Que, de l’avis de la Chambre, le premier ministre ne recommande pas au gouverneur général de proroger la session d’une législature de plus de sept jours civils sans une résolution expresse de la Chambre des communes en ce sens.
-- Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est alloué avec le député d'.
Après avoir promis aux Canadiens le début d'un temps nouveau à Ottawa, le gouvernement rend moins de comptes au Parlement que tout autre gouvernement auparavant. Il a ignoré des motions du Parlement, restreint l'accès à l'information comme jamais auparavant, et même fait la sourde oreille à des ordres du Parlement lui enjoignant de partager avec les parlementaires des documents importants pour l'intérêt public. Assez, c'est assez.
[Français]
Nous devons absolument établir à nouveau clairement les principes de base de notre système démocratique. Le principe de la responsabilité ministérielle est fondamental. Pour le , cela signifie devoir rendre des comptes au Parlement. Et rendre des comptes, cela commence en s'assurant que le ne puisse pas abuser de ses pouvoirs: au premier chef, le pouvoir de mettre le cadenas sur les portes du Parlement et de suspendre les travaux de ceux et celles qui ont été élus par les citoyens pour les représenter et pour leur donner une voix.
C'est le but de notre motion.
[Traduction]
Dans notre démocratie, c'est le peuple qui commande. Le semble l'avoir oublié. Les parlementaires élus doivent rendre des comptes aux Canadiens, et le premier ministre aux parlementaires, et non l'inverse.
Il y a deux mois, des milliers de Canadiens se sont rassemblés sur la Colline du Parlement pour condamner la dernière prorogation. À cette occasion, nous avons entendu Arlene Plante. Elle avait travaillé pour Nortel pendant des années. Elle risque de perdre ses prestations d'invalidité de longue durée. Elle a dit qu'elle allait être sans ressources même si les grands patrons de Nortel s'accordaient d'énormes primes. Nous aurions pu faire quelque chose à ce sujet ici même, à la Chambre des communes, mais le avait mis la clé sous la porte.
À cause de cette prorogation du Parlement, les députés n'ont même pas pu débattre d'une mesure législative qui aurait pu protéger des travailleurs qui, comme Arlene, ont tant à perdre dans la faillite de leur employeur.
À cause de cette prorogation, nous n'avons pas pu demander au gouvernement de rendre des comptes à ces centaines de milliers de Canadiens dont les prestations d'assurance-emploi touchaient à leur fin et qui se dirigeaient vers une plus grande pauvreté et le piège de l'aide sociale. Nous n'avons pas pu lui demander de rendre des comptes à ces jeunes Canadiens de partout au pays qui souhaitaient que le Canada joue vraiment un rôle de chef de file dans la lutte aux changements climatiques. Ils ont été déçus des initiatives, ou plutôt du manque d'initiative, du gouvernement.
Nous devons faire en sorte que ce genre de chose ne se reproduise plus. C'est là l'objectif de notre motion.
[Français]
Y a-t-il des moments où le pouvoir de prorogation pourrait être utilisé de manière appropriée? Certainement.
Traditionnellement, la prorogation donne à un gouvernement qui arrive à la fin de son programme législatif la possibilité d'en lancer un nouveau. Qu'en est-il des deux prorogations demandées et obtenues par ce en l'espace d'un an? Résistent-elles à l'examen de cette tradition parlementaire? Sont-elles alignées sur les principes de notre système démocratique? Certainement pas, au contraire.
[Traduction]
Le du Canada a abusé de son pouvoir lorsqu'il a prorogé le Parlement les deux dernières fois. Ces deux prorogations ont servi des intérêts partisans puisque le gouvernement a pu éviter de rendre des comptes aux représentants élus par une majorité de Canadiens. C'est inacceptable.
Il y a quinze mois, le gouvernement allait essuyer une défaite imminente, parce qu'il ne réagissait pas à la crise économique, alors il a prorogé le Parlement. Il y a trois mois, le gouvernement devait répondre à des questions difficiles concernant sa tentative de camoufler le rôle qu'il aurait joué dans l'affaire des prisonniers transférés, puis torturés.
Dans les deux cas, le gouvernement n'a pas prorogé le Parlement parce qu'il avait épuisé son programme législatif. Au contraire, des dizaines de projets de lois, auxquels les députés avaient consacré beaucoup de travail, sont morts au Feuilleton.
Ce qui a motivé ces deux prorogations, c'est la crainte du d'avoir à rendre des comptes à la Chambre.
Les deux prorogations allaient à l'encontre de la volonté des députés élus, lesquels n'ont pas eu la possibilité d'exprimer leur volonté dans le cadre d'un vote, de confiance ou autre.
Dans les siècles passés, les rois avaient tendance à exercer un pouvoir absolu, à abuser de leur pouvoir exactement de cette façon, et c'est justement la raison pour laquelle les assemblées élues ont défendu leur droit d'exiger des comptes aux premiers ministres, à leur cabinet et à leur exécutif. C'est un élément fondamental de notre système démocratique.
Notre n'est pas un roi et il est temps qu'il le comprenne. Il ne semble pas saisir le message. Il a abusé de ses pouvoirs et il ne faut pas que cela se reproduise. C'est l'objectif de notre motion.
[Français]
Notre motion stipule:
Que, de l’avis de la Chambre, le premier ministre ne recommande pas au gouverneur général de proroger la session d’une législature de plus de sept jours civils sans une résolution expresse de la Chambre des communes en ce sens.
Voilà une proposition concrète, raisonnable et constructive. Selon nous, cette proposition prend en considération les opinions exprimées par les députés des trois partis d'opposition. Je remercie donc les deux autres partis pour leur contribution. J'attends avec intérêt leur participation à ce débat.
Notre motion permet au de remettre le menu législatif à zéro, mais elle l'empêche d'utiliser ce pouvoir afin de fuir ses responsabilités devant les élus du peuple.
C'est une proposition concrète, constructive et raisonnable qui répond au souhait exprimé par des centaines de milliers de personnes qui ont manifesté, il y a quelques semaines, pour que les portes de leur Chambre demeurent ouvertes.
[Traduction]
Voici ce que Mark Walters, de la faculté de droit de l'Université Queen's, a dit au sujet de la convention sur la prorogation:
[…] on ne peut pas oublier les liens entre le premier ministre, la suprématie de la Chambre des communes et la souveraineté du peuple […] Il y a de bonnes raisons de croire qu'un premier ministre qui se sert de la convention pour ébranler et non maintenir la suprématie des élus se trouve à violer celle-ci.
Le tenait les mêmes propos lorsqu'il était dans l'opposition. Il a dit que tout premier ministre a l'obligation morale de respecter la volonté de la majorité des députés à la Chambre des communes. Soit il ne le pensait pas à l'époque, soit cela lui est complètement sorti de la tête ou alors l'exercice du pouvoir a tellement influencé sa perception qu'il a décidé de faire fi de ses responsabilités à l'égard du processus démocratique. Je crains qu'il veuille se soustraire à ses responsabilités et c'est pourquoi nous devons présenter une telle motion.
En adoptant la motion que nous présentons aujourd'hui, nous informons les gouverneurs généraux que le peuple, par l'intermédiaire de la Chambre, a maintenant l'intention d'exprimer sa position sur les prorogations importantes, au moyen d'un vote clair.
En adoptant la motion que nous présentons aujourd'hui, nous répondons à l'appel de centaines de milliers de Canadiens, d'un bout à l'autre du pays, qui se sont rassemblés, en personne ou en ligne, lors de rassemblements populaires et dans nos voisinages, et qui continuent de nous écrire chaque semaine.
En adoptant la motion que nous présentons aujourd'hui, nous garantissons que le Parlement travaillera pour le peuple.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir intervenir au sujet de notre motion.
Le mot clé qui sous-tend la motion est « abus ». Nous ne proposons pas de priver le premier ministre du droit de proroger. Comme le chef de mon parti l'a dit, nous reconnaissons que la prorogation est un élément important dans une démocratie parlementaire et qu'on y a souvent recours de façon appropriée. En fait, dans ma province, l'Ontario, l'assemblé législative a été prorogée récemment. Je soupçonne qu'il avait été prévu initialement que la prorogation soit plus longue et que cela a été changé, mais je ne siège plus à l'Assemblée législative de l'Ontario et je ne veux pas m'ingérer dans ses affaires. Quoi qu'il en soit, ce que je veux souligner, c'est que la prorogation a duré quatre jours, ce qui correspond à ce que nous proposons.
Je n'ai pas entendu un seul électeur ou qui que ce soit d'autre se plaindre de ce qui s'est passé à Queen's Park. Les gens ont formulé les plaintes habituelles. Ils étaient en colère contre le gouvernement pour avoir fait ceci ou cela, mais ils n'ont jamais dit que la prorogation était injuste, antidémocratique ou inacceptable.
J'ai moi aussi fait partie d'un gouvernement qui, comme d'autres gouvernements, a prorogé le Parlement pendant un temps interminable. Cependant, si le changement que nous proposons était en vigueur, il y aurait au moins eu une motion. Ne nous faisons pas d'illusions cependant. Un gouvernement majoritaire remporterait le vote dix fois sur dix. Ce ne serait qu'une simple formalité en somme, mais, au moins, le public serait informé puisqu'une motion aurait été présentée à la Chambre par un gouvernement majoritaire.
Qui plus est, le , dont le gouvernement est minoritaire et qui ne jouit même pas de l'appui de 40 p. 100 des Canadiens, croit pouvoir s'arroger tous les pouvoirs, tout le temps. C'est inadmissible.
Nous n'aurions pas empêché le d'exercer sa prérogative aux termes de la Constitution. Je ferais un parallèle avec une idée que le gouvernement a lui-même lancée et défend depuis un certain temps pour le Sénat. Je ne dis pas que ce plan fonctionnerait, mais c'est ce que le gouvernement envisage et c'est ce dont il parle. Au lieu de modifier la Constitution, ce qui, nous le savons tous, serait pratiquement impossible, il tente de modifier les règles par la bande concernant ce qui se passe avant que le aille voir la Gouverneure générale.
À l'heure actuelle, le peut consulter qui il veut ou personne. Il n'est pas tenu de consulter qui que ce soit. Le premier ministre fait ses suggestions au sujet du Sénat à la Gouverneure générale et demande à ce qu'elles soient examinées avec la politesse que nous pratiquons ici. Ce que le premier ministre veut, il l'obtient.
Ce serait la même chose pour la prorogation. Avant que le premier ministre au pouvoir ne se rende chez la Gouverneure générale — s'il prévoit proroger la Chambre durant plus de sept jours civils — nous, à la Chambre, la Chambre suprême qui détient des pouvoirs suprêmes, nous qui conduisons les travaux de notre assemblée pour le compte de la population, nous pourrions au moins en délibérer. Dans une situation de gouvernement minoritaire, le gouvernement pourrait l'emporter, mais, dans une situation de gouvernement majoritaire, il l'emporterait toujours.
Nous ne touchons pas à la Constitution puisque la Constitution entre en jeu dès qu'on touche à la prérogative du premier ministre de se rendre chez la Gouverneure générale pour obtenir son avis. La Constitution reste muette sur ce qui se passe avant cette visite. Nous disons que nous devons combler ce vide parce qu'il y a abus. Si quiconque doute qu'il s'agisse bel et bien d'un abus ou doute de la raison derrière la prorogation, qu'il se rappelle les propos de M. Tom Flanagan, proche confident du , à cet égard. Les voici:
Je pense que le problème est que les arguments du gouvernement n'ont pas grande crédibilité. Tout le monde sait que le Parlement a été prorogé pour faire cesser l'enquête sur l'Afghanistan. Le gouvernement ne veut pas expliquer pourquoi c'était nécessaire.
Pour rendre justice à M. Flanagan, il a continué en disant que cela était défendable, mais il a dit publiquement que la prorogation visait à « faire cesser l'enquête sur l'Afghanistan ». C'est exactement l'allégation qu'a faite notre chef dès le départ, lorsque la prorogation a été annoncée, à savoir que le gouvernement se cachait du Parlement et des Canadiens. Les Canadiens ont-ils réagi?
Nous avons tenu un rassemblement à Gore Park à Hamilton, dans ma circonscription, qui a eu un succès énorme. Il a été très instructif de voir le nombre de jeunes qui ont compris du premier coup. Ils n'avaient pas l'intention d'accepter qu'il s'agissait d'une espèce de subtilité parlementaire ou qu'ils devraient s'occuper de leurs affaires et ne pas s'inquiéter puisque que le et ses amis s'occupaient de tout. Non, les jeunes ont compris que le gouvernement prenait la fuite et qu'il abusait de son pouvoir, surtout dans une situation de minorité.
Nous disons simplement, et il ne s'agit pas du tout d'une position radicale, que la prorogation ne devrait pas dépasser sept jours civils. S'il s'agissait, comme dans le cas du premier ministre McGuinty, d'une prorogation légitime visant à fermer la Chambre pendant quelques jours pour faire une coupure entre la session initiale et la nouvelle session et pour préparer un discours du Trône, cela serait parfaitement raisonnable. Rien n'empêcherait le premier ministre du jour de continuer à agir de la sorte. La seule différence serait que si la prorogation devait durer plus de sept jours, il faudrait saisir la Chambre de la question et, comme le disait mon , c'est la Chambre qui devrait décider si on met la clé sous le paillasson et non une personne qui prendrait une décision unilatérale sans même avoir un mandat majoritaire.
Nous ne savons pas en quoi consistent les positions des autres partis de l'opposition. Je sais qu'ils songeaient à changer de point de vue et à proposer que le premier ministre se présente à la Chambre dans certaines circonstances. Toutefois, comme on risquerait de se retrouver avec quelque chose d'alambiqué qui pourrait donner lieu à d'autres échappatoires ou abus, nous avons préféré procéder ainsi.
Nous ne voulons pas retirer ses pouvoirs au premier ministre ni modifier la Constitution en douce. Nous voulons simplement que la Chambre puisse jouer le rôle qui lui est imparti et avoir son mot à dire lorsqu'une décision d'une telle importance est prise, car il faut reconnaître, bien franchement, que, lorsque la Chambre ne siège pas, les représentants du peuple ne peuvent pas faire le travail pour lequel ils ont été élus, c'est-à-dire se réunir à la Chambre pour voir à la bonne marche du pays.
Quand on sait, comme nous l'ont appris M. Flanagan et d'autres, que le gouvernement cherchait seulement à s'esquiver, alors je crois qu'il faut agir. Nous devons nous doter d'une règle qui énonce clairement que, dès qu'une prorogation doit durer plus de sept jours, la Chambre doit pouvoir se prononcer. N'oublions pas que le gouvernement a eu recours à la même tactique il y a un an.
Dans notre système, le premier ministre n'est pas élu directement par le peuple, pas plus que le gouvernement. Les citoyens élisent seulement le député qui représentera leur circonscription. Lorsque tous les députés sont rassemblés, ils décident, par un vote de confiance, qui sera nommé premier ministre, et ce n'est qu'une fois que cette personne a obtenu la confiance de la Chambre qu'elle peut agir à titre de premier ministre. Or, ce pouvoir ne lui est pas accordé directement par suffrage du peuple. Ce sont les députés de la Chambre qui lui donnent la permission de s'installer au 24 Sussex.
Si on n'en a pas plus souvent conscience, c'est parce que, lorsqu'un gouvernement est majoritaire, on sait déjà quelle sera l'issue de tous les votes, alors on ne peut pas dire que le vote de confiance suscite un grand suspense. C'est pour cela qu'on dirait que le conseil exécutif est élu au suffrage universel, alors que ce n'est pas le cas.
La Chambre est l'autorité suprême, et nous demandons à tous les députés, et plus particulièrement à nos autres collègues de l'opposition, de se joindre à nous pour apporter une modification qui, quoique toute simple, aurait d'importantes répercussions, en ce sens qu'elle réinstaurerait la démocratie à la Chambre des communes, comme l'exigent les Canadiens. Voilà pourquoi nous avons proposé la motion dont la Chambre est saisie et voilà pourquoi nous souhaitons qu'elle soit adoptée.
:
Madame la Présidente, j'aimerais d'abord informer la présidence que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
J'ai des sentiments mitigés quant à la motion présentée par les néo-démocrates. C'est sûr, je suis déçu que l'opposition gaspille le temps précieux dont nous disposons à la Chambre des communes pour invoquer un processus dont les néo-démocrates savent parfaitement bien que c'est, depuis toujours, un processus courant et normal, au lieu de discuter des véritables problèmes auxquels le pays doit faire face sur les plans de l'économie et de l'emploi.
Cependant, je pense aussi que c'est le bon moment pour répéter que le fonctionnement du Parlement est tout à fait normal. Au contraire de ce que dit l'opposition, la prorogation fait partie intégrante du processus parlementaire. Depuis les débuts de la Confédération, ce processus contribue fortement à faire de notre système démocratique un système sain. Il s'agit d'un processus courant et légitime d'un point de vue constitutionnel qui est survenu quelque 105 fois au cours des 143 années de l'histoire de notre pays.
L'usage consacré, découlant d'une convention constitutionnelle, veut que le Gouverneur général proroge le Parlement sur avis du , et il y a des raisons pratiques pour cela.
La prorogation joue un rôle important dans le bon fonctionnement de nos systèmes parlementaire et démocratique. Quand les circonstances changent, comme ce fut le cas lorsque nous avons été confrontés à grandes difficultés économiques, il est tout à fait normal qu'un gouvernement souhaite faire une pause pour évaluer la situation et consulter les Canadiens. La prorogation donne au gouvernement le temps de faire ces choses, car son travail ne s'arrête pas quand le Parlement ne siège pas. En l'occurrence, le gouvernement en a profité pour se pencher sur son programme et sur les prochaines étapes de la reprise économique.
Au cours de la dernière année, le gouvernement a présenté et mis en oeuvre un important plan d'action économique, qui comprend un train de mesures de relance, afin de composer avec les circonstances économiques extraordinaires attribuables à la récession mondiale. Grâce à ces mesures, 2010 s'annonce un peu mieux pour les Canadiens. Nous commençons à voir des signes d'une reprise fragile.
Notre économie n'est pas entièrement rétablie, cependant, et c'est justement pour cela que la prorogation a joué un rôle clé. Nous avons maintenant un plan pour terminer la mise en oeuvre de notre Plan d'action économique, rétablir l'équilibre budgétaire une fois l'économie relancée et préparer l'économie de demain.
J'ajouterais également que, depuis la Confédération, on a eu droit en moyenne, à chaque législature, à trois ou quatre discours du Trône, chacun marquant le début d'une nouvelle session. Il est parfois arrivé que six ou sept discours du Trône soient prononcés au cours d'une même législature.
La prorogation est une mesure utilisée par les gouvernements, et ce, peu importe leur allégeance politique, tant à l'échelle fédérale que provinciale. Lors des 28e et 30e législatures, le premier ministre de l'époque, Pierre Elliott Trudeau, a prorogé le Parlement trois fois.
Sur la scène provinciale, l'Alberta et l'Ontario ont déjà prorogé leur assemblée législative cette année.
L'opposition prétend que la deuxième session de la 40e législature a pris fin prématurément. Cependant, par rapport aux autres sessions, sa durée a été conforme à la moyenne, soit environ un an.
Si on exclut les sessions au cours desquelles des élections sont déclenchées, le nombre moyen de jours de séance est de 109 par session. Or, il y a eu 128 jours de séance au cours de la deuxième session de la quarantième législature.
Selon un autre mythe colporté par l'opposition, la prorogation a fait perdre beaucoup de jours de séance à la Chambre. Au contraire, depuis la 33e législature, une vingtaine de jours ont été perdus en moyenne au cours de chacune des législatures qui ont fait l'objet d'une prorogation. Lors de la toute dernière prorogation, on a perdu 22 jours de séance, chiffre à peine supérieur à la moyenne. En revanche, lorsque, au cours de la 37e législature, le premier ministre Chrétien a prorogé le Parlement pour la deuxième fois, on a perdu 25 jours de séance.
Le dernier mythe que l'opposition tente de propager veut que le gouvernement se soit soustrait à sa responsabilité de rendre des comptes à la Chambre des communes et, par l'entremise de celle-ci, à la population canadienne.
Rien n'est plus faux. Dans le discours du Trône, nous avons exposé notre programme au Parlement. Rien n'empêche l'opposition de manifester sa confiance ou son manque de confiance à l'endroit du gouvernement.
Les Canadiens doivent faire face à une multitude de problèmes, mais qu'est-ce qui empêche le chef du NPD de dormir? Est-ce l'économie? Est-ce la situation de l'emploi? Non, c'est la prorogation. En fait, dès que le Parlement a recommencé à siéger, le chef du NPD a demandé la tenue d'un débat d'urgence sur la prorogation. C'est la première chose qu'il a faite.
La présidence a poliment refusé, sans trop sourciller, d'autoriser la tenue d'un débat d'urgence sur la question parce qu'il ne répondait pas aux critères prévus. Aujourd'hui, c'est le premier et la seule journée de l'opposition qu'a le NPD au cours de la présente période de crédits. C'est la seule occasion qu'a le NPD de choisir le sujet du débat à la Chambre, et qu'a-t-il choisi? Il a choisi de débattre de la prorogation.
Je signale que ce n'est pas uniquement le NPD qui est obsédé par la prorogation. Le et celui du Bloc québécois ont également une fixation à cet égard. La motion du NPD ne donne absolument rien. Une résolution de la Chambre n'aurait absolument aucun effet sur les pouvoirs de la Gouverneure générale ou du . Dans le même ordre d'idées, le chef de l'opposition propose de modifier le Règlement pour mettre en oeuvre une mesure similaire, mais comme dans le cas de la motion néo-démocrate, une modification du Règlement n'aurait pas non plus d'incidence sur les pouvoirs de la Gouverneure générale ou du premier ministre.
Ce qui est nettement plus déconcertant au sujet de cette question, c'est que les partis de l'opposition ont ressuscité leur coalition pour l'aborder. Leurs ambitions sont passées de la prise du pouvoir à la diminution du pouvoir et ils souhaitent encore une fois aller de l'avant sans appeler les citoyens aux urnes. Les partis de l'opposition veulent utiliser leur majorité pour modifier les pouvoirs constitutionnels du gouvernement.
Imaginez un moment un gouvernement majoritaire qui propose de limiter les pouvoirs constitutionnels de l'opposition parce qu'il n'apprécie pas le comportement des députés. Imaginez la réaction. Certains estiment que le ne cesse d'esquiver ses responsabilités constitutionnelles en évitant les motions de confiance, mais nous ne proposons pas pour autant de lui enlever la capacité de présenter ce genre de motion. Il est libre de se prévaloir de cette prérogative quand bon lui semble. Il en va de même des prérogatives du . L'opposition et le gouvernement ont des responsabilités précises et ils ont la prérogative de s'en acquitter.
Je conclus en soulignant l'hypocrisie insidieuse de la coalition formée par les libéraux, les bloquistes et les néo-démocrates au sujet du scandale de la prorogation. Ces partis ne peuvent même pas respecter leurs propres principes. Ils réagissent à un mécanisme auquel ils ont tous eu recours et qu'ils ont tous considéré comme une procédure normale dans les assemblées législatives canadiennes. Il s'agit effectivement d'une pratique normale à laquelle on a recours depuis longtemps pour mettre fin à une session et en commencer une autre. Comme je l'ai indiqué plus tôt, on sait que, au niveau fédéral, les sessions durent en moyenne un an. Des gouvernements libéraux et conservateurs ont prorogé le Parlement moins d'un an après le début d'une session.
On n'a pas de statistiques relatives à la prorogation pour le Bloc et le NPD au niveau fédéral, heureusement; par contre, on a des records au niveau provincial. Du temps où René Lévesque était chef du Parti québécois, le parti frère du Bloc, et premier ministre du Québec au cours de la 31e législature, il a prorogé, tenez-vous bien, cinq fois, et il a prorogé quatre fois au cours de la 32e législature. Une session durait en moyenne dix mois, sous René Lévesque.
Le député de , qui est maintenant libéral, s'est vu récemment décerner le titre de roi de la prorogation par la presse. Du temps où il était premier ministre néo-démocrate de l'Ontario, il a eu recours à la prorogation à trois occasions pour clore les sessions de l'Assemblée législative de l'Ontario, et il a prorogé pendant des périodes beaucoup plus longues que lors de la récente prorogation du Parlement.
Le gouvernement néo-démocrate actuel du Manitoba, qui est au pouvoir depuis six législatures, a prorogé 23 fois. Sa 35e législature a compté six sessions et un certain nombre en comptait cinq. Au Manitoba, la durée moyenne d'une session du gouvernement néo-démocrate est de 9,7 mois.
Voilà donc les trois membres de la coalition qui ne respectent pas leur propre norme en matière de prorogation, et pour ce qui est de l'hypocrisie, parlons-en. Le a fait toute une histoire à propos de la prorogation de la deuxième session. Il a fait tout un cinéma devant les caméras. Il a tenu des conférences de presse à l'extérieur de la Chambre, qui était vide, et a demandé à ses députés de tenir des audiences de comité bidon. Dans le National Post d'hier, Don Martin a fait remarquer que, à peine huit jours de séance après avoir déclaré que le Parlement était trop important pour être prorogé, le chef libéral s'est embarqué dans une tournée nationale d'une semaine, et un tiers des membres de son caucus ne s'est même pas donné la peine de se présenter au travail. Ils ont fait tout un plat de leur présence quand la Chambre ne siégeait pas, mais ils ont disparu peu après la reprise des travaux de la Chambre.
Le gouvernement ne se laissera pas distraire par l'opposition et son obsession pour les manoeuvres politiciennes, ni par son désir de se faire du capital politique auprès des Canadiens en propageant des mythes à propos d'une procédure parlementaire de longue date...
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier mon collègue, le leader du gouvernement à la Chambre, des remarques qu'il vient de faire.
Je le répète, une partie de mes commentaires viendront appuyer ceux de mon collègue, mais je tiens à préparer le terrain en soulignant à nouveau que la prorogation n'est pas un phénomène rare. C'est une mesure prévue dans la Constitution qui est offerte à tous les premiers ministres fédéraux ainsi qu'aux premiers ministres des provinces et aux dirigeants des territoires.
Dans toute l'histoire parlementaire de notre fédération, il y a eu plus de 105 prorogations et je tiens à souligner que tous les gouvernements de quelque parti qu'ils soient, tant au niveau fédéral que provincial, y ont eu recours.
Dans ma province, la Saskatchewan, les anciens premiers ministres Romanow, Calvert et même Woodrow Lloyd avant eux ont régulièrement prorogé l'assemblée législative. Nous avons même vu des prorogations avoir régulièrement lieu au Québec, depuis René Lévesque lorsque le Parti québécois était au pouvoir, et de Daniel Johnson à Bourassa. C'est donc une mesure assez courante qui est utilisée régulièrement, et je souligne l'utilisation du mot « régulièrement ».
Le tollé qui a été soulevé et le genre d'exemples que les partis de l'opposition tentent de présenter ici aujourd'hui afin de démontrer qu'il s'agit d'une atteinte au Parlement n'ont vraiment rien à voir avec la réalité.
Les partis de l'opposition tentent de faire valoir que, pour une raison ou une autre, le parti conservateur, le gouvernement conservateur et le ont prorogé le Parlement pour éviter de répondre à des questions embarrassantes. Ils ont dit que le premier ministre avait prorogé le Parlement pour éviter de répondre à des questions embarrassantes au sujet de la situation des détenus afghans.
Je signale non seulement à mes collègues à la Chambre, mais aussi à tous les Canadiens qui écoutent les débats que cela est faux. C'est le gouvernement actuel qui a créé le Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan et qui lui a demandé d'examiner le rôle des militaires et tous les faits concernant la mission en Afghanistan. C'est notre gouvernement qui a créé ce comité.
Si nous avions voulu éviter de répondre à des questions embarrassantes, si nous avions voulu nous soustraire à un examen de la situation des détenus afghans, nous n'avions qu'à ne pas reconstituer ce comité après la prorogation. Nous aurions pu agir de la sorte. L'avons-nous fait? Non. En fait, le jour de notre retour, nous avons adopté une ligne d'action afin de reconstituer tous les comités, particulièrement le Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan. Tous les rapports sur les événements, qu'ils émanent des forces militaires ou du gouvernement, et tous les documents que la loi permet de divulguer seront examinés non seulement par le comité, mais aussi par des conseils spéciaux dont le mandat consiste à examiner les allégations de torture et de non-divulgation de documents à l'opposition.
Nous ne cherchons pas à éviter les questions difficiles sur l'Afghanistan. Nous encourageons la tenue de discussions approfondies sur le sujet afin de montrer aux Canadiens que notre armée n'est pas composée de criminels. Honnêtement, c'est ce que soutient l'opposition. Chaque jour, elle insinue très fortement que nos militaires, nos courageux militaires, hommes et femmes, qui défendent non seulement le peuple afghan, mais aussi notre démocratie, sont complices de crimes de guerre. Elle insinue très fortement que nos courageux militaires sont complices de crimes de guerre parce qu'ils soumettent les prisonniers afghans à une torture certaine et immédiate en les remettant aux autorités afghanes. C'est ce que soutient l'opposition. C'est honteux.
Nous ne tentons pas d'éviter ces questions. Nous voulons qu'il y ait enquête. Nous voulons défendre nos militaires et c'est la raison pour laquelle nous avons recréé le comité spécial sur l'Afghanistan, où l'on pourra répondre à toutes ces questions.
J'aimerais prendre les quelques minutes qu'il me reste pour parler de la vraie raison pour laquelle le NPD a présenté cette motion aujourd'hui. Ce n'est pas pour parler de la prorogation. Ce n'est pas parce qu'il croit qu'il y a eu atteinte au Parlement. Loin de là. Ce que le NPD tente de faire, c'est de mettre la table en vue de la création d'un gouvernement de coalition avec ses partenaires.
Je vais être très clair. Si ce que propose la motion présentée aujourd'hui par le NPD avait été en vigueur en décembre 2008, nous aurions aujourd'hui un gouvernement de coalition. La seule raison pour laquelle nous n'avons pas un gouvernement de coalition aujourd'hui, un gouvernement dont la grande majorité des Canadiens d'un océan à l'autre ne voulait pas, mais vraiment pas, c'est parce que le a prorogé le Parlement. Voilà la vraie raison derrière cette motion.
Nous connaissons tous les résultats des élections de 2008. Le NPD a obtenu environ 18 p. 100 du vote à l'échelle nationale, ce qui signifie que 82 p. 100 des Canadiens ne voulaient pas voir ce parti diriger un gouvernement. Le Parti libéral a obtenu environ 23 p. 100 du vote, ce qui signifie qu'environ 77 p. 100 des Canadiens ne voulaient pas d'un gouvernement libéral. Le Bloc québécois ne peut de toute évidence jamais former un gouvernement parce qu'il ne représente que le Québec et ne présente des candidats que dans cette province. Les Canadiens ne voudraient pas voir ce parti diriger un gouvernement, mais c'est exactement ce que les partenaires dans la coalition ont tenté de faire.
Nous savons que ce sont là des faits exacts. Ce n'est pas une simple allégation que je fais ici. Nous savons que ce sont des faits exacts. Revenons à un sombre épisode de la vie politique canadienne pour confirmer mes dires.
Nous savons, parce qu'une conversation entre le et son caucus a été enregistrée, que ce chef a confirmé qu'il avait discuté avec le Bloc québécois des mois avant les élections de 2008. M. Brian Topp, l'ancien directeur de campagne du NPD lors des élections de 2008, l'a confirmé dans son livre où il déclare que l'accord était en préparation depuis de nombreux mois.
Même pendant la campagne électorale, lorsque l'on a demandé à tous les chefs des partis d'opposition s'ils accepteraient de former un gouvernement de coalition, ils ont répondu non. En fait, nous savons qu'ils n'étaient pas honnêtes parce qu'une entente était en préparation avant même le déclenchement des élections.
Les Canadiens ont dit haut et fort ce qu'ils pensaient d'un gouvernement de coalition. Ils l'ont rejeté. Je souligne donc à nouveau à la Chambre et à tous les Canadiens que si les dispositions de la motion à l'étude avaient été en vigueur en décembre 2008, il y aurait un gouvernement de coalition au Canada aujourd'hui. Le chef de cette coalition serait le , qui a obtenu 23 p. 100 d'appuis lors des élections de 2008, soit le plus bas pourcentage depuis des générations pour le Parti libéral. Pourtant, cette personne serait notre premier ministre grâce au stratagème pensé et présenté par le NPD.
La prorogation a sa place dans la Constitution. Elle prévoit des pouvoirs exécutifs qui donnent au premier ministre le droit de proroger le Parlement pour des motifs légitimes et je dirais qu'en décembre 2008, le Parlement a été prorogé pour des raisons très légitimes, comme ce fut le cas récemment.
:
Madame la Présidente, j'ai le plaisir de participer à ce débat sur la motion de nos collègues du Nouveau Parti démocratique.
Je suis heureuse de pouvoir dire que les libéraux vont appuyer la motion du NPD.
[Traduction]
Nous allons appuyer la motion car les libéraux sont également d'avis que des mesures doivent être prises pour empêcher les abus répétés des pouvoirs du premier ministre. Les Canadiens ont demandé à ce que des mesures soient rapidement mises en place pour empêcher le actuel et ses successeurs, quelle que soit leur allégeance, de fermer à nouveau le Parlement afin d'esquiver les questions légitimes de l'opposition en matière de responsabilité. C'est le premier aspect.
Deuxièmement, nous croyons que le Parlement est la Chambre du peuple et que le Parlement est l'instance suprême. De nos jours, il est inadmissible qu'un premier ministre évite ainsi deux fois de suite de rendre des comptes au Parlement en abusant de la prorogation.
Le a expliqué que la prorogation est une procédure normale. Il a raison. La prorogation est une procédure qui permet à un premier ministre, par l'intermédiaire du Gouverneur général qui en détient l'autorité, de fermer le Parlement, soit la Chambre des communes et le Sénat, sans dissoudre le Parlement, ce qui impliquerait la tenue d'une élection. En fait, en vertu de notre Constitution, le pouvoir constitutionnel de proroger relève du Gouverneur général. Le rôle du premier ministre consiste à donner des conseils et à demander une prorogation au Gouverneur général et celui-ci est investi de l'autorité de refuser la demande.
Traditionnellement, depuis que le Canada a été constitué en confédération, la prorogation a été utilisée dans ce que nous appelons, comme le , des circonstances traditionnelles. Par convention, la prorogation a été utilisée dans de telles circonstances comme un outil légitime pour mettre fin à une session du Parlement une fois que le gros des travaux annoncés par le gouvernement dans le discours du Trône de cette session a été mené à bonne fin. La prorogation permet au Parlement de recommencer à zéro avec un nouveau discours du Trône et un nouveau programme du gouvernement.
Au moment de la dernière prorogation, le gouvernement n'avait pas encore terminé le gros du travail qu'il avait annoncé dans son discours du Trône à la suite des élections de 2008. Il n'avait pas non plus achevé le travail annoncé dans le discours du Trône qui avait inauguré la session parlementaire que le avait prorogée en décembre 2009.
Les premiers ministres précédents n'ont pas abusé de ce pouvoir conventionnel. Pour trouver un exemple comparable, il faut remonter en 1873, au moment où sir John A. Macdonald, le premier ministre de l'époque, avait tenté d'empêcher le Parlement d'examiner le scandale des chemins de fer. Voilà où nous pouvons trouver un autre exemple d'un tel abus.
Le a mentionné la durée moyenne. Parlons-en. La récente fermeture parlementaire à l'initiative du actuel a duré 63 jours, à la suite d'une session qui en comptait 128. Depuis 1964, les prorogations ont duré en moyenne de 12 jours et les sessions parlementaires, 187 jours.
Madame la Présidente, j'ai oublié de mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Nous allons appuyer la motion du NPD, mais nous sommes d'avis qu'elle ne va pas assez loin. Nous allons voter pour, même si nous croyons qu'il y aurait aussi d'autres mesures à prendre. Nous avons présenté une motion qui n'a pas obtenu le consentement unanime de la Chambre. Nous croyons que le Règlement devrait être modifié.
Notre motion, que j'ai également présentée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, exigerait, premièrement, que le , avant de demander la prorogation, signifie par écrit son intention au moins 10 jours d'avance, en indiquant pourquoi il veut proroger le Parlement.
Deuxièmement, elle exigerait que le expose à la Chambre les raisons pour lesquelles il veut demander la prorogation du Parlement afin que nous puissions en débattre.
Troisièmement, à moins que la Chambre en décide autrement, le Règlement serait modifié afin d'interdire toute demande de prorogation au cours des 12 premiers mois de n'importe quelle session. De plus, sauf si la Chambre en décide autrement, il serait interdit de demander la prorogation lorsqu'un vote de confiance est déjà prévu à la Chambre.
Enfin, elle permettrait aux comités de la Chambre des communes de continuer de fonctionner pendant la prorogation.
Il est intéressant de souligner que le et le leader adjoint ou le whip adjoint, je ne sais pas exactement quel poste il occupe, n'ont pas cesser d'expliquer en long et en large que l'actuel n'a rien fait de mal et n'a pas fait de l'abus de pouvoir en fermant le Parlement deux fois.
Le 2 mars, j'ai présidé le troisième forum sur la gouvernance, auquel ont participé des experts de la procédure parlementaire constitutionnelle canadienne, notre démocratie parlementaire. La plupart des universitaires ont accepté la proposition que je viens de décrire.
J'aimerais parler de M. Weinstock, professeur de philosophie à l'Université de Montréal. Il n'y a personne sur cette terre qui oserait dire que M. Weinstock est un ami des libéraux. Contrairement aux conservateurs, nous n'avons pas peur de discuter et de débattre ouvertement avec les Canadiens, même avec ceux qui ne partagent pas nos opinions.
Lors du forum sur l'état de la démocratie parlementaire au Canada qui a eu lieu le 2 mars, le professeur Weinstock a souligné l'importance d'avoir des conventions constitutionnelles clairement établies. Il a fait une analogie avec Sean Avery, un joueur de hockey de la LNH. Il a dit que M. Avery n'avait pas techniquement transgressé les règlements du hockey en essayant de distraire intentionnellement un autre joueur, mais que ses gestes ont transgressé l'esprit du hockey en tant que sport. Cette analogie faisait clairement et directement référence aux actions du , qui a abusé de son autorité en prorogeant deux fois le Parlement: la première fois pour éviter un vote de confiance et la deuxième fois, plus récemment, le 30 décembre 2009, pour tenter de réprimer les questions sur le scandale de torture dans lequel le gouvernement, et non nos militaires, est impliqué.
Le transgresse ainsi l'esprit de notre démocratie parlementaire. Honte à lui et à tous les membres de son caucus qui prennent place dans cette Chambre et qui sont responsables de protéger notre démocratie parlementaire, pas de la diminuer ni de l'amoindrir. C'est exactement ce que le premier ministre et le gouvernement conservateur ont fait. Environ 225 000 Canadiens se sont joints à un groupe sur Facebook pour protester contre l'abus et l'attaque du premier ministre envers notre démocratie parlementaire et envers la suprématie de notre Parlement.
Le Parlement n'est pas une chose insignifiante pour les gens. Cela préoccupe les Canadiens, qu'ils soient jeunes, d'âge moyen ou âgés. Les membres du gouvernement conservateur ne peuvent pas dire qu'il s'agit d'une invention pure et simple.
Les libéraux appuieront la motion du NPD. Par ailleurs, nous continuerons à insister sur notre propre motion.
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Madame la Présidente, je veux commencer le débat en lisant la motion du NPD. Jusqu'à maintenant, j'ai entendu une partie des commentaires, surtout ceux des ministériels. Au cours des quatre derniers mois, nous avons entendu des métaphores et des messages contradictoires sur les raisons entourant cette prorogation. Permettez-moi de parler, tout d'abord, de la motion, que j'appuie. Cette motion est exactement ce dont la Chambre a besoin pour imposer sa suprématie, à laquelle je crois fermement. Je pense que tous les députés y croient, à moins d'être réduits au silence:
Que, de l’avis de la Chambre, le premier ministre ne recommande pas au gouverneur général de proroger la session d’une législature de plus de sept jours civils sans une résolution expresse de la Chambre des communes en ce sens.
Voilà l'objectif de la motion. Je suis entièrement d'accord que la Chambre des communes appuie une telle prorogation.
Remontons un peu en arrière et faisons un compte rendu de ce que nous avons entendu. Aujourd'hui, j'ai entendu trois raisons différentes expliquant la nécessité de rajuster le tir. À Noël, j'ai écouté le raisonnement de plusieurs personnes. Je vais vous parler de ma raison favorite, celle qui m'a fait rire d'eux, pas avec eux.
Mon collègue du Parti conservateur a dit que nous devions attendre, afin de pouvoir nous concentrer sur les Jeux olympiques. Je suis persuadé que notre équipe de bob à deux a été très excitée et émue de savoir que ces députés allaient les encourager, confortablement installés chez eux, les pieds sur la bavette du poêle, en sirotant une bonne tasse de café bien chaud. En fait, le pauvre Pierre Lueders n'avait pas la moindre chance. Il ne s'est jamais rendu au point où il aurait voulu se rendre et c'est la faute du gouvernement. Quelle absurdité! Or, dans une démocratie comme la nôtre, la raison par excellence pour fermer une Chambre qui fonctionne est de pouvoir se concentrer sur les Jeux olympiques. C'était une explication totalement ridicule.
Puis, les explications ont pris diverses tangentes. Je l'ai baptisée la prorogation sans queue ni tête. On nous a servi l'explication des Jeux olympiques. On nous a servi celle du Plan d'action économique. Par contre, ce que je ne comprends pas, et je ne condamnerai même pas les conservateurs dans ce cas, c'est ceci: ils ont dit que, pour mettre en oeuvre la deuxième phase de leur Plan d'action économique, ils devaient mettre fin aux travaux de la Chambre. Qu'est-ce que cela a changé? Rien en fait. L'argent a été distribué comme cela avait déjà été prévu. Aucune somme n'a été prélevée dans un secteur pour être transférée dans un autre. Dans ma circonscription, la date limite pour les projets majeurs était janvier. Tout se déroulait normalement, selon le gouvernement. Mais était-ce bien le cas?
La seule chose qui a vraiment changé, c'est que les conservateurs n'ont pas renouvelé le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire. Ils n'ont pas besoin de tergiverser pendant 30 jours avant de décider qu'ils ne renouvelleront pas un programme. Où est passée la vision? Je m'attendais à ce que la prorogation donne lieu à un minimum de vision. On m'a plutôt dit de partir, de rentrer chez moi et de regarder les Jeux olympiques. Je ne les ai toutefois pas beaucoup regardés car, comme bien d'autres députés, j'étais au travail dans ma circonscription.
Mais n'est-il pas possible de mâcher de la gomme tout en marchant? Ne peut-on pas être assez intelligents ou talentueux pour pouvoir faire deux choses en même temps? De ce côté-ci, peut-être. C'est une remarque mesquine et je m'en excuse auprès de mes collègues. Mais je dis cela parce nous sommes l'objet de critiques acerbes à cause de ce qui s'est produit. Ce n'est ni le moment ni le lieu pour cela.
Parlons un peu de la prorogation. Qu'est-ce que c'est au juste? Selon une des définitions qui circulent, la prorogation est la décision de fermer le Parlement, parce que le gros du travail a été fait. Selon le professeur Errol Mendes de l'Université d'Ottawa:
Utilisé conformément aux principes démocratiques, le pouvoir issu de la prérogative est un outil légitime pour mettre un terme à une session du Parlement lorsqu'une grande partie du programme législatif a été remplie, ce qui entraîne un nouveau discours du Trône.
Je vois que les députés hochent la tête, donc nous sommes tous d'accord. M. Mendes poursuit en disant ceci:
[Le premier ministre] s'est servi de ce pouvoir en décembre 2008 et de nouveau en décembre 2009 pour éviter d'avoir à respecter nos principes démocratiques de responsabilité et de transparence [...]
Il y a mieux. Vous vous rappelez que j'ai parlé des Olympiques un peu plus tôt? Vous vous rappelez que j'ai dit que les conservateurs devaient rajuster le Plan d'action économique? Si le Plan d'action économique avait besoin d'être rajusté, c'est qu'il n'était pas fameux. Mais ça, on pourrait en débattre longtemps.
Chaque fois que nous avons demandé au gouvernement pourquoi il avait fermé le Parlement, on nous a répondu que c'était normal, puisque notre parti a fait la même chose lorsqu'il était au pouvoir. Les conservateurs devraient avoir honte. Toutes nos félicitations au gouvernement conservateur. Il est maintenant devenu ce qu'il a dit qu'il ne serait jamais. C'est l'essentiel de la situation. Chaque fois que les conservateurs se trouvent dans l'eau chaude, ils utilisent cette tactique.
Dans le Canada atlantique, il existe un poisson plat qui a deux yeux sur le même côté. Lorsqu'il aperçoit un danger, il se retourne et nage dans la direction opposée.
Ce gouvernement agit de la même façon sous toutes sortes de prétextes. C'est parfois très cocasse. C'est comme un épisode de l'émission Oui, monsieur le ministre présentée sur les ondes de la BBC. C'est absolument ridicule. La mascarade se poursuit. Les conservateurs disent qu'ils ont rajusté leur programme. Quelle est la première chose qu'ils ont tenté de faire à leur retour à la Chambre? Ils ont tenté de modifier l'hymne national. C'est le mieux qu'ils ont pu faire, tenter de modifier l'hymne national. Seulement 48 heures plus tard, comme le poisson que j'ai décrit, ils ont changé de direction.
Il y a donc lieu de se demander si le gouvernement a une vision. Le Parti conservateur ne pouvait-il pas prédire ce qui allait se passer? Les conservateurs ne se doutaient-ils pas que les Canadiens seraient vexés s'ils changeaient l'hymne national? Ne se doutaient-ils pas qu'ils seraient vexés s'ils limitaient l'accès à Internet en mettant fin au PAC? Quarante-huit heures plus tard, ils changent d'idée. J'en conclus que les conservateurs n'ont aucune vision. Des programmes quinquennaux sont maintenant financés d'année en année, voilà le fruit de leur exercice de rééquilibrage.
Pour couronner le tout, au bout du compte, comment le reste du monde perçoit-il ce que nous faisons? Les conservateurs parlent sans cesse de cela, ainsi que de l'OCDE. Voici ce que Ned Franks de l'Economist avait à dire:
Loin d'avoir terminé son travail, le Parlement était en train d'étudier de nombreuses mesures importantes, dont des projets de loi qui s'inscrivent dans le cadre du programme de lutte contre la criminalité [du premier ministre] et ceux qui auraient autorisé la ratification des accords de libre-échange avec la Colombie et la Jordanie. Toutes ces mesures devront être présentées à nouveau.
L'Economist a demandé pourquoi le Parlement avait été fermé. Il trouvait cela insensé. Beaucoup de gens dans le monde partageaient cet avis. C'était plutôt bizarre. L'assemblée législative de la Colombie-Britannique a siégé pendant les Jeux olympiques. Les députés de cette province ne jugeaient pas nécessaire d'arrêter de travailler pour se concentrer sur les Jeux olympiques. Pour une raison quelconque, les conservateurs n'étaient pas d'accord. Ils n'avaient pas besoin de rajuster le tir. Ils ont gardé le même programme et continué de le mettre en oeuvre.
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Madame la Présidente, j'annonce d'emblée que le Bloc québécois appuiera la motion déposée par le Nouveau Parti démocratique concernant un certain encadrement de la prorogation.
Il faut admettre, par contre, que cette motion est de l'ordre du souhait, lequel est partagé par une bonne partie de la Chambre et de la population canadienne et québécoise. Manifestement, le gouvernement conservateur et le ont recouru trop souvent en peu de temps à la prorogation pour éviter leurs responsabilités.
Nous serions d'accord sur ce qui circule à ce sujet. Par exemple, le Parti libéral parlait de la possibilité de mettre sur pied un comité spécial pour étudier cette question.
Il n'est pas facile de trouver une méthode pour encadrer le pouvoir du de demander la prorogation du Parlement à la gouverneure générale.
Il y a des solutions de nature constitutionnelle, alors que d'autres font appel à une législation ou à des modifications au Règlement.
Quoi qu'il en soit, cela demeure de la technique. Ce qui est important à ce moment, c'est d'exprimer notre volonté politique pour que le gouvernement au pouvoir ne puisse pas, à répétition, comme l'ont fait le gouvernement conservateur et le , utiliser le pouvoir de demander à la gouverneure générale de proroger la session pour éviter ses responsabilités.
La prorogation, qui a commencé le 30 décembre 2009, a duré deux mois; on n'a recommencé à siéger que le 3 mars. On nous avait dit que la prorogation servirait à recentrer l'action gouvernementale. Manifestement, à la lecture du discours du Trône et du discours du budget, on s'aperçoit que deux mois pour réécrire les mêmes inepties que contenaient le discours du Trône et le budget précédents, c'est beaucoup trop. Une semaine aurait suffi et il n'y aurait pas eu de gaspillage de temps.
Il est très clair que le 30 décembre dernier, quand le a demandé à la gouverneure générale de proroger la session, c'était pour éviter que l'opposition, le Bloc québécois et la population du Québec et du Canada posent des questions auxquelles ils voulaient des réponses. Ils veulent toujours obtenir ces réponses aujourd'hui.
Le premier ministre a fait le pari qu'après deux mois, la population québécoise et canadienne aurait oublié les questions qui se posaient lorsqu'on a cessé de siéger, le 10 décembre. C'est pour cela que le gouvernement avait besoin de temps. Ce n'était pas pour recentrer ses orientations ou pour écrire son discours du Trône ou son discours du budget.
Malheureusement, le a perdu son pari. Il l'a perdu dès les premières heures de la reprise des travaux, quand une bonne partie de l'opinion publique du Québec et du Canada a très vite compris que la tactique ou la manoeuvre du premier ministre et du gouvernement visait simplement à éviter de répondre aux questions de l'opposition. Il s'agissait de questions très légitimes, qui se posent toujours, d'ailleurs.
Reprenons les sujets qui étaient à notre ordre du jour à la fin de la session dernière, en décembre.
Tout d'abord, il y avait la crise économique. Le Bloc québécois posait des questions presque quotidiennement, par l'entremise de son porte-parole à l'industrie et député de , sur l'inaction du gouvernement concernant la crise forestière et manufacturière, qui est loin d'être terminée. Au mois de février, au Québec seulement, il y a eu 11 000 pertes d'emplois dans le secteur manufacturier.
Pour les députés du gouvernement qui aiment porter des lunettes roses, en particulier le , il serait temps de les enlever pour voir que la crise est loin d'être terminée dans plusieurs régions et secteurs du Québec et du Canada.
Quelle a été la réponse du gouvernement à la préoccupation légitime des Québécois, des Québécoises, du Bloc québécois et de l'Assemblée nationale du Québec?
La réponse se trouve à la page 291 du plan budgétaire, intitulé pompeusement « Plan d'action économique du Canada — 2e année ». L'aide au secteur de l'automobile est de l'ordre de 9,7 milliards de dollars. Je le redis encore une fois: nous approuvons l'aide qui a été accordée au secteur de l'automobile. C'est un secteur essentiel pour le sud de l'Ontario et pour les sous-traitants; il y en a aussi au Québec. Le problème n'est pas là.
Je disais donc que les mesures de stimulation de 9,7 milliards de dollars ont été complètement engagées en 2009-2010.
En 2009-2010, dans le budget, le annonçait un investissement de 170 millions de dollars sur deux ans pour le secteur forestier de l'ensemble du Canada. Quand on compare les deux chiffres, on comprend qu'on n'est pas dans le même ordre de grandeur. C'est cette iniquité que le Bloc québécois et l'ensemble du Québec ont dénoncée depuis le dernier budget. Je ne parle pas du budget déposé au début de mars 2010, mais de celui déposé en 2009. Le secteur forestier a subi un traitement inique par rapport à ce que le secteur de l'automobile a obtenu. Pourtant, le secteur forestier crée plus d'emplois partout au Canada que le secteur de l'automobile. C'est aussi un secteur qui a été beaucoup plus touché sur le plan des pertes d'emplois que le secteur de l'automobile.
Ce montant de 170 millions de dollars était une véritable gifle pour les régions du Québec, pour le Québec et pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses qui subissent cette crise. Comment cette somme a-t-elle été dépensée en 2009-2010? Dans tout le Canada, 62 millions de dollars ont été dépensés en mesures de stimulations, 62 millions de dollars en mesures engagées.
Que nous annonce-t-on pour cette année? Ce sont 108 millions de dollars en mesures de stimulations et on nous dit qu'il y aura 108 millions de dollars engagés. Encore une fois, le gouvernement joue au devin à cet égard. C'est vrai que c'est tellement peu que cela ne prend pas grand-chose pour engager 108 millions de dollars lors d'une crise de cette importance.
Je sais que du côté gouvernemental, on n'est pas très fort en arithmétique. On l'a vu avec les factures rendues publiques la semaine dernière concernant les plantes vertes à 2 000 $, les sonnettes à 1 000 $, et ainsi de suite. Cependant, si on additionne les 108 millions de dollars annoncés dans le budget aux 62 millions de dollars de l'année dernière, on arrive à 170 millions de dollars. Ce sont donc les mêmes 170 millions de dollars qu'on avait annoncés l'année dernière qu'on retrouve dans le budget de cette année. On n'avait pas besoin de proroger la session pendant deux mois pour arriver à ce résultat. C'est le même chiffre qu'on a connu en 2009 et qu'on nous ressert en 2010, en nous laissant entendre que ce serait une deuxième phase d'un plan de relance.
On n'a donc pas répondu à cet enjeu majeur, et le Bloc continuera à poser des questions sur le secteur forestier. C'est vrai aussi pour le secteur manufacturier dans son ensemble. L'aéronautique vit des heures difficiles, a besoin de liquidités et a besoin d'aide. Le gouvernement s'acharne à faire la sourde oreille. Pourtant les solutions sont connues. Je pense à un crédit d'impôt remboursable pour la recherche et le développement.
Si une compagnie, dans l'aérospatiale ou dans l'aéronautique fait de la recherche et du développement, malgré le fait qu'elle ne fait pas de profit, elle pourra bénéficier du remboursement des sommes qu'elle aura engagées pour cette recherche. On sait combien il est crucial dans ce secteur de toujours se maintenir à la fine pointe de la technologie pour, dans ce cas-ci, bénéficier de la reprise économique lorsqu'elle sera au rendez-vous.
Il y a donc des choses à faire et, malheureusement, dans le budget qui est très volumineux, mais très vide — une vraie coquille vide —, on n'a rien eu de plus que ce qu'on a critiqué tout au cours de l'année 2009.
Le gouvernement a voulu essayer de noyer ce premier enjeu, la crise économique et la crise forestière, en prenant ces deux mois de prorogation. Malheureusement, ce n'est pas réussi, on le voit tous les jours dans les journaux, un peu partout au Québec. Les problèmes sont là et les attentes vis-à-vis du gouvernement fédéral sont extrêmement importantes.
Récemment, Guy Chevrette, le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec, était à la Chambre de commerce de Joliette. Il dénonçait l'inaction du gouvernement, demandant à quoi il sert d'abolir les droits de douane sur un certain nombre de machineries qui seront nécessaires si on n'a pas d'argent pour acheter cette machinerie.
Encore une fois, ce qu'on dénonce, c'est que les mesures prises par le gouvernement conservateur en 2009 — et c'est vrai dans le budget de 2010-2011 — sont des mesures qui aident ceux qui n'ont pas besoin d'aide: les pétrolières, les banques et les entreprises qui s'en tirent bien. En effet, premièrement, elles pourront bénéficier de la baisse d'impôt annoncée précédemment et qui s'appliquera encore cette année, parce qu'elles font des profits alors que les autres n'en font pas, et ne paient donc pas d'impôt. Deuxièmement, elles pourront bénéficier de l'abattement des droits de douane sur la machinerie, ce avec quoi on est tout à fait d'accord, mais cela n'aidera pas ceux qui n'ont pas de liquidités pour acheter de la machinerie, pour investir dans de nouvelles technologies.
Donc, encore une fois, ce qu'on dénonce, c'est que les mesures prises par le gouvernement conservateur en 2009, et c'est vrai dans le budget de 2010-2011, sont des mesures qui aident ceux qui n'ont pas besoin d'aide, dans le budget concernant la crise forestière, la crise manufacturière.
La deuxième raison qui a amené le gouvernement et le à proroger la session, c'est la piètre performance — et je suis extrêmement doux dans mes propos — et le comportement inacceptable du gouvernement canadien à la conférence de Copenhague qui a remporté sept prix Fossile d'affilée. C'est quasiment le prix Fossile de l'année. Comme on le sait, ce prix a été remis par 300 ou 400 organisations non gouvernementales qui s'intéressent à la question des changements climatiques.
Chaque jour de la conférence, le Canada a reçu le triste prix Fossile. Si on avait recommencé à siéger à la fin janvier, comme c'était prévu, on aurait pu questionner le gouvernement, dès ce moment-là, sur ses agissements qui ont frôlé le sabotage à Copenhague et sur le fait qu'il a joué un rôle de cancre environnemental à l'échelle internationale.
Encore une fois, je crois que le a fait un calcul partisan et antidémocratique en prorogeant la session, en attendant deux mois pour ne recommencer qu'en mars, prétextant même les Jeux olympiques, croyant qu'après ces jeux, la population québécoise et canadienne aurait oublié le fait que nous avons été le cancre environnemental de la communauté internationale.
Mais cela ne s'est pas passé comme cela. La population se rappelle très bien de cela, et elle nous dit tous les jours que cela n'a aucun sens que le Canada agisse de cette manière quant à ses positions, plus proches de l'Arabie saoudite que des pays européens, et qu'il dévoile à la face du monde qu'il est devenu un État pétrolier au même sens que certains États du Moyen-Orient. Cela est loin de représenter une force de progrès sur la scène internationale.
Il faut se rappeler que non seulement les agissements du gouvernement conservateur à Copenhague ont été inadmissibles et une véritable honte à l'échelle internationale, mais que le Canada a été le seul pays présent à Copenhague à annoncer qu'il réduirait ses cibles de réduction des gaz à effet de serre après la conférence. Le seul pays présent à Copenhague: il faut le faire!
Avant d'aller à Copenhague, le nous parlait d'une réduction des cibles d'intensité de 20 p. 100 d'ici 2025, si ma mémoire est bonne. Il n'était pas question de cibles de réduction absolues. Après la conférence, on nous a annoncé que ces cibles d'intensité seraient réduites à 17 p. 100. Il faut le faire! Non seulement le Canada a gagné sept prix Fossile à Copenhague, mais en plus de cela, il est le seul pays à avoir réduit ses cibles de réduction de gaz à effet de serre. Je le répète encore une fois, il s'agit de cibles d'intensité et non pas des cibles absolues.
De plus, je rappellerai que le gouvernement nous a annoncé qu'il prenait 2005 pour année de référence, alors que la communauté internationale et le Québec lui demandent de prendre 1990 comme année de référence pour calculer les réductions de gaz à effet de serre. On veut des réductions absolues de gaz à effet de serre. Ce n'est pas moi qui le dis, ce n'est pas le Bloc québécois, c'est la communauté internationale, c'est l'Assemblée nationale du Québec et c'est le gouvernement du Québec. Cela permettrait de bénéficier de crédits de carbone qu'on pourrait vendre à une bourse du carbone ici à Montréal. On demande de prendre 1990 comme année de référence, avec une réglementation qui s'apparente à celle de l'Europe.
Mais avec la position conservatrice, la position du lobby de l'État pétrolier, on va devoir faire un trait de crayon sur les efforts très importants du Québec depuis 1990. Je rappellerai qu'au cours des 20 dernières années, le Québec a réduit de moitié sa dépendance au pétrole. Cela a eu des effets sur la production des gaz à effet de serre et de CO2. Or on ne tiendra pas compte de cela parce qu'on va compter à partir de 2005.
L'industrie manufacturière québécoise a énormément investi dans de nouvelles technologies, ce qui lui a permis de réduire de plus de 20 p. 100 ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2005. Ces réductions et ces efforts ne seront pas comptabilisés dans la réglementation du gouvernement fédéral conservateur, lorsqu'il y en aura une.
Cela veut donc dire qu'on va demander aux entreprises québécoises des efforts similaires à ce qui va se faire dans l'Ouest canadien, par exemple. Elles devront donc mettre les bouchées doubles car les premières réductions sont les plus faciles à faire. En effet, plus on avance dans le processus, plus cela devient difficile et coûteux. De plus, cela va pénaliser le Québec et réduire sa capacité d'avoir des crédits de carbone, ce qui aurait amené de la liquidité, notamment dans le secteur manufacturier, qui en a bien besoin.
Les stratégies environnementale et économique du gouvernement va totalement à l'encontre des intérêts du Québec. Ce qui est intéressant, c'est que de plus en plus de Québécois et de Québécoises s'en aperçoivent.
Ce sont donc les questions que nous aurions posées dès le retour en janvier, mais qu'on a posées et qu'on va continuer de poser au cours des prochaines semaines.
Le troisième dossier dont le , le Parti conservateur et le gouvernement pensaient se débarrasser avec deux mois de prorogation est celui de la torture des prisonniers afghans. Malheureusement, le gouvernement et le premier ministre ont fait un très mauvais calcul, parce que ce dossier est loin d'être mort. C'est plutôt le contraire, il prend plus d'acuité. Chaque semaine, on reçoit de nouvelles informations voulant que l'OTAN était au courant depuis 2005 d'allégations de torture dans les prisons afghanes.
Il y a eu le témoignage du diplomate Richard Colvin, qui avait envoyé à plusieurs reprises des notes de service — sept, si ma mémoire est bonne — à ses supérieurs concernant ces allégations. La numéro deux de l'ambassade canadienne à Kaboul a témoigné que depuis 2005, elle a informé les autorités canadiennes sur des allégations de cas de torture. On a essayé de se défiler, mais toutes ces preuves se sont accumulées.
Le gouvernement est dans ses derniers retranchements, à tel point qu'en fin de semaine, on a eu droit à l'entourloupette du mandat donné à l'ancien juge Iacobucci pour essayer de noyer le poisson. On lui a donné une liste très serrée de ce qu'il avait à étudier.
On doit reconnaître que le a été assez mesquin — c'est quand même de bonne guerre — pour dire que M. Iacobucci pouvait avoir accès à tous les documents de 2001 à 2005. On sait que c'est la période où les libéraux étaient au pouvoir. D'ailleurs, on a appris qu'à la fin du régime libéral, des informations avaient été transmises sur des allégations de torture.
Personne n'est dupe. Cette manoeuvre a pour but de gagner du temps et d'éviter de se rendre aux ordres de la Chambre qui, le 10 décembre dernier, a adopté une motion très claire sur les documents dont le Comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan a besoin pour faire son travail.
En prorogeant, le premier ministre et le gouvernement ont tenté, encore une fois, d'éviter de répondre à ces questions.
Si c'était la première fois, on pourrait se dire que c'est une mauvaise erreur, que le est mal entouré. On connaît son sbire québécois, M. Soudas; je dois dire qu'il est mal entouré. Il a dû lui dire que cela passerait comme du beurre dans la poêle. En plus, c'était la période des Fêtes, les Jeux olympiques s'en venaient, avec l'enthousiasme et le drapeau. On a d'ailleurs vu une orgie à cet égard.
Malheureusement pour le premier ministre et heureusement pour nous, la population a été beaucoup plus intelligente que ne le pensait l'entourage du premier ministre. Toutes les questions qui se posaient en décembre se posent toujours maintenant. Nous voulons des réponses. Le gouvernement doit nous garantir qu'il écoutera véritablement la population québécoise et canadienne concernant la crise forestière et manufacturière, les agissements à Copenhague et la préparation de la conférence qui aura lieu au Mexique, et qu'il va recentrer son action.
Cela ne prend pas deux mois, mais une volonté politique qui, malheureusement, ne semble pas se manifester. Et j'ai bien peur qu'elle ne se manifeste jamais. Le Bloc québécois a déjà retiré sa confiance au gouvernement de façon permanente. Aussi longtemps que le gouvernement ne changera pas ses orientations, il en sera ainsi.
Si c'était attribuable à un mauvais conseil de l'entourage du , on pourrait dire que c'est un mauvais calcul, qu'il se fera taper sur les doigts et que cela s'arrêtera là. Or ce n'est pas le cas; c'est devenu une pratique.
À la fin de 2008, le gouvernement a utilisé le même stratagème pour éviter un vote de confiance de la Chambre. Il utilise toutes sortes de moyens. Il a même déclenché une élection en octobre 2008 pour éviter d'avoir à répondre à un certain nombre de questions. Encore une fois, le gouvernement et le ont brisé leur promesse de tenir des élections à date fixe.
À mon sens, ce gouvernement est complètement usé. On doit trouver un moyen de l'empêcher de continuer à se défiler de ses responsabilités. Ce moyen pourrait être l'encadrement du pouvoir du de demander la prorogation à la gouverneure générale.
Nous sommes ouverts à toutes les solutions techniques possibles. Nous sommes prêts à travailler avec les partis qui veulent arriver à vivre la vie politique à la Chambre de façon beaucoup plus démocratique.