propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
-- Monsieur le Président, je suis heureux de lancer aujourd'hui la dernière phase du débat sur le projet de loi . Maintenant que cette mesure législative a franchi les étapes de la deuxième lecture et de l'étude en comité, sa valeur apparaît encore plus clairement. Il ne fait aucun doute que le projet de loi est la façon la plus pratique et la plus juste d'améliorer la représentation à la Chambre des communes.
Ce projet de loi traite de questions importantes pour les Canadiens, mais surtout, il nous permettrait de corriger la sous-représentation grave et croissante des provinces qui connaissent la plus forte augmentation démographique, soit l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta. Cette sous-représentation a plusieurs conséquences. D'une part, les Canadiens de ces trois provinces sont représentés par un nombre inadéquat de députés au Parlement. D'autre part, le vote des citoyens de chacune de ces trois provinces n'a pas tout à fait le même poids que le vote des citoyens des sept autres provinces.
Bien sûr, nous devons établir un équilibre au sein de notre cadre constitutionnel entre l'égalité des électeurs et une représentation efficace à l'échelle du pays. Le principe de l'égalité des électeurs et de la représentation selon la population est important. Bon nombre de Canadiens conviendraient qu'il s'agit du principe le plus important. C'est pour cette raison que nous devons établir une formule d'attribution des sièges qui, dans toute la mesure du possible, fera en sorte que le vote de chaque Canadien ait un poids égal. Je crois que c'est une solution équitable et que de nombreux Canadiens seraient de cet avis.
La formule d'attribution des sièges qui est en vigueur depuis 1985 est loin de nous permettre d'assurer l'égalité des voix que nous recherchons. Nous devons modifier cette formule, car elle n'est pas aussi juste qu'elle devrait l'être pour toutes les provinces et tous les Canadiens, et, en outre, elle est de plus en plus injuste pour les Canadiens des trois provinces ayant la croissance la plus rapide, lesquelles font aussi partie des quatre provinces qui comptent le plus d'habitants. Il s'agit d'un problème important qui ne fera que s'aggraver si nous ne faisons rien.
Plus de 60 p. 100 des Canadiens vivent dans ces trois provinces, ce qui signifie que plus de 60 p. 100 des Canadiens sont sous-représentés à la Chambre. C'est inacceptable, autant pour moi que pour bon nombre de mes collègues ici, pour mes électeurs et pour le gouvernement. C'est pour cette raison que nous cherchons à corriger la situation.
Nous respectons les promesses que nous avons faites aux Canadiens, des promesses qu'il vaut la peine de rappeler. Au cours de la dernière campagne, nous avons fait trois promesses distinctes aux Canadiens au sujet de la représentation à la Chambre des communes. Premièrement, nous avons dit que nous accroîtrions le nombre de sièges, maintenant et à l'avenir, afin de mieux traduire l'augmentation de la population en Colombie-Britannique, en Ontario et en Alberta. Deuxièmement, nous préserverions le nombre de sièges attribués aux petites provinces. Troisièmement, nous protégerions la représentation du Québec selon sa population. Le projet de loi nous permet de respecter chacune de ces promesses. Nous avons promis de voir à ce que toute modification de la formule soit équitable pour l'ensemble des Canadiens et des provinces, et c'est exactement ce que nous sommes en train de faire.
L'opposition a présenté d'autres options, qui ne nous permettraient pas de respecter les promesses que nous avons faites aux Canadiens. Chaque proposition comporte de nombreuses lacunes. Nous désapprouvons l'approche préconisée par l'opposition. Dans ce dossier, nous avons fait des promesses précises aux Canadiens, des promesses que nous respecterons. Nous ferons adopter un projet de loi qui est fondé sur des principes et qui est à la fois raisonnable et équitable pour tous les Canadiens.
Je veux aborder les propositions du NPD et des libéraux, qui compromettent la représentation démocratique de certains Canadiens afin de marquer des points politiques. Nous, nous n'agissons pas ainsi. Le NPD a proposé un projet de loi qui ajouterait à la formule d'attribution des sièges un élément qui porterait atteinte au principe constitutionnel de la représentation proportionnelle. Il garantirait à chaque province un nombre défini de sièges aux Communes, quelle que soit sa proportion de la population. C'est une solution qui ne serait pas conforme à notre objectif, qui est de rapprocher toutes les provinces de la représentation proportionnelle idéale.
La proposition du NPD ferait entrer en ligne de compte un nouveau facteur qui accentuerait la sous-représentation des provinces où la croissance est la plus rapide, alors qu'il faut les traiter de façon plus équitable. Qui plus est, pour modifier le principe de la représentation proportionnelle, il faudrait modifier la Constitution, ce qui nécessite le consentement des provinces selon la formule 7/50. La Chambre et le Parlement ne pourraient pas, par eux-mêmes, apporter le changement proposé par le NPD. Sans le consentement des provinces, cette proposition serait donc inconstitutionnelle.
Le NPD est ravi d'envoyer un message politique dans une province au détriment de la représentation équitable pour l'ensemble des Canadiens. Qui plus est, le NPD ne peut pas dire aux Canadiens combien de sièges supplémentaires seraient ajoutés. Les Canadiens ne savent pas à quoi s'attendre du NPD. Ce parti utilise des données désuètes et ne peut pas donner aux Canadiens de chiffre précis quant au nombre de sièges.
Nous ne faisons pas de cachotteries aux Canadiens; ils savent parfaitement à quoi s'attendre de la part du gouvernement et de son projet de loi. Nous avons pris soin d'utiliser les données les plus précises que nous ayons et nous veillons à ce que les Canadiens sachent exactement à quoi s'attendre de la part de leur gouvernement.
Quant à la proposition des libéraux, elle sèmerait la zizanie entre les provinces. Elle irait tout à fait à l'encontre de la deuxième promesse que nous avons faite aux Canadiens à savoir que nous protégerions les petites provinces, où la croissance démographique est lente. Mon collègue de a fait ressortir ce point avec éloquence mardi dernier, et je pense qu'il a raison.
Les libéraux proposent de retirer des sièges aux petites provinces, où la croissance est lente, et de les donner aux grandes provinces, où la croissance est rapide. Il n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire de redistribuer les sièges. C'est peut-être ce qui se fait dans d'autres pays, comme certains collègues l'ont fait remarquer avec justesse, mais ce n'est pas pratique courante au Canada.
La proposition du Parti libéral ferait perdre des sièges à la Saskatchewan, au Manitoba, au Québec, à la Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador. Ces provinces perdraient neuf sièges en tout.
Contrairement à ce que prétendent les députés libéraux de et de , je ne pense pas que les autorités gouvernementales de ces cinq provinces seraient très enthousiastes face à cette proposition.
Nous n'avons aucune honte à vouloir régler le problème considérable de la sous-représentation des Canadiens moyens, qui ne cesse de s'aggraver. C'est ce que permet de faire le projet de loi, comme nous l'avions promis. De plus, nous n'avons pas honte de dire qu'à notre avis, la solution de ce problème ne devrait pas passer par la perte de sièges dans d'autres provinces. Nous veillons non seulement à ce que la formule n'entraîne pas la sous-représentation d'une province surreprésentée, mais aussi à ce qu'aucune province ne perde de sièges.
L'ensemble du projet de loi est cohérent. Nous avons fait preuve de cohérence lorsque nous avons pris des engagements à l'égard des Canadiens lors de la dernière campagne électorale. Par contre, la position des libéraux ne pèche pas par excès de cohérence. Permettez-moi de donner quelques exemples.
Les libéraux ont abondamment cité des rapports de comités datant de 1994. Ce qu'ils ne disent pas, c'est que le gouvernement libéral a rejeté à l'époque la recommandation et les principes mêmes que les libéraux font valoir aujourd'hui.
Le gouvernement libéral de l'époque n'a pas du tout cherché à corriger les défauts évidents de la formule actuelle. Il n'a jamais eu l'intention de réduire le nombre de sièges à la Chambre, de geler le nombre de députés ou de retirer des sièges à l'une ou l'autre des provinces.
Je ne prétendrai certainement pas que le gouvernement conservateur a beaucoup de points en commun avec l'ancien gouvernement libéral. En fait, c'est plutôt le contraire. Le gouvernement conservateur s'emploie à trouver des solutions à bien des problèmes que le gouvernement libéral n'a pas cherché à régler pendant les 13 ans où il était au pouvoir.
En fait, la proposition des libéraux ne se fonde ni sur le passé du Canada ni sur un principe en particulier. Elle est un expédient politique, voilà tout. En outre, nous ne savons pas exactement comment leur plan fonctionnerait à l'avenir.
Nous avons été clairs. La formule que nous proposons est équitable et permanente et s'applique à l'ensemble du Canada. Les mêmes règles que nous suivrions aujourd'hui s'appliqueraient de la même façon lors de la prochaine révision électorale.
Nous avons pris clairement position dans notre projet de loi. Les libéraux n’ont même pas présenté de projet de loi. Ils se sont contentés de tenir une conférence de presse et de présenter quelques graphiques. Le député de a certes exposé leurs idées avec véhémence, mais ils n’ont pas présenté de projet de loi. Nous ne savons donc pas comment ils comptent régler certains des principaux problèmes. Ce qu’ils proposent, comme la formule actuelle, se heurterait rapidement aux règles concernant les sièges garantis par la Constitution, dans le cas présent, la règle du seuil sénatorial.
Ce qu’ils proposent, c'est de continuer à retirer des sièges aux plus petites provinces et à celles dont la population augmente moins rapidement pour les donner aux provinces plus grandes dont la population augmente plus rapidement jusqu’à ce que cela devienne impossible. Les petites provinces dont la population augmente plus lentement ont presque toutes atteint leur seuil sénatorial. Il deviendrait rapidement impossible de leur retirer des sièges pour les donner aux provinces qui devraient normalement avoir une représentation plus importante. Les libéraux n’ont pas présenté de projet de loi qui indique comment ils comptent remédier à la situation. Les Canadiens ne devraient pas les laisser esquiver ce problème.
La proposition des libéraux ramènerait immédiatement Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse à leur seuil sénatorial. Le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard sont déjà là. Après une révision, il ne serait plus possible de retirer de sièges dans les provinces de l’Atlantique.
La Saskatchewan et le Manitoba peuvent encore perdre des sièges, mais ces provinces, qui sont beaucoup plus populeuses que n’importe quelle province de l’Atlantique, auraient un nombre de sièges égal ou inférieur à celui des provinces de l’Atlantique. Il n’y a rien de juste là-dedans. La Saskatchewan et le Manitoba qui, ensemble, ont une population de plus de 2,3 millions d’habitants pourraient avoir moins de sièges que le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse qui comptent ensemble un peu plus de 1,7 million d’habitants. En fait, la population de la Saskatchewan et du Manitoba est à peu près la même que celle des quatre provinces de l’Atlantique réunies. Il est carrément inéquitable de retirer des sièges à ces provinces des Prairies et ce serait injuste pour les Canadiens qui vivent dans ces provinces.
Je suppose que les libéraux pourraient proposer de retirer encore plus de sièges au Québec. Les libéraux ont proposé d’enlever cette fois-ci trois sièges au Québec et je suppose qu’ils ne verraient pas d’inconvénient à lui en enlever encore plus.
Que proposent les libéraux pour éviter cette situation? Ils n'en ont aucune idée. À leurs yeux, ces questions ne valent même pas la peine de présenter un projet de loi.
Je reviens à ce que je disais au sujet de l'opportunisme politique de la proposition des libéraux. Ils essaient tout simplement de se faire du capital politique et choisissent d'ignorer les conséquences bien réelles de leur proposition. Ils peuvent faire une telle proposition, parce qu'ils savent très bien qu'elle n'aura jamais force de loi et qu'elle ne sera jamais intégrée à notre Constitution. Ils savent que leur proposition laisse à désirer, qu'elle n'aura pas force de loi et qu'il ne leur incombe pas d'être équitables envers tous les Canadiens.
Toutes ces responsabilités incombent au gouvernement conservateur. Nous sommes responsables de gouverner au nom de tous les Canadiens et d'être équitables envers tous les Canadiens. C'est pourquoi notre proposition est juste envers tous les Canadiens. Cette responsabilité nous incombe et nous avons été à la hauteur. Comme je l'ai dit, nous avons fait des promesses aux Canadiens. Ce sont les principes fondamentaux du projet de loi et nous n'allons pas en dévier. Nous sommes convaincus que nous avons établi un juste équilibre et que notre projet de loi est le moyen le plus juste, pratique et précis pour assurer une représentation équitable.
Plus tôt dans mon intervention, j'ai parlé de l'étape de l'étude en comité de ce projet de loi. J'aimerais revenir sur ce point, afin de faire ressortir quelques forces du projet de loi et de notre approche. J'aimerais parler des origines de notre proposition visant à rationaliser le processus de révision des limites des circonscriptions électorales. Au bout du compte, ces modifications permettraient non seulement de mener plus rapidement à bien le processus, mais permettraient aussi aux Canadiens de connaître plus rapidement les nouvelles limites de leurs circonscriptions.
Grâce à ces modifications, nous prévoyons qu'il sera possible de mener à bien le processus de révision des limites des circonscriptions électorales d'ici le début, et non la fin, de 2014, contrairement à ce qui est prévu actuellement. Durant les audiences du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, tant Marc Mayrand, l'actuel directeur général des élections, que Jean-Pierre Kingsley, son prédécesseur, ont souligné que ces modifications sont conformes aux recommandations qu'ils avaient faites et que l'échéancier ne poserait aucun problème.
M. Mayrand a affirmé:
Nous sommes confiants que les commissions et nous serons en mesure d'aller de l'avant et de mettre en oeuvre la nouvelle formule et les autres dispositions de la loi sans trop de difficultés, pourvu qu'elle soit promulguée à temps.
M. Mayrand a également affirmé que le scénario idéal consisterait à adopter et à mettre en place ce projet de loi d'ici le 8 février 2012, date du commencement du processus de révision. Durant son témoignage devant le comité, M. Mayrand a parlé de l'importance de faire adopter cette mesure législative le plus rapidement possible et des dangers d'autres retards. Il a dit:
La meilleure date, dans notre esprit, serait avant que les commissions soient créées en février. Autrement, les commissions devront commencer leur travail, la loi entrera en vigueur plus tard et elles devront recommencer leur travail. Évidemment, cela pourrait entraîner des coûts additionnels, mais également, un degré de confusion assez important, selon le moment où la loi entrera en vigueur.
Nous avons l'intention de suivre les conseils du directeur général des élections du Canada afin d'empêcher des coûts additionnels et le dédoublement des efforts et d'éviter toute confusion.
Je souligne également que la force du projet de loi tient, entre autres choses, au fait que les données pour l'attribution des sièges par province proviendraient d'une autre source. En effet, aux termes du projet de loi, ce sont les estimations de la population de Statistique Canada qui devraient être utilisées au lieu des chiffres du recensement décennal afin de déterminer l'attribution des sièges par province. Les estimations de la population sont les données les plus exactes qui existent puisqu'elles sont rajustées de façon à tenir compte du sous-dénombrement du recensement. Elles servent déjà à déterminer l'allocation des fonds du programme de péréquation fédérale-provinciale, du Transfert canadien en matière de santé et du Transfert canadien en matière de programmes sociaux, ainsi que la formule de financement des territoires.
Lors de son témoignage devant le Comité permanent de la procédure, Wayne Smith, statisticien en chef, a déclaré ce qui suit:
[...] Statistique Canada estime que les estimations démographiques du 1er juillet actuellement disponibles représentent la meilleure évaluation démographique des provinces et des territoires qui est disponible en ce moment ou qui sera disponible le 8 février. À notre avis, il convient donc de les utiliser aux fins du projet de loi C-20.
Les observations de M. Smith témoignent de son appui sans réserve pour la décision qu'a prise le gouvernement d'utiliser les données les plus exactes qui existent pour chaque étape du processus. Les données du recensement serviront encore aux fins du processus de révision des limites des circonscriptions électorales puisqu'elles fournissent des données géographiques essentielles pour tracer les limites et qu'elles sont les plus exactes qui soient pour cette étape du processus.
Pour terminer, depuis plus de deux décennies, les Canadiens de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta se trouvent à être considérablement sous-représentés à la Chambre des communes en raison de la croissance démographique. Ils le seront encore plus si on ne fait rien pour corriger la situation. De toute évidence, cette sous-représentation marquée et grandissante est inéquitable. Le vote de chaque Canadien devrait, autant que possible, avoir le même poids. Depuis son accession au pouvoir, en 2006, le gouvernement conservateur reste déterminé à remédier au problème de cet écart marqué et grandissant dans la représentation des Canadiens ordinaires à la Chambre des communes.
Comme le processus de révision des limites des circonscriptions électorales débutera le 8 février 2012, le vote de ce soir est notre dernière chance de montrer aux Canadiens que la situation actuelle est inacceptable. J'encourage l'opposition à voter en faveur de cette mesure législative, qui est équitable pour toutes les provinces et qui rapproche chaque Canadien de la représentation selon la population.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de m'adresser à nouveau à la Chambre au sujet du projet de loi . On en est déjà à sa troisième lecture! Ce projet de loi traverse la Chambre des communes plus rapidement que la grippe en hiver. Le Canada en prend pour son rhume et le gouvernement a beau se cacher derrière le mot « équitable » de son projet de loi, il n'en est rien. J'espère que le ministre voit toute l'ironie dans le fait que ce projet de loi passe à toute vapeur à la Chambre des communes. Il est le , et bien que le fond de ce projet de loi touche à ce sujet, la forme y échappe totalement. C'est très déplorable qu'aujourd'hui soit la seule et unique journée attribuée pour débattre en troisième lecture de ce projet de loi. C'en est presqu'une farce.
Le gouvernement pourra bien invoquer que ce projet de loi doit impérativement être adopté et recevoir la sanction royale avant le 8 février 2012, mais cet argument tombe à plat parce que la pléiade de dispositions transitoires qui ont été ajoutées au projet de loi mérite toute notre attention. Non seulement le gouvernement a-t-il prévu ce qui se passerait si le projet de loi était adopté après le 8 février 2012, mais il a prévu aussi plusieurs cas différents. Nous sommes conscients que cela ne serait pas une situation idéale, mais lorsque vient le temps de réfléchir à des enjeux nationaux comme c'est le cas ici, le NPD préconise une approche prudente, collégiale et consultative. Tout le monde a le droit de dire ce qu'il pense. Mais non, le gouvernement conservateur, à coup de motions d'attribution de temps, nous dit de ne pas cligner les yeux trop vite, sinon nous manquerons le passage du projet de loi C-20 à la Chambre des communes. C'est déplorable.
J'ai déjà mentionné de nombreuses fois à la Chambre que le cynisme de la population canadienne à l'endroit de la classe politique est intoxiquant. Je constate que le gouvernement conservateur n'a pas de problème à ajouter une couche supplémentaire de cynisme, tant qu'à y être.
Les étapes d'étude de ce projet de loi ne se sont pas déroulées sans que se produisent certains événements notables. J'ai la chance de siéger au Comité des procédures et des affaires de la Chambre en compagnie de plusieurs de mes collègues ici présents. Au cours de l'étude détaillée de ce projet de loi, on a eu le plaisir de recevoir en comité un ex-président de la commission de délimitation des circonscriptions du Québec lors du dernier redécoupage. Il a proposé au comité certains amendements au projet de loi concernant les délais du processus de délimitation des circonscriptions. Selon lui, les délais accordés dans le projet de loi sont trop courts.
De bonne foi, le NPD a déposé des amendements au comité afin d'ajuster ces délais tel que le recommandait ce témoin, mais les députés conservateurs les ont rapidement rejetés. Pourtant, ces amendements auraient assoupli ce processus complexe. Les députés conservateurs ont aveuglement tout balayé du revers de la main. Que faut-il en comprendre? Les consignes sont-elles de refuser toutes les propositions de l'opposition, même si elles ont du sens? J'ai de la difficulté à voir la logique derrière ces actions.
Il y a d'autres moyens de résoudre tous les problèmes de la représentations de la population au sein de la Chambre des communes. Un de ces moyens consiste à analyser séparément la situation de chaque province. Chaque province possède des pôles urbains et de vastes régions rurales. L'exercice de découpage de la carte électorale devient alors délicat et presque chirurgical. Non seulement faut-il que les circonscriptions aient plus ou moins la même population, mais il doit aussi y avoir une certaine cohérence à l'intérieur de celles-ci. Cette question n'est pas abordée dans ce projet de loi, mais elle est pourtant très pertinente.
La logique du concept de « communauté d'intérêt » prend tout son sens lorsqu'on regarde la question sous cet angle. Les besoins, les préoccupations et la réalité des habitants de la circonscription de mon collègue de ne sont certainement pas les mêmes que ceux de ma collègue de . La même logique s'applique à la magnifique circonscription de que je représente et à celle de mon collègue de . Cette attention à l'exercice de redécoupage serait un point de départ intéressant pour corriger ce problème sous un angle différent. Les ensembles urbains, de banlieue et ruraux composent une mosaïque démographique très complexe. Comme le mentionnait mon collègue de dans sa question, la division de toutes les régions, tant les régions nordiques qu'urbaines, est compliquée. Pourtant, le projet de loi sera, dès demain, entre les mains du Sénat non élu et illégitime. C'est dommage!
De 1980 à 2011, des gouvernements libéraux et conservateurs se sont succédé. Qu'est-ce que cela a donné? Deux référendums sur la souveraineté du Québec et des négociations constitutionnelles qui sont vues aujourd'hui comme tellement douloureuses qu'on essaie de ne plus en parler. Leurs approches ne fonctionnent pas, c'est prouvé. Le NPD apporte une solution nouvelle qui comprend le Québec. On va laisser les crises constitutionnelles aux libéraux et aux conservateurs. Les conservateurs sont inaptes à traiter de façon sensible ces questions constitutionnelles. Dois-je rappeler que le Québec n'a toujours pas ratifié la Constitution et que malgré tout, les gens qui siègent ici ont tous la même légitimité démocratique? Est-ce une réforme démocratique équitable? Non, on veut octroyer des sièges vite et donner l'impression qu'on agit, alors qu'au fond, on froisse et on déchire.
Le NPD a beaucoup plus de légitimité pour défendre les intérêts du Québec. Mes collègues de partout au Canada, qu'ils soient de l'Alberta, de la Colombie-Britannique ou de l'Ontario, appuient le projet de loi . Si vous voulez une preuve plus tangible que ça, je me demande bien ce que cela vous prend de plus. Doutez-vous de leur allégeance envers les leurs?
Qui l'aurait cru! Un parti pancanadien qui comprend, défend et respecte le Québec.
Le NPD travaille avec tout le Canada afin de construire un Canada plus uni et qui réunit tout le monde. On ne jette aucune province contre les autres. On ne cherche pas à exacerber les tensions et on ne cherche pas non plus à mettre de l'avant les différences nationales et les différences au sein de la Confédération canadienne.
Le NPD veut travailler à nous unir dans le respect et la compréhension mutuelle. Les Québécois pressentent cette capacité au sein de notre parti. C'est pourquoi ils nous ont démontré leur confiance. Les Québécois ont donné au NPD un mandat stable, fort et sans équivoque afin de créer un pays qui réponde aux aspirations et aux idéaux de tous, qu'ils soient Québécois, Canadiens, francophones, anglophones, Autochtones ou Acadiens. C'est notre révolution orange.
Notre projet de loi ne s'adresse pas uniquement au Québec. L'Alberta est sous-représentée. Si elle sent cette sous-représentation au sein de la fédération canadienne, il faut corriger cela, nous sommes d'accord. Historiquement, elle a longtemps souffert de son isolement et de sa pauvreté et, trop souvent, nous ne l'avons pas écoutée. Maintenant que, humainement, elle contribue tant à la confédération, il faut s'attarder à ses enjeux et l'écouter. Or les conservateurs se servent des ressources naturelles de l'Alberta et de sa prospérité pour mousser leur candidature. Pire, ils se servent d'antécédents historiques pour la séparer du reste du Canada. Ils cherchent même à la jeter un peu contre le Québec, à créer l'illusion d'une « albertocratie » au Canada. Cependant, ce n'est qu'une fumisterie. Ce n'est pas en exacerbant les différences historiques et régionales pour mieux régner que nous allons prospérer en tant que Canadiens.
L'Ontario est la province la plus peuplée au Canada. C'est de toute évidence à cause de sa prospérité humaine, culturelle et économique. De plus, elle est magnifique. Elle est l'aboutissement de la prospérité nord-américaine et nous sommes chanceux qu'elle soit canadienne. C'est donc naturel pour elle de connaître une croissance démographique plus élevée.
Maintenant, que dire de la Colombie-Britannique, notre joyau de l'Ouest, terreau d'immigration provenant de l'Asie? Sa population augmente beaucoup elle aussi. Eh bien, elle devrait être reconnue également.
Tout cela pour dire que nous reconnaissons que chaque province et chaque nation ont des besoins spécifiques et nous respectons cela. Pour arriver à conjuguer leurs spécificités, il faut les consulter et agir de concert avec elles. Ce n'est pas du tout ce que propose le projet de loi . Le gouvernement conservateur semble percevoir les provinces comme des municipalités d'un État unitaire et monolithique. Il n'est certainement pas le seul parti fédéraliste en cette Chambre à avoir pensé de la sorte.
Le troisième peuple fondateur est représenté tout en entier par un seul ministère fédéral. On voit où cela à mener nos frères autochtones. Si on veut vraiment avoir une représentation équitable dans ce pays, je propose qu'on commence par ce problème.
Je ne suis pas en train de dire qu'en tant que Québécoise, je ne comprends pas les besoins des autres provinces. Le projet de loi du NPD concernant la redistribution des sièges en cette Chambre aborde très justement leurs besoins. Le projet de loi C-312 ne fait qu'ajouter les revendications québécoises aux revendications légitimes de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.
Qu'ont fait les gouvernements précédents pour le Québec et les Autochtones? N'était-ce pas des demi-mesures? Leur bilan des réformes est peu inspiré et timide. C'est un statu quo généralisé. Ils ne sont pas dans la position et la légitimité morales de critiquer l'approche néo-démocrate. En quoi ce projet de loi vient-il modifier la représentation des nations autochtones en cette Chambre? Une chance que le Nunavut a reçu sont statut de territoire au sein de la Confédération. C'est une belle et grande initiative! Cependant, ce n'est qu'un peuple parmi des dizaines et des dizaines d'autres. Comment les encourager à voter et à participer à notre démocratie? Comment peut-on s'imaginer que le troisième peuple fondateur va s'intéresser à ce pays quand nous réduisons toutes ses ambitions et tous ses enjeux à un seul ministère fédéral? De plus, ce ministère, je m'en désole, est entre les main d'un ministre qui semble mal comprendre ses enjeux et mal s'acquitter de sa tâche.
Les Autochtones ont vu leur souveraineté grugée jusqu'à la réduction de leur présence au seul ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien. C'est un précédent très fâcheux. Pour le Québec, quoiqu'on en dise, la menace est claire: You're next!
Qu'en est-il de la réforme démocratique, de l'équité? Les gens se surprennent que je me serve de l'exemple autochtone afin d'illustrer l'ampleur de cet échec. Voulons-nous que le Québec soit un échec également? Les gouvernements précédents, qu'ils soient libéraux ou conservateurs, ont presque poussé le Québec aux mêmes extrémités. À grand coup de rafistolage, comme on en est témoin aujourd'hui avec le projet de loi , on construit assurément un « Boboche-istan » exemplaire. Cette idée de l'équité, telle que présentée par ce projet de loi, est inévitablement reliée à l'idée du pancanadianisme coûte que coûte.
La tragédie, c'est qu'elle ne s'applique pas au Québec. Qu'est-ce que ça nous montre? Les conservateurs ne comprennent pas le Québec. Mais attention, ce n'est pas que les Québécois se désintéressent des affaires fédérales, loin de là. Notre députation au sein du NPD en rend bien compte. Le Québec, tout en travaillant avec le Canada, veut seulement que l'on respecte et protège son statut spécial au sein de la fédération. C'est la logique inhérente au vote québécois pour le NPD. Ce respect, nous l'avons. Mais comment qualifier la réaction conservatrice? Elle est impériale et réductrice, et cela donne le projet de loi . La réaction du NPD, quant à elle, est collégiale et inclusive, et cela donne le projet de loi .
J'ai voulu croire aux bons mots et aux grands adjectifs du ministre d'État, mais après réflexion, je trouve ce sont des promesses vides et insensibles. Combien de fois ai-je entendu de la part de nos concitoyens canadiens anglais que leur Canada incluait le Québec? Les conservateurs flouent ces gens et leur perception de civilisation. J'en veux pour preuve la carte électorale. Maintenant, les conservateurs veulent réduire le poids politique du Québec à la Chambre. Le Québec n'a pas obtenu sa société distincte. En plus, les Québécois ont reçu l'attribut de nation. Or aujourd'hui, on lui prend un autre petit morceau, pour lui en prendre deux l'an prochain et trois l'année suivante.
Le gouvernement conservateur essaie de régler un problème national avec une équation mathématique. Cette équation est basée sur des données aléatoires et convenues. Il s'essaie à la science, et cela heurte des intérêts régionaux et nationaux très puissants, beaucoup plus puissants qu'une simple équation basée sur des considérations équitables. Le Québec a été très clair: son Assemblée nationale a voté unanimement contre la diminution du poids politique du Québec à la Chambre des communes. La position de la nation québécoise au sein du Canada est un acte d'équilibriste. C'est très délicat. Si on veut des preuves, on n'a qu'à penser aux deux référendums sur la souveraineté.
Les quatre sièges de l'Île-du-Prince-Édouard, que nous adorons, sont la clé de voûte de toute cette argumentation. Ces quatre sièges sont bien justifiés et indiquent une ligne de pensée beaucoup plus inclusive pour le Canada que la simple représentation équitable par population.
L'argumentation du NPD commence ici. Si l'Île-du-Prince-Édouard est surreprésentée par rapport à sa population, l'est-elle réellement par rapport à son apport culturel, agricole et historique à ce pays? Pas du tout. Elle mérite pleinement ses quatre sièges. Les Pères fondateurs avaient peut-être une vision beaucoup plus étoffée de ce pays que ce gouvernement. Il s'agit d'un précédent juridique et constitutionnel que personne ne remet en question. Encore une fois, c'est ici le point de départ de la réflexion du NPD.
Le nombre de sièges ne doit pas être strictement proportionnel à la population d'une province. Il doit l'être au poids historique et culturel que celle-ci représente au sein de l'ensemble. Le mot « équitable » est utilisé à mauvais escient par les conservateurs. Je doute que les Islanders se sentent concernés par ce mot. Les conservateurs veulent distribuer des sièges en pachas en guise de remerciements. On ne crée pas un pays à coup de passe-passe. Il faut s'asseoir et comprendre la situation.
Selon une stricte application de l'équation conservatrice, nous en viendrions à n'avoir que deux députés pour toute l'Île-du-Prince-Édouard. C'est froid, c'est simple, on ne se pose pas de question, et basta! Appliquons la logique conservatrice aux trois territoires. Strictement parlant, selon la formule, ils n'auraient droit, combinés, qu'à un seul et même siège. Leurs populations réunies ne dépassent pas 111 000 personnes. Pourtant, personne ne songe à enlever le siège qui leur est réservé. Cela démontre que la représentation équitable n'est qu'une illusion. La définition de l'équité est basée sur des prémices arbitraires. Grosso modo, la création du Nunavut se base sur les mêmes considérations. Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait ici une communauté d'intérêt qui méritait d'être représentée à la Chambre et qui a désormais un siège.
La logique demeure la même: il y a quatre sièges pour l'Île-du-Prince-Édouard et un siège pour le Nunavut. Les équations mathématiques ne donneraient pas ce résultat. Et pourtant, c'est la situation actuelle. Il est clair que le Canada ne se construit pas selon une froide équation mathématique. Le Québec a besoin de plus de sièges, et ça ne se fait pas au détriment de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Respecter les 24,35 p. 100 du poids politique du Québec à la Chambre des communes ne se fait pas au détriment du Canada. C'est ça, la teneur du projet de loi mis en avant par le NPD. C'est un projet de loi avisé, sensible aux besoins régionaux et à l'étoffe de ce qui constitue notre Confédération.
Si on voulait une réforme démocratique qui s'attaque en profondeur à nos problèmes démocratiques, il faudrait respecter les sensibilités du Québec, ce qu'on ne fait pas. Il faudrait créer un sentiment d'unité aux Communes, ce qu'on ne fait pas. Il faudrait inclure les nations autochtones, ce qu'on ne fait pas. Il faudrait abolir le Sénat, ce qu'on ne fait pas. Il faudrait rétablir le financement public des partis politiques, ce qu'on ne fait pas. Il faudrait réformer le mode de scrutin et le faire intelligemment, ce que le gouvernement n'a certainement pas l'intention de faire.
Ce sont les seules manières de contrer réellement le désabusement et le cynisme de la population canadienne à l'égard de la politique. Or que fait ce gouvernement? Il répète les erreurs du passé. On entretient la malédiction qui divise notre pays. Les conservateurs ont l'audace de se croire astucieux en faisant cela. C'est incroyable!
Je conclurai brièvement en disant que le statu quo doit se terminer ici. Le NPD propose une solution pragmatique et intelligente qui permet de faire d'une pierre trois coups: le projet de loi . On corrige la sous-représentation des provinces de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta; c'est sensé. Le Québec se voit octroyer 24,35 p. 100 des sièges à la Chambre des communes, proportion qu'il avait lorsque cette Chambre a voté une motion reconnaissant la nation québécoise dans un Canada uni; c'est rationnel. De cette manière, nous contribuons à bâtir un pays où tous sont respectés et où chaque province a le sentiment d'être adéquatement représentée en cette Chambre. C'est intelligent et ça ne mènerait pas à une crise constitutionnelle.
:
Monsieur le Président, au début du mois de novembre, lorsque nous avons entrepris de débattre le projet de loi , lequel vise à établir plus d'équité dans la proportion des sièges par province au sein de la Chambre des communes, j'ai dit, dès le départ, qu'il serait souhaitable que nous parvenions à faire parler le Parlement d'une seule voix quand un enjeu touche à un fondement de la démocratie.
Voilà un sujet qui devrait nous rassembler en tant que démocrates, par-delà nos différences partisanes.
Malheureusement, il semble que cette unanimité souhaitable ne se réalisera pas par la faute du et du gouvernement conservateur, qui s'entêtent à vouloir gonfler inutilement la Chambre par 30 sièges de plus.
En chiffres absolus, cette augmentation serait inédite par son ampleur depuis la Confédération, comme l'a souligné l'un des experts qui ont témoigné devant le comité, le professeur Louis Massicotte de l'Université Laval.
L'opposition libérale a proposé une formule d'amendement au projet de loi qui donnerait aux Canadiens une Chambre tout à fait équitable, tout aussi équitable qu'avec le projet de loi C-20, mais dont la taille resterait la même: 308 sièges.
Comme le prévoit le projet de loi , l'Ontario aurait 36 p. 100 des sièges, le Québec, 23 p. 100, la Colombie-Britannique, 12 p. 100 et ainsi de suite, mais sans que le nombre total de sièges de la Chambre augmente.
Or, comme les experts qui sont venus au comité l'ont répété à plusieurs reprises, ce qui compte, ce n'est pas le nombre absolu de sièges, c'est la proportion par rapport au total.
La proposition libérale a été très bien accueillie partout au Canada par les citoyens de toute tendance politique, les commentateurs et les experts.
Même plusieurs collègues conservateurs et néo-démocrates m'ont avoué préférer la proposition libérale. Bien sûr, je ne révélerai pas leurs noms, puisqu'il s'agit de conversations privées.
Le Parti vert a formulé une proposition similaire à la nôtre. Quant au NPD, il s'est sorti lui-même du débat en refusant de produire un plan chiffré. Il a plutôt cherché à plaire à tout le monde et son père d'une façon qui vaudrait aux Canadiens une Chambre encore plus obèse que celle qui est proposée par les conservateurs.
[Traduction]
D'après un sondage d'Abacus Data, dont les résultats ont été publiés hier sur le site Internet du Hill Times, pas moins de 57 p. 100 des Canadiens préfèrent la proposition du Parti libéral qui consiste à maintenir le nombre actuel de sièges en changeant la répartition; 22 p. 100 préfèrent le statu quo; et seulement 21 p. 100 d'entre eux veulent plus de sièges. Par conséquent, quatre Canadiens sur cinq s'opposent au plan des conservateurs.
[Français]
On ne s'étonnera pas que les conservateurs s'empressent de faire voter leur projet de loi à la va-vite. Ils savent bien que plus on en débattra, plus il créera un ressac dans la population.
Cet appui à la proposition libérale n'est pas surprenant. Les Canadiens ne veulent pas plus de députés, ils ne veulent pas plus de politiciens. Ils n'en ont vraiment pas besoin, surtout pas en ces temps difficiles où le gouvernement conservateur leur demande de se serrer la ceinture. Les Canadiens veulent une Chambre des communes équitable, mais ils ne la veulent pas hypertrophiée.
Et c'est vrai partout au Canada: par exemple, dans ma province, c'est neuf Québécois sur dix qui rejettent le plan conservateur, et c'est 57 p. 100 des Québécois qui approuvent le plan libéral.
Cela dit, il est vrai que des politiciens fédéraux et provinciaux ont marqué leur préférence pour le plan conservateur à 338 sièges. Il n'y a que des politiciens pour vouloir plus de politiciens!
Les Canadiens nous disent que puisque l'on peut obtenir une Chambre équitable en la maintenant à 308 sièges, il est inutile, inconsidéré et irresponsable de la porter à 338 sièges. La plupart des experts qui sont venus témoigner devant le comité sont du même avis que la population canadienne: oui, à la redistribution des sièges, non à la croissance du nombre total de sièges.
[Traduction]
Comme l'a dit Andrew Sancton, professeur à l'Université Western Ontario: « Mais je ne saurais appuyer une modification de la répartition des sièges qui va en accroître le nombre de façon importante. »
Ken Carty, professeur à l'Université de la Colombie-Britannique, est allé droit au coeur du problème lorsqu'il a dit au comité: « Nous l'agrandissons, non pas parce que nous avons une bonne raison pour le faire, mais parce que c'est le moyen facile de régler le problème de la redistribution. »
Les Canadiens n'ont nulle envie de voir grossir la Chambre des communes. Ils en ont marre d'un gouvernement paresseux qui cherche toujours la solution facile. Ils veulent du leadership. Ils veulent des politiciens qui font ce qui s'impose. Ils veulent une Chambre des communes équitable, mais ils sont satisfaits de sa taille actuelle.
Les Canadiens ont bien le droit d'être en colère lorsqu'ils voient le gouvernement conservateur chercher à multiplier le nombre de politiciens alors qu'ils coupe la fonction publique et les services destinés au public.
Les Canadiens ont bien le droit d'être en colère lorsqu'ils voient le fédéral réduire la fonction publique de 10 p. 100 alors que le gouvernement gonfle le nombre de politiciens fédéraux de 10 p. 100. C'est typique des conservateurs.
On demande aux Canadiens de se serrer la ceinture, mais les conservateurs desserrent la leur. Ils ont déjà un nombre record de ministres, un cabinet du premier ministre d'une taille encore jamais vue et ils veulent maintenant une Chambre des communes avec un nombre record de députés.
Les Canadiens ont bien le droit d'être en colère lorsqu'ils voient l'absence de principes affichée par les politiciens conservateurs. Pas de principes, pas de cohérence.
En 1994, un jeune député de Calgary déclarait qu'il voulait ramener le nombre de sièges à la Chambre des communes à 273. S'agit-il vraiment du même homme que le actuel, qui veut faire passer le nombre de députés à 338? Hier, il voulait 273 députés, aujourd'hui, il en veut 338. C'est 65 de plus. Quelle impressionnante volte-face! Pardon, quelle royale volte-face! Le premier ministre peut-il expliquer aux Canadiens qu'est-ce qui l'a fait changer d'idée au juste? Pas de principes, pas de cohérence.
En 1996, le gouvernement de l'Ontario, alors formé par le Parti progressiste conservateur, a adopté une loi sur la réduction du nombre de députés provinciaux pour le faire passer de 130 à 103. Le , le et le actuels faisaient tous trois partie de ce gouvernement. Aujourd'hui, le même trio qui voulait moins de députés provinciaux veut 30 députés fédéraux de plus. Hier, c'était une loi visant à réduire le nombre de députés, aujourd'hui, c'est une loi visant à augmenter le nombre de députés. Pas de principes, pas de cohérence.
[Français]
Voilà des politiciens qui se servent eux-mêmes au lieu de servir le public. Les Canadiens n'apprécient pas cela. Regardons ce qui se passe ailleurs. En Grande-Bretagne, le gouvernement, conservateur, notons-le, impose lui aussi de lourds sacrifices à sa population, mais en même temps, il montre l'exemple en réduisant la députation de 10 p. 100. Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement, conservateur, notons-le, entreprend lui aussi de montrer l'exemple en ces temps d'austérité budgétaire: il réduit le nombre de districts électoraux.
[Traduction]
Comment le peut-il expliquer le manque de cohérence du gouvernement? Il ne le peut pas. Le seul fragile argument qu'il a pu trouver, c'est que nous ne pouvons pas faire une nouvelle répartition des sièges à la Chambre parce que nous choisirions ainsi des gagnants et des perdants. Est-ce que le ministre est sérieux? Qui essaie-t-il de tromper avec ces paroles creuses? Qu'il écoute les Canadiens qui lui disent qu'avec le plan du gouvernement et cette Chambre des communes gonflée, tous les Canadiens sont perdants.
Ce que les Canadiens nous disent clairement, c'est qu'avec le plan libéral, tous les Canadiens gagneraient. Ils auraient une Chambre des communes plus équitable et plus représentative avec le même nombre de députés qu'aujourd'hui.
En ce moment, le gouvernement du Canada est le seul gouvernement fédéral qui juge nécessaire d'augmenter le nombre de députés pour rééquilibrer la représentation régionale au Parlement. Le seul gouvernement fédéral de la planète. C'est inutile et ce n'est pas tenable. L'important, ce n'est pas le nombre de sièges, mais le nombre de sièges relativement au total.
Comme le professeur Sancton l'a déclaré au comité:
[...] le fond de la question est de savoir si la répartition sera équitable et quelles répercussions elle aura sur la représentation relative de chacune des provinces par rapport à l'ensemble des autres. Si ce n'est pour les députés en poste, ou ceux qui aspirent à être députés, je crois que le nombre de sièges dans une province donnée n'est pas vraiment pertinent.
Ce raisonnement, adopté par d'autres démocraties, s'appliquait aussi au Canada il n'y a pas si longtemps. Pourquoi ne pas revenir à cette position fondée sur le bon sens?
[Français]
Après tout, le nombre de sièges à la Chambre des communes du Canada a été stable pendant un quart de siècle. En effet, en 1953, cette Chambre comptait 265 sièges. Vingt-cinq ans plus tard, en 1978, elle en comptait 264. Notre pays ne s'en trouvait pas plus mal.
[Traduction]
Selon le professeur Sancton, depuis la Confédération, il est arrivé 22 fois que des provinces perdent des députés fédéraux en raison d'une redistribution des sièges consécutive à un recensement.
Le professeur Nelson Wiseman de l'Université de Toronto a signalé au comité que toutes les provinces canadiennes, à l'exception de Terre-Neuve, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, ont perdu des sièges suite à des redistributions.
[Français]
Dans nos provinces, j'ai déjà fait remarquer que durant les années 1990, l'Ontario avait réduit son nombre de députés de 130 à 103. Pareillement, durant la même décennie, le Nouveau-Brunswick a fait passer son nombre de députés de 58 à 55, l'Île-du-Prince-Édouard de 32 à 27, Terre-Neuve-et-Labrador de 52 à 48, la Saskatchewan de 66 à 58, tandis que le Manitoba, lui, est stable à 57 sièges depuis les années 1950.
Ainsi donc, garder une députation à une taille raisonnable serait possible partout dans le monde démocratique, possible dans nos provinces, possible dans cette Chambre comme ce l'était il n'y a pas si longtemps. Pourquoi serait-ce donc possible partout et toujours sauf à la Chambre des communes du Canada d'aujourd'hui? Ce gouvernement conservateur se prépare à imposer aux Canadiens le plus gros gonflement de la députation fédérale de l'histoire de la fédération au moment même où il sabre partout ailleurs. Cela n'a aucun sens.
[Traduction]
Nous devons songer à l'avenir. Nous avons déjà un ratio députés-population plus élevé que la norme dans les démocraties. Cela est d'autant plus vrai si nous tenons compte du fait que, dans notre fédération décentralisée, les députés fédéraux n'ont pas à se préoccuper d'un grand nombre de dossiers importants, comme les écoles et les hôpitaux.
Le professeur Ken Carty a dit au comité:
Notre Chambre des communes est maintenant deux fois plus grande que celle des Australiens, et je pense qu'il est difficile de justifier cette croissance continuelle.
Pourtant, les discours creux du gouvernement sur les gagnants et les perdants nous condamneraient à une telle croissance continue.
Le reconnaît lui-même qu'en vertu de sa formule et des projections démographiques actuelles, le nombre de sièges à la Chambre va passer de 338 en 2011 à 349 en 2021, puis à 354 en 2031. En fait, cette croissance pourrait être encore plus rapide. Si nous prenons le scénario à forte croissance de Statistique Canada, la formule prévue dans le projet de loi imposerait aux Canadiens une Chambre comptant 357 sièges en 2021, puis une Chambre gargantuesque de 392 sièges en 2031. Or, selon une étude faite en 1996 et citée par le ministre, la Chambre des communes actuelle ne peut accueillir que 374 députés.
Le moment est venu de mettre fin à l'obligation d'ajouter des députés à chaque décennie. Il est temps de mettre un terme à l'expansion perpétuelle de la Chambre des communes.
J'ai commencé mon intervention en disant que ce serait vraiment bien si, dans ce dossier, nous votions tous comme des démocrates capables de s'entendre sur les règles fondamentales de la démocratie. Je termine en citant un collègue conservateur pour qui j'éprouve beaucoup de respect. Le député de a dit ceci à la Chambre:
La proposition du député de Saint-Laurent—Cartierville repose sur des principes, mais elle est indéfendable sur le plan politique.
Le plan libéral repose effectivement sur des principes, mais il est aussi parfaitement défendable, puisque c'est ce que les Canadiens veulent. Ils veulent une Chambre des communes juste, équitable et représentative. Une Chambre juste pour ce qui est de la représentation des provinces, une Chambre juste envers les contribuables et ceux qui vont être touchés par les restrictions budgétaires, une Chambre fidèle à nos principes démocratiques.
Étant donné que nous pouvons assurer cette équité avec 308 sièges, nous ne devrions pas porter ce nombre à 338. C'est ce qu'il faut retenir. Faisons preuve de leadership politique et ayons le courage de faire ce qui s'impose. Le gouvernement devrait accepter le plan libéral. Les Canadiens lui en seraient reconnaissants.
[Français]
Il faut dire non au projet de loi tel qu'il est, non à ce projet de loi de l'enflure parlementaire.
[Traduction]
Nous devons dire non au projet de loi qui vise à augmenter le nombre de politiciens.
[Français]
Il faut dire oui au plan libéral pour une Chambre des communes équitable et raisonnable, une Chambre qui garde sa taille actuelle. Montrons ensemble aux Canadiens que nous, leurs députés, ne sommes pas au service de nous-mêmes, mais au service des Canadiens, au service du Canada.
:
Monsieur le Président, je veux me prononcer en faveur de ce projet de loi. C’est un excellent projet de loi qui, dans une large mesure, permet au Canada de revenir à l’un des principes fondateurs de notre fédération.
Avant d’exposer les avantages du projet de loi , je veux toutefois m’attarder un peu sur la proposition formulée par le député de et en souligner certaines lacunes. Je ne pense pas qu’il a présenté tous les faits de façon parfaitement objective, alors je vais tenter de donner l’heure juste.
Je vais tout d’abord parler de ce que le plan libéral signifierait. Il conserverait le même nombre de députés, c’est-à-dire 308, non pas parce que ce nombre a une valeur métaphysique, mais simplement parce que c’est le statu quo. Affirmer que le nombre 308 est bon, c'est comme si l’on avait dit, en 1867, que 165 c’était parfait et qu’il fallait s’en tenir à cela, indépendamment des circonstances. C’est un argument qui ne tient pas la route dès qu’on l’applique à un chiffre quelconque, différent du nombre actuel, qui est arbitraire, et qu’on en fait le nombre d’or.
Certains pays fixent effectivement un plafond, et je mentionnerai le cas le plus évident, celui des États-Unis, où le total des représentants est de 435, indépendamment de l’évolution démographique.
Commençons par le plan des libéraux. Ils proposent d’ajouter quatre sièges pour l’Ontario, deux pour la Colombie-Britannique et trois pour l’Alberta et de retirer trois sièges au Québec, deux chacun au Manitoba et à la Saskatchewan, un chacun à la Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, ce qui nous donnerait plus d’égalité que maintenant, mais quand même moins que ce que prévoit le projet de loi du gouvernement. Je vous l’explique.
Le député a affirmé que le plan libéral était très bien accueilli et que le plan du gouvernement était très impopulaire, en se fondant sur un sondage récent qui a été publié hier seulement. J’ai vu les chiffres bruts de ce sondage, et mon interprétation est très différente de la sienne. Permettez-moi de vous en dire un peu plus pour vous prouver que le député n’a pas reflété fidèlement ce que les répondants au sondage ont dit.
Les gens devaient d’abord répondre à la question « Êtes-vous favorable ou opposé au projet de loi visant à ajouter 30 sièges à la Chambre des communes pour que chaque province se rapproche de la représentation selon la population? » À cette question, 44 p. 100 des répondants ont donné une réponse favorable, seulement 28 p. 100 y étaient opposés, et 27 p. 100 n’avaient pas d’opinion. On constate donc qu'un fort pourcentage des répondants étaient en faveur.
Pour ce qui est des différentes régions du pays, et je ne vais pas les mentionner systématiquement, comme on pouvait s’y attendre, en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta -- les trois provinces les plus nettement sous-représentées dans le système actuel --, nous avons les pourcentages les plus élevés de répondants en faveur du projet de loi: 52 p. 100 en Ontario; 60 p. 100 en Alberta; et 56 p. 100 en Colombie-Britannique. La mesure est très bien accueillie, et d’ailleurs cela vaut dans tout le pays, quoique cela soit moins marqué au Canada atlantique et au Québec que dans ces régions. Néanmoins, il y a beaucoup plus de répondants qui appuient le projet de loi d'initiative ministérielle que de répondants qui y sont opposés.
Les répondants devaient également dire ce qu’ils pensaient de la proposition du Parti libéral. La question suivante leur était posée: « Parmi les trois propositions suivantes concernant le nombre de sièges à la Chambre des communes, laquelle préférez-vous? » Les choix étaient les suivants: « Ajouter 30 sièges. Conserver le même nombre de sièges mais les répartir différemment. Laisser les choses comme elles sont actuellement ». Quand la question est posée de cette façon, les majorités sont très nettes. Ce sont les chiffres que mon collègue a mentionnés pour cette deuxième option, qui est de conserver le même nombre de sièges, mais en modifiant leur répartition. Toutefois, cela ne reflète pas toute la réalité, et c’est pour cela que nous obtenons des pourcentages si élevés.
J'aimerais bien savoir quelle proportion des gens sont favorables à l'idée de perdre des sièges dans leur province. Que penseraient les Néo-Écossais d'une redistribution des sièges qui en maintiendrait le nombre total au pays, mais qui leur ferait perdre 10 p. 100 des leurs? Que penseraient les gens du Québec si on maintenait le nombre de sièges et qu'on leur en enlevait trois pour les donner à d'autres provinces? Les pourcentages d'appui seraient-ils les mêmes? J'ai l'impression que non.
Ce sondage pose une question en passant sous silence l'élément clé désavantageux de la proposition libérale. Par conséquent, les réponses obtenues sont très peu fiables pour déterminer le vrai niveau d'appui à l'égard de cette proposition. Le député et sa proposition s'en sortent bien parce que les libéraux ne montrent pas les conséquences néfastes de ce qu'ils proposent.
Mon collège le député a fait en outre des parallèles avec d'autres pays. Selon lui, le nombre de députés à la Chambre des communes est beaucoup trop élevé. C'est comme s'il existait une sorte de formule abstraite qui nous permettrait d'obtenir une représentation parfaite. Il a cité le cas de deux pays pour étayer son argument: la Grande-Bretagne et l'Australie.
Le Parlement britannique compte 600 députés, soit beaucoup plus de députés que le Parlement canadien. Bien que la population de la Grande-Bretagne soit passablement plus élevée que celle du Canada, la population moyenne par circonscription est moins importante qu'elle ne le serait avec notre proposition, et à plus forte raison si nous maintenions le statu quo. Qu'il ait donné l'exemple de la Grande-Bretagne relève d'une logique qui m'échappe complètement.
En ce qui concerne l'Australie, il dit que le nombre de députés dans ce pays est égal à seulement 60 p. 100 du nombre de députés que nous avons chez nous. Je lui signale que la population de l'Australie est égale à environ les deux tiers de la population du Canada. Par conséquent, le nombre d'habitants par circonscription est à peu près le même. Ce sont des exemples très peu convaincants.
Je vais maintenant passer aux États-Unis, où l'on utilise le système que mon collègue a recommandé. Aux États-Unis, il y a un plafond fixe et immuable de 435 sièges à la Chambre des représentants, pour une population qui s'élève présentement à 309 millions d'habitants. Tous les 10 ans, on procède à ce qu'on appelle une réaffectation des sièges, ce qui équivaut à notre redistribution. Aux États-Unis, il y a aussi un seul minimal de sièges que l'on peut avoir à la Chambre des représentants, soit un seul siège.
Que se passe-t-il en vertu de ce système? Rappelez-vous qu'il y a un plafond fixe. Certains États peu densément peuplés sont sous-représentés par rapport à des États très populeux. La Californie compte 37 millions d'habitants et 53 représentants, ce qui correspond à 698 000 personnes par district électoral. Le plus petit État, le Wyoming, compte 568 000 habitants. Avec un représentant au Congrès, cela équivaut à 568 000 personnes par district. Cela est conforme au phénomène typique voulant que les petits États ou provinces soient légèrement surreprésentés.
Qu'en est-il de l'État du Montana, qui a un représentant pour 994 000 habitants? À près d'un million, les habitants du Montana sont fortement sous-représentés puisqu'ils sont sur un pied d'égalité avec l'État voisin, le Wyoming, dont le profil démographique est fort différent. C'est totalement injuste. Il y a 994 000 habitants par représentant au Montana, et 568 000 au Wyoming. Il n'y a rien de juste ou de démocratique là-dedans.
Voilà l'aspect caché de la proposition libérale. La Nouvelle-Écosse, tout comme le Nouveau-Brunswick, a un seuil sénatorial de 10 sièges, qui est déjà pris en compte. Selon la proposition du député, le Nouveau-Brunswick conserve son nombre de députés et celui de la Nouvelle-Écosse diminue pour le rejoindre, mais les deux provinces n'ont pas le même poids démographique. Plus précisément, la Nouvelle-Écosse compte 945 000 habitants, et le Nouveau-Brunswick, 755 000. Le député nous demande de maintenir en permanence un écart de 20 p. 100 au niveau de la représentation. Ce n'est pas ça la représentation selon la population. À vrai dire, cela tranche énormément avec la représentation selon la population.
Le député évoque aussi la possibilité de diminuer le nombre de sièges sous prétexte que les seuils sénatoriaux, issus de circonstances historiques, sont plutôt arbitraires. Le seuil sénatorial pour le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse est de 10 sièges. Pour la Saskatchewan et le Manitoba, c'est six sièges. Par conséquent, ces provinces, qui comptent respectivement 1,2 et 1 million d'habitants, pourraient tomber sous le niveau du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.
Le député ne préconise pas vraiment qu'il en soit ainsi, mais en enlevant deux sièges à ces deux provinces dont la population combinée s'élève à 2,3 millions d'habitants, on se trouverait à leur laisser 24 sièges. Quant à la petite région de l'Atlantique, elle compterait 30 sièges pour une population beaucoup moindre. Cela ne correspond pas non plus à la représentation selon la population.
La conséquence cachée de la proposition du député, c'est qu'on s'écarte de plus en plus du principe de la représentation selon la population. C'est ce qui se passe dans le cas des petites provinces puisque leur seuil sénatorial est fondé sur des paramètres qui n'ont rien à voir avec la représentation selon la population. Il s'explique plutôt par des circonstances fortuites, comme le moment de leur entrée dans la Confédération et leur situation à ce moment-là.
Ainsi, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba sont entrés dans la Confédération alors qu'ils étaient, en grande partie, à l'état sauvage. Le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, pour leur part, ont adhéré à la Confédération alors qu'ils étaient bien peuplés, d'où les différences. Par conséquent, le député figerait dans le temps des différences tout à fait injustes entre ces provinces. Bon, il parvient à atteindre son plafond global et, quand on compare, disons, l'Ontario à la Nouvelle-Écosse, les choses ne paraissent pas si mal. Toutefois, il se cache là-dedans une injustice flagrante et monstrueuse.
Nous ne voulons pas suivre cette tendance. Nous voulons prendre une autre direction.
Permettez-moi de revenir au système américain pour un instant. Comme je l'ai dit, il existe une lacune considérable dans la formule de représentation aux États-Unis. Selon moi, il ne faudrait pas imposer de limite à la taille de la Chambre des représentants. James Madison, l'auteur de cette partie de la Constitution, se retournerait dans sa tombe s'il apprenait ce que les Américains ont fait au principe d'égalité de représentation. Les pères fondateurs des États-Unis avaient pourtant bien précisé que « les représentants seront répartis entre les divers États proportionnellement à leur population respective ».
En 1964, dans l'affaire Wesberry c. Sanders, la Cour suprême des États-Unis a conclu, relativement à ce principe, que les districtis congressionnels d'un même État doivent, autant que possible, être de taille égale. Ils ne pouvaient pas passer outre la limite arbitraire imposée à l'ensemble de la Chambre des représentants des États-Unis, mais à l'intérieur de chaque État, les distorsions n'étaient pas permises. La Cour suprême a statué que « le vote d'un individu lors d'une élection législative fédérale doit, dans la mesure du possible, être toujours égal à celui d'un autre. » Cette affaire ressemble à l'affaire, plus célèbre, qu'est Reynolds c. Sims, qui portait sur la représentation dans chaque État et dans les assemblées législatives des États.
Ce principe s'applique aussi dans d'autres pays. Il est observé rigoureusement en Australie. Les Britanniques se rapprochent de plus en plus de ce principe. Au Canada, la représentation selon la population, c'est-à-dire l'égalité des votes pour tous les citoyens, est un principe fondateur de la fédération.
L'échec de notre Constitution précédente, l'Acte d'Union, est sans doute attribuable au fait qu'elle a créé la Province du Canada, qui se composait de deux entités, c'est-à-dire le Canada-Est, soit le Québec actuel, et le Canada-Ouest, soit l'Ontario actuel. Ces deux entités avaient une représentation égale, et ce, même si leurs chiffres de population étaient en train de changer. En d'autres mots, la situation à cette époque était très semblable à celle qui existerait en vertu de la proposition libérale à l'égard du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Le seuil serait le même, et les populations sont en pleine mutation.
Comme la population du Canada-Ouest a augmenté au fil du temps, la population de cette région s'est sentie sous-représentée et a donc exigé des changements. Les résultats de ce mouvement dirigé par George Brown ont été pris en compte lors de la Confédération, en 1867. Le principe de la représentation égale a été conservé à la Chambre haute, comme c'est le cas dans plusieurs pays, y compris les États-Unis et l'Australie. C'est pourquoi l'Ontario et le Québec comptent 24 sénateurs chacun. Cependant, ce principe n'a pas été conservé à la Chambre basse, où l'on a décidé d'implanter purement et simplement le principe de la représentation selon la population.
Nous nous sommes toutefois éloignés de ce principe depuis. Différentes décisions prises au fil du temps n'ont fait qu'exacerber le problème.
Dans un document très intéressant rédigé par Andrew Sancton, et auquel le député de fait si souvent allusion, on souligne que l'événement marquant de la représentation selon la population s'est produit en 1911. À la suite de la nouvelle répartition des sièges, le principe de l'équité était à toutes fins pratiques respecté entre les provinces. Depuis, on a changé les règles les unes après les autres, habituellement dans le but d'atténuer l'irritation des provinces qui perdaient des sièges, et la vive réaction que suscitait toute proposition d'enlever des sièges à une province. Quand la situation n'est qu'hypothétique, tout le monde peut s'entendre facilement ou on hausse tout simplement les épaules en se disant qu'il n'y a rien de concret. Or, quand la proposition se concrétise, c'est une tout autre histoire.
Ainsi, en tentant de nous adapter à toutes ces pertes de sièges possibles, quelle que soit la province visée, nous nous sommes éloignés de plus en plus du principe de la représentation selon la population.
Selon moi, deux choix s'offrent à nous. Notre premier choix consiste à nous préoccuper d'aspects arbitraires et sans importance, comme le nombre total de députés à la Chambre. Notre deuxième choix consiste à accepter que le nombre de députés augmentera et qu'il continuera d'augmenter dans l'avenir, comme il a doublé depuis la Confédération.
Nous sommes d'avis que ce n'est pas une mauvaise chose. Cela montre tout simplement que le Canada est un pays en croissance, un pays qui accueille quantité d'immigrants, un pays qui croît de façon telle que la population de certaines provinces augmente plus rapidement que celle d'autres provinces, d'une manière qui n'avait pas été prévue et qu'il aurait été impossible de prévoir.
Par conséquent, nous devons nous préoccuper de la représentation selon la population et de l'égalité des votes et veiller à ce que chaque Canadien dispose des mêmes droits, soit élire ses représentants, sans égard aux facteurs géographiques.
Enfin, il y a des conséquences arbitraires et inattendues, mais néanmoins pernicieuses, au fait que, dans la situation actuelle, au Canada, certaines provinces sont surreprésentées, tandis que d'autres sont sous-représentées. J'ai en main un article publié il y a quatre ans par l'Institut de recherche en politiques publiques, qui s'intitule « Is Every Ballot Equal? Visible-Minority Vote Dilution in Canada » et qui a été rédigé par Michael Powell et Sujit Choudhry.
Entre autres, les auteurs de l'article soulignent que l'augmentation de la population au Canada à l'heure actuelle est presque entièrement attribuable à l'immigration de membres des minorités visibles. La plupart des immigrants viennent de pays où il n'y a pas de population blanche. Où s'installent-ils? Ils s'installent un peu partout au pays, mais, selon les statistiques, ils s'installent surtout dans les villes de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. De plus en plus, on constate cette réalité dans de nombreux contextes, notamment ici, à la Chambre, où il y a maintenant beaucoup plus de membres des minorités visibles, et même au Cabinet, mais ils ne sont pas représentés de façon proportionnelle, car l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta sont toutes des provinces sous-représentées.
Les auteurs vont plus loin et signalent que, dans le cas de l'Ontario, la commission de délimitation des circonscriptions a pris en 2004 la décision malheureuse et arbitraire de conserver plus de circonscriptions qu'il n'en faut dans le Nord de l'Ontario. Il s'ensuit que la population de ces circonscriptions est géographiquement plus faible, ce qui entraîne une sous-représentation systématique des personnes vivant au sud du lac Nipissing, particulièrement celles qui habitent dans les circonscriptions de Toronto dont la croissance est la plus rapide, qui sont par conséquent doublement sous-représentées.
Je défie quiconque de dire que c'est une bonne chose que les minorités visibles soient sous-représentées à la Chambre des communes, qu'elles soient doublement sous-représentées à cause de la façon dont les sièges sont distribués entre les provinces et dont ils le sont dans au moins une province.
Je défie quiconque d'affirmer que le maintien de ce processus à long terme est une bonne chose.
Je défie quiconque de défendre le projet de loi du NPD, selon lequel nous devons privilégier à outrance une province et lui garantir son nombre de sièges en permanence, assurant du même coup une diminution encore plus importante du droit de vote des minorités visibles de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta et, en même temps, d'autres personnes qui ne font pas partie des minorités visibles, comme les habitants de ma circonscription rurale de l'Est de l'Ontario, qui verraient eux aussi leurs voix diminuer.
Il y a là un problème. La solution proposée dans le projet de loi , présenté par le gouvernement, est une solution réfléchie, diplomatique et pratique, qui jouit d'un appui considérable de la part du public. C'est une mesure pour laquelle le gouvernement a reçu un mandat, si l'on croit bien sûr au mandat du gouvernement qui, pendant la campagne électorale, a affirmé que son projet de loi sur la délimitation des circonscriptions électorales aurait un triple effet: il ferait en sorte, premièrement, que l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta aient plus de sièges, deuxièmement, que le Québec ait une représentation équitable et ne soit ni surreprésenté ni sous-représenté, et troisièmement, qu'aucune des petites provinces ne perde de sièges.
C'est le genre de compromis sur lequel a reposé l'édification du pays, il y a 150 ans. C'est une excellente proposition, et j'encourage tous les députés à l'appuyer.
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Monsieur le Président, je voudrais d'emblée vous indiquer que j'entends partager mon temps avec ma collègue de .
D'entrée de jeu, je ne peux pas m'empêcher d'aborder les propos de notre collègue de , qui annonçait de manière un peu populiste que les gens ne veulent pas voir davantage de politiciens. Je lui souligne que c'est d'abord parce qu'ils ne veulent pas voir davantage de politiciens libéraux. C'est un fait avéré depuis le 2 mai dernier.
Je ne voudrais pas enquiquiner mes collègues parlementaires avec quelque chose qui pourrait paraître frivole, mais qui me turlupine. C'est le débat en troisième lecture d'un projet de loi qui vise à modifier la Loi constitutionnelle de 1867. Encore une fois, les conservateurs bâillonnent les parlementaires, méprisent la démocratie et nous obligent à discuter d'un enjeu aussi fondamental que la représentation démocratique et l'équité entre les régions, les nations et les provinces de notre pays en une seule journée de débat.
Je m'excuse, mais ce n'est vraiment pas sérieux. C'est se moquer du monde. C'est considérer que le travail des parlementaires ne vaut rien. C'est vouloir imposer un bulldozer sur tous les projets de loi, comme ils le font depuis le début de la session. On est rendu à 10, 11 ou 12 bâillons. C'est difficile à suivre puisqu'ils en ont tellement. Ils n'aiment pas les débats et les discussions et ils ne sont pas à l'écoute. C'est un gouvernement déconnecté de la réalité. Le projet de loi conservateur vise essentiellement à corriger certaines iniquités en ajoutant des sièges. Mais dans un esprit où on bâillonne systématiquement les députés, à quoi cela sert-il d'avoir davantage de députés s'ils ne peuvent pas parler en Chambre? À quoi cela sert-il d'avoir plus de monde ici si les gens ne sont pas capables de faire leur travail parce qu'on ne leur laisse pas le temps de le faire? C'est une question essentielle à laquelle on n'a malheureusement pas encore eu de réponse.
Le projet de loi des conservateurs ne règle aucun des problèmes qu'il doit pourtant régler selon son intention. Les objectifs poursuivis ne seront pas atteints, les règles d'équité ne vont pas être rencontrées et les gens des provinces de l'Ouest, de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de l'Ontario ne vont pas réussir à obtenir leur poids proportionnel dans cette future Chambre, tout en bafouant la position et le poids politique du Québec. Mais à cet égard, j'y reviendrai.
Au NPD, on n'a rien contre la règle fondamentale d'un citoyen, un vote. C'est une règle fondamentale et c'est normal. Je vais également prendre au bond le commentaire de mon collègue de l'autre côté, car on peut parfois s'entendre sur certaines choses. Cela pose effectivement un vrai problème si un député, un parlementaire, représente 100 000 ou 200 000 personnes. La charge de travail n'est pas pareille et n'est pas équitable. On est là pour rendre des services à la population et il faut avoir une répartition correcte entre le travail des différents parlementaires. Il y a un réel enjeu et une croissance démographique dans certaines provinces qui demande une correction pour que le travail soit plus équitable et que la charge de travail soit mieux partagée entre les parlementaires pour que les gens soient véritablement représentés. Encore faut-il que leurs représentants puissent faire leur travail. Mais c'est une question que j'ai déjà abordée.
Le respect de la règle d'un citoyen, un vote, est essentiel, incontournable et fondamental, mais ce n'est pas la seule et unique règle. Cela, la Cour suprême l'a déjà établi. La position néo-démocrate est basée sur le fait que les réalités sont multiples dans la fédération canadienne et que, par conséquent, on doit en tenir compte et sortir d'une vision avec des oeillères portant sur la simple représentation mathématique pure. Pourquoi? Parce que la Cour suprême a reconnu qu'on pouvait reconnaître que des groupes d'intérêt particulier devaient avoir un traitement particulier. Ce n'est pas un privilège, c'est simplement reconnaître la réalité sociologique, historique et géographique sur le terrain.
Par exemple, les groupes d'intérêt particulier peuvent être la nation québécoise ou une province qui a une toute petite représentation, comme l'Île-du-Prince-Édouard. Il y a des règles qui font en sorte qu'on ne peut pas avoir moins de députés que de sénateurs. On peut avoir des règles qui vont reconnaître la réalité des communautés autochtones ou du Nord, qui ne vivent pas la même réalité que les centres urbains. Il faut regarder cela d'une manière ouverte, large et inclusive, pour être en mesure de refléter les réalités des diverses parties de notre pays.
Le 27 novembre 2006, la Chambre adoptait une motion reconnaissant que le Québec formait une nation. Pour le NPD, cela veut dire quelque chose, cela doit dire quelque chose, cela doit se refléter dans des aspects concrets par gestes concrets. Malheureusement, ce qu'on a vu, depuis 2006, ressemble beaucoup à du vent et à des voeux pieux.
Le NPD a des initiatives pour que cette reconnaissance s'applique dans la réalité et ne reste pas théorique, au niveau des nuages. On a, par exemple, des projets de loi d'initiative parlementaire pour que le respect de la langue française s'applique dans les entreprises de compétence fédérale au Québec. C'est essentiel pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises et pour le fait français en Amérique du Nord.
On a également le projet de loi de notre collègue de sur le maintien du poids politique du Québec au sein même de la Chambre à 24,35 p. 100, parce que c'était le poids politique du Québec, le 27 novembre 2006, quand cette motion a été adoptée à la Chambre. Selon nous, ce poids politique doit être défendu et maintenu pour refléter cette reconnaissance véritable.
Comment peut-on demander à des députés québécois de voter en faveur d'un recul de la force et du poids du Québec à la Chambre, alors que nous formons un des deux peuples fondateurs et que nous avons été reconnus comme nation? Je me demande comment mes collègues députés libéraux provenant du Québec sont capables de voter en faveur d'un recul pour le Québec. Ça m'étonne de leur part. Il faut sortir de cette vision étroite de la représentation qui serait purement et uniquement proportionnelle, parce que sinon on risque un glissement grave et une dérive vers la marginalisation du Québec, seul État majoritairement francophone en Amérique du Nord et ayant des responsabilités particulières. Il faut reconnaître cela.
C'est pourquoi les députés du NPD, du Québec et d'ailleurs, se tiennent debout pour le maintien du poids politique du Québec ainsi que pour l'augmentation du nombre de sièges des provinces ayant un accroissement important de la population, par souci d'équité dans leur charge de travail et dans les services rendus aux citoyens.
Si on reconnaît que les francophones sont un peuple fondateur de cette fédération, on doit revenir à la vision de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, le Commission Laurendeau-Dunton, qui s'est déroulée entre 1963 et 1971, à une époque où on prenait le temps de faire les choses convenablement et d'étudier à fond les questions jugées essentielles et importantes, et non pas, comme le fait le gouvernement conservateur, en limitant les débats et en bâillonnant toujours les députés. Pendant toutes ces années, on a étudié le bilinguisme et le biculturalisme, la reconnaissance des peuples autochtones, peut-être oubliés à cette époque mais pas aujourd'hui, et le fait qu'il y ait deux poids, deux langues, deux cultures dans ce pays. De plus, il y a maintenant une nation qui a été reconnue en 2006. C'était donc la reconnaissance de la dualité culturelle fondamentale de cette fédération, aujourd'hui bafouée par le projet de loi C-20. Elle est complètement ignorée par le projet de loi C-20, alors qu'elle est parfaitement reconnue par le projet de loi de mon collègue de .
Si le Québec a effectivement une responsabilité unique dans la protection du fait français, la protection de la langue et de la culture doit faire en sorte que le Québec ne perde pas de place au sein de la Chambre et que son poids politique soit maintenu à 24,35 p. 100. C'est largement reconnu au Québec. Une de mes collègues citait une motion unanime de l'Assemblée nationale à cet égard. Le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Yvon Vallières, disait également que les trois sièges proposés par le projet de loi C-20 pour le Québec étaient nettement insuffisants. Je prendrai quand même une partie du crédit en tant qu'opposition officielle néo-démocrate: si on n'avait pas insisté autant sur cette question, je ne suis pas certain que ces trois sièges auraient même été proposés au départ.
Le principe directeur de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme était un partenariat égal. Ce n'est pas du tout ce qu'on voit dans la proposition des conservateurs. On n'y reconnaît pas l'obligation de la défense du fait français en Amérique du Nord ni les responsabilités particulières et historiques du gouvernement du Québec.
En tant qu'opposition officielle, en tant que néo-démocrates, en tant que gens qui ont à coeur l'inclusion de toutes les parties de cette grande fédération, nous ne pouvons pas appuyer un projet de loi comme le projet de loi C-20. Nous en appelons à une vraie réforme démocratique qui serait une réforme du mode de scrutin, c'est-à dire un mode de scrutin proportionnel pour que toutes les voix politiques de ce pays soient bien entendues. Ce sera le débat d'une autre journée.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir et l'honneur de me lever pour discuter du projet de loi , un projet de loi extrêmement fondamental parce qu'il concerne notre droit à la représentation au niveau fédéral dans ce magnifique pays qu'est le Canada. Ce n'est pas quelque chose de facile à faire. Ce n'est pas la première législature qui sera appelée à se pencher sur la question et ce n'est sûrement pas la dernière.
Je ne connais pas de formules parfaites, de formules qui font plaisir à tout le monde, à moins que chaque personne ait son propre député et même là, je ne suis pas sûre que cela plairait à tout le monde non plus. Ceci étant dit, il y a des principes de base à concilier. Depuis le début, j'écoute avec intérêt les discours à cet égard. Bien que je puisse saluer, jusqu'à un certain point, l'effort fait par le gouvernement avec son projet de loi , encore une fois, on manque la coche. Il manque quelque chose pour se conformer aux principes généraux dans leur ensemble, principes qui devraient s'appliquer en semblable matière.
Je salue beaucoup moins la position de mes amis libéraux, ne leur en déplaise. Malgré le discours hautement intéressant de mon collègue de qui tente de donner un élan et une impression de logique derrière la proposition libérale, leur position me semble fondamentalement électoraliste.
Je m'explique. En 2004, lorsque j'étais au Parlement, je siégeais au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je me souviens de mon collègue qui était un adversaire politique à ce moment-là, mais en même temps, avec lequel je partageais beaucoup quant à sa vision au niveau de la réforme démocratique. En effet, ces réformes sur le plan de la représentation de nos parlementaires sont un aspect de la réforme et de la vie démocratiques. Lorsque je siégeais à ce comité avec l'honorable Ed Broadbent, ce dernier avait proposé — en partie dans le cadre de ce processus de révision de notre vie démocratique au Canada — de considérer le concept de la représentation proportionnelle: quel type de mode électoral on a et qui fait partie de notre vie démocratique, quel genre de représentation a-t-on, doit-on avoir une ou deux Chambres, quel serait le nombre de représentants? Cela fait partie de notre vie démocratique.
Je me souviens qu'à l'époque c'était de toute beauté à voir. En effet, nous avions un gouvernement libéral et certains partis qui avaient de nombreux représentants en Chambre n'avaient aucunement l'intention de même songer à la possibilité de réformer notre mode électoral ou de même étudier la question du mode électoral et de la représentation proportionnelle. En fin de semaine, j'ai eu toute une surprise lorsque j'ai lu que l'honorable chef par intérim du Parti libéral commençait à suggérer certaines choses par rapport à la représentation proportionnelle.
Cela m'indique c'est que c'est lorsqu'on est fort, quand on forme un gouvernement majoritaire, stable et solide, qu'il est temps de penser à ces choses si on les a réellement à coeur. Ce n'est définitivement apparemment pas le cas parce que c'est quand on est petit en Chambre que, tout à coup, on se souvient que, peut-être, la représentation proportionnelle serait une vraiment très bonne idée.
Je prends avec un grain de sel les critiques qu'on reçoit de nos amis à mon extrême gauche. Ils se lèvent souvent en Chambre pour nous proposer quelque chose, mais dans le fond, pour avoir eu de nombreuses discussions avec l'ensemble de ces collègues, je sais pertinemment qu'ils n'y croient pas. S'ils étaient de l'autre côté de la Chambre, s'ils étaient majoritaires, je ne suis pas convaincue qu'ils se préoccuperaient de la question de la même manière.
Bien souvent, même si c'est peut-être humain, on examine quel sera l'impact sur soi, comme député, et cette question n'est pas nécessairement démocratique.
La beauté de la proposition que nous avons faite dans le cadre du projet de loi , à l'époque, était le fait qu'il s'agissait d'une suggestion qui rétablissait ou mettait un peu de mordant et de substance autour du concept de la nation québécoise, ce qui, à mon avis, doit faire partie du projet de loi .
Comme je l'ai dit lors de mon discours au sujet du projet de loi , on ne peut pas redistribuer les sièges sans faire le pas additionnel qui consiste à se demander ce que cela signifiait lorsqu'on a dit de façon unanime à la Chambre que les Québécois formaient une nation à l'intérieur du Canada.
Quelle est la façon la plus importante de refléter quelque chose dans un pays comme le Canada si ce n'est par sa représentation.
Si, à travers les années et à travers différents concepts, qu'ils soient démographiques ou autres, on se retrouve à diminuer tranquillement pas vite mais assurément le poids politique du Québec, que mes collègues le croient ou non, on n'aura même pas besoin d'un référendum pour sortir le Québec car, à un moment donné, il n'existera tout simplement plus dans la fédération. Je ne pense pas que c'est ce qu'on veut voir se produire.
Je répète que ce n'est pas facile de trouver la formule par excellence. Ici, avec le projet de loi , plusieurs provinces sont en droit d'être mieux représentées, et je ne nie aucunement le droit des provinces de l'Ouest d'avoir une meilleure représentation. Par « meilleure représentation », je ne dis pas nécessairement que c'est le fait d'avoir plus de députés qui fera en sorte qu'on aura une meilleure représentation. On devra fondamentalement, au-delà des chiffres, commencer à se regarder tous ensemble et se dire qu'il y a des choses de fondamentalement malsaines dans notre démocratie canadienne quand on constate que des députés, même du côté gouvernemental, n'ont absolument plus aucune importance.
Alors, qu'on rajoute 3, 10, 15 ou 150 députés, selon moi, si on ne change pas le fonctionnement actuel, c'est une perte de temps et d'argent. On ne calmera pas les demandes des gens de l'Ouest, qui ne se sentent pas bien représentés ici au Parlement, celles des gens du Québec, qui ne trouvent pas nécessairement qu'ils ont le poids politique qui leur revient, et celles des provinces de l'Atlantique, qui sont souvent obligées de se battre pour se démarquer. On ne satisfera personne. Fondamentalement, à la base, tout est dans la façon que l'on représente. C'est ce travail de député qui, depuis des années, s'érode petit à petit de façon irrévocable. On a des lignes de parti, un qui prend toutes les décisions, un Conseil des ministres qui n'est souvent même pas au courant de quoi que ce soit, des députés qui doivent suivre la ligne de parti et l'autre côté qui doit s'opposer.
C'est ce que nous dit la population quand on se présente dans les communautés. Elle n'a plus l'impression d'être représentée. Pourtant, nous voici en train de calculer un nombre additionnel de députés pour dire à la population qu'elle sera mieux représentée grâce à un calcul mathématique et à une belle formule savante qui donne les résultats x, y et z.
Est-ce que cela va réconforter ces gens? Certains comtés comptent 140 000 personnes alors que d'autres en ont 30 000. Mais on se rappellera que certains députés ont de grands territoires à couvrir, que certains ont à couvrir des zones rurales et d'autres des zones urbaines. Certains sont près de la Colline et d'autres sont loin de la Colline. Tous ces facteurs doivent entrer en ligne de compte.
À mon avis, on fait fausse route quand on se limite et qu'on se penche tout simplement sur des questions mathématiques pour régler quelque chose d'aussi fondamental que la question de la représentation qui devrait être celle que nos concitoyens sont en droit d'avoir.
En conclusion, premièrement, le projet de loi me pose beaucoup de problèmes parce qu'il ne répond pas du tout à la question du poids politique du Québec. Deuxièmement, ce projet de loi ne règle pas le problème de la représentation dans l'Ouest si ce qu'on veut faire est d'avoir un semblant d'équilibre sur le plan de la grandeur des comtés. Troisièmement — et je vais laisser tous mes collègues de cette Chambre sur la réflexion suivante —, je n'ai aucun problème à représenter 200 000 personnes en autant que j'ai le temps de les rencontrer dans les communautés. C'est le travail qu'on doit faire. Il n'y en a pas 200 000 qui communiquent avec nous. Il faut rester réaliste. C'est tout le travail de député qui doit être remis en question pour qu'on puisse y retrouver réellement la notion de représentants de la population que j'ai parfois de la difficulté à retrouver dans cette Chambre avec tous les bâillons qu'on reçoit.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je partage le temps qui m’est alloué avec mon collègue, le député d’, pour traiter de cette question importante.
Je suis très heureux d'intervenir aujourd’hui pour parler du projet de loi . C’est un véritable privilège. Je suis très fier de faire partie d’un gouvernement qui a proposé cette mesure démocratique d’importance historique. L’essentiel, au sujet du projet de loi C-20, c’est qu’il nous aiderait à préserver et à améliorer des traditions démocratiques et constitutionnelles qui sont vénérées dans notre pays grâce à une représentation plus équitable à la Chambre.
Il y a à peine un an commençaient les soulèvements pro-démocratie dans le monde arabe, le Printemps arabe. Si ces mouvements populaires nous ont appris quelque chose, c’est bien que la liberté et l’autonomie gouvernementale sont à ce point indispensables à la nature humaine que les gens sont prêts à souffrir et même à mourir pour elles.
À l’époque de la Révolution française, le cri de ralliement était « liberté, égalité et fraternité ». Ces principes étaient si importants qu’en 1958, ils ont été intégrés dans la Constitution française.
Le projet de loi porte sur l’un de ces trois piliers de la démocratie: la représentation proportionnelle, c’est-à-dire l’égalité. Cela signifie que le vote de chaque personne, quelles que soient la position sociale, la puissance et la richesse de cette personne ou la région du pays où elle vit, a la même valeur. C’est le principal outil qui nous permet de veiller à ce que ceux qui ont du pouvoir, de l’influence ou de l’argent ne puissent pas détourner les élections à leur avantage.
Je cite Voltaire, qui a dit pendant la Révolution française: « Chaque homme, dans le fond de son cœur, a droit de se croire entièrement égal aux autres hommes. »
Le bulletin de vote, qui met tous les citoyens sur un pied d'égalité, est la meilleure façon de leur donner un poids égal pour choisir leur gouvernement. On ne saurait trop insister sur l’importance de cet aspect. Malheureusement, ce principe s’est érodé au Canada, non pas à la suite de viles manœuvres, mais simplement en raison de l’évolution démographique, des taux de natalité, des migrations internes et externes.
Certaines régions sont sous-représentées depuis des décennies. Le projet de loi éliminerait cette sous-représentation de façon réaliste et raisonnable. Cela revêt une grande importance dans ma circonscription, Oakville, et dans ma province, l’Ontario, mais aussi pour des collectivités de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et du Québec.
Outre leurs préoccupations en matière d’économie et de sécurité des collectivités, les Canadiens ont choisi, le 2 mai dernier, d’élire un gouvernement conservateur majoritaire, solide et stable parce qu’ils savaient que nous tiendrions les trois promesses que nous avions faites en matière de représentation. Le respect des engagements pris pendant la campagne électorale est un autre pilier de la démocratie.
Premièrement, nous avions promis d’accroître le nombre de sièges maintenant et pour l’avenir en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta, les provinces qui connaissent la plus forte croissance au sein de la confédération. Deuxièmement, nous avions promis de protéger les sièges des petites provinces. Troisièmement, nous avions promis de maintenir la représentation proportionnelle du Québec en fonction de sa population. La loi sur la représentation équitable nous permettra de tenir ces trois promesses, et chaque province se rapprochera donc d’une représentation véritablement proportionnelle.
Dans les provinces les plus sous-représentées, la population augmente surtout dans les zones urbaines. Des citoyens du monde entier immigrent et s’installent dans ces régions en raison des perspectives économiques qu’elles offrent, mais aussi parce que ce sont des collectivités dynamiques et cosmopolites.
La région de Halton, où se trouve Oakville, croît rapidement, ce qui signifie que les minorités visibles dans les circonscriptions à forte croissance sont sous-représentées au Parlement. Le projet de loi améliorerait la représentation des habitants de la région de Halton, où je crois qu’un siège sera ajouté. D’autres sièges seraient répartis dans l’ensemble de la région de Toronto, de sorte qu’il y aura au Parlement plus de députés représentant des circonscriptions qui comptent une forte proportion de membres des minorités visibles, ce qui leur donnera un poids plus égal au Parlement.
Le projet de loi propose d’utiliser les estimations de la population établies par Statistique Canada au 1er juillet de l’année du recensement décennal pour déterminer combien de sièges chaque province devrait avoir. En effet, les estimations de la population donnent une idée plus exacte de la population totale du Canada pour l’avenir.
Le statisticien en chef Wayne Smith a appuyé l’utilisation des estimations de la population lorsqu’il a comparu devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre le 17 novembre. Lorsqu’on lui a demandé si les estimations de la population constituent un moyen plus fiable que le recensement de mesurer la croissance de la population, M. Smith a répondu: « C’est exactement notre point de vue. »
Il est décevant, mais non surprenant, de constater que les partis d’opposition font de l’obstruction en proposant des solutions de remplacement que, de toute évidence, ils n’ont pas soigneusement étudiées.
Le plan du Parti libéral n’a pas fait l’objet d’un examen soigneux et semble avoir été établi à la hâte. Le projet libéral tendant à plafonner la Chambre des communes à 308 sièges et à réaffecter simplement les sièges en fonction de la croissance de la population monterait les régions du pays les unes contre les autres. Cette proposition ne reviendrait à rien de plus qu’une simple redistribution. La représentation des Canadiens n’est peut-être bien qu’un jeu pour les libéraux, mais elle ne l’est pas du tout pour le gouvernement.
Le plan libéral imposerait d’abroger par voie législative la clause des droits acquis. De plus, il nécessiterait le consentement unanime des provinces et du Parlement pour révoquer le seuil sénatorial. Cela aurait des incidences pratiques lourdes de conséquences, et entraînerait aussi d’importantes pertes pour la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse, le Québec, le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador. Lorsque le Parlement suspendra ses travaux pour l’interruption hivernale, le chef libéral devrait entreprendre une tournée dans ces provinces pour parler aux gens et leur demander ce qu’ils pensent de cette proposition.
Pour ce qui est de la proposition néo-démocrate, elle ne représente qu’un prolongement du programme du parti tendant à empêcher le Parlement de faire des progrès dans l’intérêt des Canadiens. Les députés du NPD ont voté contre d’importantes mesures destinées à appuyer la reprise économique et à rendre nos collectivités plus sûres. Ils veulent maintenant compromettre notre plan d’amélioration de la démocratie canadienne afin de plaire à leurs partisans de la base et à leurs maîtres des syndicats. La proposition néo-démocrate irait à l’encontre de l’avis des experts en utilisant les données du recensement pour répartir les sièges. Fait plus important, elle garantirait un pourcentage fixe à une province, qui obtiendrait 24,35 p. 100 des sièges maintenant et à l’avenir, indépendamment de sa population. Il ne serait ni équitable ni constitutionnel d’accorder un traitement spécial à une province. Ce plan viole le principe constitutionnel en vertu duquel la population d’une province détermine dans la mesure du possible son nombre de sièges.
Pour mettre en œuvre le plan du NPD, nous aurions à modifier la Constitution selon la formule 7/50. Cela risquerait de susciter de nombreuses autres questions constitutionnelles qui détourneraient le Parlement et les assemblées législatives provinciales de leur tâche essentielle consistant à favoriser la croissance de l’économie et la création d’emplois.
Bref, le plan du NPD violerait le principe constitutionnel de la représentation proportionnelle et pénaliserait à l’avenir les provinces qui sont déjà sous-représentées. Cette façon de voir les choses est diamétralement opposée à l’approche équilibrée, raisonnable et basée sur des principes adoptée dans le projet de loi en vue d’améliorer la représentation de tous les Canadiens.
Le directeur général des élections du Canada a souligné l’urgence qu’il y a à adopter ce projet de loi avant la fin de l’année lorsqu’il a récemment comparu devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Le projet de loi constitue le seul plan rationnel et équitable pour tous les Canadiens. C’est la solution la plus raisonnable au problème de la sous-représentation.
Comme parlementaires, nous devons adopter rapidement le projet de loi pour assurer aux Canadiens une meilleure représentation à la Chambre des communes à l’avenir.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un honneur de prendre la parole pour formuler à mon tour quelques observations dans le cadre du débat sur ce projet de loi important, le , qui porte sur la représentation équitable.
Le débat est intéressant. Établir le nombre de sièges et répartir des sièges entre les 10 provinces et les 3 territoires du Canada, voilà l’une des tâches les plus compliquées, l’une de celles qui prêtent le plus à controverse, parmi celles dont le Parlement doit s’acquitter. C’est un travail considérable, et je suis heureux que l’ensemble des députés et, chose certaine, le , soient à la hauteur.
Le projet de loi vise à assurer une représentation plus importante aux provinces dont la croissance est plus rapide. À titre de député albertain, je représente l’une de ces provinces. Il va sans dire que j’appuie le principe du projet de loi. Bien qu’on n'y fixe pas un nombre précis de sièges, le projet de loi permettra d’accorder plus de sièges aux provinces dont en croissance rapide, comme l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique. Voilà une proposition qui tombe sous le sens.
Le projet de loi tente de concilier ce principe avec deux autres principes. L’un est le maintien du nombre de sièges des provinces dont la croissance est plus lente, et le deuxième est le maintien, pour le Québec, d'une représentation proportionnelle à sa population, avec tout au plus une marge d’erreur très faible. À supposer que le projet de loi soit adopté, lorsque la formule sera appliquée aux données du recensement le plus récent, le résultat net sera que l’Ontario aura droit à 15 sièges de plus, et la Colombie-Britannique et l’Alberta, à six de plus chacune.
Il me semble important que ces provinces obtiennent une plus forte représentation à la Chambre. Comme on nous l’a signalé, il y a des députés qui représentent en ce moment plus de 200 000 électeurs. Je crois comprendre que le député de est du nombre et que celui de en représente presque autant.
Plus encore que le simple nombre d'électeurs qu'on a l'honneur de représenter, la diversité ethnique de certaines des circonscriptions très peuplées de l’agglomération torontoise, dont les habitants d’origine ethnique constituent parfois la moitié de la population, alourdit la tâche des députés et de leurs collaborateurs. Comme tous les députés le savent, parmi les dossiers dont nos bureaux de circonscription se chargent, ceux de l’immigration sont très largement majoritaires. Si un député représente 200 000 électeurs et si plus de 50 p. 100 d’entre eux ne sont pas Canadiens de naissance ou sont d’origine ethnique, il en résulte des exigences exceptionnelles auxquelles le député doit consacrer son temps et les ressources de son personnel et de ses agents chargés de cas.
Dans certaines régions, le Canada est devenu densément peuplé, même si la population est très clairsemée dans le Nord et dans certaines parties de l’Ouest. Conséquence de ces facteurs démographiques, 61 p. 100 des Canadiens sont mathématiquement sous-représentés à la Chambre, et les minorités visibles sont particulièrement sous-représentées. Pis encore, la tendance s’accentue. C’est pour atténuer certains de ces écarts que le projet de loi prévoit une formule qui permettra d’accorder des sièges supplémentaires aux provinces qui connaissent une croissance rapide, comme l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta.
Je souhaite simplement exposer brièvement ce qu'il en est dans ma province, l'Alberta. Celle-ci compte plus de trois millions d'habitants, soit environ 11 p. 100 de la population du pays, mais elle ne dispose que d'environ 9 p. 100 des sièges à la Chambre des communes. Par conséquent, le poids relatif du droit de vote de mes électeurs est en moyenne de 0,92 p. 100. Bien entendu, si on compare ce chiffre à celui des provinces qui sont surreprésentées, la différence s'accentue. Il faut trouver une solution à ce problème.
Nous devons accorder davantage de sièges aux régions densément peuplées du Canada et aux provinces qui enregistrent la plus forte croissance démographique, tout en tenant compte des provinces dont la croissance démographique est plus lente, voire en déclin. Le Canada est un pays diversifié. Nous avons des régions densément peuplées à la hauteur du 49e parallèle et des régions peu peuplées au fur et à mesure que nous nous éloignons de la frontière sud.
Il faut trouver un compromis. Il est difficile de représenter une circonscription aussi vaste que Peace River, qui est juste au nord-ouest de ma circonscription d'Edmonton-St. Albert. Les députés du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest représentent de vastes secteurs où habitent très peu de gens. Représenter une région aussi étendue est un défi en soi. Nous n'arriverons jamais à une parfaite représentation selon la population, même si cet objectif est fort louable. Il faut trouver un compromis, qui sera évalué en fonction de normes internationales pour des pays démocratiques et développés.
Il convient de signaler que le Canada, comparativement aux pays occidentaux de l'Europe et à ses voisins du Sud, manque à ses obligations à l'égard des écarts. Si on le compare à la Suisse, à l'Allemagne, à l'Australie et aux États-Unis, c'est au Canada que revient la palme des plus importants écarts dans la moyenne de citoyens par circonscription. Et le pire, c'est que ceux-ci ne cessent de s'accroître.
Des députés diront que dans les démocraties comme celle des États-Unis, les députés de la Chambre des représentants et du Sénat représentent plus de personnes que nous ne le faisons dans cette enceinte. Toutefois, il n'en demeure pas moins que l'écart entre les petites et les grandes circonscriptions électorales est beaucoup plus important au Canada qu'aux États-Unis.
Ce sont ces écarts que le projet de loi souhaite corriger. Il nous rapprocherait d'une distribution équitable bien que, comme je l'ai déjà mentionné, on ne pourra jamais atteindre une distribution parfaitement équitable dans un pays unique comme le nôtre. Le Canada couvre un immense territoire mais sa population n'est généralement pas très dense, sauf dans certaines régions urbaines.
La situation actuelle va à l'encontre du principe selon lequel tous les citoyens devraient avoir un pouvoir égal quand il s'agit de choisir leur gouvernement. Notre pays est fondé sur le principe d'une représentation selon la population, dans les limites du possible. Si on consultait les débats des Pères de la Confédération et les conférences qui ont mené à l'établissement de la Confédération, on verrait qu'il était considéré comme un préalable à l'établissement du Canada que la répartition des sièges à la Chambre des communes suive prioritairement le principe de représentation selon la population. En contrepartie, la Chambre haute, le Sénat, était formée de représentants nommés — nous espérons qu'ils ne seront pas nommés à tout jamais —; elle était fondée davantage sur une représentation régionale que sur une représentation selon la population.
Le Canada est une démocratie mûre. Le printemps dernier, nous avons vu, particulièrement dans le monde arabe, dans des pays comme l'Égypte, la Syrie et la Libye, des citoyens qui demandaient le droit de participer à des élections démocratiques et de choisir qui les représenterait au gouvernement et dans les affaires de l'État; nous les avons vus se battre et même, dans certains cas, mourir pour ce droit.
Nous avons la chance de vivre dans un pays doté d'un Parlement qui fonctionne bien. Nous avons un gouvernement responsable, qui doit rendre des comptes à la Chambre. La Chambre des communes doit être attentive au principe de l'égalité, selon lequel tous les Canadiens devraient avoir un pouvoir à peu près égal quand ils choisissent la composition de la Chambre des communes. Chaque Canadien devrait pouvoir dire que son vote a la même importance que celui d'un autre Canadien, et que son député pourra représenter efficacement chacun de ses électeurs et non être débordé parce que la circonscription est trop vaste ou compte trop d'électeurs.
Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Ce projet de loi n'est pas parfait; c'est le fruit d'un compromis difficile. Mais il permettrait de respecter trois principes essentiels: une représentation selon la population, la protection des provinces où la croissance est lente, et le maintien de la proportion de sièges attribués au Québec.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de participer au débat sur ce projet de loi. Je pourrais peut-être m’en tenir à un très bref discours, parce que tout ce qu’il y a à dire aujourd'hui c'est que ce projet de loi n’est pas mûr pour un troisième et dernier vote.
Nous ne sommes pas arrivés à un consensus national quant à l’orientation que nous devons prendre sur ce sujet délicat. Nous n’avons pas mené les consultations nécessaires. En fait, les actes des députés ministériels montrent bien que cette réflexion n’est pas terminée, qu’elle n’a pas mûri comme il le faudrait. On n’a pas organisé les échanges, la participation et la consultation nécessaires. On le voit du fait que le gouvernement lui-même a présenté trois différents projets de loi sur cette question. Nous sommes saisis de la quatrième version, et chaque version présentait une formule différente.
Le gouvernement y a travaillé durant toute la 39e, la 40e et la 41e législature, et il n’a pas réussi à bien définir la formule à adopter. Avons-nous besoin de plus de preuves pour conclure que nous ne sommes pas prêts à aller de l’avant en ce qui a trait à ce projet de loi?
Comme il l’a fait pour tous les autres projets de loi qu’il a présentés depuis le début de la 41e législature, le gouvernement a coupé court au débat, aux consultations et à toute possibilité de perfectionner un principe valable qui nous aurait permis de mettre au point une proposition qui ferait la fierté des Canadiens. Au lieu d’un exercice d’édification de la nation, nous créons des dissensions et nous passons outre à bien des points de vue légitimes qui ne pourront pas être entendus dans ce débat.
Mon collègue d’Edmonton vient de dire qu’il y a eu des consultations et que la proposition plaît à la première ministre de l’Alberta elle-même. Mais il n’y a pas eu de consultation et de consensus à l’échelle nationale. Le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec a dit ouvertement que ce projet de loi ne répond pas aux attentes du Québec. Cette province rejette la proposition, et elle n'est pas la seule.
Nous devrions tenir compte d’un point très important. Nous utilisons le mot consultation à la légère. La Cour suprême du Canada a rendu plusieurs décisions, ces dernières années, sur la définition du mot consultation. Cela veut dire beaucoup plus que de simplement demander l’avis de quelqu'un sur une question.
Une véritable consultation, pour qu’elle corresponde à la définition légale du terme, nous oblige à tenir compte de certaines préoccupations légitimes soulevées par d’autres parties au cours du processus. Simplement écouter les gens et faire fi de ce qu’ils ont dit ne suffit pas pour qu’on puisse parler de consultation. Or, il n’y a pas eu de consultation sur la mesure dont nous sommes saisis ni sur aucun des projets de loi que nous avons étudiés depuis le début de la 41e législature.
J'en suis à ma sixième législature aux Communes et je n'ai jamais rien vu de tel, ni aucun autre député d'expérience. Nous n'avons jamais été témoins d'un pareil mépris pour les points de vue légitimes et contradictoires qui s'expriment au Parlement, où sont représentés le gouvernement et l'opposition.
Le père du député de a déjà dit que les députés n'étaient rien dès qu'ils s'éloignaient à plus de 50 pieds de la Colline du Parlement. Je suis désolé, mais il devrait peut-être réviser cette phrase. Aujourd'hui, les députés ne sont rien quand ils se trouvent dans cette enceinte, s'ils siègent sur les banquettes de l'opposition, car le manque de respect envers nous tous est flagrant. Quiconque se qualifie de démocrate ne peut qu'en être choqué, et à plus forte raison s'il s'agit d'un néo-démocrate. C'est une insulte à l'intelligence de tout le monde.
Parfois, les conservateurs qui s'emploient avec un zèle de missionnaire à faire avaler de force leur programme aux Canadiens affichent une ignorance dangereuse de la fragilité de la structure précieuse que nous avons entre les mains, en tant que parlementaires d'une démocratie occidentale.
Je me demande si le gouvernement est conscient des dommages irréversibles qu'il est en train de causer. Je dis « irréversibles », car une fois que le mauvais génie est sorti de la lampe, on ne pourra plus remettre le dentifrice dans le tube, si les députés me permettent ce mélange de métaphores.
Une fois que le mouvement est amorcé, nous ne pouvons pas l'arrêter. Ils ont laissé le pendule osciller jusqu'à l'extrême droite de leur programme néo-conservateur, ce qui ne manquera pas de causer une vive réaction opposée. La majorité des Canadiens normaux et progressistes n'aura d'autre choix que de réagir. Il y aura un retour de balancier loin dans l'autre direction, et ils auront créé un climat d'instabilité partout au pays. C'est ce qui nous attend.
Les conservateurs venaient à peine de faire élire un gouvernement majoritaire qu'ils ont commencé à abuser de leur majorité. C'est le danger qui nous guette. Je lance ce cri d'alarme dans l'esprit qui devrait nous habiter à Noël. Avec toute ma bonne volonté, je mets en garde mes collègues d'en face de ne pas franchir ce pas. Monsieur le Président, en m'adressant à vous, je leur demande de ne pas ouvrir cette boîte de Pandore, car ils le regretteront. Il faut un certain temps pour que l'écho de ce qui se passe au Parlement résonne partout au pays, mais les gens commencent déjà à comprendre.
Les agriculteurs de l'Ouest canadien commencent à en prendre acte. Ils pensaient qu'on tiendrait le vote qui leur est garanti par la loi et que le gouvernement actuel respecterait la primauté du droit. C'est là un autre exemple qui illustre le mépris flagrant que les conservateurs affichent à l'égard de tout ce qu'il y a de bien et de décent dans notre démocratie parlementaire. Ils sont prêts à toutes les bassesses pour détruire les valeurs que nous défendons. Les fondements mêmes sur lesquels nous avons construit ce grand pays sont détruits, un par un, par une bande de néo-conservateurs ultradroitistes qui agissent comme des despotes quand vient le temps de respecter les principes les plus élémentaires d'une démocratie parlementaire.
Je les accuse d'être non seulement ignorants, mais aussi dangereusement ignorants parce qu'ils ne tiennent pas compte de la nature fragile de la démocratie. Ce sont eux qui devraient lire un livre. Ils devraient regarder l'histoire du Canada. Ils devraient s'inspirer des pays fondateurs qui ont bâti ce concept fragile que nous appelons démocratie parlementaire. Les conservateurs devraient savoir qu'il faut faire preuve de vigilance pour nourrir la démocratie.
On ne peut pas traiter la démocratie de manière cavalière. Se débarrasser d'un de ses éléments, c'est comme tirer sur un bout de laine qui dépasse d'un gilet. À force de tirer sur le fil de laine, on finit par tout défaire. Il faut cultiver, nourrir, arroser et faire épanouir la fibre consensuelle sur laquelle repose notre grande nation. Elle ne peut pas sortir indemne d'un mandat complet sous ce gouvernement conservateur majoritaire qui affiche un mépris flagrant de toutes les valeurs au nom desquelles nos parents sont allés à la guerre. Ce grand pays que nos pères et nos ancêtres ont bâti est maintenant vulnérable.
Permettez-moi de donner un exemple. C'est une leçon que j'ai apprise d'un grand homme d'État, Gordon Robertson, qui fut très actif à l'époque du gouvernement libéral dirigé par M. Trudeau.
Dans un discours qu'il a prononcé à l'époque de l'accord de Charlottetown, il a rappelé aux Canadiens qu'il existe moins de 20 fédérations dans le monde. Sur tous les pays du monde, moins de 20 sont des fédérations car, par définition, c'est le type de gouvernement le plus difficile à former. Une fédération regroupe divers intérêts de diverses régions, lesquelles concilient leurs préoccupations mutuelles en vue de créer un pays plus grand que la somme de ses parties. Voilà ce qu'est une fédération, et c'est difficile à gérer. Les États-Unis sont la plus grande et la plus efficace des fédérations au monde, et elle a connu les déchirements d'une guerre civile sanglante après seulement 75 ans d'existence.
Sur cette vingtaine de fédérations qui existaient à l'époque du discours de M. Robertson, trois étaient sur le point de voler en éclats. Il y avait l'Union soviétique et la Yougoslavie, qui n'existent plus, et la troisième dont il a parlé, le Canada. Il faut me croire, rien ne nous garantit que notre fédération existera toujours dans 20 ans si nous ne nourrissons et ne cultivons pas les principes fondamentaux qui constituent la pierre angulaire de notre pays. Les ignorer, c'est — je le répète — jouer avec l'avenir de nos enfants.
Voilà le coeur, l'essence, de nos discussions aujourd'hui.
Si les députés pensent que j'exagère, je les mets au défi de prendre la parole et de me contredire. Ce projet de loi, c'est un exemple parmi tant d'autres qui reflète ce qui se passe depuis le 2 mai. En effet, toutes les mesures prises par les conservateurs sont un affront à l'esprit de la démocratie et au Parlement. Les conservateurs manquent totalement de respect à l'égard de toutes nos institutions parlementaires et de l'esprit de bonne volonté qui leur a permis de voir le jour et de progresser.
Voilà ce qui me choque le plus. On nous prive de notre droit fondamental d'exercer une surveillance et une diligence raisonnable et de faire un examen attentif, alors que c'est notre responsabilité et notre travail en tant qu'opposition.
Le Parlement se compose peut-être de deux Chambres, mais chacune est formée de deux éléments, le gouvernement et l’opposition, et personne n’a le monopole des bonnes idées. Seul un ignorant peut penser qu’il sait tout. De fait, c’est la meilleure preuve de stupidité: croire que l’on sait tout. Il y a de bonnes idées, des idées intéressantes de ce côté-ci de la Chambre également, et pour tester la validité de nos positions nous les soumettons à un débat vigoureux. Si elles résistent aux épreuves d’un débat légitime, à l’avocat du diable, nous avons bien sûr établi nos principes, mais en outre nous avons peut-être appris que nous n’avions pas la science infuse et que l’autre côté avait lui aussi une contribution à offrir.
J’ai été député à l’époque de précédents gouvernements majoritaires. J’en suis à mon sixième mandat, je ne suis pas tombé de la dernière pluie. Je ne peux pas croire que j’en parle maintenant comme du bon vieux temps, mais à la belle époque du gouvernement libéral majoritaire, nous réussissions à faire adopter des amendements à l’étape de l’étude en comité et à la Chambre, en troisième lecture. Nous présentions de nombreux amendements. Un projet de loi pouvait être examiné en comité pendant six semaines, faire à cette occasion le tour du pays et être discuté par des gens de tous les horizons. Quelqu’un pouvait dire tout à coup: « Ce type a vraiment une bonne idée, nous devrions amender le projet de loi pour l’intégrer. »
Est-ce qu’il faut leur faire un dessin? Ils n’ont pas accepté un seul amendement pour un seul projet de loi pendant la 41e législature, si ce n’est deux amendements proposés par les conservateurs eux-mêmes pour modifier leurs propres projets de loi. Ils voulaient agir vite, ils essayaient avec un zèle de missionnaire de forcer les Canadiens à avaler toutes sortes de choses, au point où ils en ont eux-mêmes oublié des éléments qu’ils avaient l’intention d’englober dans ces projets de loi.
J’ai vu le essayer de présenter six amendements d’un coup à l’un de ses projets de loi à l’étape de la troisième lecture, des amendements qu’il avait lui-même refusés en comité. Cela montre bien les erreurs auxquelles on s’expose quand on agit avec trop de précipitation. Ces choses sont trop importantes pour qu’on puisse se permettre des erreurs. Il faut les faire correctement, parce que nous vivrons longtemps avec les conséquences.
C’est vraiment terrible, et je suis très inquiet. Nous ne reconnaîtrons plus notre pays si nous devons subir le joug de ce parti pendant quatre ans. Et Dieu sait ce qui nous arrivera si nous le laissons gouverner pendant huit ans! Si nous attendons jusqu’en 2019 pour renvoyer ces fanatiques néo-conservateurs à l’idéologie désuète et dépassée aux poubelles de l’histoire, nous ne reconnaîtrons plus notre pays.
Le reste du monde se réveille. Ces gens, en face, sont encore à l'heure de Maggie Thatcher, Ronald Reagan et Brian Mulroney. Ce sont des fanatiques néo-conservateurs. Nous sommes le seul pays du monde développé qui souffre encore de cette idéologie conservatrice dépassée que les Canadiens progressistes se font enfoncer de force dans la gorge sans même avoir la possibilité de participer à la gouvernance du pays, comme le garantit la Constitution.
Le projet de loi est un des exemples les plus frappants et une des meilleures illustrations de tout ce qui va mal avec ce que font les conservateurs.
Nous sommes presque à la fin de l'année. Nous sommes presque arrivés à l'ajournement de Noël. Les cinq dernières semaines ont été longues et il a été épuisant et démoralisant de voir les conservateurs prendre un immense plaisir à détruire nos institutions parlementaires. Ils causent un dommage énorme à notre processus démocratique et à tout ce qui nous est cher dans le Canada que nous aimons.
J'ai vu les députés de l'opposition apporter une contribution réfléchie, rafraîchissante, énergique et enthousiaste, mais pour absolument rien. Tout ce qu'ils disent tombe dans l'oreille de sourds, de gens qui n'ont qu'une chose en tête et c'est refaire le Canada à l'image des États-Unis de George Bush. Petit à petit, les conservateurs sont en train, par chacune de leurs mesures, de transformer le Canada en petit paradis néo-conservateur. C'est désolant.
Ce qui aurait dû et aurait pu être une occasion d'édifier la nation — et j'en arrive au projet de loi —, est une occasion ratée.
Je prends part au débat en étant très conscient que la formule proposée ne donnerait aucun siège additionnel à ma province. Je ne suis pas ici pour mettre en avant quelque programme régional particulier que ce soit. Je suis ici pour parler de la magie d'un pays qui ne devrait pas fonctionner en théorie, mais qui fonctionne très bien en pratique, la magie qui fait que la construction fragile à laquelle j'ai fait allusion plus tôt repose sur la prise en compte des préoccupations légitimes des régions qui composent notre pays. Un simple calcul, et j'insiste sur le mot « simple », ne suffira pas sans un débat raisonnable sur le rôle légitime que les peuples fondateurs ont joué.
Puisque les conservateurs ont encore une fois imposé le bâillon pour mettre un terme au débat, nous ne pourrons même pas aborder un point qui m'emballe. Je suis allé en Nouvelle-Zélande dernièrement, où j'ai eu des contacts avec le Parti maori. En Nouvelle-Zélande, des sièges du Parlement sont réservés aux autochtones. Le pays n'a aucune Constitution; c'est le traité conclu avec le peuple maori qui forme sa Constitution.
Il y a des possibilités progressistes extraordinaires qu'il faut pour le moins envisager lorsqu'il est question de représentation et de sièges à la Chambre des communes. Nous n'aurons pourtant pas la chance de le faire. Nous n'entendrons pas le moindre témoin présenter cette option au comité. Je ne m'en fais pas le porte-étendard, mais c'est une idée qui mérite qu'on s'y intéresse en tant que députés. Si nous nous souciions moindrement de représentation, peut-être reconnaîtrions-nous qu'il existe plus de deux peuples fondateurs au Canada et que les Premières nations, les Inuits et les Métis ne sont pas aussi bien représentés qu'ils devraient l'être.
Ce n'est qu'un élément parmi d'autres. On pourrait continuer longtemps. On devrait continuer longtemps, d'ailleurs, ne serait-ce que dans le cadre du processus de consultation. Je le maintiens: une véritable consultation — ce qui implique de prêter l'oreille à certaines des idées exprimées dans le cadre du processus — ferait de l'exercice une démarche porteuse. C'est ce que le gouvernement actuel refuse aux Canadiens en adoptant des tactiques autoritaires pour faire avaler son programme de force, sans chercher à connaître l'avis de la majorité des Canadiens.
Les conservateurs n'ont pas réponse à tout. Selon moi, ils ne s'y prennent pas de la bonne façon. Aucun des projets de loi qu'on nous a enfoncés dans la gorge n'a été assez mûri pour mériter la sanction royale. Ils ne sont pas arrivés à terme. Ils sont immatures, comme les personnes qui les ont rédigés. C'est un processus embryonnaire. Ils ne sont pas arrivés à pleine maturité. Ils ne sont pas prêts, tout simplement.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour participer au débat sur cet important projet de loi. Cette mesure est importante pour mes électeurs.
Mon collègue de avait d’importants arguments à avancer. Il disposait d’un certain nombre de minutes pour présenter des faits ou des suggestions visant à modifier le projet de loi. Malheureusement, il n’a pas profité de l’occasion qu’il avait. Il s’est borné à critiquer les Canadiens parce qu’ils ont choisi d’élire notre gouvernement conservateur.
C’est notre gouvernement qui dirige la plus forte économie du G8, qui mène le pays dans cette période très difficile vers un endroit où les Canadiens souhaitent depuis longtemps se trouver: un pays dans lequel les Canadiens sont plus équitablement représentés à la Chambre des communes, indépendamment de la région où ils vivent.
Cela m’amène au cœur de mon propos. À la Chambre, j’ai le privilège de représenter la circonscription qui compte le plus grand nombre d’électeurs en Alberta. D’après le dernier recensement, la circonscription de a un tout petit peu moins de 140 000 électeurs. La population a sensiblement augmenté depuis 2006. Si les députés venaient dans ma circonscription, ils pourraient facilement le constater. En fait, les villes, dont la plus grande est Grand Prairie, ont beaucoup grandi depuis quelques années par suite de la croissance de l’économie dans la région. Les secteurs environnants se sont également développés.
Dans beaucoup de régions du pays, il y a des petites villes dont la population diminue. En réalité, je suis fier de signaler que, partout dans ma circonscription, qui est l’une des plus grandes de l’Alberta -- la deuxième en importance étant la circonscription de mon collègue de , qui est en fait la plus grande et dont la population est assez importante --, les gens continuent à se déplacer, à développer l’économie locale et à venir s’établir chez nous. Nous avons des gens venant de toutes les régions du pays.
En fait, un assez grand nombre de personnes établies le long de la rivière de la Paix viennent de Terre-Neuve. Nous avons des gens qui viennent de l’Ontario, de tous les coins des Maritimes, de même que de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan. Toutefois, beaucoup de Saskatchewanais sont en train de rentrer chez eux parce que leur province connaît actuellement une très forte croissance économique.
Je suis très fier de représenter la population importante de ma circonscription. Des députés ont parlé de la difficulté de représenter une population nombreuse. C’est effectivement difficile lorsque cette forte population est dispersée sur un vaste territoire. Il est parfois difficile d’assurer des services à mes électeurs. À cause de la diversité de ma circonscription, tant du point de vue de la composition de l’économie que des industries qui en sont le moteur, j’ai beaucoup d’électeurs qui travaillent dans le secteur pétrolier et gazier et qui ont leurs préoccupations propres.
En ce moment, l’un des plus gros problèmes consiste à trouver assez de travailleurs pour combler les postes proposés. Par conséquent, si des Canadiens sont à la recherche d’une occasion intéressante, j'en profite pour leur dire que nous cherchons des travailleurs et serions heureux qu’ils déménagent dans la région de la rivière de la Paix. Les entrepreneurs ont actuellement de gros problèmes de main-d’œuvre. Ils font largement appel au Programme des travailleurs étrangers temporaires pour pallier certaines pénuries.
Mon bureau s’occupe passablement des questions d’immigration. C’est même l’une des grandes questions dont mon bureau de circonscription doit s’occuper. Nous nous occupons de travailleurs qui essaient de venir chez nous pour un certain temps. Nous collaborons avec les employeurs pour que cela puisse se faire. Nous travaillons également avec des familles qui arrivent d’autres régions du Canada et qui ont pu s’établir de façon permanente au Canada. Nous travaillons avec ces personnes et leurs employeurs pour, dans bien des cas, réunir des familles avec ceux qui se sont installés dans la région de la rivière de la Paix pour travailler.
Nous avons également un important secteur agricole. En agriculture, la main-d’œuvre ou les ressources de la population active font également l’objet de graves préoccupations à cause des contraintes observées sur tout le marché du travail dans ma circonscription. Ces gens-là sont aussi très préoccupés par un certain nombre de choses en matière de débouchés commerciaux. Ils se présentent constamment à mon bureau pour parler des programmes du gouvernement et des possibilités d’exportation de leurs produits. Nous répondons à ces électeurs, et nous nous trouvons souvent à travailler avec toute une série de programmes très divers.
De plus, nous collaborons avec l’industrie du bois d’œuvre et de la pâte. Ma circonscription a une importante industrie des pâtes et papiers ainsi qu’une industrie du bois d’œuvre. Il y a un certain nombre de défis à relever sur ce plan avec nos partenaires commerciaux. Nous éprouvons parfois des difficultés à exporter du bois vers différents pays, notamment chez notre plus important partenaire commercial, les États-Unis. Nous devons aussi nous intéresser à des questions d’innovation dans ce domaine. Nous travaillons avec l’industrie à des problèmes de réglementation. Mon bureau de circonscription s’occupe parfois beaucoup de ce dossier.
Nous avons aussi une industrie minière émergente dans la circonscription. Nous sommes très fiers de la prospection qui s’y fait, et nous avons hâte de voir se concrétiser d’excellents débouchés et se développer un beau potentiel. Bien entendu, mon bureau s’occupe aussi de ces gens-là.
Une des plus grandes agglomérations de ma circonscription est la ville de Grand Prairie. Je suis très fier d'informer la Chambre que, cette année, Grand Prairie a joué un rôle de chef de file et a été reconnue comme la ville la plus entreprenante du Canada. C'est tout un exploit. Cela montre vraiment le caractère novateur des habitants de la région de la rivière de la Paix, et des Albertains en général, qui font avancer l'économie et cherchent constamment des moyens créatifs et novateurs de réellement développer notre collectivité, d'améliorer les possibilités d'emplois et de favoriser le développement économique.
Comme nous pouvons l'imaginer, nous sommes souvent appelés par nos électeurs à intervenir pour aider des entrepreneurs aux prises avec toute une gamme de situations. Les personnes qui lancent une petite entreprise, par exemple, pourraient avoir des problèmes avec l'Agence du revenu du Canada ou des difficultés à déposer un brevet, entre autres. Mon bureau se penche sur ces questions. Je parle de ces choses parce qu'elles font partie des responsabilités des députés. Un député qui fait son travail efficacement tentera de trouver une solution à ces problèmes.
Toutefois, ce n'est pas la raison pour laquelle nous voulons instaurer un système de représentation équitable à la Chambre. Je suis heureux de faire du travail supplémentaire parce que ma circonscription comporte un plus grand nombre d'habitants, si c'est le cas. Toutefois, ce qui compte, ce n'est pas que j'aie une vie plus facile, mais plutôt que mes électeurs aient, dans la mesure du possible, un droit de parole égal aux autres habitants du pays. C'est la principale raison de la modification proposée dans la mesure législative.
Nous abordons pour la première fois dans ce projet de loi certaines des importantes économies que la représentation selon la population permet. Nous observons un mouvement. Mes homologues des autres partis ont proposé toute une gamme de mécanismes ou de changements qui pourraient être mis en place. Cependant, je ne suis pas certain qu'ils répondent vraiment à l'objectif que nous devons atteindre, à savoir assurer une représentation équitable aux personnes qui sont actuellement sous-représentées.
Mon collègue de a fait allusion aux Autochtones d’un autre pays. Je crois que c’était la Nouvelle-Zélande. Eh bien, je suis fier de représenter 32 Premières nations qui se trouvent dans ma circonscription. Ces gens sont présentement sous-représentés au point où ils ont moins de poids à la Chambre des communes que d’autres ailleurs au pays. Je parle donc pour ceux qui habitent dans des circonscriptions qui sont actuellement sous-représentées à la Chambre.
Nous sommes devant un vrai défi chaque fois que nous étudions une mesure législative comme celle-ci. On l’a mentionné. Mon collègue, qui a pris la parole avant moi et qui a été bien plus éloquent que moi, a parlé de la nécessité de bien faire les choses. On a déjà tenté plusieurs fois de rectifier les problèmes flagrants causés par le déplacement de grandes populations vers des régions où la représentation est insuffisante.
Ces questions ont été débattues au cours des trois dernières années et demie à la Chambre et chaque fois les députés de tous les partis ont eu l’occasion de contribuer au débat et de faire connaître leur opinion.
Le ministre a présenté une mesure législative que nous pouvons tous endosser. Tout d’abord, elle s’attaque aux principaux problèmes concernant la population et la croissance qu’elle a connue à certains endroits au cours des dernières années. La mesure proposée n’aborde pas le terrain miné des dispositions protégées par la Constitution relativement aux sièges de l’Île-du-Prince-Édouard et d’autres dispositions, et ne suscite pas de discussions sans issue à ce sujet.
Nous n’avons pas à soulever de débats qui divisent, comme certains l’ont laissé entendre, au sujet du retrait de sièges à certaines provinces parce que leur population n’a pas augmenté autant qu’ailleurs au pays. Cela n’a jamais été une pratique au Canada. Je doute que les Canadiens approuveraient une telle mesure.
J’entends mes collègues du Parti libéral dire que ce serait faisable. L’Île-du-Prince-Édouard n’a pas fait savoir qu’elle allait renoncer à des sièges à la Chambre des communes et je ne lui demande pas de le faire. Ce ne serait pas raisonnable.
Tandis que les libéraux continuent de se faire entendre, nous devrions admettre qu'au cours de leurs 13 années au pouvoir, ils ne se sont pas du tout occupés de ce dossier. Si je siège aux Communes actuellement, c'est notamment parce que j'ai pu me rendre compte que l'ancien gouvernement n'avait aucunement l'intention de régler les problèmes ressentis par de nombreux Albertains, problèmes dont fait partie la question débattue aujourd'hui.
Ils ne sont pas assez représentés.
M. Chris Warkentin: Monsieur le Président, j'entends le crescendo du choeur libéral lorsque je parle de l'Alberta. L'Alberta leur déplaît, et il n'y a rien de surprenant à cela. Le Parti libéral déplaît aux Albertains également. Cette aversion réciproque subsistera encore longtemps si le Parti libéral continue de s'opposer au droit de l'Alberta d'être représentée à la Chambre des communes selon un système plus équitable. Je comprends la passion qui anime les gens.
Il nous est nécessaire d'adopter ce projet de loi sans tarder, sinon les modifications ne seront pas prises en compte lors des prochaines élections générales. J'ai entendu un certain nombre de personnes demander au gouvernement de mettre ce projet de loi en suspens, de l'abandonner et de mettre fin à cet effort pour assurer l'égalité des Canadiens partout au pays. Je ne souscris pas à leur point de vue.
Je crois qu'il est temps d'adopter ce projet de loi pour que les Canadiens, peu importe où ils habitent au pays, sachent, avant les prochaines élections, que le système de représentation de la population aux Communes est désormais plus équitable. C'est un principe dont mes électeurs me parlent.
Je me rends régulièrement à divers endroits dans ma circonscription, malgré son vaste territoire. C'est un problème que les Canadiens de ma circonscription...
Ils exigent un plus grand nombre de politiciens. Je les entends en demander davantage.
Dépenser encore des millions.
M. Chris Warkentin: Monsieur le Président, les députés libéraux me blâment sans cesse pour avoir soulevé le problème qui dérange les Albertains concernant la Chambre. Je vous demanderais, monsieur le Président, de permettre aux voix des Albertains d'être entendues dans cette enceinte. Il ne s'agit pas seulement de me laisser m'exprimer, en tant que député, mais également d'effectuer ce changement dans l'attribution des sièges, de manière à ce que les Albertains soient représentés équitablement aux Communes.
Je suis content de voir que cette question soulève les passions. J'invite les députés à collaborer avec le gouvernement pour assurer l'équité du système électoral, pour donner des sièges supplémentaires aux provinces dont les habitants sont actuellement sous-représentés à la Chambre des communes, pour veiller à ce que les Autochtones soient représentés de manière plus équitable et pour faire en sorte que les communautés minoritaires dans ma circonscription, comme les communautés francophones et les communautés d'origine ukrainienne, aient droit à une représentation plus équitable à la Chambre des communes.
Il s'agit d'un projet de loi sur lequel nous travaillons depuis un certain nombre d'années. Le gouvernement a pris un engagement à cet égard pendant plusieurs campagnes électorales successives.
Le temps est venu pour la Chambre de reconnaître qu'il faut agir, qu'il faut s'atteler à la tâche et mettre en oeuvre ce projet de loi afin de permettre aux commissions impartiales de lancer le processus de révision des limites des circonscriptions électorales en prévision des prochaines élections. Si nous n'adoptons pas le projet de loi maintenant, les commissions n'auront pas assez de temps pour mener à bien leur travail de redistribution des sièges en prévision des prochaines élections.
Il faut que ce projet de loi soit adopté le plus vite possible; c'est une question d'équité pour mes électeurs. Je demande donc à mes collègues du NPD et à mes bruyants collègues du Parti libéral de se joindre à moi pour assurer une représentation plus équitable pour mes électeurs.