:
Monsieur le Président, votre décision était tellement courte que je me suis attardé à parler avec un collègue.
Avant de commencer mon discours concernant notre motion de l'opposition d'aujourd'hui, j'aimerais offrir mes condoléances à toutes les familles affectées par le grave accident qui s'est produit sur la route 158 près de Joliette, à Sainte-Geneviève-de-Berthier en fait. Cinq travailleurs de ma circonscription de Saint-Côme sont décédés. Je voudrais offrir, en mon nom et au nom de tous mes collègues à la Chambre, mes plus sincères condoléances aux familles éprouvées par ce drame.
Parlant de drame, l'expropriation des terrains nécessaires pour créer le Parc Forillon a aussi été un drame très important. Aujourd'hui, par notre motion de journée de l'opposition, nous voulons tenter de réparer en partie les torts qui ont été faits il y a maintenant 40 ans. Je rappelle le texte de la motion qui a été proposée par mon collègue de et que j'ai eu l'honneur d'appuyer:
Que cette Chambre présente ses excuses officielles aux expropriés du Parc Forillon pour l'expropriation abusive dont ils ont été victimes et que le président de la Chambre fasse parvenir aux représentants des expropriés et de leurs descendants une copie officielle des Journaux de la Chambre faisant état de l'adoption de la présente motion.
D'abord, il faut reconnaître que le gouvernement fédéral, particulièrement pendant toute l'ère où les libéraux ont été au pouvoir, a levé le nez sur cette situation et a refusé de reconnaître les problèmes qui avaient été causés par cette expropriation abusive de nombreuses familles de la Gaspésie. Si le gouvernement fédéral, qu'il ait été libéral ou maintenant conservateur, n'est pas en mesure de prendre lui-même ses responsabilités concernant les excuses nécessaires à faire aux expropriés de Forillon, nous avons pensé important que cette Chambre puisse, elle, faire parvenir ses excuses aux expropriés, à leur famille ainsi qu'à leurs descendants, 40 après l'acte d'expropriation.
C'est une première réparation pour nous, et des excuses en bonne et due forme vont compléter de façon beaucoup plus tangible ce que le gouvernement conservateur a commencé à faire de façon technique. En effet, et j'aurais l'occasion d'y revenir, il a permis aux expropriés, à leurs familles et à leurs descendants, pour trois générations, d'avoir accès, sans coûts, aux parcs nationaux. C'est d'ailleurs un pas qu'on a souligné à l'époque, mais c'est nettement insuffisant. Premièrement, c'est une réparation très logique puisque c'était autrefois leurs terres, leurs lieux de résidence. Deuxièmement, cela ne constitue pas des excuses. Donc, il s'agit pour le moment d'une réparation extrêmement limitée et très technique qui a été effectuée par le gouvernement conservateur. Il faut au moins aller plus loin en présentant des excuses, comme je l'ai mentionné.
Lorsqu'on regarde l'ensemble de cette saga, on s'aperçoit que ces choses n'auraient jamais dû arriver. D'ailleurs, maintenant, je suis convaincu qu'on en a tiré des leçons et que de telles choses n'arriveraient plus. Les résultats de cette expropriation s'appliquent aussi à d'autres cas d'expropriation. Je sais que mon collègue d' aura l'occasion d'y revenir. Les expropriés de Mirabel aussi, sans aller jusqu'à demander des excuses, demandent réparation de la part du gouvernement fédéral. Ce député, beaucoup plus informée que moi, aura l'occasion d'en parler à son tour.
C'est en 1963 que le Bureau d'aménagement de l'Est-du-Québec mentionne pour la première fois dans son rapport la création d'un parc national au bout de la péninsule. Ceux qui connaissent un peu l'histoire de ce Bureau d'aménagement de l'Est-du-Québec sont au courant du fait que ce bureau a pris, ou plutôt qu'il a suggéré plusieurs décisions — car il ne prenait pas lui-même des décisions; il suggérait des directions au gouvernement — qui étaient passablement contestables. Par exemple, la fermeture de plusieurs villages pour tenter de concentrer les populations n'a pas eu les effets escomptés. Au contraire, même, cela a brisé des tissus sociaux.
C'est un peu dans ce contexte des années 1960 que cette idée de parc est arrivée dans le décor. À cette époque, on avait une vision assez bureaucratique — qui existe toujours malheureusement — et on imposait par le haut ce qu'on pensait être bon pour les gens. En 1968, il y a eu signature d'une entente fédérale-provinciale pour l'aménagement du parc de Gaspé. En 1969, une entente préliminaire entre le ministre québécois, Gabriel Loubier, et le ministre libéral fédéral bien connu, Jean Chrétien, a été conclue. À l'époque, à la fin des années 1960, cela a donné lieu à un débat important au sein du gouvernement de l'Union nationale. D'ailleurs, Marcel Masse, qu'on connaît bien dans la région de Lanaudière, parce qu'il réside présentement à Saint-Donat, s'était opposé au fait qu'on cédait au gouvernement fédéral des terres qui appartenaient en bonne partie au Québec. Toujours est-il qu'on a quand même été de l'avant et que l'entente finale a été signée le 8 juin 1970. À ce moment-là, il a été décidé d'exproprier les habitants du territoire et que le fédéral en serait locataire pour 99 ans.
Le 22 juillet 1970 a été déposé l'acte d'expropriation. Donc, on commence les négociations avec les expropriés et on s'aperçoit que le gouvernement du Québec, comme le gouvernement fédéral, a été extrêmement désinvolte dans ce dossier. En fait le mot « désinvolte » n'est pas assez fort; on a fait pression sur des gens qui ne connaissaient pas techniquement leurs droits. Quand ils ont connu leurs droits, on a fait du harcèlement devant les tribunaux, jusqu'à ce que, l'un après l'autre, les gens abandonnent et acceptent les faibles indemnités qu'on leur présentait.
Parlons, par exemple, du cas de l'avocat qui a peut-être été celui qui a été le plus au service des expropriés de Forillon, Lionel Bernier. Il était alors un jeune avocat originaire de la communauté de Forillon. Il a pris le cas en main à la demande de son père et il a commencé à lire la jurisprudence.
C'est lui-même qui écrit ceci — ses propos ont été rapportés dans Le Soleil le 14 mai 2001: « J'ai consulté toute la littérature possible. J'ai bien vu que les négociateurs du gouvernement racontaient n'importe quoi. J'ai défendu les gens pratiquement tout seul. » Heureusement que Lionel Bernier était là.
En 1973, le juge Dorion de la Régie des services publics du Québec affirme que l'actif des expropriés a été évalué à un prix bien trop faible et a enjoint Québec de verser davantage. En avril 1973, Jean Chrétien déclare que les habitants n'auront plus besoin de déménager lors de la création d'un parc national, une politique qui sera appliquée au Parc national de Gros Morne à Terre-Neuve. Malheureusement, en 1973, Jean Chrétien aurait pu, en tant que ministre, faire les choses autrement. On avait mis la main dans l'engrenage, le bras était en train d'y passer et le reste a fini par y passer aussi. Même si un certain nombre de décisions de la cour ont été favorables aux expropriés, jamais ça ne s'est réellement concrétisé.
Comme je l'ai mentionné, le 5 mars 1973, le juge Guy Dorion donne raison aux expropriés. Le jugement est très dur envers le gouvernement et accorde des compensations de trois à cinq fois plus élevées. Le gouvernement a interjeté appel et, tranquillement, les expropriés se sont découragés les uns après les autres et ont reçu des indemnités tout à fait dérisoires.
Je termine en mentionnant le fait que le député de était présent lors du 40e anniversaire de la création du Parc Forillon, le 21 août 2010, pour annoncer les mesures dont j'ai parlé tout à l'heure quant à l'accès au parc, mais il a refusé d'évoquer toute possibilité d'excuses de la part du gouvernement fédéral, du gouvernement conservateur. Ses termes ont d'ailleurs été très durs. Les gestes gouvernementaux ne se posent pas overnight. Il me semble que 40 ans plus tard, il serait peut-être temps de réaliser cet aspect d'une simple décence. On demande évidemment l'appui de l'ensemble des partis de la Chambre pour adopter notre motion et procéder à des excuses en bonne et due forme envers les expropriés de Forillon et leurs descendantes et descendants.
:
Monsieur le Président, cela fait quelque temps que j'ai pris la parole à la Chambre. Je suis certes très heureux d'avoir l'occasion de parler aujourd'hui de cette question soulevée par mon collègue qui siège au Comité des pêches, le député de .
La motion du député porte sur les gens expropriés en vue de créer le parc national Forillon à l'extrémité est de la péninsule gaspésienne.
J'ai déjà voyagé en Gaspésie à titre de membre du Comité des pêches. C'est une très belle région. Je suis convaincu qu'il s'agit en effet d'un magnifique parc national. Ses paysages de falaises et de montagnes s'étendent sur 244 kilomètres carrés. C'est là où l'extrémité nord-est de la chaîne des Appalaches rencontre les eaux du golfe Saint-Laurent. Le parc comprend une zone aquatique de 160 mètres de large qui s'étend le long de la côte.
Il s'agit d'un endroit spectaculaire, au relief raviné par les vagues déferlantes, où d'énormes falaises plongent dans la mer et des plages de galets longent les anses. À l'intérieur des terres, des ruisseaux gambadent à travers des collines accidentées. La forêt boréale couvre principalement le parc, mais ce sont des plantes de la toundra qui dominent les falaises de calcaire.
Le parc abrite des ours noirs, des renards roux, des orignaux ainsi que de nombreuses colonies d'oiseaux de mer. On a recensé environ 245 espèces d'oiseaux dans le parc, dont un grand nombre nichent au sommet des falaises le long de la côte, notamment le petit pingouin, le cormoran et la mouette. Le macareux moine, le fou de Bassan et le pétrel viennent se nourrir dans les eaux fertiles. À partir de la côte, on peut observer de nombreuses espèces de baleines: le globicéphale, le petit rorqual, le rorqual bleu, le rorqual commun et la baleine à bosse. Des marsouins communs se donnent rendez-vous le long du rivage, alors qu'on entend les cris des phoques communs et des phoques gris qui sortent des eaux glacées pour prendre un bain de soleil sur la côte rocheuse.
Les eaux regorgent de morue, hareng, maquereau et saumon. L'abondance de ces poissons attire non seulement les animaux qui s'en nourrissent mais, pendant 200 ans, elle a su attirer des colons européens.
Comme l'atteste la motion du député, ces terres abritaient autrefois des communautés de personnes qui pêchaient les eaux grouillantes de poissons — des gens qui portaient des noms comme Bourgaise, Fruing, Gavey, LeBoutillier, Lemesurier et Simon. Ils capturaient la morue pour en faire un produit salé-séché, connu sous le nom de « Gaspé Cure » sur les marchés en Italie, en Espagne et aux Caraïbes.
Bon nombre des gens établis le long de ces côtes venaient des îles Anglo-Normandes de Jersey et Guernesey. D'autres étaient des loyalistes de l'Empire-Uni qui avaient fui les États-Unis après la révolution. D'autres encore étaient des Irlandais ayant fui la famine de la pomme de terre.
Lorsque, en 1970, le gouvernement a exproprié des maisons en vue d'aménager un parc, le mode de vie qui avait assuré la subsistance de la population pendant plusieurs générations s'est éteint. Ce territoire a été intégré à ce qui est aujourd'hui devenu un réseau comprenant 42 parcs nationaux, 5 aires marines nationales de conservation et 167 sites historiques nationaux d'un océan à l'autre au Canada.
La vie dans cette région était difficile. Pour assurer leur subsistance, les habitants pêchaient la morue dans les eaux glacées du golf du Saint-Laurent, puis la faisaient sécher le long des plages pendant la brève période que durait l'été en Gaspésie, et ils s'occupaient de leur petit lopin de terre dans la forêt, aux abords de l'actuel parc.
Rappelons-nous que, ailleurs en bordure du golfe et sur la côte atlantique, de nombreuses collectivités semblables à celle-là se sont éteintes en raison des changements dans l'économie mondiale et le milieu marin. Les nouvelles techniques de pêche et de conservation du poisson destiné aux marchés étrangers ont remplacé les séchoirs verticaux qui s'étendaient le long des grèves.
Parcs Canada a pris des mesures pour rendre hommage aux gens qui ont sillonné les eaux glaciales du golfe et construit leur maison et élevé leur familles dans la presqu'île de Forillon.
Dans l'immédiat, qu'en est-il de l'économie de la région? Compte tenu de ce qu'il est advenu de la pêche à la morue et des petits villages qui en vivaient au Canada atlantique, les Gaspésiens ont-ils bénéficié de la décision prise il y a plus de 40 ans visant à aménager un parc national à Forillon? À mon avis, la réponse est oui.
Lors de l'étude de la motion du député, nous devrions également discuter de ce que les Gaspésiens ont acquis, non nous limiter aux pertes subies à la suite des expropriations.
Après tout, cette année, nous célébrons le centième anniversaire de la création du premier Service des parcs nationaux. L'an dernier, nous avons célébré le 125e anniversaire de l'aménagement du premier parc national du Canada, le parc national Banff, en Alberta, la province d'où je viens. Parcs Canada a toujours fait figure de chef de file dans le monde en matière de protection et de préservation du patrimoine naturel et historique.
Grâce à ces parcs et à ces lieux historiques nationaux, nous jouissons d'un patrimoine environnemental et culturel riche, mais je tiens aussi à mettre l'accent sur le fait qu'ils créent des débouchés économiques et qu'ils contribuent à la richesse des collectivités voisines.
Chaque année, des millions de touristes visitent les parcs nationaux, les lieux historiques nationaux et les aires marines nationales de conservation. En 2007, par exemple, environ 137 000 personnes ont visité le parc national Forillon. Les gens s'y rendent pour faire des randonnées pédestres et équestres, et pour explorer la côte et l'intérieur sauvage. La beauté des paysages et l'abondance de la faune les émerveillent. Je suis convaincu qu'après avoir découvert les charmes de Forillon, les visiteurs rentreront à la maison et diront à leurs parents et leurs amis qu'un parc national comme celui de Forillon constitue un trésor économique et naturel, et qu'il continuera à renforcer l'économie de la Gaspésie.
Nous devons tenir compte de l'autre élément de l'équation dans notre examen de la motion du député. Qu'a-t-on gagné grâce au fait que Parcs Canada gère la région? En réalité, Parcs Canada est le plus grand fournisseur de produits touristiques naturels et culturels du pays. Grâce à ses parcs nationaux et à ses lieux historiques, l'organisme génère près de 2,7 milliards de dollars en dépenses des visiteurs, dont environ 1 milliard proviennent de visiteurs étrangers. Ce sont de nouveaux fonds qui sont versés dans l'économie canadienne.
Je rappelle à la Chambre que les pêches du Canada atlantique ne sont peut-être plus aussi prospères qu'elles l'étaient, mais qu'à l'échelle mondiale, le tourisme est l'un des secteurs de l'économie qui connaît la croissance la plus rapide.
Le tourisme prend de plus en plus d'importance. Il soutient les petites entreprises et emploie des Canadiens partout au pays, en particulier dans les régions renommées pour leur beauté, comme la Gaspésie. Le tourisme représente environ 2 p. 100 du produit intérieur brut du Canada, et des secteurs clés en dépendent, notamment les compagnies aériennes, les restaurants, les hôtels, etc.
Parcs Canada même investit des sommes importantes dans les salaires et dans les biens et services. Toutefois, les retombées économiques qu'il produit et qui soutiennent les collectivités de partout au pays sont encore plus importantes que ses investissements directs. En effet, grâce aux activités qu'il mène partout au Canada, Parcs Canada génère près de 42 000 emplois, ce qui équivaut à près de 2 milliards de dollars en salaires. Ces emplois se trouvent souvent dans des collectivités éloignées, comme la partie la plus au nord-est de la circonscription de mon collègue.
Au Québec, les activités de Parcs Canada engendrent environ 201 millions de dollars de revenu de travail dans les collectivités locales, avec plus de 4 500 emplois, année après année. Mais je précise qu'avec le Plan d'action économique du Canada, on a investi 48 millions de dollars supplémentaires dans 28 projets au Québec. Il y a notamment eu 3,25 millions de dollars pour le parc national Forillon, où l'on a par exemple investi 1,6 million de dollars pour lutter contre l'érosion du littoral sur la Route du banc afin de permettre aux visiteurs de continuer à jouir de ce site splendide. On a aussi investi 1 million de dollars pour rénover et améliorer le terrain de camping.
Est-ce que le parc national Forillon contribue à l'économie de la Gaspésie? Bien sûr. En fait, on estime que sa contribution au produit intérieur brut est d'environ 13 millions de dollars par an, y compris 326 emplois à plein temps dans la région.
Les familles qui ont quitté cette région pour faire place au parc national en 1970 ont permis l'émergence d'une nouvelle forme d'économie à la pointe de la Gaspésie. Ce n'est plus une région où l'on pêche et l'on fait sécher la morue; c'est une région où les touristes affluent et qui va continuer à en attirer pendant de nombreuses années encore. Voilà ce que nous fêtons à l'occasion du centenaire de Parcs Canada.
Aujourd'hui, Parcs Canada administre environ 360 000 kilomètres carrés de parcs nationaux, de lieux historiques nationaux et d'aires marines nationales de conservation. C'est plus que la superficie de toute l'Allemagne. Rien d'étonnant à ce que les visiteurs soient impressionnés par l'immensité de notre magnifique et fantastique réseau de parcs.
Le Canada a protégé ces régions grâce à une série d'initiatives individuelles pour préserver des terres au profit des générations futures. Certaines de ces acquisitions ont été de grande envergure, par exemple l'entente il y a quelques années pour multiplier par six la superficie de la réserve de parc national Nahanni dans les Territoires du Nord-Ouest. C'est maintenant l'équivalent de toute la Belgique.
Ces dernières années, nous avons agi avec célérité pour protéger plus d'étendues de terre et d'eau et plus de lieux historiques. Nous avons pris des mesures pour accroître la superficie de ces zones de plus de 30 p. 100 et ramener la faune dans son habitat traditionnel. Au fil du temps, Parcs Canada a appris des leçons précieuses qui lui permettent de collaborer avec les communautés locales pour les faire profiter des retombées économiques de la création d'un parc.
Parcs Canada n'exproprie plus de terrains, comme cela s'est fait à Forillon il y a environ 40 ans. Plutôt, dans des endroits comme Nahanni, les monts Mealy, le détroit de Lancaster, l'île de Sable, la réserve de parc marin national Gwaii Haanas et le site patrimonial haïda, nous avons travaillé de concert avec les collectivités locales, les propriétaires terriens et les administrations locales.
Cela vaut la peine d'être souligné. C'est une année à célébrer parce que c'est le centième anniversaire du service national des parcs du Canada, ce qui veut dire que Parcs canada protège depuis 100 ans des habitats naturels et des lieux d'une incroyable beauté, de même que beaucoup de sites patrimoniaux qui racontent la création de notre pays. Il y a également 100 ans que Parcs Canada contribue à l'économie du Canada et de ses régions éloignées des grands centres, comme la Gaspésie. Il y a 100 ans que nous apprenons comment créer ces aires protégées d'une manière qui soutient les collectivités qui sont nées et ont grandi dans ces régions magnifiques et autour d'elles.
Nous avons tiré des leçons de la création du parc Forillon et elles ont aidé Parcs Canada à travailler plus efficacement avec les collectivités. Nous avons contribué à stimuler l'économie de la Gaspésie et cela mérite d'être célébré.
Cependant, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Le gouvernement a beaucoup fait pour protéger les paysages naturels du Canada.
Nonobstant la manière aberrante dont les terres des parcs nationaux Forillon et Kouchibouguac ont été enlevées à leurs propriétaires il y a environ 40 ans, la manière de créer des parcs nationaux a beaucoup changé.
Je peux citer l'exemple d'un parc national de l'Ouest du Canada, le parc national des Prairies. Selon le site Internet, la surface du parc a été désignée comme parc national possible dans un accord intervenu en 1988 entre les gouvernements du Canada et de la Saskatchewan. Cet accord a remplacé un document de 1981 lorsqu'un différend entre les deux ordres de gouvernement a surgi au sujet de l'exploration pétrolière et gazière et de la gestion de l'eau dans la région visée.
Cependant, le parc national des Prairies couvrira 900 kilomètres carrés, soit 350 milles carrés, en deux blocs situés dans le Sud de la Saskatchewan, à la frontière du Canada et des États-Unis. Le gouvernement fédéral a acheté les terres aux propriétaires qui voulaient bien vendre. Ce parc sera créé sans expropriations.
Depuis 2005, la propriété du parc national totalise 497,3 kilomètres carrés, ou 192 milles carrés, soit un peu plus de la moitié de la superficie prévue, bloc est et bloc ouest confondus. Il pourrait bien s'écouler plusieurs années avant que le parc ne soit entièrement établi. Toutefois, le fonds de terre est suffisant pour poursuivre la formalisation du parc national des Prairies en l'incluant dans la liste des parcs nationaux. Tout cela a été réalisé en vertu de la Loi canadienne sur les parcs nationaux. Celle-ci a reçu la sanction royale le 20 octobre 2000 et a été proclamée le 19 février 2001. Il y est également question du projet de plan de gestion et ainsi de suite.
Il est important de noter que la façon dont les parcs nationaux et le gouvernement du Canada acquièrent aujourd’hui les fonds de terre est très différente de ce qu’elle était il y a 40 ans. Nous avons maintenant une approche beaucoup plus raisonnable de l’acquisition des fonds de terre. La juste valeur de marché du terrain est versée au propriétaire lorsque celui-ci est disposé à vendre. Cette approche pourrait rendre les choses plus difficiles pour des gouvernements qui souhaiteraient accélérer le processus, mais elle favorise un juste équilibre entre la réalisation de la volonté de conserver et de protéger les habitats naturels et le respect des droits des propriétaires tels qu’ils existent dans notre pays actuellement.
Si cette méthode avait été appliquée en 1970, il ne serait peut-être pas nécessaire de tenir ce débat à la Chambre des communes aujourd’hui.
Afin de corriger certaines des erreurs du passé, Parcs Canada a offert d’installer des affiches et autres panneaux d’interprétation dans des endroits comme le parc national Kouchibouguac.
Parcs Canada reconnaît la douleur des expropriés. Voilà ce qu’on peut conclure d’un article qui a été publié dans l’édition du 9 octobre 2007 du National Post. En remontant dans l’histoire, nous constatons que certaines de ces erreurs ont été documentées. Il y a eu des menaces et des affrontements avec la police, des croisades pour sauver le parc national Kouchibouguac du Nouveau-Brunswick en 1969. Plus tard, à la suite d’une enquête publique, le gouvernement fédéral a finalement changé sa façon de réserver des terres pour les parcs.
Aujourd’hui, près de 40 ans après l’expropriation d’environ 250 familles pour créer cette réserve de 238 kilomètres carrés, Parcs Canada est en train de discuter de l’installation de panneaux d’interprétation et de tables de pique-nique pour rendre hommage au millier de personnes qui ont été ainsi délogées de leur petit coin de paradis.
L’article continue en disant combien les propriétaires terriens, leurs familles et leurs descendants se réjouissent de ce premier pas qui a été fait en 2006, même s’ils estiment qu’il faut aller encore plus loin.
On peut en dire autant de la réponse de notre gouvernement à l'affaire Forillon. Le 21 août 2010, mon collègue, le député de , a annoncé que les personnes qui se sont faites exproprier afin de permettre la création du parc national, ainsi que leurs enfants et petits-enfants, auraient le droit d'accéder librement aux endroits où se trouvaient les maisons qu'elles occupaient jadis.
En reconnaissance des expropriations qui ont eu lieu au parc national Forillon il y a 40 ans, le gouvernement du Canada a accordé le droit d'accès à trois générations de personnes affectées par la mesure afin qu'elles puissent rétablir un lien avec ces lieux qui ont une signification particulière pour elles.
Mon collègue, le député de , a également inauguré l'exposition intitulée « Ces Gaspésiens du bout du monde » au parc Forillon. Il s'agit d'une nouvelle exposition permanente qui illustre la richesse et la diversité des habitants ancestraux de Forillon et qui raconte les histoires des familles qui habitaient ces terres avant la création du parc et les expropriations de 1970.
Parcs Canada continuera le travail entamé avec les communautés touchées et commémorera ces événements de façon respectueuse, veillant à ce que les anciens résidants puissent accéder librement aux endroits qui ont une signification particulière pour eux.
J'aimerais citer d'autres exemples de torts qui ont été causés par le passé et qu'il faut réparer. Certains d'entre eux l'ont déjà été, mais puisque je n'aurai sûrement le temps d'arriver à l'exemple dont je voulais parler, j'aimerais terminer en affirmant combien je suis reconnaissant au député de d'avoir attiré l'attention de la Chambre sur cette question. Il est important qu'on y réfléchisse.
Tous les élus municipaux, provinciaux et fédéraux devraient toujours être conscients des tensions causées par l'expropriation. Le débat d'aujourd'hui nous permet de nous souvenir des erreurs du passé et de nous rappeler qu'il faudrait toujours tâcher de respecter la propriété d'autrui.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec mon collègue de .
Aujourd'hui, en tant que député d', j'ai le plaisir de participer à ce débat sur la motion déposée par le Bloc québécois. Je la relis:
Que cette Chambre présente ses excuses officielles aux expropriés du Parc Forillon pour l'expropriation abusive dont ils ont été victimes et que le président de la Chambre fasse parvenir aux représentants des expropriés et de leurs descendants une copie officielle des Journaux de la Chambre faisant état de l'adoption de la présente motion.
L'un de nos chanteurs populaires a écrit une chanson au sujet de Sainte-Scholastique ou du Parc Forillon. Comme vous le savez, c'est une image. Paul Piché, lorsqu'il a écrit cette chanson, faisait état de deux grandes situations, deux grandes expropriations abusives qui ont été commises par le gouvernement fédéral en sol québécois.
Évidemment, une expropriation ne se vit jamais facilement; c'est dur pour les familles qui ont dû la vivre. Je vais essayer, au cours des 10 minutes qui me sont accordées, de vous parler de ces deux expropriations, soit celles de Forillon et de Mirabel — appelée Sainte-Scholastique à l'époque. Ces municipalités ont été fusionnées de force, par décret.
Dans le cas de Sainte-Scholastique, les municipalités avoisinantes — Saint-Hermas, Saint-Benoît, Saint-Augustin, Saint-Janvier, Saint-Canut et Sainte-Monique — ont été touchées.
Le gouvernement fédéral a décidé, en 1969, de créer un aéroport. Plusieurs citoyens qui vivaient dans ces municipalités ont dû quitter leur maison et ont vu leur village constitué en une seule entité juridique, en une ville, appelée aujourd'hui Mirabel. Je vous reparlerai de tout le stress et de tous les grands débats que peut entraîner une expropriation dans la vie des citoyens.
Dans le cas du Parc Forillon, c'est 244 km2 qui étaient entièrement situés dans la ville de Gaspé, qui comprend la péninsule de Forillon ainsi que la presqu'île de Forillon, située entre la baie de Gaspé et le détroit d'Honguedo. C'est une décision qui avait été prise par le gouvernement fédéral en 1963. Cela a donné lieu à l'adoption, en 1970, par Québec et Ottawa, de décrets qui ont entraîné le dépôt de l'acte d'expropriation le 22 juillet 1970, au grand dam des 225 familles visées et des propriétaires terriens. Il n'y avait pas que des familles qui habitaient tout le secteur, il y avait aussi des familles de l'extérieur qui étaient bénéficiaires de terres, de boisés grâce auxquels ils pouvaient continuer leurs travaux ancestraux. C'était pour la création d'un parc national. Dans le cas de Mirabel, c'était pour un aéroport international, ce qui est autre chose.
En 1973, le gouvernement du Canada a même décidé, par décret également, que les habitants n'auront plus besoin de déménager lors de la création d'un parc national. Cela s'était appliqué au Parc national du Gros-Morne, à Terre-Neuve-et-Labrador. Ça s'est enclenché en 1963, mais en 1969-1970 a lieu le décret d'expropriation.
Dès 1973, le gouvernement fédéral a décidé que les résidants n'auront plus besoin de déménager lors de la création de parcs nationaux. Mon collègue conservateur a donné de bons exemples un peu plus tôt. Aujourd'hui, tous les députés de cette Chambre devraient être très conscients de la motion qui a été déposée par le Bloc québécois. On doit s'excuser de cette expropriation qui était telle qu'on a même modifié la réglementation afin que cela n'arrive plus jamais.
On parle de cette expropriation depuis 10 heures ce matin, et j'ai de la difficulté à comprendre pourquoi les conservateurs ne savent pas encore où ils vont loger par rapport à la motion qui a été déposée par le Bloc.
La motion qui est déposée veut que cette Chambre présente ses excuses officielles. Pourquoi? Parce que, en tant que députés responsables, on s'excuse auprès de ces 225 familles et de leurs descendants pour une expropriation qui est carrément abusive; la preuve étant qu'on a modifié la réglementation. Maintenant, lors de la création de parcs nationaux, on ne déplace plus la population.
La motion du Bloc québécois répond au désir de ces personnes qui demandent des excuses depuis plusieurs années. Elles ont fait d'autres demandes à l'égard desquelles le gouvernement conservateur a fait un effort, c'est vrai; il a fait des annonces. Il reste qu'une grave injustice a été commise et que la Chambre doit s'excuser. Je pense que la motion du Bloc québécois va de soi aujourd'hui.
Cela me permet de revenir sur le dossier de Mirabel. L'expropriation à Forillon a commencé en 1963 et celle à Mirabel, en 1970. C'est en 1969 que le Parti libéral du Canada a annoncé qu'il y aurait un aéroport international à Mirabel. Il s'agissait de 244 km2 à Forillon, mais de 97 000 acres de terres à Mirabel. Avec toute cette saga, l'aéroport Mirabel est le plus gros éléphant blanc que le gouvernement fédéral ait construit en sol canadien.
Seulement 6 000 acres ont été utilisées pour faire ce qu'on appelle le concept aéroportuaire. À l'intérieur des clôtures, il y a 6 000 acres. Il est vrai qu'en 1985, le gouvernement conservateur avait accepté de rétrocéder 80 000 acres. Il avait conservé 11 000 acres parce qu'à l'époque, on n'était pas trop sûr de l'avenir qu'on voulait donner à l'aéroport international de Mirabel.
La décision a été prise par le gouvernement libéral. En 1995, on devait transférer tous les vols intérieurs et internationaux à Mirabel. La même année, on a décidé de maintenir Dorval ouvert. C'est la décision qu'ont prise les libéraux. En 2002, on a décidé que les vols internationaux à Mirabel retourneraient à Dorval. En novembre 2004, on fermait tous les vols intérieurs et internationaux de passagers à Mirabel. Il y avait eu une motion. Je vais lire le texte parce qu'à l'époque, le gouvernement avait refusé de s'excuser dans le dossier de Mirabel.
Le ministre fédéral des Transports de l'époque, Jean Lapierre, un ministre libéral — il fait de la télévision de temps à autre —, avait refusé de faire des excuses aux expropriés de Mirabel. À l'époque, le premier ministre Paul Martin avait reconnu que ces gens avaient souffert; il y avait eu une reconnaissance. Aujourd'hui, les libéraux ont tendance à avoir une opinion un peu différente par rapport à Forillon. Est-ce la perspective d'élections qui fait qu'ils ont un peu plus de plomb dans la tête? On verra. Il reste quand même que le dossier des expropriations est une dure réalité.
En ce qui concerne Mirabel, en 2005, nous avons appuyé une motion déposée par le Parti conservateur à l'époque. J'étais député à la Chambre et on était conscient de la situation. On discutait pour enclencher le processus de rétrocession des 11 000 acres de terres qu'il restait. En 2006, le , juste avant la campagne électorale, était allé à Mirabel faire en grande pompe une promesse électorale. Les conservateurs ont fêté leurs cinq ans au pouvoir, et il reste encore 8 000 des 11 000 acres à rétrocéder. Ce n'est pas encore terminé.
Les conservateurs, qui sont au pouvoir aujourd'hui, hésitent à faire des excuses. Dans le cas de Forillon, c'est ce qu'on demande, mais ce sont eux qui gouvernent. Dans le cas de Mirabel, c'est le qui avait fait une promesse électorale et qui était allé à Mirabel pour dire que la rétrocession des terres serait complétée. Il reste à peu près 8 000 acres de terres à rétrocéder et 97 dossiers qui ne sont pas encore complétés, mais il y a une volonté de le faire.
La motion déposée par le Bloc vise à reconnaître cette injustice. C'est notre premier rôle de politicien de le faire. On est ici pour adopter des lois, mais quand nos prédécesseurs en ont adopté de mauvaises, peu importe le parti politique, on doit être capables de le reconnaître et savoir s'excuser pour les décisions prises par nos prédécesseurs. C'est la beauté de la motion du Bloc québécois. Nous demandons que la Chambre présente des excuses officielles aux expropriés de Parc Forillon. J'espère que tous les partis politiques auront compris que nous devons bien ça aux 225 familles et à tous les utilisateurs de ces terres qui ont vécu une grave injustice et qui méritent nos excuses.
:
Monsieur le Président, le Bloc québécois demande aujourd'hui quelque chose de très simple à comprendre: que le gouvernement fédéral fasse des excuses officielles aux expropriés du Parc Forillon.
Mon collègue d' vient de mentionner Saint-Scholastique. Souvenons-nous de Kouchibouguac, au Nouveau-Brunswick, et de toute la saga qu'a dû vivre la famille Vautour. Ici, en Outaouais, la Commission de la capitale nationale a exproprié les gens du lac Philippe pour créer le parc de la Gatineau. Remarquons que ce sont des francophones qui habitent dans cette région. On les a tous expropriés. Au lac Meech, les gens étaient pas mal plus riches, anglophones et branchés auprès du gouvernement libéral de l'époque. On ne les a pas touchés. Ce n'est pas qu'ils méritaient d'être expropriés, mais les gens du lac Philippe souffrent encore de cette histoire-là.
Il y a d'autres histoires, celle de Hull, par exemple. Pourquoi a-t-on construit les édifices fédéraux dans le secteur de Hull, situé tout juste de l'autre côté du pont, là où vivait la communauté de Hull? Pourquoi n'a-t-on pas été les construire aux limites de la ville pour permettre à ces gens de vivre dans leur maison et leur communauté? Non, on les a expropriés cavalièrement. Ils ont dû partir et aller vivre ailleurs, comme dans le secteur du Baron ou Pointe-Gatineau. On les a expropriés en leur donnant moins que rien pour leur maison. Certains vivent encore dans des maisons roulottes aujourd'hui parce qu'on ne leur a pas donné l'argent nécessaire pour construire des maisons équivalant à celle qu'ils avaient dans le secteur de Hull.
À l'époque, on a détruit le tissu social de Hull pour que les édifices fédéraux ne soient pas trop loin d'Ottawa, de la capitale, du Parlement. Encore là, libéraux, libéraux, libéraux; Trudeau, Trudeau, Trudeau. C'est ce que le gouvernement fédéral a fait à ces gens, à l'époque. C'est une très grande souffrance.
Les conservateurs sont-ils des Trudeau? Veulent-ils s'enfirouâper dans un manteau à la Pierre-Elliott Trudeau et maintenir ce que les libéraux ont fait en ne s'excusant pas? C'est ce qu'on entend aujourd'hui. Qu'on écoute ce jeu de mots: on entend par le silence des conservateurs. Ils ne se sont pas levés pour dire qu'ils allaient s'excuser auprès des gens de Forillon parce qu'on leur a fait vivre l'enfer.
On a fait la même chose avec les Métis. Souvenez-vous qu'après la pendaison de Louis Riel, les Métis étaient devenus des corner people ou des road allowance people. Ils n'étaient même pas reconnus comme des êtres humains. Ici et là au Manitoba et en Saskatchewan, pour les évincer, on brûlait leurs maisons faites de tourbe parce qu'ils ne payaient pas de taxes municipales. C'est une autre forme d'expropriation de la part du gouvernement fédéral canadien. Il serait temps qu'on revienne sur terre et qu'on fasse preuve d'humanisme.
Pensons à la déportation des Acadiens. Bien sûr, ce n'était pas à l'époque du Canada, mais à celle du régime anglais. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à ces gens-là. On les séparait et on les envoyait en Nouvelle-Angleterre et dans les Falklands, en Europe. Dans certains bateaux, très loin en mer, on jetait des enfants par-dessus bord pour que ces Acadiens n'aient pas de descendance.
Le Canada a une histoire très sombre au chapitre de l'expropriation. On a enlevé aux gens leurs biens, on les a déracinés des terres qui leur appartenaient. Forillon en est un autre exemple.
Je ne parlerai pas dans le détail de l'enfer qu'ont vécu les gens de Forillon et qu'ils vivent encore aujourd'hui. Ils sont encore vivants et ils nous entendent aujourd'hui. Ils espèrent voir autre chose que des Trudeau junior qui continuent à maintenir l'insulte qu'on leur a faite. Je vois le sérieux sur votre visage, monsieur le Président, et je suis convaincu que vous allez parler aux gens de votre caucus pour qu'ils se lèvent debout et reconnaissent l'horreur et l'enfer qu'on a fait vivre aux gens de Forillon.
Il y a des témoignages. On a exproprié ces gens et brûlé les maisons devant eux. Lorsqu'ils ont voulu revenir plus tard dans leur communauté pour aller dans un des trois cimetières dans le Parc Forillon et prier sur la tombe des êtres qui leur étaient chers, on les faisait payer parce qu'ils entraient dans un parc national canadien. C'est beau!
Est-ce cela, le Canada? Les fédéralistes de coeur qui aiment tant leur grand pays vont-ils se lever debout un jour? Vont-ils se lever un jour pour dire qu'ils ont mal agi, pour reconnaître leur erreur et présenter aux gens de Forillon, de façon tangible, des excuses officielles de la Chambre des communes? Des gens âgés devaient fouiller dans leur portefeuille pour trouver de la petite monnaie afin d'aller prier sur la tombe de leur enfant ou de leur époux décédé à l'intérieur du parc Forillon. C'est un exemple, mais j'espère que cela les sensibilise et qu'ils ne se demanderont pas combien ça va coûter au Trésor canadien. Si les gens du gouvernement ont des sentiments humains, qu'ils en fassent la preuve. Ils ont une occasion en or.
« Le gouvernement avait envoyé un subpoena à mon père pour lui dire que sa maison appartenait maintenant à la reine. Jamais il n'aurait cru qu'on viendrait le sortir de là. Eh bien, les gars de la GRC l'ont mis à la porte de sa demeure manu militari » se souvient Charles Bouchard, le fils d'un exproprié. Son père Édouard, surnommé Eddy, aujourd'hui décédé, a été le dernier des expropriés à mettre la clé dans la porte de sa maison du portage de L'Anse-au-Griffon, un des secteurs cédés au fédéral. « Il refusait de quitter, mais il a dû se résigner. Pour le chasser, l'État fédéral canadien du gouvernement libéral du Canada lui a coupé le téléphone et les autres services. »
Charles Bouchard se rappelle avoir reçu 1 400 $ pour son lopin de terre d'une cinquantaine d'acres. Et son père aurait obtenu un maigre montant de 20 000 $ pour sa maison, les autres bâtiments, ses terres et les deux érablières qu'il avait. Ça nous donne une idée de ce qui s'est passé, et cela ne remonte pas à 1622. On était dans les années 1970. Il n'y a pas grand monde ici qui n'était pas au monde, en 1970. Devant la faiblesse des indemnités versées par le gouvernement du Canada du Parti libéral de Pierre Elliott Trudeau, une centaine d'expropriés se rebellent, et malgré la menace gouvernementale, s'en vont devant les tribunaux. Ils ont pu avoir un peu plus.
Comme autre témoignage, il y a celui de Jérémie Dunn. Une émission sera d'ailleurs en onde ce soir à 20 heures à Radio-Canada: l'émission Enquête. Mes collègues devraient l'écouter, ils comprendraient des choses. À l'émission Tout le monde en parlait, à Radio-Canada, on parlait récemment des 225 familles gaspésiennes qui ont été expropriées. Dans le reportage, on a montré ce dont les maisons avaient l'air avant l'expropriation, et on a aussi montré les maisons en train de brûler. On a incendié des maisons.
On comprend la situation, et des excuses sincères seraient tellement simple à présenter avec sincérité. En effet, nous sommes sincères. Nous devons mettre en avant toute forme de respect, et un humanisme doit nous animer devant ces gens qui ont souffert, qui souffrent — et qu'on ne veut plus voir souffrir — à la suite d'un geste odieux du gouvernement libéral du Canada de l'époque envers les expropriés de Forillon.
Monsieur le Président, je compte sur vous pour convaincre vos gens par rapport à cette situation.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de parler de la motion de l'opposition présentée aujourd'hui par le Bloc. Le Bloc a bien raison de formuler la motion de la sorte, c'est-à-dire de demander au Parlement de présenter des excuses, puisque si on devait s'en remettre au gouvernement, rien ne serait probablement fait. On l'a vu aujourd'hui, dans les quelques interventions des députés ministériels qui ont parlé de la motion.
Ils ont fait des discours de 20 minutes et, durant la période des questions et observations, on leur a demandé à plusieurs reprises s'ils allaient voter en faveur de la motion, mais ils ne sont pas capables de répondre à cette question. J'en déduis qu'ils ne sont probablement pas en faveur de la motion. S'ils l'étaient, ils se seraient empressés de nous le faire savoir à ce stade-ci.
Le fait que les trois partis de l'opposition appuient la motion garantit que celle-ci sera adoptée et, au bout du compte, que le Bloc obtiendra le résultat escompté. Les excuses seront présentées, malgré la réticence du gouvernement conservateur.
Les députés conservateurs ont donné plusieurs exemples pour montrer leur disposition à présenter des excuses depuis leur arrivée au pouvoir. Je ne comprends absolument pas pourquoi ils seraient réticents à voter pour ses excuses, alors qu'ils ont été plutôt disposés à le faire dans d'autres cas.
Quant aux libéraux, je sais que le député d' a pris la parole ce matin. Il me semble que c'était le deuxième intervenant. Il a clairement fait savoir, dès le début, qu'il présentait des excuses au nom du Parti libéral pour ses 27 années de négligence à cet égard. Par contre, le député n'a pas mentionné -- du moins, je n'ai pas compris -- si les excuses venaient du chef libéral ou s'il estimait, à titre personnel, que des excuses étaient de mise.
Par ailleurs, ni le député ni qui que ce soit d'autre à la Chambre n'a mentionné, selon ce que j'ai pu entendre jusqu'à présent, ce que le gouvernement libéral a fait pendant ces 27 années pour résoudre le problème. Je me serais attendu à ce que le gouvernement, qui est toujours prêt à attaquer les libéraux, se soit préparé et qu'il nous donne des précisions, au lieu de nous faire une saisissante description de la flore et de la faune du parc.
Si les libéraux n'avaient rien fait pendant 27 ans, le gouvernement n'aurait pas hésité à nous le signaler. Je m'attendais à ce que les ministériels nous fournissent cet argument, mais ils ne l'ont pas fait.
Jusqu'à présent, la position des conservateurs est très étrange, mais le nouveau député de fera son premier discours à la Chambre aujourd'hui et il répondra aux questions qu'on lui posera. Plusieurs députés, dont le député de et moi-même, seront très impatients, j'en suis sûr, de lui demander s'il connaît le secret que nous voulons percer depuis le début de la journée, à savoir si le gouvernement appuiera la motion afin qu'elle soit adoptée à l'unanimité. En fait, ce serait la chose à faire.
Comme je l'ai dit, la motion du Bloc, qui est présentée dans le cadre d'une journée de l'opposition, demande qu'on présente des excuses aux anciens habitants du territoire du parc national Forillon, qui ont été expropriés en 1969. Je parlerai plus tard de nombreuses autres expropriations qui ont eu lieu pendant la même période, notamment dans ma province, le Manitoba. C'était certes une période où on s'est vivement employé à créer de nouveaux parcs fédéraux ou provinciaux, comme dans le cas du Manitoba.
En 1969, le gouvernement de l'Union nationale, au Québec, dirigé par Jean-Jacques Bertrand, et le gouvernement fédéral de M. Pearson ont convenu de créer un parc en Gaspésie. Je crois que c'était le premier parc national au Québec, comme les députés du Bloc l'ont indiqué. Entre 1969 et 1972, plus de 1 000 personnes de la région, soit environ 225 familles, ont été expropriées pour que le parc puisse voir le jour.
Une histoire semblable s'est produite à l'île Hecla, au Manitoba. Les deux situations sont comparables et se sont produites à la même époque. Signe des temps, les gens déménageaient en ville. L'école secondaire de l'île avait dû être fermée. Les écoles fermaient parce qu'il n'y avait pas suffisamment d'enfants d'âge scolaire.
C'est une île, et il faut des travaux pour y maintenir une population. Le pont-jetée n'avait pas encore été construit à l'époque, alors il fallait entretenir des routes d'hiver et faire d'autres travaux d'entretien. La population avait diminué et il y avait de moins en moins d'enfants d'âge scolaire.
Des habitants de l'île Hecla faisaient la promotion de l'idée de créer un parc provincial pour stimuler le développement économique. Je crois que c'est ce qui s'est produit en Gaspésie également. Un député nous a rappelé aujourd'hui qu'on souhaitait dans ce temps-là que le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral convainquent les gens qu'en transformant l'endroit en parc provincial, on créerait des emplois.
Comme ce fut le cas sur l'île Hecla, les emplois ne se concrétisèrent jamais. Les gens durent vendre leur propriété. Dans le cas de l'île Hecla, les gens ne furent pas tous expropriés. Un grand nombre d'entre eux vendirent de plein gré. Ils acceptèrent de vendre à bas prix, puis s'installèrent à des endroits comme Winnipeg, où les maisons coûtaient trois fois plus cher.
Les propriétaires terriens étaient très désavantagés et se mirent à avoir des doutes. Ceux qui attendirent d'être expropriés, et qui ne furent pas nombreux, finirent par obtenir un meilleur prix que les autres pour leur propriété, ce qui suscita beaucoup d'acrimonie entre ces groupes.
Un gouvernement conservateur subséquent essaya d'aider les gens à s'établir ailleurs, une entreprise qui fut un gros gâchis également. La police dut intervenir, et des gens furent inculpés de fraude, de fabrication de faux documents, et ainsi de suite. J'y reviendrai plus tard.
Les 220 familles vivaient à l'endroit où se trouve aujourd'hui le parc et ont été expropriées pour y faire place. Il faut le souligner encore une fois. Un député avec lequel je m'entends très bien et qui assiste aux audiences d'un comité actuellement a laissé entendre que les gens n'avaient pas été dédommagés.
D'après ce que je sais, les résidants ont été dédommagés pour l'expropriation de leurs biens immobiliers. Pourtant, ils ont dû déménager et recommencer à zéro. Ils ont dû se racheter une maison et, avec l'argent qu'ils avaient reçu en dédommagement, ils n'ont pas pu remplacer ce qu'ils avaient perdu. Ils étaient donc désavantagés dès le départ. De plus, ils croyaient que la création du parc entraînerait la création d'une multitude d'emplois, mais ce ne fut pas le cas.
Cela fait 40 ans que les résidants expropriés demandent des excuses officielles. Nous avons demandé, à maintes reprises, pourquoi les libéraux ne les ont jamais présentées. Je le répète, je m'attendais à ce que les députés conservateurs saisissent la balle au bond et prennent la parole, du début à la fin de la journée aujourd'hui, pour dénoncer l'inaction des libéraux pendant 27 ans, et qu'ils s'empressent d'appuyer la motion. Leur retenue me rend perplexe.
Parcs Canada a créé une exposition interactive dans l'une des maisons expropriées pour raconter l'histoire de certaines familles forcées de partir. Des plaques commémoratives ont été installées un peu partout dans le parc, là où les collectivités étaient installées à l'époque. C'est très bien. Parcs Canada a attendu bon nombre d'années avant de le faire. Elle n'était pas obligée de le faire, mais c'était la bonne chose à faire.
Le gouvernement a annoncé qu'il émettrait, en 2011, des laissez-passer spéciaux pour les descendants des familles expropriées, jusqu'à la troisième génération. Notre porte-parole a fait valoir que cette mesure devrait s'appliquer aux descendants jusqu'à la cinquième génération. Je crois que ce laissez-passer donne accès à tous les parcs du système. Donc, jusqu'à la troisième génération, tous les descendants des personnes dont la résidence principale se situait sur l'emplacement actuel d'un parc national ou d'un lieu historique national et qui ont été expropriées, recevront un tel laissez-passer.
Selon le député de , les gens qui veulent se recueillir sur la tombe de leurs ancêtres devront faire la queue et payer pour entrer dans le parc. Si je ne m'abuse, le parc compte trois cimetières. J'ai bien du mal à comprendre.
L'admissibilité à des laissez-passer sans date d'expiration serait déterminée par un comité, en fonction des registres historiques, s'il en reste.
C'est précisément à cause de tels comités que les conservateurs se sont mis dans l'embarras, au Manitoba, lors de la relocalisation des habitants de l'île Hecla. Là aussi, un comité a été créé, mais certains de ses membres ont mis les autres dans l'embarras, comme je l'expliquais plus tôt.
Malgré les difficultés que les anciens résidants s'attendent à rencontrer, ils considèrent tout de même qu'il s'agit d'un bon pas en avant.
En 2010, le ministre Prentice a reçu une pétition signée par 750 anciens résidants et leurs descendants. Je joins ma voix à celle de mon collègue de pour féliciter le ministre Prentice, qui a toujours réussi à se sortir du pétrin, et Dieu sait que le gouvernement l'y a mis souvent.
Ces 750 anciens résidants réclamaient l'accès gratuit au parc pour les cinq générations suivantes au lieu des trois que leur promettait le gouvernement. La plupart des ancêtres des 225 familles sont enterrés là-bas, et la majorité des bâtiments ont été détruits lorsque le parc a été créé, soit par les bulldozers, soit par le feu. Heureusement, ceux qui sont restés debout sont désormais protégés.
Pour nous, il s'agit d'une motion relativement peu susceptible de susciter la controverse. Nous sommes d'avis que les conséquences financières à prévoir si le gouvernement devait présenter des excuses seraient très limitées, les tribunaux ayant déjà déterminé que ces expropriations étaient légales.
En fait, il y a des expropriations partout. Les gouvernements n'ont souvent pas le choix d'exproprier des gens. À l'époque où il était premier ministre du Manitoba, Duff Roblin a fait construire un canal d'évacuation des crues, et c'est tout juste si les Manitobains ne l'ont pas canonisé tellement ils lui étaient reconnaissants. Grâce à cet ouvrage, le Manitoba a économisé des milliards de dollars. Encore dernièrement, le canal a été prolongé, projet qui a nécessité d'importants nouveaux investissements. On s'attend cependant à ce qu'il évite bien des maux de tête à tout le monde quand les crues atteindront des niveaux record, dans quelques mois. Or, quand M. Roblin a fait construire ce canal, il a dû procéder à des expropriations.
Ne nous leurrons pas. Peu importe leur allégeance, les gouvernements, dès lors qu'ils se lancent dans des projets de construction comme celui du canal d'évacuation des crues, qui a permis d'éviter des milliards de dollars en dégâts, n'ont d'autre choix que d'exproprier des gens, sauf qu'en l'occurrence, il s'agit plutôt d'un parc national.
Comme dans le cas de l'île Hecla, en se débarrassant des gens, le gouvernement a pratiquement ruiné le parc. Il faut qu'il y ait de l'activité dans le parc, que des gens y vivent. Finalement, les conservateurs ont bouclé la boucle et décidé, en 1998, de faire revenir la population pour repeupler l'île.
La belle affaire! Après avoir exproprié et expulsé les gens du parc, nous décidons, 15 ans plus tard, de les faire revenir pour réparer les dégâts dont nous sommes responsables.
Au fil des ans, les gouvernements ont montré qu'ils ne sont pas étrangers aux contradictions, dans le dossier de la pénurie de personnel infirmier, par exemple. Le gouvernement conservateur a mis à la porte 1 000 infirmières au Manitoba alors que la population était vieillissante et que nous avions besoin de celles-ci.
Le député d' a parlé de l'aéroport de Mirabel. Les plus grands cerveaux du pays ont conçu ce nouvel aéroport à Mirabel et ont procédé à l'expropriation des terrains. Qu'est-il arrivé par la suite? C'est devenu un éléphant blanc. Dans ce cas, au moins, le gouvernement conservateur a fait la bonne chose et a rendu leurs terres aux anciens propriétaires qui le voulaient.
Le gouvernement a bien agi à l'époque. Voilà pourquoi nous voulons qu'il en soit de même dans cette affaire. Se joindre au reste de la Chambre n'est pas si difficile que ça. La motion sera adoptée de toute façon. Faisons-le d'une voix unanime. Pourquoi ne pas faire la bonne chose et admettre que les gouvernements font des erreurs? Tout le monde doit admettre ses erreurs et s'efforcer de corriger les problèmes qui en découlent. Personne n'est au-dessus de cela.
Au cours des quatre minutes qui me reste, j'aborderai certaines questions découlant de la situation du Manitoba. D'autres députés ont fait des parallèles avec des situations dans leurs provinces. Dans le cas du Manitoba, il ne s'agissait pas d'un parc fédéral, quoique le gouvernement ait peut-être tenté la chose à un moment donné. Il s'agissait d'un parc provincial. De nombreux articles portent sur ce sujet parce qu'il s'agit d'une véritable saga, qui ressemble à la situation du parc Forillon. C'est la même histoire, mais dans un cadre différent.
Et ce qui est intéressant, c'est que c'est arrivé à la même époque. Ce n'était pas 20 ou 30 ans avant ou après. C'était à peu près au même moment que la création du parc au Québec. Il y avait aussi la création d'un parc au Nouveau-Brunswick qui a connu un dénouement plus violent. Tout cela s'est passé au même moment.
Ce sont des Islandais qui se sont installés sur l'île Hecla en 1876. J'ai beaucoup trop de choses à dire dans les deux minutes qui me restent, alors je vais essayer d'être bref.
L'île avait une population de 500 habitants et comptait deux écoles et deux magasins. Quelques personnes vivotaient sur des fermes au sol ingrat. La plupart des habitants de l'île étaient des pêcheurs commerciaux et des capitaines qui gagnaient leur vie sur le lac.
La situation s'est mise à se détériorer au cours de la décennie suivante, et beaucoup de gens sont partis vers des localités comme Gimli et Winnipeg chercher une vie meilleure. En 1966, on a fermé la dernière école existante et donné à ceux qui étaient encore là une raison de plus d'abandonner leur maison. Les colons de l'île ne pouvaient plus subsister dans leur isolement. Comme liaison, il n'y avait qu'une route de glace l'hiver et un minuscule traversier quand l'eau était navigable. Le pont-jetée date seulement de 1972.
Je tiens à rectifier les informations erronées que le député de a présentées ce matin. Quand le NPD est arrivé au pouvoir en 1969, il a hérité du plan vieux de deux ans du gouvernement conservateur de Walter Weir. Les conservateurs prévoyaient déjà depuis deux ans de faire d'Hecla un parc provincial. Le projet était déjà bien amorcé.
Quand le premier ministre Schreyer a regardé le plan des bureaucrates, il n'a pas aimé cela. Ces bureaucrates voulaient faire partir tout le monde. Le premier ministre, lui, prévoyait de conserver une partie des habitants d'origine, et il a proposé de procéder aux expropriations de terrains et de maisons privées nécessaires à la mise en place des infrastructures. Qu'on ne laisse plus âme qui vive là-bas, c'était pour lui une absurdité.
Évidemment, il y a eu un plan de cession-bail en vertu d'une entente rurale fédérale-provinciale, mais très peu de gens ont profité de cette proposition de la province, car l'île vivait une crise économique. Sur les 99 propriétés expropriées, 56 ont été volontairement abandonnées, 18 ont finalement été cédées volontairement au terme de négociations, dans 17 cas il y a eu décision des tribunaux, et dans 3 cas l'expropriation a été écartée.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole relativement à la motion du député de , qui porte sur le parc national Forillon. Je veux d'abord m'excuser de mon piètre français, appris à l'école secondaire au Manitoba. J'espère que mes amis d'en face vont se montrer indulgents à mon égard.
C'est presque mon premier discours à la Chambre, puisque j'ai à peine dit quelques mots auparavant. Je veux remercier tous mes collègues, y compris les députés d'en face, de leur accueil chaleureux. Je ne crois pas que cela va durer, mais, pour l'instant, c'est vraiment merveilleux. Je remercie aussi les députés d'en face de leur aide, ainsi que mes collègues de ce côté-ci de la Chambre.
Nous savons tous que le Canada est un pays merveilleux, mais ce sentiment a une dimension toute spéciale dans mon cas. Mes parents, Joe et Ida Sopuck, sont nés en Europe de l'Est et ils ont immigré au Canada dans les années 1920. Ils sont arrivés au quai 21. Pour ceux qui ne le savent pas, la visite de cet endroit est une expérience très émouvante. Tous mes collègues et moi sommes conscients du fait que le Canada est un pays merveilleux. C'est non seulement une terre porteuse d'espoir, mais aussi un endroit où l'on trouve de très beaux paysages.
Je n'ai pas visité le parc national Forillon, mais je sais qu'il a été créé dans les années 1970, afin de protéger et de mettre en évidence l'une des régions les plus belles et les plus exceptionnelles du Canada.
Cela dit, je suis bien au courant des relations qu'entretiennent les résidants locaux avec les parcs nationaux. Le parc national du Mont-Riding est situé dans ma circonscription. Par conséquent, je serai heureux de répondre aux questions des députés qui voudraient en savoir davantage sur le Manitoba.
Je vis à proximité d'un parc national. Ma femme et moi avons 480 acres de terrain, qui sont situés à environ cinq kilomètres du parc. Je vis au coeur d'une collectivité qui dépend de l'agriculture et des ressources, et mes voisins gagnent bien leur vie avec leurs terres situées tout près d'un parc national.
Je suis sensible aux préoccupations du député à l'égard des familles qui ont été forcées de quitter leurs terres lorsque le parc national Forillon a été créé, en 1970. Nous avons vécu un épisode semblable dans les environs du parc national du Mont-Riding. Des gens qui étaient établis à un endroit depuis des générations, notamment des immigrants et des membres des Premières nations, et qui gagnaient bien leur vie, ont eux aussi été forcés de quitter la région.
Je représente la grande circonscription de Dauphin—Swan River—Marquette qui s'étend sur 52 000 kilomètres carrés. On y trouve plusieurs parcs provinciaux et un parc national. Je tiens à remercier les électeurs de Dauphin—Swan River—Marquette de m'avoir élu et de me faire confiance.
Je sais que les électeurs qui vivent à proximité du parc national du Mont-Riding et ceux qui vivent à proximité du parc national Forillon ont beaucoup de choses en commun. Outre le ressentiment au sujet des parcs nationaux, ils partagent un mode de vie rural fondé sur l'exploitation des ressources naturelles et un profond intérêt pour la terre et le paysage.
Les gens de ma circonscription ont, à l'égard de l'intendance, une éthique rigoureuse et constante. Il y a dans ma circonscription une foule de districts de conservation où les gens prennent à la fois soin de la terre et en tirent leur subsistance. Plusieurs organismes de conservation travaillent d'arrache-pied pour préserver la qualité extraordinaire de notre paysage.
L'agriculture est l'activité pivot de ma circonscription. Au fil du temps nous avons développé ce que j'appelle la culture de l'agriculture. Les gens de ma circonscription se préoccupent non seulement de la terre, mais aussi du bien-être de leur famille et de leur collectivité. Dans ma circonscription, les gens vivent de l'exploitation forestière, de la pêche commerciale, du piégeage, du tourisme et de l'industrie pétrolière naissante.
Ce que j'essaie de dire, c'est que je comprends que les expropriés éprouvent un ressentiment légitime à l'égard du parc national Forillon, à l'instar de ce que les électeurs de ma circonscription éprouvent à l'égard du parc national du Mont-Riding, et je sympathise beaucoup avec eux.
Lorsqu'il a été créé à la fin du XIXe siècle, le parc national du Mont-Riding était une réserve forestière fédérale, puis il est devenu un parc national dans les années 1930. C'est à partir de ce moment-là que l'histoire devient intéressante. Dans les années 1970, sous le gouvernement libéral de l'époque — je vais perpétuer la grande tradition — petit à petit, on a commencé à interdire l'utilisation de ressources dans le parc. On a commencé par l'exploitation forestière. Puis, on y a interdit le pâturage, et ensuite la fenaison. Aucune indemnisation n'a jamais été accordée aux gens qui ont dû quitter le parc. Des fermes entières ont été détruites. Des fermes familiales ont été détruites pour créer le parc.
Je ressens une profonde sympathie à l'égard des Québécois qui ont été expropriés pour créer le parc national. Je conviens avec mon collègue d' qu'on ne peut plus créer de parcs nationaux de cette façon aujourd'hui. Je peux assurer les députés qu'une de mes responsabilités en ma qualité de député sera de veiller aux intérêts de mes électeurs qui vivent dans la région du parc national du Mont-Riding. Je compte bien soulever régulièrement la question auprès du et de son secrétaire parlementaire.
Pour terminer, j'aimerais remercier les députés de m'avoir donné cette chance. Cependant, tâchons de ne jamais oublier que les régions rurales du Canada sont la charpente de notre pays. J'ai été très heureux de constater, au cours des dernières années, la mesure dans laquelle le secteur des ressources naturelles est le moteur économique du pays. Nous pouvons bâtir un secteur prospère des ressources naturelles au Canada, que ce soit l'agriculture, la foresterie, l'exploitation minière, la pêche, et j'en passe. Nous pouvons également préserver de merveilleux parcs naturels et de merveilleuses aires sauvages. À mon avis, ces deux choses peuvent coexister.