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Monsieur le Président, nous allons avoir un débat intéressant aujourd’hui, car la députée d' vient de dire que nous ne devrions pas signer l’entente. Mais en fait, l’entente a bel et bien été conclue et ses modalités étaient très claires. C’est tout à fait le contraire de ce que laisse entendre la province de Terre-Neuve.
J’ai participé à un certain nombre de réunions des parties prenantes, avec l’industrie de Terre-Neuve et des autres provinces atlantiques, et avec les syndicats. Les enjeux de la discussion étaient parfaitement clairs et, à mon avis, rien ne s’est fait en secret ou de façon inappropriée.
Le gouvernement du Canada a accepté de créer un fonds au cas où Terre-Neuve-et-Labrador enregistrerait des pertes, étant donné que l’accord supprime les exigences minimales en matière de transformation. Le fait est que l’industrie et bon nombre de pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador sont favorables à cette entente et comprennent les avantages qu’ils tireront de la suppression de ces exigences minimales. Ils ont aujourd’hui la possibilité de le faire, et, si la province perd de l’argent, le gouvernement fédéral est disposé à venir à la rescousse, jusqu’à concurrence d’un certain montant. Voilà quelle est l’entente.
Je me demande vraiment à quoi les néo-démocrates veulent en venir aujourd’hui. J’imagine que cette partie des 400 millions de dollars viendrait de la province de Terre-Neuve; je ne vois pas comment il pourrait en être autrement, car le gouvernement fédéral n’a jamais mis 400 millions de dollars sur la table.
La question comporte un certain nombre d’enjeux, dont il vaudrait mieux discuter de façon non partisane. Parlons de ce que l'AECG peut nous apporter. Laissons tomber les manigances destinées à épater la galerie. Oublions les prises de bec avec le gouvernement fédéral qui visent simplement à améliorer les chances de certains d'être réélus lors des prochaines élections provinciales. Tout le monde ici présent s'est déjà rendu coupable de ce genre de chose. C'est toujours le même film, et ce n'est pas différent dans ce cas-ci.
J’aimerais dire quelques mots au sujet de l’AECG, mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais préciser clairement certaines choses afin que les Canadiens qui nous écoutent comprennent bien de quoi il est question.
Les députés NPD ont déjà dit qu’ils n’approuvaient pas l’AECG. Aujourd’hui, ils réclament une partie de l’AECG qui n’a jamais fait l’objet d’une entente, alors que de toute façon, ils vont voter contre. Je suis perplexe. Je ne comprends vraiment pas. Les libéraux, eux, ont annoncé qu’ils appuieront la motion ainsi que l’AECG. Les premiers ministres provinciaux autres que celui de Terre-Neuve ont fait savoir que si Terre-Neuve bénéficie d’un traitement spécial, ils en voudront un aussi.
Le fait est que Terre-Neuve a un système bien particulier. Elle a des exigences minimales de transformation qui garantissent qu’une certaine quantité de poisson et de fruits de mer sera transformée sur l’île de Terre-Neuve et au Labrador. C’était tout à fait justifié il y a 30 ou 40 ans, mais ça l’est moins aujourd’hui, compte tenu de la réalité économique mondiale.
L’industrie et les pêcheurs ont compris qu’ils avaient là l’occasion de se débarrasser des exigences minimales de transformation. Nous ne pouvons pas justifier ces exigences devant l’OMC, et je vous dirai franchement que si l’OMC nous intentait des poursuites sur ce sujet, nous perdrions très certainement. Par conséquent, tout le monde est gagnant si nous nous en tenons à l’entente initiale.
J’aimerais m’attarder quelques instants sur les exigences minimales de transformation. Les députés NPD en ont parlé comme s’il n’y en avait qu’une, mais ce n’est pas du tout le cas. Il y en a 25, et elles varient selon les espèces. L’omble chevalier, l’aiguillat, le saumon, le requin, l’espadon, la truite et le thon doivent seulement être éviscérés. On est loin de la transformation complète.
Il existe d’autres exigences minimales pour l’orphie, la myxine et l’éperlan, par exemple, et aussi pour la plie rouge, le capelan et le maquereau, qui représentent trois autres catégories. Il y a ensuite la catégorie de la palourde, de la coque, du bigorneau et de la mye. Certaines espèces doivent êtres congelées et conditionnées entières. D’autres doivent être emballées entières dans des cartons ne pesant pas plus de 110 kilogrammes.
Il existe donc 25 exigences minimales de transformation. Les poissons qu’on débarque sur l’île de Terre-Neuve et au Labrador ne sont pas tous transformés en bâtonnets de poisson, loin de là. Les besoins de l’industrie ont changé.
L’industrie des fruits de mer du Canada atlantique est moderne et dynamique. Nous sommes capables de faire face à la concurrence de n’importe quel autre pays. C’est une industrie de grande valeur.
Aujourd’hui, Terre-Neuve paie des droits de 18 à 20 % sur les crevettes cuites et décortiquées. La province essaie de les éliminer depuis longtemps. Elle a complètement échoué. Cet accord ramènera les droits à zéro. En 2006, le marché des crevettes cuites et décortiquées rapportait 124 millions de dollars. En ce moment, cette floraison de crevettes est en repli parce que la population de morue, prédateur de ce crustacé, se rétablit. Les crevettes disparaissent, mais leur production vaut toujours 91 millions de dollars. Si nous prenons 20 % de ce montant et le remettons aux transformateurs et aux pêcheurs, tout le monde y gagnera, à Terre-Neuve-et-Labrador. Les crustacés valaient 134 millions de dollars en 2006. Cette valeur est aujourd’hui légèrement à la baisse à cause du retour de leur grand prédateur, la morue, mais elle s’élève toujours à 98 millions de dollars. Les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador récupéreraient près de 20 millions de dollars: 8 % sur le homard et un maximum de 20 % sur d’autres produits. C’est la même chose en ce qui concerne la morue, le maquereau et d’autres poissons de fond. Nous avons donc un total pour ces produits marins d’à peine moins de 200 millions de dollars en 2007, de 173 millions de dollars en 2006 et de 104 millions de dollars aujourd’hui. Plus de 20 millions de dollars reviendraient à Terre-Neuve-et-Labrador.
D’où vient ce problème? Comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une question litigieuse qui a été soumise à l’OMC. Il s’agit d’un obstacle au commerce qu’il serait difficile de justifier. Au mieux, si Terre-Neuve-et-Labrador voulait le maintenir, le gouvernement fédéral et la province devraient sans doute payer fort cher pour le faire.
Par ailleurs, nous avons là le meilleur accord commercial que nous ayons jamais signé avec un autre pays. Le moment n’est pas bien choisi pour nous disputer entre nous. Il est temps de trouver un terrain d’entente. C’est déjà chose faite avec Terre-Neuve. Nous avons proposé un ensemble de dispositions pour le poisson et les fruits de mer à Terre-Neuve. Il permettra au gouvernement de la province d’éliminer les exigences minimales de transformation. Si la province subissait des pertes, nous l'indemniserions. C'est ce qui a été convenu. Il n’a jamais été question d'un chèque en blanc qui donnerait à la province un avantage indu par rapport au reste de l’industrie des produits de la mer du Canada. Il ne serait pas logique que le gouvernement fédéral agisse de la sorte, et il ne serait pas plus logique que Terre-Neuve-et-Labrador demande un traitement de faveur. Ce que la province a demandé et ce qui a été négocié, c’est un fonds permettant de compenser des pertes éventuelles. Ce n’est guère différent de l’accord conclu avec l’industrie laitière au Québec. Si elle essuie des pertes, nous pourrons l'aider. Tel est l’accord. Tout le reste est le fruit de l’imagination du NPD.
Je voudrais dire un mot au sujet de l’AECG. Le but visé est de créer des emplois et des occasions pour les Canadiens de toutes les régions du pays. Nous savons que, en ce moment, notre économie dépend plus que jamais des marchés mondiaux. Le Canada est un pays exportateur et il doit participer aux chaînes mondiales d’approvisionnement. Le commerce et l’investissement sont les deux moteurs de la croissance de l’économie mondiale. Pour assurer notre prospérité, nous devons prendre de l’expansion hors de nos frontières, sur des nouveaux marchés, pour saisir les occasions économiques qui favoriseront la croissance des exportations et des investissements du Canada.
L’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, l’AECG, contribuera de manière non négligeable à l’économie du Canada en ouvrant des marchés aux entreprises canadiennes et en créant des emplois pour les travailleurs de toutes les régions de notre pays.
La réussite de l’économie du Canada est de plus en plus étroitement liée à son commerce avec d’autres pays et à sa capacité de vendre ses produits sur d’autres marchés et d’intégrer son industrie aux chaînes mondiales d’approvisionnement. C’est ainsi que le Canada a accédé à la prospérité et que les Canadiens ont atteint un niveau de vie plus élevé, grâce à des emplois plus nombreux et mieux rémunérés que ce qui aurait été possible si nous nous étions limités à notre marché intérieur.
En réalité, plus de 60 % de notre PIB est directement lié au commerce, et près de la moitié de la production manufacturière du Canada est écoulée à l’étranger. C’est plus de 50 %. L’AECG est une grande conquête. Nous devrions tous nous réjouir des occasions que nous donnera l’accès au plus grand marché intégré au monde. Ainsi, en 2012, les importations de l’Union européenne s’élèveront à 2,3 billions de dollars, ce qui dépasse largement le PIB du Canada, qui s’établissait à 1,8 billion de dollars. Les exportateurs canadiens de biens et services profiteront aussi du marché lucratif des acquisitions des gouvernements européens, qui vaut à lui seul 3,3 billions de dollars par année.
Un mot, maintenant, sur les possibilités qui s’offrent au secteur des services de Terre-Neuve-et-Labrador, puisque la province tire 49 % de ses revenus de ce secteur. Nous avons ici l’occasion de livrer concurrence sur un pied d’égalité et de participer au marché des importations et des services de l’Union européenne, dont la valeur atteint 2,3 billions de dollars. J’y reviendrai tout à l’heure. Terre-Neuve-et-Labrador ne saurait laisser filer cette occasion. Ce ne serait vraiment pas une bonne idée.
L’AECG offrira un nouvel accès au marché européen, qui compte plus d’un demi-milliard de consommateurs parmi les plus avertis et les mieux nantis du monde. Il conférera aussi un avantage concurrentiel aux entreprises canadiennes par rapport aux autres exportateurs, dont ceux des États-Unis. Une fois l’accord en vigueur, le Canada sera le seul pays du G7 qui aura un accès préférentiel aux deux plus grands marchés du monde. Le Canada fera ainsi l’envie des autres pays commerçants, car ses exportateurs auront un accès privilégié à l’économie américaine, de 16 billions de dollars, et à l’économie de l’Union européenne, de 18 billions de dollars. Pour le Canada, c’est une occasion en or.
Selon une étude réalisée conjointement par le Canada et l’Union européenne, qui appuyait l’amorce de négociations, l’AECG ferait augmenter notre PIB de 12 milliards de dollars par année, ajouterait 1 000 $ au revenu du ménage canadien moyen et créerait près de 80 000 emplois pour les Canadiens.
Le gouvernement s’est montré ouvert comme jamais pour l’Accord économique et commercial global. Les négociations ont été menées dans la plus grande transparence et avec la plus grande collaboration observées dans toute l’histoire canadienne; ce qui explique pourquoi les Canadiens de partout au pays ont également qualifié cet accord de réalisation marquante pour le Canada. Nous avons tenu des négociations ouvertes et traité directement avec les provinces, qui étaient présentes lors des négociations. Si quelque chose dérangeait une province, elle avait la possibilité d’en parler. Même si les provinces représentaient déjà les municipalités, le a tenu des séances d’information régulières avec les dirigeants municipaux de partout au pays.
Bref, est-ce un bon accord? Ce n’est pas seulement un bon accord, c’est un splendide accord. C’est un accord fantastique. Examinons-en certains éléments. Tout d’abord, en ce qui concerne le commerce des biens, nous sommes parfaitement au fait de la richesse et de la diversité de nos secteurs primaires, mais nous savons aussi que le secteur manufacturier, qui comprend divers sous-secteurs comme ceux de l’automobile, des produits chimiques et des matières plastiques, influe sur toute notre économie.
Les secteurs primaires comportent également des volets manufacturiers importants, comme l’agroalimentaire, les produits forestiers, l’industrie du poisson et des fruits de mer et la transformation des métaux. L’AECG sera bénéfique pour tous ces sous-secteurs et pour tous les Canadiens qui y sont employés et qui travaillent fort pour gagner leur vie.
Par exemple, le jour où l’AECG entrera en vigueur, 98 % de toutes les lignes tarifaires de l’Union européenne disparaîtront, ce qui permettra aux produits canadiens de concurrencer sur un pied d’égalité les autres produits du plus grand et du plus sophistiqué de tous les marchés du monde.
Monsieur le Président, je vois que vous levez votre main pour m’indiquer qu’il ne me reste que cinq minutes; ce que j’ai à dire prendrait beaucoup plus que cinq minutes mais je vais essayer de conclure dans ce laps de temps.
De quoi s’agit-il? Il y a d’abord l’abolition des droits de douane. Viennent ensuite le traitement non discriminatoire des produits canadiens sur le territoire de l’Union européenne et les paramètres destinés à limiter le recours à d’autres restrictions pour l’importation et l’exportation. Par exemple, l’AECG enjoindra aux gouvernements d'appliquer des politiques transparentes, claires et équitables afin de réduire au minimum les coûts pour nos collectivités respectives. Il prévoit également des règles d’origine favorables, conformes aux chaînes de valeur établies au Canada, qui permettront aux produits canadiens de se qualifier plus facilement pour la franchise de droits de douane sur le territoire de l’Union européenne.
Pour ce qui est des produits agricoles et agroalimentaires, 93,6 % des lignes tarifaires de l’Union européenne seront éliminées dès la première journée de mise en œuvre de l’accord, et cette proportion passera à 95 % sept ans plus tard. Voilà une réalisation remarquable.
Les députés savent-ils combien de produits agricoles sont exempts de droits de douane sur le territoire de l'Union européenne, à l’heure actuelle? Le NPD devrait peut-être se renseigner et en prendre bonne note. À l’heure actuelle, 18 % sont exempts de droits de douane; à la signature de l’accord, 93 % en seront immédiatement exempts, et 95 % par la suite. Soyons clairs. Nous avons réussi à obtenir tout ça tout en préservant les trois piliers de la gestion des approvisionnements et sans changer les conditions d’accès au marché européen de la volaille et des œufs.
Encore une fois, c’est un accès sans précédent. Si nous comparons la position du Canada à celle des autres pays agricoles comme l’Australie et les États-Unis, nous jouissons d’un accès privilégié, surtout par rapport aux États-Unis qui, eux, ne seront pas exemptés de droits le jour où nous signerons l’AECG. Je pense très franchement qu’ils auront beaucoup de mal à négocier un accord comme l’AECG, parce qu’ils ne réussiront pas à mettre en place un dispositif de marchés infranationaux, vu le système qu’ils ont et les pouvoirs de chaque État.
Nous avons conclu une entente sur les cultures génétiquement modifiées, qui représentaient auparavant une barrière commerciale non tarifaire. Les discussions s’articuleront sur le principe de la coopération en matière de réglementation, sur la promotion d’un système d’approbation efficace, fondé sur des données scientifiques, et sur la réduction des effets négatifs de la réglementation sur les échanges commerciaux.
Pendant les quelques minutes qu’il me reste, j’aimerais revenir au vif du sujet, c’est-à-dire au secteur des fruits de mer et des ressources halieutiques. Dans ma région, le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, c’est vraiment le secteur d’activité le plus important. Certes, le secteur manufacturier y joue lui aussi un rôle important, ce qui fait de l’économie de la province une économie assez diversifiée, mais l’industrie du poisson et des fruits de mer est vraiment un secteur particulièrement important.
S’agissant du poisson et des fruits de mer, l’AECG éliminera 100 % des droits de douane de l’Union européenne, dont certains vont jusqu’à 25 %, sur les fruits de mer canadiens, et 96 % de ces droits seront éliminés dès l’entrée en vigueur de l’accord. Nous avions déjà obtenu un excellent accord pour le secteur agricole, mais je dois dire que là, c’est encore mieux. Cet accès inouï que nous allons avoir sur les marchés européens du poisson et des fruits de mer a fait dire à certaines parties prenantes que l’AECG représentait un changement radical pour les pêcheries canadiennes.
D’autres ont souligné les avantages de l’AECG pour les producteurs canadiens de poissons et de fruits de mer, laissant entendre que l’AECG ferait augmenter les exportations de crevette et de homard. Les exportations de crevette et de homard sont extrêmement importantes pour Terre-Neuve-et-Labrador. Dans ma région, le homard est un produit d’exportation très important à destination des États-Unis. Sur le homard frais expédié à partir de la Nouvelle-Écosse vers le marché européen, nous payons 8 %. C'est presque 10 %. Il s'agira d'un gain monétaire qui ira aux transformateurs et, en partie, aux producteurs, c’est-à-dire les pêcheurs eux-mêmes.
L’accord va faciliter le développement des exportations de crevette et de homard, encourager la diversification de l’industrie des pêches, et permettre aux produits de la mer canadiens de concurrencer les autres à armes égales, sur le marché intégré le plus vaste du monde et sur le marché de poisson et de fruits de mer le plus important du monde. Il en va de même pour les produits automobiles, le secteur de la foresterie, etc., dans les différentes régions du Canada.
C’est un superbe accord, dont la province de Terre-Neuve-et-Labrador doit absolument être partie prenante. Elle ne peut pas rester en touche. Elle doit saisir l’occasion qui se présente, et j’espère sincèrement que le NPD changera d’avis au sujet de la motion dont nous sommes saisis aujourd’hui, et qu’il appuiera l’AECG quand il sera déposé dans cette Chambre.
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Monsieur le Président, je tiens à ce qu’une chose soit bien claire dès le départ. Jamais je n’ai entendu mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, ni le porte-parole de notre parti, affirmer que nous rejetions catégoriquement l’AECG. Ce que tous ont dit, c’est que, comme doit le faire tout parlementaire sérieux, nous tenions à en examiner le texte. Nous voulons voir le contenu de l’accord, consulter les Canadiens et recueillir leur point de vue. Ce n’est qu’après que nous appuierons ou rejetterons l’accord. Nous ne sommes pas comme d'autres partis qui, sans avoir vu un projet de loi, affirment qu’il est excellent et qu’ils l’appuieront, quitte à le regretter par la suite.
Plus mes collègues d’en face essaient de détourner l’attention en donnant de l’information clairement trompeuse, plus ils rendent un mauvais service à la Chambre et aux parlementaires. Nous sommes ici aujourd’hui pour discuter d’une promesse reniée, d’une trahison. Il y a eu une entente.
Je tiens à dire clairement que le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador a demandé l'aide de notre chef. C'est une belle province, soit dit en passant. S'ils en ont l'occasion, les gens devraient visiter Terre-Neuve-et-Labrador. La province est magnifique, ses résidants sont sympathiques et, qui plus est, les produits de la mer y sont excellents. On a demandé à notre chef de soulever cette question à la Chambre et d'obliger le gouvernement à rendre des comptes quant aux engagements qu'il a pris. C'est pourquoi nous débattons de cette question aujourd'hui.
Monsieur le Président, j'ai oublié de vous dire que je vais partager mon temps de parole avec mon estimé collègue, le député de .
D'entrée de jeu, j'aimerais citer Paul Davis, le premier ministre conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador. Voici ce qu'il a dit:
Cette situation montre clairement qu'on ne peut pas faire confiance au gouvernement fédéral, au gouvernement de Stephen Harper [...] Nous avons négocié de bonne foi. Nous pensions en être arrivés à un accord.
Il dit très clairement — inutile de lire entre les lignes — qu'il ne fait pas confiance au gouvernement ni au et qu'il se sent profondément trahi.
Lorsqu'un gouvernement renie un engagement, il perd de la crédibilité. Mais pourquoi donc suis-je étonnée? Je siège ici depuis 2011. Le gouvernement renie sans cesse ses engagements.
Il y en a un qui est très important pour ma circonscription. Selon un rapport récent, le taux de criminalité serait en hausse. En plus, nous jouissons de très peu de services policiers par rapport aux localités environnantes. Or, le gouvernement s'est engagé à embaucher un certain nombre d'agents de la GRC. Il ne l'a pas fait. Si je voulais énumérer tous les engagements que le gouvernement a reniés, je n'aurais pas assez de temps. Je pense que tous mes collègues réunis n'en auraient pas assez.
Il y a également les engagements pris envers les anciens combattants, qui, eux aussi, se sentent absolument trahis. Il y a les engagements pris envers les personnes qui ont perdu leur emploi après avoir cotisé à la caisse d'assurance-emploi de bonne foi, en croyant qu'elles pourraient y faire appel dans une telle situation, mais qui, parce que les libéraux, puis ceux d'en face, ont pigé dans la caisse avant de changer les règles, découvrent maintenant que les règles sont devenues si sévères qu'il leur est impossible de toucher l'aide qu'il leur faut.
Aujourd'hui même, la ministre a dû répondre à une question sur un fonds visant à favoriser l'accès des personnes handicapées. Plusieurs milliards de dollars de ce fonds n'ont pas été utilisés. En fait, la majeure partie de ce financement est versée dans des circonscriptions conservatrices. Ce n'est certainement pas ainsi que nous voulons que le Canada soit dirigé.
J'en profite aussi pour dire que les gens de ma circonscription ont la profonde impression d'être trahis. Samedi dernier, j'ai participé à une manifestation de camionneurs mis à pied. On les a avisés cavalièrement qu'ils n'avaient plus accès au port. Certains de ces camionneurs y travaillaient depuis 20 à 28 ans. Les membres de leur famille, notamment leurs enfants, participaient à la manifestation, et cela fendait le coeur parce qu'ils ne savaient pas pourquoi ces camionneurs avaient été mis à pied. Les travailleurs venaient de conclure une entente pas plus tard que l'an dernier. Ils ne se sont pas rendu compte, et on ne leur avait pas dit alors, que cette entente contenait des dispositions cachées qui allaient entraîner beaucoup de mises à pied et empêcher tous ces gens de gagner leur vie. C'est inadmissible.
J'ai vu de jeunes enfants. J'ai parlé avec les camionneurs ou avec leurs conjointes, qui m'ont raconté leur histoire. Ils se sentaient trahis par le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Ils avaient l'impression que leur dossier était une patate chaude que le port et les divers ordres de gouvernement se refilaient entre eux. Ces camionneurs veulent qu'on trouve une solution.
Je demande aujourd'hui à la ministre Raitt, car je sais à quel point est sérieuse, d'intervenir...
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre part à ce débat pendant quelques minutes. Il s'agit d'un enjeu important. Je tiens aussi à féliciter l'auteur de la motion, le député de .
Comme les députés le savent, la motion à l'étude invite le gouvernement fédéral à respecter sa promesse à Terre-Neuve-et-Labrador de 400 millions de dollars pour le développement et le renouvellement, selon un modèle fédéral-provincial de partage des coûts dans une proportion de 70/30, par l’entremise du fonds d’investissement dans les pêches de la province, pour avoir éliminé les exigences minimales de transformation dans le cadre de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
Si cet enjeu aussi important a été mis à l'avant-plan par le député, c'est parce que la Nouvelle-Écosse, conformément à l'engagement pris par le gouvernement fédéral, a adopté une loi provinciale sur les exigences minimales de transformation, qui influe dans une certaine mesure sur la transformation du poisson, comme c'est le cas à Terre-Neuve-et-Labrador, afin que les poissons ne puissent pas être récoltés en mer puis traités dans les chalutiers-usines ou être envoyés en Europe ou ailleurs. Terre-Neuve-et-Labrador a conservé cette mesure législative parce qu'elle crée des emplois dans de nombreuses collectivités et dans les petits ports isolés, entre autres, sur l'ensemble de son territoire. C'est un moteur économique important pour cette province et il est probablement unique. Le Québec a aussi adopté des exigences similaires, mais elles n'y sont pas respectées aussi rigoureusement qu'à Terre-Neuve-et-Labrador.
Pendant les négociations, la Communauté européenne a exigé que le Canada élimine ces dispositions législatives, parce qu'elles garantissaient à Terre-Neuve-et-Labrador des droits qui avantageaient l'une des provinces canadiennes. Les Européens souhaitaient, bien sûr, pouvoir simplement importer les produits pêchés sur nos côtes et les transformer en Europe. C'était leur intention.
Il ne faudrait toutefois pas oublier que la Communauté européenne savait, lorsqu'elle a commencé à négocier cette entente commerciale avec le Canada, que notre pays est une fédération. Les Européens étaient conscients des pouvoirs dont disposaient les provinces et souhaitaient que les provinces participent aux négociations, ou du moins qu'elles y contribuent d'assez près pour que l'accord du gouvernement fédéral sur un point particulier signifie aussi l'accord des provinces. C'était l'une de leurs préoccupations.
Certains aspects concernant l'industrie laitière et la gestion de l'offre touchaient aussi les provinces. De plus, la Commission européenne a tenté de prolonger de quelques années la protection des brevets, ce qui aurait coûté des milliards de dollars au Canada et des millions de dollars à certaines provinces. Ne serait-ce que pour ces trois éléments, la Communauté européenne jugeait important que les provinces participent aux discussions.
Toutefois, dans certains de ces dossiers, la population des provinces concernées s'est inquiétée. À Terre-Neuve-et-Labrador, les conséquences de renoncer aux exigences minimales de transformation a été la pierre d'achoppement. Plusieurs provinces se sont attardées à l'impact de la prolongation de la durée des brevets sur leur budget de santé. L'industrie laitière dans certaines provinces, au Québec notamment, s'est inquiétée pour ses fromages et autres produits, et s'est mise à faire pression sur le gouvernement.
J'ai eu l'occasion de discuter avec quelques représentants provinciaux de ces questions et nous avons débattu de celles-ci à la Chambre. Afin de conclure l'accord et régler ces questions, le gouvernement fédéral a donné des garanties aux provinces. Dans le cas de la prolongation de la durée des brevets — ce qui serait susceptible de faire augmenter le coût des médicaments —, il a déclaré aux provinces: « Ne vous en faites pas, nous ne croyons pas que cela se produira. Si c'est le cas, vous pouvez compter sur nous. Nous vous soutiendrons. Si les coûts augmentent en raison de la prolongation des brevets, nous couvrirons les frais. » Certaines provinces, dont la Nouvelle-Écosse, l'Ontario et le Québec, ont donné leur accord après avoir reçu de telles garanties de la part du gouvernement fédéral.
L'industrie laitière avait aussi reçu des garanties. Des gens de l'industrie et des fonctionnaires provinciaux m'ont dit que le gouvernement fédéral avait garanti à l'industrie laitière et aux provinces qu'elles seraient indemnisées. Par exemple, les exigences minimales de transformation à Terre-Neuve-et-Labrador étaient en vigueur depuis peut-être 30 ans, voire plus. L'industrie visée par ces exigences a généré l'équivalent de 1,1 milliard de dollars en valeur de production en 2013 et elle emploie directement plus de 18 000 personnes qui vivent pour la plupart dans des régions rurales de la province.
Les restrictions liées aux exigences minimales de transformation sont très importantes pour la province, et les gens de l'industrie, les élus municipaux et d'autres intéressés dans les régions y tiennent. Lorsque la province de Terre-Neuve-et-Labrador a appris qu'il était question de ces exigences pendant les négociations et que le gouvernement fédéral entendait négocier leur abolition, cela a créé tout un tollé. Il est juste de dire que l'industrie de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador, surtout la pêche à la morue, a connu des moments difficiles, et c'est ce qui explique pareil tollé. Les stocks se regarnissent, mais les gens craignent que, si le gouvernement fait un trait sur ces droits et qu'il abolit cette mesure législative, les entreprises de pêche ne soient plus tenues de faire transformer leurs produits dans la province lorsque les stocks seront reconstitués et qu'il faudra faire davantage de transformation.
Ça a causé tout un tollé, et le gouvernement a très clairement dit aux fonctionnaires provinciaux: « Ne vous inquiétez pas, nous allons assurer 70 % du financement d'un fonds de 400 millions de dollars afin de veiller à ce que vous soyez adéquatement indemnisés pour toute conséquence de l'élimination des dispositions établissant les exigences minimales de transformation. » C'est ce qu'on avait convenu. Je l'ai entendu. C'est ce qu'on a dit à la séance du comité du commerce à Halifax où ont témoigné des habitants du Canada Atlantique, et c'est ce qu'ont compris les représentants du secteur. Le gouvernement et les fonctionnaires provinciaux ont clairement affirmé que c'est ce qui avait été négocié au nom du gouvernement conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador pour veiller à l'adoption de cet aspect de l'AECG. Il était entendu que le gouvernement fédéral contribuerait 70 % du total de 400 millions de dollars à un fonds conçu pour faciliter la transition dans la foulée de l'élimination de ces dispositions législatives.
C'est là la question. C'est la raison pour laquelle la motion est si importante. Nous demandons au gouvernement de tenir ses promesses et d'appuyer les provinces.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi aujourd'hui de me joindre au débat sur la motion de l'opposition néo-démocrate concernant le fonds pour les exigences minimales de transformation dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Avant de commencer, j'aimerais répondre à de possibles questions. Les gens à la Chambre ou, peut-être, ceux qui nous regardent à la télévision se demandent peut-être pourquoi un député d'une province sans accès à la mer, comme la Saskatchewan, se joindrait à un débat sur les pêches qui traite principalement de préoccupations de Terre-Neuve-et-Labrador. La réponse est très simple: le contexte plus vaste du débat d'aujourd'hui est en réalité l'accord commercial Canada-Europe, aussi appelé AECG.
Je tiens à participer à ce débat parce que l'AECG aura un effet positif sur chacune des régions du Canada. Qu'il s'agisse de l'industrie de la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador, de l'industrie forestière au Québec et en Colombie-Britannique, du secteur manufacturier en Ontario ou du secteur des céréales et des oléagineux dans les Prairies, l'AECG aura des répercussions positives sur pratiquement tous les secteurs de l'économie canadienne et toutes les industries du pays. C'est pourquoi ce débat est si important; nous devons souligner aux députés d'en face et aux Canadiens qui nous regardent que l'accord commercial entre le Canada et l'Europe est l'un des plus importants accords de libre-échange conclus par le Canada dans son histoire. En fait, il ne serait pas exagéré de dire qu'il s'agit du plus important d'entre tous.
La raison en est fort simple. Premièrement, l'Union européenne compte 500 millions de consommateurs, un marché auquel le Canada jouira désormais d'un accès préférentiel. Deuxièmement, comme nous avons déjà conclu un accord avec les États-Unis il y a quelques années — l'Accord de libre-échange nord-américain —, le Canada sera dorénavant le seul pays du G7 à avoir un accès préférentiel à deux des plus importants bassins de consommateurs au monde: d'un côté, 500 millions de consommateurs au sein de l'Union européenne; de l'autre, 300 millions de consommateurs aux États-Unis. Nous serions le seul pays au monde à bénéficier d'un accès privilégié à ce marché de consommateurs.
Concrètement, cela signifie que le Canada pourrait avoir une activité économique supplémentaire de 12 milliards de dollars. Cela équivaut à une moyenne d'environ 1 000 $ par ménage. Voilà ce que pourrait représenter, en termes financiers, la signature d'un accord avec l'Union européenne. Cela représente environ 80 000 nouveaux emplois au Canada. C'est colossal. Nous avons reçu un appui inégalé de la part des dirigeants de l'industrie, des chefs syndicaux et des analystes commerciaux. Tous ceux qui ont examiné cet accord s'entendent pour dire qu'il s'agit d'une énorme victoire pour le Canada, et c'est aussi pour cela que toutes les provinces ont donné leur accord. Chaque secteur de chaque province et territoire du Canada bénéficierait aussi des retombées d'un tel accord.
Toutefois, aujourd'hui, certaines personnes laissent entendre que l'accord ne serait pas avantageux pour Terre-Neuve-et-Labrador. Plus précisément, les députés d'en face affirment que l'élimination des exigences minimales de transformation pourrait nuire au secteur de la transformation du poisson et des fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je devrais peut-être prendre le temps d'expliquer du mieux que je le peux le concept d'exigence minimale de transformation.
Ce concept a été créé il y a maintenant plusieurs dizaines d'années et a été mis en oeuvre au moyen d'une politique imposée par le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador afin de protéger l'industrie de transformation du poisson. En termes simples, tous les produits de la mer provenant de Terre-Neuve-et-Labrador doivent y subir une transformation minimale avant que l'on puisse les envoyer vers l'Union européenne ou ailleurs dans le monde.
Pourquoi cette exigence? Encore une fois, c'était pour stimuler l'industrie de la transformation de Terre-Neuve-et-Labrador et protéger les emplois qu'elle représente. Autrement dit, si j'étais un pêcheur de morue, je ne pourrais pas nécessairement acheminer toute ma cargaison telle quelle en Europe. Je serais obligé d'en confier une partie à une usine de Terre-Neuve-et-Labrador pour qu'elle puisse la transformer et vendre le produit à valeur ajoutée dans le monde entier. Je parle en particulier de l'Union européenne.
Le seul problème avec ce système, c'est que même si, à une certaine époque, il était intéressant pour l'industrie de la transformation de Terre-Neuve-et-Labrador, il est maintenant perçu à juste titre comme une politique commerciale déloyale. À l'ère du commerce mondialisé, il existe des mécanismes pour garantir des pratiques commerciales justes et équitables entre les pays. On considère que les exigences minimales de transformation dénaturent la politique de commerce équitable. Par conséquent, si l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne était ratifié, l'un ou l'autre des membres de l'Union européenne pourrait dénoncer, avec raison, les exigences minimales de transformation de Terre-Neuve-et-Labrador en tant que pratique commerciale déloyale et réclamer leur élimination. C'était une préoccupation légitime pour l'Union européenne.
Pendant les pourparlers, les négociateurs du gouvernement ont convenu que cette pratique devait cesser, mais nous avons aussi compris au cours des discussions avec les fonctionnaires de Terre-Neuve-et-Labrador que cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l'industrie de la transformation. Autrement dit, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a signalé à nos négociateurs commerciaux que la suppression des exigences minimales de transformation pourrait entraîner certaines pertes de revenus, et même des pertes d'emplois. En effet, si les pêcheurs ne sont pas tenus d'utiliser les services de transformation avant d'expédier leurs produits à l'étranger, cela pourrait avoir des conséquences négatives sur l'industrie de la transformation à Terre-Neuve-et-Labrador.
Nous avons tenu compte de cet argument. Le gouvernement a déclaré qu'il accepterait d'accorder une certaine indemnisation si on peut prouver qu'il y a eu préjudice, s'il peut y avoir des pertes de revenus ou d'emplois, ou si la suppression des exigences minimales de transformation crée des problèmes au sein de l'industrie.
Ce n'est pas inhabituel. Lors des négociations entourant l'AECG, des gens de divers secteurs et de différentes régions du pays ont souligné que la signature de cet accord pourrait avoir des conséquences négatives. À maintes reprises, nous avons pu négocier avec les secteurs concernés afin de trouver un terrain d'entente, de parvenir à un règlement négocié pour atténuer les pertes de revenus ou d'emplois potentielles. C'est ce que nous avons fait avec Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons dit que nous allions soutenir la province en cas de préjudice, de pertes de revenus ou de pertes d'emplois.
Nous avons donc convenu d'établir un fonds, le fonds relatif aux exigences minimales de transformation. Il s'agit d'un fonds de 400 millions de dollars approuvé par la province et le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral le financerait jusqu'à concurrence de 70 %, ou 280 millions de dollars, si on établit de façon concrète que le retrait de ces exigences a causé un préjudice.
Tout cela demeure très hypothétique car il n'a pas encore été démontré qu'il y aurait des pertes de revenus ou d'emplois. D'ailleurs, je me souviens que, lorsque cet accord a été annoncé pour la première fois, Earle McCurdy, alors président de l'Union des pêcheurs de Terre-Neuve, a dit qu'il ne croyait pas que le retrait des exigences minimales de transformation poserait problème.
Il a souligné que ces usines de transformation sont avantagées par rapport à celles de l'Europe, de la Chine et des États-Unis. Les salaires sont plus élevés, et les coûts de l'électricité et de l'énergie sont plus élevés. Nous sommes plus près du marché. En d'autres mots, il n'est pas nécessaire d'avoir des exigences minimales de transformation, car les usines de transformation ici, au pays, pourront livrer une bonne concurrence à toutes les autres usines ailleurs dans le monde. Nous n'avons pas besoin des mesures de protection en ce moment offertes par les exigences minimales de transformation. C'est ce qu'a déclaré le président du syndicat des pêcheurs.
Je sais que récemment, il a un peu changé de discours; il a maintenant été choisi pour porter les couleurs du NPD dans la province. Lorsqu'il est devenu membre de ce parti, ses réflexions initiales ont changé. Maintenant, il semblerait que l'élimination des exigences minimales de transformation sera une terrible tragédie pour la province. Cela montre à quel point les néo-démocrates ont une perspective étroite, eux qui refusent tout accord commercial avec un autre pays, quel qu'il soit. De toute évidence, c'est ça, la réalité.
Des voix: Oh, oh!
M. Tom Lukiwski: Monsieur le Président, je constate que nous avons touché une corde sensible. Chaque fois que nous disons la vérité à propos du NPD et que nous mentionnons que les députés de ce parti détestent le libre-échange, nous touchons une corde sensible de leur côté de la Chambre. C'est encore le cas aujourd'hui.
Nous disons donc que le gouvernement fédéral s'est engagé à fournir une compensation financière aux usines de transformation ou de mise en conserve et à l'industrie en général, à condition qu'elles subissent un préjudice avéré par des données empiriques. Nous avons l'intention d'honorer cet engagement. En collaboration avec la province de Terre-Neuve-et-Labrador, nous nous employons à établir un mécanisme et un système qui détermineraient empiriquement les pertes financières de l'industrie de la pêche dans cette province. Par la suite, nous serions là pour aider ces gens. Nous serions au rendez-vous avec l'argent prévu dans ce fonds.
Toutefois, le fonds n'a jamais été établi pour distribuer simplement de l'argent, sans qu'il y ait un préjudice, des pertes d'emplois ou des pertes de revenus. Nous n'avons jamais prévu une telle distribution d'argent lorsque nous avons négocié des compensations pour un autre secteur au Canada. Nous ne l'avons fait ni dans le cas de l'AECG ni dans le cas de n'importe quel autre accord de libre-échange. C'est le bon sens qui le dit. Pourquoi le gouvernement dirait-il tout bonnement à une province que, même si elle n'éprouve aucun problème, aucune perte de revenus, aucune perte d'emplois, ni aucun préjudice dans un secteur donné, il lui donnera quand même 400 millions de dollars simplement pour être gentil? Cela ne s'est jamais produit.
Lorsque nous avons négocié concernant chaque secteur, nous avons dit aux provinces que, s'il s'avérait qu'une perte de revenus ou d'emplois ou un autre préjudice résulte de cet accord, nous fournirions une compensation et nous verrions à assurer la transition pour que personne ne se trouve lésé. Le gouvernement a ainsi adopté une position responsable et judicieuse.
J'ai commencé en parlant des avantages de l'AECG, et ils sont énormes. C'est sans aucun doute le meilleur accord commercial que notre pays ait jamais conclu. Cependant, il nous faut pouvoir compter sur la coopération de toutes les provinces. Jusqu'à maintenant, elles se sont montrées généralement très favorables à l'accord parce qu'elles savent quels avantages elles pourront tirer d'un accès préférentiel à cet énorme marché.
L'accès à un marché de 500 millions de consommateurs profitera énormément à tous les secteurs de l'économie canadienne, dont le secteur des poissons et des fruits de mer du Canada atlantique, l'industrie manufacturière de partout au pays, ainsi que l'agriculture et l'agroalimentaire de ma province, la Saskatchewan. C'est pourquoi il nous faut l'accord de toutes les provinces pour aller de l'avant. C'est pourquoi le gouvernement fédéral prend ses responsabilités envers Terre-Neuve-et-Labrador et accepte de dédommager les industries touchées si la province peut démontrer que les changements ont eu des effets négatifs. Aucun gouvernement ne conclurait une entente dans laquelle il remettrait simplement de l'argent à l'autre partie en lui donnant carte blanche.
Il faut pouvoir s'appuyer sur une entente. Il faudra démontrer qu'il y a eu des retombées négatives. Voilà les conditions dans lesquelles nous sommes prêts à agir, comme nous le disons depuis le début. Si le secteur des pêches ou la province de Terre-Neuve-et-Labrador, dans son ensemble, perdent des revenus ou voient leurs résultats commerciaux touchés par ces changements, nous pourrons les aider, les soutenir et mettre en oeuvre un plan de transition qui protégera la solidité des industries touchées et leur évitera des retombées négatives. Nous sommes prêts à respecter cette entente; c'est la position que doit prendre le gouvernement fédéral.
Le débat d'aujourd'hui ne vise pas à déclencher une confrontation avec la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous sommes tout à fait prêts à collaborer avec la province afin de repérer les problèmes qui pourraient découler de l'élimination des exigences minimales de transformation. Nous apporterons notre soutien financier. Nous respecterons nos obligations. À ce jour, toutefois, nous n'avons reçu aucune preuve démontrant que le secteur des poissons et des fruits de mer avait subi des pertes de revenus, des pertes d'emplois ou d'autres retombées négatives. Nous collaborerons avec la province à la mise en place d'un processus destiné à repérer ces problèmes. Et s'ils se concrétisent, nous interviendrons tel que prévu.
En conclusion, je dirai qu'il est important pour chaque province, région et territoire du pays de reconnaître les immenses avantages que comporte l'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne pour notre économie. Tous les territoires, provinces et secteurs de l'économie en profiteront. Ne perdons pas cela de vue. Ne laissons pas un conflit relativement mineur faire obstacle à l'accord commercial le plus complet et bénéfique que le pays n'ait jamais vu.
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Monsieur le Président, je remercie le député de d’avoir proposé la motion à l’étude. Il est de la plus haute importance que la question soit discutée à la Chambre. Je suis scandalisé d’entendre la députée de prétendre que discuter d’une question de relations fédérales-provinciales entre Terre-Neuve-et-Labrador et Ottawa est une perte de temps. Il y a eu une entente entre deux ordres de gouvernement à la demande du gouvernement du Canada.
J’étais censé arriver ici plus tôt aujourd’hui. Je suis parti de chez moi en taxi à 6 h 30, heure d’Ottawa, pour prendre l’avion, mais je ne suis arrivé qu’à 15 heures. Notre pays est vaste et se caractérise par une grande diversité. Chaque province, chaque administration a ses industries, ses enjeux, ses problèmes, des responsabilités qui sont les siennes. Chaque province se comporte différemment dans son champ de compétences.
Le gouvernement albertain gère son industrie pétrolière et gazière et son régime de redevances différemment de ce qu’on observe dans d’autres régions du Canada. L’agriculture est un secteur très important au Québec, en Ontario et dans l’Ouest, mais chaque région a sa façon de faire les choses. À Terre-Neuve-et-Labrador, le gouvernement a des outils de politique à sa disposition pour protéger, développer et faire croître ses industries et pour soutenir la culture rurale.
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a depuis longtemps un système d’exigences minimales de transformation pour que les habitants de la province puissent profiter le plus possible de l’exploitation des ressources de leurs eaux. La province était dotée de ce régime à son entrée dans la Confédération, en 1949. Elle avait aussi ses ressources pétrolières et gazières en mer, lorsqu’elle est devenue un membre capable de contribuer à la fédération canadienne.
Une grande partie de ce qu’on dit à propos des caisses noires me rappelle l’attitude de certains Canadiens à l’égard des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, province considérée comme vivant aux crochets du Canada. Rien ne saurait être plus faux. Ce n’est que depuis peu que Terre-Neuve-et-Labrador est considérée comme une province nantie, grâce aux prix élevés du pétrole et du gaz. Il se pourrait que cela change à cause de la baisse des cours pétroliers, mais nous sommes très fiers d’apporter une contribution financière beaucoup plus importante que par le passé. Néanmoins, nous avons toujours apporté une contribution au Canada grâce à nos ressources naturelles et humaines, à notre main-d’œuvre instruite et spécialisée qui est allée dans tout le Canada et a aidé à créer de la richesse en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Cela fait partie du régime fédéral.
Il existe un partage de responsabilités au Canada. Il y a des compétences fédérales et des compétences provinciales. Le commerce international relève du gouvernement fédéral, c'est donc le gouvernement du Canada qui doit négocier des accords commerciaux. Il ne fait aucun doute que l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne est un accord commercial important.
Or, dans le cas qui nous occupe, on ne s'interroge pas à savoir si cet accord en particulier est bon ou mauvais pour le Canada et pour Terre-Neuve. Nous savons que l'industrie des pêches de Terre-Neuve bénéficierait grandement de l'élimination des droits de douane applicables aux crevettes et à la morue. Ces droits de douane posent problème depuis de nombreuses années. En réalité, les Terre-Neuviens et les Labradoriens reprochent au gouvernement de ne pas s'être servi de son influence en Europe pour régler cette question. Cela fait des décennies — 30, 40, voire 50 ans — que l'on déplore le fait que le gouvernement du Canada n'a pas réussi à protéger les stocks de poisson hauturier de Terre-Neuve-et-Labrador et qu'il n'a pas su empêcher la surpêche qui a fait diminuer les stocks de poisson.
C'est une histoire complexe. C'est au gouvernement terre-neuvien que revient le contrôle de la transformation des pêches ainsi que des exigences minimales de transformation. Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador avait d'ailleurs mis en place un outil stratégique afin de s'acquitter de cette responsabilité.
La production de fruits de mer et l'industrie provinciale des fruits de mer sont extrêmement importantes pour Terre-Neuve-et-Labrador. En effet, la valeur de la production a atteint 1 milliard de dollars en 2013. Ce secteur emploie directement plus de 18 000 personnes, surtout dans les parties rurales de la province. Les exigences minimales de transformation constituent l'un des outils stratégiques qui relèvent de la compétence du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador.
Alors, que s'est-il passé? Ces exigences allaient à l'encontre des éléments qui avaient déjà été négociés et des attentes des Européens, qui ont dit au Canada que les exigences minimales en matière de transformation devaient être éliminées. Ils voulaient que Terre-Neuve-et-Labrador retire cet outil stratégique. Ce n'est pas Terre-Neuve-et-Labrador qui a fait cette demande, ce sont les Européens.
Puis, le gouvernement du Canada, le et son ministère ont demandé au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador de faire cela. Ils ont dit qu'il s'agissait d'une demande faite à la table de négociation et qu'ils souhaiteraient que Terre-Neuve-et-Labrador se débarrasse de cet outil stratégique, car il nuisait à l'accord avec l'Europe. La province devait s'en débarrasser non pas simplement pendant un an, mais définitivement. On a demandé à la province ce qu'elle souhaitait obtenir en échange de cet outil stratégique. Les parties ont ensuite entrepris les négociations de bonne foi et en sont arrivées à un accord.
Toutefois, il ne s'agissait pas simplement d'indemniser des gens qui avaient perdu un emploi précis. Je pense que c'est ce que le gouvernement fédéral souhaitait à l'origine, mais il est très clair que ce n'est pas ce qui s'est produit au final. En fait, les négociations, l'échange de lettres et les mesures dans leur ensemble ont été examinés par des experts indépendants, dont Saul Schwartz, professeur de politique publique à l'Université Carleton. Il a examiné les documents et la correspondance, même les lettres du ministre responsable de l'APECA. Il a conclu que la province avait très bien interprété le contenu de l'accord final.
Voici un extrait d'un article publié par CBC:
Saul Schwartz a déclaré que, à la suite de son analyse des lettres échangées entre l'ancien ministre du Commerce international [...] et Keith Hutchings, l'ancien ministre des Pêches provincial, l'accord a une portée plus vaste que ce que prétend actuellement le gouvernement fédéral.
Schwartz a déclaré que les lettres révèlent que l'argent doit servir à bâtir le secteur de la pêche de l'avenir.
Par conséquent, les positions étaient claires: le ministre a déclaré qu'il s'agissait simplement d'un ajustement, tandis que M. Hutchings a affirmé qu'ils souhaitaient que l'argent serve à réparer les torts qui pourraient être causés et à développer l'industrie. En fin de compte, le a cédé et déclaré que la province pourrait aussi utiliser l'argent pour assurer le développement de l'industrie.
L'article se poursuit comme suit:
Schwartz a déclaré que le gouvernement fédéral n'aurait pas pu croire que le fonds ne pourrait être utilisé que pour les travailleurs déplacés.
Ces précisions sont conformes aux commentaires exprimés par le député de . Il a cité un grand nombre de lettres portant sur ce qui s'est passé pendant plusieurs mois.
Ce dossier soulève une vive controverse à Terre-Neuve-et-Labrador. Il n'a pas été simplement balayé sous le tapis. Le gouvernement de Terre-Neuve a essuyé les critiques des personnes qui habitent dans les régions rurales de la province, des personnes qui redoutent l'idée de renoncer à cet outil politique, des personnes selon qui il ne fallait pas le faire. Le gouvernement a dû accuser le coup, mais il a clairement fait comprendre que l'accord visait la valorisation des pêches, la recherche halieutique, l'expansion commerciale et d'autres facettes de l'avenir de la pêche.
J'ai parlé un peu plus tôt des diverses compétences. Les pêches relèvent du gouvernement fédéral, alors que la transformation du poisson et d'autres aspects de l'industrie de la pêche relèvent du gouvernement de Terre-Neuve. Cependant, Terre-Neuve-et-Labrador redoutait tellement que le gouvernement fédéral l'ait laissée tomber qu'elle a financé ses propres travaux de recherche, car lui ne l'avait pas fait.
Le débat d'aujourd'hui n'est pas une perte de temps. Nous demandons à la Chambre de reconnaître qu'il est primordial que le gouvernement du Canada traite de bonne foi avec les provinces. Lorsqu'on conclut une entente, on la respecte. L'entente, c'était 400 millions de dollars.
Sans l'ombre d'un doute, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador ne tenterait jamais de convaincre un député que les 400 millions de dollars étaient strictement destinés aux personnes qui perdraient leur emploi au cours des deux, trois ou quatre années suivant la mise en oeuvre de l'accord. C'est impossible. Au contraire, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador et son ministre des Affaires intergouvernementales et ancien ministre des Pêches, Keith Hutchings, m'ont affirmé que le gouvernement fédéral leur avait demandé de ne pas avoir peur d'innover, que ce n'était pas seulement une question de pêche. Peu importe ce que la province proposerait, le gouvernement fédéral voulait qu'elle abandonne sa compétence. Il n'était pas question des conséquences individuelles pour les travailleurs: le gouvernement fédéral tenait à ce que la province abandonne sa compétence et il lui a demandé ce qu'elle attendait de lui en retour.
Beaucoup de choses ont été envisagées. On en est finalement arrivé à un fonds mixte auquel le gouvernement du Canada verserait pas moins de 280 millions de dollars et Terre-Neuve-et-Labrador, 120 millions de dollars.
À quelle fin? Pour indemniser des travailleurs? Non. Si des préjudices étaient démontrés, il y aurait indemnisation, mais cela mis à part, il s'agissait d'un fonds.
Ces 280 millions de dollars sont prévus dans le budget fédéral. Ils ne sont pas prévus en 2020, au moment où cette entente pourrait être mise en oeuvre et où il pourrait y avoir des effets nuisibles. Ils sont prévus actuellement dans le budget et doivent servir à la création d'un fonds d'investissement dans les pêches. Il s'agit d'un fonds d'investissement, pas d'un fonds d'indemnisation. Il doit servir à la commercialisation, au développement, à l'innovation, à la recherche et à tout ce qui est important pour Terre-Neuve-et-Labrador, parce que cette province a besoin de développer son industrie de la pêche, indépendamment des autres problèmes qui se manifesteront.
Par conséquent, il n'y a même pas là matière à discussion. Lorsque le est venu à Terre-Neuve et a dit que ce fonds n'était pas censé être une caisse occulte, quelle insulte ce fut pour les gens de Terre-Neuve-et-Labrador. Quelle insulte pour le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador de laisser entendre que c'est ce que lesTerre-Neuviens et Labradoriens essaient de faire croire, qu'ils veulent une caisse occulte du gouvernement du Canada. Je suis choqué et gêné que le ministre ait dit une chose pareille.
Il y a peu, avant de devenir responsable de l'APECA, le ministre était le ministre responsable de Terre-Neuve-et-Labrador. Je trouve insultant et, bien franchement, indigne de lui qu'il vienne à Terre-Neuve-et-Labrador tenir de tels propos. Le ministre de la Justice connaît Terre-Neuve-et-Labrador. Il y a beaucoup de bons amis. Il va à la pêche à Terre-Neuve-et-Labrador. Je trouve offensant qu'il ait dit cela.
Quelqu'un a même dit que c'était un fonds pour toutes les provinces de l'Atlantique. Je ne sais pas qui l'a dit. J'espère que le ministre peut dire qu'il n'a jamais dit cela et qu'il n'en a jamais eu l'intention. Bien entendu, pourquoi Terre-Neuve-et-Labrador verserait 120 millions de dollars dans un fonds pour l'Atlantique si aucune autre province n'est concernée?
Quoi qu'il en soit, le débat est allé jusque-là. Traiter avec le gouvernement du Canada et conclure avec lui un accord de bonne foi, c’est comme marcher sur du sable mouvant. C’était ce que le gouvernement du Canada voulait. La province de Terre-Neuve n’est pas allée quêter à Ottawa pour demander de faire quelque chose parce qu’elle risquait d’être désavantagée par cet accord. C’était une option précise que les négociateurs européens ont voulu que le Canada abandonne à défaut de quoi il n’y aurait pas d’accord. Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a, de bonne foi, pris en considération la demande d’Ottawa, sachant que c’était quelque chose qu’il ne pourrait pas faire dans cinq, dix ou vingt ans, quelle que soit l’utilisation faite de cette option, ou son incidence actuelle, parce que l’accord serait conclu pour toujours.
Des négociations et des discussions ont été tenues entre deux partenaires matures, chacun exerçant ses propres compétences constitutionnelles. Ce n’était pas comme quelqu’un qui vient quémander quelque chose à un parent. C’est un gouvernement légitime qui agit dans son droit, que cela nous plaise ou non. Certains peuvent appeler cela du protectionnisme. Je pourrais dire que la politique Buy American est protectionniste aussi, mais cela ne change rien au pouvoir des États-Unis de l'imposer.
Nous pouvons débattre autant que nous le voulons de l’accord même et de l’avantage net qu’il présente, et ce débat se poursuit au Canada, au moins dans certains milieux. Les libéraux ont décidé que l’accord était bon. Ils n’ont pas eu besoin de le lire. Ils n’ont pas eu besoin de voir le texte. Ils n’ont pas eu besoin de voir quoi que ce soit. Quoi que fasse le gouvernement à ce sujet, ils l’appuient.
Nous examinons actuellement l’accord, et nous déciderons au bout du compte quelle position nous prendrons à son sujet. Entretemps, le débat ne porte pas sur cela. Il porte sur un détail qui met en cause le gouvernement du Canada, qui, nous l’espérons, pourra traiter de bonne foi avec les partenaires de la Confédération; c’est ce que nous attendons de lui.
Nous savons que le ne rencontre pas les premiers ministres provinciaux ensemble. Il a rencontré le premier ministre de ma province en décembre et celui-ci a dit: « Je ne crois pas que nous puissions faire confiance à ce type. »
C'est une situation choquante. Le premier ministre conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador est venu à Ottawa pour rencontrer le , connaissant les antécédents du dossier et convaincu qu'il s'agissait d'un malentendu parce que, même au début d'octobre 2014, le parlait d'une initiative de transition pour la pêche, alors qu'à la fin du mois il disait autre chose.
Le premier ministre provincial est venu à Ottawa accompagné du ministre des Affaires intergouvernementales en pensant qu'il s'agissait manifestement d'un malentendu. Ils allaient remonter à la source, parler au , et l'affaire serait réglée. S'il y avait un malentendu, ils avaient en main les documents, la correspondance et tout le bataclan.
Soit dit en passant, le n'a pas parlé au premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador. Il n'a pas participé à la discussion. C'est lui qui a conclu l'entente, mais il n'était pas là. Le a été envoyé au front et on lui a dit: « Maintenant, vous allez adopter cette position. », mais ce n'est pas lui qui a négocié l'entente. Je ne pense pas que le ait participé aux négociations.
Selon John Ivison, du National Post, ce sont le , accompagné de son actuel secrétaire principal, et ses représentants qui se trouvaient à la table de négociations et qui ont écrit au et au gouvernement de Terre-Neuve à ce sujet.
Cependant, les gens qui ont participé aux négociations n'étaient pas présents. Le ministre responsable de l'APECA s'est vu tout simplement confier la tâche de transmettre les mauvaises nouvelles à Terre-Neuve-et-Labrador, à savoir que nous n'allions pas respecter cet accord.
Les Terre-Neuviens sont du genre à faire confiance aux autres. Lorsqu'ils concluent un accord, ils pensent que l'autre partie est de bonne foi et qu'elle tiendra les engagements qu'elle a pris, de sorte que le premier ministre de cette province est venu à Ottawa pour y rencontrer le , apparemment à très court préavis, et a eu une réunion avec lui, ce qui est très bien. Je me réjouis de savoir que la réunion a eu lieu. Toutefois, elle a donné des résultats très insatisfaisants pour le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador parce que, ô surprise, le lui a répondu ce qui est désormais apparemment une rengaine officielle. Nous avons entendu aujourd'hui le nous répéter cette rengaine: « Pourquoi ferions-nous une chose pareille? »
Pourtant, c'est bel et bien ce que le gouvernement a fait. Pourquoi? Parce qu'il voulait que Terre-Neuve-et-Labrador abandonne l'instrument stratégique dont elle disposait, dont elle se servait et qu'elle voulait continuer d'utiliser dans l'un de ses champs de compétence. Or, Terre-Neuve-et-Labrador a accepté de renoncer à cet instrument, non pas en raison des avantages de l'AECG en général, mais parce que le gouvernement du Canada lui a proposé un programme à l'issue de longues négociations.
Voici ce que John Ivison en dit:
La solution est simple. Le gouvernement [conservateur] devrait fournir la somme de 280 millions de dollars qu'il accepté de payer pour mettre en oeuvre l'AECG. Et les ministres Hutchings et King devraient rester dans leur province et ne pas gaspiller leur salive [...]
Voilà le problème que nous avons. Le gouvernement ne respecte pas l'accord qu'il a conclu et ne donne pas suite à ses engagements. Malheureusement, nous devons en déduire qu'il n'est pas digne de confiance.
Je ne pense pas qu'on puisse contester ce fait, mais je tiens à dire qu'un courriel est parvenu au gouvernement de Terre-Neuve en octobre 2013, ce qui fait que cet accord n'est pas nouveau et qu'il date même d'un certain temps. Il venait de M. Bill Hawkins, chef de cabinet du et aujourd'hui principal secrétaire du . Voici ce que disait ce courriel:
[...] un programme de transition d'un total maximum de 400 millions de dollars destiné au développement et au renouvellement de l'industrie du poisson et des fruits de mer ainsi qu’à la réorientation des travailleurs dont les emplois seront déplacés.
Voilà ce qui a été conclu. C'est de notoriété publique, et le gouvernement essaie de revenir sur sa parole.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d', qui est également le dévoué .
Je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui au sujet de la question soulevée et des avantages de l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. J'insisterai aujourd'hui sur le fait que l'accord sera très avantageux pour l'industrie du poisson et des fruits de mer, de même que pour l'économie canadienne dans son ensemble.
L'accord procurera de nouveaux débouchés économiques accrus à ceux qui vivent de l'industrie du poisson et des fruits de mer, à Terre-Neuve-et-Labrador comme ailleurs au Canada. Il est dans l'intérêt des pêcheurs et des producteurs de fruits de mer partout au pays que cet accord soit mis en oeuvre rapidement.
Comme le savent les députés, l'accord économique et commercial global est un élément essentiel de l'ambitieux programme du gouvernement en matière de commerce, lequel vise à créer des emplois et à favoriser la prospérité économique de tous les Canadiens.
Avant tout, j'aimerais souligner qu'il s'agit de l'accord commercial le plus ambitieux jamais conclu par le Canada. Il procurerait au Canada un accès privilégié au marché européen, lequel compte 500 millions de consommateurs et une activité économique s'élevant à 17 mille milliards de dollars. D'ailleurs une étude menée conjointement avec l'Union européenne avant le début des pourparlers a conclu que l'accord pourrait faire grimper de 12 milliards de dollars les revenus annuels du Canada et augmenter de 20 % les échanges commerciaux bilatéraux dans l'ensemble des secteurs.
L’AECG aurait d’importantes retombées pour l’ensemble des activités liées à la pêche et à l’exploitation des fruits de mer, depuis la pêche en mer et l’aquaculture jusqu’à la transformation. L’aquaculture joue elle aussi un rôle important dans l’économie de Terre-Neuve-et-Labrador.
Entre 2011 et 2013, les exportations canadiennes de poissons et de fruits de mer vers l’Union européenne ont atteint une valeur moyenne d’environ 390 millions de dollars par année. Ces exportations sont actuellement frappées par des droits tarifaires élevés de 11 % en moyenne et atteignant parfois les 25 %. Entre 2008 et 2012, les entreprises canadiennes ont payé des droits de 20 à 30 millions de dollars par année sur leurs exportations de produits de la mer. C’est sur ces droits que les négociations ont porté. Ils disparaîtront et, comme les transformateurs de Terre-Neuve-et-Labrador l’admettent volontiers, ce sera là un élément très important de l’accord. Il ouvrira des possibilités à la province.
Par exemple, Terre-Neuve-et-Labrador exporte d’importantes quantités de fruits de mer vers l’Union européenne, et elles sont assujetties à ces droits tarifaires, qui peuvent s’élever à 12 % de la valeur à l’exportation des crevettes congelées.
J’ai siégé au comité des pêches pendant quelques années, et j’ai eu l’occasion d’aller à Terre-Neuve-et-Labrador visiter quelques usines de transformation. Je me souviens distinctement d’une visite à St. Anthony, à l’extrémité nord de la péninsule de Terre-Neuve. Il y a là une énorme usine ultramoderne. Je crois que Clearwater y participe. Cette usine étonnante a ouvert ses portes en 1999. Elle transforme environ 14 millions de livres de crevettes chaque saison et emploie entre 200 et 215 personnes. Elle peut aussi produire 120 tonnes métriques de glace par jour. Ce sont de très grandes installations, très modernes et tout à fait impressionnantes.
Cette usine et d’autres installations semblables auraient un accès entièrement libre au marché. Les droits tarifaires sur les crevettes exportées, les crevettes cuites, décortiquées et emballées pour la vente au détail, sont actuellement de 20 %. Lorsque l’AECG sera enfin signé, ces droits tomberont. Les deux parties ont signé l’accord de principe, mais celui-ci sera enfin mis en œuvre lorsque, d’un côté comme de l’autre, tous les textes juridiques seront établis. Au Canada, nous avons deux langues officielles et, lorsqu’il s’agit d’accords internationaux, ils doivent être traduits, et le texte doit être approuvé. En Europe, il y a 22 langues officielles. Il faut donc un peu plus de temps pour se doter des dispositions juridiques. Le travail est en cours.
Il y a des droits de 8 % sur le crabe des neiges et sur les pétoncles congelés. Ces coûts supplémentaires ont nui à la compétitivité des fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador sur le marché européen. Le secteur était désavantagé dans la lutte pour attirer de nouveaux consommateurs et accroître sa part de marché.
Le nouvel AECG éliminera ces droits et ces obstacles.
Actuellement, les producteurs canadiens de fruits de mer exportent environ 377 sortes de poissons et fruits de mer vers l’Union européenne. Grâce à notre ambitieux accord commercial, conclu sous la conduite du gouvernement actuel, les droits sur 360 de ces produits seront éliminés dès l’entrée en vigueur du texte. Ce jour-là n’est pas encore arrivé, et c’est pourquoi les conséquences négatives dont il est question aujourd’hui ne se sont pas encore matérialisées. S’il y a des effets négatifs, il faudra les évaluer, mais l’accord et ces effets ne joueront pas tant que le texte ne sera pas en vigueur.
Les droits sur les 17 autres produits seront éliminés progressivement en trois, cinq ou sept ans, mais les pêcheurs et les producteurs de fruits de mer n’auront pas à attendre pour profiter des bienfaits de leur suppression. Si la période d’élimination est de trois ans, les droits seront réduits du tiers la première année et d’un autre tiers la deuxième année, et ils disparaîtront complètement à la troisième.
Comme je l'ai dit, une fois que l'accord entrera en vigueur, les effets positifs se feront sentir rapidement pour l'industrie canadienne des fruits de mer. Les réductions de droits de douane entraîneront des économies qui pourront être réinvesties dans les entreprises afin de les rendre plus concurrentielles et plus innovatrices ou de les aider à faire croître leur part du marché européen au moyen de prix plus compétitifs. Ce qu'il faut retenir, c'est que, grâce à l'élimination de droits de douane, les fruits de mer canadiens seront vendus en Europe à prix plus compétitifs et seront plus lucratifs, ce qui créera des emplois et assurera une plus grande prospérité pour le secteur et pour les collectivités côtières canadiennes.
Je tiens à préciser que ces chiffres sont tous fondés sur les récentes exportations de poisson et de fruits de mer canadiens. Ils ne tiennent pas compte des nouveaux débouchés que l'AECG procurera aux producteurs de poisson et de fruits de mer canadiens à mesure que le marché européen produira une demande supplémentaire.
L'AECG prévoit également une marge de manoeuvre importante pour l'industrie canadienne, notamment en matière d'application des règles d'origine, ce qui profitera aux transformateurs de poisson et de fruits de mer canadiens et leur permettra de continuer de soutenir la concurrence sur le marché mondial. Les règles d'origine permettent aux autorités douanières de déterminer le lieu d'origine du produit ou le lieu où il est entièrement obtenu afin d'imposer le droit de douane pertinent avant que ce produit entre au pays.
Dans les faits, ces règles relatives à l'origine des produits seront avantageuses pour le Canada: elles lui permettront d'importer du poisson d'un pays non signataire de l'accord, comme les États-Unis, et de le transformer ici-même pour ensuite l'exporter vers l'Union européenne, selon les droits de douane applicables au titre de l'accord. L'industrie canadienne de transformation des fruits de mer et les travailleurs de ce milieu bénéficieront grandement de ces règles. Par exemple, dans ma province, la Colombie-Britannique, l'industrie transforme le saumon rouge de l'Alaska à des fins d'exportation et transforme aussi les fruits de la pêche canadienne. Sur la côte Est, le Nouveau-Brunswick transforme le homard du Maine afin de le vendre à l'étranger.
Grâce à ces règles d'origine avantageuses, les entreprises de transformation de fruits de mer de l'ensemble du pays, y compris celles de Terre-Neuve-et-Labrador, auront plus d'occasions de faire des affaires.
Le gouvernement a réussi à obtenir ces avantages tout en conservant l'ensemble des pouvoirs discrétionnaires relatifs à l'octroi de permis de pêche et aux autres activités connexes. Ainsi, la politique selon laquelle les entreprises étrangères ne peuvent détenir plus de 49 % des parts d'une usine de transformation et selon laquelle ces entreprises ne peuvent détenir de permis de pêche commerciale demeurera en vigueur.
L'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne ne modifie pas la façon dont nous contrôlons l'accès aux ports ni la façon dont nous appliquons la Loi sur la protection des pêches côtières. Nous aurons toujours le pouvoir d'exiger des navires qui pénètrent dans les eaux de pêche du Canada qu'ils obtiennent l'autorisation du , et le ministre conservera la possibilité de leur accorder ou non un permis d'exploitation dans les eaux canadiennes ou de navigation vers un port canadien. Par conséquent, cet accord ne modifie en rien nos méthodes actuelles quant aux navires européens.
Le gouvernement a un programme commercial ambitieux et il mène de front d'autres dossiers, y compris la création d'un partenariat transpacifique et la signature de l'accord de libre-échange Canada-Corée. La Corée est notre septième partenaire commercial en importance. Toutes ces mesures créeront de nouvelles occasions d'affaires pour les producteurs canadiens.
J'espère donc que tous les députés se prononceront en faveur de l'accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. Je souhaite aussi que ceux qui ont soulevé des préoccupations aujourd'hui laissent le processus suivre son cours et permettent au gouvernement fédéral et à la province de Terre-Neuve-et-Labrador d'entamer des négociations. Comme cela a déjà été mentionné, nous pouvons négocier les modalités et nous sommes prêts à le faire.
Cela dit, s'attendre à ce qu'on mette un fonds sur pied sans qu'un préjudice ait été démontré n'est ni raisonnable ni équitable par rapport aux ententes conclues avec les autres provinces. J'espère que les députés en prendront conscience d'ici à la fin du débat et qu'ils appuieront sans réserve l'AECG.
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Monsieur le Président, l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou l'AECG, est une réalisation historique qui profitera aux travailleurs d'un bout à l'autre de notre grand pays.
L'AECG sera avantageux pour les entreprises canadiennes qui sont impatientes d'étendre leurs activités à l'Europe, il attirera des emplois et des investissements au Canada et il sera assurément bénéfique pour un travailleur Canadien sur cinq dont l'emploi dépend du commerce.
Depuis longtemps, les marchés libres et ouverts contribuent à la prospérité du Canada. En fait, depuis l'entrée en vigueur de l'historique Accord de libre-échange nord-américain, ou l'ALENA, 4,5 millions d'emplois ont été créés au Canada et le revenu annuel de notre pays a augmenté de près de 1 billion de dollars. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes.
L'AECG est l'initiative commerciale la plus ambitieuse, la plus complète et la plus vaste que nous ayons jamais conclue. En conséquence, nous nous attendons à ce que les résultats obtenus pour les Canadiens en matière de création d'emplois, de prospérité et de débouchés dépassent largement ceux qui ont été atteints après l'ALENA.
Il y a trois raisons. Premièrement, le marché européen est plus grand et plus intégré que le marché nord-américain régi par l'ALENA. Le marché européen comprend 28 États membres, plus de 500 millions de consommateurs et une activité économique de presque 18 billions de dollars. L'Union européenne est le plus grand ensemble économique intégré du monde. C'est aussi le plus grand importateur du monde. Les importations de l'Union européenne ont totalisé 2,3 billions de dollars en 2012, soit un demi-billion de dollars de plus que la valeur totale de l'activité économique au Canada pour la même année, ce qui signifie que l'Union européenne offre des perspectives de croissance stable et à long terme pour les exportations de classe mondiale du Canada.
Deuxièmement, grâce à l'AECG, le gouvernement est parvenu à obtenir un accès sans précédent aux marchés les plus importants et les plus lucratifs d'Europe. Par exemple, environ 98 % des droits de douane européens seront éliminés dès l'entrée en vigueur de l'AECG. Par comparaison, soulignons que seulement 29 % des droits de douane ont été éliminés au moment de l'entrée en vigueur de l'ALENA.
Dans ma circonscription, Oshawa, où est établie la société General Motors Canada, l'AECG offre au secteur de l'automobile de nouvelles perspectives historiques d'accès à un marché. Il permettra une augmentation considérable des exportations vers l'Europe. L'élimination des droits de douane de même que l'assouplissement des règles d'origine seront avantageux pour les fabricants d'automobiles et les fabricants de pièces d'automobile.
Cet accès sans précédent est particulièrement remarquable dans le secteur agricole, puisque les droits de douane seront supprimés sur 93,6 % des lignes tarifaires agricoles de l'Union européenne quand l'AECG entrera en vigueur. C'est une réalisation extraordinaire, surtout lorsqu'on sait qu'à l'heure actuelle, seulement 18 % des lignes tarifaires de l'Union européenne applicables aux produits agricoles sont exemptes de droits de douane.
Cet accès extraordinaire au plus grand marché du monde profitera aux travailleurs d'un bout à l'autre du Canada. Prenons par exemple l'élimination des droits de douane européens dans le secteur des pêches, des fruits de mer et de l'agriculture, qui profitera aux pêcheurs de homard des Maritimes, aux pêcheurs d'omble chevalier du Yukon, et aux producteurs de sirop d'érable du Québec, de pommes de l'Ontario, de céréales des Prairies et de cerises de la Colombie-Britannique. Tous ceux qui exportent leurs produits vers l'Union européenne auront l'avantage d'être les premiers exportateurs sur le marché européen, ce qui leur procurera un avantage sur leurs concurrents d'autres pays qui n'ont toujours pas d'accord de libre-échange avec l'Union européenne.
Enfin, grâce à l'AECG, les biens, services et investissements canadiens auront un avantage concurrentiel sur leurs concurrents internationaux, y compris les États-Unis. Quand l'AECG entrera en vigueur, le Canada sera le seul pays du G7 à bénéficier d'un accès privilégié non seulement à l'énorme économie des États-Unis, évaluée à 16 billions de dollars, mais aussi à celle de l'Union européenne.
Il n'est pas étonnant que des contribuables, des entreprises, des gouvernements et d'autres intervenants de partout au pays applaudissent l'AECG et y voient une victoire historique pour le Canada. Vous n'avez pas à me croire sur parole. Dans le rapport sur l'AECG qu'il a publié récemment, le Comité permanent du commerce international cite un grand nombre d'entreprises et d'intervenants impatients de profiter des avantages de l'AECG. Ainsi, lorsqu'ils ont témoigné devant le comité, des gens d'affaires canadiens ont souligné avec plaisir que l'AECG aiderait les entreprises à trouver des partenaires pour développer, fabriquer et distribuer leurs produits, breveter leurs innovations, et investir.
Ces nouvelles occasions d'affaires permettront au Canada de diversifier ses échanges commerciaux et de diminuer sa dépendance envers les États-Unis. Et si l'Union européenne accorde aux États-Unis un traitement plus favorable en matière de règles d'origine, de libéralisation des services et d'acceptation des normes dans un accord entre ces deux parties, les entreprises canadiennes pourront aussi continuer d'en profiter.
Le comité a entendu des dirigeants d'entreprises des secteurs des services et des technologies de l'information et des communications faire l'éloge de l'AECG, qu'ils considèrent comme un accord commercial de nouvelle génération qui améliorera l'accès à divers services dans l'Union européenne, y compris dans les domaines de l'ingénierie, des services professionnels et des services environnementaux, puisque l'accord vise la majorité des tarifs, et surtout, les barrières non tarifaires qui font obstacle au commerce et à l'investissement.
Le comité a entendu des leaders du secteur agricole et agroalimentaire canadien qui ont dit que l'AECG permettra au secteur agroalimentaire canadien de générer de nouvelles exportations vers l'Union européenne d'une valeur de 1,5 milliard de dollars. Pour les producteurs de boeuf canadiens, cela représente plus de 600 millions de dollars. Quant aux exportateurs de porc canadiens, ils verront la valeur de leurs exportations vers l'Union européenne augmenter de 400 millions de dollars par année.
Ces messages d'appui sans équivoque de la part de dirigeants d'entreprises canadiennes appartenant à divers secteurs de l'économie témoignent du fait que l'approche transparente du gouvernement à l'égard de l'AECG représente un effort de collaboration sans précédent.
Nous avons veillé à ce que les intérêts des industries soient défendus en consultant les intervenants canadiens dans une foule de secteurs, tout au long des négociations. Nous avons également publié en temps opportun des sommaires sur l'accord qui comprenaient de l'information détaillée sur les produits, les services, les investissements, les marchés publics, la propriété intellectuelle et d'autres secteurs, pour expliquer comment l'AECG peut être bénéfique pour les Canadiens et les entreprises, et ce, même pendant que les détails techniques étaient en cours de négociation.
Nous avons également expliqué en quoi l'AECG sera avantageux pour certains secteurs clés de notre économie, comme la fabrication de pointe, l'agriculture, la foresterie ou les technologies de l'information et des communications. Tous ces renseignements sont offerts depuis longtemps et ils demeurent exacts par rapport au texte final négocié, qui a été affiché en ligne pour que tous les Canadiens puissent le consulter, parallèlement au sommet Canada-Union européenne qui a marqué la fin des négociations, le 26 septembre 2014.
Les gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada ont également été des partenaires clés tout au long des négociations et ils ont manifesté publiquement leur appui à l'égard de l'AECG, car ils sont convaincus que cet accord servira leurs intérêts. Nous nous sommes engagés à faire preuve d'ouverture et de transparence dès le départ, et nous poursuivrons dans cette voie aux étapes suivantes, pour faire en sorte que l'AECG entre en vigueur.
Nous continuerons d'élaborer divers outils afin de renseigner les Canadiens sur les secteurs clés visés par l'AECG et de leur expliquer en quoi ils pourront profiter de cet accord. Par exemple, nous organiserons des activités de sensibilisation et des rencontres à l'échelle nationale à l'intention des entreprises et des parties intéressées pour les renseigner sur les avantages de l'AECG. Nous veillerons aussi à ce que les Canadiens comprennent bien toutes les occasions qui leur seront offertes par l'AECG et à ce que les entreprises canadiennes disposent des outils et des mesures de soutien nécessaires pour profiter dès que possible des nombreux avantages de l'AECG.
Les informations exhaustives fournies par le gouvernement témoignent de son souci de transparence. Les vastes consultations que nous avons tenues ainsi que notre approche collaborative à l'égard de l'AECG ont indubitablement contribué à susciter un appui enthousiaste de la part des témoins qui ont comparu devant le comité et de Canadiens de partout au pays.
Ces Canadiens reconnaissent déjà le potentiel immense de l'AECG. Nous nous engageons à tenir tous les intervenants informés et à leur fournir l'appui nécessaire pour tirer pleinement parti de ce projet de libre-échange, le plus ambitieux et le plus complet que nous avons jamais vu. Ce faisant, le gouvernement conservateur s'engage à demeurer transparent et à veiller à ce que l'AECG tienne ses promesses, c'est-à-dire créer des emplois, stimuler la croissance économique et maintenir la prospérité à long terme de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis très fier de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer cette motion très importante présentée par le député de . Il a montré, année après année, depuis qu'il siège à la Chambre, qu'il est un défenseur passionné et rigoureux des intérêts des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, tout comme le député de . Ils forment un duo de députés qui prennent systématiquement la parole à la Chambre pour l'équité, la justice et les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador. Les habitants de cette province devraient les applaudir pour les efforts qu'ils déploient en leur nom.
J'aimerais parler brièvement de ce dont il est question dans la motion d'aujourd'hui, mais, surtout, de ce dont il n'est pas du tout question. La motion porte sur l'engagement pris par le gouvernement fédéral envers le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador pour obtenir son appui à l'égard de l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne. Bref, l'opposition officielle, les néo-démocrates, demandent aux conservateurs au pouvoir d'honorer l'engagement clair qu'ils ont pris à créer un fonds de transition de 400 millions de dollars pour Terre-Neuve-et-Labrador, dont 280 millions de dollars proviendraient du gouvernement fédéral et 120 millions de dollars, du gouvernement provincial, en échange de l'abandon, par Terre-Neuve-et-Labrador, d'un outil stratégique très important, soit les exigences minimales en matière de transformation pour les produits du poisson de Terre-Neuve.
Par contre, le débat ne porte pas sur les mérites de l'Accord économique et commercial global. Il ne porte pas sur le côté économique du commerce. Le débat porte sur une seule chose: le fait qu'une province canadienne s'attend à ce que le gouvernement fédéral honore l'engagement clair qu'il a pris envers elle. Voilà ce sur quoi porte le débat. Je vais maintenant en parler plus en détail.
Tout d'abord, j'aimerais parler de l'importance du secteur des pêches et des fruits de mer pour les résidants de Terre-Neuve-et-Labrador. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'insister là-dessus. Je crois que tous les Canadiens connaissent très bien l'importance de ce secteur pour les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et, en fait, pour tous les gens qui habitent dans les Maritimes, ainsi que pour ceux qui bénéficient du dur labeur des travailleurs de ce secteur.
En 2013, le secteur des fruits de mer de Terre-Neuve-et-Labrador a généré 1,1 milliard de dollars et procuré de l'emploi à plus de 18 000 personnes, surtout dans les régions rurales de la province, où les autres sources d'emplois sont plutôt rares. Par conséquent, le secteur des pêches revêt une importance cruciale pour les gens de Terre-Neuve-et-Labrador.
La valeur moyenne des exportations de poisson et de fruits de mer en provenance de Terre-Neuve et à destination de l'Union européenne est d'environ 120 millions de dollars par année. L'AECG comprend une liste complète de réductions tarifaires applicables aux exportations de fruits de mer qui, nous le pensons tous, profitera aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et, en fait, à l'ensemble du Canada atlantique. Certains fruits de mer sont visés par des droits de douane pouvant aller jusqu'à 25 %. On s'attend à ce que 96 % des droits de douane visant le poisson et les fruits de mer soient éliminés une fois que l'AECG entrera en vigueur — si cela se produit un jour.
Examinons certains aspects fondamentaux du différend qui nous intéresse. À Terre-Neuve, le secteur de la transformation du poisson injecte des centaines de millions de dollars dans l'économie de Terre-Neuve-et-Labrador. L'outil stratégique que constituent les exigences minimales de transformation a permis à la province de créer des emplois à valeur ajoutée dans toutes les régions rurales, régions où les emplois se font rares depuis l'effondrement de la pêche à la morue.
Par le passé, la province a bien protégé son droit de gérer les exigences minimales de transformation afin de créer des emplois. Bref, cet outil stratégique a été très utile au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et, surtout, à la population de cette province.
En janvier 2012, Ocean Choice International, une grande société de fruits de mer, a demandé une exemption permanente aux exigences minimales afin de pouvoir exporter des poissons entiers congelés très rapidement aux fins de transformation à l'étranger. Le gouvernement de Terre-Neuve a rejeté la requête en soulignant la nécessité d'assurer la sécurité des ressources à long terme au profit des générations futures de la province. Les députés peuvent constater que, il y a deux ou trois ans, le gouvernement terre-neuvien soulignait l'importance des exigences minimales de transformation.
En janvier 2013, le gouvernement terre-neuvien a déclaré qu'il exerçait des pressions afin d'obtenir un maximum d'avantages pour la province dans le cadre de l'AECG. Le ministre terre-neuvien Hutchings a ajouté que la province n'appuierait l'accord que s'il était dans l'intérêt de Terre-Neuve-et-Labrador.
Ce qui est arrivé, c'est que les tactiques musclées d'un gouvernement cachottier et craintif ont commencé à se manifester. Radio-Canada a rapporté que les conservateurs fédéraux s'étaient rendus à Terre-Neuve pour négocier avec la province le retrait des exigences minimales de transformation. Autrement dit, l'Union européenne demandait au gouvernement canadien de renoncer à ces exigences, ce qui a incité le gouvernement conservateur à s'adresser au gouvernement provincial pour lui demander de renoncer à cet outil d'importance historique.
Dans un discours prononcé devant la chambre de commerce de St. John's, la première ministre Dunderdale a dit à l'époque que « la garantie de prêt pour le projet hydroélectrique de Muskrat Falls était presque tombée à l'eau quand Ottawa a soudainement demandé que la province renonce à la disposition qui exige que le poisson débarqué à Terre-Neuve-et-Labrador soit transformé dans la province. »
Nous avons alors pris conscience des pressions que les conservateurs fédéraux exerçaient sur Terre-Neuve, au point de la menacer de lui retirer les garanties de prêt fédérales destinées à un projet majeur de centrale hydroélectrique.
Le 23 octobre 2013, Bill Hawkins, chef de cabinet du ministre du Commerce international, a adressé un courriel au gouvernement de Terre-Neuve où il parlait d'un « programme de transition d'un total cumulé de 400 millions de dollars destiné au développement et au renouvellement de l'industrie du poisson et des fruits de mer ainsi qu’à la réorientation des travailleurs dont les emplois seront déplacés [...] » que fournirait le gouvernement fédéral.
On voit clairement ce qui s'est passé. Terre-Neuve a négocié l'entente avec le gouvernement fédéral. Pour compenser la perte pour la province de l'important outil stratégique que constituent les exigences relatives à la transformation minimale, le gouvernement fédéral a accepté de lui verser des fonds de transition, à hauteur de 280 millions de dollars. Terre-Neuve devait ajouter 120 millions de dollars, portant le fonds à un total de 400 millions de dollars, une somme essentielle pour faciliter la réorientation professionnelle des personnes dont l'emploi sera déplacé en raison de l'abandon des exigences minimales de transformation sur son territoire. Il n'a jamais été question à ce moment-là d'un fonds de transition lié de quelque façon que ce soit à l'obligation pour Terre-Neuve-et-Labrador de prouver les pertes d'emplois ou les conséquences négatives de la mesure.
Je suis le porte-parole de l'opposition officielle en matière de commerce international, et je peux affirmer aux députés que, lorsque le gouvernement conservateur impose une telle condition aux provinces pour le versement des fonds de transition fédéraux pour les travailleurs déplacés en raison de l'AECG, il le mentionne clairement.
Les conservateurs ont précisé directement aux provinces que si celles-ci devaient encaisser des effets négatifs en raison des changements apportés aux dispositions relatives à la propriété intellectuelle qui sont prévus dans l'AECG — en d'autres mots, si les provinces devaient assumer des coûts plus élevés en ce qui concerne les médicaments d'ordonnance en raison de l'AECG —, et qu'elles parviennent à montrer qu'elles ont subi des pertes, le gouvernement fédéral les indemniserait.
Le gouvernement fédéral a dit à l'industrie laitière canadienne que si celle-ci essuie des pertes et qu'elle peut le prouver, elle recevra du financement.
Les conservateurs n'ont rien dit de tel à Terre-Neuve-et-Labrador lorsqu'il a été question des fonds de transition.
Ce n'est pas tout. En octobre 2014, on a rapporté que le aurait utilisé le terme « initiative de transition pour le secteur des pêches ». À ce moment-là, à la fin d'octobre 2014, les représentants de l'APECA ont commencé à dire pour la toute première fois que la province devrait prouver au gouvernement qu'elle avait subi des préjudices attribuables à l'élimination des exigences minimales de transformation avant qu'on lui verse des fonds.
Le 11 décembre 2014, le nouveau premier ministre de Terre-Neuve, M. Davis, a rencontré le pour discuter de la question. Il a clairement dit au que les fonds de transition fédéraux devaient être accordés sans condition et que Terre-Neuve n'avait pas à prouver l'existence de pertes. Ces sommes devaient être versées à Terre-Neuve simplement à cause de l'élimination des exigences minimales de transformation, et il n'y avait aucune condition rattachée au versement de ces fonds.
Voici ce qu'a déclaré le premier ministre Davis après cette rencontre:
[Cela] prouve à mes yeux qu'on ne peut pas faire confiance au gouvernement fédéral [...] On ne peut pas faire confiance au gouvernement [du premier ministre] [...] Nous avons négocié de bonne foi [...] Nous pensions avoir bel et bien conclu une entente.
Ce n'est pas l'opposition officielle qui soutient que le gouvernement fédéral est revenu sur sa parole, que les conservateurs sont revenus sur leur parole. C'est le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador qui l'affirme.
Penchons-nous sur l'argument que les conservateurs font valoir à la Chambre, à savoir que, depuis le début, leur point de vue est que le gouvernement de Terre-Neuve doit prouver que la province a subi des pertes.
J'ai rencontré des ministres provinciaux de Terre-Neuve, et voici ce qu'ils m'ont dit. Je vais laisser les Canadiens juger. Ils m'ont dit: « Si la somme de 400 millions de dollars n'était censée être versée qu'en cas de pertes avérées, afin d'indemniser la province si celle-ci pouvait prouver qu'elle avait subi des pertes, alors pourquoi contribuons-nous 120 millions à ce montant? Le gouvernement fédéral s'attend-il à ce que nous nous indemnisions nous-mêmes? » Le gouvernement de Terre-Neuve n'a pas besoin d'une entente pour indemniser ses propres pêcheurs déplacés. De plus, aucune note de service, aucun article de journal n'a fait la moindre mention du fait que la province devait prouver qu'elle avait subi des pertes pour pouvoir recevoir les fonds de transition.
Le gouvernement conservateur a aussi dit: « Ce n'est pas juste pour les autres provinces de l'Atlantique, qui pourraient aussi subir des pertes en raison de l'AECG. »
Voici un fait que tous les Canadiens peuvent évaluer et qui est au coeur même de cette question. Les autres provinces de l'Atlantique n'ont pas d'exigences minimales de transformation. Seule Terre-Neuve-et-Labrador en a. On a demandé seulement à Terre-Neuve-et-Labrador de renoncer à des exigences minimales de transformation. Elle est la seule province à avoir négocié avec le gouvernement ce qu'elle obtiendrait pour avoir renoncé à cet important outil stratégique.
Semble-t-il vraiment raisonnable à quiconque de penser qu'il est injuste pour Terre-Neuve que les autres provinces de l'Atlantique n'aient rien obtenu? Bien sûr que ce n'est pas injuste, car elles n'ont pas renoncé à des exigences minimales de transformation.
Maintenant, comme si ce n'était pas assez, le déclare qu'il n'a jamais été question que le fonds pour les pêches soit une « caisse occulte ». Quelle insulte pour le premier ministre et le gouvernement de Terre-Neuve. Quelle insulte pour les ministres de Terre-Neuve. Quelle insulte pour la population de Terre-Neuve-et-Labrador de qualifier cet argent de caisse occulte, alors qu'il s'agit d'une indemnisation pour ces gens, une indemnisation que le gouvernement actuel admet leur devoir, une indemnisation qu'il sait être nécessaire, parce que Terre-Neuve-et-Labrador a fait une importante concession qui lui occasionnera des pertes.
Qu'est-il arrivé depuis? Le 20 janvier 2015, Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé son retrait des négociations commerciales du Canada et le retrait de son soutien à l'AECG.
La crédibilité du gouvernement conservateur est en jeu.
J'aimerais parler d'intégrité et de respect des accords.
Lorsqu'on signe un accord commercial, comme tout contrat ou accord, sa valeur ne se limite pas aux mots écrits sur le papier. L'accord n'a de valeur que si les signataires mettent en oeuvre les modalités de l'accord de bonne foi.
C'est la bonne foi des parties qui le mettent en oeuvre qui détermine la solidité d'un accord commercial. Je vais donner un exemple. Les barrières non tarifaires sont légion dans notre monde. Il existe de nombreuses histoires de parties signant des accords commerciaux, les avantages desquels sont ensuite sapés par des parties mettant en oeuvre toutes les barrières non tarifaires possibles et imaginables pour contrer les dispositions de l'accord commercial.
Dans ce cas-ci, le fait que le gouvernement fédéral conservateur ait rapidement, dès le début, brisé la promesse qu'il avait faite à la province démontre un manque de bonne foi. Cela démontre de la mauvaise foi. C'est incompatible avec la responsabilité du gouvernement fédéral de mettre en oeuvre la politique commerciale, laquelle exige la plus grande bonne foi.
En parlant d'intégrité, d'engagement et d'honneur, j'aimerais raconter l'histoire de Jeff Gourley, un Vancouverois que je connais. Il est l'entraîneur en chef de l'équipe de basketball senior à l'école secondaire Sir Charles Tupper de Vancouver. Depuis plus d'une décennie, Jeff donne de son temps pour créer et entraîner ce petit programme de basketball scolaire dans l'est de Vancouver. Avant son arrivée, l'école ne s'était presque jamais, en 20 ans, qualifiée pour les séries éliminatoires. Grâce à son leadership, il a inspiré l'équipe des Tupper Tigers à gagner le championnat de la ville et à se classer parmi les cinq meilleures équipes de la province tout en excellant à l'école et, plus important encore, en devenant des personnes responsables.
Plusieurs de ses joueurs ont pu obtenir des bourses d'études universitaires et ont joué au plus haut niveau au Canada. Ils ont bien réussi à tous les égards. Jeff est parvenu à ce résultat en enseignant aux garçons qu'ils dirigeaient à voir le sport comme une métaphore de leur vie. Il dit ceci: « En fait, mon travail se résume à leur donner la possibilité de rêver, de penser et surtout de comprendre qu'ils ont tous la capacité de réussir grâce à leurs efforts dans n'importe quel domaine. »
Trouver le moyen d'inspirer de jeunes athlètes du quartier Lower Eastside de Vancouver qui n'ont pas l'habitude de la réussite est loin d'être une sinécure pour n'importe quel entraîneur, mais Jeff y est parvenu en leur enseignant le travail d'équipe, le respect, le sens de l'honneur, la confiance en soi, la confiance envers leurs coéquipiers et la fidélité aux engagements.
C'est une leçon pour nous tous, mais c'est surtout une leçon pour le gouvernement fédéral, car M. Gourley et les joueurs de l'école Tupper, à Vancouver, savent une chose: ils savent que, lorsqu'ils donnent leur parole, ils la tiennent. Ils savent que, lorsqu'ils prennent un engagement, ils l'honorent. Ils savent que, lorsqu'ils disent à quelqu'un qu'ils vont faire quelque chose, ils le font. C'est à ce comportement que l'on reconnaît ces jeunes hommes remarquables. Le gouvernement devrait écouter la leçon apprise par ces jeunes hommes dans cette école.
Je tiens à parler des conséquences de cela. Tous les jours, j'entends les ministériels prendre la parole à la Chambre et induire les Canadiens en erreur en disant que le gouvernement conservateur a conclu des accords commerciaux avec les deux plus grands marchés au monde en faisant allusion aux États-Unis et à l'Union européenne. Il est vrai qu'il a conclu un accord avec les États-Unis, mais il est faux de dire qu'il a conclu un accord avec l'Union européenne. Il n'y a aucun accord en vigueur avec l'Union européenne. L'AECG n'est pas en vigueur, et on peut dire franchement que le comportement du gouvernement met cet accord en péril.
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a déjà déclaré publiquement qu'il n'honorera pas les engagements prévus dans l'AECG. Lors des négociations entourant l'AECG, la première demande de l'Union européenne était d'avoir accès aux marchés publics provinciaux, aux marchés infranationaux. Quel genre de message envoie-t-on à l'Union européenne lorsque le Canada entre publiquement en conflit avec l'une de ses propres provinces, qui s'est maintenant soustraite à ses engagements aux termes de l'accord?
Deuxièmement, il y a seulement deux semaines, l'Allemagne et la France ont fait valoir à la Commission européenne qu'elles voulaient qu'on modifie les dispositions de l'AECG concernant les relations entre les investisseurs et l'État. Toute l'Europe sait que l'AECG est un accord mixte, ce qui veut dire qu'il devra être ratifié par tous les pays de l'Union européenne, y compris la Grèce, ce qui met désormais l'accord en péril. En fait, nous n'avons pas encore d'accord avec l'Union européenne.
Des voix: Oh, oh!