La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport sans propositions d'amendement.
Le Président: Comme il n'y a aucune motion à l'étape du rapport, la Chambre procédera maintenant sans débat à la mise aux voix de la motion d'adoption à l'étape du rapport.
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole sur ce débat en troisième lecture, qui va clôturer tous les efforts de ma formation politique et de moi-même pour convaincre les députés de la Chambre du bien-fondé du projet de loi , qui est toujours d'actualité. Le projet de loi vise à accorder au Bureau de la concurrence les pouvoirs requis pour mener à bien ses enquêtes.
Le prix du baril de pétrole était en chute libre à un moment donné, mais en raison de la situation en Libye, la semaine dernière, ce prix a connu une hausse vertigineuse. Le prix du baril de pétrole a explosé, ce qui a des répercussions sur le prix à la pompe. C'est là le problème.
Le Bureau de la concurrence pourrait mener une enquête. Les consommateurs ne sont pas des sans-dessein ni des idiots. Ils savent bien que le pétrole des citernes des stations-service a coûté beaucoup moins cher. Même si le prix du baril de pétrole est monté jusqu'à 104 $ ou 120 $, il ne devrait pas y avoir de hausse directement à la pompe parce que cette essence a coûté beaucoup moins cher. C'est plus facile pour les pétrolières et les stations-service d'augmenter le prix à la pompe dès qu'il y a une hausse. On sent que les gens sont pris en otage par les pétrolières.
Je vais donner un exemple concret. Près de l'endroit où je demeure, il y a un Canadian Tire avec une station-service. Mardi, le prix à 7 heures du matin était de 1,17 $. Trois heures plus tard, à la même station-service, il était de 1,25 $. Que s'est-il passé entre 7 heures et 10 heures? Je n'en ai aucune idée, mais le prix a monté de 8 ¢. Vingt-quatre heures plus tard, le prix a descendu à 1,17 $. Comment peut-on expliquer à la population que le prix de l'essence peut fluctuer en 24 heures alors que rien ne s'est passé? Le détaillant s'est mis dans les poches 8 ¢ le litre, et je crois que ce sont les consommateurs qui y perdent. C'est pour cela que les consommateurs veulent un projet de loi pour que le Bureau de la concurrence puisse enquêter sur le secteur pétrolier.
Quand je parle du secteur pétrolier, ce n'est pas seulement du prix à la pompe. On sait déjà que lorsqu'il y a une hausse du prix du baril de pétrole, le prix du raffinage descend, mais le contraire se produit aussi. Lorsque le prix du baril de pétrole descend, le prix du raffinage augmente.
J'ai posé cette question au Bureau de la concurrence et au comité. On dit qu'il n'y a pas de communication entre les pétrolières, mais comment se fait-il que chaque lundi, sans se parler, les raffineurs du Québec et du Canada ont tous le même prix à la pompe? Si on décide que le prix au raffinage est de 8 ¢, le mois suivant, il sera de 13 ¢, 15 ¢ ou 16 ¢. On ne voit pas de disparité au niveau du prix à la pompe parce que les pétrolières sont différentes. C'est ce qu'on pense, mais ce n'est pas le cas. Dans les faits, les pétrolières s'approvisionnent toutes au même endroit. Le pétrole du raffineur et celui des citernes souterraines d'une station-service proviennent du même endroit. Alors, comment se fait-il que le prix du raffinage puisse être le même?
Auparavant, il y avait une raffinerie à Montréal et une autre à Québec, mais elles appartenaient à deux compagnies complètement différentes. Pourtant, tous les lundis, le prix à la raffinerie était le même. En tant que consommateurs, on s'attend à ce que, chaque lundi, il y ait une disparité entre les pétrolières, compagnies ou bannières lorsque l'on se rend à une station-service.
Comment se fait-il que le prix soit le même si personne ne se parle? Comment se fait-il que le même litre de pétrole soit raffiné au même prix? Cette question a été posée au Bureau de la concurrence, mais il était déconcerté et ne comprenait pas pourquoi le prix était le même. Je lui ai demandé s'il allait faire une enquête, mais il disait que non. Il nous a dit qu'il avait assez de pouvoir d'enquête. Mais quel est ce pouvoir d'enquête? Personnellement, je crois qu'il n'en a aucun. Il nous dit avoir fait une enquête dans la région de Sherbrooke, et qu'il a été capable de prouver qu'il y avait eu collusion entre les pétrolières pour fixer le prix à la pompe. Mais il a fallu qu'il y ait délation.
Il a fallu que quelqu'un téléphone au Bureau de la concurrence pour dire qu'on l'avait appelé et qu'on lui avait fait des menaces pour qu'il augmente son prix à la pompe. À partir de là, le Bureau de la concurrence a initié une enquête. Pour initier une enquête, il faut une délation. Je l'ai essayé moi-même. Le Bureau de la concurrence disait qu'on pouvait l'appeler pour se plaindre du prix de l'essence dans sa ville ou sa municipalité s'il y était plus élevé que dans la ville ou la municipalité voisine et si on ne comprenait pas pourquoi l'essence était si chère à la pompe.
Beaucoup de gens de ma circonscription ont déposé des plaintes auprès du Bureau de la concurrence, afin que celui-ci initie une enquête. Or il n'a jamais fait d'enquête parce qu'il n'y a pas eu de délation. Le Bureau de la concurrence n'avait pas, sur un plateau doré, tous les éléments pour mener une enquête.
Sait-on ce qu'est la concurrence pour les pétrolières? Il ne s'agit pas de concurrence entre les bannières, mais de concurrence entre les municipalités. Si la municipalité est grande, l'essence y sera beaucoup plus chère parce que le volume de population y est beaucoup plus important. À l'inverse, si une municipalité située à 10 km de là est beaucoup plus petite, le prix de l'essence y sera beaucoup plus bas. Les pétrolières disent que c'est ça, la concurrence. Les gens de la plus grande municipalité devraient aller faire le plein d'essence dans la petite municipalité. Pour elles, c'est ça, la concurrence.
Ça va encore plus loin. À Montréal, il y a des rues qui sont achalandées, et le prix à la pompe y est beaucoup plus élevé qu'à quatre ou cinq rues de là, où c'est moins achalandé. Pour les pétrolières, c'est ça, la concurrence. Pour les consommateurs, ce n'est pas de la concurrence, c'est de l'hameçonnage.
On est obligé de mettre de l'essence dans sa voiture. Les pétrolières engrangent des milliards de dollars de profit année après année, mais je pense qu'elles prennent l'argent directement dans nos poches. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à le dire. Si on fait le tour de toutes les circonscriptions du Canada pour demander à la population si elle pense se faire arnaquer par les pétrolières, je peux assurer que la réponse sera affirmative.
Est-ce si difficile de donner au Bureau de la concurrence un pouvoir d'enquête? On entend souvent les partis politiques se demander si ça se fait ailleurs et si on serait les seuls à le faire. Or le Bureau de la concurrence a déjà eu un pouvoir d'enquête. Il l'a eu jusqu'en 1986, jusqu'à ce que les conservateurs de l'époque soient au pouvoir. Ils ont retiré ce pouvoir d'enquête au Bureau de la concurrence. La raison pour laquelle ils lui ont retiré son pouvoir d'enquête, c'est qu'il y avait déjà eu une enquête sur cette industrie.
Vous savez que n'importe quelle industrie peut être sujette à une enquête. On peut aussi parler directement de l'industrie de la construction à Montréal où on mentionne qu'il y a eu des soumissions qui ne sont peut-être correctes. Le Bureau de la concurrence peut enquêter, mais présentement, il ne peut pas enquêter de lui-même. Il faut qu'il y ait une délation. En vertu de cela, la pression des lobbys de l'industrie a fait en sorte que le gouvernement de l'époque a justement enlevé le pouvoir d'enquête au Bureau de la concurrence.
Est-ce que d'autres pays ont des pouvoirs d'enquête comme ceux qu'on veut donner au Canada au Bureau de la concurrence? La réponse est oui. Aux États-Unis, cette étude peut être entreprise de trois façons: lorsque le Congrès exerce son pouvoir législatif pour demander à la Federal Trade Commission, la FTC, de rédiger un rapport précis; lorsque les membres du Congrès ou d'un comité du Congrès demandent, sans exercer un pouvoir législatif, à la FTC de mener une étude; et la FTC peut de son propre chef enclencher ou mener une enquête. Aucun critère formel ne limite le type d'enquêtes sur la recherche et la politique que la FTC peut mener.
Soulignons de plus la situation qui existe au Royaume-Uni avec l'Office of Fair Trading.
L'OFT a effectué des études de marché sur divers secteurs de l'économie, notamment sur le marché de l'assurance de responsabilité civile, sur les garanties des automobiles neuves, la dentisterie privée, les services de taxi, les cartes privatives et les pharmacies
[...] L'OFT peut aussi présenter une demande d'enquête sur un marché à la Competition Commission lorsqu'il existe des motifs raisonnables de soupçonner qu'une caractéristique ou un ensemble de caractéristiques d'un marché empêche, réduit ou fausse la concurrence.
Le Royaume-Uni peut donc enquêter de lui-même. Aussi, l'Union européenne prévoit ceci:
Lorsque l'évolution des échanges entre États membres, la rigidité des prix ou d'autres circonstances font présumer que la concurrence est restreinte ou faussée à l'intérieur du marché commun, la Commission peut mener une enquête [...]
Ainsi, l'Union européenne peut aussi amorcer une enquête.
On compare souvent le Canada avec l'Australie. Souvent, dans les comités, on se demande ce que fait l'Australie pour peut-être faire la même chose. Toutefois, en Australie, l'Australian Competition and Consumer Commission peut effectuer des enquêtes générales sur tous les secteurs de l'économie. L'enquête peut donc être ouverte par le commissaire. Il peut donc lui-même enquêter. C'est la même chose qu'on veut faire.
En 1998, date où la Loi sur le TCCE a été adoptée, le Canada a effectué quatre enquêtes. Cependant, on n'a aucune enquête sur le problème de la concurrence en vertu de la Loi sur les enquêtes depuis l'abrogation de l'article 47 en 1986, comme je le disais tantôt. Il est important de mentionner que même le commissaire à la concurrence, M. Konrad von Finckenstein, lors de sa comparution devant le Comité de l'industrie le 5 mai 2003, a soulevé ce qui suit comme lacunes à la Loi sur la concurrence:
Même si le mandat du Bureau inclut le rôle très important d'enquêteur et de promoteur de la concurrence, la loi actuelle ne donne pas au Bureau le pouvoir de mener une étude sur l'industrie. [...] Il me semble qu'il serait préférable qu'une étude sur l'ensemble de la situation soit faite par un organisme indépendant qui aurait des pouvoirs, qui pourrait faire comparaître des témoins et recueillir de l'information. Il devrait aussi avoir le pouvoir de protéger l'information confidentielle que, forcément, personne ne veut partager, mais qui serait essentielle pour en arriver à une conclusion basée sur les faits réels.
Il y a eu aux États-Unis une étude concernant les pétrolières. Celle-ci consiste à savoir si les raffineurs ont cherché à faire augmenter le prix de l'essence à la pompe pour les consommateurs. Donc, il est aussi important pour les consommateurs canadiens et québécois d'avoir cette même étude faite par le Bureau de la concurrence.
Je vous réfère à un article d'un rapport. Le samedi 25 mai 2002, dans le journal Les Affaires, on lisait ceci: les raffineurs ont cherché à faire augmenter les prix de l'essence à la pompe pour les consommateurs américains en réduisant volontairement l'offre.
Je peux vous dire d'ores et déjà que — même aujourd'hui, on a entendu parler de pétrolières — par suite de la fermeture de la raffinerie qu'il y a eu à Montréal, le prix de l'essence raffinée est beaucoup plus bas. C'est pourquoi il est important que le Bureau de la concurrence puisse avoir un pouvoir d'enquête.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de pouvoir prendre part au débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi .
Ce projet de loi d'initiative parlementaire vise à modifier la Loi sur la concurrence afin de conférer à la commissaire du Bureau de la concurrence du Canada le pouvoir de faire enquête sur un secteur de l'industrie dans son ensemble.
Qu'on me permette d'en faire brièvement l'historique.
Le projet de loi a été inscrit à la liste de priorité au printemps dernier, avant d'être renvoyé au Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, dont je fais partie, juste avant la pause estivale.
En décembre, avant la pause de Noël, le Comité de l'industrie a consacré deux séances à l'étude du projet de loi . Avec l'appui de tous les partis de l'opposition, le comité a convenu d'en faire rapport à la Chambre sans proposition d'amendement. Voilà où nous en sommes.
Au fil des mois, le gouvernement a émis des réserves au sujet du projet de loi , dont certaines méritent que j'y revienne aujourd'hui.
Premièrement, rien ne garantit que les nouveaux pouvoirs qu'on y prévoit seront utiles ni même pertinents à la lumière des pouvoirs que la loi actuelle confère déjà à la commissaire à la concurrence. Grâce aux modifications apportées en 2009 à la Loi sur la concurrence, la commissaire dispose d'outils beaucoup plus efficaces pour sévir contre les activités assimilables à un cartel, qui sont en bonne partie à l'origine de ce projet de loi.
Deuxièmement, il se peut qu'en autorisant la tenue d'enquêtes officielles sur un secteur dans son ensemble, on nuise considérablement aux entreprises ainsi visées, dont la réputation pourrait en pâtir et qui pourraient devoir débourser des sommes considérables pour se conformer aux exigences. Et c'est sans parler des ressources — financières et humaines — que le Bureau de la concurrence devrait y consacrer. La commissaire devrait réaffecter les ressources dont elle se sert pour donner suite à ses priorités actuelles, dont les enquêtes sur les cartels et les autres agissements non concurrentiels qui se répercutent négativement sur le quotidien des Canadiens.
Troisièmement, il est clairement ressorti, lors des audiences du comité, que c'est en bonne partie parce que les gens croient à tort que la commissaire ne peut pas déjà lancer une enquête sur des actes répréhensibles que ce projet de loi a vu le jour.
Quand le représentant du Bureau de la concurrence a comparu devant le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, en décembre, il a confirmé que la commissaire n'avait pas besoin des pouvoirs que lui conférerait ce projet de loi pour s'acquitter de ses responsabilités en matière d'application de la loi. La commissaire a déjà toute la latitude voulue, aux termes de la loi actuelle, pour faire enquête sur les agissements d'une entreprise ou d'un particulier lorsqu'elle a de bonne raisons de croire que la loi a été enfreinte ou qu'elle est sur le point de l'être.
Il est encore plus important de préciser qu'elle n'a pas besoin de recevoir une plainte du public ou l'ordre d'un ministre. Durant ses audiences, le comité a appris qu'environ 30 p. 100 des enquêtes officielles en instance lancées aux termes de la loi ont été entreprises par la commissaire sans avoir reçu de plainte du public. De toute évidence, la commissaire a le pouvoir d'agir quand les circonstances le demandent.
Dans le débat sur les mérites du projet de loi, nous estimons qu'il est important de réfléchir aux conseils que l'Association du Barreau canadien a communiqués au comité en décembre dernier. Dans leur témoignage, des représentants de l'association ont parlé des résultats des enquêtes générales sur un secteur de l'industrie. Leur conclusion générale est qu'ils ne pouvaient concevoir des circonstances dans lesquelles celles-ci se révéleraient utiles à la société.
L'Association du barreau canadien a examiné trois résultats possibles.
Dans le premier cas, au terme d'une telle enquête, la commissaire en arrive à la conclusion que le secteur est suffisamment concurrentiel. Dans un tel cas, le Bureau aurait de bonnes chances d'être critiqué de toutes parts, autant pour les ressources considérables consacrées à l'enquête que pour la perturbation nécessaire des affaires quotidiennes des entreprises pour en venir à la conclusion que le marché est bel et bien concurrentiel.
Dans le deuxième cas, il est déterminé que le secteur n'est pas suffisamment concurrentiel. Cependant, cela pourrait être attribuable à la structure du marché et non à un comportement contrevenant aux dispositions d'exécution de la Loi sur la concurrence.
Comme nous le savons bien, le projet de loi n'apporterait aucun nouveau pouvoir à la commissaire qui lui permettrait de modifier la structure d'un marché. Par conséquent, dans de telles circonstances, on viendrait à la conclusion que le marché n'est pas concurrentiel mais la commissaire n'aurait aucun moyen de régler le problème. Un tel résultat susciterait une frustration généralisée à l'égard du processus.
Dans le troisième cas dont a parlé l'Association du barreau canadien, la commissaire vient à la conclusion qu'un secteur n'est pas suffisamment concurrentiel et que cette situation est attribuable à un comportement qui enfreint certaines dispositions de la loi.
L'association a averti les membres du comité que la capacité du bureau d'entreprendre des démarches en prenant des mesures d'application pourrait être considérablement restreinte en raison des doutes sur l'application régulière de la loi à cause de la manière dont la preuve a été recueillie.
Notamment, l'association a exprimé l'opinion selon laquelle de graves contestations judiciaires pourraient être soulevées concernant le droit de se protéger contre l’auto-incrimination, dans un contexte où on contraint une personne à fournir de l'information pour une enquête sur le marché, et on utilise ensuite cette information contre elle pour des procédures d'exécution.
Même dans ce cas-ci, où des pratiques anticoncurrentielles sont mises en évidence, la capacité de la commissaire de contester ces actes pourrait être entravée à cause des contraintes juridiques pouvant découler de ce projet de loi.
Le Barreau a également profité de l'occasion pour rappeler aux membres du comité que l'objectif fondamental de la Loi sur la concurrence est de protéger les mécanismes de la concurrence, non pas les transactions quotidiennes sur des marchés précis. Cette protection est assurée en ciblant des pratiques anticoncurrentielles données à l'aide de mesures d'application bien précises. La loi n'est pas conçue pour réglementer les transactions sur un marché.
En conclusion, je tiens à rappeler aux députés que cela fait seulement 24 mois que le Parlement a adopté les modifications les plus importantes apportées à la Loi sur la concurrence au cours des 20 dernières années.
Durant l'étude du projet de loi par le Comité de l'industrie, l'Association du Barreau canadien et des représentants du bureau ont insisté sur la valeur et la clarté de ces nouvelles dispositions, qui stipulent clairement et sans équivoque qu'il est illégal de s'entendre avec un concurrent pour fixer les prix, attribuer les marchés ou limiter la production.
En effet, grâce à la loi modifiée, le gouvernement actuel a fait en sorte que la commissaire à la concurrence puisse invoquer de nouvelles et puissantes dispositions qui touchent au coeur même des préoccupations ayant motivé cette mesure législative.
Il est important que nous laissions passer plus de temps avant d'envisager d'autres modifications à un texte législatif si important. C'est seulement ainsi que nous serons en mesure d'évaluer le plein effet des nouvelles dispositions que le gouvernement a ajoutées à la Loi sur la concurrence.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de ses observations, mais je ne suis pas nécessairement du même avis que lui. Au bout du compte, l'adoption d'un projet de loi de cette nature sert l'intérêt de notre pays et des consommateurs. En fait, j'appuie le projet de loi, et le porte-parole du Parti libéral l'appuie aussi. Nous devrons attendre de voir ce qui se produira à l'étape de la troisième lecture.
J'aimerais souligner que certains de ces enjeux visent les consommateurs et interpellent les Canadiens de façon très réelle et tangible. Je pense notamment au prix de l'essence, aux frais bancaires et à d'autres enjeux de cette nature, qui touchent les Canadiens au quotidien.
Parlons des répercussions du prix de l'essence. La presque totalité de la population croit qu'il y a quelque chose qui cloche au niveau de l'industrie pétrolière. Lorsque j'étais très jeune, à 11 ans, j'ai travaillé pour cette industrie. J'étais pompiste. Si une station-service du quartier fixait le prix de l'essence à x cents, les autres stations devaient emboîter le pas et exiger le même prix, sinon, elles se faisaient rappeler à l'ordre. Leurs prix devaient être concurrentiels.
Même au début des années 1970, les consommateurs voyaient déjà que seules quelques pétrolières occupaient le marché et que les prix étaient toujours les mêmes ou qu'ils étaient très semblables. Les consommateurs sont frustrés puisqu'il ne semble pas y avoir de raison justifiant les augmentations, surtout depuis les dernières années. Il y a quatre ou cinq ans, un litre d'essence coûtait 80 ¢.
Je viens tout juste d'envoyer un message texte à mon assistant à Winnipeg pour savoir combien coûte l'essence là-bas. Un litre coûte 1,15 $. J'ai déjà vu le prix dépasser 1,20 $ le litre. Songeons aux répercussions sur l'économie. Supposons qu'une personne utilise 40 litres d'essence, ce qui n'est pas beaucoup. Une personne peut conduire une voiture de modèle Cobalt pendant une semaine et utiliser sans peine 40 litres d'essence. Il s'agit d'une voiture modeste qui est conduite par beaucoup de gens et qui est assez peu énergivore.
Si l'essence coûte 1,20 $ le litre, cela signifie que 40 litres coûtent 48 $. Il y a quelques années, lorsque l'essence était à 80 ¢ le litre, il fallait débourser seulement 32 $ pour la même quantité d'essence. Il s'agit d'une différence de 16 $. Pensons à tout ce qu'un consommateur peut faire avec une économie répétée de 16 $. Il peut s'acheter une télévision ou aller au restaurant. Ce ne sont que des exemples d'achats qui peuvent être faits grâce à une telle économie.
Si nous avions à sonder l'opinion du citoyen moyen qui fait le plein à la pompe, il dirait que les prix sont sûrement fixés parce que cela n'a pas de bon sens. Seule une poignée de gens diraient le contraire.
En gros, les Canadiens veulent savoir ce qu'Ottawa est prêt à faire pour régler ce problème. Je ne sais pas pourquoi le gouvernement craindrait le projet de loi . Le gouvernement affirme qu'il permet déjà à la commissaire de mener des enquêtes. En fait, cette mesure législative apporterait des éclaircissements à ce sujet. Il ne ferait alors aucun doute que la commissaire aurait un tel pouvoir.
En ce moment, la commissaire est chargée de l'administration et de l'application de la Loi sur la concurrence. Elle peut, dans une bonne mesure, lancer des enquêtes et contester des cas devant le Tribunal de la concurrence. Elle peut formuler des recommandations sur des affaires criminelles au directeur des poursuites pénales. Elle peut intervenir à titre de défenseur de la concurrence, tant sur la scène fédérale que provinciale.
Que ferait au juste le projet de loi? Il permettrait, de façon très claire et concise, que la commissaire examine un secteur entier et indique ses craintes quant à la perception du consommateur moyen ou d'une vaste majorité de Canadiens à l'égard de la fixation des prix à la pompe. La commissaire pourrait mener une enquête, convoquer des témoins et tenir des personnes, des sociétés et des conseils responsables du prix de l'essence. Où est le problème? Pourquoi ne voudrions-nous pas rendre nos attentes parfaitement claires?
Il n'y a rien de mal à utiliser la Loi sur la concurrence pour permettre à notre commissaire d'examiner une industrie qui a causé beaucoup de frustration au fil de nombreuses années. Je me souviens que cela remonte jusqu'aux années 1970. À mon avis, ce n'est qu'une question de temps. Si nous continuons de faire fi de la question, la population dans son ensemble continuera d'éprouver un sentiment de frustration et de déception et se demandera pourquoi Ottawa n'a pas répondu aux besoins des consommateurs moyens.
Si j'étais en train de faire le plein dans une station service, n'importe où au Canada, et que j'apprenais que le gouvernement avait la possibilité d'adopter un tel projet de loi, mais qu'il juge que ce n'est pas nécessaire, je serais déçu. Je voudrais en effet que le gouvernement prenne toutes les mesures qu'il peut pour protéger les consommateurs.
Le gouvernement a parlé d'une baisse de la TPS. Aujourd'hui, nous payons 1,15 $ ou 1,20 $ le litre, alors qu'il y a quelques années nous payions 80 ¢ le litre. La différence de prix est énorme. La pompe engloutit une part importante du revenu disponible.
Nous pouvons faire beaucoup plus pour donner et redonner confiance au public, pour montrer que les politiciens d'Ottawa se soucient des consommateurs, que nous sommes proactifs, que nous n'acceptons pas le statu quo et que le consommateur ne sera pas à la merci des grandes pétrolières. Le contraire serait très irresponsable.
Comme d'autres l'ont souligné, le prix de l'essence a des répercussions que nous ressentons tous. Par exemple, si le prix de l'essence monte en flèche, les habitants du Nord du Manitoba et d'autres régions éloignées au Canada paieront beaucoup plus cher pour leur lait et leurs produits frais.
Le Parti conservateur prétend être un parti qui représente l'Ouest du Canada. Or, cette région compte beaucoup d'agriculteurs et le prix de l'essence nuit à beaucoup d'entre eux, surtout dans les Prairies. Ces agriculteurs ont besoin d'un gouvernement qui reconnaît l'importance de dénoncer les pétrolières et de leur demander des comptes, afin de favoriser la concurrence. Au bout du compte, si les agriculteurs paient beaucoup plus pour leur essence, ils devront refiler la facture à quelqu'un d'autre.
Nous permettons à quelques pays de devenir riches comme Crésus, alors que la pauvreté progresse ailleurs, notamment en raison du prix de l'essence. Je ne crois pas que nous discutons suffisamment du coût de l'énergie. Ce genre de projet de loi peut faire beaucoup...