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Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité aujourd'hui. J'espère que je pourrai rendre un sujet aussi aride que les prévisions budgétaires un peu plus intéressant en ce milieu d'après-midi.
Je vais faire un bref exposé et vous proposer quelques recommandations. Je vais commencer, comme vous me l'avez demandé, monsieur Martin.
J'ai récemment publié un rapport intitulé « L'épée de Damoclès », dans lequel je présente des scénarios relatifs aux compressions du gouvernement et à leurs répercussions sur l'emploi. Dans ce rapport, je me suis beaucoup servi des rapports gouvernementaux, en particulier des rapports gouvernementaux prospectifs et des rapports sur les plans et les priorités, les RPP, ainsi que les états financiers prospectifs et les budgets principal et supplémentaire des dépenses. J'espère pouvoir vous offrir un point de vue différent de celui d'un parlementaire sur la façon d'utiliser ces documents gouvernementaux de manière plus utile.
Tout d'abord, permettez-moi de souligner les points forts et les points faibles des documents gouvernementaux et leur transparence, puis de vous faire part de mes recommandations.
Ce n'est pas la première fois que j'effectue une analyse budgétaire. Je mène actuellement une étude sur les dépenses des grandes banques. J'ai trouvé très intéressant, par exemple, que la Banque Royale du Canada, la plus importante société cotée en bourse au Canada, qui vaut quelque 80 milliards de dollars, publie une analyse financière détaillée d'environ 50 pages par trimestre. À chaque trimestre. Il n'y a aucune interprétation, que des données purement financières. C'est ce que voit le public, pas ce que voit le conseil d'administration; je suis sûr que c'est beaucoup plus que cela.
Les dépenses de la Banque Royale du Canada sont d'environ la moitié de celles du plus gros ministère fédéral, soit le MDN, qui sont d'environ 20 milliards de dollars. Le MDN lui-même produit ses rapports sur les plans et les priorités, qui sont en quelque sorte équivalents à ce genre de rapport. Chaque rapport fait environ 50 pages et est publié chaque année. Il est vrai qu'il contient beaucoup moins de données financières.
On pourrait même se pencher sur la Ville d'Ottawa, où nous nous trouvons. Ses dépenses totales ne sont que d'un milliard de dollars, alors que celles du gouvernement fédéral sont d'environ 245 milliards. On peut trouver des données beaucoup plus détaillées que dans les documents du gouvernement fédéral. Même les conseillers à l'échelon municipal sont exaspérés d'avoir de la difficulté à comprendre le budget; je ne peux imaginer la difficulté pour les parlementaires à comprendre, avec des fonds beaucoup plus importants, ce à quoi ils dépensent l'argent. J'encourage les parlementaires à examiner, par exemple, le budget de la Ville d'Ottawa pour voir comment les autres administrations publiques établissent leur budget.
En ce qui a trait aux points forts des rapports gouvernementaux, je crois que les états financiers prospectifs, qui ont été ajoutés récemment au lot d'états prospectifs, représentent une grande amélioration sur le plan des dépenses projetées. Ils sont assez récents, comme vous le savez sûrement, puisqu'ils ont été mis en place intégralement en 2011, mais ils avaient fait l’objet d’un programme pilote. Ils fournissent des renseignements essentiels sur la ventilation des dépenses ministérielles par articles courants, à savoir les salaires, les contrats, la location, les services publics, les transferts, et ainsi de suite. Je crois que c’est un ajout important et que le gouvernement et le Conseil du Trésor devraient recevoir des félicitations pour cela.
Les rapports financiers trimestriels sont également un important outil qui a été mis en place récemment. C'est en fait l'un des seuls endroits dans les rapports du gouvernement où l'on peut voir pourquoi il y a eu des changements dans les dépenses — pourquoi le budget diffère des chiffres réels — et où ces explications sont fournies chaque trimestre. Je félicite le directeur parlementaire du budget de faire usage de ces rapports trimestriels et de tenter d'aider les parlementaires à mieux comprendre ce qui change avec le temps dans les dépenses gouvernementales.
Les rapports sur les plans et les priorités pourraient faire l'objet de beaucoup d'améliorations. L'un de leurs principaux avantages, c'est qu'ils font des prévisions sur trois ans, ce qui est souvent inhabituel dans les budgets. Ils présentent un aperçu important des plans de dépenses futurs des ministères. C'est aussi essentiellement grâce à ces rapports que les parlementaires peuvent savoir quelles sont les répercussions sur l'emploi et comment elles changent au fil du temps.
Malheureusement, comparativement à ce que l'on trouve ailleurs, il y a des faiblesses majeures dans la façon dont le gouvernement prévoit ce qu'il fera à l'avenir et en fait rapport. Le Budget principal des dépenses, le principal outil dont se servent les parlementaires pour approuver les dépenses, ne fournit essentiellement aucune donnée sur la façon dont cet argent sera dépensé. Le MDN en est un parfait exemple. Il s'agit encore du plus gros ministère.
L'an dernier, on a demandé aux parlementaires de voter sur un montant de 20 milliards de dollars prévu dans le Budget principal des dépenses — c'est 8 p. 100 de la production totale du Canada — en n'ayant aucun détail sur la façon dont cet argent serait ventilé au sein du ministère, sauf s'ils voulaient se référer aux RPP. Je peux comprendre à quel point les parlementaires peuvent trouver cela frustrant d'essayer de comprendre comment d'importantes sommes sont dépensées.
Les RPP fournissent davantage de précisions sur les secteurs de programme. C'est un point important, puisque ces données ne figurent pas dans le Budget principal des dépenses. Malheureusement, elles ne fournissent pas l'historique de la situation de l'emploi ni celui des programmes de dépenses, ce qui permettrait aux parlementaires de voir plus facilement ce qui se produit au fil du temps, en particulier sur le plan des activités de programmes.
Surtout, je ne crois pas que ces rapports permettent un rapprochement des montants budgétés et dépensés ni l'explication de la différence entre les deux. Je ne dis pas que c'est impossible. Ce serait réalisable, grâce au Budget supplémentaire des dépenses et à certains rapports trimestriels des ministères, mais difficile. D'après moi, les parlementaires méritent qu'on leur communique annuellement, d'un coup et en bloc, toute l'information de cette nature.
En outre, ces rapports n'expliquent pas l'augmentation ou la diminution des dépenses ni les causes de leur croissance ni les motifs de leur évolution. Si un ministère déclare qu'il dépensera un million de dollars en trois ans, à partir d'aujourd'hui, et qu'il en dépense 900 000, pourquoi cet écart? On ne trouve pas la réponse dans les rapports.
Autre motif d'inquiétude: il semble que certains ministères contournent le processus.Le rapport 2011-2012 de l'ACDI, par exemple, semble essentiellement avoir été communiqué par téléphone. On n'y trouve aucune estimation de l'emploi et des dépenses pour 2012-2013 et 2013-2014. Le SCRS non plus ne produit pas ces rapports. Si c'est pour des motifs de sécurité, la Défense nationale devrait pouvoir l'imiter. Je ne comprends donc pas très bien pourquoi le SCRS devrait se soustraire au processus.
Tout dernièrement, le Globe and Mail a parlé du risque que ces documents ne taisent des changements importants d'orientation et leurs conséquences.
Enfin, dernier élément à mon sens inquiétant, ces documents ne sont pas nécessairement d'accord entre eux. Ils sont peut-être nombreux, mais, sur les dépenses à venir, ils ne s'entendent pas nécessairement, ils ne proviennent pas nécessairement de la même source, et on ne les actualise pas nécessairement en même temps. S'il est indéniable que le Budget principal et le Budget supplémentaire des dépenses représentent ce que le gouvernement a décidé de dépenser, et que les comptes publics représentent ses dépenses effectives, la relation entre ces documents n'est pas tout à fait évidente.
Souvent, le nombre d'équivalents temps plein, ou ETP, et les rapports sur les plans et les priorités ne correspondent pas aux chiffres déclarés par le Conseil du Trésor pour l'année, et, souvent, on n'actualise simplement pas le nombre d'ETP.
Dans l'annexe de ce rapport, on trouve un point intéressant. Il est légèrement technique, mais, j'en suis convaincu, il est à la portée des membres du comité. Il concerne la possibilité que le nombre d'ETP ne soit probablement pas actualisé en temps voulu dans les rapports sur les plans et les priorités.
D'après ce que je comprends, il n'existe pas nécessairement de lien entre beaucoup de ces estimations tournées vers l'avenir, alors que ce devrait être le cas. Il est donc très difficile de savoir quelle est désormais la bonne version des estimations des ministères.
Pour conclure, j'aimerais soumettre à l'examen du comité trois recommandations, trois solutions importantes pour la réforme des rapports sur les plans et les priorités, pour les rendre beaucoup plus utiles aux parlementaires. Je prétends que les dépenses antérieures et à venir — disons des trois dernières et des trois prochaines années — pourraient y figurer, non seulement leur valeur globale pour le ministère, mais, aussi, leur valeur pour chaque programme. Il serait certainement utile aussi de voir à combien elles s'élèvent par ETP, pour suivre l'évolution de l'emploi.
Je pense qu'il est important d'expliquer dans ces rapports pourquoi les dépenses ont changé, pourquoi les chiffres réels diffèrent des chiffres budgétés et pourquoi les dépenses, au fil du temps, diffèrent des projections. Actuellement, dans le rapport sur les plans et priorités, les prévisions triennales d'un ministère, pour telle année, sont chiffrées différemment, un an plus tard, sans autre forme d'explication.
De même, je pense que les états financiers tournés vers l'avenir que l'on publie actuellement à part des rapports sur les plans et les priorités devraient y figurer, et ces documents devraient tous concorder, parce que, actuellement, il n'est pas nécessairement évident qu'ils concordent.
Enfin, je préconise qu'on expose l'évolution des recettes dans ces rapports, c'est-à-dire qu'on en fasse une analyse explicative. Je prétends également que l'on devrait évaluer les exemptions au code des impôts de la même façon qu'on évalue les programmes dans les rapports sur les plans et les priorités — c'est-à-dire pour déterminer leur rendement par rapport à ce qu'ils coûtent.
Dernièrement, le Globe and Mail a annoncé que, d'après certains de ses informateurs, les rapports sur les plans et priorités de 2012 seraient tronqués, qu'ils passeraient sous silence les coûts de l'examen stratégique et fonctionnel de 2011, qui se chiffrent entre 4 et 8 milliards de dollars. Le a fait remarquer, à juste titre, l'ironie corrosive de la situation, vue sa position sur la transparence; je prends donc M. Clement au mot, mais je pense que le comité doit s'opposer énergiquement à l'officine qui a décidé ce genre de mesure. Il faudrait proscrire ce type de manipulation; les parlementaires devraient avoir un aperçu limpide des dépenses de l'État.
Enfin, je pense qu'il faudrait faire preuve de beaucoup plus de transparence pour les grands changements d'orientation. C'est certainement ce que j'ai préconisé à l'égard des compressions annoncées, mais je pourrais formuler la même recommandation concernant d'autres modifications législatives de taille — par exemple, le plan de lutte du gouvernement contre la criminalité.
À mon avis, le gouvernement devrait déclarer les projets qui subiront les contrecoups des grands changements d'orientation et motiver ces changements. Quelles seront, le cas échéant, les répercussions dans les provinces, les territoires, les municipalités et le secteur privé? Les répercussions sur le nombre d'ETP, sur les régions? En outre, il devrait se montrer transparent sur la méthode et les calculs utilisés dans un livre blanc et expliquer les résultats obtenus.
Je dirais que les examens stratégiques qui ont porté sur les exercices 2007 à 2010 sont des exemples d'opacité sur les grands changements d'orientation. On n'a tout simplement jamais rien dit des répercussions subies par les programmes, le nombre d'ETP et les régions. Je suis sûr que les données en ce sens existent et qu'elles devraient être rassemblées et publiées. D'après moi, ce serait une nécessité. Ainsi, chacun pourrait débattre de questions de fond, plutôt que de jouer au devin. J'encourage donc le comité à réclamer la divulgation complète des conséquences des examens stratégiques de 2007 à 2010, des répercussions du blocage du budget de fonctionnement de 2010 et de celles de l'examen stratégique et fonctionnel de 2011.
Merci.
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier sincèrement le comité de m'avoir invité à participer en tant que témoin à son étude sur le processus d'examen des prévisions budgétaires et des crédits.
J'imagine que je suis l'une des rares personnes qui aiment vraiment les prévisions budgétaires. Je les ai étudiées à fond. Le fait que le comité va de l'avant... Je pense que c'est un sujet très important et qu'il y a beaucoup de bonnes recommandations que le comité pourrait faire pour tenter d'améliorer les choses.
Je vais d'abord me présenter. Je suis un ancien député. J'ai été secrétaire parlementaire du premier ministre et aussi du président du Conseil du Trésor, et j'ai aussi agi à titre de directeur des affaires parlementaires au Conseil du Trésor.
Je peux maintenant avouer que c'est uniquement dans le cadre de ces deux derniers postes, lorsque je travaillais au Conseil du Trésor, que j'ai compris le processus d'examen des prévisions budgétaires et la façon dont il cadrait avec le cycle financier du secteur public. Je ne voudrais pas admettre publiquement que pendant mes cinq premières années à mon poste, j'ai voté dans le cadre de ce processus sans savoir ce qui se passait, mais c'était le cas.
Bien que la présentation transparente d'information financière de la part du gouvernement est utile à bien des égards et pour bien des gens, je veux me concentrer sur le rôle des parlementaires dans la surveillance des dépenses publiques.
La surveillance au Parlement du Canada a changé au fil du temps. Comme il s'agit d'un mélange de pratiques, de précédents et de définition statutaire, nous ne nous fondons pas vraiment que sur une base solide; c'est la façon dont les choses ont évolué. Par conséquent, légalement, le gouvernement du Canada est soumis au Parlement du Canada en raison de deux contraintes de surveillance: la convention sur la confiance et l'approbation des dépenses.
La convention sur la confiance tient le premier ministre et le Cabinet responsables et comptables de leurs actions devant l'ensemble de la Chambre. De plus, ils doivent avoir la confiance de la Chambre, c'est-à-dire être appuyés par une majorité de députés, pour continuer d'exercer leur charge.
Pour ce qui est de l'approbation des dépenses, on exige du gouvernement qu'il fasse connaître ses besoins financiers au Parlement, qui doit autoriser les moyens utilisés pour en recueillir l'argent, ce que nous appelons voies et moyens, dans l'octroi des fonds, que nous appelons des crédits. Il y a donc un fondement juridique. Ce n'est pas que le gouvernement croit que c'est une bonne idée; il est légalement tenu de prendre certaines mesures. Aucune taxe ne peut être imposée et aucune dépense ne peut être faite sans le consentement du Parlement.
Il est clair que les mécanismes existent, et des exemples récents nous montrent qu'ils sont appliqués. Le gouvernement de la 39e législature est tombé à la suite d'un vote de censure, et il y a un certain nombre d'années, l'opposition — John Williams, mon bon ami — a réussi à réduire les prévisions budgétaires à un montant équivalent à des dépenses effectuées pour un sondage pour lequel on avait déterminé que ce n'était pas dans l'intérêt du public. Donc, le processus fonctionne.
Toutefois, je pense que n'importe quelle analyse objective indiquerait que non seulement ces situations sont rares, mais que cela s'applique presque exclusivement à un gouvernement minoritaire. Ainsi, si nous étudions sérieusement le processus actuel, l'une des premières questions qu'il faut nous poser est la suivante: dans quelle mesure la fonction de remise en question du processus d'approbation des dépenses est-elle vraiment un mécanisme de surveillance pour les députés, surtout dans un contexte de gouvernement majoritaire? Tout en étant conscient que le témoignage est la plus faible forme de recherche, je vais vous donner mon point de vue: je pense que le processus actuel n'est pas très efficace.
Les députés travaillent dans un milieu partisan. Tout processus qui est ajouté dans cette arène cadrera inévitablement avec l'équilibre du pouvoir établi, et le résultat ne concordera jamais avec les objectifs initiaux.
Les gouvernements défendent leurs intérêts, et les gouvernements majoritaires défendent leurs intérêts d'une façon qui semble parfois aller à l'encontre de la surveillance démocratique.
Je propose tout d'abord que nous changions notre façon de voir les choses sur l'objectif. Le processus d'examen des prévisions budgétaires et des crédits est un terrible mécanisme partisan pour mettre le gouvernement dans l'embarras, mais il pourrait être très utile si les députés le voyaient comme une façon d'améliorer l'efficacité des opérations gouvernementales.
En tant que députés, vous êtes aux premières lignes lorsqu'il s'agit de l'opinion des Canadiens sur les services gouvernementaux et l'exécution de programmes. Le Règlement de la Chambre des communes définit bon nombre d'outils que vous pouvez intégrer dans vos stratégies partisanes.
Je propose que nous acceptions le rôle du gouvernement qui consiste à élaborer les politiques, et que nous voyions le processus d'examen des prévisions budgétaires comme un moyen pour les députés de mettre à profit leurs compétences et de donner leur point de vue dans le cadre de la surveillance des opérations gouvernementales en fonction des paramètres de politique établis par le gouvernement en place — en d'autres termes, il s'agit de voir le processus d'examen des prévisions budgétaires et des crédits comme une étude fondée sur le « comment » et non sur le « pourquoi ».
L'autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c'est le nombre de renseignements contenus dans les documents et leur énorme portée. Le témoin précédent en a parlé un peu.
À titre d'exemple, le total des dépenses publiques proposées dans le Budget principal des dépenses de 2011-2012 est de 261,2 milliards de dollars. C'est présenté par chaque organisme dans un document de 473 pages, ce qui représente 552 millions de dollars par page. Lorsque nous ajoutons les comptes publics et les RPP et les RMR, le nombre important de renseignements rend l'exercice équivalent à, au mieux, chercher une aiguille dans une botte de foin, et au pire, à un bourbier intellectuel incompréhensible qu'il vaut mieux éviter complètement.
À ce moment-ci, je devrais ajouter que je ne critique aucun des participants du processus. Lorsque j'étais au Conseil du Trésor, j'ai constaté le travail extraordinaire qu'exige la présentation des prévisions budgétaires et de l'ensemble des rapports sur le rendement et des rapports sur les plans et les priorités.
Sur la question de la présentation, je ne sais pas dans quelle mesure je peux aider le comité, mais je propose que nous prenions quelques aspects en considération.
Premièrement, consulter le secteur privé. La présentation et l'analyse des renseignements financiers est un élément important, surtout dans le secteur des services financiers. L'argent pèse lourd dans la balance; les gens dont le gagne-pain dépend de la compréhension des chiffres l'ont compris, et il devrait y avoir des éléments transférables au secteur public.
Deuxièmement, examiner les possibilités offertes par la technologie pour gérer la quantité. Les députés et les Canadiens devraient pouvoir avoir accès à des outils de traitement analytique en ligne ou à des cubes de données qui permettent l'extraction et l'analyse multidimensionnelles de données afin de mieux comprendre les opérations gouvernementales.
Troisièmement, examiner les données de base et des points de référence. Pour s’acquitter efficacement de leur responsabilité de surveillance, les députés ont besoin de renseignements de haut niveau, qui devraient s’accompagner de calculs comparables clairs qui permettent une analyse des ratios, tant pour les ministères au fil du temps que pour l’efficacité entre les ministères. Avec des heures limitées consacrées à l’examen des prévisions budgétaires, il me semble que toute technique pouvant mettre l’accent sur des exemptions et des anomalies serait utile.
Quatrièmement, le processus d'examen des prévisions budgétaires actuel couvre trois documents. Les rapports ministériels sur le rendement présentent les dépenses réelles de l’année précédente et les font coïncider avec les attributions approuvées. Les rapports sur les plans et les priorités sont des textes qui décrivent les intentions des ministères au moins pour le prochain exercice. Les prévisions elles-mêmes énumèrent l'ensemble des dépenses prévues de chaque ministère et établissent les attributions précises qui doivent être approuvées par le Parlement, ce que nous appelons des « crédits ». Pour les RMR et les RPP, on se sert considérablement de l’Architecture des activités de programmes et des résultats stratégiques, et je suis d’accord avec le témoin précédent: ces documents présentent les renseignements de façon très utile.
Les prévisions budgétaires utilisent des données d’entrée sur le calcul des coûts et ne mettent pas vraiment en parallèle les crédits et les résultats stratégiques, qui constitue vraiment la seule mesure d’efficacité. Lorsque nous ajoutons à cela le manque de synchronisation entre le moment de la présentation des prévisions et celui du budget, il est encore plus difficile de comprendre la situation d’ensemble.
Le comité pourrait vouloir coopérer avec le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public pour s’assurer de la cohérence dans tous les ministères des modèles examinés.
S’il est vrai que nous mesurons les valeurs et que nous valorisons les mesures, la seule conclusion que je puisse tirer du processus actuel, c’est que nous valorisons les mesures. C’est presque comme si le processus qui consiste à insérer les bons chiffres dans les catégories budgétaire et non budgétaire prévues par la loi sous forme de crédit est devenu le seul objectif de l’exercice, et tout le monde présume que des mesures de surveillance sont respectées.
Je veux revenir à l’objectif: les Canadiens veulent savoir ce que fait le gouvernement. Ils veulent savoir de quelle façon leur argent est dépensé et s’ils en ont pour leur argent. Prévoir l’utilisation des données aiderait peut-être à les présenter d’une façon qui est plus facile à comprendre.
Encore une fois, je veux remercier le comité de m'avoir donné la possibilité de témoigner, et j'ai hâte de participer à la discussion.
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Merci, monsieur le président.
Je suis nouveau ici. Je suis seulement un membre substitut.
Je dois vous dire, monsieur Jordan, que c'est rafraîchissant de vous entendre. Vous êtes modeste. Je regarde vos antécédents, et je crois qu'ils traduisent bien la complexité de ce que nous avons devant nous.
Je songe à mon collègue d'en face et je ne suis pas certain de vouloir le même type de comptabilité que l'on trouve présentement aux États-Unis. Je ne suis pas certain que ce soit une si grande avancée de pouvoir creuser l'information.
J'ai aussi fait partie d'un conseil municipal pendant 20 ans et j'ai été maire pendant la majeure partie de cette période. Avec un financement zéro, on pouvait dissiper tous les problèmes. Nous n'avons pas cette possibilité, bien sûr.
J'espère que plus tard, monsieur le président, vous nous donnerez des directives écrites sur la façon dont on pourrait tirer profit de cette expertise. Vous n'êtes pas le seul à parler des leçons que peut nous donner le secteur privé. J'ai dit que les gouvernements ne seront jamais des entreprises, mais ils devraient être dirigés de la même façon. Je suis donc intéressé à savoir ce que vous en pensez, puisque j'ai beaucoup de respect pour ce que vous dites.
Un des problèmes que nous avons, ce n'est pas seulement la complexité — vous l'avez dit, comme d'autres d'ailleurs —, mais bien la compréhension de ce que nous essayons de faire. À l'écrit, on parle de « langage clair ». Je ne sais pas quel est le terme que vous utilisez en économie, avec les chiffres et tout, mais je crois qu'il faut écrire en langage clair pour comprendre tout ce processus.
Des porte-parole du Conseil du Trésor ont comparu devant le Comité des comptes publics simplement pour lui expliquer le processus. Tous les membres hochaient la tête pour dire qu'ils comprenaient, mais franchement, c'est très complexe.
Je me demande si vous pouvez nous aider à préciser quelques-uns des changements que nous pourrions apporter. Concernant le système de contrôle dont parlait mon collègue d'en face, comment nous pouvons régler... Je ne comprends pas. Je crois comprendre pourquoi chaque ministère a un système de comptabilité différent, et ce n'est pas une bonne raison. Il faut un moyen centralisé pour qu'ils puissent rendre des comptes. Sans cela, chacun entre en compétition avec l'autre et essaie de se justifier. Je crois que ce serait utile au comité d'avoir des repères qui lui indiqueront comment il peut avancer dans cette direction.