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Monsieur le président, membres du comité, je tiens à vous remercier de m'avoir invité à prendre part à vos consultations.
Je me présente. Je m'appelle Alain Lavoie et je suis président d'une PME éditrice de logiciels dans le milieu des technologies de l'information et des communications, ce qu'on appelle les TIC.
D'entrée de jeu, j'aimerais circonscrire la portée de mon intervention en affirmant que je ne suis pas un expert de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. Cependant, je suis un entrepreneur très actif dans l'écosystème québécois des TIC et je parlerai seulement en mon nom. Il s'agira de ma perception personnelle de la situation au sein de mon secteur. J'ai évidemment consulté d'autres entrepreneurs et organisations avant de me présenter devant vous aujourd'hui.
L'écosystème des TIC touche plusieurs domaines et expertises, tels les télécommunications, les équipements et, ce qui fera plus spécifiquement l'objet de mon propos, les services conseils ainsi que les solutions informatiques sur mesure et les logiciels.
Au Québec, le produit intérieur brut du secteur des TIC représentait 14,5 milliards de dollars en 2013. Entre 1997 et 2013, en raison d'une croissance annuelle moyenne de 4,4 %, le PIB du secteur a augmenté deux fois plus rapidement que le PIB total du Québec. Ce dernier, pour sa part, correspondait à un taux annualisé de 2,1 %.
Globalement, le secteur québécois des TIC a affiché des revenus de 31,4 milliards de dollars en 2012, soit une hausse de 11 % depuis 2008. Trois secteurs de l'industrie sont responsables de cette croissance notamment les services informatiques, les télécommunications et l'édition de logiciels.
Au Québec, l'industrie des TIC représente 150 000 emplois, devançant plusieurs autres secteurs d'activité économique. De plus, elle est principalement constituée de PME. En effet, les PME équivalent à 96 % des entreprises en télécommunications. D'ailleurs, selon un récent sondage de l'Association québécoise des technologies, 78 % des PME du secteur des TIC vendent sur le marché international. Cette proportion est seulement de 11 % pour les PME de tous les autres secteurs confondus. Ainsi, l'exportation des TIC québécoises représente 34 % du chiffre d'affaires des entreprises du secteur, offrant ainsi un potentiel de croissance des exportations.
Cela dit, comment l'industrie des TIC au Québec semble-t-elle accueillir l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne? En excluant les télécommunications et les équipements, dont je ne connais pas assez bien les enjeux pour en parler correctement, l'industrie des technologies de l'information accueille l'accord plutôt favorablement. Il y a cependant quelques commentaires et nuances à apporter à ce sujet.
Puisque nous avons beaucoup parlé de l'accord comme d'un instrument permettant l'élimination des droits de douane et de ses lignes tarifaires et puisqu'en général les TI n'y sont pas assujetties, nous nous sentons moins interpellés. En fait, nous faisions des affaires avant la mise en oeuvre de l'accord et nous continuerons à en faire par la suite. Nos PME devront être bien informées et surtout aidées pour profiter pleinement de cet accord.
En ce qui concerne la mobilité de la main-d'oeuvre, si cet accord peut aider nos entreprises à accélérer l'embauche de personnes en provenance des pays étrangers, nous ne pourrions qu'être ravis de cette situation.
La question des marchés publics québécois pose certaines inquiétudes puisque l'attribution des contrats en TI y est actuellement au ralenti. Il existe une insécurité chez les fournisseurs lorsqu'on parle d'ouverture des marchés publics. C'est pourquoi il sera important d'expliquer aux PME que l'accès à de plus grands marchés devrait compenser ce fait. Cette ouverture forcera les entreprises à devenir plus concurrentielles.
Finalement, l'infonuagique et la protection des renseignements personnels, qui sont particuliers dans notre secteur, devront être aussi discutés car cela risque de devenir une barrière douanière virtuelle.
Sachez enfin que les TIC sont un secteur prédominant qui peut contribuer très fortement à la croissance de la richesse et à l'entrée de nouvelles sommes d'argent au Canada. Nos PME en technologies de l'information et des communications ont le très fort potentiel de profiter pleinement de cet accord. Nos gouvernements devront les aider et faire un effort pour vulgariser l'accord à l'intention des entreprises canadiennes et québécoises, notamment des PME, et leur expliquer comment l'accord les touchera, surtout à l'égard des occasions qu'il offrira. Ces aspects ne sont pas toujours clairs pour une PME.
Comment nos gouvernements peuvent-ils le faire? Ils pourront le faire en créant des programmes pour aider les PME dans la commercialisation de leurs produits en vue de les exporter. Ils pourront aussi le faire en les informant et en travaillant avec des organisations sectorielles, comme l'Association québécoise des technologies et l'ITAC au Canada, soit l'Information Technology Association of Canada, afin de mieux faire connaître l'accord et expliquer la façon d'en profiter.
En conclusion, j'espère que mon témoignage vous a aidés à mieux comprendre les enjeux de l'un des plus beaux secteurs, que dis-je, du plus beau secteur d'activité industrielle du Canada.
Merci encore de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je tiens, à l’avance, à vous prier de m’excuser parce que je devrai vous quitter à 12 h 20, car une salle pleine d’étudiants m’attend à 12 h 30. Je tiens à vous remercier chaleureusement de cette occasion de vous faire part de mes commentaires.
Je vais aborder très rapidement cinq points que soulève le projet de loi . Tout d’abord, et cela ne vous surprendra sans doute pas, je ne crois pas que le fait que l’AECG accorde cette protection aux investisseurs étrangers soit une bonne idée dans le cas des relations entre le Canada et l’Europe. Je suis en particulier d’avis que l’inclusion du chapitre 8 et de l’article 21 du chapitre 13 de l’AECG n’est pas prudente et constitue une concession injustifiée de la souveraineté canadienne. Je ne vais toutefois pas m’attarder sur ce point maintenant parce que le mémoire que j’ai remis au comité traite en détail de cette question.
Je vais par contre m’appesantir davantage sur les quatre autres points. Le second est la formulation de l’article 9 du projet de loi qui se lit « L’Accord est approuvé. » Je crois que cela soulève une question importante. Qu’est-ce qui est vraiment approuvé? Nous savons en effet que, en Europe, des parties de cet Accord ne seront pas appliquées, même à titre provisoire, en particulier celles inscrites au chapitre 8 et à l’article 13.21 qui traitent de la protection des investissements étrangers. Nous n’avons pas de certitude sur la façon dont ces dispositions vont être accueillies en Europe, plus précisément par la Cour européenne de justice, par les États membres, etc. Il est même possible que l’Accord dans son entier ne soit jamais ratifié en Europe. Alors pourquoi l’article 9 ne dirait-il pas plutôt que l’Accord sera approuvé à titre provisoire au Canada dans la mesure où il aura été approuvé également à titre provisoire par l’Union européenne ou par ses États membres, selon le cas? Sans une formulation de ce type, le Canada pourrait approuver de façon unilatérale des parties de l’Accord, ce qui pourrait nous exposer aux coûts et aux risques des réclamations d’investisseurs étrangers alors que les autres parties à l’Accord n’auraient pas approuvé ce texte.
Cela m’amène à mon troisième point. Très rapidement, le paragraphe 8 (3) du projet de loi fait référence aux motifs de poursuite autorisés en droit canadien par le chapitre 8 de l’Accord, celui consacré aux dispositions sur la protection des investisseurs étrangers. C’est une indication de la façon dont, avec cette formulation, le Parlement pourrait en apparence approuver des réclamations unilatérales contre le Canada sans que les investisseurs canadiens disposent des mêmes droits en application de l’AECG étant donné l’approche de mise en œuvre à titre provisoire qui a été retenue.
Il se peut que le gouvernement fédéral ait la réponse qui convient sur ce point, mais avec la formulation actuelle du texte, celui-ci me semble particulièrement exposé aux critiques voulant que nous n’ayons pas précisé les parties de l’Accord que nous appliquerons, et celles que nous n’appliquerons pas.
J’en viens maintenant rapidement à l’article 11 qui confère à la ministre du Commerce international le pouvoir de nommer les membres des tribunaux institués au titre du chapitre 8 de l’Accord. Je tiens ici à souligner qu’il s’agit d’un pouvoir très important, parce que nous pourrions imaginer que les membres de ces tribunaux auront des pouvoirs pratiquement équivalents à ceux des juges de la Cour suprême puisqu’ils seront autorisés à réviser les lois adoptées, les règlements promulgués au Canada, etc. Ce sera en particulier le cas quand il s’agira de décider des répercussions budgétaires des lois, car les membres de ces tribunaux institués au titre du chapitre 8 de l’Accord disposeront alors de pouvoirs même supérieurs à ceux des juges de notre Cour suprême, et je ne crois pas exagérer. Accorder ainsi le pouvoir de nommer les membres de ces tribunaux à une seule ministre, la ministre du Commerce international, est trop restrictif et je crois que nous aurions intérêt à réfléchir à un processus plus ouvert, plus représentatif et plus transparent pour la nomination des membres de ces tribunaux, parce qu’ils vont détenir des pouvoirs particulièrement importants, beaucoup plus importants que ceux des autres personnes nommées par d’autres ministres en vertu de l’article 11.
Le dernier point, concernant le chapitre 8 de l’Accord, parce qu’on ne sait pas avec certitude ce que les Européens vont faire et qu’il est question qu’ils en fassent un processus pleinement judiciaire, mais il se pourrait aussi qu’ils retiennent la solution d’un tribunal multilatéral. Il me semble qu’on met ici la charrue avant les boeufs en approuvant avec ce projet de loi le chapitre 8 alors que nous ignorons encore ce que contiendra sa version finale. La situation pourrait être fort différente lorsque les Européens en auront fini avec ce chapitre 8. C’est pourquoi je trouve qu’il y aurait avantage à attendre pour approuver ces parties de l’Accord qui ne sont pas encore approuvées en Europe.
Je vous remercie de m’avoir offert la possibilité de vous faire part de mes préoccupations.
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Merci, monsieur le président.
Merci de m'avoir invitée à prendre la parole au nom de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, qui est l'association porte-parole des exportateurs agricoles et agroalimentaires du Canada.
[Traduction]
L'ACCA représente les fermiers, les transformateurs et exportateurs canadiens de boeuf, de porc, de grains, d'oléagineux, de légumineuses à grains, de soja, de malt et du secteur du sucre. Ensemble, les membres de l'ACCA représentent 90 % des exportations canadiennes, soit 54 milliards de dollars de produits agricoles et agroalimentaires, et soutiennent 940 000 emplois au Canada.
Afin de mieux situer l’apport important de nos secteurs à l’économie canadienne, permettez-moi de vous donner quelques chiffres. En ce qui concerne le PIB, les exportateurs canadiens de produits agricoles et agroalimentaires génèrent un PIB direct et indirect de 30 milliards de dollars pour l’agriculture et de 65 milliards de dollars pour la transformation des aliments. En ce qui concerne l’emploi, notre secteur est à l’origine de 352 000 emplois directs et indirects en agriculture, ainsi que de 588 000 emplois directs et indirects dans le domaine de la transformation des aliments.
L’apport propre de nos secteurs d’activité est similaire à l’apport direct d’autres secteurs, comme ceux des universités, des services d’investissements, et des arts et des loisirs. Il dépasse même de beaucoup celui du secteur manufacturier de l’aérospatiale.
Notre priorité est d'obtenir un accès compétitif aux marchés mondiaux grâce aux ententes commerciales. L'Europe, le Japon et la région Asie-Pacifique sont au sommet de notre liste de priorités. La plus importante pour nous est d'obtenir un accès compétitif aux marchés mondiaux grâce aux ententes commerciales. L'Europe, le Japon et la région Asie-Pacifique sont au sommet de notre liste de priorités.
D'emblée, l'ACCA a exprimé son appui et sans équivoque, en principe, à l'annonce de I’AECG, en octobre 2013. Nous étions satisfaits de l'issue positive des négociations et étions présents à Bruxelles lors de la signature de cet accord historique. L'AECG garantit un accès considérable à l'un des rares marchés multimilliardaires et le fait avant même nos concurrents principaux.
Avec une population de 500 millions de personnes, l’Union européenne est le second importateur en importance de produits agroalimentaires dans le monde. En 2014, le Canada y a expédié pour 3,2 milliards de dollars de produits agricoles et agroalimentaires. Il s’agissait essentiellement de blé, de soya, d’oléagineux, de légumineuses, d’huile de colza, d’aliments congelés et de sirop d’érable. Cela ne représente toutefois que 5 % de nos exportations totales de produits agroalimentaires. En vérité, nous devrions exporter beaucoup plus.
L’ACCA a toujours été un grand défenseur de l’AECG car les marchés de l’Union européenne pourraient présenter des avantages importants pour nos exportateurs. L’entrée en vigueur de l’Accord pourrait générer des ventes additionnelles de 600 millions de dollars de boeuf, de 400 millions de dollars de porc, de 100 millions de dollars de grains et d’oléagineux et de 100 millions de dollars de produits contenant du sucre, sans oublier un montant additionnel de 300 millions de dollars pour les fruits et les légumes transformés. Cela pourrait représenter un total de 1,5 milliard de dollars de nouvelles exportations canadiennes de produits agricoles et agroalimentaires vers l’Union européenne.
De tels résultats ne seraient possibles qu’en faisant l’hypothèse que le résultat des négociations garantisse un accès commercialement viable à ce marché. Les exportations canadiennes de produits agroalimentaires vers l’Union européenne se heurtent actuellement à des tarifs douaniers élevés, qui sont en moyenne de 14 %. Dès le premier jour d’entrée en vigueur de l’Accord, les tarifs douaniers sur près de 40 % des produits seraient éliminés immédiatement. Ceux-ci ne sont toutefois pas les seuls à intervenir dans les conditions d’accès aux marchés et, dans certains secteurs, des entraves non tarifaires jouent un rôle aussi important que la réduction des tarifs douaniers.
Avec l’AECG, le Canada et l’Union européenne se sont engagés à collaborer pour résoudre progressivement un certain nombre de questions non tarifaires. Malheureusement, il semble aujourd’hui manifeste que cet accès commercialement viable promis à tous les exportateurs ne soit pas atteint avant un certain temps, et certainement pas d’ici le moment d’entrée en vigueur de l’Accord. L’ACCA affirme depuis longtemps que pour parvenir à un accès véritable aux marchés européens, il faut que la totalité des questions concernant les barrières tarifaires et non tarifaires soit réglée avant l’entrée en vigueur de l’Accord.
Les questions qui restent en suspens à ce jour sont, entre autres, l’approbation en temps opportun des caractères biotechnologiques, l’approbation et la réévaluation des intrants des cultures et celle des systèmes de transformation de la viande. Tout au long de 2014 et de 2016, l’ACCA a insisté énergiquement pour que les processus juridiques et politiques concernant l’AECG soient menés rapidement à leur terme, tout comme les discussions techniques, afin que les avantages annoncés puissent se concrétiser sous forme d’accès commercialement viable pour nos exportateurs.
Nous avions alors annoncé que notre appui à l’entrée en vigueur de l’AECG serait fonction de la mesure dans laquelle les résultats négociés se traduiraient par des accès commercialement viables. En août dernier, nos membres ont rencontré les dirigeants d’Affaires mondiales Canada et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada pour discuter de l’intérêt du plan de mise en oeuvre de l’Accord pour les exportateurs canadiens de produits agricoles et agroalimentaires dans un effort pour tracer la voie à suivre à l’avenir.
Étant donné le temps que met l'UE à résoudre ces enjeux, l'ACCA accorde son soutien conditionnel à la mise en oeuvre de l'AECG à trois conditions.
Tout d’abord, l'ACCA accordera son soutien à la mise en oeuvre de l'AECG, avec un engagement du gouvernement du Canada à mettre en oeuvre une stratégie de plaidoyer compréhensive et financée et un plan pour les exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires de mise en oeuvre de I’AECG, pour parvenir à un accès réel. Ce plan se concentrera sur la transformation des résultats négociés en accès commercialement viable, y compris, mais non-limité, aux secteurs des grains et des oléagineux, et au secteur des viandes, ce, en établissant des groupes de travail de haut niveau.
Ensuite, l'ACCA demande que le Comité recommande, dans son rapport sur le projet de loi , que le gouvernement du Canada s'engage formellement à la mise en oeuvre du plan de l'AECG pour les exportateurs agricoles et agroalimentaires canadiens afin d'assurer un accès commercialement viable pour les secteurs agricoles et agroalimentaires. Veuillez noter que ce plan devra demeurer en vigueur jusqu'à ce que l'accès aux marchés soit réalisé et commercialement viable pour tous les exportateurs agricoles et agroalimentaires canadiens.
Enfin, l'ACCA demande au gouvernement du Canada qu'il déploie un maximum d'efforts pour résoudre les obstacles techniques dans l'intervalle, jusqu'à ce que l'Accord soit mis en oeuvre.
Pour conclure, iI reste encore beaucoup a faire. Étant donné le potentiel énorme et la collaboration que I’ACCA a toujours accordés au gouvernement, I’ACCA soutient le projet de loi ainsi que la mise en oeuvre de I’AECG selon les trois conditions énoncées ci-haut. L’ACCA se fera un plaisir de faire rapport au Comite, de façon régulière, sur les progrès réalisés pour l'accès réel au marché européen pour les exportateurs agricoles et agroalimentaires, pendant la mise en oeuvre de I’AECG.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
C’est un plaisir d’être à nouveau parmi vous. Cela ne fait pas très longtemps que nous étions venus vous rencontrer puisque c’était à l’occasion des discussions sur le PTP, qui a lui aussi des répercussions sur les produits pharmaceutiques.
Au Canada, les laboratoires de médicaments génériques, l’industrie que nous représentons, sont essentiellement des fabricants et des exportateurs de produits pharmaceutiques. Leur secteur est l’un de ceux qui engagent les dépenses les plus importantes en recherche et en développement de tous les secteurs d’activité. Nos membres exploitent les plus importantes entreprises des sciences de la vie en Ontario et au Québec et emploitent au-delà de 11 000 Canadiens hautement compétents dans les domaines de la recherche, du développement et de la fabrication.
Nous sommes de fermes partisans d’échanges commerciaux libres et ouverts, et nous exportons des médicaments génériques de qualité fabriqués au Canada dans 115 pays. Notre industrie participe également de façon importante au contrôle des coûts des soins de la santé. Les médicaments génériques servent maintenant à remplir 70 % de toutes les ordonnances au Canada, mais ne représentent que 22 % des 26 milliards de dollars que les Canadiens dépensent chaque année en médicaments d’ordonnance. Avec le coût d’une ordonnance imposant des médicaments de marque, il est aujourd’hui possible de remplir cinq ou six ordonnances de médicaments génériques.
L’entrée en vigueur de l’AECG imposera d’apporter deux modifications importantes à la législation canadienne sur la propriété intellectuelle des produits pharmaceutiques. La première concerne ce qu’on appelle les certificats de protection supplémentaire. Il s’agit de mettre en oeuvre des règles complètement nouvelles en matière de propriété intellectuelle. Celles-ci garantiront à tous les nouveaux médicaments de profiter d’une situation monopolistique sur le marché pendant deux années additionnelles. Il est important de préciser ici que les entreprises de médicaments génériques seront autorisées à exporter à partir du Canada pendant cette période de protection additionnelle. La plupart des dispositions sur la propriété intellectuelle des produits pharmaceutiques inscrites dans le projet de loi traitent de la mise en oeuvre de ces certificats de protection supplémentaire.
Le second domaine important dans lequel l’entrée en vigueur de l’AECG imposera des modifications est celui du Règlement sur les médicaments brevetés (avis de conformité), un règlement qui régit le système complexe de règlement des différends pour les produits pharmaceutiques au Canada. C’est ce qu’on appelle parfois le système de la pratique du lien avec le brevet ou encore le système de brevet du princeps. Les détails de ces réformes apparaîtront dans la réglementation dont l’ébauche ne sera publiée qu’un certain temps après que le projet de loi ait reçu la sanction royale.
L’ACMG est en faveur des grandes orientations de ces modifications, qui devraient permettre de régler des préoccupations de longue date du secteur des médicaments génériques, comme l’absence de caractère définitif des procédures et les dommages et intérêts insuffisants accordés aux parties du secteur générique qui ont été pénalisées. Cela dit, le diable se trouve dans les détails. Actuellement, nous sommes à la fois optimistes et troublés face aux modifications attendues.
Le projet de loi est porteur des plus importantes modifications législatives aux lois canadiennes sur la propriété intellectuelle s’appliquant aux médicaments génériques en plus de 20 ans. S’ajoute à cela que les dispositions indispensables pour mettre en oeuvre l’AECG, celles du projet de loi C–30, veulent aussi apporter des modifications à la Loi sur les brevets qui, dans certains cas, vont au-delà de ce qui est nécessaire pour la mise en oeuvre de l’AECG, et cela nous préoccupe.
L’ACMG a déposé auprès du greffier un mémoire recommandant d’apporter six modifications au projet de loi . En ce qui concerne les certificats de protection supplémentaire, les CPS, l’ACMG trouve que, en règle générale, les responsables ont fait un excellent travail en rédigeant des dispositions claires qui s’en tiennent à la lettre et à l’esprit des engagements pris en la matière dans le cadre de la négociation de l’AECG. Cela dit, nous avons identifié trois modifications prioritaires que nous soumettons à l’étude du Comité.
Tout d’abord, l’ACMG propose une modification qui précisera, sans l’ombre d’un doute, que les dispositions sur les CPS n’auront aucun caractère rétroactif.
Ensuite, notre association propose une modification portant sur les conditions dans lesquelles un produit mixte peut obtenir un certificat de protection supplémentaire. Nous estimons que c’est là un point de détail beaucoup trop important pour qu’il soit traité dans la réglementation.
Enfin, la troisième modification prioritaire que nous proposons vise à plafonner la durée totale du monopole d’un médicament qui peut être accordée pour un certificat de protection supplémentaire, durée qui est calculée à partir de la date d’autorisation de mise en marché. L’Union européenne et les États-Unis se sont dotés d’une telle mesure de protection.
Nous vous proposons par ailleurs d’apporter trois autres modifications au projet de loi . La première concerne ce qui nous semble des conséquences non voulues de l’abrogation de l’article 62, dont les répercussions vont au-delà du secteur pharmaceutique. Nous vous demandons de rétablir les dispositions de l’article 62.
Les deux autres modifications que nous aimerions voir apporter au texte du projet de loi tiennent aux préoccupations que nous pose le paragraphe 55.2 4) de la Loi sur les brevets, qui traite d’un aspect essentiel du règlement des différends en matière de propriété intellectuelle. L’ACMG craint que les modifications apportées à ce paragraphe facilitent l’apparition de nouveaux droits ou de nouvelles obligations importantes qui nuiraient au secteur des médicaments génériques. L’adoption de ces modifications aurait pour le moins pour effet de créer plus d’incertitude dans l’application de la législation canadienne sur la propriété intellectuelle des produits pharmaceutiques. L’AECG n’impose en rien ces modifications. Nous proposons donc, dans les deux cas, que la formulation actuelle de la loi soit rétablie.
Ce sont là des descriptions plutôt simplistes des problèmes, mais nous nous ferons un plaisir d’en traiter plus en détail si les députés y voient un intérêt. Il est bien évidemment impossible de traiter l’ensemble d’un domaine aussi important et complexe en cinq minutes.
Outre les modifications que nous vous proposons, nous serions ravis de discuter avec vous de nombre des autres aspects du projet de loi pendant la période de questions et de réponses, y compris des répercussions des nouvelles mesures sur les coûts des médicaments, et du rôle de la propriété intellectuelle des produits pharmaceutiques dans les accords commerciaux.
Si je me suis exprimé aujourd’hui en anglais, nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir aussi bien en anglais qu’en français.
Je vous remercie de votre attention.
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Je vous remercie tous de votre présence ici.
Monsieur Keon et Mme Cox, c'est un plaisir de vous revoir. Je crois que nous vous avons vus aux finances plus qu'à ce Comité, mais c'est un réel plaisir de vous voir.
Il me semble, Claire, que nous avons probablement eu la même chance.
En revenant au comité après les votes, Mme Lapointe et moi parlions des retombées, c'est-à-dire des conséquences imprévues. Souvent, on peut voir clairement ce que donnera un accord commercial et qui en profitera, mais il arrive qu'il faille attendre pour voir. Nous parlons à un nombre incroyable d'entreprises et d'organisations qui tirent parti des accords commerciaux. J'aimerais m'attarder un instant sur cet aspect.
Mme Citeau, vous représentez un grand groupe, un groupe qui est vraiment connu pour innover. Je pense que c'est aussi le cas d'autres personnes ici présentes. Est-ce que vous y voyez une égalité des chances? Comme je l'ai dit, nous examinons tous vite ce qui se passera immédiatement. Nous regardons aussi à plus longue échéance ce qui se passera quand une entreprise décroche un contrat et commence à vendre, qu'une autre la fournit, et en quoi cela aide votre organisation, renforce l'économie en ce qui concerne les gens que vous représentez. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
Madame Citeau, mes prochaines questions sont pour vous.
En ce qui concerne le secteur agricole, nous avons, en tout cas dans ma circonscription, des produits laitiers, des bleuets, du sirop d'érable, et des poissons et fruits de mer, et nous avons également de la transformation.
Prenons les bleuets, par exemple, il n'y a pas beaucoup de transformation à valeur ajoutée dans leur cas. Selon vous, quelles possibilités de valeur ajoutée pourrait-il y avoir dans la région de l'Atlantique par rapport à l'Europe?
Par ailleurs, pensez-vous que les prix pourraient baisser pour le consommateur canadien, en raison des économies d'échelle et du fait que les entreprises remboursent une hypothèque et paient leurs frais d'exploitation de façon standard? Est-ce qu'une augmentation de capacité pourrait aider à échelonner le prix et à abaisser les coûts pour le consommateur canadien?
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Nous savons que lorsque des accords de libre-échange sont mis en oeuvre, les droits de douane baissent généralement. Les obstacles non tarifaires remontent juste après, par exemple parce que des pays n'adoptent pas des normes internationales, qu'ils ne respectent pas les règles ou qu'ils trouvent des moyens flagrants et imaginatifs d'adopter des règlements qui auront un effet protectionniste et, en tout cas, une incidence commerciale pour nos exportateurs. Les pays ont le droit de prendre leurs propres règlements pour un certain nombre de raisons liées à la sécurité intérieure.
Le problème particulier auquel nous sommes confrontés aujourd'hui avec l'AECG, c'est que des obstacles non tarifaires se dressent avant même que l'accord soit mis en oeuvre. Deux domaines très précis sont actuellement concernés.
Il y a l'approbation rapide de caractères issus de la biotechnologie, d'une part, et d'autre part, l'approbation et la réévaluation rapides des intrants de culture. À cet égard, l'Union européenne s'est engagée, dans le cadre de l'AECG, à approuver rapidement ces caractéristiques et elle ne l'a pas encore fait, ce qui inquiète nos agriculteurs.
La deuxième question très précise concerne l'approbation des usines de transformation de la viande, en particulier en ce qui a trait au lavage des carcasses. Là encore, l'Union européenne s'est engagée à travailler de concert pour avancer sur ces questions avant la mise en oeuvre de l'accord, mais à l'heure actuelle, nos agriculteurs, nos producteurs de boeuf et de porc, n'ont pas l'approbation nécessaire. Si l'accord entrait en vigueur aujourd'hui, ils ne pourraient pas exporter, malgré la baisse des droits de douane.
Ce que nous demandons très précisément, c'est un engagement à avoir un plan pour l'AECG pour nos exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires, afin d'être certains que les résultats négociés prévoient vraiment un accès commercialement viable d'ici à ce que l'accord soit mis en oeuvre.