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Bonjour, tout le monde. Nous avons une liste complète de témoins à faire comparaître.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 26 octobre 2016, le Comité reprend son étude du projet de loi , Loi visant l'élaboration d'une stratégie relative au programme national d'aide à la maternité et modifiant la Loi sur l'assurance-emploi concernant les prestations de maternité.
Je suis très heureux qu'Alicia Ibbitson se joigne à nous, par vidéoconférence, à titre personnel. Ici, à Ottawa, nous accueillons l'Association canadienne de soudage, représentée par Dan Tadic, directeur exécutif. Nous accueillons Roch Lafrance, secrétaire général de l'Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades.
Nous accueillons également par vidéoconférence la Dre Nicola Cherry, professeure au département de médecine de l'Université de l'Alberta. Je crois savoir que vous êtes accompagnée, là-bas, par Jean-Michel Galarneau. Je me réjouis que nous puissions vous voir tous les deux.
Aujourd'hui, nous allons commencer par Alicia Ibbitson, qui nous vient de Chilliwack, en Colombie-Britannique.
Les sept prochaines minutes sont à vous.
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Merci infiniment de prendre le temps d'entendre mon témoignage aujourd'hui. Je suis une nouvelle mère, alors on m'a demandé de prendre la parole au sujet de mon expérience.
Ma fille est née il y a quatre mois. J'ai commencé mon congé de maternité le jour où le travail a débuté, car je voulais pouvoir passer le plus de temps possible à m'occuper de mon bébé durant la première année de sa vie. Toutefois, bien des femmes n'ont pas autant de chance que moi. Il y en a qui ne peuvent tout simplement pas se permettre de vivre avec 55 % de leur salaire déjà maigre, alors elles sont poussées à retourner au sein de la population active plus tôt qu'elles le voudraient après la naissance de leur bébé.
Les recommandations que j'adresse au Comité sont formulées dans le but d'aider ces femmes à prendre le temps nécessaire pour guérir et pour s'occuper de leur nouveau-né. Même si, au Canada, d'excellentes stratégies de prestations de maternité sont en place, les femmes qui touchent un salaire inférieur à la moyenne pourraient ne pas être en mesure de profiter des prestations de maternité qui sont offertes. Elles tombent entre les mailles du filet.
Selon les dernières données de Statistique Canada, au pays, 1,5 million de femmes célibataires vivent avec un faible revenu. Un grand nombre des femmes qui font de longues heures afin de subvenir aux besoins de leur famille ne pourraient tout simplement pas vivre avec 55 % de leur salaire. Selon le rapport de 2015 de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, le coût moyen d'un logement de deux chambres en Colombie-Britannique s'élève à 1 136 $ par mois. Pour bien des femmes, cette somme représente la totalité de leurs prestations de maternité, et il ne leur resterait rien pour l'épicerie, les transports et bien d'autres dépenses qui sont associées au fait d'élever une famille.
Dans ma province — la Colombie-Britannique —, les mères célibataires reçoivent une aide à la formation professionnelle et à la garde d'enfants durant la première année qui suit leur congé de maternité. Il s'agit tout à fait d'une étape positive pour ce qui est de permettre à ces femmes d'intégrer la population active et de prospérer, mais elle ne règle pas le problème de la façon dont ces femmes peuvent joindre les deux bouts, d'un point de vue financier, pendant qu'elles prennent soin de leur nouveau-né, à un moment de très grande vulnérabilité. La gratuité scolaire n'équivaut pas au fait de toucher de l'argent pour mettre du pain sur la table.
Nombre des femmes qui répondent aux exigences relatives au nombre d'heures de travail nécessaires pour se qualifier aux fins du congé de maternité ne peuvent pas vivre grâce aux prestations d'assurance-emploi versées, alors elles retournent dans la population active plus tôt qu'elles le voudraient. Pour cette raison, je voudrais proposer au Comité d'étudier la possibilité d'offrir un taux minimal de prestations de maternité pour les mères qui ont atteint le nombre d'heures requis et d'augmenter la somme qu'elles ont le droit de toucher pendant qu'elles sont en congé de maternité en la faisant passer de 40 % à un montant maximal en dollars.
Ces femmes font au moins 600 heures de travail, ce qui peut souvent s'avérer difficile durant une grossesse. Elles déploient des efforts dans le but de faire partie de la population active et de subvenir aux besoins de leur famille, et elles contribuent au régime d'assurance-emploi par le truchement de leurs chèques de paie. Ces efforts ne sont souvent pas récompensés, car elles retournent au travail tôt et n'ont pas l'occasion de toucher les prestations de maternité pendant toute la période permise.
Ma deuxième recommandation, c'est de permettre aux familles de remplir plus tôt les documents nécessaires pour toucher la prestation fiscale pour enfants. Bien des femmes ne commencent à toucher des prestations de maternité que quelques semaines après la naissance de leur enfant, et il faut habituellement deux ou trois mois avant qu'elles touchent la prestation fiscale pour enfants. Pour ces familles, il est difficile, voire impossible, de supporter l'interruption d'entrées de fonds. Les femmes doivent donc retourner au travail ou s'endetter sur des cartes de crédit à taux d'intérêt élevés qu'elles auront de la difficulté à rembourser, plus tard.
Je propose que les documents et formulaires de demande nécessaires puissent être remplis durant les dernières semaines de grossesse de la femme afin qu'elle puisse toucher la prestation fiscale pour enfants dès que possible après la naissance de son enfant. Ce petit changement administratif pourrait faire toute la différence pour une famille aux prises avec des difficultés financières.
C'est un privilège que de vivre dans un pays comme le Canada, qui fournit une aide au revenu afin que les mères comme moi puissent se rétablir d'avoir donné naissance et rester chez elle pour prendre soin de leur nourrisson. Le problème arrive lorsqu'un pourcentage de femmes ne sont pas en mesure de profiter de ces avantages parce qu'elles touchent un faible revenu.
Quand je suis tombée enceinte, j'ai eu le choix. J'ai choisi de rester enceinte, d'avoir un enfant et de rester chez moi avec ma fille durant la première année de sa vie. J'étais appuyée financièrement par le revenu de mon époux et par les prestations de maternité de l'assurance-emploi que je touchais. Les mères n'ont pas toute l'impression d'avoir le choix de garder leur bébé en raison de limites et de difficultés financières. Dans un pays privilégié comme le Canada, c'est tragique. Nous ne pouvons pas être satisfaits de savoir que certaines femmes pourraient vouloir garder leur enfant, mais ne le font pas parce qu'elles ont l'impression de devoir décider entre leur bébé et la capacité de se procurer les nécessités de subsistance.
On devrait s'occuper des femmes qui choisissent la maternité de manière à ce qu'elles n'aient jamais l'impression de devoir décider entre le fait de garde leur bébé et d'entrer dans la pauvreté. Nous devons veiller à ce qu'elles reçoivent la liberté nécessaire pour prendre le temps de se rétablir de l'accouchement et pour prendre soin de leur nouveau-né ou de leur nourrisson chez elles durant les premiers mois cruciaux de soins et d'attachement.
Souvent, ces difficultés financières sont limitées dans le temps, alors la mère se débrouillerait bien après quelques années d'aide et de soutien et serait en mesure d'élever ses enfants de façon indépendante par la suite.
Grâce au projet de loi , nous a donné la possibilité d'élargir la portée des merveilleuses prestations de maternité que nous avons établies, afin qu'elles puissent atteindre les femmes qui en ont le plus besoin. Des femmes vulnérables dans des situations difficiles ont fait le choix de garder leur bébé, de donner naissance et d'élever des enfants. Nous devrions honorer ce choix et mettre en oeuvre des mesures de soutien pour les aider durant l'aventure que représente le fait de s'occuper d'elles-mêmes et de leurs enfants.
Merci de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
L'Association canadienne de soudage est très heureuse d'être représentée ici, aujourd'hui. Nous remercions le Comité de nous avoir invités à prendre la parole sur ce projet de loi très important, mais, avant que je commence cette déclaration, je voudrais présenter certains renseignements contextuels sur notre organisation.
L'Association canadienne de soudage est une division du Bureau canadien de soudage, un organisme sans but lucratif ayant pour mandat de promouvoir et d'appuyer l'industrie du soudage et de l'assemblage au Canada. Le Bureau canadien du soudage impose des normes nationales en matière de soudage au Canada et garde les Canadiens en sécurité grâce à l'accréditation des entreprises de soudage, à l'homologation des produits de soudage et à la qualification des soudeurs depuis près d'un siècle. L'association se compose de plus de 65 000 membres et compte 25 sections dans l'ensemble du Canada. À l'étranger, nous comptons des membres dans 80 pays.
Notre organisation appuie toutes les facettes de l'industrie du soudage, qui est essentielle au succès de l'économie canadienne. L'acier structurel et les ponts fabriqués, la construction navale, la construction de pipelines et le développement énergétique comptent parmi les industries qui utilisent notre programme d'accréditation novateur, pour un total de plus de 7 000 entreprises.
La plupart des gens ne savent pas à quel point notre monde moderne est tributaire du soudage. La main expérimentée d'un soudeur est essentielle à la création de tout: de nos voitures à nos outils chirurgicaux, en passant par nos avions, nos navires, nos stimulateurs cardiaques et nos aides auditives. Elle est également essentielle au succès d'un grand nombre d'infrastructures et de projets de mise en valeur majeurs partout au pays, comme les immeubles, les ponts, les métros, les pipelines et plusieurs autres. L'industrie du soudage apporte plus de 5 milliards de dollars à l'économie canadienne et emploie plus de 300 000 personnes.
Dans le cadre de nos travaux des dernières décennies, nous nous sommes rendu compte qu'il fallait une plus grande sensibilisation afin d'attirer davantage de Canadiens vers le travail dans cette industrie novatrice. Voilà une partie de la raison pour laquelle, en 2013, nous avons établi la Fondation de l'Association canadienne de soudage. Cette fondation a pour mandat clé d'améliorer la formation en soudage et la mobilisation des étudiants partout au Canada. En tant qu'organisme de bienfaisance enregistré, la Fondation de l'Association canadienne de soudage a élaboré des programmes qui joignent des groupes sous-représentés de l'industrie, y compris les femmes, les Autochtones, les nouveaux immigrants et les jeunes. La fondation a déjà fourni 5 millions de dollars pour financer la formation en soudage, des bourses, l'achat d'équipement et la formation des enseignants. Notre investissement cumulatif s'établira à 15 millions de dollars d'ici 2019-2020.
Tous les ordres de gouvernement prévoient investir dans des projets d'infrastructure importants, au cours des prochaines décennies. S'ajoutent à cela des investissements dans des projets de construction navale, d'exploitation minière, de construction, de transport et de pipeline, et la demande en soudeurs et en autres gens de métier ne fera que continuer de s'accroître. Compétences Canada a estimé qu'on aura besoin d'un million de travailleurs des métiers spécialisés d'ici l'an 2020.
Des recherches récentes ont également révélé qu'il est important d'équilibrer le ratio entre les hommes et les femmes dans les métiers spécialisés afin de créer une économie solide et diversifiée. L'établissement d'un ratio équilibré entre les sexes peut même faire augmenter les revenus d'environ 41 %. Les façons évidentes de diversifier le bassin de travailleurs consistent à recruter et à maintenir en poste des femmes dans les métiers spécialisés et à promouvoir leur participation. Ces étapes sont importantes en raison de l'augmentation du nombre de départs à la retraite de baby-boomers et du vieillissement de la population du Canada; de la forte concurrence au chapitre des travailleurs de métier nécessaires au Canada et à l'étranger; et des nouvelles professions qui s'assortissent d'exigences relatives aux métiers spécialisés.
Actuellement, seulement 5 % des soudeurs sont des femmes. Nous avons remarqué chez les femmes un intérêt croissant pour ce domaine, mais les expériences comme celles de la soudeuse qui ont donné lieu à la création du projet de loi témoignent d'une situation généralisée où certaines politiques peuvent dissuader les femmes d'entrer dans des domaines comme celui du soudage et d'autres métiers. Grâce à notre travail auprès des employeurs et à celui de notre fondation, nous avons investi dans des programmes qui encouragent et soutiennent les femmes afin qu'elles envisagent une carrière dans le soudage.
Par exemple, la Fondation de l'Association canadienne de soudage a récemment établi un partenariat avec les chantiers navals d'Irving, à Halifax, afin de payer les droits de scolarité et les coûts liés à l'équipement de soudage pour 18 femmes qui participent actuellement à des programmes d'apprentissage à cet endroit. En outre, en janvier dernier, nous avons tenu ici, à Ottawa, un camp de soudage d'une semaine à l'intention des mères célibataires, et nous avons lancé une série de camps d'été pour les femmes et les filles de partout au pays dans le cadre d'un effort visant à les exposer à l'industrie. Nous avons pu constater par nous-mêmes comment notre sensibilisation se traduit par une augmentation du nombre de femmes qui s'inscrivent à des programmes de soudage postsecondaires.
Le projet de loi est essentiel pour s'assurer que les futures soudeuses, ou tous les gens des métiers, ne se retrouvent pas dans une situation où ils ont des difficultés financières parce qu'ils décident d'avoir des enfants.
Nous sommes fiers du travail que nous faisons dans les collectivités partout au Canada. De l'octroi de bourses au financement de camps d'expérience en soudage, nous travaillons pour nous assurer de répondre aux besoins de l'industrie, maintenant et à l'avenir. Il y a des soudures absolument partout, il est donc important de compter sur un bon bassin de soudeurs bien formés, et cela inclut le fait d'encourager plus de femmes à pénétrer dans le domaine.
Pour conclure, permettez-moi de rappeler que nous constatons actuellement que de plus en plus de femmes s'inscrivent dans des programmes d'apprentissage de métiers partout au pays. Notre organisation continue de travailler en collaboration avec la fondation pour s'assurer d'offrir des programmes de soudage dans les écoles secondaires de partout au pays, ce qui est essentiel pour attirer plus de femmes et de membres de groupes sous-représentés dans le domaine.
Le projet de loi reconnaît la valeur liée au fait de soutenir les femmes qui ne peuvent pas travailler en raison de leur grossesse et lorsque leurs employeurs ne sont pas en mesure de prendre des mesures d'adaptation à leur égard et de les réaffecter à d'autres tâches. Le projet de loi offre une plus grande marge de manoeuvre en ce qui concerne la prise de mesures d'adaptation à l'égard des femmes enceintes, de façon à ce qu'elles n'aient pas de difficultés financières. L'adoption du projet de loi C-243 protégera les femmes enceintes et facilitera l'atteinte de notre objectif, qui consiste à encourager plus de femmes à envisager une carrière dans un métier.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Dans un premier temps, nous vous remercions de l'invitation à participer à cette consultation qui, pour nous, est assez importante.
Après avoir pris connaissance du projet de loi, nous comprenons que plusieurs objectifs sont poursuivis, mais que l'objectif principal est de mener une consultation visant la mise sur pied d'un programme pancanadien de retrait préventif pour les travailleuses enceintes. Nous sommes favorables à la tenue d'une telle consultation selon les paramètres qui sont prévus à l'article 3 du projet de loi — nous tenons à le souligner —, notamment en respectant le champ de compétence des provinces. Nous pensons, en effet, qu'il est souhaitable que l'ensemble des travailleuses canadiennes aient accès à un programme de retrait préventif de la travailleuse enceinte.
Vous savez que le Québec possède déjà un tel programme. En vigueur depuis 1981, le droit au retrait préventif de la travailleuse enceinte ou qui allaite, prévu par la Loi sur la santé et la sécurité du travail, a représenté un avancement très important pour les femmes. Il a notamment permis de mettre fin au terrible dilemme des travailleuses enceintes qui doivent choisir entre, d'une part, la nécessité de gagner un salaire afin de faire vivre leur famille et, d'autre part, le risque de perdre leur bébé ou d'hypothéquer la santé de leur enfant lorsque les conditions de travail présentent un danger.
Ce programme constitue aussi une grande avancée en matière de santé publique au Québec parce que, non seulement il a permis de protéger les travailleuses enceintes, mais il a également contribué, à cause de la nécessité de documenter scientifiquement les conditions de travail des femmes, à faire reculer le mythe selon lequel le travail des femmes est moins dangereux que celui des hommes, permettant ainsi de mieux prévenir les lésions professionnelles pour l'ensemble des travailleuses. Cette expérience, largement positive au Québec, nous incite à penser que l'intérêt public serait mieux servi si l'ensemble des travailleuses canadiennes avaient accès à un programme visant les mêmes objectifs.
Nous tenons, toutefois, à vous dire que nous ne sommes pas favorables aux changements proposés aux articles 6 et 7 du projet de loi, qui visent à créer un droit à des prestations d'assurance-emploi pour le retrait préventif d'une travailleuse enceinte. Plusieurs raisons motivent cette position.
Premièrement, le droit au retrait préventif de la travailleuse enceinte n'est pas un congé de maternité. Dans le cas d'un retrait préventif, ce sont les conditions de travail dangereuses pour la grossesse ou pour l'enfant à naître qui sont en cause, et non la grossesse elle-même. La grossesse n'est pas le problème.
C'est d'ailleurs pourquoi on tente toujours, dans un premier temps, de modifier les conditions de travail ou d'affecter la travailleuse à d'autres tâches, et non pas de lui accorder un congé. C’est une question qui relève du domaine des conditions de travail, et c'est la raison pour laquelle les coûts d'un tel régime au Québec sont entièrement couverts par les employeurs, car ce sont eux qui contrôlent les conditions de travail et ce sont également eux qui décident si la travailleuse continuera à travailler ou non.
Pour nous, le régime d'assurance-emploi n'est pas le bon véhicule pour un tel programme. Ce régime est avant tout une caisse commune d'assurance en cas de perte d'emploi. Plus on élargit sa portée, plus on risque de pervertir les fondements du régime. D'ailleurs, nous devons souligner le fait qu'intégrer un tel programme, relevant du domaine des relations de travail et des conditions de travail, dans une loi fédérale, ne respecte probablement pas le champ de compétence provinciale en cette matière.
Soulignons de plus que le projet de loi est tout à fait muet sur tout le processus permettant d'administrer un tel programme. Par exemple, que ce passe-t-il en cas de contestation du certificat médical? Rien n'est prévu. En matière d'un tel retrait préventif — et on le voit au Québec —, il est nécessaire de prévoir un processus spécifique pour traiter ces questions. Cela exige aussi une expertise particulière que l'administration du régime ne possède probablement pas.
Deuxièmement, nous voyons peu d'utilité à instaurer ce retrait préventif durant seulement les 15 semaines qui précèdent l'accouchement. D'abord, on le sait, à la suite du dernier budget, le gouvernement a annoncé son intention de porter à 12 semaines la période de prestations pour grossesse avant l'accouchement. Ainsi, le retrait préventif prévu par le projet de loi n'aurait d'utilité que durant 3 semaines supplémentaires.
Ensuite, cela créerait des distinctions tout à fait inacceptables pour nous entre des travailleuses qui occupent différentes catégories d'emploi. Par exemple, une manutentionnaire pourrait profiter de prestations pour un retrait préventif si elle ne peut soulever des charges à la fin de sa grossesse, alors que l'enseignante, qui ne doit pas être en contact avec des enfants pendant les 20 premières semaines de sa grossesse, parce qu'elle n'est pas immunisée contre le parvovirus B19, n'y aurait pas accès. Si la volonté du législateur est d'implanter un programme de retrait préventif de la travailleuse enceinte, il est absolument nécessaire que les travailleuses puissent y avoir accès lorsqu'elles sont exposées à un danger et non pas sur la base d'un calendrier. À titre d'exemple, il faut savoir qu'au Québec plus de 94 % des retraits préventifs sont accordés avant la 23e semaine de grossesse.
Donc, ces modifications ne nous semblent pas d'une très grande utilité pour la vaste majorité des travailleuses enceintes qui sont exposées à un danger dans leur milieu de travail.
Troisièmement, et je vais terminer là-dessus, l'adoption des modifications proposées à la Loi sur l'assurance-emploi ferait en sorte qu'une travailleuse enceinte bénéficiant de prestations pour un retrait préventif serait pénalisée financièrement de façon importante et, pour nous, c'est inacceptable. En effet, elle ne recevrait premièrement qu'une prestation équivalant à 55 % de son salaire, elle n'aurait aucun revenu pendant les deux semaines de carence prévues par la loi, elle n'aurait aucun droit de participer au régime d'avantages sociaux dans l'entreprise et ne pourrait en conséquence en profiter. De plus, les semaines passées en retrait préventif réduiraient d'autant les semaines de prestations courantes ou spéciales qu'elle pourrait recevoir par la suite.
En conclusion, notre organisation accueille donc favorablement le projet de consultation pancanadienne sur le droit au retrait préventif pour les travailleuses enceintes, mais nous vous recommandons de ne pas adopter les articles 6 et 7 du projet de loi qui visent à modifier la Loi sur l'assurance-emploi.
Merci.
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Je vais commencer par vous fournir quelques renseignements sur qui je suis et sur la raison pour laquelle j'ai peut-être des renseignements que le Comité trouvera utiles.
Je suis médecin, chercheure et épidémiologiste dans le domaine de la santé au travail. Actuellement, je suis la chaire tripartite de la santé au travail de la faculté de médecine de l'Université de l'Alberta.
Même si j'ai participé à plusieurs projets de recherche concernant de nombreux sujets, il y a deux périodes dans ma carrière qui sont particulièrement importantes pour les travaux du Comité.
Premièrement, j'ai participé à une étude il y a plus de 30 ans en tant que directrice associée du programme Femmes au travail de l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. Ce programme a étudié 56 000 femmes, qui ont été interviewées immédiatement après l'accouchement d'un enfant vivant ou mort-né ou après une fausse couche dans 11 hôpitaux de Montréal entre 1982 et 1984. Les données probantes tirées de cette étude ont fourni une bonne partie des données sur lesquelles a été fondé le programme de Retrait préventif des femmes du milieu de travail durant leur grossesse. Alison McDonald, qui a mené le projet, est décédée il y a quelques années, mais je serai heureuse de répondre aux questions des membres du Comité sur ce projet, ses conclusions et ses résultats.
La deuxième période de recherche concerne les travaux que j'ai réalisés en Alberta sur les gens de métier, les hommes comme les femmes, et particulièrement ceux dans les domaines du soudage et de l'électricité. La recherche a été réalisée en raison des préoccupations au sujet des effets sur l'enfant à naître du travail associé à la soudure pendant la grossesse. En Alberta, il y a eu une pénurie de travailleurs qualifiés durant la période de croissance dans l'industrie du pétrole et du gaz, et les femmes, qui étaient encore à l'époque une petite minorité, étaient de plus en plus nombreuses à entreprendre des processus d'apprentissage dans le domaine du soudage; nous croyions ainsi pouvoir recruter un grand nombre de participantes pour tirer une conclusion claire quant à savoir si l'enfant à naître était touché et, dans l'affirmative, en raison de l'exposition à quoi.
Nous avons recruté 446 soudeuses et 440 électriciennes de partout au Canada. Afin de comparer les répercussions liées au fait de travailler dans ces métiers sur la santé des travailleurs plutôt que sur l'enfant, nous avons aussi recruté des soudeurs et des électriciens de l'Alberta. L'étude est encore en cours. Nous faisons un suivi auprès des sujets pendant jusqu'à cinq ans, mais les travaux se termineront au cours des neuf prochains mois. Nous visons à étudier un total de 360 grossesses pendant la participation des femmes à l'étude et, en date d'hier, nous en étions à 344 — 181 soudeuses et 163 électriciennes. Nous allons produire un rapport en mai prochain sur les constatations découlant de ces récentes grossesses.
Jusqu'à maintenant, nous avons examiné les grossesses terminées avant que les femmes se joignent à l'étude, et il semble que le fait de travailler dans un des deux métiers, soit comme électricienne soit comme soudeuse, au début d'une grossesse, est associé à un risque accru de fausse couche. Il est aussi évident que peu de femmes dans ces métiers poursuivent leurs activités de travail jusqu'à la fin de la grossesse; 80 % avaient arrêté de travailler à la 28e semaine, les soudeuses arrêtant de travailler beaucoup plus rapidement que celles oeuvrant dans le domaine de l'électricité. En général, 43 % des soudeuses enceintes et 69 % des électriciennes enceintes avaient été réaffectées à d'autres tâches ou avaient trouvé du travail dans un autre domaine durant leur grossesse.
À la lumière de ces deux études, je crois qu'il y a de bonnes données probantes selon lesquelles un travail physiquement exigeant durant la grossesse peut être néfaste pour l'enfant à naître, et, dans certaines circonstances, pour la santé de la mère.
Par conséquent, je suis favorable à l'intention de mener des consultations sur l'élaboration d'un programme national d'aide à la maternité. J'ajouterai qu'il faut faire attention pour que les mesures mises en place n'amènent pas de la discrimination contre les femmes dans les métiers. L'objectif de la santé au travail, c'est de rendre les milieux de travail sécuritaires pour tout le monde, les femmes, y compris les femmes enceintes, ainsi que les hommes.
Notre étude actuelle, au sujet de laquelle je serais heureuse de répondre à vos questions, a été conçue afin de cerner les expositions modifiables en milieu de travail, et dans le cadre d'une discussion avec Dan Tadic et d'autres intervenants, nous pourrons formuler des recommandations au sujet des changements qui permettraient de rendre les milieux de travail plus sécuritaires pour les femmes, les hommes et, bien sûr, les femmes enceintes.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être parmi nous aujourd'hui. Je vous ai bien écoutés. Je vous remercie de l'information que vous nous avez transmise.
Durant notre dernière réunion, le , le parrain du projet de loi , a témoigné. Il a recommandé au Comité d'amender le projet de loi , parce qu'il y a deux parties dans le projet de loi. Une des mesures prévues, c'est qu'une femme enceinte pourrait utiliser l'ensemble des 15 semaines avant l'accouchement. Actuellement, une personne peut prendre jusqu'à 8 semaines plus tôt. La recommandation était de permettre aux femmes de prendre les 15 semaines d'avance. Le gouvernement a annoncé dans le budget qu'il y aurait 12 semaines plutôt que 15. Cette moitié du projet de loi est redondante, et on nous a recommandé de l'éliminer. Une bonne partie des témoignages que nous avons entendus aujourd'hui concernaient l'aspect des 15 semaines.
J'apprécie le témoignage, mais mes questions vont porter — en présumant que nous respecterons la demande de — sur la deuxième partie de son projet de loi. Si nous le modifions bel et bien pour en éliminer la première partie, la deuxième partie de son projet de loi demande la tenue d'une étude, d'une consultation en vue de créer un programme national d'aide à la maternité. C'est sur cet enjeu que porteront mes questions.
Dans l'autre portion du projet de loi — je présume qu'il sera modifié — il est indiqué que le ministre doit « tenir des consultations en vue d'élaborer une stratégie de mise en oeuvre d'un programme national d'aide à la maternité, afin de soutenir les femmes dont la grossesse les empêche de travailler et dont l'employeur est incapable de leur fournir des mesures d'adaptation ». Ces consultations pourraient inclure:
a) la demande actuelle quant à l'instauration d'un programme national d'aide à la maternité;
b) le caractère adéquat des programmes fédéraux et provinciaux existants pour aider les femmes enceintes;
c) les coûts financiers et autres liés à la mise en oeuvre d'un programme national d'aide à la maternité;
d) les avantages sociaux et économiques potentiels liés à la mise en oeuvre d'un programme national d'aide à la maternité.
Je m'intéresse beaucoup à la situation d'Alicia Ibbitson, de Chilliwack, une nouvelle maman qui vient tout juste de terminer une grossesse. Quel âge a votre bébé actuellement?
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L'Association canadienne du soudage a créé une fondation qui met l'accent en particulier sur les femmes dans le métier. Nous organisons divers événements dans le but précisément d'attirer et de recruter des femmes. L'an dernier, nous en avons organisé plus de 50, et je crois que cette année, il y en aura plus de 100. Nous participons aux Olympiades canadiennes des métiers et des technologies, et nous parlons avec des milliers de femmes et de jeunes femmes des métiers et des professions du domaine du soudage. Et nous essayons de nous faire connaître en participant à de nombreux événements. Nous recherchons activement des femmes et nous leur offrons un soutien international, lorsqu'elles en ont besoin, par exemple en finançant des bourses d'études ou en parrainant divers autres groupes.
Nous collaborons avec un organisme appelé Indspire, par exemple. Nous lui avons versé 300 000 $, sur trois ans, pour qu'il offre des bourses à ses étudiants. Nous avons aussi distribué quelque 200 bourses de 2 500 $ à des étudiants de toutes les régions du Canada.
Notre conférence annuelle, CanWeld, a eu lieu en octobre dernier à Edmonton, et nous avons assumé la totalité du coût des déplacements et de l'hébergement des 17 femmes, si je ne me trompe pas, qui y ont participé. Elles ont pu se renseigner sur ce secteur et voir, pendant l'exposition, quelques-uns des outils technologiques du métier; elles ont pu aussi discuter avec d'autres gens du métier qui ont vécu des expériences et des défis semblables.
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Nous sommes probablement l'organisme le plus engagé de tous les organismes du pays. Nous avons de nombreux membres. Nous collaborons avec plus de 400 écoles secondaires, à l'échelle du pays. Nous offrons à ces écoles des masques pour le soudage électronique, par exemple. Nous achetons de l'équipement, des fournitures, nous versons du financement, nous offrons des cours de formation aux éducateurs, nous sommes très engagés. Nous organisons tous les ans une conférence pour les professeurs de soudage. Elle aura lieu bientôt, les 29 et 30 mai, cette année, à Winnipeg. Nous nous efforçons de renseigner les professeurs sur les progrès des technologies du soudage de façon qu'ils puissent communiquer ses connaissances à leurs élèves.
Nous allons lancer cet été une nouvelle initiative qui vise à améliorer la formation en apprentissage que nous offrons dans toutes les régions du Canada. Nous voulons par ce moyen améliorer notre méthode de formation des apprentis. Cela fait des siècles que la méthode de formation en entreprise des apprentis n'a pas changé. La plupart des organisations veulent que 20 % de la formation soit offerte en classe, et 80 %, sur place, dans l'usine. C'est de cet aspect que nous voulons nous occuper. C'est là qu'il faut du soutien. Nous menons une étude sur cinq ans de la formation en apprentissage dans le but de proposer une nouvelle méthode, un nouveau mode d'apprentissage.
J'ai parlé à plusieurs politiciens à ce sujet et à diverses organisations d'apprentissage, responsables d'un programme de soudage. Le CCDA, par exemple, adore ce programme. Cet organisme est responsable des programmes du Sceau rouge à l'échelle du Canada. Il collabore étroitement avec nous, et il aime bien ce que nous faisons. Les autres intervenants du secteur aiment bien eux aussi ce que nous faisons, et ils nous soutiennent grandement. Les autres métiers pourraient s'inspirer eux aussi de ce nouveau modèle.
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Monsieur le président, je remercie l'ensemble de nos témoins.
Monsieur Lafrance, bien que le parrain du projet de loi ait décidé d'en retirer les articles 6 et 7, il me semble vraiment pertinent, pour notre comité, de déterminer d'abord ce que signifie un retrait préventif, avant même d'appuyer le fait de mener des consultations. Vous soulignez aussi que, au Québec, on a ce programme depuis 36 ans et que votre organisation a acquis une certaine expertise en la matière.
C'est la perspective que je retiens; il est important d'établir qu'un retrait préventif n'est pas un congé de maternité et que ce sont les conditions de travail qui comportent un danger et non la grossesse elle-même.
À la lumière de votre témoignage, vous m'avez rappelé que, ayant moi-même profité d'un retrait préventif, j'avais effectivement un médecin qui s'occupait spécifiquement de ma grossesse. Le médecin rattaché au centre de santé qui a évalué ma condition et émis une recommandation relativement au retrait préventif, lui, ne s'occupait pas du tout de ma grossesse.
Je considère aussi comme importante l'information que vous nous avez fournie selon laquelle le régime d'assurance-emploi n'est pas le bon véhicule à utiliser. On sait que, au Québec, ce sont les cotisations des employeurs à la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, la CNESST, qui permettent de profiter de retraits préventifs. On a souvent tendance à oublier que le gouvernement fédéral, depuis le début des années 1990, ne cotise plus à la caisse de l'assurance-emploi. Cette caisse est un véhicule que les employeurs et les employés se donnent, à l'aide de leurs cotisations, pour faire face aux cas de pertes d'emploi. Il y a aussi compétence provinciale en cette matière.
Cela m'amène à ma première question. On sait que, au Québec, il existe le programme Pour une maternité sans danger. Toutefois, j'aimerais que vous nous expliquiez, au bénéfice de mes collègues surtout, comment fonctionne le programme québécois de retrait préventif d'une travailleuse enceinte.
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C'est relativement simple. Je vous dirais que ce qu'on retrouve dans le projet de loi, c'est un peu ce qu'est le programme québécois, par exemple l'article 6 qui parle de certificat de médecin et de réaffectation.
Comme vous l'avez dit, la première étape consiste à ce qu'une femme soit suivie par un médecin pendant sa grossesse. Dans un cas où elle ou son médecin pensent qu'il peut y avoir un risque au travail, le médecin va contacter la direction de la santé publique qui a des bureaux dans toutes les régions. Il va consulter un médecin spécialisé dans ce domaine. Ce médecin va évaluer les risques, dépendant de la profession de la femme. Par exemple, on parle beaucoup des soudeuses. Si une soudeuse travaille dans un milieu qui respecte les normes de prévention prévues au Québec, l'entreprise pour laquelle elle travaille est déjà connue et des analyses environnementales ont été faites. Le médecin va pouvoir utiliser ces données pour connaître quels sont les produits auxquels cette travailleuse est exposée et il va se demander s'il y a un danger pour sa grossesse ou pour l'enfant à naître. Il y a donc des analyses particulières. S'il n'y en n'a pas eu dans cette entreprise, très rapidement, en quelques jours, des techniciens ou des analystes seront envoyés pour faire ces analyses en milieu de travail.
Une fois le poste analysé, le médecin spécialisé dans le domaine va recommander au médecin traitant d'autoriser ou non un retrait préventif à partir d'une semaine spécifique de grossesse. Le retrait sera-il immédiat ou plus tard? Le médecin va alors délivrer un certificat. La travailleuse le présentera à son employeur qui va décider s'il peut modifier son poste pour enlever les risques. Sinon, la travailleuse sera affectée à un autre travail où elle ne sera pas exposée au risque. Si l'employeur ne peut pas ou ne veut pas — il n'est pas obligé —, la travailleuse va cesser de travailler et c'est la CNESST qui va l'indemniser. L'indemnisation est équivalente à 90 % du salaire net, non imposable. Elle n'ampute en rien les prestations de maternité ou parentales auxquelles cette travailleuse aurait droit par la suite.
Je tiens quand même à souligner que parmi les retraits préventifs acceptés, il y en a moins de la moitié qui sont des retraits complets du travail. Environ un quart sont des réaffectations. La travailleuse va continuer à travailler à un poste modifié ou à un autre. Pour environ un autre quart de ces retraits, les travailleuses seront d'abord en réaffectation pendant une certaine période avant d'être en retrait total. Ce ne sont donc pas toutes les travailleuses qui vont être retirées totalement de leur milieu de travail. Cela dépend. Dans le projet de loi à l'étude, on parle des 15 dernières semaines de grossesse. Au Québec, 95 % des retraits préventifs sont accordés avant cette période. Il faut donc évaluer le danger quand il est présent. Prenons l'exemple de risques bactériologiques dans le cas d'une épidémie de rougeole. Si, parmi les travailleuses des hôpitaux pour enfants et celles des garderies, il y en a qui ne sont pas immunisées, il faut réagir tout de suite. Il ne faut pas attendre 15 semaines avant la fin de la grossesse. Il sera trop tard.
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Je suis désolée, je ne savais pas que la question m'était adressée.
Dans une certaine mesure, comme M. Lafrance l'a dit, c'est à l'employeur de réaffecter ses employés. Si l'employeur ne désire pas garder une femme au travail, il ne fera pas grand-chose pour lui trouver un autre poste. Nous avons constaté que les réaffectations sont beaucoup moins nombreuses chez les soudeurs et les électriciens, peut-être en raison de la nature spécialisée de ce travail... Un soudeur est très bien payé, il fait un travail spécialisé. Il se peut que, dans un atelier de soudage, il n'existe pas d'autres tâches qu'il est possible de confier à une femme en fin de grossesse.
Et nous n'avons pas encore parlé de la différence, essentiellement, entre les exigences physiques de cet emploi et l'exposition aux substances chimiques. Une femme qui est soudeuse, même si elle peut être réaffectée à un autre poste où elle n'aura pas à faire du soudage proprement dit, une tâche exigeante sur le plan physique, sera quand même exposée à des émanations. Cela aussi, c'est un problème.
Je suis certaine que Dan Tadic peut aussi en parler.
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Merci à tous d'être venus témoigner devant le Comité aujourd'hui.
J'étais charpentier dans mon ancienne vie, et j'étais également professeur de soudage. J'enseignais à des jeunes comment souder, et j'en tire une certaine fierté. Je pouvais leur montrer la base de la soudure, mais probablement rien à votre niveau, monsieur Tadic.
Je crois que ça me réconforte de voir qu'on s'intéresse à cette question. Souvent, je crois que les femmes prennent leur décision à propos de leur carrière en prenant en considération les dangers pour leur santé ou leur bébé, même deux ans d'avance, ou peu importe. Elles choisissent de faire quelque chose de différent ou elles vont quitter leur corps de métier.
Je me demandais quel pourcentage de vos membres sont des femmes actuellement. Le nombre ou le pourcentage a-t-il beaucoup augmenté?
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Ma première intervention est plutôt un commentaire.
Madame Ibbitson, merci beaucoup pour les deux recommandations que vous avez faites par rapport à l'interprétation concernant les congés de maternité, l'aide à l'enfance et le besoin d'avoir des fonds additionnels spécialement conçus pour des familles à faible revenu.
Nous avons examiné cela au Comité permanent de la condition féminine. Je vois que beaucoup de choses, ici, sont liées. Peut-être pourrions-nous partager certains rapports.
[Traduction]
Ma première question s'adresse à M. Tadic.
J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs représentants de l'association de soudage, et je sais que vous avez fait un travail fantastique pour bâtir une relation avec les ouvrières qualifiées.
Vu le travail accompli par l'association de soudage, qu'avez-vous fait pour essayer de convaincre d'autres industries d'engager davantage d'ouvrières qualifiées? Comme vous l'avez mentionné, le fait d'avoir davantage d'ouvrières dans l'avenir offre des perspectives de croissance économique.
:
Je crois que nous prêchons par l'exemple. Nous interagissons avec d'autres organisations et d'autres industries, d'autres programmes. Nous sommes extrêmement chanceux, puisque nous sommes une organisation très bien financée; nous sommes en mesure de mettre en oeuvre des programmes que d'autres organisations ne pourraient pas. Parfois, on nous prend pour des chefs de file dans ce domaine, mais il y a d'autres organisations qui ne sont pas aussi bien financées. En conséquence, elles n'ont pas nos moyens et ne sont pas en mesure de recruter d'aussi bons employés.
Il est important de souligner notre travail avec Compétences Canada à ce chapitre. Nous avons pu financer des étudiants capables de compétitionner autant au Canada que sur la scène mondiale, par exemple. Je ne suis au courant d'aucune autre organisation qui soit capable de faire ce genre de choses pour promouvoir son industrie.
Nous avons des liens avec toutes les écoles de soudage au pays, et nous communiquons régulièrement avec elles. Nous avons également un organisme de certification pour le soudage; nous visitons ces écoles et voyons en direct comment elles forment leurs soudeurs et soudeuses. Nous nous mobilisons beaucoup plus que la plupart de nos autres collègues dans l'industrie.
Une chose que j'aimerais recommander, si c'est possible, ce serait d'offrir un supplément de revenu aux soudeuses, par exemple, ou aux autres ouvrières, qui sont réaffectées par leur employeur à un emploi moins bien payé. Au lieu de toucher 20 $ ou 30 $ de l'heure, peut-être qu'elles ne vont plus toucher que 15 $ de l'heure; c'est pourquoi le reste pourrait être versé par un programme d'assurance-emploi. Je crois que ce serait bon de prendre cela en considération.
[Français]
Monsieur Lafrance, le Canada a beaucoup à apprendre du système au Québec. Je ne veux pas nécessairement parler des articles 6 et 7 et des compétences provinciales — on aurait peut-être un désaccord sur ce point —, mais de l'importance d'envisager un système de prestations.
Présentement, nous avons un système de prestations d'emploi. Cependant, dans certains comités, dont le Comité permanent de la condition féminine, il a été question du statut des femmes des pays européens. On y trouve un système de prestations de soins qui ne sont pas nécessairement liées à l'assurance-emploi.
Pouvez-vous nous dire si vous envisagez d'élaborer de tels éléments? Au Québec, le système n'est pas nécessairement lié à l'emploi, ce sont plutôt des prestations de soins.
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Au Québec, on ne parle pas d'emploi; on veut plutôt savoir si la travailleuse est exposée à un risque, s'il y a un danger pour sa grossesse ou pour l'enfant à naître. On ne se pose pas de question, on la retire de son travail, on l'affecte à d'autres tâches et si l'employeur ne l'affecte pas à d'autres tâches, elle est payée par la Commission.
Je tiens à souligner une chose importante. Tous les employeurs du Québec paient une cotisation pour l'ensemble de leurs employés, femmes ou hommes. Certains employeurs acceptent d'affecter la travailleuse à un autre poste, un poste moins payant. Dans ce cas, la travailleuse garde le droit de toucher le même salaire. Autrement, ce serait une perte pour elle. L'employeur, quant à lui, est remboursé pour les frais supplémentaires. C'est donc une incitation aussi pour l'employeur. Le régime prévoit cela.
Si un employeur doit débourser 10 000 $, par exemple, parce qu'il y a un changement de poste, il est remboursé par le régime.
Mme Cherry, un peu plus tôt, a dit que c'était un régime coûteux, Je tiens à souligner que tout est relatif. Je vous donne des chiffres. Au Québec, le régime de retrait préventif coûte 0,2 % de la masse salariale. Si on prend les chiffres de l'assurance-emploi, il me semble — parce qu'on n'a pas les mêmes taux au Québec — que c'est 3,9 % au Canada. Ce ne sont donc pas des coûts excessifs, et plus les employeurs vont accepter de réaffecter les travailleuses, moins ce le sera.
Une travailleuse réaffectée ne coûte pas très cher. Ou elle touche le même salaire et cela ne coûte rien, ou il y a une différence salariale et l'ensemble des employeurs paie pour l'employeur qui accepte de réaffecter la travailleuse. Ce sont des éléments importants, il ne faut pas que la travailleuse soit pénalisée. Si elle subit une baisse de salaire, elle va aussi être pénalisée en ce qui a trait aux prestations d'assurance-emploi plus tard. Il est important qu'il n'y ait pas de pénalité.
Vous parlez des systèmes européens. En France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, cela fonctionne un peu comme au Québec. En effet, la première chose qu'on tente de faire est de maintenir la travailleuse en emploi, de corriger et d'enlever les risques. Elle ne doit pas subir de perte ni perdre des avantages futurs. Intégrer cela dans le régime d'assurance-emploi actuellement est un problème.
On parle de 15 semaines actuellement. Admettons qu'on allonge la période encore plus.
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Merci, monsieur le président.
On parle de 0,2 % de la masse salariale pour que les femmes aient accès à 90 % de leur salaire. Je vais le retenir.
Monsieur Lafrance, vous avez dit dans votre présentation, et vous l'avez bien démontré, que l'expertise particulière nécessaire pour administrer un programme de retrait préventif n'était pas présente au sein de l'administration du régime d'assurance-emploi.
Y a-t-il dans les autres provinces l'équivalent de notre CNESST?
J'essaie de déterminer, si nous nous dirigeons vers une consultation pancanadienne, ce qu'on va nous dire dans les autres provinces sur toute la question de l'administration à partir du régime actuel.
Pourriez-vous nous donner plus de détails sur cette question?
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Je vais commencer par le Québec. Comme je vous le disais plus tôt, un médecin de la direction affectée à la santé publique évalue le risque. Il détermine donc si, oui ou non, c'est dangereux. C'est le système au Québec. Il faut comprendre que ce ne sont pas des médecins relevant de la Commission qui indemnise les travailleurs et travailleuses accidentés qui jugent le risque, mais bien des médecins du réseau public.
Je ne sais pas comment les choses fonctionnent dans chacune des provinces, mais il est évident qu'il y a des médecins en santé publique un peu partout au Canada. En Ontario, cela relève maintenant du ministère du Travail, alors qu'au Québec, cela dépend de la CNESST. Il existe divers niveaux, mais dans toutes les provinces, il y a assurément des médecins spécialisés en santé au travail, qu'ils fassent partie du ministère du Travail, du ministère de la Santé ou d'organismes plus particuliers.
On dit que le régime actuel qu'administre l'assurance-emploi ne dispose pas des ressources nécessaires, mais il reste que l'ensemble de ces ressources se trouvent dans les provinces.
Comment l'agent de l'assurance-emploi va-t-il déterminer si le certificat est valide et s'il se tient sur le plan médical?
Il faut absolument qu'un médecin puisse examiner cela. Or les médecins ne relèvent pas du fédéral, mais des provinces. Ils sont dans les régions, les hôpitaux, les cliniques communautaires ou, au Québec, dans les centres locaux de services communautaires. Pour être en mesure de déterminer l'impact qu'une situation peut avoir sur une grossesse, il faut faire appel à un médecin. Or le ministère, au niveau fédéral, n'a pas cette expertise à l'heure actuelle.
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Il existe deux retards. Le premier touche le moment où l'on reçoit les prestations de congé de maternité. Je sais que c'est la règle générale lorsque vous présentez une demande d'assurance-emploi. Vous n'avez pas le droit de présenter votre demande de prestations de congé de maternité avant d'avoir arrêté de travailler, le jour où vous cessez de travailler. Dans mon cas, j'ai rempli les formulaires en plein travail. J'ai commencé mon congé cette journée-là. J'ai travaillé le matin de la journée où mon enfant est né.
Vous pouvez remplir les formulaires, mais vous recevez ensuite vos prestations quelques semaines plus tard. Dans mon cas, j'ai accouché le 3 décembre et j'ai reçu mes prestations au début de janvier. C'est un retard lié, en réalité, à l'approbation.
Le deuxième retard se produit lorsque vous recevez votre prestation fiscale pour enfants; c'est une allocation mensuelle par enfant que nous recevons. J'ai reçu la mienne après plus de deux mois. Au lieu de remplir les documents avant la naissance de l'enfant, sachant que nous en aurions un, nous avons dû attendre jusqu'à ce qu'elle naisse avant de pouvoir remplir les documents. Il y a eu ensuite la période d'attente de deux mois avant que nous ne recevions la prestation fiscale pour enfants.
Un très faible nombre de grossesses prennent fin aussi tard, alors si on pouvait en réalité remplir les formulaires de quatre à huit semaines avant la date prévue de la naissance, cela réduirait, on l'espère, ce retard.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Lafrance, vous avez dit que les changements proposés à la Loi sur l'assurance-emploi ne sont pas d'une grande utilité, même si les articles 6 et 7 ont été retirés par le parrain du projet de loi. On en a parlé ici. Cela doit faire partie de notre réflexion dans le cadre d'une consultation.
Vous avez insisté sur le fait qu'il est important de ne pas pénaliser les femmes. C'est d'autant plus important qu'en général, les femmes ont un salaire moindre. Il faut voir cela dans la perspective de l'ensemble d'une carrière. Si, à plusieurs reprises dans leur carrière, les femmes se retrouvent à avoir des congés de maternité qui les pénalisent financièrement à chaque fois, ce ne sera pas mieux.
J'aimerais mieux vous comprendre. En fait, comment une modification peut-elle être utile?
[Français]
Je remercie le Comité de m'accorder la parole. Je vais en profiter.
J'ai déjà été enseignant en soudage pendant près de 20 ans. J'ai travaillé avec des groupes de femmes, des groupes spécialisés en intégration pour les femmes. On a souvent parlé d'intégration en milieu scolaire, mais aussi de femmes pouvant être enceintes, même pendant la formation. Nous avons été formés pour accompagner ces femmes.
Par la suite, je suis devenu chargé de projet dans le domaine de la construction. Je devais travailler autant avec les menuisiers qu'avec tous les corps de métier. Il y avait des chantiers dans lesquels il y avait de 16 à 20 corps de métier différents, dont les femmes font de plus en plus partie. Il y a là des préoccupations, et la santé et la sécurité au travail sont aussi très importantes.
Ma question porte sur des cas particuliers. Pensez-vous qu'il y aurait place, dans le projet de loi C-243, pour des exceptions telles que l'exposition à la radiation, aux rayons X et aux rayons ultraviolets dans les corps de métier? En effet, les trois premiers mois sont cruciaux pour le développement du foetus.
Ma question s'adresse autant à M. Lafrance qu'à M. Tadic.