:
Merci beaucoup, monsieur le président, membres du comité. C'est un grand plaisir pour moi de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet de la santé des travailleurs âgés.
Comme nous le savons tous, les personnes âgées apportent une contribution à la société canadienne et nous sommes résolus à appuyer leur santé, leur bien-être et leur qualité de vie pour les aider à demeurer actives et à participer à la vie de leur collectivité.
Notre rôle au sein de l'Agence de la santé publique du Canada est de promouvoir la santé des Canadiens et de prévenir et de contrôler les maladies grâce au leadership, au partenariat, à l'innovation et à l'intervention en santé publique. Bien que notre mandat ne vise pas précisément la main-d'oeuvre, nous faisons la promotion de la santé des Canadiens afin qu'ils puissent participer pleinement au sein de leur communauté, y compris au sein de leur milieu de travail.
Aider les Canadiens et les Canadiennes à faire des choix de santé est une responsabilité partagée. Nous unissons nos efforts à ceux des différents ordres de gouvernement, des intervenants et des chercheurs dans le but de favoriser l'adoption d'une démarche intégrée en matière de promotion de la santé fondée sur les meilleures données probantes disponibles.
À titre d'exemple, mentionnons l'engagement d'aider les Canadiens à mener une vie plus saine, comme l'illustre la Déclaration sur la prévention et la promotion. Cette déclaration a été adoptée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en 2010. Elle ouvre la voie à une approche multisectorielle en matière de promotion de la santé et de prévention des maladies, des handicaps et des blessures. La déclaration part du principe que la promotion de la santé est l'affaire de tous.
Bien qu'aujourd'hui la majorité des Canadiens bénéficient d'une meilleure santé et vivent plus longtemps, ils sont nombreux à devoir composer avec de graves problèmes de santé. De récentes données statistiques montrent que 90 p. 100 des Canadiens âgés de 65 ans et plus vivent avec au moins une maladie ou affection chronique, comme une maladie cardiovasculaire, un cancer, des problèmes respiratoires, le diabète, la démence, l'arthrite et l'obésité.
La bonne nouvelle, c'est que la majorité des problèmes de santé des Canadiens âgés sont évitables. C'est pourquoi l'agence accorde une grande importance à la promotion de la santé et à la prévention des maladies tout au long de la vie. Notre but est de faire en sorte que les Canadiens bénéficient d'une bonne santé plus longtemps. Pour ce faire, l'agence met en oeuvre des programmes axés sur la promotion des modes de vie sains visant, par exemple, à aider les Canadiens à faire de meilleurs choix alimentaires et à mener une vie plus active. Nos efforts pour favoriser le poids santé chez les enfants et promouvoir une bonne santé mentale contribueront à prévenir les maladies chroniques graves tout au long de la vie.
Notre objectif est d'augmenter le nombre d'années où les Canadiens sont en bonne santé. Notre organisme travaille à l'atteinte de cet objectif par l'entremise de programmes qui font la promotion d'un mode de vie sain en aidant, par exemple, les Canadiens à choisir des aliments meilleurs pour la santé et en les encourageant à être plus actifs. Nos efforts en vue de favoriser un poids santé chez les enfants et de promouvoir une bonne santé mentale ont des effets à long terme pour prévenir les maladies chroniques graves.
En faisant la promotion de modes de vie sains tout au long de la vie, nous favorisons le maintien d'une bonne santé mentale et physique, réduisons la probabilité de développer une maladie en vieillissant et encourageons la participation à la population active. Par exemple, l'agence fait la promotion du bien-être multigénérationnel en appuyant les parents, les grands-parents et les fournisseurs de soins par l'entremise de programmes communautaires destinés aux enfants et aux familles.
Ces programmes fournissent des fonds aux communautés pour les aider à répondre aux besoins en matière de santé et de développement des femmes enceintes, des jeunes enfants et des familles à risque. Ils abordent différentes questions, notamment la nutrition, les soins aux nourrissons, la vaccination, les attitudes parentales, le développement des jeunes enfants, la santé mentale positive, la prévention des blessures, etc.
Nous avons établi des partenariats avec des pharmacies, des gouvernements provinciaux et des bureaux de santé publique locaux afin de distribuer à grande échelle un questionnaire sur le risque de diabète au Canada. Ce questionnaire, intitulé le CANRISK, vise à aider les Canadiens à évaluer s'ils sont à risque de développer le diabète et, selon leurs résultats, à prendre les mesures nécessaires pour éviter ou retarder l'apparition de la maladie.
Des interventions réussies dans une communauté peuvent souvent bénéficier à d'autres. Ainsi, l'agence regroupe et diffuse ses interventions sur le Portail canadien des pratiques exemplaires. Ce portail Web dresse une liste de ressources fiables pour la planification, la mise en oeuvre et l'évaluation de programmes de promotion de la santé et de prévention des maladies chroniques et des blessures. Dix des interventions proposées sur le portail favorisent l'établissement d'un milieu de travail sain qui peuvent également bénéficier les travailleurs plus âgés. Par exemple, on y trouve un programme visant à aider les travailleurs adultes à améliorer leurs habitudes alimentaires ainsi qu'une intervention de promotion du transport actif auprès des employés.
L'agence encourage également la vaccination comme moyen efficace de protéger les Canadiens contre des maladies infectieuses. Pour ce faire, elle utilise diverses initiatives de sensibilisation, dont une campagne nationale chaque automne afin de promouvoir la vaccination contre la grippe, notamment auprès des personnes âgées de plus de 65 ans, compte tenu qu'elles forment un groupe particulièrement à risque.
Nous faisons aussi la promotion de la santé des aînés canadiens par l'entremise de l'Initiative des collectivités-amies des aînés. L'agence travaille avec de nombreux partenaires dans ce cadre, notamment l'Organisation mondiale de la Santé, les trois ordres de gouvernement au Canada, des organismes d'aînés, des groupes communautaires et des responsables de la planification.
Cette initiative vise à favoriser la coopération des aînés et des leaders des communautés en vue de la création de milieux bâtis et sociaux offrant un soutien aux aînés. Le principal objectif est de faire en sorte que les communautés répondent davantage aux besoins des aînés afin qu'un nombre croissant de Canadiens vieillissent en santé, contribuant par le fait même à la hausse de la participation à la population active.
Une collectivité-amie des aînés offre aux personnes âgées des occasions de continuer de jouer un rôle au sein de leur communauté, que ce soit dans le cadre d'un emploi rémunéré ou d'un travail bénévole, selon leur désir. En ce qui a trait à la promotion de la santé mentale chez les aînés au Canada, nous collaborons avec des organismes partenaires, comme la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées et l'Initiative nationale pour le soin des personnes âgées, afin de promouvoir une meilleure utilisation des outils et des ressources auprès des familles et des professionnels de la santé. Ces ressources sont utiles pour les personnes qui prennent soin des aînés, car elles leur permettent de reconnaître les risques et les signes avant-coureurs de la dépression, du suicide, du délire et des problèmes de santé mentale des personnes qui ont besoin de soins prolongés, et leur fournissent des conseils sur la meilleure façon de faire face à de telles situations.
Dans le budget de 2007, le gouvernement fédéral a investi 130 millions de dollars sur 10 ans pour créer et appuyer la Commission de la santé mentale du Canada dans le but qu'elle serve de centre de liaison pour les questions relatives à la santé mentale. En 2012, la Commission de la santé mentale a mis en oeuvre Changer les orientations, changer des vies: Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada. La stratégie se veut un guide non normatif pour orienter les mesures visant à améliorer la santé mentale des Canadiens.
L'agence s'efforce également d'améliorer les données nationales sur la santé mentale des aînés au Canada. Par exemple, pour combler les lacunes quant aux connaissances sur les taux d'affection neurologique au Canada, comme la maladie d'Alzheimer, et leurs répercussions sur les personnes, les familles et les soignants, nous travaillons de pair avec les principales organisations caritatives canadiennes qui s'intéressent aux maladies neurologiques dans le but de mettre en oeuvre une étude de quatre ans auprès des Canadiens atteints de telles maladies. Les résultats de cette étude seront disponibles en 2014, et ils aideront à orienter la création de programmes et de services pour les Canadiens qui vivent avec des troubles neurologiques, dont un grand nombre sont des aînés.
Dans le cadre de sa collaboration avec des partenaires afin de promouvoir le vieillissement en santé ainsi que de prévenir et de retarder l'apparition de maladies chroniques, l'agence continuera de prendre les mesures qui s'imposent pour améliorer la santé et le mieux-être des aînés au Canada.
Merci.
:
Monsieur le président, honorables membres du comité,
[Français]
au nom des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, j'aimerais vous remercier de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui et à vous faire part de la façon dont les IRSC et leur Institut du vieillissement peuvent contribuer à votre réflexion sur la dimension sanitaire d'une population active vieillissante.
[Traduction]
La population vieillissante du Canada aura comme caractéristique qu'elle travaillera plus longtemps en raison d'un certain nombre de facteurs, dont la nécessité économique et le désir de poursuivre une contribution active à la société. Toutefois, comme vient de le dire Margaret Gillis, de l'Agence de la santé publique du Canada, cette situation pose de nouveaux défis, car le vieillissement, même le vieillissement actif, s'accompagne souvent de problèmes de santé chroniques. Même si les choix de mode de vie et les médicaments permettent de faire face à ces problèmes, ceux-ci peuvent quand même nuire à la capacité des adultes âgés de participer pleinement à la population active. Les conséquences sont multiples, sans oublier que continuer de contribuer à la société par le travail, on le sait, favorise un vieillissement actif. Une population vieillissante signifie aussi que les travailleurs plus jeunes jouent de plus en plus le rôle d'aidants naturels auprès de parents âgés aux prises avec des problèmes de santé graves et complexes.
[Français]
Même si ces défis sont reconnus, les données provenant de la recherche en santé ne sont pas toujours disponibles. Or les IRSC ont pour mission de fournir ces données. En 2000, le Parlement a créé les IRSC parce qu'il reconnaissait que des investissements dans la santé et le système de soins faisaient partie de la vision qu'avait le Canada d'une société bienveillante.
Les objectifs des IRSC sont, premièrement, d'exceller, selon les normes internationales reconnues d'excellence scientifique, dans la création de nouvelles connaissances et, deuxièmement, d'appliquer ces connaissances en vue d'améliorer la santé de la population canadienne et d'offrir de meilleurs produits et services de santé.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada investit actuellement environ un milliard de dollars pour que les IRSC offrent direction et soutien à quelque 14 000 des meilleurs chercheurs et stagiaires dans tout le pays afin de réaliser ces objectifs. Les IRSC intègrent la recherche selon une structure interdisciplinaire unique composée de 13 instituts virtuels, dont l'Institut du vieillissement. De concert avec les autres instituts des IRSC, l'Institut de vieillissement a pour mission de favoriser la création et la dissémination de connaissances pour assurer un vieillissement actif, ainsi que la mise en place des interventions, des services et du système de santé optimums dont ont besoin les adultes âgés aux prises avec des problèmes de santé complexes. Par des investissements stratégiques et des programmes de recherche entreprise à l'initiative des chercheurs, les IRSC ont consacré plus de 100 millions de dollars en 2011-2012 à la recherche sur différents aspects de la santé et du vieillissement, soit dans les sciences biomédicales fondamentales, la recherche axée sur le patient, la recherche sur les services et les systèmes de santé, et la recherche sur les dimensions sociales du vieillissement.
[Français]
Au cours des 12 dernières années, l'Institut du vieillissement a été proactif pour faire en sorte que le Canada ait la capacité de recherche nécessaire afin d'offrir les connaissances requises en matière de santé et de vieillissement. Cette capacité a permis à l'Institut du vieillissement d'appuyer la recherche dans des domaines prioritaires comme la déficience cognitive, la mobilité et la détermination des services et des systèmes de santé optimaux pour les personnes âgées.
[Traduction]
Des efforts de recherche ont été engagés dans le domaine du travail, du vieillissement et de la santé. Par exemple, la professeure Lan Gien, de l'Université Memorial de Terre-Neuve, a reçu des fonds des IRSC pour aider à mieux comprendre les stratégies qui favorisent des cadres de travail productifs et sains pour les travailleurs âgés. Le professeur Peter Smith, de l'Université de Toronto, étudie l'effet des maux physiques et de la dépression sur la participation des Canadiens âgés au marché du travail, en tenant compte du genre. Les IRSC ont également mis en place un programme de recherche qui contribuera dans une grande mesure à l'étude de ces questions: l'Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, ou ELCV. Cette importante initiative stratégique apportera les données nécessaires pour mieux comprendre les facteurs internes et externes agissant sur le vieillissement à compter du milieu de la vie. En tout, 11 universités et une équipe nationale de plus de 160 chercheurs et collaborateurs participent à cette étude. Pendant 20 ans, l’ELCV fournira des renseignements sur l'évolution des aspects biologiques, médicaux, psychologiques, socio-économiques et relatifs aux modes de vie de 50 000 Canadiens de 45 à 85 ans. Jusqu'ici, plus de 25 000 personnes y sont inscrites.
La participation à la population active joue un important rôle dans le fonctionnement social et exerce une influence sur une vieillesse réussie par l'entremise de facteurs comme le revenu et la richesse, l'estime de soi et le statut social, le stress et les expositions professionnelles. L’ELCV examinera comment ces facteurs et d'autres influent sur la santé au fil du temps.
[Français]
Au fur et à mesure qu'évoluera l'étude, l'Institut du vieillissement explorera des façons de s'assurer que les chercheurs canadiens obtiennent l'aide nécessaire pour tirer parti de ce vaste bassin de données, de façon à mettre en lumière d'importantes questions et à fournir les données nécessaires par des analyses secondaires dirigées par les chercheurs de cette étude. Nous nous assurerons également que les données recueillies seront communiquées de façon opportune et efficiente au public ainsi qu'aux responsables des politiques.
[Traduction]
Ces actions prévues cadrent avec le plan stratégique de l'Institut du vieillissement récemment dévoilé pour 2013-2018. Ce plan s'articule autour de cinq priorités. Les deux premières visent à comprendre la trajectoire de vie pour un vieillissement actif et une vie plus longue. Les mesures à prendre à cet égard portent sur le travail, le vieillissement et la santé. Les deux priorités suivantes ont trait aux interventions, ainsi qu'aux services et aux systèmes de santé intégrés de façon optimale, pour répondre aux défis complexes sur le plan de la santé auxquels font face certains Canadiens âgés. La dernière priorité a pour objet les données dont tous les intervenants ont besoin pour donner aux Canadiens les moyens de leur vieillissement actif, mieux former les effectifs de la santé et adapter de façon optimale le transfert des connaissances pour la population vieillissante.
Avec deux autres instituts des IRSC — l'Institut sur la santé des femmes et des hommes et l'Institut de l'appareil locomoteur et de l'arthrite —, l'Institut du vieillissement explore aussi une nouvelle initiative stratégique qui porterait expressément sur la santé et le travail. Cette initiative mettrait l'accent sur les accommodements nécessaires pour rendre les milieux et les cadres de travail propices à la santé. Elle représenterait une occasion unique de faire entrer en ligne de compte tous les facteurs, y compris les dimensions sociales, technologiques et managériales. C'est pourquoi nous avons déjà eu des discussions encourageantes avec le Conseil de recherches en sciences humaines au sujet de cette initiative.
[Français]
Les IRSC et l'Institut du vieillissement considèrent que la santé constitue un important volet du défi que pose une population active vieillissante. L'institut s'assurera que les gouvernements, les responsables des politiques et la population vieillissante canadienne disposeront de toutes les données nécessaires.
Je vous remercie de votre attention.
Monsieur le président, honorables membres du comité, l'exposé que je vais faire aujourd'hui est le fruit du travail que j'ai fait pour la Commission nationale sur la participation au marché du travail des travailleuses et travailleurs expérimentées de 55 ans et plus.
Cette commission a fait son travail à la fin de 2010 et en 2011. Nous allons maintenant aller sur le milieu de travail et je vais décrire ce qui en est ressorti, sous forme de synthèse de l'analyse que j'ai présentée à cette commission.
[Français]
J'aimerais d'abord mentionner le titre général, soit « Diversité des pratiques, souplesse d'application et importance d'une perspective pragmatique ».
Les pratiques d'organisation du travail visant le maintien en emploi ou le retour de retraités sur le marché du travail constituent de nouvelles avenues dans les entreprises, après la vague de mises à la retraite des années 1980-1990. On parlait alors de « Liberté 55 ».
Les cycles économiques, la démographie et les pénuries de main-d'oeuvre ont contribué à rendre de plus en plus nécessaire la poursuite de la vie au travail. On n'y adhère toutefois pas à n'importe quelles conditions. Les travailleurs repoussent la retraite lorsque le jeu en vaut la chandelle, c'est-à-dire quand les conditions rendent le travail encore intéressant par rapport à une retraite totale. De nombreux travaux ont fait ressortir le besoin d'assouplir les horaires de travail et de prendre le temps de réorganiser le travail pour faire place à des aménagements favorables à la poursuite de la vie active sur le marché de l'emploi.
Prenant avis de ces constats déjà connus, cette présentation entend apporter des réponses aux questions suivantes. Qu'en est-il des résultats de tels aménagements? Y a-t-il des leçons à en tirer? Quels sont, dans divers types d'entreprises, qu'il s'agisse d'entreprises privées ou publiques ou encore de grandes entreprises ou de PME, les principaux obstacles et conditions favorables au maintien en emploi et au retour de retraités sur le marché du travail?
À partir de l'analyse des principales pratiques relevées dans la littérature et au cours des échanges avec des acteurs de divers milieux de travail au Québec, quelques constats généraux et d'autres plus précis se dégagent. Nous faisons quatre constats généraux.
Premièrement, il y a un besoin de diversité quant aux approches et aux pratiques. Les initiatives unidimensionnelles ne nuisent pas, mais elles ne peuvent pas avoir la même portée ou susciter l'adhésion comme le font des démarches multiples qui agissent de façon concomitante sur plusieurs plans, par exemple l'aménagement des temps de travail, l'aspect physique et ergonomique, les plans de formation pour les travailleurs expérimentés, la formation de formateurs, la création de la relève et la sensibilisation à l'expertise des travailleurs expérimentés. En outre, l'offre d'un horaire flexible semble cruciale pour favoriser le maintien en emploi.
Le deuxième constat général est que la communication et la concertation entre acteurs dans l'entreprise sont une condition incontournable pour gérer les changements proposés. Le défi, dans ce contexte, est qu'il faut rallier tous les acteurs.
Le troisième constat est que les processus à l'étude ont lieu dans un contexte plus large qui structure les résultats des initiatives. Il est donc nécessaire de tenir compte des contextes d'émergence et de mise en oeuvre des pratiques en entreprise, en particulier des lois et des règlements déjà en vigueur qui facilitent ou, au contraire, limitent la participation au marché du travail des personnes de 55 ans ou plus.
Le quatrième et dernier constat général est que les pratiques en entreprise visant le maintien en emploi de travailleurs expérimentés ou le retour de retraités semblent plus répandues en Europe. On observe, particulièrement en Suède, un plus grand pragmatisme, et ce, parmi tous les acteurs. Cela favorise l'application de mesures efficaces.
J'aimerais maintenant présenter les constats plus précis, qui sont au nombre de six.
Premièrement, la diversité des dimensions, dont j'ai déjà parlé dans le cadre des constats généraux, se décline de différentes façons selon les contextes, les entreprises et les caractéristiques de la main-d'oeuvre.
Deuxièmement, il peut être utile, en particulier dans les PME, de s'adjoindre un acteur externe pour mettre le changement en oeuvre. La crédibilité des changements proposés en sera rehaussée et, par conséquent, l'adhésion des acteurs au bien-fondé des projets le sera également. Il s'agit d'une condition essentielle à la concertation en milieu de travail.
Troisièmement, en contexte de PME, un acteur externe pourra compenser en partie l'absence de service de ressources humaines ou de personnel consacré à un tel objectif.
Je vois que le temps passe et que je ne pourrai pas tout couvrir. J'avais des statistiques sur le poids des PME dans l'économie canadienne.
Ce constat particulier prend encore plus d'importance quand on considère que souvent, les PME de moins de 50 ou de 100 employés n'ont pas de service de ressources humaines. C'est donc la personne qui dirige la PME qui, parmi d'autres tâches, gère les départs à la retraite ou suscite des initiatives visant à maintenir, ou non, des employés au sein de sa main-d'oeuvre.
De plus, les travailleurs d'expérience sont souvent reconnus comme étant plus fidèles, attachés au succès de l'entreprise et dignes de confiance. C'est le cas, par exemple, dans le domaine du service à la clientèle. Ces caractéristiques les rendent d'autant plus attrayants pour les employeurs que ce sont des aspects souvent reprochés aux jeunes travailleurs, notamment ceux de la génération Y. Je ne veux ni généraliser ni stigmatiser qui que ce soit, mais c'est un constat général dont je ne suis pas l'auteur. Cette convergence pourrait contribuer à atténuer la discrimination dont les travailleurs expérimentés font encore souvent l'objet et dont, paradoxalement, ils sont souvent eux-mêmes porteurs, particulièrement à la suite d'une perte d'emploi.
Le dernier constat particulier est que l'intersection entre la vie professionnelle et la vie familiale, concept qui a été évoqué lors des autres présentations, connaît des transformations importantes du fait de l'accroissement de la durée de vie en santé et du rôle des aînés au sein de la famille. Autant les pouvoirs publics, par l'entremise de lois et de dispositifs, que les employeurs et les représentants des employés qui souhaitent faciliter le maintien en emploi doivent être sensibles à ces dimensions et prévoir des aménagements en conséquence.
Enfin, au-delà des constats généraux et ceux plus précis, la réalité des contextes d'entreprise et les possibilités de maintien en emploi ou de retour de retraités, si elles sont offertes sous des formes suffisamment intéressantes pour susciter l'adhésion de travailleurs expérimentés, varient beaucoup en fonction de la taille de l'entreprise, du secteur d'activité, par exemple qu'il s'agisse du secteur manufacturier ou du secteur des services, et selon qu'il s'agisse d'une entreprise publique ou privée. À cet égard, je pense aux programmes de retraite auxquels il faut réfléchir, sur le plan de l'équité intergénérationnelle. Il faut tenir compte de ce qui attend les jeunes générations et se demander s'il est pertinent de permettre le cumul de plusieurs régimes de retraite.
L'un des principaux défis pour favoriser la participation au marché du travail sera de tenir compte de ces particularités ainsi que des besoins variables des employeurs, des travailleurs et de leurs représentants lors de la conception et de la mise en oeuvre d'outils facilitateurs.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous.
Bienvenue, monsieur Bédard. Vous êtes le seul que je n'avais pas encore rencontré. Ma première question va d'ailleurs s'adresser à vous.
Je vais parler des travailleurs de 50 ans ou plus, plutôt que de ne parler que de ceux de 55 ans ou plus. En effet, dès que le chiffre des dizaines devient un 5, ça compte pour beaucoup dans la tête des gens et des employeurs.
Lorsqu'une usine ou une scierie ferme, dans bien des cas, les employés plus âgés, c'est-à-dire ceux qui ont 50 ans ou plus, n'ont pas les compétences nécessaires pour occuper un autre genre d'emploi ou n'ont même pas les compétences de base en informatique, en littératie, etc.
De la formation continue, incluant les compétences de base, dispensée au sein de l'entreprise pendant toute la carrière de la personne pourrait être une solution, si cette personne le demande, bien sûr.
J'aimerais savoir comment ça pourrait se faire. Est-ce que le gouvernement fédéral pourrait faire quelque choses en ce sens? Avez-vous des idées sur une collaboration possible entre le gouvernement, les employeurs, les travailleurs et les syndicats? Avez-vous des suggestions à faire à cet égard?
:
Je suis certainement d'accord au sujet de ces chiffres. Le nombre de maladies chroniques avec lesquelles nous devons vivre ne diminue pas avec l'âge, évidemment, il augmente. Par exemple, près de la moitié des personnes de 80 ans souffre de trois maladies chroniques ou plus.
Cela dit, le fait que quelqu'un souffre d'une maladie chronique n'entame pas son aptitude à contribuer à la population active car nous pouvons employer un certain nombre de stratégies concernant le mode de vie, les habitudes, l'exercice physique, la nutrition, etc., pour y faire face. On peut aussi employer des molécules — des médicaments — pour maîtriser ces maladies et, si le milieu de travail est un facteur qui contribue à ces troubles de la santé, nous pouvons faciliter certaines de ces activités reliées au mode de vie, notamment, par exemple, l'exercice physique.
Permettez-moi aussi d'ajouter brièvement que le premier examen sérieux que nous pourrons faire de cette situation, longitudinalement, proviendra de l'étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, qui démarre maintenant. Pendant les 20 prochaines années, nous allons suivre des personnes de 45 à 85 ans sur tous les aspects de la santé, de la biologie, de l'intellect, de l'attention, etc., ainsi que sur leur environnement, leurs antécédents de travail et la manière dont elles contribuent au travail.
Je pense que nous obtiendrons cette information bientôt et nous veillerons alors à vous la communiquer.
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Bonjour à tous. Je vous remercie beaucoup de cette invitation.
Je suis désolé, mais je n'ai pas préparé de présentation. Je vais donc essayer, pendant 10 minutes, de présenter un résumé des recherches sur le vieillissement de la population que j'ai menées au cours des 10 dernières années. Je vais peut-être vous laisser plus de temps pour les questions.
J'ai commencé en 2004 à travailler sur la question du vieillissement. J'ai travaillé à la Direction des politiques stratégiques et de la recherche du Bureau du Conseil privé. J'ai pris part à l'élaboration des recommandations de l'OCDE. En 2006, j'ai entrepris un autre projet sur la flexibilité du marché du travail et j'ai jumelé les deux projets. Un rapport a été publié au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, le CIRANO. J'essaierai donc de vous résumer les résultats de ce rapport.
Lorsque j'ai commencé à travailler sur le vieillissement de la population, ce phénomène comportait trois dimensions. J'essaierai brièvement de clarifier quel a été mon apport aux projets de recherche sur le vieillissement.
La dimension la plus connue du vieillissement de la population est celle de la baisse du taux de natalité jumelée avec l'augmentation de l'espérance de vie, ce qui fait augmenter le taux de dépendance. En effet, de moins en moins de personnes vont devoir soutenir de plus en plus de personnes âgées. Cette dimension est celle qui a attiré le plus d'attention, en raison des répercussions sur les dépenses en santé et sur la viabilité des régimes de pension.
Une autre dimension du vieillissement, que l'on attend depuis des années, est le départ massif des baby-boomers du marché du travail. Cela fait ressortir la question de la pénurie de main-d'oeuvre que ces départs massifs peuvent entraîner. Il y a des questions sur la formation, la mobilité et la manière d'attirer ces travailleurs âgés.
Dans tout ce débat, la dimension qui a soulevé le moins d'attention, et sur laquelle je me suis penché, est la réaction des employeurs. On a pu analyser la question de l'offre grâce à la disponibilité des données. On a demandé aux travailleurs âgés ce qui pourrait les amener à rester plus longtemps. On a répondu qu'il s'agissait des conditions de travail et de la flexibilité des heures de travail. La question de l'offre, autrement dit ce qui peut retenir les travailleurs âgés, a été traitée de façon assez sérieuse.
En ce qui a trait à la question de l'employeur, dans l'optique d'enlever les barrières pour que les personnes restent plus longtemps, il faut que les employeurs s'engagent eux aussi et mettent en place des pratiques qui favorisent la rétention de travailleurs âgés.
J'ai regardé la dimension la moins étudiée, ce qu'on appelle l'augmentation de l'âge moyen de la main-d'oeuvre. Ce n'est pas seulement lié au vieillissement. La population est maintenant de plus en plus scolarisée. Elle commence à travailler plus tard. Par conséquent, elle va rester plus tard. Certains immigrants entreprennent leur carrière plus tard et vont donc finir plus tard, tout cela dans un secteur de services qui favorise la rétention. C'est ce qui fait que l'âge moyen des effectifs dans les entreprises a augmenté. Qu'arrive-t-il? Cela produit une pyramide ou un déséquilibre de la structure démographique des effectifs des entreprises. Cela veut dire qu'il y a de plus en plus de travailleurs âgés. Cela va avoir des conséquences sur la masse salariale et sur les coûts pour les employeurs.
En utilisant des données qui apparient des employeurs et des employés, j'ai essayé de voir comment les entreprises réagissaient à cette structure démographique de leurs employés. S'il y a de plus en plus de travailleurs âgés, comment les entreprises réagissent-elles? Les entreprises réagissent de deux façons.
Tout d'abord, les entreprises peuvent recourir à une forme de rémunération variable, à une certaine flexibilité des salaires, qu'il s'agisse de bonis individuels ou de bonis liés au rendement de l'équipe, tout cela pour éviter un peu les pratiques des rémunérations basées sur l'ancienneté. C'est une forme de flexibilité que les entreprises essaient d'instaurer pour gérer leur masse salariale.
Un autre mécanisme est de recourir aux travailleurs à temps partiel, aux travailleurs temporaires et aux travailleurs autonomes. C'est une autre forme de flexibilité, appelée flexibilité numérique, qui permet aussi de réduire la masse salariale.
À première vue, on se rend compte que plus la proportion des travailleurs âgés est élevée dans une entreprise, plus le recours aux travailleurs à temps partiel est substantiel. On peut se dire que le travail à temps partiel ne constitue pas un problème puisque, d'une part, il permet à l'entreprise de s'ajuster face à un contexte turbulent et que, d'autre part, ça permet aux travailleurs âgés de combiner travail et retraite progressive, aux jeunes de combiner travail et études, et aux femmes de combiner travail et responsabilités familiales. On peut donc penser que la flexibilité n'est pas un mal en soi et que cela permet de satisfaire des besoins de la main-d'oeuvre et des besoins de l'employeur.
Cependant, quand on considère cela dans une perspective de parcours de vie, à long terme, cette flexibilité peut influer sur l'accès à la formation, sur l'accès aux avantages sociaux et sur l'accumulation des fonds de pension. En ce sens, cette flexibilité peut avoir des conséquences à long terme.
J'en suis donc arrivé à la conclusion qu'on ne parle pas de la même flexibilité. En effet, les employeurs cherchent une flexibilité en recourant à une main-d'oeuvre de plus en plus flexible, celle des travailleurs à temps partiel, des travailleurs temporaires et des travailleurs autonomes. Toutefois, ce n'est pas la flexibilité que les travailleurs cherchent. Ils cherchent une flexibilité des horaires de travail et des conditions de travail. Comment concilier ces besoins? C'est là le défi des politiques publiques de main-d'oeuvre.
L'expérience en Europe a montré que s'attaquer à cette flexibilité constitue une occasion non seulement pour les personnes âgées, mais aussi en général. Je vous donne un exemple. Les travailleurs âgés ont besoin de flexibilité, mais des jeunes demandent aussi de plus en plus cette flexibilité, tout comme les femmes. On ne parle plus tellement de flexibilité travail-famille, mais surtout de flexibilité travail-vie personnelle. Il faut s'attaquer beaucoup plus aux transitions sur le marché du travail. De plus, on veut savoir quel est l'effet de cette flexibilité sur l'exclusion du marché du travail.
Prenons l'exemple de la transition de l'école au marché du travail. Si l'une des politiques vise à déterminer si les immigrants ont besoin de certaines qualifications pour s'intégrer au marché du travail, il faut voir quels sont les risques ou les obstacles. S'il s'agit du manque de qualifications, or nos diplômés aussi ont besoin de cette expérience sur le marché du travail pour réussir la transition au marché du travail. Le risque est donc associé au manque d'expérience sur le marché du travail.
Si on veut une politique de retraite progressive pour permettre aux travailleurs âgés de rester, pourquoi ne pas avoir la même politique pour les personnes handicapées? Pourquoi ne pas entrevoir la retraite partielle de la même façon qu'on entrevoit un handicap partiel?
Donc, s'attaquer aux risques plutôt qu'aux groupes est le défi actuel des politiques publiques.
On était dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre. C'est dans ce contexte qu'ont été instaurés tous nos programmes et toutes nos politiques. Pour ma part, j'essaie d'élever le débat. Les employeurs veulent garder les travailleurs. Ils ont mis en place des régimes de pension à prestations déterminées. Le principe d'ancienneté était en place pour garder cette main-d'oeuvre. La retraite obligatoire était instaurée et elle jouait un rôle aussi pour se débarrasser des employés dont le rendement était insatisfaisant. Maintenant, on élimine la retraite obligatoire pour permettre aux travailleurs qui le désirent de rester, mais les employeurs sont parfois pris avec certains travailleurs, il faut se l'avouer. Je parle à des représentants de chambres de commerce. On ne dit pas ces choses, mais on ne veut pas garder tous les travailleurs. De plus, qui va prendre la responsabilité de la formation?
Le défi demeure de considérer cette notion de flexibilité, la demande de flexibilité et l'importance de la formation. Il s'agit de déterminer la façon d'aborder cette perspective dans un contexte plus général que celui du vieillissement de la population.
Merci.
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Merci beaucoup, et merci de votre invitation.
Mes remarques sont fondées sur le rapport fédéral de 2008 du groupe d'experts sur les travailleurs âgés, dont j'ai été le directeur de recherche, ainsi que sur mes propres recherches concernant les travailleurs âgés et les handicaps physiques. J'ai préparé un mémoire et je pense que je vais simplement le lire.
J'espère pouvoir vous exposer ce qui est essentiellement une perspective du marché du travail et de la main-d'oeuvre sur la problématique des possibilités d'emploi des personnes âgées. La première question que je pose est celle-ci: pourquoi devrions-nous encourager les travailleurs âgés à rester dans la population active?
Premièrement, du point de vue du marché du travail, le vieillissement de la population active se traduit par un taux de croissance déclinant de la population active. Cela peut évidemment déboucher sur une croissance réduite de la production économique totale, et peut même affecter la production par personne aussi. Le problème de l'offre de main-d'oeuvre peut également devenir important. Selon les meilleures estimations, l'immigration ne peut pas à elle seule contrer les effets du vieillissement de la population sur la population active, et il y a donc deux facteurs à prendre en considération. Premièrement, plus de travailleurs âgés peuvent être encouragés à participer à la population active, à tous les âges, sur une base continue. Deuxièmement, les travailleurs âgés peuvent être encouragés à travailler pendant un plus grand nombre d'années.
Deuxièmement, d'un point de vue économique individuel, certains travailleurs âgés peuvent avoir besoin du revenu du travail, que ce soit comme source principale de revenu ou comme complément d'une pension de retraite.
Troisièmement, d'un point de vue personnel ou social, les travailleurs âgés peuvent avoir envie de s'épanouir grâce un emploi enrichissant.
J'aborde brièvement le contexte général du marché du travail pour les travailleurs âgés. Il est parfaitement clair que les milieux de travail et les marchés du travail de manière générale font l'objet de plusieurs pressions de longue durée qui sont particulièrement pertinentes pour les travailleurs âgés. D'abord et avant tout, bien sûr, il y a la mondialisation économique et tout ce qu'elle entraîne. Ce phénomène a exercé des pressions importantes sur certaines industries, causant des pertes d'emploi dans des secteurs tels que la forêt, le papier, des secteurs de la fabrication dans certaines industries primaires, et cela est particulièrement important dans les villes mono-industrielles. Il y a ensuite le changement technologique qui rend certaines compétences désuètes et impose un effort fondamental de recyclage et d'éducation. Cela exige aussi une mise à jour constante des compétences, puisque de nouvelles compétences deviennent nécessaires pour exercer le même emploi, et cela constitue un défi particulièrement pour les travailleurs âgés qui ont typiquement des niveaux d'éducation moins élevés.
Je me tourne maintenant brièvement vers les caractéristiques du marché du travail pour les travailleurs âgés.
Quelle est la situation des travailleurs âgés sur le marché du travail, étant bien entendu qu'elle change avec le temps et en fonction de la conjoncture économique? Tout d'abord, en ce qui concerne la configuration des emplois, les travailleurs âgés ont plus souvent tendance que les autres groupes à se trouver dans des emplois non standard, c'est-à-dire des emplois à temps partiel ou à contrat. Cela donne aux travailleurs âgés la souplesse nécessaire pour faire face à d'autres besoins, comme le désir d'avoir moins d'heures de travail chaque jour par préférence personnelle, pour n'avoir qu'un complément de revenu, ou pour tenir compte d'obligations familiales. Toutefois, il peut y en avoir qui occupent des emplois à temps partiel ou non standard parce qu'ils ne sont pas capables de trouver les emplois à temps plein qu'ils souhaitent.
Deuxièmement, les taux d'emploi et les taux de participation des travailleurs âgés sont de loin les plus bas de toute la population active. Ils ont tendance à être inférieurs à 40 p. 100, contre environ 65 à 70 p. 100 pour l'ensemble de la population active.
Troisièmement, en ce qui concerne l'expérience de chômage des travailleurs âgés, leur taux de chômage a tendance à être plus faible que le taux de chômage global mais, une fois qu'ils ont un emploi, leur période de chômage a tendance à être plus longue, et leur perte de gain par rapport au gain qu'ils avaient avant le chômage a tendance à être plus grande. Autrement dit, le nouvel emploi que trouve le travailleur âgé est typiquement moins bien rémunéré que l'emploi qu'il vient juste de perdre.
Il y a aussi des différences importantes dans les taux de chômage des travailleurs âgés: un taux de chômage plus faible dans les régions urbaines par rapport aux régions rurales, et des différences marquées entre les régions, les taux baissant typiquement progressivement de l'est vers l'ouest.
Finalement, j'aimerais aborder certains des obstacles à l'emploi des travailleurs âgés. Bon nombre de ceux-ci ont occupé un emploi dans des industries ou dans des secteurs à industrie unique qui sont en déclin, ou sont simplement confrontés à des situations de chômage de longue durée. Et les travailleurs âgés ont tendance à avoir moins d'éducation et moins de formation pointue, alors que les plus jeunes ont tendance à être mieux éduqués et mieux formés. Cela engendre plusieurs problèmes.
Tout d'abord, bon nombre de travailleurs âgés ont des compétences qui sont très spécifiques à leur emploi précédent ou à leur emploi à long terme, et ils peuvent avoir besoin d'un recyclage poussé dans les cas où leur objectif est de décrocher un emploi totalement nouveau.
Deuxièmement, investir dans les travailleurs âgés, en termes de formation professionnelle et d'éducation, laisse une période raccourcie pour engranger un rendement de cet investissement, et le fait que beaucoup ont un niveau d'éducation plus bas dès le départ signifie que leur recyclage est encore plus difficile.
Troisièmement, les travailleurs âgés peuvent être confrontés à un préjugé des employeurs qui croient tout simplement que les travailleurs plus jeunes apprennent mieux.
Quatrièmement, en cherchant des emplois ailleurs, les coûts de déménagement peuvent être très élevés à cause des coûts de transfert du mobilier, des investissements communautaires, des liens familiaux, etc.
Finalement, en ce qui concerne le vieillissement et l'invalidité, le pourcentage de Canadiens employés qui ont une invalidité passe d'un peu plus de 3 p. 100 pour le groupe des 20 à 24 ans à largement plus que 12 p. 100 pour le groupe des 60 à 64 ans. On peut donc prédire sans crainte de se tromper qu'une proportion croissante des travailleurs canadiens souffrira d'invalidité physique et voudra ou devra continuer à travailler, nonobstant cette invalidité.
S'ils doivent travailler productivement et avec une égalité d'opportunité, bon nombre auront besoin que les employeurs conçoivent, adaptent et gèrent les lieux de travail de façon à leur permettre de surmonter leurs limitations physiques. Autrement dit, ils auront besoin d'accommodements.
Durant nos propres recherches, nous avons constaté qu'une fraction non négligeable des personnes handicapées affirme qu'elle ne reçoit pas les accommodements dont elle a besoin pour pouvoir travailler, et travailler productivement. Les nombreux rapports d'employés concernant le manque d'accommodements concordent avec d'autres recherches établissant l'influence fréquemment négative des lacunes informationnelles, des stéréotypes, des incitations ou désincitations économiques pour accueillir ces travailleurs, de la résistance culturelle du milieu de travail, etc.
Tous ces facteurs font ressortir la nécessité d'envisager une stratégie nationale coordonnée pour combler les lacunes en matière d'accommodements dans le milieu de travail. Cette démarche offre l'avantage d'offrir un degré de mesure universelle qui rehaussera l'accès à un accommodement efficace pour tous les employés dans tous les milieux de travail, tout en garantissant une opportunité minimale de désincitation économique en matière d'accommodement. Un programme universel dans ce domaine particulier pourrait prendre la forme, par exemple, d'un train de politiques fédérales-provinciales fortement coordonnées qui, prises ensemble, assurent une couverture relativement complète.
En conclusion, j'aimerais mentionner plusieurs thèmes assez généraux concernant les travailleurs âgés.
Premièrement, il convient d'admettre tout simplement que le gouvernement fédéral a un ou des rôles réels à jouer pour appuyer la participation et l'emploi des travailleurs âgés.
Deuxièmement, des mesures de soutien actif pour le développement du capital humain, y compris d'éducation générale et de formation professionnelle spécifique, restent essentielles pour encourager un emploi valable aux personnes âgées. En outre, pour atteindre des résultats valables à grande échelle, un soutien à un certain niveau gouvernemental sera probablement requis.
Troisièmement, le gouvernement fédéral devrait envisager, premièrement, de cibler ses politiques très soigneusement, notamment en ce qui concerne les obstacles particuliers des travailleurs âgés; deuxièmement, de continuer à examiner les programmes actuels pour veiller à minimiser la désincitation à la participation à la population active; et, troisièmement, de prendre la tête d'un mouvement d'encouragement des accommodements pour les travailleurs handicapés, problème qui deviendra de plus en plus important avec le vieillissement de la population active.
Merci de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à vous deux de vos excellents exposés. Je regrette un peu de n'avoir que sept minutes pour continuer cette conversation.
Je commence par une remarque d'ordre général. Il y a, aujourd'hui, 1,4 million de Canadiens sans emploi et, dans ma collectivité de Hamilton, le taux de chômage des jeunes est deux fois la moyenne nationale. Donc, quand on parle de la nécessité de conserver les travailleurs âgés, je pense qu'il y a des variations régionales importantes dans le développement de la main-d'oeuvre, notamment en ce qui concerne les pénuries de compétences. Je pense que vous en avez parlé tous les deux, de manières différentes.
Monsieur Chaykowski, vous avez conclu votre exposé en disant que le gouvernement doit faire très attention à ne pas créer de facteurs de désincitation à la participation à la population active, mais je songe à ma belle-soeur qui est enseignante et sera admissible à la retraite en janvier. Elle voulait continuer à enseigner jusqu'en juin, pour terminer l'année scolaire, mais le conseil scolaire a plutôt décidé de lui verser une indemnité parce qu'il lui coûte moins cher d'engager des jeunes. Et, je le répète, il y a un nombre élevé de jeunes Canadiens qui cherchent du travail, ce qui est peut-être un problème régional.
En ce qui concerne la rétention, je voudrais vous en parler directement, monsieur Béjaoui, parce que je pense vous avoir entendu dire que les pensions de retraite sont à la fois une carotte et un bâton pour la rétention.
Dans certains lieux de travail, si l'on a un régime de pension à prestations définies, on peut fort bien décider de continuer à travailler afin de maximiser les prestations à la fin de la vie de travail. Par contre, si la politique du gouvernement est de relever l'âge d'admissibilité à la SV à 67 ans, par exemple, ce ne sera plus un choix pour beaucoup de gens de continuer à travailler. Ils y seront obligés. Donc, dans ce cas, la politique de retraite est un bâton plutôt qu'une carotte.
Que pouvez-vous nous dire des pensions de retraite dans le contexte particulier de la rétention?
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à nos deux témoins. Leurs présentations étaient très intéressantes.
Je voudrais commencer par émettre un bref commentaire, qui m'amènera à une question. Comme on le dit en bon français, je vais faire du pouce avec ce que Mme Charlton a dit plus tôt. Parfois, j'ai l'impression qu'on compare des pommes et des oranges.
Le phénomène du vieillissement de la population et du maintien en emploi des travailleurs âgés est une vaste question. Cependant, elle couvre des réalités fort différentes. Pour un professionnel, par exemple un notaire, une avocate ou une chimiste, il est assez facile d'envisager de travailler jusqu'à 70 ou 75 ans sans problème. Si vous êtes astrophysicien et que vous vous appelez Hubert Reeves, vous pouvez même travailler jusqu'à 178 ans, semble-t-il. Toutefois, si vous êtes éboueur, travailleur d'usine dans une chaîne de montage, travailleur de la construction ou caissière à l'épicerie en position debout toute la journée, c'est une autre paire de manches.
Par ailleurs, 70 % des travailleurs canadiens n'ont pas de régime complémentaire de retraite. Cela veut dire que la plupart d'entre eux misent uniquement sur les régimes publics, en particulier sur la Sécurité de la vieillesse. Je suis favorable à ce que les gens puissent continuer à travailler plus longtemps, mais ne pensez-vous pas que cela devrait être le choix des travailleurs ou des travailleuses? Ne croyez-vous pas que cela devrait demeurer des occasions à saisir et que les travailleurs ne devraient pas être forcés de travailler plus longtemps uniquement pour des raisons financières, notamment parce qu'autrement ils ne pourraient plus acheter de nourriture?
Si l'on remonte 5 ou 10 ans en arrière, quand des gens comme David Foot ont commencé à évoquer l'énormité du défi démographique et de ses conséquences sur la population active, je pense qu'un des principaux facteurs de motivation concernant l'effet du vieillissement d'un point de vue économique était le ralentissement de la croissance de la population active, qui ralentirait aussi la croissance économique.
C'est un effet distinct de ce qu'on a mentionné plus tôt, la question des poches de chômage élevé, d'un taux de chômage global de plus de 7 p. 100, qui s'ajoute au problème démographique. Au niveau individuel, il y a juste la question du choix du travailleur âgé, c'est-à-dire du fait que la personne de 69 ans veut continuer à travailler parce qu'elle se sent en assez bonne santé, souhaite compléter sa pension de retraite ou ne veut tout simplement pas rester assise à la maison. C'est là une question de choix personnel.
Il y a tous ces éléments distincts à prendre en considération, je pense. Ils interviennent tous dans les décisions, pas toujours dans le même sens mais tous en même temps.
Je n'ai jamais vraiment attaché autant de valeur que d'autres au ralentissement global de la croissance de la population active, pour deux raisons. Premièrement, je crois beaucoup plus à la capacité des employeurs à remplacer la main-d'oeuvre par du capital, c'est-à-dire au changement technologique. Nous connaissons tous de nombreux exemples de réduction importante de la main-d'oeuvre. Les employeurs feront les changements nécessaires à leur main-d'oeuvre et apporteront les modifications indispensables. Cela dit, ça ne veut pas dire que le ralentissement de la population active n'a aucun effet macro-économique, mais simplement que les employeurs individuels me semblent tout à fait capables de s'adapter et que cela m'inquiète donc moins.
Deuxièmement, ce que nous constatons aujourd'hui à un niveau plus micro-économique, et c'est ce qui complique parfois l'analyse, c'est l'idée que nous avons des goulots d'étranglement en matière de compétences. Nous avons des poches à Hamilton et dans d'autres régions de l'Est canadien ou même de l'Ouest canadien. Dans certaines professions et certains métiers en Alberta, il y a une très forte demande, ou des taux de chômage élevés, selon la situation. Ces goulots d'étranglement sont un problème permanent. Nous avons un taux de chômage relativement élevé. Cela ne change rien au fait que nous devons nous intéresser aux besoins des travailleurs âgés dans la population active.
Il y a une autre complication, qui est le pari que nous sommes entrés dans une période prolongée de faible croissance économique. Cela pourrait se traduire par une période prolongée de chômage relativement élevé par rapport à la fin des années 90 ou aux années 2000, disons. Cela dit, ça ne change encore une fois rien au fait que nous devons répondre aux besoins des travailleurs âgés dans la population active.
Tous ces divers facteurs entrent en jeu, du niveau macro-économique au niveau micro-économique, et ils compliquent parfois l'analyse parce qu'ils ne semblent pas agir tous dans le même sens. Je serai très précis pour finir: dire simplement que nous avons un taux de chômage élevé ne signifie pas nécessairement que nous ne devrions pas essayer d'attirer les travailleurs âgés dans la population active pendant plus longtemps, accroître leur taux de participation ou les encourager à poursuivre plus longtemps leur carrière. Ces choses-là ne s'excluent pas mutuellement.
Une dernière remarque: je ne recommanderais pas l'adoption de politiques publiques généralisées ou globales. Je pense qu'il est extrêmement important d'identifier le dysfonctionnement du marché du travail et de formuler ensuite une politique adaptée à ce dysfonctionnement plutôt qu'une politique de portée très générale.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins. Cette discussion est très intéressante et j'apprécie beaucoup ce que j'appellerais votre franchise et votre analyse très factuelle.
Comme Mme Charlton, je viens d'une collectivité où, à la fin des années 1980 ou au début des années 1990, nous avions un taux de chômage de 30 p. 100 à cause de la disparition d'une entreprise de fabrication de machines agricoles. Si l'on devait tirer une leçon de ce qui s'est passé depuis, parce que nous sommes maintenant en dessous de la moyenne nationale — nous sommes à environ 7,1 p. 100, je pense, selon les dernières statistiques —, c'est que les gens sont très capables de s'adapter, quel que soit leur âge.
Je l'ai constaté dans ma collectivité, surtout avec ce que beaucoup de gens appelleraient — et cela n'a rien de dérogatoire — la ville de cols bleus que nous étions et que nous sommes encore, à bien des égards. Il y a encore beaucoup d'industrie de fabrication, mais cette adaptabilité et votre discussion, monsieur Chaykowski, sur la fluidité, me plaisent beaucoup.
Je m'arrête vraiment à ce mot car repenser les paradigmes, repenser les choses qui ont été les normes sociales, est vraiment important, je pense, pour faire avancer la santé des Canadiens, la santé de tous les travailleurs, et les opportunités qui existent. Très franchement, comme j'ai été entrepreneur et homme d'affaires durant toute ma vie, je pense qu'une grosse part de responsabilité revient aux employeurs. Je le pense vraiment.
Je pense que nous devons les amener à repenser. Je pense que nous devons les amener à repenser aux personnes handicapées, ce qui a été l'une de mes grandes passions. En outre, évidemment, il y a les travailleurs âgés qui entrent dans cette même catégorie de double catégorisation — âgés et invalidités —, mais je pense qu'il incombe aux gouvernements et à nous-mêmes de savoir que, quand nous intervenons, nous intervenons à un niveau stratégique qui sera pragmatique et qui fonctionnera, qui touchera à l'essence de la main à la pâte et qui marchera.
L'une des initiatives que nous avons lancées et que nous mettons en oeuvre en ce moment même est la subvention canadienne pour l'emploi. Elle offre des possibilités aux employeurs. Elle offre une aide gouvernementale quel que soit l'âge, qu'on soit invalide ou non. Quelle que soit la situation, elle offre des possibilités, sans aucun préjugé. Je pense que vous allez voir les employeurs intervenir sur certains de ces fronts. Je ne dis pas que c'est la panacée. C'est peut-être simplement le point de départ. Comme toujours, il y aura des partisans et des détracteurs, mais ce genre de choses…
Dans votre déclaration liminaire, monsieur Béjaoui, votre conclusion portait sur la lutte pour les politiques publiques. Vous avez dit qu'il y a cette lutte pour de bonnes politiques publiques sur ces questions, et c'est ce que j'essaye de saisir.
Je vous demanderai peut-être à vous, monsieur Chaykowski, de nous en dire un peu plus sur ce plan directeur pour la fluidité. Comment les gouvernements incorporent-ils ça dans ce qui est traditionnellement la pensée idéologique du gouvernement et de l'opposition et le feu du débat politique? Comment fonctionne la fluidité dans tout ça?
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J'aimerais bien avoir la réponse à la question. Voici cependant quelques remarques qui vous aideront peut-être. J'ai une formation d'économiste et nous, les économistes, croyons au pouvoir et à la pertinence des solutions fondées sur le marché.
Je pense cependant qu'il est tout aussi important d'admettre que les marchés sont imparfaits — première chose — et que certains sont défaillants. Voilà pourquoi je ne cesse de dire qu'il faut essayer de comprendre ce qu'est la défaillance du marché. C'est quoi que le marché ne fait pas? C'est généralement ce qui motive ou justifie l'intervention gouvernementale au moyen d'une politique.
L'autre chose est qu'il n'existe pas de libres marchés. Nous aimerions peut-être voir des marchés libres mais nous n'en avons pas. Nous avons dans certains cas ce qui se rapproche de marchés libres si vous allez sur la place votre village pour acheter vos légumes et négocier avec le vendeur mais, généralement, nous avons un cadre au sein duquel fonctionnent les marchés.
Nous avons un cadre juridique, un cadre juridique très important, ou une infrastructure juridique, si vous voulez, et nous avons ensuite une infrastructure législative gouvernementale. Je dis tout cela parce qu'un marché sans cadre, ça n'existe pas. C'est le gouvernement qui définit en grande mesure ce cadre. C'est important parce que les employeurs réagissent aux incitatifs.
Donc, s'il y a une défaillance quelque part dans le sens suivant, qui est que les employeurs ne font pas telle ou telle chose, qu'ils n'emploient pas des travailleurs âgés et qu'ils ne les forment pas, qu'ils ne font pas les investissements, c'est peut-être bien dans l'intérêt des employeurs concernés de ne pas le faire, mais ce n'est peut-être pas dans l'intérêt social, et il y a peut-être d'énormes coûts sociaux associés à cela. C'est peut-être parfaitement rationnel et raisonnable pour l'employeur individuel de ne pas avoir ce comportement mais, si suffisamment d’employeurs agissent ainsi, vous vous retrouvez avec des résultats sociaux très, très négatifs.
Cela serait un exemple de défaillance du marché qui appellerait à mon sens une forme d'intervention gouvernementale. Dans ce cas, mon sentiment serait que la meilleure démarche serait d'adopter une politique créant des incitatifs: des incitatifs pour que les employeurs se comportent différemment.
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Il y en a un certain nombre et je pense que vous avez mis le doigt sur le problème. Ce sont souvent les grandes entreprises qui ont tendance à avoir les ressources, et qui sont sur des marchés internationalement très compétitifs. Il est parfaitement clair que, même si leur main-d'oeuvre est, selon les critères normaux, relativement petite et sobre ou plus grande, un marché compétitif imposera que les employés soient très bien formés et très productifs. Ces entreprises ont un incitatif individuel à faire cet investissement. Il faut avoir les poches assez profondes pour ce faire.
Le problème classique au Canada a été le sous-financement de la formation professionnelle au niveau de l'entreprise. Le problème pour les petites et moyennes entreprises est partiellement le manque de ressources pour faire l'investissement, et l'autre grand problème, dont on parlait déjà il y a 30 ans, est le maraudage. Vous serez très peu incité à faire un investissement important si vous pensez que votre investissement vous sera ensuite volé par votre concurrent du bout de la rue. Je me souviens qu'on m'avait demandé de parler de recrutement et de rétention du personnel dans le secteur du pétrole de l'Alberta, il y a des années. Je suis allé sur place pour examiner la situation sur le terrain. Le problème se posait dans le génie. Les ingénieurs étaient tous racolés par d'autres entreprises. Il y a certaines choses qu'on peut faire en termes de politiques de gestion des ressources humaines et de politiques favorables aux travailleurs mais, en dernière analyse, ma recommandation serait de continuer à les payer plus. En fin de compte, le facteur de marché le plus déterminant du taux de roulement du personnel était l'existence d'un marché externe très surchauffé et compétitif.
Entre-temps, si les entreprises investissent dans ces travailleurs, elles perdent cet investissement, ce qui ne fait aucun doute. Il est très difficile d'échapper au problème. Si vous examinez la situation des toutes premières entreprises, comme Bombardier, ou Vale, ou toutes les entreprises de cette catégorie, comme PotashCorp, elles sont maintenant sur des marchés internationaux et ne risquent donc pas de perdre leurs employés au profit d'un concurrent du bout de la route, ou d'une autre province, mais plutôt d'un autre pays. L'industrie du nucléaire en est un autre grand exemple. Nous avons des gens qui viennent du monde entier pour travailler dans l'industrie nucléaire et nous avons des gens qui s'en vont ailleurs dans l'industrie nucléaire. Il y a un petit micro exemple de la même chose dans le génie minier.
Il est donc vrai, je pense, que la capacité de dispenser une formation d'employeur est meilleure dans les grandes entreprises, mais le problème classique est celui du maraudage.