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Merci, monsieur le président. Je remercie également les membres du comité.
Je m'appelle Michael Bourque, et je suis président et directeur général de l'Association des chemins de fer du Canada. Mes collègues Gord Peters, Michael Murphy et Robert Taylor, du CP, de même que Sean Finn et Shauntelle Paul, sont également présents. Certains d'entre eux prendront la parole, et nous seront tous disponibles pour répondre aux questions.
L'exposé que je vais présenter aujourd'hui se divise en trois parties. Premièrement, en tant que déboulonneur de mythes en chef de l'industrie ferroviaire, je dois revenir sur quelques déclarations qu'ont faites des témoins devant le comité au cours des deux ou trois dernières semaines. Deuxièmement, je parlerai de quelques-uns des principaux changements qui ont été apportés au chapitre du service et de la productivité, et de la raison pour laquelle nous estimons qu'ils sont durables et avantageux pour l'industrie, nos employés et nos clients. Troisièmement, je parlerai de la recommandation que nous aimerions formuler à l'intention du comité et de la liste de modifications que nous aimerions voir apportées.
Commençons par les mythes. Tout d'abord, il existe un mythe selon lequel l'industrie du transport ferroviaire des marchandises n'est constituée que de deux compagnies de chemins de fer qui ne sont pas en concurrence l'une avec l'autre. Rien n'est plus éloigné de la vérité. En fait, l'industrie ferroviaire canadienne est débordante de vitalité, et notre association représente 55 compagnies de chemins de fer, y compris le CN, le CP et les activités canadiennes de BNSF, Norfolk Southern et CSX. Ce sont tous des chemins de fer de catégorie 1.
Nous représentons également plus de 30 exploitants de lignes ferroviaires sur courtes distances. Gord, que vous entendrez un peu plus tard, est le président de l'une d'elles. Au Canada, il y a des petites et moyennes sociétés de ce secteur qui sont très proches de leurs clients. Les sociétés ferroviaires, surtout le CN et le CP, sont en concurrence l'une avec l'autre, affrontent la concurrence d'autres modes de transport et rivalisent dans d'autres pays avec divers transporteurs au sein de la chaîne d'approvisionnement mondiale. Les sociétés ferroviaires sont toujours en concurrence, et c'est pourquoi elles collaborent continuellement avec les clients en vue d'accroître leur rendement.
Selon le deuxième mythe sur lequel je veux me pencher, à savoir celui selon lequel, pour une raison ou une autre, les sociétés ferroviaires ne répondent pas aux attentes de leur clientèle au pays — on dit que, la moitié du temps, leurs wagons ne se présentent pas là où on les attend, qu'ils sont brisés ou qu'ils ne fonctionnent pas. Là encore, la réalité est tout autre. Les sociétés canadiennes de transport ferroviaire des marchandises possèdent, entretiennent et exploitent un réseau de chemins de fer d'une longueur de plus de 60 000 kilomètres en Amérique du Nord, ce qui représente une longueur de plus de 35 % supérieure à celle du réseau routier canadien. L'an dernier, ces sociétés ont transporté quelque 4 millions de chargements de wagons de marchandises sous affrètement au Canada seulement. Cela représente plus de 11 000 chargements de wagons par jour, chaque jour. Cependant, un tel nombre a une incidence négative sur le nombre de wagons en transit à un moment donné. Selon les chemins de fer de catégorie 1, il y a environ 140 000 wagons en transit chaque jour, ce qui est l'équivalent d'un train d'une longueur de 3 000 kilomètres, à savoir la distance qui sépare Vancouver de Thunder Bay. Nos compagnies de chemins de fer fournissent des services. En fait, elles ont l'obligation de fournir chaque jour des services à une gamme de clients de toutes les régions du pays.
Cela nous amène au troisième mythe, selon lequel nos services laissent à désirer. Plus d'une personne a déclaré ici que 80 % des clients des sociétés de transport ferroviaire des marchandises étaient mécontents des services qu'ils recevaient. Cela est tout simplement faux. Ce chiffre inexact est tiré d'un sondage mené il y a cinq ans auprès de 262 expéditeurs sur un total de 8 000. Le sondage en tant que tel comprenait de nombreuses questions tendancieuses, et ses résultats étaient entachés d'erreurs.
L'an dernier, un sondage plus crédible a été mené auprès des expéditeurs eux-mêmes par SupplyChain Surveys Inc. D'après ce sondage, 72,5 % des expéditeurs ont mentionné que les transporteurs avec lesquels ils faisaient affaire affichaient un rendement d'au moins 95 % en ce qui concerne les heures de départ et d'arrivée des chargements, tendance à la hausse qui a vu le jour quelques années avant la tenue du sondage. En outre, selon un sondage très crédible et accessible à tous mené par RBC Capital Markets et intitulé « 2012 North American Railroad Shipper Survey », quelque 69 % des clients des sociétés ferroviaires ont indiqué que le service qui leur était offert était bon ou excellent, ce qui représente une hausse de 58 % par rapport à l'année précédente. Abstraction faite du rude hiver que l'on a subi, la satisfaction de notre clientèle est actuellement égale à celle qu'affichent les autres modes de transport — par exemple le transport maritime et le transport par camions —, ce qui reflète notre collaboration avec d'autres partenaires de la chaîne d'approvisionnement.
Je crois avoir le temps de me pencher sur un quatrième et dernier mythe. Il s'agit de celui qui m'ennuie le plus. Il semble être admis — et cela est attribuable en partie à tous ces beaux discours que l'on a entendus — que les activités du secteur ferroviaire se déroulent dans ce que les gens qualifient de marché au fonctionnement anormal, d'où il découle que les compagnies de chemin de fer exercent une emprise sur le marché et en abusent. La question que je me pose est la suivante: à quoi pense-t-on aujourd'hui lorsqu'on parle d'un marché dont le fonctionnement est normal? Au marché des valeurs mobilières? À celui de l'approvisionnement en matière de défense ou à celui de la construction automobile? Peut-être à celui des silos à céréales?
Le secteur ferroviaire est fondé sur la valeur des biens, et il n'est donc guère surprenant qu'il ne compte pas beaucoup de sociétés. La construction et l'entretien de chemins de fer coûtent extrêmement cher, et une fois qu'ils sont construits, ils doivent rivaliser sur le marché avec le transport maritime, le camionnage, les pipelines et d'autres chemins de fer. Le secteur ferroviaire n'est pas différent de celui des pipelines, du transport maritime, ni même, du reste, de celui des silos terminaux. Le simple fait que le secteur compte peu d'acteurs ne signifie pas que la concurrence est inexistante ni que ces acteurs exercent une emprise abusive sur le marché.
Notre service s'améliore. Nous avons lancé de nouvelles initiatives et effectué de nouveaux investissements pour faire en sorte que ces améliorations soient durables. Des tarifs élevés pourraient être un signe d'emprise abusive sur le marché, mais les tarifs de fret en vigueur au Canada sont les plus bas du monde. En fait, le prix des marchandises a augmenté de façon considérable au cours des 10 dernières années, tandis que les tarifs de fret sont demeurés essentiellement stables.
Bon, assez parlé de mythes. Si je ne me retiens pas, j'en parlerai toute la journée.
Je vais maintenant passer à un deuxième sujet important qui, selon moi, doit être abordé aujourd'hui, à savoir la productivité. Il y a une trentaine d'années, les gouvernements qui se sont succédé ont pris conscience du fait qu'ils ne pouvaient pas exploiter des sociétés ferroviaires ou contribuer à la chaîne d'approvisionnement ferroviaire de façon efficiente, et qu'ils n'avaient pas non plus les moyens d'effectuer les investissements requis dans les infrastructures. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, le gouvernement du Canada a acquis quelque 8 000 wagons-trémies pour le transport des céréales. En 1981, on a estimé que la réparation du réseau canadien coûterait 3,2 milliards de dollars, à savoir 9,3 milliards en dollars d'aujourd'hui. Que diriez-vous d'être réunis ici aujourd'hui pour débattre de ce que nous devons faire afin de réunir les 9,3 milliards de dollars requis pour réparer les infrastructures ferroviaires? Si vous n'avez pas à vous préoccuper de cela, c'est en raison de ce qui s'est produit.
En 1995, les subventions directes versées aux sociétés ferroviaires pour le transport du grain avaient atteint 650 millions de dollars. Depuis, grâce à de bonnes politiques publiques, nous avons assisté à un extraordinaire renversement de tendances au sein de la chaîne d'approvisionnement du transport ferroviaire des marchandises au Canada. L'adoption d'une démarche commerciale a permis de libérer un éventail de forces du marché qui font que cette chaîne d'approvisionnement est devenue efficiente, concurrentielle et rentable au cours des 15 années suivantes.
Les sociétés ferroviaires font à peu près exactement ce que l'on souhaiterait qu'elles fassent. Elles mettent en oeuvre des mesures novatrices afin d'exploiter le réseau de façon plus efficiente, elles font bénéficier leurs clients des économies qu'elles réalisent et elles collaborent avec leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement. Vous avez peut-être entendu parler de la notion d'« exploitation ferroviaire précise », qui a fait couler beaucoup d'encre au cours des deux ou trois dernières années. Il s'agit d'un terme fourre-tout qui renvoie au fait d'accroître la productivité d'une société ferroviaire en fonction des demandes de sa clientèle. L'exploitation ferroviaire précise est axée sur l'utilisation, la vitesse et l'efficience des ressources. Ces secteurs d'intervention privilégiés ont été adoptés à grande échelle par d'autres modes de transport en tant que catalyseurs de la productivité.
On a beaucoup entendu le terme « ratios d'exploitation », ce qui est intéressant puisque les sociétés ferroviaires ont réduit ces ratios. D'après vous, quelle autre industrie a réussi non seulement à accroître sa productivité de manière aussi évidente tout en évoquant ouvertement ce fait? Aucune autre industrie ne me vient en tête. On pourrait mentionner l'indicateur de productivité de ces industries, mais dans notre secteur, nous parlons des ratios d'exploitation et nous les réduisons. Ces améliorations se sont traduites par des compagnies de chemins de fer efficientes et concurrentielles auxquelles les investisseurs accordent une confiance considérable.
Là encore, ces compagnies font exactement ce que l'on souhaiterait qu'elles fassent: elles accroissent leur productivité, elles maintiennent leurs tarifs de fret à un bas niveau, elles contribuent à la compétitivité des fabricants et des producteurs canadiens et, en fait, à celle de toute la chaîne d'approvisionnement, elles gagnent la confiance des investisseurs, elles sont lucratives et elles réinvestissent dans le réseau. De fait, l'an dernier, elles ont investi plus de 3 milliards de dollars pour renforcer leurs infrastructures et leur matériel, de même que pour améliorer leurs programmes de service à la clientèle. Ce faisant, elles ont aidé le gouvernement à réaliser ses objectifs en matière de création d'emplois, de croissance économique et de prospérité à long terme — et elles ne se présentent pas ici pour débattre de la façon dont le gouvernement s'y prendra pour effectuer les travaux d'infrastructure requis.
Si vous le permettez, je vais maintenant formuler nos recommandations relatives au projet de loi, vu que l'on vient de me signaler qu'il me reste une minute. Tout d'abord, j'aimerais dire que notre message a toujours été le même, à savoir que, selon nous, le projet de loi n'était pas nécessaire. Il s'agit là de notre point de vue, et nous suggérons au comité de recommander à la Chambre des communes de ne pas adopter le projet de loi.
Cela dit, le gouvernement a déposé un projet de loi, et s'il est adopté, nous devrons en prendre notre parti, mais il faudra, à notre avis, y apporter quelques améliorations. Nous avons six modifications à proposer. Nous avons distribué un document où elles sont énoncées. Je crois que le comité en a obtenu copie dans les deux langues officielles.
M. Mongeau a mentionné trois de ces modifications, à savoir la médiation avant l'arbitrage — recommandation numéro 3 —, l'arbitrage par l'OTC — recommandation numéro 5 — et le recours limité aux clients qui n'ont pas accès à des options concurrentielles — recommandation numéro 1.
Je vais prendre quelques instants pour expliquer la recommandation numéro 6, qui concerne la suppression des articles 12, 13 et 14 du projet de loi . Cette recommandation s'explique par le fait qu'un certain nombre d'expéditeurs ont déclaré devant le comité qu'ils n'avaient pas demandé que de telles dispositions soient instaurées; ils n'ont pas besoin de telles dispositions, qui ne les aideraient pas, et les compagnies de chemins de fer n'ont pas demandé que des sanctions soient intégrées au texte législatif.
Je vais maintenant céder la parole à Gord Peters, de Cando, qui va s'adresser à vous au nom de l'industrie des lignes ferroviaires sur courtes distances.
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Bonjour et merci à vous, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Gord Peters, et je suis président et cofondateur de Cando. Au cours des cinq dernières années, j'ai également eu le plaisir d'être membre du conseil d'administration de l'ACFC, poste de choix qui m'a permis de constater les extraordinaires améliorations que le secteur ferroviaire a mises en oeuvre au cours des 15 dernières années.
En 1996, grâce à la Loi sur les transports au Canada, le Canadien National et le Canadien Pacifique ont pu restructurer leurs activités par la vente ou la location à bail de leurs segments de ligne ferroviaire à faible trafic. Il en a découlé une croissance exceptionnelle du nombre de lignes ferroviaires sur courtes distances, lequel est passé de seulement 12 en 1996 à environ 50 en 2010. Cette restructuration s'inscrivait dans le processus de déréglementation partielle du secteur ferroviaire au Canada, et a permis l'éclosion d'une véritable industrie entrepreneuriale au Canada, ce qui, à notre avis, est un élément crucial du fonctionnement harmonieux du réseau ferroviaire. Notre industrie est très proche des clients des services ferroviaires et des collectivités, de même que des chemins de fer de catégorie 1. Nous sommes à l'écoute de tous ces intervenants.
Une partie de l'industrie des lignes ferroviaires sur courtes distances est sous réglementation fédérale, vu qu'il s'agit de chemins de fer fédéraux. Par conséquent, le projet de loi a des répercussions directes sur notre industrie.
Pour illustrer l'ampleur et la taille de notre industrie, je mentionnerai que, en 2011, les recettes des lignes ferroviaires sur courtes distances canadiennes se sont élevées à plus de 735 millions de dollars, que ces lignes employaient plus de 3 000 personnes et qu'elles exploitaient un réseau d'une longueur de plus de 8 500 kilomètres, ce qui représente près de 20 % de la longueur du réseau canadien. Les lignes sur courte distance et les lignes régionales font face à de redoutables difficultés en raison des coûts élevés qu'elles doivent assumer et, selon nous, de la sous-estimation des avantages qu'elles procurent aux collectivités qu'elles servent. Parmi ces avantages, mentionnons le fait qu'elles réduisent la circulation sur les routes, les émissions de gaz à effet de serre et les autres émissions, de même que la quantité de travaux liés à l'entretien et à la construction de routes.
En dépit de l'avantage comparatif que présente l'infrastructure ferroviaire par rapport à l'infrastructure routière sur le plan des coûts d'immobilisations, l'une des principales difficultés avec laquelle les lignes sur courte distance sont actuellement aux prises tient à leur capacité de réunir les capitaux requis aux fins de la modernisation de leurs lignes et de leurs gares de triage. Les sociétés de lignes ferroviaires sur courtes distances exploitent habituellement des voies de dérivation à faible trafic qui se raccordent aux réseaux de lignes de catégorie 1, mais cela n'explique pas tout.
Si vous le permettez, je vais vous dire quelques mots à propos de Cando pour illustrer ce qui se passe aujourd'hui au sein de l'industrie canadienne des lignes sur courte distance. Cando a été créée en 1978. Elle appartient aujourd'hui à ses 300 employés, et mène des activités dans cinq provinces canadiennes et plusieurs États américains. Elle exploite trois lignes ferroviaires sur courtes distances au pays, à savoir la Central Manitoba Railway au Manitoba, l'Orangeville Brampton Railway et la Barrie Collingwood Railway dans le sud de l'Ontario. Notre siège social est situé à Brandon, au Manitoba, et nous avons des bureaux régionaux à St. Thomas, en Ontario, à Winnipeg, au Manitoba et à St. Albert, en Alberta.
Et nous avons un bon député.
La Central Manitoba Railway appartient à Cando. Il s'agit d'une ligne ferroviaire située au Manitoba qui offre des services complets à un ensemble de clients des secteurs industriel et agricole du réseau. Cando fournit également des services hors réseau par le truchement de son centre de transport d'une superficie de 34 acres situé à Winnipeg. En plus de notre trafic interréseaux avec nos partenaires du CN et du CP, nous offrons une gamme complète de services ferroviaires d'appoint à une kyrielle de petits expéditeurs du marché de Winnipeg, notamment des services de réparation de wagons et de locomotives, des services d'entreposage de wagons, des services de transbordement et des services de soutien logistique.
L'Orangeville Brampton Railway et la Barrie Collingwood Railway sont des lignes sur courtes distances communautaires du sud de l'Ontario qui partagent avec Cando les responsabilités d'exploitant ferroviaire. Nous fournissons des services ferroviaires locaux aux clients du réseau dans ces collectivités, et nous constituons un point d'interconnexion avec le CP. L'Orangeville Brampton Railway comporte également le Credit Valley Explorer, circuit d'excursion offrant une vue exceptionnelle de l'escarpement de cette vallée située dans le coeur de la ceinture de verdure de l'Ontario.
Notre vision en matière d'activités ferroviaires sur courtes distances et d'opérations d'aiguillage industrielles est très simple. Nous offrons un service extrêmement discipliné et durable axé sur la sécurité, les relations communautaires et le service à la clientèle. Nous nous appuyons sur nos activités de base afin d'offrir des services de soutien complémentaires qui offrent une valeur supplémentaire aux clients du réseau et hors réseau. Parmi ces services d'appoint, mentionnons le transbordement, les services de logistique, l'entreposage de wagons, la réparation de wagons et de locomotives, les excursions touristiques et la construction et l'entretien à contrat d'embranchements particuliers. Notre réussite est fondée sur un extraordinaire esprit d'entrepreneuriat et l'excellence de notre équipe.
Voilà l'histoire de Cando. Je pourrais continuer à en parler pendant un bon moment, mais je vais maintenant passer aux répercussions que le projet de loi aura, à notre avis, sur l'industrie des lignes sur courtes distances au Canada.
Je prends la parole aujourd'hui au nom de la majeure partie des lignes sur courtes distances représentées par l'ACFC. En tout, 17 de ces 30 lignes seront visées par les nouvelles dispositions législatives, et bon nombre d'entre elles, par exemple Cando, sont de petites et moyennes sociétés dont les services sont vendus aux expéditeurs par les chemins de fer de catégorie 1 dans le cadre de plus vastes devis de services.
Cette situation pose deux problèmes. Si un expéditeur demande qu'une entente de service fasse l'objet d'un arbitrage et que, par suite du processus, il obtient un nouveau prix ou un nouveau service, nous devrons mettre en oeuvre ce service; toutefois, il n'est pas certain que nous ayons la capacité de le faire, et il n'est pas sûr que les coûts ou même la faisabilité de ce qui est demandé soit réaliste. En d'autres termes, il se peut que les répercussions non voulues dont nous avons parlé aient des répercussions négatives sur les sociétés de lignes ferroviaires sur courtes distances et sur les autres partenaires du réseau et de la chaîne d'approvisionnement.
Ces sociétés seront assujetties directement aux dispositions du projet de loi, mais bon nombre d'entre elles pourraient éprouver de bien plus grandes difficultés au moment de respecter les délais prévus par les dispositions législatives et de prendre en charge les répercussions au chapitre des coûts d'immobilisations et des baisses de recettes qui découleraient de l'obligation qui leur serait imposée d'offrir des services supplémentaires sans que les coûts à court et à long termes de ces services ne soient pris en considération.
Au Canada, la création de lignes sur courtes distances s'inscrit dans une politique publique de commercialisation mûrement réfléchie. Bien que notre secteur d'activités comporte sa part de difficultés, nous l'adorons, et nous faisons tout notre possible pour qu'il soit rentable, ce qui comprend le fait d'offrir un éventail de services, de disposer d'un effectif souple, d'offrir de la formation à nos employés et de réduire sans cesse nos coûts. Dans la plupart des provinces, nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour mieux expliquer aux décideurs les avantages que procure aux collectivités et aux contribuables le fait de soutenir notre industrie.
Le projet de loi qui nous occupe est perçu comme un mécanisme servant à établir un équilibre au sein d'un marché non concurrentiel qui se caractérise par un duopole exercé par le CN et le CP. La réalité, c'est que l'industrie ferroviaire est devenue un réseau complexe de transporteurs de tailles diverses, de fournisseurs et de partenaires interdépendants et complémentaires. Les dispositions législatives visant une partie de ce réseau pourraient avoir des répercussions involontaires et graves beaucoup plus vastes que prévu.
Les sociétés de lignes ferroviaires sur courtes distances se sont penchées sur la question de savoir s'il était judicieux de demander qu'elles soient exclues de la portée du projet de loi, mais elles ont conclu que cela n'était tout simplement pas possible sur le plan pratique. Ce qui est le plus raisonnable à nos yeux, c'est que le comité exerce son droit de recommander que le projet de loi ne soit pas adopté. Nous sommes certains que, grâce aux équipes entrepreneuriales motivées de notre industrie, nous pouvons continuer d'améliorer le réseau ferroviaire.
Je vous remercie d'être à l'écoute de nos préoccupations. J'ai hâte de répondre aux questions des membres du comité.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour m'adresser à vous au nom du CP.
Comme vous le savez, le CP offre des services de transport de produits en vrac et de marchandises, de transport par affrètement et de transport intermodal. Notre société est un catalyseur essentiel de l'économie canadienne, et elle expédie chaque jour des marchandises d'une valeur totale de quelque 135 millions de dollars.
D'abord et avant tout, j'aimerais prendre un moment pour vous parler du volume considérable de marchandises que transporte le CP et de la complexité du réseau qu'il exploite de façon optimale. L'an dernier, le CP et ses partenaires de la chaîne d'approvisionnement ont transporté environ 40 millions de tonnes de céréales, 23 millions de tonnes de charbon, 11 millions de tonnes de potasse, 2 millions de conteneurs et 162 000 wagons de véhicules complets assemblés. En 2013, il transportera en plus quelque 70 000 wagons de pétrole brut. L'an dernier, le CP a acheminé 2,7 millions de wagons qui ont parcouru une distance de transport moyenne d'approximativement 1 400 kilomètres.
À ces fins, nous exploitons un réseau qui couvre 22 000 kilomètres dans 6 provinces canadiennes et 13 États américains. Nous servons quelque 3 000 clients, nous effectuons environ 10 000 envois de cargaisons par jour et collaborons avec cinq autres chemins de fer de catégorie 1 et une multitude de lignes sur courtes distances.
La chaîne d'approvisionnement a une importance accrue pour le CP puisque plus de 70 % de son trafic transite par un port ou un point d'entrée frontalier du Canada ou en provient. Le CP utilise un même ensemble de ressources coûteuses pour fournir des services à ses 3 000 clients, notamment 40 000 wagons, 1 450 locomotives et plus de 1 000 équipes de train.
Les problèmes liés au service, les retards de navires, les pénuries de main-d'oeuvre, la congestion des ports, les intempéries, les incidents et d'autres facteurs ont des répercussions sur le CP et ses connexions, comme c'est le cas pour tout réseau ou toute chaîne d'approvisionnement. Les problèmes qui touchent un secteur peuvent souvent avoir une incidence négative sur l'ensemble du réseau.
J'aimerais souligner que, tout au long du processus d'examen des services ferroviaires, nous avons soutenu qu'il n'était pas nécessaire d'instaurer de nouvelles dispositions réglementaires pour encadrer les relations entre les compagnies de chemins de fer et leurs clients, vu que nous sommes d'avis que la conclusion d'accords commerciaux bilatéraux et la présence d'un régime de réglementation stable et équilibré — comme celui décrit par M. Dinning — constituent les meilleurs moyens de favoriser la coordination et la viabilité financière de la chaîne d'approvisionnement, et d'assurer les investissements dans cette chaîne. Toutefois, le gouvernement a manifestement décidé d'emprunter une autre voie.
Par conséquent, j'aimerais parler aujourd'hui de deux modifications qui contribueraient énormément à équilibrer le projet de loi.
Le premier amendement devrait être apporté à l'alinéa 169.31(1)e). Il faudrait supprimer la capacité conférée à un arbitre de déterminer si une société ferroviaire peut facturer un service dans le cadre d'un accord de service imposé. Nous estimons que cette nouvelle disposition va au-delà du pouvoir d'un arbitre d'établir les modalités du service, et pourrait nous contraindre à offrir gratuitement un service coûteux.
La deuxième modification concerne l'alinéa 169.31(3)a). Il faudrait préciser que, au titre de cette nouvelle disposition, l'arbitrage ne peut pas porter sur le transport faisant l'objet d'un contrat confidentiel. Une telle modification du libellé du texte législatif ferait en sorte de préserver la démarche du CP en matière de négociation de contrats confidentiels. Ce qui nous inquiète, c'est que les clients pourront obtenir l'imposition d'une entente de service après avoir conclu un contrat confidentiel de nature commerciale. Ce type d'entente pourrait permettre à des expéditeurs d'abuser du processus en négociant de mauvaise foi pour tenter ensuite d'obtenir un service de qualité supérieure au tarif de base.
J'aimerais également profiter de l'occasion qui m'est offerte pour indiquer très clairement que nous croyons que les commentaires formulés en 2010 par le Comité d'examen des services de transport ferroviaire sur le pouvoir des chemins de fer sur le marché étaient erronés et sans fondement, et qu'ils auraient dû être retirés, comme nous l'avons soutenu à l'époque.
Ces observations du comité d'examen n'étaient fondées que sur un examen superficiel qui ne s'appuyait sur aucune recherche ni même sur une quelconque référence à une recherche. Par exemple, le Comité d'examen n'a pas mentionné les marchés sur lesquels les sociétés ferroviaires exerceraient un pouvoir. Il n'a pas non plus fourni d'élément probant direct ou indirect à l'appui de la conclusion selon laquelle des sociétés exerceraient un pouvoir sur les marchés en question. En outre, il ne s'est pas penché sur les contraintes empêchant ces sociétés d'exercer un pouvoir sur le marché, notamment le pouvoir compensateur exercé sur le marché par les acheteurs et l'existence d'une vaste gamme de recours offerts aux expéditeurs, y compris le revenu admissible maximal pour le transport du grain, les manoeuvres interréseaux, l'arbitrage, l'établissement du caractère raisonnable du prix exigé et les droits de circulation. Tous les expéditeurs ont accès à ces recours sur le marché concurrentiel. Les observations formulées par le comité d'examen sont regrettables, et elles amoindrissent l'utilité globale de leur rapport.
Depuis 1987, année où les contrats confidentiels ont été instaurés, les pourparlers commerciaux bilatéraux ont créé une chaîne d'approvisionnement du transport ferroviaire extrêmement concurrentielle où les frais de transport sont les plus bas du monde. Par exemple, à l'échelle du réseau, le CP facture des droits de 4,1 ¢ pour le transport sur un mille d'une tonne d'une marchandise donnée. Cela est véritablement remarquable. Au regard du prix global des produits, le coût du transport ferroviaire est très avantageux.
La chaîne d'approvisionnement du transport ferroviaire extrêmement efficiente du Canada est l'un des catalyseurs dont profitent les exportateurs canadiens, qui sont très prospères sur les marchés mondiaux et nord-américains, même s'ils se trouvent parfois à des milliers de kilomètres des côtes ou du marché. Nous devons nous assurer que le régime de réglementation est équilibré, qu'il continue à soutenir d'abord et avant tout les entreprises commerciales, qu'il constitue un soutien qui ne compromet pas tout ce que nous avons réalisé à ce jour et qu'il appuie l'innovation continue indispensable à notre prospérité future.
Grâce à ses fondements commerciaux, le régime actuel appuie également de considérables investissements de capitaux. Cette année, le CP investira plus de 1 milliard de dollars. Au sein d'une économie mondiale où la concurrence est féroce, les clients, les sociétés ferroviaires et les partenaires de la chaîne d'approvisionnement ont tous de plus hautes attentes en matière de service. Un plan est élaboré pour chaque wagon du CP avant même qu'il ne soit chargé. Les prévisions relatives au trafic futur constituent un élément crucial de ces plans. L'essentiel est de prévoir assez longtemps à l'avance le plus grand nombre possible de transports qui seront effectués. Cela s'explique par le fait que nous devons disposer des équipes de train, des locomotives, des wagons, des gares de triage et de la capacité de la ligne principale dont nous avons besoin, ressources qui coûtent cher et qui ne peuvent pas être acquises en un claquement de doigts. Nous consacrons beaucoup de temps, d'efforts et d'argent afin de réunir les ressources dont nous avons besoin pour prendre en charge les marchandises qui nous seront confiées et faire en sorte que chaque élément soit placé au bon endroit, ce qui exige une planification à long terme.
De plus, lorsque les prévisions ne sont pas exactes ou que les clients n'ont pas de marchandises à expédier, ce sont les sociétés ferroviaires qui doivent assumer les coûts qui en découlent. Tous les utilisateurs des services d'autobus aimeraient que les horaires d'autobus soient établis en fonction de leurs besoins personnels, mais les horaires et les circuits sont fixés de manière à offrir le meilleur service possible au plus grand nombre de personnes, et non pas en fonction des désirs de chaque utilisateur. Cela vaut également dans une large mesure pour un réseau ferroviaire, qui doit fonctionner dans l'intérêt de tous les clients, et non pas dans celui de tel ou tel client.
Pour ce qui est de la durabilité du service amélioré, je vous dirai que nous sommes de fervents partisans de la collaboration avec l'ensemble des partenaires de la chaîne d'approvisionnement et des clients en vue d'accroître la fiabilité et la prévisibilité de tous les éléments constitutifs de la chaîne d'approvisionnement. C'est la raison pour laquelle nous avons conclu des ententes avec plus de 70 % de nos clients en ce qui concerne les recettes, de même qu'avec les principaux ports et terminaux. Parmi nos activités importantes, seules celles liées au grain ne sont pas visées par des ententes — dans ce secteur, les recettes sont réglementées par le gouvernement.
Les ententes que nous avons conclues englobent un éventail de pratiques exemplaires liées, entre autres, aux objectifs de rendement, aux indicateurs de rendement, au règlement des différends, aux communications et à l'expansion commerciale. Tout cela donne des résultats. Par exemple, dans le port du Grand Vancouver, la durée de l'entreposage des conteneurs est systématiquement inférieure à deux jours, et nous avons récemment annoncé que la durée serait réduite d'une journée complète dans le cadre de notre service transcontinental de Vancouver à Toronto.
Les plus récentes améliorations au sein de la chaîne d'approvisionnement du transport ferroviaire découlent des efforts collaboratifs déployés en vue d'accroître la fiabilité et la prévisibilité. Nous appuyons donc la démarche de M. Dinning en ce qui concerne les ententes de service, vu qu'elle permet l'instauration d'une responsabilité mutuelle des sociétés ferroviaires et de leurs clients. C'est pourquoi il est crucial que, si un organisme de réglementation impose un service, ce service ne soit pas envisagé de façon isolée; on doit tenir compte de l'ensemble du réseau.
Monsieur le président, j'ai deux ou trois éléments à ajouter. À l'automne 2012, la chaîne d'approvisionnement du grain d'exportation transitant par Vancouver a établi un record absolu grâce à des périodes prolongées durant lesquelles plus de 5 000 chargements de wagons par semaine ont été effectués. Il n'est pas facile de réaliser des hausses de cette ampleur, et nous serons heureux d'en discuter avec vous.
En outre, nous avons instauré un nouveau recours qui permet l'imposition d'un service par un organisme de réglementation. Il s'agit là d'une chose qui doit se faire de façon très minutieuse. Il faut à tout le moins que cela soutienne les entreprises commerciales, comme j'ai tenté de le souligner. Il faut que cela reflète l'idée selon laquelle la visibilité est un élément important de l'offre de services de transports, et il faut que le service soit envisagé non pas en vase clos, mais en tenant compte de l'ensemble du réseau.
En conclusion, j'aimerais simplement répéter que, tout au long de l'examen des services ferroviaires, nous avons soutenu que les compagnies de chemins de fer et leurs clients n'avaient pas besoin de nouvelles dispositions réglementaires. Nous croyons fermement que l'amélioration continue de notre chaîne d'approvisionnement passe par des engagements commerciaux de compensation, plus particulièrement de meilleures prévisions quant aux volumes de marchandises à transporter.
Merci, monsieur le président.
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En ce qui concerne le CN, oui, tout à fait. C'est ce que me disent tous les clients que je rencontre en personne. Faisons abstraction du fait que, selon moi — et je pense que même M. Mongeau l'a souligné —, nous avons connu deux ou trois mois difficiles au cours de l'hiver. Depuis trois ans, nous constatons une amélioration au chapitre de tous nos éléments mesurables, qu'il s'agisse de l'exécution des commandes, de l'observation des périodes de manoeuvre ou de la mise en place de wagons céréaliers.
J'aimerais simplement ajouter que j'ai participé à l'examen des services de transport ferroviaire des marchandises et aux activités du groupe d'experts dirigé par M. Dinning, et je peux dire que ces deux processus ont été de véritables catalyseurs du changement au sein du CN. Nous avons pris un peu de recul par rapport aux vastes activités que nous menions avec d'autres plaques tournantes, et nous avons écouté ce que nos clients avaient à nous dire quant à ce que nous devions faire pour améliorer nos rapports quotidiens avec eux.
L'une des initiatives clés de notre programme stratégique s'appelait Le client d'abord. Il s'agit d'un programme comportant huit initiatives différentes concernant nos relations quotidiennes avec nos clients et la façon de les améliorer. Nous sommes en train de réorganiser et de simplifier tous nos points de service à la clientèle de manière à ce qu'il soit plus facile de faire affaire avec le CN.
Je vais vous parler brièvement de deux de ces initiatives. L'une a trait à l'excellence en matière de gestion des wagons. Vous avez probablement entendu parler du fait qu'il était très important pour bon nombre de nos expéditeurs de disposer d'un approvisionnement en wagons vides. Grâce à notre initiative, notre équipe de gestion des wagons communique directement avec les clients chaque semaine. Nous téléphonons à nos clients une fois par semaine pour discuter avec eux de notre rendement relatif aux commandes de la semaine précédente et de ce qu'ils prévoient pour la semaine à venir. Le dialogue va essentiellement dans les deux sens, de sorte que, si nous observons le moindre changement au chapitre de l'approvisionnement en wagons, nous en parlons avec nos clients. Quant à eux, ils peuvent nous informer du fait qu'ils éprouvent des difficultés de production ou des problèmes d'un autre ordre, ce qui leur donne une plus grande capacité de participer à nos activités quotidiennes de distribution et de contribuer à une mise en place optimale de nos wagons.
L'autre initiative s'intitule Premier mille — dernier mille. Je crois que l'examen des services de transport ferroviaire des marchandises a fait très clairement ressortir que nous faisons de l'excellent travail en ce qui a trait aux relations entre plaques tournantes, mais que, sur le plan des gares de triage, nous devions accroître énormément notre visibilité pour ce qui est de la façon dont nous livrons des wagons à nos clients dans leurs installations. À cet égard, nous avons pris deux mesures. Premièrement, nous examinons notre rendement relatif au respect des périodes de manoeuvre. Est-ce que nous nous sommes présentés sur les lieux au moment prévu? Deuxièmement, en un mot, nous avons lancé un programme dans le cadre duquel un courriel est transmis automatiquement à nos clients dans les cas où nous ne pouvons pas livrer les wagons au moment convenu.
Là encore, il s'agit de mesures novatrices. Nous avons réalisé d'énormes progrès depuis trois ans.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'être venus ici aujourd'hui.
Ce que nous avons entendu est assez intéressant. Plus tôt, quelqu'un a mentionné que les points de vue qui ont été exposés aujourd'hui sont différents de ceux que nous avons entendus de la bouche d'autres témoins qui se sont présentés ici. Je ne poserai pas de question portant spécifiquement sur ma région, comme quelques-uns de mes collègues l'ont fait. London, en Ontario...
Une voix: Il s'agit de la dixième ville en importance au pays.
M. Ed Holder: Oui, la dixième ville en importance au pays. Les lignes du CN et du CP la traversent à diverses fins. Je me demande simplement comment nous en sommes arrivés là. Je regarde nos invités, et je ne suis pas certain de ce que je veux leur dire.
Durant notre réunion de la semaine dernière, à laquelle participait M. Mongeau, et pendant notre dernière réunion, à laquelle participaient quelques expéditeurs, je me suis dit que cela était sain. Je me rappelle avoir posé la question suivante: pourquoi n'avez-vous pas fait cela plus tôt? J'aimerais vous donner une petite tape sur les doigts. Bien franchement, je ne pense pas nécessairement que la solution consiste toujours à instaurer des dispositions législatives. Toutefois, lorsqu'on a affaire à un marché d'un type différent — et vous devez admettre que c'est le cas en l'occurrence, peu importe la façon dont vous qualifiez ce marché — et qui a été soutenu dans le passé, je crois que des obligations différentes s'appliquent. Vous n'avez pas besoin que je vous fasse la morale; je tenais simplement à souligner que cela me paraît étrange.
En passant, j'aimerais dire que j'ai trouvé que le témoignage présenté par M. Mongeau durant la dernière réunion était très crédible, même si j'estime que sa définition de la concurrence avait une portée un peu trop vaste. J'ai également trouvé que les propos tenus par plusieurs représentants des organisations d'expéditeurs étaient crédibles. En outre, il m'a semblé que les expéditeurs étaient plus disposés à collaborer qu'ils ne l'ont peut-être dit. Là encore, lorsque j'entends les expéditeurs dire que les sociétés ferroviaires n'en font pas assez, et lorsque j'entends les sociétés ferroviaires dire qu'elles en font trop, j'en suis presque à penser que nous ne sommes vraiment pas loin de trouver un terrain d'entente. Il s'agit là d'une réflexion personnelle.
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Je comprends cela, monsieur Finn. Toutefois, il est intéressant de constater que M. Sobkowich, de la Coalition des expéditeurs par rail, de même que deux ou trois autres témoins, y compris Ian May, ont exposé un point de vue assurément différent du vôtre.
J'aimerais aborder quelques sujets. Tout d'abord, celui de la capacité. Je vous ai entendu dire que les conditions météorologiques vous avaient occasionné des problèmes cet hiver. À coup sûr, les expéditeurs nous ont dit la même chose. Cependant, comme nous le savons tous, il y a un hiver chaque année. Je n'en dirai pas davantage là-dessus. Voyons les choses sous un autre angle. Supposons que nous avons affaire à un temps très clément. Grâce à quelques mesures prises par le gouvernement, notamment en ce qui a trait à la Commission canadienne du blé, nous avons constaté une hausse de la production et une amélioration de la situation, et ce, malgré une conjoncture difficile. Comment faites-vous face à la question de la capacité dans une situation où le pays est fort, la production est à la hausse dans tous les secteurs de l'économie auxquels les sociétés ferroviaires ont part et où ces sociétés disposent d'énormément de wagons?
Monsieur Murphy, j'ai été surpris lorsque vous avez évoqué le nombre de wagons en service à un moment donné. Toutefois, à mesure que l'économie reprend de la vigueur — et, en tant que politiciens, nous prions pour que cela se poursuive et sommes optimistes à ce sujet —, comment gérez-vous cette capacité sans risquer de violer une entente? Que faites-vous pour vous procurer un nombre de wagons qui vous permet de répondre à la demande et pour former suffisamment d'employés afin qu'ils prennent en charge ces wagons?
Je vais m'arrêter ici. J'aimerais que les représentants de sociétés ferroviaires, à savoir M. Finn, Mme Paul ou M. Murphy, réagissent à cela.
Je ne veux pas vous manquer de respect, monsieur Bourque. Je crois que vous en connaissez un bout à propos des trains.
J'aimerais que vous réagissiez à ce que je viens de dire, s'il vous plaît.
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Une autre question que les témoins ont abordée aujourd'hui — et il semble que l'on ait réalisé des progrès à ce chapitre également — concerne l'incapacité des sociétés ferroviaires d'obtenir des engagements pour l'avenir de la part de leurs clients et des expéditeurs, et le fait que de tels engagements les aideraient à régler des problèmes à long terme.
J'ai examiné le projet de loi, et j'ai constaté qu'il allait contribuer à régler une bonne partie de ces problèmes. Les expéditeurs n'ont pas à avoir pris des engagements avant de se présenter devant un arbitre, mais selon le projet de loi, l'arbitre doit prendre cela en considération. En d'autres termes, un expéditeur ayant pris des engagements pour l'avenir, y compris des engagements à long terme, ferait partie de ce processus pour la suite des choses. Nous avons établi un cadre, un paramètre ou une structure permettant d'indiquer à l'expéditeur qu'il devra faire ceci ou cela de manière à pouvoir prendre part aux négociations. Un expéditeur ne pourra pas dire à une société de chemins de fer: « Je ne veux pas prendre d'engagement, mais je veux que tu fasses ceci et cela. »
À mon avis, le projet de loi est avantageux pour vous au chapitre des négociations commerciales, vu qu'il établit les paramètres que les expéditeurs devront respecter. Il permet de mieux comprendre ce que les expéditeurs devront faire pour que l'arbitre prenne leurs arguments au sérieux. Comme nous le savons, la réalité, c'est que, s'ils se présentent devant un arbitre et déclarent qu'ils n'ont pris aucun engagement, que rien ne va se passer, qu'ils n'indiqueront pas s'ils prévoient expédier 5 ou 5 millions de voitures, mais qu'ils veulent que l'arbitre tranche en leur faveur, il y a de bonnes chances qu'il ne prenne pas leur parti.
Ainsi, cette structure a été mise en place. Vous pourriez peut-être formuler des commentaires sur la façon dont cela vous aide à créer le climat...
Monsieur Murphy, vous avez indiqué avoir conclu un contrat commercial avec 70 % de vos clients. Je suppose que vous aimeriez que cette proportion s'élève à 100 %. À mon avis, le projet de loi vous aidera à conclure davantage de contrats commerciaux.
Vous pourriez peut-être tous deux faire des commentaires sur la manière dont cela se passera, selon vous, dans l'avenir.