:
Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
Je suis accompagnée d'Hélène Laurendeau, vice-présidente principale de la Direction générale des politiques, et d'Elizabeth Murphy-Wash, vice-présidente de la Direction générale de la vérification et des services des données. Nous sommes ici pour discuter du rapport annuel 2010-2011 de la Commission de la fonction publique et de ses rapports de vérification pour 2011, qui ont été déposés devant le Parlement plus tôt cette semaine.
La CFP est un organisme indépendant qui relève du Parlement et qui a pour mandat de protéger l'intégrité de la dotation et l'impartialité politique de la fonction publique. La CFP n'est pas dirigée par un ministre dans l'exercice de ses pouvoirs exécutifs en matière de dotation et d'impartialité politique, mais elle rend compte au Parlement. Elle dépose un rapport annuel au Parlement sur ses activités et résultats. Nous sommes reconnaissantes d'avoir l'occasion de discuter de ces activités et résultats avec vous.
Le rapport annuel 2010-2011 de la CFP porte sur la cinquième année d'application de l'actuelle Loi sur l'emploi dans la fonction publique. En date de mars 2011, la CFP avait délégué ses pouvoirs de dotation à 83 organismes représentant plus de 216 000 personnes.
L'administration publique centrale n'a pas connu de croissance en 2010-2011, par opposition à une croissance de 3,4 p. 100 l'année précédente. Il y a eu moins de recrutement, tout particulièrement en ce qui concerne l'embauche de nouveaux employés permanents, et aucun changement quant aux départs. Il s'ensuit qu'un nombre réduit de jeunes employés a intégré la fonction publique en 2010-2011, et pour la première fois en 10 ans, le nombre d'employés de moins de 35 ans a diminué.
Toutefois, même s'il y a moins d'embauche, le nombre de nouveaux employés est tout de même considérable. Plus de 1 250 étudiants sont entrés à la fonction publique par l'intermédiaire du recrutement postsecondaire, par comparaison avec près de 1 650 étudiants l'année précédente.
Il y a eu une diminution marquée non seulement des activités d'embauche, mais aussi des processus de dotation interne, soit dans une proportion de 15,2 p. 100 de moins par rapport à l'an passé.
[Traduction]
Le gouvernement est entré en période de restriction budgétaire; des pressions se feront sentir sur le système de dotation. Nous continuons de voir de l'intérêt pour les emplois à la fonction publique, mais cet intérêt s'appliquera à un nombre réduit d'emplois.
La CFP est responsable de la gestion d'un programme de priorités à l'intention des employés déplacés de la fonction publique fédérale. La loi prévoit qu'un employé prioritaire doit être nommé à un poste vacant de la fonction publique avant toute autre personne, si l'employé en question satisfait aux qualifications essentielles du poste. Ce programme est important puisqu'il rend le système juste pour les employés déplacés. Nous devons nous assurer que celui-ci fonctionne bien. Une évaluation nous a permis de définir les secteurs du programme ayant besoin d'être améliorés afin de rendre le programme encore plus solide et efficace, et nous sommes en voie de faire plusieurs changements à cet effet.
De plus, notre analyse de 19 vérifications ayant été réalisées au cours des deux dernières années a démontré que, dans 11 p. 100 des nominations, des problèmes ont été soulevés dans le processus d'obtention de l'autorisation en matière de priorité. De même, il sera essentiel d'assurer une utilisation adéquate et une planification améliorée de la main-d'oeuvre, aussi bien en ce qui concerne les employés permanents que les employés occasionnels, afin que les gestionnaires disposent de la souplesse nécessaire pour satisfaire à leurs besoins tout en respectant les valeurs de la LEFP. Nous estimons, cependant, que l'embauche ciblée doit se poursuivre pour assurer la relève à la fonction publique et le maintien d'une fonction publique qui produit les résultats attendus par la population canadienne.
J'aimerais maintenant passer à l'évaluation globale du système de dotation. D'après les activités de surveillance menées en 2010-2011, la CFP a conclu que le mérite est généralement respecté dans la dotation. En outre, nos vérifications montrent que les gestionnaires se sont améliorés en ce qui concerne l'évaluation du mérite. Le rendement des organisations sur le plan de la gestion de la dotation continue aussi de s'améliorer. Nous avons observé des tendances positives dans les stratégies d'embauche, lesquelles contribuent davantage aux priorités de dotation et améliorent les capacités en RH. Nous sommes cependant préoccupés par le contrôle de la qualité relativement aux processus de nomination, les lacunes liées à l'évaluation du mérite et à la documentation connexe, ainsi que par les justifications inadéquates liées à l'utilisation de processus de nomination non annoncés.
En outre, il continue d'y avoir un petit nombre de cas où le mérite n'a pas été respecté. Ce non-respect découle généralement d'une erreur, d'une omission ou d'une conduite irrégulière. Par ailleurs, il y a encore beaucoup trop de cas où le mérite n'est pas démontré dans les dossiers de dotation ou dans les autres documents organisationnels.
Nous continuons d'être préoccupés par la perception des employés à l'égard de la justice du processus global de dotation. Environ le quart des employés ont encore l'impression que le système, en général, n'est pas du tout juste ou n'est juste que dans une certaine mesure. De plus, nous sommes préoccupés par le taux de nominations découlant de processus de dotation externes, qui continue d'être bas pour les personnes handicapées et qui aura un effet néfaste sur leur représentation à la fonction publique à long terme.
En ce qui concerne l'impartialité politique, nos recherches ont indiqué qu'une petite proportion des fonctionnaires sont actifs sur le plan politique. En 2010-2011, la CFP a reçu 94 demandes de candidature de la part de fonctionnaires. Toutefois, la CFP se préoccupe du fait que les fonctionnaires ne sont pas bien informés de leurs droits et de leurs responsabilités au regard des activités politiques. Ainsi, la CFP estime qu'il faut redoubler d'efforts pour bien préserver cette valeur fondamentale.
J'aimerais maintenant passer à nos vérifications. Cette année, la CFP a examiné 11 organisations, et elle n'a imposé des conditions supplémentaires sur la délégation des pouvoirs de dotation qu'au Commissariat aux langues officielles. En conséquence, le commissariat a fourni un plan d'action décrivant les mesures qu'il prendra pour donner suite aux recommandations découlant de la vérification et il présentera également des rapports semestriels sur la mise en oeuvre du plan. La CFP a retiré les conditions imposées à Santé Canada et certaines des conditions imposées à la Gendarmerie royale du Canada par suite des dernières vérifications dont ces organisations ont fait l'objet.
À la suite d'une vérification en 2009, la CFP et la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada ont conclu une entente relativement à la vérification de nominations supplémentaires, à la tenue d'enquêtes et aux mesures correctives à prendre. Un rapport sur cette entente a aussi été déposé au Parlement. La CFP a constaté une amélioration dans les pratiques de dotation de la commission. Cependant, la CISR a rejeté les conclusions de la plupart des enquêtes réalisées par la CFP. Toute décision de ne pas donner suite aux résultats d'une enquête ou de ne pas prendre les mesures correctives qui s'imposent porte atteinte à l'intégrité du système de dotation. Plutôt que de retirer tous les pouvoirs de dotation à la CISR, la CFP a décidé d'enclencher un processus dont l'objectif est d'obtenir la responsabilité de mener les enquêtes et de commander la prise de mesures correctives pour les processus internes au sein de cette organisation.
[Français]
À l'avenir, les valeurs de la LEFP conserveront toute leur importance. Avec la diminution des activités de dotation, chaque décision de nomination prend davantage d'importance par rapport à l'intégrité globale du système. Or, les activités de surveillance de la CFP fournissent de l'information importante sur l'intégrité du système de dotation, et cette information permet au Parlement de s'assurer que les valeurs fondamentales et les valeurs directrices sont respectées.
La CFP continuera en outre de travailler avec les membres du présent comité ainsi qu'avec les autres parlementaires, les administrateurs généraux, les agents négociateurs et d'autres intervenants pour veiller à ce que le système de dotation s'adapte à l'évolution du contexte opérationnel et financier et à ce que les valeurs de dotation continuent d'être respectées.
[Traduction]
Mon mandat à titre de présidente a été prolongé jusqu'à ce qu'une nouvelle personne soit nommée au poste. La CFP s'est engagée à assurer une transition harmonieuse vers l'établissement de la nouvelle commission, au cours des prochains mois, et elle continuera de s'assurer que les Canadiens bénéficient d'une fonction publique professionnelle où le mérite et l'impartialité politique sont protégés de façon indépendante.
Merci.
[Français]
Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, madame Barrados. Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. C'est très apprécié.
Je vais immédiatement cesser de me plaindre de mes déplacements entre Montréal et Ottawa.
Des voix: Oh, oh!
M. Alexandre Boulerice: Il est beaucoup question de dotation aujourd'hui, mais j'aimerais profiter de l'occasion pour parler de certaines données du rapport du Centre canadien de politiques alternatives. On y parle d'une fonction publique fantôme. J'aimerais souligner à quel point, malgré les mesures d'austérité du gouvernement ou peut-être même à cause de ces dernières, le recours à la sous-traitance n'a pas seulement augmenté au cours des dernières années, mais il a véritablement explosé. Entre 2005-2006 et aujourd'hui, le recours à divers consultants, services d'aide temporaire et consultants de gestion a augmenté de 80 p. 100. Il s'agit de plus de 5,5 milliards de dollars provenant des contribuables. Dans quatre services ou ministères principaux, on parle d'une augmentation de 100 p. 100 au cours des dernières années.
Selon vous, est-ce que nous, de même que le gouvernement, devrions examiner la question du recours à la sous-traitance? Est-ce la façon d'assurer aux citoyens les meilleurs services au meilleur coût? J'aimerais aussi savoir si vous trouvez préoccupante l'utilisation de plus en plus fréquente de la sous-traitance, en ce sens qu'elle permet de contourner toutes les règles relatives au processus d'embauche et celles de la Commission de la fonction publique du Canada. En effet, ces entreprises privées ne sont pas soumises aux exigences en matière de bilinguisme, d'embauche ou de dotation. On est troublés par le recours massif à la sous-traitance, notamment à Travaux publics Canada, alors qu'on parle de la nécessité d'être prudent à l'égard des deniers des contribuables.
Quel est votre avis sur cette explosion du recours à la sous-traitance? N'êtes-vous pas préoccupée par le fait qu'il s'agit d'une manière détournée d'ignorer les règles touchant la fonction publique fédérale?
Lors de la dernière législature, nous avons eu une motion de ce comité nous demandant de faire une étude sur le travail temporaire dans la fonction publique, ce que nous avons fait. Elizabeth Murphy-Walsh était responsable de cette étude.
Le résultat de cette étude a démontré des choses intéressantes. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un processus de dotation, mais plutôt d'un processus de contrats. À la Commission de la fonction publique, nous sommes responsables de toute la dotation. Ce comité nous a demandé de faire une étude, ce que nous avons fait. À mon avis, s'il s'agit de quelque chose qui fonctionne comme un processus de dotation, nous avons le droit d'en faire l'examen.
Nous avons conclu qu'il y a vraiment un manque de planification dans ce domaine et qu'il n'y a pas assez de contrôle. Souvent, nous avons des travailleurs temporaires qui semblent être des employés permanents. De plus, nous n'avons aucune information nous révélant si ces personnes satisfont aux exigences en termes de bilinguisme et de sécurité. Cela ne veut pas dire que les gens de la fonction publique ne peuvent pas utiliser cette forme de contrats. Cela est pertinent s'il s'agit d'un emploi qui est vraiment temporaire.
À la CFP, nous sommes très inquiets si c'est un processus qui est utilisé non pas pour des emplois temporaires, mais pour des emplois permanents et que cela prenne la place d'un processus formel de dotation.
Nous n'avons pas examiné les autres sections que vous avez mentionnées. Ce sont les autres contrats avec les professionnels.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la présidente, je vous remercie d'être venue comparaître. C'est la première fois que j'ai la chance de vous parler. Je siège au comité depuis cinq ans, mais je n'ai jamais étudié ce rapport.
J'ai été conseiller municipal à la ville de Burlington pendant 13 ans. Les gens me demandent souvent ce qui distingue la politique municipale et fédérale. La différence fondamentale, selon moi, c'est que le conseil municipal connaît ceux qui travaillent à la ville, alors qu'ici, il nous est évidemment impossible de connaître les milliers de fonctionnaires qui font de l'excellent travail pour les Canadiens d'un bout à l'autre du pays, y compris dans ma circonscription, où je leur ai demandé d'organiser des colloques, entre autres. Je suis ravi du travail de nos fonctionnaires. Ils ne sont pas toujours reconnus à leur juste valeur, mais je vous remercie de votre travail à cet égard.
J'aimerais vous poser quelques questions fondamentales dont j'ignore la réponse. Dans votre exposé, vous avez dit qu'il arrive que le mérite ne soit pas démontré dans les dossiers de dotation. Existe-t-il une définition claire du mérite? Est-ce que tout le monde devrait savoir comment formuler des exigences de mérite? Est-ce vous qui en donnez la définition? Sinon, est-ce que chaque ministère doit proposer sa propre définition? Quelle est la procédure?
:
La loi prévoit deux façons de placer quelqu'un dans un poste. On peut le faire en recrutant quelqu'un à l'extérieur, ou en donnant une promotion à un poste de niveau supérieur ou différent au sein de la fonction publique. Les postes peuvent être annoncés, ce qui signifie que le poste est affiché sur le site Web ou dans l'intranet. L'affiche décrit le poste, et quiconque s'estime admissible peut poser sa candidature. Les dotations non annoncées sont aussi possibles, ce qui signifie que les postes ne sont pas affichés.
La commission préfère que les postes soient annoncés, surtout en cas de recrutement externe, car je pense que nous devrions essayer de rejoindre le plus de Canadiens possible. Selon moi, ce sont de bons emplois, et tout le monde devrait avoir la même possibilité de se porter candidat.
Il y a cependant des cas où il est acceptable de ne pas annoncer les postes. Par exemple, si vous avez sans succès lancé un processus dans le but de trouver une personne qui possède des compétences particulières, puis que vous tombiez sur la personne qu'il vous faut, je ne vois pas d'inconvénient à ce que cette personne soit nommée sans que le poste soit annoncé. Je m'attends quand même à ce que vous en documentiez les raisons.
Ce sont environ 26 ou 27 p. 100 des postes qui ne sont pas annoncés, et je veux une bonne explication bien claire de la raison pour laquelle on estime qu'il est justifié de procéder ainsi, parce que ma préférence et celle de la commission, c'est que les postes soient annoncés.
:
Comme l'a signalé Mme Barrados, lorsqu'il s'agit de déterminer si une activité politique est appropriée ou non, c'est une question d'évaluation et d'équilibre qui doit être établi entre les obligations claires à un niveau très élevé — qui se limitent au droit de vote dans le cas d'un sous-ministre, par exemple — et ce qui est approprié en fonction des particularités du poste d'une personne et du genre d'activités auxquelles elle participe. Cela pourrait inclure des activités provinciales et fédérales, mais cela est lié surtout au degré d'influence qu'il pourrait y avoir en apparence ou, si vous voulez, à la menace à l'impartialité de la fonction publique.
L'évaluation sera faite. Nous faisons cela en aidant les fonctionnaires à faire une autoévaluation de leurs propres activités de la même manière que cela se ferait, jusqu'à un certain point, dans le cas des conflits d'intérêts. Vous avez le droit d'avoir des activités à l'extérieur du travail. Vous avez même le droit de faire des choses de votre propre initiative mais, en tant que fonctionnaire, vous devez toujours garder à l'esprit les répercussions que ces activités pourraient avoir ou vous demander si elles vous exposent à une forme d'influence inappropriée.
Le critère est le même pour l'activité politique. Nous avons un outil d'autoévaluation sur notre site Web, constitué d'une série de questions où l'on interroge les fonctionnaires sur leurs activités du point de vue professionnel par opposition aux activités qu'ils aimeraient faire à titre de citoyens.
Nous avons reçu quelques plaintes à ce sujet. Certains agents négociateurs nous ont dit qu'ils estimaient que c'était trop contraignant. Il ne s'agit pas d'un outil obligatoire, mais d'un guide, comme toute autre information que nous plaçons sur notre site Web, pour tenter de sensibiliser davantage les fonctionnaires à ce que cela signifie. Nous sommes en train de réévaluer cet outil en tenant compte de certaines des observations que nous avons reçues.