La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport sans proposition d'amendement.
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, comme vous l'avez dit, ce projet de loi vise à reconnaître les injustices commises à l'égard des personnes d'origine italienne en raison de leur désignation comme sujets d'un pays ennemi et de leur internement durant la Seconde Guerre mondiale, à prévoir une indemnisation et à promouvoir l'enseignement de l'histoire italo-canadienne.
[Traduction]
Je suis heureux d'intervenir sur ce projet de loi. Nous en sommes à la première heure de la troisième lecture.
[Français]
Selon la tradition parlementaire, les débats à la Chambre risquent toujours d'être répétitifs, mais je vais essayer aujourd'hui de ne pas répéter ce que j'ai dit durant mon discours au Parlement durant la deuxième lecture. Cela va être difficile.
Le sommaire expliquera facilement le projet de loi:
Le texte a pour objet de reconnaître le traitement injuste subi, au Canada, par les personnes d’origine italienne durant la Seconde Guerre mondiale, bien qu’elles aient contribué au développement du Canada et qu’elles continuent à le faire, et de présenter des excuses à cet égard.
Le texte prévoit aussi une indemnisation pour compenser l’injustice subie. Elle servira à l’élaboration et à la production de matériel éducatif portant sur l’histoire des Canadiens d’origine italienne et promouvant l’harmonie ethnique et raciale, ainsi qu’à d’autres projets agréés par le ministre du Patrimoine canadien en collaboration avec une fondation éducative établie à cette fin.
[Traduction]
Je veux commencer par dire que ces excuses se sont fait attendre pendant trop longtemps.
[Français]
Il est ici question des injustices qui furent commises durant la Seconde Guerre mondiale à l'égard des personnes Canadiennes d'origine italienne, en raison de leur désignation comme sujets d'un pays ennemi.
[Traduction]
L'internement a vraiment eu lieu, aucun doute là-dessus. Par contre, des questions se posent sur le nombre réel d'Italiens qui ont été internés. Quand on fait des recherches et qu'on lit sur le sujet, on constate que tous les documents ne disent pas la même chose. Différents chiffres ont donc été lancés. Selon certaines sources, jusqu'à 6 000 personnes auraient été arrêtées après l'internement.
[Français]
Aucune n'a jamais été accusée, personne.
[Traduction]
Pas une seule n'a été accusée. Certaines personnes ont été arrêtées et détenues pendant tout simplement une nuit, alors que d'autres ont passé trois ou même quatre ans dans des camps de prisonniers. On trouve donc les deux extrêmes. Certaines personnes ont dû faire prendre leurs empreintes digitales, puis se présenter à des postes de police chaque semaine. Certains de ces registres ont été perdus. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas obtenir un compte rendu précis sur le nombre de personnes réellement touchées. Les seuls registres dont nous disposons sont ceux sur les détenus de Petawawa. Certains d'entre eux n'avaient pas plus de 16 ans, d'autres avaient 70 ans.
[Français]
La plupart des personnes arrêtées étaient des hommes, mais il y avait aussi des femmes.
[Traduction]
Dans certains cas, on allait les chercher au milieu de la nuit pour les emmener à 3 000 milles de chez elles. Imaginez. Bien entendu, il n'y avait pas que des Italiens. Certaines personnes étaient arrêtées simplement parce que leur nom se terminait par une voyelle.
Nous ne connaissons pas le nombre exact de personnes qui ont été internées dans des camps, mais nous savons qu'environ 700 ont été détenues à Petawawa. D'autres ont été internées dans trois autres camps. Il y en avait un à l'île Sainte-Hélène, près de l'île de Montréal, et les deux autres étaient situés dans la région de l'Atlantique. Sauf erreur, il y en avait un à Fredericton et un autre en Nouvelle-Écosse.
Simplement pour vous fournir un peu de contexte et comparer le Canada et les États-Unis, la guerre a été déclenchée et le Canada a réagi ainsi, mais aux États-Unis, seulement 228 citoyens américains d'origine italienne, sur un total possible de 300 000, ont été internés. Au Canada, on a estimé le nombre de citoyens d'origine italienne à environ 112 000. De ce nombre, à peu près 40 000 étaient nés au Canada et jusqu'à 30 000 noms figuraient sur une liste de personnes indésirables.
Nous parlons d'une situation qui s'est produite il y a de cela une quarantaine d'années. Nous pouvons imaginer les répercussions que l'internement a eues sur la vie des gens. Nous devons comprendre la culture italienne et comment les Italiens ont vécu un tel traitement.
Je vous lis un extrait d'un article de la revue ou du journal Il Postino, publié en anglais, en mai 2007:
Mais ma grand-mère n'a pas parlé avec sa fille de l'internement avant les années 1950, et lorsqu'elle le faisait, c'était très brièvement. « Il n'y avait aucune raison d'en discuter », a dit sans sourciller ma grand-mère [...] d'origine britannique. « Nous avons chassé cet incident de notre esprit et nous avons tourné la page. Je n'en ai parlé à aucun de mes enfants avant qu'ils soient adultes. Nous avions tellement honte. »
Imaginez. Il y a des gens qui ne savent même pas que c'est arrivé à des membres de leur famille. Plus loin dans l'article, on l'explique mieux:
Au décès de mon grand-père en 1957, le récit de la façon dont il a vécu [le camp d'internement] a disparu avec lui, comme il le souhaitait. Ma grand-mère dit seulement qu'il était terriblement déprimé durant les semaines qu'il a passées là-bas, qu'il craignait que sa carrière soit ruinée et que sa santé se détériorerait.
On y parle longuement de cette famille particulière, qui a caché l'incident au reste de la famille. Bon nombre de ceux qui ont été internés étaient des fils de parents italiens. Bien entendu, les Italiens qui ont immigré chez nous n'étaient pas les plus instruits. Un grand nombre d'entre eux étaient illettrés, et ils étaient accusés d'être des espions. Imaginez un espion incapable de lire.
Les familles recevaient des lettres estampillées « PG ». Imaginez les gens qui allaient chercher leur courrier au bout de la rue et recevaient une grosse enveloppe marquée des lettres « PG ». Ils pouvaient se faire une idée de ce que leurs voisins pensaient d'eux.
Pensez-y encore une fois: il y a 40 ou 50 ans, les personnes arrêtées étaient principalement des hommes, ce qui veut dire qu'il s'agissait de soutiens de famille. Dans ce temps-là, les gens n'avaient pas nécessairement des économies, mais vivaient simplement au jour le jour, sinon de semaine en semaine. S'il n'y avait pas de chèque de paie, la famille ne pouvait pas payer le loyer ou l'épicerie. Les familles devaient quitter leur logement et aller vivre avec une autre famille. Les familles étaient touchées directement.
Certaines familles se tiraient assez bien d'affaire. Les hommes ont été arrêtés et leur entreprise familiale a été perdue. Il y a plein d'histoires à ce sujet. Si les gens vont sur Internet, ils pourront voir un film de l'Office national du film sur l'internement qui montre des familles italiennes à l'aise qui ont perdu leur entreprise.
Même si ces personnes ont été arrêtées pendant seulement une semaine ou un mois, les rumeurs et les histoires ont continué de circuler après leur libération. Cela a détruit des familles. Cela a brisé des personnes. Plus important encore, cela a détruit la communauté, une communauté de gens, dont certains, à cause de la gêne qui les habitait, ont décidé de changer de nom, de se débarrasser de la voyelle à la fin de leur nom, et ont décidé de ne plus être associé avec qui que ce soit de la communauté italienne.
C'était il y a 50 ans, et nous pouvons imaginer combien de ces personnes auraient été membres de professions libérales aujourd'hui, que ce soit des comptables, la profession que je préfère, ou des avocats, des médecins, des dentistes, etc. Il y aurait peut-être même eu quelques politiciens dans le groupe.
En clair, on leur a enlevé leur liberté.
Il s'agit d'un projet de loi d'initiative parlementaire. Il est rédigé très simplement avec les ressources limitées dont nous disposons. J'espère que nous pourrons travailler ensemble pour le faire adopter, étant donné qu'il jouit de l'appui de députés de tous les partis de la Chambre
Ce que nous faisons, très simplement, c'est demander que des excuses soient présentées à la Chambre des communes. Certaines personnes ont estimé que cela pourrait poser un problème. Cela serait consigné au compte rendu. Le projet de loi demande au Parlement du Canada de reconnaître le traitement injuste qu'ont subi les personnes d'origine italienne. De toute évidence, ces excuses seront présentées par le .
En fait, je dois être franc ici et dire que des excuses ont été présentées à la communauté italienne pour ce qui était arrivé 45 ans plus tôt par le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney. C'était au cours d'un dîner italien. Il a dit que l'événement était fautif d'un point de vue légal et immoral, mais le problème, c'est qu'il n'a jamais présenté d'excuses officielles à la Chambre des communes. Il figure au compte rendu qu'il allait présenter des excuses à la Chambre des communes.
[Français]
Toutefois, il ne l'a jamais fait.
Ce que ce projet de loi demande, c'est de reconnaître le traitement injuste subi par les Canadiens d'origine italienne. Ce n'est pas compliqué. On ne demande pas un précédent. Cela s'est déjà fait à la Chambre. Cela s'est fait, pendant les années de Brian Mulroney, envers la communauté japonaise. De plus, il y a quelques années, avec le actuel, des excuses ont été présentées à la communauté chinoise.
[Traduction]
J'ai aussi certains des projets de loi et ces documents existent. Par conséquent, ce ne sont pas des histoires inventées. La Bibliothèque du Parlement a rédigé un document, un rapport de recherche. Il y a donc eu des excuses officielles. Nous pourrions même inclure les excuses officielles qui ont été présentées aux survivants des pensionnats indiens.
Le projet de loi prévoit aussi une indemnisation. L'indemnisation n'est pas la partie importante. Elle vise surtout à informer les Canadiens — et je ne parle pas uniquement des Canadiens d'origine italienne — de ce qui s'est produit dans le passé, parce que c'est une façon de corriger les erreurs du passé. Il faut garder ces événements dans la mémoire collective et trouver une façon d'en informer nos jeunes. Ces jours-ci, j'accueille dans mon bureau des Italiens de la troisième ou de la quatrième génération qui me posent des questions sur l'internement. Ils savent que j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire. Quelques étudiants ont même remporté des prix au Canada pour un projet sur l'internement. Ceux-ci sont étonnés d'apprendre que la majorité des gens de mon âge ne sont même pas au courant de ce qui s'est passé. Quant aux Italiens plus âgés, ils préfèrent oublier. Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons perdu quelques générations et nous sommes incapables de comprendre ce qui nous est arrivés dans le passé.
Pour ce qui est de l'indemnisation, je vais simplement lire le projet de loi afin de préciser ce que nous demandons:
[Français]
Le ministre du Patrimoine canadien doit, en collaboration avec le ministre des Finances, négocier avec le Congrès National des Italo-Canadiens une entente fixant une indemnisation convenable en dédommagement du traitement injuste décrit à l’article 3, laquelle entente doit être soumise à l’approbation du Parlement.
L'entente visée est plus ou moins la même qui était déjà faite avec la communauté italienne, lors d'une autre législature.
[Traduction]
Je ne crois pas que cette mesure suscite la controverse. Des députés de tous les parti l'appuient. Je tiens à remercier publiquement les libéraux. Pratiquement tous les députés du Parti libéral ont appuyé le projet de loi, même si, sauf erreur, il en manquait quelques-uns. Le NPD, évidemment, et le Bloc québécois ont donné un appui très solide, non seulement au moment du vote, mais aussi en comité et lors de la diffusion de communiqués de presse visant à forcer le gouvernement à agir et à faire en sorte que ce projet de loi soit adopté et puisse être envoyé au Sénat, pour que l'on puisse rappeler une tranche de notre histoire.
J'ai assisté à quelques réunions du comité lorsque celui-ci s'est penché sur cette mesure. Nous avons entendu des représentants de diverses associations ou organismes italiens, notamment l'Association des gens d'affaires et professionnels italo-canadiens, soit le chapitre national et certains chapitres locaux. Nous avons accueilli la Fondation communautaire canadienne-italienne du Québec. Nous avons aussi entendu l'Ordre des fils d'Italie au Canada et le Congrès national des Italo-Canadiens, notamment les chapitres national et québécois. Ces quatre organismes ont signé une entente avec le gouvernement du Canada il y a trois ou quatre ans, afin d'obtenir une indemnisation de l'ordre de 12,5 millions de dollars, mais le pourra négocier ce volet de l'entente.
Nous avons non seulement l'appui entier de ces quatre organismes nationaux, mais il y a aussi la Casa d'Italia, qui est le premier centre communautaire à Montréal où les Italiens se sont réunis. Ceux-ci étaient probablement les plus touchés à l'époque de l'internement.
Curieusement, nous avons aussi eu un organisme partisan, le comité consultatif italo-canadien, dans le cadre du nouveau programme que les conservateurs ont décidé de créer. Trois députés conservateurs siégeaient au comité consultatif et ils ont tous appuyé le projet de loi.
Il ne fait aucun doute que cette mesure doit aller de l'avant. Le est venu. Je ne sais pas trop pourquoi. J'avais sollicité la présence du . Je fais respectueusement valoir que le ne comprend pas le dossier, et je ne pense pas qu'il devrait être responsable du projet de loi. J'aimerais voir le s'occuper du dossier et faire en sorte que la mesure législative se rende au Sénat.
Encore une fois, je remercie tous les députés qui ont pris la parole en faveur du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Je serai heureux d'entendre les questions et les observations des députés.
:
Monsieur le Président, je saisis l'occasion qui m'est offerte de donner mon avis sur le projet de loi, un projet de loi qui a suscité de vives émotions chez les députés de toutes les allégeances au sein du comité. À l'étape de la deuxième lecture, je me suis levé pour voter contre le projet de loi. En effet, bien qu'il ait un but louable ce projet de loi est mauvais.
Je suis heureux de participer à un débat sur une question qui suscite des préoccupations au sein de l'un des plus grands groupes culturels au Canada. Selon le dernier recensement, il y a environ 1,4 million de Canadiens d'ascendance italienne. Je n'ai pas un nom anglais, mais je me suis toujours considéré comme étant un Canadien. Je suppose que je suis un Canadien d'ascendance italienne, mais je continue de m'opposer au terme « Italo-Canadien ».
Les Italiens ont été parmi les premiers Européens à immigrer sur ce continent. Leur importante contribution au Canada et à toute l'Amérique du Nord, si j'englobe les États-Unis, notre partenaire du Sud, est indéniable. Les Américains d'ascendance italienne ont apporté une contribution énorme aux États-Unis. Puis, on peut remonter jusqu'en 1881, à l'époque où des vagues d'Italiens ont déferlé sur le Canada. Ces immigrants ont participé à des projets de construction énormes comme le Chemin de fer Canadien Pacifique.
Cette année marquera le 70e anniversaire de l'internement des Italiens au Canada. J'aimerais vous ramener à 1940, quand l'Italie a déclaré la guerre aux Alliés. Le premier ministre de l'époque a ordonné l'internement de centaines d'Italo-Canadiens considérés comme des sujets d'un pays ennemi. Le premier ministre a invoqué la Loi sur les mesures de guerre, connue sous le nom de Règlements concernant la défense du Canada. Aujourd'hui, nous nous penchons sur la Loi sur les mesures de guerre, qui a été abrogée en 1988, soit dit en passant, par le premier ministre Brian Mulroney, le même Brian Mulroney qui a présenté des excuses aux Canadiens d'origine italienne en 1990. Je vais y revenir sous peu.
Cependant, en repensant à cette époque, au premier ministre et au fait que le Parlement a invoqué la Loi sur les mesures de guerre, nous nous demandons comment ils ont pu faire une telle chose. Comment ont-ils pu faire cela à des citoyens canadiens? Le gouvernement a aussi adopté un décret demandant l'inscription de toutes les personnes d'origine italienne et la confiscation des biens des sujets d'un pays ennemi.
En dépit des difficultés financières et de la honte éprouvée par certains de leurs compatriotes, des centaines d'Italo-Canadiens se sont enrôlés dans les Forces armées canadiennes parce qu'ils trouvaient que la guerre contre le fascisme et le nazisme était justifiée. L'ancien combattant le plus décoré de ma ville était un Canadien d'origine italienne. En fait, il est allé à la guerre et a combattu en Italie sur un champ de bataille où il a fait face à des membres de sa famille, mais il avait cette cause assez à coeur pour se battre au nom du Canada. C'est une histoire incroyable. Il ne fait aucun doute que les Canadiens d'origine italienne ont énormément contribué à notre nation et ces faits historiques constituent un des chapitres les plus tristes et les plus dramatiques des annales de l'histoire canadienne.
Comme je l'ai dit, le député qui a présenté le projet de loi , lié à ce triste chapitre de l'histoire de notre pays, avait, je crois, de bonnes intentions, mais cela ne change en rien le fait que c'est un très mauvais projet de loi qui divise les Canadiens d'origine italienne. En fait, il jette un oeil sur un moment précis de l'histoire canadienne, mais pas d'assez près pour s'apercevoir que les excuses présentées il y a environ 20 ans ont eu un effet très senti sur la communauté Italienne.
Je veux juste partager avec vous une lettre d'Annamarie Castrilli, une amie à moi, qui était présidente du Congrès national des Italo-Canadiens. C'est surtout grâce à ses efforts qu'on a fini par obtenir les excuses courageuses du premier ministre d'alors, Brian Mulroney. Voici ce qu'elle me dit dans sa lettre: « Comme vous le savez, cette année marque le 70e anniversaire de l'internement. En guise de commémoration, on m'a demandé d'écrire un livre qui retrace l'historique des événements, depuis les circonstances qui régnaient en 1940 jusqu'à la présentation des excuses. Je suis l'une des deux seuls commissaires toujours vivants qui ont communiqué, en personne ou par écrit, avec les internés. Il n'en reste qu'un seul, à ma connaissance. Le livre analysera la situation qui prévalait au Canada durant la Seconde Guerre mondiale et le noble geste dont a fait preuve un premier ministre, quand tout le reste avait échoué. Peu importe ce qu'on dit à propos de Brian Mulroney, c'était là une grande réalisation qui a permis de rétablir les faits et de changer profondément la vie d'une collectivité. »
Elle a également inclus une copie du discours donné par le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney.
Le projet de loi exige des excuses de la part du Parlement, du gouvernement du Canada et de la population canadienne. Le hic, c'est qu'il laisse entendre qu'il y a eu injustice, c'est-à-dire que le gouvernement a agi de façon illégale. Il est possible de remonter dans l'histoire pour essayer de comprendre pourquoi un tel acte aurait pu être commis à cette époque. Comment pouvions-nous avoir une loi comme la Loi sur les mesures de guerre dans un pays comme le Canada qui croit aux droits et aux libertés? Nous avons la Charte des droits et libertés. C'était un premier ministre conservateur en 1958, si je ne m'abuse, qui a institué la Déclaration canadienne des droits qui protège les droits de tous les Canadiens.
En rétrospective, on se demande comment cela a été possible, mais malheureusement, ce n'était pas illégal. Le gouvernement libéral d'alors avait agi en toute légitimité en adoptant la Loi sur les mesures de guerre. Le projet de loi prévoit des mesures réparatoires axées sur la promotion de l'enseignement de l'histoire des Canadiens d'origine italienne et de l'harmonie interraciale. Toutefois, il expose aussi la Couronne à une responsabilité illimitée envers les personnes qui pourraient lui réclamer des dommages-intérêts.
Le député a parlé des autres excuses qui ont été présentées. J'admets que nous avons présenté des excuses pour la taxe d'entrée imposée aux Chinois. Je sais qu'une injustice est une injustice et qu'un crime est un crime, mais ce qui est arrivé aux Canadiens d'origine chinoise ou aux Canadiens de la communauté chinoise a pris beaucoup d'ampleur du fait que cela s'est étalé sur des décennies de discrimination de la part de la Couronne. C'était très grave. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une époque regrettable de notre histoire. Je sais que, en tant que Canadiens, nous sommes fiers d'avoir évolué, mais cette injustice était de beaucoup plus grande portée. Toutefois, nous en sommes arrivés à une entente.
Oh, oh!
Je suis heureux d'entendre que le député d' s'intéresse à ce que j'ai à dire.
Notre gouvernement a agi là où les autres gouvernements ne l'ont pas fait. Nous avons agi là où tous les gouvernements libéraux, y compris celui dans lequel le député d' a servi, ne l'ont pas fait.
Ils ont eu des occasions d'agir. Pendant que les membres de la collectivité guérissaient leurs blessures, s'unissaient, allaient de l'avant et célébraient le fait d'être des citoyens canadiens égaux après que le premier ministre de l'époque eut présenté des excuses, Sergio Marchi, député libéral de l'époque, a critiqué ces excuses. Il a dit qu'elles ne comptaient pas. Il a dit que c'était à la Chambre des commune de présenter des excuses. Les gouvernements libéraux se sont succédé, y compris celui dans lequel le député d' a servi, mais n'ont rien fait.
Après avoir grandi, j'ai entendu parler de cela et j'ai souvent parlé à mon grand-père de sa venue au Canada. Il a grandi à Carpino et est arrivé au Canada en 1927. Il a débarqué sur le quai 21, à Halifax, après un voyage très pénible. Il a connu toute cette période. Il était au Canada à l'époque et il était fier d'être Canadien.
:
Monsieur le Président, je comprends les députés libéraux de s'offusquer des propos du député de . Il est souvent plus partisan qu'autre chose.
Le Bloc québécois est favorable au projet de loi du député de .
Le projet de loi demande au gouvernement conservateur trois choses: reconnaître les injustices commises à l’égard des personnes d’origine italienne en raison de leur désignation comme « sujets d’un pays ennemi » et de leur internement durant la Seconde Guerre mondiale; prévoir une indemnisation; et promouvoir l’enseignement de l’histoire italo-canadienne.
Ce n'est pas moi qui ai choisi le terme « Italo-Canadien ». Je ne vois pas bien la différence entre Canadien d'origine italienne et Italo-Canadien.
Si le projet de loi est adopté, le Parlement reconnaîtrait ces injustices. J'insiste pour dire « le Parlement » parce que c'est ce dont on a discuté en comité.
Il est important de mentionner que c'est le Parlement. L'ancien premier ministre conservateur Brian Mulroney a déjà fait des excuses publiques, mais c'était lors d'une soirée qui a eu lieu hors du Parlement. Ce n'était pas aussi solennel que ce pourrait l'être si le actuel se levait à la Chambre et s'excusait au nom du gouvernement canadien.
En comité, on a tenté d'étudier le projet de loi. Au moins trois groupes sont venus témoigner. Il y a d'abord eu trois Canadiens d'origine italienne ou des Québécois d'origine italienne, qui font partie d'un comité créé par le et qui ont été triés sur le volet par le ministre et qui ne représentaient qu'elles-mêmes. Ces personnes sont venues nous dire que tout cela n'était pas nécessaire et que les Italiens ne voulaient pas de ces excuses. J'en ai été assez étonnée, mais trois personnes qui me semblaient assez crédibles sont venues nous dire cela.
À la réunion suivante du comité du 24 novembre, un grand nombre de Québécois et de Canadiens d'origine italienne ont témoigné: le Congrès national des Italo-Canadiens, La Casa D'Italia, The Order Sons of Italy of Canada et la Fondation communautaire canadienne italienne du Québec. Tous ces gens nous ont dit que les excuses de Brian Mulroney n'étaient pas suffisantes et qu'ils voulaient absolument faire connaître l'histoire des Canadiens d'origine italienne. Soit!
Toujours en comité, le ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme a dit qu'il n'est pas digne qu'un gouvernement s'excuse trop souvent. Je ne me rappelle pas si j'ai eu le temps de le lui dire, mais je l'ai certainement retenu. Je suis contente d'avoir l'occasion de le dire maintenant. J'aurais voulu répondre au ministre que je ne crois pas qu'il n'est pas digne qu'un gouvernement s'excuse trop souvent. Je crois plutôt qu'il est toujours digne de reconnaître ses erreurs et de s'excuser jusqu'à ce que nos victimes s'en trouvent satisfaites. Pour un gouvernement comme pour une personne, c'est montrer de la dignité.
Bien sûr, ce projet de loi a quelques imperfections. On aurait voulu l'amender en comité afin qu'il suggère à la Société canadienne des postes d'émettre un timbre-poste plutôt que de lui en donner instruction. Il semble que la société ne reçoive d'instruction de personne, surtout pas du ministre du Revenu national, comme c'est prévu dans ce projet de loi. Il semble que le ministre du Revenu national n'ait pas ce pouvoir.
Pour traduire fidèlement la volonté des personnes qui sont venues nous rencontrer et de l'auteur du projet de loi, il aurait peut-être fallu insister pour qu'il soit amendé de façon qu'il soit très clair que les excuses viennent du Parlement par l'entremise du premier ministre ici, à la Chambre.
Mais enfin, on a manqué de temps parce que les conservateurs, pour des raisons partisanes, ont bloqué les travaux du comité, nous forçant ainsi à terminer nos travaux avant le temps.
Malgré ces imperfections, le Bloc québécois votera en faveur du projet de loi du député de Saint-Léonard—Saint-Michel parce que c'est une façon pour nous de saluer tous les Québécois d'origine italienne et de les remercier pour leur apport depuis des décennies, particulièrement à Montréal, pour l'enrichissement de notre culture.
Je vais en profiter pour saluer tous les Québécois d'origine italienne de ma circonscription, particulièrement le Club de l'âge d'or italien de Saint-Hubert et sa présidente Guiseffina Vetri, qui est énergique et brillante. Je termine en leur disant grazie!
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion encore une fois de prendre la parole à l'appui du projet de loi . Les néo-démocrates sont heureux d'appuyer ce projet de loi et de faciliter son adoption par le Parlement.
Notre grand pays a une histoire aussi colorée et aussi variée que son peuple. Toutefois, comme de nombreux pays, le Canada a connu certains moments sombres au cours de ses 143 ans d'histoire. L'auteur canadien Kenneth Bagnell qualifie ce chapitre de l'histoire des Italo-Canadiens de jours de noirceur et jours de désespoir. Ces jours sombres ont eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale.
L'entrée de l'Italie dans la Seconde Guerre mondiale a entraîné des perturbations considérables au sein de la communauté italo-canadienne. Bien que cette communauté ait réussi à relever un certain nombre de défis économiques en raison, en grande partie, de ses réseaux familiaux étroits, il y a eu un défi qu'elle n'a pas pu surmonter.
En 1935, les événements survenus de l'autre côté de l'océan ont commencé à être ressentis par des milliers d'Italo-Canadiens et par tous les Canadiens. Cette année-là, l'hostilité des Canadiens à l'égard du fascisme a atteint son paroxysme. Lorsque l'Italie est entrée en guerre aux côtés de l'Allemagne, les Canadiens sont devenus de plus en plus hostiles à l'égard des Italo-Canadiens.
En raison de l'alliance de l'Italie avec l'Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Italo-Canadiens ont été désignés sujets d'un pays ennemi et, à ce titre, ont été victimes de préjudices et de discrimination généralisés. Les autorités canadiennes croyaient que ces liens familiaux étroits au sein de la communauté italienne constituaient une menace potentielle grave à la sécurité nationale. Des hommes perdaient leur emploi. Des boutiques étaient vandalisées. Les libertés civiles ont été suspendues en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. Des centaines de personnes ont été internées dans le camp de Petawawa dans le Nord de l'Ontario.
Un Italo-Canadien qui sera plus tard interné dans le camp de Petawawa était un citoyen de Sudbury né en Italie, le docteur Luigi Pancaro. Le docteur Pancaro est né le 8 juillet 1897 à Cosenza, en Italie. Après avoir obtenu son diplôme de médecine de l'Université de Rome à l'âge de 28 ans, il est arrivé au Canada où il est devenu le premier médecin né en Italie à pratiquer dans le Nord du Canada.
Au début des années 1930, le docteur Pancaro s'est installé avec son épouse à Sudbury, où il y avait une importante communauté italienne. Il est devenu membre du personnel de l'hôpital Saint-Joseph et de l'hôpital régional de Sudbury. En plus de joindre les rangs du personnel de l'hôpital, le docteur Pancaro a également ouvert un cabinet privé et est devenu le médecin de famille de nombreux membres de la communauté italienne.
La vie du Dr Pancaro a pris une tournure dramatique le 11 juin 1940. Ce jour-là, le Dr Pancaro a été écarté brusquement du patient qu'il était en train d'examiner, placé sur la banquette arrière d'un véhicule de police et conduit à la prison de Sudbury. Dans sa cellule, il a rencontré d'autres hommes nés en Italie, la plupart étant des patients. L'enlèvement du Dr Pancaro a eu lieu un jour après l'entrée en guerre de l'Italie.
Le soir précédant l'arrestation du Dr Pancaro, le premier ministre Mackenzie King avait ordonné l'internement de centaines d'Italo-Canadiens identifiés par la Gendarmerie royale du Canada comme des sujets d'un pays ennemi. Le rassemblement des Italo-Canadiens s'est poursuivi jusqu'en octobre 1940.
Le camp de Petawawa était constitué de 12 grands baraquements pouvant chacun accueillir 60 personnes ou plus. Le camp au complet était entouré de deux longues clôtures barbelées. L'âge des hommes internés variait de 16 à 70 ans. Ils devaient porter une veste sur laquelle il y avait, dans le dos, un grand cercle rouge servant de cible sur laquelle les gardes pouvaient tirer si l'un d'entre eux tentait de s'échapper.
Pendant l'internement, aucun des internés n'a pu voir sa famille. Les lettres des êtres chers étaient censurées. Certains hommes ont été détenus pendant des mois, d'autres pendant des années. Le Dr Pancaro est resté au camp pendant deux ans.
Après cette expérience amère, le docteur Pancaro est retourné en Italie. Il a fini par revenir à Sudbury en 1956, où il a repris, avec succès, sa pratique médicale jusqu'en 1981.
Ces hommes, comme le Dr Pancaro, ainsi que leur famille, à qui on a refusé d'apporter de l'aide, ont porté le poids de l'hostilité durant cette période sombre de l'histoire canadienne. En conséquence, de nombreux Italiens ont par la suite anglicisé leur nom et renié leurs antécédents italiens. C'est à cause de ce traitement hostile et douloureux que de nombreux Italo-Canadiens de seconde génération ne connaissent ni ne comprennent entièrement leur histoire.
Parce que ce sombre chapitre de l'histoire des Italo-Canadiens en a amené un grand nombre à renier leurs antécédents italiens, il est impératif que le gouvernement adopte les mesures décrites dans ce projet de loi, à savoir prévoir une indemnisation et promouvoir l'enseignement de l'histoire italo-canadienne.
Alors que nos communautés attendent que les gouvernements fassent ce qui est juste, un grand nombre de personnes de ma circonscription,, ont porté fièrement leur héritage italien, l'ont partagé et ont connu le succès. En fait, même si ce fut l'une des villes les plus durement touchées par ces jours de désespoir, la communauté italienne de Sudbury a continué de prendre des mesures importantes pour conserver et transmettre sa culture et ses traditions aux générations suivantes.
Ces traditions italiennes de dur labeur et de dévouement à l'égard de la famille et de la collectivité ne sont nulle part plus visibles que dans la dynamique communauté italienne de Sudbury. Sudbury abrite le Caruso Club, l'une des plus importantes associations italiennes de la province. J'ai eu l'insigne honneur d'être invité à la réunion des membres du club samedi dernier. Fondé en 1947, le club est une organisation sans but lucratif vouée à la promotion, au développement et à la préservation de la culture et du patrimoine italiens au sein de la mosaïque culturelle canadienne.
J'encourage ceux qui se trouvent dans la région de Sudbury la première semaine de juillet à prendre part au festival italien et à déguster un délicieux sandwich de porchetta.
Il est très important de mentionner également que le club vient en aide aux nationaux italiens dans le besoin. Il possède également une bibliothèque et des archives sur le patrimoine italien.
J'aimerais encore une fois remercier les membres actuels du conseil d'administration du Caruso Club, Sav Doni, John Santagapita, mon cousin Egidio Manoni, Linda Zanatta-Beaudoin, Danilo Monticelli, Lina Sanchioni, Bob Armiento, Ugo Rocca, et son président, Tony Nero, de la contribution et de l'appui soutenus que le club apporte à la collectivité locale.
J'aimerais également remercier les associations de coordination du Caruso Club, qui apportent également beaucoup à la communauté italienne de Sudbury et à l'ensemble de la collectivité: l'Associazione Marchigiana di Sudbury, présidée par Ezio Campanelli; l'Associazione Veneta, présidée par Leo Silvestri; et le Calabria Social Club, présidé par Sav Doni. Il y en a beaucoup d'autres, notamment le Caruso Club Choir, le Caruso Club Children's Choir, le Caruso Club Ladies Auxiliary, et j'en passe.
Nous avons une communauté italienne dynamique à Sudbury, et j'en suis très fier.
J'aimerais remercier Diana Iuele-Colilli d'avoir documenté et préservé cette riche histoire locale et de m'en avoir fait part en m'offrant gentiment un exemplaire de son livre Italian Faces: Images of the Italian Community of Sudbury.
Étant donné que des excuses officielles ont été faites à la Chambre pour les actions passées du gouvernement du Canada, j'encourage tous les députés à voter pour le renvoi au comité du projet de loi .
Nous appuierons à nouveau ce projet de loi afin que soient corrigés les torts commis par le passé à l'endroit des Canadiens d'origine italienne.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir aujourd'hui pour exprimer mon appui au projet de loi. Je veux remercier mon collègue de l'avoir présenté.
Je ne veux pas trop entrer dans les détails parce que mon collègue et d'autres députés qui ont parlé en faveur du projet de loi ont traité en profondeur des répercussions de cet événement sur les personnes et la communauté à l'époque.
Je me suis moi-même engagée dans ce dossier quand j'étais présidente du Congrès national des Italo-Canadiens. En fait, je me suis occupée de ce dossier pendant assez longtemps, et j'ai tenté de le faire approuver par le gouvernement de l'époque, ainsi que par le gouvernement conservateur.
On a dit beaucoup de choses sur ce qui s'est produit. Nous savons tous que des personnes innocentes ont été internées, enfermées dans des camps militaires et appelées prisonniers de guerre. Imaginez cela. À l'époque, on a également pris les empreintes digitales de tous les membres de la communauté, ce qui à mon avis est important, et on les a désignés comme « sujets d’un pays ennemi ». Autrement dit, ils ont essentiellement été appelés des ennemis de l'État. Imaginez ce que c'est que d'être un enfant qui grandit dans ce type d'environnement, dans cette communauté, à cette époque. Imaginez à quel point ce devait être difficile.
Un grand nombre de personnes n'ont pas seulement été internées; au bout d'un an environ, on les a fait sortir et on les a envoyées se battre au front avec les Forces canadiennes. Elles se sont rendues au front en uniforme canadien. Ainsi, on les avait en assez haute estime pour qu'elles meurent au service de notre pays, mais pas assez pour qu'elles maintiennent leur liberté, ce qui est plutôt étrange.
Malgré tout, c'est également une des choses qui se produisaient à l'époque.
Le point le plus important, c'est que toutes ces personnes — chacune d'entre elles — étaient des citoyens canadiens. Elles n'ont jamais été accusées de quoi que ce soit. Certaines étaient nées ici.
Les conservateurs ont présenté des excuses aux Canadiens d'origine japonaise il y a 10 ans; plus récemment, ils ont présenté des excuses aux Canadiens d'origine chinoise pour la taxe d'entrée. Aussi, ils sont parvenus à des arrangements avec, entre autres, les Canadiens d'origine ukrainienne, mais pas avec la communauté italo-canadienne.
Dans ce cas-là, ils ont un problème, que je vais nommer plus tard. Il semblerait que les Canadiens d'origine italienne méritent seulement des excuses présentées dans une salle de bal quelconque, ce qui était peut-être une erreur puisque le gouvernement n'est pas prêt à les répéter à la Chambre des communes.
C'est ce que je voulais dire au sujet des excuses, et, selon moi, il est grand temps que cette communauté en reçoivent, compte tenu de tout ce qu'elle a subi.
Sur le plan du règlement financier, les représentants de la communauté italienne ont négocié avec le gouvernement du Canada le 12 novembre 2005. Ils se sont entendus à ce moment-là sur une indemnisation de 12,5 millions de dollars, qui devait être gérée par une fondation de la communauté formée du Congrès national des Italo-Canadiens et d'autres organisations, que je nommerai dans un instant.
Or, le gouvernement n'était pas satisfait. Il a octroyé un fonds à la communauté ukrainienne, que les Ukrainiens pouvaient gérer eux-mêmes, mais il n'a pas fait de même pour les Italiens. Pour une raison ou pour une autre, les Canadiens d'origine italienne n'ont tout simplement pas les compétences nécessaires pour ce faire. Par conséquent, le gouvernement a ensuite mis sur pied, selon le ministre, le Programme de reconnaissance historique pour les communautés, qui doit être administré par un comité formé de trois personnes choisies par le gouvernement sans que la communauté soit consultée.
Imaginez l'affront. Certaines communautés, comme celle des Ukrainiens, peuvent gérer leurs propres fonds, mais pas les Canadiens d'origine italienne. Non, ce n'est pas possible.
Je vais vous lire des extraits d'une lettre envoyée par le Congrès national des Italo-Canadiens. C'est important que ces points figurent dans le compte rendu.
Le Congrès national des Italo-Canadiens (NCIC) déplore la manière dont le ministre de l'Immigration, de la Citoyenneté et du Multiculturalisme [...] a décidé de passer par-dessus les organisations communautaires légitimes qui négocient avec le gouvernement de bonne foi afin de parvenir à un règlement juste et équitable de la question de l'indemnisation des Italo-Canadiens internés pendant la Seconde Guerre mondiale.
La lettre continue:
L'entente, intervenue à l'intérieur des paramètres du Programme de reconnaissance, de commémoration et d’éducation, prévoyait une somme de 12,5 millions de dollars devant être administrée par la communauté par l'intermédiaire de la fondation NCIC. Cela serait conforme au processus administratif qui a été mis en place pour la communauté ukraino-canadienne. Malheureusement, le gouvernement actuel a décidé unilatéralement, sans préavis ni consultations, de ne pas respecter l'entente et de créer un nouveau programme qui est tout à fait inacceptable aux yeux de notre communauté.
Ce programme témoigne clairement du peu de confiance que le ministre actuel témoigne à la communauté italo-canadienne et à ses représentants légitimes. Y a-t-il une autre raison pour expliquer que l'on se fie aux Ukraino-Canadiens pour administrer leurs fonds tandis qu'une administration gouvernementale, sur les conseils d'un comité composé de personnes nommées, est nécessaire dans le cas des Italo-Canadiens? La création d'un comité consultatif composé de personnes qui ne représentent pas la communauté et qui ne peuvent pas prétendre donner des conseils au nom de cette communauté constitue une insulte. Nous nous interrogeons sur les motifs du ministre et nous trouvons sa façon d'aborder ce sujet très délicat répugnante, susceptible de créer des divisions et insultante.
C'est la réaction des dirigeants de la communauté italo-canadienne aux mesures prises jusqu'à maintenant dans ce dossier par le gouvernement.
J'ajouterai qu'en plus du Congrès national italo-canadien, qui est l'organisme qui chapeaute des organisations italo-canadiennes de tout le pays, Casa d'Italia appuie également la lettre et a été entendue par le comité. L'Ordre des fils d'Italie au Canada, la Fondation communautaire canadienne-italienne et tous les chapitres régionaux du Congrès national des Italo-Canadiens représentent la communauté dont le gouvernement n'a tenu absolument aucun compte.
L'insulte ne s'arrête pas là cependant. Il n'y a pas eu de consultation sur le soi-disant comité que le gouvernement a mis sur pied dans la communauté pour qu'il donne son avis sur l'utilisation de ces fonds. En comité, quand j'ai demandé au ministre à qui il a fait appel, qui il a consulté pour nommer ces gens, il n'a pas fourni de vraie réponse car personne n'a été consulté, de toute évidence.
Je vais toutefois dire aux députés qui sont ces personnes. Il y a notamment le président du conseil de la circonscription de Saint-Léonard—Saint-Michel pour le Parti conservateur, et je comprends pourquoi il a été nommé. Il y a aussi un homme qui travaille pour la communauté italo-canadienne. Il n'a jamais eu à se pencher sur ce dossier, mais je crois savoir qu'il est, lui aussi, conservateur. Là encore, je comprends pourquoi il a été nommé, mais le hic, la vraie insulte, c'est la troisième personne qu'on a nommée. C'est vraiment là où le bât blesse. Je ne sais même pas comment l'exprimer.
L'un de nos collègues a lu au ministre ce que cet homme a écrit au sujet de la question de l'internement. Voici ce que l'homme en question, la troisième personne nommée, a écrit:
Nous avons observé avec inquiétude la campagne de réparation au Canada. Ses animateurs sont guidés par une version simplifiée des événements, un choix sélectif dans les faits et l'ignorance des opinions contraires, tout en glissant rapidement sur l'histoire fasciste des communautés italiennes.
C'est ce qu'il a écrit, et quand le ministre a été appelé à décrire sa propre sa position, il a répondu, « Eh bien, je pense que nous devrions, autant que possible, évacuer la politique de la réparation... »
Pardonnez-moi, qu'entend-on par « évacuer la politique de la réparation »? Le gouvernement nomme un homme qui croit que l'internement est juste, qu'il aurait dû avoir lieu? C'est ce qu'il dit. Cela veut-il dire que c'est ce que le ministre croit? Je dois poser la question au gouvernement. Je ne le sais pas. Le ministre ne m'a jamais fourni une réponse au comité.
Est-ce réellement ce que le gouvernement croit? Est-ce la raison pour laquelle cet homme siège à ce comité? L'homme en question est M. Perin. Est-ce la raison pour laquelle il est membre du comité? Je sais ce qu'il a écrit, mais pourquoi le gouvernement l'a choisi? Il a complètement laissé de côté les personnes élues par la population canadienne partout au pays et a nommé de façon arbitraire trois personnes, dont une qui estime qu'il y a peut-être un part de bien-fondé ou une raison quelconque à l'internement de ces personnes, et ce, sans avoir de preuves, bien entendu. Aucune d'elles n'a jamais été accusée ou condamnée pour quoi que ce soit, mais on ne sait jamais. Par conséquent, aucune excuse n'a été présenté, aucuns fonds n'ont été débloqués et, pour ajouter l'insulte à l'injure, ce comité a été mis sur pied.
Je demanderais à la Chambre de corriger la situation. Je dois faire cette requête à la Chambre, car le gouvernement ne le fera pas, il n'appuiera pas le projet de loi et il n'en finira pas avec cette question une fois pour toutes en faisant preuve de respect envers une communauté qui a grandement contribué à bâtir le pays.