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Bonjour à vous tous. Je suis heureux de voir autant de monde en ce matin très enneigé à Ottawa. Il fait chaud sur la Colline, mais il fait froid dehors.
Je souhaite la bienvenue aux témoins. Merci d'être venus ce matin.
Je suis heureux de vous voir depuis Bruxelles, monsieur Sinclair. Je doute qu'il neige là-bas.
Nous accueillons Mme Pohlmann, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, M. Leduc de Producteurs laitiers du Canada, M. Fine, de Manitobah Mukluks, et M. Littler, du Conseil canadien du commerce de détail.
Bienvenue à tous. Comme vous le savez, nous nous intéressons à l'AECG. Beaucoup de travail a déjà été fait relativement à l'accord, et nous en sommes aux dernières étapes, ici, sur la Colline. Nous vous remercions de votre contribution aujourd'hui.
Puisque nous avons cinq témoins, je vous demande s'il vous plaît de vous en tenir à environ cinq minutes. Ce serait très utile. Nous aurions ensuite le temps pour un bon suivi et un bon dialogue avec les députés.
Donc, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, passons sans plus tarder à M. Sinclair, qui est à Bruxelles. Vous êtes le premier à présenter votre déclaration. La parole est à vous.
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Merci, monsieur Eyking.
Je vous remercie de me donner l'occasion de participer à vos délibérations quant à savoir si le Canada doit ratifier l'AECG ou non. Aujourd'hui, je veux mettre l'accent sur trois domaines où les coûts de la ratification pour le Canada l'emportent sur les modestes avantages commerciaux. Ces caractéristiques problématiques sont parmi les principales raisons pour lesquelles l'accord est devenu controversé, surtout ici, en Europe. C'est aussi la raison pour laquelle il est extrêmement inquiétant que le Parlement canadien et le Parlement de l'UE poussent pour faire adopter l'AECG malgré un débat limité.
Le comportement et l'ouverture actuels du gouvernement canadien concernant la ratification de l'AECG pourraient très bien être des facteurs qui entreront en ligne de compte au cours des prochaines années tandis que les États membres de l'UE et leurs citoyens détermineront s'ils doivent ou non ratifier l'accord. Je crois que les récents événements aux États-Unis ont confirmé les risques de réaction lorsque des accords commerciaux controversés sont conclus sans débat public complet et ouvert.
Le chapitre qui est possiblement le plus coûteux dans l'AECG est celui qui concerne les droits de propriété intellectuelle. Une portion importante du projet de loi que vous étudiez concerne des changements au régime des brevets du Canada en réaction aux demandes des Européens, qui voulaient plus de protection. En prolongeant la durée des brevets des médicaments de marque déposée et en fournissant de nouveaux droits d'appel aux détenteurs de brevet dans des dossiers de liens entre les brevets, l'AECG retardera la mise en marché de médicaments génériques moins chers. Ce changement unilatéral au régime de médicaments du Canada fera grimper d'un montant estimé à 850 millions de dollars par année les coûts généraux des médicaments au Canada. Il convient de signaler que le Canada se trouve déjà au troisième rang des pays au sein de l'OCDE où les coûts par habitant des médicaments sont les plus élevés.
Ces coûts accrus exerceront encore plus de pression sur les systèmes de soins de santé provinciaux, les régimes d'assurance médicament privés et les consommateurs. En fait, les coûts liés aux règles plus strictes en matière de propriété intellectuelle prévues dans l'AECG annulent tous les avantages potentiels que tireront les consommateurs canadiens de l'élimination des tarifs sur les importations au Canada venant de l'UE. Il faut absolument que le gouvernement fédéral publie ses propres estimations des coûts accrus des médicaments.
Au Canada et au sein de l'UE, l'aspect le plus controversé de l'AECG concerne l'inclusion d'un mécanisme de règlement des différends entre les investisseurs et les États. L'expérience du Canada relativement au RDIE dans le cadre de l'ALENA est éloquente: nous avons été poursuivis plus de fois que toute autre partie, les sociétés réussissant à contester des règlements d'intérêt public non discriminatoires. Loin de régler le problème, l'AECG établit et élargit le régime de RDIE en créant un système judiciaire sur l'investissement. Même si cette méthode permet d'améliorer certains aspects procéduraux du RDIE, les importantes protections accordées aux investisseurs dans le cadre de ce nouveau système restent en grande partie les mêmes.
Les investisseurs étrangers bénéficient encore de droits juridiques extraordinaires qui leur permettent de poursuivre des gouvernements pour des mesures pouvant avoir un impact négatif sur leurs investissements. Ces protections, dont ne bénéficient pas les investisseurs au pays ou les citoyens ordinaires, exposeront les contribuables à d'importantes responsabilités financières et menacent d'avoir un effet dissuasif en matière de politique publique. À l'opposé de ces importantes protections pour les investisseurs et les sociétés, les chapitres de l'AECG sur la main-d'oeuvre, l'environnement et le développement durable exigent seulement des consultations à caractère non obligatoire.
Le troisième et dernier enjeu concerne les répercussions de l'AECG sur les services publics et la réglementation liée aux services essentiels. L'AECG limiterait la capacité des gouvernements de réglementer l'arrivée et les activités de fournisseurs de services étrangers au sein du marché national, même lorsque de tels règlements ne sont pas discriminatoires du point de vue de la nationalité des entreprises. En verrouillant l'accès au marché des fournisseurs de services étrangers, l'AECG menace la viabilité des services publics. Le mécanisme du statu quo et du cliquet force les gouvernements à prendre des décisions futures en matière de réglementation qui vont dans le sens d'une libéralisation accrue, y compris pour de nombreux services qui figurent sur la liste des exceptions. Je parle des services figurant à l'annexe 1.
Même si un nombre important de services publics sont exclus de certaines dispositions de libéralisation de l'AECG, il n'y a aucune façon d'avoir des réserves contre les protections de base des investissements prévus dans l'accord, comme ce qui concerne le traitement juste et équitable dans la section D du chapitre 8, ce qui limiterait la capacité des gouvernements de renverser des mesures de privatisation et d'élargir les services publics en rendant de telles décisions imprévisiblement coûteuses.
Si j'avais plus de temps, je pourrais soulever d'autres préoccupations. Je vais plutôt simplement souligner que certaines de ces préoccupations sont décrites dans le mémoire du CCPA, que vous aurez bientôt, et dans nos deux rapports Making Sense of the CETA.
En conclusion, si le gouvernement canadien et l'Union européenne veulent vraiment bien faire les choses dans le dossier de l'AECG, ils devraient prendre le temps qu'il faut pour y apporter les changements nécessaires. La ratification européenne complète exigera l'approbation de tous les États membres de l'UE, y compris certains États qui sont encore très préoccupés par le système judiciaire sur l'investissement. Le fait d'éliminer le système de façon permanente aiderait à rendre l'AECG plus acceptable et à accroître la probabilité de ratification globale de l'accord. Cependant, même si ce système n'est jamais mis sur pied, l'AECG contient tout de même d'autres dispositions qui sont loin d'en faire un accord progressiste et qu'il faut étudier en détail. Par conséquent, ce serait une erreur de ratifier l'AECG dans sa forme actuelle, surtout après un tel examen parlementaire expéditif et des consultations publiques inadéquates.
Merci.
Je vous remercie de l'occasion que vous m'offrez de présenter le point de vue de la FCEI sur le projet de loi , Loi portant mise en oeuvre de l'AECG.
Vous devriez avoir une présentation devant vous, et j'aimerais la passer en revue avec vous au cours des prochaines minutes.
Pour commencer, la FCEI est une organisation non partisane sans but lucratif qui représente plus de 109 000 petites et moyennes entreprises partout au Canada. Nos membres viennent de tous les secteurs de l'économie et ils sont dans toutes les régions du pays.
Il est aussi important de se souvenir que les petites et moyennes entreprises du Canada emploient environ 70 % des Canadiens qui travaillent pour le secteur privé. Elles sont responsables de la majeure partie des nouveaux emplois créés et représentent environ la moitié du PIB du pays. Le fait de tenir compte de certains enjeux qui seront bénéfiques pour les PME peut avoir un impact majeur sur la création d'emplois et l'économie.
L'orientation de la FCEI s'appuie uniquement sur les points de vue de nos membres que l'on obtient par une diversité de sondages réalisés durant l'année, et nous avons découvert que la majeure partie de nos membres sont favorables au commerce libre et équitable. C'est parce que la plupart d'entre eux comprennent que les échanges commerciaux sont bons pour les petites entreprises du Canada, pour notre économie et pour les emplois. Nous savons aussi que bon nombre de nos membres semblent être en mesure de tirer parti d'accords commerciaux comme l'AECG.
Par exemple, comme vous pouvez le voir à la troisième diapositive, dans un très récent sondage, près des deux tiers de nos membres ont dit soutenir les accords commerciaux internationaux. Cependant, seulement un propriétaire de petite entreprise sur cinq estimait avoir suffisamment de renseignements pour répondre à cette question, ce qui donne à penser qu'il faut peut-être en faire plus pour les informer au sujet des occasions que les accords commerciaux peuvent offrir à leur entreprise.
Quelques autres intervenants, y compris les producteurs visés par la gestion de l'offre, par exemple, ont peut-être d'importantes préoccupations. Nous continuons à bien écouter nos membres qui expriment ces préoccupations et les communiquons au gouvernement. Une des préoccupations que nous avons exprimées, c'est l'importance de s'assurer d'indemniser les producteurs laitiers, par exemple, en raison de tout préjudice économique découlant de l'AECG.
Même s'il y a de petites exceptions, qui sont tout de même importantes, les membres soutiennent de façon générale les accords commerciaux, même lorsqu'ils ne s'adonnent pas à de tels échanges. Cependant, combien d'entre eux participent vraiment à ce genre d'activités? Comme vous pouvez le voir à la diapositive 4, environ un membre sur cinq a vendu des biens ou des services à d'autres pays tandis qu'environ la moitié ont acheté auprès d'autres pays, et que 6 % ont l'intention de s'adonner à des activités commerciales à l'avenir.
Avec quels pays font-ils des échanges commerciaux? Comme vous pouvez le voir à la diapositive 5, les États-Unis — ce n'est pas une surprise — restent de loin l'endroit où les petites entreprises canadiennes sont le plus susceptibles de faire des affaires, mais il convient de souligner que l'UE arrive en deuxième place. Neuf pour cent de nos membres ont déclaré avoir fait des achats au sein de l'UE, et environ 6,5 % affirment y avoir fait des ventes.
La diapositive 6 vous permet de vous faire une idée des pays au sein de l'UE avec lesquels les petites entreprises ont tendance à faire des affaires. L'Allemagne et le Royaume-Uni arrivent en tête de peloton, suivis des Pays-Bas, de l'Italie et de la France, qui est aussi importante pour plus d'un tiers des petites entreprises qui font des affaires en Europe.
Nous avons aussi examiné ce que les propriétaires de petites entreprises aimeraient voir dans l'AECG et qui, selon eux, serait le plus bénéfique pour leur entreprise. Au bout du compte, comme vous pouvez le voir à la diapositive 7, ce que les petites entreprises veulent voir, c'est plus d'uniformisation, moins de réglementation, des normes qui sont simples à respecter, des formalités transfrontalières plus simples, moins de paperasse et des coûts moindres. La bonne nouvelle, c'est que l'AECG tente d'améliorer la situation dans chacun de ces domaines, puisque non seulement l'accord entraîne une réduction des tarifs, ce qui est important, mais il tente aussi de trouver des façons de réduire les obstacles non tarifaires, qui sont aussi très importants, en trouvant des façons de mieux harmoniser les normes et les règlements européens et canadiens tout en envisageant des façons de simplifier les formalités transfrontalières.
Nous savons aussi qu'il est important de communiquer les avantages de l'AECG à plus de petites entreprises. Il faut aussi les encourager à tenir compte de l'UE lorsqu'elles envisagent de pénétrer dans de nouveaux marchés. Le fait de comprendre de quelle façon les petites entreprises sont mises au courant des occasions commerciales en Europe pourrait être utile et permettre aux gouvernements, aux organisations et à d'autres intervenants de les soutenir et de les aider à saisir ces occasions. Comme vous pouvez le voir à la diapositive 8, la plupart découvrent les possibilités grâce à des contacts dans le secteur d'activité. En outre, seulement un propriétaire sur cinq a fait une étude de marché et établi ses propres contacts. De plus, environ 15 % ont vu un acheteur ou un vendeur européen communiquer avec eux et 15 % de plus ont participé à des foires commerciales.
Il convient de signaler qu'aucun propriétaire, du moins parmi les répondants du sondage, n'a participé à une mission commerciale. Je crois qu'il y a peut-être certaines leçons ici à tirer pour les décideurs lorsque viendra le temps pour eux de réfléchir à la façon de promouvoir l'accord avec l'UE à l'avenir.
La bonne nouvelle, comme vous pouvez le voir à la diapositive 9, c'est que bien plus de la moitié des entreprises qui font déjà des affaires en Europe prévoient augmenter leurs activités. Le sondage a été réalisé avant la signature de l'AECG, alors espérons qu'elles seront encore plus nombreuses à le faire lorsque de nouvelles possibilités s'offriront à elles une fois l'accord ratifié.
Vous pouvez le voir à la diapositive 10 les raisons pour lesquelles les entreprises voulaient accroître leurs échanges commerciaux avec l'Europe — pour assurer l'expansion de leur entreprise, ce que, au bout du compte, nous voulons qu'elles fassent, et pour saisir de nouvelles occasions à mesure que l'économie se rétablit — parce qu'elles voient là une solution de rechange au marché américain. Ce dernier enjeu deviendra peut-être encore plus important et encore plus motivant pour les petites entreprises au cours des prochaines années, tout dépendant de la façon dont la nouvelle administration aux États-Unis gère le dossier de l'ALENA.
Au moment de réfléchir à la façon d'encourager plus de petites entreprises à faire des affaires en Europe, il pourrait être utile de prodiguer des conseils sur la façon de surmonter certains des défis auxquels d'autres entreprises qui ont tenté de le faire ont été confrontées. Comme vous pouvez le voir à la diapositive 11, le fait de fournir des directives sur la façon de gérer certaines choses comme la fluctuation de la valeur du dollar canadien, les coûts d'expédition et ainsi de suite serait utile. Bon nombre des autres défis auxquels les entreprises sont confrontées, comme les tarifs élevés, les règles ou les normes différentes et la complexité seront réglés dans une certaine mesure par l'AECG, alors le fait de communiquer de quelle façon l'accord permet de régler ces problèmes sera aussi très important.
En bref, une grande majorité des membres de la FCEI sont favorables au commerce libre et équitable. Bon nombre de nos membres semblent être dans une position pour bénéficier de l'AECG, mais il y en a quelques-uns qui ont tout de même d'importantes préoccupations. Nous avons communiqué ces préoccupations, comme je l'ai mentionné, au gouvernement, et nous avons souligné l'importance de trouver des façons d'atténuer les préjudices économiques qu'essuieront certains secteurs qui pourraient subir un effet néfaste découlant de l'accord commercial.
Pour terminer, il est important de bien communiquer les bénéfices et les avantages de l'AECG aux petites entreprises afin qu'elles soient plus nombreuses à avoir la confiance nécessaire pour envisager d'assurer l'expansion de leur entreprise en saisissant des occasions commerciales au sein de l'UE.
Merci de l'occasion de m'avoir invitée à prendre la parole. Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions.
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Je vais commencer par souligner le fait que je suis accompagné par Thérèse Beaulieu, la directrice adjointe des Communications des politiques pour les Producteurs laitiers du Canada.
Je tiens à vous remercier de l'invitation à témoigner devant le Comité aujourd'hui dans le cadre de son étude sur le projet de loi . Avant de commencer, j'aimerais préciser que les préoccupations des PLC ne sont pas nécessairement liées directement au projet de loi C-30; elles ont plutôt trait aux répercussions de l'AECG en tant que telles sur le secteur laitier. Par conséquent, notre présentation portera principalement sur l'atténuation de ces répercussions négatives.
Je tiens à souligner que le secteur laitier canadien apporte une énorme contribution à l'économie canadienne. Selon la plus récente étude sur l'impact économique qui a été réalisée par ÉcoRessources, en 2015, le secteur laitier — les producteurs et les transformateurs — a contribué à hauteur de 19,9 milliards de dollars au PIB canadien et a fourni l'équivalent de 3,8 milliards de dollars en recettes fiscales tout en permettant le maintien de 221 000 emplois au pays. Comparativement à 2013, on parle d'une augmentation de 5 % de la contribution du secteur au PIB, une augmentation de 5 % des recettes fiscales et une augmentation de 3 % du nombre d'emplois maintenus au Canada. De plus, l'industrie laitière est le premier ou le deuxième secteur agricole en importance dans 7 des 10 provinces du pays.
Il est aussi important de souligner que, contrairement à ce qui se passe dans d'autres administrations où les revenus des producteurs sont hautement subventionnés, les producteurs laitiers canadiens ne reçoivent aucune subvention directe et tirent leurs revenus du marché. En comparaison, par exemple, au sein de l'Union européenne, le budget stratégique agricole commun s'élève à 58 milliards d'euros, et, à lui seul, le secteur laitier a reçu 1 milliard de dollars de plus au cours de la dernière année pour compenser les très faibles prix avec lesquels les agriculteurs ont dû composer.
À ce sujet, en ce qui concerne l'annonce faite le 10 novembre dans laquelle le gouvernement a dit qu'il offrira une aide de transition relativement à l'AECG, les PLC ont été heureux de la décision du gouvernement d'investir 250 millions de dollars pour les fermes laitières et 100 millions de dollars pour stimuler les investissements dans la mise à jour des infrastructures de transformation de l'industrie laitière canadienne. Cela montre que le gouvernement reconnaît que l'accord a un impact néfaste sur le secteur laitier. Bien que nous préférerions que tout accord commercial futur n'ait aucune répercussion négative, cet ensemble de mesures crée un précédent pour les prochaines négociations commerciales, si ces dernières devaient être nuisibles pour le secteur laitier canadien.
Les mesures annoncées favoriseront la croissance de notre secteur et seront profitables à tous les Canadiens. Cependant, elles n'abordent que partiellement les dommages qui seront causés par l'AECG. Pour les producteurs laitiers, l'accord entraînera l'expropriation de jusqu'à 2 % de la production laitière canadienne, ce qui représente 17 700 tonnes de fromage qui ne sera plus produit au Canada. Cela équivaut à la production annuelle totale de la Nouvelle-Écosse, ce qui coûtera aux producteurs laitiers canadiens jusqu'à 116 millions de dollars en pertes de revenu perpétuelles.
[Français]
Je vais maintenant poursuivre ma présentation en français.
Les producteurs laitiers canadiens apprécient les actions du gouvernement dans ces deux dossiers importants. Toutefois, nous demeurons préoccupés par le fait que plusieurs de nos autres enjeux restent en suspens. En particulier, la réglementation interne et les contrôles frontaliers du Canada n'ont pas été abordés dans les mesures de transition. Or, on nous avait laissé entendre qu'ils le seraient.
Il convient de noter que, le 18 novembre dernier, le gouvernement a annoncé qu'il lançait une consultation sur les changements potentiels au Programme d’exonération des droits et au Programme d'importation pour réexportation. C'est un pas dans la bonne direction, et nous continuons d'espérer que le gouvernement prendra des mesures concrètes pour empêcher que les producteurs laitiers canadiens ne subissent d'autres dommages et qu'il montrera son plein appui au système de gestion de l'offre.
Comme l'a noté le ministre MacAulay lui-même lors de la période des questions du 14 novembre, le gouvernement n'en est qu'au début de son plan d'action pour aborder les enjeux qui touchent le secteur laitier canadien. Les producteurs laitiers canadiens sont donc impatients de voir comment le gouvernement tiendra cette promesse.
Comme l'a mentionné notre ami Jacques Lefebvre, de l'Association des transformateurs laitiers du Canada, les producteurs laitiers canadiens ont également été déçus que le gouvernement n'ait pas profité de l'occasion de cette annonce du 10 novembre pour indiquer comment les nouveaux contingents tarifaires de l'AECG seront alloués.
En ce qui a trait à l'allocation des contingents tarifaires, nous continuons d'exhorter le gouvernement à faire en sorte que seuls ceux qui seront affectés négativement par l'ouverture du marché canadien — à savoir les fromagers, dans un premier temps, et, indirectement, les producteurs de lait qui approvisionnement en lait ces fromagers — soient admissibles à une part du nouveau contingent. Par conséquent, les Producteurs laitiers du Canada, ou PLC, recommandent fortement de n'attribuer les nouveaux contingents tarifaires pour le fromage qu'aux transformateurs de fromages.
De ce point de vue, les fromagers affectés par l'accord, qu'ils soient de grande ou de petite taille, individuellement ou collectivement — et j'aimerais mentionner ici qu'un certain nombre de petits et moyens fromagers tentent de se regrouper pour se positionner en tant qu'importateurs acceptables —, devraient être traités justement et être admissibles à une part du nouveau contingent. L'attribution des contingents aux fromagers contribuera à maintenir la stabilité du marché canadien, qui est un élément important, et permettra aux fromages importés d'accéder à des réseaux de distribution établis. À notre avis, cela devrait aider à maximiser les taux d'utilisation et éviterait la spéculation et le recours à des pratiques commerciales qui auraient des effets perturbateurs sur le marché canadien. Selon nous, les fromagers canadiens sont donc les mieux placés pour importer des fromages au Canada d'une manière qui minimise la spéculation. En effet, ils n'ont aucun intérêt à affecter négativement ou à perturber leur propre marché.
De plus, bien que nous soyons d'avis qu'il est important d'attribuer les contingents tarifaires de façon à permettre aux fromagers d'établir des relations à long terme avec leurs clients et de s'assurer que la quote-part du contingent tarifaire est suffisante pour développer des affaires durables, les PLC s'opposent à l'attribution de nouveaux contingents tarifaires, soit aux détaillants ou aux distributeurs. Nonobstant la contribution économique des détaillants à l'économie du Canada, nous sommes d'avis que l'attribution à ces derniers de toute part des contingents tarifaires n'entraînera qu'une substitution des fromages canadiens par des fromages importés et ne produira aucun avantage additionnel.
En conclusion, les Producteurs laitiers du Canada veulent continuer d'être d'importants contributeurs à l'économie du Canada. Ils veulent continuer à travailler de concert avec le gouvernement afin d'assurer la durabilité du secteur laitier assujetti à la gestion de l'offre. Nous avons pris la parole publiquement à de nombreuses reprises pour préciser que nous ne nous opposons pas à l'AECG ou à tout autre accord commercial pourvu que le secteur laitier canadien ne soit pas affecté négativement. L'industrie laitière du Canada subira des conséquences négatives à la suite de l'AECG, et bien que les PLC soient reconnaissants des mesures annoncées, nous croyons qu'il reste encore beaucoup de travail à faire, ce que reconnaît le gouvernement.
Je vous remercie.
Je vous remercie de l'occasion de participer au processus actuel. Je suis partenaire et chef de la gestion de la marque de Manitobah Mukluks, une entreprise autochtone de Winnipeg. Il s'agit de la marque de bottes et de chaussures qui affiche la croissance la plus rapide au Canada. Nous produisons plus de 150 000 paires de chaussures par année et racontons notre histoire canadienne unique dans 48 pays à l'échelle de la planète. Nos produits sont vendus dans 800 magasins de détail du Canada et des États-Unis, ainsi qu'à l'échelle internationale, grâce à notre solide présence commerciale en ligne, qui représente actuellement plus de la moitié de nos activités.
Nous sommes enthousiastes au sujet de l'AECG, et ce, pour deux raisons. Premièrement, il nous permet de remplir notre mission, qui consiste à créer une marque autochtone vraiment mondiale, et, deuxièmement, cette réussite mondiale accrue nous permet d'avoir un impact plus important sur nos collectivités locales. Je tiens aussi à rappeler l'importance du changement des habitudes des consommateurs, particulièrement en ce qui concerne le commerce électronique, qui rend les marchés étrangers de plus en plus pertinents pour de plus petites entreprises comme la nôtre.
Traditionnellement, pour les petites et moyennes entreprises — et particulièrement les entreprises autochtones — l'« économie mondiale » — entre guillemets — était inaccessible. Bon nombre d'entreprises de notre taille n'ont pas la capacité et les ressources pour composer avec la complexité et les coûts associés à la création de marchés à l'étranger. Les programmes d'aide gouvernementaux comme le Service des délégués commerciaux aident assurément à éliminer certains de ces obstacles, mais, tout de même, c'est irréaliste et trop coûteux pour de nombreuses entreprises. Il y a 10 ans, Manitobah n'aurait pas pu tirer profit de l'AECG.
Dans l'économie actuelle, le commerce en ligne joue un rôle critique dans la démocratisation du commerce. Il nous permet et permet aussi à d'autres petites entreprises de tirer vraiment profit de l'économie mondiale et des avantages offerts par l'AECG. Nous pouvons maintenant servir des clients à Paris et à Londres grâce à une publicité qui nous coûte 10 ¢ et à un clic d'un client potentiel. Dans le passé, de nombreuses foires commerciales, de nombreux distributeurs et de nombreuses dépenses de voyage nous séparaient des consommateurs de Londres et de Paris. De nos jours, ils sont beaucoup plus accessibles. Une bonne partie des problèmes concrets liés à l'entrée dans des marchés ont maintenant été réglés grâce à la modification des habitudes d'achat en ligne des consommateurs. Nous pouvons maintenant livrer concurrence à l'échelle mondiale contre des compétiteurs valant plusieurs milliards de dollars, et ce, en racontant notre histoire non seulement à des auditoires locaux, mais aussi à de nombreux consommateurs européens, qui se reconnaissent dans notre histoire et notre mission.
Grâce à cette nouvelle accessibilité, des accords commerciaux comme l'AECG deviennent de plus en plus bénéfiques. Ils nous permettent de réussir à l'échelle mondiale. Actuellement, les consommateurs qui achètent nos produits canadiens en ligne doivent payer de surprenants droits de 17 % après avoir fait leur achat. Le fait d'éliminer ce tarif, comme l'AECG le promet, nous aidera à maximiser cet aspect important de nos activités. Les prix sont importants pour les consommateurs, et ces 17 % supplémentaires sont un obstacle qui peut faire la différence entre la réussite ou l'échec dans nos marchés cibles.
L'impact social que peut avoir l'accord est aussi très intéressant. Certaines de nos bottes confectionnées par des artistes qui racontent une histoire, les Storyboots, se vendent jusqu'à 1 500 ou 2 000 $. Il s'agit d'un programme de commerce équitable dans le cadre duquel les artistes autochtones reçoivent 100 % des produits de leur travail. Nous misons sur notre cadre de distribution — en ligne et en magasin — pour faire connaître ces oeuvres d'art et cette culture à un auditoire mondial. Plus on s'éloigne d'ici, plus cette culture et cet art sont appréciés et admirés. Même si 100 % des produits de la vente reviennent à l'artiste, les consommateurs en Europe ont été pris par surprise en ayant à payer un droit de plus de 200 $ pour chaque achat. Le fait d'éliminer ce droit tarifaire nous permettra d'avoir plus de succès en Europe dans le cadre de notre programme sur ces bottes qui racontent une histoire, ce qui nous aidera, par le fait même, à aider les artisans à créer des entreprises, ce qui nous permet de garder cette composante importante de notre culture vivante et dynamique.
En conclusion, en éliminant les obstacles au commerce restants et en permettant la libre circulation des marchandises, surtout les marchandises achetées en ligne, l'AECG peut permettre à des petites entreprises comme la nôtre de participer vraiment à l'économie mondiale d'une façon beaucoup plus importante.
Merci.
Monsieur le président, merci de l'occasion que vous m'offrez aujourd'hui de présenter le point de vue du secteur du commerce de détail sur l'Accord économique et commercial global. Nous sommes ravis qu'on en soit rendu à cette étape de l'étude, vu certaines des incertitudes liées, en premier lieu, au Brexit, puis à la situation de la Wallonie, dans le cadre du processus d'élaboration de l'AECG. Les détaillants sont très préoccupés par l'émergence d'un sentiment anti-libre-échange à l'échelle mondiale et par les dernières choses qui ont été dites au sujet du Partenariat transpacifique au sud de la frontière.
Dans ce contexte de plus en plus difficile, le fait de conclure un accord entre 28 États membres est une réalisation digne de mention. Les gouvernements canadiens successifs méritent beaucoup d'éloges pour être parvenus à imaginer, négocier et livrer l'AECG.
Le Conseil canadien du commerce de détail est un grand partisan du libre-échange, que ce soit grâce à des accords bilatéraux ou des accords multilatéraux comme celui-ci. Et ce, pour une raison très simple. Les accords de libre-échange éliminent les droits de douane des marchandises que nous importons. Cela nous permet, par conséquent, d'offrir des prix plus bas aux consommateurs et, idéalement, d'accroître les volumes de vente et les niveaux d'activités et d'emplois connexes.
Ces droits de douane ne sont pas du tout des coûts mineurs. Les souliers sont les principaux articles de détail obtenus en Europe, et, dans la plupart des cas, ils sont associés à des droits allant de 18 à 20 %. Dans un même ordre d'idées, la plupart des vêtements sont passibles de droits de 18 %. Bien sûr, ces droits sont eux-mêmes assujettis à la taxe de vente. Une fois tout comptabilisé, et sans même parler des taxes de vente qui seront imposées par la suite, les droits ont habituellement pour effet d'augmenter de plus de 20 % le prix payé par les consommateurs canadiens.
L'élimination des tarifs aura non seulement pour effet de réduire les prix, mais aussi d'accroître les choix des consommateurs, puisque des biens qui, sinon, ne seraient pas compétitifs, deviennent commercialisables.
En plus des détaillants qui sont favorables à la réduction des tarifs, nos membres épiciers appuient aussi beaucoup les dispositions de l'AECG sur l'augmentation de 16 000 tonnes métriques des importations de fromage européen. Je dois souligner que, contrairement à ce que mon collègue des Producteurs laitiers du Canada a dit, nous excluons la portion industrielle de ce chiffre.
Le CCCD recommande que 100 % de ce nouveau quota pour les fromages soit attribué exclusivement aux détaillants. Cela serait très avantageux, selon nous, tant pour les agriculteurs canadiens que pour les consommateurs canadiens.
Premièrement, pour ce qui est des agriculteurs, il faut réaliser un processus d'attribution, mais le CCCD propose que le processus d'attribution du quota de fromages soit fondé sur les niveaux de vente combinés des fromages importés et nationaux de l'année précédente. Le fait d'associer les attributions futures aux détaillants avec les ventes de l'ensemble de la catégorie des fromages incitera fortement les détaillants à accroître à la fois les ventes des fromages nationaux et des fromages importés. Cette mesure serait directement bénéfique pour les agriculteurs canadiens.
Deuxièmement, l'appétit des consommateurs canadiens pour les fromages a augmenté de façon importante. L'attribution directe du quota aux épiciers permettra aux détaillants de s'assurer de fournir le bon produit, aux bons consommateurs, au bon prix.
Les détaillants pourront non seulement s'assurer que le quota est utilisé pour importer des fromages demandés par les consommateurs, mais aussi — ce qui est important — ils pourront éliminer les composantes inflationnistes inhérentes au système de quota actuel fondé sur les tierces parties et réduire, selon les estimations de nos membres, de 20 à 40 % les coûts supplémentaires actuellement associés à ce système.
Monsieur le président, l'AECG se traduira par des bénéfices tangibles relativement à certains des besoins fondamentaux des consommateurs, notamment l'alimentation et les vêtements. L'accord aura pour effet de diversifier les choix et de réduire les prix payés par les Canadiens.
Nous vous encourageons fortement à soutenir et ratifier cet accord et, en effet, tout autre accord commercial bilatéral multilatéral, que ce soit avec le Royaume-Uni après le Brexit, ou avec les pays de la région Asie-Pacifique qui le veulent, maintenant que le PTP semble s'être effondré.
Merci, monsieur le président.
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Si vous me le permettez, oui.
Je ne suis pas surpris d'entendre M. Littler dire que 100 % du quota des fromages doit revenir aux détaillants. C'est la position de son organisation depuis longtemps. Nous voyons évidemment les choses d'un oeil différent à ce sujet.
Je ne suis pas d'accord avec M. Littler lorsqu'il dit que les agriculteurs sortiront gagnants si 100 % du quota est attribué aux détaillants. Selon nous, attribuer le quota de fromages aux producteurs de fromages eux-mêmes est une situation où il n'y a pas de perdants — de notre point de vue — maintenant que ces 17 000 tonnes de fromage pénétreront sur le marché canadien. Soyez-en sûrs, ces fromages arriveront sur le marché canadien. Cela ne fait aucun doute de notre point de vue.
Il ne faut pas oublier le fait que, année après année, les producteurs laitiers investissent l'équivalent de 120 millions de dollars pour promouvoir la consommation, non seulement de fromages canadiens, mais de produits laitiers au pays. Selon nous, si nous bénéficions d'une certaine croissance dernièrement, c'est en grande partie en raison des investissements des producteurs laitiers partout au pays dans le marché canadien.
De ce point de vue, nous croyons qu'il faut cibler ceux qui sont le mieux placés pour aider le secteur à croître à l'avenir, et il faut le faire en attribuant ce quota aux producteurs de fromage, et nous estimons que cette mesure sera indirectement bénéfique pour les agriculteurs, qui pourront continuer à fournir du lait aux fabricants de fromage.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins qui comparaissent devant nous aujourd'hui. Ce sera un plaisir pour moi de leur poser des questions.
Je vais commencer par parler des produits fromagers. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'il y a deux façons différentes de voir les quotas fromagers.
Il est certain qu'au Québec, on ne consomme pas les mêmes produits que dans le reste du Canada, et les Européens ne consomment pas nécessairement les mêmes produits que nous. Ils consomment, par exemple, des fromages faits à partir de lait cru. Au Canada, ce n'est pas quelque chose qui est produit.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Leduc.
Avec la façon que vous proposez qu'on reçoive les quotas, comment le Québec pourrait-il avoir une balance commerciale positive en ce qui concerne ces produits importés?
Je voulais me lancer dans la discussion entre les Producteurs laitiers du Canada et le Conseil canadien du commerce de détail au sujet des quotas de fromage.
Yves, on a reconnu, tôt dans le processus, qu'il fallait établir un mécanisme pour veiller à ce que les nouveaux venus aient accès à un pourcentage précis du fromage qui arrive afin d'alimenter les canaux d'approvisionnement dont vous parlez, puis de tenir compte du distributeur d'envergure. C'est 30 %, et vous venez de dire, Yves, que si nous avions au moins 30 %, nous pourrions... Vous l'avez. C'est écrit dans le document. Je ne vois pas pourquoi ce serait appelé à changer, alors il s'agit seulement de conclure ces ententes et d'obtenir la distribution.
Vous avez tout à fait raison de dire que le fait de produire le fromage et d'avoir accès à ce fromage va vous aider à constituer votre propre réseau de distribution. Je sais qu'un certain nombre de fabricants de fromage du Québec et du Canada atlantique ont gagné des prix et signé des contrats lors du dernier salon à Paris. Nous jouissons d'un accès illimité à l'Europe, et des prix comme ceux-là sont de fantastiques cartes de visite permettant d'établir là-bas un réseau de distribution pouvant atteindre 500 millions de consommateurs potentiels.
Je voulais seulement signaler cela.
Au sujet des mukluks, c'est une histoire fantastique, Josh. J'ai vu certains de vos produits, et ils sont haut de gamme. Je crois que c'est une occasion superbe d'assurer le transfert intergénérationnel du savoir culturel et des histoires. Vous avez parlé des Storyboots: le perlage sur celles-ci est phénoménal. Elles valent certainement 2 000 $ lorsqu'on voit tout le temps qu'il faut pour les produire.
Il y a une demande énorme pour ce type de produit culturel ayant une valeur historique, surtout en Allemagne. C'est une grosse partie de l'activité touristique de ces gens lorsqu'ils viennent au Canada. Avez-vous commencé à étudier le potentiel que vous offre ce marché?
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Merci, monsieur Sinclair.
Aux autres témoins, j'aimerais d'abord dire qu'il est fantastique de voir comment le commerce s'intègre à vos histoires respectives.
Je tiens à parler des produits laitiers et du fromage. De nombreux propriétaires de petites entreprises de ma circonscription se sont adressés à moi. Ma circonscription compte beaucoup d'Européens — des Polonais, des Portugais, des Allemands et des Italiens —, et ils viennent à mon bureau pour me demander s'il sera plus facile pour eux d'importer certains des fromages que nombre de consommateurs dans ma collectivité veulent si l'AECG est ratifié. Ces gens retournent dans leur pays pour rendre visite à des parents, ils découvrent de nouveaux fromages et veulent les apporter ici. Cet enjeu concerne vraiment M. Leduc, M. Littler et Mme Pohlmann.
J'aimerais savoir, madame Pohlmann, si la FCEI représente certains de ces petits détaillants qui aimeraient vendre ce genre de fromage de spécialité. Comment tout cela fonctionne-t-il? Que puis-je leur dire? Il s'agit vraiment de petits détaillants. Vont-ils pouvoir importer les fromages que leurs clients — des Canadiens —veulent avoir dans ma collectivité?
Allez-y, monsieur Littler.
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Merci, monsieur le président.
Il était très intéressant de voir Angela Merkel aux nouvelles, hier, parler du PTP et de l'État multilatéral ainsi que des préoccupations de certaines gens qui estiment que nous devrions retourner aux accords bilatéraux, et des dangers connexes.
C'est une chose. Nous examinons l'AECG et le PTP et nous nous interrogeons sur l'aspect multilatéral, et nous voyons aussi le fait qu'il s'agit de commerce, forcément. Par contre, le Comité ne parle jamais vraiment des autres aspects de ces accords. Il y a l'aspect de l'échange culturel entre les peuples, de l'échange sur le plan de la sécurité et de la compréhension du fait que nous appartenons à une chaîne d'approvisionnement mondiale.
Je crois que Kyle a effleuré le sujet des chaînes d'approvisionnement et du fait d'y participer. Ensuite, parce qu'on réunit des pièces de l'Allemagne et des pièces de l'Ontario, on peut faire concurrence à la Chine.
C'est juste pour savoir. Le conseil du commerce de détail doit vraiment être intéressé à savoir exactement ce qui va se produire à l'arrivée de nouveaux biens de consommation et de nouveaux produits. Va-t-on assister à un changement radical dans la circulation de marchandises venant d'autres régions du monde que de l'Asie? Allons-nous voir davantage de produits exportés à partir du Canada et de l'Europe, ou une combinaison des deux?
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Merci de poser cette question.
Je crois que la plupart des experts qui ont examiné le système juridictionnel des investissements s'entendraient sur le fait qu'il ne s'agit pas, dans les faits, d'un système judiciaire. Il s'agit d'un autre mécanisme de règlement des différends entre un investisseur et un État.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, certaines procédures ont été améliorées, par exemple des membres permanents et des mesures visant à éviter les conflits d'intérêts. Toutefois, tous les problèmes ne sont pas réglés, comme vous le verrez dans un autre témoignage à venir. Il y a toujours cet incitatif inhérent à trancher en faveur des investisseurs dans certains cas, parce que cela demeure un système de paiement à l'usage. Les arbitres ne sont pas rémunérés, et il ne leur est pas interdit, dans l'avenir, d'être à l'emploi d'un plaidant dans un différend entre un investisseur et un État.
Donc, certaines procédures ont été améliorées, mais la majeure partie demeure très similaire à ce qu'on voit dans les accords classiques sur la protection des investissements, par exemple l'ALENA. Incidemment, le Canada n'a fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire liée à cet accord. Dans certaines situations, par exemple pour ce qui a trait aux dispositions relatives au traitement juste et équitable, je dirais que la formulation de l'AECG va même au-delà de l'ALENA en ce qui concerne les normes minimales pour les dispositions relatives à la protection. D'ailleurs, celles-ci font partie des dispositions pour lesquelles il y a le plus d'abus. Elles peuvent être utilisées pour contester, comme je l'ai déjà dit, des mesures réglementaires non discriminatoires, par exemple une analyse environnementale ou un moratoire sur les parcs éoliens.
La formulation de l'AECG permet aux arbitres de prendre en considération divers éléments dans leur interprétation de ces normes de protection absolues, par exemple la différence entre une politique gouvernementale qui est appliquée de façon manifestement arbitraire et un gouvernement qui, en prenant des mesures précises, a fixé des attentes légitimes qui ont subséquemment été déçues. C'est ce genre d'argumentaire que les investisseurs utilisent et qui mène à des abus dans le cadre de l'ALENA et d'autres accords. C'est particulièrement préoccupant.