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Bonjour, mesdames et messieurs.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 26 octobre 2016, le Comité entreprend l'étude du projet de loi , Loi visant l'élaboration d'une stratégie relative au programme national d'aide à la maternité et modifiant la Loi sur l'assurance-emploi (prestations de maternité).
Bienvenue, monsieur Gerretsen. Nous vous remercions d'être ici aujourd'hui. Nous commencerons immédiatement. Vous aurez 10 minutes pour livrer votre exposé et nous vous poserons ensuite des questions jusqu'à midi. À ce moment-là, nous suspendrons brièvement les travaux.
À notre retour, nous accueillerons les représentants du ministère de l'Emploi et du Développement social, en particulier M. Andrew Brown, qui est déjà ici, je crois. Bonjour. M. Brown aura également 10 minutes pour livrer son exposé, et nous lui poserons des questions pendant le reste de l'heure.
Avant de commencer, j'aimerais souhaiter la bienvenue à la députée Pam Damoff au sein de notre comité. Nous vous remercions de remplacer M. Long.
Monsieur Gerretsen, vous avez 10 minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier les membres du comité de m'avoir invité à comparaître et de prendre le temps de discuter de mon projet de loi d'initiative parlementaire.
J'aimerais également prendre quelques instants pour vous présenter mon assistant, Steven Patterson, qui nous aide grandement dans ce projet de loi depuis le début. Lorsqu'il a commencé à travailler sur le projet de loi, il était encore un étudiant de quatrième année à l'Université Queen's. Il m'a récemment fait savoir qu'il entrera dans une école de droit. Je savais que j'allais le perdre à l'automne. Je crois qu'il a autant le droit de s'asseoir à cette table que moi.
Je serai bref, monsieur le président, afin de laisser le plus de temps possible aux questions du comité. Tout d'abord, j'expliquerai les raisons pour lesquelles j'ai présenté ce projet de loi et ensuite, je proposerai quelques amendements potentiels pour tenir compte de certains des événements qui se sont produits dans le budget d'hier.
Ce projet de loi a été inspiré par Melodie, une électrice de ma circonscription. C'est là où tout a commencé. J'aimerais vous rappeler brièvement l'histoire de Melodie, car son histoire a attiré l'attention sur une lacune du système d'assurance-emploi et m'a inspiré à présenter ce projet de loi.
Melodie est soudeuse dans ma collectivité. Au milieu de l'année 2014, elle est tombée enceinte, et comme de nombreuses autres futures mères, elle a consulté un médecin, afin de s'assurer qu'elle prenait toutes les précautions nécessaires à une grossesse en santé. Après avoir décrit ses dangereuses conditions de travail, Melodie s'est fait dire par son médecin qu'elle ne pourrait pas travailler durant sa grossesse, car son métier de soudeuse posait un risque trop grand pour le bébé à naître.
Elle a communiqué avec son employeur, une entreprise de construction navale bien établie et réputée de Kingston, mais malheureusement, celui-ci n'a pas pu la réaffecter ou modifier ses tâches de manière à atténuer le risque. Obligée de cesser de travailler, Melodie a fait une demande de prestations de maladie de l'assurance-emploi, laquelle a été acceptée.
Cette situation présente quelques problèmes, le premier touchant au fait que Melodie était enceinte et non malade. Le deuxième, c'est que les 15 semaines de prestations ont pris fin bien avant que Melodie puisse officiellement commencer son congé de maternité. Pendant deux mois et demi, Melodie a attendu de recevoir les prestations de maternité auxquelles elle avait droit. Cette interruption de revenu lui a causé de graves ennuis financiers qui lui ont fait perdre sa maison et lui ont fait vivre une grande détresse psychologique.
Lorsque Melodie a communiqué avec mon bureau au début de 2016, nous avons fait des recherches et constaté que la principale source du problème était un règlement en vertu de l'article 22 de la Loi sur l'assurance-emploi, qui stipule qu'une femme, quelle que soit sa situation, doit attendre huit semaines avant la date prévue de son accouchement avant de pouvoir toucher des prestations de maternité.
Pour des femmes comme Melodie, qui occupent des emplois dans lesquels il est dangereux de travailler pendant les premières étapes de la grossesse, cette restriction peut aboutir à de longues périodes sans aucun revenu.
C'est l'histoire de Melodie qui me pousse à présenter ce projet de loi. En effet, je crois fermement qu'aucune femme ne devrait se retrouver dans sa situation. Au Canada, en 2017, aucune femme ne devrait avoir à choisir entre garder son emploi de rêve et fonder une famille.
Des données probantes démontrent que les femmes sont toujours largement sous-représentées dans les métiers spécialisés, la construction, l'ingénierie, les sciences, le maintien de l'ordre et de nombreux autres métiers qui seraient touchés par ce projet de loi. Par l'entremise de ce projet de loi, mon objectif est d'éliminer les obstacles auxquels font face les femmes qui souhaitent occuper l'un de ces métiers soi-disant non traditionnels. Nous devons penser aux façons d'équilibrer les règles du jeu, afin que les femmes aient une chance égale de participer à tous les secteurs de la main-d'oeuvre.
Monsieur le président, je suis heureux de constater qu'on a pris des mesures rigoureuses pour atteindre cet objectif dans le budget de 2017. Plus précisément, dans le budget d'hier, on propose de permettre aux femmes de recevoir des prestations de maternité jusqu'à 12 semaines avant la date prévue de leur accouchement — comparativement aux huit semaines actuelles — si elles le souhaitent. Même s'il y a quelques petites différences entre cette mesure et mon projet de loi, les changements proposés hier offrent exactement le type de souplesse dont j'ai fait la promotion dans mon projet de loi .
J'aimerais maintenant entamer la deuxième partie de mon exposé, c'est-à-dire que je proposerai certains amendements à mon projet de loi. À la lumière des changements proposés dans le budget de 2017 et en tenant compte du fait que tous les députés ont l'occasion de voter sur cette question, j'encourage vivement les membres du comité à voter contre les dispositions du projet de loi sur l'assurance-emploi qui se trouvent dans les articles 6 et 7.
De plus, le conseiller juridique parlementaire a recommandé que le comité adopte des amendements qui modifieraient le préambule en éliminant les lignes 19 à 23 à la page 1 et un amendement qui modifierait le titre à « Loi visant l'élaboration d'une stratégie relative au programme national d'aide à la maternité ».
Aujourd'hui, je présente ces amendements au comité. Je peux les fournir au président qui pourra ensuite les faire parvenir à l'analyste ou à la greffière. Ces changements ne toucheraient pas à la première partie du projet de loi, c'est-à-dire celle sur la stratégie nationale. En effet, cette partie demande au ministre de l'Emploi d'élaborer une stratégie complète pour veiller à ce que la grossesse ne représente pas un obstacle à la participation égale et complète des femmes dans tous les volets de la main-d'oeuvre. Pour être honnête, cette partie a toujours été la plus importante du projet de loi, car les modifications à l'assurance-emploi représentaient seulement une première étape, et non une solution finale.
La stratégie donnera au gouvernement le mandat de mener de vastes consultations et d'envisager des solutions à long terme plus complètes. Elle précise des échéances et une liste d'intervenants à consulter. De plus, l'article 3 énumère cinq conditions fondamentales que l'étude doit couvrir.
Selon ce que disent les experts, je crois qu'il s'agit de domaines que le Comité pourrait améliorer.
En terminant, je tiens à répéter les raisons pour lesquelles, à mon avis, il est très important de mener ce débat et d'élaborer une stratégie. En effet, de nombreuses discussions sur l'égalité entre les sexes au sein de la main-d'oeuvre se concentrent sur l'augmentation du nombre de femmes dans des professions comme médecin, avocate, dirigeante d'entreprise et politicienne. Même si ces conversations ont de bonnes intentions, je crois qu'elles négligent souvent le fait qu'un grand nombre de femmes comme Melodie souhaitent devenir des travailleuses de la construction, des électriciennes, des mécaniciennes, des maçonnes, des menuisières, des machinistes, des chaudronnières ou des soudeuses, entre autres.
La stratégie nationale proposée dans le projet de loi représente une occasion d'inclure davantage ces femmes dans les conversations sur l'égalité entre les sexes.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Gerretsen, nous vous remercions de votre projet de loi.
J'appuie le projet de loi en principe. Toutefois, j'aimerais vous poser plusieurs questions, tout d'abord sur votre suggestion d'éliminer les articles 6 et 7 de votre projet de loi, car ils semblent être redondants en raison des annonces faites dans le budget. Votre projet de loi demandait 15 semaines. Une femme enceinte est admissible à 15 semaines, et votre projet de loi permettrait à une femme enceinte d'utiliser ces 15 semaines selon ses besoins, si elle travaille dans un domaine à risque élevé.
Ce que j'ai entendu dans le cadre de mes discussions avec mes électeurs et les Canadiens sur ce sujet, c'est que chaque grossesse est différente. Nous avons cinq enfants, et c'est tout à fait vrai. Toutefois, si une femme juge que sa grossesse est à risque, et qu'elle est admissible à ces 15 semaines, elle pourrait prendre huit semaines plus tôt, mais vous dites qu'il faut lui permettre de prendre les 15 semaines au complet si la grossesse est à risque parce qu'elle travaille dans un domaine à risque élevé.
Les femmes que je consulte me disent que si une grossesse est à risque, il faut permettre à la femme enceinte de prendre les 15 semaines, selon ce qui fonctionne le mieux pour elle. Si une femme est admissible aux 15 semaines, pourquoi ne les prendrait-elle pas? Pourquoi devrait-elle être une conductrice de chariot élévateur, une soudeuse, etc.? Il faut permettre aux femmes de choisir.
Vous laissez entendre que vous n'avez pas besoin de proposer 15 semaines, car le gouvernement accordera 12 semaines. Pourquoi le gouvernement ne donnerait-il pas 15 semaines si les femmes sont admissibles à 15 semaines? Pourquoi réduit-il cette période de trois semaines?
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Merci d'avoir posé la question.
Peu importe sa situation, une femme aura droit à ses 15 semaines, car c'est déjà prévu dans la Loi sur l'assurance-emploi. Actuellement, elle peut seulement prendre huit semaines avant la date prévue de son accouchement, et les autres sept semaines doivent être prises après cette date. C'est la façon dont fonctionne la loi actuelle. Toutefois, je propose de donner aux femmes la possibilité de prendre les 15 semaines avant la date prévue de leur accouchement si elles se retrouvent dans les circonstances que vous avez décrites.
Le gouvernement, par l'entremise de son budget, propose de leur permettre de prendre 12 semaines avant cette date, au lieu de 15 semaines. À mon avis, il a décidé de faire cela parce que la date prévue de l'accouchement d'une femme pourrait être différente de la date à laquelle l'accouchement se produit. Donc, si la date prévue de son accouchement est le 8 juin, mais qu'elle n'accouche pas avant le 15 juin, par exemple — et j'utilise seulement l'expérience de ma femme —, elle pourrait épuiser ses congés, car elle a pris ses 15 semaines avant la date à laquelle elle pensait qu'elle accoucherait, mais au bout du compte, elle a accouché une semaine plus tard. Cela permet de prévoir une zone tampon. C'est mon interprétation.
Vous vous souvenez peut-être aussi que le Président a dit que ce projet de loi nécessiterait une recommandation royale en raison de sa deuxième partie, surtout la partie au sujet de l'assurance-emploi, et cela permettrait donc d'éviter et de réduire ce type de situation ou d'éliminer les conditions qui posent problème. Je crois qu'éliminer l'exigence de la recommandation royale est un excellent compromis et que cela aidera les femmes, car elles auront maintenant le droit de prendre 12 semaines plutôt que 8 semaines avant la date prévue de l'accouchement. Ensuite, l'étude, qui constitue la première et la plus grande partie du projet de loi, traitera un grand nombre des autres questions que vous vous posez, par exemple: « Pourquoi n'obtiennent-elles pas plus de temps? » Au bout du compte, vous avez raison. À mon avis, elles devraient avoir droit à plus de temps.
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Merci de vos questions, monsieur Robillard. Je vais y répondre en anglais.
[Traduction]
La raison d'être du projet de loi a toujours été que les prestations d'assurance-emploi et leur flexibilité sont secondaires à la tentative de l'employeur de réaffecter une personne.
Cela a toujours été l'intention, et dans le cadre de différentes discussions que j'ai eues et dans les diverses versions du projet de loi, le but était toujours que l'employeur essaie d'abord de trouver d'autres réaffectations. Dans la situation particulière de ma concitoyenne, Melodie, elle n'a pas pu être réaffectée à un autre poste car son employeur n'avait pas d'autres activités pour elle.
Pour répondre à la première partie de votre question, cela a toujours été l'intention.
Pour répondre à la seconde partie de votre question concernant le modèle du Québec, la stratégie demande précisément que l'étude se penche sur la façon dont d'autres provinces et pays versent les prestations de maternité. Le modèle du Québec est un modèle très rigoureux dont toutes les autres provinces devraient s'inspirer.
Nous avons passé du temps à étudier ce modèle. Un projet de loi d'initiative parlementaire est très limité, car on ne peut pas générer de nouvelles dépenses, si bien que nous ne pouvons pas faire bien des choses que le modèle permet de faire. Cependant, nous vous encourageons vivement, dans le cadre de votre étude, à examiner le modèle du Québec et d'autres modèles utilisés dans le monde.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord remercier mon collègue d'avoir déposé ce projet de loi.
Les femmes occupent maintenant leur place sur le marché du travail. Nous représentons 50 % de la population et, par le fait même, 50 % des gens qui travaillent. Il faut absolument que les différents gouvernements mettent en place des mesures pour que les femmes ne subissent pas de préjudice du fait que ce sont elles qui portent les enfants.
Je suis maman de quatre enfants. Comme je suis du Québec, j'ai pu bénéficier du programme de retrait préventif. Il faut absolument que les femmes ne soient pas pénalisées sur le marché du travail à cause de leur grossesse.
Je suis quelqu'un qui regarde le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Dans le budget d'hier, on passe d'un congé 8 à 12 semaines avant la date prévue de l'accouchement, ce qui effectivement est une bonne nouvelle. Cependant, on ampute votre projet de loi des articles 6 et 7, si j'ai bien compris, et je trouve cela dommage. On aurait pu tenter de porter ce congé à 15 semaines avant l'accouchement, tel que prévu dans ces articles.
J'étais là lors des discussions à la Chambre sur votre projet de loi. À plusieurs reprises, on a parlé du programme du Québec. Pendant plus de 10 ans, j'ai été directrice d'un organisme communautaire d'hébergement. Comme dans beaucoup de lieux de services, c'était toutes des femmes qui y travaillaient, à l'exception de un ou deux intervenants. Elles ont eu droit à un retrait préventif dès la 14e semaine de leur grossesse. En effet, selon le programme du Québec, dès que le travail d'une femme comporte un danger pour sa santé, on fait une étude de son poste de travail. Ensuite, on voit s'il est possible qu'elle change de poste chez le même employeur en gardant les mêmes conditions de travail et le même salaire, même si le poste comporte moins de responsabilités. Si, finalement, il n'est pas possible qu'elle reste dans ce milieu de travail, ce programme lui permet, pendant les cinq premiers jours, de continuer à recevoir un salaire de son employeur. Après cette période, elle recevra 90 % de son salaire.
On a tout intérêt à continuer à travailler très fort à l'échelle fédérale. Toutes les Canadiennes dans toutes les provinces méritent d'avoir un tel programme.
Monsieur Gerretsen, notre comité doit faire des efforts pour que votre projet de loi aille de l'avant. Certes, votre programme national d'aide à la maternité est intéressant, mais les Canadiennes ont besoin de plus que des consultations, elles ont besoin d'actions concrètes pour améliorer leur condition.
Pourquoi ne continuons-nous pas à nous battre pour maintenir les 15 semaines et l'intégralité de votre projet de loi?
Lorsque j'ai été élu pour la première fois, au fédéral, il y a de cela un an et demi, j'ai su très rapidement que j'allais devoir présenter un projet de loi d'initiative parlementaire, et cette idée m'est immédiatement venue à l'esprit. J'ai dit: « Nous allons changer le monde et le régime d'assurance-emploi, et nous allons y arriver. » J'ai très rapidement découvert que je ne pouvais pas générer de dépenses, ce qui a anéanti un grand nombre de mes rêves.
Toutefois, j'ai respecté le système qui prévoit qu'un projet de loi d'initiative parlementaire ne peut pas générer de nouvelles dépenses et je me suis fixé l'objectif de mettre en place un cadre permettant la tenue d'une discussion à ce sujet. Si vous cherchez une personne pour poursuivre cette bataille, je serai certainement cette personne jusqu'à ce que nous puissions dire que 50 % des travailleurs dans les secteurs des métiers sont des femmes parce qu'elles en ont fait le choix et le veulent.
Le modèle du Québec est un excellent exemple à suivre. L'un des volets qu'il convient de souligner dans le modèle du Québec, le programme de libération anticipée, c'est qu'il comporte un modèle précis pour les prestations de maternité. C'est un système qui a été mis en place pour aider plus particulièrement avec ce type de situation, alors qu'à l'échelle nationale, c'est la Loi sur l'assurance-emploi. C'est une loi qui couvre toute une série de questions différentes en lien avec l'assurance-emploi.
La première chose que Melodie a faite lorsqu'elle a su qu'elle était enceinte a été de prendre un congé de maladie. Elle n'était pas malade; elle était enceinte. Le système que nous avons actuellement en place n'appuie pas la nature changeante du marché du travail et le fait qu'il y a plus de femmes qui veulent occuper des métiers et qui veulent travailler avec un appareil de radiographie ou autre, ou dans différents secteurs d'activité, qui pourraient être touchées si elles choisissent d'avoir une famille.
À mon avis, cela nuit grandement à la décision des femmes de s'engager dans cette voie. Lorsqu'une femme doit choisir parmi des carrières et qu'elle souhaite également avoir une famille un jour, elle pourrait dire: « Je devrais plutôt opter pour cette carrière plutôt que celle que je veux vraiment, qui est celle-ci. » Ce que j'essaie de faire avec cette stratégie, c'est de trouver des idées quant à la façon d'abolir ces obstacles pour les femmes qui veulent occuper l'emploi de leurs rêves.
[Français]
C'est avec grand plaisir que je comparais devant vous aujourd'hui dans le cadre de l'étude du Comité du projet de loi C-243, soit un projet de loi présenté par , député de Kingston et les Îles.
Je suis le directeur principal de la Politique de l'assurance-emploi au sein d'Emploi et Développement social Canada.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de Judith Buchanan, qui est directrice des normes du travail et du programme de protection des salariés au ministère de l'Emploi et du Développement social.
Je propose de vous fournir un aperçu du projet de loi, de décrire les dispositions clés relatives aux congés et aux prestations actuellement offerts aux travailleuses enceintes, de désigner certains éléments à considérer en ce qui a trait aux dispositions du projet de loi et de décrire les activités récentes et en cours qui sont étroitement liées au projet de loi.
Le projet de loi propose les modifications suivantes à la Loi sur l'assurance-emploi: permettre aux travailleuses enceintes de commencer à toucher des prestations de maternité plus tôt si elles choisissent de quitter un emploi pouvant constituer un risque pour leur santé ou celle de l'enfant à naître; demander au ministre de l'Emploi et du Développement social, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, de mener des consultations sur la possibilité d'élaborer une stratégie relative au programme national d'aide à la maternité; exiger la production de rapports sur ces consultations à l'intention du Parlement, de même que la présentation continue de rapports au Parlement.
Je commence par décrire les dispositions actuelles relatives aux prestations et aux congés. Les prestations de maternité de l'assurance-emploi visent à appuyer le revenu d'une femme lorsqu'elle quitte la population active pour se rétablir d'une grossesse ou d'un accouchement. En vertu de la Loi sur l'assurance-emploi, les travailleuses admissibles peuvent toucher jusqu'à 15 semaines de prestations de maternité. Les prestations de maternité peuvent commencer jusqu'à huit semaines avant la naissance, et elles doivent se terminer au plus tard 17 semaines après la naissance de l'enfant. La mère peut choisir de recevoir les prestations avant ou après la naissance, selon ses besoins.
[Français]
Les prestations parentales d'assurance-emploi visent à appuyer les parents s'occupant d'un nouveau-né ou d'un enfant ou d'enfants adoptés. Les parents admissibles peuvent se partager jusqu'à 35 semaines de prestations parentales après la naissance ou le placement de l'enfant en vue de son adoption.
Les employées sous réglementation fédérale, auxquelles s'applique le Code canadien du travail, ont droit au congé correspondant avec protection de l'emploi. Les dispositions relatives au congé relèvent en grande partie de la responsabilité des provinces et des territoires et varient d'une région à l'autre du pays.
Les prestations de maternité et les prestations parentales d'assurance-emploi sont offertes partout au Canada, sauf au Québec. Les habitants de cette province peuvent avoir droit aux prestations de maternité, aux prestations de paternité et aux prestations parentales en vertu du Régime québécois d'assurance parentale.
[Traduction]
De plus, le gouvernement fédéral et la province de Québec autorisent le retrait préventif pour les femmes enceintes ou qui allaitent, dans le cas de risques pour la santé et la sécurité au travail.
Les employées sous réglementation fédérale, qui sont visées par le Code canadien du travail, peuvent demander une réaffectation sur avis médical. Une fois qu'elle a présenté sa demande, une femme peut prendre un congé rémunéré jusqu'à ce que l'employeur l'affecte à un autre poste ou confirme qu'il est possible de le faire. Si la demande de réaffectation n'est pas honorée, la femme peut prendre un congé sans solde pendant la durée du risque.
Au Québec, le programme « Pour une maternité sans danger » prévoit un retrait préventif ainsi que le remplacement du salaire des employées qui relèvent de la compétence provinciale. En 2014, plus de 35 000 demandes ont été présentées au Québec, ce qui représentait 40 % des naissances vivantes. On a également versé environ 228 millions de dollars en prestations, en plus des prestations versées par le truchement du Régime québécois d'assurance parentale.
Le projet de loi vise à promouvoir l'égalité entre les sexes en abordant un enjeu de santé et de sécurité au travail. Premièrement, le projet de loi permettrait de sensibiliser les gens à cette question clé relative à la santé reproductive et à l'importance des interventions positives en vue de promouvoir l’égalité entre les sexes, surtout dans les professions traditionnellement occupées par les hommes, comme les métiers spécialisés.
Deuxièmement, les dispositions du projet de loi portant sur l'assurance-emploi permettraient aux travailleuses enceintes de commencer à toucher leurs prestations de maternité plus tôt et d'améliorer la sécurité du revenu lorsque les employeurs ne peuvent pas répondre aux besoins de leurs employées dans un lieu de travail non sécuritaire.
[Français]
Même s'il n'offre pas de semaines supplémentaires de prestations de maternité ou de prestations parentales, en offrant un accès plus rapide aux prestations de maternité, le projet de loi devrait donner lieu à des coûts de programme supplémentaires.
Par exemple, dans le cas d'une prestataire d'assurance-emploi qui n'a pas utilisé l'ensemble de ses semaines de prestations de maternité et de prestations parentales et qui, comme le prévoit le projet de loi, touche des prestations de maternité plus tôt, il faudra s'attendre à ce qu'elle ait droit à des semaines supplémentaires de prestations.
Je souhaite également exprimer mon avis sur certaines lacunes de cette mesure législative.
[Traduction]
Premièrement, il incombe habituellement aux employeurs d'offrir un lieu de travail sécuritaire à leurs employés. En offrant le remplacement du revenu aux travailleurs dans le cas d'un retrait préventif, on pourrait signaler de manière implicite aux employeurs que la responsabilité de régler les problèmes de santé et de sécurité au travail et de déterminer les possibilités d'adaptation est réduite.
Deuxièmement, le fait de permettre à une mère de toucher l'ensemble des 15 semaines de prestations de maternité avant la date prévue de la naissance ne serait pas conforme à une intention stratégique clé des prestations de maternité et du congé, soit d'offrir aux mères l'occasion de prendre du temps pour se rétablir après un accouchement. De plus, les mères pourraient épuiser leurs prestations de maternité et leur congé avant la naissance de l'enfant et avant de recevoir leurs prestations parentales. Il y aurait donc une interruption du soutien au revenu.
Troisièmement, certains problèmes techniques — pour la plupart mineurs — subsistent concernant le projet de loi. Par exemple, il serait important que les dispositions en matière d'assurance-emploi entrent en vigueur le dimanche pour respecter le concept de semaine d'assurance-emploi.
Pour conclure, j'aimerais parler de l'harmonisation des activités récentes et en cours avec le projet de loi, notamment de la présentation du budget d'hier. Je vais passer à la diapositive 5.
[Français]
Le gouvernement s'est engagé à accroître la souplesse des prestations parentales et du congé correspondant d'assurance-emploi ainsi que l'inclusivité du soutien offert aux soignants. L'objectif est de pouvoir répondre aux besoins changeants des travailleurs et de leur famille, au Canada.
[Traduction]
Hier, le budget de 2017 a annoncé la proposition du gouvernement visant à fournir des prestations de maternité et parentales plus souples et des prestations pour proches aidants plus inclusives pour mieux soutenir les familles canadiennes. De façon particulière, le budget propose de permettre aux femmes de demander des prestations de maternité de l'assurance-emploi jusqu'à 12 semaines avant la date prévue de l'accouchement — ce qui représente plus de souplesse par rapport à la norme actuelle de huit semaines — si elles le désirent.
J'aimerais aussi vous parler de l'harmonisation d'autres activités récentes avec le projet de loi.
L'an dernier, de mai à août, le Comité d'examen de la qualité des services de l'assurance-emploi s'est déplacé partout au pays pour obtenir des commentaires sur la façon d'améliorer les services offerts aux prestataires du régime. En octobre et en novembre 2016, le ministre Duclos a tenu des consultations en ligne pour obtenir le point de vue des Canadiens sur l'engagement prévu dans le mandat du gouvernement du Canada d'offrir des prestations parentales plus souples. Ces consultations portaient notamment sur l'offre d'un accès plus rapide aux prestations de maternité de l'assurance-emploi pour les travailleuses enceintes admissibles, dans le cas de risques pour la santé et la sécurité au travail. Ces consultations ont été également portées à l'attention des provinces et des territoires à différents niveaux, par l'entremise du Forum des ministres du marché du travail. Le FMMT est une tribune clé permettant au gouvernement fédéral d'entretenir des relations permanentes avec les provinces et les territoires en ce qui a trait aux enjeux et aux programmes relatifs au marché du travail.
La collaboration fédérale-provinciale-territoriale est importante en vue d'accroître l'efficacité du marché du travail et la qualité de la main-d'oeuvre. Le document Rapport sur l'examen de la qualité des services de l'assurance-emploi: Les citoyens d'abord a été publié le 1er février 2017. De plus, les rapports sommaires sur les consultations auprès des Canadiens et des intervenants sur les prestations de maternité, les prestations parentales et les prestations pour proches aidants ont été publiés le 27 février 2017. On doit également préparer un rapport annuel à l'intention du Parlement sur le fonctionnement du régime d'assurance-emploi. Par l'entremise du Rapport de contrôle et d'évaluation de l'assurance-emploi annuel, la Commission de l'assurance-emploi du Canada fait état du soutien au revenu, notamment des prestations de maternité et des prestations parentales, des mesures de soutien à l'emploi et de la prestation des services.
Vous constaterez qu'un grand nombre d'activités récentes du gouvernement sont étroitement liées aux objectifs et au libellé du projet de loi.
Je vais m'arrêter là. Je vous remercie de m'avoir écouté. Je serai heureux de répondre à vos questions.