Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos témoins. Merci beaucoup de votre patience; il y avait un vote à la Chambre des communes, et nous devions y être. Nous avons seulement quelques minutes de retard, et, à ce sujet, je remercie mes collègues d'être venus ici le plus rapidement possible.
Nous poursuivons notre étude de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Nous sommes heureux d'accueillir des représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada, de la GRC, du Service canadien du renseignement de sécurité et du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. La liste des noms est longue, et je vais donc laisser chacun d'entre vous se présenter d'entrée de jeu. Chaque ministère a 10 minutes pour présenter sa déclaration préliminaire. Vous pouvez utiliser le temps qui vous est alloué comme bon vous semble.
Nous vous remercions beaucoup d'être là aujourd'hui. Je vous demande, s'il vous plaît, d'être brefs et de respecter le délai de 10 minutes afin que nous puissions ensuite passer aux séries de questions. Vous savez tous comment les choses fonctionnent. Je crois que vous avez tous déjà comparu devant un comité. J'ai bien hâte à notre discussion.
Nous allons procéder dans l'ordre sur lequel vous apparaissez dans mon ordre du jour. Nous allons donc commencer par l'Agence des services frontaliers du Canada. Vous avez un maximum de 10 minutes. Allez-y, s'il vous plaît.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Robert Mundie. Je suis le directeur général du Secrétariat général de l'Agence des services frontaliers du Canada. Je suis aussi le chef de la protection des renseignements personnels de l'ASFC. J'ai avec moi, M. Dan Proulx, qui est le directeur de notre division de l'AIPRP.
La Division de l'AIPRP est responsable de la surveillance de la fonction de protection des renseignements personnels de l'Agence, ce qui comprend l'application et le respect des exigences de la Loi sur la protection des renseignements personnels en lien avec le traitement des demandes, les interactions avec le public, les employés de l'ASFC, d'autres institutions fédérales et le Commissariat à la protection de la vie privée au sujet des enquêtes et des vérifications et la mise en oeuvre de mesures pour améliorer notre capacité de traiter les demandes liées à la protection des renseignements personnels.
Je vais décrire brièvement la fonction de protection des renseignements personnels de l'ASFC et le rendement de celle-ci en fonction des normes de service établies et je vais ensuite souligner certaines des réussites et des difficultés vécues sur le plan de l'application de la Loi.
[Français]
L'Agence des services frontaliers du Canada est responsable des fonctions frontalières relatives aux douanes, à l'exécution de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et à l'inspection des aliments, des végétaux et des animaux.
L'Agence applique et exécute deux principaux textes de loi. Premièrement, la Loi sur les douanes décrit les responsabilités de l'Agence en matière de perception des droits et des taxes sur les marchandises importées, d'interception des marchandises illégales et d'application des lois et des accords commerciaux. Deuxièmement, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés régit l'admissibilité des personnes au Canada ainsi que l'identification, la détection et le renvoi des personnes jugées interdites de territoire aux termes de la loi.
[Traduction]
L'Agence exécute aussi plus de 90 autres lois au nom d'autres ministères et organismes du gouvernement fédéral.
Monsieur le président, en raison des nombreuses interactions quotidiennes de l'Agence avec des entreprises et des personnes, pour diverses questions, le personnel de l'Agence connaît bien les demandes liées à la protection des renseignements personnels. Environ 60 employés travaillent pour la Division de l'AIPRP, dont 34 se consacrent au traitement des demandes liées à la protection des renseignements personnels et à l'accès à l'information. De plus, la division dispose, à l'interne, d'un réseau de 16 agents de liaison, qui assurent un soutien au sein des directions générales de l'Agence à l'administration centrale ainsi que dans les régions qui répondent aux demandes d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels.
Durant le dernier exercice, les dépenses de fonctionnement totales de l'ASFC pour mener à bien son programme lié à la protection des renseignements personnels et à l'accès à l'information s'élevaient à environ 5,4 millions de dollars, dont 4,4 millions de dollars pour les salaires et 1 million de dollars pour les autres dépenses. Ce montant inclut l'application de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels, puisque les activités liées aux deux lois sont réalisées simultanément.
Pour ce qui est du volume de demandes, l'ASFC a reçu un peu plus de 11 200 demandes durant le dernier exercice, soit en 2015-2016. Il s'agit du deuxième nombre de demandes en importance au sein du gouvernement du Canada. En outre, l'Agence a reçu environ 5 500 demandes relatives à l'accès à l'information.
Le nombre élevé de demandes est largement attribuable à des personnes qui demandent une copie de leur date d’arrivée au Canada. Au cours de 2015-2016, 78 % des demandes reçues par l’ASFC provenaient de personnes qui demandaient un rapport d’antécédents de voyage, lequel sert à prouver le respect des obligations relatives à la résidence dans le cadre des programmes gérés par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et par Emploi et Développement social Canada sur les demandes traitées durant le dernier exercice, l’ASFC a réussi à répondre à 88,7 % d'entre elles en respectant les délais imposés par la loi
Les analystes de l’accès à l'information dans les unités de traitement des dossiers ont directement accès à la base de données dans laquelle se trouvent les rapports d’antécédents de voyage. En outre, l’examen de ces rapports et l’application de la loi sont relativement normalisés, ce qui permet aux analystes d’achever le traitement des demandes sans devoir obtenir des représentants du ministère des recommandations sur la communication. Cela réduit considérablement le temps dont ont besoin les analystes pour traiter ces types de demandes.
[Français]
Comme il a été indiqué dans le rapport annuel de 2015-2016 soumis au Parlement par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, 88 plaintes ont été déposées contre l'ASFC auprès du commissaire à la protection de la vie privée du Canada. Étant donné le grand nombre de demandes traitées par l'Agence, il s'agit d'une très petite proportion du nombre total de demandes acheminées.
Cependant, nous aspirons toujours à mieux servir les demandeurs. Nos réussites illustrent l'engagement de l'Agence à veiller à ce que tous les efforts raisonnables soient déployés pour satisfaire aux obligations énoncées dans la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Traduction]
L'ASFC s'efforce de fournir aux Canadiens les renseignements auxquels ils ont droit de façon utile et en temps opportun, en conciliant le droit d'accès et la nécessité de protéger l'intégrité des services frontaliers, qui appuient la sécurité publique et nationale. Nous prenons très au sérieux nos responsabilités au titre de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
En terminant, nous voyons d'un bon oeil la révision de la Loi sur la protection des renseignements personnels et nous appuierons et adopterons pleinement toute nouvelle mesure présentée par le Secrétariat du Conseil du Trésor relativement aux modifications apportées à la Loi.
Je vous remercie, monsieur le président, de nous avoir donné la possibilité de formuler nos commentaires et de nous avoir accueillis aujourd'hui. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité.
:
Merci, monsieur le président, de nous donner l'occasion de prendre la parole devant le Comité pour contribuer à votre examen de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Il s’agit d’un examen important compte tenu des changements profonds qui ont touché la société et le paysage de la sécurité depuis que la Loi sur la protection des renseignements personnels est entrée en vigueur en 1983. La GRC accueille avec plaisir cet examen et est déterminée à travailler en collaboration avec l’ensemble des ministères et des organismes du gouvernement afin d'évaluer les changements de la Loi qui sont nécessaires au maintien de l’équilibre entre la protection de la vie privée et un environnement technologique en constante évolution.
Je m'appelle Rennie Marcoux. Je suis la dirigeante principale de la planification et des politiques stratégiques responsable de la sous-direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels à la GRC. Je suis accompagnée de mon collègue, le commissaire adjoint Joe Oliver, qui est responsable des opérations techniques.
[Français]
Je décrirai d'abord la structure adoptée à la GRC pour répondre aux demandes de communication de renseignements personnels. Ensuite, je ferai état de certaines des mesures que nous avons mises en vigueur pour nous assurer de nous conformer à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Enfin, je terminerai en disant quelques mots sur l'importance des renseignements pour remplir notre mandat.
[Traduction]
La GRC est divisée en 15 divisions, en plus de la direction générale, située à Ottawa, et chacune d'entre elles est dirigée par un commandant. À l'échelle locale, il y a plus de 750 détachements.
Compte tenu de la taille de notre organisation, de la diversité et de la complexité de nos activités et de la nature délicate de nos fonds de renseignements, la réponse aux demandes relatives à la Loi sur l’accès à l’information et à la Loi sur la protection des renseignements personnels constitue une tâche considérable pour notre organisme. Notamment, nous devons faire attention à la façon dont nous recueillons, utilisons et communiquons les renseignements personnels conformément à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Français]
La sous-direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels à la GRC est chargée de répondre à toutes les demandes officielles de renseignements en vertu des deux lois. En outre, la sous-direction de l'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels élabore des politiques et des procédures aux fins d'utilisation au sein de la GRC pour assurer le respect des lois, des règlements et des lignes directrices connexes.
[Traduction]
Nous avons environ 68 employés dont l’essentiel du travail est de veiller au respect des obligations de la GRC au titre de la Loi. Le quart de ces postes exige des agents de police qu’ils s’assurent que les renseignements de nature délicate liés à l’application de la loi sont bien protégés et qu’ils réduisent le besoin de procéder à des consultations chronophages auprès de nos gestionnaires de programme. Les employés sont tenus de travailler avec environ 750 agents de liaison dans nos divisions à l’échelle du Canada.
La direction de l’AIPRP coordonne la récupération et la communication des dossiers pour tout l'organisme. Les personnes-ressources dans les divisions aident à retrouver les dossiers pertinents et à veiller à ce que les employés dans les régions connaissent leurs responsabilités au titre de la Loi.
En 2015-2016, la GRC a reçu un peu plus de 5 000 demandes d’accès à l’information, et notre taux de conformité était de 82 %, comparativement à 78 % pour l’année précédente. Pour la première fois depuis l’exercice 2010-2011, la GRC a été en mesure de faire passer son taux de conformité au-dessus de la norme de 80 % établie par le Commissariat à la protection de la vie privée.
[Français]
Le rendement global de la GRC s'est amélioré au cours du dernier exercice, car nous avons clos plusieurs dossiers, réduit les arriérés et reçu moins de plaintes.
Ces résultats font suite à une revue de la charge de travail à l'échelle de l'organisation, qui a mené à la restructuration de la sous-direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels afin de répondre aux demandes de manière plus efficiente dès l'admission des demandes d'accès. Ces changements représentent une étape positive pour la GRC.
La GRC accorde une attention particulière au respect de la Loi sur la protection des renseignements personnels au moment de communiquer ces renseignements. Par exemple, les renseignements sont seulement communiqués avec consentement ou aux personnes et institutions autorisées à les recevoir. Lors de la communication de renseignements personnels, la GRC s'assure que l'organisme demandeur ou qui recevra les renseignements a l'autorisation légale pour ce faire, tout comme elle s'assure qu'elle a le pouvoir de lui divulguer cette information en vertu de la loi.
Dans le cadre de la divulgation d'informations personnelles jugées comme étant d'intérêt public, à part quelques hauts responsables au quartier général, seuls les commandants divisionnaires sont autorisés à prendre cette décision.
[Traduction]
Durant de la dernière année, dans le cadre de l’initiative de la sous-direction de l’AIPRP visant à sensibiliser tous les employés de la GRC, 21 exposés ont été donnés à plus de 200 employés pour leur expliquer leurs responsabilités en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels. La GRC conçoit des outils de formation améliorés sur la protection des renseignements personnels pour tous les employés et a examiné ses politiques et définitions liées aux renseignements personnels, y compris l’orientation à prendre en cas de publication d’information d’intérêt public.
[Français]
Un plan de formation sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels a été créé et mis en oeuvre. Le personnel chargé de l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels assiste régulièrement à des séances organisées par le Secrétariat du Conseil du Trésor et à d'autres séances de formation et ateliers dans le cadre de son perfectionnement.
La stratégie de formation encourage les employés à suivre différents cours sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels pour accroître leurs connaissances et leur efficacité comme spécialistes dans ce domaine.
Dans le cadre de leur orientation, tous les employés reçoivent une formation de cinq jours sur les deux lois quand ils se joignent à la sous-direction.
Nous mettons aussi l'accent sur la formation dans les détachements pour veiller à ce que le personnel de première ligne connaisse les obligations de la GRC en vertu de la législation fédérale.
[Traduction]
Le mandat de la GRC consiste à prévenir le crime et à appréhender les criminels. La collecte et la communication de renseignements sont essentielles à la réalisation de ce mandat. La nature dynamique et transactionnelle du crime exige aussi que nous agissions rapidement et que nous établissions des partenariats avec d'autres services de police et organismes de sécurité au Canada et à l'étranger. Le partage de l'information efficace et responsable avec nos partenaires du domaine de la sécurité est devenu de plus en plus essentiel afin de cerner les menaces et de protéger la sécurité publique.
La GRC met en application les lois du Canada en conformité avec les autorisations judiciaires appropriées. Nous adhérons aux normes de protection de la vie privée établies par le gouvernement du Canada et nous savons que nous devons travailler avec le plus grand soin lorsqu'il est question de manipuler des renseignements sensibles ou privés provenant des suspects ou des victimes.
[Français]
Nous prenons nos obligations en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels très au sérieux et nous nous efforçons d'assurer un équilibre entre ces obligations et notre priorité principale consistant à assurer la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Tout examen de la Loi sur la protection des renseignements personnels doit permettre de continuer de trouver le juste équilibre entre le besoin de protéger les droits liés à la protection de la vie privée des Canadiennes et des Canadiens et le besoin, pour les agences responsables de la sécurité, d'avoir les autorités nécessaires afin d'enquêter sur des activités criminelles et de protéger la sûreté et la sécurité des Canadiennes et des Canadiens.
[Français]
Merci encore, monsieur le président, de nous avoir donné cette occasion de prendre la parole devant le Comité.
:
Monsieur le président et mesdames et messieurs, bonjour.
Je suis heureux de comparaître devant vous ce matin en compagnie de mes collègues.
Je m'appelle Michael Peirce. Je suis le directeur adjoint du Renseignement du SCRS. Je suis responsable de la production et de la diffusion des évaluations de renseignement du Service. Je suis aussi responsable des litiges et de la communication, notamment des communications relatives à l'accès à l'information.
Laissez-moi d'abord vous remercier de m'avoir invité à participer à votre étude de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de me donner l'occasion de donner quelques explications sur la façon dont le SCRS gère les demandes qui se rapportent à cette loi.
Pour commencer, je tiens à assurer aux membres du Comité que le Service accorde une très grande importance à la protection des renseignements personnels. Et cela se reflète tant dans les activités de collecte que dans les politiques et les pratiques en matière de gestion de l’information de notre organisation. Le SCRS cherche toujours à trouver l’équilibre entre la transparence et le respect de ses exigences opérationnelles. C’est une exigence que nous tentons continuellement de respecter et que nous prenons très au sérieux.
À l’instar de toutes les autres institutions gouvernementales, le SCRS est assujetti à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Dans ce contexte, le mandat du SCRS et ses activités opérationnelles suscitent des exigences distinctes du point de vue de la protection des renseignements personnels et de l’accès à l’information. Cela dit, et pour appuyer mes déclarations, ici, aujourd'hui, j’aimerais vous donner un aperçu des documents d’autorisation du SCRS et des raisons pour lesquelles il faut prévoir des considérations spéciales pour veiller à l’intégrité du travail que nous faisons.
La Loi sur le SCRS définit clairement le mandat du SCRS. Nous sommes autorisés à recueillir des renseignements — seulement dans la mesure de ce qui est strictement nécessaire — sur les activités soupçonnées de constituer une menace pour la sécurité du Canada.
L’article 2 de la Loi définit précisément ces menaces, à savoir le terrorisme, l’espionnage, le sabotage et l’ingérence étrangère. Pour accomplir notre mission, c'est-à-dire de veiller à la sécurité nationale, nous recueillons des renseignements pour repérer et évaluer les menaces à la sécurité du Canada et y réagir. Concernant ce dernier point, le SCRS est tenu de conseiller le gouvernement en matière de sécurité nationale, notamment de communiquer des renseignements aux partenaires pour qu’ils s'en servent dans le cadre de leurs enquêtes ou de leurs mesures d’application de la loi.
Je tiens toutefois à signaler que le SCRS n'est pas un organisme d'application de la loi. Il ne jouit pas du pouvoir d'arrestation ou de détention, ne voit pas à l'application de la loi et ne prend pas de décisions de nature administrative.
En raison de nos tâches et fonctions, l'accès à des renseignements fiables et exacts est l'élément crucial du travail que nous faisons. Le SCRS comprend qu'il joue un rôle unique à cet égard et, par conséquent, ne ménage aucun effort dans la gestion et la protection des renseignements qu'il recueille.
À ce sujet, monsieur le président, en août 2015, la Loi sur la communication d'information ayant trait à la sécurité du Canada, que je désignerai sous le nom de LCISC, est entrée en vigueur. Elle autorise explicitement les ministères et organismes fédéraux à communiquer de l'information aux destinataires qui sont énumérés conformément à ses dispositions applicables. Le SCRS est l'un de ces destinataires.
Pour en assurer la mise en oeuvre, le SCRS sollicite ses partenaires de façon bilatérale, selon un ordre de priorité, pour renouveler les relations d'échange de renseignements. Cette approche pragmatique et par étapes a été adoptée pour veiller à ce que tous les paramètres touchant aux questions juridiques, aux politiques et à la protection des renseignements personnels soient pris pleinement en considération.
À l'automne de 2015, le SCRS présentait sa démarche générale visant la mise en oeuvre de la LCISC à des représentants du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. La collaboration est constructive et se poursuit.
Et maintenant, pour revenir à l’accès à l’information à la protection des renseignements personnels, je peux vous garantir que le SCRS déploie des efforts considérables pour respecter toutes les exigences redditionnelles obligatoires au titre de la Loi sur la protection des renseignements personnels et continue de maintenir une norme de rendement élevée dans le cadre de son administration.
La section de l’AIPRP du SCRS compte 15 employés qui remplissent les obligations du Service prévues par la Loi sur l’accès à l’information et la Loi sur la protection des renseignements personnels. C’est un nombre relativement petit, compte tenu de la quantité et de la complexité des demandes que nous recevons, mais ces employés ont prouvé qu’ils étaient à la hauteur de la tâche.
Durant l'exercice 2015-2016, le SCRS a reçu 1 212 demandes seulement aux termes de la Loi sur la protection des renseignements personnels, ce qui correspond à une augmentation de 149 % comparativement à l'exercice précédent. Malgré tout — et je suis fier de vous l'apprendre — le SCRS a réussi à répondre dans les délais dans 99 % des cas.
Le SCRS fait aussi partie des 32 organismes gouvernementaux qui acceptent l'envoi en ligne de demandes aux termes de la Loi sur l'accès à l'information, ce qui contribue à la hausse du nombre de demandes que nous recevons.
J'en profite aussi pour préciser que le SCRS entretient une relation très productive avec le Commissariat à la protection de la vie privée et que notre section de l'AIPRP travaille en collaboration de façon très diligente avec le Commissariat pour répondre adéquatement à toutes les plaintes reçues.
Comme vous le savez, la Loi sur la protection des renseignements personnels permet à une personne d’obtenir les renseignements qui la concernent. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver l’équilibre entre ce droit individuel et les exigences opérationnelles touchant la protection des renseignements sensibles se rapportant aux enquêtes licites.
Pour ce qui est de l'accès à l'information, il est facile de comprendre pour quelle raison il faut traiter les renseignements du SCRS de façon particulière. En effet, ces dernières ont notamment trait aux enquêtes sur les menaces qui pèsent sur la sécurité nationale et aux techniques d'enquête qui lui sont propres.
Nous devons aussi assurer la sécurité personnelle de nos employés et des sources humaines qui nous fournissent de l'information. Fait intéressant, il existe des banques d'information propres au SCRS, comme celles nommées Dossiers d'enquêtes et Évaluations de sécurité/Avis.
La majeure partie des demandes de renseignements que le SCRS reçoit visent le contenu de ces banques. Par exemple, la banque nommée Dossiers d’enquêtes contient des renseignements personnels à propos de personnes identifiables soupçonnées de participer à des activités qui constituent des menaces pour la sécurité du Canada et des personnes qui ont fourni, et fournissent toujours, des renseignements confidentiels. Il est évident qu'il faut protéger ces renseignements.
Même si, en principe, cela peut sembler simple, en pratique, il y a beaucoup de défis. Par exemple, certaines demandes proviennent de personnes qui font l’objet d’une enquête, alors que beaucoup d'autres proviennent de personnes qui ne le sont pas et qui n'ont jamais été visées par une enquête. Cependant, notre politique consiste à ne jamais confirmer ni nier l’existence de dossiers dans ces situations, puisque cela pourrait involontairement révéler l’objet de certaines enquêtes.
Il convient de noter que les demandes soumises aux termes de la Loi sur la protection des renseignements personnels sont établies et examinées au cas par cas. De cette façon, le SCRS fait tout ce qui est en son pouvoir pour trouver l'équilibre entre le droit à la communication de renseignements et la protection de la sécurité nationale, du public et de la vie privée des personnes.
J’espère vous avoir donné une bonne idée de l’équilibre avec lequel le SCRS s’acquitte de ses obligations relatives à la Loi sur la protection des renseignements personnels et de son mandat au titre de la Loi sur le SCRS. De façon générale, ces activités sont menées à l’interne et à l’externe selon le cadre de responsabilisation. Le SCRS entretient une relation ouverte avec le commissaire à la vie privée, lequel voit au respect de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Qui plus est, le SCRS mène ses activités sous la surveillance du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, le CSARS, qui fait rapport au Parlement à ce sujet.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant le Comité aujourd'hui pour discuter de ces choses, et, sur ce, monsieur le président, je termine ma déclaration préliminaire.
[Traduction]
Bonjour, monsieur le président et bonjour aux membres du Comité. Je m'appelle Stefanie Beck. Je suis sous-ministre adjointe des Services ministériels du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada.
[Français]
Je suis accompagnée de Mme Audrey White, directrice de la Division de l'accès à l'information et protection des renseignements personnels, chez nous.
[Traduction]
Nous sommes déjà venus vous parler de l'accès à l'information et nous sommes très heureux d'être de retour pour vous parler aussi de la protection des renseignements personnels. Je vous remercie beaucoup de m'accueillir ici aujourd'hui et d'accueillir aussi mes collègues. Nous sommes aussi très heureux de vous fournir le point de vue d'IRCC sur cette question importante.
Nous tenons à féliciter le Comité de son étude. Cela fait plus de trois décennies que la Loi sur la protection des renseignements personnels est entrée en vigueur, et je crois que nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il est grand temps de l’actualiser. Comme l’a fait observer au Comité le commissaire à la protection de la vie privée, les percées technologiques permettent maintenant de recueillir et de conserver des quantités considérables de renseignements. Nous devons nous assurer que notre capacité de protéger cette information reflète cette réalité.
[Français]
Monsieur le président, avant de répondre aux questions du Comité, j'aimerais donner un aperçu de la façon dont Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada fait face aux défis relatifs à la protection des renseignements personnels qui lui sont confiés. Il s'agit là d'un devoir que mes collègues et moi prenons très au sérieux.
Notre ministère comprend une direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels, qui compte environ 70 employés. De plus, nous avons un réseau de 85 agents de liaison dans les nombreuses régions et directions générales du ministère.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada reçoit davantage de demandes d'accès aux renseignements personnels que toute autre institution fédérale. En 2015-2016, notre plus récente année de déclaration, nous avons reçu 15 292 demandes d'accès aux renseignements personnels. Cette année, nous prévoyons recevoir au-delà de 16 000 demandes.
J'ai eu l'occasion de comparaître devant ce comité plus tôt cette année. Aujourd'hui, je vais concentrer mes commentaires sur la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Traduction]
Étant donné la nature de notre travail, qui exige le traitement de plus de 2,8 millions de demandes de résidence permanente et temporaire chaque année, nous recevons chaque jour une quantité considérable de documents contenant des renseignements personnels. Ces documents nous sont fournis dans tous les formats — numérique et imprimé — et même sous forme de photos.
À IRCC, la protection de la vie privée et des renseignements personnels est essentielle. Le ministère a nommé un chef de la protection des renseignements personnels qui est chargé d’assurer un leadership et une orientation stratégiques en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels. IRCC tiendra sa première Journée de la protection des données le mois prochain. Nous prévoyons accroître la sensibilisation à la protection de la vie privée et plaider en faveur de la protection des renseignements personnels au sein du personnel. IRCC offre un certain nombre d’activités de formation obligatoire et volontaire en ligne et en personne, comme des ateliers et des séances de sensibilisation. C’est un processus continu, pas un événement qui se produit seulement une fois par année, la journée même de la protection des données.
Nous avons également adopté un Cadre de protection de la vie privée qui a été largement diffusé et qui met de l'avant les pratiques exemplaires en matière de gestion des renseignements personnels à l’échelle du ministère. Ce cadre de protection de la vie privée énonce les principales responsabilités et établit un ensemble commun de normes et de procédures. Il indique les principes clés de la protection de la vie privée, comme la nécessité de limiter la collecte, l’utilisation, la divulgation et la conservation des renseignements. Il fournit également aux employés des outils leur permettant de s’assurer qu'ils remplissent leurs responsabilités et suivent les pratiques appropriées, conformément aux politiques du Secrétariat du Conseil du Trésor et du ministère.
Je vais vous donner deux ou trois exemples. Le Cadre de protection de la vie privée fournit de l’information aux employés afin de veiller à ce qu’ils soient pleinement conscients du fait que les renseignements personnels ne peuvent être recueillis que tels qu’énoncés dans les lois habilitantes d’IRCC, principalement la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la Loi sur la Citoyenneté et le Décret sur les passeports canadiens. Le Cadre met aussi l’accent sur le fait que seuls les employés possédant la cote de sécurité appropriée doivent avoir accès aux renseignements personnels, et que tout accès aux renseignements personnels doit être accordé uniquement en fonction du « besoin de savoir ». Ce n’est pas suffisant d’avoir la cote de sécurité appropriée, il faut avoir besoin de connaître l’information.
Ces principes, qui sont au coeur des pratiques de protection des renseignements personnels d'IRCC, répondent à bon nombre des préoccupations exprimées par le commissaire à la protection de la vie privée.
[Français]
En effet, les pratiques de protection de la vie privée d'IRCC sont conformes à la plupart des recommandations du commissaire quant aux changements à apporter à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Par exemple, tel qu'il a été recommandé par le commissaire, IRCC suit les politiques du Secrétariat du Conseil du Trésor ainsi que ses propres Lignes directrices sur les atteintes à la vie privée, qui exigent que toutes les atteintes à la sécurité des renseignements personnels jugées graves soient signalées au commissaire à la protection de la vie privée ainsi qu'au Secrétariat du Conseil du Trésor.
Le commissaire recommande également que les institutions gouvernementales soient tenues de réaliser des évaluations des facteurs relatifs à la vie privée pour les programmes qui sont nouveaux ou modifiés de façon importante, et de soumettre ces évaluations au Commissariat à la protection de la vie privée avant leur mise en oeuvre.
[Traduction]
Encore une fois, monsieur le président, c’est quelque chose qu’IRCC fait déjà, en suivant les politiques relatives à la protection de la vie privée du Secrétariat du Conseil du Trésor et les siennes. En outre, dans certains cas complexes, des représentants d’IRCC rencontrent des membres du Commissariat à la protection de la vie privée afin de les informer d’avance de l’initiative et de leur fournir des renseignements détaillés sur les incidences potentielles liées à la protection de la vie privée. Nous avons constaté qu’obtenir une rétroaction de façon précoce nous permet de mettre au point de meilleurs produits.
Ce ne sont là que quelques exemples, monsieur le président, de la façon dont la majorité des recommandations faites par le commissaire à la protection de la vie privée cadrent avec nos pratiques de gestion et de manipulation des renseignements personnels.
Je dois cependant mentionner qu’il y a une recommandation qui pourrait avoir une incidence opérationnelle importante sur notre travail. Comme vous le savez, monsieur le président, la Loi sur la protection des renseignements personnels donne un droit d’accès aux citoyens canadiens, aux résidents permanents et aux personnes effectivement présentes au Canada. Actuellement, les étrangers et les personnes qui se trouvent hors du Canada peuvent avoir accès à leurs renseignements personnels détenus par IRCC en faisant appel à un représentant canadien et en présentant une demande en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Nous en avons discuté la dernière fois que j’ai comparu devant le Comité et, comme vous le savez, ces gens paient un droit lorsqu'ils présentent une demande au titre de la Loi sur l’accès à l’information.
[Français]
Le commissaire à la protection de la vie privée a recommandé que les étrangers et les personnes qui se trouvent hors du Canada puissent soumettre une demande liée à leurs renseignements personnels en vertu de la loi. Cela nous préoccupe, parce qu'en raison des secteurs d'activité et du mandat international d'IRCC, cette recommandation pourrait donner lieu à une augmentation considérable du nombre de demandes relatives à la protection de la vie privée, ce qui imposerait un fardeau excessif sur nos ressources et créerait des contraintes opérationnelles considérables. Cela pourrait sérieusement compromettre notre capacité de respecter les délais de réponse aux demandes prévus par la loi.
Monsieur le président, j'aimerais vous remercier encore une fois de m'avoir invitée à présenter le point de vue d'IRCC sur ce sujet important.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
C'est une bonne question.
En ce qui concerne le critère de nécessité, je dirais que ce principe est déjà enchâssé dans nos activités quotidiennes. Nous ne recueillons pas de renseignements si nous n'avons pas le pouvoir juridique de le faire. Et nous n'utilisons pas l'information à des fins qui ne sont pas appropriées.
En théorie, un critère de nécessité semble une bonne idée, mais, en pratique, je ne sais pas vraiment comment on pourrait l'appliquer, surtout vu les immenses quantités de renseignements que nous recueillons pour réaliser nos mandats.
Quel que soit le critère, même s'il est enchâssé dans une loi, il faudrait que son application soit possible d'un point de vue opérationnel, parce que nous devons pouvoir recueillir des renseignements en temps réel. De plus, je ne sais pas quel pourrait être l'impact d'un tel critère sur les renseignements recueillis dans le passé, lorsque la loi sera adoptée. Faudrait-il retourner en arrière et appliquer le critère de nécessité ou prouver qu'on avait bel et bien besoin de recueillir l'information? Ou encore ce critère commence-t-il à s'appliquer une fois la nouvelle loi adoptée? Il y a beaucoup d'inconnues.
Ma principale préoccupation concerne les motifs opérationnels. Comment peut-on concrètement appliquer un tel critère et faire en sorte que ça marche?
:
Merci beaucoup à vous tous de votre présence.
C'est très intéressant, et il est dommage que nous ne disposions que de deux heures. Je pense que nous aurions facilement pu passer deux jours à vous poser toutes les questions.
Une des questions que je veux poser en est une que j'ai posée à d'autres organismes, mais je pense qu'elle est plus pertinente relativement aux organismes que vous représentez, puisque chacun d'entre vous fait affaire avec l'étranger. Cette question est liée à celle qu'a soulevée M. Blaikie au sujet des ententes internationales de communication.
Monsieur Oliver, vous avez souligné à juste titre qu'il est très difficile de conclure une entente avec chacune des entités situées dans un pays différent. Pour les autres organismes, je pense que c'est un peu plus facile, car ils font affaire avec une entité, mais, lorsqu'on fait affaire avec une autre administration, il pourrait y avoir plusieurs échelons d'organismes différents avec lesquels il faut traiter.
Lorsque vous faites affaire avec un autre pays avec lequel vous avez conclu une entente de communication écrite, dans quelle mesure est-ce que chacun d'entre vous êtes convaincus du fait que l'information que vous communiquez est confidentielle et qu'il y a un régime solide ou un répertoire aussi fort que le nôtre pour veiller à ce que l'information reste confidentielle, surtout quand vous avez affaire à un citoyen canadien?
La deuxième question est la suivante: si vous avez conclu une entente de communication écrite avec une entité ou une administration, il pourrait y avoir un autre pays qui a conclu un accord distinct avec cette administration, auquel nous ne sommes pas partie. Quelle garantie avons-nous que l'information que nous avons donnée à un pays — celui avec lequel nous avons conclu une entente de communication écrite — ne sera pas transmise à un autre pays, avec lequel ce pays pourrait avoir conclu une entente?
Si mes collègues veulent bien me le permettre, je souhaiterais poser quelques questions.
Bien sûr, le Canada est membre d'INTERPOL. Ma question s'adresse à ceux qui souhaiteraient parler de ce sujet.
Ceci fait suite à vos réponses, monsieur Oliver.
Au printemps dernier, en raison de certains des attentats qui ont eu lieu en Europe, INTERPOL a tenu une conférence. Pendant cette conférence, Jürgen Stock, qui était le secrétaire général, a mentionné expressément que les forces policières à l'échelon local doivent avoir accès aux renseignements communiqués par les forces policières locales et nationales de tous les pays... et que les organismes d'exécution de la loi doivent commencer à communiquer davantage ces renseignements afin qu'un réseau mondial de renseignements puisse être utilisé sans compromis et dans son entièreté par les autorités policières à l'échelle locale et nationale. Selon M. Stock, pour que notre réaction soit adaptée, elle doit aussi être mondiale. C'était là le thème de cette conférence.
Par ailleurs, le commissaire à la vie privée a formulé un certain nombre de recommandations en vue de la modernisation de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Le commissaire à la vie privée a aussi exprimé de façon assez forte certaines de ses préoccupations concernant la loi antiterroriste déjà promulguée au Canada.
Il semble y avoir des intérêts concurrentiels — ce n'est pas un secret — entre, de toute évidence, la préoccupation des citoyens à l'égard du traitement réservé à leurs renseignements privés et confidentiels et leur souhait d'être rassurés quant à leur sécurité et d'avoir la certitude que les personnes responsables d'assurer leur sécurité disposent des renseignements dont ils ont besoin pour le faire.
Ma question à l'intention des témoins qui sont ici aujourd'hui est la suivante: croyez-vous que les recommandations formulées par le commissaire à l'information soulèvent des préoccupations? Devons-nous en accomplir davantage comme pays pour faire notre part en ce qui concerne l'échange de renseignements avec des organismes par l'entremise d'INTERPOL, et d'autres organisations semblables, afin d'assurer la sécurité des Canadiens? Pouvez-vous me garantir, à titre de personne qui prend des décisions de temps à autre concernant les politiques publiques, que les citoyens dans ma circonscription, par exemple, et dans toutes les circonscriptions du pays peuvent être certains que leurs renseignements personnels et privés recueillis par le gouvernement ne seront pas compromis?
C'est une question très large, mais je souhaite connaître le point de vue d'INTERPOL.
Monsieur Oliver, je crois que vous êtes la personne la mieux placée pour répondre à cette question.
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Dans les faits, la technologie a amélioré la vie des Canadiens, et nous avons adopté la technologie plus rapidement que les populations de la plupart des autres pays. Nous sommes ceux qui passent le plus de temps en ligne. Toutefois, les progrès technologiques offrent aussi des occasions aux criminels et aux terroristes, qui peuvent aussi s'en servir.
Mener des enquêtes à l'ère numérique pose des défis particuliers aux responsables de l'application de la loi sur le plan des possibilités de recueillir des éléments de preuve, et il existe un bon nombre d'obstacles: notre capacité à intercepter certains types de renseignements, l'usage de méthodes avancées de cryptage dans des cas où nous savons que les éléments de preuve existent, l'absence de norme relative à la conservation des données au Canada, certaines technologies, comme le nuage, et le fait que des éléments de preuve puissent être enregistrés à l'extérieur du territoire canadien.
Même nous obtenons des autorisations judiciaires, même si nous nous sommes adressés à un juge et l'avons convaincu que nous croyons que des éléments de preuve se trouvent à un endroit précis et que nous l'avons convaincu que nous détenons les pouvoirs pour effectuer une fouille, certaines choses, comme le cryptage, nous bloquent. Dans les faits, le cryptage est l'une des plus importantes entraves au progrès des enquêtes à l'ère numérique.
Je ne suis pas contre le cryptage, parce que, à mes yeux, cela est du même ordre que de verrouiller ses portes et de protéger ses biens, ce que recommandent les policiers. Toutefois, quand il s'agit des attentes du public à l'égard des services de police, dans le cas où une personne commet réellement un crime dans une demeure ou un édifice et qu'il existe des renseignements confirmant le crime ou des éléments de preuve en ce sens, il est attendu que nous nous rendions sur place, recueillions les éléments de preuve et poursuivions l'enquête. Dans l'environnement numérique actuel, nous sommes sérieusement entravés par notre incapacité à franchir l'obstacle que constitue le cryptage.
En fait, même l'Association canadienne des chefs de police le reconnaît. La question du cryptage ne concerne pas seulement les cas touchant la sécurité nationale; cette question touche, entre autres, la fraude et le vol d'identité, et l'ensemble des policiers y sont confrontés. Par une de ses résolutions, l'Association canadienne des chefs de police demandait au gouvernement fédéral de promulguer une mesure législative qui donnerait aux policiers le droit de demander à un juge un mandat qui obligerait une personne à donner son mot de passe.
Dans le contexte de l'application de la loi, nous n'avons pas de pouvoir semblable à celui que peuvent appliquer les agents de l'ASFC dans la zone frontalière, que la cour a reconnu comme un environnement unique. Nous devons demander le droit et l'autorisation judiciaire pour pouvoir contraindre la production de renseignements. Même s'il s'agit d'un sujet controversé, c'est un des obstacles les plus importants auxquels nous sommes confrontés de nos jours. Je crois que la réponse devra être mesurée et transparente et qu'elle devra comprendre des éléments comme la protection des droits et la reddition de comptes s'il s'agit de permettre aux policiers d'utiliser une certaine forme de pouvoir de coercition, advenant que le gouvernement décide d'emprunter cette voie.
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Je vous remercie de votre question. Votre description de la situation est parfaitement exacte. Notre capacité de communiquer des renseignements est fondamentale à l'exécution de notre mandat, et décrire la relation avec la GRC est une façon utile d'aborder cette capacité.
Assurément, je peux affirmer sans équivoque que la relation avec la GRC n'a jamais été aussi bonne. Nous collaborons de façon très étroite. Notre collaboration s'effectue, très franchement, dans un environnement juridique difficile, parce que la protection de nos renseignements quand nous les communiquons représente tout un défi, et il est très important pour nous d'être en mesure de protéger ces renseignements en raison d'enquêtes qui sont en cours.
Quand nous communiquons des renseignements à la GRC, nous le faisons suivant une structure convenue qui régit un processus appelé « vision commune ». Grâce à ce processus, nous pouvons rencontrer les responsables de la GRC de façon régulière et discuter de l'aspect stratégique au départ. Nous présentons le portrait global en ce qui a trait à une menace et nous pouvons déterminer à cette étape qui sera responsable du dossier, qui en effectuera la gestion et de quelle façon. Dans certaines situations, quand nous faisons cela, les responsables de la GRC nous disent qu'ils souhaitent que nous leur remettions une lettre de divulgation qui mentionne tout simplement l'existence de la menace, et ce document peut être utilisé ensuite pour lancer une enquête menée par la GRC.
Dans d'autres situations, la GRC pourrait ne pas être en mesure de mener une enquête qui se situe au même niveau que la nôtre, donc, par exemple, si nous avons des sources humaines proches de la cible de l'enquête, la GRC pourrait ne pas avoir la capacité de mettre les choses en marche aussi rapidement qu'il est nécessaire de le faire, et nous devrons communiquer des renseignements plus détaillés que le simple fait de confirmer l'existence de la menace. Dans ce cas, nous communiquons les renseignements sous la forme d'une lettre d'information que nous transmettons aux responsables de la GRC afin de leur donner des renseignements additionnels qui leur permettent éventuellement, par exemple, d'obtenir un mandat au titre de la Partie VI du Code criminel pour intercepter des communications et faciliter le processus.
Toutes nos discussions avec les responsables de la GRC sont ensuite consignées dans un compte rendu dans lequel se trouvent les éléments dont on a discuté concernant le cas et les mesures qu'il a été convenu de prendre. Ensuite, les deux organisations poursuivent leur travail.
À tout moment, si un problème survient, nous sommes en mesure de reprendre la réunion et de discuter davantage de l'approche stratégique à adopter. Cette façon de faire nous permet autant que possible de protéger nos renseignements. Il y aura toujours des situations, en particulier dans le cas de menaces imminentes, où nous devons intervenir rapidement et fournir les renseignements nécessaires, et, dans ces situations, nous pourrions être appelés à communiquer des renseignements qui pourraient compromettre notre enquête. Toutefois, en cas de menace imminente, nous le ferons quand même.