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Monsieur le Président, je remercie mon presque voisin de de son accueil chaleureux.
Nous parlons aujourd'hui du projet de loi , qui n'a pas nécessairement le titre le plus excitant au monde, mais qui touche un enjeu extrêmement important. Je parle de la Loi mettant en œuvre une convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices. Il peut y avoir des projets de loi compliqués à la Chambre, mais rares sont ceux dont le titre peut utiliser une portion importante du temps que nous avons pour prendre la parole.
Blague à part, l'évitement fiscal et l'évasion fiscale sont des enjeux fondamentaux. L'urgence d'agir à l'égard de ces enjeux est de plus en plus présente, non seulement dans nos esprits comme législateurs, mais aussi dans l'esprit de la population. Cela peut sembler être un sujet qui n'interpelle pas nécessairement le commun des mortels. Quand nous faisons du porte-à-porte dans nos circonscriptions, quand nous avons la chance d'échanger avec des citoyens lors de différentes activités dans nos circonscriptions, les lois sur le revenu et l'impôt et les ententes fiscales signées avec d'autres pays peuvent sembler être des concepts qui sont très loin de l'esprit des gens. Ces derniers se concentrent sur la vie quotidienne, sur le fait d'envoyer les enfants à l'école, de prendre soin de leur santé et de gérer leur propre budget.
Or, ce qui interpelle les gens, c'est l'iniquité fondamentale que représente cette situation. Les gens paient leurs impôts, et l'Agence du revenu du Canada s'attaque avec acharnement à des mères de famille monoparentale, qui ont simplement mal compris un formulaire, ou qui ont changé de situation, qui se sont séparées du père de leur enfant, par exemple. Je connais personnellement des individus dans mon entourage qui ont vécu ces situations déplorables. Je ne sais pas si mes collègues ont déjà eu la chance de lire les lettres que l'Agence envoie à ces personnes. Même en tant que membre du Comité permanent des finances, je me demande si on pourrait bien comprendre les pages et les pages de texte et de phrases qui ne veulent rien dire. C'est tellement compliqué. On ne devrait pas avoir à faire affaire avec un comptable ou même, dans certaines cas, avec un avocat, simplement à cause des agissements d'une agence qui est supposé être le bon gestionnaire de l'argent des contribuables.
Cette situation est déjà déplorable en soi, mais elle l'est encore plus quand on considère que des PDG d'entreprises, des individus les mieux nantis, et, malheureusement, très souvent, des amis de ceux qui sont au pouvoir, profitent de toutes ces exemptions, de toutes ces lois qui sont mal ficelées, de toutes ces ententes qui ne vont pas assez loin. Contrairement à la mère de famille monoparentale, pour garder cet exemple, ils sont en train de profiter de vacances personnelles à la Barbade. En plus, ils laissent leur argent là tandis qu'ils y sont. C'est inacceptable.
En tant que société, nous ne pouvons l'accepter. Notre richesse collective, le contrat social dans lequel nous nous engageons comme citoyens d'une société en payant des impôts, et le travail que nous demandons au gouvernement de faire en notre nom avec notre argent, est l'un des aspects les plus fondamentaux de notre société. Quand on considère que des personnes ne veulent pas respecter ce contrat, ne veulent pas respecter cet engagement, on réalise que, quelque part, on a échoué. Quelque part, le gouvernement a échoué à une de ses fonctions de base.
Ces politiques, ces échecs, creusent un fossé profond et noir, un grand écart inéquitable entre les mieux nantis et ceux qui le sont moins. C'est drôle, parce que le aime parler de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour s'y joindre. La réalité, c'est que, quand je suis dans ma circonscription, je ne n'observe pas la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour s'y joindre. Ce que je constate, c'est qu'il y a des honnêtes citoyens qui travaillent fort, et il y a ceux qui n'ont besoin de rien faire, sachant pertinemment qu'ils vont toujours avoir la faveur de ceux qui sont au pouvoir. C'est ce qui est déplorable.
Dans ma circonscription, il y a des personnes qui sont relativement bien nanties. Ce sont des personnes que le aime bien cibler, parce qu'il les traite de tricheurs. Ce sont des entrepreneurs qui gèrent des petites et moyennes entreprises et qui, du point de vue de certains, sont peut-être parmi une classe plus privilégiée de la société. Ils ont bien gagné leur vie et ils ont travaillé très fort comme entrepreneurs, mais ce n'est pas d'eux qu'il est question.
Il y a aussi des personnes dans ma circonscription qui peinent à mettre de la bouffe sur la table et qui peinent à payer leur loyer ou leur hypothèque. Ces personnes ont une différence énorme de moyens et de mode de vie. Cependant, ils ont une chose en commun, et c'est une chose qui anime mon travail comme député. Tous sont honnêtes et tous pensent ceci:
[Traduction]
« La marée montante fait avancer tous les bateaux. »
[Français]
C'est l'idée que nous sommes dans une société où cette richesse collective nous sert tout un chacun. Ils sont d'accord là-dessus. Ultimement, ce qu'on voit, c'est le fameux 1 % le mieux nantis, parfois, c'est littéralement le 1 % de la population et des fois c'est une manière de décrire les donateurs du Parti libéral, qui sont les amis du . Ultimement, ils profitent d'un système qui fondamentalement ne fonctionne plus.
Revenons à la substance du projet de loi. Je voudrais tout d'abord saluer l'excellent travail du député de qui est notre porte-parole en matière de revenu national. Il a fait un travail extraordinaire sur cette question qui est extrêmement complexe. C'est difficile de le croire pour certains, mais il est le plus jeune député élu dans l'histoire du Canada au fédéral. Non seulement a-t-il réussi à se faire réélire grâce à son travail acharné, mais il est aussi un député qui connaît si bien ses dossiers qu'il peut travailler à cette question extrêmement compliquée.
On peut aussi saluer le travail du député de qui, comme porte-parole en matière de finances pour le NPD, fait aussi un travail exceptionnel. Après tout, c'est notre travail.
Nous avons déposé une motion à la Chambre et notre collègue de a déposé aussi une motion dans le même sens. Nous demandons au gouvernement d'en faire plus et de régler les différents problèmes et les échecs qui existent dans le système et que je viens d'énumérer il y a quelques instants, dans mon discours.
Le projet de loi qui est devant nous vise à mettre en oeuvre des instruments multilatéraux et tente de régler le fait que certaines de nos conventions avec d'autres pays sont caduques. Ces instruments sont une étape importante qui va permettre d'apporter plus facilement des changements à nos ententes multilatérales ou bilatérales.
Les gens doivent comprendre que les ententes, les accords et les conventions qui sont signés entre le Canada et d'autres pays, souvent, empirent le problème. En effet, on nous dit que ces ententes sont signées pour éviter la double imposition. Par exemple, une entreprise ou un individu va payer ses impôts soit au Canada soit dans un autre pays. Or, on constate que la loi qui doit être mise à jour, ainsi que d'autres éléments du cadre légal font que ces conventions facilitent l'évasion fiscale et l'évitement fiscal, bien qu'elles ne le devraient pas, dans un monde idéal.
Nous allons appuyer le projet de loi parce nous considérons que ce sont de bonnes mesures qui vont nous permettre de faire un pas dans la bonne direction. Cependant, soyons clairs. Notre appui à ce projet de loi en deuxième lecture n'est pas un chèque en blanc. Nous sommes loin d'appuyer l'approche du gouvernement libéral qui s'est avérée jusqu'à présent un échec. Le projet de loi que nous appuyons ne nous permet pas non plus d'ignorer que le gouvernement n'a pas agi dans toutes les autres questions qui nous préoccupent relativement à l'évitement fiscal et à l'évasion fiscale.
Regardons le paragraphe 95(1) de la Loi de l'impôt sur le revenu et le règlement 5907 de l'impôt sur le revenu. On considère que les dividendes d'une société filiale étrangère sont exempts d'imposition au Canada. Cela veut dire qu'il y a des entreprises qui font beaucoup d'argent grâce à une activité et même à la consommation des consommateurs québécois et canadiens. Ils font leur argent ici, mais ils sont en train de gonfler leurs profits parce qu'ils sont exemptés de payer de l'impôt au Canada.
La question des échappatoires est une question de gros bon sens. On ne parle pas ici d'entreprises qui mènent 95 % de leurs activités dans d'autres pays et 5 % de leurs activités au Canada. On parle d'entreprises qui font l'inverse. Grossièrement, ce sont des entreprises qui ont ouvert un compte de banque dans un autre pays où elles n'ont presque aucune activité économique et qui mènent la majeure partie de leurs activités aux États-Unis ou encore au Canada. C'est un grand échec et on n'a toujours pas mis la loi à jour, ce qui aurait pourtant été si facile. Le projet de loi dont nous débattons contient des éléments liés à l'évasion fiscale et à l'évitement fiscal, mais nulle part il n'y est question de réviser ces éléments de la loi.
C'est drôle, car plus tôt aujourd'hui, j'ai entendu un député libéral dire que c'était une priorité du gouvernement depuis son premier jour au pouvoir. Pourtant, trois ans après l'arrivée au pouvoir des libéraux, rien n'a été fait, malgré toutes les pressions de la société civile, d'acteurs importants de la société et même, dans certains cas, d'anciens candidats du Parti libéral. Au Québec, il y a eu une mobilisation extraordinaire sur cette question. Nous et nos collègues des autres partis étions très fiers d'être les porte-étendards de ces voix. Pensons au collectif Échec aux paradis fiscaux et à l'organisme non partisan Réseau pour la justice fiscale Québec. Ce sont des exemples frappants.
En ouvrant une parenthèse, sans vouloir être trop méprisant, c'est ce qui arrive quand les 41 députés libéraux québécois demeurent muets. Quand on entend ces voix fortes de la société civile au Québec, on se dit que ces députés ne sont pas seulement muets, mais sourds aussi, parce qu'ils n'entendent pas la voix de leurs concitoyens.
Je suis extrêmement inquiet de constater qu'aucun parti ayant été au pouvoir n'est irréprochable dans cette histoire. Je n'ai qu'à reprendre l'exemple que j'ai soulevé plus tôt, lorsque j'ai posé une question à un député conservateur. Dans la dernière législature, au cours du débat sur le projet de loi de mise en oeuvre de l'entente de libre-échange avec le Panama, qui a été négociée et signée par les conservateurs, j'ai soulevé un point extrêmement important qui démontre que cette question d'évasion fiscale et d'évitement fiscal ne date pas d'hier. Cela fait longtemps qu'on en parle et cela fait longtemps que le fédéral ne prend pas les mesures nécessaires attendues par les citoyens.
Pour revenir à cette entente avec le Panama, celui-ci est connu comme étant l'un des mauvais acteurs en matière d'évasion fiscale et d'évitement fiscal. Même les États-Unis, qui sont très loin d'être un berceau progressiste, surtout à la lumière des événements récents, ont compris qu'il était primordial d'exiger formellement de la part d'un pays comme le Panama, en échange d'une entente de libre-échange et de l'ouverture de leurs marchés, qu'il veille à ce que leur soit retourné tout l'argent qui appartient au gouvernement et aux contribuables et qui a été mis de côté par des personnes qui ne respectent pas leurs obligations envers notre société. Par l'entremise de cette entente, entre autres, les États-Unis ont réussi à rapatrier une partie de cet argent, malgré qu'il reste beaucoup de travail à faire.
Toutefois, qu'est-ce que le Canada a fait à ce sujet? On a seulement soulevé la question, sans même parler des problèmes liés aux normes de protection de l'environnement ou aux conditions de travail des travailleurs au Panama. On a ignoré ces questions cruciales. Même si on se limite à ce seul élément, le gouvernement n'a rien fait quand nous avons soulevé la question.
Cela est extrêmement préoccupant, parce que le gouvernement ne cesse de nous répéter qu'il va négocier sur la base de valeurs progressistes et qu'il va parler de la réconciliation avec les peuples autochtones, de l'égalité des genres et de la protection de l'environnement. Je suis d'accord là-dessus, bien sûr. Après tout, ce sont des questions que nous soulevons fièrement, au NPD, tous les jours à la Chambre des communes.
Cependant, lorsqu'on a un programme progressiste, il faut aussi promouvoir l'équité. Il faut poser des gestes visant à éliminer l'écart entre les amis du pouvoir, ceux qui peuvent se permettre d'aller en vacances à la Barbade et d'apporter leur portefeuille avec eux, et les honnêtes personnes qui travaillent fort dans nos communautés, les biens nantis comme les moins bien nantis, soit les entrepreneurs, les mères monoparentales et toutes les autres personnes qui se font harceler par l'Agence du revenu du Canada. Cela doit cesser. Je me répète, mais il le faut.
Je ne peux donc qu'espérer que le gouvernement, au moment de négocier ces ententes, reconnaîtra qu'on doit poursuivre dans cette voie et exiger un meilleur comportement de la part de certains acteurs délinquants sur la scène internationale. C'est peut-être un optimisme mal placé, puisque ce gouvernement a une mauvaise tendance à cet égard.
Lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, les libéraux ont dit en grande pompe que le Canada était de retour, mais qu'est-ce que le Canada fait? D'abord, on permet à Netflix, à Facebook, à Google et aux grandes entreprises multinationales américaines de se sauver sans payer leur juste part d'impôt. Puis, on permet aux milliardaires donateurs du Parti libéral et amis du ministre des Finances de faire la même chose et de se soustraire à leurs obligations envers notre pays. Ensuite, on permet aux acteurs délinquants en matière d'environnement de se soustraire à leurs obligations. Nous ne respectons même pas nos propres obligations. De plus, on continue d'exporter des armes vers des pays comme l'Arabie saoudite. À ce sujet, on dirait que les libéraux essaient de se racheter, à en croire les reportages médiatiques.
Si tout cela est pertinent dans le cadre du débat sur le projet de loi , c'est parce que celui-ci parle d'un instrument multilatéral. Si le Canada était véritablement de retour, il ferait davantage preuve de leadership pour ce qui est de prêter main-forte aux pays qui veulent lutter contre l'évasion fiscale, l'évitement fiscal et tous les autres problèmes que je viens d'énumérer. Or le Canada donne plutôt un abri aux acteurs délinquants et laisse perdurer une situation qui existe depuis trop longtemps.
J'aimerais expliquer pourquoi tout cela est si important en termes que les gens à la maison peuvent comprendre. Je ne dis pas cela de façon condescendante, au contraire. Quand je reçois moi-même des lettres de l'Agence du revenu du Canada, ma première réaction est souvent de me demander de quoi il s'agit. Lorsqu'on reçoit ces lettres, on demande parfois à des amis si on s'en va en prison, parce qu'on ne comprend pas. Voilà comment on traite les mères monoparentales, les personnes malades et les personnes handicapées qui veulent obtenir les prestations auxquelles ils ont droit.
La députée de disait qu'il s'agissait de gestes criminels. Elle s'est elle-même levée à la Chambre des communes pour parler des personnes diabétiques qui ont été ciblées par l'Agence du revenu du Canada, ce qui est complètement inacceptable. Toutefois, la continue de parler de la somme de 1 milliard de dollars. On n'arrête pas de parler d'argent, mais si la loi et les conventions ne changent pas, on ne fait que lancer de l'argent par la fenêtre. L'expression est ici bien employée, car après tout, c'est ce que les mieux nantis de notre société sont en train de faire, et c'est d'autant plus comique que cet argent tombe très loin des coffres du gouvernement fédéral. C'est inacceptable.
Je m'adresse maintenant à tous mes concitoyens. On peut débattre du code de conduite fiscal et de la loi sur l'impôt, mais en fin de compte, on doit reconnaître que le gouvernement n'a connu que des échecs pour ce qui est de resserrer l'écart entre les mieux nantis et les moins nantis. Pour y arriver, le gouvernement doit commencer par des gestes concrets et simples.
En appuyant le projet de loi en deuxième lecture aujourd'hui, j'implore de nouveau le gouvernement d'agir pour mettre fin à l'évasion fiscale et à l'évitement fiscal, ce qu'il aurait pu faire en appuyant la motion du NPD. Il doit surtout mettre fin à cette injustice qui pèse lourd dans l'esprit des personnes honnêtes qui tentent simplement de vivre leur vie et de profiter d'une collectivité et d'un contrat social important selon lequel il faut d'abord fournir sa part d'efforts.
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Monsieur le Président, c’est toujours un honneur pour moi d’intervenir au nom des citoyens de Central Okanagan—Similkameen—Nicola. Je partagerai mon temps de parole avec le très compétent député de qui, outre ses fonctions de député, assume celle de ministre du cabinet fantôme pour le revenu national. Bien qu’il s’agisse d’un projet de loi en matière de finances, c’est finalement l’Agence du revenu du Canada et la qui devront rendre des comptes dans ce dossier. Je sais que le député aura bien des choses à dire à ce sujet.
Tous deux sont très importants car, en 2013-2014 par exemple, et notamment dans le budget de 2014, l’ancien ministre des Finances, Jim Flaherty, avait amorcé des consultations sur l’érosion de la base d’imposition et la participation aux bénéfices. C’était expressément en prévision de la rencontre au G20, où il comptait faire des propositions et participer pleinement au débat dans ce dossier, ce dont nous profitons aujourd’hui.
Je dois à tout le moins reconnaître que le gouvernement a laissé tomber ses oeillères idéologiques. Il ne semble pas attribuer cette initiative à Stephen Harper. Il n'a pas pointé l'ancien premier ministre du doigt, du moins pas encore. J’espère vraiment que l’on retiendra de mon discours d’aujourd’hui qu’un nouveau gouvernement se doit de poursuivre l’excellent travail accompli par ses prédécesseurs. On ne devrait pas systématiquement juger d’une initiative simplement en fonction de son auteur.
Lorsque j’étais secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor, pendant la législature précédente, nous travaillions quelquefois sur des projets de loi de nature très technique. Je dois admettre que j'aime tout particulièrement les projets de loi de nature réglementaire qui sont susceptibles d’être utiles aux Canadiens et à l’industrie canadienne, surtout s'ils sont assortis de mesures de rationalisation destinées à réduire les formalités administratives. Nous reconnaissons que le Canada devient un concurrent de plus en plus sérieux sur la scène mondiale et il est probable que nous verrons une intensification, plutôt qu’une diminution, des échanges internationaux.
Nous devons aussi reconnaître que cette nouvelle réalité vient avec son lot de difficultés. Par exemple, au cours de l'été, le gouvernement libéral a été forcé de modifier sa politique nationale sur le carbone. Essentiellement, la modification visait à alléger la taxe sur le carbone imposée à certains des plus grands pollueurs du Canada. Ce n'est pas très différent de ce qui s'est passé dans ma province, la Colombie-Britannique, où les serristes et les cimenteries, notamment, se sont vu accorder tellement de subventions, d'exemptions ou d'autres formes d'allégements liés à la taxe sur le carbone qu'il existe désormais un terme pour nommer cette réalité: on appelle cela la « fuite de carbone ». Dans le document budgétaire de 2018 des néo-démocrates de la Colombie-Britannique, on définit la situation comme suit: « [...] des industries qui entrent en concurrence avec une industrie dans des pays où la tarification du carbone est faible ou inexistante. Si [...] la Colombie-Britannique perd sa part du marché au profit de concurrents qui polluent davantage, ce que l'on appelle la fuite de carbone, cela a une incidence sur notre économie et ne réduit pas les émissions mondiales de gaz à effet de serre. » C'est pour cette même raison que le gouvernement libéral a allégé la taxe sur le carbone imposée aux grands pollueurs: parce que, ultimement, ils font concurrence à l'industrie aux États-Unis et ailleurs où l'on n'impose pas de taxe nationale sur le carbone.
Nous ne sommes pas ici pour débattre de la taxe sur le carbone. Je l'utilise comme exemple pour montrer à quel point il est nécessaire d'être concurrentiel. Comme nous le savons tous, dans le secteur des affaires, la capacité de soutenir la concurrence se définit souvent en fonction des résultats financiers. Nous savons aussi à quel point ces résultats sont cruciaux pour les entreprises — en tout cas, le Parti conservateur comprend très bien cette réalité. Il arrive ainsi que, au moyen de pratiques comptables créatives — que certains pourraient qualifier de douteuses —, des entreprises trouvent des façons ingénieuses de transférer la richesse créée dans un pays vers un autre pays, où le fardeau fiscal est beaucoup plus léger. Certains pays se font même un devoir de créer un milieu réglementaire et financier qui encourage activement ce type de comportement.
Comment peut-on corriger ce problème? Évidemment, on pourrait tenter d'alléger le fardeau fiscal afin qu'il soit équivalent à celui de certains de ces pays, ce qui endiguerait l'exode des revenus. Certaines personnes qualifieraient cette approche de « nivellement par le bas ».
Il existe aussi une autre solution possible, ce qui nous ramène au projet de loi , dont nous débattons aujourd'hui. Nous pourrions inciter le plus grand nombre de pays possible à adhérer à une approche commune en matière de réglementation fiscale, qui permettrait de mieux les protéger contre ce problème. Pour réduire les tracasseries administratives liées à la réglementation, il serait en effet préférable d'utiliser une approche commune en matière de fiscalité, plutôt que de faire les choses à la pièce.
De surcroît, sur le plan de l'efficacité, l'adoption d'une norme universelle avec les pays de l'OCDE signataires est préférable à la négociation de conventions fiscales distinctes entre les différents pays en question.
Il faut reconnaître que cet instrument multilatéral permet au Canada de mettre à jour ses ententes de manière rapide et efficace afin que l'Agence du revenu du Canada et les autorités fiscales de l'autre pays puissent aller de l'avant sans tarder, par le biais de la convention fiscale en vigueur, comme le veut l'instrument. C'est une solution très efficace.
Comme nous le savons, il s'agit ici de la Convention multilatérale pour la mise en oeuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices. Comme c'est un peu long comme titre, nous l'appellerons simplement l'instrument multilatéral. Ce travail a été amorcé sous l'ancien gouvernement conservateur. Je suis heureux que le gouvernement actuel l'ait poursuivi pour en arriver à l'étape dont il est question aujourd'hui, soit l'accord de ratification. Cet accord, comme on le sait, s'applique à 75 administrations de partout dans le monde. On s'attend à ce qu'il y en ait plus de 100 très bientôt. C'est une bonne chose.
L'accord comporte beaucoup d'avantages, mais il n'est pas exempt de critiques. D'aucuns ont suggéré que l'adoption de l'instrument multilatéral de l'OCDE ferait perdre au pays en question son autonomie fiscale. Pourtant, je souligne que l'accord contient des dispositions permettant aux pays de ne pas appliquer certaines parties de l'instrument, à leur discrétion. Par extension, cela permettrait aux pays de conserver une certaine structure fiscale tout en offrant des avantages fiscaux uniques dans certains domaines. Bien que cette situation puisse sembler une mauvaise chose pour certains, je crois qu'un cadre permettant une composante concurrentielle pour contrôler les taux d'imposition constitue un outil important pour les pays.
Au bout du compte, cet accord cible davantage ceux qui transfèrent de l'argent entre des pays comme moyen d'évitement fiscal. Certains diraient que c'est presque de l'évasion fiscale, dans certains cas, ils n'ont peut-être pas tort, mais soyons clairs: le Canada dispose déjà de lois en matière d'évasion fiscale. Ces stratagèmes sont illégaux et l'Agence du revenu du Canada doit poursuivre les individus qui repoussent beaucoup trop les limites et qui savent qu'ils vont trop loin.
Je crois que cette convention vise surtout les transferts d'argent entre pays qui sont effectués dans l'unique but d'échapper au fisc. Somme toute, je pense que c'est une bonne chose. Certains disent que la mise en oeuvre des conventions de ce genre au Canada a été un échec dans le passé, mais je ne suis pas d'accord. Lors de la législature précédente, nous avons adopté le projet de loi , qui visait à permettre l'incorporation de textes réglementaires provenant d'autres pays, de manière à ce que la réglementation puisse être la même au Canada. C'est très avantageux pour les fabricants canadiens, car il peut être extrêmement coûteux pour eux de devoir se plier à une foule de normes différentes en vigueur dans diverses administrations.
Pour revenir à l'instrument multilatéral, le temps nous dira quel en aura été l'effet. Actuellement, certains stratagèmes d'évitement fiscal sont légaux, ce qui pose un problème. La convention créera donc un environnement fiscal incluant des mesures fiscales communes qui seront utiles pour éliminer les politiques d'imposition abusives.
Avant de terminer, je voudrais prendre un instant pour exprimer une crainte que j'ai. Comme nous le savons, les États-Unis ne font pas partie des signataires de cette convention. Compte tenu des relations étroites entre les industries des deux pays et de la présence de nombreuses entreprises à la fois aux États-Unis et au Canada, on peut appréhender des répercussions à long terme. Évidemment, nous sommes également inquiets en ce qui a trait à l'ALENA, un dossier où nous devrons surveiller avec vigilance l'évolution de notre compétitivité par rapport à nos voisins du Sud.
Dans l'ensemble, je crois qu'il s'agit d'un projet de loi important qui fait avancer le Canada dans la bonne direction et qui le met au diapason de la majorité de ses partenaires du G20. Je voterai pour le projet de loi et je crois qu'il sera bénéfique que le comité l'étudie attentivement, en particulier concernant certaines questions épineuses. Je remercie la Chambre d'avoir bien voulu écouter mes réflexions à propos du projet de loi aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet de ce projet de loi. Je suis content de le faire à la suite de mon collègue le député de , qui a fait un excellent discours sur un sujet qui l'intéresse et qu'il connaît très bien.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction. C'est la conclusion naturelle aux travaux qui ont commencé en 2013 sous le gouvernement précédent. C'est une bonne initiative que deux gouvernements ont menée afin de résoudre le grave problème que présentent l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices.
Ce projet de loi vise à résoudre un problème mondial qui touche le Canada, c'est-à-dire l'évasion fiscale que des sociétés pratiquent en établissant leur domicile à un endroit donné ou en faisant de savants jeux comptables afin de transférer des bénéfices d'un endroit à l'autre et de choisir le plus avantageux des traitements fiscaux offerts par différents pays.
Depuis des années, nous entendons dans les nouvelles des critiques à l'endroit de nombreux géants mondiaux, dont Starbucks, Apple et plusieurs autres entreprises mondiales bien connues, qui veulent réduire au minimum leur taux d'imposition en cherchant l'endroit qui leur offre le traitement fiscal le plus avantageux. C'est un problème auquel les gouvernements occidentaux sont confrontés.
Si le projet de loi est adopté, le Canada sera en mesure de participer à un protocole mis en place par l'OCDE.
Nous avons parlé brièvement de l'ampleur et de la portée de ce problème au comité des finances, et nous accueillons favorablement le projet de loi.
Le projet de loi est une façon efficace de traiter de l'imposition dans divers pays au moyen du même instrument. Cela nous éviterait de renégocier séparément des dizaines de conventions fiscales en vigueur. Ainsi, nous pourrions coopérer beaucoup plus efficacement avec nos partenaires commerciaux étrangers et lutter contre ce qui a été décrit comme un « nivellement par le bas ».
Près de 25 milliards de dollars d'impôts ne seraient pas perçus sur des activités économiques qui se déroulent au Canada. Au cours de ses deux premières années de mandat, le gouvernement libéral a affirmé qu'il récupérerait ces 25 milliards de dollars. À la fin 2017, le a déclaré à la Chambre que le gouvernement était impatient de percevoir cet argent.
Même si j'appuie le projet de loi et que je reconnais qu'il s'agit d'un pas important dans la bonne direction, ce n'est certainement pas une panacée, une solution qui réglerait tous les problèmes. J'espère néanmoins que mes collègues de tous les partis l'appuieront.
En ce qui a trait aux 25 milliards de dollars, le gouvernement n'a toujours pas réellement attaqué le problème. Or, trois années de son mandat sont maintenant écoulées. Ce nombre a été réfuté. Il semblerait que la plus grande partie de l'argent que le gouvernement prévoit percevoir, en luttant contre l'évasion et l'évitement fiscaux, serait au pays même, et que même le ministère estime que la majorité est irrécouvrable.
Après près de trois ans de mandat du gouvernement, l'Agence du revenu du Canada n'a toujours pas fait de progrès notable relativement à l'évasion fiscale à l'étranger. Toutefois, au cours de cette période, l'Agence a véhiculé un certain nombre d'idées parfois étranges à savoir comment elle entend remédier à ses écarts de revenu. Ces idées ne parlent ni d'évasion fiscale à l'étranger ni du transfert de bénéfices des sociétés.
Je parle notamment des idées qu'avait eues l'Agence d'imposer les avantages accordés par l'employeur, comme les prestations d'assurance-maladie et d'assurance dentaire, d'imposer les rabais sur les ventes au détail dont bénéficient les employés du secteur des services et de mener une guerre contre les Canadiens handicapés à la même époque l'an dernier, y compris en rejetant les demandes de crédit d'impôt pour personnes handicapées des diabétiques de type 1 et de plusieurs personnes atteintes d'autres maladies.
Dans ma circonscription, j'ai parlé à des gens souffrant de diverses formes de fatigue chronique qui, après avoir reçu le crédit d'impôt pour personnes handicapées pendant des années, en ont soudainement été privés. Dans un cas, une femme qui obtenait ce type de crédit depuis 10 ans a soudainement vu sa demande être rejetée, alors que son dossier médical n'avait pas changé. Nous avons aussi entendu le récit de parents d'enfants autistes qui avaient été privés de leur crédit d'impôt pour personnes handicapées par l'Agence du revenu du Canada sous le gouvernement libéral.
Aucune de ces tentatives en apparence insignifiantes et mesquines de prélever des recettes supplémentaires ne règle le problème et ne remplit la promesse du gouvernement de sévir contre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale à l'étranger. Il s'agit de mesures mineures qui visent des cibles faciles. D'ailleurs, la CBC a souligné encore une fois hier soir comment le gouvernement libéral rend la vie très difficile aux parents seuls à cause de sa stricte exigence qu'ils prouvent qu'ils sont effectivement séparés. Nous avons entendu parler de plusieurs cas de ce genre, et c'est un sujet qui a été soulevé à la Chambre.
Ce projet de loi ne s'attaque pas à un autre type d'érosion de la base d'imposition. En effet, l'érosion due au transfert de bénéfices est un phénomène mondial d'envergure sur lequel nous devons nous pencher. Cependant, la fuite des capitaux — qui a lieu actuellement — représente une menace encore plus sérieuse pour l'économie canadienne et constitue une perte encore plus importante de recettes fiscales pour l'État.
Depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, on nous a imposé une taxe sur le carbone. Mon collègue de a parlé de la fuite de carbone. En effet, déplacer des activités économiques génératrices d'émissions vers d'autres pays n'a aucune incidence sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais cela a des répercussions sur l'assiette fiscale du Canada et entraîne des pertes d'emploi. Il y a eu la taxe sur le carbone et le projet de loi , qui devrait s'intituler « Loi visant à assurer qu'aucun pipeline ne soit plus jamais construit au Canada ». Nous avons également assisté à des hausses d'impôt qui, au lieu de toucher les Canadiens les mieux nantis — comme l'avait promis le gouvernement —, se sont traduites par la réduction des revenus fiscaux provenant de ces Canadiens. Il s'agit là d'un autre type d'érosion de la base d'imposition qui ne sera pas pris en compte par ce projet de loi.
Nous avons assisté à un fiasco dans le dossier du projet d'expansion du pipeline Trans Mountain. Là encore, le ralentissement des activités économiques va engendrer une érosion de la base d'imposition. Nous sommes également conscients qu'au gré de l'évolution des négociations de l'ALENA, des centaines de milliers — voire des millions — de travailleurs canadiens craignent de perdre leur emploi.
Pour terminer, ce projet de loi constitue une mesure positive dans la prise en charge d'un grave problème mondial. Nous devons faire partie de la solution afin de protéger notre propre assiette fiscale et respecter nos engagements à l'égard de nos partenaires économiques. J'ai hâte que le projet de loi soit renvoyé à un comité pour que des améliorations y soient apportées, et pour que je puisse aborder certains points soulevés par mes collègues.
Je vais appuyer ce projet de loi, et je félicite le gouvernement d'avoir présenté cette initiative.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler d'équité fiscale.
Au cours de la dernière campagne électorale, le a parcouru le pays en promettant des milliards de dollars en nouvelles dépenses. Tout le monde sera gagnant, disait-il. Quand, bien sûr, les Canadiens ont demandé comment il comptait payer pour tout cela, il leur a répondu de ne pas s'inquiéter: il augmenterait juste les impôts du centile supposément le plus riche, ceux du voisin fortuné des quartiers en surplomb.
Aujourd'hui, alors que nous parlons d'équité fiscale, il convient de se demander s'il a bien tenu sa promesse de financer ses dépenses de cette manière. Il a certainement tenu sa promesse de dépenser de gros montant d'argent frais. Les dépenses ont augmenté de presque 7 % cette année, ce qui équivaut à trois fois le taux combiné de l'inflation et de la croissance démographique. En d'autres termes, le gouvernement dépense trois fois plus vite que ne l'exigent les besoins des Canadiens.
En conséquence, le déficit, cette année, est trois fois supérieur à ce que le Parti libéral a promis dans son tout dernier programme électoral, et le budget ne sera pas équilibré l'année prochaine, comme le l'avait promis. D'après Finances Canada, le budget ne sera équilibré qu'en 2045, dans un quart de siècle, et pendant ce temps, Finances Canada le reconnaît, le gouvernement ajoutera un billion et demi de dollars de dettes en plus. Autrement dit, le budget ne s'équilibrera pas de lui-même.
Que deviennent les riches? Le avait affirmé qu’il allait augmenter leurs impôts. Les résultats sont sortis. Selon les données publiées il y a deux semaines par l’Agence du revenu du Canada, pendant l'année qui a suivi l’entrée en vigueur de l’augmentation d'impôt, le gouvernement a en fait perçu 4,6 milliards de dollars de moins auprès du 1 % de la population le plus riche. De son côté, Finances Canada a publié il y a un an presque jour pour jour, soit le 19 septembre 2017, son rapport financier annuel,qui fait ressortir presque exactement le même phénomène: les recettes provenant du 1 % de la population le plus riche ont baissé.
Le gouvernement prétend que tout cela est dû à des facteurs ponctuels. Les gens s’ingéniaient à trouver des moyens d’éviter les augmentations d’impôts, déclarait le gouvernement, et ce phénomène disparaîtrait au fil des années. Le gouvernement a raison. Certains particuliers fortunés ont fait des transferts pour éviter de payer leur juste part.
Le est l'un deux. Il avait annoncé une augmentation d’impôt qui entrerait en vigueur le 1er janvier 2016, mais il avait vendu ses parts dans sa propre entreprise, Morneau Shepell, 30 jours avant pour garantir que son gain en capital serait imposé au taux inférieur précédent. De la sorte, il n’aurait pas à subir les augmentations d’impôt qu’il imposait à tout le monde. N’est-ce pas beau? Il savait qu’il y aurait des augmentations d’impôt mais, en tant que multimillionnaire qui avait travaillé dur toute sa vie pour éviter de payer de l’impôt, il n’allait pas payer un sou de plus sur ce gain en capital. Il allait faire en sorte d’être imposé à un taux inférieur à celui qui s’appliquerait à tout le monde.
Le ministre et le ministère qu'il dirige ont affirmé que beaucoup de gens faisaient de même. Cependant, maintenant que ce n'est plus le cas, ils disent que, à l'avenir, l'État pourra recueillir plus de recettes. Nul doute que, pour l'année financière 2017, on assistera à une entrée unique de recettes provenant de certains entrepreneurs et d'autres Canadiens, en réaction aux politiques du gouvernement.
Par exemple, il existe tellement d'anecdotes touchant des firmes comptables et de reportages publiés par les médias d'affaires qu'il est difficile de remettre en doute le fait que des gens sortent des fonds du Canada. Ils agissent ainsi parce que le fardeau fiscal et réglementaire est tellement lourd au Canada que, dans certains cas, il vaut mieux faire des affaires à l'étranger, plutôt que de garder l'argent ici. Ils paient donc des impôts de sortie. Comme l'argent part à l'étranger, les impôts ne sont prélevés qu'une fois.
Le , qui ne se soucie que du moment présent et qui souhaite dépenser toujours plus d'argent maintenant, se réjouit peut-être de cette entrée soudaine et strictement ponctuelle d'argent, car il s'empresse aussitôt de le dépenser.
Il oublie que le problème avec ce genre d'entrée ponctuelle d'argent, c'est qu'elle se produit une seule fois. Les sommes d'argent transférées dans un autre pays seront assujetties à l'impôt de ce pays. Par exemple, lorsqu'un PDG bien nanti transfère sa fortune à Londres, en Angleterre, il doit payer des impôts de sortie et le gouvernement en tire un avantage fiscal, sous forme de recettes, une seule fois. Toutefois, au cours des années suivantes, le fardeau fiscal de ce PDG tombe à zéro au Canada. Il paie ainsi des impôts à un gouvernement étranger et finance de ce fait des services offerts à une autre population. Pour l'année 2017, je suis persuadé qu'un grand nombre de gens vont payer des impôts de sortie parce qu'ils ont envoyé leur argent à l'étranger.
Qui plus est, à l'automne 2017, le gouvernement a annoncé des changements fiscaux visant les petites entreprises qui auraient eu pour effet de punir les familles qui décident de vendre leur entreprise à leurs enfants. Un agriculteur qui choisit de vendre son exploitation à ses enfants paierait un impôt sur les dividendes dont le taux s'élève à près de 45 %, au lieu d'un taux d'imposition des gains en capital de 25 %. La vente de cette même exploitation à une multinationale étrangère lui permettrait donc de payer moins d'impôts.
Cela signifie que l'agriculteur qui vend son exploitation à ses enfants doit payer le prix lourd, alors qu'il bénéficie d'un allègement fiscal s'il la vend plutôt à une multinationale étrangère, qui risque à terme de faire de ses enfants les locataires de leurs propres terres ancestrales.
Devant la riposte implacable menée par les conservateurs et la réaction spontanée des contribuables canadiens, le gouvernement a décidé d'attendre après les élections pour apporter ce changement et il le fera, c'est certain. Toutefois, les propriétaires de petites entreprises et les agriculteurs ne sont pas stupides. Ils savent ce qu'ils ont évité de justesse et ils ne vont pas prendre le risque que ce changement soit de nouveau proposé.
Qu'ont fait un grand nombre d'entre eux? Selon certains des cabinets comptables les plus respectés du pays, un grand nombre d'entre eux ont vendu leur exploitation agricole dès qu'ils ont su que le gouvernement avait décidé d'attendre pour procéder à ce changement. Par conséquent, ces gens auront payé l'impôt sur cette transaction en 2017, après quoi on ne pourra plus en tirer de recettes fiscales, puisqu'elle ne se répétera pas tous les ans.
Enfin, le gouvernement propose de punir les familles qui travaillent ensemble au sein d'une entreprise et qui en partagent les gains. Il appelle cela de la « répartition ». Je comprends bien pourquoi il utilise ce terme: le et le ont tous les deux bénéficié d'une répartition de richesse sans avoir à lever le petit doigt. Ne serait-ce pas merveilleux si nous pouvions tous venir au monde dans une famille riche, comme ces deux-là? Pas étonnant qu'ils parlent de « répartition » pour décrire la petite entreprise familiale, le restaurant local dont les propriétaires partagent les revenus avec leurs enfants qui viennent y travailler chaque jour.
La modification proposée par le gouvernement est entrée en vigueur le 1er janvier. Les propriétaires d'entreprise étaient au courant; ils ont donc dû verser des dividendes plus élevés à leurs enfants et autres membres de la famille en 2017, avant la prise d'effet du changement fiscal. Évidemment, le gouvernement allait imposer ces dividendes en 2017. Autrement dit, le gouvernement va tirer une rentrée importante de recettes du fait qu'il force les entrepreneurs à verser des montants aux membres de leur famille avant l'entrée en vigueur des nouvelles règles punitives. Il est clair qu'il va récolter plus d'argent en 2017 grâce à cela.
On peut s'attendre d'un jour à l'autre à voir le et le faire une entrée triomphale dans cette enceinte, comme des généraux romains victorieux, et déclarer: « Voyez tout l'argent que nous avons réussi à amasser. » Ils vont dire que leur plan de hausses fiscales a bel et bien fonctionné et qu'il leur a permis de recueillir des fonds à dépenser. Or, toutes ces rentrées de fonds sont des rentrées de fonds strictement ponctuelles; les fonds entrent, on les dépense. Ce n'est pas de l'argent qui sera là pour les gouvernements à venir. Ainsi, le fardeau retombera inévitablement sur les travailleurs et la classe moyenne, soit ceux qui écopent toujours quand le gouvernement prend de l'ampleur et dépense sans compter.
Pourquoi? Parce que les personnes à revenu élevé et les capitaux sont beaucoup plus mobiles que les personnes à revenu moindre et les travailleurs. Il est plus difficile de déplacer la main-d'oeuvre. Pourquoi? Parce qu'elle est faite de personnes et que, pour pouvoir payer moins d'impôt, il faudrait que ces personnes déménagent dans un autre pays. Les capitaux, eux, sont libres comme l'air et peuvent se déplacer allègrement. N'importe qui peut allumer son ordinateur portable et acheter des actions d'entreprise étrangère partout dans le monde, littéralement en l'espace de cinq minutes. On peut très facilement retirer son argent d'un pays.
À l'inverse, une famille qui habite à Oshawa ou Windsor et dont les parents travaillent sur une chaîne de montage ne peut pas faire ses bagages et partir sans crier gare dès que le gouvernement augmente son fardeau fiscal. Les travailleurs ne peuvent pas déménager pour éviter de payer de l'impôt de la même manière que les capitaux et la richesse se déplacent.
En fin de compte, lorsque le gouvernement fait fuir les gros capitaux, ce sont les travailleurs canadiens qui se retrouvent avec un fardeau fiscal plus important. C'est exactement ce qui s'est produit. La famille canadienne typique de la classe moyenne paie aujourd'hui 800 $ de plus au fisc, par rapport au moment où le gouvernement a commencé son mandat. Cela ne tient pas encore compte de la taxe sur le carbone et des taxes sur la masse salariale que le gouvernement prévoit imposer dès l'année suivant les prochaines élections. Autrement dit, les choses ne feront que s'aggraver.
Ce montant ne tient également pas compte de la hausse du coût du service de la dette nationale, qui augmente à un rythme spectaculaire. D'ailleurs, l'année dernière, le gouvernement a consacré 23 milliards de dollars au service de la dette nationale. Selon le directeur parlementaire du budget, d'ici trois ans, ce montant grimpera à 40 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de deux tiers en l'espace de seulement quelques années. À mesure que la dette et les taux d'intérêt augmentent simultanément, ils auront comme effet cumulatif de transférer encore une fois la richesse des contribuables de la classe ouvrière vers les riches banquiers et créanciers obligataires qui sont les propriétaires de la dette.
Nous voici avec des guerriers de la justice sociale qui accumulent des déficits et des dettes ayant pour effet de transférer la richesse des personnes à faible revenu qui paient de l'impôt vers les riches créanciers obligataires et banquiers qui sont les propriétaires de la dette et en échange de quoi nous ne recevrons rien. Les intérêts sur la dette ne permettent pas de paver les routes, de construire des hôpitaux, d'engager des infirmières ou de rémunérer des soldats. Ils ne font rien de cela. Ils ne font que garnir le portefeuille des riches qui ont les moyens de prêter de l'argent au gouvernement.
Si quelqu'un voulait la preuve que ces gens sont riches, il n'a qu'à penser au fait que le gouvernement a annulé les obligations d'épargne du Canada. Autrefois, les personnes à revenu modeste pouvaient acheter des obligations d'épargne du Canada et prêter de l'argent au gouvernement. Ce n'est plus le cas. Le gouvernement emprunte tout son argent à de riches gestionnaires de fonds de capital-investissement, des courtiers en valeurs mobilières et d'autres personnes très riches.
Par conséquent, lorsque le gouvernement prend beaucoup de place, cela profite toujours aux gens riches, puissants et bien placés. Voilà qui est paradoxal. Jeremy Corbyn, qui se dit socialiste, et qui est le chef socialiste du Parti travailliste britannique, affirme vouloir mettre fin au capitalisme fondé sur le principe voulant que la cupidité soit une bonne chose. Il veut interdire la cupidité. Le a tenu des propos semblables. Le plan pour éliminer la cupidité consiste à faire en sorte que le gouvernement prenne tellement de place qu'il n'en reste plus pour la cupidité. Ce comportement humain sera éliminé. Les gens deviendront altruistes et généreux. Selon eux, personne ne possédera davantage que son prochain. Ces socialistes sont si puissants qu'ils réussiront même à transformer la nature humaine.
Peuvent-ils vraiment transformer la nature humaine? Apparemment, ils n'ont pas lu Macaulay, qui a écrit ceci:
Là où coule le miel, les mouches bourdonnent;
Là où pourrit la charogne, le chant du corbeau résonne;
Là où le Tibre porte les rebuts, le brochet vorace en fait son repaire;
Et où que l'on trouve tel maître, on trouvera tel bénéficiaire.
Ce qu'il faut retenir, c'est que, là où il y a de l'argent, il y aura toujours des gens qui essaient de l'avoir. Si tout l'argent est au gouvernement, des gens cupides tenteront d'en avoir auprès du gouvernement. Cela arrive constamment.
Certaines entreprises demandent des cadeaux au gouvernement, et le gouvernement libéral s'est montré un généreux bienfaiteur pour elles. Il a donné 400 millions de dollars à Bombardier qui en a profité pour offrir d'importantes primes à ses cadres. Il y a la Banque de l'infrastructure, par exemple, qui va offrir des garanties de prêt à de puissantes entreprises de construction pour que ce soit le contribuable plutôt que le propriétaire de l'entreprise qui paie la note si jamais un projet perd de l'argent.
En Ontario, les libéraux ont adopté une loi sur l'énergie verte, qui n'a pas créé d'énergie verte, mais qui a mis de l'argent dans les poches des riches lobbyistes qui ont réussi à obtenir les soi-disant contrats d'énergie verte, fait doubler le prix de l'électricité, et entraîné ce que l'Association ontarienne des banques alimentaires appelle la « pauvreté énergétique ». Des gens se sont rendus dans les banques alimentaires avec leur facture d'électricité en expliquant qu'ils n'avaient pas les moyens de payer leur facture d'électricité et de manger. Ils devaient quémander leur nourriture pour avoir les moyens de payer leur facture d'électricité. Alors, oui, ce fut très bien pour le 1 % le plus riche qui a gagné des dizaines de milliards de dollars en subventions pour ses supposés besoins en électricité, mais ce fut très mauvais pour les travailleurs qui ont eu de la difficulté à garder leurs lumières allumées et à vivre une vie normale.
Eh oui, là où on met du miel, des essaims de mouches se rassemblent. Mon collègue n'a pas parlé d'abeilles, il a parlé de mouches et, comme on le sait, les mouches ne font pas de miel, mais elles le mangent volontiers. Ce sont des parasites. En revanche, les abeilles fabriquent du miel grâce au processus de pollinisation qui permet un échange libre entre un organisme végétal et une créature vivante. L'économie de libre marché repose sur un modèle similaire. Dans ce genre de modèle économique, il y a échange volontaire de capitaux moyennant des intérêts, de produits moyennant paiement, de travail moyennant rémunération.
Dans une économie de libre marché, toutes les transactions reposent sur un échange volontaire. Les députés savent-ils pourquoi? C'est parce que chaque transaction doit améliorer la vie des deux parties, autrement elles ne seraient pas intéressées à la transaction. Voilà pourquoi il y a ce qu'on appelle le double merci. Lorsqu'on va dans un café et qu'on y achète une boisson, on remercie la personne qui nous sert. Que dit cette personne en retour? Elle ne dit pas de rien, mais plutôt merci. Pourquoi? Tout simplement parce que le paiement qu'on lui donne vaut davantage pour elle que le café qui a été servi et, pour le consommateur, le café vaut davantage que son prix. Autrement dit, les deux parties ont le sentiment d'avoir obtenu davantage qu'avant la transaction. Si j'ai une pomme et que je veux une orange, et qu'une autre personne a une orange et veut une pomme, nous faisons un échange. Il y a toujours une pomme et une orange dans l'équation, mais nous sommes tous les deux plus riches parce que nous estimons avoir quelque chose qui vaut davantage que ce que nous avions auparavant. Voilà le génie des échanges volontaires.
Pourquoi personne n'écrit-il « merci » sur sa déclaration d'impôt? C'est censé être un échange volontaire. C'est censé être un échange. On paie pour quelque chose. On est censé obtenir quelque chose en échange. C'est tout simplement parce que l'on n'a pas le choix. Il ne s'agit pas d'un échange volontaire. C'est obligatoire. On est forcé de le faire, et voilà la règle de l'économie gouvernementale. Toutes les transactions dans l'économie gouvernementale sont imposées. Toutes les transactions dans le libre marché sont effectuées selon le bon vouloir des participants.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons à un libre marché ascendant où les entreprises font des pieds et des mains pour les consommateurs plutôt que pour les politiciens. C'est un marché dans lequel on prospère non pas en ayant les meilleurs lobbyistes, mais bien en ayant les meilleurs produits. Voilà ce qu'est l'économie de marché. Il s'agit d'une économie ascendante et non d'une économie du ruissellement étatique, comme le croit le gouvernement libéral.
Par conséquent, nous continuerons d'être les champions du système de libre marché, un système fondé sur la méritocratie, et non sur « l'héritocratie », où il n'est pas nécessaire de posséder un fonds en fiducie pour espérer avoir un avenir meilleur. Il ne faut que de grands rêves et des efforts soutenus. Voilà notre plan pour l'équité fiscale.