:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je suis heureux de comparaître aujourd’hui devant le Comité pour la première fois depuis le début de la nouvelle législature. J’ignore combien d’autres conversations nous aurons avant la fin de mon mandat, en octobre, mais je suis honoré que vous m'ayez reçu aussi souvent et d’avoir eu des échanges aussi productifs avec vous.
[Français]
Je m'en voudrais de ne pas dire un mot sur l'énorme contribution de Mauril Bélanger, comme député et comme ministre, au dossier des langues officielles. Il a toujours été une source incontournable d'appui et de conseils.
Cet après-midi, j'aimerais vous informer des démarches visant à améliorer l'accès à la justice dans les deux langues officielles, revenir sur une vérification menée par le Commissariat aux langues officielles auprès du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada et vous faire part des mesures que j'entends prendre d'ici la fin de mon mandat. Nous pourrons aussi discuter du Budget principal des dépenses publié il y a peu de temps.
En outre, vous m'avez signifié votre intérêt quant au choix de la prochaine personne à occuper le poste de commissaire. J'ai eu des échanges avec le Bureau du Conseil privé sur le choix de mon successeur, notamment avec l'ancienne greffière et le nouveau greffier. Je leur ai transmis une liste de six critères qui, selon moi, pourraient guider leur choix: les compétences linguistiques, à savoir l'aisance et l'éloquence dans les deux langues officielles; la capacité d'exprimer sa vision de la dualité linguistique; l'indépendance, qui va de soi pour tout agent du Parlement; un comportement guidé par des normes éthiques élevées et par le respect; une certaine facilité pour les fonctions d'une personnalité publique; enfin, une crédibilité basée sur des expériences antérieures concernant la Loi sur les langues officielles et la connaissance des communautés de langue officielle ou du Parlement.
[Traduction]
Et après réflexion, j’ajouterais à cette liste l'importance d’être, comme le disait un de mes anciens collègues, un « natif du numérique », c'est-à-dire de s'ouvrir aux nouveaux défis des médias sociaux et du Web 2.0 et d'en saisir les conséquences sur les politiques linguistiques.
Mes conversations avec le Bureau du Conseil privé me laissent croire que le processus d’élaboration des critères de sélection n’est pas terminé. Si le Comité juge que d’autres critères seraient plus appropriés, je crois qu’il est encore temps d’en faire part à M. Wernick.
[Français]
L'accès à la justice dans les deux langues officielles est l'un des dossiers sur lesquels mon successeur devra se pencher. L'année 2017 marquera d'ailleurs 150 ans de bilinguisme législatif et judiciaire au Canada.
Les citoyens qui désirent obtenir justice dans la langue officielle de la minorité devant les cours supérieures du pays se voient encore trop souvent contraints de plaider leur cause dans la langue de la majorité, ou ils doivent engager des frais et subir des retards supplémentaires lorsqu'ils persistent à vouloir être entendus par des juges bilingues. Il en est ainsi en raison, notamment, de la capacité bilingue de la magistrature des cours supérieures, qui présente encore aujourd'hui des lacunes dans plusieurs provinces et territoires.
C'est la raison pour laquelle j'ai publié, en août 2013, une étude intitulée « L'accès à la justice dans les deux langues officielles: Améliorer la capacité bilingue de la magistrature des cours supérieures ».
[Traduction]
Cette étude, menée conjointement avec mes homologues de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, nous a permis de constater que le processus de nomination des juges des cours supérieures ne garantissait pas un nombre suffisant de juges possédant les compétences linguistiques requises pour entendre, sans retards ni coûts supplémentaires, les citoyens dans la langue officielle de la minorité.
J’ai donc formulé 10 recommandations en vue de corriger cette situation. De plus, j’ai insisté sur l'importance d’instaurer une démarche concertée, à laquelle prendraient part la du Canada, ses homologues provinciaux et territoriaux ainsi que les juges en chef des cours supérieures.
L’Association du Barreau canadien a appuyé notre démarche en adoptant, en février 2014, une résolution qui exhorte la à mettre en oeuvre les recommandations de l'étude en collaboration avec ses homologues provinciaux et territoriaux et avec les juges en chef des cours supérieures et des cours d’appel du pays.
[Français]
En 2015, le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, nous a répondu qu'il ne voyait pas la nécessité de modifier le processus en place. Il n'a donc entamé aucune discussion avec ses homologues, malgré l'intérêt manifesté par certains d'entre eux, notamment en Ontario et au Nouveau-Brunswick.
En effet, des initiatives intéressantes ont été mises en place dans ces deux provinces. Par exemple, au printemps 2015, la procureure générale de l'Ontario et ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, a lancé un projet pilote pour l'accès à la justice en français.
[Traduction]
Le projet pilote axé sur l'offre active vise à faire en sorte que les citoyens et les avocats francophones puissent être servis convenablement en français au palais de justice d’Ottawa.
De plus, la ministre Meilleur nous a écrit en 2015 pour nous informer qu’elle comptait appuyer toute mesure encourageant la nomination de juges bilingues que pourrait adopter la du Canada.
Au Nouveau-Brunswick, la juge de la cour provinciale Yvette Finn pilote depuis 2011 un programme très prisé de formation linguistique destiné aux juges de juridiction provinciale partout au Canada. Je vais bientôt rencontrer la pour discuter de l'étude et d'autres projets qui pourraient être menés en collaboration avec la ministre Meilleur.
Je demanderai également à la de mettre en oeuvre les recommandations contenues dans le rapport de l'étude.
[Français]
J'espère que le gouvernement mettra également en oeuvre les trois recommandations issues de la vérification que nous avons publiées en janvier dernier sur la façon dont le Secrétariat du Conseil du Trésor s'est acquitté de ses obligations linguistiques dans le cadre de l'examen des dépenses du gouvernement, en 2011-2012. Mes recommandations visent à ce que les manquements constatés ne se répètent pas dans les futurs exercices de réévaluation budgétaire.
À titre d'institution fédérale, le Secrétariat du Conseil du Trésor doit, dans l'exercice de son mandat, mettre en oeuvre la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Ainsi, il doit s'assurer de bien appuyer les institutions fédérales en leur donnant des instructions claires sur les mesures à prendre pour éviter que les compressions budgétaires ne nuisent à la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire et pour que ces institutions respectent pleinement leurs obligations.
Vous pouvez lire les résultats de la vérification du Secrétariat sur le site Web du Commissariat.
[Traduction]
Comme cela fait 10 ans que je suis commissaire, j'estime, comme beaucoup d'entre vous j'en suis sûr, que le moment est venu de faire le point sur l’état des langues officielles au Canada. À cette fin, je vais publier une série de documents clés d'ici la fin de mon mandat. Il y aura mon rapport annuel du 19 mai, qui s'accompagnera de nouveaux bulletins de rendement pour 33 institutions fédérales; un survol de la façon dont je me suis acquitté de mon rôle devant les tribunaux; une étude sur l’offre active faite au public par les institutions fédérales; une étude sur le développement de la petite enfance en milieu minoritaire francophone; les résultats d’un sondage d'opinion sur ce que pensent les Canadiens de diverses questions liées aux langues officielles; et un suivi de ma vérification de 2012 concernant Parcs Canada.
Au mois de juin, je présenterai un rapport spécial au Parlement qui proposera des options visant a renforcer le régime d’exécution applicable à Air Canada.
[Français]
Je continuerai de travailler à de nombreux dossiers jusqu'à l'automne prochain. Les différends relatifs aux compétences respectives de Radio-Canada/CBC et du Commissariat en feront partie. La planification de la prochaine version de la Feuille de route pour les langues officielles est évidemment d'un grand intérêt. Le Commissariat surveille aussi certains projets de loi, notamment le projet de loi , sur les compétences linguistiques des juges de la Cour suprême du Canada, et le projet de loi , sur la partie IV de la Loi sur les langues officielles.
Finalement, nous sommes en communication avec diverses institutions fédérales pour les inciter à intégrer la promotion des langues officielles dans les célébrations entourant le 150e anniversaire de la Confédération, en plus de préparer nos propres activités. Dans ce contexte, nous avons publié une brochure pour les organisateurs des célébrations de 2017.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
Je répondrai maintenant à vos questions et à celles de vos collègues.
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C'est une très bonne question. Je vais commencer par le dernier volet.
Nous sommes déjà intervenus devant les tribunaux dans le cas de CBEF Windsor. C'est arrivé il y a neuf ans et demi, entre le moment où mon nom a été annoncé comme candidat à ce poste et celui où j'ai assumé mes fonctions. Je m'excuse, je me trompe sur le moment de cette annonce; c'était plus tard.
Nous avions reçu plus de 800 plaintes. Nous sommes intervenus devant les tribunaux pour dire que Radio-Canada/CBC avait des obligations en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, notamment celle de prendre des mesures positives pour l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Le juge Martineau de la Cour fédérale a accepté nos arguments, mais la cause a été déboutée à la Cour d'appel fédérale. On est de retour à la case départ.
Radio-Canada/CBC n'accepte pas notre point selon lequel nous avons compétence en cette matière. Je me suis toujours empêché de dire que nous étions intervenus contre Radio-Canada/CBC, parce que je pense qu'elle joue un rôle extraordinaire dans la vitalité des communautés minoritaires. Cependant, à un certain moment, j'aimerais savoir si j'ai compétence ou non. Entretemps, nous sommes en discussion informelle avec Radio-Canada/CBC pour voir s'il y a une façon de négocier un protocole d'entente concernant le traitement des plaintes que nous recevons. Je dis tout cela pour démontrer que le rôle que joue Radio-Canada/CBC dans la vitalité des communautés est extrêmement important.
Quand je vivais à Québec, j'appréciais énormément le Quebec Community Groups Network, qui desservait et qui dessert toujours les communautés anglophones éparpillées sur le grand territoire du Québec. J'ai aussi apprécié énormément le rôle non seulement de diffuseurs et d'annonceurs, mais également d'animateurs sociaux que jouent les gens de Radio-Canada/CBC en région. J'ai l'espoir que la préoccupation relative aux communautés minoritaires sera au centre des préoccupations de Radio-Canada/CBC quand elle prendra des décisions sur la façon d'utiliser cet argent.
Quant au virage technologique, c'est une épée à double tranchant. C'est quelque chose que je mentionne dans la lettre à mon successeur que je publie dans le rapport annuel. C'est très individualiste. C'est un réseau linguistique, mais cela ne crée pas nécessairement des espaces linguistiques. Aussi, dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire, la population est souvent vieillissante et n'a pas toujours le même accès à Internet haute vitesse que les populations urbaines plus jeunes. Donc, il faut toujours reconnaître les véritables besoins des communautés minoritaires quand on met sur pied des mesures technologiques.
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J'ai déjà répondu quelque chose au sujet de la démarche que nous avons entreprise devant les tribunaux. Nous avons enclenché des discussions pour essayer d'en arriver à un protocole d'entente nous permettant de faire enquête sur des plaintes. J'ai toujours dit que d'intervenir sur des questions de programmation pure et simple ne m'intéressait pas. Quand j'étais journaliste, je ne voulais pas gérer une salle de nouvelles, et je ne veux absolument pas le faire comme commissaire aux langues officielles. Je fais cette distinction, qui n'est peut-être pas tout à fait crue ou comprise par Radio-Canada.
Je pense que l'une des retombées positives de notre intervention devant les tribunaux a été de rappeler l'importance, pour Radio-Canada, de mener des consultations auprès des communautés avant de faire des changements. Assurément, il y a un certain « Toronto-centrisme » à Toronto et un « Montréal-centrisme » à Montréal.
Par exemple, quand des membres de la GRC ont été assassinés à Moncton, il y avait une certaine crise. Or RDI n'a pas interrompu sa couverture de la commission Charbonneau pour couvrir ces événements. On n'a pas déposé de plainte auprès de notre commissariat, mais auprès de l'ombudsman de Radio-Canada. C'est le genre de décision journalistique et de programmation où l'ombudsman de Radio-Canada a effectivement un rôle très important à jouer.
Par contre, après qu'on eut coupé de façon draconienne la couverture de toute la programmation locale à Windsor, j'ai reçu quelque 860 plaintes. Ce n'était pas une décision journalistique, mais une décision d'ordre administratif. Quand Radio-Canada n'a pas reconnu ma compétence en la matière, c'est le genre de situation où j'ai senti avoir une obligation d'intervenir devant les tribunaux, et c'est ce que j'ai fait.
Tout cela pour vous dire que, face à ces pressions et aux plaintes des communautés en situation minoritaire, on devient de plus en plus conscient des enjeux. Par exemple, RDI a récemment diffusé une émission spéciale de deux heures de Moncton, où s'exprimaient des gens de communautés minoritaires francophones de partout au pays. Mes collègues provinciaux, soit Mme d'Entremont, du Nouveau-Brunswick, et M. Boileau, de l'Ontario, et moi-même avons pu participer à cette émission. Effectivement, on est plus conscientisé qu'on ne l'était, mais c'est un travail de longue haleine que de véritablement conscientiser les gens quant à la réalité minoritaire francophone d'un bout à l'autre du pays.
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Je crois qu'il y a deux ou trois éléments importants à considérer.
En 2018, cela fera 30 ans que la Loi sur les langues officielles n'a pas subi de grande révision ou modification. Puis, en 2019, cela fera 50 ans qu'elle a été établie; elle est en vigueur depuis 1969. Ce sera donc peut-être le temps, pour mon successeur et pour le gouvernement, de reconsidérer la nature de la Loi, étant donné qu'en 1969, on n'avait même pas imaginé Internet. Toutes les données étaient inscrites dans des documents. Même quand j'ai été nommé, Facebook et Twitter étaient encore des inventions très récentes. Ce n'était pas des outils dont le gouvernement se servait pour fonctionner et communiquer. En 2017, nous célébrerons non seulement le 150e anniversaire de la Confédération, mais aussi celui du bijuridisme au Canada. Il y aura une conférence, au mois de mars je crois, que nous organisons conjointement avec l'Association du Barreau canadien et qui marquera le 150e anniversaire de l'introduction de deux systèmes juridiques au pays: celui de droit civil et celui de common law.
Enfin, il y a tous les effets du virage technologique. Il n'existe pas d'échéancier pour ce virage. Il n'y a pas de moment déterminé où l'on pourra dire que c'est terminé, que le virage a été effectué et que l'on vit maintenant dans une nouvelle ère. Cela évolue de mois en mois. Même quand j'étais journaliste — j'ai changé de profession il y a 10 ans —, j'avais remarqué que, chaque fois qu'une commission d'enquête sur les télécommunications était nommée par le gouvernement, les changements suggérés devenaient désuets avant même la rédaction et la publication des recommandations.
Je constate que les changements technologiques sont si rapides que l'on ne peut même pas envisager le moment de l'arrivée au paradis technologique ni croire que cette échéance peut être fixée. Nous vivons donc dans une ère de changements constants. Il reste à nous demander comment nous pouvons faire en sorte que ceux-ci visent à appuyer les communautés de langue officielle en situation minoritaire et les deux langues officielles du Canada, plutôt qu'à les minimiser ou les marginaliser.
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Je vais commencer par répondre à la deuxième question.
Le gouvernement fédéral a souvent offert au public des outils technologiques. Je pense par exemple à Termium, une espèce de dictionnaire qui a été développé par le gouvernement fédéral. Pendant longtemps, son accès a été limité aux usagers du gouvernement fédéral. Au tout début de mon mandat, il y a huit ou neuf ans, le gouvernement a décidé de donner à la population accès à cet outil. Il s'est dit qu'il ne lui en coûtait pas plus cher et qu'il ne contenait pas de données confidentielles. Un simple citoyen, un étudiant ou un traducteur du secteur privé peut donc avoir accès aux termes qu'il contient.
Il y a eu d'autres exemples, malheureux à mon avis, où le gouvernement a tenu mordicus à ce que certains de ses outils restent à l'intérieur du gouvernement. Par exemple, quand Edmonton Public Schools a voulu évaluer des étudiants en immersion, il y a eu un projet pilote où l'on utilisait le système fédéral d'évaluation. Après un changement de président, on a dit aux gens d'Edmonton Public Schools qu'ils ne pouvaient plus l'utiliser, car son utilisation était limitée aux fonctionnaires. Donc, Edmonton Public Schools utilise maintenant un système de la France. C'était là une occasion manquée.
Je sais qu'une série d'outils d'apprentissage a été développée par l'École de la fonction publique pour des fonctionnaires dans leur plan d'apprentissage. Il est tout à fait raisonnable d'envisager de rendre ces outils accessibles aux autres Canadiens. Est-ce une bonne utilisation de ces ressources que de limiter leur accès aux fonctionnaires? Étant donné que les Canadiens ont payé pour leur création, ne devraient-ils pas pouvoir avoir accès à ces outils?
Concernant la présidence unilingue, une réalité fait en sorte que la Loi sur les langues officielles ne s'applique pas aux parlementaires. Donc, je n'ai pas compétence à cet égard. Cependant, je dois dire que j'ai toujours pensé que le bilinguisme était un atout essentiel pour le leadership dans la vie publique. Je vais limiter mes commentaires à cela.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Fraser, je vais poser mes questions et vous essaierez d'y répondre du mieux que vous le pouvez.
Ma première question concerne l'étude que vous avez faite sur le Secrétariat du Conseil du Trésor.
On a parlé tout à l'heure de l'affichage de postes et du fait qu'il n'y avait plus de mentions quant au bilinguisme. La FCFA a fait remarquer, entre autres, qu'il n'y avait pas d'autorité centrale pour s'assurer que la Loi sur les langues officielles était appliquée correctement. Par exemple, votre étude sur le Secrétariat du Conseil du Trésor a révélé qu'il n'y avait pas d'application de la Loi sur les langues officielles. La FCFA suggère qu'il y ait une autorité centrale.
Le titre de la ministre ne mentionne même plus « langues officielles ». Elle a dit qu'il fallait qu'elle prenne également en considération les langues autochtones. On aurait pu ajouter « langues autochtones » plutôt que d'enlever « langues officielles ».
Ne devrait-il pas y avoir une autorité centrale qui surveille l'application de la Loi sur les langues officielles au sein de tous les ministères et de tous les organismes?
Je vais terminer en parlant du Bureau de la traduction, sur lequel vous avez glissé quelques mots. En réponse à la question au Feuilleton Q-53, Mme Judy Foote m'a dit que des gens avaient travaillé à ce dossier, « y compris le commissaire aux langues officielles avec qui le Bureau de la traduction a travaillé au développement de l'outil ».
Pouvez-vous répondre rapidement à ces deux points?
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Je vais donner un premier aperçu et, ensuite, je vais demander aux autres de donner plus de détails.
Pour la région de l'Atlantique, nous avons un bureau à Moncton. Nous avons un bureau à Montréal et un à Toronto. À Sudbury, nous avons un bureau satellite, c'est-à-dire où une personne fait la liaison. Nous avons un bureau à Winnipeg et un autre à Edmonton, ainsi qu'un bureau satellite à Regina. Nous avons aussi un bureau satellite à Vancouver, bien que ce dernier ne soit pas en fonction depuis un certain nombre d'années.
Il y a une vingtaine de personnes dans les bureaux partout au pays. Cela représente à peu près 1,9 million de dollars pour les bureaux régionaux, soit 8,2 % de notre budget.
Depuis le début de mon mandat, nous avons changé un peu la vocation de ces bureaux. À la suite de son appréciation du risque de conflit d'intérêts et d'apparence de conflit d'intérêts, Dyane Adam avait décidé que les enquêteurs en région qui vivaient dans les communautés ne devaient pas faire des enquêtes sur les plaintes visant des institutions dans les régions, parce que cela amenait une perception de conflit d'intérêts.
Quand nous avons fait une revue des services votés, nous avons examiné la fonction de nos bureaux, puis Mme Saikaley a fait une réorganisation de sa direction. Elle a posé une question intéressante: si des enquêteurs en région ne font pas d'enquêtes dans les régions, comment se fait-il qu'ils soient dans les régions? Nous avons donc fait une réorganisation. À une exception près, les enquêteurs en région qui ne voulaient pas venir à Ottawa sont restés à la Direction générale d'assurance de la conformité et sont devenus des agents de liaison. Nous avons fait une exception pour un analyse qui fait des enquêtes de grande qualité. C'est une personne d'une grande expérience et nous sommes prêts à l'accommoder pour ne pas le perdre.
Conséquemment à ce changement de vocation, les bureaux régionaux s'occupent uniquement des activités de communication, de promotion et de liaison avec les institutions fédérales. Par exemple, ces bureaux organisent des tournées dans des écoles et ont des contacts avec les communautés. Ils relèvent de la Direction générale des politiques et des communications et ils mènent des activités de promotion.
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Dans le cas d'Air Canada, les difficultés sont en partie... L'enthousiasme n'est pas au rendez-vous, pour ainsi dire.
J'ai dit au président d'Air Canada que nous allions rédiger un rapport spécial. Il a réitéré sa position, à savoir qu'il trouve injuste d'être le seul transporteur privé au Canada à avoir de telles obligations. Il pense qu'Air Canada est l'entreprise privée ayant le meilleur bilan en matière de bilinguisme au pays et qu'on ne le reconnaît pas suffisamment.
Pour ma part, je pense qu'il y a d'autres sociétés privées — Bell Canada, par exemple — qui sont des modèles d'excellence pour l'utilisation des deux langues officielles. Nous avons déjà félicité Rogers également pour son excellence à ce chapitre, alors je ne dirais pas nécessairement qu'Air Canada est la société privée ayant le meilleur bilan en matière de bilinguisme.
L'une des choses que j'ai remarquées, c'est que les meilleures intentions des dirigeants d'Air Canada ne sont pas toujours relayées jusqu'aux employés.
Nous avons procédé à une vérification des services offerts au public en 2010-2011, juste après les Olympiques. Air Canada avait servi les voyageurs à destination de Vancouver dans les deux langues officielles. Elle avait été irréprochable, comme les 17 autres institutions fédérales sollicitées dans le cadre des Jeux olympiques de Vancouver.
Cependant, les entrevues que nous avons effectuées lors de la vérification ont révélé que les employés avaient l'impression qu'Air Canada faisait un effort particulier rien que pour les Olympiques. Plutôt que de voir cette amélioration comme faisant partie d'un processus graduel devant mener à un succès permanent, les employés se sont tous dit: « Nous avons fait du spécial pour les Olympiques, mais les choses redeviendront comme avant. » Lorsque nous avons présenté les résultats de la vérification aux dirigeants d'Air Canada, ils ont été très étonnés et ont déclaré n'avoir rien dit de tel aux employés.
La question n'est pas de savoir ce qu'ils ont dit, mais ce qu'ils ont omis de dire.
Ce que je trouve dommage, c'est qu'Air Canada continue de voir les langues officielles comme un fardeau plutôt que comme une valeur. Le bilinguisme pourrait servir Air Canada de diverses manières. Ce pourrait être une source de fierté, un outil de commercialisation, une marque distinctive, mais pour toutes sortes de raisons, cette entreprise résiste et s'indigne des responsabilités que lui impose l'accord de vente. Elle a l'impression de devoir porter ce fardeau uniquement parce que l'accord de vente a été mal négocié il y a 30 ans — si l'accord avait été bien négocié, elle n'aurait rien de tout cela sur le dos.
Je trouve cela dommage, car lorsqu'on voyage à l'étranger, on constate que les autres compagnies aériennes sont très compétentes sur le plan linguistique. Quelqu'un m'a dit l'autre jour que sur un vol entre Barcelone et Miami, on pouvait être servi en catalan.
Pour les autres compagnies aériennes, de pouvoir servir les passagers dans la langue de leur choix constitue une valeur, pas un fardeau. Il est malheureux de voir qu'Air Canada résiste avec autant de vigueur à nos tentatives de l'aider à respecter ses obligations au titre de la loi.