propose que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté.
-- Monsieur le Président, nous voici à l'étape de la troisième lecture du projet du loi sur l'intégrité des élections. Le processus s'est avéré excellent: nous avons examiné la démocratie que nous avons eu la chance d'hériter de nos ancêtres pour la rendre encore meilleure en nous appuyant sur ses fondements.
Nous sommes aujourd'hui saisis de la Loi sur l'intégrité des élections, un projet de loi fondé sur le principe de l'intégrité et du suffrage universel et largement appuyé par la population canadienne. Grâce à cette mesure législative, il sera plus facile de voter, pour les Canadiens respectueux de la loi, et plus difficile d'enfreindre la loi. Il sera plus facile, pour les Canadiens respectueux de la loi, de contribuer davantage à la démocratie, sur le plan financier, et plus difficile, pour les groupes d'intérêts spéciaux, d'enfreindre les lois sur le financement électoral. Il sera plus difficile de voter illégalement ou frauduleusement, mais plus facile pour les électeurs, grâce à de nouvelles possibilités, d'exercer leur droit de vote tout au long d'une campagne électorale.
Le projet de loi a fait l'objet d'abondants débats; diverses opinions ont été exprimées et quelques amendements mineurs, fondés sur les bases du document original, ont été apportés. Voyons donc maintenant le produit final sur lequel la Chambre se prononcera ce soir.
Pour commencer, les Canadiens seraient tenus d'apporter une pièce d'identité pour pouvoir voter. Lors des dernières élections, les électeurs ont pu se présenter aux bureaux de vote sans apporter de pièce d'identité et voter en demandant à un répondant de se porter garant de leur identité. Il ne serait plus possible d'avoir recours à un répondant. Tous les électeurs canadiens seraient tenus d'apporter une pièce d'identité pour pouvoir voter.
Par contre, le système serait doté d'une soupape de sécurité pour aider les personnes dont l'adresse ne figure pas sur leur pièce d'identité. Par exemple, dans les collectivités situées dans les régions rurales de l'Alberta, il arrive que l'adresse inscrite sur le permis de conduire corresponde à une boîte postale et non à l'adresse domiciliaire. Cela complique les choses à l'isoloir. Dans ce cas, ou dans des situations similaires, l'électeur pourrait cosigner un serment avec un autre électeur de la même section de vote, lequel a en main une pièce d'identité et une preuve de résidence, pour confirmer son lieu de résidence.
Élections Canada établirait une liste de tous les électeurs ayant prêté serment et serait tenu, en vertu de la loi, de vérifier si un électeur a prêté serment plus d'une fois. Si un électeur a prêté serment plus d'une fois, cela prouverait qu'il a voté plus d'une fois. Dans un tel cas, le commissaire, dont la mission est d'enquêter sur les violations de la Loi électorale du Canada, serait automatiquement saisi du dossier. Un électeur qui signe un faux serment ou utilise des serments pour voter plus d'une fois s'expose à une amende de 50 000 $ ou à une peine d'emprisonnement de cinq ans.
La loi prévoit également une vérification externe obligatoire pour déterminer si Élections Canada a suivi toutes ces procédures. C'est primordial, compte tenu du bilan catastrophique d'Élections Canada concernant la gestion du processus de recours à un répondant aux dernières élections. En effet, Élections Canada a enregistré quelque 50 000 irrégularités liées au recours à un répondant la dernière fois, et 165 000 irrégularités dans d'autres domaines liés à la gestion du scrutin. Cette vérification externe obligatoire tiendrait Élections Canada responsable de sa mauvaise gestion et des irrégularités. C'est un énorme pas en avant. Ni ces protections, ni l'obligation de présenter une pièce d'identité n'existaient lors des dernières élections.
Grâce aux pièces d'identité, nous pouvons établir l'identité des électeurs avant qu'ils votent. Ainsi, s'ils ont eu recours au serment dans le but de tromper ou d'induire en erreur, nous serions en mesure de les retracer, puisqu'ils ont présenté leur pièce d'identité.
Jusqu'à aujourd'hui, il se pouvait fort bien qu'on ne réussisse jamais à retrouver les gens qui avaient recours à un répondant pour commettre des fraudes, puisque, n'étant pas obligés de présenter une pièce d'identité, leurs coordonnées n'étaient consignées nulle part. Les nouvelles balises préviendront les abus, en plus d'intégrer un principe tout simple à notre régime électoral: si une personne souhaite voter, elle devra présenter une pièce d'identité.
Je suis conscient que cette position ne fait pas l'unanimité parmi les députés. Le NPD et le Parti libéral estiment que les gens devraient pouvoir voter dès lors qu'ils sont accompagnés de quelqu'un qui puisse répondre de leur identité, sans avoir à produire la moindre pièce d'identité. Je ne suis pas d'accord, et les Canadiens non plus. Avant même que j'annonce que nous allions amender le texte du projet de loi, 87 % des Canadiens étaient d'avis que, pour voter, une personne doit présenter une pièce d'identité. Nous partageons le point de vue de ces 87 %.
En plus d'exiger une pièce d'identité, nous allons interdire un autre moyen que les gens pouvaient utiliser jusqu'ici pour s'identifier, pour la simple et bonne raison que ce moyen était peu fiable et prêtait flan aux abus. Lors des derniers scrutins, Élections Canada permettait aux citoyens d'utiliser comme pièce d'identité la carte d'information de l'électeur. Or, ces cartes sont truffées d'erreurs. En fait, ce sont des millions d'entre elles qui sont souvent inexactes. Et comme certaines personnes en recevaient plus d'une, elles pouvaient voter plusieurs fois.
Lors du dernier scrutin, 12 % des cartes comportaient des erreurs. C'est à peu près 1 carte sur 6. Même aujourd'hui, le directeur général des élections admet un taux d'erreur avoisinant les 6 %. Ça peut sembler peu élevé, jusqu'à ce qu'on fasse le calcul suivant: comme il y a 25 millions d'électeurs au Canada, 6 % de 25 millions équivaut à près de 2 millions de cartes erronées. Pareil niveau de risque est inacceptable. Une fois adoptée, la Loi sur l'intégrité des élections interdira aux gens d'utiliser la carte d'information de l'électeur pour s'identifier.
La Loi sur l'intégrité des élections mettra en outre fin aux échappatoires qui permettaient à certains groupes d'intérêt puissants de contourner les limites de dons. Il y a quelques années, la Chambre des communes a restreint à la quasi-unanimité les montants que les citoyens peuvent donner et défini les sources dont peut provenir cet argent. Depuis ce jour, les entreprises et les syndicats n'ont plus le droit de faire de dons. Quant aux dons provenant de particuliers, ils ne peuvent plus dépasser 1 000 $ par année. Si on tient compte de l'inflation, ce montant est maintenant rendu à approximativement 1 200 $.
Le problème, c'est que nous avons découvert certaines échappatoires. Les candidats qui ont pris part à la course à la direction du Parti libéral, par exemple, ont emprunté des sommes énormes à divers groupes d'intérêt puissants, mais ne les ont tout simplement jamais remboursées. Essentiellement, ces emprunts étaient des dons illégaux. Pour une raison quelconque, Élections Canada n'a pas fait enquête sur cette violation de la loi, et les libéraux concernés ont pu s'en tirer sans être inquiétés.
Les néo-démocrates, quant à eux, ont été particulièrement ingénieux. Ils ont encouragé les gens à leur faire d'énormes dons, supérieurs à la limite permise, par la voie de leurs testaments. La limite de dons ne s'appliquant pas aux héritages, le NPD a reçu des centaines de milliers de dollars à titre posthume. Les morts ne peuvent pas voter, mais, en vertu de la situation actuelle, ils peuvent tout de même contribuer à un parti. La Loi sur l'intégrité des élections mettrait fin à la pratique des dons faits par des défunts. Les limites s'appliquant aux Canadiens vivants s'appliqueraient désormais aussi aux sommes léguées par testament.
Ces mesures visent toutes à mettre fin aux pratiques abusives et aux lacunes qui ont permis aux gros donateurs de s'immiscer dans la politique. Nous sommes conscients que les gros donateurs peuvent étouffer la voix des Canadiens ordinaires, et c'est pour cette raison que les règles ont pour but de limiter leur contribution financière. Ainsi, les partis ne peuvent recevoir d'un donateur des dons si importants qu'ils doivent ensuite lui être redevables en servant ses intérêts lorsqu'ils déterminent la politique publique.
Ces règles, qu'elles visent à empêcher la fraude électorale ou à interdire les dons excessifs, n'auraient aucune raison d'être si elles n'étaient pas appliquées. La Loi sur l'intégrité des élections renforcerait donc leur application en faisant en sorte que l'enquêteur en chef soit indépendant. Ce dernier aurait des pouvoirs accrus, un plus grand rayon d'action et une plus grande marge de manoeuvre.
Il aurait plus de pouvoir, car il pourrait imposer des peines plus lourdes pour les infractions déjà prévues dans la loi. Il aurait un plus grand rayon d'action, puisque la mesure crée plusieurs nouvelles infractions pour lutter contre l'influence indue des gros capitaux, la fraude électorale et d'autres formes d'abus. Grâce à sa plus grande marge de manoeuvre, il serait totalement indépendant.
À l'heure actuelle, le commissaire relève du directeur général des élections. En vertu de la loi, c'est le directeur général des élections qui choisit le personnel du commissaire, embauche le commissaire et peut le congédier à n'importe quel moment sans motif, et lui ordonne de faire enquête. Le commissaire n'est donc pas indépendant.
La Loi sur l'intégrité des élections permettrait au commissaire de gérer son propre personnel et de mener ses propres enquêtes et elle lui donnerait l'assurance qu'il ne serait pas congédié sans motif. C'est à ce genre d'indépendance que les Canadiens s'attendent d'un enquêteur en chef. Je m'attends à ce que cette indépendance améliore grandement la qualité et l'uniformité de l'application des règles électorales dont les Canadiens bénéficient.
L'un des meilleurs moyens de s'assurer que les gens respectent les règles est de les faire connaître et de les appliquer systématiquement. Par exemple, si l'organisme autorise une pratique pendant de nombreuses années, puis change soudainement d'idée, comme il l'a déjà fait, il devient difficile pour les acteurs politiques de savoir quelles règles ils doivent suivre. Voilà pourquoi la Loi sur l'intégrité des élections exigerait que le directeur général des élections publie des interprétations juridiques et rende des décisions anticipées à la demande des parties politiques.
Par exemple, si un parti s'interroge sur la façon dont l'organisme appliquerait une certaine règle, il pourrait demander une décision anticipée au directeur général des élections pour savoir si son intention de faire a, b, c et d respecte les règles. Le directeur général des élections devrait répondre à l'intérieur d'un délai précis. Le parti pourrait ainsi utiliser la décision anticipée pour procéder à ses activités conformément aux règles. La décision lierait Élections Canada.
En d'autres mots, l'organisme ne pourrait pas dire à un parti que quelque chose est permis, puis changer d'idée après coup. Qui plus est, cela créerait un précédent, de sorte que tous les partis pourraient agir de la même manière que le parti ayant reçu l'autorisation. Bref, il y aurait un ensemble de règles pour tout le monde. Il s'agit d'une grande amélioration, car mieux vaut prévenir que punir.
Il ne faut jamais tenir pour acquise la démocratie dans laquelle nous vivons. On nous a tous donné le privilège sacré de choisir qui gouvernera le pays. Malheureusement, de nombreux Canadiens choisissent de ne pas exercer ce droit. L'un des plus grands obstacles à la participation des électeurs, selon Élections Canada, c'est le manque de renseignements de base sur les modes de participation.
La plupart des Canadiens savent qu'ils peuvent voter le jour des élections. La vaste majorité sait cela. Toutefois, la moitié des jeunes ne savent pas qu'ils peuvent voter avant le jour des élections. Un sondage d'Élections Canada montre que les trois quarts des jeunes Autochtones ne savent pas qu'ils peuvent voter avant le jour des élections, par anticipation, au moyen d'un vote postal ou en se présentant à un bureau local d'Élections Canada à un moment ou l'autre pendant la campagne.
Il serait utile aux gens qui sont trop occupés, qui se trouvent dans une autre ville, qui travaillent ou qui ont un empêchement à cause de la famille ou de troubles de santé. C'est pour cette raison que la Loi sur l'intégrité des élections obligera Élections Canada à axer ses publicités sur la date des élections, l'horaire et l'endroit des bureaux de vote ainsi que sur les façons de voter.
En fait, après l'adoption de la Loi sur l'intégrité des élections, cet organisme ne pourra axer ses publicités que sur les aspects de base des élections. Ce sera différent du système actuel. Cette nouvelle politique fera en sorte que les renseignements qui seront donnés aux Canadiens seront conformes au rôle de l'organisme électoral.
Enfin, pour que les élections aient un sens, il faut que les résultats en soient respectés. Actuellement, Élections Canada a le pouvoir de suspendre un député en cas de différend financier au sujet de dépenses électorales.
Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que, si une personne enfreint délibérément et de façon flagrante la loi électorale, elle devrait être suspendue. Toutefois, avant d'invalider la décision de milliers d'électeurs, il faut s'assurer que les allégations sont fondées. La Loi sur l'intégrité des élections permettra donc à tout député dont les réclamations financières sont remises en question par Élections Canada d'avoir recours à tous les mécanismes d'appel devant les tribunaux avant que le directeur général des élections ne puisse demander au Parlement de le suspendre. C'est à la fois approprié et justifié. Il n'est pas normal que le dirigeant d'un organisme puisse invalider le résultat d'élections démocratiques et annuler le vote de dizaines de milliers d'électeurs avant qu'un juge ait accepté les allégations qu'il a présentées. Au lieu du système actuel, qui est injuste pour les électeurs et peu démocratique, la Loi sur l'intégrité des élections instaurera les procédures judiciaires requises.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons qu'il devrait être aussi facile que possible pour les électeurs d'exercer leur droit de vote. C'est pourquoi nous ajoutons une journée de vote par anticipation, à l'intention de ceux qui ne peuvent pas voter le jour des élections.
Voici un résumé des changements que nous proposons aux Canadiens. Ils ont fait l'objet de vastes débats et d'un examen approfondi mené par des comités de la Chambre des communes et du Sénat. Maintenant, l'heure de la décision approche. Après de vastes débats et quelques modifications modestes mais justes, il est temps que tous se prononcent.
Grâce à ce projet de loi, Élections Canada pourra se concentrer sur son mandat essentiel, soit la tenue d'élections justes et efficaces. On éliminera du mandat de l'organisme les tâches qui ne devraient pas s'y trouver. Ces changements marquent un grand pas pour la démocratie. Ils protégeront l'impartialité des élections. Ainsi, les Canadiens pourront faire pleinement confiance au processus mis en place pour administrer le scrutin.
Les députés de tous les partis ont déjà examiné le projet de loi avec soin; je les invite à voter en sa faveur ce soir. Cette mesure, qui marque un progrès dans l'évolution de la démocratie canadienne, s'appuie sur des traditions bien ancrées et sur le patrimoine démocratique du Canada. Elle ouvre la voie à l'avenir de la démocratie canadienne.
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Monsieur le Président, je vais présenter mes observations de la façon suivante. Premièrement, je vais situer brièvement le contexte des préoccupations soulevées lors de la présentation du projet de loi au début du mois de février et au cours des mois qui ont abouti à d'importantes concessions de la part du ministre, et non pas aux amendements mineurs ou modestes dont il vient de parler. Deuxièmement, je vais exposer dans les grandes lignes pourquoi ces amendements, qui rendent un mauvais projet de loi moins mauvais, représentent une grande victoire pour la société civile et l'opposition. Enfin, j'énumérerai les 10 raisons pour lesquelles les dispositions qui demeurent font de ce projet de loi une mauvaise mesure législative qui ne mérite pas d'obtenir l'appui de la Chambre.
Concernant le premier point, disons que, depuis le début, nous craignions que l'enchevêtrement de dizaines de nouvelles dispositions et de modifications législatives prévues dans le projet de loi ait pour effet, volontaire ou non, de favoriser un parti politique lors des prochaines élections et d'établir une série de principes qui ne sont pas équitables, en dépit de ce qu'on laisse entendre avec le titre du projet de loi, « Loi sur l'intégrité des élections ». Aucun signal ne pouvait être plus clair, pour ceux qui savent ce dont le gouvernement est capable et qui étaient au courant de la teneur du projet de loi, que la signature de deux progressistes-conservateurs très respectés au bas d'une déclaration, le 10 avril. Inquiets, ils exprimaient les raisons pour lesquelles le projet de loi devait être rejeté. C'étaient David Crombie et Allan Gregg.
Voici ce qu'ils ont déclaré:
Cette loi n'est en fait qu'une tentative à peine voilée du gouvernement Harper de favoriser l'électorat conservateur aux prochaines élections fédérales.
Ces deux citoyens canadiens s'y connaissent extrêmement bien dans le domaine. L'un d'entre eux a déjà été maire de Toronto et ministre dans un gouvernement progressiste-conservateur. L'autre est un spécialiste des sondages et de la mercatique étroitement lié aux conservateurs. Tous deux savent de quoi est capable le gouvernement actuel. Ils ont lu le projet de loi et le comprennent, ce qui les a amenés à le condamner en des termes très forts. Lorsqu'ils disent que le gouvernement veut « favoriser l'électorat conservateur », ils indiquent clairement qu'à l'inverse de ce que le titre « Loi sur l'intégrité des élections » laisse entendre, ce projet de loi vise en fait à créer un manque d'intégrité dans les élections.
Le refus du projet de loi s'étant fortement manifesté partout — dans la société civile, dans un effort vigoureux des partis d'opposition, parmi les intellectuels ayant pris la parole et, j'en suis certain, parmi un certain nombre de députés conservateurs d'arrière-ban qui, par principe ou parce qu'ils ressentaient la pression, ont mis leur poids dans la balance —, le ministre a annoncé des concessions majeures et a effectivement amendé le projet de loi en le soumettant au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Permettez-moi d'énumérer les amendements, ce qui, je l'espère, me permettra de démontrer aux gens qu'il s'agit d'amendements majeurs. Le gouvernement a été obligé d'abandonner certains éléments qui se trouvaient au coeur de sa tentative de « favoriser l'électorat conservateur ».
Premièrement, le projet de loi prévoyait une exemption pour les collectes de fonds. Les partis n'auraient plus à déclarer, parmi les dépenses électorales, celles qu'ils feraient pour communiquer avec leurs donateurs des cinq dernières années afin de solliciter une nouvelle contribution financière de leur part. Les dépenses associées à ces communications n'entreraient plus dans les dépenses électorales. Toutes sortes de raisons furent invoquées pour expliquer pourquoi il s'agissait d'une exemption susceptible d'être énorme lors des campagnes électorales. Cette disposition a été éliminée.
Deuxièmement, le gouvernement avait inclus, dans la version originale du projet de loi , une disposition prévoyant que le candidat du parti ayant terminé premier à l'élection précédente ou le parti de ce candidat aurait dorénavant, dans les faits, le pouvoir de nommer les superviseurs des centres de scrutin.
À bien des égards, le superviseur de centre de scrutin est le responsable le plus important affecté à un bureau de scrutin. De grandes préoccupations ont été exprimées, car ce changement aurait eu pour effet de déstabiliser le système actuel, lequel est malheureusement déjà politisé. En effet, les scrutateurs sont nommés par le parti qui a terminé au premier rang, tandis que les greffiers du scrutin sont nommés par le parti qui a fini deuxième. Aucune raison logique ne pouvait justifier ce changement. Ce dernier a donc été éliminé dans le cadre d'amendements que le ministre a qualifiés de mineurs. Pour ma part, je préfère toutefois qualifier cet amendement de concession majeure.
Nous venons tout juste d'avoir un échange avec le ministre au cours duquel il a reconnu que l'attestation d'identité par un répondant n'était plus prévue dans le projet de loi . Cependant, le gouvernement a rétabli le processus d'attestation d'adresse par un répondant, ce qui constituait le problème principal lorsque les dispositions sur le recours à un répondant avaient été éliminées de la Loi électorale du Canada.
Il ne s'agissait pas d'un amendement mineur, mais plutôt d'une grande victoire pour la société civile et les nombreux témoins qui se sont donné la peine d'expliquer aux membres conservateurs du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, aux médias et au ministre les raisons pour lesquelles l'élimination des dispositions actuelles de la Loi électorale du Canada sur le recours à un répondant étaient profondément injustes, car elle risquait de priver des gens de leur droit de vote.
Quatrièmement, le gouvernement avait prévu une limite presque ridicule quant à la période durant laquelle les fournisseurs de services d'appel et d'autres responsables seraient tenus de conserver les données dans le nouveau registre de communication avec les électeurs. Lorsque le projet de loi a été présenté dans sa forme initiale, la période prévue n'était que d'un an, ce qui n'était pas suffisant pour recueillir les renseignements pertinents en cas d'enquête sur un problème donné. Le ministre a cédé aux pressions pour ce qui est de la durée de conservation des textes utilisés et des enregistrements sonores. La période prévue est donc passée d'un à trois ans.
Le registre de communication avec les électeurs continue de présenter de nombreux problèmes. Je crois qu'il s'agit d'un amendement mineur, mais qui revêt tout de même une certaine importance.
Cinquièmement, le gouvernement s'est fait dire dès le début que le fait pour le projet de loi de retirer à Élections Canada son mandat en matière de sensibilisation de la population et de programmes d'information, en particulier ceux destinés aux groupes défavorisés ou susceptibles d'avoir du mal à voter, constituait une abomination. J'ai su dès le départ que bon nombre de conservateurs de l'arrière-ban y étaient très réfractaires. J'aurais pu prédire dès ce moment-là ce qui allait se produire. Ce mandat d'Élections Canada a été rétabli, même si c'est seulement à l'égard des élèves du primaire et du secondaire. Aux termes de la version actuelle du projet de loi , il reste donc interdit à l'organisme de poursuivre ou de lancer toute autre activité de vulgarisation.
Au moins, Élections Canada pourra continuer à offrir du soutien et du financement ainsi qu'à organiser des activités, conjointement ou en partenariat, dans le cadre de programmes destinés aux élèves, notamment pour leur permettre de voter, ce qui représente une grande victoire pour la société civile, qui avait manifestement fait de ce dossier une priorité.
Sixièmement, le projet de loi ne contenait aucune des dispositions qui, pour des motifs techniques, doivent habituellement figurer dans un texte de loi, afin que le directeur général des élections puisse continuer à communiquer avec le commissaire aux élections fédérales lorsque ce dernier cesserait de relever d'Élections Canada pour passer dans le giron du directeur des poursuites pénales. L'erreur a été rectifiée par l'ajout d'autorisations à cet effet. Bien qu'il s'agisse de modifications minimales qui sont loin de satisfaire toutes nos exigences, elles n'en restent pas moins fort utiles.
Septièmement, le libellé du nouvel article 18 de la Loi électorale du Canada aurait manifestement eu pour effet de désormais interdire au directeur général des élections de communiquer avec le public pour toute autre raison que pour l'informer à propos d'un nombre fort limité de questions fonctionnelles, comme l'emplacement des bureaux de scrutin, la manière de voter et les pièces d'identité requises pour le faire. En effet, l'article 18 précisait que les messages du directeur général des élections « [...] ne peuvent porter que sur [...] » une liste définitive d'éléments. On a donc redouté que cet article, intentionnellement ou pas, ait été libellé de manière à empêcher le directeur général des élections de s'exprimer sur tout autre sujet.
Dès le début, le ministre a dit ce n'était pas son intention et, lorsqu'il a annoncé ces autres concessions, il a dit que le directeur général des élections pourrait communiquer en toute liberté avec la population. Lorsque le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a étudié les amendements, il n'a jamais été dit que le directeur général des élections pourrait désormais communiquer avec qui bon lui semble, mais la façon dont l'article 18 a été réécrit me convainc que ce sera désormais le cas. J'aurais simplement préféré que le gouvernement accepte l'amendement du NPD pour que tout soit clair comme de l'eau de roche. Je tiens toutefois à reconnaître ici, comme je l'ai fait au comité, qu'il est clair que le directeur général des élections pourra désormais dire tout ce qu'il veut quand bon lui semble, et ce, tant ici qu'à l'étranger.
Enfin, parmi les concessions faites par le ministre, il y a entre autres eu la modification d'une disposition très curieuse du projet de loi ; en résumé, la disposition prévoyait que le commissaire aux élections du Canada ne pouvait pas lancer d'enquête tant qu'il n'avait pas de motifs raisonnables de croire qu'une infraction avait été commise.
Quiconque oeuvre dans le domaine du droit criminel ou des enquêtes criminelles sait que ce critère ne s'applique pas lorsqu'il est question de lancer une enquête, mais plutôt lorsqu'on demande une ordonnance pour mise sur écoute ou pour d'autres mesures d'enquêtes de la sorte. En common law et dans tout autre contexte d'enquête, les enquêteurs doivent toutefois avoir un soupçon raisonnable pour lancer une enquête.
Cette disposition a été modifiée par le comité, et je suis prêt à concéder qu'il s'agissait d'une simple erreur de la part des rédacteurs, mais c'était tout de même curieux, et je peine à comprendre comment une personne qui s'y connaît en matière d'enquête criminelle a pu faire une telle erreur.
Voici où je veux en venir: de grandes concessions ont été faites parce que nous avons mené une bataille acharnée; parce que la société civile s'est mobilisée; et parce que les députés d'arrière-ban qui ont été convaincus ou qui étaient craintifs sont manifestement intervenus auprès du gouvernement.
J'aimerais maintenant passer à la raison pour laquelle, malgré toutes les concessions qui ont été faites, le projet de loi demeure encore si problématique qu'il ne mérite pas notre appui, sans même parler des réserves que nous avons à l'égard de la façon dont il a vu le jour et aussi du processus d'amendement non consensuel, dans lequel pas un seul amendement de fond de l'opposition n'a été retenu. Malgré toutes les concessions dont j'ai parlé plus tôt, le projet de loi demeure si problématique qu'il ne mérite pas d'être adopté. J'ai 10 points à faire valoir.
Premièrement, la version actuelle du projet de loi sur laquelle nous allons nous prononcer plus tard retire encore au directeur général des élections le pouvoir de mettre en oeuvre des programmes de sensibilisation et d'information publiques pour mieux faire connaître le processus électoral à la population et pour l'encourager à voter. Elle l'autorise seulement à offrir de tels programmes aux élèves du primaire et du secondaire. Toute autre activité de sensibilisation du public demeure interdite.
Deuxièmement, le projet de loi interdirait au directeur général des élections d'autoriser l'utilisation de cartes d'information de l'électeur, non pas comme preuve d'identité, mais même accompagnées d'une deuxième pièce d'identité à l'appui. Ces cartes ne pourront plus être utilisées, malgré le fait qu'elles sont un moyen d'aider les gens à se prévaloir de leur droit de vote, ayant été créées en réponse aux préoccupations concernant le peu de pièces d'identité qui précisent l'adresse, et malgré que leur utilisation dans divers contextes a facilité l'administration du vote le jour des élections en 2011. Ces cartes seront interdites malgré le manque total d'éléments de preuve démontrant qu'elles sont un moyen de commettre de la fraude électorale, ou qu'elles présentent un risque de fraude. C'est ainsi, peu importe combien de fois le ministre citera en exemple le canular tenté à l'émission Infoman, qui n'a jamais abouti à une vraie fraude.
Troisièmement, le projet de loi exigerait que le directeur général des élections et le commissaire aux élections fédérales obtienne la permission de représentants du gouvernement pour rémunérer des spécialistes et des enquêteurs qu'ils jugent nécessaire d'engager de manière temporaire. Auparavant, ils avaient directement accès au Trésor. Le directeur général des élections devra dorénavant présenter une telle demande au Conseil du Trésor; et le commissaire, au directeur des poursuites pénales.
Quatrièmement, le gouvernement refuse d'inscrire dans la loi les pouvoirs nécessaires pour garantir le respect et l'application de la Loi électorale du Canada, en dépit des fraudes et des violations des règles électorales lors des élections de 2006, 2008 et 2011. Je songe notamment au pouvoir du directeur général des élections de demander aux partis enregistrés de fournir des reçus relativement à leurs dépenses électorales et au pouvoir du commissaire d'obtenir une ordonnance judiciaire pour forcer une personne à comparaître dans le cadre d'une enquête sur une infraction électorale.
Cinquièmement, le projet de loi transfère inutilement le commissaire dans un ministère, en l'occurrence celui du Procureur général, alors que le commissaire fait actuellement partie du bureau du directeur général des élections et que ce dernier est un haut fonctionnaire du Parlement, dois-je le rappeler à la Chambre. Cela influe donc négativement sur l'efficacité des enquêtes du commissaire. Cela complique également la tâche complémentaire du directeur général des élections, du commissaire et de leur personnel respectif qui doivent s'assurer du respect de la Loi électorale du Canada, et ce, bien au-delà des situations relativement limitées dans lesquelles ils mettent l’accent sur l'application de la loi.
Sixièmement, la marge de manoeuvre du commissaire est dorénavant entravée comme ne l'est celle d'aucun autre organisme d'enquête. Il est notamment obligé d'informer les suspects qu'ils font l'objet d'une enquête, et il lui est interdit d'expliquer au Parlement ou aux Canadiens pourquoi une enquête n'a pas mené à des accusations.
Septièmement, le projet de loi comporte de graves lacunes à l'égard du Registre de communication avec les électeurs, lequel serait administré par le CRTC. Le registre est un ajout souhaitable à la Loi électorale du Canada, mais il ne va pas assez loin. Parmi les lacunes, il y a: le fait qu'il n'est pas obligatoire de transmettre au CRTC les scripts de communication avec les électeurs utilisés pour faire des appels, ainsi que les enregistrements des appels automatisés; le fait que les personnes ou les groupes ne sont pas obligés de conserver les numéros de téléphone des personnes appelées et encore moins de les transmettre au CRTC; le fait que le CRTC n'est pas obligé d'informer le commissaire si un employé du CRTC suspecte des irrégularités. Bien sûr, je ne parle pas d'irrégularités de la part du CRTC, mais de la part des acteurs qui doivent faire rapport au CRTC.
Huitièmement, dans le projet de loi , on conserve un système politisé — le même que dans l'actuelle Loi électorale du Canada — de nomination des scrutateurs, des greffiers du scrutin et des agents d'inscription en tant que fonctionnaires électoraux pour le jour des élections. La loi électorale du Canada ne confère pas à Élections Canada l'autorité complète de nommer tous les fonctionnaires électoraux en fonction de leur mérite, ce qui l'empêche d'embaucher et de nommer, en temps opportun, le personnel nécessaire pour réduire au minimum les irrégularités le jour des élections. L'une des principales conclusions du rapport Neufeld, c'est que pour vraiment renforcer la capacité des fonctionnaires électoraux de réduire au minimum les irrégularités — que le gouvernement a essayé, dès le départ, de faire passer, à tort, pour des preuves de fraude — il faut conférer à Élections Canada l'autorité de nommer tous les fonctionnaires électoraux.
Neuvièmement, les dispositions problématiques sur l'identification des électeurs risquent de donner lieu à du harcèlement et à de l'intimidation des électeurs parce que les documents d'identité peuvent maintenant être examinés par des représentants des partis. De plus, ces dispositions dissuadent les gens de se porter garants en ce qui concerne l'adresse d'un électeur, car l'exigence voulant que le répondant connaisse personnellement l'électeur qui a recours à un répondant ne précise pas depuis combien de temps et dans quelle mesure le répondant doit connaître ce dernier.
En terminant, le projet de loi accroît le rôle de l'argent en politique, en augmentant, de manière injustifiée, le plafond des contributions et en créant un système de prêts bancaires inapplicable qui — et c'est trop complexe à expliquer — profiterait aux candidats et aux partis bien financés.
Par conséquent, j'aimerais présenter un amendement motivé. Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que », de ce qui suit:
cette Chambre refuse de donner troisième lecture au projet de loi C-23, Loi modifiant la Loi électorale du Canada et d'autres lois et modifiant certaines lois en conséquence, notamment parce qu'il:
a) a été déposé à la hâte au Parlement sans adéquatement tenir compte des préoccupations qu’ont soulevées plus de 70 témoins experts et des centaines d’acteurs de la société civile relativement à un vaste éventail de dispositions du projet de loi qui demeurent problématiques;
b) interdit au directeur général des élections d’autoriser l’emploi de la « carte d'information de l'électeur » comme pièce d’identité pouvant être utilisée conjointement à une autre pièce d’identité, bien qu’une telle carte constitue une méthode d’admission au suffrage et qu’elle simplifie l’administration du scrutin le jour des élections, et bien que rien ne porte à croire que ces cartes soient, ou puissent être, une source de fraude électorale;
c) refuse de légiférer sur les pouvoirs nécessaires pour se conformer pleinement à la Loi électorale du Canada et pour appliquer cette dernière, malgré la fraude et l’abus de la législation électorale qui ont été observés lors des élections générales de 2006, 2008 et 2011, notamment en habilitant le directeur général des élections à exiger des partis enregistrés qu’ils fournissent les reçus d’appui pour justifier leurs dépenses électorales et en habilitant le commissaire aux élections fédérales à obtenir une ordonnance judiciaire pour contraindre à témoigner lors de la tenue d’une enquête sur des crimes de nature électorale comme la fraude;
d) supprime le pouvoir du directeur général des élections de mettre en œuvre des programmes d’éducation et d’information du public visant à parfaire les connaissances sur notre démocratie électorale et à inciter les gens à voter, pour des destinataires autres que les élèves de niveaux primaire et secondaire;
e) accroît le pouvoir de l’argent en politique en haussant de façon injustifiée les plafonds annuels de contribution des particuliers et les sommes qu’un candidat peut verser à sa propre campagne, ce qui a pour effet d’avantager indûment les candidats et les partis bien pourvus en ressources.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet d'un projet de loi très problématique qui risque de mener le pays à une situation très délicate.
Je vais commencer par tenter de comprendre l'origine du projet de loi, selon ma perception. Après les dernières élections, Élections Canada a entamé des enquêtes sur certaines des pratiques qui se sont manifestées durant ces élections. Il s'agissait notamment du mécanisme qu'un parti politique avait créé pour dépasser les limites permises pour des campagnes nationales. Il prêtait de l'argent à des associations de comté ou à des campagnes locales, qui remettaient ensuite l'argent au parti central pour faire des messages publicitaires. Cela a été catégorisé comme le fameux scandale des « in and out ». Naturellement, cela a mené à une poursuite et un parti politique a été reconnu coupable d'avoir enfreint la loi, et il a dû payer une amende. Cela a laissé une empreinte au sein de ce parti qui est maintenant au pouvoir.
L'autre incidence est née peu avant la dernière élection. C'était cette nouvelle façon de faire dans les campagnes électorales, soit d'atténuer le vote et de réduire le taux de participation des gens pour tenter de faire élire ses propres candidats ou candidates. Puisqu'on a peut-être une meilleure équipe ou une meilleure machine pour faire sortir ses votes, si l'on réussit à décourager les autres d'aller voter, cela augmente les chances de nos candidats d'être élus. Il s'agit des appels robotisés.
En passant, cette nomenclature ne tient pas, car dans la circonscription que j'ai le plaisir de représenter, des citoyens ont reçu des appels qui n'étaient pas robotisés, mais qui provenaient de personnes leur donnant de faux renseignements. Cela est arrivé à quelques reprises. J'ai demandé à tous ceux et celles qui m'en ont avisé de signer un affidavit. Tous ceux que j'ai reçus ont été envoyés à Élections Canada et à la GRC.
Par exemple, une dame d'un certain âge demeure dans un édifice depuis une soixantaine d'années. Lorsqu'il y a des élections, qu'elles soient municipales, provinciales ou fédérales, les bureaux de scrutin sont toujours dans l'édifice. Le jour du vote, la dame a reçu un appel de gens l'avisant que son bureau de scrutin avait été déplacé. Elle a ri d'eux et les a traités d'imbéciles, leur disant qu'elle avait déjà voté dans son édifice et que ce qu'ils essayaient de lui faire n'était absolument pas correct. C'est l'une des dames qui a signé un affidavit devant un avocat. Cette plainte a été envoyée à Élections Canada, et il y en a eu d'autres.
Toute cette histoire a laissé un très mauvais goût dans la bouche des Canadiens et a surtout marqué le parti politique qui est au pouvoir. Cela a peut-être mené à une volonté d'amender la loi. Évidemment, la population et les parlementaires ont demandé des amendements. Le directeur général des élections, dans ses rapports, a demandé des amendements à la loi et le gouvernement s'était engagé à en apporter.
D'ailleurs, le ministre précédent avait dit à la Chambre que le projet de loi s'en venait dans quelques jours. On a su qu'il était allé consulter son caucus et qu'au lieu de déposer le projet de loi le lendemain, comme il était censé le faire, il allait en reprendre l'étude à zéro. Lors du dernier remaniement ministériel, l'entrée en fonction du nouveau a causé une vive réaction de la population.
Comme on le sait, le ministre qui a présenté le projet de loi est peut-être d'une autre nature, un peu plus acerbe et un peu plus partisane.
Cela a mené au projet de loi de réforme de la Loi électorale, qui a été déposé il y a quelque temps. La réaction populaire et la réaction des députés de la Chambre ont commencé à être entendues. Je rappellerai certaines des réactions qui ont eu lieu à ce chapitre un peu partout au pays.
Dans le Cape Breton Post, on pouvait lire ce qui suit:
[Traduction]
Le projet de loi des conservateurs sur l'intégrité des élections ne favorise nullement l'intégrité
[Français]
Cela a été écrit au mois de février.
Dans le journal Le Franco d'Edmonton, en Alberta, on pouvait lire un article dont le titre était « La tension électorale monte d'un cran ». Dans cet article, on pouvait lire:
Le projet de loi de 242 pages sur l’intégrité des élections a été traité de façon expéditive, malgré l’importance de son impact sur le processus démocratique. La proposition du 4 février change les règles de fond en comble.
Dans The Gazette, on pouvait lire:
[Traduction]
Le projet de loi pourrait mettre fin aux campagnes d'incitation à voter
Les publicités d'Élections Canada ne fonctionnaient pas, dit le ministre
[Français]
Dans le National Post, on pouvait lire:
[Traduction]
Le directeur général des élections critique vertement le projet de loi au comité et promet de ne pas démissionner
Le mandataire du Parlement s'attire des applaudissements
[Français]
Cet article a été écrit par Glen McGregor.
Dans The Gazette, on pouvait lire:
[Traduction]
Les dispositions visant à éliminer le recours à un répondant sont inconstitutionnelles, selon les détracteurs
Les jeunes, les aînés et les Autochtones pourraient être touchés par la mesure prévue dans le projet de loi sur l'intégrité des élections
[Français]
Toujours dans The Gazette, Andrew Coyne a écrit:
[Traduction]
Quel problème électoral les conservateurs cherchent-ils à régler?
[Français]
Dans la Winnipeg Free Press, on pouvait lire:
[Traduction]
Le projet de loi électoral n'est utile qu'aux conservateurs
[Français]
Dans The Chronicle Herald, on pouvait lire:
[Traduction]
L'ancien directeur général des élections dénonce le projet de loi sur la réforme électorale
[Français]
Toujours dans The Chronicle Herald on écrivait:
[Traduction]
[Français]
Il y a quand même des nuances ici et là.
Toujours dans le même journal, on pouvait lire:
[Traduction]
Le nouveau projet de loi sur l'intégrité des élections: pas tout à fait ce qu'on avait annoncé
[Français]
Dans le National Post, on pouvait lire:
[Traduction]
Une réforme électorale fondée sur la méfiance
Le nouveau projet de loi retire des pouvoirs au directeur général des élections
[Français]
Un article du Devoir était titré « L’urne empoisonnée ».
Dans La Presse, on pouvait lire « Ottawa veut retirer au DGE la responsabilité des enquêtes ».
Voilà les réactions auxquelles on a eu droit au pays. Des gens connus et respectés ont même fait des commentaires surprenants. Le premier a été M. Preston Manning. Il a émis un commentaire qui a été publié dans The Globe and Mail du 1er mars, si ma mémoire est bonne:
[Traduction]
Le Parti conservateur est de moins en moins perçu comme le premier défenseur des valeurs démocratiques...
[Français]
C'est M. Manning qui a dit cela.
Cela a créé à une telle situation qu'on pouvait commencer à se poser des questions. Des modifications apportées à la loi étaient complètement inacceptables.
J'ai assisté à la présentation du directeur général des élections devant le comité, le 6 mars. J'ai écouté sa déclaration, et j'en ai fait part aux électeurs de ma circonscription. On a eu droit à un déchiquetage en règle du projet de loi tel qu'il avait été présenté à l'époque.
On se souviendra aussi d'un phénomène que l'on n'avait jamais vu au pays. Dans un des journaux les plus importants du pays, soit The Globe and Mail, cinq éditoriaux — un par jour — ont critiqué sévèrement le projet de loi. Le lundi suivant, un autre éditorial, a été publié. Il était intitulé:
[Traduction]
Torpillez ce projet de loi
[Français]
Ce phénomène était assez répandu au pays. Les gens n'étaient pas satisfaits de ce que le gouvernement présentait. Il y a eu une levée de boucliers de la part de la société civile. Une foule d'organismes ont lancé des pétitions, tout comme les partis de l'opposition de la Chambre. Cela a mené le gouvernement à se rendre compte qu'il y avait peut-être un problème. Le ministre citait souvent le rapport Neufeld dans ses réponses à la Chambre. Il utilisait le rapport pour affirmer le contraire de ce que le rapport disait. C'est devenu évident qu'il nuisait à son propre parti. Tout à l'heure, j'écoutais le député de . Je partage son avis.
Certains députés ont probablement fait monté une pression au sein du caucus du gouvernement. D'autres encore ont même parlé sous le couvert de l'anonymat. Cela a mené le ministre à changer son fusil d'épaule et à apporter des amendements. Je crois que 45 amendements ont été déposés au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Tous ces amendements ont été acceptés par la majorité gouvernementale. Cependant, environ 150 amendements ont été présentés par des députés du comité, membres des partis de l'opposition. De ceux-là, je pense qu'un seul a été accepté. C'était un petit amendement concernant une erreur technique dans la rédaction du projet de loi. Tous les autres amendements venant des partis de l'opposition ont été rejetés. Tant les néo-démocrates que les libéraux, les députés du Bloc québécois et du Parti vert ainsi que les députés indépendants ont consulté leurs propres citoyens. Ils ont eu des réactions très fortes et ont tenté d'amender le projet de loi pour que ce qui était inacceptable ne fasse pas partie de notre Loi électorale du Canada.
Bien sûr, il y a eu des amendements, je suis d'accord avec ce qui a été dit. Il y a une certaine amélioration, mais ce n'est pas suffisant. C'est là où on en est aujourd'hui. Hier soir, nous avons voté pendant deux heures. Pendant toute cette période, la majorité gouvernementale a rejeté systématiquement tous les autres amendements, alors que plusieurs avaient beaucoup de bon sens. Ils auraient renforcé la Loi électorale du Canada et la démocratie canadienne, en plus de défendre le droit de la population canadienne. On se retrouve dans une situation où ces amendements n'ont pas été acceptés.
Il y a eu d'autres événements troublants en cours de route. Mme Sheila Fraser, l'ancienne vérificatrice générale du Canada, a fait une déclaration quand même très forte. Je vais citer une de ses phrases:
[Traduction]
« [...] il s'agit réellement d'une atteinte à la démocratie canadienne [...] »
[Français]
La réaction du côté gouvernemental a été brutale. Les conservateurs ont accusé Mme Fraser d'être la porte-parole d'Élections Canada et d'être payée pour dire ce qu'elle avait dit. Pourtant cette dame s'est méritée le respect de tous les Canadiens pendant les 10 ans qu'elle a été vérificatrice générale du Canada. Elle a fait un travail remarquable qui nous a touchés nous, en tant que gouvernement. Je dois effectivement saluer le travail qu'elle devait faire comme vérificatrice générale du Canada. Elle a une grande réputation. Or le gouvernement, ou certains de ses porte-parole, se sont empressés d'essayer de détruire sa réputation. C'est absolument incroyable. Quand on se retrouve dans une telle situation, il y a évidemment un problème.
Là où le gouvernement s'est peut-être rendu à l'évidence de la résistance qui montait, c'est lorsqu'il est allé voir comment le Sénat réagirait, en anticipation de l'étude du projet de loi. Il a eu des échos quand même assez forts venant de leurs propres sénateurs qui disaient qu'il y aurait lieu d'apporter certains amendements. C'est ce qui nous amène là où nous en sommes aujourd'hui.
Je voudrais aussi souligner que c'est à ce moment que le gouvernement s'est empressé d'apporter une motion d'attribution de temps: la guillotine. Pourtant à ce moment-là, on commençait vraiment à pouvoir peut-être entrevoir, ou espérer entrevoir, une ouverture pour rendre ce projet de loi acceptable à la population et aux parlementaires canadiens. Toutefois, le gouvernement a dit non, que c'était fini et qu'on devait voter. Il y aurait une journée de débat pour l'étape du rapport, qui a eu lieu hier, une journée pour la troisième lecture, qui a lieu aujourd'hui, et ce soir, ce sera terminé.
J'ai certainement l'intention d'appuyer la motion du député de , appuyé par son collègue de , pour ne pas aller de l'avant avec ce projet et l'adopter, parce qu'à mon avis, l'adopter serait faire un pas en arrière, et non un pas en avant, comme l'affirme le ministre.
On a eu une liste des amendements proposés, qui sont corrects, mais aussi une liste des défaillances de ce projet de loi où on ne reconnaît pas encore la carte d'électeur comme pièce d'identité. On la reconnaît seulement pour une adresse. On pouvait s'en servir si on était accompagné, mais ce n'est toujours pas le cas.
Le rôle d'Élections Canada est sérieusement limité. La séparation du directeur général des élections et du commissaire, par le renvoi de ce dernier au sein d'une agence gouvernementale où il perd l'autonomie d'un agent du Parlement, est inacceptable.
L'augmentation de la limite de contribution à un parti politique, tout comme la contribution de 25 000 $, je crois, d'un candidat à sa propre campagne, sert les mieux nantis ou les plus fortunés au pays.
Ce n'est pas une direction dans laquelle on devrait se diriger. Au contraire, je pense qu'on ne devrait rien changer, sinon même réduire les limites. C'est vrai que c'est difficile pour les partis politiques, mais ça les force à s'ouvrir à la population, à encourager les gens à s'impliquer dans leur mouvement et à y contribuer. Cela renforce la démocratie et donne aux gens le sentiment de vivre dans un pays où leur voix a une importance. J'aurais voulu qu'on n'augmente pas les limites, mais c'est ce qui va se faire.
[Traduction]
Un autre aspect est réellement préoccupant. Au fil des ans, Élections Canada a acquis une réputation internationale exceptionnelle. J'ai eu l'occasion de voyager dans divers pays dotés de commissions électorales, en particulier en Afrique.
[Français]
Ces commissions électorales provisoires ou permanentes sont plutôt boiteuses, mal organisées et très contrôlées par les gouvernements.
[Traduction]
Ces entités sont problématiques. Par conséquent, les gens se fient beaucoup à des organismes étrangers lorsqu'ils tiennent une élection et la réputation exceptionnelle d'Élections Canada pour prêter main-forte m'a été mentionnée plus d'une fois.
[Français]
Que ce soit avec l'ancien directeur général des élections, M. Kingsley, ou encore M. Hamel, on a réussi au fil des décennies à établir une solide réputation. Cependant, si le projet de loi devant nous aujourd'hui est adopté par la Chambre et par le Sénat et qu'il obtient la sanction royale, c'est un pas en arrière. On va affaiblir Élections Canada. On va affaiblir la capacité de cet organisme, censé être autonome, et qui se rapporte à la Chambre et non au gouvernement, de s'assurer de la solidité et de la transparence du processus électoral. Il a la capacité de veiller au respect des lois et, dans le cas contraire, de procéder à des enquêtes et de punir. L'organisme demande des pouvoirs d'enquête, qu'il n'aura pas, pour faire en sorte que la réputation qu'on avait soit sauvegardée.
Si on adopte ce projet de loi, je pense qu'on va dans le sens contraire et qu'on fait un pas en arrière. On va affaiblir Élections Canada et sa réputation à l'échelle nationale et internationale. Je suis absolument abasourdi qu'un gouvernement fasse cela.
J'ai eu cette responsabilité en tant que ministre. On a apporté un amendement mineur relatif aux critères dans le cas de redécoupages. Pour ce faire, j'ai consulté les agents du Parlement et les partis de l'opposition. C'est comme ça qu'on a apporté un amendement à la Loi électorale. On ne l'a pas fait d'une autre façon comme celle qu'on voit aujourd'hui, c'est-à-dire de façon très cavalière. Le ministre s'est servi de façon malheureuse d'un rapport pour affirmer le contraire de ce que le rapport disait. Il a apporté des amendements strictement parce qu'il était obligé de le faire, mais il a refusé tous les autres amendements présentés par les partis de l'opposition.
J'espère que l'appel à certains de leurs députés de voter contre le projet de loi sera entendu et qu'il ne deviendra pas loi.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est pour moi un privilège de prendre la parole à la Chambre pour souligner l'importance de la Loi sur l'intégrité des élections, qu'on appelle aussi le projet de loi . Je me concentrerai aujourd'hui sur les mesures importantes que le gouvernement a prises pour protéger la démocratie et garantir l'intégrité du processus électoral. Je parlerai aussi de notre volonté de lutter contre l'influence des gros capitaux et de minimiser les risques de votes frauduleux.
Les Canadiens sont très chanceux de pouvoir exercer leur droit de vote dans le cadre de notre régime démocratique. Malheureusement, dans de nombreux pays, il arrive fréquemment que les citoyens ne puissent pas exprimer leur point de vue, que ce soit à cause d'un régime dictatorial ou d'un régime communiste. Souvent, les médias signalent que les résultats des élections dans ces pays étaient fixés d'avance ou ont été truqués, ce qui cause de l'agitation civile, des dissensions et de la violence. C'est pour cette raison que le gouvernement est fermement déterminé à protéger les valeurs canadiennes fondamentales que sont la démocratie, l'équité, la reddition de comptes et la transparence grâce à la Loi sur l'intégrité des élections.
[Français]
Notre gouvernement conservateur met l'accent sur la valeur de la démocratie canadienne, et il continuera de le faire.
Pour ma part, je crois que le projet de loi va renforcer l'intégrité du vote. Nous continuons à faire nos preuves et, sous le leadership de notre gouvernement, nous avons agi et pris les meilleures mesures pour protéger et améliorer le système électoral. Des règles complexes engendrent des violations non intentionnelles et découragent les gens ordinaires de participer à la démocratie. Voilà pourquoi la Loi sur l'intégrité des élections fera en sorte que les règles électorales seront plus claires, prévisibles et faciles à respecter.
Afin de pourvoir respecter les règles, les partis doivent les connaître. La Loi sur l'intégrité des élections veillera à ce qu'ils les connaissent, en exigeant que le directeur général des élections prennent les mesures appropriées. Encore pour veiller à ce que les lois reflètent la réalité de l'ensemble du processus électoral, un comité consultatif des partis politiques serait créé par voie législative. Il serait composé du directeur général des élections et de deux représentants de chaque parti politique enregistré.
Le comité aurait pour rôle de s'assurer que les points de vue des partis représentés sont pris en compte dans la gestion des lois électorales. Son mandat consisterait à formuler des conseils et des commentaires utiles sur toute question administrative ou législative liée à la loi ou à l'administration des élections par Élections Canada.
Le projet de loi établit que les conseils et les recommandations du comité ne sont pas exécutoires pour le directeur général des élections. Il faut bien noter qu'Élections Canada posséderait le pouvoir d'interprétation final, mais que le comité agirait comme office de mécanisme de protection pour l'administration indépendante des élections. Le comité aurait comme but d'examiner les interprétations du directeur général des élections, tout en suggérant des améliorations au besoin.
Cela étant dit, il faut comprendre qu'il n'y a aucun système électoral parfait. Même si le Canada a une démocratie particulièrement solide, il y a toujours moyen de l'améliorer. Nous croyons que les mesures que je viens tout juste de mentionner serviront à la perfectionner.
[Traduction]
Le gouvernement conservateur continue de prendre des mesures pour améliorer le système électoral. Dans une optique de reddition de comptes et de transparence, la Loi sur l'intégrité des élections permettrait de contrer l'influence indue de l'argent en favorisant les petits dons et en éliminant le financement des partis à même l'argent des contribuables. Il permettrait également d'éviter que les groupes d'intérêts spéciaux comme les syndicats ou les particuliers au portefeuille bien garni n'éclipsent les intérêts des citoyens ordinaires.
Nous estimons que les partis politiques devraient dialoguer avec les Canadiens afin de promouvoir leurs idées auprès d'eux et de les y intéresser et de les convaincre de leur accorder un soutien financier. Cela suppose des partis politiques et des candidats qui sont engagés, dévoués et, surtout, pertinents pour les électeurs afin d'inciter ceux-ci à leur verser des dons à partir de l'argent qu'ils ont durement gagné.
Les partis politiques doivent amasser de l'argent eux-mêmes et utiliser les ressources dont ils disposent pour encourager les gens à aller voter. À mon avis, une telle formule ne ferait que des gagnants. En tant que députés qui occupons une charge publique, nous avons la responsabilité d'être en mesure de rendre des comptes et de veiller à ce que les gens de notre entourage en fassent autant.
Tous les députés doivent donner l'exemple en campagne électorale. Bien que le gouvernement actuel la fasse passer de 1 200 à 1 500 $, la limite des dépenses électorales permettrait aux candidats d'atteindre cet objectif. En plus de favoriser la reddition de comptes, cette limite permettrait aux Canadiens de faire des contributions significatives aux partis qu'ils appuient.
J'ai écouté attentivement les opinions exprimées par les députés d'en face concernant le recours aux répondants et j'en ai pris bonne note, mais je crois qu'ils ne comprennent pas que la majorité des Canadiens sont d'accord avec nous lorsque nous disons qu'une personne doit présenter une pièce d'identité pour pouvoir voter.
Je peux assurer à la Chambre que nous sommes déterminés à renforcer le processus électoral et les procédures de vote. Nous prendrons les mesures nécessaires pour réduire les nombreuses irrégularités recensées dans diverses études concernant le processus connu sous le nom de recours aux répondants.
Il est tout à fait raisonnable de demander aux électeurs de présenter une pièce d'identité avant de leur permettre de voter. Lorsque les Canadiens ramassent un colis au bureau de poste, ils doivent présenter une pièce d'identité valide. Lorsqu'ils prennent l'avion ou qu'ils ouvrent un nouveau compte de banque, c'est la même chose.
Par conséquent, si les gens ont besoin d'une pièce d'identité pour bon nombre de leurs activités quotidiennes, il est tout à fait raisonnable qu'ils aient à en présenter une pour s'identifier au moment de voter. Ce que l'opposition ne semble clairement pas comprendre, c'est que les Canadiens s'entendent pour dire que c'est tout à fait raisonnable.
Le gouvernement a rendu le processus clair, simple et accessible pour les Canadiens. Les gens peuvent choisir l'une des 39 pièces d'identité admissibles pour prouver qui ils sont et où ils habitent. Je ne vais pas énumérer toutes les pièces d'identité admissibles, faute de temps, mais je puis assurer aux députés qu'elles sont nombreuses. En acceptant 39 pièces d'identité, nous permettons aux Canadiens de s'identifier facilement.
Les députés du NPD et le Parti libéral devraient mettre de côté leur opposition idéologique au projet de loi sur l'intégrité des élections et à de telles mesures. Ils devraient plutôt se ranger à l'avis des Canadiens, qui considèrent les mesures justes et raisonnables.
[Français]
En dernier lieu, je tiens à exprimer mon appui indéfectible à ce projet de loi. C'est une initiative remarquable, surtout lorsque nous reconnaissons que nul autre que notre gouvernement ne peut atteindre un tel but. De plus, nous avons travaillé avec les députés de l'opposition et, en conséquence, nous avons implanté de nombreux amendements afin de prendre un projet de loi déjà solide et de le présenter à nouveau, amélioré.
Grâce au projet de loi, notre système de vote sera simplifié et protégera les citoyens contre l'abus de dons de campagne, ou le « big money », et les appels téléphoniques frauduleux. Notre gouvernement s'engage à la protection des valeurs canadiennes fondamentales par l'entremise de l'application de ce projet de loi. Malheureusement, le NPD et les libéraux ont toujours voté contre ces initiatives importantes.
Étant député, je réfléchis souvent à l'importance de la démocratie au Canada. Je crois sincèrement que ce projet de loi est basé sur la vision de la responsabilité, de la transparence et de l'impartialité du système démocratique canadien. J'invite également les députés de l'opposition à se joindre à nous afin d'appuyer le projet de loi, qui a pour but de défendre notre système démocratique et d'améliorer le système de vote.
[Traduction]
Les Canadiens veulent la responsabilité, la transparence et l'équité. C'est ce que nous proposons avec le projet de loi sur l'intégrité des élections.
:
Monsieur le Président, moi aussi, j’interviens pour parler du projet de loi , Loi sur l’intégrité des élections, et de certaines des réformes très importantes et bénéfiques qu’il apporte à la Loi électorale du Canada et à la tenue des élections dans notre pays.
Je vais aborder quelques points et, si j’en ai le temps pendant mes 10 minutes, je vais parler de certains amendements apportés par le comité qui témoignent à mon avis d’un authentique engagement de la part du gouvernement et du ministre responsable à tenir compte de nombreuses opinions qui ont été exprimées et à amender le projet de loi pour en tenir compte.
Permettez-moi tout d’abord de préciser les quatre grands thèmes du projet de loi. Ces quatre thèmes ressortent très clairement, pour moi qui ai siégé pendant les longues heures de séance que le comité a consacrées au projet de loi et participé d’une façon ou d’une autre à toutes les étapes du processus de son adoption et de sa modification.
Premièrement, le projet de loi vise à limiter l’influence de l’argent. Il s’inscrit dans un mouvement qui s’est amorcé lorsque Jean Chrétien était premier ministre et que les dons ont été limités à 5 000 $ par personne. Jusque-là, il n’y avait aucune limite. Quiconque s’intéresse à ces choses-là peut consulter les documents d’Élections Canada pour voir les dons énormes, atteignant parfois un quart de million de dollars, que faisaient de grandes institutions. Cela a changé. Le gouvernement actuel a resserré les règles au cours de son premier mandat, plafonné les dons à 1 000 $ et éliminé toutes les formes de dons des sociétés et des syndicats.
La hausse à 1 500 $ prévue dans le projet de loi à l’étude, la Loi sur l’intégrité des élections, ne fait que tenir compte de l’inflation survenue depuis. Je dois ajouter que nous avons fait des choses qui ne prêtent aucunement à controverse et qui sont très bénéfiques. En effet, le projet de loi élimine la possibilité qui existe encore de faire des dons géants: les dons par legs.
Il y a quelques années, les néo-démocrates ont reçu un don par legs, par testament, de plus de 300 000 $ d’une seule personne. De toute évidence, des dons considérables comme celui-là, qui, en théorie, peuvent atteindre des millions de dollars, déstabiliseraient un système politique dans lequel tous les autres apports d’argent ont été réduits. C’est là une mesure très importante proposée dans le projet de loi.
Deuxièmement, il y a une plus grande certitude dans l’administration des élections et des règles. Élections Canada est maintenant tenue de préparer les décisions à l’avance. Elle ne peut plus rendre des décisions à effet rétroactif. Les règles sont ainsi maintenant, mais nous disons également que, par le passé, elles ont changé par rapport à ce que nous disions qu’elles étaient ou à ce qu’une personne raisonnable pouvait penser qu’elles étaient. Élections Canada est maintenant liée par ses propres décisions. Elle ne peut plus signer des transactions visant à faire respecter la loi, comme elle l’a fait avec le Nouveau Parti démocratique après son congrès et après les dons importants de sociétés qui ont été faits sous la forme de publicités commanditées à ce congrès pour une très importante contrepartie. Cette transaction est un secret. Le DGE sait ce que cela dit, les néo-démocrates le savent, mais aucun d’entre eux ne veut le dire au grand public. Cela ne peut plus se produire. C’est essentiel au maintien de la primauté du droit.
Troisièmement, il y a une plus grande intégrité et une meilleure protection contre la fraude électorale. On a beaucoup parlé de la question. Je me contenterai de dire que les mesures prises sont, à mon avis, raisonnables et équilibrées et que, surtout après les amendements, elles font tout pour que l’équité soit respectée et que les restrictions imposées à l’exercice du vote sans pièce d’identité soient appliquées avec le maximum de délicatesse raisonnablement possible. Je félicite le ministre d’avoir apporté ces amendements.
Quatrièmement, les Canadiens savent mieux ce que sont leurs droits aux termes de la loi. Ils ont le droit de voter non seulement le jour des élections, mais aussi à la faveur des scrutins anticipés. Ils ont le droit de voter au bureau du directeur de scrutin pendant toute la campagne électorale ou presque. Ils peuvent voter par la poste. S’ils ont un handicap visuel, ils ont le droit de voter par bulletin secret au moyen d’un dispositif ingénieux qui leur indique que leur candidat figure en troisième place sur la liste, par exemple. Ils doivent compter un, deux, trois et cocher le bulletin, qui reste leur bulletin secret. C’est là une solution très ingénieuse pour une minorité de notre société. Mais je sais, et les députés peuvent le vérifier en consultant les délibérations du comité, que le représentant de l’Institut national canadien pour les aveugles ne savait pas que ce droit existait.
Ce que je veux dire, c’est qu’Élections Canada a très mal informé, vraiment très mal informé les électeurs de toutes les façons différentes d’exercer leur droit.
Une étude des rapports d’Élections Canada sur la question révèle que les jeunes, qui ont le plus faible taux de participation parmi tous les groupes d’électeurs, disent qu’une des premières raisons de leur abstention est qu’ils ne savent pas où voter. Ils ne le savent pas, et ils ne reçoivent pas la carte d’information de l’électeur, parce qu’ils ont déménagé récemment, par exemple. L’absence de cette carte, qui est l’un des moyens par lesquels Élections Canada essaie d’aider les jeunes à trouver l’endroit où voter, a été citée comme l’une des grandes causes de leur abstention.
Si Élections Canada diffusait correctement les renseignements sur la façon de se faire inscrire sur la liste électorale et de voter par anticipation, et sur tous les droits des électeurs, j’ose affirmer modestement que le taux de participation des jeunes augmenterait nettement, de même que celui des personnes handicapées et d’autres électeurs. Le DGE est désormais tenu de recourir à une série de moyens de publicité, ce que, par le passé, il est loin d’avoir fait suffisamment, comme je l’ai dit.
Ce projet de loi a fait l'objet d'un vaste débat; il a même poussé le député néo-démocrate de à proposer, il y a environ un mois, une motion disant que son parti s'inquiétait tout particulièrement pour certains groupes de la société, craignant qu'en obligeant ceux qui en font partie à prouver leur identité et leur adresse, on les priverait de leur droit de vote. La motion citait trois groupes en particulier. J'aimerais expliquer ce que les amendements apportés vont faire pour ces trois groupes.
Il s'agissait en fait des aînés vivant dans une résidence — autrement dit dans un établissement de soins de longue durée —; des Autochtones — et j'imagine qu'on voulait alors parler des Autochtones vivant dans une réserve, même si ce n'était pas dit explicitement — et des étudiants habitant sur leur campus. À en croire les arguments du NPD — qui étaient comme qui dirait tirés par les cheveux — tous ces gens auraient carrément pu être privés de leur droit de vote.
Même dans sa version initiale, je crois le projet de loi a toujours vu aux besoins des gens faisant partie de ces trois catégories, mais grâce aux amendements, il va en faire encore plus pour qu'ils puissent exprimer leur vote. En fait, j'ajouterais à ces gens un autre groupe qui ne figurait pas dans la motion du NPD: les sans-abri. Tous ces électeurs ont une chose en commun: ils ont tous quitté leur domicile depuis peu ou habitent dans un endroit où ils ne peuvent pas avoir facilement accès aux pièces d'identité classiques, comme le permis de conduire ou la facture d'électricité; bref, ils sont incapables de prouver leur adresse.
Dans certains cas, on sait tout de suite qu'une personne habite bel et bien là où elle le dit. Les aînés qui vivent dans un centre de soins de longue durée sont le meilleur exemple. Il arrive fréquemment que le public ne soit pas admis dans ces établissements pour éviter la transmission de pathogènes. Qu'une personne puisse se présenter au bureau de scrutin en affirmant être le Jean Tremblay qui habite dans la chambre au bout du corridor est inconcevable; pourtant, à cause d'un problème dans le libellé actuel de la loi, personne ne peut répondre de son identité, pas même les administrateurs du centre. Il existe bien une disposition prévoyant la délivrance d'attestations, mais pour certaines raisons qui les regarde, les résidences sont parfois réticentes à en délivrer.
En écoutant les témoignages, j'ai eu l'impression que les refuges pour sans-abri font en général un meilleur travail à cet égard. Dans certaines réserves autochtones, il semble que l'on n'applique pas pleinement les dispositions légales actuelles en matière d'attestation, ce qui pose problème. La situation ne serait pas la même dans toutes les réserves. Bref, en ce qui concerne l'identification, le projet de loi et, surtout, les amendements apportés à l'article 143 permettent maintenant un usage plus répandu du serment par écrit comme preuve de résidence.
Certaines personnes ont décrit cette disposition comme une sorte de recours au répondant en matière de résidence. Je ne suis pas convaincu que cette affirmation est exacte. Toujours est-il que les électeurs pourront voter en présentant deux pièces prouvant leur identité et en prêtant serment par écrit pour confirmer leur adresse, pourvu qu’un autre électeur de la même section de vote, ayant prouvé son identité et son adresse au moyen de preuves documentaires, prête aussi serment par écrit quant à l’adresse de l’électeur.
La nécessité de fournir une preuve d'identité demeure, mais il n'est plus obligatoire de prouver son adresse de la façon dont on l'exigeait auparavant. L'amendement apporté au projet de loi est venu corriger la situation. Il s'agit d'une modification considérable, qui touche le coeur du problème: le fait que des électeurs en mesure de prouver leur identité soient dans l'impossibilité de prouver leur adresse. Nous avons entendu de nombreux exemples qui ont attiré notre profonde sympathie. Je souhaite raconter l'un d'entre eux durant les cinq secondes qui me restent.
Un témoin a décrit au comité le cas d'une femme qui vivait avec un parent après s'être enfuie de son foyer et d'une relation violente avec son conjoint. Il serait impossible de prouver son lieu de résidence dans une telle situation. Cette personne, nous a-t-on fait remarquer, ne pourrait exercer son droit de vote. L'amendement en question viendrait régler cette préoccupation bien légitime.
Nous avons pris toutes les mesures raisonnables pour faire en sorte que tous les Canadiens puissent voter, tout en veillant à prévenir les fraudes commises par ceux qui n'en ont pas le droit ou qui l'exercent dans la mauvaise circonscription.
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Monsieur le Président, en commençant, j'aimerais souligner que je vais partager mon temps de parole avec mon honorable collègue le député de . J'en profite pour indiquer que c'est un honneur et un plaisir pour moi de partager mon temps de parole avec un député aussi actif, éloquent et impliqué.
Malheureusement, je dois le dire souvent: j'ai mal à ma démocratie. Le projet de loi de « déforme » électorale dont on discute aujourd'hui et qui a été concocté par les conservateurs est un autre sombre moment dans le travail de lente destruction de nos institutions démocratiques entrepris par le gouvernement conservateur.
Pour bien comprendre, il faut mettre le projet de loi un peu en contexte. Depuis qu'ils détiennent une majorité des sièges au Parlement — et j'insiste sur cette expression, une majorité des sièges au Parlement — qu'ils ont obtenue dans notre système parlementaire sans avoir une majorité des voix, les conservateurs ont attaqué l'institution même qu'est le Parlement avec, notamment, un nombre record de bâillons. C'est assez ironique qu'on discute d'une loi sur l'intégrité de notre système électoral et qu'on le fait encore une fois sous un bâillon. C'est le cas même pour une loi si importante qui, dans la tradition britannique, devrait être développée et adoptée par un consensus de tous les partis. Même à cet égard, le gouvernement conservateur ose et se permet de limiter les débats. C'est assez incroyable!
À d'autres moments dans le passé, on a vu des prorogations plutôt abusives. On sait que les conservateurs refusent de collaborer avec les partis d'opposition qui, pourtant, il faut le rappeler, représentent la majorité de la population. On sait que le gouvernement a attaqué les agents du Parlement et a attaqué récemment la Cour suprême elle-même. Il n'y a rien à son épreuve. Il a aussi muselé les serviteurs de l'État, les scientifiques et les organisations de la société civile. Les conservateurs ont en fait montré bec et ongles contre tous ceux qui osent avoir une opinion différente de la leur.
En passant, parmi ces instances, il faut inclure Élections Canada. Ce matin encore, on l'a vu avec toutes les accusations et les insinuations malveillantes contre Élections Canada de la part du ministre de la « déforme » électorale.
Le projet de loi, tel que proposé, était une autre de ces attaques. C'est, finalement, une attaque contre les citoyens et leur droit de vote. Selon moi, cette attaque se situe dans le prolongement logique des appels robotisés visant à empêcher les gens de voter, sachant qu'ils ont été faits à partir de la base de données des conservateurs.
Heureusement, ces mêmes conservateurs ont quand même reculé sur certains aspects particulièrement problématiques du projet de loi à la suite de pressions que nous, au NPD, avons faites et du travail exceptionnel de mes collègues de , de et de . C'est extrêmement important de souligner que c'est grâce aussi et surtout probablement à tous les Canadiens qui se sont levés et à tous ceux qui ont parlé, écrit et signé des pétitions pour s'opposer à la manoeuvre conservatrice.
En passant, dans la circonscription de , ces citoyens ont été très nombreux,. Aujourd'hui, je tiens à les remercier, à saluer leur engagement et leur détermination et à dire que, comme toujours, c'est un très grand privilège pour moi d'être leur voix en cette Chambre.
Donc, tous ensemble, on a réussi à faire reculer les conservateurs sur certains enjeux importants.
On l'a fait notamment sur l'utilisation d'un répondant pour pouvoir voter et sur celle des superviseurs de bureaux de vote. En effet, le projet de loi conservateur voulait politiser encore plus le processus de nomination des superviseurs de bureaux de vote. On se demande à l'avantage de qui il voulait faire cela.
Évidemment, tout le projet de loi était dessiné de façon à avantager les conservateurs. Par exemple, dans le cas de campagnes de financement, on allait permettre à plus en plus de contributions de passer sous le radar, si je peux m'exprimer ainsi, et de ne pas être prises en compte. Cela aurait augmenté encore plus le pouvoir de l'argent dans le cadre des élections. On a gagné là-dessus aussi. Ensemble, les citoyens canadiens et leurs porte-parole du côté de l'opposition, du NPD, ont réussi à faire reculer le gouvernement là-dessus.
On a fait quelques gains du côté de l'éducation du public pour inciter les gens à voter. C'est un enjeu extrêmement important au Canada, comme dans plusieurs pays du monde.
Cela dit, nous avons réussi à faire ces gains, ce qui est une bonne chose, mais il reste malheureusement beaucoup de problèmes importants. Je pourrais parler de quantité de problèmes qui restent dans le projet de loi en question, mais ce qui me préoccupe particulièrement, ce sont les pouvoirs du directeur général des élections. Comme je l'ai dit, on a fait de petits gains sur le plan de l'éducation du public, mais c'est très limité. Entre ce qu'il y a dans le projet de loi qui est devant nous aujourd'hui et ce que le directeur général des élections pouvait faire avant, il y a une grosse différence. Maintenant, essentiellement, il va pouvoir faire la promotion du vote auprès des jeunes des écoles primaires et secondaires. Je n'ai rien contre cela. C'est très bien, mais pourquoi ne pas le faire auprès des jeunes du collègue ou de l'université, qui sont concernés et qui vont voter lors des prochaines élections? C'est absolument incompréhensible. Pourquoi le directeur général des élections ne peut-il pas encourager les jeunes en état de voter à le faire? C'est quand même quelque chose!
Le directeur général des élections n'aura pas non plus le droit de s'associer à d'autres groupes pour faire de l'éducation et la promotion du vote. Il n'aura pas le droit de s'associer à des groupes comme L'apathie c'est plate, un groupe extraordinaire que je connais bien parce que j'ai eu l'occasion de rencontrer les gens qui ont créé ce mouvement. C'est un groupe qui fait un travail formidable auprès des 18 à 25 ans. Non, c'est fini, ils ne peuvent plus travailler ensemble.
C'est assez ironique, car cela signifie qu'en vertu de ces nouvelles dispositions, il va falloir qu'Élections Canada annule la Semaine de la démocratie au Canada qu'il avait l'habitue d'organiser. Encore là, cela se passe de commentaire. Il s'agit de dire qu'on va annuler la Semaine de la démocratie au Canada, parce que les conservateurs n'aiment pas cela. C'est quand même quelque chose!
Le directeur général des élections devra aussi avoir l'approbation du Conseil du Trésor avant d'engager des experts techniques. J'aime beaucoup cela! On imagine un parti au pouvoir qui a fait un peu de fraude électorale — évidemment, je ne fais allusion à personne. Un directeur général des élections a besoin d'avis techniques pour enquêter sur la situation et un ministre du Conseil du Trésor, membre du parti au pouvoir, peut refuser. C'est absolument aberrant.
En même temps qu'on limite les pouvoirs existants du directeur général des élections, on refuse de lui donner les nouveaux pouvoirs dont il a besoin pour faire son travail, comme exiger les documents financiers des partis politiques ou obliger des témoins à comparaitre.
Bref, on a réussi à endiguer et à empêcher une partie des dégâts, mais ce travail est encore incomplet et je ne pourrai pas voter en faveur de ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je félicite ma collègue de l'intervention animée et passionnée qu'elle a faite à propos de la loi sur le manque d'intégrité des élections. Je crois que nous débattons de l'amendement présenté par le député de , dans le cadre duquel il propose que la Chambre refuse de donner troisième lecture à cette mesure législative. Je suis complètement d'accord avec mon collègue.
En guise d'introduction, j'aimerais parler du processus et des répercussions de cette mesure législative sur Victoria, la circonscription que je représente.
Je suis extrêmement fier de mes concitoyens de Victoria. J'avais mis une affiche sur la fenêtre de mon bureau, qui donne sur la rue principale de Victoria, pour inviter les gens à entrer et à signer une pétition où ils pourraient faire part de leurs préoccupations quant à ce projet de loi. Je peux dire, sans craindre de me contredire, qu'un nombre extraordinaire de personnes, de toutes les allégeances politiques, ont répondu à mon appel. Des membres de tous les partis politiques sont venus afin d'exprimer leur mépris pour ce projet de loi, qui vise clairement maintenant à empêcher les électeurs de voter.
Des progressistes-conservateurs comme David Crombie et Allan Gregg ont fait part plus tôt de leurs inquiétudes à l'égard du projet de loi, et ils ont affirmé qu'il s'agissait d'une tentative flagrante d'empêcher les gens de voter. C'est un sentiment qui a été exprimé haut et fort lors de l'une des réunions qui a eu lieu dans ma circonscription. Des gens d'affaires, des riches, des pauvres et des gens de toutes les allégeances politiques ont exprimé leur vive inquiétude au sujet de ce projet de loi.
Je suis très fier de la population de Victoria qui s’est élevée contre cet atroce projet de loi. Comme je l’ai dit, des gens de toutes les affiliations politiques et de tous les secteurs de la société ont exprimé leur préoccupation.
J’ai trouvé grotesque qu’au cours de la période des questions, le n’ait pas pu se résoudre à prononcer le nom de Sheila Fraser, qui a dit que le projet de loi était une attaque contre notre démocratie. Son refus de reconnaître une personne pour laquelle les Canadiens ont tant d’estime témoigne bien de ce que les conservateurs pensent de ses commentaires. Ils l’ont ensuite dénigrée, disant qu’elle avait été payée ou quelque chose de semblable. Ces déclarations ont été faites pour détourner l’attention des sérieuses réserves exprimées par cette grande Canadienne.
Notre grand quotidien, le Globe and Mail, a publié cinq éditoriaux successifs, finissant par un dernier qui préconisait de mettre le projet de loi au rancart. Partout dans le pays, les journaux et les postes de radio disaient la même chose de différentes manières en parlant des préoccupations de leur région. Il était devenu clair pour les Canadiens que ce n’était pas seulement l’opposition officielle qui faisait tout en son pouvoir pour arrêter le projet de loi.
Je suis tellement fier de mon collègue de , qui a fait de l’obstruction au comité. Je suis fier de l’énorme travail accompli par le député de et la députée de . Le mouvement qui s’est produit au Canada était ahurissant. Des membres de la société civile, des universitaires, des gens de la rue et des citoyens de tous les secteurs de la société ont pris la parole pour dire que ce scandale devait prendre fin.
J’ai été heureux de voir que le gouvernement a accepté quelques-uns des amendements proposés par l’opposition officielle. Nous en avions présenté 100. Bien sûr, les conservateurs ont encore une fois laissé leur idéologie prendre le dessus et ont mis fin au débat en comité, alors que la moitié de nos amendements n’avaient pas encore été examinés. Cette mesure devrait sérieusement inquiéter les Canadiens. Toutefois, elle n’est peut-être pas surprenante si on se souvient de tout ce qu’ont fait les conservateurs en violant la loi électorale, en faisant des dépenses excessives, en recourant aux combines de transferts de fonds, en essayant d'empêcher ceux qui appuient les partis de l'opposition de voter, et ainsi de suite.
Beaucoup de Canadiens ont trouvé choquant que le dise du directeur général des élections qu’il « portait l’uniforme d’une équipe ». Il s’agit d’un mandataire du Parlement qui a été nommé après consultation des partis représentés à la Chambre et qui a virtuellement la même indépendance que les juges. Cette déclaration était choquante parce que le directeur général des élections faisait seulement son travail, ce que les gens comprenaient parfaitement. Il essayait de poursuivre les conservateurs qui avaient violé les règles. C’est son devoir, mais il l’a peut-être trop bien fait, ce qui explique cette attaque contre lui que beaucoup d’entre nous trouvent vraiment alarmante.
Le ministre a dit ce matin que le projet de loi était largement appuyé par les Canadiens. Il n’a sûrement pas visité ma circonscription, Victoria. S’il avait vu les gens manifester dans la rue contre le projet de loi, s’il avait assisté à une réunion que j’ai organisée et à laquelle ont assisté des centaines de personnes de toutes les couches de la société, il n’aurait pas dit cela.
Certains des changements apportés, dont je parlerai dans quelques instants, sont très bons. Je suis bien d’accord avec le ministre quand il dit que le projet de loi prévoit maintenant des décisions anticipées et des interprétations juridiques que les autres partis peuvent utiliser comme précédents. Je conviens que c’est un changement utile que nous devrions appuyer.
Toutefois, je ne comprends toujours pas le point de vue du gouvernement sur la participation des électeurs, tel qu’il est présenté dans le projet de loi. Le manque de participation des jeunes constitue une vraie crise dans notre démocratie. Il est choquant de constater que les deux tiers des gens de moins de 30 ans ne prennent pas la peine de voter. Pourtant, la promotion du vote prévue dans le projet de loi se limite aux écoles primaires et secondaires. Qu’en est-il du secteur universitaire? Qu’en est-il des mesures de promotion que voulait prendre le directeur général des élections? Le gouvernement ne fait rien pour s’attaquer à notre plus grand problème, qui est lié non à la fraude électorale, mais à la participation des électeurs. C’est un domaine dans lequel il est important d’agir parce que l’organisme ne peut faire de la promotion que sur les aspects fondamentaux des élections. Je suis consterné de voir que ce problème persiste dans le projet de loi.
Le directeur général des élections peut proposer que des députés soient suspendus à cause d’irrégularités liées aux dépenses électorales, mais il semble que cela ne peut se produire qu’à la toute fin du processus d’appel. Par conséquent, même dans des cas flagrants d’erreurs et de dépenses excessives, nous aurions probablement à attendre une décision de la Cour suprême du Canada, ce qui, dans certains cas, permettrait à la personne en cause d’aller jusqu’au bout de son mandat, compte tenu du fonctionnement de notre système d’appel. Au moins dans certaines circonstances, cette façon de procéder ne convient pas du tout.
Dans son allocution, mon collègue de Toronto—Danforth a dit que c’est un mauvais projet de loi qui est un peu moins mauvais maintenant. Pour ma part, je dirais que c’est un projet de loi atroce qui, grâce aux amendements apportés, est maintenant seulement mauvais.
Comme l’ont dit deux éminents progressistes-conservateurs, David Crombie et Allan Gregg, le projet de loi est une tentative flagrante de mettre tous les atouts du côté des conservateurs. Je crois que les Canadiens s’en rendent compte.
Par exemple, le projet de loi relève les limites en matière de collecte de fonds, faisant passer le plafond des contributions individuelles de 1 200 $ à 1 500 $. De toute évidence, une telle disposition avantage le parti qui reçoit les contributions les plus importantes, c’est-à-dire le Parti conservateur. De plus, le projet de loi permettrait aux candidats de verser une contribution pouvant atteindre 5 000 $ à leur propre campagne. Je me demande qui serait favorisé. C’est évidemment les conservateurs.
Le gouvernement a catégoriquement rejeté tous les amendements néo-démocrates visant à supprimer ces dispositions. Nos préoccupations demeurent.
Beaucoup d’orateurs ont parlé de la séparation inutile du commissaire aux élections fédérales et du directeur général des élections. Comme le ministre l’a dit, il y a la gestion et l’exécution, mais, puisque le commissaire souhaite rester à Élections Canada, il est difficile pour nous de comprendre les raisons de ce changement. Pourquoi faut-il réparer ce qui fonctionne bien?
On avait demandé en outre que le commissaire soit investi du pouvoir d’obliger des témoins à comparaître, comme le prévoit l’article 11 de la Loi sur la concurrence et comme on le trouve dans les lois des provinces et d’autres pays. Le commissaire lui-même l’avait également demandé. Bien sûr, le gouvernement a tout refusé et a retiré le commissaire d’Élections Canada. Maintenant, à la dernière minute, le gouvernement veut prévoir des ententes de partage de l’information afin de régler le problème qu’il avait lui-même créé en imposant ce changement totalement inutile.
En conclusion, je voudrais appuyer l’amendement proposé par le député de visant à refuser de donner troisième lecture au projet de loi. J’aurais bien voulu ne pas en arriver là. J’aurais bien voulu que le gouvernement s’abstienne d’imposer la clôture afin de limiter le débat sur l’une des mesures législatives les plus fondamentales de notre démocratie, mais voilà où nous en sommes. C’est avec tristesse que je proclame mon opposition à ce projet de loi tendant à empêcher les électeurs de voter.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir aujourd'hui pour appuyer le projet de loi . J'aimerais profiter de l'occasion pour décrire à quel point cette mesure législative sera avantageuse pour notre démocratie.
Le gouvernement comprend que l'intégrité du système électoral canadien est d'une importance capitale pour notre démocratie. Il est donc essentiel de protéger l'intégrité du système, de telle sorte que notre démocratie demeure toujours entre les mains des Canadiens ordinaires. C'est pourquoi le projet de loi a reçu l'appui des Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
Mes collègues ont parlé en long et en large des nombreux volets de cette mesure législative historique. La Loi sur l'intégrité des élections fera en sorte que nos élections soient intègres et démocratiques. En tant que députés de tous les partis, nous avons été chargés par la population canadienne d'agir afin de protéger l'intégrité de notre processus électoral. Une fois adoptée, la Loi sur l'intégrité des élections permettra à tous les députés d'assumer cette obligation.
Je tiens à ajouter que le gouvernement a tenu de vastes consultations dans le cadre du processus de rédaction de ce projet de loi. Ce dernier tient compte des préoccupations exprimées par les Canadiens, divers groupes et cercles de réflexion, Élections Canada et les parlementaires. Le projet de loi sur l'intégrité des élections répond à ces préoccupations et permettra d'améliorer le système en mettant en place une nouvelle norme en matière de cohérence.
Nous avons promis d'étudier ce projet de loi plein de bon sens en gardant l'esprit ouvert aux idées pouvant le renforcer. C'est pourquoi, le 25 avril, le gouvernement a annoncé qu'il était favorable à des amendements au projet de loi sur l'intégrité des élections.
Le comité a longuement étudié le projet de loi . Il s'est réuni 15 fois pour l'étudier, ce qui fait un total d'environ 31 heures. En outre, il a entendu 72 témoins offrir leur point de vue sur les moyens de renforcer davantage le projet de loi.
Je voudrais parler en premier lieu de la question du recours à un répondant. Permettez-moi de souligner d'entrée de jeu une disposition importante du projet de loi sur l'intégrité des élections qui vise à modifier les règles d'identification des électeurs. Actuellement, le système est incapable de préserver l'intégrité du processus électoral. On constate que des erreurs sérieuses sont commises dans 42 % des cas de recours à un répondant. Ces erreurs sont considérées comme des « irrégularités » par les tribunaux et constituent un facteur pouvant contribuer à l'annulation du résultat d'une élection.
Le rapport Neufeld estime que, lorsqu'on considère la totalité des électeurs qui votent le jour des élections, des irrégularités sont observées dans 1,3 % des cas. Plus de 12 millions de citoyens canadiens exercent leur droit de vote. Or, selon la vérification effectuée, l'application des mesures prescrites par la loi pour s'assurer que chaque électeur a bel et bien le droit de voter était sérieusement déficiente dans plus de 165 000 cas à cause des erreurs systématiques commises par le personnel électoral.
On s'aperçoit que, pour l'ensemble des 308 circonscriptions, le personnel électoral a commis en moyenne plus de 500 erreurs administratives graves par circonscription, le jour des élections. C'est un nombre beaucoup trop élevé. Nous devons admettre qu'un vote frauduleux ou illégitime a le même effet mathématique que de nier à d'honnêtes citoyens canadiens le droit et le privilège de voter, comme le prévoit la Constitution.
Le rapport Neufeld indique un nombre de cas de fraude et d'irrégularités qui est beaucoup trop élevé. Nous ne pouvons pas laisser le système électoral continuer de s'écarter de la bonne trajectoire comme il le fait maintenant. C'est pourquoi le projet de loi sur l'intégrité des élections vise à mettre fin au recours à un répondant comme moyen, pour les électeurs, de prouver leur identité.
Notre gouvernement croit qu'il est important de permettre à tous les électeurs admissibles de voter. Mais nous croyons aussi que les électeurs ne devraient pas avoir le droit de voter frauduleusement. Selon le rapport de conformité préparé par Élections Canada concernant les élections de 2011, les mesures de protection prévues dans les dispositions juridiques actuelles pour empêcher les électeurs de voter frauduleusement n'ont pas été appliquées dans 50 735 cas où l'électeur a eu recours à un répondant, c'est-à-dire dans une proportion de 42 % des cas. Si nous continuons de suivre les règles actuelles de recours à un répondant, nous devons nous attendre à ce qu'il en résulte les mêmes problèmes lors des élections futures.
Il est évident qu'au fil du temps, les dangers qui menacent l'intégrité du processus électoral ont changé. C'est pourquoi je suis heureux de voir que la Loi sur l'intégrité des élections appliquerait directement des mesures préventives pour tenir compte de cette évolution.
Le projet de loi sur l'intégrité des élections représente un grand pas en avant pour garantir l'intégrité du processus électoral.
Aux termes du projet de loi, les électeurs devront présenter l'une des 39 pièces d'identité admissibles pour prouver qui ils sont et où ils habitent. Il ne sera pas nécessaire de fournir une pièce d'identité avec photo. Par contre, l'attestation de l'identité de l'électeur par un répondant, sans présentation d'aucun document, ne serait-ce qu'une facture d'électricité, ne sera plus permise.
Même si le projet de loi sur l'intégrité des élections obligera les Canadiens à présenter une pièce d'identité pour voter, nous avons appuyé une proposition d'amendement pour aider tout électeur qui ne possède aucune pièce d'identité établissant son leur lieu de résidence. Il lui suffira de prêter serment par écrit à cet effet, pourvu qu'une autre personne munie d'une des pièces d'identité admises prête elle aussi serment par écrit pour confirmer l'adresse de l'électeur. Seuls les Canadiens dont l'adresse ne figure sur aucune pièce d'identité devront recourir à ce mécanisme.
C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les Canadiens appuient massivement le projet de loi. En effet, 87 % des Canadiens jugent raisonnable que les électeurs aient à prouver leur identité et leur lieu de résidence pour pouvoir voter.
En tant qu'Ontarien, j'ai eu l'occasion récemment de demander une nouvelle carte-santé dans ma circonscription, Don Valley-Ouest. Il faut alors soumettre des documents pour prouver sa citoyenneté, son adresse et son identité. C'est donc trois pièces d'identité qu'il faut produire. Lorsqu'on considère que la province en exige autant pour octroyer une carte-santé, on ne peut qu'appuyer un projet de loi qui entend imposer une rigueur comparable en matière d'identification des électeurs fédéraux. Par contre, le gouvernement n'appuiera jamais les demandes de l'opposition, selon qui il ne devrait pas être nécessaire de présenter des pièces d'identité pour voter.
Les Canadiens adhèrent au projet de loi pour une autre raison. Selon un sondage d'Ipsos Reid en date du 24 avril dernier, 70 % des Canadiens ne voient rien de mal à l'idée d'éliminer le recours à un répondant pour plutôt exiger des électeurs qu'ils prouvent leur identité et leur adresse avant de pouvoir voter. Le gouvernement estime que, en démocratie, tous les citoyens aptes à voter doivent avoir leur mot à dire à propos des décisions qui auront des conséquences pour eux. Le projet de loi sur l'intégrité des élections fera en sorte que les votes frauduleux ne viennent pas annuler les votes légitimes. À l'évidence, il représente un immense pas vers l'avant dans la préservation de l'intégrité du processus électoral.
Un autre élément important du projet de loi est le fait qu'il séparera le commissaire aux élections fédérales et le directeur général des élections. Cela veut tout simplement dire que le commissaire aux élections fédérales ne devrait pas être au service d'un autre fonctionnaire. Il devrait avoir le contrôle de son personnel et de son budget, et personne ne devrait pouvoir lui dire sur quoi faire enquête. Il est on ne peut plus logique que le commissaire ne travaille pas pour une entité sur laquelle il pourrait enquêter. C'est tout à fait conforme à la responsabilité fiduciaire élémentaire et aux normes de base dont les ministères et organismes gouvernementaux se servent pour remplir leurs fonctions adéquatement et honnêtement.
Le gouvernement comprend qu'il est essentiel de séparer l'administration de l'application pour préserver l'intégrité du processus électoral. C'est précisément la raison pour laquelle la Loi sur l'intégrité des élections prévoit que le commissaire occupera son poste au sein du Bureau du directeur des poursuites pénales, où l'application de la loi électorale se fera sous la direction d'un commissaire fort. Nous avons rendu le commissaire entièrement indépendant en lui donnant le pouvoir d'enquêter sur les infractions. Nous lui accordons également une indépendance totale en ce qui concerne son personnel et ses enquêtes et prévoyons qu'il sera nommé à titre inamovible pour un mandat de sept ans, à moins de révocation motivée. Nous avons créé de nouvelles infractions pour l'aider dans ses enquêtes, comme l'entrave à une enquête et la production de faux renseignements.
Le gouvernement appuie en outre un amendement qui confère au commissaire la capacité inconditionnelle d'entreprendre des enquêtes en retirant le seuil de preuve proposé dans le projet de loi avant que le commissaire puisse entreprendre une enquête.
Comme le commissaire aux élections fédérales et le directeur général des élections travailleront au sein d'entités différentes, le gouvernement comprend qu'une ligne de communication devra être maintenue entre eux pour qu'ils puissent s'acquitter efficacement de leurs tâches. Le gouvernement appuie par conséquent un amendement permettant aux deux fonctionnaires d'échanger de l'information et des documents.
Pour l'heure, le DGE a le pouvoir d'adapter les dispositions de la Loi électorale en situation d'urgence. Il est très inhabituel de donner à la direction d'un organisme non élu le pouvoir de réécrire un article d'une loi adoptée par le Parlement. Le gouvernement estime que les motifs d'exercice de ce pouvoir devraient être limités à la protection du droit de vote, conformément aux règles élémentaires de la démocratie.
De plus, les députés de tous les partis se sont plaints que les règles étaient obscures et compliquées. Les règles compliquées entraînent des violations involontaires et dissuadent les Canadiens de participer au processus démocratique. C'est la raison pour laquelle la Loi sur l'intégrité des élections rendrait les règles pour le directeur général des élections claires, prévisibles et faciles à suivre.
En vertu de la Loi sur l'intégrité des élections, le DGE assumera encore des responsabilités importantes, surtout celle d'informer les électeurs. C'est la raison pour laquelle le gouvernement appuie un amendement concernant son mandat d'informer. Le directeur général des élections pourra communiquer avec la population. Lorsqu'il fera de la publicité pour informer les électeurs sur l'exercice de leurs droits démocratiques, cette publicité ne pourra porter que sur la façon de se porter candidat, les lieu, date et heure où ils pourront voter et la façon de le faire ainsi que les mesures en place pour aider les électeurs handicapés. En outre, le DGE pourra soutenir des programmes d'éducation civique destinés aux écoles primaires et secondaires et je sais que ces programmes sont très importants dans ma circonscription.
Je suis satisfait de la manière directe dont la Loi sur l'intégrité des élections et ses amendements établiraient l'indépendance d'enquête sur les plans déontologique et fiduciaire, conformément à la bonne gouvernance.
Autre élément essentiel de ce projet de loi: il recentrerait Élections Canada sur son mandat principal. Comme l'ont révélé les dernières élections, les Canadiens participent de moins en moins au scrutin. Dans ma circonscription, Don Valley-Ouest, 67 % des électeurs admissibles ont voté lors des dernières élections fédérales. Dans l'ensemble du Canada, la participation aux élections fédérales n'a été que de 61 %.
Depuis qu'Élections Canada a commencé à mener des campagnes sur la participation électorale, la participation a chuté, passant de 75 %, en 1988, à 61 %, en 2001, année où elle a atteint son plus bas, et elle stagne depuis. Les faits montrent que les campagnes d'Élections Canada ne fonctionnent pas. Le projet de loi modifierait donc l'article 18 de la Loi électorale du Canada de manière à ce que toutes les campagnes promotionnelles d'Élections Canada visent deux choses: donner aux gens l'information dont ils ont besoin pour voter — où, quand et quelle pièces d'identité apporter — et informer les personnes handicapées des mesures prises pour les aider à voter et à participer au processus démocratique.
Je tiens à préciser qu'Élections Canada demeurerait l'organisation responsable de l'administration des élections. Toutefois, il reviendrait désormais aux aspirants candidats et aux partis de susciter l'intérêt. L'organisme gouvernemental devrait se concentrer sur les fonctions administratives et laisser aux partis et aux candidats le rôle de susciter l'intérêt. C'est pour cette raison que la Loi sur l'intégrité des élections permettrait aux partis de mieux financer les efforts de sensibilisation à la démocratie à l'aide de légères augmentations des limites de dépenses tout en imposant des vérifications et des sanctions plus sévères liées au respect des limites. Il revient aux aspirants candidats et aux partis, et non à un organisme gouvernemental, de sensibiliser les électeurs, de les inspirer et de leur montrer qu'il vaut la peine de voter pour eux. Il est temps qu'Élections Canada revienne à l'essentiel et que les partis politiques fassent ce qu'ils ont le devoir de faire.
Enfin, la Loi sur l'intégrité des élections prévoit des mesures additionnelles pour sévir contre les contrevenants et les fraudeurs. Ces mesures resserreraient les peines imposées à ceux qui violent la loi, notamment par la création de peines d'emprisonnement pour les infractions graves et l'alourdissement des peines pour les autres infractions. Par exemple, quiconque se ferait prendre à tenter de corrompre ou d'entraver le travail d'un agent électoral serait passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 50 000 $. Les enquêteurs se verraient également conférer davantage de pouvoirs pour mener à bien leur mandat. Un certain nombre de nouvelles règles élimineraient les lacunes afin de lutter contre l'influence indue des gros capitaux et de mettre fin à la fraude électorale qui compromet le système. Ces règles visent, notamment, à mieux protéger les électeurs contre les appels automatisés et à lutter contre la fraude électorale en interdisant le recours à un répondant et le recours aux prêts pour contourner les règles relatives aux dons.
De plus, la instituerait des lignes directrices afin d'assurer un suivi clair et transparent ainsi que la conservation des documents liés au télémarketing, ce qui aiderait à prévenir les appels frauduleux et la tromperie des électeurs. Elle prévoirait aussi des mesures afin de faire le suivi des appels au public pour protéger les électeurs et prévenir la fraude grâce à la création d'un registre obligatoire pour les services d'appels aux électeurs. La Loi sur l'intégrité des élections érigerait en infraction le fait de se faire passer pour du personnel électoral, et imposerait des sanctions accrues aux personnes qui trompent les électeurs pour les empêcher de voter. Voilà pourquoi la Loi sur l'intégrité des élections constitue une nette amélioration par rapport à la situation actuelle.
Il est clair que le projet de loi est non seulement constructif, mais aussi fort raisonnable. Nous irons donc de l'avant.
En conclusion, grâce au projet de loi, il serait plus difficile d'enfreindre la loi et plus facile d'exercer son droit de vote. En outre, celui-ci comblerait les lacunes permettant à l'argent d'avoir une influence indue en politique. La législation électorale serait sévère et prévisible, mais elle serait facile à suivre. Bref, il serait plus difficile pour les fraudeurs de violer la loi, mais plus facile pour les simples citoyens de participer à la démocratie.
Le gouvernement conservateur continue d'être un chef de file pour ce qui est d'exiger une meilleure reddition de comptes dans le domaine politique. Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons adopté la loi anticorruption la plus complète de l'histoire du Canada, soit la Loi fédérale sur la responsabilité. Cette importante loi a permis de resserrer la surveillance, de sévir contre le lobbying et d'accroître la transparence en ce qui concerne les dépenses gouvernementales. Aujourd'hui, grâce à la , nous poursuivons sur notre lancée en contribuant à la consolidation de la démocratie au Canada et au maintien de son intégrité.
La est un important pas en avant vers une plus grande transparence et une meilleure reddition de comptes lors des élections. Ces changements significatifs permettraient de consolider le système électoral canadien et de laisser la démocratie entre les mains des Canadiens.
Voilà pourquoi je vote en faveur de la . J'espère que mes collègues des deux côtés de la Chambre en feront autant.
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Monsieur le Président, encore une fois, les conservateurs font preuve de mépris envers notre démocratie en écourtant le temps du débat sur un projet de loi touchant un sujet aussi important que la réforme électorale.
Le projet de loi vise à modifier sérieusement la qualité de nos institutions démocratiques sans consultations publiques profondes, même avec des experts essentiels que sont le commissaire aux élections fédérales et le directeur des poursuites pénales, ou encore, le directeur général des élections du Canada.
En fait, il s'agit purement et simplement d'une manoeuvre partisane de la part du gouvernement, qui voit dans ce projet de loi un moyen de garder le pouvoir. Ce projet de loi est une attaque contre le droit démocratique des populations vulnérables.
Aujourd'hui, pour aller voter, un électeur peut soumettre sa carte d'information de l'électeur ou se présenter avec un répondant qui va attester son identité. Cependant, le veut supprimer cette possibilité en supposant ceci:
[...] un électeur sur six risque de recevoir une carte portant une adresse erronée. Certains peuvent ainsi voter dans une circonscription autre que la leur, ou même voter plusieurs fois.
Au lieu de pallier ce problème, le gouvernement fait le choix de le supprimer, ce qui a de graves conséquences pour certaines populations. Nous devons savoir que, lors des dernières élections, Élections Canada a fait un effort spécial pour utiliser des cartes d'information de l'électeur dans divers contextes, afin d'accroître l'admission au vote de personnes dans la société qui ne votent pas en aussi grand nombre que les autres, comme les Autochtones dans les réserves, les jeunes sur les campus ou les personnes âgées dans les résidences.
La méthode de la carte de l'information de l'électeur accompagnée d'une pièce d'identité, qui sera abolie, a été utilisée avec succès lors des dernières élections et a fait l'objet d'un nombre incroyable de commentaires positifs.
Certes, le ministre se plaît à répéter que 39 pièces d'identité différentes seraient autorisées pour prouver son identité. Toutefois, ce qu'il oublie, c'est que quelques-unes seulement de ces pièces d'identité affichent l'adresse. Seulement quelques-unes, je le répète! La carte d'assurance-maladie, par exemple, ne comporte pas d'adresse, ni le passeport ni la carte étudiante, et j'en passe. Par conséquent, bien des gens devront présenter deux documents pour avoir le droit de voter, et encore faut-il qu'ils aient un des documents cités.
Comme nous le savons tous, le taux de participation des électeurs au Canada est en chute libre. Pourquoi le gouvernement rend-il le fait de voter plus difficile pour les aînés, pour les étudiants et pour les Autochtones vivant dans les réserves en interdisant l'utilisation de la carte d'information de l'électeur comme preuve d'adresse?
Un autre élément allant dans ce sens m'inquiète. Ce projet de loi empêche le développement du vote électronique. Élections Canada devra désormais demander l'autorisation au Parlement pour établir des projets pilotes de ce type. Élections Canada a pour but d'améliorer notre système électoral. Le vote électronique permettrait aux aînés et aux personnes handicapées d'aller voter, mais là encore, le gouvernement fait la sourde oreille et freine Élections Canada dans son travail.
Par contre, le gouvernement modifie la loi en sa faveur en changeant les règles de financement. Il s'agit là d'une manoeuvre à peine cachée des conservateurs de servir leur propre intérêt, en faisant passer le don maximal annuel de 1 200 $ à 1 500 $. Les conservateurs vont dans le sens contraire de ce qu'ils préconisent, soit de réduire l'influence de l'argent dans les élections.
En outre, le fait qu'un candidat pourra investir 5 000 $ dans sa propre campagne donnera un avantage conséquent à des personnes qui ont la capacité de le faire. Quelle démocratie!
Le NPD a proposé pas loin de 100 amendements pour améliorer ce mauvais projet de loi. Aucun amendement substantiel du NPD n'a été adopté par le Parti conservateur, qui était bien sûr majoritaire au comité. Un de ces amendements visait justement à supprimer cette disposition financière. Comme la majorité des amendements du NPD, celui-ci a malheureusement été rejeté.
Au mépris de la démocratie canadienne, les conservateurs ont mis fin aux travaux du comité qui examinait le projet de loi de la « déforme » électorale, alors que la moitié des amendements proposés par le NPD n'avaient même pas encore été débattus.
Ce gouvernement, depuis son accession au pouvoir, ne fait qu'entraver les droits des citoyens. Il abuse de sa majorité pour imposer des projets de loi qui ne vont pas dans l'intérêt des Canadiens et des Canadiennes.
Ce débat est encore une fois une mascarade. Les conservateurs nous ont encore une fois imposé une motion d'attribution de temps, ce qui nous empêche d'étudier en profondeur ce projet de loi sur les élections. Il est honteux de voir de quelle façon le gouvernement agit et nous empêche de remplir notre mandat parlementaire. Nous sommes muselés. Le gouvernement doit savoir qu'il doit obtenir un consensus pour faire changer la loi électorale. Il ne doit pas avoir recours à la tyrannie de la majorité pour imposer des changements qui répondent à ses propres besoins.
Je m'excuse, monsieur le Président, mais j'aimerais vous faire savoir que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Le gouvernement conservateur veut ainsi rendre l'exercice électoral plus difficile aux Canadiens les plus vulnérables, et surtout à ceux qui n'adhèrent pas à son idéologie. Il s'agit d'une forme de discrimination qui nous rappelle certaines pratiques américaines sous le règne du président républicain Bush.
Comment inciter nos concitoyens à participer à la vie démocratique de leur pays, quand leurs institutions sont bafouées?
Bien évidemment, je m'oppose à ce projet de loi et j'invite mes collègues à en faire autant, au nom du principe de la démocratie.
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Monsieur le Président, aujourd'hui est un jour que je qualifierais d'extrêmement sombre. En effet, c'est le dernier jour de débat sur le projet de loi que nous surnommons, à juste titre, la « déforme » électorale du gouvernement.
Ce projet de loi n'a pas été déposé pour renforcer la protection de notre démocratie et de notre système électoral. On apporte des changements pour avantager les conservateurs aux prochaines élections avec, entre autres stratégies, la suppression de votes et la possibilité de pouvoir continuer à contourner les règles électorales sans être inquiétés par qui que ce soit.
C'est scandaleux ce que le gouvernement est en train de faire aujourd'hui. Il a appliqué le rouleau compresseur sur les partis de l'opposition. En fait, c'est la première fois de l'histoire canadienne qu'un gouvernement utilise sa majorité pour imposer ses vues et des changements antidémocratiques, sans s'entendre avec qui que ce soit, sans s'entendre avec aucun des partis de l'opposition ni la société civile. Tout le monde est contre ce projet de loi, c'est unanime. Nous avons rarement vu toutes les tranches de la société civile unir ainsi leurs forces pour dénoncer aussi vivement un projet de loi.
La teneur de ce projet de loi est antidémocratique. En outre, les conservateurs, fidèles à leurs habitudes, ont bafoué et contourné les procédures démocratiques de notre Parlement par la façon dont ils ont déposé et débattu de ce projet de loi à la Chambre. Au mépris de la démocratie canadienne, les conservateurs ont imposé encore une fois des motions d'attribution de temps, ce qui veut dire que les débats ont été limités. C'est d'ailleurs la première fois que je peux m'exprimer sur ce projet de loi. Je n'ai pas pu le faire dans le passé parce qu'on limite continuellement les débats concernant les projets de loi. D'ailleurs, d'autres de mes confrères auraient certainement été intéressés à parler contre cet abominable projet de loi.
De plus, les conservateurs ont mis fin aux travaux du comité qui examinait ce projet de loi de « déforme » électorale, et ce, même si la moitié des amendements proposés par le NPD n'avaient même pas encore été débattus.
D'ailleurs, la première mouture de ce projet de loi était extrêmement scandaleuse. Celle-ci est moins pire, mais n'en est pas moins scandaleuse. Cela démontre que le gouvernement n'a aucun respect pour ses institutions démocratiques. On a proposé des changements que des élus avaient eux-mêmes soumis lors de l'étude en comité parlementaire. On a voulu changer la démocratie canadienne en étudiant d'abord ce projet de loi au Sénat. C'est complètement ironique d'avoir proposé des amendements au Sénat et qu'une Chambre de non-élus fasse des changements à notre démocratie. C'est complètement aberrant. D'ailleurs, ça démontre tout le respect que ce gouvernement a pour ses institutions démocratiques.
Les conservateurs ont donc rejeté les amendements qui visaient à donner aux enquêteurs les outils nécessaires pour contrer la fraude électorale, préserver l'indépendance d'Élections Canada par rapport au gouvernement et conférer également au directeur général des élections le droit d'encourager les Canadiens à voter.
Le n'a même pas consulté le DGE sur ce projet de loi. Il a induit également la Chambre en erreur lors de la période des questions orales. En effet, il a indiqué qu'il avait consulté celui-ci, alors que c'était complètement faux.
Depuis des années, le ministre s'en prend à Élections Canada, et dernièrement, au directeur général des élections, en minant sa crédibilité et en l'attaquant, comme il a attaqué tous les agents du Parlement. C'est complètement aberrant et complètement scandaleux de la part du gouvernement.
Le ministre s'en prend à Élections Canada depuis des années. Il dit que cet organisme est biaisé et partial dans sa façon de dénoncer le non-respect des lois électorales par les conservateurs. En effet, ils se sont faits prendre avec le scandale des in and out, comme on l'a surnommé. Je vais expliquer aux Canadiens ce qu'était en gros ce scandale: on a au Canada un plafond pour les dépenses électorales de chaque parti. On a contourné ce plafond en détournant des fonds dans des associations de circonscription ayant des plafonds de 90 000 $, mais qui n'avaient pas de chance de gagner. On leur a fait payer des factures qui devaient être imputables au parti général. On contourne ces lois.
Les conservateurs se sont fait prendre et ont plaidé coupable. Le projet de loi leur permettra de continuer à contourner les lois électorales sans être inquiétés par le directeur général des élections ou par le commissaire, même si des pouvoirs d'enquête sont conférés à ce dernier. On veut écarter toutes les mesures afin de continuer à contourner les règles de façon frauduleuse sans être inquiété par qui que ce soit. Il faut se rappeler que la base de données conservatrice a été utilisée pour envoyer des électeurs voter au mauvais endroit.
Au lieu de respecter la loi électorale, les conservateurs ont décidé de s'attaquer clairement à Élections Canada en limitant ses pouvoirs d'enquête, et ce, bien qu'ils aient voté en faveur d'une motion que nous avons proposé en 2012. La motion demandait d'accroître les pouvoirs d'enquête du directeur général des élections. On a complètement évacué les pouvoirs d'Élections Canada à cet effet. On pourra ainsi continuer à contourner les règles sans être inquiété.
Le projet de loi suscite également la désapprobation de notre parti, de l'ensemble des partis de l'opposition et de la société civile. Les canadiens d'un bout à l'autre du pays se sont mobilisés contre le projet de loi. Devant un tel tollé, les conservateurs n'ont eu d'autre choix que d'abandonner des aspects fondamentaux du projet de loi initial.
Ayant obtenu des concessions, le NPD a démontré qu'il constituait une opposition forte et digne d'être le gouvernement en attente. Bientôt, nous ne serons plus en attente, car nous formerons le gouvernement en 2015. Je rappelle que, dans la foulée du scandale des appels automatisés, c'est le NPD qui a exigé que des changements soient apportés à la Loi électorale, notamment pour renforcer les pouvoirs du directeur général des élections, et non pas pour les affaiblir, comme le fait présentement le gouvernement.
Le NPD est là pour protéger la démocratie canadienne, et il répond présent lorsque le gouvernement s'attaque à notre démocratie. Il est là pour exiger que le gouvernement rende des comptes à tous les Canadiens.
Un des aspects du projet de loi sur lequel le gouvernement a partiellement reculé est la participation du directeur général des élections à des activités de sensibilisation pour augmenter le taux de participation des électeurs, déjà en chute libre. Le gouvernement voulait faire en sorte qu'il soit encore plus bas lors des prochaines élections afin d'augmenter ses chances d'être réélu.
Le directeur général des élections n'aura donc plus le pouvoir de sensibiliser tous les Canadiens à l'importance de la participation électorale. Dorénavant, le directeur général des élections ne pourra que faire de la publicité sur certains aspects du processus électoral, à savoir où et quand aller voter. Malheureusement, cela ne se limite qu'à cela. Il ne pourra plus entrer en contact avec certains groupes pour les aider à stimuler la participation électorale au sein des gens qu'ils représentent.
Nous considérons donc que les activités de sensibilisation sont un mandat essentiel du directeur général des élections et que ces changements ne contribueront certainement pas à accroître le taux de participation, mais aura plutôt l'effet contraire, comme baisser la participation chez les jeunes, les personnes âgées et les groupes autochtones vivant dans les réserves. Tous ces groupes auront plus de mal à voter, puisque, en un sens, leur droit de vote ne sera pas reconnu.
La Semaine canadienne de la démocratie, organisée par Élections Canada, est un exemple flagrant. Désormais, Élections Canada ne pourra plus organiser cette importante semaine de sensibilisation à la démocratie.
Par ailleurs, le directeur général des élections devra demander la permission du Conseil du Trésor pour engager des firmes privées pour l'aider dans une enquête ou dans l'écriture d'un rapport, comme celui sur les appels automatisés. Ainsi, le gouvernement va s'ingérer dans le travail d'un agent du Parlement, qui doit pourtant avoir une complète indépendance face au gouvernement. Le contrôle qu'exercera le Conseil du Trésor n'est pas acceptable.
Comme je l'ai mentionné précédemment, un des objectifs principaux du projet de loi est la suppression de votes. Le projet de loi interdira l'utilisateur la carte d'information de l'électeur comme preuve d'adresse. Cette disposition va créer de graves problèmes pour ceux qui ont du mal à prouver leur adresse quand vient le temps de voter.
Les étudiants, les personnes âgées et les communautés autochtones sont touchés par ce changement.
Puisqu'il ne me reste plus beaucoup de temps, je veux indiquer que nous nous opposons fortement depuis le début à ce projet de loi et que nous allons le faire jusqu'au bout. Dans quelques heures, nous allons continuer à dénoncer cette tactique déloyale du gouvernement, qui veut s'assurer d'être élu aux prochaines élections.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir à la Chambre pour parler du projet de loi .
Depuis quelques mois, les partis de l'opposition tentent d'arrache-pied de présenter la Loi sur l'intégrité des élections comme une mesure législative louche et non-démocratique. Ils s'y opposaient avant même que le projet de loi soit déposé, avant d'avoir eu l'occasion de le lire. Depuis, ils tentent constamment d'induire les Canadiens en erreur quant à la raison pour laquelle le gouvernement a présenté le projet de loi . Ils ont essayé de faire croire que le gouvernement voulait adopter cette mesure à toute vapeur, sans consultation ni étude. Or, rien n'est plus faux.
Les partis de l'opposition semblent avoir oublié comment fonctionne notre processus législatif. Je vais prendre le temps dont je dispose aujourd'hui pour souligner deux points. Premièrement, les progrès accomplis jusqu'à maintenant dans le cas du projet de loi illustrent l'intégrité, l'utilité et l'efficacité de notre système législatif. Deuxièmement, le vrai point de vue des Canadiens au sujet de cette mesure législative n'a rien à voir avec les histoires fabriquées de toutes pièces que les partis de l'opposition tentent désespérément de nous faire croire.
Plusieurs irrégularités ont été constatées lors des élections de 2011. Même si les tribunaux ont récemment conclu qu'aucun acte illégal n'avait été posé, les Canadiens, Élections Canada et le gouvernement étaient préoccupés par l'intégrité de notre système électoral et par le processus d'enquête et de poursuite en cas d'irrégularité. Telle est la vraie raison qui a mené à la Loi sur l'intégrité des élections.
Même si les partis de l'opposition aiment tenir des propos alarmistes et utiliser des expressions telles que « tactiques de suppression de votes » et d'autres descriptions farfelues, le projet de loi a suivi le même cheminement que toutes les autres mesures législatives. Nous avons ciblé un problème auquel le gouvernement devait apporter une solution législative. Cela n'a rien de controversé ou de nouveau. C'est ainsi que fonctionne notre démocratie depuis près de 150 ans.
Avant de présenter le projet de loi , le gouvernement a longuement examiné les diverses questions soulevées par Élections Canada ainsi que les procédures judiciaires liées au scandale des appels automatisés et à d'autres irrégularités. J'ai moi-même été involontairement et, en fait, inutilement entraîné dans l'affaire des appels téléphoniques frauduleux par le Conseil des Canadiens. Au terme d'une enquête approfondie, la cour a jugé qu'aucun député visé n'avait fait quoi que ce soit d'illégal, comme nous l'avions toujours soutenu.
Si Élections Canada avait eu des pouvoirs accrus, cette enquête aurait pu être menée plus rapidement, ce qui aurait permis d'économiser des milliers de dollars de deniers publics. Si Élections Canada avait eu les outils d'enquête adéquats dès le début, cet organisme aurait pu découvrir rapidement des preuves d'irrégularité, si de telles preuves existaient. Seules des accusations étayées par des preuves solides auraient été portées, ce qui aurait fait économiser un grand nombre d'heures à la cour et de dollars aux contribuables.
Depuis la présentation du projet de loi , les partis de l'opposition essaient d'induire les Canadiens en erreur en affirmant que le gouvernement n'avait pas consulté les Canadiens ou les spécialistes. Ils ont essayé sans relâche de convaincre les Canadiens que le projet de loi était adopté à toute vitesse au Parlement sans débat ou sans examen adéquat.
Permettez-moi de mentionner à la Chambre quelques faits concernant le projet de loi . Au comité, le projet de loi a fait l'objet d'une analyse exhaustive. Plus de 72 témoins ont été entendus pendant plus de 15 séances, ou environ 31 heures.
De plus, les Canadiens ont continué d’exprimer leurs réserves aux députés, qui en ont dûment pris note et en ont informé le ministre et son ministère.
Dans ma circonscription, Nipissing—Timiskaming, 45 électeurs m'ont fait part de leurs commentaires. La grande majorité de leurs commentaires visaient un seul élément du projet de loi, à savoir l'élimination de l'attestation de l'identité par un répondant. En ma qualité de député, j'ai communiqué cette information au ministre. Le a toujours été ouvert aux commentaires que je lui communiquais au nom de mes électeurs.
Le Sénat a également réalisé sa propre étude du projet de loi et a informé le ministre de ses observations et de ses inquiétudes. Quel en a été le résultat? Le 25 avril, le gouvernement a annoncé qu'il présenterait des amendements à la Loi sur l'intégrité des élections dans le cadre de l'étude article par article du projet de loi par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Ces amendements portaient notamment sur l'identification de l'électeur et l'attestation de l'identité par un répondant; l’ajout de la sensibilisation du public au vote dans le mandat du directeur général des élections; la nomination de superviseurs de centre de scrutin; des exceptions concernant des activités de financement qui constitueraient des dépenses électorales; et plusieurs autres éléments.
Même si l'opposition continue d'induire les Canadiens en erreur, le gouvernement a méthodiquement passé au peigne fin le projet de loi et a écouté les Canadiens et les experts. Il a apporté des amendements qui reflètent davantage les opinions des experts et ce que les Canadiens veulent. Il n'y a rien de controversé ou de sinistre là-dedans. C'est bien honnêtement la démocratie en action. En fait, je me prépare à écrire à tous les électeurs qui ont fait part de leurs réserves quant au projet de loi pour les informer des détails des amendements de manière à ce qu'ils sachent que leurs lettres, leurs appels et leurs courriels ont joué un rôle direct dans le processus législatif visant à améliorer le projet de loi avant son adoption.
Voici quelques détails. Premièrement, il y a l'identification de l'électeur. Le projet de loi permettrait aux électeurs de voter en présentant deux pièces d'identité prouvant leur identité et en prêtant serment par écrit pour confirmer leur adresse, pourvu qu'un autre électeur de la même section de vote, ayant prouvé son identité et son adresse au moyen de preuves documentaires, prête aussi serment par écrit quant à l'adresse de l'électeur. Grâce à cette nouvelle mesure, les personnes ne disposant pas de pièce d'identité prouvant leur adresse pourront s'inscrire et voter le jour du scrutin.
Deuxièmement, il y a le mandat du directeur général des élections en matière d'information et d'éducation de la population. Le projet de loi précise que le directeur général des élections peut communiquer avec le public, mais que, lorsqu'il fait de la publicité pour informer les électeurs concernant l'exercice de leurs droits démocratiques, il ne peut que fournir de l'information sur la façon de se porter candidat, sur l'endroit et le moment où voter, sur la manière de voter et sur les outils offerts aux électeurs handicapés. De plus, le directeur général des élections peut appuyer les programmes d'éducation civique pour les écoles primaires et secondaires.
Troisièmement, il y a la nomination des superviseurs de centre de scrutin. Le projet de loi permettrait de maintenir le processus actuel de nomination des superviseurs de centre de scrutin.
Quatrièmement, il y a l'exception relative au financement des partis et la définition de dépense électorale. Nous éliminons l'exception proposée en ce qui a trait aux dépenses électorales dans le cas des dépenses engagées pour solliciter des contributions financières auprès d'anciens donateurs.
Dans l'ensemble, grâce à la contribution d'experts, de citoyens et de législateurs, le a présenté 14 amendements de fond et 45 amendements de forme pour améliorer davantage la qualité de la Loi sur l'intégrité des élections.
Maintenant que nous savons que le projet de loi a fait l'objet d'un processus minutieux d'analyses, de consultations et de révisions, je peux parler brièvement de ce qu'en pensent les Canadiens à l'extérieur de la bulle d'Ottawa.
Selon un sondage réalisé dernièrement par Ipsos pour le compte de CTV, une majorité écrasante de Canadiens estiment qu'il est tout à fait raisonnable d'exiger une pièce d'identité pour voter. Après tout, nous exigeons que les Canadiens aient une pièce d'identité pour conduire, voyager, acheter de l'alcool et accomplir d'innombrables autres tâches. L'un des devoirs les plus fondamentaux des citoyens est celui d'élire leur gouvernement et, à ce titre, les Canadiens reconnaissent le bien-fondé de l'identification obligatoire. C'est ce que dicte le gros bon sens.
Ce sondage nous a appris que 70 % des Canadiens croient qu'il est acceptable d'éliminer le recours à un répondant, ce qui témoigne du désir de la population d'assurer l'intégrité du système électoral.
La société canadienne est très tolérante et diversifiée. Si des résidents non canadiens veulent voter, ils sont toujours parfaitement en droit de demander la citoyenneté. Cependant, seuls les citoyens ont la responsabilité de choisir notre gouvernement fédéral, et nous devons protéger cet important privilège contre ceux qui tenteraient d'en abuser.
Les partis de l'opposition soutiennent que les exigences d'identification priveraient certains Canadiens de leur droit de vote. Par exemple, ils affirment que ces exigences feraient en sorte qu'il serait plus difficile pour les étudiants de voter. C'est un parfait exemple du genre de propos alarmistes et de renseignements erronés que propage l'opposition. L'ensemble des universités et des collèges du Canada remettent des cartes d'identité à leurs étudiants. Ces mêmes cartes peuvent être utilisées pour voter.
Cela dit, la question de l'identification en soulève une plus importante. Si le droit de vote est réservé aux Canadiens, de quelle façon peut-on prouver que l'on est citoyen? Les exigences d'identification sont tout simplement une question de gros bon sens. Cela dit, et même si c'est très improbable, à l'intention des citoyens qui n'ont accès à aucune des 39 pièces d'identité acceptées, y compris des documents généraux et faciles à obtenir comme des relevés bancaires, des factures d'électricité ou des cartes de bibliothèque, nous avons maintenu le recours à un répondant, car nous sommes conscients qu'improbable ne signifie pas impossible. Nous voulons nous assurer que chaque citoyen qui fait l'effort d'aller voter a un moyen raisonnable de prouver sa citoyenneté. Nous pourrons garantir ainsi qu'aucun d'eux n'est privé de son droit de vote.
Un citoyen qui n'aurait pas pu obtenir une pièce d'identité nécessaire pourrait demander qu'un autre électeur du même bureau de scrutin agisse à titre de répondant, mais cette personne devrait d'abord prouver son identité et ne pourrait pas répondre de plus d'une personne.
Cette modification au recours au répondant va dans le sens des recommandations du directeur général des élections, qui disait le 6 mars que « les procédures relatives aux répondants devraient et peuvent être simplifiées [...] Il faudrait aussi réduire la nécessité de recourir à cette option. » Nous sommes d'accord avec lui.
Cet amendement est un parfait exemple de la façon dont le projet de loi a été peaufiné par l'entremise du processus législatif après une étude et des consultations exhaustives. En fait, pour tout le bruit qu'a fait l'opposition au sujet du projet de loi et de l'indignation présumée de la majorité des Canadiens, ce même sondage indique que quelque 23 % de la population, soit un Canadien sur quatre, suit la question de près. De toute évidence, cela démontre que les Canadiens ont conclu que la Loi sur l'intégrité des élections constituait une réponse sensée à de graves préoccupations.
Les partis de l'opposition ont tenté d'induire les Canadiens en erreur en disant que le projet de loi C-23 était un stratagème pour priver des électeurs de leur droit de vote. Ce n'est tout simplement pas vrai, et les Canadiens le savent. En effet, 61 % de la population, soit 6 Canadiens sur 10, ne croit pas que le projet de loi C-23 soit un stratagème et seulement 15 %, moins de 2 Canadiens sur 10, est tout à fait d'accord avec cette affirmation.
Enfin, lorsqu'on leur a demandé si le fait de demander aux électeurs de prouver personnellement leur identité et leur lieu de résidence était essentiel pour éliminer les possibilités de fraude dans notre système électoral, 86 % des Canadiens, soit près de 9 sur 10, étaient d'accord. Seul 1 Canadien sur 10 était en désaccord avec cette affirmation.
Tout indique que les partis de l'opposition tentent désespérément de distraire les Canadiens du fait qu'ils n'ont pas de politique ni de plan à offrir, sauf peut-être une taxe sur le carbone de 21 milliards de dollars qui nuirait à l'emploi. Ils ont tenté d'amener les Canadiens à croire qu'il s'agissait d'un stratagème et que la majorité des gens au pays étaient contrariés.
Comme je l'ai dit tout au long de mon discours, au cours des derniers mois, seulement 45 électeurs de ma circonscription de 96 000 personnes ont fait part de leurs préoccupations à l'égard du projet de loi . La plupart de ces préoccupations avaient trait au recours à un répondant. Cette question est maintenant réglée.
Une fois de plus, l'opposition fait du tapage plutôt que de faire des contributions positives significatives et essentielles à notre processus législatif.
Je tiens à féliciter le pour son engagement de principe et son leadership dans le processus législatif sur le projet de loi .
Bien que les néo-démocrates et les libéraux aient tenté de transmettre des renseignements erronés aux Canadiens quant au contenu du projet de loi, lorsqu'on regarde la façon dont il a été rédigé, dont il a été peaufiné, on constate que le gouvernement a écouté attentivement la population, les experts et les législateurs afin d'améliorer la Loi sur l'intégrité des élections.