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Bonjour, tout le monde.
Nous sommes ici pour poursuivre notre étude sur la diversification des marchés dans le secteur de l'énergie. Il s'agit de notre dernière séance consacrée aux témoignages sur ce sujet. Nous recevons aujourd'hui un excellent groupe de témoins. J'ai très hâte de les entendre.
Tout d'abord, de l'Association industrielle de l'est de Montréal, nous accueillons André Brunelle, président et Dimitri Tsingakis, directeur général. Bienvenue à tous les deux.
Ensuite, il y a M. Jim Burpee, président-directeur général de l'Association canadienne de l'électricité. Bienvenue à vous, monsieur.
Nous accueillons également, de Manufacturiers et exportateurs du Canada, M. Martin Lavoie, directeur des politiques, Section de la productivité et de l'innovation. Bienvenue à vous.
Enfin, de l'Association unie des compagnons et apprentis de l'industrie de la plomberie et de la tuyauterie des États-Unis et du Canada — c'est un bon nom qui en dit long —, nous recevons M. John Telford, directeur des affaires canadiennes, de l'Association unie du Canada. Bienvenue à vous, monsieur.
Avant tout, merci à tous d'être ici. Nous vous en sommes reconnaissants. Nous allons entendre les exposés selon l'ordre prévu à l'ordre du jour.
Nous allons commencer par les messieurs de l'Association industrielle de l'est de Montréal.
Vous pouvez commencer votre exposé. Vous avez jusqu'à sept minutes.
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Je vous remercie beaucoup de nous recevoir aujourd'hui et de nous donner la chance de vous parler un peu de ce qui se passe dans l'Est de Montréal.
L'Association industrielle de l'est de Montréal, ou AIEM, compte présentement 13 compagnies qui sont situées dans l'est de Montréal. Cette association date de 1960. En regardant les diapositives, vous voyez qu'on a commencé dans les années 1960. On s'est d'abord occupé de la qualité de l'air. Par la suite, on s'est penché sur la gestion du risque et sur les relations avec la communauté.
Dernièrement, surtout après les derniers événements survenus dans le domaine de l'économie dans l'Est de Montréal, on s'est attardé sur le volet économique. À bien y penser, il y a toujours trois aspects au développement durable. Il y a, évidemment, un côté économique, un côté social et un côté environnemental. Il est évident qu'une association comme la nôtre ne peut pas exister si le côté économique ne fait pas partie de nos préoccupations.
J'aimerais attirer votre attention sur une chose. Évidemment, on peut parler de chiffres et d'apport au PIB. Toutefois, j'aimerais parler un peu de la relation étroite qui existe entre les compagnies qui font partie de l'AIEM. Vous pouvez voir sur la diapositive toutes les flèches et l'interrelation entre les compagnies dans l'Est de Montréal.
L'autre diapositive vous montre un peu ce qui s'est passé de notre côté. On voit le rapport qui est paru en 2003 intitulé Profil industriel. Les « X » représentent, malheureusement, les compagnies qui ont disparu dans l'Est de Montréal depuis ce temps. En 2010, quand la raffinerie Shell a décidé de fermer ses portes, il y a eu toute une mise en situation. On s'est dit qu'il se passait quelque chose et qu'il faudrait bien étudier ce qui se passait. Le message reçu par l'AIEM était que plusieurs choses étaient déjà arrivées dans l'Est et n'avaient pas fait l'objet d'assez d'attention.
Sur cette diapositive, il est intéressant de remarquer que, en pétrochimie, il y avait vraiment deux filières importantes au Québec. Il y avait la filière des oléfines. Cela veut dire tout ce qui est polyéthylène et polypropylène. Il y avait aussi la filière des aromatiques, qui va vers la chaîne du polyester, qui existe encore dans l'Est de Montréal.
Malheureusement, le Québec a perdu tout le côté des oléfines avec les fermetures de Pétromont et de Basell. Tout cela est non seulement fermé, mais, maintenant, tout est complètement démoli. Les usines n'existent plus au Québec.
Il reste la filière des aromatiques et on veut attirer votre attention là-dessus. Vous le voyez sur la diapositive suivante. Dans l'Est de Montréal, quatre compagnies sont interreliées et forment la seule chaîne du polyester au Canada. Il est écrit « polyester » sur l'étiquette de votre chemise, sur un chandail de hockey ou sur un tissu polaire. Tous ces matériaux sont fait en polyester. La chaîne que vous voyez sur cette acétate est la seule chaîne qui existe au Canada. Ça n'existe pas ailleurs.
Elle est formée de quatre compagnies. Cela commence par une raffinerie, parce que notre matière première arrive d'une raffinerie. Para-Chem raffine et fabrique le paraxylène, qui s'en va chez Cepsa, qui va faire une poudre blanche qu'on appelle le PTA. Ensuite, cela revient chez Selenis pour le mélanger avec un glycol et faire un ester. On fait une polymérisation et cela donne des billes de polyester ou de plastique avec lesquelles — si on les étire — on peut faire du fil ou des vêtements. Si on les soude, cela va donner des matériaux d'emballage.
Si vous regardez sous une bouteille, vous verrez le numéro 1, qui indique qu'il s'agit de PET. C'est le polyester. Cette molécule est fabriquée dans l'Est de Montréal. Ce plastique est complètement recyclable. Quand vous le mettez dans votre bac de recyclage, vous lui donnez de la valeur. C'est important de le mentionner.
Aujourd'hui, il nous faut aussi parler de l'enjeu de l'approvisionnement. On a fait allusion à la théorie de l'ours. Supposons que je sois un raffineur, que Dimitri soit un raffineur et qu'un ours nous poursuive. Je n'aurais pas besoin de courir plus vite que l'ours, mais seulement de courir plus vite que Dimitri. C'est ce qui arrive en Amérique du Nord. Il n'y aura probablement pas de nouvelles raffineries, mais d'autres vont fermer.
La prochaine diapositive démontre que beaucoup de raffineries en Amérique du Nord utilisent déjà le pétrole de l'Ouest, qui est moins cher. On entend parler de cela tous les jours. Présentement, on cherche à avoir des choix en ce qui a trait aux matières premières, parce que même si on a la meilleure usine du monde, s'il n'y a pas de flexibilité relativement aux matières premières, nos chances sont vraiment compromises.
Pour illustrer cela, on montre, sur la diapositive suivante, que depuis la fermeture de la raffinerie Shell, dans l'Est de Montréal, d'autres raffineries ont fermé leurs portes. Cette course vers la rationalisation se continue.
J'aimerais ajouter un point extrêmement important. On a fermé les entreprises de raffinage dans l'Est, mais il entre dans le port de Montréal beaucoup de matériel et de produits qui peuvent approvisionner les marchés. Nous sommes convaincus que nos usines sont à la fine pointe de la technologie et que nous sommes capables de bien faire les produits. Tant que nous utiliserons ces produits, mieux vaudra les produire localement et en tirer une valeur ajoutée plutôt que de demander à d'autres, ailleurs dans le monde, de les fabriquer pour nous.
En ayant des options en ce qui a trait à la matière première, on peut sécuriser la grappe pétrochimique située dans l'Est de Montréal, ce qui permet de contribuer au PIB canadien. C'est en quelque sorte le message que nous voulions vous livrer aujourd'hui.
Évidemment, il y a beaucoup de défis à relever. En effet, il ne s'agit pas uniquement de disposer de matières premières. Si, dans un contexte de concurrence, on n'a pas d'options sur la matière première, il sera extrêmement difficile d'assurer la survie de toute la chaîne du polyester.
Merci beaucoup.
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Bonjour. Je m'appelle Jim Burpee. Je suis président-directeur général de l'Association canadienne de l'électricité.
Nous sommes la voix nationale de l'électricité au Canada depuis 1891. Nous représentons tous les intervenants de l'industrie — notamment les entreprises de services publics, les négociants en énergie et les représentants de toute la chaîne de valeur de l'électricité — qui s'occupent des services de production, de transmission et de distribution de l'électricité pour les clients industriels, commerciaux, résidentiels et institutionnels partout au pays.
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour parler de la diversification des marchés dans le secteur de l'énergie. J'ai remarqué que, lors de la plupart des séances du comité tenues à ce sujet jusqu'à maintenant, on a surtout parlé du développement des ressources et de la diversification du secteur pétrolier et gazier. Bien sûr, cela n'a rien de surprenant étant donné le climat politique actuel et l'attente de l'approbation du projet Keystone XL. Cependant, je veux souligner que, dans le cadre des efforts que les gouvernements partout au pays continuent de déployer pour le développement des ressources et la diversification des marchés vers lesquels le Canada exporte son pétrole et son gaz, il est essentiel de porter attention à l'épine dorsale de l'exploitation des ressources et de l'économie au complet: l'électricité.
Les familles et les entreprises canadiennes dépendent d'électricité chaque jour. Sans y penser, lorsqu'on entre à la maison, on allume les lumières et la télévision ou on règle le volume de la chaîne stéréo au maximum. Les entreprises dépendent de l'électricité non seulement pour éclairer leurs bureaux, mais aussi pour alimenter de nouveaux projets. Nous devenons de plus en plus dépendants de l'électricité pour alimenter nos téléphones intelligents, pour faire fonctionner nos ordinateurs et même pour laver notre vaisselle.
Alors que les gouvernements et les entreprises cherchent à exploiter plus de ressources et entreprennent des projets à grande échelle comme Keystone XL et les pipelines ouest-est, ils s'attendent à ce que l'électricité soit là comme elle l'a toujours été pour alimenter ces projets. Cependant, la majeure partie du réseau électrique canadien a été construit il y a plus de 25 ans pour desservir une population de 20 millions de personnes. Aujourd'hui, cette population dépasse les 34 millions d'habitants, dont le mode de vie dépend de plus en plus d'appareils électriques.
Notre industrie entreprend de nouveaux projets ambitieux et transformateurs pour que l'électricité puisse répondre aux besoins du XXIe siècle. D'après le Conference Board du Canada, les investissements dans l'infrastructure électrique canadienne s'élèveront à 350 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. Voilà un investissement énorme qui créera en moyenne 156 000 emplois par année pendant cette période. Alors que les Canadiens utilisent de plus en plus l'électricité et que les gouvernements cherchent à accroître l'exploitation des ressources, ces mises à niveau sont essentielles pour que le réseau électrique canadien puisse répondre à l'augmentation de la demande.
Afin d'y arriver, nous devons songer à diversifier nos marchés au pays. Cela veut dire penser à des façons différentes de faire les choses, y compris trouver des moyens plus efficients, plus efficaces et plus propres d'alimenter nos maisons et nos entreprises. Un aspect essentiel consistera à examiner le développement de nouveaux marchés régionaux sur le continent et d'y avoir accès. Comment y arriver? Vraiment, c'est simple. Nous savons tous que l'électricité joue un rôle central dans notre vie à la maison et au travail et pour la prospérité du pays, et nous sommes fiers d'avoir un système d'électricité sophistiqué qui offre, depuis des années, aux industries canadiennes, un avantage concurrentiel très important par rapport aux autres pays. Pour faire progresser cet avantage concurrentiel, grâce à un système sur lequel les Canadiens peuvent compter jour après jour, nous avons besoin d'investissement et de coopération.
Les décideurs à tous les niveaux doivent avoir une discussion franche sur la façon de renouveler le système d'électricité au cours des années à venir. Maintenant plus que jamais, le secteur de l'électricité a besoin de politiques à long terme et de certitude en matière réglementaire pour appuyer les investissements nécessaires à long terme. On a besoin du leadership du gouvernement fédéral et d'une stratégie pancanadienne complète pour l'énergie, qui reconnaît que l'investissement dans notre système d'électricité pour les générations futures est essentiel à la croissance économique et à la prospérité de tout le pays. Il faut une approche qui non seulement respecte les champs de compétences, mais aussi qui appuie la coopération interprovinciale et les gains d'efficacité.
Un excellent exemple de coopération interprovinciale, de leadership fédéral et de développement de nouveaux marchés régionaux, c'est le projet du cours inférieur du fleuve Churchill. Ce projet, appuyé par une garantie d'emprunt accordée par le gouvernement fédéral, fournira une énergie propre grâce à l'hydroélectricité à deux provinces canadiennes: Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse. De plus, le projet créera des emplois et de la croissance dans la région, réduira les émissions de gaz à effet de serre et augmentera les possibilités commerciales avec les États-Unis. Il y a lieu de développer d'autres marchés régionaux semblables. Par exemple, il y a une abondance de ressources et de territoires dans le nord du Canada, mais on manque d'électricité pour les projets importants de développement. Nous exhortons les gouvernements à collaborer dans le cadre de notre travail collectif pour mettre à niveau l'infrastructure électrique canadienne.
Parallèlement à nos efforts continus pour chercher des façons de diversifier les marchés ici au Canada, nous renforçons également notre relation avec notre voisin du Sud. Contrairement au secteur pétrolier et gazier, qui cherche d'autres marchés que les États-Unis, le secteur de l'électricité cherche à accroître les possibilités de vendre de l'électricité aux États-Unis.
Présentement, le Canada est le plus grand fournisseur d'électricité aux États-Unis. Notre relation bilatérale dynamique dans le secteur de l'électricité profite aux deux pays depuis des décennies. Vous ne savez peut-être pas que nos réseaux sont reliés à plus de 35 points. Cela a permis aux deux pays de profiter de nombreux avantages.
Vous serez aussi peut-être surpris d'apprendre que selon la période du jour ou d'autres facteurs, les amateurs des Canucks de Vancouver en Colombie-Britannique dépendent parfois de l'électricité produite aux États-Unis pour suivre les récents matchs de hockey à la télévision. De même, un constructeur d'automobiles au Michigan ne sait peut-être pas qu'il utilise des importations d'électricité canadienne pour faire fonctionner ses chaînes de montage.
Notre relation dans le secteur de l'électricité avec les États-Unis est très complexe et dynamique. Nous échangeons de l'électricité avec nos partenaires du Sud à toute heure. Cette relation commerciale saine offre des capacités à long terme pour les deux pays. Le fruit de ces efforts est visible sur le parquet de transactions de l'autre côté de la rivière chez Brookfield Renewable Energy Partners. On peut y voir toute une série d'échanges sur nos différentes périodes: les échanges horaires, futurs et en temps réel.
De nombreuses personnes du secteur de l'électricité disent que le réseau nord-américain est la plus grande machine au monde. Il constitue la base de l'économie, de la sécurité nationale et de la santé publique des 350 millions de personnes qu'il dessert à journée longue. Comme tout ce qui est fabriqué par l'humain, notre réseau a besoin d'entretien. En termes simples, les investissements sont essentiels pour avoir un système d'électricité moderne qui fait en sorte que les Nord-Américains continuent de profiter de leur qualité de vie, et c'est essentiel pour les entreprises des deux côtés de la frontière qui cherchent à accroître leurs activités.
Les gouvernements et l'industrie doivent collaborer pour participer au débat public en cours sur l'électricité qui a lieu partout en Amérique du Nord. Pour ce faire, ils doivent se pencher surtout sur le prix, la valeur et le besoin de renouvellement des infrastructures. L'électricité canadienne est fiable et constitue un pilier de notre société et de notre économie, mais on la tient souvent pour acquise.
Les coûts liés au développement de la capacité pour répondre à l'augmentation de la demande d'une population croissante, ajoutés au besoin de remplacer des infrastructures vieillissantes mèneront à une augmentation des prix. On a besoin d'une discussion franche, mais comme notre association l'a déjà observé dans le cadre de son travail, lorsqu'on présente aux Canadiens les faits, ils comprennent la grande valeur de l'électricité canadienne et le besoin de protéger le système.
Nous devons tous faire en sorte que le développement d'un réseau du XXIe siècle soit régi par des régimes de réglementation dignes du XXIe siècle avec moins de chevauchement, moins de paperasse et une réglementation moins lourde du point de vue administratif, tout en assurant, bien sûr, un bon équilibre en matière de sécurité et d'environnement. Les gouvernements des deux côtés de la frontière doivent demeurer vigilants afin d'éviter d'ériger des obstacles supplémentaires qui pourraient limiter l'échange d'électricité entre les pays.
Alors qu'est-ce que le gouvernement fédéral peut faire pour nous aider avec nos projets transformateurs afin de mettre à niveau et d'améliorer notre infrastructure électrique? Au Canada, le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de chef de file et lancer un dialogue avec les provinces et les territoires sur une approche pancanadienne en matière d'énergie dans laquelle l'électricité constitue l'épine dorsale. Ce rôle de chef de file et ce dialogue permettront également à tous les gouvernements d'évaluer les marchés régionaux qui pourraient être développés et avoir accès à des sources d'électricité plus propres et plus efficaces.
Au sujet de la mise au niveau du réseau nord-américain et de l'amélioration de notre relation commerciale avec les États-Unis, le secteur de l'électricité exhorte les gouvernements des deux pays à éviter d'ériger des obstacles qui pourraient limiter le commerce de l'électricité entre les pays et à demeurer vigilants pour réduire la paperasse, les chevauchements et les fardeaux administratifs pour les importateurs et les exportateurs.
Nous avons également besoin de l'aide du gouvernement pour corriger certaines fausses perceptions de la population concernant les investissements dans l'infrastructure électrique, comme je l'ai mentionné plus tôt, en aidant les clients du secteur de l'électricité à comprendre la valeur de cet investissement, mais aussi à corriger des fausses perceptions concernant la santé et la sécurité. Ainsi, nous pouvons faire en sorte que le système canadien d'électricité continue de servir les Canadiens comme il l'a toujours fait, à un prix abordable pour les années à venir. Cela fera également en sorte que de nouveaux grands projets soient bien appuyés. Après tout, l'électricité est un outil indispensable pour l'exploitation des ressources.
Vous trouverez plus de renseignements sur les recommandations de l'ACE à ce sujet dans les documents fournis aujourd'hui. Le premier est un document d'orientation que l'on a distribué à une réunion du conseil de la fédération en 2012 et qui porte sur le besoin d'une stratégie pancanadienne de l'énergie. Le deuxième est un document d'orientation récent sur la relation du secteur de l'électricité canadien avec les États-Unis; on y trouve des recommandations pour un réseau nord-américain amélioré.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président et membres du comité de m'avoir invité à comparaître devant vous pour discuter de la diversification du marché canadien de l'énergie.
Je tiens d'abord à vous féliciter d'avoir entrepris cette étude exhaustive, qui est d'une grande importance pour notre économie.
[Traduction]
Manufacturiers et exportateurs du Canada est la plus grande association d'affaires au Canada. Nous représentons environ 10 000 entreprises partout au pays.
En général, l'industrie manufacturière se préoccupe beaucoup de l'approvisionnement et de la demande énergétique, et nous croyons fermement que le gouvernement a un rôle important à jouer pour faire en sorte que l'augmentation de l'approvisionnement réponde aux besoins de notre industrie.
En tant que grands clients d'énergie, nous sommes préoccupés par le prix et la diversité de l'énergie disponible sur le marché. En tant que manufacturiers, nous nous inquiétons également de l'infrastructure de transport nécessaire pour que l'énergie soit plus disponible et abordable pour les manufacturiers. Enfin, en tant qu'exportateurs, nous croyons qu'il est dans notre intérêt de s'assurer que notre capacité de production ne soit pas limitée par une infrastructure inefficace.
Je vais parler un peu de la consommation de l'énergie par le secteur manufacturier canadien. Comme vous pouvez l'imaginer, l'énergie est un élément important de la structure de coût pour tous les manufacturiers. La production manufacturière représente environ 68 % de l'énergie consommée par toutes les industries au Canada — cela exclut la consommation commerciale et institutionnelle. En Ontario seulement, environ 60 grands clients industriels consomment un cinquième de toute l'électricité de la province.
Permettez-moi de parler des sources d'énergie consommées par les manufacturiers canadiens. Les sources d'énergie les plus importantes dans le secteur manufacturier sont surtout l'électricité, à 29 %, et le gaz naturel, à 27,8 %. Ces deux sources représentent 57 % de toute la consommation d'électricité dans le secteur industriel canadien. Si on ajoute toutes les variétés de mazout lourd, on arrive à environ 91 % de l'énergie totale consommée par le secteur industriel canadien.
Je vais parler un peu du coût de l'énergie utilisée par l'industrie. Bien sûr, il s'agit d'une grande préoccupation en Ontario. Je pense que le tarif d'électricité industriel nous offrait par le passé un avantage concurrentiel sur les États-Unis. Cependant, dans les dernières années, les États-Unis ont trouvé rapidement des sources moins chères de gaz naturel non classique, en utilisant de nouvelles méthodes novatrices — on a entendu parler de la fracturation et d'autres moyens novateurs d'exploiter le gaz naturel — ce qui a rendu cette source d'énergie plus abordable pour les manufacturiers américains.
Certains observateurs parlent d'une reprise du secteur manufacturier grâce à ces nouvelles formes d'énergie moins chères. La production américaine de gaz naturel a augmenté de plus de 350 % entre 2007 et 2011, et elle continuera de croître au moins jusqu'en 2040, étant donné la taille des marchés d'exportation disponibles.
Notre avantage concurrentiel diminue, surtout en Ontario, comme je l'ai dit. Même si la province avait des tarifs moins élevés que la moyenne américaine avant 2008, nous prévoyons que le tarif industriel en Ontario augmentera de 34 % d'ici 2017. En conséquence, l'écart entre les tarifs industriels américains et ontariens devrait plus que tripler au cours des cinq prochaines années.
En résumé, nous croyons qu'il est important pour le Canada de penser au coût de l'énergie et à son rôle pour le développement économique du pays. Nous croyons que les politiques gouvernementales devraient viser à fournir des sources fiables et diversifiées d'énergie à des prix compétitifs. On peut y arriver par la réglementation, mais aussi, et c'est encore plus important, par l'exploitation de nos propres réserves de gaz naturel non classique et par des investissements dans l'infrastructure nécessaire pour le transport.
Je vais maintenant m'attarder sur l'infrastructure et la diversification des exportations. On parle souvent du Canada comme d'une superpuissance énergétique. Je suis à la fois en accord et en désaccord.
Je suis d'accord, car nos réserves de plus de 25 milliards de barils de pétrole brut, nos 150 millions de barils de bitume exploitable de façon rentable et nos 40 billions de pieds cubes de gaz naturel sont parmi les plus importantes réserves du monde.
D'une certaine façon, je ne suis pas d'accord, car si nous n'avons pas la capacité d'extraire, de transformer et de transporter ces ressources, elles ne seront qu'un bel actif sur papier, et on n'en tirera jamais profit. Selon nous, afin de devenir vraiment une superpuissance énergétique, le Canada doit accroître sa capacité en matière de production et de transport.
Dans les dernières années, les investissements mondiaux au Canada ont mené à un développement sans précédent de notre secteur du pétrole et du gaz, si bien que notre capacité de production est près de dépasser notre capacité de transport et d'exportation de ces ressources. En même temps, nous devons diversifier nos marchés. Les États-Unis ne peuvent plus être le seul marché du Canada. Bien que cela semble évident pour nombre d'entre nous, une augmentation de la production et une diversification des exportations signifient que nous devons améliorer grandement l'infrastructure de transport pour ces ressources.
Parallèlement, de nouvelles formes d'extraction permettent la montée aux États-Unis de nouveaux compétiteurs. Dans un avenir pas si lointain, les producteurs et les exportateurs canadiens du secteur du pétrole et du gaz feront face à la concurrence de nouveaux producteurs de gaz et de pétrole de schiste aux États-Unis, qui peuvent produire à un prix beaucoup plus bas.
On prévoit que la production de pétrole brut et de gaz naturel liquide aux États-Unis augmentera de 74 % d'ici 2020. La nouvelle production de pétrole brut du Dakota du Nord, du Texas, du Colorado, du Wyoming et de la formation schisteuse d'Utica ajoutera 1,5 million de barils par jour à la production américaine. Ces producteurs feront concurrence aux producteurs canadiens, entre autres, pour l'accès aux mêmes raffineries sur la côte du golfe du Mexique. Certains rapports indiquent que les États-Unis deviendront beaucoup moins dépendants des sources étrangères de pétrole au cours des cinq prochaines années, ce qui justifie encore plus le fait que le Canada doit commencer à accroître ses exportations vers l'Asie.
Dans le secteur du gaz naturel, la Colombie-Britannique est à l'avant-scène de l'exportation du gaz naturel liquéfié au Canada. La province a récemment créé une stratégie pour le gaz naturel liquéfié afin d'orienter le développement de cette nouvelle industrie. Il y a maintenant cinq projets d'installations d'exportation le long de la côte de la Colombie-Britannique qui faciliteraient l'exportation du gaz naturel liquéfié vers les marchés asiatiques. On s'attend à ce que la demande mondiale pour le gaz naturel liquéfié double d'ici 2020, au moment où certains de ces projets pourraient être en activité.
Pour conclure, j'aimerais féliciter encore une fois le comité d'avoir entrepris cette étude complexe. Il est dans notre intérêt que toute politique nationale sur l'énergie qui risque de découler de cette étude, ou qui arrive même plus tard, se penche sur les avantages de sources d'énergie stables, diversifiées et sûres pour tous les secteurs industriels, et surtout pour le secteur manufacturier.
Merci beaucoup.
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Je salue les membres du comité, les autres témoins et le président.
Je m'appelle John Telford. Je suis directeur des affaires canadiennes de l'Association unie des compagnons et apprentis de l’industrie de plomberie, tuyauterie et chauffage des États-Unis et du Canada, que l'on appelle communément l'UA.
Notre association a été fondée en 1898. L'UA est un syndicat qui rassemble plusieurs métiers dont les membres participent à la fabrication, à l'installation et à l'entretien des canalisations. En Amérique du Nord, nous représentons 326 000 membres. Au Canada, nous desservons plus de 53 000 membres, y compris 9 000 apprentis. Nous représentions huit grandes catégories de métiers, qui travaillent toutes à la construction et à l'entretien d'installations dans le domaine des ressources naturelles.
Voici quelques exemples de gens que nous représentons et du travail important qu'ils font. Les monteurs d'appareils de chauffage et les tuyauteurs construisent les énormes raffineries dans les secteurs du pétrole, du gaz et de l'électricité. Les plombiers contrôlent la qualité de l'eau dans ces usines, l'approvisionnement en eau potable et l'élimination des eaux usées. Les techniciens en instrumentation et les autres techniciens contrôlent les processus et limitent la pression pour un fonctionnement sécuritaire des usines.
Les techniciens en chauffage, en ventilation, en climatisation et en réfrigération installent et entretiennent les systèmes qui contrôlent la température des usines et des processus de raffinage, ainsi que de la qualité de l'air. Les installateurs de gicleurs mettent en place les systèmes d'extinction des incendies et des explosions pour assurer la sécurité des usines.
Les travailleurs des métaux travaillent partout au pays dans des ateliers de fabrication de métal au Québec, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et dans de nombreuses autres provinces, et travaillent à des projets dérivés des projets de ressources naturelles. Les soudeurs de tuyaux sont ceux qui construisent les pipelines et effectuent la soudure sous pression sur tous les systèmes à la pression basse ou élevée.
Nous avons plus de 30 centres de formation au Canada, et nous dépensons près de 30 millions de dollars de l'argent de nos membres par année pour la formation des compagnons et des jeunes apprentis chaque année.
Chaque jour, 30 % de nos membres travaillent sur des projets du secteur des ressources naturelles au Canada. Les projets de ce secteur et les efforts continus axés sur l'économie du secteur énergétique sont importants pour les hommes et les femmes, ainsi que leurs familles, que je représente. La diversification des marchés du secteur de l'énergie du Canada, en termes simples, représente des carrières bien rémunérées à long terme.
Vous avez entendu les gens des métiers du bâtiment le 25 avril. Mes observations d'aujourd'hui se baseront sur celles présentées par M. Smillie.
La diversification des marchés signifie une meilleure garantie de possibilités pour les Canadiens, leurs enfants et leurs petits-enfants.
Dans le document présentant votre étude, on indique que vous voulez comprendre trois aspects: la diversification des marchés d'exportation pour l'énergie canadienne; la diversification de la production de l'énergie canadienne; et la diversification des sources d'approvisionnement de l'énergie canadienne.
Lorsque le Canada exporte plus d'énergie, diversifie ses produits et songe à de nouvelles sources d'énergie, cela signifie trois choses pour l'UA: plus de possibilités d'emploi pour les jeunes travailleurs spécialisés et les apprentis inscrits; plus de possibilités de formation et d'emploi pour les jeunes Canadiens; et la possibilité de travailler sur des politiques importantes pour l'industrie et nos membres.
À l'heure actuelle, mon organisation, l'UA, travaille environ 55 millions d'heures-personnes par année au Canada. Nos partenaires propriétaires prévoient investir 250 milliards de dollars dans la construction en Alberta seulement au cours des six à huit prochaines années. Cela ne tient pas compte de ce qui se passe dans les autres provinces. C'est sans compter la reconstruction et la rénovation du secteur nucléaire en Ontario, des développements extracôtiers à Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse. Cela ne comprend pas le projet de Nalcor à Muskrat Falls, ou tout ce qui se passe en Saskatchewan où l'exploitation des ressources est en plein essor.
Lorsque l'UA participe à un projet, cela représente le développement du professionnalisme, de la reddition de comptes et d'une main-d'oeuvre hautement qualifiée pour l'avenir.
L'UA a lancé une compagne nationale de recrutement. Pendant la première étape, nous planifions investir près d'un million de dollars provenant de l'argent de nos membres pour trouver 25 000 nouveaux membres dans notre industrie. Cette campagne a vraiment deux objectifs: répondre aux besoins immédiats de nos partenaires de l'industrie du secteur des ressources naturelles, des projets d'investissement et des fermetures de l'industrie pétrolière et gazière: et informer les jeunes et ceux qui ont de l'influence sur eux — les parents et les professeurs — pour que l'on puisse recruter des jeunes Canadiens qui composeront la main-d'oeuvre de l'avenir.
Comme vous pouvez le voir, nous prenons la croissance au sérieux, et la participation à la croissance du secteur des ressources naturelles est un aspect important de ce projet.
Un pourcentage grandissant de nos membres est d'origine autochtone, et bon nombre des bureaux locaux de nos syndicats sont en train de mettre au point des partenariats officiels avec les collectivités autochtones dans leurs régions. Mentionnons notamment la section locale 56 à Halifax, en Nouvelle-Écosse; la section locale 67, à Hamilton, en Ontario; la section locale 628 de Thunder Bay, en Ontario; et la section locale 170 de Vancouver, en Colombie-Britannique. Nous sommes en mesure d'offrir de la formation et des possibilités d'emplois à un plus grand nombre d'Autochtones dans le cadre de ces grands projets de ressources naturelles. Sans ce travail, rien de cela ne serait possible.
Si le Canada tient à élargir la portée et l'ampleur de son marché d'extraction énergétique, il faut également prendre au sérieux la question de la formation et du développement de métiers spécialisés comme étant des choix de carrières viables pour l'avenir. Il faut que nos filles s'y intéressent. Nous avons besoin des jeunes Autochtones. Nous avons besoin que les nouveaux Canadiens se joignent à nos métiers.
M. Smillie a abordé la question de la pénurie des compétences pendant des audiences à un autre comité le mois dernier, et je ne répéterai pas ce qu'il a dit. Nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral pour faire en sorte que les travailleurs aillent là où se trouve le travail. Nos promoteurs et nos propriétaires comme Suncor et Syncrude dépensent des dizaines de millions de dollars en frais de déplacement pour leurs travailleurs. Nous avons besoin que le gouvernement fédéral crée un crédit d'impôt pour les frais de déplacement afin d'encourager la mobilité ou bien une indemnité de l'assurance-emploi pour aider les gens à se rendre là où se trouve le travail. Je crois que cette proposition a déjà été déposée à la demande d'un des membres du comité. Cela permettrait de résoudre le problème du mauvais appariement des compétences régionales et de réduire la dépendance des industries envers les travailleurs étrangers temporaires.
En résumé, le secteur des ressources naturelles est l'épine dorsale de notre main-d'oeuvre. Les travailleurs des métiers spécialisés sont également l'épine dorsale du secteur des ressources naturelles. Nous avons besoin d'un partenaire prévisible et constant au sein du gouvernement pour offrir à nos membres des possibilités d'emplois.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer ici aujourd'hui.
Merci à vous tous, une fois de plus, pour vos exposés très intéressants.
Je vais maintenant faire quelque chose que je fais très rarement: je vais m'approprier le premier tour de sept minutes pour notre parti, et il y aura peut-être ensuite du temps qui restera pour M. Anderson. Après moi, nous entendrons M. Julian et ensuite, M. Garneau.
Hier, je suis rentré d'une réunion de parlementaires de l'OTAN. Si vous vous demandez ce que cela a à voir avec cette réunion et avec les enjeux à l'étude ici aujourd'hui, je préciserai que je préside un des comités, le Comité de l'économie et de la sécurité, et, à ma demande, un des enjeux que nous examinons est le secteur stratégique des hydrocarbures et comment il est en train de changer le monde, surtout pour ce qui est de la production du gaz de schiste et la production de pétrole en formation étanche et de gaz de schiste de réservoir étanche. Nous venons tout juste de commencer une étude qui porte sur les retombées économiques et stratégiques de la révolution du pétrole et du gaz non classique. On appelle cela une révolution et, quand on regarde les chiffres, on comprend pourquoi.
Si l'on examine la situation des États-Unis, on constate qu'ils ont augmenté leur production de gaz naturel de 50 % au cours des quelques dernières années. Comme certains d'entre vous l'ont indiqué, l'électricité est importée, mais c'est également le cas du gaz naturel qui est importé au Canada à l'heure actuelle.
L'Australie, l'an prochain probablement, deviendra le plus gros producteur de gaz naturel du monde, dépassant ainsi le Qatar. Il y a donc d'énormes changements ici.
En ce qui concerne le pétrole, les États-Unis, depuis environ un an, produisent environ 7 millions de barils par jour, tandis que le Canada en produit environ 4 millions. L'an dernier, les États-Unis ont augmenté leur production de pétrole, en raison du pétrole en formation étanche, de 800 000 barils. La tendance va se poursuivre au cours des prochaines années. Cela signifie qu'à l'heure actuelle, en réalité, ils n'importent qu'environ 18 % de leur pétrole du golfe Persique.
Les choses changent donc.
Il y a d'autres choses qui me préoccupent, si je me fie à l'information que contient ce rapport. D'abord, qu'est-ce que le Canada est en train de perdre à l'heure actuelle de par le fait que nous ne pouvons tout simplement pas exporter plus de pétrole et plus de gaz?
La semaine dernière, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank McKenna, a déclaré à une conférence Bloomberg, à Toronto:
... L'économie souffre du retard que prend la construction des nouveaux pipelines, et pourtant les personnes qui profiteraient d'investissements accrus dans les soins de santé et les transports ne font pas « partie du débat ».
Il a ensuite continué en disant qu'on détruit de la valeur à un rythme faramineux au Canada à cause du retard pour ces pipelines.
Trois d'entre vous ont fait des commentaires à ce sujet.
Je m'adresse maintenant au monsieur de l'Association industrielle de l'est de Montréal. Vous avez parlé de l'importance du pipeline ouest-est pour que nous puissions baisser le prix du pétrole canadien qui vous approvisionne. Ainsi, avant tout, que pensez-vous de l'importance de cette question, c'est-à-dire de la construction de ces pipelines, pour que l'on puisse commercialiser le pétrole canadien et plus précisément répondre à vos besoins?
Vous avez absolument raison. Une énorme attention est accordée à l'heure actuelle à l'énergie. Les États-Unis sont en train d'agir très rapidement, et nous devons en tenir compte.
[Français]
Pour que le Canada soit compétitif, surtout la région de l'Est du Canada, il est important d'avoir accès au pétrole de l'Ouest par le fameux renversement du pipeline appelé « ligne 9 ».
Comme vous l'avez vu dans nos diapositives, d'autres endroits en Amérique du Nord peuvent déjà en profiter, alors qu'on ne peut pas en profiter dans l'Est du pays. Il faut donc y avoir accès.
L'exportation est aussi importante. Il faut donc que le Canada et le Québec aient accès à ce pétrole. Toutefois, si les Américains deviennent de plus en plus indépendants, il faudra trouver d'autres marchés pour l'exportation. Cela me semble clair.
Aujourd'hui, en venant vous voir, on voulait surtout insister sur le fait qu'il faut exporter à l'extérieur du Canada. Il ne faut surtout pas oublier que le Canada est aussi capable de bien faire les choses. Il faut donc exporter notre matière première, si on n'a pas eu la chance de l'utiliser ici au Canada, sans quoi on laisse passer une chance assez incroyable. C'est surtout là-dessus qu'on voulait insister aujourd'hui.
Monsieur Lavoie et monsieur Telford, vous avez également dit clairement qu'il serait réellement avantageux de construire ces pipelines aussi vite que possible.
Il y a un problème supplémentaire — et il s'agit d'un sujet dont on a discuté à la réunion de ce comité des parlementaires de l'OTAN —, à savoir que si le Canada n'obtient pas un accès, surtout lorsqu'il s'agit de gaz naturel liquéfié, si on n'agit pas rapidement, nous risquons de tout perdre et de tout simplement nous retrouver sans marché pour notre gaz naturel liquéfié.
L'Australie est un énorme joueur. Les États-Unis ont déjà fait des demandes de permis d'exportation, et je crois qu'ils en ont obtenu un. Il s'agit de l'information que nous avons reçue à cette réunion. Ils vont donc devenir des exportateurs.
Le problème avec le gaz naturel, même aux États-Unis, c'est que pour changer un des terminaux d'importation en vue de l'exportation, il faut un investissement d'environ 10 milliards de dollars. Au Canada, il en coûtera beaucoup plus. Il s'agit d'énormes investissements. Ainsi, ce qui va probablement se passer, c'est que les pays qui veulent acheter le gaz vont investir en échange de contrats à long terme, probablement des contrats sur 20 ans. Vous pouvez voir ce qui se produit ici. Si d'autres pays signent ces contrats à long terme, le Canada pourrait ressortir perdant.
Si le Canada exportait du gaz, par exemple vers la Chine, un des avantages supplémentaires serait que nous remplacerions de nouvelles centrales de production d'électricité au charbon. Ce serait donc une bonne chose pour l'environnement si nous pouvions exporter, nous aussi.
Mon temps est quasiment écoulé. Évidemment, je ne suis pas habitué à intervenir.
Si le Canada ne parvient pas à construire rapidement ses usines pour l'exportation, risquons-nous de nous priver entièrement de ces possibilités d'exportations? À tout le moins, cela pourrait nous compliquer la tâche de trouver les marchés dont nous avons besoin.
J'aimerais savoir ce que vous pensez à ce sujet, monsieur Lavoie et monsieur Telford.
Il reste encore presque une minute.
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C'est une bonne question et, puisqu'il s'agit d'une compétence provinciale, je ne sais pas si nous voulons aborder la question province par province.
Je peux vous dire que la tête d'affiche dans ce domaine serait le Nouveau-Brunswick. Au Nouveau-Brunswick, étant donné son économie qui bat de l'aile depuis un certain temps maintenant, on comprend qu'un grand nombre de travailleurs doivent sortir du Nouveau-Brunswick pour aller gagner leur vie. La province a consacré des collèges communautaires à des métiers comme celui d'installateurs de tuyaux, monteurs de gicleurs et soudeurs. Le gouvernement provincial a investi beaucoup de temps et de ressources au niveau des collèges communautaires pour former des soudeurs — beaucoup dans mon métier également. Je ne sais pas ce qu'il en est des électriciens, des mécaniciens de chantier ou des monteurs de charpentes métalliques — je ne peux pas parler pour eux.
Je dirais que les collèges communautaires en Alberta regorgent d'apprentis. Ils font tout ce qu'ils peuvent. Ils pensent qu'ils sont bons, et je crois qu'ils essayent.
Notre problème en ce qui concerne les apprentis, c'est que nous avons besoin de compagnons ou d'ouvriers qualifiés pour les encadrer. On ne peut pas envoyer des apprentis pour aller travailler avec d'autres apprentis; nous avons besoin de compagnons ou ouvriers qualifiés.
Bien des gens au sein de mon industrie — et ils ne partagent pas mon opinion — pensent que l'expression « travailleur étranger temporaire » elle-même est dégoûtante. Je ne pense pas que ce soit le cas. Chaque fois que nous faisons rentrer deux travailleurs étrangers temporaires dans notre pays et dans mon domaine, nous pouvons envoyer deux apprentis travailler. Si je n'obtiens pas plus de gens de métier qualifiés ici, je vais devoir être forcé d'envoyer les apprentis au travail. On ne peut pas mettre 15 apprentis ensemble dans une centrale nucléaire. On ne peut pas mettre 15 apprentis ensemble sur un chantier de pétrole lourd. Ils doivent être encadrés par des gens de métier.
Pour ce qui est des collèges communautaires, je crois qu'ils font un assez bon travail, et nous complétons cette formation au sein de mon organisation grâce à des cours du soir et à des programmes offerts les fins de semaine.
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Le Tarif de préférence général était un programme d'aide à l'étranger mis en vigueur en 1974, qui visait à ouvrir l'accès pour les économies en développement aux pays industrialisés. Il n'a pas changé en 40 ans. À la suite des changements apportés dans le dernier budget, 72 ou 74 pays seront exclus de la liste. Nous avons appuyé cette mesure, en partant du principe qu'il s'agit d'un programme d'aide à l'étranger. Si l'économie de certains de ces pays a maintenant dépassé la nôtre, il est inutile de leur fournir de l'aide.
L'argument que j'ai fait valoir ce matin devant un autre comité, c'est que certaines associations, certains autres secteurs de l'industrie prônent aussi l'élimination des tarifs en s'appuyant sur la perspective étroite de ce qu'ils signifient pour les consommateurs. Je pense qu'il faut aussi penser à la manière dont... Si on commençait à éliminer les tarifs, surtout sans que d'autres pays le fassent, nous perdrions une part de notre pouvoir de négociation le moment venu de négocier des accords de libre-échange. Qu'est-ce qui pousserait un pays à négocier avec le Canada s'il n'a pas accès à grand-chose?
Je ne sais pas exactement l'incidence que cela aurait sur l'exploitation des ressources, compte tenu de la demande actuelle. Il y a une demande pour des sources d'énergie plus économiques. Je ne pense pas que les producteurs américains, par exemple, aient besoin d'accords de libre-échange, parce qu'ils ont un bon modèle.
Cela étant dit, comme je l'ai mentionné, les prix sont très instables dans ce domaine. Je pense que les accords de libre-échange pourraient être... Ce sont certainement de bons outils politiques pour acquérir la confiance d'un pays et stimuler des échanges commerciaux. C'est pourquoi, à mon avis, c'est une bonne chose.
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Ma prochaine question s'adresse à M. Telford, mais si vous en avez le temps, monsieur Lavoie, vous pourriez y répondre aussi.
Cela rejoint un peu ce que disait M. Garneau au sujet des collèges communautaires. Dans le budget de 2013, un poste budgétaire a été prévu pour le Centre for Northern Innovation in Mining dans ma circonscription, au Yukon. Cet investissement est véritablement centré sur cette installation de formation de diplômés pour des emplois techniques et des métiers spécialisés. Vous avez parlé des apprentis et des ouvriers, et ce centre cherche à évoluer et à trouver un moyen très novateur de déployer l'effectif de sorte que l'employeur ne soit pas toujours obligé d'avoir du monde en formation, et de répartir le personnel en quelque sorte dans divers domaines. C'est assez créatif et intéressant.
Quand on pense à diversification, dans quelle mesure les investissements faits par le gouvernement fédéral dans des collèges communautaires, comme celui au Yukon, permettent-ils de combler les pénuries de travailleurs spécialisés? Ensuite, quel serait pour nous le point de bascule pour ce qui est de diversifier le marché dans la mesure où, chaque fois que nous élargirions le marché et que nous lancerions un filet pour diversifier les produits que nous offrons, il faudrait en faire autant pour diversifier la main-d'oeuvre, qui est déjà très limitée et surchargée?
Avez-vous des idées quant à la façon dont nous pourrions restreindre la portée de la diversification pour avoir des travailleurs, ou est-il bon de l'élargir, tout en élargissant le marché du travail?
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Pour ce qui est du réseau intelligent, le gouvernement fédéral joue déjà un rôle à divers égards, par le soutien, par exemple, de Technologies du développement durable du Canada et divers investissements qui ont été faits. Nous travaillons en outre avec le Conseil canadien des normes pour tenter d'harmoniser les normes en fonction de l'équipement de réseaux intelligents.
Cela touche divers domaines. RNCan fournit aussi un soutien, sans oublier que l'énergie, et dans ce cas-ci l'électricité plus précisément, relève des provinces. Ce peut être un peu difficile de rassembler tout le monde, mais selon moi, ce concept de réseaux intelligents, de façon générale, suscite beaucoup de collaboration et d'intérêt, et les gens apprennent beaucoup les uns des autres.
Pour ce qui est des maisons à consommation énergétique intelligente ou nulle, cela entend aussi habituellement le recours à une certaine forme d'énergie solaire, qui produit plus que ce qui est consommé en une année, mais elles n'ont pas toujours besoin d'électricité. Il faut encore un réseau pour les appuyer, et le coût dépasse encore de loin celui de la production au moyen de programmes ou de centrales conventionnelles.
L'un des défis, de façon générale, c'est que le prix de l'électricité, de l'énergie, quoi qu'en dise les fabricants, est encore relativement faible, ce qui ne pousse pas à l'économie d'énergie, bien que d'après mon expérience, tous les fabricants, toutes les installations industrielles, déploient beaucoup d'efforts pour être plus écoénergétiques.
C'est plutôt quand on a des immeubles commerciaux, même s'ils déménagent aussi... Mais les particuliers, en ce qui concerne la maison et l'efficacité énergétique de celle-ci... Vous savez, l'économie de quelques kilowattheures, ça ne rapporte pas tant que ça. Le coût moyen de l'électricité, par jour, pour un consommateur résidentiel est de l'ordre de 3 à 6 $.
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Oui, nous sommes très inquiets de cette espèce d'engorgement à l'heure actuelle. Ce n'est pas seulement en Alberta, mais cela semble susciter un vif intérêt depuis déjà quatre ou cinq ans. Nous avons besoin d'exporter des produits. Si nous n'y parvenons pas très rapidement...
Nous avons déjà perdu le projet Suncor Voyageur. Il a été remis sur les rails trois fois déjà. C'est un énorme projet minier. Il me semble que c'est de l'ordre de 600 000 barils par jour. Il a de nouveau été remis au rancart, tout comme Kearl Lake. ConocoPhillips est sur le point de renoncer à un projet.
J'aimerais souligner quelque chose. Peut-être n'est-ce pas lié de très près à votre question, mais si vous le permettez, je souhaite faire une observation. Nous faisons beaucoup d'entretien dans le nord de l'Alberta, et pour cela, les activités cessent pour des périodes de 6, 8 et 10 semaines. Il est essentiel de faire vite. Nous faisons débarquer une énorme quantité de travailleurs, qui sont à l'oeuvre pendant 10 semaines. Un ouvrier peut vivre en faisant cela trois fois par année. J'ai besoin de projets d'immobilisations pour l'apprentissage. Je ne peux pas m'attendre à ce que des apprentis aillent travailler six semaines, puis soient sans travail trois mois et reprennent encore six semaines. Ce n'est pas un apprentissage.
Il nous faut des projets d'immobilisations. Nous avons aussi besoin de Kearl Lake, de Voyageur, de ConocoPhillips. Il faudrait que la société Syncrude exécute son énorme projet d'agrandissement. Si nous n'arrivons pas à faire sortir ce pétrole de l'Alberta, elle ira de l'avant. Je regrette, mais c'est ainsi.
Dans mon monde idéal, Keystone XL passe en premier. Ce serait le pipeline le plus proche, avec lequel nous pourrions exporter notre pétrole. Ensuite, ce serait le pipeline ouest-est, pour aider nos amis de Sarnia, de Montréal, de Québec et surtout du Nouveau-Brunswick, qui ont un besoin criant d'aide. Après cela, nous pourrions nous intéresser aux oléoducs Northern Gateway et Kinder Morgan.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Telford, j'aimerais poursuivre dans la même veine que ma collègue, Mme Crockatt.
Je suis un député de l'Alberta, tout comme elle. J'ai été professeur au Collège de Red Deer et je suis tout à fait au courant des investissements massifs que la plupart de nos collèges communautaires ont fait dans la formation des gens de métier. C'est merveilleux de voir qu'on a pratiquement le plein emploi en Alberta.
Les affiches que je vois le plus souvent dans ma circonscription du centre de l'Alberta, ce sont des offres d'emploi. C'est un bon problème à avoir, mais nous devons prendre les bonnes décisions.
Je représente une importante collectivité des Premières Nations qui souffre toujours d'un taux de chômage très élevé, malgré le fait qu'elle a des ressources pétrolières et gazières dans sa réserve et des entreprises qui les exploitent. Elle n'est pas située près des sables bitumineux, avantage dont bénéficie la bande de Fort McKay.
Vous avez dit qu'en 2009, 10 % des travailleurs des sables bitumineux étaient autochtones et que les contrats s'élevaient à 1 milliard de dollars. Quel rôle votre association pourrait-elle jouer pour faire en sorte que nous utilisions le plus possible cette population qui croît plus rapidement que tout autre?
Je représente les quatre bandes de Hobbema. Plus de 50 % de la population de ces bandes — qui se chiffre à quelque 16 000 personnes — a moins de 25 ans. Le taux de chômage se situe entre 50 et 80 %, selon les chiffres qu'on choisit de croire.
Quel genre de partenariat le gouvernement pourrait-il établir avec une association comme la vôtre afin de combler ces lacunes et faire en sorte que les Canadiens puissent travailler?
Nous offrons un programme, dans nos locaux d'Edmonton, intitulé Trade Winds To Success, qui est strictement réservé aux jeunes Autochtones. Nous les recrutons et, sauf erreur, je pense que nous les gardons pendant environ 30 semaines. Nous assumons tous les coûts. Lorsqu'ils nous arrivent, ils ne sont pas plombiers, tuyauteurs et soudeurs. Ils viennent chez nous et nous leur montrons tous les aspects de l'industrie de la construction, nous les évaluons, nous prenons de côté les jeunes filles à la fin et nous leur disons: « Nous pensons que vous seriez un bon ingénieur des opérations. Nous pensons que vous seriez douées pour être conducteurs d'équipement lourd ou soudeur ».
Je suppose que la plupart de ces personnes sont des Autochtones d'Edmonton. Je ne suis pas sûr d'où viennent vos gens.
M. Blaine Calkins: Non, c'est très bien.
M. John Telford: Nous avons également signé des contrats avec des sociétés pétrolières qui prévoient un contingent d'Autochtones. Nous avons également ajouté des programmes d'apprentissage dans ces contrats commerciaux. Je sais que dans les projets de pipeline — je suis membre du conseil consultatif des pipelines du Canada —, la participation des Autochtones est prévue dans les contrats.
Les Autochtones obtiennent de nombreux contrats pour le déboisement, pour la préparation du terrain en vue de la construction du pipeline. Ils ne sont pas aussi nombreux dans mon corps de métier qu'ils pourraient l'être; ils sont plus nombreux à exercer mon métier de tuyauteur dans les secteurs institutionnels et commerciaux que dans le secteur des pipelines. Mais il n'y a qu'un très petit groupe de personnes qui travaillent sur le pipeline. Lorsqu'on compare le travail qui se fait à Wood Buffalo à ce qu'il faudrait pour prolonger ce pipeline de Hardisty jusqu'à Saint John, au Nouveau-Brunswick, c'est à Wood Buffalo que se trouvent les emplois. C'est là que nous devrions concentrer nos efforts pour trouver des emplois pour les jeunes Autochtones, et nous devons prévoir leur embauchage dans les contrats.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps avec Mme Liu.
J'aimerais revenir à vous, monsieur Telford. Vous étiez très éloquent lorsque vous parliez des abus qui ont été perpétrés dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires et du fait que le gouvernement n'a pas agi de façon responsable dans ce dossier. Mais ce que je trouve troublant, c'est que le gouvernement a effectué des compressions dans les secteurs de la formation et du développement de la main-d'oeuvre. En fait, la situation ne fait qu'empirer et ce sera tout aussi grave dans 10 ans, à cause des compressions qu'on effectue dans les budgets de formation. Je sais que la UA fait sa part et que plusieurs entreprises font ce qu'elles peuvent, mais il n'en demeure pas moins que le gouvernement est en train de faillir à la tâche.
Conséquemment, à l'avenir, non seulement les abus vont continuer dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, mais un plus grand nombre de ces travailleurs viendront au Canada parce que notre pays et le gouvernement fédéral n'auront pas créé les programmes de formation dont nous avons besoin — c'est le cas des soudeurs, par exemple, dont vous avez parlé avec beaucoup d'éloquence.
J'aimerais vous poser une question au sujet du pipeline Keystone. Vous avez parlé de deux saisons de huit ou neuf semaines chacune pour mener à bien le projet. La fédération du travail de l'Alberta a estimé que nous perdons environ 40 000 emplois si nous exportons le pétrole brut, plutôt que de le traiter et de le raffiner ici au Canada. Néanmoins, le gouvernement persiste à exporter notre pétrole brut d'un côté, et de l'autre côté, il importe des produits raffinés dans l'Est du Canada.
Ne pensez-vous pas qu'une approche plus pratique serait, dans le cadre d'une stratégie énergétique nationale, de mettre en place des programmes qui nous permettraient de bâtir une capacité de valorisation et de raffinage au pays et de créer les emplois permanents dont vous avez parlé avec tant d'éloquence en réponse à la question que vous a posée M. Gravelle? Ne serait-ce pas une meilleure approche?