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Merci, monsieur le président, merci, chers collègues de la Chambre des communes, de m’avoir invitée. Je vous remercie de l’occasion qui m’est donnée d’aborder la question de Services partagés Canada.
Je suis accompagnée aujourd’hui de Liseanne Forand, présidente de Services partagés Canada, et de Grant Westcott, chef de l’exploitation.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de discuter de Services partagés Canada avec les membres du comité.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de Liseanne Forand, présidente de Services partagés Canada, et de Grant Westcott, chef de l'exploitation.
[Traduction]
Mme Forand mène une très belle carrière au sein de la fonction publique et, avant d’intégrer Services Partagés Canada, elle occupait le poste de directrice de l’exploitation à Service Canada. M. Westcott arrive du secteur privé. Il était vice-président à la direction d’Infrastructure technologique à la CIBC, la banque mondiale.
Plus tôt cette année, nous avons établi Services partagés Canada pour réduire le chevauchement des services d'infrastructure de la technologie de l'information, ou « TI », au sein du gouvernement du Canada, pour moderniser la façon dont nous offrons des services à la population canadienne et pour améliorer la sécurité de l'infrastructure de la TI fédérale. Le gouvernement du Canada est le premier gouvernement national à mettre en oeuvre une transformation de ses services de la TI aussi fondamentale. Le regroupement de notre infrastructure de la TI est une approche intelligente. Dans le cadre de cette initiative, nous serons guidés par notre obligation de fournir de bons services et par l’engagement que nous avons pris de tirer le meilleur profit de l'argent durement gagné par les contribuables.
[Français]
Le regroupement de notre infrastructure des TI est une approche intelligente. Dans le cadre de cette initiative, nous serons guidés par notre volonté de fournir de bons services à la population canadienne et d'économiser l'argent pour lequel les contribuables travaillent si fort.
[Traduction]
Bien entendu, notre raisonnement pour nous engager dans cette voie ne pourrait être plus convaincant. Comme vous le savez sans doute, chers membres du comité, la vérificatrice générale a signalé des préoccupations relativement à l'infrastructure de la TI vieillissante du gouvernement fédéral.
Dans le rapport du printemps 2010, la vérificatrice générale a mentionné que plusieurs systèmes de la TI « font appel à des applications dépassées qui tournent sur une infrastructure âgée. Ces systèmes risquent de tomber en panne ». Le rapport indique qu’une « telle panne aurait de multiples et graves conséquences. Dans le pire des cas, le gouvernement ne pourrait plus exercer ses activités et servir les Canadiens. »
Dans le budget de 2010, le gouvernement du Canada s'est engagé à examiner ses activités afin d'identifier des possibilités de réaliser des économies administratives et d'améliorer l'efficacité, tout en améliorant la prestation des services fournis à la population canadienne.
Comme vous le savez, l'examen des services administratifs porte principalement sur les coûts administratifs et les coûts indirects. Il s'agit d'un engagement à l'égard de la transformation et de la modernisation. Bien que cet examen fasse partie des efforts visant à rétablir l'équilibre budgétaire, il fournit également l'occasion unique d'améliorer les services critiques d'infrastructure de la TI qui permettent au gouvernement de fournir des services à un coût réduit.
Avant la création de Services partagés Canada, chaque ministère et organisme du gouvernement fédéral établissait et exploitait sa propre infrastructure de la TI. Par conséquent, le gouvernement dispose d'une infrastructure complexe et coûteuse composée de 100 systèmes de courrier électronique, de 300 centres de données et de plus de 3 000 réseaux. Autrement dit, nos systèmes de la TI se chevauchent en plus d'être désuets et inefficaces. Le gouvernement accuse un recul de plusieurs années par rapport au secteur privé en ce qui concerne la modernisation de la TI, mais lorsque nous aurons terminé, je crois que nous serons des chefs de file mondiaux.
D'autres ordres de gouvernement ainsi que des entreprises du secteur privé ont étudié le regroupement de la TI à l'échelle de l'organisation, et il a été prouvé que ce regroupement permet de réaliser des gains d'efficacité et des économies. Dans le cadre du processus de diligence raisonnable, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a attribué un contrat à PricewaterhouseCoopers pour effectuer une étude de faisabilité sur les centres de données. L'étude avait pour objet de cerner des mesures qui pourraient améliorer l'efficacité de la gestion des centres de données et de la prestation des services.
Les recommandations découlant de cette étude ont été examinées parallèlement à une mine d'expériences concrètes acquises dans d'autres gouvernements et des entreprises du secteur privé en vue de tracer la marche à suivre de notre gouvernement. Ces autres gouvernements et entreprises du secteur privé ont démontré que la rationalisation et le regroupement des systèmes de courrier électronique, des centres de données et des télécommunications sont la meilleure solution, et ils signalent des économies et des gains d'efficacité substantiels. La modernisation et les gains d'efficacité se traduiront, bien entendu, par de meilleurs services aux citoyens.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique a lancé son initiative de regroupement des services de la TI en 2002 et a fait passer le nombre de ses centres de données de plus de 100 à seulement 2 en 2011. Grâce à cette initiative, les coûts d'énergie devraient, à eux seuls, être réduits de 50 p. 100. Cette approche est un modèle de réussite éprouvé qui est considéré comme une norme de l'industrie.
C'est pourquoi j'encourage les membres du comité à étudier les expériences en matière de regroupement des services partagés qu'ont connues des organisations telles qu'IBM, Hewlett Packard et l'industrie bancaire canadienne. Et il y a longtemps que la transformation de nos services de la TI se fait attendre, à savoir la capacité de rendre l'infrastructure de la TI du gouvernement fédéral plus sécuritaire, plus écologique, plus efficace, plus simple, plus moderne et plus durable.
Par exemple, de 2006 à 2008, la société Hewlett Packard est passée de 85 centres de données à 6 centres. Ainsi, elle réalise des économies considérables, et elle dispose maintenant de centres de données écologiques. Le gouvernement de l'Ontario rapporte qu'à terme, son initiative en matière de transformation de la TI, économise 100 millions de dollars par an, soit 10 p. 100 de la totalité des dépenses liées à la TI, et de 20 à 25 p. 100 des dépenses liées à l'infrastructure de la TI.
En résumé, l'expérience acquise sur le terrain par les secteurs public et privé montre que des économies importantes et réelles peuvent être réalisées grâce au regroupement des services de la TI, comme dans le cadre de l'initiative que nous venons de mettre en oeuvre. C’est une question de transformation et de modernisation.
Nous avons l'intention de maintenir des relations productives avec nos employés. Ceux-ci sont des personnes talentueuses qui comprennent la façon dont nous réussirons à atteindre notre objectif qui consiste à transformer la manière dont le gouvernement réalise ses activités en vue de mieux desservir la population canadienne. J'ai été encouragée d'apprendre que l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada appuie, en principe, la rationalisation et la normalisation des systèmes de la TI du gouvernement dans le but de réaliser des gains d'efficacité et des économies, et qu'il appuie également la création de Services partagés Canada.
À titre de ministre responsable, j'ai confiance en la façon dont nous nous y prenons pour créer ce changement fondamental. Les fonctionnaires de Services partagés Canada s'activent à mettre en oeuvre leur stratégie en vue de mobiliser les employés, le secteur de la TI et les ministères clients. Le modèle de gouvernance du nouveau ministère est établi, et nous en sommes à l'étape de la mise en oeuvre.
Le 4 août dernier, les employés de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada qui assuraient déjà des services liés à l'infrastructure de la TI sont devenus des employés de Services partagés Canada. Les responsabilités des 42 autres ministères et organismes à l'égard des services de courrier électronique, de centre de données et de réseau ont été transférées à Services partagés Canada à la mi-novembre.
La nouvelle structure de la haute direction de Services partagés Canada a été annoncée. L'élaboration du plan de transition qui aidera Services partagés Canada à devenir un ministère autonome d'ici le 1er avril 2012 va bon train.
Je suis très enthousiaste quand je pense à ce que nous allons accomplir, et je suis persuadée que cette initiative nous permettra d'économiser et de réduire l'empreinte écologique du gouvernement, tout en renforçant la sûreté et la sécurité des données gouvernementales. Nous ferons également des gains d'efficacité en réalisant des économies d'échelle et en rentabilisant la modernisation des services. Par le fait même, nous améliorerons notre infrastructure ainsi que la prestation de services.
Je tiens à ajouter que nous sommes résolus à veiller à ce que cette initiative s'inscrive dans le cadre du plan d'action pour la réduction du déficit.
La TI joue un rôle essentiel tant dans les opérations du gouvernement que dans la prestation des services aux Canadiens et Canadiennes, mais elle coûte aux contribuables plus qu'il n'en devrait. Autrement dit, nous pouvons faire mieux. Comme d'autres ministères l'ont fait, Services partagés Canada présentera au gouvernement des plans de réduction de 5 et de 10 p. 100 de ses dépenses, y compris dans les domaines où le ministère rationalisera et réalisera des économies. Les résultats liés à cet exercice seront annoncés dans le budget de 2012.
Nous n'aurons plus qu'un seul système de courrier électronique. Ceci permettra aux Canadiens et aux Canadiennes de repérer plus facilement les personnes avec lesquelles ils doivent communiquer, et aux fonctionnaires d'exécuter plus facilement leurs tâches. La TI devrait appuyer la responsabilisation, et nous sommes résolus à nous assurer que ce sera bien le cas.
Nous économiserons davantage de fonds publics en réduisant le nombre total de centres de données du gouvernement du Canada et nous veillerons à ce que ceux qui demeurent soient solides, sûrs et écoénergétiques. Ainsi, nous réduirons, à moyen terme, le nombre de centres de données de 300 à moins de 20, tout en faisant la transition vers des systèmes plus modernes et efficaces.
Nous nous engageons également à réduire le nombre de réseaux branchés aux centres de données et à rationaliser les réseaux dans nos immeubles.
Pour appuyer ces travaux et lorsqu'il sera logique de le faire, le gouvernement du Canada tentera d'élaborer des partenariats publics-privés.
Pour conclure, notre approche en matière de TI est fondée sur le succès éprouvé qu'ont connu les secteurs privé et public. C'est la meilleure solution. C'est une solution sûre, écologique et durable.
Les Canadiens et Canadiennes s'attendent avec raison à ce que le gouvernement gère l'argent des contribuables de façon prudente et responsable. Je n'ai aucun doute à l'idée que la mise sur pied de Services partagés Canada permettra à la population canadienne de bénéficier de services d'infrastructure de la TI plus sûrs, fiables et modernes, et ce, à un coût réduit.
Après avoir examiné les preuves et entendu les témoins, je suis certaine que vous serez d'accord avec moi.
Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
Merci, monsieur le président.
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Je ne dirai rien de plus à ce sujet. Merci.
D'une manière générale, je ne m'oppose pas du tout au projet. Je conviens évidemment qu'il faut utiliser les fonds publics à bon escient, et si le projet est mis en oeuvre correctement, je pense qu'il entraînera des économies à moyen terme. Selon PricewaterhouseCoopers, il s'agit d'un projet à très long terme puisqu'il durera 15 ans, soit de 2011 à 2026.
Ce qui m'inquiète, c'est plutôt la répartition dans le temps. De façon générale, un projet qui s'étale sur 15 ans entraîne des économies vers la fin de la période. Il faudra donc investir ou assumer des coûts avant que le projet ne génère des économies — ce n'est pas tout à fait vrai, mais je crois pouvoir affirmer sans me tromper qu'il faudra réaliser ces investissements et absorber ces coûts avant de bénéficier de la majeure partie des économies.
Par contre, j'ai du mal à croire votre collègue, Tony Clement, qui a affirmé en conférence de presse que les centaines de millions de dollars que le projet permettra d'économiser contribueront à réduire le déficit, car ce dernier devrait être éliminé dans trois ans. Or, il s'agit ici d'un projet de 15 ans.
J'aimerais tout d'abord poser une question à la ministre sur les coûts de 375 millions de dollars, selon M. Westcott, et sur le moment approximatif de ces coûts. À la page 26 du rapport de PricewaterhouseCoopers, j'ai remarqué que les investissements en immobilisations et le coût des nouvelles installations ne font pas partie de ce montant. En fait, de nombreux éléments en sont exclus, sans compter que le coût des TI dépasse souvent les estimations.
Quoi qu'il en soit, pourriez-vous nous dire quelle proportion des 375 millions de dollars sera payée au cours des trois premières années, par exemple, ou plus tard — les coûts initiaux et ceux qui viendront par la suite, répartis également entre...?
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Nous sommes maintenant en bonne posture pour aller de l'avant, en ce sens que nous profitons de l'expérience d'autres gouvernements. Nous pouvons accéder à beaucoup de renseignements du secteur privé et nous inspirer d'exemples, de pratiques exemplaires et de modèles éprouvés.
Que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, la rationalisation des services de courriel, des centres de données et des télécommunications s'est révélée une décision judicieuse. Elle correspond à des modèles de gestion éprouvés. On signale qu'elle a permis des économies et des gains d'efficacité considérables.
Un simple exemple suffira. J'ai mentionné que la Colombie-Britannique a entrepris la fusion de son infrastructure des technologies de l'information en 2002 et que, en 2011, elle avait réduit à deux le nombre de ses centres de données qui dépassait la centaine. Bien sûr, il s'agit de gros serveurs qui peuvent dégager beaucoup de chaleur et d'énergie. Certains des nôtres sont vétustes. Uniquement en Colombie-Britannique, du fait de cette opération, les coûts de l'énergie devraient diminuer de 50 p. 100.
En 2010, le gouvernement des États-Unis a annoncé qu'il cherchait à éliminer au moins 800 de ses 2 100 centres de données d'ici 2015. On estime qu'il réalisera des économies annuelles de 3 milliards de dollars. Dans le monde des affaires, la fusion des infrastructures des technologies de l'information est un processus continu, particulièrement en cas de fusions et d'acquisitions. Toutes les grandes sociétés canadiennes du secteur des banques et des assurances gèrent leurs infrastructures des technologies de l'information à l'échelle de l'entreprise. C'est ce vers quoi nous nous dirigeons.
Dans le secteur privé, la fusion des infrastructures à la grandeur de l'entreprise s'est traduite par des économies et des gains d'efficacité. L'une des principales leçons retenues est qu'il est essentiel de fusionner d'abord les infrastructures, puis d'entreprendre un processus de transformation et de rationalisation. C'est ce que nous faisons dans la première étape que je vous ai expliquée, la stabilisation.
En même temps, je n'oublie jamais que, durant tout ce processus, il faut maintenir les services que nous fournissons aujourd'hui aux Canadiens, comme les prestations de retraite, qui sont très importantes. La priorité de nos priorités est de les maintenir. C'est essentiel.
La priorité suivante est la rationalisation et la fusion, mais on n'oublie jamais qu'elle est subordonnée à celle du maintien des services essentiels pour les Canadiens.
Effectivement, c'est une entreprise colossale, mais comme Grant l'a dit, nous pouvons nous inspirer de beaucoup de modèles éprouvés dans les entreprises. Si nous ne dévions pas de la ligne de conduite que nous avons décrite, je crois que c'est faisable.