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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui pour lancer le débat sur le projet de loi , l'Accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie. Notre gouvernement est déterminé à assurer et à renforcer notre accès aux marchés traditionnels comme les États-Unis et à élargir l'accès à d'autres marchés comme celui de la Jordanie.
Les échanges commerciaux représentent plus de 60 p. 100 de notre PIB annuel, et un emploi sur cinq au Canada dépend du commerce. Il s'agit d'une question qui revêt une importance fondamentale pour les honnêtes travailleurs canadiens et leur famille.
Cette poursuite ciblée de nouveaux accords de libre-échange démontre la volonté du gouvernement d'aider les travailleurs et les entreprises du Canada à soutenir la concurrence sur les marchés étrangers et témoigne de son engagement à stimuler la croissance économique et à créer des emplois pour les travailleurs canadiens.
La concurrence continue d'être féroces sur les marchés mondiaux, car les économies émergentes continuent de grimper dans la chaîne de valeur et de s'imposer dans de plus en plus de secteurs.
Le gouvernement fera tout ce qu’il peut pour que les travailleurs et les entreprises du Canada aient les outils et les occasions leur permettant d’établir les liens nécessaires à leur réussite sur le marché économique mondial d’aujourd'hui. Le gouvernement tient à assurer une prospérité économique constante aux Canadiens en concluant des accords de libre-échange bilatéraux et régionaux. La négociation et la mise en oeuvre d’accords commerciaux avec nos partenaires du monde entier nous aideront aussi à faire en sorte que nos entreprises livrent concurrence à armes égales, dans les conditions de plus en plus complexes et compétitives que nous connaissons.
La conclusion d’accords de libre-échange envoie le signal clair que le protectionnisme n’est pas un bon moyen d’assurer plus de stabilité et de prospérité dans le monde. Avec la conjoncture difficile que nous connaissons, le meilleur moyen de créer des emplois et de stimuler la croissance économique est de consolider nos relations commerciales, et c'est ce que fera le gouvernement. C'est pourquoi nous avons un plan ambitieux qui favorise la création d’emplois et les relations commerciales. La Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Jordanie est un élément clé de ce plan.
L’accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie est aussi une preuve de l’appui du Canada envers un pays arabe qui, comme nous, est favorable à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient.
Souvenons-nous que, en 2007, le très honorable premier ministre a pris l’engagement, conjointement avec Sa Majesté le roi Abdallah II, de pousser nos relations commerciales un cran plus loin. L’accord de libre-échange Canada-Jordanie, ainsi que les accords auxiliaires sur l'environnement et sur la coopération dans le domaine du travail, qui ont été signés en 2009, sont une conséquence directe de cet engagement.
L’économie canadienne est alimentée par les exportations. Les familles canadiennes comprennent que le commerce est un enjeu qui intéresse tout le monde, qui crée des emplois et qui aide à mettre du pain sur la table. Nous savons qu’il est dans l’intérêt de notre économie de chercher de nouvelles possibilités pour nos producteurs, travailleurs et exportateurs sur autant de marchés étrangers que possible.
En outre, la négociation d’accords de libre-échange permet aux entreprises canadiennes de se spécialiser et d’accroître leur avantage comparatif sur le marché mondial. En améliorant l’accès aux marchés étrangers pour les travailleurs et les entreprises du Canada, le gouvernement respecte son engagement à soutenir la croissance économique et à créer de nouveaux emplois pour les travailleurs canadiens.
Dans un certain nombre de pays, les entreprises canadiennes sont désavantagées parce que leurs concurrents étrangers ont un accès privilégié aux marchés en vertu d’une forme ou d’une autre d’accord de libre-échange. L’accord entre le Canada et la Jordanie règle ce grave problème en leur assurant les mêmes possibilités qu’à leurs principaux concurrents qui bénéficient déjà d’accords de libre-échange avec la Jordanie. Je parle plus précisément de leurs concurrents des États-Unis et de l’Union européenne.
Grâce à la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Jordanie, le gouvernement fait en sorte que les travailleurs et les entreprises du Canada puissent livrer concurrence à armes égales aux entreprises du monde entier faisant des affaires sur le marché jordanien. Le meilleur moyen de créer de nouvelles possibilités pour les travailleurs et les entreprises du Canada sur les marchés du monde est d’ouvrir la porte au commerce et aux investissements.
L’accord de libre-échange Canada-Jordanie créerait de nouvelles possibilités d’exportation et renforcerait les liens bilatéraux entre nos deux pays.
L'accord de libre-échange profiterait autant aux Canadiens qu'aux Jordaniens, car il ouvrirait le marché de la Jordanie et du Canada, comme jamais auparavant, aux exportateurs des deux pays et il éliminerait les droits de douane pour un certain nombre de produits clés. Il serait avantageux pour les secteurs où le Canada est un chef de file mondial, par exemple l'industrie forestière, le secteur manufacturier et le secteur de l'agriculture et de l'agro-alimentaire.
Au fil des ans, le Canada et la Jordanie ont établi de solides rapports qui sont profitables pour les deux pays. L'accord de libre-échange fait fond sur les importantes bases qui ont déjà été jetées. Les rapports entre les deux pays se fondent sur des aspirations communes, comme la paix, la stabilité ainsi que la prospérité des citoyens. Le nouvel accord de libre-échange contribuera à la réalisation de ces aspirations.
En dépit du ralentissement économique mondial, nos échanges commerciaux bilatéraux avec la Jordanie, qui représentaient 82,5 millions de dollars en 2009, sont passés à 85,9 millions en 2010, ce qui montre qu'ils sont marqués à long terme par une tendance croissante.
Par exemple, en 2010, le Canada a exporté 66 millions de dollars de marchandises en Jordanie, ce qui est plus que le double des 31 millions de dollars d'exportations en 2003. L'accord de libre-échange permettrait d'accentuer cette tendance croissante.
Les droits de douane effectifs moyens de la Jordanie sont de 11 p. 100. Ils s'élèvent à 30 p. 100 sur certaines exportations canadiennes. En fait, 67 p. 100 des lignes tarifaires de la Jordanie, qui s'appliquent à plus de 99 p. 100 des exportations canadiennes, disparaîtront dès que l'accord sera mis en oeuvre. Il s'agit, dans le partenariat économique de plus en plus étroit entre le Canada et la Jordanie, d'un grand pas en avant qui permettra aux sociétés canadiennes de demeurer concurrentielles à l'échelle internationale. Les autres réductions des droits de douane de la Jordanie se produiront dans un délai de trois à cinq ans.
Je vais vous donner une meilleure idée des secteurs qui profiteront de ces réductions si la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Jordanie est adoptée rapidement par la Chambre.
En 2010, nos principales exportations ont été le papier et le carton, les légumes, le bois, les véhicules et la machinerie. En 2010, le Canada a importé pour près de 20 millions de dollars de produits de la Jordanie, notamment des tricots et des vêtements tissés, des produits chimiques inorganiques, des pierres précieuses, surtout sous forme de bijoux, et des légumes, des concombres.
Il est évident que nos échanges commerciaux ont augmenté, même si la Jordanie perçoit un droit de douane effectif moyen de la nation la plus favorisée de 11 p. 100, mais qui peut atteindre jusqu'à 30 p. 100, sur une bonne partie des principales exportations canadiennes.
L'accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie vise à remédier à cette situation et à maintenir la prospérité des travailleurs, des producteurs et des exportateurs du Canada. Dès son entrée en vigueur, cet accord entraînera l'abolition de plus de 99 p. 100 des droits de douane sur la valeur des exportations canadiennes courantes.
Qu'est-ce que ce nouvel accord signifie pour les exportateurs individuels? Je vais vous donner quelques exemples bien précis, en commençant par le secteur agricole. Les exportateurs canadiens de légumineuses, de lentilles, de pois chiches, de fèves et de pois profiteront de l'élimination immédiate des droits de 5 p. 100 à 10 p. 100 perçus par la Jordanie sur ces produits. En 2010, les exportations de légumes en Jordanie, qui totalisaient 7 millions de dollars, étaient surtout constituées de lentilles et de pois chiches, sur lesquels des droits de 5 p. 100 sont en ce moment perçus, et de pois, qui sont visés par des droits de 10 p. 100. Tous ces droits seront immédiatement éliminés lorsque l'accord entrera en vigueur.
En 2010, les exportations de produits congelés de la pomme de terre en Jordanie s'élevaient à environ 88 000 $. Ces exportateurs profiteront de l'élimination immédiate des droits de 20 p. 100 perçus par la Jordanie, ce qui leur permettra de faire jeu égal avec des concurrents comme les États-Unis ou l'Union Européenne, qui bénéficient en ce moment d'un accès en franchise de droits au marché jordanien.
Les exportateurs de boeuf canadien profiteront eux aussi de l'élimination immédiate des droits perçus par la Jordanie, qui se situent entre 5 p. 100 et 23 p. 100 et s'appliquent à tous les produits du boeuf, y compris la viande fraîche, réfrigérée, congelée et conservée, ainsi qu'à tous les abats et les viandes transformées, comme les saucisses et la charqui.
La Jordanie a levé les restrictions relatives aux produits du boeuf canadien en février 2009, ce qui a permis à ce secteur de profiter de ces droits de douane moins élevés.
Les aliments pour les animaux sont aussi visés par l'élimination des droits perçus par la Jordanie, qui pouvaient atteindre 23 p. 100, et certains de ces produits sont aussi visés par des droits supplémentaires de 10 p. 100, qui seront immédiatement éliminés dès l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange.
L'accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie ne vise pas uniquement les produits agricoles. L'élimination des droits perçus par la Jordanie, qui varient de 15 p. 100 à 30 p. 100 pour certains produits du bois, pourrait être avantageuse pour les exportateurs canadiens de portes, de charpentes, de produits de menuiserie, de bardeaux et d'autres matériaux de construction.
Les exportateurs canadiens de produits du papier, comme le papier hygiénique, les essuie-tout, les mouchoirs, les enveloppes, la papeterie, le papier d'emballage, les boîtes et le carton ondulé, bénéficieront de l'élimination des droits de douane perçus par la Jordanie, qui varient de 10 à 30 p. 100.
La Jordanie représente un marché grandissant pour les exportations canadiennes de voitures et de pièces automobiles, qui sont principalement constituées de véhicules légers de passagers et qui ont totalisé 9,7 millions de dollars en 2010. L'élimination des droits de douane de 10 à 30 p. 100 qui sont perçus par la Jordanie permettront aux exportateurs canadiens d'élargir ce marché.
Le Canada exporte de l'équipement mécanique et électrique divers, notamment du matériel de construction lourde et d'exploitation minière, des dispositifs de communication, des appareils de filtration ou de purification, des pompes, de la machinerie et des pièces, vers la Jordanie — pour une valeur qui a totalisé 9,2 millions de dollars en 2010. L'élimination des droits de douane de 10 à 30 p. 100 perçus par la Jordanie sur les exportations canadiennes actuelles et éventuelles de matériel divers aidera certainement le secteur canadien de la fabrication de machinerie.
Les exportations canadiennes de médicaments vers la Jordanie ont totalisé un peu moins d'un million de dollars en 2010, dont 80 p. 100 ont été frappés par la Jordanie d'un droit de 25 p. 100. Les droits de douane seraient abolis dès la mise en oeuvre de cet accord de libre-échange.
Bien que la Jordanie représente actuellement pour le Canada un petit marché pour l'exportation de poissons et de fruits de mer, l'élimination des droits de douane de 10 à 30 p. 100 imposés par la Jordanie sur les poissons et les fruits de mer pourrait aider les exportateurs canadiens à accroître leur présence dans le marché jordanien.
Je dois reconnaître que j'ai mentionné beaucoup de chiffres, mais les chiffres sont importants pour les travailleurs, les producteurs et les exportateurs canadiens. Dans un monde de plus en plus concurrentiel, des droits de douane moins élevés sont avantageux pour les exportateurs qui envisagent d'accroître leur présence dans un marché ou de pénétrer un nouveau marché.
Cette relation commerciale qui se développe n'est qu'une des raisons pour lesquelles le gouvernement continue de travailler main dans la main avec les entreprises canadiennes afin de resserrer les liens commerciaux avec le marché jordanien. Les efforts que déploie le gouvernement pour aider les sociétés canadiennes à faire des affaires en Jordanie ont été salués par le milieu des affaires du Canada et ont reçu l'appui de diverses organisations, notamment l'Association des produits forestiers du Canada, les Producteurs de grains du Canada, la Canadian Cattlemen's Association et le Conseil de commerce canado-arabe, qui ont toutes comparu devant le Comité permanent du commerce international.
Les députés se rappelleront que cet accord de libre-échange n'est qu'un des accords que nous avons signés avec la Jordanie en 2009. Nous avons également conclu un accord bilatéral sur la promotion et la protection des investissements étrangers créateurs d'emplois, qui est entré en vigueur le 14 décembre 2009. Cet accord sur les investissements qui crée de l'emploi établit des règles précises quant aux investissements entre nos deux pays.
Les investisseurs canadiens se réjouissent particulièrement des débouchés qu'offrent les secteurs des ressources, de l'extraction, de l'énergie nucléaire, des télécommunications, du transport, de la fabrication et de l'infrastructure de la Jordanie, et cet accord sur les investissements qui crée de l'emploi assure aux investisseurs canadiens et jordaniens la prévisibilité et la certitude dont ils ont besoin pour investir dans leurs marchés mutuels.
Les députés conviendront certainement que les deux accords conclus avec la Jordanie, soit l'accord de libre-échange et l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers de 2009, qui crée de l'emploi, sont manifestement complémentaires.
Nous vivons une période économique fort trouble, et l'économie demeure la priorité absolue de notre gouvernement. Pour que notre économie continue de croître et reste concurrentielle sur le marché mondial, il faut abolir les obstacles au commerce dans le monde entier au moyen de nouveaux accords de libre-échange.
Le protectionnisme n'est jamais la solution. Notre gouvernement estime que la capacité du Canada à continuer de se sortir de la crise économique mondiale dépend, dans une large mesure, de la conclusion de partenariats en matière de commerce et d'investissement. Voilà pourquoi nous négocions avec autant d'enthousiasme des ententes de libre-échange avec nos partenaires dans le monde.
Depuis 2006, le Canada a conclu des accords de libre-échange avec neuf pays, dont le Honduras, comme nous l'avons annoncé le 12 août dernier. Le Canada a aussi entamé des pourparlers avec beaucoup d'autres États, comme ceux de l'Union européenne et l'Inde, qui sont deux des marchés les plus vastes et les plus prometteurs du monde.
Le gouvernement tient absolument à ce que l'économie canadienne demeure florissante. C'est pourquoi il établit des relations commerciales profitables aux Canadiens. Ce plan ambitieux d'intensification du commerce est important pour le Canada.
L'adoption de la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Jordanie nous permettra d'appliquer rapidement l'accord de libre-échange avec la Jordanie afin d'aider les travailleurs et les entreprises du Canada à soutenir la concurrence.
Plus tôt cette semaine, nous avons débattu de la . Malheureusement, le NPD s'est opposé à ce projet de loi. Cela n'a rien d'étonnant, puisque le bilan du NPD est très clair: il s'oppose à tous les accords commerciaux.
Contrairement au NPD, le gouvernement conservateur s'emploie à élargir et à renforcer nos relations commerciales, puisqu'elles permettent de protéger la création d'emplois et de favoriser la croissance économique du Canada, pour le bénéfice des travailleurs canadiens et de leur famille.
Je demande au NPD et au Parti libéral d'appuyer ce projet de loi. Nous avons besoin de leur soutien pour faire adopter ces accords de libre-échange à la Chambre. Ces accords sont importants pour l'économie canadienne, surtout dans la conjoncture économique actuelle. Malheureusement, chaque fois que nous tendons la main vers les autres partis, on nous sert la même réponse. Le NPD continue de représenter des groupes qui ont des intérêts très particuliers. Il poursuit son programme de destruction de l'emploi et du commerce. Il invente sans cesse toutes sortes de raisons pour s'opposer aux accords de libre-échange. Lundi, à la fin de la journée, le NPD a déclaré qu'il s'opposerait, encore une fois, à cet accord.
Nous nous employons à protéger et à faire croître l'économie canadienne grâce à notre plan de promotion du commerce et de création d'emplois, mais nous nous butons continuellement aux partis de l'opposition, qui bloquent ces mesures. Ce n'est vraiment pas de cela dont nous avons besoin. J'encourage vivement tous mes collègues de la Chambre à appuyer une adoption rapide de ce projet de loi afin que le Comité du commerce international puisse commencer son travail.
Le NPD a adopté une position très claire, comme nous l'avons vu. Mais je ne m'attends pas à ce que ce soit aussi la position du Parti libéral, le troisième parti à la Chambre. Nous espérons qu'il appuiera ce projet de loi.
Je tiens à assurer les travailleurs canadiens et leur famille que le gouvernement conservateur appuiera sans réserve la , dans le but de continuer à créer des emplois et à favoriser la croissance économique. Il est grand temps de faire adopter cette mesure.
Notre gouvernement et notre parti feront savoir clairement aux Canadiens que la prospérité à long terme des travailleurs et des entreprises du Canada est une priorité non seulement pour le Parti conservateur, mais pour l'ensemble de la Chambre des communes. La meilleure façon de communiquer ce message, c'est d'adopter rapidement le projet de loi .
C'est une mesure législative importante. Elle a été présentée à la Chambre à la dernière législature et nous la présentons à nouveau maintenant. J'exhorte mes collègues à renvoyer ce projet de loi au comité dans les plus brefs délais, puis à le retourner à la Chambre le plus tôt possible.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi portant sur le commerce. Auparavant, par contre, je veux discuter de quelques observations qui ont été formulées lors de récentes discussions.
On a mentionné les remarques que le député de a faites au sujet de la politique d'achat aux États-Unis. En ma qualité de vice-président de l'Association parlementaire Canada-États-Unis, je suis allé à Washington à maintes reprises et j'ai rencontré de nombreux membres du Congrès et de la Chambre des représentants, ainsi que des représentants du Sénat et des présidents de comités pour discuter de la politique d'achat aux États-Unis et de la position du Canada. Bon nombre d'entre eux ont soutenu que le Canada aurait dû faire la même chose et se doter de sa propre loi favorisant l'achat de produits canadiens, qui lui aurait servi de moyen de défense pour négocier la suppression de la politique d'achat aux États-Unis qui, comme on le voit, gagne de plus en plus de terrain. Ce que le gouvernement ne comprend pas, c'est qu'il y a la politique d'achat aux États-Unis et la loi Achetez américain. Il y a en fait deux mesures protectionnistes.
Nous avons été confrontés à la même situation récemment: même si le ministre s'est rendu à Washington, nous avons encore plus de problèmes sur les bras à cause d'une affluence de lois. Une autre mesure législative a été présentée à la Chambre qui prévoit que la loi sur les achats aux États-Unis devrait désormais s'appliquer au secteur des transports. Par conséquent, un plus grand nombre d'obstacles se pointent à l'horizon et ils s'accompagneront d'une foule de problèmes.
Il a été également question du commerce transfrontalier et de l'accord de prospérité qui a été signé la semaine dernière par le et le président Obama. Ce qui est intéressant à propos de cet accord, c'est qu'il met principalement l'accent sur le pétrole et vante notre pétrole auprès de Washington, mais fait fi du secteur manufacturier et d'autres secteurs commerciaux. Les emplois dans les secteurs manufacturier et commercial en sont à leur plus bas niveau depuis que nous avons commencé à rendre ces données publiques dans les années 1970. Le nombre d'emplois dans le secteur manufacturier n'a jamais été aussi faible. Cela tient au fait que le gouvernement est obsédé par le pétrole et délaisse tout autre secteur à valeur ajoutée.
Ce qui est arrivé aujourd'hui revêt une importance particulière à la lumière de l'annonce de la semaine dernière. Nous avons appris que le n'a pas réussi à mettre en avant un projet de loi pour protéger, dans ma circonscription, un nouveau poste frontalier à la frontière Windsor-Detroit, où passent quotidiennement 40 p. 100 de nos exportations vers les États-Unis dans un corridor de deux milles. Nous essayons de bâtir un tout nouveau poste frontalier et un nouveau pont public. Le projet a été bloqué par un citoyen américain qui a littéralement acheté les élus du Michigan. Il a dépensé plus d'un million de dollars en dons et a empêché la construction de ce pont.
Par conséquent, lorsqu'on parle des échanges commerciaux avec la Jordanie ou les États-Unis, il ne faut pas oublier quel est notre principal client: les États-Unis. Les ententes et les accords que nous avons signés ont été à notre désavantage. Nous avons plongé dans un déficit commercial. Voilà la réalité. Les néo-démocrates s'intéressent au commerce, mais ils veulent également qu'il se fasse de façon équitable et équilibrée. Il n'y a rien de mal à ça.
Même si c'est ce que nous leur demandons, les Canadiens ne peuvent pas concurrencer les ateliers clandestins de Jordanie, dont certains appartiennent à des sociétés canadiennes; je donnerai un exemple plus tard. Ces ateliers clandestins emploient des étrangers, dont 75 p. 100 sont des femmes, provenant souvent du Sri Lanka et d'autres pays en développement. Ils les logent et leur font fabriquer des vêtements dans des conditions déplorables.
Comment l'industrie du textile de Montréal peut-elle concurrencer cela? Accepterons-nous une telle situation? En tant que citoyens, devrions-nous accepter de porter des vêtements à bas prix fabriqués par des gens dont on abuse et profite? Cette situation est bien documentée.
Je trouve intéressantes les critiques à notre égard. On dit que le mouvement syndicaliste est maintenant en faveur de l'accord et que nous faisons fausse route. Initialement, en 2000, le Syndicat des Métallos avait appuyé l'accord commercial conclu entre les États-Unis et la Jordanie. C'est l'une des questions qui sera visée par mes amendements. Le Syndicat des Métallos a mené une étude pour découvrir ce qui s'était passé, car l'accord commercial comprenait des ententes dans le domaine du travail et en matière d'environnement, entre autres, mais il s'agissait de dispositions facultatives. Il a découvert peu de changements. La situation avait peu évolué, parce que les dispositions adoptées n'avaient pas été mises en application.
Cette semaine, nous avons bien vu que nous avons parfois du mal à mettre en application nos propres mesures de protection de l'environnement dans notre pays. Par conséquent, nous ne pouvons qu'imaginer à quoi ressemblent les droits fondamentaux dans un pays comme la Jordanie, un royaume et non une démocratie, et à quoi ils exposent la population.
Nous avons la responsabilité, et, d'une manière générale, il est dans notre intérêt, de trouver un terrain d'entente et de régler ces problèmes. Nous ne voulons certainement pas que les mauvais traitements dont sont victimes les femmes qui fuient le Sri Lanka augmentent parce que le Canada a signé un accord de libre-échange avec la Jordanie. J'ose espérer que ce n'est pas le cas. Nous voulons inclure, dans cet accord, des mesures permettant de régler ces problèmes. Il y a peut-être une possibilité à saisir ici.
Souvent, les accords auxiliaires sur l'environnement et le travail n'ont pas beaucoup de poids, parce qu'ils n'ont pas force exécutoire. Cependant, nous pouvons corriger cela dans le projet de loi et c'est ce que les néo-démocrates s'efforceront de faire. C'est la politique de la carotte et du bâton. Nous offrons à la Jordanie la chance de renforcer ses relations commerciales avec la Canada et d'avoir un meilleur accès à notre marché, et vice-versa. Toutefois, nous viserons en même temps à améliorer les normes de travail, à apporter des améliorations sur lesquelles nous croyons tous pouvoir nous entendre.
Y a-t-il quelqu'un qui voudrait amoindrir cela? La question se pose. Si nous devions aggraver les problèmes, est-ce que les Canadiens nous appuieraient et en seraient fiers? Nous constatons que nous avons détourné les yeux de telles situations à bien des égards, si l'on songe à ce qui s'est passé récemment dans le monde, notamment en Libye et dans d'autres pays. Nous fermons souvent les yeux sur certaines situations pour le bénéfice des entreprises. Vient un moment où il faut parler de commerce mondial et de bien d'autres sujets où les droits et l'environnement, notamment, ne trouvent pas leur place. Cependant, il faut que des protections soient en place pour améliorer notre style de vie et l'environnement de notre planète. Il faut un certain équilibre.
La Jordanie n'est peut-être pas capable de se hisser à nos normes tout de suite. Les consommateurs demandent que les biens manufacturés respectent certaines normes. Lorsque nous achetons un chandail en molleton, un produit avec une fermeture éclair ou d'autres vêtements, nous voulons qu'ils respectent certaines normes, mais nous acceptons cependant que des gens travaillent 14 heures par jour, sans bénéficier de congés, et qu'ils soient logés dans des entrepôts et des installations sales. Nous devons nous attaquer à cela. Si des conditions inacceptables nous permettent d'épargner un ou deux dollars sur un chandail, c'est mal.
Nous avons le devoir moral de nous attaquer à la situation pendant que nous le pouvons. Si nous décidons de fermer les yeux, nous victimisons ces gens, car nous sommes conscients des normes qui existent au Canada. Nous ne permettons pas que des enfants travaillent au Canada; aussi ne devrions-nous pas fermer les yeux sur le travail fait par des enfants en Jordanie et ailleurs.
Les accords auxiliaires soulèvent des questions, mais l'évaluation environnementale qui a été faite en vertu de l'accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie se concluait ainsi:
Même si une augmentation marquée des flux des échanges commerciaux bilatéraux se produisait à la suite de l’entrée en vigueur de l’ALE entre le Canada et la Jordanie, les effets économiques de cette entente seraient modestes par rapport à l’ensemble de l’activité économique du Canada, étant donné le volume relativement faible du commerce bilatéral et la taille de l’économie jordanienne. Par conséquent, l’impact sur l’environnement lié à l’ALE au Canada devrait être minime. De plus, cet impact, s’il s’en produit un, sera pris en compte et géré par les programmes de gestion environnementale existants dans des secteurs qui devraient normalement bénéficier de l’ALE, comme la foresterie et l’agriculture.
Cet accord n'entraînera pas la création d'un nouveau mécanisme de surveillance réglementaire. Ce qui est intéressant de constater, c'est que les conservateurs parlent de ces questions dans les accords commerciaux comme s'ils allaient élargir les marchés, mais leurs propres recherches révèlent que les répercussions seront relativement modestes. Comble de l'ironie, c'est que, même si le corridor Windsor-Detroit représente 40 p. 100 de nos échanges commerciaux quotidiens, soit 1 milliard de dollars, l'établissement d'un nouveau poste pose toujours problème. Entre-temps, le gouvernement dit qu'il souhaite accorder la priorité à cet accord. Le gouvernement a présenté un projet de loi sur le libre-échange avec la Jordanie, mais, lorsque le s'est vu conseiller par son propre ministère de présenter un projet de loi visant à protéger le poste frontalier canadien par lequel transitent les échanges avec notre principal partenaire commercial, il n'a rien fait. Au cours de la présente session parlementaire, les politiques gouvernementales ont eu pour objet de diviser le Canada plutôt que de l'unir.
On a recommandé au gouvernement d'agir en raison des risques élevés liés au poste frontalier Windsor-Detroit, où s'effectuent 40 p. 100 des échanges commerciaux avec les États-Unis. Le pont, qui appartient à des intérêts privés américains, a été construit il y a 80 ans. Notre secteur manufacturier à valeur ajoutée est en péril. Nous avons vu des tonnes d'emplois quitter l'Ontario, le Québec et d'autres provinces, notamment dans le secteur manufacturier. Pourtant, sur quels pays le gouvernement met-il l'accent? Le Panama et la Jordanie.
Le gouvernement a présenté des projets de loi sur le libre-échange avec ces pays. Or, notre principal partenaire commercial, ce sont les États-Unis. Le se rend aux États-Unis, signe un accord sur la frontière et parle d'infrastructures. Entre-temps, au Michigan, le nouveau poste frontalier se fait attendre parce que le gouvernement n'a pas adopté de loi en la matière. Dans le cahier d'information, on conseillait au ministre de prendre des mesures concrètes au sujet du passage frontalier Windsor-Detroit afin de mettre un terme aux poursuites judiciaires et d'empêcher qu'il soit bloqué. Il n'a rien fait.
Nous devons plutôt étudier ce projet de loi, qui, selon nous, pose problème. Lorsque c'est le cas, il est important que la situation fasse l'objet d'un suivi approprié. Nous allons bien voir ce qui va se passer.
Permettez-moi de vous donner un bon exemple. En 2011, la Jordanie a signé la convention internationale sur le travail domestique, qui protège dans une certaine mesure les travailleurs à l'échelle mondiale. Elle a signé cette convention et l'a adoptée, mais elle doit encore la ratifier. Même si la Jordanie fait la promotion d'améliorations dans le monde et affirme à qui veut bien l'entendre qu'elle prendra certaines mesures, il lui reste encore à ratifier la convention.
Combien faut-il de temps pour que cette ratification ait lieu dans le système jordanien? Probablement pas beaucoup de temps, car la Jordanie est un royaume. L'adoption d'une loi ne prend pas des années. Nous devrions donc formuler cette exigence. Nous devrions demander à la Jordanie quand elle compte ratifier la convention, puis la mettre en oeuvre, comment elle mesurera les progrès réalisés et comment elle veillera à ce que les travailleurs soient protégés.
Je voudrais parler un peu de ces travailleurs et de ces conditions parce qu'il y a un lien avec le Canada. Je pense à Nygard, Dillard's, JCPenney et Walmart, qui ont des liens avec la traite de personnes, les mauvais traitements et les ateliers clandestins en Jordanie.
Il est important de souligner que le syndicat United Steelworkers a examiné la situation d'un certain nombre d'usines dans diverses régions. Il a envoyé une équipe faire enquête en Jordanie. Celle-ci a constaté que 1 200 travailleurs étrangers sont prisonniers de l'usine IBG et que leur sort n'a pas du tout changé depuis la signature de l'accord entre les États-Unis et la Jordanie.
Ils sont retournés et ont constaté que les problèmes subsistaient. L'usine emploie environ 600 travailleurs: 300 du Sri Lanka, 200 du Bangladesh et 100 de l'Inde. C'est un exemple d'usine parmi d'autres. J'ai des photos ici. On dirait un entrepôt. L'usine a l'air d'un entrepôt pour produits agricoles ou d'une installation du genre.
On estime que 75 p. 100 des travailleurs étrangers sont des femmes âgées entre 18 et 30 ans. C'est une main-d'oeuvre jeune et principalement féminine qui travaille dans des conditions tout à fait abominables.
Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour dire à la Jordanie: « Nous sommes ouverts aux échanges commerciaux et nous voulons bien admettre que vous cherchez à vous améliorer, mais nous ne voulons pas que les produits et les services soient issus de comportements abusifs. Nous n'en voulons pas si c'est le cas. Si vous ne mettez pas fin à certaines pratiques dans votre pays, nous ne signerons pas cet accord avec vous »?
Nous pourrions aussi établir des normes accompagnées de mécanismes pour en garantir le respect ou des moyens de révoquer des parties de l'accord si la Jordanie ne respecte pas ces normes. À moins que l'idée soit de fermer les yeux sur le fait qu'on maltraite des travailleurs étrangers pour que nous puissions nous vêtir à meilleur prix et de ne rien faire.
Si c'est ainsi que les choses vont se passer, autant l'admettre. Si nous allons faire fi des photos, des rapports de visite, des plaidoyers et des appels à l'aide des travailleurs qui ont fait sortir clandestinement, à leurs risques, un certain nombre de marques, dont certaines appartiennent à des entreprises canadiennes, alors aussi bien le dire.
Les accords auxiliaires sur le travail et l'environnement n'ont aucune force exécutoire, malgré les belles paroles que certains d'entre eux contiennent.
Pour ce qui est des questions de travail, je vais donner un bon exemple. Le véritable problème, c'est que les accords contiennent un tas de mots, sauf l'obligation de rendre des comptes. L'accord auxiliaire est un bel exemple. Voici ce qu'on peut lire sous la section « Responsabilité sociale des entreprises »:
Étant donné les importants bienfaits que procurent le commerce et l’investissement internationaux, les Parties devraient encourager les entreprises sur leur territoire ou de leur ressort à adopter les meilleures pratiques de responsabilité sociale, afin de renforcer la cohérence entre les objectifs économiques et les objectifs en matière d’environnement.
C'est tellement vague qu'on n'en fait aucun cas. De plus, aucun mécanisme d'application n'est prévu. Bref, cet accord ne vaut pas grand-chose. Il n'aide pas le travailleur sri-lankais qui est tué dans un des ateliers clandestins. Nous avons des images ici. Cet accord ne vient pas en aide aux travailleurs qui subissent régulièrement de mauvais traitements.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que quand ces travailleurs vont en Jordanie, ils doivent passer par un processus. On leur fait franchir des étapes. C'est ce qu'il y a de triste et d'inquiétant dans cette situation. Il existe un processus, auquel les hauts fonctionnaires jordaniens consentent pleinement.
Les députés savent-ils comment ça se passe? On fait entrer illégalement les travailleurs invités en Jordanie, on leur saisit leur passeport et on les maintient dans des conditions d'esclavage. Ils se font confisquer leur passeport. Ils travaillent 16 heures par jour, sept jours sur sept. Ils travaillent à l'usine 111 heures par semaine. Ils se font flouer de la moitié de leur salaire légal. Ils se font frapper et menacer d'expulsion. Des cas de harcèlement et d'agression sexuels sont signalés. Si un travailleur rate un quart, pour quelque raison que ce soit, on le prive de deux journées de salaire et on le punit. Ils vivent dans des dortoirs misérables et primitifs, sans chauffage et infestés de punaises. L'accès à l'eau est sporadique. D'ailleurs, une punaise a été rapportée à l'Université de l'Ohio afin qu'il soit confirmé que ces insectes se régalent bel et bien des personnes qui vivent dans ce milieu. On a fait preuve de la diligence voulue pour enquêter sur les conditions qui sévissent en Jordanie.
Voici un quart de travail typique: de 7 heures à 9 heures, deux heures de travail; de 9 heures à 9 h 15, pause-thé de 15 minutes; de 9 h 15 à 13 heures, trois heures et trois quarts de travail; de 13 h à 13 h 30, une demi-heure pour manger; de 13 h 30 à 20 heures, six heures et demie de travail; de 20 heures à 20 h 30, une demi-heure pour souper; et de 20 h 30 à 23 heures, deux heures et demie de travail. Ça fait des journées de travail de 16 heures.
Si nous demandons à la Jordanie d'être notre partenaire, alors nous devons nous occuper de ça. Nous tendons la main, alors c'est à nous qu'il revient de parler de ces problèmes-là. Il nous revient de voir à ce que le commerce bilatéral soit équitable. Voulons-nous que les conditions de ces travailleurs s'aggravent ou s'améliorent? Voulons-nous qu'elles restent telles quelles?
De toutes façons, il nous est économiquement impossible, selon moi, de faire ainsi concurrence parce que la Jordanie profite d'un avantage inéquitable si elle exploite les travailleurs. Quoi qu'ils fassent, tous ceux qui investissent dans l'industrie textile de l'Amérique du Nord. et plus particulièrement du Canada, seront désavantagés. Peu importe ce qu'ils investissent et la formation qu'ils offrent aux travailleurs; peu importe ce qu'ils redonnent à la collectivité; peu importe ce qu'ils ont fait pendant des décennies: ils ne pourront pas concurrencer les autres joueurs si ces normes s'appliquent. Ils ne pourront pas rivaliser avec des gens qui traitent leurs travailleurs pratiquement comme des esclaves
Quel message cela envoie-t-il aux gens qui investissent au Canada, aux gens qui considèrent que les employés doivent travailler un nombre raisonnable d'heures, qui jugent qu'il faut redonner quelque chose à la collectivité et qui ont de l'estime pour leurs employés? Nous les insultons en adoptant ce projet de loi.
Nous ne faisons rien qui nous rendent fiers d'être Canadiens lorsque nous acceptons de telles réalités pour que nous puissions acheter un chandail ou des marchandises à peu de frais ou remplir les tablettes du Walmart de vêtements à bon marché. Il faut tenir compte de tous ces facteurs.
Pour conclure, je tiens à dire que nous voulons bien collaborer pour que le projet de loi fonctionne, mais qu'il faut agir de façon responsable. L'aveuglement volontaire n'est ni la meilleure attitude ni la façon la plus éthique d'aborder cette question.
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Madame la Présidente, je suis heureux de me prononcer sur le projet de loi . J'ai constaté à maintes reprises que le gouvernement aime accoler des noms aux lois pour donner l'impression qu'elles sont autre chose que ce qu'elles sont réellement. Le gouvernement a donné comme titre court à celle que nous étudions « Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Jordanie ». Je crois qu'un titre du genre « accord commercial avec la 90
e économie en importance dans le monde » serait plus approprié. On ne peut pas dire que cette loi créera une extrême prospérité. Nous parlons de l'économie qui vient au 90
e rang dans le monde, aussi replaçons le projet de loi dans une juste perspective.
Lorsque l'accord a été annoncé à l'origine, en juin 2009, le printemps arabe n'avait pas encore eu lieu. L'instabilité qui a frappé la région au cours de la dernière année a tout transformé. C'est dans ce contexte que l'accord de libre-échange avec la Jordanie intervient. Nous appuyons en principe le projet de loi, comme nous l'avons fait d'autres accords commerciaux, cependant, celui-ci comporte de graves sujets de préoccupations. Notre collègue néo-démocrate en a mentionné quelques-uns. Je partage son avis sur certains.
Ces sujets de préoccupations devraient être sérieusement pris en considération pendant l'examen du projet de loi par le Comité du commerce international. Parmi ces sujets, il y a le travail des enfants, ce qui a été mentionné, ainsi que d'autres questions liées à la main-d'oeuvre. Ces questions seraient mieux réglées si nous avions un accord ouvert et transparent. Il y a des accords auxiliaires sur la main-d'oeuvre et l'environnement, mais ils ne sont pour ainsi dire pas exécutables; ils sont plutôt l'expression de désirs. Je pense que nous devons trouve le moyen de faire appliquer les accords sur la main-d'oeuvre et l'environnement.
Avant d'aborder l'accord proprement dit et la situation en Jordanie, il y a quelques facteurs généraux que la Chambre doit prendre en considération au sujet du commerce et de la performance gouvernementale. La mauvaise gestion des rapports commerciaux du Canada par le gouvernement actuel a entraîné un déficit commercial pour la première fois en plus de 30 ans. Sous l'administration du gouvernement actuel, nous avons enregistré un déficit dans les échanges de marchandises pour la première fois en 30 ans.
Si nous ne nous en remettions qu'à la machine à propagande du gouvernement, qui est si loin de la réalité, nous croirions qu'il a négocié neuf accords de libre-échange. Le ministre parcourt le monde en parlant de commerce. Pourtant, pendant ce temps, il néglige les ententes commerciales que le Canada a depuis déjà longtemps avec ses partenaires. À ce chapitre, nous régressons.
Bien sûr, le Canada est un pays qui dépend du commerce. Quelque 80 p. 100 de notre économie est tributaire de l'accès des exportations canadiennes aux marchés étrangers. Le Parti libéral appuie le principe du libre-échange. Nous appuyons toute initiative qui améliore l'accès aux marchés pour les entreprises canadiennes. Nous souhaitons prendre connaissance du point de vue des intervenants et examiner soigneusement cet accord pour veiller à ce qu'il soit effectivement dans l'intérêt supérieur du Canada.
Le libre-échange avec la Jordanie favorisera la stabilité économique dans ce pays. J'irais même plus loin. Si nous parvenons à concevoir convenablement les accords auxiliaires sur le travail et l'environnement et à leur donner du mordant, le libre-échange peut même améliorer les conditions sociales, professionnelles et économiques en Jordanie.
Il vaut la peine de chercher à conclure de nouveaux accords commerciaux. Toutefois, comme je viens de le dire, il faut replacer ces accords dans leur contexte. Les conservateurs vantent les mérites des relations commerciales, mais c'est en raison de leur incurie en la matière que, pour la première fois en 30 ans, le Canada enregistre des déficits commerciaux.
Pour ce qui est des États-Unis, nous avons vu que le gouvernement avait été « pris par surprise » par les mesures protectionnistes accrues qui ont été adoptées par les autorités américaines. Je vais citer trois exemples.
Premièrement, le gouvernement a été pris par surprise par les premières dispositions sur les achats aux États-Unis inscrites en 2008 dans leur plan de stimulation économique, et ce même si, pendant des mois, le président Obama a déclaré qu'il envisageait d'adopter des politiques solides en ce sens. Cependant, le gouvernement a été pris par surprise; il ne veillait pas au grain.
Deuxièmement, le ministre a été pris par surprise à l'automne de 2011 lorsque les dispositions sur les achats aux États-Unis ont refait surface dans le plan de création d'emplois mis en place par l'administration Obama. Encore une fois, le gouvernement a été pris de court; il n'était pas sur ses gardes.
Troisièmement, le ministre a été pris par surprise par l'annonce faite par la Federal Maritime Commission des États-Unis, à l'instigation de sénateurs américains, au sujet de la tenue d'une enquête sur les conteneurs destinés aux États-Unis qui sont redirigés vers les ports canadiens, ainsi que de la possibilité d'imposer des droits de douane en conséquence.
Je devrais peut-être citer un autre exemple, car cette situation touche les Canadiens qui se rendent aux États-Unis par voie aérienne ou maritime. Il s'agit des droits d'entrée de 5,40 $. Dans l'accord que les États-Unis ont négocié avec, je pense, la Colombie, nous avons perdu notre exception. Encore une fois, le gouvernement canadien a été pris par surprise et déçu.
Voici où je veux en venir. Nous devons envisager de nouveaux accords commerciaux dans le monde entier, ce qui est important, mais il y a aussi notre plus grand marché, les États-Unis. Toutefois, les États-Unis ne ratent aucune occasion de surprendre et de décevoir le gouvernement, avec pour résultat que nous assistons à une érosion de notre relation avec notre partenaire commercial le plus important. La valeur des échanges commerciaux entre nos deux pays dépasse 1,4 milliard de dollars par jour.
Pour ce qui est du taux d'exportation des marchandises, en 2010, le Canada a exporté pour 339,4 milliards de dollars à l'étranger. Cependant, la vaste majorité de notre commerce de marchandises s'est fait avec seulement 10 pays, soit, en ordre décroissant: les États-Unis, qui représentent 74,9 p. 100 de nos exportations; le Royaume-Uni, 4,1 p. 100; la Chine, 3,3 p. 100; viennent ensuite le Japon, le Mexique, l'Allemagne, la Corée, les Pays-Bas et le Brésil. Comme on peut le voir, il y a une grande différence entre la première et la deuxième place, la première place étant occupée par les États-Unis.
Selon le ministère du Commerce international, nous menons 75 p. 100 de notre commerce de marchandises avec les États-Unis. Selon les documents du ministère, ce taux sera encore le même en 2040.
Je veux être clair. Même si on parle de toutes ces négociations commerciales et que le ministre court à droite et à gauche, les conservateurs ne surveillent pas notre relation commerciale avec les États-Unis. En fait, comme je l'ai dit l'autre jour, dans les domaines de conflit avec les États-Unis, les conservateurs cèdent sur certains points et n'obtiennent rien en retour. La Commission canadienne du blé est un parfait exemple. Les Américains l'ont contestée à 14 reprises. Ils ne pouvaient jamais gagner en invoquant l'argument d'une infraction à un accord commercial. Les conservateurs ont fini par s'en débarrasser, mais ils n'ont rien eu en retour.
Relativement à l'entente sur le périmètre de sécurité, qu'obtenons-nous en échange? Fort probablement rien, mais nous ne le savons pas vraiment parce que le gouvernement conservateur, qui prétend être transparent, garde tout secret.
Le Canada est un pays qui dépend du commerce. Nous dépendons de l'accès aux marchés pour les importations canadiennes. Toutefois, en ce qui concerne la Jordanie, un certain nombre de questions doivent rester à l'avant-plan, comme c'est le cas pour tout accord commercial qu'on négocie et met en oeuvre.
Dans son plus récent rapport, Prévisions à l'exportation, Exportation et développement Canada a indiqué que même si le printemps arabe a causé de l'incertitude politique dans la région, la Jordanie a réussi, il faut en convenir, « à casser l’élan des mouvements d’opposition par de modestes programmes de réforme politique et promesses de dépenses ».
Cependant, des signes récents permettent de croire que l'incertitude en Jordanie s'accentue lentement. Un article publié récemment dans le New York Times fait état du problème de stabilité au Moyen-Orient élargi et des préoccupations exprimées en ce qui concerne les investissements et souligne ceci:
Si les gouvernements du Moyen-Orient veulent attirer les investisseurs étrangers dans le contexte actuel, qui est marqué par le changement et l'incertitude, les pays arabes doivent ouvrir la voie et montrer qu'ils ont confiance en ce que les marchés de la région sont susceptibles d'offrir à long terme [...]
Le Fonds monétaire international a indiqué qu'on constate une certaine certitude économique partout au Moyen-Orient et a déclaré ceci:
Pour de nombreux pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, l'année 2011 a été difficile. La région se heurte à une incertitude sans précédent et doit composer avec des pressions économiques exercées autant par des sources internes qu'externes, qui ont donné lieu à un ralentissement marqué de l'activité économique. Même si les économies des pays exportateurs de pétrole ont connu une légère reprise de la croissance en 2011, les importateurs de pétrole connaissent un ralentissement extrêmement marqué.
Dans son rapport du 22 novembre, le FMI souligne également que dans des pays comme la Jordanie, le prix élevé des produits de base a fait augmenter le coût des importations et que l'incertitude a également limité l'accès aux marchés internationaux de capitaux et s'est traduite par une diminution des investissements directs.
Un article publié récemment dans The New York Review, intitulé « Des changements s'annoncent en Jordanie », soulève d'importantes questions en ce qui concerne la situation en Jordanie. Le pays s'enlise dans la récession et, récemment, le roi Abdallah a augmenté de 1 milliard de dollars les nombreuses subventions accordées par l'État. Plus de 21 000 postes ont été créés dans le domaine de la sécurité. Le taux de natalité dépasse de loin la capacité du pays de créer les emplois nécessaires et le taux de chômage dépasse 13 p. 100. Il y a des problèmes importants au sein du pays.
En 2010, les exportations de marchandises canadiennes en Jordanie totalisaient 66 millions de dollars, alors qu'elles ne représentaient que 30,8 millions de dollars en 2003. Les principales exportations canadiennes en 2010 étaient notamment le papier et le carton, surtout le papier journal, les véhicules, les produits du bois, les légumineuses, surtout les lentilles et les pois chiches, la machinerie ainsi que l'équipement électrique et électronique.
En 2010, les importations de marchandises jordaniennes au Canada totalisaient 19,9 millions de dollars, alors qu'elles ne représentaient que 5,7 millions de dollars en 2003. Par conséquent, il est clair que les échanges commerciaux augmentent et s'améliorent.
Les principaux produits importés au Canada en provenance de la Jordanie en 2010 étaient notamment des tricots et des vêtements tissés, des produits chimiques inorganiques, des pierres et des métaux précieux sous forme de bijoux, des légumes et des produits pharmaceutiques.
En 2009, la valeur des échanges commerciaux bilatéraux entre la Jordanie et les États-Unis dépassait 1,77 milliard de dollars. Or, à partir de maintenant, il y aura aussi des échanges commerciaux entre la Jordanie et le Canada. L'accord dont la Chambre est aujourd'hui saisie devrait nous permettre d'élargir nos horizons.
J'aimerais cependant revenir sur le bilan lamentable du gouvernement en la matière.
La Corée du Sud est l'un des plus importants marchés d'exportation pour nos produits du porc. Les États-Unis ont négocié un accord commercial avec la Corée du Sud qui éliminera les droits de douane. Qu'arrivera-t-il aux exportations canadiennes de porc et de boeuf vers la Corée du Sud, exportations dont la valeur s'élève à 1 milliard de dollars? Elles vont diminuer. Nous nous ferons damer le pion par les Américains, qui seront plus concurrentiels que nous. Le gouvernement du Canada ferait mieux de se réveiller et de songer à conclure un accord de libre-échange avec la Corée du Sud.
Les négociations étaient pourtant entamées. Je commence à me demander si le ne se pas un peu bousculer par le , qui s'inquiète de voir que, dans son coin de pays, le secteur de l'automobile est mis à mal. Est-ce que c'est lui qui détient le pouvoir absolu au sein du Cabinet? Le gouvernement ne pourrait-il pas négocier un accord semblable à celui conclu par les États-Unis, qui protégerait le secteur automobile tout en favorisant les exportations des produits du porc en Corée du Sud?
Je pose la question, parce que le gouvernement n'en finit plus de nous vanter les mérites de la 90e économie du monde, la Jordanie, mais ne fait aucun cas du marché sud-coréen, où nos produits du porc sont déjà exportés. Ou bien les négociations sont au point mort, ou bien les conservateurs sont incapables de produire des résultats. Et c'est bien ça qui m'inquiète.
Même si je crois qu'il est à notre avantage de négocier avec la Jordanie, nous ne pouvons pas continuer de faire fi des marchés où nous sommes déjà actifs. On pourrait dire la même chose de l'AECG, pour lequel une partie des membres du comité du commerce, dont moi, ont passé une partie de la semaine dernière à Bruxelles et en France. Le marché européen n'est pas à négliger, j'en conviens, mais même si nos produits du boeuf et du porc réussissaient à le percer, cela ne compenserait pas la perte des exportations de produits du porc vers le marché sud-coréen, qui s'amenuisent un peu plus chaque jour depuis que les Américains ont conclu un accord à la barbe du gouvernement conservateur, qui dort au gaz.
Il est important d'éliminer les droits de douane. Cet accord éliminerait tous les droits de douane que perçoit la Jordanie sur les produits non agricoles et qui sont de 11 p. 100 en moyenne. Il s'agit notamment de droits de douane de 10 à 30 p. 100 qui frappent de nombreux produits non agricoles présentant un intérêt pour les exportateurs canadiens, dont la machinerie industrielle et électrique, les pièces d'automobiles, le matériel de construction, et des produits forestiers comme le bois d'oeuvre et le papier.
Les droits imposés par la Jordanie seraient aussi éliminés pour la grande majorité des produits agricoles, dont des produits présentant un intérêt pour les exportateurs canadiens, par exemple les légumineuses, les frites congelées — ce qui est important dans la région d'où je viens puisque nous préparons les meilleures frites congelées qui soient —, divers aliments transformés et des aliments pour les animaux. Pour tous ces produits, les droits peuvent atteindre jusqu'à 30 p. 100.
Un accès à un marché jordanien libre de droits dès l'entrée en vigueur de cet accord de libre-échange serait avantageux pour la grande majorité des exportations canadiennes vers la Jordanie. Dès l'entrée en vigueur de l'accord, le Canada éliminerait immédiatement les droits sur les produits non agricoles ainsi que sur la plupart des produits agricoles importés de Jordanie.
Comme pour tous les accords de libre-échange que nous avons déjà conclus, le Canada a exclu les produits soumis à la gestion de l'offre de toute réduction tarifaire s'ils sont vendus hors contingents, par exemple les produits laitiers, la volaille et les oeufs. C'est une bonne chose.
Il semble que la ratification de cet accord de libre-échange entraîne peu de risques économiques pour l'industrie canadienne. Toutefois, il ne faut pas oublier que le Canada importe surtout des vêtements de la Jordanie. Bien que, à la lumière de ce que nous entendons et des questions que nous avons posées, la Fédération canadienne du vêtement ne semble pas s'inquiéter de cet accord de libre-échange, à mon avis, les arguments qu'a fait valoir plus tôt le porte-parole du NPD sont tout à fait légitimes. Notre industrie du vêtement ne peut concurrencer celle de la Jordanie étant donné les conditions de travail atroces qui existent dans ce pays et que subit la main-d'oeuvre de ce secteur, une main-d'oeuvre peu rémunérée qui travaille jusqu'à 16 heures par jour. Cette situation doit cesser.
Nous approuvons les accords auxiliaires sur l'environnement et la coopération dans le domaine du travail. Ils sont essentiels. On ne peut s'attendre à ce que les entreprises canadiennes soient assujetties à un régime coûteux au regard du travail, un régime imposant des normes de sécurité rigoureuses, ce qui est très important et que nous approuvons, et à une réglementation environnementale plus sévère, qui fait augmenter les coûts pour l'industrie, s'il n'en va pas de même pour les entreprises jordaniennes. Dans le cadre de cet accord, nous devons trouver un moyen de renforcer les accords auxiliaires.
En résumé, oui, nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité. Nous croyons que le projet de loi doit être examiné, qu'il faut entendre des témoins et qu'il faut renforcer l'accord là où il est possible de le faire.
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Madame la Présidente, je vais poursuivre sur la lancée de mon collègue de l'autre côté de la Chambre.
L'intérêt de débattre et d'étudier à fond un projet de loi, c'est d'éviter de signer à toute vitesse neuf mauvais accords. On se contente peut-être ainsi d'un peu moins d'accords, mais ils valent la peine et défendent les intérêts à la fois de l'ensemble des Canadiens et de l'ensemble des citoyens de partout dans le monde avec qui nous faisons affaire. Il ne faut pas oublier, pour rappeler ce que mon collègue de a dit tantôt, qu'en tant que citoyens et surtout en tant que députés de la Chambre, nous avons la responsabilité particulière de défendre des principes et des valeurs qui ont leur importance.
Le commerce international est malheureusement un sujet dont on parle très facilement à tort et à travers. Les questions de libre-échange ont leur importance, on s'entend là-dessus. D'ailleurs, le Nouveau Parti démocratique, par principe, peut être favorable à l'idée d'adopter des ententes de libre-échange. C'est parfaitement admissible pour nous.
Toutefois, nous nous questionnons toujours sur l'intérêt d'un éventuel traité et sur ses conséquences, évidemment, parce que ces conséquences dépassent les simples enjeux d'ordre économique. Il y a aussi des enjeux de droits humains, comme on l'a exposé, des questions environnementales et des conséquences sur notre réputation en tant que pays, en tant que membre du concert des nations. Et il ne faut surtout pas négliger cela, parce qu'une fois notre réputation entachée, cela peut exiger énormément de nous pour la rétablir, considérant les changements à grande vitesse que nous observons sur la scène internationale.
Je voudrais rappeler à l'ensemble des députés de la Chambre qu'en matière de commerce international, il y a plusieurs moyens de tirer son épingle du jeu, et d'être un partenaire et un acteur très performant en termes de commerce international.
Tout d'abord, je voudrais rappeler, à partir des statistiques que nous avons sur notre commerce actuel avec la Jordanie, que ce commerce a connu une augmentation passablement constante et rapide au cours des 10 dernières années, et ce, sans traité de libre-échange. Un éventuel traité aurait-il pour effet d'accélérer le rythme de l'augmentation de ces échanges? C'est le genre de question qu'il faut étudier pour comprendre de quoi il retourne.
On a déjà quand même passablement d'expérience avec nos partenaires américain et mexicain, ainsi qu'avec d'autres pays de partout dans le monde. Cela vaut donc vraiment la peine de comprendre si l'idée d'abattre toute barrière, toute restriction et de cautionner un certain « lâcher lousse » économique est payant, si je peux m'exprimer ainsi.
Il y a des exemples partout dans le monde de pays qui, sans traité de libre-échange, à partir de leurs politiques intérieures, trouvent le moyen d'être des acteurs très performants et même des géants, des pays qui, au fond, se trouvent à abattre tous les obstacles devant eux.
Je vais citer l'exemple du Brésil ainsi que celui de la Chine. Dans le cas de ces deux pays, quand on regarde les choses de façon vraiment objective, on s'aperçoit que c'est surtout la volonté des États et des gouvernements en place qui a permis à ces pays d'être aussi performants et d'occuper une place de plus en plus prépondérante, au point de ne plus être seulement des pays producteurs ou des pays s'étant libérés de leur statut de pays en voie de développement, mais bien des acteurs internationaux majeurs dont la voix porte énormément. Et, comme je l'ai constaté à Londres il y a de cela deux semaines, ils deviennent même des partenaires de plus en plus incontournables dans le domaine de l'aide internationale et de l'assistance aux pays en voie de développement.
Cela élargit énormément leur influence et tout ceci, sans nécessairement conclure de traité de libre-échange avec leurs grands partenaires en affaires.
Évidemment, on pourrait toujours me rappeler que le Brésil fait partie du Mercosur. Je le veux bien et c'est une belle dynamique du côté de l'Amérique latine, mais cela n'explique pas tout, comme je l'ai dit, parce que le Mercosur existe depuis très longtemps.