projets. Nous connaissons un grand succès, et je veux donc féliciter nos partenaires.
Je veux aussi féliciter les associations d'avoir soutenu avec constance l'importance de respecter l'échéance. De cette façon, elles ont bien sûr contribué à garder les projets sur leur lancée et ainsi permettre qu'ils soient menés à terme, donc nous leur en sommes très reconnaissants.
Si vous me permettez, monsieur Dobrowolski, je veux juste apporter une petite correction en ce qui concerne les projets liés au FSI et au programme ILC. L'objectif principal n'est pas de s'occuper du déficit d'infrastructure, mais de la relance et de la création d'emplois pendant la récession que nous traversons, et parvenir à stimuler l'économie dans ces deux années. Il s'ensuit que nous nous occuperons par le fait même du déficit d'infrastructure.
Nous avons déjà eu le FCC, un programme de sept ans qui portait sur des questions concernant le déficit d'infrastructure à long terme. C'est pourquoi nous avons mis en place le FCC et introduit la pérennité du Fonds de la taxe sur l'essence. Je voulais seulement être certain que nous étions d'accord sur le fait que les projets liés au FSI et le programme ILC visaient à atténuer les effets de la récession mondiale et à contribuer à créer des emplois dans les collectivités du Canada.
Si on parle du contexte, pour être sûr que je comprends bien, combien de municipalités font partie de votre association?
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Merci, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et mesdames et messieurs les députés.
C'est avec empressement que l'Union des municipalités du Québec a accepté l'invitation à participer, de nouveau, aux travaux du comité parlementaire sur les répercussions de la date limite fixée au 31 mars 2011 en ce qui concerne les projets d'infrastructures de relance économique.
Lors de ma présentation devant vous en juin dernier, j'avais mis en garde les membres de votre comité quant aux différents problèmes liés au maintien de la date limite du 31 mars 2011 pour les municipalités québécoises.
Aujourd'hui, je peux vous confirmer que les craintes exprimées en juin dernier par l'UMQ étaient fondées. En effet, si le gouvernement ne démontre aucune flexibilité au sujet de la date limite, un grand nombre de municipalités seront pénalisées et plusieurs projets seront compromis.
L'UMQ a pour mission de promouvoir le rôle fondamental des municipalités dans le progrès social et économique de l'ensemble du territoire québécois et de soutenir ses membres dans la construction de milieux de vie démocratiques, innovants et compétitifs.
L'UMQ a salué plusieurs fois l'importance du Plan d'action économique du gouvernement dont les investissements en infrastructures ont permis d'entreprendre le rattrapage du déficit en infrastructures municipales, estimé à plus de 18 milliards de dollars en 2003.
Cet enjeu est une priorité de l'Union des municipalités depuis plusieurs années. À la lumière du sixième rapport économique de septembre 2010, présenté par le ministre des Finances,, il est évident que le Plan d'action économique du Canada a été bénéfique pour l'économie et pour les infrastructures.
II faut cependant souligner, comme l'ont fait à plusieurs reprises les ministres du gouvernement du Canada, que sans l'action rapide des municipalités dans la mise en chantier de plusieurs projets d'infrastructures, les effets de la crise économique auraient été beaucoup plus lourds.
Uniquement pour les mesures de stimulation économique, c'est près de 1 000 projets que les municipalités du Québec ont mis en place, ce qui représente des investissements frôlant le milliard de dollars. L'apport des municipalités dans la réussite du programme est indéniable.
Les municipalités ont répondu présentes à l'occasion de la mise en oeuvre du plan. Aujourd'hui, elles espèrent que le gouvernement du Canada répondra présent en acceptant sa demande visant plus de flexibilité.
En deux mots, nous espérons que ce partenariat bien amorcé pourra se poursuivre agréablement.
Il ne faut pas se laisser impressionner par le récent rapport économique qui dresse un portrait fort optimiste de la mise en oeuvre du Plan d'action économique. Ce rapport souligne que 97 p. 100 des travaux entrepris dans le cadre du Plan d'action sont en cours de réalisation ou terminés.
Toutefois, le portrait est fort différent au Québec. En effet, selon les données recueillies par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire du Québec, en date du 30 août dernier, seulement 38 p. 100 des travaux avaient été entrepris et aucun montant des enveloppes financières n'avait encore été remboursé aux municipalités.
Dans le cadre du programme PRECO, 70 p. 100 des projets dits à risque le sont faute de temps, puisque la deuxième couche d'asphalte doit être réalisée en deux étapes séparées par rapport à la période du gel et du dégel.
C'est d'ailleurs le principal problème auquel la ville de Laval est confrontée, alors qu'une quinzaine de projets seront hors délai, ce qui représente des pertes de plusieurs millions de dollars pour la municipalité.
Après une vaste consultation de ses membres, I'Union des municipalités confirme que la situation de Laval n'est pas un cas isolé, puisque les résultats de l'enquête abondent dans le même sens un peu partout au Québec. En effet, les premiers résultats démontrent que plus de 80 projets, répartis dans une quarantaine de municipalités, risquent d'être terminés hors délai, ce qui compromet un investissement d'un peu plus de 100 millions de dollars en travaux.
Les municipalités du Québec sont à pied d'oeuvre pour terminer leurs travaux, mais elles ne doivent pas être pénalisées si elles ne peuvent finir à temps, et cela, pour plusieurs raisons.
D'abord, elles ont subi les retards occasionnés par les longues négociations entre le gouvernement du Canada et celui du Québec. Des quatre ententes-cadres Canada-Québec, deux ont été signées aussi tard qu'à la fin de janvier 2010, soit près d'un an après la mise en place du Plan d'action économique. Cela veut dire qu'une fois le processus légal d'adjudication des contrats terminé, il ne restait que quelques mois aux municipalités pour compléter l'ensemble de leurs travaux.
Ensuite, les municipalités conjuguent avec la surchauffe dans l'industrie de la construction, accentuée par l'imposition de cette date limite. Ainsi, dans certaines régions du Québec, des entrepreneurs sont en pénurie de matériaux. Dans la grande région de Montréal, ce sont les regards d'égout qui commencent à manquer. À la grandeur du Québec, c'est l'approvisionnement en tuyaux temporaires d'alimentation en eau qui fait défaut. Victimes de la pénurie, les municipalités doivent utiliser d'autres matériaux et d'autres façons de faire, et ce, en absorbant les coûts et les délais supplémentaires. C'est notamment le cas de la ville de Beauharnois.
Ailleurs, les municipalités sont victimes de carnets de commandes remplis des entrepreneurs et doivent parfois relancer un appel d'offres, faute d'avoir reçu des soumissions pour leurs projets. C'est le cas, notamment, de la municipalité de Roberval, qui a dû conjuguer avec le désistement du plus bas soumissionnaire à l'occasion du premier appel d'offres, ce dernier étant débordé et ne pouvant pas satisfaire à la date de tombée. Forcée de lancer un autre appel d'offres, la municipalité de Roberval est présentement confrontée au fait qu'aucune soumission ne lui a été faite cette fois-ci.
Il est important de spécifier que le programme PRECO, qui vise à réhabiliter des infrastructures d'eau, est un programme propre au Québec. Il est donc normal que ces situations soient vécues uniquement au Québec. L'ajout d'une date limite n'a pu qu'accentuer ces problèmes.
Finalement, rappelons que la rigueur de l'hiver réduit de plusieurs mois la période de réalisation des travaux de voirie un peu partout au Canada, bien sûr, mais nous n'y échappons pas du tout au Québec.
L'Union des municipalités du Québec porte aujourd'hui le message de ses membres, des municipalités de toutes tailles dans toutes les régions du Québec, représentant plus de 5 millions de Québécois et de Québécoises. L'Union des municipalités du Québec demande au ministre Flaherty, qui affirmait que le gouvernement du Canada se montrerait « juste et raisonnable », un engagement beaucoup plus ferme pour rassurer les municipalités québécoises.
De son côté, le gouvernement du Québec a pris l'engagement de maintenir sa contribution financière au-delà du 31 mars 2011. De plus, l'Assemblée nationale a adopté une motion appuyant la demande des municipalités dans ce dossier. L'Union espère que ces gestes inspireront le gouvernement du Canada.
En terminant, l'Union des municipalités du Québec réitère sa demande au gouvernement fédéral de permettre aux municipalités ayant déjà entamé leurs travaux de les compléter au-delà de la date limite du 31 mars, et de bénéficier tout de même de la contribution financière qui était prévue par le gouvernement du Canada. L'Union croit qu'il s'agit d'une demande légitime, étant donné le contexte et la réalité dans laquelle elle s'inscrit. Une réponse positive favorisera la consolidation de la reprise économique au Québec et au Canada et profitera à tous les citoyens du Canada.
Monsieur le président, je vous remercie.
Messieurs les membres du comité, je vous remercie de votre attention.
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Bonjour à tous, messieurs les parlementaires, monsieur Vaillancourt.
Sans reprendre le discours que vient de prononcer M. Vaillancourt, je dirai qu'il est évident que les appréhensions que la Fédération Québécoise des Municipalités exprimait lors de sa dernière comparution semblent vouloir malheureusement se concrétiser.
À quelques semaines seulement de la période hivernale, qui entraînera la fin obligée des travaux d'infrastructures, les municipalités doivent encore et toujours composer avec cette fameuse date butoir, qui devient de plus en plus préoccupante quant à la capacité réelle de compléter les travaux annoncés.
Je ne veux pas reprendre les statistiques énoncées par M. Vaillancourt, or on constate que moins de 40 p. 100 des travaux qui avaient été entrepris par les municipalités en date du 16 septembre dernier étaient terminés. Vous comprendrez que, de toute évidence, les préoccupations croissent au fur et à mesure que le temps s'écoule.
Les éléments de conjoncture s'accumulent pour freiner la capacité des mille municipalités membres de la FQM de réaliser les travaux. C'est presque de la cruauté mentale qu'on fait subir aux municipalités, dans la mesure où des projets sont actuellement reconnus et leur financement est confirmé par des protocoles. On se retrouve de plus en plus devant l'angoisse de la fin de la période imposée par le programme, ce qui fera probablement en sorte que des centaines de projets partout au Québec ne se réaliseront pas, et ce, pour toutes sortes de raisons. Il peut être question de délais liés à la réalisation de ces différents travaux, ou encore d'autorisations qui sont requises auprès de différents ministères, par exemple celui de l'Environnement, ou auprès de la Commission de la protection du territoire agricole, dans le cas des travaux qui touchent ces zones.
Dans le contexte actuel de la surchauffe, où les soumissions sont souvent considérablement plus élevées que les estimations de départ, toutes sortes de situations mènent des municipalités, dans bien des cas, à devoir malheureusement conclure à l'impossibilité de réaliser ces travaux. Ce constat est également partagé par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui arrive elle-même aux mêmes conclusions.
À l'heure actuelle, il y a encore des appels de propositions lancés par les municipalités. On comprendra que, dans le contexte de cette échéance inexplicable et injustifiable, plusieurs soumissionnaires ne se risquent pas à déposer des soumissions, étant donné le risque de pénalité important qui se présente à plusieurs d'entre eux. Le dépôt des propositions s'en trouve donc limité.
Il y a aussi le problème des matériaux qui devient de plus en plus préoccupant. La surchauffe qui avait été annoncée le printemps dernier nous a maintenant rattrapés de plein fouet. Les délais de livraison, devenus courants du fait que les matériaux sont de plus en plus rares, causent un stress important et nuisent à la capacité de réaliser les travaux.
Dans ce contexte, vous comprendrez que la résolution de la Fédération Québécoise des Municipalités, qui demande le report de cette date butoir et qui a été adoptée par l'assemblée générale qui s'est tenue à la fin de septembre dernier, est tout à fait à propos.
On semble dire que la crise économique est derrière nous. Quand on constate les difficultés dans bien des régions et territoires québécois, on comprend que la reprise économique n'est pas toujours au rendez-vous. On a encore besoin de ce programme d'infrastructures pour stimuler l'économie. Le gouvernement fédéral veut nous faire croire à la fin de la récession. C'est la vision qu'il obtient lorsqu'il met ses lunettes roses, mais il faut s'en distancier un peu.
M. Denis Lebel était également présent au discours d'ouverture de la Fédération Québécoise des Municipalités. Il a très bien pris acte de la demande unanime des membres réunis en congrès en vue de reporter la date butoir. M. Lebel s'était d'ailleurs engagé, à la fin de septembre, à porter auprès de son gouvernement le message exprimé très clairement par la Fédération Québécoise des Municipalités, de façon à lever les contraintes liées à ce programme.
Ce qu'on demande, en fait, c'est que pour tous les projets qui ont été annoncés, 100 p. 100 des sommes annoncées puissent être dépensées au-delà de cette fameuse date butoir. Objectivement, rien ne justifie cette date butoir. Lorsqu'un protocole est déposé à une municipalité et signé par le gouvernement, c'est de l'argent en soi qui est réservé pour le projet. Quelle difficulté poserait la réalisation de ce projet dans des délais normaux et acceptables, plutôt que de précipiter des projets dont la qualité risque d'être hypothéquée? Qu'on se donne les conditions pour réaliser ces projets dans les meilleurs délais, au-delà de la date butoir, bien sûr. Voyez-vous, on a un hiver à passer d'ici à la fin de ce programme, et cet hiver est un obstacle majeur à la possibilité de réalisation de ces projets.
Plus particulièrement, dans ma propre municipalité, j'ai reçu récemment un protocole signé pour un centre des loisirs. C'est un projet de 1,5 million de dollars. C'est peu, me direz-vous, mais c'est important pour mon milieu. J'ai reçu ce protocole le 5 octobre 2010 assorti de l'obligation de réaliser ce projet d'ici au 31 mars. Comment voulez-vous, objectivement, que j'entreprenne une démarche de règlement d'emprunt et de plans et devis, qu'on fasse la construction en hiver et que tout ça soit terminé au plus tard le 31 mars? Ce qu'on demande, c'est que les sommes engagées par les protocoles soient entièrement dépensées. Il est inacceptable qu'on laisse sur la table de telles sommes. Plusieurs centaines de millions de dollars risquent d'être périmés à cause de cette obstination à maintenir une date butoir.
La liste de municipalités aux prises avec des difficultés de réalisation de ces projets pourrait s'allonger très longuement. La proportion de 40 p. 100 des travaux actuellement autorisés illustre à elle seule l'écart qu'il nous reste à franchir entre les projets engagés et le 31 mars. Il faut donc absolument que cette hypothèque soit levée dans les meilleurs délais.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Généreux et monsieur Vaillancourt, bienvenue au comité.
J'ai eu le bonheur et le privilège d'assister à la fois au congrès de l'Union des municipalités du Québec et à celui de la Fédération Québécoise des Municipalités, et d'emblée, la première chose qu'on doit dire, c'est que vous ne demandez pas la charité, mais de la flexibilité. Vous êtes le gouvernement le plus proche du peuple. Vous savez que vous avez une influence directe sur la qualité de vie des gens. Je trouve totalement inacceptable de voir un gouvernement fédéral se fermer de cette façon et même donner l'impression, quand on pose des questions à la Chambre, que le Québec se trouve d'un bord et que ça va bien ailleurs, comme si nous étions des chiâleux au Québec, alors que ce n'est pas ça du tout. Les ministres sont bien contents, cependant, de se rendre aux cérémonies d'inauguration pour couper des rubans ou pour aller vous voir.
J'adresse ma première question à monsieur Généreux, et peut-être à monsieur Vaillancourt également. Les ministres parlent maintenant de trouver une solution équitable et raisonnable. Cela veut dire bien des choses. Avez-vous eu un suivi de la rencontre avec M. Lebel? Est-ce qu'on vous a dit, finalement, que la faute principale revenait au dédale administratif et à la bureaucratie, notamment au palier du gouvernement du Canada? Avez-vous fait un suivi auprès de cet ancien maire de Roberval, qui devrait comprendre comment fonctionne une municipalité, étant donné que c'est à côté de Saint-Félicien?
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Merci, monsieur Coderre.
D'abord, je dois vous dire que M. Lebel, que j'ai rencontré pas nécessairement lors d'un congrès, mais lors d'une autre réunion, semblait très ouvert. Très récemment, j'ai rencontré le ministre Strahl qui a indiqué qu'il était vraiment à la recherche d'une solution basée sur l'équité.
On sait ce qui s'est produit au Québec: la négociation n'a pas été faite entre les municipalités et le gouvernement fédéral comme la loi l'exige, soit entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral. Nous n'avons reçu les autorisations et nous n'avons été mis au courant des normes du programme qu'à la fin de janvier de cette année, dans certains cas. Or, on ne peut pas faire ce qui est impossible.
La recherche de l'équité laisse entrevoir une question. Si 97 ou 98 p. 100 des provinces ont réussi à respecter l'échéance, il n'y a donc qu'une seule exception: le Québec. Les raisons sont facilement compréhensibles, et vous les connaissez. Pourquoi les municipalités québécoises devraient-elles fournir, par l'entremise des impôts fonciers, une plus grande contribution au plan de relance économique de leur gouvernement? Ce serait très inéquitable.
Qu'on nous donne donc d'autres délais, et qu'on fasse en sorte qu'on puisse les respecter. Je répète que si les municipalités du Canada n'avaient pas eu de projets, le plan de relance aurait probablement été un très grand échec. Il faut des gens qui ont des projets d'infrastructures. Le gouvernement municipal est toujours celui qui est le plus près des citoyens et qui est le plus essentiel, d'ailleurs, à leur vie quotidienne. Il n'y a pas de mauvaise volonté. Les municipalités québécoises n'ont pas perdu leur temps, mais elles n'ont pas été capables de rattraper le temps qui avait été perdu. Elles sont devant vous aujourd'hui pour éviter d'être pénalisées, et pour éviter que l'impôt foncier ne devienne plus lourd à porter pour les contribuables québécois que pour les contribuables canadiens des autres provinces et des autres villes.
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D'abord, je voudrais vous dire que le Plan d'action économique du Canada a été une très bonne chose pour le monde municipal. Je l'ai dit l'année dernière, quand je suis venu. Je l'ai répété sur plusieurs tribunes. C'était la bonne décision à prendre. Alors, bravo et félicitations pour cela.
L'année dernière, je vous ai dit que je comprenais qu'il fallait une date butoir tout de suite, pour s'assurer que tout le monde comprend bien qu'il y a une fin et qu'il faut arriver à la ligne de fin de parcours.
Ce matin, je suis venu vous dire qu'à mon avis, on a besoin de flexibilité. Le , que j'ai rencontré, semblait de notre avis. On a besoin de trouver une solution équitable et, finalement, acceptable pour tout le monde.
Monsieur Généreux, si le programme a très bien fonctionné dans 97 p. 100 des cas, ceux qui ont réussi à y arriver ne pourraient pas s'en déclarer insatisfaits aujourd'hui. Par exemple, dans le cas de tous les travaux effectués chez nous et pour lesquels les exigences ont été remplies, je suis tout à fait heureux.
Pour une trentaine ou peut-être une quarantaine de millions de dollars, pourquoi ne pas trouver la flexibilité nécessaire afin de ne pas être appelés à payer de la poche municipale ces 30 à 40 millions de dollars?