Que le Règlement de la Chambre des communes soit modifié de la façon suivante:
1. Que le paragraphe suivant soit inséré après l’article 32.(6):
« (7) Au plus tard vingt jours de séance après le début de la deuxième session d’une législature ou d’une de ses sessions subséquentes, un ministre de la Couronne dépose sur le Bureau un document expliquant les raisons de la récente prorogation. Ce document est réputé renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre dès sa présentation à la Chambre. »
2. Que le nouvel article suivant soit inséré à la suite de l’article 69:
« 69.1(1) Lorsqu’un projet de loi émanant du gouvernement vise à modifier, à abroger ou à édicter plus d’une loi dans les cas où le projet de loi n’a aucun fil directeur ou porte sur des sujets qui n’ont rien en commun les uns avec les autres, le Président peut diviser les questions, aux fins du vote, sur toute motion tendant à la deuxième lecture et au renvoi à un comité et à la troisième lecture et l’adoption du projet de loi. Le Président peut combiner des articles du projet de loi thématiquement et mettre aux voix les questions susmentionnées sur chacun de ces groupes d’articles séparément, pourvu qu’un seul débat soit tenu pour chaque étape.
69.1(2) Le présent article ne s’applique pas si le projet de loi a comme objectif central la mise en oeuvre d’un budget et contient des dispositions qui ont été annoncées lors de l’exposé budgétaire ou qui étaient contenues dans les documents déposés lors de l’exposé budgétaire. »
3. Que l’article 81 soit modifié de la façon suivante:
a) par substitution des mots « des crédits provisoires » au paragraphe (3) et à l’alinéa (14)a) de ce qui suit: « du budget provisoire des dépenses »; des mots « aux crédits provisoires » à l’alinéa (17)a) de ce qui suit: « à un budget provisoire des dépenses »; des mots « les crédits provisoires » à l’alinéa (17)b) de ce qui suit: « un budget provisoire des dépenses »;
b) par substitution du texte initial du paragraphe (4) de ce qui suit: « (4) Le budget principal des dépenses d’un exercice financier, à l’égard de chaque ministère du gouvernement, est réputé renvoyé aux comités permanents au plus tard le 16 avril de l’exercice financier visé. Chaque comité en question étudie ce budget et en fait rapport ou est réputé en avoir fait rapport à la Chambre au plus tard le 10 juin de l’exercice financier visé. Toutefois, »
c) par substitution aux alinéas (4)a) et b)
I. des mots « 1er mai » de ce qui suit : « 8 mai »;
II. pour chaque occurrence des mots « 31 mai » de ce qui suit: « 10 juin »;
d) par substitution à l’alinéa (4)c) de ce qui suit : « c) le troisième jour de séance avant le dernier jour désigné, au plus tard à l’heure ordinaire de l’ajournement quotidien, ledit comité fait rapport du budget principal des dépenses dudit ministère ou organisme, ou est réputé en avoir fait rapport; »;
I. par substitution du mot « censé » de ce qui suit: « réputé »;
II. par adjonction après le mot « immediately » de la version anglaise de ce qui suit: « after »;
f) par adjonction d’un nouveau paragraphe (6) comme suit: « (6) Un budget provisoire des dépenses est réputé renvoyé à un ou plusieurs comités permanents dès sa présentation à la Chambre. Chaque comité en question doit étudier ce budget et en faire rapport, ou est réputé en avoir fait rapport, à la Chambre au plus tard trois jours de séance avant la dernière séance ou le dernier jour désigné de la période se terminant au plus tard le 26 mars. »;
g) par suppression au paragraphe (21) des mots « ou d’un budget provisoire ».
4. Que les paragraphes suivants soient insérés après l’article 104.(4):
« (5) En plus des membres nommés conformément au paragraphe (1) du présent article du Règlement, le whip en chef du gouvernement peut soumettre, à tout moment, un avis au greffier de tout comité permanent, spécial ou législatif pour indiquer qu’un ou plusieurs secrétaires parlementaires seront membres du comité sans droit de vote. Les secrétaires parlementaires ont les mêmes droits et privilèges qu’un membre du comité, mais ils ne peuvent ni y voter ni y proposer des motions, ni faire partie du quorum.
(6)a) Un ministre de la Couronne ne peut être ni membre, ni agir comme membre substitut d’un comité permanent, législatif ou spécial.
b) Un secrétaire parlementaire ne peut être membre d’un comité permanent, législatif ou spécial, sauf dans le cas prévu au paragraphe (5) du présent article. »
5. Que les alinéas suivants soient insérés après l’article 114.(2) d):
« e) En ce qui a trait aux secrétaires parlementaires nommés en vertu de l’article 104(5) du Règlement, le whip en chef du gouvernement peut substituer un secrétaire parlementaire pour un autre en déposant avis auprès du greffier du comité et ledit changement s’applique dès que le greffier du comité en a reçu l’avis.
f) Un secrétaire parlementaire nommé comme membre sans droit de vote en vertu de l’article 104(5) du Règlement ne peut agir comme membre substitut pour un membre de ce comité. »
6. Que l’article 114.(3) soit remplacé par ce qui suit:
« (3) Les changements dans la composition d'un comité législatif s'appliquent dès le dépôt auprès du greffier du comité d'un avis de ceux-ci signé par le whip en chef d'un parti reconnu. Les substitutions peuvent être effectuées selon les dispositions du paragraphe (2) du présent article. »
7. Que l’article 116 soit remplacé par ce qui suit:
« (1) Un comité permanent, spécial ou législatif observe le Règlement de la Chambre dans la mesure où il y est applicable, sauf les dispositions relatives à l’élection du Président de la Chambre, à l’appui des motions, à la limite du nombre d’interventions et à la durée des discours.
(2)(a) Sauf si une limite à la durée d’un débat a été adoptée par le comité ou par la Chambre, le président d’un comité permanent, spécial ou législatif ne peut mettre fin à un débat alors que des membres présents souhaitent encore y participer. Une décision du président à cet égard ne peut faire l’objet d’un appel au comité.
b) Une infraction de l’alinéa a) du présent paragraphe peut être portée à l’attention du Président de la Chambre par un député et le Président peut décider de la question. Si, de l’avis du Président, une telle infraction est survenue, le Président peut ordonner que toutes les délibérations ultérieures en relation avec ladite infraction soient annulées.»
Que l’article 81 du Règlement, tel que modifié, entre en vigueur le 18 septembre 2017 et reste en vigueur pour la durée de la présente législature;
Que les autres articles du Règlement, tels que modifiés, entrent en vigueur le 18 septembre 2017;
Que le Greffier de la Chambre soit autorisé à apporter les remaniements de textes et modifications corrélatives nécessaires au Règlement de la Chambre, y compris aux notes marginales;
Que le Greffier de la Chambre soit chargé de faire imprimer une version révisée du Règlement de la Chambre.
-- Monsieur le Président, je prends la parole au sujet de l'engagement du gouvernement à renforcer et à améliorer le Parlement. Nous croyons que les Canadiens chérissent la Chambre des communes, qui est au coeur de notre démocratie. Nous croyons que les événements qui s'y déroulent, notre façon de nous y comporter et l'obligation pour le gouvernement d'y rendre des comptes sont des éléments centraux de la santé de notre démocratie.
Les gens que nous représentons méritent d'avoir l'assurance que nous faisons de notre mieux pour servir leurs intérêts et les rendre fiers du travail que nous accomplissons en leur nom. Ils méritent d'avoir l'assurance que, en tant que leurs représentants élus, nous travaillons ensemble à défendre avant tout les intérêts du pays. Bref, les gens dans nos circonscriptions doivent avoir l'assurance que nous travaillons tous à défendre leurs intérêts. Les débats qui en découlent peuvent souvent être définis par des lignes de partis bien précises et immuables, et c'est une bonne chose. Cela fait partie de l'élaboration de politiques publiques de qualité.
En même temps, il est capital que nous cherchions tous des façons de soutenir et renforcer les institutions publiques qui nous permettent de débattre de nos différences et de nos divergences d'opinions, et, plus important encore, de porter la voix des gens que nous représentons. Des générations de nos prédécesseurs ont bâti les règles et les conventions qui régissent cet endroit et ces dernières nous ont bien servis.
Toutefois, il est toujours possible de les améliorer. Il est toujours possible de les moderniser. Il est toujours possible de faire mieux. Aujourd'hui, il est temps d'oeuvrer en ce sens. Nous sommes réunis ici pour débattre de la motion proposée par le gouvernement en vue de réformer et de moderniser le Règlement dans plusieurs secteurs clés.
[Français]
Dans le cadre de cette discussion, il est important d'insister sur les raisons pour lesquelles ces changements sont nécessaires et sur la façon dont ils peuvent renforcer la Chambre des communes durant les décennies à venir.
De plus, il est important de souligner à quel point nous sommes attachés à la mise en place de nouvelles pratiques, comme la période des questions du premier ministre, qui permettront de rendre notre gouvernement et les gouvernements à venir plus redevables à la population.
[Traduction]
Pour situer les choses dans leur contexte, j'aimerais rappeler à mes collègues certaines des étapes qui nous ont conduits au point où nous nous trouvons aujourd'hui.
Il y a deux ans, au moment où les Canadiens se préparaient à voter aux élections générales, le Parti libéral a publié sa plateforme électorale. Dans ce document, le Parti libéral promettait d'apporter de véritables changements et il s'engageait à ce que les Canadiens aient voix au chapitre à Ottawa.
La plateforme prévoyait ce qui suit:
Pour que le Parlement fonctionne de façon optimale, les députés doivent avoir la liberté de faire ce pour quoi ils ont été élus: représenter les électrices et les électeurs de leur circonscription et tenir le gouvernement responsable de ses actes. Les élus ne doivent jamais perdre de vue qu’ils sont là pour servir les citoyennes et citoyens et résoudre leurs problèmes.
Parmi les promesses spécifiques que nous avons prises dans notre plateforme électorale, mentionnons les suivantes: instaurer une période de questions réservée au premier ministre pour accroître le degré de reddition de comptes directe; mettre fin au recours abusif à la prorogation et aux projets de loi omnibus; assurer un meilleur contrôle de l'utilisation de l'argent des contribuables par le Parlement; et renforcer les comités parlementaires en éliminant le droit de vote des secrétaires parlementaires au sein des comités.
En octobre 2015, les Canadiens se sont rendus aux urnes et ont pris leur décision quant au type de gouvernement et de Parlement qu'ils souhaitaient voir à Ottawa. Le résultat a été sans équivoque: les Canadiens ont élu un gouvernement ayant pour mandat de renforcer le Parlement. Le est déterminé à tenir cet engagement.
Il convient de souligner les instructions qu'il m'a données dans ma lettre de mandat, et je cite:
En tant que leader du gouvernement à la Chambre des communes, votre but ultime sera de faire en sorte que le Parlement soit de nouveau pertinent et de veiller à ce que les Canadiens sentent de nouveau qu’ils peuvent vraiment se faire entendre à Ottawa. Les députés doivent avoir les renseignements et les libertés nécessaires afin de remplir la plus importante partie de leur mandat: représenter leurs électeurs et veiller à ce que le gouvernement rende des comptes. Il vous appartient d’aider tous les députés à remplir ces responsabilités primordiales.
[Français]
Avant d'aller plus loin, j'aimerais insister sur le fait qu'il s'agit là de notre objectif principal. Notre intention consiste à donner plus de pouvoirs aux députés des deux côtés de la Chambre. Nous voulons leur fournir les outils dont ils ont besoin pour accomplir le travail pour lequel ils ont été élus. Nous voulons veiller à ce que le premier ministre et les membres du Conseil de ministres soient tenus de rendre plus de comptes à la Chambre.
[Traduction]
Comme je l’ai souvent indiqué dans cette Chambre, je suis toujours prête à écouter les points de vue de mes collègues. J’ai eu de franches discussions avec mes homologues du Parti conservateur et du NPD sur l’approche à adopter pour mettre en oeuvre les réformes que nous proposons. Ces discussions ont été très utiles, et je dois dire que j’ai écouté attentivement les points de vue de tous ceux qui se sont exprimés pendant le débat public que nous avons eu ce printemps et, plus récemment, à l’occasion des conversations que j’ai eues avec mes homologues. Maintenant, les Canadiens veulent que nous passions à l'action. Nous avons proposé un plan pour renforcer le Parlement, un plan qui est raisonnable et qui fait fond sur le mandat que nous avons reçu des Canadiens.
Premièrement, j’aimerais parler des modifications que nous proposons apporter à l'égard de quatre éléments du Règlement de la Chambre.
En ce qui a trait à la prorogation du Parlement, c’est-à-dire la fin d’une session, elle peut se produire, avec justification, au cours d’un mandat. Il est cependant arrivé en certaines occasions que des gouvernements décident de proroger le Parlement de façon précoce pour éviter des situations politiques épineuses. Si cela se produisait de nouveau à l'avenir, les Canadiens mériteraient qu’une explication leur soit officiellement donnée au Parlement. Avec le changement proposé, le gouvernement devra déposer un document expliquant les raisons de la prorogation, et ce, dans les 20 jours de séance suivant le début de la session parlementaire suivante. Ce document devra justifier la décision du gouvernement de mettre un terme à la session parlementaire. Il sera alors réputé renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Une telle modification permettra d’accroître la reddition de compte devant le Parlement.
Notre gouvernement est résolu à mettre fin au recours abusif aux projets de loi omnibus. Il ne s’agit pas ici des projets de loi portant exécution du budget qui sont rédigés de façon responsable et qui contiennent des changements directement liés au budget. Il s’agit plutôt de ce qui devrait se produire lorsqu'un gouvernement dépose un projet de loi omnibus non lié au budget qui regroupe des éléments disparates et sans lien entre eux. Nous voulons éviter que les députés se retrouvent face à un dilemme lorsqu’ils doivent voter sur un projet de loi qu’ils approuvent pour l’essentiel mais qui contient une disposition qui n’a aucun rapport avec les autres, une pilule empoisonnée, à laquelle ils sont opposés. Nous voulons que, dans ces cas-là, les députés disposent d’une certaine marge de manoeuvre. Avec le changement proposé, le Président aura le pouvoir de diviser un projet de loi au moment de la mise aux voix aux étapes de la deuxième lecture, de la lecture et de l'adoption du projet de loi. Le Président aura également le pouvoir de regrouper thématiquement des articles du projet de loi. Il y aura alors un seul débat à chaque étape, et les députés pourront ensuite voter séparément sur les différentes parties d’un projet de loi.
S’agissant des prévisions budgétaires, les députés sont chargés d'exercer un droit de regard sur la façon dont le gouvernement a l’intention de dépenser les deniers publics, mais le système de comptabilité financière dont ils sont censés se servir est illogique et incomplet. Nous devons trouver une meilleure façon de faire les choses. Nous voulons harmoniser plus efficacement le budget et le processus de précisions budgétaires, afin que les données correspondent à quelque chose de plus cohérent et de plus pertinent et qu'elles soient divulguées aux députés en temps opportun, pour que ceux-ci puissent prendre des décisions mieux informées.
[Français]
Notre motion propose de changer la date de dépôt du Budget principal des dépenses pour la faire passer du 1er mars au 16 avril. La date à laquelle le Budget des dépenses devrait être renvoyé à la Chambre par le comité pertinent passerait du 31 mai au 10 juin. Le fait de repousser les dates ferait en sorte que le Budget des dépenses refléterait plus adéquatement le budget et permettrait aux députés d'en faire un examen plus détaillé. Cela permettra au Parlement d'exercer une meilleure surveillance.
[Traduction]
Notre gouvernement est fermement convaincu que les comités sont l’épine dorsale de tout le travail qui se fait au Parlement. C’est en comité que les députés peuvent vraiment faire le travail qu’ils sont censés faire, c’est-à-dire examiner de près les projets de loi et écouter les points de vue des experts, des parties prenantes et du public. C’est à l’étape des comités que les projets de loi peuvent être améliorés et que les députés de tous les partis peuvent y contribuer, tous ensemble.
Nous estimons que les secrétaires parlementaires ont un rôle à jouer au sein des comités. En qualité de représentants des ministres, ils sont en mesure d’apporter une contribution précieuse et d’aider les autres membres du comité. Avec les changements que nous proposons, les secrétaires parlementaires peuvent être membres d'un comité, mais ils ne peuvent pas voter sur une motion ou en proposer une. De plus, ils ne comptent pas dans le quorum et ne peuvent pas remplacer un membre du comité dont ils font partie à titre de membre sans droit de vote.
Voilà, en résumé, les changements que nous proposons au Règlement de la Chambre.
J’aimerais maintenant parler d’une autre question à laquelle nous accordons aussi une grande importance: la période des questions du . Notre premier ministre s’est résolument engagé à être plus accessible à tous les députés pendant la période des questions. C’est la raison pour laquelle, ce printemps, il a décidé de participer, pour la première fois dans notre histoire, à une période des questions du premier ministre. Ainsi, chaque mercredi, il répond à toutes les questions qui lui sont posées. Cette période des questions spéciale s’ajoute aux autres périodes des questions de la semaine, auxquelles il participe aussi régulièrement avec les ministres de son Cabinet.
Jusqu’à présent, notre a participé à six périodes des questions spéciales le mercredi, ce qui lui a donné l’occasion de répondre à un total de 233 questions qui lui ont été posées par des députés, rien que pendant ces six périodes des questions. Nous avons donc démontré que c’est faisable, et nous avons pris l’habitude, le mercredi, lorsque le premier ministre est là, d’avoir une période des questions spéciale pendant laquelle il répond à toutes les questions qui lui sont posées. Nous avons l’intention de continuer. Je dirai même, pour écarter toute ambiguïté, que la période des questions du premier ministre est une pratique que notre gouvernement entend maintenir pendant toute la durée de son mandat. Au Royaume-Uni, cette pratique est devenue une convention, qui n’est pas codifiée dans le Règlement, et nous espérons qu’il en sera de même ici.
Pour terminer, j’invite les députés à appuyer les propositions que nous faisons pour renforcer le Parlement. Il y a deux ans, nous avons promis aux Canadiens que nous ferions ces changements, et ils nous ont donné le mandat de les faire. Nous avons le mandat d’agir, et le moment est venu de travailler ensemble pour renforcer notre Parlement.
:
Monsieur le Président, quel long parcours nous avons fait pour en arriver là où nous en sommes. Le processus qui a débouché sur la motion d’aujourd’hui a été un long et très frustrant combat. Il a été un combat où l’opposition a dû tempérer les excès d’un gouvernement insouciant et arrogant, un gouvernement qui fait peu de cas du travail du Parlement, un gouvernement qui a insulté la Chambre et qui a minimisé le rôle des députés de l’opposition.
Le processus est de la frime depuis le début, malgré les belles paroles qu’on nous a servies au sujet d’une discussion, d’un dialogue et d’une meilleure concertation. Au fil de semaines et de mois de période des questions, la Chambre a entendu toute la salade d'excuses du gouvernement, qui cherchait à défendre son approche parlementaire. Que du jargon et des expressions à la mode lancées comme cela, sans substance et de peu de poids. Étant donné la façon dont le a géré cet enjeu et refusé pendant des mois de reconnaître la nécessité de l’appui de tous les partis, les conservateurs voteront contre la motion.
Je veux prendre quelques instants pour expliquer ce qui nous a amenés là. Le 10 mars, un vendredi après-midi, juste avant une semaine de relâche, la leader du gouvernement à la Chambre a affiché sur son site Web un document dit de travail. La Chambre se rappellera que ce document de travail libéral proposait, entre autres choses, de réduire les occasions pour les députés de demander des comptes au gouvernement en éliminant les séances du vendredi, en attribuant automatiquement le temps de débat pour tous les projets de loi, en empêchant l’opposition de déclencher des débats sur les rapports de comité, et en instaurant des changements brusques relatifs à la limitation des débats en comité. Un ensemble choquant d’idées à peser. Comme il y avait moins d’un an que nous avions été témoins du fiasco de la motion no 6, nous ne pouvions plus parler d’un comportement inhabituel de la part du gouvernement. La principale motivation du était de modifier l’équilibre entre l’opposition et le gouvernement en abolissant toutes les protections qu’assurent les règles.
Dans un éditorial, le Globe and Mail a dénoncé le pour ses idées. Je cite:
[Le] gouvernement estime que l'arsenal restreint des partis de l'opposition n'est composé que « [de] tactiques visant uniquement à miner et à dévaloriser l’important travail que fait le Parlement », qui « peuvent perturber » et qui ne sont ni rationnelles ni défendables selon le document de travail [...]
Ces assertions ne sont que foutaises et cynisme. Le [...] gouvernement tente de façonner une vision utopique du Parlement où les députés des différents partis débattent poliment des projets de loi ministériels selon un horaire établi par accord mutuel et où tout le monde applaudit quand la Chambre promulgue des lois qui tiennent parfaitement compte des compromis désintéressés trouvés aux comités et à la Chambre dans un esprit de collégialité [...]
Il n'y a que des voies ensoleillées sous des arcs-en-ciel éclatants.
Pour les voies ensoleillées, on repassera. Si seulement ce document de travail avait suivi ce principe lorsqu'il a été publié, il aurait été lu, critiqué et vraiment débattu. Ses lacunes auraient été soulevées et ses bonnes idées aussi. Toutefois, ce n'est pas du tout comme cela que les choses se sont passées.
Plus tard ce jour-là, un collègue de la leader du gouvernement à la Chambre a présenté un avis de motion au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pour que l'étude du document de travail soit terminée et des recommandations proposées avant le 2 juin. Si la motion avait uniquement visé à ajouter le document de travail à l'étude du Règlement par le comité, cela aurait été tout à fait logique et il aurait été difficile de s'y opposer. Toutefois, ce n'est pas comme cela que les choses se sont passées. Les signes étaient là. Toutes les mesures contenues dans le document de travail, qui profiteront toutes comme par hasard au , allaient être adoptées de force.
Passons maintenant à la séance du 21 mars du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Les libéraux souhaitaient faire adopter immédiatement leur motion. Le député de a proposé un amendement afin de respecter la tradition de longue date à la Chambre voulant que l'on ait le consensus de tous les partis pour modifier le Règlement. Les libéraux ont rapidement exprimé leur désaccord par rapport à cet amendement, qui était portant tout à fait raisonnable.
Il est alors devenu manifeste que les libéraux avaient l'intention de forcer la Chambre à adopter leurs idées plus que douteuses. Il était hors de question que nous nous laissions faire sans réagir. Pour empêcher ce coup de force éhonté des libéraux, nous nous sommes tournés vers l'un des très peu nombreux outils à la disposition des partis de l'opposition, l'obstruction systématique, celui-là même que les libéraux voulaient faire disparaître. Pendant plus de 6 semaines et 80 heures de séance, les députés de l'opposition ont mené l'attaque contre le document de travail des libéraux.
Je dois ici saluer les trois conservateurs qui font partie du comité, les députés de , de et d'. Ils étaient toutefois loin d'être les seuls, puisqu'au total, 29 députés conservateurs ont participé à cet effort d'équipe et pris part aux séances du comité.
Parallèlement, le leader parlementaire du NPD et moi-même avons offert une solution de rechange intéressante au gouvernement. Nous avons proposé que la Chambre mette sur pied un comité spécial composé d'un député de chaque parti et avec à sa tête le vice-président de la Chambre, dont l'impartialité ne fait aucun doute. Ce comité aurait été chargé de trouver un moyen consensuel d'améliorer nos règles de fonctionnement.
Notre proposition n'avait rien de révolutionnaire. À l'époque de Pierre Trudeau, le gouvernement a bien créé le comité Lefebvre, dont les recommandations, comme limiter pour la première fois la durée de la sonnerie, ont été adoptées à l'unanimité.
De son côté, le gouvernement de Brian Mulroney a mis sur pied le comité McGrath, qui a produit trois rapports — tous adoptés à l'unanimité — sur une foule de sujets, comme doter les comités permanents le droit d'étudier, en tout temps et de leur propre chef, tout sujet relatif à leur mandat.
On pourrait aussi citer le Comité spécial sur la modernisation et l'amélioration de la procédure à la Chambre des communes, qui a été créé par Jean Chrétien et qui a intégré le principe de bonne volonté à ses règles de fonctionnement en précisant que ses rapports devaient être adoptés à l'unanimité. Loin d'offrir par là un veto à qui que ce soit — rappelons-nous qu'il y avait cinq partis officiellement reconnus dans ce temps-là —, le Comité a au contraire réussi à adopter six rapports.
Plus récemment, le gouvernement de Stephen Harper avait respecté l'approche de l’unanimité, évitant d’apporter des modifications permanentes à la procédure sans l’accord de tous les partis.
Ces gouvernements ont démontré qu’il est possible de réformer le Parlement dans un esprit de coopération. Les résultats ont été importants et ils ont considérablement renforcé le rôle des députés en cette enceinte.
En effet, je sais que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre aurait été à la hauteur de cette tâche. Pour avoir suivi leurs débats et m’être jointe à eux un soir, je sais que les membres de tous les partis se sont acquittés de leur tâche avec civisme et dans la bonne humeur. Ils auraient pu effectuer cet examen avec compétence et professionnalisme.
Malheureusement, il est clair que les libéraux siégeant au comité avaient reçu la consigne stricte du Cabinet du de ne pas laisser prévaloir leur bon jugement. En effet, loin de se montrer coopérative, et bien qu’elle ait répété à maintes reprises qu’il fallait laisser une porte ouverte, la leader du gouvernement à la Chambre a laissé les autres leaders parlementaires en plan. La lettre que nous lui avons envoyée est demeurée sans réponse pendant des semaines.
Outre qu’ils ont fait obstruction au comité et formulé des propositions de bonne foi en cette enceinte, les partis d’opposition ont utilisé les nombreux outils mis à leur disposition pour exprimer leur frustration et leur mécontentement. Le gouvernement libéral a désespérément essayé de reprendre les choses en main, allant même jusqu’à couper court à un débat sur une question de privilège et à empêcher que celle-ci soit mise aux voix. Le député de a dénoncé le gouvernement libéral à ce sujet et le Président a déclaré que l’action du gouvernement était sans précédent. Dans sa courageuse décision, le Président a autorisé la reprise du débat sur la question de privilège depuis le début.
Finalement consciente que le jouait les vedettes au risque de paralyser complètement le programme parlementaire, la leader du gouvernement à la Chambre a finalement répondu à la lettre que le député de et moi lui avions envoyée. Dans sa réponse, elle a indiqué que les libéraux revenaient sur leur document de travail, mais qu’ils insisteraient, peu importe ce qu’en pensaient les partis d’opposition, sur les éléments mentionnés dans leur plate-forme électorale.
L’opposition ne peut s’attribuer tout le mérite du recul des libéraux. Je soupçonne la leader parlementaire du Parti libéral d’avoir fait l’objet de pressions considérables de la part de collègues de son propre caucus. Bien que les réunions de caucus soient confidentielles, je pense que nous avons vu la pointe de l’iceberg, lorsque le député de , un vétéran de cette Chambre, a déclaré ceci lors du débat du 11 avril:
[...] on dit que nous formons la Chambre des communes pour une raison. Ce n’est pas la Chambre du Cabinet ou la Chambre du Cabinet du premier ministre. Protéger les droits des députés à la Chambre, notamment les droits des députés de l’opposition à l’égard des positions qu’ils adoptent, c’est également protéger les droits des autres députés qui ne font pas partie du Cabinet ou du gouvernement. Nous parlons du gouvernement comme si tous les députés de ce côté-ci formaient le gouvernement. Le gouvernement est le pouvoir exécutif. Nous devons protéger ces droits.
Nous voici aujourd'hui en train de débattre la motion no 18 du gouvernement.
Je tiens d'abord à parler d'un élément que nous nous attendions tous à voir dans la motion. Toutes les déclarations libérales de ce printemps sur le Règlement plaçaient en premier plan la proposition d'établir une période des questions consacrée au . Nous avons beaucoup entendu parler de cette proposition.
Le était plein d'enthousiasme et se réjouissait à la perspective de devoir seulement se présenter au travail pour 45 minutes par semaine. Le allait nous montrer à quel point il pouvait bien mémoriser ses répliques et nous livrer une prestation dramatique digne de Broadway. Il se peut même qu'il place sa main sur son coeur une ou deux fois.
Nous avons tous vu comment l'expérience s'est déroulée. Le a rapidement constaté que ses platitudes désinvoltes n'offraient pas de réponses satisfaisantes aux préoccupations des Canadiens, aux problèmes que connaît notre économie ou à ses manquements à l'éthique. Il est rapidement devenu évident pour tout le monde que le a failli à la tâche et a échoué lamentablement.
Nous n'avons qu'à nous rappeler le mercredi 10 mai, où le s'est fait demander 18 fois s'il avait rencontré la commissaire à l'éthique.
Bien que je ne puisse pas mentionner la présence ou l'absence d'un député, je peux dire que la Chambre n'a pas obtenu une autre réponse du un mercredi avant le 7 juin.
Jeudi dernier, John Ivison a signé un article sur la toute dernière période des questions du . Il y soulignait que le ne semblait pas s’amuser, mercredi, alors qu’il s’est fait attaquer tout au long de la période de questions sur des sujets allant des grands enjeux du jour, comme les prises de contrôle par les Chinois et l’augmentation de la dette, à des sujets plus obscurs, telles de possibles activités illégales à Services partagés Canada et le financement pour l’autisme.
Il est clair que les gros bonnets du Parti libéral ont jugé que la performance de leur chef, surtout durant la période des questions, était en fait un passif pour le parti. Je dirais que le retrait de cette proposition par les libéraux, à la dernière minute, ne fait que souligner que l’approche du gouvernement en matière de réformes procédurales est uniquement guidée par les intérêts partisans des libéraux. Ils acceptent de réformer uniquement si leurs intérêts sont bien servis. Nous en avons eu la preuve quand ils ont retiré assez rapidement la période des questions du .
Évidemment, vendredi, Gerry Butts, le bon ami du , a prétendu sur Twitter qu’il n’y aurait jamais de modification du Règlement pour créer une période des questions du . Ensuite, histoire de pousser ses faits alternatifs un plus loin, le secrétaire principal du Cabinet du premier ministre a affirmé que le Règlement était muet au sujet de la période des questions. De toute évidence, il n’avait pas lu l’article 37, par exemple, surmonté du titre « Questions orales », en gros caractères.
Cela dit, dans sa réponse à la question écrite no 1022, déposée vendredi après-midi, la a dit que « la motion fera référence aux engagements pris lors de la campagne électorale par rapport [...] à la reddition de compte lors de la période de questions ».
Jeudi après-midi, la a aussi comparu devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, où elle a réitéré que la période des questions au serait mentionnée dans la motion. Cependant, à peine quelques heures plus tard, son avis de motion ne correspondait pas à ses déclarations. La période des questions au brillait par son absence.
Nous en venons à la seule conclusion possible. Il s’agissait d’un revirement de dernière minute, précipité par la déconfiture du , mercredi dernier.
Bon, maintenant que j’ai parlé de ce qui n’est pas dans la motion, permettez-moi de passer à ce qui se trouve véritablement dans la motion no 18 du gouvernement.
Pour ce qui est de la prorogation, les libéraux souhaitaient que les gouvernements ne puissent pas abuser de cette procédure constitutionnelle de routine. Une façon d’y arriver était de promettre de ne pas en abuser, puis de tenir promesse. Ce serait là une façon de faire preuve d’intégrité.
Les libéraux proposent plutôt qu’après une prorogation le gouvernement soit obligé d’en donner officiellement les raisons ou ses motifs, à la reprise des travaux parlementaires. Essentiellement, cela veut dire que les gouvernements peuvent désormais déposer le communiqué de presse qu’ils publient au moment où ils annoncent la prorogation. C’est tout ce que cette modification apportera.
Cet amendement n’a aucun sens. Il n’est d’aucune utilité. Le devrait être gêné de l’inscrire au Règlement.
En ce qui a trait à la promesse des libéraux sur les projets de loi omnibus, c’est encore plus ridicule et absurde. La proposition des libéraux de mettre fin au recours abusif à des projets de loi omnibus ne s'applique pas aux projets de loi d’exécution du budget, ceux-là même dont ils avaient l’habitude de se plaindre. À en juger par le projet de loi , qui vient tout juste d’être adopté, force est de conclure que les libéraux essaient de gagner sur tous les tableaux.
Par ailleurs, pour les quelques projets de loi auxquels la règle pourrait s’appliquer, rien ne changera vraiment. Il y aura des votes supplémentaires à la Chambre, mais pas davantage de débats.
Il faut surtout craindre que le se montre de plus en plus audacieux avec les projets de loi omnibus. S’abritant derrière cette demi-réforme, il favorisera les projets de loi omnibus. Les libéraux pourront toujours prétendre être absouts de toute faute, puisqu’ils auront modifié les règles. C’est carrément de la foutaise. On peut facilement imaginer d’ici qu’ils nous soumettront une loi de mise en oeuvre du discours du Trône regroupant toutes les mesures annoncées dans un seul et même projet de loi, qu’ils soumettront ensuite à une multitude de votes. C’est très préoccupant.
Nous ne devrions toutefois pas nous inquiéter; ils disent qu’il y aura trois votes au lieu d’un.
Bref, les propositions sur la prorogation et les projets de loi omnibus sont tellement cyniques que ce sont purement et simplement des blagues.
Le point suivant n’est pas aussi cynique et il pourrait même avoir du bon. Cependant, pour qu’il aboutisse, il faut que le cabinet libéral respecte une de ses promesses. Compte tenu de sa performance à ce chapitre, permettez moi d’en douter.
Dans la motion M-18, le gouvernement modifie certains aspects du processus d’examen du Budget principal des dépenses. Pour les Canadiens qui ne savent pas trop en quoi consistent les budgets des dépenses, ce sont des propositions qui mènent à l’autorisation, par le Parlement, des dépenses gouvernementales.
Le gouvernement voulait que les budgets supplémentaires et le Budget principal des dépenses soient mieux harmonisés. En principe, les conservateurs ne s’opposent pas à cette idée. Le défi réside toutefois dans la mise en oeuvre, surtout dans le cas de la date limite.
Il y a fondamentalement deux façons de régler le problème de l’échéance: les budgets supplémentaires pourraient être présentés plus tôt ou le Budget principal des dépenses, plus tard. Le gouvernement souhaite avoir de la souplesse quant au moment où les budgets sont présentés, étant donné la variabilité des événements. C’est de bonne guerre, puisque le gouvernement conservateur précédent a aussi insisté sur la même chose quand l’idée avait été lancée par un comité, il y a cinq ans.
Toutefois, l'automne dernier, le a publié son propre document de travail sur cette question même. Il préconisait une modification permanente du Règlement qui ramènerait à 30 jours la période de trois mois prévue à l'heure actuelle pour étudier le Budget principal des dépenses. Le président du Conseil du Trésor encourageait déjà ce changement, disant en fait que nous obtiendrions ainsi d'excellents documents — tellement bons, apparemment, qu'il ne serait pas vraiment nécessaire de laisser du temps pour l'examen parlementaire.
Attendons un instant. Même si le Parti conservateur reconnaît qu'il est utile d'assurer une certaine coordination entre les budgets et les budgets des dépenses, il refuse que cela se fasse au détriment de la période prévue pour examiner les propositions de dépenses, car, s'il y a une chose que nous savons tous, c'est que les libéraux adorent dépenser.
L'automne dernier, les libéraux brûlaient d'impatience de faire adopter ces changements par le comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, mais nous avons réussi à stopper ces changements hâtifs et malavisés. À cet égard, je tiens à souligner l'excellent travail de notre porte-parole pour les questions touchant le Conseil du Trésor, le député de , de même que de ses collègues au sein de ce comité, les députés de et d'.
Il ne s'agissait certainement pas d'entêtement ni d'obstructionnisme. Certains observateurs indépendants, dont nul autre que le directeur parlementaire du budget, étaient eux aussi préoccupés par les projets optimistes du gouvernement. En novembre, le directeur parlementaire du budget a publié un rapport expliquant la promesse du . Il avait ceci à dire:
Pour ce qui est du report de l’échéance du budget principal des dépenses, le gouvernement reconnaît que ce sont ses processus administratifs internes sclérosés, et non les échéances parlementaires, qui font principalement obstacle à l’alignement du budget et du budget des dépenses.
Le directeur parlement du budget poursuit en disant:
Cet exemple [soit le budget supplémentaire des dépenses de l'an dernier] montre que ce n’est probablement pas en retardant de huit semaines le budget principal des dépenses qu’on réalisera son plein alignement avec le budget.
L'ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a écrit une lettre d'opinion publiée dans le Globe and Mail qui a également jeté une douche froide sur le plan libéral. Kevin Page écrit:
En quoi cela améliore-t-il le contrôle financier? [...] Si l'on part du point de vue du contrôle financier, le Parlement doit voir le plan financier [...] avant le 1er avril.
Par conséquent, nous ne sommes pas les seuls à exprimer des préoccupations. De nombreuses autres personnes réputées ont exprimé des préoccupations à l'égard du plan du gouvernement.
Récemment, dans son examen du budget supplémentaire des dépenses du printemps, le directeur parlementaire du budget a offert l'optique sceptique suivante, faisant observer que son analyse:
[...] montre que le Secrétariat [du Conseil du Trésor], au lieu de se rapprocher de sa cible en 2017-2018, s’en éloigne. La question se pose donc: le report du Budget principal des dépenses proposé par le gouvernement permettrait-il vraiment d’améliorer l’alignement avec le budget?
Essentiellement, le gouvernement libéral veut qu'on lui fasse confiance pour améliorer le budget et que le Parlement approuve ce changement d'emblée, alors que les preuves de la capacité du gouvernement de faire sa part ne sont nullement convaincantes.
En demeurant fermes tout au long des négociations difficiles tenues à l'hiver et au printemps, les conservateurs ont jugulé les efforts des libéraux en vue de réduire la reddition de comptes.
La modification proposée dans la motion no 18 du gouvernement est maintenant une expérience de deux ans, prévoyant deux mois d'étude en comité, soit deux fois plus de temps que ce que le président du Conseil du Trésor avait proposé à l'origine. En insistant sur une disposition de caducité pour ce changement, les conservateurs on fait en sorte que nous pourrons prendre une décision fondée sur des données probantes après les élections de 2019 à savoir si l'information mise à la disposition des parlementaires améliore véritablement les choses, menant donc à un compromis raisonnable pour compenser la perte d'un mois d'examen.
La balle est maintenant dans le camp du et du président du Conseil du Trésor. Compte tenu du bilan du gouvernement, je ne me fais pas trop d'illusions.
Parlons enfin de l'amendement qui empêchera les ministres de siéger aux comités. Il permettra par contre aux secrétaires parlementaires d'en être membres d'office et de jouir de tous les privilèges associés à cette fonction, à l'exception du droit de vote et de la possibilité d'être comptés dans le quorum. Ils pourront participer aux séances à huis clos, poser des questions aux témoins et accompagner les comités dans leurs déplacements. Les secrétaires parlementaires disposeront donc de tous les outils pour orienter les travaux du comité, à l'exception du droit de vote.
Les secrétaires parlementaires libéraux participent déjà aux séances des comités et, dans certains cas, s'emploient à en orienter les travaux et les décisions. Cette proposition ne ferait que consolider le poids que les secrétaires parlementaires ont déjà au comité, tout en permettant aux libéraux de se vanter de respecter leurs promesses électorales. C'est très astucieux.
Si le juge que certains secrétaires parlementaires doivent participer aux travaux des comités, que les libéraux l'admettent, tout simplement, et qu'ils leur confient un siège libéral au comité.
Des dizaines de députés libéraux d'arrière-ban se partagent les nombreuses fonctions des comités. Dans un contexte de gouvernement majoritaire, cette situation peut marcher, mais dans un contexte de gouvernement minoritaire, elle pourrait devenir un fardeau insoutenable: de 50 à 80 députés se partageraient les sièges des 24 comités permanents, des 2 comités mixtes et des autres comités spéciaux, tandis que les 70 autres élus ne seraient membres d'aucun comité. Je ne sais pas si le gouvernement y a bien réfléchi. Il pourrait un jour se retrouver en situation minoritaire.
Une règle semblable, qui empêchait les secrétaires parlementaires d'être membres du comité associé à leur portefeuille, a été adoptée en 1986, puis abolie en 1991. Nous ne serions pas étonnés que le gouvernement fasse ainsi volte-face au cours des prochaines années à propos de ce changement.
Comme je l'ai dit au début de mon intervention, nous avons fait un long parcours. Au début, je ne savais pas trop si les propositions de la étaient extrêmement ambitieuses ou, au contraire, extrêmement naïves. Après quelques mois, c'est devenu très clair.
Peu après le début du débat, en mars, Andrew Coyne a écrit un article disant que la refonte du Règlement justifie la méfiance qu'on éprouve à l'égard des libéraux.
Voici ce qu'on pouvait y lire:
Les 18 [premiers] mois du gouvernement [...] ont vraiment fait monter le cynisme. Chaque fois qu'on s'imagine avoir découvert le pot aux roses et avoir mis au jour la duplicité des libéraux, on a la surprise de découvrir une nouvelle arnaque. Ces tours de passe-passe sont en général présentés par un ministre souriant, dans un gazouillis axé sur une variation d'un des slogans libéraux, comme « Il est toujours possible de faire mieux » ou « La diversité est notre force ».
M. Coyne ajoute également ceci:
La série d'expédients que le gouvernement essaie maintenant de faire avaler de force à l'opposition, sous le couvert de la réforme parlementaire, permet de constater de nouveau à quel point l'entourage [du premier ministre] est profondément cynique — il ne l'est pas devenu, il l'est, je le précise. Les spécialistes qui analysent le style du [premier ministre] considèrent les termes « réforme », « nominations fondées sur le mérite » et « politiques fondées sur les faits », comme une indication qu'il y a immanquablement anguille sous roche...
Nous avons eu un avant-goût de ce qui s'en venait lorsque le gouvernement a présenté la tristement célèbre motion no 6 [...] À elle seule, cette motion donnait la mesure de la sincérité [du premier ministre], qui a répété à maintes reprises souscrire sans réserve à la reddition de comptes. Ces affirmations sont aussi calculées, aussi fausses — et aussi utiles — que son militantisme pour la cause des femmes.
Maintenant que les libéraux sont de retour avec une nouvelle leader à la Chambre, plus résistante aux attaques...
Voilà qui m'amène au cas de l'actuelle .
Je crois vraiment que la députée de est très bien intentionnée. Malheureusement, le l'a condamnée à l'échec en lui confiant l'énorme responsabilité de leader du gouvernement à la Chambre, alors qu'elle débutait à peine sa carrière parlementaire. Par surcroît, il l'a chargé d'un dossier extrêmement litigieux.
L'analyste parlementaire bien connue Chantal Hébert a récemment écrit certaines observations dans lesquelles elle dit entre autres que « les ministres débutants sont devenus de la véritable chair à canon ». Je lis un extrait d'une de ses chroniques récentes, qui est extrêmement pertinente et dans laquelle elle donne un exemple très clair. Elle précise comment le utilise les ministres sans expérience, particulièrement les femmes, malheureusement. Elle dit entre autres ceci dans son article:
[La députée de Waterloo] est la première femme à occuper le poste stratégique de leader du gouvernement à la Chambre des communes. Elle est aussi la première à avoir aussi peu d'expérience pratique des travaux parlementaires.
Dans ce poste, il est nécessaire de savoir prendre le pouls de la Chambre, une compétence qui s'acquiert en général avec le temps.
Pour une nouvelle venue au Parlement, il aurait été bien assez de seulement maintenir le programme législatif sur la bonne voie. Toutefois, peu après sa nomination, elle s'est vu confier la mise en oeuvre d'un ensemble de réformes parlementaires controversées. Pensons à la liste de mesures souhaitées par le gouvernement pour avoir la mainmise sur la procédure en restreignant les quelques outils dont dispose l'opposition minoritaire.
On aurait tout aussi bien pu envoyer la leader du gouvernement à la Chambre traverser un champ de mines. Elle a poursuivi l'objectif fixé jusqu'à ce que, comme on pouvait s'y attendre, une guerre de procédure menace de paralyser totalement la Chambre. Elle a alors battu en retraite, sa crédibilité ébranlée.
Dans un message publié sur Twitter la semaine dernière, le vétéran libéral Warren Kinsella a lui-même conclu que la position de la leader deviendrait intenable si elle se voyait forcée encore une fois à revenir sur sa position.
L’extrait de la chronique de Chantal Hébert traitait d’un sujet plus général, à savoir que le , qui se dit féministe, a attribué des postes importants à des femmes ministres certes sérieuses et bien intentionnées, mais qui sont jeunes et ont peu d’expérience. Résultat : elles deviennent de la chair à canon politique. Comme je suis moi-même politicienne, je ressens de la colère quand je vois comment le traite ses ministres et ces personnes ayant un grand potentiel professionnel. Ces jeunes personnes du caucus libéral ont un potentiel énorme, mais le premier ministre les catapulte dans de tels postes uniquement pour mettre en valeur son image de féministe d’une manière tout à fait cynique.
Somme toute, des députés libéraux se voient attribuer des fonctions et des responsabilités sans avoir encore l’expérience nécessaire pour occuper des postes aussi importants. On leur demande ensuite de faire l’impossible pour le . D'aucuns diraient que c'est une « falaise invisible ».
Je sais bien que la marche est haute pour un parti qui passe directement du rôle de tiers parti au gouvernement. Cependant, c’est une tendance que l’on observe chez le , tendance renforcée par le goût qu’il a pour les formules-chocs et les photos qui attirent les clics, tandis qu’il néglige de faire ce qu’il faut pour ses propres députés en les plaçant dans des postes où ils ne seraient pas promis à l’échec, puisqu’ils posséderaient l’expérience requise. Dans son propre gouvernement, il ne se soucie pas de gestion compétente et de perfectionnement professionnel.
Comme l’a dit Mme Hébert, ces jeunes ministres recrues auraient pu devenir des as de la politique canadienne. Je leur souhaite un bel avenir. Je le dis en toute sincérité. Ces recrues seraient devenues des as de la politique canadienne si elles avaient eu le temps de se développer dans leur carrière. Au lieu, leur potentiel a été sacrifié sur l’autel des gazouillis populaires et des mots-clics à la mode.
D’un point de vue personnel, je sais combien il est important de gravir les échelons de la carrière un à un. Après avoir été élue pour la première fois, j’ai passé un certain temps sur les banquettes arrière. Puis, j’ai été présidente d’un comité. Ensuite, j’ai été secrétaire parlementaire pendant un certain temps, avant d’être promue au rang de ministre. Aujourd’hui, je suis la leader parlementaire de l’opposition et c’est là un grand privilège.
Bien que j’apprenne de nouvelles choses tous les jours, j’ai déjà intégré les principes de base. Mes nouvelles connaissances s’ajoutent à l’expérience et au savoir que j’ai acquis durant presque neuf ans. Malheureusement, je ne crois pas que la députée de ait profité de ce type de développement progressif. Cela dit, la faute en revient au et non pas à elle.
Quelle leçon devrions-nous tirer de cet épisode qui va du document de travail de mars à la motion que le gouvernement présente aujourd’hui?
Dans une chronique intitulée « Liberals forced to swallow humble pie — again — on parliamentary rule changes » – indiquant que les libéraux ont mordu la poussière dans le dossier des changements aux règles parlementaires –, John Ivison affirme que « les libéraux ont appris à leurs dépens que les règles gouvernant nos institutions ne peuvent être modifiées que par voie de consensus et non pas à coups de matraque. »
Nous disons depuis longtemps que les règles qui s’appliquent à la Chambre appartiennent à tous les députés, de quelque parti qu’ils soient. Tout changement apporté à ces règles doit faire l’objet d’un consensus avant d’être mis en œuvre. Les libéraux l’ont appris à leurs dépens. L’expression d’idées et de points de vue différents est tout à fait souhaitable. Une liste de propositions contraignantes conçues pour être adoptées à toute vapeur suscite des inquiétudes légitimes.
Reste que le gouvernement continue d’afficher son mépris pour cette institution et pour ses traditions. Tout récemment, pour la nomination d’un nouveau greffier de la Chambre des communes, nous avons constaté encore une fois que le faisait fi du processus de consultation et qu’il ne respectait pas la pratique non partisane bien établie en matière d’avancement professionnel de nos spécialistes de la procédure. La façon dont la nomination du greffier a été annoncée suscite de graves questions tout à fait légitimes.
Les premiers ministres, même s’ils dirigent un gouvernement majoritaire, se doivent d’éviter toute confrontation avec la Chambre des communes dans le but de neutraliser, dans un coup de force, les outils dont dispose la Chambre. Après tout, le rôle fondamental de la Chambre des communes est, selon la Constitution, non pas d’adopter des lois, mais de demander au gouvernement de rendre des comptes.
Au pouvoir depuis à peine un an, les libéraux avaient déjà trouvé cela plutôt gênant. Ils avaient essayé de l’éliminer, pour détourner l’attention d’un gouvernement qui ne produit que des platitudes et des égoportraits. Le gouvernement avait réussi à détourner l’attention, en prétendant que le consensus que nous réclamions était en fait un veto. Or, nous ne cherchions pas à opposer un veto; nous exercions notre droit. Il y a une différence énorme entre un veto et un consensus.
Les négociations nous amènent toujours à une étape où il faut céder quelque chose pour gagner autre chose. Toutefois, ce n’est pas comme cela que le gouvernement a décidé de proposer sa réforme du Règlement. On aurait pu éviter d’en arriver là. Le gouvernement a décidé de déclencher une guerre de procédure afin d’imposer sa propre volonté. Comme chaque fois que des rois et des gouvernements assoiffés de pouvoir ont essayé de limiter les pouvoirs du Parlement, au cours des siècles derniers, la Chambre des communes a résisté. La Chambre élue a gagné. Nous en sommes ravis, et nous allons continuer de faire notre travail et de nous opposer au gouvernement.
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Monsieur le Président, je tiens à dire d’emblée que je partagerai mon temps de parole avec le député de . Je devrais également dire d'emblée que c’est avec regret que le NPD s’oppose à la motion n
o 18. Si les choses s’étaient mieux déroulées, nous n’en serions pas forcément là. Cette motion représente l’étape ultime d’une tentative ratée de la part de la d'imposer de façon unilatérale des changements visant à modifier les règles qui régissent la démocratie et la Chambre des communes, mais elle et son gouvernement ont échoué.
Les libéraux auraient pris des mesures qui auraient consolidé le pouvoir exécutif. Or, je tiens à souligner ce qui nous a conduits à la situation actuelle. Heureusement, et je le reconnais, bon nombre des mesures les plus odieuses que le gouvernement voulait inscrire dans cette motion, sous le couvert d’un document de travail, ne s’y retrouvent pas. Pourtant, le gouvernement cherche encore, en gros, à faire fonctionner la Chambre d’une manière qui lui conviendrait tout simplement davantage. Ce n’est pas nécessairement la façon dont la démocratie est censée fonctionner.
Cette motion ferait cinq choses et j’en parlerai dans quelques instants, mais elle porte sur: la prorogation, les projets de loi omnibus, le dépôt du Budget des dépenses, les secrétaires parlementaires et les comités, et l’obstruction lors des réunions de comités. Je les examinerai tout à l’heure, mais nous devons d’abord faire le point sur ce qui nous a menés à la situation actuelle.
Les libéraux avaient promis de « modifier le Règlement de la Chambre des communes afin de mettre un terme à l’utilisation inappropriée des projets de loi omnibus et des prorogations ». Ces mots sont inscrits dans la lettre de mandat de la . Or, leur motion légitimerait les projets de loi omnibus et elle n’entraverait nullement l’usage abusif de la prorogation, que le gouvernement Harper a utilisé en 2008 et en 2009. Elle ne ferait qu’en normaliser l’usage. Le cynisme qui transparaît dans cette réforme du Règlement est vraiment stupéfiant. Les libéraux ont aussi promis d’assurer l’indépendance des comités en supprimant la participation des secrétaires parlementaires. Toutefois, cette motion n’empêcherait pas leur participation, leur gestion de l’ordre du jour dans l’intérêt de leur ministre, ni d’éventuelles manœuvres visant à s’assurer que la majorité des membres votent du bon côté.
En 2015, les libéraux ont fait une série de promesses dans leur plateforme électorale au sujet de la réforme parlementaire. La plateforme indiquait ceci: « Un gouvernement libéral redonnera au Parlement son titre d’endroit où les personnes ayant de vrais mandats et responsabilités font du travail sérieux au nom des Canadiennes et des Canadiens. » L'une des mesures qu'ils ont promis de prendre, c'est de changer le Règlement pour que les députés et les secrétaires parlementaires ne puissent plus être des membres votants aux comités ou représenter des membres votants. Selon moi, cela donne vraiment l'impression que les secrétaires parlementaires et les ministres ne siégeraient plus du tout aux comités. Eh bien non, comme nous le constaterons plus tard.
Les libéraux ont aussi déclaré qu'ils « veilleron[t] à ce que le directeur parlementaire du budget soit véritablement indépendant, [...] qu’il soit financé convenablement, et qu’il relève uniquement — et directement — du Parlement [...] » L'actuel directeur parlementaire du budget et son prédécesseur, Kevin Page, viennent tout juste de critiquer les changements que le gouvernement a apportés lorsqu'il a accordé de nouvelles responsabilités au directeur parlementaire du budget, puisqu'ils craignent que celui-ci doive soumettre son plan de travail à l'approbation des Présidents de la Chambre et du Sénat avant qu'il ne puisse aller de l'avant, ce qui est loin d'être une mesure qui accroît l'indépendance, comme les libéraux l'ont promis.
Les libéraux ont dit qu’ils mettraient un terme à l’usage abusif de la prorogation et des projets de loi omnibus. Cette promesse figure dans la lettre de mandat de la . En effet, elle doit « travailler avec le président du Conseil du Trésor pour garantir la cohérence entre les budgets et les Comptes publics » — j’en dirai plus long là-dessus dans un instant — et, ma préférée, « collaborer avec les leaders parlementaires de l’opposition afin de faire de la Chambre des communes un milieu plus favorable à la conciliation travail-famille ». Celle-là a certainement pris le champ, car il est question d’un marathon de quatre semaines de séances jusqu’à minuit, ce qui est difficilement conciliable avec la vie d’une jeune famille.
En mars 2017, comme l’a souligné la , le gouvernement publiait ce qu’il a appelé un document de travail dans lequel la exposait le projet libéral de moderniser les règles de la Chambre des communes, refusant de respecter la tradition qui consiste à obtenir l'approbation de tous les partis avant d'apporter des changements majeurs au mode de fonctionnement de la Chambre. Les libéraux ne cherchaient pas le consentement de tous les partis. Ils pensaient simplement faire adopter leurs changements au pas de charge; encore une fois, dans de nombreux cas, il s’agissait de simplifier la vie du gouvernement. Heureusement, ils n’ont pas réussi.
Ils promettaient de supprimer la séance du vendredi. Ils sont revenus sur cette promesse de façon spectaculaire. L’idée de permettre aux ministres de voter sans que la réunion du Cabinet soit interrompue a été abandonnée elle aussi. L’ajout de semaines de travail en janvier, en juin et en septembre n’est plus envisagé.
La possibilité de prolonger la séance de la Chambre en tout temps, le changement des dates de la relâche des Fêtes et de la relâche estivale à la discrétion du gouvernement, le retrait des instruments de l’opposition pendant la période réservée aux affaires courantes, le remplacement de la règle d’attribution de temps par un outil plus puissant, appelé programmation, pour ne nommer que quelques propositions: le document comportait bien des éléments qui ont disparu de la motion dont nous sommes saisis. Aujourd’hui, la motion se limite à cinq choses.
Il y a aussi ce qu’on appelait la période des questions du premier ministre, qui n’a pas abouti. Vendredi dernier, il en était encore question, mais aujourd’hui, la suggestion n’y est plus. J’invite les Canadiens à tirer leurs propres conclusions. On est censé supposer que cette pratique de leur part persistera. Je ne sais pas ce qu’on doit en penser.
Il y a eu obstruction systématique des travaux du comité de la procédure. Il y a eu des problèmes quand nous avons utilisé tous les trucs du guide de la procédure parlementaire pour déranger les plans du gouvernement afin d’attirer l’attention de la population canadienne. Les médias et les groupes d’intérêt ont sauté sur l’occasion. Nous avons simplement déclaré que, en tant que membres de l’opposition, nous allions résister à tout changement unilatéral aux règles de la Chambre. Je suis fier que les deux partis d’opposition aient travaillé de concert pour trouver un terrain d’entente permettant de défendre les droits liés au privilège parlementaire.
Cependant, je veux rendre à César ce qui appartient à César. Ce n'était pas seulement des conservateurs et des néo-démocrates; il y avait aussi des députés libéraux chevronnés et bien intentionnés qui comprenaient à quel point le plan d'action du gouvernement était dangereux. Je parle, entre autres, du député de qui, le 17 avril, a dit ceci:
La réalité est qu'on n'en fait pas suffisamment à la Chambre. Je suis un député de longue date et je crois fermement qu'il faut avoir au moins le consensus des principaux partis pour modifier le Règlement de la Chambre.
De nombreux députés libéraux d'arrière-ban nous ont encouragés à poursuivre nos efforts. Ils comprenaient qu'il était question de leurs droits en tant que parlementaires.
Le gouvernement a fini par reculer et, depuis, nous nous retrouvons devant vraiment peu de choses. Sur le plan de la productivité législative, le gouvernement libéral a été très inefficace. Il a adopté la moitié des projets de loi qui ont été adoptés pendant la même période par le gouvernement Harper. En tout, les libéraux ont présenté 56 projets de loi à la Chambre et au Sénat et ils en ont adopté 25 depuis qu'ils sont au pouvoir. En dépit des nombreuses motions d'attribution de temps ces derniers temps, je pense que la plupart des Canadiens conviendront que si le gouvernement avait collaboré avec les autres partis, le Parlement aurait été plus efficace.
Je vais commenter brièvement les cinq choses que la motion vise à accomplir. D’abord, il y a la prorogation. Au plus tard 20 jours après le début de la nouvelle session suivant une prorogation, le gouvernement devrait soumettre un rapport à la Chambre pour expliquer les raisons de la prorogation. Qu’est-ce que cela donnera? Pour ainsi dire, rien. Cette exigence n’aurait aucunement empêché l’abus des prorogations commis lorsque M. Harper était au pouvoir. En fait, elle permettrait simplement de dire amen à la prorogation. N’est-ce pas incroyablement cynique?
En ce qui concerne les projets de loi omnibus, M. Harper avait pris l’habitude de se servir des budgets pour présenter des projets de loi omnibus; cela n’avait donc aucun lien avec un projet de loi d’exécution du budget. C'est autre chose. Cette modification du Règlement ne ferait que donner au Président le pouvoir de scinder un projet de loi omnibus aux fins du vote « dans les cas où le projet de loi n'a aucun fil directeur ». Pensons au projet de loi d’exécution du budget de 300 pages, dont le Parlement est saisi et qui prévoit toutes sortes de changements: cette disposition n'y changerait rien.
Pour ce qui est de l'obstruction systématique, faute de temps, je ne vais pas en dire beaucoup plus, sauf pour affirmer qu'il s'agit d'un changement positif survenu à la toute dernière minute des négociations.
En ce qui concerne le budget et le Budget principal des dépenses, le Secrétariat du Conseil du Trésor aurait le temps de faire correspondre les postes du Budget principal des dépenses à ceux du budget. C’est très bien. Cependant, nous, de l'opposition, craignons que cette proposition réduise simplement le temps dont l’opposition et les intervenants disposent pour examiner le Budget principal des dépenses.
Par conséquent, c’est à grand regret que le NPD se doit de voter contre cette motion. Nous espérons que le gouvernement n’essaiera jamais plus de modifier unilatéralement le Règlement, qui régit la façon dont nous, les parlementaires, effectuons notre travail au Parlement.
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Monsieur le Président, nous discutons aujourd'hui de la motion M-18. C'est une motion où on constate que les libéraux mettent un peu d'eau dans leur vin après le fiasco des derniers mois sur les changements proposés aux règles et à la procédure de la Chambre des communes.
Malgré ces efforts, cela ne fait rien pour réellement améliorer les choses au Parlement ou la reddition de compte de la part du gouvernement. Cela ne règle pas non plus les problèmes tels que les projets de loi omnibus ou encore l'utilisation de la prorogation. Pourtant, ce sont les objectifs que le gouvernement s'est donnés avec ces changements.
Jeudi dernier, j'ai eu la chance d'assister à la rencontre du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. La y était présente pour témoigner justement à ce sujet. Pendant son témoignage, elle a employé une expression que je n'ai pas du tout appréciée dans le contexte des événements que l'on connaît. Elle a parlé d'un manque de volonté politique. Pour moi, la volonté politique est nécessaire pour adopter des idées audacieuses et pour prendre des risques. Cependant, pour adopter ces idées et en discuter comme le gouvernement prétend vouloir le faire, cela prend un processus sain où on peut entendre les idées audacieuses et manifester la volonté politique d'aller de l'avant avec la supposée modernisation du Parlement, pour utiliser les termes employés par le gouvernement.
La façon dont le gouvernement a abordé cet enjeu et cette situation représente son ultime arrogance. La volonté politique de discuter des questions substantielles était là. Toutefois, sans un processus sain où on peut entendre toutes les voix, on ne peut pas aller de l'avant. C'est malheureusement quelque chose que le gouvernement n'a toujours pas compris.
En effet, depuis le début du débat ce matin, en entendant les questions posées et les commentaires faits, on constate que le gouvernement n'a toujours pas compris.
Je ne veux pas faire un trop grand aparté, parce que je veux parler des questions substantielles relatives à la motion, mais je pense, par exemple, à la question posée par le député de , qui a parlé de notre recherche de consensus. Le député de et le député de entre autres, ont travaillé d'arrache-pied toute la journée de l'opposition du NPD pour tenter que l'on mette fin aux nominations partisanes. Ils ont travaillé aussi avec le gouvernement toute la journée pour essayer de produire un amendement qui permettrait le consensus, afin de rectifier le tir et nous permettre d'avoir quelque chose qui ferait l'affaire du gouvernement et qu'il approuverait. Toutefois, le gouvernement a voté contre cet amendement, et il a voté contre la motion par la suite.
Le député de nous accuse d'hypocrisie dans le dossier. Selon moi, c'est un propos non parlementaire. Il faudrait qu'il se regarde dans le miroir pour faire le constat de la situation depuis des mois. Ce n'est pas un nouveau problème. C'est un problème avec lequel nous vivons depuis l'an dernier avec la fameuse motion no 6. Cette motion visait à enlever les pouvoirs de l'opposition. On peut employer l'expression anglaise, Do as I say, not as I do, pour parler de ce gouvernement quand il s'agit d'améliorer la vie parlementaire pour tous les députés.
Parlons des questions substantielles relatives à la motion M-18, dont celle sur les projets de loi omnibus. Plutôt que de mettre fin à cette pratique, à ce fléau, qui fait mal à la vie parlementaire et qui empêche les députés de faire un bon travail et une analyse adéquate sur des mesures législatives extrêmement importantes, on est en train de normaliser et de formaliser l'utilisation de projets de loi omnibus.
On n'a qu'à se rappeler ce que la a dit au comité la semaine passé sur l'importance des thèmes. Le problème avec les thèmes, c'est qu'on peut toujours justifier qu'il s'agit de questions budgétaires. C'est exactement ce que le gouvernement précédent faisait quand il abusait de l'utilisation des projets de loi omnibus.
Le projet de loi , le projet de loi portant exécution de certaines dispositions du budget, contient les mesures législatives pour créer la Banque de l'infrastructure. On parle d'un changement fondamental dans la façon de financer les infrastructures. Cela préoccupe beaucoup les parlementaires, la société civile et les Canadiens.
Vendredi passé, à la télévision, j'entendais le sénateur Pratte dire qu'il appuyait la création de la Banque de l'infrastructure, mais qu'il ne comprenait pas pourquoi le gouvernement s'entêtait à l'inclure dans ce projet de loi plutôt que de faire une étude robuste et appropriée d'une mesure si importante.
Alors, même des parlementaires du Sénat qui appuient l'idée de la banque sont contre son inclusion dans le projet de loi omnibus. Cela démontre à quel point le gouvernement a dérapé. Cette situation pourrait facilement se reproduire, même avec les changements proposés par la motion no 18. Contrairement à ce que le Parti libéral prétend, plutôt que de permettre réellement aux parlementaires d'étudier de telles mesures législatives importantes, on ne fait que régulariser formellement le recours aux projets de loi omnibus par le gouvernement.
Ce qui est encore plus problématique, c'est qu'en rendant cela conforme aux règles de la Chambre, on fait en sorte qu'on ne peut même plus le dénoncer. Au moins, en ce moment, on peut dire que c'est une utilisation inappropriée des outils législatifs. Toutefois, si on le retrouve formellement dans les règles, tout gouvernement, actuel ou futur, pourra simplement dire que ce n'est pas grave, puisqu'il a respecté les règles de la Chambre.
Parlons maintenant de la prorogation. Je me souviens de la prorogation qui a été annoncée en 2008, quand M. Harper a voulu se sauver d'une situation où les partis politiques de l'opposition avaient eu la volonté politique audacieuse de former un nouveau gouvernement qui aurait remplacé le gouvernement conservateur. Rappelons ce qui s'est passé au retour de la prorogation. C'est peut-être pour cela que les libéraux sont un peu moins heureux de parler de prorogation et de faire des changements réels à cet égard, car cela semble bien leur avoir servi en 2009. Ils sont revenus et, tout d'un coup, ils ne voulaient plus rien savoir de cela. Ils étaient bien heureux que M. Harper reste au pouvoir. Toutefois, je ne veux pas parler du passé, mais plutôt du gouvernement actuel.
Pour ce qui est du recours à la prorogation, on propose de déposer un rapport à la Chambre des communes. Essentiellement, cela se résume à un communiqué de presse qui sera déposé à la Chambre. Si le gouvernement ne reconnaît pas que n'importe quel député ou son adjoint en communication peuvent facilement formuler une justification pour le recours à la prorogation, il rêve en couleur.
À cet égard, j'ai demandé à la , au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, s'il y aurait au moins un vote sur ce rapport, comme les règles de la Chambre le prévoient dans le cas des motions d'adoption de rapports de comités. Elle n'a même pas été capable de le dire. Elle a dit simplement que l'utilisation de ce mécanisme permettrait la reddition de comptes. Cela ne veut pas dire grand-chose. On ne considère même pas la possibilité de laisser les parlementaires se prononcer sur ce rapport par un vote.
Alors, encore une fois, après avoir promis de corriger un mécanisme dont le gouvernement précédent avait abusé, le nouveau gouvernement ne fait que nous offrir un beau communiqué de presse. C'est tout le contraire d'une preuve de respect envers le Parlement.
Par ailleurs, en ce qui concerne les budgets de dépenses, on veut réduire la période prévue pour l'étude de ces budgets en comité par les parlementaires en la faisant passer de trois mois à huit semaines. Encore une fois, je me demande comment une période plus courte serait un signe de respect à l'endroit des parlementaires et de leur travail.
En conclusion, je proposerai un amendement, mais j'aimerais d'abord dire qu'en ce qui concerne la question des secrétaires parlementaires en comité, on n'a rien appris. Si le gouvernement croit vraiment que le fait que ceux-ci ne puissent pas voter ou présenter de motions est suffisant pour considérer que le bureau du premier ministre et le Conseil des ministres n'ont pas de pouvoir au sein des comités, il rêve en couleur, puisque les secrétaires parlementaires peuvent tout simplement chuchoter des instructions aux députés.
Ce n'est pas le vrai changement qui a été promis. Au contraire, le fait de prétendre que c'est un vrai changement est un plus grand manque de respect envers le Parlement que l'abus de ces mécanismes lui-même. Au moins, avec le gouvernement précédent, on savait exactement ce qu'il voulait nous faire. Maintenant, on se fait planter un couteau dans le dos. Ce n'est pas ainsi qu'on démontre un vrai respect envers les parlementaires.
[Traduction]
En conclusion, je propose, appuyé par le député de :
Que la motion soit modifiée par substitution, à la partie 2 au paragraphe 69.1(1), aux mots suivant le mot « diviser », de ce qui suit:
« le projet de loi thématiquement en plusieurs projets de loi distincts, chacun d’eux étant réputé avoir été lu une première fois, et ordonner leur impression. L’ordre portant deuxième lecture des projets de loi nouvellement divisés prévoira leur renvoi à un comité ou à des comités choisis en consultation avec le leader du gouvernement à la Chambre des communes. »