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Monsieur le Président, je suis heureuse de me lever aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi .
Le programme fédéral de protection des témoins a été vivement critiqué durant de nombreuses années, notamment en raison de ses critères d'admissibilité trop stricts qui empêchaient de nombreux témoins d'être admis au programme. Il souffrait également d'une mauvaise coordination avec les autres programmes fédéraux.
Bien que le système ait été adopté en 1996 sous les libéraux, les conservateurs n'ont pas voulu non plus tenter de répondre à ces critiques en l'améliorant. Depuis ce temps, le système fonctionne mal. En 2012, seulement 30 des 108 demandes examinées ont été acceptées.
Il faut reconnaître que plusieurs tentatives ont été faites afin de réformer le système et de corriger les lacunes de la Loi sur le programme de protection des témoins. Un projet de loi d'initiative parlementaire traitant plus spécifiquement des cas de violence familiale a été débattu en 1999 et appuyé par le NPD. Le gouvernement libéral de l'époque a voulu à tout prix empêcher que ce projet devienne loi. De plus, les questions fondamentales de l'admissibilité au programme n'ont pas été abordées, tout comme les questions relatives à la coordination et au financement.
Il est souvent difficile pour les services policiers de trouver des témoins pour témoigner, car ces derniers ne sont pas suffisamment protégés. Ce fut le cas lors de la tuerie dans une fête de quartier sur la rue Danzig à Toronto, où le service de police a éprouvé énormément de difficulté à convaincre les témoins de participer au processus.
C'est pour cette raison qu'en novembre 2012, la députée du NPD représentant a réclamé davantage de soutien fédéral pour s'assurer que le programme a les moyens de ses ambitions.
Lors de l'affaire de l'attaque à la bombe sur un appareil d'Air India, même le juge reconnaissait qu'il était incapable de fournir la protection nécessaire aux témoins. Un des témoins avait été assassiné en 1998, ce qui rendait inadmissible comme preuve la déclaration qu'il avait faite sous serment à la GRC en 1995. Lors de l'enquête en 2007, d'autres témoins ne voulaient pas comparaître, car ils craignaient pour leur sécurité. C'est compréhensible, puisqu'on ne leur offrait pas suffisamment de protection.
Le projet de loi , dont il est question ici, répond en grande partie à ces préoccupations. Il élargit les critères d'admissibilité du programme de protection, en incluant notamment les membres des gangs de rue. De plus, les ministères et les organismes fédéraux dont le travail est lié à la sécurité et la défense pourront proposer des témoins. Il prolonge également la période de protection d'urgence et élimine des problèmes qui se posaient par rapport à la coordination avec les programmes provinciaux.
En effet, les programmes provinciaux sont essentiels dans notre système, mais la loi actuelle ne le reconnaît pas suffisamment. C'est pour cette raison que l'Ontario et l'Alberta ont tant insisté pour que le programme de protection des témoins soit restructuré à l'échelle pancanadienne, afin de mieux reconnaître ce qui se fait déjà.
Le projet de loi répond également à ces préoccupations. Il prévoit la désignation d'un programme provincial ou municipal de protection des témoins, afin que certaines dispositions de la Loi sur le programme de protection des témoins s'appliquent.
Le projet de loi permet aussi à la GRC de coordonner les activités des ministères pour faciliter le changement d'identité de personnes admises au programme.
Je vais être franche. J'ai une crainte par rapport à ce projet de loi. Ma préoccupation réside dans le fait que le financement du programme de protection des témoins n'est pas abordé dans le projet de loi .
Ce genre de loi est populaire. Personne n'est contre une protection accrue pour ceux et celles qui nous permettent de combattre le crime tous les jours. Or, dans le projet de loi , il n'y a pas assez de précisions quant au financement qu'on accordera aux nouvelles mesures à appliquer.
Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas songé à ça avant de présenter ce texte de loi à la Chambre? C'est vraiment quelque chose qui nous préoccupe de ce côté-ci de la Chambre.
Toutefois, pour en avoir discuté avec eux, je dois reconnaître que le projet de loi jouit d'un fort appui au sein de la population générale et des intervenants de première ligne.
En effet, plusieurs personnes engagées dans la lutte contre le crime organisé affirment que c'est un projet de loi absolument essentiel. Un élargissement du programme aidera notamment à lutter contre les gangs de rue. Comme on le sait, les gangs de rue sont particulièrement violents et prompts à utiliser l'intimidation pour éviter la prison à leurs membres. Ceux et celles qui décident de témoigner contre eux sont très souvent en danger.
Le même phénomène se retrouve dans le cas des communautés sud-asiatiques. On se souviendra que plusieurs témoins de l'affaire Air India ont été attaqués. Or ces témoins n'étaient pas admissibles au programme de protection. Pourquoi? Tout simplement parce que les affaires portant sur la sécurité nationale ne sont pas éligibles au programme.
Une troisième brèche est finalement colmatée par ce projet de loi, soit la coordination entre le fédéral et le provincial. En effet, on se souviendra que les provinces réclamaient depuis très longtemps une révision du programme de protection des témoins. Leurs principales doléances sont à l'effet que la coordination fait défaut. Elles-mêmes possèdent des programmes qui empiètent parfois sur celui du fédéral. Les témoins sont donc parfois coincés dans une sorte d'imbroglio bureaucratique qui nuit complètement à leur propre sécurité.
Il s'agit là de trois aberrations qui seront corrigées par le projet de loi . Les membres de gangs de rue qui désirent faire amende honorable pourront témoigner contre leurs anciens acolytes sans aucune crainte de représailles. Les citoyens appelés à témoigner dans des cas de sécurité nationale seront ainsi mieux protégés, et les provinces sauront enfin sur quel pied danser.
Avant de passer au prochain point, j'aimerais tout de même soulever une interrogation que j'ai. Un peu plus tôt, j'ai parlé de l'affaire Air India. Bien sûr, le projet de loi C-51 améliore grandement le programme de protection des témoins dans des cas semblables. Toutefois, le processus pour y accéder demeurera encore une fois trop opaque, même après les modifications apportées par la loi. Le processus de reddition de comptes restera aussi insuffisant. Le gouvernement est conscient du problème, puisqu'il l'a lui-même déjà admis. Je me demande ainsi pourquoi il n'a pas profité de l'occasion qui nous est offerte avec ce projet de loi pour régler le problème une bonne fois pour toutes.
En résumé, je considère que les mesures incluses dans le projet de loi C-51 vont dans la bonne direction. Il s'agit d'un éventail d'efforts aux effets très positifs. Malgré cela, des failles subsistent. Quand les enquêtes concernent des affaires de drogue ou que le crime est de compétence fédérale, c'est la GRC qui prend le relais. Or le corps de police fédéral refile le coût de la protection des témoins aux corps policiers locaux, eux qui n'ont souvent pas les moyens de s'occuper de cela.
Je vais citer ce que dit le site Web de la GRC:
Il arrive parfois que les coûts de la protection des témoins nuisent aux enquêtes, plus particulièrement dans le cas des petits organismes d’application de la loi.
On le voit, ce coût prohibitif est un frein à l'établissement d'un système véritablement efficace. Comme je le disais il y a quelques instants, la question du financement est ici balayée sous le tapis. À mon avis, cela est extrêmement préoccupant.
Avant de poursuivre, j'aimerais poser quelques questions à mes collègues des autres partis. Depuis 2007, les néo-démocrates demandent que des changements soient apportés au programme de protection des témoins. Il a fallu six ans aux conservateurs pour finalement répondre à notre demande. Durant cette période, nos demandes ont été répétées encore et encore. Pourquoi a-t-il fallu si longtemps au gouvernement pour agir? Comme je l'ai expliqué, aucun fonds supplémentaire n'est inclus dans cette loi. Pourquoi le gouvernement change-t-il les règles sans les financer adéquatement? Il s'agit de questions cruciales qui demandent des réponses claires et précises. Le gouvernement peut-il affirmer qu'il financera adéquatement les mesures incluses dans sa loi? Peut-il nous garantir que le programme de protection des témoins sera financé correctement, surtout à long terme?
J'ai aussi quelques réflexions à offrir à mes collègues du Parti libéral. Ils disent aujourd'hui que le programme a besoin d'une refonte en profondeur.
C'est très bien, et honnêtement je partage leur point de vue. Les libéraux ont été au pouvoir pendant de nombreuses années avant l'arrivée du gouvernement actuel. Ils étaient même majoritaires en cette Chambre. Pourquoi n'ont-ils pas profité des nombreuses occasions qu'ils avaient pour procéder à cette réforme? Les nombreuses critiques envers le programme existaient déjà à l'époque de leur gouvernement majoritaire. Ils avaient déjà eu le pouvoir de changer les choses, mais malheureusement ils n'ont rien fait.
Un autre aspect me fait sourciller. Ils proposent aujourd'hui des modifications au projet de loi qu'ils n'estiment pas assez généreux, mais ils ne précisent pas au juste de quoi il retourne. C'est bien beau les paroles en l'air, mais ça prend un peu de substance avant de pouvoir se prononcer. Je les invite donc à dévoiler l'entièreté et le détail de leurs propositions, et ce, dès maintenant.
Laissez-moi prendre un moment pour résumer les tenants et aboutissants de ce projet de loi. Je considère qu'il s'agit là d'un texte fort important pour le système de protection des témoins. Il ne faut pas prendre les choses à la légère. On parle ici carrément d'une question de vie ou de mort. Ce projet de loi aura des conséquences dramatiques, il faut donc prendre le temps de bien les analyser.
Avant d'aller plus loin, je répète que je suis heureuse de constater que le gouvernement s'est enfin décidé à prendre cet enjeu en main. Je me réjouis de voir que le gouvernement a écouté les demandes que mon parti et moi avons formulées depuis des années. Le simple fait d'élargir l'accès au programme est déjà une excellente décision.
Comme je l'ai dit, il importe toutefois d'octroyer les fonds suffisants au programme, sinon, c'est bien triste, mais ces belles initiatives ne seront que des coups d'épée dans l'eau. Les intentions sont bonnes, mais encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions.
Le NPD a toujours été engagé dans la construction de collectivités plus sûres et plus sécuritaires. L'une des avenues privilégiées est l'amélioration du programme de protection des témoins. Cela répond à une demande pressante des policières et des policiers partout au pays.
C'est ainsi que, malgré mes réserves, j'appuie l'adoption en deuxième lecture du projet de loi . Je le fais au nom de tous ces gens, organismes et associations qui abondent dans le même sens. Quand on peut travailler ensemble, on peut voir les résultats tangibles. Le projet de loi C-51 pourrait en être un très bon exemple.
Je pense notamment aux provinces qui demandent depuis longtemps l'adoption d'une loi semblable. Je pense aussi à la Gendarmerie royale du Canada qui a récemment demandé au gouvernement de l'appuyer dans sa lutte contre le crime organisé. La gendarmerie a également préconisé un meilleur examen psychologique des bénéficiaires, ce que permettra ce projet de loi.
Les policières et policiers affectés à la lutte contre les gangs de rue sont particulièrement enthousiastes envers ce projet de loi. Il y a aussi le rapport du juge O'Connor qui, dans la foulée de l'attentat d'Air India a émis des recommandations qui allaient dans le sens de ce projet de loi.
On le voit bien, l'ensemble des organisations engagées dans la lutte au crime organisé appuie l'adoption de ce projet de loi. Cela me réconforte dans l'idée qu'il s'agit d'une bonne initiative, malgré ses défauts.
En gros, le projet de loi est un pas dans la bonne direction, celle de la longue marche du combat contre le crime que nous devons tous faire. Ce projet de loi est une bonne initiative du gouvernement et, honnêtement, il me fait franchement plaisir de l'appuyer. J'espère tout de même que mes collègues de tous les partis prendront note de mes critiques. Il ne s'agit pas ici de jeter le bébé avec l'eau du bain, comme on dit. Il faut plutôt nous arrêter un moment et songer à tout ce que nous pouvons faire pour enfin rapprocher le programme de protection d'un rendement optimal.
Ces femmes et ces hommes courageux qui se présentent à la barre des témoins font preuve de courage à tout instant. Ils permettent à notre société d'être plus sécuritaire et plus accueillante. Ce faisant, ils prennent souvent des risques énormes. Le projet de loi leur permettra d'être mieux protégés, mais nous pouvons aussi en faire plus.
Je profite donc de cette tribune pour lancer un appel à mes collègues. On fait déjà un bon pas avec le projet de loi , mais il faudrait peut-être aller aussi un petit peu plus loin.
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi comporte des choses intéressantes, approuvées par les policières et les policiers partout au pays, surtout en ce qui a trait à la lutte contre les gangs de rue. Dans mon comté, Alfred-Pellan, la lutte aux gangs de rue est quelque chose d'extrêmement important.
Une portion du territoire est surtout agricole, mais en fait, Alfred-Pellan est très près de l'Île de Montréal. Nous avons donc des centres extrêmement urbanisés un peu partout sur le territoire agricole, ce qui donne un mélange assez éclectique.
Tous les policiers et les policières de Laval essaient de rendre nos rues et notre communauté les plus sécuritaires possible. Nous, les néo-démocrates, nous engageons à travailler avec tous ces acteurs pour bâtir des communautés plus sûres.
Le programme de protection des témoins est en effet rassurant pour les gens qui vivent dans mon quartier ou qui sont pris dans le carcan des gangs de rue. Or il y en a malheureusement beaucoup sur l'île de Laval. Ce programme permet à ces gens de savoir qu'ils pourront peut-être pouvoir s'en sortir. Du même coup, il donne des outils additionnels aux corps policiers pour leur permettre de combattre ces gangs de rue.
Je parle d'outils, parce que je vois cela comme un gros coffre à outils que l'on peut offrir à nos forces policières et à notre système de justice pour combattre le crime. Il est vraiment nécessaire de jouer avec ces outils et de les utiliser le plus possible. Le projet de loi en fait partie.
Malheureusement, j'aimerais aussi faire une critique à l'endroit de mes collègues d'en face. Ils font quelque chose de bien avec le projet de loi , mais ils ont aussi fait des choses un peu plus regrettables. Par exemple, les conservateurs ont annoncé dernièrement qu'ils cessaient de financer le programme de recrutement des policiers. Une enveloppe de 400 millions de dollars était destinée au fonds de recrutement des policiers et ils ont décidé de ne pas la renouveler en 2013.
Au Québec, nous avons profité de cette enveloppe. Nous avions obtenu environ 92,5 millions de dollars sur cinq ans de cette enveloppe pour créer des escouades mixtes et lutter contre les gangs de rue. Il s'agissait d'un outil de plus au Québec pour lutter contre les gangs de rue. Dès la première année, nous avons vu les saisies augmenter ainsi que les crimes et les meurtres des gangs de rues diminuer.
L'expérience a été tangible. Nous avons vu des résultats dès la première année. L'enveloppe de 92,5 millions de dollars accordée au Québec sur cinq ans nous avait permis de bâtir ces escouades. Les municipalités travaillent ensemble. Il s'agit d'un très gros travail d'équipe entre différentes villes comme Gatineau, Montréal, Laval, la Rive-Nord, la Rive-Sud, Québec: tout le monde travaille ensemble. Sherbrooke en fait aussi partie et profite du programme des escouades mixtes. Tout le monde en bénéficie. C'est très positif.
Il est triste de voir que cet outil sera retiré de notre boîte à outils. Nous avions un financement tangible pour ces escouades mixtes dans notre boîte à outils. Le projet de loi ajoute un outil important, on colmate des trous dans la Loi sur le programme de protection des témoins et des choses extrêmement importantes, mais sans offrir de financement tangible.
Je vois toute la bonne volonté derrière ce projet de loi, mais j'espère que le gouvernement fédéral mettra ses culottes et allouera un budget important à ce projet de loi afin de ne pas refiler la facture aux municipalités et aux provinces. Nous sommes en train d'étudier les paramètres économiques des services de police au comité de la sécurité publique. Partout au Canada, les corps policiers sont déjà pris à la gorge en essayant de gérer leur financement de la façon la plus efficiente possible. Il ne faut pas leur donner une charge de plus.
Or nous avons l'occasion de ne pas le faire. Je demande à mes collègues d'en face de s'assurer que le financement sera présent dans le prochain budget. J'espère honnêtement qu'il y sera parce que j'ai l'extrême plaisir aujourd'hui de me lever avec eux et d'appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de . J'ai hâte d'entendre son intervention. Il a posé des questions très précises jusqu'à maintenant et son point de vue m'intéresse beaucoup.
Monsieur le Président, je sais que vous connaissez très bien ce dossier, parce que vous avez participé à certaines activités entourant le programme de protection des témoins en 2007.
Depuis 2007, des députés néo-démocrates, et peut-être même des députés libéraux, demandent au gouvernement d'élargir l'admissibilité aux programmes de protection des témoins, ce qui permettrait d'assurer la sécurité de tous les citoyens responsables qui accomplissent leur devoir. Ils ont affronté certaines situations, ont parfois mis leur vie en péril, et nous disposons d'un programme que je qualifierais de précieux qui peut aider à les protéger.
Cependant, nous avons spécifiquement demandé une meilleure coordination des programmes fédéral et provinciaux et un meilleur financement global. J'en parlerai davantage un peu plus tard.
L'appel qui a été lancé en 2007 dans le but d'améliorer la coordination a été répété en 2009 et en 2012.
Bien que le NPD appuie la tentative d'améliorer le programme de protection des témoins au moyen du projet de loi , nous demeurons inquiets parce que le gouvernement conservateur ne s'est pas engagé à investir de nouveaux fonds pour soutenir l'utilisation accrue du programme.
Au cours des 10 dernières années, le monde a beaucoup changé. La situation des gangs de rue et la participation des jeunes à celles-ci en sont un exemple. Souvent, la seule façon de sortir les jeunes de ces groupes aux comportements très préoccupants est de les traduire en justice. C'est à ce moment que l'occasion d'utiliser leur témoignage se présente. Toutefois, les jeunes sont réticents à coopérer à moins d'être protégés par le gouvernement.
Nous sommes également préoccupés par le fait qu'on demande à la GRC et aux services de police locaux de s'en tenir à leur budget, ce qui est plutôt déraisonnable. C'est carrément irréaliste. De toute évidence, cela empêchera toute augmentation importante de la participation au programme. Je pensais que le projet de loi avait pour but, en partie du moins, d'élargir l'accès au programme. Comment cela sera-t-il possible sans nouveau financement?
Nous trouvons le projet de loi satisfaisant dans l'ensemble. Il allongerait la période durant laquelle une protection d’urgence peut être accordée et réglerait certains des problèmes techniques qui ont été portés à l'attention du gouvernement actuel et du gouvernement libéral qui l'a précédé. Toutefois, pour être efficace, il devrait inclure des dispositions visant à confier à un organisme indépendant l'administration du programme, tel qu'on le recommandait dans le rapport de l'enquête sur l'affaire Air India. Nous avons été plutôt surpris qu'on ne donne pas suite à cette recommandation dans le projet de loi . Ainsi, c'est la GRC qui demeure responsable du programme. Je ferai valoir ceci à la Chambre: cette situation place la GRC en conflit d'intérêts, car, en plus d'enquêter dans une affaire, c'est elle qui décide qui obtient une protection.
J'ai fait ressortir certaines des lacunes du projet de loi et dit que les conservateurs avaient tardé à réagir, mais, pour être justes avec eux, je dois admettre qu'ils ne sont pas les seuls à avoir laissé traîner les choses. J'irais même jusqu'à dire que le gouvernement précédent a fait preuve de négligence.
Les néo-démocrates sont ravis que le gouvernement ait enfin écouté leurs propositions. Certains ont mentionné les efforts concertés déployés par le comité pour obtenir une bonne mesure législative. Cependant, je ne le répéterai jamais assez: si le gouvernement conservateur veut réellement améliorer le programme de protection des témoins, il doit injecter les fonds nécessaires. C'est essentiel si nous voulons que les changements donnent des résultats, notamment en ce qui concerne les gangs de rue, nouveau groupe visé par le projet de loi. Comme société, nous ne pouvons pas dire aux jeunes que nous souhaitons les faire sortir des gangs et utiliser leur témoignage en cour pour mieux les abandonner à leur sort par la suite. Nous savons que certains gangs peuvent se montrer particulièrement brutaux à l'endroit de personnes qui décident de leur tenir tête et d'agir correctement.
Les députés de deux côtés de la Chambre veulent que leurs villes et villages soient le plus en sécurité possible. À mon sens, le programme de protection des témoins est l'un des plus importants outils dont nous disposons pour lutter contre les gangs de rue. J'en ai déjà parlé un peu.
Je rappelle aux ministériels que le programme fédéral de protection des témoins a longtemps été critiqué pour ses critères d'admissibilité rigides. Je le répète, le Président et d'autres députés ont déjà soulevé de telles préoccupations. On se plaint régulièrement de sa piètre coordination avec les programmes provinciaux, et du faible nombre de témoins qui sont admis au programme.
En 2012, sur les 108 demandes traitées, seulement 30 ont été acceptées, en grande partie à cause de restrictions d'ordre financier. Cela mine énormément la valeur du programme. En effet, 78 témoins se sont exposés à des risques mais n'ont pas obtenu la protection subséquente à laquelle, à juste titre, ils croyaient avoir droit. Je trouve cela très préoccupant.
Le NPD demande qu'on modifie le programme de protection des témoins depuis sa création en 1996. On y remarque des omissions flagrantes. Les gouvernements libéraux majoritaires et le gouvernement actuel n'ont pas fait grand chose. Je dois toutefois admettre que les conservateurs ont pris des mesures assez raisonnables avec le projet de loi . Malgré cela, peu de projets de loi sur le sujet ont été présentés pendant cette longue période de temps. Il y a eu le projet de loi C-223, présenté en 1999, sur la protection des témoins dans les cas de violence familiale. Comme on dit souvent à la Chambre que le NPD n'appuie pas les projets de loi du gouvernement en matière de criminalité, j'ajouterai qu'en 1999 nous avions appuyé ce projet de loi destiné à protéger les gens dans les cas de violence familiale.
Le projet de loi ne prévoit rien de vraiment concret au chapitre de l'admissibilité, de la coordination et du financement. Le NPD a demandé à maintes reprises au gouvernement de se pencher sur ces trois questions clés. L'intervenante précédente a d'ailleurs abordé le sujet. Il faut élargir davantage les critères d'admissibilité et se pencher sur la coordination entre les gouvernements fédéral et provinciaux, qui a également fait l'objet de critiques. Bien entendu, comme c'est le cas pour tous les programmes gouvernementaux, l'ensemble du processus repose sur un financement adéquat, et le programme ne pourra être efficace si on n'augmente pas ce financement.
En 2012, la députée de avait demandé qu'on augmente le soutien accordé au programme de protection des témoins. Elle avait décrit comment la police de Toronto avait de la difficulté à convaincre les témoins de la fusillade survenue cet été-là sur la rue Danzig, pendant une fête de quartier, à venir témoigner.
Je répète que nous appuyons certains éléments du projet de loi, et que c'est pour cette raison que nous appuyons le projet de loi dans son ensemble. Il n'est pas aussi exhaustif et ne va pas aussi loin que nous le voudrions, mais il n'en constitue pas moins un effort raisonnable, je l'admets.
Nous nous réjouissons que le projet de loi élargisse modestement — et je souligne le mot « modestement » — les critères d'admissibilité, ce que la GRC avait expressément demandé. Je constate que lorsque des organisations comme la GRC donnent des conseils au gouvernement, ce dernier les écoute.
J'aimerais revenir sur le sujet des gangs de rue et dire qu'il est bon que le projet de loi compte ceux-ci parmi les catégories de personnes admissibles au programme. Voilà un nouveau groupe de personnes qui nous viennent en aide. Nous n'y pensons pas, mais certaines d'entre elles sont des jeunes qui ont commis des erreurs, qui se sont ravisées et qui ont essayé de réparer, à leur façon, les torts qu'ils ont causés. Nous devons les appuyer dans cette démarche.
Les ministères et organismes fédéraux dont le mandat touche la sécurité nationale, la défense nationale ou la sécurité publique pourront également diriger des témoins vers le Programme. Je suis intrigué par le choix des mots « diriger des témoins vers le programme ». J'aurais préféré qu'on utilise des mots plus forts comme « recommander leur participation au programme ». Espérons que nous ouvrons la porte à un recours à long terme au programme, ce qui serait fort utile dans le domaine de la sécurité nationale.
Tout à l'heure, j'ai mentionné la protection d'urgence et la correction de quelques problèmes techniques relatifs à la collaboration avec les provinces.
Pour ce qui est de la protection d'urgence, il est question de cas où on demande à des gens de fournir des preuves dans le cadre d'une affaire qui aideront les tribunaux à régler des situations vraiment très regrettables, à savoir des situations de violence. Il est essentiel d'offrir une protection d'urgence à ces gens.
Comme je vois que mon temps de parole est écoulé, je vais m'arrêter là. J'aurais encore beaucoup de choses à dire, mais cette fois-ci, je vais laisser au prochain intervenant le soin de continuer.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui en cette Chambre au sujet du projet de loi . C'est aussi avec plaisir que j'ai lu la Loi sur le programme de protection des témoins ainsi que le projet de loi C-51 qui viendrait modifier assez substantiellement — en tous cas, plusieurs articles — la Loi sur le programme de protection des témoins.
Avant de commencer, je voudrais m'adresser aux gens qui nous écoutent et leur faire un petit rappel des changements proposés dans ce projet de loi. Il est quand même important de le faire avant que j'explique ma position.
Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, l'élargissement de la définition de « témoin » est un point assez important. On vient changer cette définition dans la section prévue à cet effet dans la loi. Dans le fond, on ajoute les organismes ou services fédéraux de sécurité ou de défense à la section a) de la définition de témoin. C'est technique et je prie les gens qui sont à la maison de bien vouloir m'excuser si cela leur est difficile à suivre, eux qui n'ont pas en main la loi actuelle.
Il y a un autre changement intéressant que l'on n'a pas beaucoup mentionné. Avec la loi actuelle, on peut protéger une connaissance d'un témoin. On vient de dire que, par exemple, l'enfant du témoin peut aussi être protégé. Avec le projet de loi actuel, une personne qui connaît la personne qui connaît le témoin peut être protégée. C'est un autre petit changement intéressant. On cite plusieurs types de personnes qui pourront être protégées. Il s'agit encore là d'un élargissement de la définition des témoins. On présume qu'avec ces changements, plus de témoins pourront avoir accès au programme.
Enfin, un autre changement important, que j'ai mentionné tout à l'heure lors d'une question, concerne le prolongement possible de 90 jours.
Actuellement, au paragraphe 6(2), on lit ce qui suit:
Par dérogation au paragraphe (1), le commissaire peut, en situation d’urgence, fournir une protection pendant une période maximale de quatre-vingt-dix jours à une personne avec laquelle un accord de protection n’a pas été conclu.
Dans le projet de loi, on vient ajouter une phrase très importante à la fin de ce paragraphe. Si aucun accord n'a été conclu après les premiers 90 jours, un prolongement de 90 jours supplémentaires est possible. On vient donc prolonger la possibilité pour un témoin, qui n'a pas encore conclu d'accord avec l'organisme de protection, d'élargir une période de protection d'urgence. Cela nécessitera peut-être un coût supplémentaire pour les organismes de protection des témoins.
Autre point intéressant, suite à l'article 8, on ajoute l'article 8.1 qui concerne la cessation de la protection. Cela offre plus de clarté quant à la façon dont le commissaire peut faire cesser la protection d'un témoin et aussi la façon dont le témoin peut demander la cessation de sa protection. Le tout est plus clair.
On vient également changer un peu l'article 10 qui demande au commissaire d'expliquer les raisons pour lesquelles il refuse un témoin dans le programme de protection. Le commissaire est tenu d'informer plusieurs personnes qu'il n'était pas tenues d'informer auparavant. Cela fait en sorte que le programme est plus transparent quant aux prises de décisions.
La section qui s'intitulait « Protection de l'identité » s'appellera désormais « Protection des renseignements ». Cela vient harmoniser la protection des renseignements personnels de notre régime fédéral actuel. Cela vient aussi harmoniser tout cela avec les provinces. Plusieurs changements subséquents à l'article 11 viennent s'harmoniser avec tous les programmes qu'on connaît dans certaines provinces canadiennes faisant déjà ce travail.
En somme, ce sont les gros changements apportés à la Loi sur le programme de protection des témoins. J'aimerais maintenant en venir à notre position relativement à ces changements. Comme mes collègues l'ont déjà mentionné, nous allons appuyer le projet de loi en deuxième lecture. Le NPD demande depuis longtemps ce genre de changements au gouvernement. On lui demande d'élargir l'admissibilité des témoins à des programmes de protection pour garantir la sécurité de tous les Canadiens qui peuvent être en danger.
En effet, depuis 2007, le NPD demande avec insistance une meilleure coordination des programmes fédéraux et provinciaux et une amélioration du financement global du programme.
Cela m'amène à aborder un point important: le financement. J'y ai fait allusion plus tôt, lorsque j'ai posé une question à ma collègue d'.
On peut efficacement présumer que les coûts vont augmenter lorsqu'on comprend les modifications qui ont été apportées, telles que l'élargissement de la définition de « témoin » et la possibilité d'avoir une protection d'urgence prolongée de 90 jours.
Selon une statistique de 2012, il en a coûté 9 millions de dollars pour assurer la protection de 30 témoins. On parle ici d'un coût moyen d'environ 300 000 $ par témoin. En élargissant ainsi la définition de « témoin », il suffira d'ajouter quelques témoins pour engendrer des coûts supplémentaires. C'est important de le mentionner. C'est également important de réaliser que ces changements pourraient avoir des coûts. J'espère que le gouvernement a fait une étude d'impact quant aux coûts qui seraient engendrés par ce projet de loi, afin de s'assurer ensuite d'apporter les modifications nécessaires dans le budget en allouant un peu plus d'argent à cet égard, car on doit aussi tenir compte des tâches plus grandes qui incomberont aux organismes de protection des témoins.
Même si le NPD appuie le projet de loi , car il tente d'améliorer le programme de protection des témoins, il déplore que le gouvernement conservateur ait refusé à ce jour d'injecter des sommes supplémentaires dans le système.
Dans cette même veine, en ce qui a trait au financement, c'est important que le gouvernement réalise qu'on peut s'attendre à une augmentation des coûts, comme je le disais plus tôt. Si c'est le cas, il faudra peut-être permettre un délai d'ajustement pour s'assurer que les organismes de protection des témoins auront la capacité de se charger d'une tâche supplémentaire. Si on ne tient pas compte des capacités de la GRC ou de celles des organismes provinciaux et municipaux, ce projet de loi ne mènera à rien.
Selon mon collègue d', on reconnaît la qualité de l'arbre à ses fruits — je ne sais pas si j'utilise le bon terme. Le projet de loi pourra être mis en vigueur si le gouvernement octroie les ressources nécessaires, sans quoi cette mesure ne mènera évidemment à rien.
D'autre part, chaque fois qu'on parle de criminalité, j'aime mentionner au gouvernement la vision plus large du NPD en matière de criminalité en général. On en a déjà parlé lors des dernières sessions parlementaires. Le gouvernement nous accuse toujours d'être du mauvais côté alors qu'on sait très bien que notre approche est très différente. C'est pour cette raison qu'on s'oppose parfois à des projets de loi d'initiatives ministérielles. Leur approche est plus punitive que préventive. Il s'agit là de la position très large de notre parti vis-à-vis de la criminalité, soit d'essayer de prévenir un crime avant qu'il soit commis. Selon notre vision plus large du combat contre la criminalité, il est également important de mettre les ressources en place afin de prévenir le crime.
J'aime reprendre ce qui a été dit auparavant à la Chambre. Avant de prendre la parole à la Chambre, il est aussi important de comprendre la position de nos collègues. Je citerai donc à nouveau les propos de mon collègue d', qui a dit ceci hier:
La plupart des criminels ne passent pas en revue le Code criminel afin de choisir l'infraction qu'ils commettront en fonction de la durée de la peine.
C'est une citation assez forte qui illustre qu'un criminel n'ira pas voir la durée de la peine avant de commettre un crime. Ce n'est donc pas ainsi que l'on va s'assurer que le crime ne sera pas perpétré. Il faut plutôt avoir en amont des programmes de prévention.
Je mets un terme à ma parenthèse sur la criminalité en général. Chaque fois qu'on en parle, j'aime rappeler au gouvernement notre position pour qu'il puisse peut-être un jour partager cette même vision.
En terminant, puisque mon temps de parole est écoulé, je réitère que le NPD appuiera le projet de loi. Le NPD espère que des modifications tout de même assez intéressantes y seront apportées lors de l'étude en comité, et ce, afin de l'améliorer le plus possible.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre aujourd'hui la parole au sujet de ce projet de loi. J'ai trouvé très intéressants le débat ainsi que tout le travail préparatoire que mon bureau a accompli en vue de mon discours d'aujourd'hui.
La plupart de nos impressions en ce qui concerne la protection des témoins nous viennent de ce qui se passe chez nos voisins du Sud. En effet, il y a tellement longtemps que nous regardons la télévision américaine et les émissions policières américaines que nous connaissons très bien le principe de la protection des témoins. À cause de ce qu'ils ont vu à la télévision, la plupart des Canadiens pensent probablement qu'au Canada, ce système est aussi solide, bien développé et bien coordonné que semble l'être celui des États-Unis.
J'ai été étonné d'apprendre qu'il n'y pas très longtemps que ce programme existe. J'ai donc pensé présenter un bref historique du programme au Canada, simplement pour fournir un peu de contexte.
À l'échelle fédérale, le programme de protection des témoins n'a été instauré qu'en 1984. Il s'agissait alors d'une série de lignes directrices et de politiques internes de la GRC. Le programme a été mis sur pied à une époque où la lutte au trafic des stupéfiants était devenue une priorité absolue. Il avait pour objectif de favoriser la collaboration de témoins disposant de renseignements sur le crime organisé. On peut constater que le programme de protection des témoins est étroitement associé à la montée ou à l'expansion du crime organisé, et plus particulièrement au commerce de la drogue.
Des mesures de protection étaient ainsi offertes aux personnes qui collaboraient avec les organismes provinciaux d'application de la loi. Certaines provinces dont la Colombie-Britannique, l'Ontario et le Québec, ainsi que certaines municipalités avaient déjà leur propre programme de protection des témoins, qui offrait diverses mesures de protection, comme la réinstallation pendant un procès. Cependant, l'admission au programme fédéral de protection des témoins, qui est aujourd'hui administré par la GRC, était et est encore une mesure d'exception qui n'est employée que dans les cas les plus graves.
La première assise législative du programme de protection des témoins a été le projet de loi , qui a été adopté en 1996. Cette mesure législative visait à renforcer le programme et incluait une définition claire des critères d'admission au programme ainsi qu'une structure de gestion du programme plus ouverte et davantage axée sur la reddition de comptes. Elle prévoyait des voies hiérarchiques plus claires que celles prévues auparavant dans le cadre du programme qui, comme je l'ai mentionné, était en fait une politique. Depuis 1996, le programme de protection des témoins relève clairement de la responsabilité du commissaire de la GRC.
Selon des données de 2008, environ 1 000 personnes étaient protégées dans le cadre du programme de protection des témoins. De ce nombre, 700 relevaient de la responsabilité de la GRC, tandis que les 300 autres relevaient de la responsabilité d'autres organismes d'application de loi. Fait intéressant, environ 30 % de ces personnes n'avaient pas été elles-mêmes des témoins, mais faisaient partie du programme en raison de leurs liens avec un témoin.
Aux termes de la Loi sur le programme de protection des témoins, le commissaire est tenu de présenter un rapport annuel et de fournir des statistiques sur le programme sans donner de détails pouvant compromettre l'intégrité du programme ou révéler l'identité des témoins protégés.
Selon le rapport annuel de 2011-2012, sur les 108 personnes susceptibles d'être admises au programme de protection au cours de cette période, seulement 30 ont été acceptées. Je suis étonné, car je croyais que le taux d'admission serait plus élevé. Parmi ces 30 personnes, 26 étaient associées aux enquêtes de la GRC et 4 ont été admises pour d'autres organismes canadiens chargés de l'application de la loi. Au total, le programme et la rémunération versée aux fonctionnaires et aux membres de la GRC ont coûté 9,1 millions de dollars.
En vertu de la Loi sur le programme de protection des témoins, la GRC doit prendre toutes les décisions relatives à l'admission des témoins, et toutes les personnes susceptibles d'être protégées doivent être recommandées soit par un organisme chargé de l'application de la loi, notamment la GRC, soit par un service de police provincial ou municipal.
Les personnes sont admises au programme en fonction d'un certain nombre de considérations définies dans la mesure législative, soit: la nature du risque pour la sécurité du témoin; la probabilité que le témoin puisse s'adapter au programme; ce qu'il en coûte pour que le témoin soit protégé par le programme; la possibilité d'avoir recours à d'autres moyens de protection. Lorsqu'il a été établi que le programme de protection des témoins est la meilleure solution, la GRC et la personne concernée doivent signer un accord de protection qui définit les obligations des deux parties. L'admission au programme entraîne un changement complet d'identité et un déménagement. Par conséquent, on considère que les personnes admises au programme devront être protégées toute leur vie.
Par contre, la GRC peut mettre fin aux mesures de protection si les conditions de l'accord ne sont pas respectées. Elle peut le faire, par exemple, si la personne commet un crime, si elle a des relations avec des membres de groupes criminalisés ou si elle consomme de la drogue. Les personnes protégées peuvent aussi choisir de mettre fin à leur régime de protection. Dans les deux cas, leur famille continue d'être protégée. On ne répétera jamais assez que le programme de protection des témoins est un dernier recours.
Les dernières années ont été marquées par certaines controverses entourant le programme. En 2008, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes a examiné le programme fédéral de protection des témoins. Quelques années plus tard, une partie de l'enquête sur la tragédie d'Air India, dirigée par le commissaire John Major, a porté sur la nécessité d'adapter le programme de protection des témoins aux affaires concernant des actes de terrorisme. Ce projet de loi viserait essentiellement à moderniser un programme mis en place avant le commencement des actes terroristes, ou avant que le terrorisme ne devienne un sujet de préoccupation au pays et dans le reste du continent. Voilà pourquoi il est important de moderniser le programme afin de tenir compte de ces nouvelles réalités.
Aux termes du projet de loi , les ministères, les organismes et les services fédéraux pourraient aussi donner des recommandations concernant l'admission au programme. Avec le projet de loi C-51, des organismes ou des services fédéraux, autres que la GRC, susceptibles de participer à des activités liées à la sécurité nationale, à la défense nationale ou à la sécurité publique pourraient donner des recommandations quant aux personnes admises au programme. Cependant, ce serait encore le commissaire de la GRC qui déterminerait si un témoin devrait être admis au programme, et quel type de protection on devrait lui accorder. Cette modification très importante répondrait à la nécessité urgente de protéger les témoins qui participent aux enquêtes et aux poursuites judiciaires concernant des actes terroristes.
Dans le rapport publié en 2010 au sujet de l'enquête sur la tragédie d'Air India survenue en 1985, le commissaire Major a dit très clairement qu'il fallait que les organismes comme le SCRS puissent offrir une protection aux témoins. Le rapport a fait état des problèmes découlant de la réticence des témoins à collaborer avec les enquêteurs du SCRS, qui ne pouvaient pas leur offrir une protection adéquate aux termes de la Loi sur le programme de protection des témoins. De toute évidence, le projet de loi dont nous sommes saisis donne suite à une recommandation découlant de cette enquête qui a marqué l'histoire du pays, et qui a donné lieu à de nombreuses modifications à la législation en matière de sécurité publique.
Autre aspect intéressant, ce projet de loi renforcerait la collaboration avec les services de police autres que la GRC. Dans le domaine de la sécurité publique, il semble qu'on souligne souvent que, compte tenu de la complexité de la réalité et du monde actuels, il faut que l'ensemble des forces policières travaillent en étroite collaboration. Ce ne fut pas toujours le cas, mais aujourd'hui, on reconnaît de plus en plus la nécessité de créer un réseau pour coordonner les efforts de l'ensemble des intervenants du pays en matière de sécurité nationale et publique.
L'article 11 du projet de loi dit que le gouverneur en conseil peut, par règlement, ajouter à l'annexe du projet de loi un programme provincial ou municipal facilitant la protection des témoins. Une fois ajouté à l'annexe, le programme devient un programme désigné, ce qui signifie que le gouvernement fédéral peut mieux coordonner les activités des ministères et agences fédérales dont la coopération est requise pour fournir au bénéficiaire des documents en bonne et due forme et une nouvelle identité, par exemple. C'est une amélioration importante du régime de protection des témoins au Canada qui le rendrait beaucoup plus efficace et efficient.
Fait intéressant, le projet de loi prolongerait également la période pour laquelle le commissaire peut accorder une protection d'urgence à une personne qui n'est pas admise au programme de protection des témoins. De toute évidence, il est important, dans certains cas, d'offrir une protection temporaire à un témoin. Grâce au projet de loi, le commissaire pourra offrir une protection temporaire prolongée. Selon les dispositions actuelles de la Loi sur le programme de protection des témoins, une protection d'urgence peut être accordée pour une période maximale de 90 jours. Le projet de loi C-51 prolongerait cette période de 90 jours, portant la période de protection maximale à 180 jours.
Il s'agit d'un bon projet de loi, mais il y a quelques problèmes qui n'ont pas été réglés de façon satisfaisante, et j'aimerais en examiner quelques-uns.
Tant le rapport sur l'enquête au sujet de la tragédie d'Air India que le rapport de 2008 du comité de la Chambre des communes concernant la protection des témoins recommandaient que ce soit un organisme indépendant qui décide si un témoin est admissible au programme et qui tranche les différends entre les témoins protégés et la GRC. Autrement dit, on voulait que ce soit un tiers qui règle les litiges entre les deux parties. Dans l'enquête sur la tragédie d'Air India, on avait envisagé la création d'un nouveau poste, soit celui de coordinateur de la protection des témoins pour la sécurité nationale. Le titulaire de ce poste aurait notamment eu le mandat d'évaluer les risques encourus par les témoins susceptibles d'être protégés, de travailler de concert avec les partenaires concernés afin d'offrir la meilleure protection possible en fonction des circonstances et de trancher les différends entre les personnes protégées et les responsables du programme, comme je l'ai mentionné précédemment.
Le rapport de 2008 produit par le comité recommandait que cet organisme indépendant relève du ministère de la Justice et qu'il soit composé d'une équipe multidisciplinaire formée de policiers, de procureurs de la Couronne et de criminologues. Autrement dit, comme dans de nombreux autres domaines de politiques publiques et dans la vie de tous les jours, nous préconisons une approche plus holistique, qui permet de tenir compte de tous les aspects d'une situation donnée en obtenant l'avis de spécialistes de nombreux domaines. Comme je viens de le dire, cet organisme qui aurait été créé au sein du ministère de la Justice aurait compté sur une équipe multidisciplinaire.
Le rapport du comité de la Chambre des communes publié en 2008 recommandait en outre que les candidats potentiels se voient offrir l’aide d’un conseiller juridique lors des négociations concernant leur admission au programme de protection des témoins et la signature du contrat de protection. Cette recommandation avait été formulée parce qu'il était ressorti des témoignages que de nombreux témoins protégés potentiels se sentaient totalement démunis lorsque venait le temps de négocier leur accord de protection. Ces accords ont de grandes conséquences sur la vie des témoins protégés et sur leurs proches. Or, à l'heure actuelle, ces accords sont négociés avec la GRC, qui compte des années d'expérience dans la négociation de tels accords, et les témoins protégés ne connaissent pas vraiment le processus et ils ne comprennent peut-être pas les répercussions et la portée du document qu'ils s'apprêtent à signer. Le comité de la Chambre des communes a donc estimé que la présence d'un avocat ferait en sorte que les négociations soient plus justes et équitables.
Il s'agit de deux recommandations raisonnables, compatibles avec l'opinion largement répandue selon laquelle les gens ont besoin d'aide lorsqu'ils sont aux prises avec des questions aussi complexes. On peut s'imaginer le stress vécu par une personne qui s'apprête à être admise au programme de protection des témoins. Cette personne n'est peut-être pas en mesure de réfléchir clairement à la situation et connaît peut-être mal le travail de la police, ayant toujours été de l'autre côté, celui opposé aux policiers. Selon moi, le fait que la personne doive négocier sans aide la rend vulnérable, ce qui n'est tout simplement pas canadien. Nous prônons les situations équilibrées, où les règles du jeu sont équitables. Dans ce contexte, cette recommandation est pleine de bon sens.
Tout comme le NPD, nous appuierons le projet de loi. Il traite en quelque sorte de questions d'ordre administratif, en plus de contribuer à la lutte contre le terrorisme. Dans sa forme actuelle, le programme de protection des témoins s'est avéré efficace dans la lutte contre le crime organisé, mais il n'a pas été revu en fonction de la menace que pose le terrorisme. La Chambre est aussi saisie aujourd'hui du projet de loi , qui vise également à moderniser nos moyens de défense contre le terrorisme. Le projet de loi cadre très bien et très logiquement avec cette autre initiative, et s'inscrit dans l'esprit de vigilance dont notre société fait preuve afin de garantir la sécurité des collectivités.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'honorable députée de .
Je suis très heureux de débattre aujourd'hui d'un projet de loi qui modifiera la Loi sur le programme de protection des témoins. Cela va faire changement un petit peu de débattre d'un projet de loi traitant de la sécurité publique qui, contrairement à ce à quoi le gouvernement nous a habitués depuis le début de cette législature, ne vise pas à augmenter les punitions. Cela fait du bien de présenter d'autres types de réglementations.
Aujourd'hui, nous débattons d'un projet de loi qui donnera des outils supplémentaires à nos agents de la sécurité publique afin de nous protéger contre la criminalité. Il s'agit de protéger les citoyens, oui, mais aussi de protéger les ex-criminels repentants qui veulent se sortir du crime et qui, grâce à leur connaissance du milieu criminel, donnent à nos agents de la paix des informations essentielles à la poursuite d'enquêtes et, ultimement, à la mise en accusation de ces criminels.
Il ne faut pas se leurrer: si nous ne renforçons pas le programme de protection des témoins, nous réduisons malheureusement nos chances d'obtenir des témoins importants, comme c'est arrivé malheureusement dans le passé.
Certains se demandent pourquoi ils devraient témoigner, si leur vie est ainsi mise en danger et si une protection ne leur est pas accordée. C'est une question importante. C'est pourquoi, en novembre 2012, ma collègue de était intervenue en cette Chambre pour demander davantage de soutien pour le programme fédéral de protection des témoins.
Depuis quand même plusieurs années déjà, le NPD demande au gouvernement d'élargir l'admissibilité des témoins à des programmes de protection, afin de garantir la sécurité de tous les Canadiens qui joueront un rôle de témoins et qui sont susceptibles d'être en danger. Nous demandons également une meilleure coordination des programmes fédéraux et provinciaux, mais surtout une amélioration du financement global du programme de protection des témoins.
En mai 2010, la GRC a remis au un rapport dans lequel elle demandait le renforcement du programme de protection des témoins. Le gouvernement a malheureusement attendu quelque temps avant de réagir. Il est dommage que le gouvernement n'ait pas considéré la question budgétaire liée à l'élargissement de ce programme de protection des témoins.
Je crois que c'est la GRC qui a exprimé le plus clairement qu'il arrive parfois que les coûts de la protection des témoins nuisent aux enquêtes, plus particulièrement dans le cas de petits organismes d'application de la loi. Il faudrait donc que le gouvernement reconnaisse ces conséquences budgétaires.
Dans le cas de crimes reliés à la drogue, par exemple, la GRC prend le dossier en main et impute le coût entier aux corps policiers locaux. Il faut donc que le gouvernement commence à comprendre que pelleter les problèmes dans la cour des provinces ne fait que nuire à leur capacité de livrer des programmes comme celui de la protection des témoins.
Ce n'est pas de cette façon que nous allons protéger nos communautés ni renforcer les liens entre les agences fédérales et les corps policiers provinciaux et municipaux.
Fidèle à son habitude, le gouvernement a décidé d'agir au moment où la marmite allait exploser, plutôt que d'agir en amont, avant que les difficultés ne surviennent.
Cela fait donc plusieurs années que le programme fédéral de protection des témoins fait l'objet de critiques pour ses critères d'admissibilité stricts, sa mauvaise coordination avec les programmes fédéraux et le faible nombre de témoins qui sont admis au programme.
J'aimerais rappeler que seulement 30 des 108 demandes examinées ont été admises en 2012. Une question se pose donc lorsqu'on observe ces statistiques: les 78 autres demandes qui ont été refusées ont-elles eu un effet négatif sur les causes judiciaires qui s'en sont suivies? C'est une question qu'il est intéressant de se poser. Si ces témoins avaient été protégés, aurions-nous obtenu d'autres inculpations?
Depuis l'adoption de la Loi sur le programme de protection des témoins, en 1996, les gouvernements libéral et conservateur ont fait bien peu pour répondre aux critiques portant sur le système. Les questions fondamentales de l'admissibilité, de la coordination et du financement n'ont jamais été abordées.
Comme plusieurs de mes collègues l'ont mentionné avant moi, nous allons donc appuyer ce projet de loi. Toutefois, nous sommes extrêmement déçus que le gouvernement ait décidé de ne pas investir de nouveaux fonds dans le programme.
Le projet de loi propose un meilleur processus pour appuyer les programmes provinciaux de protection des témoins. Le projet de loi propose également d'appliquer le programme à d'autres organismes qui ont des obligations touchant à la sécurité nationale, notamment le SCRS et le ministère de la Défense.
Nous devons nous rappeler que, lors de l'enquête entourant Air India, certains témoins avaient subi des attentats à leur vie. En effet, la loi ne permettait pas d'inclure les groupes de témoins en lien avec des affaires de sécurité nationale. Un témoin, Tara Singh Hayer, a été assassiné en 1998, rendant ainsi inadmissible en preuve la déclaration qu'il avait faite sous serment à la GRC quelques années plus tôt. Deux autres témoins ont par la suite refusé de comparaître dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Air India en 2007, car ils craignaient malheureusement pour leur sécurité.
À l'époque, le juge Major avait déjà admis qu'il était incapable de fournir la protection nécessaire à ces témoins. Ce genre de situation ne doit effectivement plus se reproduire. Nous devons donc être capables de garantir la sécurité de nos témoins. Sinon, nos sources d'information se tarirons et nous manquerons de témoins qui auront le courage de témoigner en cour. Dans de tels cas, il s'agit souvent d'un acte de courage de leur part que d'aller témoigner dans des procès criminels liés à la sécurité nationale. Il faut donc leur fournir une protection adéquate.
Ce projet de loi élargira donc les critères d'admissibilité du programme de protection en permettant également l'inclusion des membres de gangs de rue. Ces derniers sont de plus en plus présents dans nos grandes villes. Le fait de les inclure dans le programme de protection des témoins donnera à nos forces policières un outil de plus pour enrayer ce fléau.
Les ministères et les organismes fédéraux dont le mandat a trait à la sécurité nationale, à la défense nationale ou à la sécurité publique pourront également proposer des témoins au programme, ce qui pourrait éviter des problèmes tels que ceux que nous avons vécus dans l'enquête sur Air India.
Un autre point important a notamment été soulevé par la GRC lors de cette même enquête sur Air India. D'ailleurs, le juge O'Connor en a fait une recommandation dans son rapport. Le projet de loi ne renferme pas de dispositions permettant à un organisme indépendant d'appliquer le programme selon les recommandations formulées dans le rapport d'enquête sur l'affaire Air India.
Un processus d'admissibilité au programme transparent et qui exige une reddition de comptes plus rigoureuse serait également un aspect important à souligner et à mettre en oeuvre. Même les gouvernements reconnaissent qu'il s'agit d'un grave problème, bien qu'ils ne s'y soient pas encore attardés.
Un organisme indépendant permettrait d'éviter tout conflit d'intérêt à la GRC, tout en souscrivant à un processus transparent. Il pourrait y avoir un conflit d'intérêt à la GRC étant donné qu'elle continuera d'assumer la responsabilité du programme, ce qui la placera possiblement dans une éventuelle situation de conflit d'intérêts puisqu'elle est à la fois l'organisme d'enquête et celle qui décide du bénéficiaire de la protection.
À la fin de 2009 et au début de 2010, le gouvernement fédéral a consulté les provinces et les territoires au sujet du programme de protection des témoins. Certaines provinces ont alors fait part de leurs préoccupations. Plusieurs provinces appliquent leurs propres programmes de protection des témoins. Toutefois, pour des raisons budgétaires, elles ne peuvent que donner une protection à court terme.
Comme je l'ai mentionné, il s'agit d'un énorme coût à gérer pour les provinces. Comme on le dit souvent, il faut faire le maximum avec le minimum. Par ailleurs, à cause de questions juridiques, les provinces ont besoin de la GRC pour l'obtention des nouveaux documents sur l'identité à l'intention des bénéficiaires. Il y a donc un manque de coordination et nous espérons fortement que ce projet de loi sera à même de régler cette situation lors de son étude en comité.
Un aspect important que le projet de loi améliorera est donc la coordination avec les programmes provinciaux de protection des témoins.
Pour conclure, je dirai que nous sommes heureux que le gouvernement se soit penché sur ce problème et qu'il ait répondu non seulement aux demandes de la GRC, mais également aux demandes du NPD en cette matière. Nous réclamons ces changements depuis 2007. Le projet de loi n'est pas parfait, mais il est excellent et nous l'appuierons pour l'envoyer en comité et en faire une étude exhaustive.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir exprimer mon point de vue et intervenir dans le débat au nom des habitants de Scarborough. Je me réjouis surtout que le gouvernement se décide enfin à prendre des mesures pour renforcer un programme si important pour la sécurité de nos collectivités.
Le NPD, les travailleurs communautaires de première ligne et la population ont demandé au gouvernement d'améliorer le programme de protection des témoins afin d'assurer la sécurité de tous les Canadiens. Depuis 2007, le NPD n'a cessé de réclamer l'élargissement des critères d'admissibilité, une meilleure coordination des programmes fédéral et provinciaux et un financement général plus adéquat. Même s'il est préoccupant de voir un gouvernement qui prétend sans cesse se battre pour la sécurité des collectivités refuser d'affecter plus de fonds à ce programme, les modifications prévues dans le projet de loi sont grandement nécessaires et elles étaient attendues depuis longtemps.
Le projet de loi propose un meilleur processus pour appuyer les programmes provinciaux de protection des témoins et étend le programme à d'autres organismes qui ont des responsabilités en matière de sécurité nationale. Dans le projet de loi, les critères d'admissibilité seraient étendus aux membres des gangs de rue, sur demande de la GRC. En outre, les ministères et organismes fédéraux dont le mandat est lié à la sécurité ou à la défense nationales ou encore à la sécurité publique pourraient, eux aussi, demander l'admission de témoins au programme. Le projet de loi prolongerait la période de protection d'urgence et réglerait certains problèmes techniques touchant la coordination du programme fédéral avec les programmes provinciaux.
Certaines provinces, notamment l'Ontario, ont demandé un remaniement du programme national de protection des témoins et une plus grande reconnaissance de leurs propres programmes. Le projet de loi permettrait la désignation de programmes provinciaux ou municipaux de protection des témoins afin qu'ils soient visés par certaines dispositions de la loi. Il autoriserait le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada à coordonner, à la demande de fonctionnaires compétents à l’égard de programmes provinciaux ou municipaux désignés, les activités des ministères, organismes et services fédéraux afin de faciliter le changement d’identité des personnes admises dans ces programmes désignés. Dans l'ensemble, c'est une mesure positive.
Je représente une circonscription où la sécurité des gens est une priorité et, malheureusement, une source d'inquiétude récurrente pour un grand nombre. La région de Scarborough—Rouge River est diversifiée, dynamique et prospère. Toutefois, des secteurs de Scarborough ont été le théâtre d'actes de violence tragiques perpétrés par des gangs de rue. La tragédie survenue rue Danzig, à Scarborough, l'été dernier, reste bien présente dans ma mémoire et dans celle de bien des résidants de Scarborough. Que deux jeunes soient morts et 23 personnes aient été blessées à un barbecue communautaire n'aurait jamais dû arriver et ne devrait jamais se reproduire. Nous avons vu de courageux et dévoués résidants de la rue Danzig ainsi que des résidants et des organismes de Scarborough et des fonctionnaires municipaux déployer des efforts pour aider les gens à s'en remettre et éviter que de telles tragédies se reproduisent.
Le NPD est aussi déterminé à rendre nos collectivités plus sûres. Nous pourrions y arriver grâce à un meilleur programme de protection des témoins, qui assurerait la sécurité dans nos rues en donnant à la police des moyens supplémentaires pour combattre les gangs de rue. Ainsi, davantage de citoyens se sentiraient à l'aise d'offrir leur témoignage. Je suis fière de dire que, depuis des années, le NPD exerce des pressions sur le gouvernement pour qu'il renforce ce programme en assouplissant les critères d'admissibilité et en prévoyant le financement nécessaire pour soutenir un rouage aussi important de notre système de justice, et pour que les programmes fédéraux et provinciaux soient mieux coordonnés.
Les néo-démocrates ont aussi exercé des pressions pour que nous nous dotions de stratégies de prévention de la criminalité et que nous appuyions des programmes visant à encourager la mobilisation des jeunes et à les outiller. Il est formidable de voir qu'un résidant de Toronto a fait un don personnel pour financer des projets d'initiative locale, comme des projets et des programmes parascolaires. En contrepartie, le gouvernement fédéral devrait fournir des fonds et prendre des initiatives pour aider nos jeunes et offrir des programmes de prévention qui dissuadent les jeunes de s'engager dans la voie de la criminalité.
Les néo-démocrates sont heureux de constater que le gouvernement, même s'il a mis du temps à réagir à ces problèmes grandissants, les a écoutés lorsqu'ils ont demandé que le programme de protection des témoins soit élargi. Durant l'exercice se terminant en mars 2012, seulement 30 personnes, sur un total de 108 demandes étudiées, ont été admis au programme fédéral de protection des témoins, à un coût d'un peu plus de 9 millions de dollars. L'expansion du programme n'est pas importante uniquement pour les néo-démocrates; elle a aussi la faveur de la GRC, des provinces et des personnes qui travaillent sur le terrain pour combattre les gangs de rue. Il est également extrêmement important de permettre à ceux qui veulent quitter un gang de participer au programme. Ces améliorations contribueraient à améliorer la coopération avec la police locale et la GRC dans la lutte contre la violence des gangs de rue et à accroître la sécurité dans nos collectivités.
Nous savons que le programme de protection des témoins comporte actuellement des lacunes, dont quelques-unes sont corrigées par le projet de loi. Depuis l'adoption, en 1996, de la Loi sur le programme de protection des témoins, les gouvernements libéraux et conservateurs n'ont pas fait grand-chose pour répondre aux critiques à l'endroit du programme. Par exemple, le fait qu'il fut impossible, dans le cadre du programme, de protéger les témoins a été un obstacle aux poursuites judiciaires dans l'affaire de l'attentat à la bombe contre Air India. Nous savons que le témoin Tara Singh Hayer a été assassiné en 1998, ce qui empêché le tribunal d'admettre son témoignage comme élément de preuve. Dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Air India, en 2007, deux autres témoins ont refusé de comparaître, invoquant la peur pour leur sécurité, et prétextant une perte de mémoire.
En outre, la police de Toronto trouve malheureux et certainement frustrant de se heurter à des difficultés et à la réticence des gens à témoigner lorsqu'elle enquête sur des actes criminels comme la fusillade de la rue Danzig et les autres fusillades qui ont fauché bien des vies dans ma collectivité. Le gouvernement doit fournir aux services locaux l'aide dont ils ont besoin pour que les gens soient disposés à témoigner. Nous aimerions tous croire que le gouvernement est déterminé à améliorer ce programme important, mais sans les fonds nécessaires, nous craignons que les changements dont la population a besoin ne soient jamais mis en oeuvre.
Il est inquiétant que les conservateurs semblent présumer que la GRC et les services de police régionaux travailleront dans la limite de leurs budgets, ce qui nuirait, en fait, à l'amélioration du programme. Le coût est déjà élevé pour les services de police régionaux. Il existe, certes, des programmes provinciaux, mais si le crime relève de l'État fédéral — par exemple s'il est question de drogue — la GRC est chargée de l'affaire et facture la totalité du coût aux services de police régionaux, ce que bien des petits services ne peuvent tout simplement pas se permettre. Voici ce qu'on peut lire sur le propre site Web de la GRC: « Il arrive parfois que les coûts de la protection des témoins nuisent aux enquêtes, plus particulièrement dans le cas des petits organismes d’application de la loi. »
Si les conservateurs veulent vraiment améliorer le programme de protection des témoins, ils devront allouer les fonds nécessaires. Le NPD continuera d'exercer des pressions sur le gouvernement fédéral pour qu'il collabore avec la GRC et les provinces et qu'il affecte des fonds au programme de protection des témoins pour que les services régionaux puissent poursuivre leur important travail.
Il est aussi décevant qu'on n'ait pas retenu un plus grand nombre de recommandations du rapport Major de la commission d'enquête sur l'affaire Air India en ajoutant notamment des dispositions qui feraient en sorte qu'un organisme indépendant administre ou supervise le programme. On a bel et bien recommandé qu'un organisme indépendant administre le programme, ce qui améliorerait la transparence et la reddition de comptes du processus d'admission. Le gouvernement a aussi reconnu que c'était un grave problème, mais, comme on le constate dans le projet de loi , il n'a rien fait pour le régler. La transparence semble être un problème continuel pour le gouvernement, mais il est étrange qu'il ne s'engage pas à rendre le processus plus transparent.
Encore une fois, les changements proposés dans le projet de loi représentent un progrès important pour les Canadiens et leur sécurité. Les intervenants de première ligne, dans ma collectivité et ailleurs au pays, attendent depuis longtemps ces améliorations. Par ailleurs, nous constatons que le gouvernement a écouté les néo-démocrates, qui ont toujours dit que l'on rendrait les collectivités plus sûres en améliorant le programme de protection des témoins.
Des agents de police de Toronto et d'autres intervenants de première ligne, avec qui je parle régulièrement, ont indiqué, à moi ainsi qu'à mon personnel, que si le programme de protection des témoins était amélioré, beaucoup plus de gens de nos communautés seraient prêts à témoigner. Si nous prenons soin des témoins, ils ne deviendront pas des victimes. Nous devons veiller à ce que ni les membres des communautés qui ont le courage de témoigner ni leur famille ne soient maltraités.
J'espère qu'à l'avenir, nous verrons plus de projets de loi comme celui-ci, où le gouvernement écoutera les néo-démocrates et les Canadiens, de façon à ce que nous puissions travailler de concert et appuyer le système parlementaire.
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Monsieur le Président, je veux vous aviser que je partagerai mon temps avec le député de .
Le projet de loi concerne le programme de protection des témoins. Il constitue un élément essentiel dans la lutte au crime organisé et de plus en plus aux crimes reliés aux gangs de rue. Il offre d'importantes retombées positives pour la population. La coopération de certains témoins clés représente, pour les organismes chargés de l'application de la loi, un appui précieux dans l'exercice de leurs fonctions et contribue à accroître la sécurité de nos collectivités.
Le projet de loi , apporte des modifications attendues depuis longtemps et nous nous félicitons de son introduction. Le NPD réclame effectivement depuis très longtemps ces nouvelles mesures législatives. Ma collègue de a également réclamé davantage de soutien pour le programme fédéral de protection des témoins en 2012. Elle a souligné la difficulté éprouvée par le Service de police de Toronto à convaincre les témoins de la tuerie qui s'est déroulée lors d'une fête de quartier, sur la rue Danzig, à se manifester.
Le NPD s'engage à bâtir des collectivités plus sûres, et l'une des façons d'y parvenir consiste à améliorer le programme de protection des témoins en assurant le calme dans nos quartiers et en donnant aux corps policiers des outils additionnels pour leur permettre de combattre les gangs de rue.
À maintes reprises, le NPD a demandé au gouvernement d'élargir l'admissibilité des témoins à des programmes de protection pour garantir la sécurité de tous les Canadiens pouvant être en danger. Au cours de l'année 2011-2012, le programme fédéral de protection des témoins n'a accueilli que 30 bénéficiaires sur 108 candidats, à un coût d'un peu plus de 9 millions de dollars.
Ainsi, le projet de loi élargirait les critères d'admissibilité du programme de protection des témoins pour inclure les membres des gangs de rue, de même que les témoins recommandés par le SCRS et le ministère de la Défense nationale.
Les ministères et les organismes fédéraux dont le mandat a trait à la sécurité nationale et à la défense nationale ou à la sécurité publique pourront également proposer des témoins au programme. Les intervenants qui combattent les gangs de rue estiment que le fait de donner accès au programme aux membres qui cherchent à quitter les gangs constituera un ajout important aux outils dont ils ont besoin.
Bien que les conservateurs aient mis du temps à agir, nous nous réjouissons que le gouvernement soit à l'écoute de nos demandes d'élargissement du programme de protection des témoins. Depuis 2007, le NPD demande avec insistance une meilleure coordination des programmes fédéraux et provinciaux.
Des provinces, comme l'Ontario et l'Alberta, ont exercé des pressions pour que le programme de protection des témoins soit restructuré à l'échelle nationale, notamment en demandant une meilleure reconnaissance des programmes en vigueur. Plusieurs provinces appliquent leurs propres programmes de protection des témoins, qui n'offrent souvent qu'une aide à court terme.
En outre, l'obtention de nouveaux documents fédéraux sur l'identité à l'intention des bénéficiaires exige la coopération de la GRC. Le projet de loi prévoit la désignation d'un programme provincial ou municipal de protection des témoins, de sorte que certaines dispositions de la loi s'appliquent à un tel programme. À la demande de la personne désignée dans le cadre d'un programme provincial ou municipal, il autorise également le commissaire de la GRC à coordonner les activités des ministères, organismes et services fédéraux pour faciliter le changement d'identité des personnes admises audit programme.
Enfin, le projet de loi propose également d'allonger la période de protection d'urgence pouvant être offerte à un témoin de 90 à 180 jours, ce qui est considérable.
Pendant longtemps, le programme fédéral de protection des témoins a fait l'objet de critiques pour ses critères d'admissibilité trop stricts, sa mauvaise coordination avec les programmes fédéraux et le faible nombre de témoins admis au programme. Ce projet de loi tente de s'attaquer à ces lacunes, et même si le NPD appuie ce projet de loi, nous croyons que le gouvernement a omis d'y inclure de nombreuses mesures qui auraient permis une véritable réforme du programme de protection des témoins.
En voici quelques exemples. Au premier chef, nous déplorons que le gouvernement conservateur ait refusé le versement de fonds nouveaux dans le système, donc de l'argent neuf. Si les conservateurs souhaitent vraiment améliorer le programme de protection des témoins, ils doivent engager des fonds pour que les mesures se concrétisent. D'ailleurs, un financement insuffisant pourrait compromettre les résultats positifs qui découleraient de l'amélioration du processus d'appui des programmes provinciaux. Le gouvernement conservateur ne reconnaît pas le coût élevé qu'assument les corps policiers locaux.
Il existe des programmes provinciaux de protection des témoins, mais si le crime est de nature fédérale, ou s'il est lié à la drogue, la GRC prend le dossier en main et impute entièrement le coût aux corps de police locaux, ce que bon nombre d'entre eux ne peuvent pas se permettre.
Par exemple, dans mon comté, Beauharnois—Salaberry, qui longe la frontière américaine, il y a beaucoup de trafic de drogue et d'armes à un certain endroit. D'ailleurs, la question a fait l'objet d'un reportage au Québec en 2011.
On a même demandé à ce que le se déplace à Dundee, une municipalité de mon comté, où des gens reçoivent plusieurs menaces intimidantes, surtout des agriculteurs. Ils se font proposer de l'argent et n'ont pas vraiment le choix que d'accepter. Ils ont peur de dénoncer la situation et ils en parlent à leur conseil municipal.
L'hiver, les trafiquants passent sur le lac. L'été, ils passent dans les champs et détruisent certaines récoltes. C'est très difficile d'intervenir, parce que les gens de la GRC manquent de fonds.
De plus, un poste douanier a été fermé à Franklin en 2010. Il y a donc moins d'agents en patrouille, ce qui accentue le problème de surveillance. La GRC l'a d'ailleurs affirmé dans son site Internet:
Il arrive parfois que les coûts de la protection des témoins nuisent aux enquêtes, plus particulièrement dans le cas des petits organismes d’application de la loi.
Pourtant, le a déclaré que la GRC et les services de police locaux doivent se contenter de leur budget actuel. Comment le gouvernement conservateur envisage-t-il d'améliorer le programme de protection des témoins et d'accroître la sécurité des personnes, alors que la GRC a déjà déclaré qu'elle n'avait pas les fonds nécessaires?
Afin d'améliorer la sécurité des collectivités, les corps policiers locaux doivent recevoir tout le soutien nécessaire pour recruter les témoins relatifs à des affaires de gangs de rue ou de trafic de drogue et d'armes, par exemple.
Le NPD déplore également que le gouvernement n'ait pas retenu certaines recommandations importantes formulées dans le rapport d'enquête sur l'affaire Air India. Le juge O'Connor y avait souligné, entre autres, la nécessité de créer un organisme indépendant chargé de mettre en oeuvre le programme de protection des témoins afin de le rendre plus transparent. Il avait également recommandé la création d'une commission consultative indépendante faisant office de chien de garde afin d'accroître la reddition de comptes.
Puisque ce projet de loi n'apporte aucun changement à ce chapitre, la GRC continuera d'assumer la responsabilité du programme, ce qui la place dans une éventuelle situation de conflit d'intérêts, étant donné qu'elle est à la fois celle qui enquête et celle qui décide du bénéficiaire de la protection.
La commission d'enquête sur l'affaire Air India n'est pas la seule à avoir soulevé le besoin d'une réforme en profondeur du programme de protection des témoins. En 2008, un comité de la Chambre des communes a également recommandé que le programme soit transféré à un organisme indépendant.
Pourquoi le gouvernement conservateur ne s'engage-t-il pas à augmenter la transparence du programme? La création de cette commission consultative indépendante a également été réclamée par la GRC pour assurer plus de transparence.
Bien que les conservateurs aient mis beaucoup de temps à proposer ce projet de loi, nous nous réjouissons, du côté du NPD, que le gouvernement soit à l'écoute de nos demandes d'élargissement du programme de protection des témoins. Par contre, nous sommes contraints de constater que le projet de loi fait très peu à l'égard de certains changements qui doivent y être apportés.
Certaines décisions du gouvernement, dont celle de ne pas octroyer de financement additionnel à la GRC et aux corps policiers locaux, mettent en péril les améliorations apportées à ce programme par le projet de loi .
J'exhorte le gouvernement conservateur à donner aux corps policiers toutes les ressources nécessaires pour la bonne conduite de ce programme si important pour la sécurité de nos collectivités. Je demande également au gouvernement de faire tout en son pouvoir pour augmenter la transparence du programme.
De notre côté, nous continuerons de presser le gouvernement pour qu'il donne suite aux préoccupations légitimes de nombreux intervenants, dont celles de la GRC et des communautés locales.