Monsieur le président, messieurs et madame membres du comité, l'Association du Barreau canadien est heureuse d'avoir la possibilité de vous parler aujourd'hui du Programme de contestation judiciaire, qui touche de très près notre mission.
L'Association du Barreau canadien est un organisme national qui regroupe des juristes et qui comprend plus de 36 000 membres au Canada. Notre mission consiste notamment à améliorer le droit et l'administration de la justice. C'est dans ce contexte que nous vous avons écrit. Le comité a en sa possession la lettre que nous lui avons envoyée au sujet du programme.
[Traduction]
Le Programme de contestation judiciaire est tout aussi important aujourd'hui qu'il l'était à ses débuts, pour ne pas dire plus important. En donnant aux personnes et aux groupes vulnérables les outils dont ils ont besoin pour exercer leurs droits fondamentaux, le programme concrétise ces droits, qui ne sont plus de simples mots sur du papier.
Dans le cadre du renouvellement du programme, il est essentiel que le gouvernement rétablisse les éléments qui soutiennent le mieux son but. À notre avis, il y en a quatre.
Le premier est l'administration du programme par une organisation qui est indépendante du gouvernement.
Le deuxième est la poursuite à sa base, du soutien offert aux groupes qui ont toujours été défavorisés et aux minorités de langues officielles afin de faire respecter leurs droits à l'égalité et leurs droits linguistiques en application de la Constitution par l'intermédiaire des tribunaux.
Le troisième élément important d'un programme rétabli consiste à ne financer que les causes qui ont une incidence systémique et qui promettent d'améliorer la situation de façon plus vaste pour les personnes et les groupes que ces droits visent à protéger.
Enfin, il est extrêmement important que le programme continue d'apporter une contribution significative et éclairée à l'élaboration des causes par les collectivités qui seront les plus touchées. Pour ce faire, il faut soutenir les consultations ainsi que l'accès au programme et diffuser l'information au sujet du programme et des droits qu'il protège.
Nous avons fourni d'autres détails sur ces éléments importants d'un programme rétabli, et nous vous invitons à examiner notre mémoire.
Cela dit, l'autre élément majeur que nous voulions soulever aujourd'hui est le temps dont nous disposons relativement à la question de l'expansion du mandat du programme. Nous croyons savoir qu'elle est à l'étude. Nous avons examiné cette question à la lumière de l'engagement du gouvernement de rétablir le programme du point de vue des droits à l'égalité et des droits linguistiques et à le moderniser. C'était dans l'idée de comprendre le cadre que nous avons étudié les expansions potentielles du mandat qui pourraient appuyer sa raison d'être sous-jacente.
Notre première recommandation — et l'ABC formule cette recommandation depuis longtemps — serait que le financement des droits à l'égalité soit étendu au soutien des causes qui contestent une loi ou une politique provinciale ou territoriale. Ces causes peuvent s'avérer des précédents importants en soi et avoir de vastes répercussions, et il s'agit depuis longtemps d'une limite qui incite de nombreuses personnes à critiquer les programmes.
Deuxièmement, nous sommes en faveur d'une expansion du mandat afin qu'il inclue les plaintes formulées au titre de la Loi sur les langues officielles, et nous formulons cette recommandation pour des raisons semblables.
Nous recommandons également — et il s'agit de notre troisième ajout possible au mandat — que le programme soit suffisamment flexible pour appuyer l'intégralité d'une cause qui pourrait invoquer d'autres droits prévus dans la Charte recoupant les droits à l'égalité ou qui pourrait être fondée sur ces droits. Cela devient de plus en plus fréquent. Un exemple récent est l'affaire Carter, où non seulement l'article 15, mais d'autres droits prévus dans la Charte ont été invoqués. Je pense qu'il s'agit là d'une preuve de la complexité des questions qui peuvent soulever des enjeux liés à l'égalité au Canada aujourd'hui.
Un quatrième élément qui pourrait être ajouté au mandat serait le soutien des plaintes systémiques formulées contre le gouvernement en application de la Loi canadienne sur les droits de la personne. Il s'agirait de plaintes déposées devant la Commission canadienne des droits de la personne. Nous avons récemment vu une cause — la plainte formulée par la société de soutien à l'enfance des Premières Nations — qui était une cause type en matière d'égalité. Ces personnes ont besoin de soutien aux premières étapes. Nous vous inviterions à envisager d'étendre le programme afin qu'il offre ce soutien.
Enfin, en ce qui concerne l'expansion du mandat, nous exhortons le Comité à envisager sérieusement de recommander que le financement soit fourni à l'appui des causes types liées aux droits autochtones, aux droits issus de traités et aux responsabilités du gouvernement fédéral envers les peuples autochtones. Nous reconnaissons que cette expansion supposerait probablement un financement additionnel, un engagement budgétaire qui s'ajouterait aux engagements actuels, et qu'il faudrait commencer par consulter les collectivités autochtones. Toutefois, nous pensons qu'il s'agit d'un ajout important qui doit être fait.
C'est tout ce que nous dirons sur la question de l'expansion du mandat. Encore une fois, nous vous invitons à lire notre mémoire.
En conclusion, nous dirions que les objectifs du programme sont tout aussi importants aujourd'hui qu'ils l'étaient en 2006 et en 1986. Les Canadiens ont encore besoin du Programme de contestation judiciaire afin de concrétiser les droits à l'égalité et les droits linguistiques pour les personnes que ces droits visent à protéger.
Nous sommes vraiment heureux d'avoir la possibilité de communiquer les meilleurs conseils que nos membres ont à donner au Comité, et nous vous souhaitons tout le succès possible dans le cadre du travail important que vous devez faire.
Merci.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de discuter avec vous de mon expérience et de formuler mes recommandations concernant le financement par le gouvernement fédéral des contentieux fondés sur la Charte contestant des lois fédérales, et, à la lumière de ce que ma collègue vient tout juste de dire, peut-être plus que des lois fédérales seulement.
Il y a trois raisons pour lesquelles je suis d'avis qu'un tel programme de financement serait mal avisé. La première est le problème de la partialité. Dans le cadre du Programme de contestation judiciaire initial, le processus de demande et les décideurs étaient partiaux.
J'ai eu une expérience personnelle du programme et, pour des raisons liées au secret professionnel des avocats, je ne peux pas entrer dans les détails. Toutefois, je peux simplement vous dire ce que j'ai constaté à quelques occasions où j'ai présenté des demandes de financement.
Les fonctionnaires ont adopté par rapport à mes arguments la position selon laquelle ils n'allaient pas être financés parce que, à leur avis, ils n'avaient pas une chance raisonnable de succès. Quand je leur ai demandé: « comment avez-vous formé cette opinion? », ils ont répondu: « nous avons communiqué avec le doyen d'une faculté de droit ou avec un professeur d'une faculté de droit, et il était d'avis que votre argument ne lui plaisait pas ». Sur la foi d'un jugement préalable à l'égard des arguments que j'allais présenter, le financement n'a jamais été fourni à aucun de mes clients, alors que nous participions au premier tour de ce processus particulier du Programme de contestation judiciaire.
À mon avis, le critère ne devrait pas être la chance raisonnable de succès, et les professeurs de droit ne devraient pas être les personnes qui contrôlent l'accès au programme. Si la chance raisonnable de succès était le critère applicable, l'affaire Carter n'aurait jamais été financée si les personnes s'étaient adressées au Programme de contestation judiciaire pour obtenir des fonds parce que, bien entendu, cette affaire était une contestation d'un précédent direct contre la position que Joe Arvay faisait valoir, c'est-à-dire l'affaire Rodriguez.
Selon moi, le Programme de contestation judiciaire précédent était presque inconstitutionnel parce qu'il était administré d'une manière qui n'était pas conforme aux règles du droit. L'argent était distribué en fonction de l'avis de personnes, pas des principes de droit appliqués équitablement à tous les demandeurs de financement.
J'ai une deuxième raison de m'opposer à la mise sur pied d'un autre Programme de contestation judiciaire financé par le Parlement, et il s'agit de la responsabilité du Parlement de bien faire les lois. Les ressources publiques devraient être dépensées au Parlement, pas dans les tribunaux, pour que l'on puisse s'assurer que toutes les lois sont conformes à la Charte.
Il était peut-être souhaitable, il y a 30 ans, de mettre à l'épreuve de vieilles lois, mais, après trois décennies, cet argument ne semble plus raisonnable. Aujourd'hui, le travail du Procureur général, du Cabinet, de la Chambre des communes et des comités du Sénat ainsi que les trois lectures dans chaque Chambre devraient permettre adéquatement d'étudier minutieusement les lois et de s'assurer qu'elles sont conformes à la Charte. Le financement d'une poursuite fondée sur la Charte après ce processus est, dans un sens, hypocrite et constitue un gaspillage. Il serait plus prudent de mesurer deux fois avant et de ne couper qu'une fois.
De plus, le fait de financer des poursuites fondées sur la Charte donne à penser que le Parlement est en quelque sorte subordonné aux tribunaux. Le Parlement ne devrait pas présumer que ses opinions sont moins importantes ou valides que celles des tribunaux en ce qui concerne le sujet de la conformité avec la Charte. Il afficherait un manque de confiance envers son propre jugement s'il finançait des avocats afin qu'ils contestent le dur labeur de comités parlementaires tout comme celui-ci, aujourd'hui.
Enfin, le programme de contestation est redondant. Les rares fois où une contestation fondée sur la Charte était justifiée et avait de l'importance pour le public, la Cour suprême du Canada a montré qu'elle était disposée à ordonner le financement public. C'est ce qu'elle a dit dans l'affaire Carter au sujet des causes qui devraient recevoir un financement public. Je ne prendrai pas le temps de vous lire la citation, mais, si vous consultiez le paragraphe 140 de la décision de 2015 de la Cour suprême du Canada, vous trouveriez le critère qu'elle a établi relativement au financement des litiges d'intérêt public comme l'affaire Carter.
À la lumière de cette nouvelle pratique de la Cour suprême du Canada, le renouvellement du Programme de contestation judiciaire serait redondant. Si le Parlement détermine tout de même qu'il est dans l'intérêt du public de financer les contentieux fondés sur la Charte, je recommande que la loi interdise la partialité et exige la conformité avec les règles du droit. Cela signifie qu'un nouveau programme devrait comprendre au moins les 10 règles suivantes:
Un: l'opinion des fonctionnaires, des politiciens, des universitaires, des anciens juges et d'autres personnes ne devrait pas être un facteur lié à l'attribution du financement. Deux: les seules règles qui devraient être appliquées sont celles qui sont fondées sur le droit. Trois: aucun financement ne devrait être accordé dans le but de remettre en litige une question tranchée par la Cour suprême du Canada depuis l'adoption de la Charte. Quatre: aucun financement ne devrait être accordé si le plaideur ne dispose pas de faits qui révèlent une cause d'action. Cinq: aucun financement ne devrait être accordé si le litige est frivole et vexatoire. Six: aucun financement ne devrait être accordé lorsque le but est déguisé ou frauduleux. Sept: Aucun financement ne devrait être accordé à un autre ordre de gouvernement. Huit: aucun financement ne devrait être accordé à un non-résident du Canada ou à un non-réfugié au Canada. Neuf: aucun financement ne devrait être accessible si le litige est une reproduction d'un litige qui a déjà été soumis aux tribunaux. Enfin, dix: le financement devrait être fourni de façon équitable, dans l'ordre où les demandes sont reçues, à l'égard de toutes les propositions de litige autrement qualifiées.
Merci beaucoup du temps que vous m'accordez ce matin.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, au nom de l'Association canadienne des libertés civiles, je veux remercier le Comité de l'invitation à participer à votre étude de l'accès en matière de justice.
L'ACLC lutte pour les libertés civiles, les droits de la personne et les libertés démocratiques de tous les gens de partout au Canada. Nous sommes une organisation non gouvernementale nationale et indépendante qui a été fondée en 1964 qui oeuvre dans les tribunaux, devant les comités législatifs, dans les salles de classe et dans les rues à protéger les droits et les libertés que chérissent les Canadiens et qui sont enchâssés dans notre Constitution. Les grands objectifs de l'ACLC comprennent la promotion et la protection juridique de la liberté et de la dignité personnelle et, depuis 51 ans, nous travaillons à l'atteinte de ces buts.
Depuis longtemps, l'ACLC est animé d'un engagement profond à l'égard de l'accès à la justice et considère cet enjeu comme une grande priorité dont, honnêtement, le Canada ne tient pas assez compte. Nous sommes heureux que votre étude porte sur un certain nombre de questions, y compris le Programme de contestation judiciaire nouvellement rétabli, l'accès à l'aide juridique, les retards dans l'administration de la justice et l'article 4.1 de la Loi sur le ministère de la Justice. Toutes ces questions valent la peine d'être étudiées, et, dans les semaines à venir, nous allons présenter au Comité un mémoire écrit décrivant notre position à l'égard de chacune de ces questions.
Aujourd'hui, toutefois, j'ai l'intention de concentrer mes commentaires sur l'article 4.1 de la Loi sur le ministère de la Justice, et, plus précisément, je voudrais aborder avec le Comité les mesures qui peuvent et, à notre avis, doivent être prises pour combler les lacunes critiques de notre processus législatif au chapitre de la responsabilité et de la transparence.
Comme vous le savez tous, l'article 4.1 de la Loi sur le ministère de la Justice exige que la ministre de la Justice examine tous les projets de loi présentés à la Chambre des communes par le gouvernement et qu'il signale à la Chambre toute disposition du projet de loi qui ne serait pas conforme à la Charte canadienne des droits et libertés.
Vous savez probablement aussi qu'actuellement, cette disposition était interprétée d'une manière qui n'exige pas un signalement au Parlement, sauf si le ministre est d'avis qu'aucun argument crédible ne peut être formulé quant à la conformité de la loi avec les droits garantis. En conséquence de cette norme, pas un seul signalement n'a été adressé au Parlement; pourtant, comme nous le savons tous, de nombreuses lois gouvernementales ont été invalidées par nos tribunaux ou font l'objet de graves préoccupations d'ordre constitutionnel de la part de juristes.
À nos yeux, l'approche et la norme actuelles sont terriblement inadéquates.
L'ACLC est préoccupée depuis un certain temps au sujet de l'interprétation et de l'effet de l'article 4.1. Nous étions le seul intervenant dans l'affaire qui a été portée devant la Cour fédérale par l'ancien avocat du ministère de la Justice Edgar Schmidt, qui a contesté l'interprétation actuelle de l'article. L'affaire Schmidt a fait ressortir certaines des faiblesses de notre processus législatif.
À notre avis, notre système actuel ne garantit pas que vous, en tant que parlementaires, les personnes élues par le peuple et chargées d'adopter nos lois, êtes bien placés pour comprendre pleinement vos obligations constitutionnelles ou comment une loi pourrait influer sur des droits protégés.
Le travail de l'ACLC sur cette question s'étend bien au-delà de l'intervention dans l'affaire Schmidt. À la fin de 2015, l'Association a lancé sa campagne #CharterFirst et, depuis cette époque, nous participons à des consultations avec certains des principaux spécialistes du droit constitutionnel et scientifiques politiques du Canada afin de déterminer comment notre processus législatif peut être amélioré. Le but de ces consultations et du projet dans son ensemble est d'assurer la prise en compte systématique, significative et transparente des vulnérabilités constitutionnelles d'une loi proposée. Autrement dit, nous voulons qu'une discussion réelle et substantielle soit tenue au sujet des droits qui pourraient être touchés par une loi proposée et qu'il soit déterminé si toute atteinte ou infraction à des droits est raisonnablement justifiée.
Près de un millier de Canadiens se sont déjà joints à notre campagne, alors il y a clairement un intérêt pour le changement au sein du public canadien.
Je vais parler du fait de cerner le problème et d'élaborer des solutions. En ce qui concerne le problème, le fait est simplement que l'approche actuellement prévue à l'article 4.1 de la Loi sur le ministère de la Justice ne fonctionne pas. À notre avis, tous les représentants élus ont l'obligation de respecter et de soutenir la Constitution; toutefois, nous comprenons que les parlementaires ne disposent pas toujours de l'information dont ils auraient besoin pour évaluer les conséquences des lois sur les droits constitutionnels. Même si le gouvernement bénéficie d'une grande équipe de conseillers juridiques au ministère de la Justice, les ressources juridiques auxquelles les députés peuvent accéder sont souvent assez limitées.
L'interprétation actuelle de l'article 4.1 pourrait en fait avoir un effet pervers. Si aucun signalement n'est fait par le ministre de la Justice, le gouvernement pourrait adopter la position selon laquelle il n'y a effectivement aucune préoccupation d'ordre constitutionnel dont le Parlement devrait s'inquiéter. C'est non seulement trompeur, mais cela appauvrit également le niveau du débat et de la discussion sur un projet de loi.
Je ne pourrais pas mieux formuler le problème que l'a fait Mme Janet Hiebert, scientifique politique qui a beaucoup écrit sur ce sujet. Elle affirme ce qui suit:
Au Canada, la pratique consistant à ne pas signaler à la Chambre des communes le fait que des projets de loi ne sont pas conformes à la Charte a cours parce que le ministre de la Justice a conclu qu'un argument crédible fondé sur la Charte peut être formulé à l'appui de la déclaration selon laquelle le projet de loi est raisonnable. Toutefois, cela prive le Parlement des renseignements ou des hypothèses qui ont mené à cette conclusion. L'absence de toute explication prive également le Parlement de renseignements pertinents qui lui permettraient d'évaluer si le gouvernement a été trop peu enclin à courir des risques ou trop prudent dans ses décisions législatives. Le Parlement ne devrait pas être placé dans la position intenable où il doit adopter une loi qui pourrait présenter un degré de risque élevé d'être déclarée invalide par la suite, ou bien disposer de renseignements insuffisants pour évaluer les décisions qui évitent les objectifs ambitieux ou les moyens complets en raison des tentatives gouvernementales et bureaucratiques visant à gérer ou à éviter les risques relatifs à la Charte.
Les conséquences qui découlent de l'approche actuelle ne se limitent pas à ce qui arrive au Parlement. Après qu'une loi est adoptée, des contestations constitutionnelles évitables suivent souvent, et ces contestations coûtent cher aux contribuables. Elles exigent de précieuses ressources judiciaires qu'il pourrait être plus utile de consacrer à d'autres choses. Les lois qui sont adoptées — même si elles peuvent violer des droits constitutionnels — peuvent avoir un effet direct et très négatif sur la vie des gens.
Pour ne citer qu'un exemple, le dernier gouvernement a promulgué une loi qui a changé le moment de l'admissibilité à la liberté conditionnelle pour certains délinquants et qui a rendu ce changement rétroactif. Tous les tribunaux qui ont examiné cette loi, y compris la Cour suprême du Canada, ont conclu qu'elle était inconstitutionnelle. Pendant que cette affaire suivait le processus judiciaire, les demandeurs en cause — et bien d'autres personnes, sans doute — ont passé plus de temps en prison, dans un cas, près de deux ans de plus. Si nous pouvons prévenir une perte de liberté déraisonnable et inconstitutionnelle en améliorant notre processus législatif, à notre avis, il nous incombe de le faire.
Pour ce qui est de nos solutions, dans le cadre de notre campagne #CharterFirst, l'ACLC présentera des propositions de politiques détaillées concernant la meilleure façon dont nous croyons que ce problème peut être réglé. Nos propositions viseront à améliorer le rôle des autorités législative et exécutive du gouvernement afin de mieux nous assurer que les lois que nous adoptons sont conformes aux obligations constitutionnelles.
Pour être clair, le but n'est pas de nous assurer qu'il n'y aura plus aucune contestation constitutionnelle ni même de parvenir à un consensus sur ce qu'exige la Constitution. Nous voulons plutôt enrichir le débat, rendre la justification des lois proposées par le gouvernement plus transparente et fournir aux parlementaires les outils nécessaires pour obliger le gouvernement à rendre des comptes et prendre des décisions éclairées au sujet des lois. Nos propositions sont en cours d'élaboration, mais elles sont fondées sur nos consultations avec les experts que j'ai mentionnés plus tôt.
Nous croyons savoir que la a récemment annoncé son intention de déposer au Parlement la justification fondée sur la Charte du gouvernement qui sous-tend le projet de loi , le projet de loi sur l'aide à mourir. Nous avons hâte de voir de quoi aura l'air cette déclaration, et nous espérons qu'elle permettra la tenue d'un débat et de discussions améliorés sur ce projet de loi important et litigieux.
Cette décision de la ministre est un bon pas en avant, mais, à notre avis, ces genres de discussion ne peuvent pas dépendre d'une décision prise par la ministre de présenter un projet de loi. Nous devons mettre en place des mesures systématiques et proactives, enchâssées dans la loi, pour nous assurer que tous les projets de loi qui finissent par être adoptés par le Parlement, y compris les projets de loi d'initiative parlementaire et ceux qui émanent du Sénat, ont reçu le temps et l'espace nécessaires à un débat vraiment éclairé sur les vulnérabilités constitutionnelles.
Nous avons hâte de travailler avec le Comité sur cette question dans l'avenir, et nous serons certainement heureux d'entendre tout commentaire que vous pourriez avoir à formuler sur ce projet important.
Merci.
:
Bonjour. Merci beaucoup d'avoir bien voulu m'inviter à témoigner aujourd'hui devant vous.
Le présent mémoire a été préparé dans le but de communiquer le soutien de l'African Canadian Legal Clinic à l'égard de la décision du gouvernement du Canada de rétablir et de mettre à jour le Programme de contestation judiciaire.
L'ACLC oeuvre dans le domaine de l'égalité constitutionnelle et appuie fortement le rétablissement et la modernisation du Programme de contestation judiciaire, puisqu'il s'agit d'une façon essentielle d'accroître l'accès à la justice des Afro-Canadiens et des membres des autres minorités visibles. L'accès à la justice est une valeur extrêmement importante pour les Afro-Canadiens, qui font partie d'une communauté historiquement marginalisée.
Avec les Autochtones et les colons européens de France et d'Angleterre, les descendants africains font partie des peuples fondateurs du Canada. Les descendants africains ont toujours été présents et importants au Canada, dès le début du XVe siècle et jusqu'à aujourd'hui, en passant par la Confédération.
Après 206 années d'esclavage en toute légalité des Africains sur le territoire qui est devenu le Canada, l'esclavage a été aboli, et les Afro-Canadiens ont dû composer avec la vie après l'esclavage en étant assujettis de force à une ségrégation légale et de fait dans les domaines du logement, de l'éducation et de l'emploi, ainsi que l'exclusion des lieux publics, comme les théâtres et les restaurants. Ces pratiques racistes étaient renforcées par un système de justice qui, souvent, s'efforçait de remettre les Afro-Canadiens à leur place.
L'expérience des Noirs continue d'être marquée par une marginalisation et des désavantages extrêmes: un accès limité au logement, une victimisation fondée sur la discrimination au sein des systèmes d'éducation et de protection de l'enfance, la criminalisation sociale, de hauts taux de chômage, des taux disproportionnés et alarmants de pauvreté et une exclusion quasi totale et une dévalorisation chronique des Afro-Canadiens dans tous les domaines de la vie sociale, économique, politique et culturelle du Canada.
Après 12 ans de gouvernement Harper, nous avons constaté que les conditions des Noirs au Canada s'était déteriorées. En effet, les mesures de soutien financier public pour les contestations des lois, des politiques et des pratiques qui favorisent et renforcent la marginalisation des Noirs et qui était à même d'établir des précédents a presque totalement disparu.
Le fait de rétablir et de moderniser le Programme de contestation judiciaire permettra au système judiciaire canadien d'éliminer de façon plus juste, plus efficace et plus appropriée les inégalités de longue date auxquelles est confrontée la communauté afro-canadienne. C'est particulièrement vrai lorsqu'on tient compte du nombre disproportionné d'Afro-Canadiens qui vivent en marge de la société, qui sont exclus sur le plan économique, qui sont appauvris, qui vivent dans des logements précaires et qui sont extrêmement surreprésentés à tous les niveaux dans le système de justice pénale, y compris au sein des systèmes carcéraux provinciaux et fédéraux.
Pour changer cette situation, il est essentiel que le PCJ modernisé ne soit pas assorti d'obstacles procéduraux à l'accès aux ressources offertes. En d'autres mots, dans le cadre de dossiers où, par exemple, une ou plusieurs personnes d'un groupe désavantagé historiquement sont confrontées à une perte ou à d'importantes limites concernant leur vie, leur liberté ou leur sécurité pour des raisons liées en partie à leur identité protégée par la Charte, des exigences procédurales et au titre de l'admissibilité indûment lourdes ne devraient pas les empêcher d'avoir accès au soutien offert dans le cadre du PCJ.
Voici aussi des choses que le gouvernement du Canada devrait bien prendre en considération tandis qu'il tente de rétablir le Programme de contestation judiciaire.
Pour commencer, l'accès à la justice doit inclure la prestation de ressources pour soutenir l'application des mesures correctives axées sur la Charte et les décisions de nos tribunaux. Par exemple, le profilage racial et les fouilles personnelles illégales continuent d'avoir lieu à un rythme alarmant, et ce, malgré l'existence d'éléments de jurisprudence qui interdisent ces pratiques.
Il est extrêmement coûteux de recueillir suffisamment d'éléments de preuve ciblés et d'origine canadienne liés aux sciences sociales pour appuyer des contestations liées aux droits à l'égalité. La réalisation de consultations communautaires et l'embauche de témoins experts pour produire des rapports et témoigner sur des enjeux urgents comme le racisme contre les Noirs ont un coût prohibitif pour la majeure partie des personnes et des organisations afro-canadiennes.
Il faut absolument que le Programme de contestation judiciaire n'ait aucun lien de dépendance avec le gouvernement du Canada. Il devrait relever d'une organisation indépendante sans but lucratif, comme c'était le cas avant. On assurerait ainsi une plus grande indépendance au PCJ et on lui permettrait d'être vraiment considéré comme une ressource digne de confiance à même de fournir un soutien dans le cadre de contestations liées à la Charte devant les tribunaux.
De plus, pour ce qui est de l'accessibilité du PCJ, l'ACLC croit fermement que le programme ne devrait pas être hébergé dans un établissement universitaire. Même si beaucoup de travaux très importants sont réalisés dans les universités, si l'organisation est hébergée dans un tel établissement, le grand public et, surtout, la communauté afro-canadienne — qui affiche de hauts niveaux d'exclusion sociale et économique — n'auront pas l'impression que le PCJ est une institution accueillante et réceptive et qu'ils peuvent y avoir accès.
Le mode alternatif de résolution des conflits est un aspect important de notre système juridique, mais il ne devrait pas être encouragé ni soutenu par le PCJ lorsque l'enjeu soulevé est de nature systémique. En effet, le MARC empêche l'établissement des éléments de jurisprudence très importants liés au respect de l'égalité qui permettent de lutter de façon concrète contre la discrimination systémique et l'inégalité et de les éradiquer.
Pour assurer la stabilité et la continuité du PCJ, le gouvernement du Canada devrait créer une fondation au moyen d'un cadre législatif. Il s'assurerait ainsi que les gouvernements subséquents ne peuvent pas facilement éliminer ce programme d'accès à la justice essentiel comme l'avait fait le gouvernement Harper.
La portée du PCJ devrait être élargie au-delà de la compétence fédérale afin d'inclure aussi les affaires qui ont un impact systémique dans les provinces. Selon nous, un tel élargissement est essentiel pour aider le Programme de contestation judiciaire à réaliser son plein potentiel et à lutter contre le déficit en matière d'égalité auquel les Afro-Canadiens et beaucoup trop d'autres groupes historiquement désavantagés sont confrontés.
En conclusion, pour soutenir les améliorations susmentionnées et figurant dans notre mémoire que nous vous demandons d'apporter au Programme de contestation judiciaire, je vais citer quelques éléments de la jurisprudence de la Cour suprême du Canada qui, dans l'arrêt Tranchemontagne, a déclaré ce qui suit: « Pour être efficaces, les recours en matière de droits de la personne doivent être accessibles ».
Dans une autre décision, l'arrêt Hryniak, elle a aussi déclaré ce qui suit: « De nos jours, garantir l'accès à la justice constitue le plus grand défi à relever pour assurer la primauté du droit au Canada ».
Enfin, dans l'arrêt Fischer, la Cour suprême a aussi reconnu l'existence d'obstacles lorsqu'elle a déclaré ce qui suit:
Le type d’obstacles [liés à l’accès à la justice] peuvent intéresser l’aspect procédural ou l’aspect substantiel de l’accès à la justice ou les deux. L’obstacle le plus fréquent est d’ordre financier. Il surgit lorsque les frais élevés d’une action en justice et les sommes modestes en jeu empêchent de s’adresser aux tribunaux. Toutefois, les obstacles ne sont pas que financiers; ils peuvent également être d’ordre psychologique ou social.
En lisant ces décisions de la Cour suprême l'une après l'autre, l'ACLC fait valoir que l'accès à la justice est une valeur fondamentale de la Charte dont n'a pas vraiment bénéficié la communauté afro-canadienne.
Grâce à la modernisation du Programme de contestation judiciaire comme nous l'avons proposé ci-dessus, le gouvernement du Canada pourrait faire un pas en avant historique en vue de reconnaître comme il se doit et de corriger les siècles de racisme systémique contre les Noirs qui a mis en péril les possibilités et le bien-être de beaucoup trop d'Afro-Canadiens dans notre pays.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de voir qu'il n'y a pas de neige ici, mais il fait un petit peu plus froid qu'à Toronto. Je suis content d'être parmi vous.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité et autres témoins. Je m'appelle Ziyaad Mia et je suis membre de l'Association canadienne des avocats musulmans. Je suis membre du Legal Advocacy Committee. J'ai présidé ce comité pendant un certain nombre d'années et j'ai aussi déjà été membre du conseil d'administration de l'organisation.
L'Association canadienne des avocats musulmans est heureuse de saisir cette occasion de contribuer à l'étude sur l'accès à la justice et, plus particulièrement, sur le rétablissement du Programme de contestation judiciaire.
Nous sommes une organisation nationale qui compte maintenant plus de 300 avocats. Tout a commencé à la fin des années 1990 lorsque quelques avocats de Toronto ont commencé — comme tous les groupes d'avocats le font — à faire du réseautage social pour trouver des débouchés. Les choses ont évolué en 2001 avec l'adoption des dispositions législatives liées à la sécurité nationale. Nous avons commencé à nous intéresser activement aux domaines des droits de la personne, de la sécurité nationale et des droits civils.
Au cours des 16 dernières années, nous avons été très actifs dans le domaine des droits de la personne, de la sécurité nationale et des libertés civiles. Nous avons comparu — et j'ai moi-même comparu de nombreuses fois — devant des comités parlementaires pour parler de divers enjeux, et, plus récemment, l'année dernière en fait, pour parler du projet de loi .
Je crois que vous avez sous la main notre court mémoire, mais je vais prendre quelques minutes aujourd'hui pour vous parler de son contenu, vous fournir certains éléments du raisonnement qui sous-tend ce que nous vous recommandons de faire et vous expliquer pourquoi nous croyons que le rétablissement du PCJ est important pour le pays et pour assurer l'accès à la justice.
Le point de départ de notre organisation — la pierre de touche fondamentale —, c'est la Charte des droits et libertés et les valeurs qu'elle met de l'avant. Il s'agit du fondement de notre organisation, de ses valeurs et du travail que nous faisons.
L'autre aspect important est la primauté du droit au Canada. Comme vous le savez, il y a du chaos dans de nombreuses régions du globe. Je pense que cela tient à ces mêmes problèmes: l'absence d'une primauté du droit et de valeurs fondamentales qui permettent au gouvernement d'être tenu responsable. Pour l'ACAM, c'est quelque chose de très important, parce que la primauté du droit est un fondement de notre démocratie libérale qui fonctionne bien. C'est elle qui nous permet d'être tous assis ici, de débattre respectueusement d'enjeux, de tenir le gouvernement responsable et d'améliorer nos lois.
Le troisième élément important pour l'ACAM, c'est la dignité de chaque personne au Canada et la promotion de ces valeurs dans le domaine des droits de la personne et de la sécurité nationale et d'autres façons. Évidemment, nous prendrons la parole lorsque des musulmans canadiens et des musulmans présents au Canada sont pénalisés par des dispositions législatives sur la sécurité nationale et lorsqu'ils sont victimes de discrimination au moment de pratiquer leur foi et ce genre de choses. Cependant, ce n'est pas la seule chose qui nous intéresse. Nous voyons cet aspect des choses comme un sous-ensemble de la dignité de toutes les personnes.
Puisque bon nombre d'entre vous ici présents êtes des avocats et des parlementaires, vous savez que l'adoption de la Charte est un moment charnière dans l'histoire de notre pays et qu'elle a permis également de s'assurer que la primauté du droit et les droits fondamentaux fassent partie de notre culture juridique et de nos traditions politiques.
Essentiellement, la Charte joue deux rôles: dans un premier temps, il s'agit d'une reconnaissance des valeurs fondamentales et d'une expression publique de ces valeurs et de ces droits. Elle rappelle aux citoyens, aux politiciens, aux tribunaux, aux institutions et à tous les membres de la société que ces valeurs sont importantes.
Le deuxième aspect important d'une charte ou d'un type de mécanisme comme une déclaration des droits — dans toutes les sociétés qui en possèdent et où elle fonctionne bien —, c'est qu'elle fait contrepoids au gouvernement. C'est la raison d'être de la Charte. En effet, lorsque le gouvernement prend des décisions, il doit respecter ces droits fondamentaux et ces valeurs fondamentales. Le gouvernement est assujetti à un examen minutieux et il doit se justifier. C'est, essentiellement, le rôle de la Charte et son fonctionnement. Elle tient le gouvernement responsable. Pour les citoyens, c'est quelque chose d'important, parce que, sans la Charte et les tribunaux... Vous savez, sans vouloir manquer de respect à qui que ce soit, même les gouvernements bien intentionnés peuvent faire des erreurs. Nous avons besoin des tribunaux et de la primauté du droit pour tenir les gouvernements responsables.
Le PCJ est-il pertinent? La Charte est-elle pertinente? C'est la question plus générale qu'il faut se poser. Je crois que la Charte est plus pertinente aujourd'hui qu'elle l'était en 1982 en raison précisément du fait qu'elle fait contrepoids au gouvernement. Puisque notre État moderne a évolué de façon importante depuis une trentaine d'années, je crois que la Charte est plus pertinente aujourd'hui qu'au moment de son adoption.
C'est de cette façon que j'entrevois les contentieux fondés sur la Charte, comme une question d'accès à la justice. Les contentieux fondés sur la Charte sont un élément clé de l'accès à la justice. Vous avez entendu d'autres témoins aujourd'hui et durant des séances précédentes vous le dire. C'est un élément crucial permettant de tenir le gouvernement responsable. Évidemment, il y a les médias, et il y a d'autres éléments de la société civile qui permettent de tenir le gouvernement responsable, mais, en ce qui a trait à l'accès à la justice à notre système de justice et à notre séparation des pouvoirs, c'est un élément important.
Et c'est ce qui nous préoccupe. Sans le PCJ, les personnes et les communautés vulnérables et désavantagées au Canada n'ont peut-être pas les ressources ni la capacité de tenir les gouvernements responsables. Lorsque des gestes posés par le gouvernement minent ou menacent leurs droits, elles ne peuvent peut-être pas avoir accès aux tribunaux, parce que, comme vous le savez — bon nombre d'entre nous sont des avocats —, intenter une poursuite devant un tribunal coûte cher, et, en fait, coûte de plus en plus cher.
Au bout du compte, ces personnes désavantagées au Canada peuvent alors devenir invisibles pour le système de justice et elles perdent pour ainsi dire tout accès aux tribunaux. Quel est l'impact de cette situation pour ces personnes? Au fil du temps, cet accès déficient à la justice aura pour effet de vraiment dénaturer la jurisprudence de la Charte.
On se retrouvera avec une société où certaines personnes ne peuvent tout simplement pas exercer leurs droits et où les plus nantis peuvent le faire et peuvent se tourner vers les tribunaux. On obtiendra une jurisprudence déséquilibrée, qui ne sera pas le reflet des vraies préoccupations de la société.
C'est la raison pour laquelle, selon nous, le PCJ est extrêmement important. Ce n'est pas le seul élément qui donne accès à la justice — comprenez-moi bien —, mais c'est un élément important qui permet de concrétiser cet accès. Selon nous, il est important de ne pas avoir une jurisprudence déséquilibrée relativement à la Charte, et c'est, essentiellement, la raison pour laquelle nous appuyons le rétablissement du programme.
Pour ce qui est du rétablissement du programme, nous aimerions que les éléments essentiels de l'ancien programme soient rétablis — nous n'entrerons pas dans les détails, mais je serai heureux de répondre à vos questions —, comme les droits à l'égalité, bien sûr, et les droits des minorités linguistiques, au sujet desquels il y a déjà eu certaines discussions quant à savoir s'il faut les séparer. Nous ne sommes pas attachés à un modèle précis, mais nous aimerions vraiment que ces choses soient conservées, tout comme l'indépendance par rapport au gouvernement, assurément.
De plus, l'Association canadienne des avocats musulmans demande que le mandat et la portée du programme soient élargis pour inclure l'article 7 de la Charte. En outre, il ne doit pas s'agir d'un droit subsidiaire de l'article 15. Je veux être clair. Malgré tout le respect que j'ai pour mes collègues de l'ABC, je comprends leur point de vue et je suis d'accord avec là où la représentante veut en venir, mais j'aimerais que l'article 7 reste indépendant.
Je ne veux pas qu'une communauté ou une personne désavantagée voie son allégation liée à l'article 7 rejetée parce qu'elle ne respecte pas précisément un motif énuméré ou analogue, parce qu'il s'agirait d'un caprice bureaucratique ou d'une situation imprévue. Si notre objectif est de permettre aux personnes désavantagées d'avoir accès à la justice et de faire valoir leurs droits garantis par la Charte, il ne faut pas les rejeter parce que leur allégation n'entre pas dans une de ces belles petites boîtes.
Prenons l'exemple de l'affaire Carter. Nous pourrions dire qu'il s'agit d'un groupe de personnes désavantagées qui souffrent et qui veulent peut-être exercer leur droit de mourir, mais il y a parmi ces personnes des représentants des deux sexes et elles viennent de toutes les confessions, de différents contextes économiques et de différentes religions — je l'ai déjà mentionné — et donc, il pourrait y avoir beaucoup de motifs énumérés, et ces personnes pourraient, techniquement, voir leur allégation rejetée dans le cadre d'un programme de contestation en vertu de la Charte.
L'autre élément, fondamental, de l'article 7 qui concerne le « droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de cette personne », est très prometteur du point de vue des litiges. Plus précisément, beaucoup de personnes ont parlé des droits socioéconomiques. Je ne sais pas si c'est inclus ou non. Les tribunaux décideront, mais c'est la raison de permettre l'examen de causes types, et la raison pour laquelle il faut offrir un soutien en vertu de la Charte dans ces cas.
Nous aimerions que le programme soit élargi pour s'appliquer aux droits et actes provinciaux aussi, pour la simple raison que ce n'est pas une question de lutte juridique ni de politique. L'important, c'est la Charte, et la Charte s'applique à toutes les décisions gouvernementales. Elle fait contrepoids aux gouvernements. C'est ce point de vue que nous devrions adopter au moment de l'application.
Nous aimerions que le programme soit indépendant du gouvernement et qu'il bénéficie d'un financement durable et stable.
Voilà pour mes observations. Je suis prêt à répondre à vos questions. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, je m'appelle John Rae. Je suis deuxième vice-président du Conseil des Canadiens avec déficiences. Je comparais avec Anne Levesque, qui est présidente du Comité des droits de la personne.
Nous vous remercions de nous avoir invités ici aujourd'hui. Le fait d'être inclus dans ces délibérations est important pour notre travail, et le Programme de contestation judiciaire a une très grande importance dans le volet judiciaire de nos activités. Toutefois, cela ne constitue qu'une partie de ce que nous faisons. Nous sommes un organisme national — un organisme de défense des consommateurs — et la principale voix des personnes handicapées à l'échelle nationale.
Vous avez déjà entendu l'expression « rien sur nous sans nous ». C'est là que nous entrons en jeu. Nous sommes cette voix. Nous faisons du lobbyisme pour l'adoption de dispositions législatives et nous essayons d'améliorer l'attitude du public et de façonner les politiques gouvernementales. L'un de nos points forts est de mobiliser notre communauté afin d'aider le gouvernement dans son rôle d'artisan des politiques. Nous participons parfois à des procédures judiciaires, surtout en tant qu'intervenants, et nous sommes intervenus dans des affaires qui sont allées jusqu'à la Cour suprême.
Lorsqu'on pense à la division traditionnelle des pouvoirs dans ce pays... C'est la même chose dans toutes les commissions des droits de la personne, tous les ans. Le plus grand pourcentage des cas soumis concernent une distinction illicite fondée sur la déficience, généralement dans le domaine de l'emploi.
C'est pourquoi nous préconisons également un élargissement du Programme de contestation judiciaire à l'échelon provincial. La discrimination, l'exclusion et l'oppression, qui font partie de la réalité de notre communauté, continuent d'être répandues, et une meilleure réaction du système à cette exclusion et à cette discrimination est nécessaire.
De même, sur le plan des droits de la personne, on gère souvent les problèmes d'une personne, un cas à la fois. C'est trop lent. Selon nous, la Charte et les lois sur les droits de la personne nous promettaient autre chose. Nous avons fait un bout de chemin pour ce qui est d'être égaux aux yeux de la loi, mais il nous reste encore une longue route à parcourir avant que la Charte réalise la promesse de l'égalité pour tous devant la loi canadienne. C'est pourquoi le Programme de contestation judiciaire est important.
C'est une chose d'avoir de bonnes lois dans ce pays, et je crois que nos lois sont plutôt bonnes. Par contre, en tant que citoyens et organismes, si nous n'avons pas les ressources pour pouvoir mettre à l'épreuve et tenter d'élargir la couverture de ces lois, alors dans ce cas, elles ne répondent pas à nos besoins. C'est là que le Programme de contestation judiciaire devient important: il nous a aidés, et nous sommes impatients de le voir rétabli.
[Français]
Je m'appelle Anne Levesque. Je préside le comité des droits de la personne du Conseil des Canadiens avec déficiences. Le comité est surtout composée de personnes ayant des déficiences. Notre comité guide la stratégie en matière de litiges du Conseil.
Comme mon collègue M. Rae l'a souligné, souvent, notre stratégie à cet égard est de ne pas faire de litige. C'est la raison pour laquelle le Conseil appuie la continuation de ce fonds qui a été créé en vertu du Programme de contestation judiciaire pour appuyer des négociations avec le gouvernement. Cela étant dit, nous nous opposons à la médiation obligatoire.
Aujourd'hui, au nom du Conseil, je vais aborder deux aspects. Le premier concerne le financement des litiges en matière de droits de la personne. Le second touche l'augmentation du financement de l'enveloppe pour les consultations auprès de la communauté créée en vertu de l'ancien programme.
Commençons par les droits de la personne. Le système et la législation des droits de la personne au Canada sont parfois le meilleur forum pour faire valoir le droit à l'égalité des personnes avec des déficiences. L'objectif de la législation des droits de la personne partout au Canada consiste à éliminer la discrimination. En déposant des plaintes liées aux droits de la personne, les personnes avec des déficiences font valoir et appuient l'intention et l'objectif parlementaires d'éliminer la discrimination. Selon nous, c'est un objectif valable qui devrait être financé par le gouvernement.
À cet égard, je vais vous donner l'exemple d'une cause à laquelle le Conseil a participé. Cette cause n'est malheureusement pas mentionnée dans notre mémoire, mais elle est assez connue. Il s'agit de l'arrêt Hughes, James Peter c. Élections Canada, une cause présentée devant le Tribunal canadien des droits de la personne en 2010. Cette cause portait sur des bureaux de scrutin inaccessibles.
On voit donc que ce n'est pas qu'une question théorique. Dans ce cas-ci, le droit de vote d'une personne, son droit démocratique le plus fondamental, a été miné pour des raisons discriminatoires. Monsieur Hughes a déposé une plainte auprès du Tribunal canadien des droits de la personne. Le Conseil s'est vu accorder le statut de partie intéressée, ce qui est équivalent à un statut d'intervenant dans les cours.
Le tribunal a accordé un éventail de réparation très intéressantes, variées et multidisciplinaires. Ces réparations ont été obtenues en consultation avec le Conseil. Cela démontre que ce n'est pas qu'une question de litige entre parties adverses, mais que parfois le Conseil et les plaignants travaillent en collaboration pour faire valoir de meilleures politiques.
Dans ce dossier, il a été déterminé qu'Élections Canada devait consulter le Conseil et la population avec des déficiences afin de rendre le système électoral canadien plus accessible. De plus, cette décision allait de pair avec les obligations internationales du Canada envers les personnes ayant des déficiences, soit de veiller à promouvoir la participation, le droit à l'égalité, la dignité et l'indépendance. Ce genre de réparation très innovatrice et très progressive n'aurait peut-être pas été possible dans le contexte d'un litige devant les tribunaux qui se serait basé sur l'article 15.
Présentement, il faut se le dire, le système de droits de la personne au Canada est inaccessible. Dans l'arrêt Canada (CCDP) c. Canada (P. G.), le Conseil est intervenu devant la Cour suprême pour faire valoir le fait que les plaignants en matière de droits de la personne qui obtiennent gain de cause devraient avoir droit à des indemnisations de leurs frais juridiques. La Cour suprême a refusé cet argument. Ainsi, la situation est telle qu'un plaignant qui obtient gain de cause et qui a obtenu des gains systémiques qui touchent toutes les personnes avec des déficiences n'aura pas droit à des indemnisations pour ses frais juridiques. Souvent, il n'y a aucun avantage pécuniaire à présenter ces causes. Dans le système de droits de la personne au Canada, les dommages et intérêts sont plafonnés à 20 000 $. Dans le cas de Mme Mowat, les frais juridiques représentaient un montant de 100 000 $.
Pour vous donner un aperçu du problème, le champ de bataille n'est ni équitable, ni égal. Vous avez certainement entendu parler de la cause de la professeur Blackstock au sujet des enfants autochtones.
Le système n'est pas équitable. Le Conseil des Canadiens avec déficiences croit que la modernisation et la restauration du Programme de contestation judiciaire devraient être accompagnées d'une nouvelle stratégie en matière de litiges au ministère de la Justice. Quand ce ministère traite avec des groupes qui font la promotion de l'égalité, soit des groupes qui sont historiquement désavantagés devant les tribunaux, il devrait peut-être tenter de créer un terrain où les enjeux seraient plus équitables.
J'aimerais maintenant parler de l'enveloppe de financement pour les consultations et l'implication des groupes qui font la promotion de l'égalité.
L'ancien programme accordait des fonds pour des fins de consultations. Dans notre mémoire, nous faisons valoir que ce fonds devrait être élargi afin que des consultations puissent être menées tout au long d'un litige. Une somme de 5 000 $ n'est pas suffisante pour tenir des consultations accessibles et bilingues auprès de personnes qui ont des déficiences partout au Canada. Ici encore, le but est de faire en sorte que le Canada se conforme à ses obligations internationales en vertu desquelles les litiges doivent se dérouler de façon à promouvoir la participation et l'indépendance des personnes avec déficiences.
Je vous remercie.
Nous n'avons pas encore creusé cette idée. Dans le volet de l'ancien modèle relatif aux causes types, on finançait les litiges, la préparation des causes et les négociations. Je crois que c'est important pour les activités reliées carrément aux litiges. Je crois que l'ancien programme finançait également la promotion et les études d'impact. Je crois que ces volets sont aussi importants. À notre avis, le principal volet est le financement des litiges, mais ce n'est pas tout. Il ne faut pas de l'argent seulement pour les litiges. Bien sûr, c'est important et c'est ce que nous souhaitons. Mais il faut aussi soutenir la sensibilisation du public et la promotion du programme.
Notre société est sans doute l'une des plus riches de l'histoire de l'humanité. Mais, lorsque vous êtes défavorisé, vous n'avez pas beaucoup de temps pour aller parler aux comités parlementaires et chercher des avocats qui s'occuperont de votre cas. Vous passez votre vie à tenir bon. Cela fait donc partie de la promotion: il faut faire passer le message à ceux dont les droits peuvent être bafoués. Nous devons leur dire qu'ils ont accès à des ressources qu'ils peuvent utiliser pour s'enquérir de leurs droits, ou pour faire respecter leurs droits, contre une mesure du gouvernement qui pourraient les désavantager. C'est important.
Dans le cadre du programme, on faisait également beaucoup de travail sur le renforcement des capacités et sur la recherche sur les conséquences des décisions. On se penchait sur les contestations à venir et on explorait les enjeux. Au fond, le PCJ est un programme de causes types. C'est pour cette raison que nous voudrions inclure l'article 7, qui génère beaucoup d'activité relativement aux causes types. Cela peut échouer ou réussir. Nous ne le savons pas. Il revient aux plaideurs de mettre les questions de l'avant et aux tribunaux de les trancher. Mais je crois qu'il importe de faire toutes ces choses afin d'explorer les limites de la Charte et de faire respecter les droits des personnes défavorisées et vulnérables du pays.
J'ai examiné le financement de l'ancien programme. J'ai beaucoup travaillé dans le secteur public. J'ai travaillé dans le secteur privé. Le programme ne prévoyait pas beaucoup d'argent pour financer les litiges. Ce n'est pas qu'il donnait un chèque en blanc à quelqu'un. Ce n'était pas une simple invitation à poursuivre le gouvernement. C'était vraiment un modèle d'encouragement. Il montrait qu'il y avait d'autre financement à votre disposition pour vous aider à renforcer vos capacités et à obtenir des conseils stratégiques.
Je crois que c'est M. Chipeur qui, lors de la table ronde précédente, a parlé de partialité dans la sélection. Nous sommes tous humains. Je suppose qu'il y a toujours des partis pris. Le problème, c'est qu'il doit bien y avoir des contrôles. L'ancien programme disposait de 2 à 3 millions de dollars par année. Si je gère ce programme, je ne vais pas commencer à donner 50 000 ou 60 000 $ à chaque personne qui frappe à ma porte selon la formule « premier arrivé, premier servi ». Je veux financer ceux qui peuvent réussir à faire avancer les lois, alors c'est important.
Sans vous donner de montant précis, je dirais que le financement doit être augmenté, surtout étant donné que les temps changent et que les litiges coûtent cher. Je dirais qu'il faut augmenter le financement et le rendre stable et durable. Je sais que mon collègue et ami M. Bhabha était ici dernièrement. Il a parlé de l'existence d'un droit constitutionnel de fonder une contestation sur la Charte. C'est intéressant. Si vous y pensez bien, les personnes défavorisées dans ce pays ne peuvent pas faire respecter leurs droits. Le simple fait d'être défavorisés engendre une discrimination dans le processus d'accès, ce qui est en soi une violation de la Charte. Il soulève un point important. C'est une chose à prendre en considération au moment de procurer au programme un financement stable et infaillible, aussi infaillible que possible. Chose certaine, il devrait être indépendant du gouvernement.
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Une façon de faire serait au moyen de consultations, en augmentant le financement pour les consultations, et en tenant des consultations à l'échelle nationale tout au long d'une affaire. Notre expérience à l'ACLC nous a montré que c'est très important.
Selon notre expérience, il est aussi très important de financer l'intervention dans un dossier donné. Il s'agissait d'une façon de former des coalitions afin de comprendre toute l'importance d'un dossier allant jusqu'à la cour d'appel, à la Cour fédérale ou à la Cour suprême, et l'incidence que cela peut avoir sur la communauté.
C'était également important au chapitre des études d'impact. Si nous obtenions une décision favorable ou défavorable, la communauté participait à l'analyse du cas, de l'incidence que cela pouvait avoir sur eux et du résultat potentiel. Elle participerait à l'élaboration de l'étude d'impact.
L'une des choses que nous préconisons est l'inclusion dans le nouveau programme d'un volet de formation pour les jeunes avocats afin qu'ils possèdent les capacités et les compétences voulues pour monter une cause type, parce que cela demande un savoir-faire très particulier.
Pour ce qui est de la promotion dans les communautés, je ne crois pas que l'argent affecté à la promotion était vraiment utilisé, parce qu'il n'y en avait pas beaucoup. La promotion dans les communautés et la sensibilisation aux droits à l'égalité sont importants lorsque vous voulez vraiment faire participer la communauté au processus.
Je dirais que le Programme de contestation judiciaire, tel qu'il est actuellement, depuis sa dernière itération, et même dernièrement, pendant la consultation tenue la fin de semaine dernière, est très orienté vers la communauté. On s'assure vraiment que les communautés, la voix des communautés et les organismes représentant les communautés sur le terrain participent et donnent l'impulsion au Programme de contestation judiciaire.
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Merci du compliment. Beaucoup de gens ont travaillé sur le projet de loi : plusieurs avocats et défenseurs des droits communautaires ont été très actifs dans ce dossier.
Penchons-nous sur les répercussions pour la communauté musulmane concernant les questions de sécurité nationale. Quelles qu'en soient les raisons, les musulmans au Canada sont touchés de façon disproportionnée par le dossier de la sécurité nationale et par la lutte contre le terrorisme, à l'échelle internationale et nationale. Parfois, les conséquences discriminatoires qu'ils subissent sont directes.
Dans certains cas, il y a eu un problème relatif au certificat de sécurité; des hommes musulmans ont été arrêtés sans accusation, sans accès à un conseil, et leur audience a été secrète, puisqu'ils n'ont même pas eu droit à un procès. Dans l'affaire Charkaoui, la Cour suprême a statué.
Cela a été financé par le Programme de contestation judiciaire à cause d'un problème relatif à l'article 15 — et je crois qu'il y a toujours un problème relativement à l'article 15 ici —, et ils ont perdu dans ce dossier, mais ils ont gagné relativement à l'article 7. Les audiences secrètes vont à l'encontre des principes fondamentaux de justice du système juridique canadien et de la primauté du droit. C'est à la suite de cette décision que le régime d'avocats spéciaux a été créé.
Dans le cas de certaines collectivités, les collectivités dont mon organisation a l'expérience... ou tenez, par exemple, l'affaire Arar. Elle n'était visée par aucune loi comme telle, mais la Charte permet de contester les actions du gouvernement; elle peut donc contester les mesures que le gouvernement du Canada a prises et qui ont mené à l'horrible situation de M. Arar en Syrie. Voilà le type de situation où on peut parler de sécurité nationale.
Il existe ce que j'ai décrit un peu comme une discrimination goutte à goutte, après la sécurité nationale. Il y a, d'un côté, les conséquences disproportionnées directes de la sécurité nationale sur les musulmans et sur ceux qui paraissent musulmans, et, de l'autre, l'effet goutte à goutte.
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Merci de poser la question.
Il m'est difficile de répondre, parce qu'on pourrait devoir faire face à un cas trouvant son origine dans la législation provinciale et concernant une mesure gouvernementale qui ne serait pas financé, mais on ne peut savoir ce qu'il adviendra de ce cas ni les conséquences qu'il aura. Prenez, par exemple, un tribunal administratif en Ontario. Un problème relatif à la Charte se pose: on statue à son égard, et il se retrouve devant des cours inférieures de l'Ontario. C'est alors qu'un tribunal de la Colombie-Britannique reprend cette décision et l'utilise. Ces deux décisions pourraient étayer une norme nationale. Finalement, on vient de couler un principe ou un précédent dans le béton, et le groupe en situation de désavantage n'a pas eu l'occasion de défendre ses intérêts à la première étape.
Je ne sais pas comment on pourrait prévoir qu'un cas aura des répercussions nationales ou non. D'un point de vue pratique, ce n'est pas facile de le savoir, et, en principe, la Charte est conçue pour faire office de contrepoids face aux actions du gouvernement. Elle n'est pas conçue pour faire office de contrepoids face aux actions du gouvernement fédéral seulement: elle s'applique aux actions de tous les gouvernements. C'est pourquoi je crois que nous devrions l'appliquer aux lois et aux actions des gouvernements fédéral et provinciaux.
Malgré certains aspects politiques complexes et évidents dont il faut être conscient dans la mise en oeuvre et tout le reste, il est clair que nous avons été heureux de collaborer avec vous pour le faire. Pour répondre à la question de base, oui, elles le devraient. Comment parvenir à concevoir un tel programme qui parvienne à le faire sans que les provinces se braquent et qu'elles participent quand même? Il faut très certainement y réfléchir, mais cela ne dilue pas le principe de base.
Si je peux prendre une seconde pour réagir à ce que Mme Levesque a dit, je dirais que je suis tout à fait d'accord avec elle. Ne vous méprenez pas: l'article 7 doit porter assistance à ceux qui sont en position de désavantage. Notre position tient essentiellement à cette situation de désavantage.