propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je me réjouis de prendre la parole à propos du projet de loi .
Le projet de loi vise trois grands objectifs. Primo, empêcher les non-citoyens de voter aux élections fédérales; secundo, exiger des électeurs résidant à l'étranger qu'ils prouvent leur identité, leur dernière adresse de résidence au Canada et leur citoyenneté; tertio, fixer un ensemble de règles pour l'ensemble des Canadiens qui votent à l'extérieur du pays.
Qu'est-ce qui a inspiré le projet de loi? Je renvoie les députés à l'arrêt Frank et al. c. Procureur général du Canada de la Cour supérieure de l'Ontario, où le tribunal a invalidé la loi en vigueur, qui privait les citoyens de leur droit de vote s'ils se trouvaient à l'extérieur du pays depuis plus de cinq années consécutives ou qu'ils n'avaient pas l'intention d'y revenir. Selon les estimations, il pourrait y avoir jusqu’à 1,4 million de nouveaux électeurs admissibles, et le système de gestion de leur vote est désuet.
Passons maintenant à certains des problèmes particuliers que poserait le maintien du statu quo, puis à la manière dont le projet de loi vise à répondre à chacun d'entre eux.
Le premier problème c'est qu'environ 40 000 personnes n'ayant pas la citoyenneté canadienne figurent sur la liste des électeurs. Élections Canada a porté ce chiffre à mon attention et a mentionné que ces listes ne sont pas parfaites. En effet, les noms de personnes qui traitent avec les gouvernements se retrouvent dans le système et, par inadvertance, sur la liste des électeurs. Des cartes d'information de l'électeur les informant où elles peuvent aller voter leur sont envoyées, même si elles n'ont pas le droit de voter.
Le problème, c'est que certaines iront voter, même si elles n'ont pas la citoyenneté parce qu'elles pensent y avoir droit. À partir du moment où elles ont reçu une carte d'information de l'électeur les informant qu'elles doivent se rendre à l'école élémentaire du coin pour voter, il est logique qu'elles pensent qu'en qualité de résident permanent elles peuvent le faire. Parmi les 40 000 personnes que j'ai mentionnées, il y en aura qui enfreindront la loi sans le vouloir.
Il y en aura aussi qui enfreindront délibérément la loi. Du fait que leur nom figure sur la liste des électeurs, elles n'ont même pas à signer une déclaration sous serment affirmant qu'elles ont la citoyenneté canadienne lorsqu'elles se présentent au bureau de scrutin. Seules les personnes qui ne figurent pas sur la liste des électeurs doivent prêter le serment de citoyenneté lorsqu'elles vont voter.
La solution prévue par la autorisera le à fournir au directeur général des élections le nom, le sexe, la date de naissance et l'adresse des non-citoyens qui résident au Canada, afin qu'Élections Canada puisse établir des correspondances dans le Registre national des électeurs et supprimer les enregistrements en question. Je crains que cette entreprise soit très difficile et monotone, mais elle en vaudra la peine. Si cela permet de faire passer le nombre de non-citoyens de 40 000 à un chiffre plus faible, ou peut-être de les éliminer complètement, nous pourrons nous réjouir d'avoir amélioré l'exactitude de la liste électorale et l'équité de nos élections.
Le problème suivant tient au fait qu'aux termes de la loi actuelle, les Canadiens qui votent à l'étranger n'ont pas besoin de prouver qu'un lien existe entre eux et la circonscription où leur vote est compté. À l'heure actuelle, si une personne vit à Londres, en Angleterre, ou à Washington, D.C., par exemple, et qu'elle souhaite voter au Canada, elle peut s'inscrire pour voter dans à peu près n'importe quelle circonscription à laquelle elle a l'impression d'être liée, et ce lien ne sera pas vérifié par Élections Canada. Tous les autres électeurs doivent voter dans la circonscription où ils résident, car ce lien résidentiel joue un rôle crucial dans notre système fondé sur les circonscriptions. Or, une double norme permet à certains Canadiens de choisir la circonscription dans laquelle ils voteront et de modifier ce choix en fonction de leur préférence du moment, alors que les autres doivent voter dans la circonscription où ils habitent ou dans celle avec laquelle ils ont un lien résidentiel
La solution consiste donc à imposer à tous les mêmes règles, ce que nous ferons en exigeant une preuve de résidence passée.
Évidemment, puisqu'une personne qui habite à l'étranger n'a vraisemblablement pas de résidence au Canada, je pense qu'il est raisonnable de lui demander de voter dans la dernière circonscription où elle a habité avant de quitter le pays. C'est ce que ferait la Loi sur le vote des citoyens. Le projet de loi exigerait que cette personne fournisse la preuve de son identité et de son adresse la plus récente au Canada au moyen des mêmes documents utilisés par les électeurs qui habitent au Canada, conformément aux nouvelles règles établies dans la Loi sur l'intégrité des élections.
Parmi ces documents, on compte notamment une pièce d'identité avec photo où figure l'ancienne adresse, ou deux documents parmi les 39 pièces d'identité approuvées par le directeur général des élections du Canada. Si l'adresse ne figure sur aucun des documents, les électeurs pourraient demander à quelqu'un d'attester par écrit qu'ils ont effectivement habité dans la circonscription où ils veulent voter. Cette attestation serait considérée comme une preuve de résidence passée.
Si ces règles peuvent sembler familières, c'est que ce sont les mêmes que celles qui ont été instaurées dans le cadre de la Loi sur l'intégrité des élections. Cette loi exige que les électeurs présentent une pièce d'identité pour pouvoir voter, mais si l'adresse n'y figure pas, ils peuvent demander à quelqu'un d'attester par écrit qu'ils habitent dans la circonscription où ils veulent voter ou cosigner avec quelqu'un un document sous serment qui atteste leur lieu de résidence. Nous appliquons tout simplement à l'extérieur du Canada les règles que nous appliquons à l'intérieur du pays.
Certains pourraient s'inquiéter du fait que les documents soient expirés. Si quelqu'un habite à l'étranger depuis 10 ou 15 ans, ses documents ne seront évidemment pas à jour. Nous avons précisé dans le projet de loi que les documents expirés sont des pièces d'identité acceptables. Donc, si quelqu'un possède un ancien permis de conduire dont la date d'expiration est passée, il s'agirait quand même d'une preuve admissible de résidence canadienne antérieure, ce qui permettrait à cet électeur de voter dans la circonscription où il a habité.
Le fait qu'il y ait deux poids, deux mesures en ce qui concerne le vote à l'étranger constitue un autre problème.
Il y a deux types d'électeurs qui votent à l'étranger. Il y a ceux qui résident au Canada, mais qui sont en vacances ou qui travaillent à l'étranger durant les élections, comme les retraités qui passent l'hiver en Floride ou en Californie. Ils doivent voter par bulletin spécial. Pour le faire, ils doivent présenter une demande de bulletin de vote spécial à chaque élection et fournir une pièce d'identité indiquant leur adresse de résidence au Canada; ils reçoivent alors un bulletin de vote pour la circonscription dans laquelle ils résident. Ils envoient ensuite le bulletin de vote par la poste, et leur vote sera compté dans la bonne circonscription.
En revanche, les non-résidents à long terme, ceux qui vivent à l'extérieur du Canada, échappent à ces obligations. Ils n'ont qu'à demander une seule fois d'être inscrits sur la liste électorale, et un bulletin de vote leur est envoyé systématiquement par la poste dès le déclenchement d'élections. Cela crée beaucoup de problèmes.
L'un de ces problèmes, c'est qu'une personne pourrait facilement être déménagée. Quelqu'un vivant à Mexico pourrait être déménagé dans une autre région du monde, mais Élections Canada continuerait d'envoyer son bulletin de vote à Mexico, dans la boîte postale d'une personne qui n'a aucun lien avec le Canada et qui n'est pas censée être en possession d'un bulletin de vote canadien. Des bulletins de vote seraient donc envoyés indéfiniment aux mauvaises personnes et, dans ces circonstances, il n'existe aucun moyen de vérifier que l'adresse est exacte. L'obligation de demander un bulletin de vote pour chaque élection est une façon simple de mettre à jour la liste des Canadiens qui votent à l'étranger.
Je voudrais maintenant passer à la question de la preuve de citoyenneté. La Loi sur le vote des citoyens exigerait que tous les électeurs qui votent à l'extérieur du Canada fournissent une preuve de citoyenneté. Cette obligation s'appliquerait à tout le monde, sauf aux membres des Forces canadiennes.
Enfin, la Loi sur le vote des citoyens prévoit une vérification externe du travail d'Élections Canada pour veiller à ce que toutes ces règles soient suivies. Cette vérification était déjà prévue dans la Loi sur l'intégrité des élections, mais elle ne concerne pour l'instant que les électeurs qui votent au pays. Nous l'étendons simplement à tous ceux qui votent hors du pays.
Comment le système proposé se compare-t-il à ceux des autres pays? Beaucoup de démocraties qui partagent nos vues restreignent le vote des non-résidents et prévoient des exceptions limitées dans le cas des citoyens affectés à l'étranger.
Par exemple, au Royaume-Uni, les non-résidents peuvent voter uniquement s'ils sont à l'extérieur du pays depuis moins de 15 ans. En Irlande, les non-résidents ne peuvent pas voter. S'ils n'habitent pas en Irlande, ils ne votent pas en Irlande. En Australie, les non-résidents peuvent voter uniquement s'ils vivent à l'étranger depuis moins de six ans et comptent retourner vivre au pays au cours des six prochaines années. Ils doivent fournir leur numéro de permis de conduire australien ou leur numéro de passeport australien, ou encore faire confirmer leur identité — et non leur adresse — par une personne dont le nom figure sur la liste électorale en signant le formulaire prescrit. En Nouvelle-Zélande, les citoyens qui ne résident pas au pays peuvent voter uniquement s'ils sont à l'étranger depuis moins de trois ans. En Allemagne, les non-résidents peuvent voter uniquement s'ils sont à l'étranger depuis moins de 25 ans. Ils doivent en outre avoir vécu en Allemagne pendant trois mois consécutifs après leur 14e anniversaire de naissance.
Sans que j'entre dans tous les détails, les députés peuvent conclure, à la vue de ces exemples, que le Canada, qui permet actuellement à tous les Canadiens vivant à l'étranger de voter sans restriction, possède, parmi ses pairs, l'un des systèmes les plus généreux d'exercice du droit de vote pour les citoyens à l'étranger.
Le projet de loi qui nous est soumis ne rendrait pas le système moins généreux, mais il ferait en sorte que seuls les citoyens votent, que leur vote soit compté dans la circonscription d'où ils viennent et qu'ils votent seulement une fois. Ces précautions sont fondamentales pour assurer l'intégrité de notre système électoral, et le projet de loi ferait en sorte que les Canadiens votant à l'étranger soient soumis, eux aussi, aux règles que nous avons établies pour ceux qui votent au pays.
C'est essentiellement la proposition que nous faisons à la Chambre. Je remercie la Chambre de m'avoir donné cette occasion de m'adresser à elle.
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Monsieur le Président, je remercie le ministre de son exposé. À l'instar de mon collègue de , je reconnais que le ministre n'est pas exactement en pleine forme aujourd'hui. Par conséquent, dans l'esprit de la déclaration du , il se peut que je me montre un peu plus indulgent que j'avais prévu l'être.
Certains parmi nous ont peut-être eu l'occasion de lire l'article publié dans le National Post d'aujourd'hui où j'explique sans équivoque que, à mon avis — je pense d'ailleurs avoir lancé le débat sur le projet de loi , que nous appelons la loi sur le manque d'intégrité des élections, de la même manière —, les modifications législatives proposées dans le projet de loi auront pour effet, à tout le moins, d'empêcher les citoyens vivant à l'étranger de voter. De plus, des dispositions interdisant au directeur général des élections d'autoriser l'utilisation de pièces d'identité non délivrées au Canada pourraient semer le chaos dans le système électoral canadien, chose que je ne suis pas sûr que le ministre saisisse entièrement. Permettez-moi d'expliquer en quoi cela pourrait poser problème.
Je persiste à dire que le projet de loi entraînera des résultats qui poseront problème. Comme les changements proposés ont été inclus délibérément dans le projet de loi, je suis d'avis que le ministre est sans doute conscient de leurs incidences. J'espère qu'il se montrera ouvert à des amendements substantiels après avoir entendu les arguments présentés durant le débat et les critiques qui ont commencé à fuser. Parmi ces amendements, certains sont assez simples — pour reprendre les mots du ministre —, et néanmoins efficaces pour abolir efficacement les sérieux obstacles que j'entrevois. Bien que le ministre ne s'en soit pas vanté durant son allocution, il faut souligner que lors de la présentation du projet de loi en décembre, on a déployé beaucoup d'efforts pour lui donner un certain éclairage, ce qui a créé deux fausses impressions, qu'il est important de connaître.
Premièrement, le communiqué de presse inclus dans le précis d'information laissait entendre que le gouvernement compte mettre en vigueur le jugement Frank, selon lequel les citoyens vivant à l'étranger pendant plus de cinq ans auraient désormais le droit de voter depuis l'extérieur du pays. On ne précisait pas clairement dans la documentation si la décision Frank avait été prise en compte. Il faut comprendre que le projet de loi n'abolit aucune des dispositions de la Loi électorale du Canada que la Cour supérieure de l'Ontario a invalidée dans la décision Frank. Elles font toujours partie du texte de loi. Pourquoi? Parce que le gouvernement a clairement fait le choix d'empêcher de voter les citoyens vivant à l'étranger depuis plus de cinq ans. Le gouvernement a porté la décision en appel et a réclamé un sursis d'exécution pour l'empêcher d'entrer en vigueur, demande qui a été rejetée par la Cour d'appel de l'Ontario.
Le fait est que le gouvernement cherche toujours activement à priver du droit de vote les Canadiens qui vivent à l'étranger depuis plus de cinq ans. Le projet de loi se présente de manière à donner l'illusion qu'un effort est fait pour corriger cela. Or, s'il souhaitait réellement respecter le jugement Frank, le gouvernement n'aurait qu'à adopter ce que suggère la députée d' dans le projet de loi et simplement abroger les articles que le juge a déclarés inconstitutionnels dans cette affaire. Au lieu de cela, on se sert de la décision Frank pour justifier la modification radicale de choses dont il n'a pourtant jamais été question dans l'affaire Frank. Il est important de ne pas laisser les gens sous l'impression que le gouvernement agi conformément au jugement Frank. En fait, le gouvernement en appelle toujours de cette décision.
Deuxièmement, le communiqué de presse prétend directement que le projet de loi vise uniquement à appliquer les mêmes règles d'identification des électeurs que celles adoptées dans la soi-disant Loi sur l'intégrité des élections, le projet de loi , et à étendre ces règles aux Canadiens qui votent depuis un pays étranger. Il y a un de vrai dans cela. Le projet de loi C-50 propose certaines dispositions analogues. C'est le cas notamment du processus d'attestation d'adresse par un répondant. Toutefois il prévoit une nouvelle interdiction à l'égard du genre de documents que le directeur général des élections peut désigner pièces d'identité. Cette interdiction vise des documents que tout le monde utilise.
Le nouveau paragraphe 143(2.11) s'appliquerait à tous les électeurs et ajouterait ni plus ni moins aux restrictions auxquelles doit se plier le directeur général des élections concernant les types d'identification qu'il peut autoriser.
À cause de la manière dont cette disposition est rédigée, elle aura des conséquences ici, au Canada. Elle compliquera aussi atrocement la vie de certains Canadiens vivant à l'étranger, qui auront bien du mal à produire les pièces d'identité demandées. Cette disposition les en empêchera. C'est nouveau, et ce n'était pas dans le projet de loi .
Je tiens ici à bien mettre les choses en contexte afin de prouver que ce que j'avance est exact.
C'est aussi important de bien mettre les choses en contexte, parce que, même si le ministre a minimisé la portée du problème — j'en suis conscient —, les signes annonçant que les choses prendraient une autre tangente étaient là. Il n'y a à peu près rien qui nous permette d'affirmer qu'il y a un problème de fraude associé au vote à l'étranger. Le juge Penny, de la Cour supérieure, a essentiellement dit que ces prétentions étaient si peu réalistes qu'elles ne constituaient pas une raison pressante et réelle, au sens de l'article 1 de la Charte, de restreindre le droit de vote.
Le « magasinage de circonscription » n'a jamais été perçu comme un problème par Élections Canada. À l'heure actuelle, le système est conçu de manière à multiplier les moyens permettant à une personne vivant à l'étranger de voter et à faciliter ses démarches. Qu'on prétende qu'il y a quelque chose d'illégal parce qu'une personne choisit d'aller voter dans la circonscription où vivent ses parents au lieu de celle où elle a habité en dernier sent à mon avis le stratagème destiné à rendre un projet de loi intéressant, voire nécessaire, même si, en réalité, il n'y a pas de problème. Le phénomène du « magasinage de circonscription » n'existe pas, sauf peut-être dans l'imagination du ministre.
J'insiste sur le fait que c'est le directeur général des élections qui a appris au ministre qu'environ 40 000 non-citoyens sont inscrits au registre, et je me réjouis qu'il ait décidé de faire quelque chose après deux ans. Le nouveau mécanisme qui permettrait au d'autoriser Élections Canada à consulter la base de données que tient CIC sur les non-citoyens est tout à fait louable. Je rappelle cependant que, si ce mécanisme est envisagé, c'est parce qu'on craint que ces personnes puissent — par erreur — être inscrites au registre national et non à ce qui, jusqu'ici, s'appelle encore le registre international. Or, pour s'inscrire au registre international, il faut qu'une personne prouve sa citoyenneté.
C'est un problème distinct qu'aborde le projet de loi, mais il ne faut pas le confondre avec l'inquiétude selon laquelle des non-citoyens pourraient voter de l'étranger. J'ai bien peur qu'en mettant l'accent sur cette question, sans le vouloir, le ministre laisse entendre que c'est ce qui se passe à l'heure actuelle. Ce n'est pas le cas. On parle seulement de nettoyer le registre national pour les personnes qui se trouvent au Canada. C'est tout à fait correct, il s'agit d'un élément judicieux de ce projet de loi.
Je me dois de signaler qu'Élections Canada n'a pas été consulté lors de la préparation de ce projet de loi, à l'exception d'une discussion qui a eu lieu il y a quelques années et qui visait à s'assurer que l'on retire du registre national les noms de non-citoyens qui n'auraient pas dû y figurer. Cela posera certainement problème lors de l'étude en comité, puisque les représentants d'Élections Canada présenteront sans doute des témoignages détaillés dans lesquels ils mettront en lumière les nombreux problèmes que l'adoption de ce projet de loi pourrait créer.
Si le ministre se montre véritablement ouvert à apporter des changements à son projet de loi — cela sera vraisemblablement nécessaire puisqu'il n'y a pas eu de consultation —, le processus d'étude en comité pourrait s'avérer productif. Si le ministre croit qu'il a tout prévu et refuse de changer son fusil d'épaule quoi qu'en pense Élections Canada, nous aurons un grave problème. En effet, cela confirmerait que ce projet de loi vise bel et bien à compliquer la tâche des électeurs qui se trouvent à l'étranger, et que ce n'est pas qu'une fausse impression laissée par la formulation utilisée dans le projet de loi.
Passons ensuite à la question qui est demeurée sous silence jusqu'à présent, c'est-à-dire le paragraphe 143(2.11). Cette nouvelle disposition impose au directeur général des élections une nouvelle interdiction. Voici ce que dit ce paragraphe:
Le directeur général des élections ne peut toutefois autoriser [...] des types d'identification délivrés par une entité autre que [...] soit un gouvernement, canadien, fédéral ou provincial, une administration locale ou l'un de leurs organismes; [...] soit une entité constituée en personne morale ou formée sous le régime d'une loi fédérale ou provinciale, ou formée autrement au Canada.
Il s'agit d'un libellé assez complexe.
L'essentiel, comme le ministre l'a dit clairement, c'est que la pièce d'identité soit délivrée uniquement au Canada. Cela semble être l'idée générale. Le hic, c'est qu'une telle approche risque de créer, au bout du compte, de sérieux problèmes administratifs au Canada, voire d'autres problèmes encore plus graves.
Cette nouvelle interdiction, qui vise les électeurs résidant à l'étranger et qui les oblige en quelque sorte à présenter des pièces d'identité produites au Canada, aura un impact sur tous les Canadiens qui iront voter le jour des élections.
Qu'est-ce qui explique cette préoccupation? Tout d'abord, l'expression « formée au Canada » n'est pas un concept juridiquement reconnu, d'autant plus qu'elle n'est pas définie dans le projet de loi. La question de savoir en quoi consiste une « entité formée au Canada » donnera du fil à retordre à Élections Canada; il faudra essayer d'en délimiter la portée, puis d'en faire interpréter le sens le jour des élections par des fonctionnaires électoraux qui seront déjà débordés. Nous devons nous assurer à tout prix que cette notion sera bien comprise. Évidemment, le but est de faire en sorte que des organismes comme l'INCA soient inclus et de préciser qu'il ne s'agit pas simplement de documents émis par des sociétés, comme des factures de services publics, et cetera. Cependant, le libellé qui est utilisé n'est pas très clair.
Voici un problème. De nos jours, les électeurs peuvent utiliser un relevé de carte de crédit Visa, Amex ou MasteCard comme pièce prouvant leur lieu de résidence. Toutefois, lorsque les gens présenteront désormais de tels relevés, le scrutateur ou l'agent en chef du scrutin pourra se demander si Visa est une entité constituée en personne morale ou formée au Canada. Y a-t-il une entité du nom de Visa Canada, et qui a délivré le document? Ce genre de remise en question risque de poser problème, même si cela semble être farfelu. Cela créera de sérieuses difficultés sur le plan de l'applicabilité. Je sais d'ailleurs avec certitude qu'Élections Canada s'inquiète de ce fardeau supplémentaire et des erreurs qui pourraient être commises.
Deuxièmement, je ne sais pas trop si le libellé couvrira les baux privés, comme je l'ai demandé au ministre. Le libellé porte sur les sociétés, sur les entités ou sur les organismes gouvernementaux. On n'y fait pas mention d'un document délivré par un particulier, à savoir les baux de location privés. Ils constituent souvent une forme d'identification qu'utilisent généralement les étudiants universitaires pour prouver leur adresse de résidence.
Quoi qu'il en soit, cela donnera lieu à des problèmes d'applicabilité que je ne pense pas que le ministre voulait créer, mais dont on entendra parler au comité par les représentants d'Élections Canada. Le problème d'applicabilité est énorme.
Je crains également que certains scrutateurs de parti, qui pourraient désormais vérifier des pièces d'identité en vertu du projet de loi , perçoivent ces nouvelles règles comme étant une occasion d'exiger, plus souvent qu'ils ne le devraient, la preuve que cette nouvelle disposition a été respectée.
Si une personne présente une facture de carte Visa, quelqu'un peut demander au scrutateur si c'est un document émis par une entité formée au Canada. Ce pourrait être un document émis par une entité qui fait des affaires au Canada. Nous pouvons imaginer les abus qui pourraient survenir.
J'agis un peu comme le ministre en envisageant les abus éventuels. Le ministre regarde d'un côté et je regarde de l'autre. Nous devons discuter de ce problème.
Dans les minutes qu'il me reste, je veux parler de la grande préoccupation connue de tous, à savoir que les nouvelles exigences pour les citoyens qui votent à l'étranger peuvent être extrêmement contraignantes. Elles peuvent causer des retards et les bulletins de vote pourraient ne pas arriver à temps pour être comptés.
Le principal problème, c'est l'exigence selon laquelle les électeurs doivent s'inscrire à toutes les élections, faire une demande pour recevoir un bulletin de vote ou s'inscrire, bref procéder à toutes les étapes d'un seul coup, seulement une fois que le décret d'élection est émis. Les gens doivent savoir que c'est déjà arrivé. Ils doivent s'inscrire assez rapidement pour s'assurer que tous les échanges postaux puissent se faire. Comme le ministre l'a dit, lorsqu'une personne est à Dar es Salaam, à New Delhi ou à Sydney, il lui faut du temps pour envoyer sa demande, même si c'est pas voie électronique, puis pour recevoir le bulletin de vote spécial et le retourner par la poste.
Bien des raisons — par exemple le fonctionnement des services postaux ou le fait que les citoyens à l'étranger ne savent peut-être pas toujours quand les brefs sont délivrés — pourraient rendre les délais presque impossibles à respecter. Les gens peuvent actuellement s'inscrire à tout moment au registre international. Je crois toutefois que des représentants d'Élections Canada diront au comité que le nombre de bulletins de vote qui arrivent en retard est en hausse actuellement dans le cas des gens qui attendent le déclenchement des élections pour s'inscrire au registre.
Le nouveau projet de loi ne permet qu'une seule façon de procéder, ce qui cause la situation problématique que nous connaissons pour les gens qui attendent trop longtemps avant de s'inscrire, qui reçoivent tardivement leur bulletin de vote et qui doivent le retourner par la poste. Le problème des retards est donc énorme.
Il ne faut pas, non plus, minimiser le problème des pièces d'identité. Plus les gens sont à l'étranger depuis longtemps, plus la possibilité qu'ils aient gardé d'autres pièces d'identité canadiennes que leur passeport est faible. Dans certains États, on doit remettre le vieux permis de conduire pour pouvoir en obtenir un nouveau. Pour les gens qui ne jettent rien et qui ont conservé toutes les pièces d'identité qu'ils ont déjà reçues, ce n'est peut-être pas un problème. Mais, comme on ne leur a jamais dit de ne pas le faire, bien des gens parmi les 2 millions de Canadiens qui sont actuellement à l'étranger se sont peut-être déjà débarrassés des pièces d'identité dont ils auront maintenant besoin, ou les ont peut-être perdues.
Ils ne peuvent pas s'attendre à ce que le directeur général des élections publie une liste des pièces d'identité émises par d'autres pays qui peuvent servir à prouver leur adresse. Disons que certaines personnes doivent toujours prouver l'exactitude de leur dernière adresse connue de la façon exigée par le projet de loi et qu'elles peuvent utiliser leur passeport et certaines pièces d'identité étrangères pour confirmer leur identité. Le directeur général des élections ne pourra pas permettre cela, et ce, même si un permis de conduire délivré par un autre pays est tout aussi utile pour prouver l'identité d'une personne que son permis de conduire canadien. Ce document n'a rien à voir avec l'adresse, mais il permet de confirmer l'identité de son propriétaire. Par conséquent, nous devons tenir compte des problèmes graves qu'entraînera l'obligation de produire deux pièces d'identité dans le cas de certains Canadiens qui résident à l'étranger.
J'aimerais maintenant parler du recours à un répondant. Le projet de loi éliminerait la possibilité que des gens puissent voter en faisant valoir leurs liens étroits avec des parents et mettrait l'accent uniquement sur leur dernière adresse connue. Le problème, c'est qu'ils devraient prouver l'exactitude de cette adresse sans l'ombre d'un doute. Si l'électeur n'a pas conservé de pièces d'identité, comme son permis de conduire — par exemple, dans l'État de New York, il faut le remettre aux autorités américaines —, il devrait s'en remettre à la nouvelle disposition concernant le recours à un répondant.
La nouvelle disposition sur le recours aux répondants prévoit que les gens devront fournir une preuve de leur dernier lieu de résidence. Ils devront donc communiquer avec leurs voisins de l'époque et leur demander s'ils se souviennent qu'ils ont été voisins il y a sept ans. Ils devront leur demander de fournir cette attestation. Ils devront leur demander de faire une déclaration solennelle, de montrer leurs pièces d'identité pour prouver qu'ils sont des électeurs, de remplir un formulaire et de le leur remettre, puis ils devront inclure ce formulaire dans le dossier qu'ils présenteront pour avoir le droit de voter. De toute évidence, cette façon de procéder pose un problème important: elle causera des retards. Si une personne doit trouver un répondant pendant une campagne électorale qui dure 35 jours, il sera à peu près impossible de respecter l'échéance.
L'autre problème tient au fait que les règles énoncées dans le projet de loi s'appliquent également. Ainsi, une personne ne peut être le répondant que d'une seule personne. Si une famille de quatre personnes qui habite à l'étranger ne peut trouver qu'un seul voisin qui habite encore là où la famille habitait et que ce voisin vit seul, il ne pourra être le répondant que d'un seul membre de la famille. Tant pis pour les trois autres personnes.
Il est donc très clair que le recours à un répondant ne serait pas aussi relativement facile qu'il l'est actuellement au Canada, où une personne peut se faire accompagner par un répondant le jour où elle va voter. Affirmer que les règles sont les mêmes pour ceux qui votent au Canada et ceux qui votent à l'étranger démontre une compréhension très formaliste du concept d'égalité puisque, lorsque les mêmes règles s'appliquent à des circonstances très différentes, il y a un grave désavantage à se conformer aux règles. Le comité en découvrira de nombreux exemples, et c'est quelque chose qui exigera vraiment l'attention du ministre.
Je veux donner un autre exemple. Les étudiants se rendant à l'étranger pour obtenir leur maîtrise ou leur doctorat viennent souvent d'une autre université. À leur arrivée à Londres, à Paris ou à New York, ils devront prouver que leur dernier lieu de résidence se trouvait dans une ville universitaire. Cependant, les anciens étudiants de cette université sont à peu près les seules personnes qui le savent, et ils ont eux aussi déménagé. Comment peut-on mettre en place un système de répondants qui fonctionne dans une telle situation? Cela peut sembler être un problème imaginaire, mais ce n'est pas le cas. Quand nous pensons à des étudiants déménageant à l'étranger, ce sont habituellement des étudiants qui vivaient auparavant dans des villes universitaires ou à un endroit qu'ils ont habité le temps de leurs études.
Je dirais que le projet de loi aurait clairement pour effet de supprimer le vote de citoyens canadiens vivant à l'étranger, ce qui va complètement à l'encontre de l'esprit de la décision Frank, alors que le ministre l'avait initialement invoquée comme la raison de ces modifications.
Par sympathie pour le ministre, qui semble avoir une grippe aujourd'hui, je vais arrêter de le critiquer trop durement. Cependant, j'espère sincèrement que ces faiblesses du projet de loi ne sont pas intentionnelles. J'espère aussi que, pour une fois, nous serons en mesure de faire adopter des amendements importants au comité parce que ce projet de loi comporte indubitablement des éléments problématiques.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député d'.
Mes collègues croyaient peut-être, à leur grande consternation, que je tentais une manoeuvre de diversion. J'en suis désolé. Quoi qu'il en soit, je suis certain que le député d' inspire le plus grand respect aux députés, tout comme à ses électeurs.
Tout d'abord, j'aimerais souligner que bon nombre des points importants ont déjà été soulevés. J'aimerais aussi dire, en guise d'introduction, que je suis un ardent défenseur de la Charte canadienne des droits et libertés, dont l'article 3 affirme que toute personne a le droit de voter, pour autant qu'elle soit citoyenne canadienne et ait au moins 18 ans. Il semble que le projet de loi pourrait peut-être nuire à ce droit de vote, ce qui m'inspire des questions. Comme l'a souligné un de mes collègues, les conservateurs étant majoritaires à la Chambre, ce projet de loi sera renvoyé au comité, du moins si tous les députés conservateurs votent en sa faveur. Il faudrait que le comité y apporte des amendements considérables. Vraiment considérables.
Un des éléments est positif. Les autres soulèvent beaucoup de questions et pourraient, comme l'a dit mon collègue, causer un certain chaos, du moins en ce qui concerne l'administration des élections et les électeurs qui se trouvent à l'extérieur du pays de façon temporaire ou permanente.
J'aimerais m'attarder sur quelques éléments du projet de loi . Avant de parler de l'arrêt Frank, je me pencherai sur l'idée d'éliminer le registre des électeurs établis temporairement à l'étranger et d'inclure les renseignements qui y figuraient dans le registre des électeurs. Il s'agit en fait d'harmoniser le processus concernant les bulletins de vote spéciaux.
Lorsque les conservateurs, le ministre en particulier, parlent de règles identiques pour les citoyens résidents et non résidents, ils font abstraction d'une grosse partie du problème, car les deux situations sont complètement différentes. N'oublions pas que l'objectif premier de la démarche n'est pas d'administrer le système électoral de manière efficiente, mais bien de ne pas brimer quiconque en le privant de son droit de vote. La suppression du droit de vote a été dénoncée par rapport au projet de loi et de nouveau par rapport au projet de loi , car c'est ce qu'il faut éviter à tout prix.
Néanmoins, il persiste un certain degré de suppression qui s'inscrit dans une tendance. Il y a d'abord eu le recours à un répondant et maintenant cela, sans compter les problèmes que le rejet de la carte d'information de l'électeur a causés lorsque nous avons débattu du projet de loi C-23.
Le projet de loi obligerait les électeurs canadiens qui résident à l'étranger à présenter une demande d'inscription et de bulletin de vote spécial, après la délivrance des brefs, pour chaque élection fédérale. Ils pourraient obtenir un bulletin de vote spécial seulement pour leur dernière adresse de résidence au Canada.
Il y a deux points ici. Ce qui facilitait les choses par le passé, c'est que les gens pouvaient s'inscrire pour voter alors qu'ils vivaient à l'étranger. Maintenant, ils ne pourraient le faire qu'à la délivrance du bref et, comme il a déjà été mentionné, ils auraient peu de temps pour le faire. Le délai serait beaucoup plus court. Il s'agit là de cas spéciaux d'électeurs vivant à l'étranger. Nous ferions donc en sorte qu'il leur serait particulièrement difficile de voter, en dépit du fait qu'ils ont le droit de voter.
Le projet de loi exigerait qu'un vérificateur externe vérifie, pour chaque élection, que le personnel électoral observe les procédures et les exigences s’appliquant aux électeurs quant au vote par bulletin spécial et produise un rapport sur la question et créerait une infraction dans le cas où une personne tente de voter par bulletin de vote spécial alors qu’elle sait qu’elle n’a pas qualité d’électeur. Cela s'applique aux électeurs qui résident temporairement à l'extérieur du Canada, aux électeurs résidant au Canada et attestant de façon irrégulière du lieu de résidence de plusieurs électeurs, et aux personnes dont le lieu de résidence a été attesté par un électeur et qui fournissent une telle attestation pour un autre électeur.
Nous savons que le gouvernement veut réduire les possibilités de fraude électorale. Nous avons déjà entendu tout cela. Il ne veut pas envoyer, à une adresse à l'extérieur du Canada, un bulletin de vote dont pourrait s'emparer une personne qui n'est pas un citoyen canadien. En même temps, nous revenons à un argument déjà invoqué. C'est une solution à un problème inexistant et on la retrouve encore dans le projet de loi .
Ce projet de loi comporte une nouveauté — et je vais en parler tout de suite puisque nous sommes d'accord à ce sujet — et c'est d'autoriser le à fournir au directeur général des élections de l'information pour l'aider à radier du Registre des électeurs le nom des personnes qui ne sont pas des citoyens canadiens.
Nous convenons que cela devrait pouvoir se faire et devrait être envisagé. Presque tout le monde à la Chambre conviendrait que c'est le genre de mesure qui devrait être prise pour permettre l'échange d'information et nous assurer de pouvoir exercer notre droit de vote.
Les circonstances qui ont amené les Canadiens à l'étranger à être autorisés à voter remontent à la Première Guerre mondiale. Le droit de vote a été accordé aux soldats qui ont vaillamment combattu pour nous pendant leur séjour à l'étranger. Il s'agit là d'une extension naturelle de la citoyenneté canadienne et du privilège de vivre dans un pays aussi merveilleux. Cette extension s'applique toujours. Elle est offerte aux gens qui travaillent pour le gouvernement du Canada, que ce soit dans les Forces armées ou dans les ambassades partout dans le monde, afin qu'ils puissent voter comme ils le feraient s'ils résidaient au Canada.
La question que je me pose et à laquelle personne n'a encore répondu concerne les membres de leur famille, en particulier les conjoints ou les partenaires, qui ont le droit de voter, mais qui sont assujettis à des règles différentes de celles qui s'appliquent aux employés du gouvernement du Canada. C'est problématique parce que tous les cinq ans, ils doivent franchir de nouveau les étapes du processus d'inscription, alors que les employés du gouvernement n'ont pas à le faire. Par conséquent, deux personnes différentes, qui, pour les mêmes raisons, vivent à la même adresse dans un pays étranger, sont assujetties à des règles différentes. Maintenant que nous nous rapprochons de la date où nous examinerons le projet de loi en comité, j'espère que certains amendements régleront ce problème.
En 1993, les règles ont été modifiées de nouveau afin d'accorder le droit de vote à un plus grand nombre de personnes. Cependant, la règle selon laquelle les personnes qui vivent à l'étranger depuis plus de cinq ans ne sont pas autorisées à voter existe toujours, même s'il s'agit de citoyens canadiens âgés de plus de 18 ans qui ont le droit de voter. Récemment, la décision Frank a établi que cette règle n'était pas acceptable, parce qu'elle privait ces citoyens canadiens âgés de plus de 18 ans, qui se trouvent à vivre à l'étranger à court terme ou long terme, de la possibilité d'exercer leur droit de vote en vertu de la Constitution.
En examinant la décision Frank et al., je constate que l'article 3 de la Charte indique que:
Tout citoyen canadien a le droit de vote et est éligible aux élections législatives fédérales ou provinciales.
La décision Frank demandait au gouvernement d'agir à ce sujet. Cependant, il est difficile de déterminer si c'est ce que fait le projet de loi . Je ne suis pas constitutionnaliste, mais, après avoir lu le projet de loi, je n'arrive toujours pas à trouver comment il protège le droit de vote des citoyens qui habitent à l'extérieur du pays depuis plus de cinq ans, parce qu'il ne le protège pas du tout. Je pense qu'on a créé un cauchemar administratif pour de nombreux citoyens qui veulent voter. Dans le passé, ils pouvaient s'inscrire une fois qu'ils se trouvaient à l'extérieur du pays, mais cela n'est plus possible. Ils doivent maintenant attendre le déclenchement des élections, ce qui les place dans une situation délicate en ce qui concerne les délais. Je comprends que certains mécanismes en ligne dont le ministre a parlé pourraient remédier à cette situation, mais le processus demeure le même.
Le projet de loi semble muet à propos de la vérification de la signature des citoyens qui habitent à l'extérieur du pays, ou bien je n'ai pas encore trouvé les dispositions à ce sujet. J'espère que le ministre peut tirer les choses au clair. Cette condition n'existe plus. Deux signatures, l'une sur le bulletin de vote et l'autre sur le formulaire, auraient permis de déterminer et de vérifier plus facilement l'identité de ces personnes. Cela aurait grandement contribué à faciliter la tâche d'Élections Canada et c'est une mesure que nous devons envisager.
J'aimerais aussi parler du magasinage électoral. Le gouvernement a déclaré à maintes reprises que cela pose problème. Pour les personnes qui ne savent pas ce qu'est le magasinage électoral, essentiellement, c'est lorsque les gens peuvent choisir la circonscription dans laquelle ils veulent voter. Élections Canada n'a cependant jamais indiqué que cela posait un problème important ni qu'il y avait trop d'abus et que la loi devait être modifiée. Encore une fois, c'est une solution à la recherche d'un problème. Malheureusement, cela nuirait à leur capacité de voter, à leur droit prévu à l'article 3 de la Charte. En conséquence, en examinant cette question, nous constatons que le gouvernement veut éliminer un abus qui n'existait peut-être pas, selon nous, en rendant la tâche plus difficile à ceux qui veulent voter en toute légitimité dans la circonscription où ils habitaient lorsqu'ils ont quitté le Canada. Cette mesure soulève beaucoup de questions.
Mon dernier point concerne l'entrée en vigueur de la loi dans un délai de seulement 60 jours. Je ne vois pas comment Élections Canada pourrait arriver à faire appliquer toutes ces règles en 60 jours.
:
Monsieur le Président, je voudrais remercier mon collègue de d'avoir partagé son temps de parole et mes collègues de la Chambre d'avoir accepté à l'unanimité qu'il le fasse.
[Traduction]
J'ai des questions concernant le projet de loi. Il se trouve que je représente la circonscription qui a peut-être le plus d'électeurs qui votent à l'étranger étant donné que les administrations centrales des Affaires étrangères et de la Défense nationale, ainsi que bien des fonctionnaires, s'y trouvent. Un certain nombre de personnes m'ont écrit de l'étranger pour savoir ce qui se passait.
La première chose que j'ai besoin de comprendre — et j'espère que le gouvernement pourra me donner une justification à cet égard — est que, par le passé, les Canadiens qui vivaient à l'étranger pendant plus de cinq ans ne pouvaient pas voter à moins d'être des membres des Forces canadiennes, des fonctionnaires en poste à l'étranger ou des citoyens canadiens travaillant dans une organisation internationale dont le Canada était membre, comme l'OTAN ou l'Organisation des Nations Unies. Ces personnes pouvaient continuer à voter même si elles étaient à l'étranger depuis plus de cinq ans, et leurs familles aussi.
Deux étudiants aux États-Unis voulaient voter au cours des dernières élections générales et n'ont pas pu, car ils étaient à l'étranger depuis plus de cinq ans sans être des membres des Forces, des fonctionnaires ou des employés d'une organisation internationale dont le Canada est membre. Ils n'ont donc pas été autorisés à le faire. Ils ont contesté cette décision devant les tribunaux. Il s'agit de la décision dont il a été question ce matin, Frank et al. c. Procureur général du Canada. Je l'ai lue et je vais en citer quelques paragraphes pendant ma présentation.
La raison pour laquelle j'en parle est que la distinction qui demeure dans le projet de loi se rapporte aux Forces canadiennes. Ses membres pourront continuer à voter, comme par le passé, mais pas leurs conjoints et familles, ni les fonctionnaires et les citoyens canadiens travaillant pour des organisations internationales.
J'ai reçu des lettres de deux citoyens canadiens qui sont interprètes à l'OTAN et qui s'inquiètent maintenant, car les règles qui leur permettaient de voter ne s'appliqueront plus si le projet de loi est adopté.
Quelle est la justification invoquée pour n'accorder ce privilège qu'aux membres des Forces canadiennes par le truchement des mesures prévues dans le projet de loi C-50 et pas au reste des citoyens canadiens qui avaient coutume de pouvoir voter même s'ils étaient à l'étranger depuis plus de cinq ans? Cela requiert une explication.
Je vais citer deux paragraphes de la décision, car j'estime qu'ils touchent à la nature du présent débat. Le nombre d'électeurs n'est pas si élevé. Au paragraphe 113 de la décision, on peut lire:
Je suis tout aussi perturbée par la notion de ce qui est « équitable » ou non pour la majorité d'électeurs résidant au Canada. Concrètement, la notion d'« équité » est presque toujours subjective. Pour remettre la question en contexte, depuis la mise en oeuvre des Règles électorales spéciales, en 1993, le nombre de citoyens canadiens résidant à l'étranger qui ont exercé leur droit de vote est nettement inférieur à ce que était prévu. À l'époque, Élections Canada estimait à environ 2 000 000 le nombre de Canadiens vivant à l'étranger et prévoyait en inscrire 200 000 sur la liste électorale. Aux élections suivantes, à peine plus de 15 000 bulletins de vote spéciaux ont été demandés et émis. Aux élections générales subséquentes, le nombre de bulletins de vote envoyés à l'étranger a varié de 10 733 en 2011 à 19 230 en 2000. Aux plus récentes élections, dans les 10 circonscriptions canadiennes comptant le nombre le plus élevé de bulletins spéciaux, sur le total d'électeurs inscrits dans la circonscription, la proportion d'électeurs résidant à l'étranger variait de 0,05 % à 0,2 %. Aux mêmes élections, Élections Canada a indiqué avoir reçu à peine 6 000 votes de l'étranger, comparativement à environ 26 000 votes de membres des Forces canadiennes et à presque 17 500 votes d'électeurs incarcérés.
Je cite également le paragraphe 114.
Le juge reprend ici les prétentions du gouvernement.
Le second objectif, on veut dissiper les craintes liées à la fraude électorale, souffre des mêmes faiblesses, bien qu'il soit moins vague que le premier. En l'espèce, le gouvernement a été incapable de cerner quelque problème que ce soit lié à des fraudes électorales qui auraient été commises par des non-résidents ou au vote des non-résidents et qui draineraient indûment les ressources du Parlement. En fait, le seul élément de preuve étayant ces craintes est tiré des hypothèses formulées par un professeur de science politique de l'Université d'État de New York à Buffalo; ce dernier est d'avis que l'augmentation du nombre de votes de non-résident « pourrait » soulever des inquiétudes à l'avenir. Les données d'Élections Canada révèlent qu'aucun problème n'a été recensé concernant ce type de vote.
Je tenais à vous lire ces passages parce que les chiffres montrent clairement que 6 000 des 2 millions de Canadiens non résidents ont voté, alors que 26 000 membres des forces armées ont exercé leur droit de vote. Pour revenir à ma première question, je me demande si c'est en partie ce qui explique pourquoi on a décidé de procéder de la sorte. Il serait bon que les Canadiens le sachent.
Il a aussi été souvent question des échéanciers. S'il est vrai que les électeurs disposeront de 36 jours, soit la durée de la campagne électorale, pour s'inscrire, cela causera de graves problèmes. Il faut effectivement se demander s'il ne s'agit pas d'une stratégie pour empêcher des gens de voter et faire ainsi diminuer le taux de participation. La question de la collègue du député de est très pertinente. Puisque la loi prévoit des élections à date fixe, pourquoi les Canadiens qui résident à l'étranger et qui veulent voter ne pourraient-ils pas commencer à s'inscrire dès maintenant? Vu qu'il est prévu dans la loi que les prochaines élections auront lieu le 19 octobre 2015, on faciliterait ainsi les choses pour Élections Canada et pour les électeurs, et on aiderait du coup les candidats dûment enregistrés. Ces derniers pourraient communiquer avec les Canadiens à l'étranger pour essayer de les convaincre de voter d'une façon ou d'une autre. Pourquoi ne pas accepter les inscriptions dès maintenant, au lieu d'attendre la délivrance des brefs? Je trouve cette façon de faire troublante, et j'aimerais aussi qu'on m'explique pourquoi on a décidé de procéder de la sorte.
Enfin, une question se pose en ce qui concerne la dernière adresse. Pourquoi les gens devraient-ils s'inscrire à chaque élection, alors qu'ils n'avaient pas à le faire avant? Je me questionne à ce sujet. S'ils sont inscrits au registre et que rien n'a changé en ce qui concerne leur citoyenneté, par exemple, pourquoi devraient-ils toujours se réinscrire, avec la même adresse? Que se passera-t-il s'ils ont habité dans un immeuble à appartements qui a été démoli et que l'adresse n'existe plus? Seront-ils en mesure de s'inscrire si l'adresse n'existe plus? Si l'immeuble à appartements n'existe plus et que les voisins n'habitent plus là, comment pourront-ils trouver quelqu'un qui sera en mesure de prouver qu'ils ont bel et bien habité à cet endroit? Ce sera difficile.
Je me demande dans quelle mesure les conservateurs seront prêts à apporter des amendements à des dispositions de ce type, car je ne pense pas qu'ils ont bien pesé tous les aspects de la question.
En terminant, bon nombre de députés ici présents ont été choisis comme candidats par leurs partis respectifs. J'ai toujours essayé d'envoyer de la documentation aux Canadiens qui habitent à l'étranger et qui ont le droit de voter. Si ce registre n'existe plus et si ces personnes ne peuvent pas s'inscrire avant la délivrance des brefs, de toute évidence, les candidats locaux, ou les partis, quels qu'ils soient, pourraient avoir de la difficulté à communiquer avec les citoyens canadiens qui ont le droit de vote, mais qui sont peut-être en train d'essayer de s'inscrire. Par conséquent, nous ne saurons pas comment communiquer avec eux, et les électeurs ne sauront pas qui sont les candidats locaux.
Tous ces enjeux suscitent certaines inquiétudes. Encore une fois, j'ai reçu plusieurs plaintes d'électeurs qui sont des citoyens canadiens et qui voteront à l'étranger. J'espère que le ministre ou le comité donneront suite à ces plaintes ici, ou que le gouvernement ou Élections Canada se penchera sur la question. Ce sont des questions sérieuses, et si personne n'y répond, je pense que nous ne pourrons pas appuyer le projet de loi.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis ravi d'intervenir aujourd'hui à la Chambre au sujet de la , présentée par mon collègue, le .
Le gouvernement a un excellent bilan en matière de réforme démocratique. À preuve, nous avons mis fin à la subvention par vote. Nous avons rendu la Chambre des communes plus représentative grâce à la Loi sur la représentation équitable. Plus récemment, nous avons adopté la pour éliminer les échappatoires concernant les dons des plus fortunés, mettre les citoyens ordinaires aux commandes de leur démocratie et faire en sorte qu'il soit plus difficile d'enfreindre la loi électorale. Voilà autant d'initiatives qui ont consolidé la démocratie canadienne et renforcé la confiance à l'égard de notre système électoral.
Aujourd'hui, je suis très heureux de parler de la toute dernière initiative du gouvernement en matière de réforme démocratique, à savoir la . Le projet de loi garantirait que tous ceux qui votent sont des citoyens canadiens et il exigerait que les électeurs qui vivent à l’étranger suivent les règles d’identification établies dans la .
Plus précisément, la ferait en sorte que seuls les citoyens canadiens votent aux élections fédérales en exigeant une preuve de citoyenneté de toutes les personnes qui votent à une élection canadienne alors qu’elles sont à l’étranger. Cette disposition ne s'appliquerait pas aux membres des Forces canadiennes.
Deuxièmement, le projet de loi permettrait au directeur général des élections de comparer les données du Registre national des électeurs à celles de Citoyenneté et Immigration pour enlever les non-citoyens de la liste électorale.
Troisièmement, le projet de loi mettrait fin à la possibilité de magasiner sa circonscription, en veillant à ce que les non-résidents ne puissent recevoir de bulletin de vote que pour leur dernière adresse de résidence au Canada.
Quatrièmement, le projet de loi appliquerait les mêmes règles d’identification des électeurs à tous les Canadiens. En vertu de la , les Canadiens qui vivent dans le pays doivent prouver leur identité et leur lieu de résidence. Les Canadiens appuient cette exigence, et c'est pourquoi la en étendra la portée aux électeurs qui vivent à l'étranger.
Enfin, le projet de loi créerait un ensemble unique de règles pour voter de l’extérieur du Canada. Ceux qui votent à l’étranger, qu’ils y soient temporairement en vacances ou qu’ils y vivent en permanence, devront tous faire une demande de bulletin de vote de la même manière, en suivant les mêmes règles.
Compte tenu du temps limité dont je dispose pour parler de la , je vais me concentrer sur quelques points, à commencer par le magasinage de circonscription.
À l'heure actuelle, la Loi électorale du Canada permet aux électeurs résidant à l'étranger de choisir la circonscription dans laquelle ils souhaitent voter. Quatre choix s'offrent à eux. Premièrement, ils peuvent choisir leur dernier lieu de résidence habituelle. Deuxièmement, ils peuvent choisir l'adresse de leur conjoint, d'un parent ou d'un parent de leur conjoint. Troisièmement, ils peuvent choisir l'adresse d'une personne à charge. Quatrièmement, ils peuvent choisir l'adresse d'une personne avec laquelle ils vivraient s'ils ne résidaient pas à l'extérieur du Canada.
Les électeurs qui vivent au Canada ne jouissent pas d'une telle latitude. Ils doivent voter à l'endroit où ils habitent au moment des élections. À juste titre, ils ne peuvent pas choisir la circonscription dans laquelle ils souhaitent faire compter leur vote.
La représentation géographique est l'une des caractéristiques essentielles de notre processus électoral. Dans chaque district électoral, des Canadiens élisent le candidat qui, selon eux, représentera le mieux leurs intérêts et ceux de la collectivité. Dans un pays aussi vaste que le nôtre, la représentation territoriale fait en sorte que les diverses collectivités puissent être représentées à la Chambre des communes.
Les députés pensent sans aucun doute que lorsqu'un électeur expatrié choisit la circonscription dans laquelle il souhaite voter, on lui demande de produire une preuve de son dernier lieu de résidence. Ce n'est toutefois pas le cas. En effet, les Canadiens résidant à l'étranger ne sont pas tenus de présenter à Élections Canada une preuve de leur dernier lieu de résidence au Canada. En précisant que le dernier lieu de résidence au Canada d'un électeur résidant à l'étranger est son lieu de résidence à des fins électorales, la aurait pour effet d'éliminer l'option injuste qui consiste à magasiner sa circonscription et d'uniformiser les règles pour tous les électeurs, qu'ils résident au Canada ou à l'étranger. On pourrait ainsi s'assurer que chaque électeur entretient des liens directs et pertinents avec la circonscription dans laquelle il vote.
J'aimerais maintenant parler de l'identification des électeurs.
En vertu de la , les Canadiens résidant à l'étranger seraient tenus de se conformer aux mêmes règles que ceux qui résident au Canada. Le projet de loi prendrait appui sur la en exigeant que les Canadiens qui décident de voter par la poste — qu'ils résident au Canada ou à l'étranger — incluent une preuve d'identité et de résidence dans leur demande de bulletin de vote spécial. Cette exigence est semblable aux règles prévues dans la .
La , adoptée en juin dernier, contenait d'importantes dispositions visant à améliorer l'intégrité du scrutin en renforçant les règles relatives aux preuves d'identité. Selon le sondage que la firme Ipsos Reid a réalisé en avril 2014, alors que le débat sur la battait son plein, 87 % des personnes interrogées étaient d'avis qu'il est raisonnable qu'on demande aux gens de fournir une preuve d'identité et de résidence pour pouvoir voter. La obligerait également tous les Canadiens, qu'ils soient ici ou à l'étranger, à respecter cette exigence.
Les trois mêmes options concernant les preuves d'identité s'appliqueraient à tous les gens qui s'inscrivent pour voter par courrier. Ils auraient à présenter: une pièce d'identité délivrée par le gouvernement avec photo, nom et adresse; deux pièces d'identité autorisées par le directeur général des élections, l'une avec adresse et les deux avec le nom de la personne; ou deux pièces d'identité autorisées avec le nom de la personne. Pour cette troisième option, ils devraient aussi prêter serment ou faire une déclaration de résidence attestée par un autre électeur dont l'identité a été dûment prouvée.
Pour ce qui est des non-résidents, le processus d'attestation leur permettrait de fournir une preuve de leur dernier domicile au Canada en prêtant serment ou en faisant une déclaration de résidence. La personne résidente ou non résidente attestant le domicile de l'électeur qui souhaite utiliser le bulletin de vote spécial devra avoir pleinement prouvé son identité et avoir le droit de voter dans la même circonscription électorale que celui-ci.
Compte tenu qu'il serait peut-être difficile pour un non-résident d'obtenir une attestation de son ancien domicile au Canada, la Loi sur le vote des citoyens permettrait à la personne qui atteste l'ancien domicile d'un non-résidant de ne pas être inscrite au même bureau de scrutin, bien qu'elle doive avoir le droit de voter dans la même circonscription. Il s'agit d'une légère modification du processus d'attestation des électeurs qui votent au bureau de scrutin par rapport à ce que prévoyait la Loi sur l'intégrité des élections.
Les Canadiens non résidents qui demanderont le bulletin de vote spécial devront aussi fournir, en plus de leurs propres preuves d'identité, une copie des documents prouvant l'identité et le lieu de résidence de la personne attestant leur propre lieu de résidence.
La normalisation des exigences concernant l'identification des électeurs canadiens qui résident au Canada et à l'étranger supprime le traitement préférentiel qui favorisait un groupe par rapport à l'autre, et il va de soi que cette mesure est tout simplement sensée.
Notre gouvernement reconnaît les circonstances particulières des membres des Forces canadiennes. Leur procédure de vote est régie par une série de règles complètement distincte qui figure dans la section 2 de la partie 11 de la Loi électorale du Canada. Les membres des Forces canadiennes qui servent à l'étranger peuvent voter à l'endroit où ils sont stationnés, et la Loi sur le vote des citoyens ne modifiera pas ces règles.
En conclusion, notre gouvernement est toujours résolu à faire en sorte que notre système électoral réponde aux besoins des électeurs, qu'ils résident au Canada ou à l'étranger. Les modifications apportées par la Loi sur le vote des citoyens sont nécessaires pour garantir l'équité du processus électoral et pour veiller à ce qu'un seul ensemble de règles s'applique à tous les Canadiens.
En résumé, le projet de loi renforcera les lois électorales du Canada en garantissant, premièrement, que seuls les citoyens canadiens sont en mesure de voter aux élections fédérales; en éliminant, deuxièmement, la possibilité de magasiner sa circonscription; en appliquant, troisièmement, les mêmes règles d'identification à tous les Canadiens; et en établissant, quatrièmement, un seul ensemble de règles qui régiront tous les votes à l'étranger.
Ces progrès importants accroîtront l'intégrité, l'accessibilité et la responsabilité du processus démocratique fondamental du Canada. Comme ces modifications législatives sont pleines de bon sens, j'encourage tous les députés à appuyer la Loi sur le vote des citoyens.
:
Monsieur le Président, à titre de députée de la merveilleuse circonscription ontarienne de , j'ai le plaisir d'intervenir à la Chambre aujourd'hui pour parler de la Loi sur le vote des citoyens.
Comme nous parlons d'élections, je souligne avec plaisir que les électeurs m'ont fait confiance au cours des cinq dernières élections générales. Je remercie avec gratitude et humilité les électeurs de ma circonscription, qui m'accordent l'honneur et le privilège de les représenter ici. Comme le savent les députés, la population a toujours raison. J'espère avoir encore le privilège de représenter les gens de après les prochaines élections générales.
Notre gouvernement a une longue listes de réalisations à son actif, dont le projet de loi à l'étude aujourd'hui. Je tiens à féliciter le , qui fait un travail fantastique pour l'ensemble des Canadiens. J'espère pouvoir travailler avec lui pendant encore de nombreuses années.
Ce projet de loi important vise à garantir que tous ceux qui votent aux élections fédérales sont des citoyens canadiens; il exigerait qu'on applique aux Canadiens vivant à l'étranger les règles d'identification que doivent respecter les Canadiens qui votent au Canada. Il comblerait aussi le vide législatif créé par la décision de la Cour supérieure de l'Ontario dans l'affaire Frank c. Procureur général du Canada, qui a invalidé les règles de longue date encadrant le vote des Canadiens établis à l'étranger.
La Loi sur le vote des citoyens s'inscrit dans l'engagement indéfectible du gouvernement à rendre les lois électorales plus justes et plus équitables. Cet engagement a été pris dès notre arrivée au pouvoir; nous avons alors intégré dans les lois toute une série de réformes pour dissiper l'odeur de corruption émanant de ce que les Canadiens appellent le scandale des commandites.
Malheureusement, les Canadiens ne sauront peut-être jamais ce qui est advenu des millions de dollars contenus dans des enveloppes remises secrètement aux candidats libéraux dans le but de déjouer le processus démocratique.
Depuis 2006, nous avons mis en place des modifications sensées qui protègent la démocratie canadienne. Il n'y a pas si longtemps, la Loi sur l'intégrité des élections a amené d'importantes réformes, dont l'obligation de présenter une preuve d'identité et de résidence pour voter aux élections fédérales.
Le gouvernement s'engage à traiter les électeurs, qu'ils résident ou non au Canada, de façon juste et équitable. Les importantes réformes proposées dans la Loi sur le vote des citoyens touchent la procédure du vote postal, afin de la rendre plus juste et plus uniforme. Elles régleraient également les incohérences du système de bulletin de vote spécial.
J'aimerais prendre quelques instants pour expliquer le lien entre la Loi sur le vote des citoyens et les litiges en cours concernant le vote des non-résidents en Ontario.
En mai 2014, la Cour supérieure de justice de l'Ontario, dans la décision Frank v. Attorney General of Canada, a invalidé l'exigence légale selon laquelle, pour pouvoir exercer leur droit de vote, les citoyens habitant à l'étranger devaient avoir vécu à l'extérieur du Canada pendant moins de cinq années consécutives et avoir l'intention de revenir au Canada.
Je suis heureuse d'informer les électeurs de ma circonscription qui appartiennent aux Forces armées canadiennes et qui servent présentement le Canada à l'étranger que cette décision ne visait pas leur situation unique et qu'on continuera de ne pas tenir compte du temps qu'ils passent à l'étranger au service du pays. Lors des dernières élections, c'est dans ma circonscription qu'il y a eu le plus de votes de non-résidents au pays, principalement à cause du grand nombre de militaires de la base de Petawawa qui habitent dans ma circonscription. Je tiens à les remercier de leur appui. Je défendrai toujours leurs intérêts afin qu'ils disposent de l'équipement nécessaire pour qu'ils puissent s'acquitter des missions que le Canada leur confie.
Grâce à la décision de la cour de l'Ontario, les Canadiens qui habitent à l'étranger peuvent désormais voter aux élections fédérales, et ce, peu importe depuis quand ils sont à l'extérieur du Canada, tant et aussi longtemps qu'ils ont déjà vécu au Canada à un moment donné.
Pendant plus de deux décennies, les lois canadiennes ont interdit aux gens qui habitent à l'étranger pendant plus de cinq ans d'exercer leur droit de vote.
Depuis plus de deux décennies, la loi permet aux Canadiens de résider à l'étranger au maximum cinq ans avant de perdre leur droit de vote. C'est à notre avis toujours juste et raisonnable, et nous pensons également que les non-résidents devraient avoir un lien concret et direct avec le Canada et leur circonscription pour pouvoir voter aux élections fédérales. C'est pour cette raison que le gouvernement a interjeté appel de la décision de la cour ontarienne. Il est important de bien préciser que la Loi sur le vote des citoyens n'apporte aucune modification de fond aux dispositions en cause dans l'affaire Frank. Le gouvernement s'en remet aux tribunaux pour déterminer la constitutionnalité de ces articles.
J'en viens maintenant à la teneur de la Loi sur le vote des citoyens. Le projet de loi propose d'importantes réformes au processus de vote par correspondance afin de le rendre plus équitable et de renforcer son intégrité. Plus précisément, il veillerait à ce que seuls les citoyens canadiens puissent voter aux élections fédérales en exigeant que tous les électeurs vivant à l'étranger qui demandent à recevoir un bulletin de vote postal fournissent une preuve de citoyenneté.
De plus, il autoriserait le directeur général des élections à obtenir des renseignements de Citoyenneté et Immigration Canada permettant à Élections Canada de radier de la liste électorale le nom des personnes qui ne sont pas des citoyens canadiens, ou encore de veiller à ce qu'aucun non-citoyen n'y soit inscrit. Il mettrait fin à la pratique du magasinage de circonscription en stipulant que les non-résidents peuvent seulement recevoir un bulletin de vote pour la dernière adresse de résidence au Canada, et qu'ils doivent présenter une preuve de résidence passée à l'appui.
Nous devons appliquer les mêmes règles d'identification des électeurs à l'ensemble des Canadiens en exigeant que tous ceux qui votent par la poste joignent à leur demande une preuve d'identité et de résidence, conformément à la Loi sur l'intégrité des élections. On créerait ainsi un seul ensemble de règles pour les personnes qui votent à l'extérieur du pays.
Enfin, le directeur général des élections serait tenu d'effectuer une vérification des bulletins de vote spéciaux après chaque élection.
Je vais commencer par parler des mesures prévues dans la Loi sur le vote des citoyens qui, à mon avis, sont les plus importantes, les propositions qui garantiront que seuls les citoyens canadiens pourront voter lors des élections fédérales.
Le Registre national des électeurs est une base de données permanente des Canadiens ayant qualité d'électeur au pays. Il ne comprend que les personnes qui ont le droit de voter aux élections fédérales, c'est-à-dire les citoyens canadiens âgés de 18 ans et plus
Je crois que nous convenons tous qu'il est essentiel que le Registre national des électeurs soit exact pour garantir l'intégrité et l'équité des élections canadiennes. C'est un aspect important pour le gouvernement conservateur. Cela dit, le registre n'est exact que dans la mesure où les données qu'il contient le sont. Élections Canada estime qu'à l'heure actuelle, il y a environ 40 000 non-citoyens inscrits au Registre national des électeurs. Cela signifie que 40 000 non-citoyens pourraient recevoir des cartes d'information de l'électeur leur indiquant qu'ils doivent aller voter, même s'ils n'ont pas le droit de le faire.
Pour régler ce problème troublant, la Loi sur le vote des citoyens autorise mon collègue, le , à fournir au directeur général des élections des renseignements sur des gens qui ne sont pas des citoyens canadiens, y compris leur nom, leur sexe, leur date de naissance et leur adresse. Cela permettrait à Élections Canada de faire des recoupements avec les noms qui figurent au Registre national des électeurs et de supprimer le nom des gens qui ne sont pas des citoyens canadiens.
Je tiens à être bien claire. Il ne s'agirait pas de faire le ménage de la liste électorale une seule fois. Ce nouveau pouvoir permettrait à Élections Canada de demander périodiquement au de lui fournir des renseignements afin de veiller à ce que la liste demeure à jour. L'objectif est clairement d'éviter que 40 000 non-citoyens figurent de nouveau au Registre national des électeurs dans les années à venir.
Le projet de loi apporte aussi d'importants changements afin d'exiger que quiconque demande à voter par la poste depuis l'extérieur du Canada fournisse une preuve de citoyenneté canadienne. Puisque cette preuve est nécessaire pour voyager à l'étranger, ce changement ne devrait pas nuire aux Canadiens qui se trouvent à l'extérieur du pays de façon temporaire pendant une période électorale. Je pense que nous pouvons tous convenir qu'il s'agit d'une pratique raisonnable qui devrait faire partie intégrante des lois électorales canadiennes.
Dans l'ensemble, ces importants changements qui visent à empêcher des non-citoyens de voter méritent d'être appuyés.
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Monsieur le Président, j'indique d'entrée de jeu que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de , qui va également nous entretenir sur le projet de loi .
À titre de porte-parole adjoint en matière de réforme démocratique et parlementaire, c'est un honneur pour moi de prendre la parole et de pouvoir travailler avec mon estimé collègue de et de l'appuyer dans certains dossiers. Je remercie également la députée de pour tout le travail qu'elle a fait au cours des dernières années en tant que porte-parole adjointe en matière de réforme démocratique et parlementaire. Je remercie également son équipe, composée de Jean-François et de Myriam, qui travaille extrêmement fort et avec laquelle j'aurai la chance de collaborer encore à l'avenir.
C'est donc un honneur, mais aussi une déception d'avoir à me lever pour parler d'un projet de loi comme le projet de loi , qui, au lieu de favoriser l'exercice du droit de vote au Canada, tente plutôt de le réduire et de le rendre encore plus difficile. Cela est complètement contraire au sens dans lequel on devrait se diriger en tant que pays. Le gouvernement devrait plutôt encourager et favoriser l'exercice du droit de vote, que ce soit pour les Canadiens résidant ici ou pour les citoyens canadiens résidant à l'étranger. Ce qu'on nous présente aujourd'hui est plutôt un projet de loi qui rendra encore plus difficile l'exercice du droit de vote par les citoyens canadiens résidant à l'extérieur du pays.
C'est à contre-courant de ce qui se fait dans d'autres pays partout dans le monde. Quelques-uns de mes collègues ont mentionné quelques exemples de pays où, plutôt que de rendre l'exercice du droit de vote plus difficile, on le rend plus facile et plus intéressant, surtout pour la nouvelle génération qui vote de moins en moins. Le taux de participation des jeunes de 18 à 25 ans est de 30 à 40 % dans certaines élections. C'est un taux très faible qui indique que plus de la moitié des jeunes ne se présentent pas aux bureaux de vote pour exercer leur droit. Au lieu de rendre cela plus difficile, le gouvernement devrait se mettre à la tâche pour rendre l'exercice du droit de vote facile et attrayant pour tous les Canadiens.
Le projet de loi du gouvernement fédéral conservateur arrive dans la foulée de la décision rendue par la Cour supérieure de l'Ontario dans l'affaire Frank et al., rendue il n'y a pas si longtemps. C'est une soi-disant réponse à cette décision de la cour que le gouvernement nous présente dans le projet de loi qu'on débat aujourd'hui. C'est une réponse qu'on pourrait qualifier pour le moins d'insatisfaisante. Le projet de loi dit répondre à la décision, mais ce n'est certainement pas la réponse à laquelle on s'attendait. Compte tenu de la lecture de la décision de la Cour supérieure, on se serait attendu à une réponse très différente de la part du gouvernement. La décision de la Cour supérieure invalidait l'alinéa 11(d) de la Loi électorale, qui traite du droit de vote pour les citoyens à l'étranger quand ils y résident depuis moins de cinq ans.
On se serait plutôt attendu à une réponse qui aurait élargi le droit de vote à tous les citoyens canadiens résidant à l'étranger. C'est quelque chose qu'on avait déjà présenté en tant que parti. Ma collègue d', que je remercie, a présenté un projet de loi pour étendre le droit de vote à tous les citoyens canadiens résidant à l'étranger et le rendre plus facile pour qu'ils puissent l'exercer. Il y a quand même beaucoup de citoyens qui résident à l'étranger: on parle de 2,8 millions de personnes. Évidemment, il n'y aura malheureusement pas 2,8 millions de personnes qui vont voter, mais si on fait une estimation généreuse, on pourrait dire, et ce sont des chiffres que j'invente, qu'il y aurait 300 000, 400 000 ou 500 000 personnes qui voteraient. Cela ferait beaucoup de travail pour Élections Canada qui aurait la tâche de procéder à l'examen de toutes ces demandes pendant les 35 jours précédant l'élection.
Je m'attarderai aux détails de ces changements, car si le projet de loi est adopté dans sa forme actuelle, les citoyens canadiens résidant à l'étranger devront s'inscrire sur la liste à chaque élection. Au déclenchement de celle-ci, ils devront envoyer un formulaire et des pièces d'identité justificatives à Élections Canada. C'est ainsi qu'ils pourront participer à l'élection au moyen d'un bulletin spécial qu'ils devront retourner par la suite à Élections Canada, et ce, dans un délai de 35 jours, à partir du déclenchement de l'élection jusqu'à la date de l'élection. Ce délai extrêmement court rend le vote pratiquement impossible.
Pour y parvenir, le citoyen devra se préparer à l'avance et être très à l'affût des procédures. Au déclenchement des élections, il devra se mettre à remplir des formulaires immédiatement et payer les frais nécessaires afin que le courrier parvienne à sa destination dans les délais prescrits. Selon l'endroit qu'on habite dans le monde, cela peut être beaucoup plus compliqué d'envoyer un document au Canada. Alors, ces démarches seront parfois onéreuses pour les personnes qui désireront s'inscrire pour une élection fédérale. Ces démarches ne vont certainement pas les encourager à exercer leur droit de vote.
Si on a le malheur d'avoir des pièces d'identité expirées ou qui ne constituent pas une preuve valide pour Élections Canada en vertu du projet de loi , on devra faire appel à un répondant. C'est un autre aspect du projet de loi qui rend les choses encore plus difficiles. Déjà, quand on avait la chance d'avoir les pièces d'identité requises, on devait faire trois correspondances dans de très courts délais durant la période électorale. Si on a le malheur de ne pas avoir les pièces d'identité demandées par Élections Canada en vertu du projet de loi , on doit compléter une étape supplémentaire. Celle-ci est complexe, puisqu'on doit faire appel à un répondant qui demeure dans la circonscription dans laquelle on résidait avant de quitter le Canada. Ce répondant doit prouver qu'on est un citoyen de la circonscription en question et attester de notre identité, de notre citoyenneté et de notre droit de vote.
Cela peut prendre beaucoup de temps si on habite un endroit dans le monde où les services postaux sont limités, ce qui rend presque impossibles ces correspondances pour s'inscrire sur la liste électorale. Ce projet de loi est une prétendue réponse du gouvernement à la décision de la Cour supérieure de l'Ontario. Toutefois, plutôt que de favoriser l'exercice du droit de vote, il le rend presque impossible.
J'ai d'ailleurs demandé au secrétaire parlementaire du premier ministre si le gouvernement avait fait des consultations avant de rédiger le projet de loi. Il ne m'a pas répondu, ce que j'ai pris pour un non. Il semble qu'Élections Canada n'ait pas été consultée avant qu'on mette cela en place. Ce projet de loi aura pourtant un grand impact sur Élections Canada, qui devra traiter des centaines de milliers de demandes en 35 jours pour permettre à ces gens de voter avant la date d'élection. C'est une charge de travail importante.
De plus, l'article 20 du projet de loi prévoit sa mise en vigueur 60 jours après l'adoption de la sanction royale. C'est une charge de travail extrêmement élevée pour Élections Canada de mettre en place un tel système et de s'adapter à la nouvelle législation.
On met ainsi une charge de travail très importante sur le dos d'Élections Canada. Il ne semble même pas y avoir eu une consultation auprès de l'organisme avant le dépôt du projet de loi à la Chambre.
Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues sur ce projet de loi.
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Monsieur le Président, on va se rendre compte que plusieurs de mes collègues et moi-même sommes tous en train de combattre un petit rhume. Si nous n'avons pas l'air d'être présents à 100 %, ce n'est pas parce que le sujet ne nous intéresse pas.
De toute évidence, le projet de loi représente un enjeu important. En effet, le gouvernement y traite des mêmes problèmes et des mêmes visions de la démocratie qu'on a vus dans le projet de loi concernant la réforme électorale, ou plutôt la « déforme » électorale, comme a bien aimé le surnommer.
Plusieurs éléments sont problématiques. Cependant, avant de les aborder, il faut tout de même se situer dans la discussion. Le projet de loi est le résultat d'une décision de la Cour supérieure de l'Ontario disant qu'il inconstitutionnel de ne pas permettre aux citoyens canadiens qui ont résidé à l'étranger pour plus de cinq ans de ne pas avoir le droit de vote lors d'une élection fédérale.
La question est importante, particulièrement en 2015, avec l'espèce de phénomène de village global. On a de plus en plus accès à d'autres pays et à des occasions, notamment les jeunes. On pense à des gens qui viennent de finir leurs études universitaires et qui veulent poursuivre certaines opportunités à l'étranger, sans pour autant écarter la possibilité et même l'éventualité de revenir à la maison. Ils demeurent donc investis dans leur communauté natale, même s'ils sont à l'étranger.
Le droit de vote a toujours été essentiel, parce qu'en fin de compte, il représente l'essence même de la citoyenneté. Aujourd'hui, avec la facilité de retrouver de l'information et de suivre les péripéties menant à une élection, le droit de vote est de plus en plus important pour le citoyen habitant à l'étranger, compte tenu des réalités globales dont on est témoin aujourd'hui.
Toujours concernant la question du droit de vote, qui, comme je l'ai dit, est l'essence même de la citoyenneté, il faut signaler un autre élément très important. Le nombre de citoyens canadiens résidant à l'étranger représentent des sommes très importantes pour le Trésor. En effet, ces gens paient des impôts. On connaît bien la fameuse phrase qui a bien servi une certaine cause américaine: No taxation without representation. C'est aussi un élément important qu'il ne faut pas écarter, au-delà des principes de citoyenneté. Ces gens paient des impôts et, finalement, ils ont le droit d'avoir un mot à dire dans l'utilisation de ces impôts, c'est-à-dire la gouvernance de leur pays natal ou le pays dont ils sont citoyens.
Il y a plusieurs problèmes, mais l'un d'eux est le même qu'on a vu avec le projet de loi . Le gouvernement constate certains problèmes; certains sont légitimes, d'autres sont parfois non existants, ce sont des bonhommes Sept-Heures. La dernière fois, on parlait de fraudeurs, comme si à l'échelle du pays, il y avait partout des milliers de fraudeurs qui essayaient de voler le droit de vote à d'autres citoyens. Évidemment, il y avait quand même des constatations douteuses dans ce cas-là. Il y a ici cette idée que beaucoup de non-citoyens essaient de profiter du droit de vote.
Plus tôt, j'ai entendu une députée faire allusion au fait que des non-citoyens recevaient des bulletins de vote à l'étranger, comme s'il y en avait beaucoup et comme s'il y avait une grande fraude électorale. Cela étant dit, on voit qu'il y a notamment eu des articles dans les médias qui ont même dit qu'il était difficile de discerner jusqu'à quel point l'impact électoral avait été ressentie par les citoyens à l'étranger. Ainsi, si les journalistes qui se sont penchés sur la question n'ont pas pu découvrir ces chiffres, je ne vois pas comment une députée peut faire ce constat. De plus, à la suite de la question de mon collègue de qui lui a demandé s'il y avait des études qui appuyaient ses dires, elle n'a pas été en mesure de répondre.
Là où je veux en venir avec cela, c'est qu'au lieu d'aller de l'avant et de trouver des façons progressistes d'améliorer notre système électoral, il y a toujours des situations avec le gouvernement où, plutôt que de chercher des solutions, il prend du recul. Au lieu de faire des pas en avant, on fait deux pas en arrière. Cela doit être extrêmement frustrant pour les gens qui, comme nous au NPD, veulent voir une plus grande participation électorale. C'est le problème qu'on a vu avec le projet de loi où on avait des conséquences négatives sur les aînés, les Autochtones, les jeunes et les étudiants. On voit la même chose ici.
Ce qui frappe le plus, c'est quand j'examine l'exemple français. En 2012, avec de mes collègues députés, j'ai été en France pour observer les élections présidentielles.
J'ai été surpris, parce que je ne savais pas qu'il y avait des représentants élus, sénateurs et membres de l'Assemblée nationale de France, qui représentaient des circonscriptions hors de France. Ils représentent donc les Français résidant à l'extérieur de la France. Je connais un individu qui réside dans la région, à Gatineau, qui est citoyen français. Or c'est un système très robuste car les citoyens français vivant à l'extérieur de la France reçoivent même les publicités des partis politiques.
Cela en dit long sur l'importance pour la République que tous les Français soient bien représentés, et pas seulement les Français résidant dans leur pays. Cela rejoint le thème que j'ai abordé au début de mon discours, à savoir que, dans ce nouveau village global, et parce qu'il y a de plus en plus de citoyens qui poursuivent des occasions à l'étranger tout en restant attachés leur communauté et impliqués dans celle-ci, la gouvernance ne fait pas que représenter les résidants, mais bien tous les citoyens, peu importe où ils résident.
Le système français comporte un autre volet. Mon collègue de , qui, disons-le, fait un excellent travail pour développer nos points de vue en matière de réforme démocratique, l'a mentionné: il y a même le droit de vote par Internet. Les Américains, de leur côté, permettent à leurs concitoyens résidant à l'étranger de voter par courriel.
Pendant que d'autres pays cherchent des solutions pour faciliter le vote pour les citoyens résidant à l'étranger, on dirait que notre gouvernement s'entête à rendre cela encore plus difficile. Un bel exemple — et c'est un autre problème du projet de loi — est la question des gens qui résident à l'étranger, mais qui remplissent des mandats pour servir le gouvernement. On pense évidemment à nos Forces canadiennes qui sont déployées à l'étranger. Le gouvernement dira qu'elles sont toujours exemptées du délai de cinq semaines qui revient dans le projet de loi .
Toutefois, le gouvernement ne le dit pas, c'est quand même un recul face à ce qui était déjà dans la loi. Je m'explique. Avant, les diplomates étaient aussi exemptés parce que, après tout, eux aussi servent le pays, les citoyens et le gouvernement à l'étranger. Maintenant, les diplomates doivent faire le même processus laborieux que tous les citoyens à l'étranger. On ne leur donne donc pas de sursis même s'ils sont à l'étranger pour servir leur pays.
C'est la même chose pour les familles des militaires. C'est bien et c'est important — je le dis sans sarcasme — qu'on accorde des exemptions à nos Forces canadiennes. Toutefois, il faut aussi penser à leur famille. Il y en a sûrement parmi eux qui sont accompagnés de leurs enfants de 18 ans. Certains ont des conjoints ou conjointes qui ont eux aussi le droit de vote. On oublie donc le portrait global, dans le cas des gens qui sont à l'étranger.
Aujourd'hui, dans son discours, le parlait de l'équipe et des fonctionnaires qui l'ont servi à l'étranger. Ces gens qui servent un ministre et la Couronne — il faut le dire — ne sont pas exemptés non plus de ce long processus qui peut parfois être très difficile, comme mon collègue de l'a souligné. En effet, cela nécessite de faire affaire avec des services de messagers qu'Élections Canada n'a aucune obligation légale d'utiliser. Cela nécessite d'utiliser des services de courrier pouvant parfois être longs et, dans certains pays, difficiles à utiliser. On constate donc qu'il y a beaucoup de problèmes.
On voit encore à quel point, comme dans le cas du projet de loi , les conservateurs ont du mal à régler les problèmes, à faciliter l'accès au système électoral et, conséquemment, à augmenter la participation électorale. Ils nous présentent encore un projet de loi qui rend le processus encore plus laborieux et qui force les citoyens à travailler encore plus fort pour leur droit de vote, alors que le droit de vote devrait venir automatiquement avec la citoyenneté. Le gouvernement a la responsabilité de faciliter la chose.
En terminant, j'aimerais mentionner ce qui suit très rapidement, car je n'ai pas eu le temps de le faire. Encore une fois, les étudiants sont touchés. Quand je suis allé à l'Université McGill, j'ai vu à quel point les étudiants américains, étant donné qu'ils vivaient à Montréal, avaient de la facilité à voter. Toutefois, dans le projet de loi , il y a quand même une erreur faisant en sorte qu'un bail utilisé comme preuve de résidence pour un étudiant doit être d'une résidence officielle de l'université.
Dans le cas d'un étudiant qui vit à l'étranger, en dehors du campus, à titre individuel et non en tant que membre d'une entité, telle une résidence universitaire, son bail n'est pas considéré comme une preuve d'identité valide.
Ce sont de tels problèmes qui nous forcent à nous opposer à ce projet de loi encore une fois bâclé sur une question aussi fondamentale que notre démocratie.
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Monsieur le Président, tout d'abord, j'indique que je partagerai mon temps de parole avec la , la députée de .
Je suis heureux de m'adresser à la Chambre relativement au projet de loi . Ce projet de loi représente une réforme électorale visant à renforcer l'intégrité et l'équité de notre système électoral.
Le Canada a un des systèmes électoraux les plus généreux au monde en matière de droit de vote, et les Canadiens sont fiers de leur démocratie. C'est pour cela que notre gouvernement prend des mesures pour assurer l'intégrité du processus électoral. Je vais donc expliquer ce que la , dont nous avons le plaisir de discuter aujourd'hui, fait pour protéger notre système électoral.
Il est important de préserver l'intégrité de notre système électoral. Élections Canada estime que les noms d'environ 40 000 non-citoyens figurent actuellement dans le Registre national des électeurs. Cela veut dire que 40 000 non-citoyens pourraient facilement recevoir une carte d'information de l'électeur les informant comment et où voter; ils pourraient donc se présenter à un bureau de scrutin pour voter. Nous savons bien que cela est, en fait, illégal.
C'est pourquoi la va autoriser le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada à fournir au directeur général des élections le nom, le sexe, la date de naissance et l'adresse des non-citoyens, de sorte qu'Élections Canada puisse comparer leurs données et retirer les non-citoyens du Registre national des électeurs.
La exigera légalement que toutes les personnes qui votent à l'extérieur du Canada fournissent une preuve de citoyenneté canadienne. Cette règle ne s'applique pas aux membres des Forces armées canadiennes, dont nous sommes immensément fiers. J'aimerais en profiter pour mentionner le travail extraordinaire qu'ils font contre la menace terroriste que constitue le groupe État islamique en Irak.
Pour en revenir à la , j'aimerais discuter d'un autre problème qui existe dans le système tel qu'il est. Les Canadiens vivant à l'étranger n'ont pas à prouver qu'ils ont vécu dans la circonscription où ils votent. Ils peuvent en fait voter dans la circonscription de leur choix, en fonction de liens personnels ou familiaux non vérifiés. Les électeurs qui demeurent au Canada, par contre, doivent voter dans la circonscription où ils résident au moment de l'élection. Ils ne peuvent choisir leur circonscription. Il est injuste de permettre à une personne qui n'a jamais vécu dans une collectivité de voter pour la personne qui représentera cette collectivité. C'est pour cela que la garantira que les Canadiens qui vivent à l'étranger respectent les mêmes règles que ceux qui demeurent au pays.
Ces Canadiens vont devoir prouver leur identité et leur adresse canadienne la plus récente au moyen des mêmes documents exigés des électeurs qui résident au Canada, soit une pièce d'identité avec photo contenant leur adresse antérieure ou deux des 39 pièces d'identité approuvées par le directeur général d'Élections Canada. Dans le cas où ils ne posséderaient aucune pièce d'identité contenant leur ancienne adresse, les électeurs qui résident à l'étranger pourront avoir recours à une attestation d'adresse antérieure présentée par un électeur ayant prouvé son identité de la même circonscription.
Tout comme les Canadiens, nous pensons qu'il est raisonnable d'exiger que quelqu'un prouve son identité et son adresse avant d'avoir le droit de voter. Les résidants canadiens qui se trouvent à l'étranger lors d'une élection, tels que les snowbirds, doivent faire la demande d'un bulletin de vote lors de chaque élection, à l'aide de pièces d'identité et d'une preuve de résidence. Cela est différent pour les citoyens qui résident à l'étranger et qui, après avoir fait la demande d'un bulletin de vote pour une élection, reçoivent automatiquement, et ce pour toujours par la suite, un bulletin de vote pour chaque élection subséquente à une adresse à l'étranger, sans que l'on sache s'ils y résident encore ou non.
Voilà pourquoi la est si nécessaire: elle éliminera cette inégalité entre Canadiens en établissant un seul ensemble de règles pour les citoyens qui votent à l'extérieur du Canada.
La vient renforcer les règles pour voter par bulletin spécial afin que ces dernières respectent les normes d'intégrité adoptées dans la Loi sur l'intégrité des élections en juin dernier. Elle harmonise les règles permettant de voter de l'extérieur du Canada pour les électeurs qui y résident de façon temporaire ou permanente.
En effet, la renferme des mesures qui assureront que l'intégrité de notre système électoral sera préservé.
Pour résumer, nous allons établir un seul registre, le Registre national des électeurs, qui sera maintenu par Élections Canada pour les électeurs qui résident au Canada ou qui se trouvent au pays lors d'une élection.
L'information existante sur les non-résidents sera conservée, et toute l'information sur les électeurs sera maintenant incluse dans le Registre national des électeurs. Nous allons nous assurer que les personnes désirant voter à l'étranger, à l'exception des membres des Forces armées canadiennes, devront présenter une preuve de citoyenneté.
Les électeurs qui résident à l'étranger ne pourront, comme cela a pu se faire dans le passé, choisir la circonscription dans laquelle ils désirent voter sans démontrer un lien avec la collectivité, et ils ne pourront recevoir de bulletin de vote que pour leur dernière adresse de résidence au Canada. Ils seront assujettis aux mêmes règles en matière d'identification et de preuve de résidence que les autres citoyens canadiens.
Finalement, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration du Canada sera autorisé à fournir à Élections Canada de l'information sur des non-citoyens afin que ces derniers puissent être retirés de la liste électorale.
Le Canada a un des systèmes électoraux des plus généreux au monde en matière de droit de vote. De nombreuses démocraties similaires à la nôtre restreignent le vote des non-résidents. Je pense à l'Irlande, par exemple, où les non-résidents ne peuvent voter. Le Canada est bien plus généreux en matière de droit de vote. Il est donc raisonnable de s'attendre à ce que les citoyens qui vivent à l'étranger respectent les mêmes exigences d'identification que ceux qui vivent au pays.
Depuis son arrivée au pouvoir, notre gouvernement a travaillé sans relâche à la réforme de la Loi électorale du Canada, de sorte que notre système demeure l'un des plus respectés au monde. Les réformes successives du gouvernement ont sans cesse visé à maintenir l'intégrité et l'équité de notre système électoral.
La s'inscrit dans cette série de réformes et démontre une fois de plus l'engagement de notre gouvernement à renforcer l'intégrité et l'équité de notre système électoral.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole dans cette enceinte, au sujet de ce projet de loi, qui porte sur d'importants problèmes soulevés dans des jugements récents des tribunaux et signalés au cours du débat d'aujourd'hui. Le projet de loi précise en outre les démarches que devront effectuer certaines catégories d'électeurs pour exercer leur droit de vote.
Au cours du débat d'aujourd'hui, j'ai eu l'occasion d'écouter les objections de quelques-uns de mes collègues ainsi que les questions techniques qu'ils ont soulevées. Je voudrais consacrer l'essentiel de mon discours à essayer de répondre à certaines objections soulevées aujourd'hui dans cette enceinte.
Je suis heureuse de constater le consensus qui semble exister autour de la nécessité de remédier au fait que, selon Élections Canada, environ 40 000 personnes n'ayant pas la citoyenneté canadienne figurent sur nos listes électorales actuelles. Mon collègue du Parti libéral et député de vient de nous demander quelles recommandations ont été formulées. Or, je crois qu'Élections Canada a signalé cette anomalie. De plus, il semble y avoir consensus à la Chambre concernant les échanges d'information qui devraient avoir lieu entre Citoyenneté et Immigration Canada et Élections Canada afin de veiller à ce que les personnes qui ont le droit de vote, conformément aux lois de notre pays, se trouvent bel et bien sur la liste électorale. Il y a tout lieu de s'en réjouir.
À titre d'information pour la Chambre, je souligne que le projet de loi autoriserait le à communiquer au directeur général des élections le nom, le sexe, la date de naissance et l'adresse des personnes qui n'ont pas la citoyenneté, de telle sorte qu'Élections Canada puisse retrouver ces personnes dans le Registre des électeurs et les en radier.
Lors des questions et des interventions, il a été mentionné à plusieurs reprises qu'il n'y a aucune preuve de magasinage de circonscription. Je tiens à revenir un peu en arrière parce que, au cours de la présente législature, nous avons eu des débats assez substantiels à la Chambre sur les liens qui existent entre l'électorat et les représentants locaux. Je pense que nous allons même en parler aujourd'hui dans le cadre du débat sur la loi instituant des réformes. C'est un débat fort utile. Comment les représentants élus exercent-ils leurs fonctions à la Chambre? Comment faisons-nous notre travail, et quel est le lien qui existe entre les électeurs et les représentants élus?
Nous devons nous assurer que cette relation est inscrite dans nos lois et qu'elle est protégée. Il y a 308 députés qui siègent au Parlement pour reconnaître la diversité des intérêts qui existe dans les collectivités formant notre grand et vaste pays. La question est de savoir comment préserver l'intégrité de cette relation. C'est ce que l'on aborde dans le contexte du projet de loi.
Pour revenir au magasinage de circonscription, ma question pour la Chambre est la suivante: comment savons-nous que ce problème n'existe pas? Il n'y actuellement aucun processus de vérification concernant les électeurs vivant à l'étranger qui sont inscrits sur le registre international des électeurs. De plus, comme aucun processus n'est en place, il n'y a pas non plus de procédure de vérification pour veiller au respect des règles. Pour cette raison, je suis très favorable à l'adoption d'une mesure législative visant à exiger la vérification des différentes exigences en matière de vote contenues dans le projet de loi. Cela garantira que les personnes vivant à l'étranger ont un lien avec leur représentant élu et que tous les citoyens canadiens désirant voter font l'objet d'une vérification.
Je tiens à préciser que le gouvernement a présenté la Loi sur le vote des citoyens afin que les Canadiens vivant à l'étranger soient assujettis aux mêmes règles que ceux vivant ici. Le projet de loi exigerait qu'ils prouvent leur identité et qu'ils fournissent leur adresse la plus récente au Canada, au moyen des mêmes documents utilisés par les électeurs qui habitent au Canada, dans le cadre de la Loi sur l'intégrité des élections.
J'ai été ravie d'entendre les déclarations que le député de a faites plus tôt aujourd'hui. Il a dit que les attestations seraient assez faciles en vertu des amendements proposés dans le projet de loi . Il a dit qu'il croyait qu'elles le seraient. Cette procédure d'attestation continuerait d'exister en vertu de cette mesure législative. Cette exigence de vérification nous garantirait d'avoir les données voulues pour assurer la conformité et un lien à une communauté donnée et à un représentant élu au Canada.
On a brièvement parlé de la possibilité que des bulletins de vote soient acheminés à une mauvaise adresse et de la question de savoir si cela poserait vraiment problème. Nous nous donnons beaucoup de mal au pays pour veiller à ce que le vote dans les bureaux de scrutin pendant la période électorale soit respecté à la lettre. Nous devons nous assurer que les bulletins de vote sont manipulés avec la plus grande prudence. C'est la raison pour laquelle nous avons des scrutateurs dans le cadre de nos campagnes électorales.
Nous devrions essayer de prévenir les problèmes et nous assurer que les bulletins de vote, qui donnent aux gens le droit démocratique de voter pour un représentant élu, sont acheminés à la bonne adresse. Je ne pense pas que nous devrions nous disputer pour savoir si c'est un problème. C'en est un si le bulletin est expédié à la mauvaise adresse. Ce projet de loi remédierait à cela.
On a également discuté plus tôt aujourd'hui de la période d'entrée en vigueur de 60 jours. Pour ce qui est de la critique selon laquelle Élections Canada n'aurait pas le temps de s'adapter aux nouvelles règles, la Chambre doit comprendre que ce qui est proposé dans le projet de loi va dans le même sens que les procédures existantes. On ne réinvente pas la roue.
J'aime toujours saluer les vaillants fonctionnaires du ministère que je dirige, en l'occurrence celui de la Diversification de l'économie de l'Ouest canadien. Nous travaillons à l'atteinte d'un objectif. Nous demandons quelle est l'exigence législative. L'un des rôles les plus importants de la fonction publique consiste à mettre en oeuvre les directives du gouvernement. Nous essayons d'élaborer un plan. Nous consacrons des ressources pour nous assurer d'avoir un plan en place afin d'appliquer les directives du gouvernement.
Il faut clairement mettre ces directives en application, étant donné que la décision dans l'affaire Frank ajoute environ 1,4 million de personnes à notre liste électorale. Par conséquent, nous devons nous assurer que des procédures seront en place sous peu pour protéger l'intégrité du processus électoral au Canada. Compte tenu des répercussions de cette décision, j'espère que, en tant que parlementaires, nous examinerons des façons d'atteindre cet objectif dans le cadre de nos délibérations en comité plutôt que de dire que nous ne pouvons pas y arriver sans donner de raison précise.
La question de la famille des diplomates a été soulevée. La Loi électorale du Canada a toujours clairement précisé qui est exempt des diverses exigences pour voter depuis un pays étranger. La Loi électorale du Canada applique un ensemble de règles distinct pour les membres des Forces canadiennes, dont la situation est différente de celle de nombreux autres Canadiens qui vivent à l'étranger. Les militaires sont déployés sans préavis. Parfois, ils ignorent quelle est leur destination et combien de temps ils seront à l'étranger. Nous voulons nous assurer que les hommes et les femmes qui portent l'uniforme ont tous les droits de participer au processus démocratique. Voilà pourquoi un ensemble de règles distinct est prévu pour eux.
Toutefois, il convient de mentionner de nouveau que le projet de loi met en place un ensemble de règles uniforme pour tous les électeurs canadiens en ce qui a trait au vote depuis un pays étranger. Que l'on soit en vacances, que l'on passe l'hiver dans le Sud ou qu'on ait déménagé à l'étranger, les règles applicables seraient sensiblement les mêmes. C'est une très bonne chose. Les gens en vacances utilisent le vote par bulletin spécial sans problème depuis fort longtemps. Je crois qu'il est donc raisonnable de penser que l'on puisse étendre ce processus à d'autres, en particulier aux gens qui sont hors du pays depuis un certain temps.
On a également abordé la question de l'obligation de produire une pièce d'identité de source canadienne et on s'est demandé si cela empêcherait des électeurs d'exercer leur droit de vote. Nous avons eu la même discussion à l'égard du projet de loi , et j'ose espérer qu'il y avait un certain consensus sur les 39 pièces d'identité admises par Élections Canada. C'est une liste solide et très complète qui est tout aussi pertinente dans le contexte du présent projet de loi. Je crois qu'elle n'empêche personne d'exercer son droit de vote. Il y a 39 pièces d'identité admises. Je suis convaincue que tous pourront produire au moins l'une d'entre elles pour satisfaire aux exigences du projet de loi.
Pour ce qui est du manque de temps pour s'inscrire, obtenir le bulletin de vote et participer au scrutin, les Règles électorales spéciales exigent déjà que les gens fassent tout ça. Si mes collègues veulent en prendre connaissance, ces règles se trouvent sur le site Web d'Élections Canada, et nombre d'entre elles recoupent celles que contient le projet de loi à l'étude. Encore une fois, cela a été facile pour bien des gens.
Par curiosité, j'ai consulté le site Web de Postes Canada pour voir combien de temps il fallait à une lettre pour arriver à destination. On nous dit qu'il faut compter de quatre à sept jours ouvrables pour les lettres internationales. Compte tenu des diverses modalités d'inscription au scrutin, que ce soit en ligne, à l'ambassade ou par télécopieur, il y a moyen pour les gens d'obtenir cette information et de communiquer.
En conséquence, je suis en faveur de ce projet de loi. Il clarifie les choses, compte tenu de la décision Frank.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre au nom des habitants de , dans la belle ville de Toronto, pour participer au débat sur le projet de loi .
C'est important pour les gens de ma circonscription. Beaucoup d'habitants de et de Toronto font la navette entre le Canada et leur pays d'origine. Bon nombre des électeurs de ma circonscription vivent aux deux endroits et se soucient beaucoup du Canada et du processus électoral. Ce sont des citoyens canadiens qui, au cours de leur vie, se trouvent à vivre ailleurs pendant un certain temps.
Nous savons déjà, d'après les divers récits que nous avons entendus ici, à quel point il est difficile pour bien des immigrants canadiens de recevoir des services gouvernementaux, d'avoir accès à Service Canada, par exemple, et à quel point c'est difficile et complexe pour beaucoup de gens de notre collectivité. Voilà un autre exemple de la façon dont le gouvernement mine la confiance des immigrants et des citoyens canadiens qui vivent à l'étranger. Ce projet de loi s'inscrit dans une longue litanie de grand discours, dont le résultat est un manque de plus en plus profond de confiance.
La relation qu’entretient le gouvernement avec les experts de la société et les tribunaux est également très conflictuelle. En fait, le gouvernement n’hésite pas à dépenser de l’argent, l’argent gagné par les Canadiens, pour des contestations judiciaires, en se permettant même de se moquer de décisions entrées dans la jurisprudence canadienne.
Dans le présent cas, je faire référence à la décision du juge Michael Penny de la Cour supérieure, qui a décrété que les Canadiens qui vivent depuis longtemps à l’étranger et qui ont à cœur le sort du Canada doivent avoir le droit de vote. Le gouvernement fédéral n’a toutefois pas retiré son appel du jugement dans l’affaire Frank lorsqu’il a déposé le projet de loi , même s’il donne l'impression d'accepter la décision du juge dans le communiqué et le document d’information sur le projet de loi en question.
Nous avons un projet de loi, et il est important que les Canadiens comprennent que les parlementaires acceptent de traiter cette question dans le respect des valeurs de la société canadienne, qui veulent qu’un citoyen canadien, où qu’il vive, a le droit de voter aux élections.
Le gouvernement affirmera, comme il l’a fait dans des débats précédents entourant sa loi sur le manque d'intégrité des élections, qu’il simplifie et rationalise tout simplement le système. En fait, nous savons qu’il n’en est rien. Lorsque des démocraties libérales, comme le Canada, sont aux prises avec des taux de participation aux élections en chute libre, on penserait bien que les parlementaires, dont nous sommes, réfléchiraient à des façons de faciliter la participation au scrutin et d’inviter les citoyens à aller voter en plus grand nombre. Toutefois, nous voyons le gouvernement, une fois encore, prendre la direction opposée, au point où des organismes ont soulevé des préoccupations graves concernant ce projet de loi.
Selon Dylan Penner, du Conseil des Canadiens, « le projet de loi C-50 est un cas patent d’abus de pouvoir. Le gouvernement actuel essaie de faire voter une loi qui contourne une décision judiciaire qu’il n’aime pas », ce que nous avons déjà entendu, et « de piper les dés encore plus en sa faveur pour les prochaines élections », et ça, nous l’avons déjà entendu également. M. Penner a ajouté que « plutôt que de se plier à une décision de la cour qui rétablit le droit de vote, le gouvernement a décidé de changer la loi de façon à faire obstacle au droit de vote. »
J'aimerais ajouter que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
J'aimerais également citer une phrase publiée par l'organisation À l'action, qui exhorte le et le à s'engager à respecter l'article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit de vote à tous les citoyens canadiens. La phrase est la suivante:
Si le gouvernement et ses successeurs cherchent encore à casser la décision rendue dernièrement par la cour, qui réaffirme le droit de vote, nous considérerons qu'ils portent atteinte aux droits démocratiques de tous les Canadiens.
Voilà qui semble être au coeur de la question dont nous débattons aujourd'hui.
Le gouvernement conservateur a l'habitude de dépasser les bornes lorsqu'il est question de droits et de libertés démocratiques et de semer la confusion quant à ses intentions, tant à la Chambre qu'en dehors de celle-ci. D'innombrables enquêtes ont été menées, notamment des enquêtes policières relatives à des allégations de fraude électorale.
Bref, les Canadiens ne font pas confiance au gouvernement.
Nous avons entendu ce matin l’ancien ministre des Affaires étrangères parler de l’importance de la Chambre, du rôle central qu’elle joue pour préserver la démocratie au Canada. Toutefois, nous constatons encore une fois que le gouvernement cherche à déjouer les règles, espérant que les Canadiens qui luttent pour joindre les deux bouts ne s’apercevront pas qu’il commence à piper les dés en sa faveur. Ce projet de loi n’en est qu’un exemple. Le gouvernement n’a présenté aucune donnée, ni aucun argument convaincant voulant que cela ne soit pas le cas, et je parle ici de la vie en général.
Plus de 2,8 millions de Canadiens vivent à l’étranger. Ces Canadiens paient environ 6 milliards de dollars en impôts au Canada. Nous devons donc réfléchir à des façons de les inclure plus facilement dans notre processus électoral. C’est un projet que tout gouvernement estimerait important, voire vital, mais tel n’est pas le cas ici. Il importe que nous soyons informés de certains détails concernant la façon dont les choses vont évoluer. Nous avons le projet de loi, mais les parlementaires ont besoin de connaître les répercussions de ces mesures sur le quotidien des gens.
Selon le projet de loi , les citoyens canadiens n’auraient que cinq semaines avant les élections pour faire toutes leurs démarches. Ils doivent envoyer le formulaire et Élections Canada doit leur poster un bulletin de vote spécial. Ils doivent ensuite retourner ce bulletin par la poste. Comme l’a indiqué un Canadien vivant à l’étranger que l’on a consulté sur les répercussions du projet de loi C-50: « Étant donné les délais de la poste à l’étranger, les Canadiens vivant à l’extérieur du pays qui voudront avoir une petite chance de faire compter leur vote devront utiliser les services de FedEx ou d’autres services de messagerie. »
Élections Canada, pour sa part, n’a pas le droit de recourir à ces services privés. En d’autres mots, si Élections Canada envoie le bulletin de vote par courrier de surface, les électeurs à l’extérieur de l’Amérique du Nord auront beaucoup de difficulté à exercer leur droit de vote. Juste sur le plan de la coordination, ce projet de loi pose problème. On penserait bien que le gouvernement tiendrait compte de ces questions, mais que pouvons-nous attendre d’un gouvernement qui cherche à démanteler peu à peu notre service postal? J’imagine que c’est ce que nous obtenons.
Le projet de loi préoccupe énormément notre parti. Nous avons une solution dans le projet de loi présenté par la députée d’. J’exhorte le gouvernement à examiner sérieusement ce projet de loi.
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Monsieur le Président, on va tenter de faire du mieux qu'on peut, dans les quatre minutes qui nous sont dévolues pour parler d'un projet de loi aussi important que le projet de loi .
D'entrée de jeu, je vais souligner le travail extraordinaire de mon collègue de qui, au nom de nous tous de l'opposition officielle, tente de s'assurer que la démocratie demeure vivante et réelle dans ce magnifique pays.
Je suis heureuse et triste en même temps de me lever. Je suis heureuse de le faire au nom des gens de Gatineau et d'avoir un moment pour m'exprimer sur le projet de loi . En même temps, je suis triste de voir qu'on décrit le projet de loi C-50 comme une réponse à une décision de la cour. Encore une fois, cela me démontre que ce gouvernement a une drôle de façon de répondre aux décisions des tribunaux. À chaque fois, j'en reste bouche bée.
L'arrêt Frank et al. c. Procureur général du Canada, a été fait dans le contexte de l'article 11, à l'alinéa 11d) de la Loi électorale du Canada. On y déclarait que tout citoyen canadien absent du Canada depuis au mois cinq années consécutives ne pouvait pas voter aux élections fédérales canadiennes.
En fait, ce que le juge Penny nous dit dans l'arrêt Frank, c'est tout simplement que le principe de l'article 3 de la Charte canadienne des droits et libertés garantit le droit de voter à tout citoyen canadien, sans limitation. Il n'y a pas d'exception selon le contexte, mais c'est un droit intrinsèque à tout citoyen canadien. C'est notre façon première de pouvoir nous exprimer de façon démocratique en ce pays. C'est le droit de s'exprimer dans le contexte d'une élection. Il me semble que ce principe était évident. La cour a rendu la décision qui devait être rendue, c'est-à-dire qu'on ne peut pas enlever ce droit à des citoyens canadiens. On parle ici de citoyens canadiens. On ne parle pas de gens qui n'ont pas d'attache. Ils ne sont peut-être pas sur le territoire canadien, mais ce sont des citoyens canadiens. Qu'a fait le gouvernement? Il a déposé le projet de loi .
Pendant que j'écoutais les débats tout au long de l'avant-midi, j'ai été agréablement surprise et plus ou moins surprise, je dirais, parce que des gens m'ont envoyé des messages sur Facebook, dont celui d'une personne en particulier. On sait qu'avec l'alinéa 11(d) dont je parlais tout à l'heure, il y avait quand même une exception en ce qui concerne les militaires. Cette personne a dit que toutes les règles ne concerneront évidemment pas nos militaires — et j'en suis fort aise —, mais ce ne sera pas nécessairement le cas pour les membres de leur famille. C'est deux poids, deux mesures.
J'ai un peu de difficulté avec cet exemple et d'autres aussi. En effet, le projet de loi fait en sorte qu'on se retrouve avec différents types de citoyens.
Je suis d'accord avec tous mes collègues qui se sont exprimés à la Chambre et qui ont dit qu'on doit, autant que possible, faire tout en notre pouvoir pour rendre l'accès au vote le plus facile possible. Ce n'est pas pour encourager des formes de détournement de démocratie, mais bien pour permettre au plus de gens possible d'exprimer leur choix démocratique. On dirait que ce gouvernement a beaucoup de difficulté à agir de cette façon.
Le projet de loi nous dit que c'est en réponse à la décision de la cour, mais la décision dit qu'on ne peut pas interdire aux gens de voter. Que font les conservateurs? Ils les interdisent. J'ai vraiment beaucoup de problèmes à comprendre comment ce gouvernement lit les décisions des tribunaux. De toute façon, ils n'ont pas arrêté d'aller en appel de la cause.
Je sais que mon temps est malheureusement déjà écoulé sur un sujet aussi important. Toutefois, j'aurai certainement l'occasion de pouvoir m'exprimer plus longuement sur la question.