La Chambre reprend l'étude, interrompue le 12 mars, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement.
:
Monsieur le Président, le projet de loi menace cette vision commune d'espoir et notre désir collectif d'édifier une nation où la compassion fait loi, une nation qui ouvre ses bras et offre une chance équitable à ceux qui cherchent asile, sécurité et protection.
[Traduction]
Le projet de loi fait fi des compromis équilibrés sur la réforme du système d'immigration auxquels étaient parvenus tous les partis, y compris le parti au pouvoir, à l'issue de négociations serrées lors de la législature précédente, compromis qui figuraient dans l'ancien projet de loi .
[Français]
Malheureusement, l'équilibre et les compromis qui avaient été atteints à ce moment ont disparu. Là où l'on veut punir les passeurs clandestins dans le présent projet de loi , on s'attaque aux réfugiés qui sont eux-mêmes victimes de ces gens sans scrupules. Encore plus inquiétant, le ministre s'arroge de pouvoirs qui mettent en péril un système qui se doit d'être équitable et respectueux des conventions internationales.
Dans le projet de loi , le ministre établirait une liste de pays sécuritaires et également une liste de ceux qui seraient considérés comme non sécuritaires. Ce qui est troublant, c'est que cette liste soit établie par le ministre au lieu de l'être par un groupe d'experts en relations internationales, mais aussi que cette liste changerait selon son évaluation de la sécurité des pays sur ladite liste.
[Traduction]
La version précédente de la mesure législative, le projet de loi , Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, était plus équilibrée. Dans ce projet de loi, la décision concernant le caractère sécuritaire d'un pays était laissée à la discrétion d'un groupe de conseillers en droits de la personne, et non à un ministre avec un stylo rouge à la main.
Le plus troublant dans tout cela, c'est probablement que l'approche mal équilibrée du projet de loi à l'égard de l'immigration permet au ministre de révoquer le statut de résident permanent d'anciens demandeurs d'asile s'il estime que leur pays d'origine ne constitue plus une menace.
De nombreux résidents permanents sont venus s'établir dans ma circonscription. Comme beaucoup de mes électeurs le savent, il faut parfois des années avant d'obtenir le statut de résident permanent. Imaginez leur anxiété, leur sentiment de vulnérabilité à l'idée de savoir que le ministre pourrait révoquer leur statut sur un coup de tête, juste au moment où ils ont commencé à se bâtir une nouvelle vie.
Ils se sont établis à Montréal. Ils se sont fait des amis et se sont mariés. Ils travaillent fort pour gagner leur vie afin que leurs enfants puissent un jour aller à l'école, au collège et à l'université, et contribuer à notre société. Ils sont venus refaire leur vie et bénéficier de la prospérité et de la sécurité que beaucoup trop d'entre nous, nés au Canada, tenons pour acquis.
[Français]
Mes collègues le savent autant que moi, quand le gouvernement prend des décisions irréfléchies, ce sont nos bureaux de circonscription qui se retrouvent sur la ligne de front. C'est vers nous que se tournent nos concitoyens quand ils ne peuvent plus compter sur les services du gouvernement parce que les délais s'étendent au point de devenir insoutenables, ou parce que le processus est devenu foncièrement injuste.
Nous répondons aux appels de nos concitoyens qui espèrent être réunis avec un époux ou une épouse à l'étranger, et qui, au fil des mois et des années, n'en peuvent plus d'attendre, et qui nous confessent que leur mariage est sur le point d'exploser. Nous ouvrons la porte aux mères qui viennent accompagnées de leurs enfants nous supplier d'intervenir parce qu'ils vont être déportés dans moins de deux heures et qui succombent au désespoir.
Les décisions des gouvernements ont des répercussions très réelles, très humaines, et loin d'Ottawa, nous les constatons chaque jour. Le gouvernement se doit d'accorder plus de ressources pour le traitement des demandes, des ressources humaines bien formées qui peuvent répondre à la demande.
Le projet de loi ne fait que formaliser la vision sans compassion de ce gouvernement: une société faite de deux classes de citoyens, les bons Canadiens et ceux que les conservateurs prennent pour des profiteurs.
Nous n'appelons pas le Canada le « Nouveau monde » par erreur. Ce pays est une véritable terre d'immigrants. C'est une terre d'accueil, une terre d'asile, un pays d'espoir et de dépassement de soi. C'est ce Canada dont je veux défendre l'âme.
C'est pour cette raison que j'en appelle au gouvernement pour qu'il renvoie le projet de loi aux oubliettes, là où ils ont enfermé son prédécesseur, le projet de loi . Je demande au gouvernement de ne pas renier les compromis historiques que tous les partis ont accomplis dans la réforme de notre système d'immigration en adoptant le projet de loi lors de la législature précédente.
C'est pour ces raisons que je m'oppose au projet de loi .
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion d'appuyer le projet de loi , Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada.
Le Canada est respecté et a la réputation bien établie d'être un pays qui accueille chaque année plus de 250 000 réfugiés et immigrants. Comme je le fais remarquer à mes électeurs, cela équivaut à bâtir la ville de Winnipeg tous les trois ans. Notre généreux système d'immigration et de détermination du statut de réfugié permet à un très grand nombre de personnes d'entrer au pays. Comme le Canada compte environ 33 millions d'habitants, cette situation impose un stress au gouvernement et à l'infrastructure à tous les niveaux. Notre système d'immigration est l'un des plus généreux et des plus équitables au monde.
Nous avons entendu à maintes reprises que les Canadiens n'ont aucune tolérance envers ceux qui abusent de notre générosité et profitent de notre pays. Ne nous leurrons pas, il y a des personnes qui envisagent différemment notre généreux système d'immigration et y voient une occasion d'exploitation et de profit en contournant les règles et en faisant entrer des gens clandestinement au pays. Elles n'ont aucun respect pour nos règles et ne se soucient pas du tout de la sécurité et du bien-être des personnes qu'elles font venir au Canada.
Au cours des dernières années, les médias ont relaté de plus en plus d'incidents relatifs à des opérations criminelles de passage de clandestins perpétrées partout dans le monde, lesquelles ont parfois des conséquences tragiques. Ainsi, il y a deux ans, trente personnes ont perdu la vie lorsque le bateau de bois sur lequel elles s'étaient embarquées, et qui était piloté par des gens que l'on soupçonne d'être des passeurs, a chaviré au large des côtes de l'île Christmas, en Australie. En outre, en décembre dernier, près de 200 migrants irréguliers qui devaient se rendre en Australie ont péri lorsque leur bateau a chaviré dans des eaux agitées au large des côtes de l'Indonésie.
Les incidents survenus récemment dans les eaux canadiennes et en sol canadien montrent clairement que ces réseaux de passeurs axent leurs efforts sur notre pays. Les manchettes font état de la situation. Deux bateaux sont arrivés irrégulièrement au large des côtes de la Colombie-Britannique à moins d'un an d'intervalle.
Les passeurs de clandestins du monde entier continuent de cibler activement le Canada en tant que destination de choix. Nous devons adopter des lois plus sévères condamnant spécifiquement le passage de clandestins. Il s'agit d'une activité criminelle dangereuse qui met en danger la vie de ceux qui en sont victimes et mine la souveraineté du Canada et notre système d'immigration. Je reviendrai sur ces sujets, mais nous devons agir dès maintenant afin d'empêcher les passeurs de cibler le Canada.
Le projet de loi comprend d'importantes dispositions qui permettraient de faire face à la menace de plus en plus grande que pose le passage de clandestins, une activité méprisable. Avant d'entrer dans les détails de la mesure législative, j'aimerais prendre quelques instants pour mettre le tout en contexte.
L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime décrit le passage de clandestins comme une activité funeste caractérisée par les tendances suivantes. Premièrement, le passage de clandestins est en hausse, car de plus en plus de criminels procurent ce genre de service aux émigrants en situation irrégulière, pour les aider à échapper aux contrôles frontaliers. Deuxièmement, le passage de clandestins est une activité qui comporte peu de risques mais qui peut s'avérer très lucrative, et les revenus substantiels qu'elle génère attirent les criminels. Troisièmement, les passeurs ajustent continuellement leurs tactiques en fonction des mesures que les forces de l'ordre instaurent pour enrayer cette activité. Enfin, le passage de clandestins met la vie de ceux-ci en danger.
Ces tendances signalent combien il est important pour tous les pays, y compris le Canada, de demeurer vigilants face à ce crime. C'est exactement l'objectif visé par le projet de loi . Ce projet de loi contient des mesures fermes et fondées qui permettront de relever les défis propres au passage de clandestins et aux arrivées irrégulières. De quels défis parlons-nous? Une décision rendue par un tribunal ontarien les résume avec assez d'exactitude. Voici ce que la juge a relevé et je la cite textuellement:
Les répercussions du passage de clandestins sont vastes et profondes. L'intégrité des frontières canadiennes est compromise lorsque de tels criminels font entrer illégalement des étrangers au pays. Les gens qui arrivent à entrer ne font l'objet d'aucune vérification, ce qui laisse le champ libre aux criminels et aux terroristes pour entrer au pays et en sortir à volonté. En général, ce genre d'activité criminelle présente un risque important pour la société.
Il enchaîne:
Pour promouvoir la sécurité nationale et la sécurité publique, il est important de signaler clairement que ceux qui violeront nos frontières internationales de cette manière seront sévèrement punis. On ne peut pas permettre que le passage de clandestins devienne une opération commerciale rentable au Canada.
Ces observations démontrent que nous devons trouver de meilleures façons de traiter ce crime et de protéger l'intégrité des frontières canadiennes. Le projet de loi va exactement dans ce sens.
Grâce à ce projet de loi, le système d'immigration canadien continuerait d'offrir une protection aux réfugiés, mais les passeurs de clandestins auraient plus de mal à miner l'intégrité du système. Cela a toujours été la position du gouvernement. Dans le discours du Trône de 2011, le gouvernement s'est dit résolu à lutter contre le passage de clandestins, qui peut placer les migrants dans des situations dangereuses et miner la confiance des gens envers le système d'immigration canadien.
Nous avons aussi été clairs pendant la dernière campagne électorale. Nous avons répété qu'il n'est pas juste que de faux demandeurs du statut de réfugié et des criminels qui agissent comme passeurs de clandestins abusent de la générosité du Canada, évitent les files d'attente de l'immigration et passent avant les gens respectueux des règles. Les députés savent probablement, grâce à leur bureau de circonscription, qu'un grand nombre d'immigrants légitimes attendent d'être accueillis au Canada, mais que leur attente et celle de leur famille se prolonge parce que d'autres esquivent la file. Ce n'est vraiment pas juste.
Le projet de loi à l'étude affirme clairement que le Canada et les Canadiens ne tolèrent pas et ne toléreront pas le crime méprisable qu'est le passage de clandestins. Le Canada a toujours accordé un appui vigoureux et visible aux efforts internationaux pour combattre le passage de clandestins. Le projet de loi fournirait aux forces de l'ordre des outils supplémentaires pour faire enquête et poursuivre en justice ceux qui organisent le passage de clandestins, y participent et en tirent profit.
Comme les députés le savent, la loi actuelle concernant le passage de clandestins cible un aspect très spécifique de cette activité. La Couronne doit prouver que l'accusé savait que les clandestins ne possédaient pas les documents nécessaires pour entrer au Canada. La mesure législative propose d'élargir l'infraction pour que les autorités puissent mieux combattre les diverses manifestations de ce crime.
Premièrement, le fait que l'accusé savait qu'il contrevenait à la loi dans son intégralité, et non seulement à la disposition concernant l'absence de documentation, constituerait une infraction. L'accent est mis sur le fait que le passeur contrevient à la loi, par opposition au fait de savoir que les clandestins n'étaient pas en possession des documents nécessaires. Évidemment, il est très difficile, dans un procès, de prouver que l'individu était au courant.
La deuxième façon d'élargir l'infraction est d'y ajouter l'élément de l'insouciance. Cela signifie qu'un procureur pourrait déposer des preuves démontrant que l'accusé était subjectivement conscient du risque substantiel — sans en être absolument certain — que les clandestins entreraient au Canada en contravention des dispositions de la loi, et qu'il a agi en dépit de ce risque.
Il s'agit d'une idée relativement courante en droit pénal, et c'est sans doute le concept de l'aveuglement volontaire qui l'exprime le mieux. La personne sait qu'il y a quelque chose qui cloche, mais elle décide d'aller de l'avant de toute façon. Elle fait valoir qu'elle ignorait ce qui n'allait pas. En fait, cette personne fait preuve d'un aveuglement volontaire, et la loi n'a jamais considéré cela comme une excuse. À mon avis, cette modification insérerait la loi dans un courant du droit bien établi au Canada.
Ces modifications donneraient aux policiers et aux procureurs les moyens nécessaires pour lutter contre le passage de clandestins sous toutes ses formes. Le projet de loi propose des peines minimales obligatoires pour quiconque est reconnu coupable de cette infraction. Selon les circonstances du délit, ces peines obligatoires pourraient atteindre jusqu'à 10 ans d'emprisonnement pour les infractions les plus graves, soit celles commises par une organisation criminelle ou un groupe terroristes en vue de tirer un profit, ou celles qui ont entraîné la mort d'un clandestin ou mis sa vie en danger.
Ces sanctions obligatoires sont taillées sur mesure pour répondre aux manifestations les plus nuisibles et les plus dangereuses d'un trafic qui s'effectue au mépris total des personnes infiltrées clandestinement. Le projet de loi prévoit aussi des sanctions plus lourdes pour les infractions à la Loi sur la sûreté du transport maritime, par exemple le refus d'obtempérer à une injonction ministérielle de quitter les eaux canadiennes ou le fait de fournir des informations fausses ou trompeuses aux autorités. Dans ces cas, les amendes peuvent aller jusqu'à 200 000 $ et monter à 500 000 $ en cas de récidive. Ces modifications sont porteuses d'un message ferme et clair. Il faut le faire connaître avant qu'un nouveau navire de migrants n'aborde nos côtes, ce qui est un risque bien réel.
Le projet de loi dissuadera les passeurs de clandestins d'organiser un tel trafic. En fait, nous ne devons pas nous contenter de dire que la traite des personnes nous répugne. C'est aussi une question simple mais fondamentale d'application de notre droit de protéger nos frontières en tant qu'État souverain. Le Canada a le droit de choisir les personnes qu'il accueille et il est certain qu'il est très généreux à cet égard, comme je l'ai déjà dit auparavant. Par ailleurs, nous avons l'obligation au plan international d'aider les gens dans le besoin.
En vertu de la réglementation actuelle, on peut détenir un ressortissant ou un résident permanent étranger qui entre au Canada si un agent d'immigration estime que c'est nécessaire pour enquêter de façon à s'assurer que la personne est bien celle qu'elle prétend être. C'est exactement ce qui se passe tous les jours dans nos tribunaux. Si quelqu'un se présente devant un tribunal et que celui-ci ne peut pas l'identifier, il reste en détention, qu'il soit ou non citoyen canadien. C'est la règle générale de notre système de justice pénale. Si quelqu'un ne peut pas s'identifier et si le tribunal n'est pas certain de son identité, c'est la règle normale dans notre système de justice pénale. Il s'agit donc en substance d'étendre ce principe aux migrants étrangers et illégaux qui se présentent au Canada et demandent à y être admis. Nous devons appliquer aux gens qui ne sont pas des citoyens et à ceux dont nous ignorons totalement l'identité les mêmes règles qu'aux citoyens qui refusent de s'identifier. C'est une question de prudence et il faut le faire. Il n'y a peut-être aucune raison de les rejeter, mais nous ignorons totalement qui ils sont.
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié devra se pencher sur ces cas de détention dans les 48 heures, puis de nouveau au bout de sept jours et au besoin tous les 30 jours par la suite.
La plupart du temps, le système fonctionne bien. Toutefois, il n'est pas conçu pour faire face à des arrivées massives, comme dans le cas du Sun Sea en 2010. Les agents des services frontaliers n'ont pas eu suffisamment de temps pour faire les enquêtes qui sont d'une importance cruciale pour la protection la sécurité publique. Voilà pourquoi le projet de loi leur permettrait de désigner comme une arrivée irrégulière un groupe de personnes dans une situation comparable à celle du Sun Sea si le ministre croit que les contrôles pour établir l'identité des réfugiés ne pourront pas être effectués suffisamment rapidement, ou s'il soupçonne que les personnes sont transportées clandestinement en échange d'un profit par l'entremise d'une organisation criminelle ou terroriste. Si l'arrivée est désignée irrégulière, les personnes en question seraient placées en détention jusqu'à ce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié établisse qu'ils sont des réfugiés qui ont besoin de la protection du Canada. Cette mesure ne s'appliquerait pas aux jeunes de 16 ans ou moins.
S'ils étaient toujours en détention un an plus tard, leur cas serait alors examiné au cours d'une audience de la CISR, afin de décider si leur détention devrait se prolonger. Dans des cas exceptionnels, il serait toujours possible, pendant cette période, d'ordonner la libération anticipée de ces personnes. D'autres audiences pourraient se tenir, au besoin, aux six mois. Les dispositions de la détention obligatoire ne s'appliqueraient pas aux jeunes de 16 ans ou moins.
Comme je disais, ces mesures de détention sont nécessaires dans le contexte des arrivées irrégulières. Elles donnent aux agents responsables de l'application des lois canadiennes sur l'immigration assez de temps pour enquêter sur les personnes afin de déterminer l'identité et l'admissibilité de chacune. Présentement, ils n'ont pas le temps d'étudier le cas de ces personnes, de sorte qu'il arrive que les commissions ordonnent la libération de personnes dont ne nous connaissons pas les antécédents, c'est-à-dire leur identité et les organisations criminelles ou terroristes auxquelles elles pourraient être associées.
Déterminer l'identité de quelqu'un peut prendre des jours, des semaines, des mois et même des années, surtout dans le cas des personnes qui sont arrivées sans papiers, comme c'est souvent le cas. Il faut également du temps pour vérifier les documents fournis, dont certains ont été délivrés à l'étranger. Il faut interroger tous les migrants, souvent plusieurs fois. Par ailleurs, les dispositions sur la détention garantissent que ceux qui se révèlent être des réfugiés et ceux qui se trouvent dans des circonstances exceptionnelles seraient libérés.
Ce qui allonge le temps requis pour étudier le cas des personnes qui tentent d'entrer au Canada, ce n'est pas seulement le nombre d'arrivées irrégulières, mais aussi la complexité de l'infraction que constitue le passage de clandestins et sa nature secrète, complexe et transnationale.
Les opérations de passage de clandestins sont organisées dans des régions du monde où la présence de groupes terroristes et criminels en activité est notoire. La menace est réelle. Il serait irresponsable que le gouvernement permette à des personnes d'entrer dans notre pays sans avoir déterminé leur identité réelle et si elles constituent une menace pour le Canada et les Canadiens.
Il serait logique qu'on sache qui entre au Canada, tout comme il est logique que nos tribunaux vérifient chaque jour si les individus qui comparaissent devant eux sont bien qui ils prétendent être. Comme je l'ai dit, les choses se passent toujours ainsi pour les citoyens canadiens, alors il faudrait qu'il en soit de même pour les migrants en situation irrégulière.
Le Canada continuera d'accorder des audiences justes et indépendantes à tous les demandeurs d'asile admissibles et remplira ses obligations en vertu des lois internationales afin de protéger ceux qui sont effectivement des réfugiés.
Des Canadiens d'un bout à l'autre du pays nous ont indiqué être inquiets du fait que le processus concernant les migrants illégaux permettrait peut-être à des personnes soupçonnées de crimes ou d'actes terroristes d'entrer au pays. Le simple fait que de tels individus tentent d'entrer au Canada ternit la réputation de l'ensemble de notre système d'immigration et de détermination du statut de réfugié. Cela pourrait aussi compromettre la réputation du Canada en tant que pays capable de se protéger d'individus liés au terrorisme ou au crime organisé. Le gouvernement a en effet pour priorité de défendre l'intégrité de notre système d'immigration et de détermination du statut de réfugié.
Les modifications que nous proposons dans le projet de loi permettront d'améliorer la sécurité des Canadiens et, en fait, de protéger l'intégrité de notre système d'immigration.
Un éditorial du Globe and Mail sur le passage de clandestins au Canada était très clair:
Pour les immigrants, les arnaques et les crimes constituent des promesses brisées qui mènent à des foyers brisés et à une lourde dette aux intermédiaires. Pour le Canada, cela signifie souvent l'entrée des mauvaises personnes au pays, tandis que d'autres personnes que notre pays souhaiterait accueillir sont forcées d'attendre ou finissent par ne jamais avoir l'occasion de venir ici.
Voilà des propos que nous entendons tous dans nos circonscriptions de la part de personnes qui tentent de faire venir au Canada des membres de leur famille.
Chaque tentative réussie d'entrée illégale de personnes encourage les responsables de ces gestes répréhensibles à poursuivre leurs pratiques d'exploiteurs. Chaque tentative réussie d'entrée illégale de personnes incite d'autres personnes à tenter de profiter de la générosité du Canada en convainquant des gens de passer devant ceux et celles qui ont soumis les documents appropriés et attendu patiemment d'avoir l'occasion de débuter une nouvelle vie dans le meilleur pays qui soit.
J'invite tous les députés à appuyer ce projet de loi et l'excellent travail de notre .
:
Madame la Présidente, je vais partager le temps dont je dispose avec la députée de .
[Traduction]
Dans un discours qu'il a prononcé à la Chambre lorsque le gouvernement a présenté le projet de loi , le a déclaré que les dispositions sévères à l'égard des demandeurs d'asile contenues dans ce projet sont nécessaires pour leur faire clairement comprendre que les rues du Canada ne sont pas pavées d'or et qu'ils devraient aller ailleurs qu'au Canada.
Par exemple, le ministre a déclaré que les demandeurs d'asile croient qu'ils recevront 50 000 $ à leur arrivée au Canada. Nous savons, bien sûr, que ce n'est pas le cas. Aucune montagne d'or n'attend les demandeurs du statut de réfugié aux postes frontaliers du Canada. C'est avec la fausse image d'une prospérité facile en tête que les demandeurs d'asile entreprennent un voyage long, ardu et parfois mortel sur les mers et océans de ce monde. Or, ce voyage qui attire les personnes pauvres, persécutées et opprimées vers l'Amérique du Nord depuis plus d'un siècle se solde souvent par une déception. Outre la vraie promesse de liberté, l'argent est un élément qui attire les immigrants et les réfugiés qui cherchent désespérément à fuir la violence et la misère.
À mon avis, ni le discours du ministre ni le projet de loi n'y changeront quoique ce soit. Nous devons également nous rendre compte de la faille dans l'argument voulant que le projet de loi — lequel fait maintenant partie du projet de loi — découragera les gens de venir au Canada.
Le ministre s'imagine que nous vivons dans un monde où nous sommes parfaitement informés, comme l'assurent les économistes néoclassiques dans leurs modèles économiques, mais en réalité, les demandeurs d'asile éventuels sont foncièrement ignorants de ce qui les attend ici, ne connaissant du pays que les images d'espoir auxquelles ils s'accrochent souvent de toutes leurs forces. En fait, même le ministre ne peut anéantir l'espoir qui, d'une certaine façon, constitue le soutien émotif et psychologique permettant à de nombreuses personnes des quatre coins de la planète de résister à leurs conditions de vie difficiles.
Il est évident que les demandeurs d'asile ont une vision déformée des avantages qui les attendent au Canada. Ils ne trouveront pas un trésor de 50 000 $ en arrivant ici. Le corollaire, c'est qu'ils ont aussi une vision déformée des conséquences négatives qu'ils pourraient subir s'ils entraient au pays avec l'aide de passeurs pour demander le statut de réfugié. On ne peut pas s'attendre à ce qu'ils connaissent bien les dispositions du projet de loi , qui ont été reprises du projet de loi , et qui ont pour but de décourager les demandeurs d'asile de venir au Canada.
Les demandeurs d'asile éventuels ne sont pas les seuls à être mal renseignés sur ce qui les attend au Canada. De nombreux Canadiens qui ont accès à des nouvelles continues 24 heures par jour, et qui sont généralement bien renseignés, ignorent eux-mêmes de quelle façon le Canada traite les réfugiés à leur arrivée. Je suis convaincu que de nombreux députés de la Chambre ont reçu un courriel faisant partie d'une chaîne, le même que je reçois depuis environ 8 ans déjà. Ce courriel m'est transmis par des Canadiens très instruits, des amis, de bonnes personnes, de bons libéraux qui croient aux droits individuels et qui veulent que les immigrants et les réfugiés soient traités de façon équitable. Cependant, comme ce courriel circule sur Internet, les gens ont tendance à croire ce qu'ils lisent sans se poser de questions. Je vais lire un extrait du courriel que de nombreux députés et moi-même avons reçu. Il s'intitule: « Seulement au Canada. » On peut lire:
Il est intéressant de savoir que le gouvernement fédéral du Canada donne à un simple réfugié une pension mensuelle de 1 890 $, plus 580 $ d'aide sociale, pour un grand total de 2 470 $ par mois. Il s'agit d'un revenu annuel de 28 920 $.
À titre de comparaison, une personne âgée qui a contribué au développement de notre superbe grand pays pendant 40 ou 50 ans ne peut pas recevoir plus de 1 012 $ par mois, si l'on combine la pension de vieillesse et le Supplément de revenu garanti, ce qui donne un revenu annuel de 12 144 $.
On constate une différence de 16 776 $ par année.
Les personnes âgées devraient peut-être demander le statut de réfugié au lieu de la pension de vieillesse.
Voilà ce qui circule sur Internet au Canada. Ce courriel, en fait ce pourriel, est tellement faux, répandu et courant que le ministère de l'Immigration a créé une page Web pour tenter de clarifier la situation.
Tant au Canada qu'à l'étranger, les passeurs fournissent des renseignements trompeurs à ceux qui leur demandent ce qui les attend une fois rendus ici. Je pense notamment aux supposés avantages qui les attendraient ici. Si, comme le ministre de l'Immigration l'a dit, on suppose que ces gens pensent qu'en arrivant ici, ils trouveront un trésor de 50 000 $ et que les agents de l'Agence des services frontaliers du Canada attendent les demandeurs d'asile avec un carnet de chèques et un stylo à la main, on peut aussi supposer que ces demandeurs d'asile potentiels ne connaissent pas les dispositions du projet de loi , ni celles du projet de loi . Les mesures rigoureuses énoncées dans le projet de loi C-31 ne les décourageront pas. Qui les renseignera au sujet des mesures prévues par le projet de loi C-31? Est-ce que ce seront les passeurs? Les passeurs leur diront-ils qu'ils vont prendre leur argent pour les amener au Canada et que la nouvelle mesure législative pourrait faire en sorte qu'ils soient détenus pendant un an? Les préviendront-ils qu'en fait, ils ne devraient peut-être pas leur offrir ce service de passage de clandestins? C'est illogique.
Nous voyons tous les mesures législatives à travers le prisme de nos philosophies politiques respectives. Pour moi et pour d'autres députés à la Chambre, ce prisme est le libéralisme. La primauté du droit et la dignité humaine en constituent les fondements. Bien entendu, les libéraux reconnaissent et comprennent que les êtres humains sont naturellement sociables, que nous pouvons uniquement nous épanouir si nous appartenons à un groupe ou à une communauté. Tout est possible lorsqu'on fait partie d'un groupe ou d'une communauté, y compris la prospérité économique individuelle. Je vais citer l'exemple simple de la valeur d'une maison, qui est tributaire du dynamisme de la communauté où elle se trouve — pas de collectivité, pas de profit sur la revente.
La communauté est non seulement le facteur indispensable à la sécurité et à l'épanouissement personnels, c'est aussi par elle qu'on se crée une identité. Les libéraux croient à la valeur inhérente de la collectivité, mais ni les conservateurs ni les néo-démocrates n'ont répandu de faussetés à ce sujet. Les libéraux sont des « communautariens ». Croyez-le ou non, nous croyons à la sécurité des rues, à la cohésion sociale et au maintien du tissu social.
Ce qui nous distingue des conservateurs, c'est que nous accordons la priorité aux personnes. Dans une cour ou un tribunal administratif, on se concentre sur la personne, pas sur son groupe d'appartenance. Dans le jugement d'une affaire judiciaire, on estime qu'il faut se fonder sur les circonstances particulières à cette affaire, et non sur les caractéristiques du groupe d'appartenance de la personne, qui est plus global et moins bien défini.
Soit dit en passant, c'est pour cela que les libéraux ont des réserves à l'égard des peines minimales obligatoires. À notre avis, le délinquant et les circonstances du crime doivent être évalués par un juge qui compte des années de formation et d'expérience juridiques, car les libéraux croient que c'est la faculté de raisonner qui permet de s'approcher le plus possible de la vérité. Nous croyons que les juges savent se servir de leurs facultés de raisonnement pour examiner la preuve et pour imposer une peine qui est adéquate dans chaque cas, tout en étant équitable envers les victimes. Nous croyons aux droits des victimes.
C'est aussi pourquoi nous nous opposons à l'idée d'évaluer les demandes de statut de réfugié en se fondant principalement sur l'appartenance à un groupe ou sur le pays d'origine. À notre avis, la décision du gouvernement du Canada à l'égard des demandes de statut de réfugié ne doit pas être guidée par le pays d'origine, autrement dit par la nationalité, pas plus que par la race ou l'origine ethnique.
Permettez-moi de citer Audrey Maklin, du Asper Centre for Constitutional Rights de l'Université de Toronto, et l'avocat Lorne Waldman, au sujet du projet de loi C-4, le prédécesseur du projet de loi C-31. Voici ce qu'ils disent:
Le projet de loi donne aussi au ministre le pouvoir de désigner certains pays comme étant « sûrs ». La loi entérine ainsi la présomption qu'une demande de statut de réfugié provenant de ces pays est frauduleuse. En règle générale, la majorité des pays sont sûrs pour leur population. Les réfugiés sont habituellement des personnes vulnérables et marginalisées. Désigner un pays comme étant sûr ne nous dit absolument rien des dangers courus par les personnes qui sont à risque...
:
Madame la Présidente, le Parti libéral reconnaît la nécessité de réformer le système pour que les délais de traitement des demandes d’asile soient justes et raisonnables. Après tout, les réfugiés sont des personnes qui cherchent un refuge, un lieu sûr, parce que la vie est impossible là où ils se trouvent.
Nous craignons que le gouvernement ne profite de ce projet de loi visant la réforme du système pour brouiller l’eau et l’utiliser comme outil pour lutter contre le passage de clandestins. Le gouvernement prétend vouloir faire la distinction entre les réfugiés et les victimes des passeurs. On ne saurait lui reprocher cette intention. Nous sommes tous d’accord. La question est de savoir comment procéder. Le processus exposé dans le projet de loi est très injuste et contrevient à de nombreuses dispositions du droit international ainsi qu’à une charte et à la convention des Nations-Unies relative au statut des réfugiés. D’abord et avant tout, il donne à deux ministres un pouvoir de décision exclusif.
Il donne au le pouvoir de décider ce qu'est un pays sûr, sans avoir aucun compte à rendre. Il n’y a rien de prévu en cas de changements subis de la situation dans un pays qui semble sûr et qui par défaut est considéré comme sûr. Je veux rappeler quelque chose aux députés. Nous pensions que l’Allemagne était un pays sûr, et pour cette raison les passagers du St. Louis ont été renvoyés vers une mort certaine et les camps de concentration. Nous ne savions pas ce qui se passait en Allemagne.
Lorsque nous disons connaître des pays sûrs, nous pensons à des pays avec lesquels nous entretenons des relations commerciales, des pays qui font apparemment partie de l’Union européenne, des pays industrialisés, des pays soi-disant démocratiques, mais les droits de la personne, des minorités et des femmes ainsi que les droits ethniques et religieux de nombreux groupes et minorités y sont bafoués.
Je reviens à la question des Sintis et des Roms. Il est facile de demander si les Sintis et les Roms ne devraient pas être dirigés vers l’un des 25 pays européens. Selon Catherine Dauvergne, professeure à UBC et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de migration, les droits de certaines personnes sont extrêmement mal protégés, et c’est pour cette raison que certains Roms sont considérés comme des réfugiés, au Canada et ailleurs.
Je passe à l’Organisation pour la sécurité et la coopération. Je suis la représentante spéciale pour les enjeux hommes-femmes. Je travaille en étroite collaboration avec le représentant spécial pour les droits de migration et les droits des minorités, et nous constatons dans de nombreux pays l’existence de secteurs où les Sintis et les Roms n’ont aucun droit. Il y en a dans des pays comme l’Italie et l’Espagne, et pourtant ce sont des pays dits démocratiques. La notion que le ministre déterminera quels sont les pays sûrs est dangereuse.
En outre, les personnes qui arrivent de pays soi-disant sûrs et qui présentent une demande d’asile n’ont ni recours leur garantissant l’application régulière de la loi ni droit d’appel. C'est inacceptable dans un pays qui reconnaît la primauté du droit. Le a le pouvoir d’ordonner la détention obligatoire d’une personne qui fait une demande d’asile, et si cette demande englobe une ou plusieurs autres personnes, elles peuvent toutes être emprisonnées pendant un an parce que la demande a été présentée par un groupe. Il n’y a même pas de définition de ce qui constitue un groupe. Un groupe, c’est tout ce qui compte plus de deux personnes. En soi, cela empiète sur les droits de la personne. Cela empiète sur le droit d’association.
Les députés se rappelleront peut-être des Vietnamiens qui étaient arrivés ici par bateau pour demander l'asile. Le Canada les a accueillis sans réserve, et ils ont trouvé leur place dans des communautés qui ont su les recevoir. Aujourd'hui, ces mêmes réfugiés sont des citoyens canadiens modèles, et leur présence ici s'est révélée un grand atout pour le Canada.
Penchons-nous sur un autre prétendu pays sûr. En avril 1989, le monde a été témoin du massacre de la place Tiananmen. Or, si les étudiants chinois étaient venus au Canada un mois plus tard, ils auraient été refusés et jetés en prison parce qu'ils auraient été considérés comme faisant partie d'un groupe qui demande l'asile sur le fondement de nouvelles circonstances, le massacre de la place Tiananmen en l'occurrence. Nous devons tirer des leçons du passé.
Aujourd'hui, il n'est plus acceptable de rester passif devant un tel affront à la primauté du droit. La technologie peut se révéler utile, et nous entretenons des relations diplomatiques avec de nombreux pays. Le Canada peut facilement communiquer avec les autres pays afin d'obtenir des renseignements sur une personne ou un groupe qui attire son attention ou qui lui semble suspect. Je ne comprends pas pourquoi il serait nécessaire de détenir des gens pendant une année complète. Si nous voulions être sensibles et compréhensifs, nous pourrions recourir à la technologie pour éviter de faire du tort aux véritables réfugiés en les renvoyant dans leur pays où ils seraient presque certainement détenus, torturés et même tués dans certains cas. Il est improbable que nous ne puissions pas obtenir ce genre d'information en moins de 60 jours.
Les ministres doivent tenir compte de la primauté du droit. Si le gouvernement fait fi de la primauté du droit, le Canada cesse d’être un pays démocratique. Nous adorons parler des piliers de la démocratie, et la primauté du droit en est un. Le gouvernement fait fi de la règle de droit et agite des épouvantails en disant que toutes sortes de terroristes réussissent à rentrer au Canada. Il existe pourtant des solutions à ce problème, et je ne comprends pas pourquoi le gouvernement a choisi de faire fi de la primauté du droit. Le gouvernement pourrait avoir recours à diverses méthodes pour atténuer les menaces. Il pourrait recourir à la technologie. Il pourrait s’adresser à des diplomates ici, au pays, pour déterminer quelles personnes devraient faire l’objet d’une attention particulière.
Quel est le processus ou la disposition qui permettrait de libérer des immigrants clandestins arrivés en masse lorsqu’on découvre que la situation a beaucoup changé dans le pays d’où ils viennent? Je pense au cas de la Chine et de la place Tiananmen. Je pense au cas du St. Louis. Je pense aux Vietnamiens. Y a-t-il une disposition dans le projet de loi qui nous permettrait de dire que nous avons fait erreur, que nous sommes désolés, que la situation a changé et que nous devons accepter ces personnes? Non. Elles seraient immédiatement mises en détention obligatoire pour au moins un an.
Je veux revenir à la liste des pays sûrs. Devrions-nous insérer une clause pour préciser qu’il serait obligatoire de revoir la liste lorsque nous apprenons d’un autre pays ou d’un autre groupe qu’il se passe des choses étranges dans un pays que nous considérons comme sûr? Y aurait-il une façon de revenir en arrière et d’adopter une clause pour retirer ce pays?
Il nous faut ce genre de freins et contrepoids dans une loi bien pensée. Nous avons tous des inquiétudes au sujet des arriérés. C’est une question qui nous préoccupe. N’oublions pas que c’est le gouvernement qui a négligé de combler de nombreuses vacances à la commission du statut de réfugié et qui a ainsi créé cet arriéré. Les conservateurs se sont traîné les pieds dans ce dossier.
N’oublions pas la Convention des Nations-Unies relative aux droits de l’enfant, dont le gouvernement est signataire. Le ministre a examiné la question et décidé que les mineurs de moins de 16 ans seraient exclus, mais alors nous séparons ces enfants de leurs parents. Imaginez des enfants qui ont quitté leur foyer, qui ont traversé l’océan dans la soute d’un navire, qui sont terrifiés et qui, dès leur arrivée, sont enlevés à leurs parents parce que ceux-ci sont mis en détention, et ces enfants ne savent même pas où on les emmène. Imaginez les dommages psychologiques infligés à ces enfants. C’est absolument intolérable. Cela va totalement à l’encontre de la Convention des Nations-Unies relative aux droits de l’enfant. C’est un traitement cruel et inhumain qui contrevient à la convention de 1951 sur les réfugiés.
Il y a un autre élément du projet de loi qui nous déplaît: il faut attendre un an avant de pouvoir présenter une demande pour des motifs d’ordre humanitaire à la suite d’une décision négative. Qu’est-ce que cela signifie? Où vont aller ces gens? Est-ce qu’ils vont devenir des apatrides? Qu’est-ce qui va leur arriver? Ce sont là d’importantes questions que nous devons poser.
Il y a en outre un délai d’attente de cinq ans avant qu’une personne puisse demander la résidence permanente. Cette disposition créerait une catégorie de personnes qui n’ont absolument aucun droit.
L’article 7 de la Charte parle de vie, de liberté et de sécurité des personnes. L’interdiction d’accès à la famille et le manque de recours empiètent sur le droit à la liberté.
D'après l'article 9 de la Charte, chacun a droit à la protection contre la détention arbitraire. Le projet de loi contreviendrait à cet article.
L'article 12 de la Charte parle de la protection contre les peines cruelles et inusitées. Le projet de loi imposerait des peines cruelles et inusitées.
Les personnes qui craignent d'être torturées ou craignent pour leur vie ou celle de leur famille sont prêtes à tout faire pour être en sécurité. L'Australie a constaté que la détention des personnes coûte plus cher que d'autres genres de situations. Elle a donc entrepris de réexaminer sa loi.
Ce projet de loi repose sur des intentions politiques. Il nourrit la peur des Canadiens au lieu de les renseigner afin qu'ils comprennent mieux la réalité et la situation des réfugiés, et sachent faire la différence entre les réfugiés et les passeurs. Par conséquent...
:
Madame la Présidente, je vais partager mon temps avec la députée de .
Je suis heureux d'avoir la possibilité de prendre part au débat sur le projet de loi , la Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada, qui permettrait d'améliorer davantage le système d'octroi de l'asile du Canada.
Le Canada jouit d'une réputation bien méritée sur la scène internationale parce qu'il a le système d'immigration le plus généreux et le plus juste au monde. Chaque année, le Canada accorde sa protection à plus d'un dixième des réfugiés réinstallés dans le monde, soit plus que tout autre pays industrialisé. Il n'en demeure pas moins que le système d'octroi de l'asile du Canada est vulnérable aux abus.
Les Canadiens n'ont aucune tolérance envers les personnes qui abusent de notre générosité et qui prennent avantage de notre pays.
Le gouvernement est préoccupé par l'augmentation récente du nombre de demandes d'asile présentées par des citoyens de pays habituellement jugés sûrs.
Compte tenu du fait que, l'année dernière, 62 p. 100 des demandes d'asile ont fait l'objet d'un désistement, ont été retirées ou ont été rejetées par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada — CISR —, il apparaît clairement que trop d'argent est dépensé pour ces demandeurs d'asile qui reçoivent nos avantages sociaux financés à même les impôts.
Les faits parlent d'eux-mêmes. Par exemple, en 2011, le Canada a reçu plus de demandes de réfugiés provenant de pays démocratiques de l'Union européenne qui respectent les droits de la personne que de demandes en provenance d'Afrique ou d'Asie. En fait, l'année dernière seulement, le quart de toutes les demandes de réfugiés provenait de pays membres de l'Union européenne.
Au cours des dernières années, pratiquement toutes les demandes d'asile présentées par des citoyens de pays membres de l'Union européenne ont été retirées, abandonnées ou rejetées. En 2010-2011 seulement, ce fut le cas pour 95 p. 100 des demandes provenant de ces pays. Les demandes infondées des 5 800 ressortissants de pays de l'Union européenne qui ont présenté une demande d'asile l'année dernière coûteront aux contribuables canadiens près de 170 millions de dollars. Évidemment, il faut changer cela.
Avec le nouveau système de protection des réfugiés, nous nous attendons à ce que les provinces économisent environ 1,65 milliard de dollars sur cinq ans en coûts d'aide sociale et d'éducation.
La Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada s'appuie sur les mesures de réforme adoptées dans le cadre de la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, en plus de les renforcer. Les nouvelles mesures accéléreraient davantage le traitement des demandes d'asile des ressortissants de pays désignés, c'est-à-dire les pays qui ne sont pas une source habituelle de réfugiés. En outre, les propositions permettraient de réduire les options offertes aux demandeurs d'asile déboutés qui leur permettent de retarder leur renvoi du Canada.
Dans le cadre de la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés, et des dispositions réglementaires connexes, les délais de traitement à la CISR auraient diminué, passant à 60 jours pour les demandeurs des pays d'origine désignés, et à 90 jours pour les autres demandeurs d'asile. Mais, tandis que nous nous apprêtions à mettre cette loi en vigueur, il est devenu évident que ces délais de traitement étaient encore trop long pour les personnes qui n'ont pas besoin de notre protection.
Le gouvernement a toujours indiqué clairement que la réforme du système d'octroi de l'asile ne constitue pas une question immuable et qu'il faudra prendre d'autres mesures, au besoin et en temps utile. Il ressort clairement, des vagues récentes de présentation de fausses demandes d'asile venant de pays de l'Union européenne qui respectent les droits démocratiques et de la personne, que d'autres réformes du système d'octroi de l'asile du Canada sont nécessaires, et ce, de façon urgente.
Des décisions plus rapides relativement aux demandes d'asile sont au coeur d'un système amélioré. C'est pourquoi dans le cadre des nouvelles propositions, les délais pour procéder aux audiences serait encore amélioré.
Le gouvernement agit de façon responsable et dans l'intérêt supérieur des contribuables canadiens en présentant des réformes visant à résoudre le problème de la hausse du nombre de faux demandeurs d'asile. Ces derniers, dont beaucoup retirent ou abandonnent leurs demandes, cherchent à utiliser abusivement du généreux système d'octroi d'asile du Canada et bénéficient d'avantages sociaux généreux, comme l'aide sociale et des soins de santé, ce qui coûte aux contribuables des centaines de millions de dollars chaque année.
Des délais de traitement plus courts et des renvois plus rapides limiteraient l'accès à ces avantages ainsi qu'au permis de travail, ce qui contribuerait à prévenir l'usage abusif de notre système d'octroi de l'asile.
En vertu des changements proposés, les demandeurs d'asile venant de pays d'origine désignés bénéficieraient d'une audience dans les 30 jours, si leur demande a été présentée dans un bureau au Canada, et dans les 45 jours si elle a été présentée à un point d'entrée, comparativement à plus de 1 000 jours dans le cadre du système actuel.
On se souviendra que la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés prévoit la création d'une nouvelle section d'appel des réfugiés — SAR — à la CISR. L'appel comprendra un examen de la décision originale et, dans certains cas, de nouveaux éléments de preuve présentés subséquemment.
Dans le cadre du projet de loi , les personnes provenant de pays d'origine désignés, et celles dont la demande est dépourvue d'un minimum de fondement ou manifestement infondée, n'auront pas accès à la SAR. Tous les demandeurs d'asile dont la demande est jugée recevable auront droit à une audience équitable et continueront de pouvoir faire appel à la Cour fédérale en cas de décision défavorable.
Je voudrais citer le journal The Gazette de Montréal:
Le Canada a depuis longtemps et avec raison la réputation d'être un refuge pour les personnes qui fuient la persécution dans leur pays.
En même temps, il a acquis la réputation d'être une cible facile pour les personnes sans scrupules qui utilisent de façon frauduleuse notre généreux système d'octroi de l'asile comme moyen d'entrée au Canada sans se soumettre aux exigences et procédures régulières en matière d'immigration.[...]
Protéger le système d'octroi de l'asile des faux demandeurs d'asile est non seulement dans l'intérêt des Canadiens pour lesquels ils constituent un fardeau financier, mais également dans celui des demandeurs authentiques qui risquent fort d'être pénalisés si de faux demandeurs d'asile jettent le discrédit sur l'ensemble du système.
Établir un système qui soit tant efficace qu'équitable et équilibré représente un défi de taille, mais qui doit être abordé avec réalisme et dans un esprit de générosité qui devrait constituer la marque du Canada.
Nous voulons nous assurer que le système de protection des réfugiés est assez solide pour faire face aux demandes d'asile infondées et ces changements enverront le bon message: si vous n'avez pas besoin de protection, vous serez rapidement renvoyé chez vous.
Les importants changements prévus dans le cadre de la Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada auront pour effet d'accélérer le traitement des demandes d'asile et de décourager les recours abusifs au processus. Parallèlement, le projet de loi permettra d'offrir plus rapidement une protection aux personnes qui en ont réellement besoin.
J'insiste donc auprès de mes honorables collègues pour qu'ils appuient le projet de loi qui contribuera à maintenir l'intégrité de notre système d'immigration et de la protection des réfugiés.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada.
Le Canada a le système d'immigration le plus juste et le plus généreux au monde. Cependant, il est vulnérable aux abus. Les Canadiens sont des gens généreux, mais nous n'avons aucune tolérance pour ceux qui abusent de notre générosité et qui profitent injustement de notre grand pays.
Les Canadiens nous ont dit haut et fort qu'ils veulent que nous mettions fin aux abus de ce genre. Le gouvernement conservateur les a écoutés et il est passé à l'action. C'est pourquoi il a présenté le projet de loi qui vise à rendre notre système d'immigration plus rapide et plus juste. C'est la plus récente mesure prise par le gouvernement pour s'assurer que notre système d'immigration ne donne plus lieu à des abus de la part de criminels étrangers, de faux réfugiés et de passeurs de clandestins.
Le projet de loi comprend trois grands volets. Premièrement, il apporte à notre système de réfugiés des réformes grandement nécessaires. Deuxièmement, il englobe les dispositions du projet de loi visant à empêcher les passeurs de migrants clandestins d'abuser de la loi canadienne sur l'immigration. Il faut noter une différence importante. Il en a été question à la Chambre aujourd'hui, mais il est important d'insister encore une fois sur le fait qu'il y a maintenant une exemption de détention pour toute personne âgée de moins de 16 ans.
Troisièmement, et c'est principalement là-dessus que mon intervention d'aujourd'hui va porter, ce projet de loi donnerait au gouvernement le pouvoir de recueillir des données biométriques, en particulier des empreintes digitales et une photographie, auprès des ressortissants étrangers qui souhaitent entrer au Canada.
Le Canada accueille chaque année des milliers de visiteurs, notamment des touristes, des parents et des gens d'affaires. En 2010, sous le gouvernement conservateur, plus de 920 000 visas temporaires ont été émis. C'est une augmentation de 13 p. 100 en comparaison avec les chiffres enregistrés sous le gouvernement libéral précédent.
Nous avons aussi augmenté la durée maximale des visas pour séjours multiples, qui est passée de 5 ans à 10 ans pour faciliter la tâche aux candidats admissibles qui veulent visiter le Canada et y revenir. Le gouvernement a introduit le super visa pour parents et grand-parents, pour permettre aux êtres chers de rendre visite à leurs enfants et petits-enfants pendant une période pouvant atteindre deux ans. Depuis 2006, le gouvernement a également levé l'exigence de visa pour huit pays: Taïwan, Pologne, Slovaquie, Croatie, Estonie, Lettonie, Hongrie et Lithuanie.
Le gouvernement facilite l'entrée au Canada des visiteurs légitimes. J'insiste sur le mot « légitime ». Ce n'est un secret pour personne que, chaque année, d'innombrables gens inadmissibles au Canada trouvent tout de même le moyen d'y entrer.
Il y a d'innombrables exemples quasi quotidiens de criminels violents, de terroristes, de passeurs de clandestins et de criminels de guerre, entre autres, qui entrent au Canada avec de faux papiers. Il y a bien des exemples de criminels qui y reviennent plusieurs fois après en avoir été expulsés. Il y a même des exemples de criminels qui reviennent jusqu'à 15, 19 ou 21 fois sous une fausse identité et avec de faux papiers.
Il faut faire quelque chose. Cela ne peut pas durer. Il faut que cela cesse. La biométrie permettra au gouvernement de mettre fin à cette fraude et à ces abus flagrants et de protéger la sécurité de tous les Canadiens. C'est l'une des priorités absolues de tout gouvernement. La biométrie est l'un des outils d'identification les plus efficaces qui soient. Cet important nouvel outil nous aiderait à protéger la sécurité des Canadiens en réduisant la fraude à l'identité et le vol d'identité. Dans un monde où les fraudeurs sont de plus en plus sophistiqués, nous serions mieux en mesure grâce à la biométrie de fermer la porte aux criminels violents ou aux individus qui sont une menace pour notre pays.
Je vais vous expliquer comment fonctionnerait la biométrie. Le ressortissant étranger qui demanderait un visa d'entrée au Canada se présenterait au bureau des visas ou à l'un de nos multiples centres de demande de visa dans le monde. On prendrait ses empreintes digitales et une photo numérique de haute qualité.
On vérifierait si ces données figurent dans d'autres bases de données. Si tout est correct et que la personne répond à tous les autres critères, on lui donnerait un visa pour entrer au Canada. Par contre, si quelque chose de suspect apparaissait au contrôle et que l'on s'apercevait que la personne est interdite de territoire, on lui refuserait le visa.
À son entrée au Canada, le détenteur du visa devrait de nouveau présenter ses renseignements biométriques. On s'assurerait ainsi que la personne qui entre au Canada est bien celle qui a fourni ces données en présentant sa demande à l'étranger et qui a obtenu ce visa.
Autrement dit, il faut nous assurer que « c'est bien la personne qui a présenté la demande qui arrive ». Il va sans dire que la biométrie serait un instrument de sécurité efficace.
Évidemment, le prélèvement de données biométriques pose des questions de respect de la vie privée. Je tiens à être parfaitement claire. On ne demanderait pas aux citoyens ou aux résidents permanents du Canada de fournir des données biométriques. Les renseignements personnels des demandeurs de visa seraient utilisés, conservé partagés et détruits conformément aux lois du Canada sur la protection de la vie privée. Citoyenneté et Immigration collabore étroitement avec le Commissariat à la protection de la vie privée en vue de la mise en place du contrôle biométrique. En fait, le commissariat a déclaré qu'il « constate que Citoyenneté et Immigration Canada prend au sérieux sa responsabilité de protéger la vie privée dans le cadre du protocole, et que le ministère a bien accueilli une bonne partie de nos conseils ».
Il faut préciser que si quelqu'un obtient la citoyenneté canadienne avant que ses renseignements biométriques aient été supprimés, on les supprimera aussitôt que cette personne recevra sa citoyenneté.
Le prélèvement de données biométriques va tellement de soi que la seule question qui vient à l'esprit est de savoir pourquoi on ne le fait pas depuis des décennies. En fait, de nombreux pays s'en servent depuis des décennies. Avec le projet de loi , nous serions enfin alignés sur d'autres pays tels que le Royaume-Uni, l'Australie, les pays de l'Union européenne, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Japon.
En plus d'aider notre gouvernement à exclure les personnes constituant un risque, la biométrie faciliterait les voyages des visiteurs honnêtes, et j'insiste sur le mot « honnêtes ». Les délais de traitement seraient plus courts.
Les gens sont largement favorables à l'utilisation de la biométrie. Voici ce que disait un éditorial du Globe and Mail à propos du projet de loi :
Le projet de loi prévoit l'identification par la biométrie des personnes qui demandent un visa de visiteur, par exemple au moyen des empreintes digitales et de photos. Ce changement opportun préviendra l'utilisation de fausses identités.
À Montréal, l'éditorial de la Gazette fait l'éloge de cette idée comme suit:
Il sera possible de recueillir des données biométriques — empreintes digitales et photos — sur les personnes qui entrent au Canada avec un visa de visiteur, un permis de travail ou un visa d'étudiant. Ces deux mesures sont souhaitables [...] La collecte de données biométriques est une précaution judicieuse en matière de sécurité qui empêchera les gens d'entrer au Canada sous une fausse identité.
Je sais que tous les Canadiens veulent que notre gouvernement renforce ses contrôles de sécurité pour empêcher, entre autres, les terroristes, les criminels de guerre, les autres criminels dangereux et les faux demandeurs d'asile d'entrer au Canada. Mes électeurs, dans la circonscription de Scarborough-Centre, ne veulent pas que ces criminels puissent entrer au Canada ou vivre parmi nous. Je suis certaine que les électeurs des députés néo-démocrates et libéraux ne le veulent pas non plus. C'est pourquoi j'ai été choquée d'apprendre que le NPD et le Parti libéral étaient contre ce projet de loi et contre l'utilisation de la biométrie. En plus de s'opposer aux dispositions accordant au gouvernement le pouvoir de recueillir des données biométriques, ils ont voté contre l'affectation des sommes nécessaires pour commencer la collecte de données biométriques. Autrement dit, le NPD et les libéraux ont voté contre l'une des plus importantes mesures pour empêcher les terroristes et les autres criminels d'entrer dans notre magnifique pays et ils continuent de s'opposer à ces mesures. Ils s'opposent à ce que nous nous dotions d'un outil visant à protéger la sécurité de leurs propres électeurs et des autres Canadiens. Ils auront des comptes à rendre à ce sujet.
Le projet de loi , Loi visant à protéger le système d’immigration du Canada, rendrait notre système d'immigration plus rapide et plus équitable. Et surtout, il serait utile pour protéger la sécurité de l'ensemble des Canadiens. J'implore tous les députés d'appuyer cet important et très nécessaire projet de loi.
:
Monsieur le Président, je suis content d'avoir la chance de m'exprimer sur cet important projet de loi des conservateurs. J'indique tout de suite que j'ai l'intention de partager mon temps de parole avec ma collègue de .
Un important projet de loi proposé par le , mais qui, on vient de l'entendre de la part de nos collègues conservateurs, se situe un petit peu dans le même ton d'affrontement que ce qu'on a vu avec les projets de loi d'intrusion et d'espionnage de notre vie privée au moyen de nos ordinateurs, projets de loi proposés par le . Dans ce cas-là, si on n'était pas avec le gouvernement, on était du côté des pédophiles et des child pornographers. Là, on a l'impression que si on a l'honneur de s'opposer au projet de loi du ministre, on sera maintenant du côté des terroristes et des bandits. C'est vraiment de la politique primaire, au niveau de la cour de récréation et je le déplore.
J'aimerais commencer mon discours en citant un poète argentin. C'est rare qu'on le fait, mais je pense que c'est important. Cela donne un peu le ton et la vision que je voudrais qu'on ait par rapport au débat sur les personnes immigrantes et les réfugiés.
C'est un poème qui s'appelle Los hermanos, les frères en espagnol.
J'ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
Dans la vallée, la montagne,
Sur la plaine et sur les mers.
Chacun avec ses peines,
Avec ses rêves chacun,
Avec l'espoir devant,
Avec derrière les souvenirs.
[...]
Et ainsi nous allons toujours,
Marqués de solitude,
Nous nous perdons par le monde,
[Mais] nous nous retrouvons toujours.
[...]
J'ai tant de frères,
Que je ne peux les compter,
et [j'ai une soeur qui est] très belle
[et] qui s'appelle liberté.
C'est cela que les gens font quand ils essaient de trouver un peu d'espoir, un peu de lumière dans leur vie, quand ils essaient de quitter des situations dramatiques, quand ils ont envie d'aller, pour eux, et pour leurs enfants surtout, vivre une vie meilleure dans une société libre. Ils pensent y être accueillis à bras ouverts parce qu'on a des considérations humanitaires et qu'on les considère comme nos frères et nos soeurs.
Malheureusement, on a des politiques conservatrices qui serrent la vis, qui serrent le boulon et qui vont dans une direction complètement opposée. C'est pour ça, qu'en tant que néo-démocrate, je m'opposerai au projet de loi . Je vais expliquer un petit plus longuement pourquoi.
À notre sens, les articles 24 et 25 du projet de loi sont problématiques. On avait un collègue conservateur qui nous citait les bienfaits de la démocratie et des droits de l'homme de l'Union européenne. On y reviendra avec le cas de la Hongrie, des romanichels et des roms qui posent un problème.
Cependant, je voudrais citer l'opinion de quelques juges, soit les juges Rosakis, Tulkens, Hajiyev, Spielmann et Hirvelä qui sont des juges de la Cour européenne des droits de l'homme. Ils disaient que c'était une grande injustice, le fait de priver une personne de sa liberté durant une longue période de temps, si elle n'avait commis aucun délit et si elle n'avait pas non plus l'intention de le faire. Ils disaient aussi qu'aucun pays civilisé ne devrait tolérer à dessein ce type d'injustice.
Il y a énormément de sagesse dans ces propos. On ne retrouve pas cette même sagesse dans le projet de loi du . En effet, le projet de loi prévoit l'incarcération automatique des demandeurs d'asile désignés par le ministre, et ce, sans possibilité de libération. C'est exactement la situation que ces juges de la Cour européenne des droits de l'homme dénoncent.
Si le projet de loi est adopté, les demandeurs d'asile arrivés à l'aide d'un passeur devront purger au moins 12 mois de réclusion. Le 6 mars dernier, le ministre a défendu cette mesure en disant qu'il s'agissait de détention humanitaire. C'est un contresens absolu et qui me fait un petit peu penser à la novlangue qu'on retrouvait sous la plume de M.George Orwell.
De surcroît, on punira les personnes qui ont obtenu le statut de réfugié en les empêchant d'obtenir la résidence permanente et la réunification familiale avant cinq ans. Selon nous, c'est une période abusive. Dans l'ensemble, le projet vise les réfugiés, pas les passeurs. Le propos, la rhétorique dit qu'on vise les passeurs, mais dans les faits, ceux qui seront vraiment touchés, ce sont les réfugiés. Le ministre se trompe de cible. À vrai dire, le but est bien intentionné. Les bonnes intentions sont là, mais le remède qu'on veut appliquer est pire que le mal.
Ceux et celles qui souffriront, si ce projet de loi est adopté, ce sont les personnes qui fuient la persécution, celles qui fuient la guerre, qui fuient la violence ou alors la discrimination dans leur pays pour des causes d'orientation sexuelle ou autres. Les personnes qui en souffriront, ce sont les adultes qui viennent ici, mais également leurs enfants.
J'entendais le se moquer du fait qu'on se préoccupe des enfants. C'est important pour nous. On est des gens de famille et on considère que nos enfants sont importants, mais aussi que les enfants de toutes les familles sont importants.
Il y a une différence entre vouloir arrêter les terroristes, les gens qui mettent en danger la sécurité du Canada et de nos concitoyens, et vouloir arrêter tout le monde sous prétexte qu'ils sont arrivés avec un passeur parce qu'ils étaient dans une situation désespérée, et de les mettre dans un centre de détention parce qu'on n'ose pas appeler ça une prison. On parle de mettre à cet endroit les adultes avec leurs enfants pendant un an. Théoriquement, les enfants de moins de 16 ans ne seront pas détenus, mais en réalité, les familles des demandeurs sont confrontées au choix déchirant de rester ensemble en détention ou bien de se séparer de leurs enfants.
En janvier de cette année, dans une étude sans équivoque, des psychologues chercheurs affiliés à l'Université McGill mettaient le gouvernement en garde contre l'impact négatif de la détention sur la santé mentale des demandeurs d'asile. D'après ces chercheurs, le fait de séparer les enfants de leurs parents en détention n'est pas une alternative acceptable en ce qui a trait à la santé mentale. Les effets de cette séparation sont généralement nuisibles au développement de l'enfant, avec des conséquences très graves à long terme.
Pour ce qui est des demandeurs adultes, le portrait est aussi alarmant. En Australie ou au Royaume-Uni, la détention automatique est pratiquée, mais de nombreux cas de comportements suicidaires, de dépression sévère, de suicide et d'automutilation sont répertoriés chez les détenus. Oui, on a un projet de loi qui, selon nous, est contraire à la Charte.
En Chambre, les conservateurs emploient un discours ambivalent d'humanisme et de répression afin de justifier leur projet de loi. À nos yeux, ce dernier est incompatible avec les valeurs de la Charte canadienne des droits et libertés et avec les engagements internationaux du Canada en matière de droits humains. C'est un point de vue qui est partagé non seulement par le Conseil canadien pour les réfugiés, mais également par la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.
La détention automatique des demandeurs d'asile désignés est arbitraire, car cette dernière permet l'emprisonnement de personnes innocentes. La grande majorité des étrangers détenus ne sont pas des criminels et n'ont pas non plus l'intention de le devenir. Dans 95 p. 100 des cas, les personnes sont détenues car les agents ont des doutes sur leur identité ou sur le fait qu'ils assisteront simplement aux procédures d'immigration.
La faute que l'on reproche aux « demandeurs désignés », c'est la façon dont ils sont entrés au Canada. Or, par définition, un réfugié est une personne qui se déplace et traverse une frontière en quête de protection. La migration est alors une partie inhérente de la procédure d'asile. Le moyen utilisé est un aspect circonstanciel. Fonder la détention des demandeurs d'asile sur la façon dont ils sont arrivés au pays est un contresens. Cela équivaut à punir un réfugié pour le fait même d'être un réfugié.
Le gouvernement est en train de criminaliser le processus migratoire. Cela est en contravention du paragraphe 31(1) de la Convention relative au statut des réfugiés qui interdit d'appliquer des sanctions pénales aux réfugiés du fait de leur entrée ou de leur séjour irréguliers. Cette mesure enfreint également les articles 7 et 9 de la Charte canadienne des droits et libertés.
Selon nous, c'est une mesure discriminatoire. La distinction établie entre les demandeurs d'asile en fonction de leur mode d'arrivée au pays est discriminatoire en vertu de l'article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés et des articles 1 et 3 de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. La création de la catégorie de « demandeurs désignés » est fondée sur une logique absurde qui suppose un traitement différencié aux conséquences graves. Le régime d'enfermement automatique pour les « demandeurs désignés » crée un système « d'infra-droit », ou à deux vitesses, qui empêche à une catégorie de réfugiés de jouir de manière effective de leurs droits fondamentaux par rapport à d'autres demandeurs.
C'est aussi une mesure qui est complètement disproportionnée — on utilise un bazooka pour essayer de tuer une mouche — en prévoyant au moins 12 mois fermes de détention sans possibilité de révision par les tribunaux. C'est abusif non seulement à cause du fait que la période d'enfermement est excessive, mais également parce que cette dernière retire aux demandeurs d'asile désignés des garanties procédurales essentielles contre les détentions arbitraires. Le fait d'empêcher aux demandeurs désignés de remettre en cause les motifs justifiant leur maintien en détention pendant ce délai de 12 mois est une autre violation claire de la Charte.
La Cour suprême du Canada s'est déjà prononcée sur le fait que l'absence de contrôle de la détention des étrangers portait atteinte à la protection contre la détention arbitraire garantie par l'article 9 de la Charte, une garantie qui comprend le droit de faire contrôler promptement la légalité de la détention énoncée à l'alinéa 10(c) de la Charte canadienne.
Surtout, c'est une mesure complètement inefficace. Cette mesure est à nos yeux inefficace et contre-productive, puisqu'elle se base sur le mythe selon lequel la répression dissuade. Cependant, dans des pays où des dispositifs similaires ont été mis en place, les demandes d'asile n'ont pas pour autant diminué. La plupart des migrants ne connaissent pas les lois des pays où ils demandent l'asile. Leur seule motivation est de partir pour chercher de la protection.
Aussi, les flux migratoires obéissent à leurs propres règles et conditions. Ni les murs légaux ni ceux en brique n'empêcheront les migrants d'arriver. L'incarcération automatique ne fera pas diminuer les demandes de demandeurs d'asile, elle ne fera qu'augmenter leurs souffrances. Quoiqu'en dise ce gouvernement, ce traitement n'est pas humanitaire.
En tant que législateurs, nous devons être des gardiens de la Constitution. Il est de notre devoir de veiller à ce que tout le travail soit inspiré des valeurs de la Charte, de la tradition humanitaire du Canada ainsi que des obligations de notre pays découlant du droit international et des droits de la personne.
:
Monsieur le Président, je suis très contente de pouvoir parler du projet de loi aujourd'hui, parce que près du quart des résidants de ma circonscription de ne sont pas nés au Canada. Toutes les semaines, nous rencontrons des ressortissants étrangers qui nous demandent de les guider au travers du parfois long et souvent pénible processus de la revendication du statut de réfugié.
Le projet de loi , dont nous discutons aujourd'hui, suscite de vives réactions au sein des familles immigrantes de ma circonscription. Les gens craignent qu'en vertu de ces nouvelles règles, les milliers de personnes qui viennent chaque année au Canada en quête de protection n'aient plus la possibilité de prouver leur revendication. Ils remettent en cause la transparence et l'équité du processus.
Malheureusement, nous manquons d'arguments pour les convaincre du contraire. Il faut bien comprendre que les personnes qui arrivent au Canada en revendiquant le statut de réfugié sont dans une position de grande vulnérabilité. Certains ont été torturés, menacés ou persécutés, d'autres ont une véritable peur de l'être s'ils sont renvoyés dans leur pays d'origine. Et même si parfois les raisons qu'ils invoquent ne correspondent pas à la définition très spécifique de « réfugié », il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent avoir quitté leur pays d'origine pour des motifs tout à fait légitimes. Ils ont, pour la plupart, tout laissé derrière eux, en espérant qu'ils obtiendraient ici une certaine protection. Ces situations extrêmement délicates commandent la plus haute vigilance.
Nous devons nous assurer que chacun de ces ressortissants ait droit à une vraie chance de faire valoir ses revendications dans un processus qui soit juste et équitable. Avec l'adoption de ce projet de loi, les revendicateurs du statut de réfugié n'auront désormais que 15 jours pour compléter leur demande et 15 jours pour interjeter appel de la décision dans le cas où leur demande serait rejetée. Ces délais sont irréalistes et auront pour conséquence que plusieurs d'entre eux ne seront pas en mesure de présenter leur demande.
Pour bien saisir à quel point cette mesure est inadéquate, il faut encore une fois se remettre dans le contexte. Une personne vient de quitter son pays d'origine où, pour une raison ou une autre, elle a été menacée ou persécutée. Elle arrive au Canada avec les traumatismes que sa situation peut comporter, et elle n'a que 15 jours pour compléter sa demande. Cette personne doit écrire son histoire, obtenir ultérieurement des avis légaux et surtout obtenir les documents à l'appui pour sa demande. Exiger de telles démarches et dans des délais si courts de la part de personnes qui viennent de se sauver d'une situation où elles craignaient pour leur vie et qui, parfois, ne parlent ni français ni anglais, ce sera bien souvent exiger l'impossible.
Nous sommes profondément inquiets de l'apparition d'une liste de pays sûrs désignés de façon unilatérale par le ministre. Cette mesure semble avoir été mise en place dans le but d'accélérer le traitement des dossiers, mais pourrait, en réalité, avoir de lourdes conséquences. Non seulement nous craignons que cette façon de faire entache tout le processus d'analyse des dossiers en y faisant entrer des considérations politiques qui n'y ont pas leur place, mais surtout, nous considérons que cette façon de classifier les États, avec d'un côté les États sûrs et de l'autre les États moins sûrs, est totalement déconnectée de la réalité.
Cette conception de l'immigration, cette approche, ne prend pas en compte les faits propres à chaque ressortissant étranger. Un pays qui est sûr pour une majorité peut ne pas l'être pour certaines personnes ou certains groupes minoritaires. Il suffit d'y penser quelques minutes pour se rendre compte que de telles situations existent partout dans le monde, qu'il s'agisse des Kurdes en Turquie, des Roms en Hongrie ou des journalistes ou opposants politiques en Russie, par exemple, qu'il s'agisse des droits des homosexuels dans certains pays ou du traitement réservé aux femmes. Notre système d'immigration doit absolument offrir à chaque personne qui le demande un processus équitable, fondé sur sa situation particulière, sur les faits propres à sa demande, et ce, quel que soit son pays d'origine.
Ne pas tenir compte de ces situations particulières, ignorer l'existence même de cette répression et de cette discrimination, c'est choisir de se cacher la tête dans le sable, c'est laisser les personnes les plus vulnérables à leur sort et c'est violer la tradition humanitaire du Canada. Alors que leur situation requerrait une analyse plus particulière et plus attentive, les ressortissants des pays sûrs devront agir dans des délais encore plus courts, et surtout, ne pourront en appeler de la décision. Il nous semble évident qu'en écourtant les délais et en réduisant considérablement les possibilités d'appel, le gouvernement met la vie des réfugiés en danger, puisqu'il ne sera dorénavant plus possible de corriger les erreurs qu'il aurait peut-être commises en première instance. J'aimerais rappeler au gouvernement qu'il a une responsabilité quant à la protection des ressortissants étrangers.
La population immigrante de ma circonscription, comme celles de partout au Canada, joue un rôle primordial dans la croissance du pays. Elle contribue quotidiennement au développement économique, social et culturel de notre pays.
Elle jouera un rôle encore plus important dans la société de demain. Notre système d'immigration doit continuer d'évoluer pour répondre aux besoins changeants et aux réalités mondiales. À mon avis, le projet de loi va dans le sens inverse. Je rappelle au gouvernement qu'on s'oppose entièrement à tous les critères de ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux d'avoir la possibilité de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada. Je tiens à féliciter mon collègue, le , d'avoir présenté cette mesure législative importante, et j'invite tous les députés de la Chambre à appuyer comme moi le projet de loi C-31 afin qu'il soit adopté.
Le Canada a toujours été un pays accueillant et il le demeure encore aujourd'hui. Depuis 2006, grâce au gouvernement, le Canada connaît le plus haut niveau d'immigration soutenu de son histoire. Le généreux système d'immigration du Canada, auquel est favorable un grand nombre de Canadiens, fait l'envie du monde entier.
Pourquoi en est-il ainsi? À mon avis, c'est pour deux raisons principales. La première, c'est l'économie. Les Canadiens savent que, sans un solide système d'immigration, notre économie serait en difficulté. Nous sommes maintenant à l'heure de la compétitivité mondiale, et ce sont les pays qui parviennent à attirer les gens les plus brillants et les plus qualifiés qui pourront soutenir la concurrence à l'échelle internationale.
La deuxième raison, c'est l'expérience historique. Les Canadiens savent que, depuis plusieurs générations, les nouveaux arrivants ont contribué à faire du Canada un pays fort et pluraliste, et nous avons toutes les raisons de croire que les choses ne changeront pas. Cependant, pour qu'il en soit ainsi, nous devons faire preuve de vigilance et voir à ce que notre système d'immigration demeure solide et efficace et serve l'intérêt de notre pays.
Je crois que les mesures contenues dans le projet de loi nous permettront bel et bien d'atteindre cet objectif. Quelles sont ces mesures? Comme le ministre l'a clairement indiqué, elles sont regroupées sous trois catégories complémentaires qui contribueront à protéger le système d'immigration. D'abord, les mesures du projet de loi C-31 s'ajoutent aux réformes du système de détermination du statut de réfugié qui ont été adoptées en juin 2010 dans le cadre de la Loi sur des mesures de réforme équitables concernant les réfugiés. Ensuite, elles permettront de mettre fin au passage de clandestins, une activité déplorable. Enfin, les mesures contenues dans le projet de loi C-31 permettront d'avoir recours à la biométrie l'année prochaine, afin que nous puissions filtrer les personnes qui demandent un visa de résident temporaire ou encore un permis d'études ou de travail.
Une fois ces mesures en application, je suis convaincu qu'elles seront à la hauteur du titre du projet de loi, Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada.
Pour la gouverne de mes collègues, je voudrais aborder brièvement chacune de ces mesures et en expliquer l'importance. Le jour où le a présenté le projet de loi, il a mentionné la hausse considérable des demandes d'asile en provenance de pays dont on ne s'attendrait pas normalement à ce qu'ils produisent des réfugiés, des pays démocratiques qui respectent les droits de la personne.
L'exemple le plus frappant de ce phénomène est le suivant. L'an dernier seulement, près du quart de toutes les demandes d'asile présentées au Canada provenaient de ressortissants de l'Union Européenne. Autrement dit, un quart de toutes les demandes provenaient de nos alliés européens, de pays démocratiques, et non de pays déchirés par la guerre, dirigés par des tyrans et affligés par la persécution. À lui seul, ce fait justifie une réforme plus poussée du système. Qui plus est, je vous invite à considérer ce qu'a coûté aux contribuables canadiens ces dernières années la presque totalité des demandes provenant de ressortissants européens qui ont été retirées, abandonnées, ou rejetées. En fait, les demandes d'asile non fondées parmi celles présentées l'an dernier par les 5 800 ressortissants de l'Union Européenne ont coûté 170 millions de dollars aux contribuables canadiens.
Pour expulser du Canada une personne dont la demande d'asile a été rejetée, il faut en moyenne quatre ans et demi à partir du moment où la demande initiale est présentée. Certains cas d'expulsion ont traîné pendant plus d'une décennie. Les demandeurs déboutés ont le droit de recevoir des prestations d'aide sociale, ce qui contribue à alourdir le fardeau financier global des contribuables. Depuis des années, le Canada consacre beaucoup trop de temps, d'efforts et d'argent à des demandeurs d'asile qui n'ont pas besoin de la protection de notre pays et qui seront finalement déboutés. Cela nuit à ceux qui ont un grand besoin de notre protection.
Comme le ministre l'a dit, ces mesures feraient épargner aux provinces 1,65 milliard de dollars sur cinq ans en aide sociale et en coûts d'éducation. Les réformes proposées dans le projet de loi accéléreraient le processus, à la fois pour trancher les demandes du statut de réfugié et pour expulser du Canada les demandeurs déboutés.
Même avec ces réformes, le Canada continuera d'avoir l'un des programmes d'asile les plus généreux du monde. En fait, grâce à ces réformes, ceux qui ont véritablement besoin de notre protection pourraient s'en prévaloir plus rapidement. À mon avis, le système sera encore meilleur.
Le projet de loi contribuerait à adapter nos systèmes d'immigration et de contrôle des frontières aux réalités du XXIe siècle en créant un cadre législatif pour la mise en oeuvre, planifiée depuis longtemps, de la technologie biométrique comme outil de gestion de l'identité au sein de ces systèmes. Autrement dit, recueillir des données biométriques signifierait prendre la photo et les empreintes digitales des personnes qui demandent un visa de résidant temporaire ou un permis de travail ou d'étude au Canada. Comme les données biométriques sont plus sûres et moins sujettes à la falsification ou au vol que les documents, ces mesures renforceraient le processus de présélection, accroîtraient la sécurité et contribueraient à réduire la fraude. C'est un moyen efficace de gérer un volume élevé de demandes et certaines formes complexes de fraudes liées à l'identité. Ces mesures aideraient à empêcher les criminels, les personnes expulsées et les terroristes, entre autres, de se servir d'une fausse identité pour obtenir un visa canadien. À l'inverse, le recours à la biométrie faciliterait les déplacements légitimes en procurant un outil rapide et fiable pour confirmer l'identité des voyageurs, des étudiants et des travailleurs temporaires.
J'ai dit au début de mon intervention que les Canadiens doivent toujours veiller à maintenir la solidité et l'efficacité du système d'immigration et s'assurer qu'il sert au mieux les intérêts du pays. Quand on examine les dispositions du projet de loi , on se rend compte que tout cela sera fait.
Le projet de loi rendrait le système d'immigration du Canada plus rapide et plus juste. Il nous aiderait à empêcher les criminels étrangers, les passeurs et les faux demandeurs d'abuser de notre généreux système et de recevoir des prestations de santé et d'aide sociale substantielles aux frais des contribuables. Parallèlement, le projet de loi assurerait plus rapidement une protection à ceux qui sont vraiment dans le besoin.
C'est pourquoi j'espère vivement que tous mes collègues de la Chambre se joindront à moi pour appuyer l'adoption du projet de loi.
:
Monsieur le Président, j’ai l’honneur de représenter les électeurs de Langley, en Colombie-Britannique, des gens d’exception qui vivent dans un cadre splendide.
Je remercie le député de de sa détermination à améliorer le système d’immigration du Canada. Il est une véritable source d’inspiration pour tous les députés. J’aimerais que plus de gens aient autant de passion que lui pour veiller à ce que notre système d’immigration soit bien protégé.
Je suis ravi de pouvoir prendre la parole pour traiter du projet de loi que nous examinons aujourd’hui. Nous nous devons de protéger le système d’immigration du Canada, et je crois que le projet de loi nous permettrait d'y arriver. Ce projet de loi nous aiderait à entretenir la confiance des Canadiens à l’égard de notre système d’immigration et d’asile. Notre beau pays s’est construit sur les espoirs et les ambitions de gens venus d’ailleurs, qui ont choisi de vivre au Canada. Aujourd’hui encore, nous sommes tributaires de la contribution des nouveaux arrivants pour maintenir notre prospérité et la qualité de vie exceptionnelle que nous connaissons au Canada.
C’est pour cette raison que le Canada ouvre ses portes à plus d’un quart de million d’immigrants et de réfugiés chaque année. De fait, depuis 2006, le gouvernement conservateur affiche les taux d’immigration soutenus les plus élevés de toute l’histoire du Canada. N’est-ce pas incroyable? Nous avons dans le monde une réputation bien méritée en raison de la générosité de notre système d’immigration et d’octroi de l’asile.
Malheureusement, toutefois, cette réputation de générosité a fait de nous une cible pour les criminels qui veulent détourner notre système à leur profit. Je veux parler du crime que constitue la traite de personnes. Je suis certain que tous les députés ont eu des échos de l’arrivée clandestine du Sun Sea dans les eaux de la Colombie-Britannique en août 2010, avec à son bord 492 passagers. Cet incident et d’autres aussi ont ébranlé la confiance des Canadiens à l’égard de notre système d’immigration et d’octroi de l’asile. Ils craignent que certains immigrants aient des liens avec le crime organisé ou même avec des groupes terroristes. Les Canadiens se demandent si les autorités sont en mesure d’évaluer autant de personnes et de les accepter rapidement au Canada sans faire d’erreurs. Ils sont en droit de se poser la question parce que, franchement, notre système actuel n’est pas conçu pour traiter rapidement un tel afflux de personnes ni les cas complexes créés par les entreprises transnationales perfectionnées de traite de personnes.
C’est pour cette raison qu’une disposition clé du projet de loi nous permettrait d’instaurer de nouvelles règles pour gérer les arrivées irrégulières. À l’heure actuelle, par exemple, un agent d’immigration peut détenir un ressortissant étranger qui arrive au Canada. Cela englobe les cas où l’agent n’est pas convaincu ou certain de l’identité véritable de l’intéressé. La Commission de l’immigration et du statut de réfugié passe en revue les détentions de ce type dans les 48 heures. Si la personne demeure sous garde, la commission étudiera à nouveau son dossier dans les sept jours. Par la suite, elle peut le revoir tous les 30 jours.
Notre système n’est pas conçu pour traiter les arrivées massives en un même point, ce qui peut souvent se produire dans les opérations de traite de personnes. Par conséquent, les autorités n’ont pas assez de temps pour effectuer toutes les vérifications voulues de l’identité et de l’admissibilité ainsi que les contrôles de sécurité. Nous avons donc un problème. Selon la complexité du cas, le contrôle de sécurité peut prendre des jours, des semaines, voire des mois. Si la personne arrive sans papiers — et c’est souvent le cas pour les arrivées massives —, le processus peut nécessiter des années. La réalité, c’est que les criminels qui se livrent à la traite de personnes savent que notre système fonctionne ainsi.
J’espère que tous les députés, en particulier les députés de l’opposition, changeront d’avis et appuieront ce projet de loi.
En vertu de la loi proposée, le déclarerait l'arrivée d'un groupe comme une arrivée irrégulière dans les deux situations suivantes: premièrement, s'il croit qu'on ne pourra pas vérifier l'identité ou l'admissibilité des arrivants assez rapidement; deuxièmement, si l'on a des motifs raisonnables de soupçonner que des criminels ou des groupes terroristes font passer des clandestins au profit ou sous la direction d'une organisation criminelle ou d'un groupe terroriste.
Si le ministre alors en poste désigne l'arrivée d'un groupe comme une « arrivée irrégulière », les autorités détiendront toutes les personnes qui sont arrivées dans ce groupe. Leur détention se poursuivra jusqu'à ce que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié détermine leur statut. Étant donné les changements que l'on propose d'apporter à notre système de demande d'asile, cela ne prendrait que quelques mois dans bien des cas. Si, après un an, une personne n'a toujours pas été identifiée et est toujours détenue, la commission examinera son dossier et décidera si elle doit être relâchée ou rester en détention.
J'aimerais souligner que la mesure législative autoriserait le ministre à ordonner une libération anticipée dans des cas exceptionnels. J'aimerais aussi signaler que les jeunes de moins de 16 ans seraient exemptés de la détention. Je tiens à ce que les députés de l'opposition l'entendent clairement. C'est une différence importante par rapport au précédent projet de loi sur le passage de clandestins, le projet de loi . Les députés de l'opposition n'aiment pas entendre la vérité, mais ils viennent maintenant de l'entendre, et j'espère qu'elle saura les libérer.
Grâce aux changements proposés, les autorités auraient le temps d'examiner adéquatement l'identité et l'admissibilité des demandeurs. C'est absolument essentiel. Quand des personnes associées au crime organisé ou des terroristes s'infiltrent dans notre pays, c'est la sécurité de tous les Canadiens qui est en péril.
D'une part, ces incidents renforcent la réputation du Canada auprès des passeurs: nous sommes une cible facile. D'autre part, ils minent la confiance des Canadiens dans leur régime d'immigration et d'octroi de l'asile.
Le Canada a besoin de nouveaux arrivants pour rester fort. On ne peut se permettre que les Canadiens perdent confiance dans la façon dont nous accueillons les immigrants et les réfugiés. Le gouvernement a bien l'intention de s'attaquer à ces problèmes de front.
Dans un lointain passé, lorsque les premiers arrivants ont mis les pieds sur nos berges, ils ne pensaient pas à rejoindre les rangs d'organisations criminelles ou terroristes, contrairement à ce qui peut parfois arriver de nos jours. Ils voulaient simplement une meilleure vie pour leurs proches et pour eux-mêmes. Ce même souhait a attiré bon nombre de personnes au Canada depuis ce temps. En 1906, mes grands-parents, mon gido et ma baba, sont partis d'Ukraine pour venir au Canada afin d'améliorer leur sort. Plus il y aura de nouveaux arrivants qui tireront avantage de toutes les occasions qui se présentent à eux ici, plus ils contribueront à la prospérité de notre collectivité.
Tous ensemble nous avons modelé une société qui fait l'envie du monde du fait de sa tolérance, de sa compassion et de sa prospérité. Par contre, nous ne pouvons pas tenir ce succès pour acquis. En fait, en ce moment même, des passeurs tentent de déstabiliser notre société et de l'ébranler.
Les arrivées irrégulières, comme celle du Sun Sea, font que les Canadiens doutent du sérieux de notre régime d'immigration et d'octroi de l'asile. Ce sera effectivement un jour bien triste quand les Canadiens perdront confiance dans les bienfaits de l'immigration; nous devons donc protéger à tout prix l'image du Canada. Nous devons refuser que des criminels tirent parti de notre bonne foi pour leurs propres desseins. Nous devons montrer aux Canadiens que nous sommes prêts à renforcer notre régime d'immigration et d'octroi de l'asile. Nous devons agir immédiatement.
Les dispositions dont j'ai parlé donneraient de nouveaux outils aux autorités pour que celles-ci puissent gérer un grand nombre d'arrivées irrégulières. Les agents d'immigration seraient capables de faire les contrôles de sécurité et d'identité nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens. D'autres dispositions rendraient les propriétaires et les exploitants de bateaux responsables de leurs actes. Par exemple, en cas de violation de la Loi sur la sûreté du transport maritime, les contrevenants s'exposeraient à des sanctions.
On propose aussi de modifier l'infraction liée au passage de clandestins, notamment par l'imposition de peines obligatoires minimales pour les personnes déclarées coupable de cette infraction. Nous savons que l'opposition n'aime pas faire preuve de fermeté, notamment en imposant des peines minimales obligatoires, mais les tribunaux ont besoin de telles directives. Ces modifications se révéleraient très utiles pour empêcher les passeurs de commettre leurs méfaits au Canada.
Nous devons tous ensemble appuyer ce projet de loi. Je remercie le meilleur ministre de l'Environnement au monde pour son excellent travail.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour me prononcer très catégoriquement contre le projet de loi, auquel on a donné encore l'un de ces titres en novlangue, nommément la loi visant à protéger le système d'immigration du Canada.
En fait, c'est la réincarnation de l'ancien projet de loi , contre lequel je m'étais prononcé à l'étape de la deuxième lecture, et je vais donc répéter les mêmes arguments. Essentiellement, ce nouveau projet de loi comporte la plupart des mêmes lacunes que le précédent.
Mon opposition au projet de loi se fonde, premièrement, sur mon expérience personnelle. Durant les années 1980, je me suis occupé de réfugiés, surtout à la suite de la crise politique en Amérique centrale. J'ai été le cofondateur du centre Victoria pour les Immigrants et les réfugiés et j'ai ouvert la porte de ma propre maison à des réfugiés qui s'étaient enfuis, craignant pour leur vie, après avoir vu des membres de leur famille se faire tuer ou torturer à cause de la violence qui sévissait alors en Amérique centrale. J'ai aussi travaillé comme observateur international des droits de la personne au Timor-Oriental, à Ambon, qui est en Indonésie, ainsi qu'en Afghanistan. J'ai donc vu de près les situations qui créent les réfugiés internationaux venant chercher refuge au Canada pour eux-mêmes et leur famille.
Je suis également contre la mesure parce que je crains que le projet de loi ne soit en violation de la Charte canadienne des droits et de nos obligations internationales, en particulier à cause de la désignation d'arrivées irrégulières, créant ainsi une deuxième classe de demandeurs de réfugiés qui sont visés par diverses mesures sévères, pouvant aller jusqu'à la détention pendant un an.
Les députés d'en face aiment à dire qu'ils ont amélioré le projet de loi parce que maintenant, les enfants ne seront pas gardés en détention avec leurs parents, mais seront plutôt détenus ailleurs, comme dans les limbes.
L'interdiction de demander la résidence permanente pendant cinq ans rendrait la réunification des familles très difficile parce que les gens n'auraient pas le droit de parrainer des membres de leur famille pendant cinq ans et n'auraient pas accès à la Section d'appel des réfugiés.
Mon opposition est également fondée sur le fait que je suis généralement contre le novlangue dont nous ne cessons de voir des exemples chez nos vis-à-vis à la Chambre, qui veulent enlever le statut de résident permanent, lequel permet, une fois accordé, de rester indéfiniment au Canada. En vertu du projet de loi, un résident permanent n'aurait plus le droit de rester en permanence et le mot perdrait donc tout son sens. Il incomberait au ministre de décider si une personne peut rester au Canada ou si elle doit s'en retourner. Ainsi, des gens qui seraient venus au Canada pour mettre leur famille en sécurité, après s'être établis au Canada, pourraient, à la suite d'une décision arbitraire du ministre, être forcés de partir et de retourner dans leur pays d'origine et de renoncer à tous les progrès qu'ils ont accomplis pour refaire leur vie.
Mon opposition est également fondée sur mes doutes quant à la manière dont nous avons été saisis du projet de loi. Le précédent projet de loi , adopté par la législature précédente, était un compromis entre tous les partis qui s'étaient mis d'accord sur le processus concernant les immigrants et les réfugiés, mais on n'a jamais permis qu'il soit mis en oeuvre.
Ce que nous avons sous les yeux est un autre exemple regrettable de ce que j'appelle le gouvernement par les manchettes et la politique du ressentiment. Dans les discours des conservateurs, on entend beaucoup parler de resquillage, de gens qui exploitent notre générosité et qui jouent sur les émotions des Canadiens pour obtenir, d'une manière quelconque, des avantages auxquels ils n'ont pas droit.
Les conservateurs choisissent avec prédilection des exemples extrêmes. Ils choisissent les exceptions, les cas que personne n'appuierait, et ils tentent ensuite d'élaborer des politiques publiques sur la base de ces exceptions.
Je m'oppose aussi à ce projet de loi parce qu'il se fonde encore une fois sur le concept de la dissuasion, politique que le gouvernement privilégie en justice criminelle. C'est une idée sans aucun fondement, dans les faits. De lourdes peines auraient évidemment un effet dissuasif sur les citoyens respectueux de la loi. Comme a dit un témoin au Comité de la sécurité publique: « Oui, les lourdes peines ont un effet dissuasif sur vous et moi parce que nous avons quelque chose à perdre. Il en est ainsi pour tous les citoyens respectueux de la loi qui comprennent le concept de communauté. Elles n'ont aucun effet dissuasif sur les criminels. »
Elles ne dissuaderaient certainement pas les véritables réfugiés fuyant pour sauver leur vie ni les profiteurs qui font entrer illégalement des personnes. Ces derniers risquent déjà des amendes maximales pouvant atteindre 1 million de dollars et la prison à vie. Si les lourdes peines avaient un effet dissuasif, il n'y aurait pas d'entrées illégales parce que ce sont les peines les plus lourdes dans le système judiciaire canadien.
Mais ne vous méprenez pas, je crois aux mesures dissuasives qui s'inspirent de ce qui fonctionne. Si nous examinons tous les écrits en justice criminelle, la même chose s'applique aux demandeurs d'asile. Ce qui fonctionne, c'est la certitude de se faire prendre et la rapidité avec laquelle des actions en justice sont intentées. Par conséquent, c'est la certitude qu'une fausse demande serait détectée et qu'on réagirait rapidement qui découragerait de telles demandes et non le fait de restreindre les droits des demandeurs d'asile légitimes et leur capacité à accéder au processus.
La vraie solution serait de consacrer plus de ressources aux premières étapes du processus actuel, de sorte que ceux qui font une demande sachent que l'étude de leur demande prendra des semaines ou des mois, mais non des années, et qu'ils sachent que les fausses demandes sont rejetées dans notre système.
Dans le projet de loi, le gouvernement semble établir de très beaux objectifs que les nouvelles catégories de réfugiés devront atteindre, mais en l'absence de nouvelles ressources, le gouvernement ne parviendra pas lui-même à atteindre ces objectifs. Par conséquent, nous adopterons un projet de loi qui mettra en péril les droits de nombreux réfugiés légitimes, sans atteindre la rapidité que recherche le gouvernement grâce à ces mesures parce que le système ne disposera pas des ressources pour y arriver.
Je vais maintenant parler de ce qui, d'après moi, est la lacune la plus grave du projet de loi, c'est-à-dire le processus qui consiste à désigner des pays sûrs. Il s'agit d'un concept boiteux qui, une fois adopté, créera une autre catégorie de demandeurs de statut de réfugié et limitera grandement les droits de ceux qui viennent d'un endroit désigné pays sûr et leur capacité de présenter une demande de statut de réfugié qui sera acceptée.
Dans le projet de loi précédent, le , un compromis avait été atteint, puisqu'il prévoyait qu'un groupe d'experts, et non le ministre, désignerait les pays sûrs. Par ailleurs, il aurait été possible d'exempter de la désignation certaines zones géographiques ou certaines catégories de personnes. Nous savons tous que, dans certains pays, certaines régions sont tout à fait sûres, tandis que d'autres ne le sont pas.
En vertu du présent projet de loi, un pays est désigné sûr ou non. Soit il est sûr partout et pour tout le monde, soit il n'est pas sûr. Le projet de loi précédent aurait permis de créer une exemption pour les femmes dans les régions où les violations des droits des femmes sont endémiques. Un pays peut donc être sûr pour les hommes mais pas pour les femmes. Il aurait été possible de créer des catégories pour les gais, lesbiennes, les bisexuels et les transsexuels, qui sont rarement en sûreté dans la plupart des pays du monde et qui peuvent venir d'un pays qui, autrement, est sûr. Le projet de loi actuel ne permet pas d'exempter certaines catégories de personnes ou certaines zones géographiques de la désignation de pays sûr.
Je vais parler maintenant de la situation particulière des réfugiés homosexuels, bisexuels et transgenres en ce qui concerne le projet de loi. Je tiens à aborder cette question non seulement parce que je suis moi-même gay et que ma décision d'immigrer au Canada vient en grande partie du fait que l'homosexualité était une infraction criminelle, à l'époque, dans mon pays d'origine. C'est principalement pour cette raison que je prends la parole aujourd'hui à la Chambre. Le concept de « pays sûr » aura d'énormes répercussions sur les réfugiés homosexuels. Les gens qui arrivent d'un pays figurant dans la liste des pays sûrs doivent présenter une demande dans un délai de 15 jours après leur arrivée. En 15 jours, ils doivent décider s'ils présentent une demande fondée sur des motifs humanitaires ou une demande d'asile. Lorsque je suis arrivé au Canada, je ne savais pas du tout ce que ces concepts voulaient dire. En 15 jours, je n'aurais pas pu faire la distinction. Je suis convaincu que la plupart des réfugiés se retrouveront dans la même situation. De plus, ils n'auront que 15 jours pour trouver un avocat qui les représentera. Les réfugiés qui sont issus d'une société — ou parfois même d'une famille — où le fait de révéler son homosexualité aurait de graves conséquences sur le plan personnel et compromettrait leur sécurité, n'auront que 15 jours pour changer leur façon de voir les choses et aller raconter à un étranger tout ce qu'ils ont vécu et qui a fait qu'ils sont devenus des réfugiés.
D'après mon expérience personnelle, je peux dire que cela aurait été très ardu pour moi. Je sais que la situation est très difficile pour les réfugiés d'aujourd'hui qui sont lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres.
La limite de 15 jours cause un problème particulièrement grave étant donné que les demandeurs d'asile comparaîtraient alors devant un arbitre, une seule personne, qui ne serait pas au fait de la situation des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres dans le pays d'origine. Par conséquent, ils devraient non seulement présenter une demande personnelle motivée par leur orientation sexuelle et expliquer de quelle façon cela compromet leur sécurité, mais aussi faire la preuve que leur communauté est à risque partout dans leur pays. Je doute que des réfugiés des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres puissent y arriver en 15 jours.
Sans divulguer l'identité de la personne en question, je veux vous parler un instant d'un réfugié qui est arrivé des Antilles à l'âge de 17 ans. Il a reçu des menaces de mort lorsque son homosexualité a été dévoilée. Tous les jours, il allait à l'école secondaire dans un taxi que payait sa tante de Toronto pour lui permettre de terminer ses études secondaires dans son pays. Ensuite, il a été envoyé au Canada. Au moment de présenter sa demande d'asile, il n'a pas voulu divulguer les expériences personnelles qui l'avaient obligé à s'enfuir. Il ne voulait pas avouer son homosexualité, même à son avocat. Il a fallu six mois à son avocat pour lui soutirer toute l'histoire et, ensuite, pour établir la preuve de ce qui s'était passé dans son pays d'origine. Par conséquent, il est pratiquement impossible d'essayer de faire cela en 15 jours.
Quelle est la bonne solution en l'occurence? Le Conseil canadien pour les réfugiés réclame qu'on laisse tomber le projet de loi, et j'adhère à sa position. L'Association du Barreau canadien s'est dit préoccupée par des atteintes aux droits protégés par la Charte. Amnistie internationale a déclaré que le projet de loi ne respecte pas du tout les obligations internationales du Canada.
Qu'est-ce que je proposerais? À mon avis, il faudrait revenir au projet de loi C-11 et laisser fonctionner cette mesure de compromis. Nous devons nous assurer que le gouvernement fournisse un système doté de ressources suffisantes pour que le Canada continue d'être un lieu sûr pour les réfugiés, les réfugiés authentiques du monde entier qui souhaitent s'y installer.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet de l'important projet de loi , Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada.
Chaque jour, des centaines de milliers de personnes demandent à immigrer au Canada. Qui peut les blâmer? Après tout, le Canada est le meilleur pays du monde. Ces gens remplissent les formulaires et font la queue.
Malheureusement, chaque année, il y a aussi des milliers de personnes qui choisissent de ne pas remplir les formulaires. Elles choisissent de ne pas faire la queue comme tout le monde. Au contraire, elles décident de contourner le système. Elles savent que le système de détermination du statut de réfugié comporte des lacunes et qu'il est facile d'en abuser. Elles choisissent de présenter de fausses demandes de statut de réfugié en espérant qu'au bout d'une procédure fort longue et d'un nombre incalculable d'appels, elles obtiendront la résidence permanente au Canada.
Les immigrants comme moi sont très accueillants et justes, mais ils n'ont aucune tolérance pour les gens qui viennent de pays sûrs et qui abusent du système de détermination du statut de réfugié pour esquiver les difficultés et venir au Canada sans avoir à attendre et à suivre le processus comme tout le monde. Nous n'avons aucune tolérance pour ceux qui profitent injustement de notre générosité.
Le gouvernement a écouté les Canadiens, y compris ceux de ma circonscription, Mississauga-Est—Cooksville, qui ont dit très clairement qu'ils veulent que nous mettions un frein à cet abus. C'est exactement ce que nous faisons au moyen du projet de loi .
Il est malheureux mais pas étonnant que les députés de l'opposition néo-démocrate et libérale ignorent les faits lorsqu'ils prennent la parole contre le projet de loi . Cela n'a rien d'étonnant parce que les faits justifient l'adoption de cet important projet de loi et réfutent les critiques de l'opposition contre celui-ci.
Voici les faits. En 2011, le Canada a reçu 5 800 demandes d'asile en provenance de l'Union européenne, soit une augmentation de 14 p. 100 par rapport à 2010. Cela signifie qu'un quart de toutes les demandes d'asile sont venues de pays européens démocratiques et respectueux des droits de la personne. C'est plus que le nombre de demandes provenant de l'Afrique et de l'Asie. Les demandeurs d'asile au Canada venaient principalement de la Hongrie, un État membre de l'Union européenne. En 2011, le Canada a reçu 4 400 demandes d'asile de la Hongrie. Par comparaison, la Belgique en a reçu seulement 188, les États-Unis, seulement 47 et la France et la Norvège, seulement 33 chacune.
Il est très révélateur qu'en 2010, des ressortissants hongrois aient fait au total 2 400 demandes d'asile dans le monde, dont 2 300 au Canada. Cela veut dire que seulement 100 demandes d'asile ont été adressées à d'autres pays. Le Canada a reçu 23 fois plus de demandes que tous les autres pays réunis.
Qui plus est, au cours des dernières années, pratiquement toutes ces demandes ont été abandonnées, retirées ou rejetées. La majorité des demandeurs ont choisi d'abandonner ou de retirer leur demande eux-mêmes, ce qui indique clairement qu'ils n'avaient pas besoin de la protection du Canada. Par définition, ces personnes sont de faux demandeurs d'asile.
Plutôt que de se rendre dans un pays voisin facile à atteindre, ces faux demandeurs font le voyage jusqu'au Canada. Au lieu d'attendre le traitement de leur demande, ils y renoncent et rentrent chez eux.
Ces faux réfugiés ont une raison pour choisir le Canada. J'ai appris qu'un jour, un employé de l'Agence des services frontaliers du Canada ayant cherché à connaître le motif de la demande d'asile d'une personne qui venait de débarquer à l'aéroport s'est vu répondre que le motif était d'avoir un « revenu gratis ». Eh bien, ce n'est pas gratis. Ce sont les vaillants contribuables canadiens qui le paient. Les Canadiens paient plus 170 millions de dollars par année pour entretenir ces faux réfugiés provenant de l'Union européenne. Ce sont les contribuables qui financent l'aide sociale, l'éducation et les soins de santé.
Les contribuables canadiens travaillent fort et ils en ont marre de payer pour les faux demandeurs du statut de réfugié qui abusent du système aux détriment des autres. Trop de deniers publics sont consacrés à ces faux réfugiés.
Il n'y a pas seulement le gaspillage d'argent. Il y a aussi les répercussions importantes que ces fausses demandes ont sur les véritables réfugiés. Ceux qui ont vraiment besoin de protection doivent attendre longtemps avant d'obtenir l'aide du Canada parce que le système est submergé par les faux demandeurs du statut de réfugié. Heureusement, le projet de loi va rendre notre système de détermination du statut de réfugié plus rapide et plus équitable.
Le projet de loi prévoit notamment que le ministre peut désigner des pays qui sont généralement sûrs, démocratiques et qui respectent les droits de la personne. Les demandeurs du statut de réfugié en provenance de ces pays désignés feraient l'objet d'un processus accéléré.
Dans le système actuel de demande d'asile, il faut en moyenne plus de 1 000 jours pour traiter une demande de statut de réfugié. En vertu du projet de loi , les demandes en provenance de pays qui, normalement, n'ont pas de réfugiés, comme par exemple les pays de l'Union européenne, seraient traitées dans un délai de 45 jours. La demande de chaque revendicateur continuerait d'être traitée et de faire l'objet d'une décision fondée sur les circonstances du cas par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui est indépendante.
Le projet de loi éliminerait aussi les nombreux niveaux d'appel qui existent à l'heure actuelle. Tous les demandeurs du statut de réfugié continueraient de pouvoir demander un examen judiciaire suite à une décision défavorable, comme c'est le cas maintenant, mais les demandeurs qui proviennent de pays qui sont généralement considérés comme des pays sûrs, n'auraient pas accès à la Section d'appel des réfugiés. Le projet de loi permettrait aussi d'expulser plus rapidement les demandeurs déboutés.
Ces améliorations se fondent sur le gros bon sens. Elles aideraient à prévenir les abus et elles simplifieraient dans la mesure du possible tous les processus de détermination du statut de réfugié. Cette rationalisation se ferait sans compromettre l'équité du système et en respectant les obligations nationales et internationales du Canada concernant les réfugiés.
Le projet de loi permettrait aux contribuables canadiens d'économiser 1,65 milliard de dollars sur une période de cinq ans. Il ferait en sorte que les véritables réfugiés obtiennent la protection du Canada beaucoup plus rapidement. Quiconque se préoccupe de l'intérêt des vrais réfugiés devrait appuyer cette mesure législative.
Si l'on veut que les Canadiens continuent d'appuyer notre généreux système d'immigration et de détermination du statut de réfugié, nous devons démontrer que le Canada a un système équitable et bien géré qui ne tolère pas le resquillage. Toutes les réformes proposées dans le projet de loi visent à faire cesser les abus liés à notre généreux système. Ces mesures permettront de protéger l'intégrité des programmes d'immigration du Canada ainsi que la santé et la sécurité de tous les Canadiens.
Le projet de loi mettrait fin au problème des faux réfugiés. Il empêcherait les criminels étrangers et les passeurs d'abuser de notre système d'immigration, de bénéficier de soins de santé et de toucher de généreux avantages sociaux. Le projet de loi envoie un message clair à ceux qui voudraient abuser du généreux système d'asile du Canada, à savoir que, s'ils n'ont pas besoin de protection, ils vont être rapidement renvoyés chez eux.
Les Canadiens ont donné au gouvernement conservateur le mandat clair de protéger le système d'immigration du Canada, et c'est ce que nous faisons. J'exhorte tous les députés à appuyer cette mesure législative importante et à faire en sorte qu'elle soit adoptée rapidement.
:
Monsieur le Président, le projet de loi , déposé par le ministre conservateur de l'Immigration, ressemble beaucoup plus à une monopolisation du pouvoir décisionnel qu'à une amélioration de la qualité de vie des immigrants réfugiés.
Encore une fois, la soif de pouvoir des conservateurs et le manque de rigueur et d'écoute priment sur la justice, le respect et l'équité. Encore un projet de loi jugé irresponsable, voire même insensé, par la majorité des intervenants dans le domaine. Parmi les opposants, on compte entre autres le Conseil canadien pour les réfugiés, Amnistie internationale Canada, l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, pour n'en nommer que quelques-uns.
Tous soulignent que ce projet de loi rend le système vulnérable à des considérations politiques, plutôt que d'assurer une décision juste, indépendante et équitable afin de décider qui est un réfugié.
En fait, le projet de loi fait non seulement craindre le pire pour les droits des réfugiés devenus résidents permanents au pays, mais il est également discriminatoire et, comme le souligne le Conseil canadien pour les réfugiés, il crée un système de protection des réfugiés à deux vitesses. Selon cet organisme, les échéances courtes et sévères désavantageront considérablement les victimes de traumatismes sexuels et les LGBT qui ont souvent besoin d'une période de mise en confiance avant de pouvoir raconter leur histoire. Quinze jours, c'est très rapide. Ignorer les intérêts des plus vulnérables n'est rien de nouveau pour le gouvernement conservateur.
Dire qu'il y a 18 mois à peine, le ministre conservateur avait félicité ses collègues de l'opposition, avec lesquels il avait convenu d'amendements qui rendraient le système de réfugiés, et je cite « plus rapide et plus équitable ».
Maintenant, dans un contexte majoritaire, il est permis de croire que des mesures radicales ou draconiennes, selon le Centre d'études sur les réfugiés, seront ajoutées à ces amendements équitables. Si l'an dernier le ministre avait accepté des compromis sensés en contexte minoritaire, il peut désormais adopter les lois qui lui plaisent, et ce, sans faire appel à la démocratie. C'est grave et c'est méprisant.
Plus question de laisser un comité d'experts dresser comme il se devrait la liste des « pays sûrs », desquels le fédéral estime qu'il ne ressort pas habituellement de réfugiés. De plus, terminée aussi la possibilité pour les résidents de ces pays d'origine désignés de porter la décision en appel si leur demande est rejetée. Cela va à l'encontre des droits de la personne. Les demandeurs refusés devront attendre un an avant de faire une nouvelle demande pour des motifs humanitaires, une période au cours de laquelle ils pourraient être renvoyés dans leur pays, un pays duquel ils ont tenté de fuir.
Il est d'autant plus regrettable que le gouvernement continue d'utiliser des termes tels que « faux demandeurs », qui sont extrêmement nuisibles.
Bien que toutes les personnes qui font une demande d'asile n'aient pas nécessairement besoin d'une protection extrême, cela ne fait pas des demandeurs d'asile des « abuseurs potentiels ». Ces personnes peuvent avoir des raisons très convaincantes de quitter leur pays.
Les réfugiés sont parmi les personnes les plus vulnérables d'une société et, en tant que non-citoyens dans un pays étranger, ils sont des cibles faciles à attaquer. Les étiquettes dénigrantes, surtout de la part du gouvernement, entravent profondément la perception du public envers les réfugiés et les non-citoyens en général.
Le Canada est un modèle pour les pays du monde entier. Il est connu pour son accueil des personnes fuyant la persécution. Cet atout important serait perdu à cause d'une nouvelle proposition du gouvernement qui met l'accent sur la vitesse et les catégorisations au détriment de l'équité, de la justice et de la protection de l'individu.
À notre avis, le gouvernement pousse beaucoup trop loin son mandat. Le projet de loi représente de plusieurs façons le démantèlement sans précédent du système de détermination du statut de réfugié du Canada. En ne prenant que l'exemple de l'Australie, qui a dû revenir à un système qui ressemble à notre système actuel, il est clair que l'approche mise de l'avant par le projet de loi ne fonctionne pas. Les conservateurs feraient économiser aux Canadiens beaucoup de temps et d'argent s'ils détournaient leur regard de leur nombril et appuyaient leurs projets de loi par des faits, par des études d'experts, par des statistiques et par des exemples concrets d'ailleurs.
En moyenne, 25 000 réfugiés ont obtenu leur statut de résident permanent chaque année depuis les cinq dernières années. L'an dernier, ils étaient 24 700. Le délai moyen est de 18 à 22 mois, après une attente de trois ans, avant de pouvoir faire une demande de citoyenneté qui chemine en moyenne pendant 19 mois.
Au minimum, de cinq à six années s'écoulent avant de devenir citoyen, si le processus se déroule rapidement. C'est donc autant de milliers de réfugiés admis chaque année qui seraient maintenant menacés par le projet de loi, sans compter ceux qui n'auront pas encore fait leur demande.
Le ministre veut adopter ce projet de loi flou à partir du mois de septembre, alors que l'ancien projet de loi n'est même pas encore en application. Pourquoi vouloir à tout prix et à toute vitesse bâcler un projet de loi ayant une portée si lourde sur la vie des gens? De plus, l'article 19 sape littéralement l'engagement du Canada envers les réfugiés, ridiculise notre engagement envers les Nations Unies d'accorder la résidence permanente aux réfugiés et soumet des dizaines de milliers de réfugiés qui se sont déjà vu octroyer la résidente permanente au Canada au risque d'une déportation.
Par respect pour l'engagement du Canada envers les Nations Unies, les réfugiés qui sont réinstallés ici de façon permanente ont et devraient toujours avoir le droit de rebâtir leur vie, de travailler et d'élever leur famille en ayant la certitude que le Canada est et demeurera leur foyer permanent.
Il s'agit de l'une des caractéristiques les plus positives de notre pays. La promotion par le Canada de la réinstallation rapide et permanente représente un bénéfice énorme, autant pour tous les Canadiens que pour les réfugiés. Au lieu de demeurer dans l'incertitude, les réfugiés deviennent des membres actifs et productifs dans notre société. Le sentiment de sécurité qui accompagne la résidence permanente ne peut pas être surestimé et devrait être une formalité.
Les engagements du Canada auprès de l'ONU sont pourtant clairs: un réfugié doté d'un statut de résident permanent a le droit de refaire sa vie dans un pays d'accueil, d'y travailler et d'y fonder une famille. Ils ne parviendront pas à s'intégrer à la société canadienne s'ils sont sous la menace continuelle d'être retournés dans le pays qu'ils ont fui.
Le Canada est une terre d'accueil et je l'en remercie car s'il ne l'avait pas été, je n'aurais pas été là aujourd'hui. Mes parents sont arrivés avec la vague des boat people après la guerre du Vietnam, qui a permis à plusieurs nouveaux Canadiens de se réfugier ici. Dans certains cas, ce changement pourrait les exposer à de possibles représailles violentes à leur retour dans leur pays d'origine.
La détermination du statut de réfugié est un processus complexe et difficile. Décider si une personne a besoin ou non d'une protection n'est pas évident. Par contre, pour les réfugiés, le besoin d'être protégés en tout temps est simple, mais crucial. Pour la population canadienne, le défi est simple: allons-nous faire en sorte, oui ou non, que les réfugiés ne soient pas retournés vers la persécution? Il me semble que la réponse devrait être simple.
En résumé, ce que le gouvernement conservateur souhaite, c'est un pouvoir discrétionnaire et automatique lui permettant d'expulser en tout temps une personne reçue au Canada à titre de réfugié et qui a ensuite obtenu sa résidence permanente. C'est ce à quoi je m'oppose farouchement au nom de tous les réfugiés, comme mes parents et mes frères, qui fuient leur pays au péril de leur propre vie sans papiers et qui espèrent, peu importe ce qui va leur arriver, trouver une terre d'accueil et vivre dignement dans un pays auquel ils apporteront leur contribution, que ce soit sur le plan social, culturel ou économique. Ces gens veulent continuer à vivre la tête haute et ils ont des droits humains qu'on doit respecter.
Le projet de loi ne s'attaque pas du tout aux criminels et aux passeurs, ni aux gens qui veulent profiter des personnes réfugiées. On a déjà travaillé à l'ancien projet de loi ; il y a beaucoup de choses à revoir. Je demande donc au gouvernement conservateur de refaire ses devoirs.
:
Monsieur le Président, je prends la parole pour exprimer mon appui au projet de loi . Je vais me concentrer sur la façon dont le projet de loi changerait nos lois actuelles concernant le passage de clandestins. Avant d'aborder les projets de réforme, il est important de situer le problème dans son contexte.
L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime signale que le passage de clandestins met la vie des clandestins en péril. On en a la preuve avec les innombrables décès tragiques de clandestins signalés partout dans le monde chaque année. Il ne faut pas oublier que ces décès ne sont pas attribuables qu'au passage de clandestins par bateau. Chaque année, des gens meurent tant dans le cadre d'opérations de passage de clandestins par conteneurs que lors de périples en haute mer. L'office signale que ce crime est en hausse. En fait, il y a à peine quelques semaines, les médias internationaux ont rapporté qu'un énorme réseau de passeurs clandestins organisait un voyage pour plusieurs centaines d'habitants du Togo à destination du Canada. Heureusement, ce réseau a été démasqué et démantelé. C'est bien la preuve cependant que des passeurs de clandestins organisent des périples à destination du Canada en ce moment même. Le Canada demeure une destination de choix pour eux.
Benjamin Perrin, un professeur de droit à l'Université de la Colombie-Britannique, dit que le transport maritime constitue le moyen le plus dangereux pour le passage illégal de clandestins et que les profits générés par ces activités alimentent la criminalité. Le Canada est une destination attrayante pour les passeurs d'immigrants clandestins et ces nouvelles mesures font clairement savoir que notre pays ne tolérera plus les activités de ces criminels. M. Perrin trouve consternant d'entendre des défenseurs des passeurs de clandestins dire que ceux-ci fournissent un service à des immigrants illégaux qui veulent entrer au Canada. Il dit aussi que les passeurs d'immigrants clandestins ont été liés au crime organisé. Les passeurs se fichent complètement du bien-être de ceux qu'ils transportent par bateau dans ces périples souvent mortels.
Même s'il est difficile d'évaluer de façon précise l'ampleur du passage de clandestins, on dispose de certains renseignements. Le Programme des Nations Unies pour le développement estimait à 50 millions le nombre de migrants en situation irrégulière en 2009. Un grand nombre d'entre eux auraient fait appel à des passeurs pour les aider à franchir les frontières internationales. On croit également que le nombre de personnes qui se tournent vers des passeurs pour les aider à entrer dans d'autres pays continue d'augmenter.
Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, les passeurs changent continuellement leurs façons de faire, et sont toujours en avance par rapport aux pouvoirs publics. Au fur et à mesure que les pays s’entendent pour s’adapter aux pratiques des passeurs, les criminels s’adaptent, eux aussi. La corruption de certains États est désormais un élément important de l’arsenal des passeurs, d’où la nécessité pour tous les pays, y compris le Canada, d’intensifier leurs efforts pour lutter contre ce crime.
Il ne faut pas oublier que le passage de clandestins est une grosse affaire, qui génère des millions de dollars pour le crime organisé international, chaque année. Interpol estime que, par rapport aux autres branches du crime organisé international, les passeurs bénéficient de dispositifs législatifs assez laxistes et d'un faible risque de détection, d'arrestation et de poursuites. Il est donc logique que le Canada se dote d'une loi musclée, qui donne aux pouvoirs publics les outils dont ils ont besoin pour détecter, arrêter et poursuivre les passeurs.
C'est vrai que nous avons déjà un dispositif législatif assez efficace pour faire face au problème du passage de clandestins, mais nous devons faire mieux. C'est la raison pour laquelle le projet de loi propose des modifications importantes.
Permettez-moi de passer en revue les dispositions du projet de loi qui visent à contrecarrer le passage de clandestins. À l'heure actuelle, lorsqu'elles sont confrontées à ce genre de situation, les autorités doivent démontrer que l'accusé savait que la personne entrée illégalement au Canada n'avait pas les documents nécessaires. Même si c'est sans doute une des manifestations de cette infraction, ce n'est pas la seule façon de la perpétrer. Par exemple, il arrive que certaines personnes soient infiltrées au Canada sans qu'elles aient le moindre contact avec des représentants de l’immigration. Autrement dit, le passeur accepte tacitement que la personne soit infiltrée dans le pays à la dérobée. Les modifications proposées ici permettront de déceler plus facilement ce genre de comportement, car, en donnant une définition plus large à l'infraction, elles autoriseront des poursuites lorsqu'il est démontré que l'accusé savait que les personnes entrées illégalement ne respectaient pas un des critères de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Cela fournira d'autres recours pour démontrer qu'il y a bien eu organisation d'entrée illégale de personnes.
L'infraction relative à l'organisation d'entrée illégale de personnes a également été élargie afin que le procureur puisse démontrer que l'accusé ne s'est pas soucié que la personne entrée illégalement au Canada soit en contravention des exigences de la loi.
L'insouciance est une forme bien connue et acceptée de la faute subjective en droit pénal. Cela signifie, dans ce contexte, que l'accusé savait qu'il y avait de fortes chances que les personnes entrent illégalement au Canada en contravention des dispositions de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, et que cela ne l'a pas empêché de faire ce qu'il a fait.
Cette disposition supplémentaire permettra à la police et au procureur de mieux faire face à ce genre de situation. Le passage de migrants clandestins est un crime répréhensible, qui nuit à l'intégrité de notre système d'immigration. Qui met en jeu la vie des personnes qui sont ainsi infiltrées. Et qui remplit les poches du crime organisé, si bien que ces groupes criminels sont encouragés à s'engager dans d'autres activités criminelles, qui sont lourdes de conséquences. Sans parler de l'effet que cela a sur l’opinion publique vis-à-vis des immigrants et de l'immigration.
Pour toutes ces raisons, nous nous devons d'affirmer clairement, en termes non ambigus, que de tels actes criminels seront fermement dénoncés et réprouvés. C'est la raison pour laquelle le projet de loi propose des peines minimales obligatoires pour quiconque est reconnu coupable d'avoir organisé l'entrée illégale de personnes. Il est évident que les sanctions proposées s'adressent aux manifestations les plus graves de ce crime.
Elles ne s'appliqueront pas dans tous les cas. Les sanctions obligatoires les plus lourdes s'appliqueront aux cas les plus graves. D'aucuns prétendront que ces peines obligatoires sont inadéquates et qu'elles ne contribueront en aucun cas à dissuader ce genre de criminels. Je ne suis absolument pas d'accord, car j'estime que ces sanctions ne sont pas seulement dissuasives. Elles signifient clairement que, pour nous, un tel comportement est tout à fait inacceptable et qu'il doit être condamné et puni de façon non ambiguë, surtout si le comportement en question est lié au crime organisé ou au terrorisme, ou si les vies des personnes entrées illégalement sont en danger.
Je suis convaincu que les Canadiens reconnaissent avec moi que, dans de telles circonstances, les sanctions imposées reflètent la gravité du crime. Il convient de noter que la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés n'est pas le seul texte législatif à être renforcé par ce projet de loi.
En effet, le projet de loi propose des sanctions plus sévères en cas de violation de la Loi sur la sûreté du transport maritime. Par exemple, si des individus refusent d'obéir à une directive ministérielle les enjoignant de sortir des eaux territoriales canadiennes, s’ils mentent à des représentants des pouvoirs publics ou s'ils les induisent en erreur, ils peuvent se voir infliger une amende pouvant aller jusqu'à 200 000 $ ou une peine d'emprisonnement, ou les deux. En cas de récidive, l'amende peut aller jusqu'à 500 000 $. Je pense que de telles dispositions permettront d'envoyer un message clair.
Le projet de loi est un jalon important dans notre combat contre le passage de clandestins. Il est toutefois important de souligner que ce n'est pas la seule mesure que nous prenons. Je sais que le gouvernement déploie des efforts importants sur le plan international pour lutter contre ce fléau, notamment par l'entremise du conseiller spécial du en matière de passage de clandestins et de migration illégale.
Tous ensemble, nous nous sommes engagés dans la bonne direction, afin que de garantir que les passeurs vont y réfléchir à deux fois avant de mettre le cap sur le Canada. J'invite instamment tous mes collègues à appuyer avec moi le projet de loi .