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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à la Chambre au sujet de cet important projet de loi, qui contribuera à faire progresser le programme d'équité fiscale du gouvernement.
Le projet de loi que nous présentons a un seul objectif: combattre les stratagèmes d'évasion fiscale et d'évitement fiscal abusif afin de garantir que le régime fiscal fonctionne de la manière la plus équitable et la plus efficace possible. Les députés conviendront que c'est absolument essentiel. Il s'agit de faire en sorte que tous les Canadiens paient leur juste part.
Assurer l'équité fiscale exige un engagement sur de nombreux fronts. C'est pourquoi le Canada continue d'élargir et de mettre à jour son réseau de conventions fiscales et d'ententes d'échange de données avec d'autres pays. Nous avons conclu de nombreuses conventions fiscales, dont 93 sont actuellement en vigueur. À l'échelle mondiale, l'OCDE estime que plus de 3 000 conventions fiscales sont actuellement en place.
Les conventions fiscales sont essentielles au commerce international et à l'investissement, car elles éliminent les doubles impositions. Elles fournissent les garanties nécessaires pour soutenir les économies ouvertes et avancées. Elles permettent également d'échanger les données requises pour prévenir l'évasion fiscale à l'international.
En pareil cas, les conventions bilatérales permettent d'éliminer les obstacles fiscaux aux échanges commerciaux et aux investissements entre les deux pays concernés. Plusieurs mécanismes permettent d'atteindre cet objectif.
Premièrement, ces conventions permettent aux contribuables de mieux connaître leurs obligations fiscales dans l'autre pays. Deuxièmement, elles définissent les droits fiscaux des deux parties, en plus d'éliminer les doubles impositions. Troisièmement, elles réduisent les risques qu'une personne soit trop lourdement imposée parce que ses retenues fiscales seraient trop élevées. Quatrièmement, elles protègent les contribuables contre la discrimination fiscale dans l'autre pays. Cinquièmement, elles autorisent l'échange de renseignements fiscaux afin de prévenir l'évasion et l'évitement fiscaux. Sixièmement, elles fournissent un mécanisme de résolution des différends fiscaux entre les pays signataires.
Tous ces objectifs sont importants et ils pourront tous être atteints grâce à la mesure législative dont la Chambre est actuellement saisie. En actualisant l'aspect fiscal de nos relations avec Madagascar, nous pourrons renforcer les échanges commerciaux et favoriser les investissements entre nos deux pays.
Le gouvernement et les Canadiens tiennent à ce que l'État offre tous les programmes et services dont la population a besoin tout en maintenant à un niveau peu élevé les taxes et les impôts que doivent payer les petites entreprises et les familles de la classe moyenne.
Quand nous avons été portés au pouvoir, il y a un peu plus de trois ans, nous nous sommes engagés à investir dans la croissance tout en garantissant un traitement équitable pour l'ensemble des contribuables.
Le régime fiscal doit être équitable si on veut que les retombées de la croissance économique profitent au plus grand nombre possible et que de bons emplois bien rémunérés soient offerts aux Canadiens de la classe moyenne et à ceux qui s'efforcent d'en faire partie.
Je tiens à rappeler aux députés que l'une des premières mesures prises par le gouvernement a été de réduire les impôts de la classe moyenne et d'augmenter ceux des gens faisant partie du 1 % le plus riche, ce qui a profité directement à neuf millions de Canadiens.
Après avoir réduit les impôts de la classe moyenne, nous avons remplacé l'ancien système de prestations pour enfants par l'Allocation canadienne pour enfants. Comparativement à l'ancien système de prestations pour enfants, l'Allocation canadienne pour enfants est plus simple et plus généreuse et elle cible mieux les familles qui en ont le plus besoin. Elle est également entièrement libre d'impôt. Grâce à elle, neuf familles sur dix se portent mieux aujourd'hui. Elle a permis de sortir plus de 520 000 personnes de la pauvreté, dont 300 000 enfants.
Les familles qui ont droit à l'Allocation canadienne pour enfants reçoivent, cette année, 6 800 $ en moyenne. Cela leur permet d'acheter ce dont leurs familles ont besoin. Grâce à elle, ils peuvent acheter des aliments sains et payer des cours, des activités sportives, des vêtements et du matériel scolaire à leurs enfants. L'Allocation canadienne pour enfants profite particulièrement aux familles monoparentales, qui sont souvent dirigées par des mères et qui ont généralement un revenu plus faible.
Le gouvernement est déterminé à soutenir la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie, mais ce n'est pas tout. Il souhaite également aider les petites entreprises sur lesquelles comptent les familles et les collectivités. C'est pourquoi le gouvernement a décidé de les soutenir en réduisant leur taux d'imposition.
Nous avons réduit deux fois le taux d'imposition des petites entreprises. Il est passé de 10,5 % à 10 % en 2018, puis à 9 % en janvier. En moyenne, cela représente pour elles 1 600 $ de plus par année, qui pourront être réinvestis dans l'entreprise ou dans la création d'emplois. Avec ces deux réductions fiscales pour les petites entreprises, le taux d’imposition total fédéral-provincial-territorial est maintenant de 12,2 %, en moyenne. C'est, de loin, le taux le moins élevé parmi les pays du G7 et, dans l'ensemble des pays de l’OCDE, seulement trois offrent un taux inférieur.
L'équité fiscale a été et demeure un des principaux éléments de la promesse que le gouvernement a faite aux Canadiens de renforcer et de faire croître la classe moyenne et l'économie, dès maintenant et à long terme. Dans chacun des trois derniers budgets, le gouvernement a pris des mesures législatives pour garantir l'intégrité du régime fiscal du Canada, ici et à l'étranger, et pour donner aux Canadiens une plus grande assurance que ce régime est équitable pour tous.
Une partie importante de nos efforts a été consacrée à la répression de l'évasion et de l'évitement fiscaux, lesquels privent le gouvernement et les contribuables de sommes considérables. Depuis le budget de 2016, le gouvernement a renforcé la capacité de l'Agence du revenu du Canada de lutter contre l'évasion et l'évitement. Les investissements des deux dernières années ont permis à l'Agence de mieux cibler les personnes les plus susceptibles de s'adonner à de l'évasion et de l'évitement fiscaux, et de restreindre plus efficacement ces activités. Grâce à ces efforts, les Canadiens voient des résultats concrets.
Grâce au nouveau système, nous sommes en mesure d'examiner tous les télévirements internationaux de plus de 10 000 $ qui entrent au Canada ou qui en sortent, soit plus d'un million de transactions chaque mois. L'examen de ces télévirements nous aide à mieux analyser le risque que des personnes ou des entreprises s'adonnent indûment à l'évitement fiscal.
Au cours des deux derniers exercices, le gouvernement a examiné tous les télévirements effectués entre le Canada et huit pays ou institutions financières préoccupants, ce qui représente un total de 187 000 transactions totalisant plus de 177 milliards de dollars. Grâce au travail que nous réalisons en étroite collaboration avec des partenaires, au Canada et partout dans le monde, on effectue actuellement plus de 1 000 vérifications à l'étranger et plus de 50 enquêtes criminelles liées à des transactions à l'étranger.
De plus, le gouvernement pourchasse les tiers qui font la promotion de stratagèmes d'évitement fiscal. Ainsi, au cours du dernier exercice financier, il a imposé à ces tiers quelque 48 millions de dollars en sanctions.
Cette année, grâce à la mise en oeuvre de la Norme commune de déclaration, nous aurons aussi plus facilement accès aux renseignements concernant les comptes bancaires que les Canadiens détiennent à l'étranger. Grâce à ce nouveau système, le Canada et plus de 100 autres pays échangeront des renseignements relatifs aux comptes financiers, ce qui nous aidera à repérer les cas où les Canadiens cachent de l'argent dans un compte à l'étranger pour éviter de payer de l'impôt.
Nous avons aussi agrandi nos équipes de vérificateurs spécialisés qui se concentrent sur les contribuables qui ont un revenu élevé ou dont les actifs ont une valeur nette très élevée. Quelques 250 vérificateurs s'assurent que ces contribuables paient leur juste part.
Une autre façon importante de garantir l'équité fiscale est de savoir exactement ce que chacun possède. Voilà pourquoi le gouvernement collabore avec ses homologues provinciaux et territoriaux pour s'assurer que les autorités canadiennes savent qui sont les propriétaires de sociétés au pays.
Le gouvernement cherche également à mieux harmoniser les exigences en matière de registre de propriétés collectives entre les administrations. Ces renseignements aideront les autorités canadiennes à employer les moyens judiciaires adéquats lorsque des personnes se servent d'entreprises pour dissimuler des activités criminelles. De cette manière, nous allons enrayer l'évasion fiscale internationale et l'évitement fiscal, le blanchiment d'argent, et d'autres activités criminelles.
Je voudrais parler d'un autre moyen mis en oeuvre par le gouvernement pour empêcher tout recours abusif à notre régime fiscal. Le Canada fait partie du Projet BEPS de l'OCDE et du G20, qui vise à s'attaquer aux sociétés et aux riches particuliers qui effectuent des transferts de fonds douteux à l'étranger et se livrent à d'autres manoeuvres à l'échelle internationale pour échapper au fisc. Il s'agit du projet sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert des bénéfices, ou Projet BEPS en abrégé. Les travaux menés par l'OCDE sur le Projet BEPS ont permis de mettre à jour des cas où le libellé des conventions fiscales actuelles pourrait ouvrir la porte à des abus. Afin d'aborder ces préoccupations, l'OCDE a recommandé des modifications par rapport à la conception des conventions fiscales. Les pays pourront se servir de ces recommandations pour combler les lacunes des traités qui les unissent.
Cela dit, la renégociation des multiples conventions bilatérales existantes, une à une, prendrait énormément de temps. On a donc élaboré une nouvelle approche visant à accélérer la mise en oeuvre des changements. Cette initiative a abouti à la Convention multilatérale pour la mise en oeuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices. On l'appelle également l'instrument multilatéral.
À la suite du travail effectué dans le cadre du projet de l'OCDE sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, la Convention a été élaborée et négociée par plus de 100 pays et administrations, y compris le Canada. L'instrument multilatéral permettrait aux signataires de modifier rapidement leurs conventions fiscales bilatérales afin d'y intégrer les mesures du projet de l'OCDE. Il contribuerait également à rendre le régime fiscal international plus efficace et à rassurer les contribuables canadiens en améliorant le règlement des différends dans le cadre des conventions fiscales du pays. Comme promis dans le budget de 2018, le gouvernement a présenté à la Chambre une mesure législative pour inscrire l'instrument multilatéral dans le droit canadien.
Le gouvernement multiplie les efforts afin que le Canada soit connu dans le monde comme un endroit sans égal pour faire des investissements et des affaires. Nous prenons ces mesures parce que la réussite économique du Canada repose non seulement sur le travail constant de ses citoyens, mais également sur de solides relations commerciales et des investissements étrangers directs.
Collectivement, les Canadiens ont bâti un pays aux attraits uniques. Parmi nos atouts principaux, mentionnons la main-d'oeuvre la plus éduquée de tous les pays de l'OCDE et un régime d'imposition des sociétés très concurrentiel — en fait, l'un des plus concurrentiels du G7. Le Canada est le pays du monde où la mise sur pied d'une entreprise exige le moins de temps et il est le seul pays du G7 à avoir conclu des accords commerciaux avec tous les autres membres du groupe, grâce à l'Accord États-Unis-Mexique-Canada, à l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et à l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste. Le traité fiscal que nous envisageons aujourd'hui de conclure avec Madagascar correspond à notre volonté de renforcer la coopération et nos liens internationaux.
Dans la lutte contre l'évasion fiscale internationale, nous tirons parti des atouts extraordinaires du Canada. En outre, nous faisons en sorte que le gouvernement dispose des fonds nécessaires pour assurer la prestation de programmes favorables à la classe moyenne et aux gens qui travaillent fort pour en faire partie, et pour que le Canada reste un pays attrayant où travailler, investir et faire des affaires.
Comme je l'ai dit clairement aujourd'hui, nous avons déjà fait des progrès extraordinaires en vue d'un Canada plus fort. Toutefois, comme je l'ai fait remarquer, l'équité fiscale est un objectif complexe qui suppose une mobilisation sur bien des fronts. Voilà pourquoi nous continuerons de nous attaquer à l'évasion fiscale et aux stratagèmes abusifs d'évitement fiscal pour que le régime fiscal soit aussi équitable et efficace que possible. Le projet de loi que nous avons présenté aujourd'hui est un pas important pour atteindre cet objectif. J'encourage donc tous les députés à l'appuyer.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup de plaisir que je prends la parole à cette étape-ci de l'étude du projet de loi au nom de l'opposition officielle.
Comme j'ai eu l'occasion de le signaler tout à l'heure, je tiens à assurer tout de suite que l'opposition officielle soutient ce projet de loi, l'esprit qui l'anime et les mesures qui y sont proposées, et elle comprend aussi qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour combattre l'évasion fiscale. Or, de notre point de vue, ce projet de loi nous mène dans la bonne direction.
Tout d'abord, mentionnons ce dont il est question. En fait, le projet de loi S-6, qui provient du Sénat, vise à rendre plus flexibles le travail et les échanges commerciaux entre le Canada et Madagascar, notamment en s'attaquant à l'évasion fiscale et en éliminant certains problèmes pouvant être générés par l'administration entre Madagascar et le Canada et par les principes de taxation qui sous-tendent les relations commerciales entre les deux pays.
Dans ce projet de loi, on retrouve des mesures qui éliminent la double taxation, ce qui est bien lorsqu'on veut faire du commerce international. On retrouve également des mesures qui éliminent les taxes discriminatoires. On sait que lorsque l'on veut faire du commerce, il faut avoir le champ libre le plus possible. Chaque pays a ses mesures propres, qui sont tout à fait légitimes. Or certaines mesures de taxation qui peuvent discréditer certains éléments plutôt que d'autres. Le projet de loi vise donc à éliminer les taxations discriminatoires. Il prévient l'évasion fiscale. Nous aurons l'occasion d'en parler un peu plus tard, mais il est évident que tous les paradis fiscaux méritent une attention particulière et que l'évasion fiscale ne peut être résolue en un claquement de doigts. Cela prend l'effort, le concours et le soutien des quelque 180 pays qui forment la planète Terre. Il ne faut pas penser que, du jour au lendemain, on pourra régler ce problème, mais il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour aller dans cette direction, et le projet de loi va en ce sens.
Par ailleurs, ce projet de loi prévoit des mécanismes au cas où, par malheur, il y aurait des contestations de part et d'autre. Ces mécanismes feront en sorte que l'on pourra s'entendre pour aller de l'avant et pour poursuivre les échanges commerciaux.
Enfin, ce projet de loi permettra l'échange d'informations entre les différentes administrations quand une enquête devra se faire, soit pour une entreprise, soit pour un particulier, que ce soit du côté de Madagascar ou du Canada.
Bref, ce projet de loi comporte principalement cinq mesures: l'élimination de la double taxation; la prévention de l'évasion fiscale; l'élimination des taxes discriminatoires; la permission d'échange d'informations; et des mécanismes pour régler les différends.
Sur ces principes, nous sommes d'accord. Nous sommes également d'accord pour que cette entente devienne la 93e entente du Canada avec d'autres partenaires commerciaux visant à simplifier la taxation et à permettre de meilleurs échanges. Il ne s'agit pas d'un traité de libre-échange comme tel, mais cela permettra de meilleures ententes et une plus grande flexibilité. Madagascar, ce n'est peut-être pas le pays le plus connu au monde ni le plus connu des Canadiens. C'est une île qui est située dans l'océan Indien à l'est de l'Afrique. Ce pays est quand même assez grand, ne nous méprenons pas. Il fait environ 1 500 kilomètres de long sur environ 800 kilomètres de large. Une distance de 1 500 kilomètres, cela équivaut à partir des Rocheuses en Alberta, à traverser l'Alberta et la Saskatchewan et à se rendre au Manitoba à la frontière de l'Ontario. Grosso modo, c'est cela. On voit donc l'ampleur de ce pays de 25 millions d'habitants.
L'histoire nous apprend que le Canada et Madagascar ont quand même des racines communes puisque Madagascar est un pays francophone. Nous sommes parties prenantes de la Francophonie. On sait que le Sommet de la Francophonie s'y est tenu, il y a quelques années déjà, et que Madagascar était une colonie française qui a acquis son indépendance en 1960 dans la grande foulée de la décolonisation qui secouait la planète entière, que ce soit du côté anglais ou du côté français. Cette mouvance de la décolonisation s'est produite à Madagascar dans les années 1960.
Comprenons également que les échanges commerciaux entre le Canada et Madagascar existent depuis plusieurs années, notamment dans le domaine des mines. L'une de nos entreprises canadiennes a pignon sur rue, si je peux m'exprimer ainsi, à Madagascar, pour une des mines importantes. De plus, les échanges commerciaux entre le Canada et Madagascar représentent environ 100 millions ou 115 millions de dollars.
En fait, le Canada achète pour environ 100 millions de dollars de biens et de services à Madasgascar et, en échange, Madagascar achète pour environ 20 millions de dollars chez nous. À titre indicatif, cela représente 0,001 % des échanges commerciaux que nous avons avec notre principal partenaire, ami et voisin, les États-Unis. Oui, c'est important. Nous reconnaissons cela, mais mettons quand même une certaine mesure de comparaison entre les échanges commerciaux du Canada avec Madagascar et les échanges commerciaux que nous avons avec les États-Unis.
Ce dont il est important de parler dans ce projet de loi, c'est la question de l'évasion fiscale. J'ai rapidement abordé la situation tout à l'heure. L'évasion fiscale est un défi permanent pour tous les pays de la planète. Oui, nous devons faire des efforts. Nous en avons fait quand nous étions au gouvernement. Il faut continuer à faire des efforts pour combattre l'évasion fiscale mondiale. C'est pour cela que les quelque 180 pays de la planète ne peuvent travailler en vase clos à cet égard. Il faut que tous se donnent la main, travaillent ensemble, mettent en commun les connaissances, les efforts, l'énergie et le talent potentiel de chaque pays et des experts que nous avons dans chacun de nos pays pour combattre ce fléau qu'est l'évasion fiscale.
Le Canada fait ses efforts. Grâce au projet de loi , nous avons un traité permettant d'aller dans cette direction. En grande partie, c'est la raison pour laquelle nous soutenons ce projet de loi. Il faut toujours être alerte, toujours garder à l'esprit que l'évasion fiscale est une tare de notre planète à laquelle il faut s'attaquer de façon sérieuse et rigoureuse. Cependant, personne ne peut le faire tout seul. Il faut que les principaux pays se donnent la main et que les paradis fiscaux, les plus petits pays qui malheureusement servent d'abris fiscaux pour d'aucuns, puissent mettre la main à la pâte pour combattre cette situation. Nous sommes tout à fait d'accord sur le principe que chacun doit payer ses taxes rigoureusement et de façon légitime, mais encore faut-il que tout le monde les paie et que personne ne s'enfuie dans des abris fiscaux qui font que, malheureusement, les Canadiens n'en ont pas pour leur argent.
Ce projet de loi m'interpelle beaucoup. Nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut débattre de cette situation, dans un projet de loi vraiment indépendant. Or combien y a-t-il de situations qui ne sont pas débattues comme il se doit ici à la Chambre des communes? Cela est préoccupant.
Le gouvernement a déposé, il y a un an, le projet de loi , un projet de loi omnibus de près 800 pages. Officiellement, ce projet de loi devait être celui qui mettrait en place des mesures du budget. C'est normal, c'est ainsi que cela fonctionne. Or voilà que le gouvernement a glissé au travers de ce projet de loi de 800 pages plusieurs mesures qui n'avaient strictement rien à voir avec le budget présenté par le .
Dois-je rappeler que le Parti libéral s'est fait élire, il y a bientôt trois ans et demi? Je serais porté à dire de triste mémoire, mais la démocratie étant ce qu'elle est, nous respectons le choix des Canadiens. Ces gens-là ont été élus sur un engagement précis.
J'ai avec moi le programme du Parti libéral, qui avait pour titre « Changer ensemble -- Le bon plan pour renforcer la classe moyenne ». C'est un très beau titre. À la page 32, on trouve la rubrique « Prorogation et projets de loi omnibus ». On peut y lire ce qui suit:
Nous n'userons pas de subterfuge législatif pour nous soustraire à l'examen du Parlement.
Tiens donc! C'est exactement ce dont il est question avec le projet de loi C-74.
[L'ancien premier ministre du Canada] Stephen Harper a eu recours à la prorogation pour échapper à certaines situations périlleuses, chose que nous ne ferons pas.
C'est le Parti libéral du Canada.
M. Harper s’est également servi des projets de loi omnibus pour empêcher les parlementaires d’étudier ses propositions et d’en débattre convenablement.
C'est exactement ce dont il est question avec le projet de loi C-74. Le paragraphe se conclut ainsi:
Nous mettrons un terme à cette pratique antidémocratique en modifiant le Règlement de la Chambre des communes.
C'est la promesse du Parti libéral.
Le projet de loi va complètement à l'encontre de son engagement. Bien sûr, nous ne devons pas nous surprendre d'une telle volte-face. Rappelons que, dans leur document, les libéraux disaient qu'ils allaient faire trois petits déficits pendant les trois premières années et qu'ils retourneraient ensuite à l'équilibre budgétaire en 2019. La réalité, c'est que les trois petits déficits promis étaient trois fois plus élevés que prévu. Nous sommes maintenant à l'aube du dépôt du budget qui est censé prévoir le déficit zéro, comme le l'a annoncé hier, mais nous savons tous que ce ne sera pas le cas. On se dirige vers un déficit de plus de 20 milliards de dollars.
Dans ce même document, il est aussi question d'une réforme électorale. Est-ce que cela a eu lieu? Non. Voilà l'apanage du Parti libéral: il s'est fait élire en promettant des choses, mais il n'a pas tenu parole. Le 19 octobre 2015, les Canadiens ont élu le Parti libéral. Je respecte la démocratie, mais comme le dit le vieil adage, la population ne se trompe pas, mais elle peut être trompée. C'est exactement ce dont il est question.
Le projet de loi est censé mettre en vigueur les mesures budgétaires, mais des dizaines d'éléments qui n'ont rien à voir avec le budget y ont été glissés. On y retrouve notamment les articles 715.3, 715.31, 715.32, 715.33, 715.34, 715.35, 715.36 et 715.37. Ce n'est pas rien. Ils se trouvent dans la section « Accords de réparation ». Je n'aurai pas le temps de lire tous ces articles, mais ceux-ci ciblent directement le problème avec lequel le gouvernement — et les Canadiens, malheureusement — est aux prises aujourd'hui, c'est-à-dire les ententes particulières pouvant être offertes par le gouvernement aux entreprises qui, par malheur, ont failli à leurs responsabilités et se retrouvent devant un tribunal pour fraude.
C'est exactement ce dont il est question dans le scandale libéral SNC-Lavalin. Cela dure depuis deux semaines, et jour après jour surviennent de nouvelles situations gênantes et embarrassantes pour le gouvernement. Le problème, c'est que ces situations n'embarrassent pas seulement le gouvernement, mais aussi le Canada et les Canadiens. Ceux-ci veulent des réponses.
Je rappelle que ces articles ont été insérés dans un projet de loi de 800 pages. Plus tôt, le secrétaire parlementaire a dit que nous aurions pu en parler en comité. Franchement, comment veut-il que nous abordions cette question directement alors que nous devions étudier un projet de loi de 800 pages? Aujourd'hui, on consacre de nombreuses heures de travaux parlementaires, ce qui est tout à fait correct, à l'étude du projet de loi sur les accords commerciaux et fiscaux entre le Canada et Madagascar. Toutefois, nous n'avons pas eu le temps de débattre convenablement du sujet qui met dans l'embarras le gouvernement du Canada et, par conséquent, le Canada et les Canadiens.
C'est malheureusement la signature de ce gouvernement, qui dit une chose et fait le contraire. Quand vient le temps d'aller au fond des choses, les libéraux s'enfargent dans leurs lacets. Cela donne ce qu'on voit depuis deux semaines, une véritable comédie d'erreurs de la part de ce gouvernement, qui est incapable de donner l'heure juste aux Canadiens concernant le scandale libéral SNC-Lavalin. De plus, il empêche l'ex-procureure générale de donner des explications claires et précises.
Jour après jour, nous posons des questions fort simples au . Le 17 septembre 2018, il y a eu une rencontre entre celui-ci et l'ex-procureur générale. Hier, à la Chambre, à plus d'une dizaine de reprises, le chef de l'opposition lui a demandé ce dont il avait été question et qui a demandé cette rencontre pour aborder le sujet de ce qui est devenu le scandale libéral SNC-Lavalin. Le n'a jamais été capable de répondre clairement à cette question toute simple: qui a demandé cette rencontre du 17 septembre? C'est la même chose pour ce qui est de l'autre rencontre très importante dans le scandale libéral SNC-Lavalin, celle du 5 décembre 2018, qui a eu lieu au Château Laurier entre l'ex-procureure générale et l'ex-secrétaire principal du premier ministre, M. Gerald Butts.
Encore une fois, hier, le chef de l'opposition officielle a posé une question toute simple au premier ministre: qui a demandé cette rencontre entre le principal conseiller du premier ministre et l'ex-procureure générale?
Jamais le premier ministre n'a été capable de donner le début du commencement de ce qui pourrait ressembler à une réponse. C'est pourtant fort simple: est-ce lui ou l'autre qui a demandé la rencontre? Il n'a même pas été capable de répondre à cela. Les Canadiens veulent des réponses. Ils sont en droit de savoir ce qui s'est passé.
[Traduction]
Dans ce dossier, les Canadiens méritent qu'on réponde clairement et simplement à des réponses claires et simples. Le scandale impliquant les libéraux et SNC-Lavalin est tout à fait inacceptable aux yeux des Canadiens.
Soulignons que la Chambre va débattre d'un projet de loi pendant de nombreuses heures aujourd'hui, et c'est très bien. Je conviens qu'il faut débattre du projet de loi , qui porte sur la convention fiscale entre le Canada et Madagascar. Nous devons prendre le temps d'étudier cette question importante. Cependant, je me demande pourquoi le gouvernement se soustrait à sa responsabilité de répondre aux préoccupations que nous avons soulevées à l'égard des articles 715.32 à 715.37 du projet de loi , un projet de loi omnibus de plus de 800 pages. Ces dispositions du projet de loi ont un lien avec le scandale dans lequel les libéraux et SNC-Lavalin sont maintenant impliqués.
Voilà qui est typique des libéraux. Ils disent une chose pendant la campagne électorale, mais ils font exactement l'inverse pendant leur mandat. Les députés se rappellent-ils que les libéraux avaient clairement indiqué dans leur plateforme qu'ils n'introduiraient jamais dans un projet de loi budgétaire omnibus des dispositions ne concernant pas la mise en oeuvre du budget?
Malheureusement, les libéraux n'ont pas tenu cette promesse faite aux Canadiens, pas plus qu'ils n'ont mené à bien la réforme électorale promise pendant la campagne électorale. Par surcroît, tout le monde sait qu'ils n'ont pas géré l'économie canadienne judicieusement. Au cours de la campagne, ils ont dit qu'ils n'enregistreraient que trois faibles déficits au cours des trois premiers exercices puis qu'ils rameneraient l'équilibre budgétaire en 2019. La situation actuelle est tout autre: pour les trois derniers exercices, l'actuel gouvernement a présenté trois énormes budgets déficitaires. Voilà la réalité. Le déficit est trois fois supérieur à ce qui avait été prévu et promis.
Qui plus est, 2019 devait être l'année du retour au déficit zéro. Ce n'est pas ce qui s'est passé puisqu'on parle actuellement d'un déficit d'au moins 20 milliards de dollars. Le gouvernement a failli à ses responsabilités et aucun de ses membres ne sait quand l'équilibre budgétaire sera rétabli ou, devrai-je dire, quand le budget s'équilibrera de lui-même. Voilà la fameuse théorie économique du , la seule personne au monde à avoir présenté une telle théorie, qui est absolument stupide. Bref, on reconnaît bien là les libéraux.
À propos de déficits, permettez-moi de rappeler aux députés que, pendant la campagne électorale, les libéraux ont affirmé qu'ils n'enregistreraient que de faibles déficits, notamment pour investir dans l'infrastructure. Je souligne à mes collègues que le plan des libéraux consistait à investir 180 milliards de dollars dans l'infrastructure sur une période de 10 ans à compter de 2015. Or, uniquement 10 % de ce montant a été investi dans l'infrastructure. Par conséquent, les énormes déficits enregistrés n'ont pas servi à des travaux d'infrastructure, mais plutôt à soutenir les activités du gouvernement qui n'a pas été élu pour gérer les fonds publics de cette façon.
[Français]
Je rappelle que notre parti est en faveur du projet de loi , mais malheureusement, alors que l'on prend beaucoup de temps à débattre du projet de loi omnibus , ce qui est tout à fait normal, il y a d'autres éléments très importants qui y ont été glissés de façon sournoise par le gouvernement et qui auraient dû être débattus. S'ils l'avaient été, peut-être qu'on ne serait pas pris avec le scandale libéral SNC-Lavalin aujourd'hui.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre au sujet du projet de loi à la suite de deux de mes collègues qui ont déjà fait un discours à ce sujet.
À première vue, ce projet de loi peut sembler un peu ennuyant. Je vais donc essayer d'être le plus intéressant possible afin de m'assurer que les Canadiens qui nous écoutent savent combien ces questions sont importantes et qu'il y a des risques liés à l'établissement de conventions fiscales avec d'autres pays. C'est ce qui est en jeu, ici. On nous propose une nouvelle convention fiscale. Comme nous en avons déjà 93, ce serait notre 94e convention fiscale. Ce n'est pas un petit nombre. Il ne faut donc pas prendre cette nouvelle convention à la légère, puisqu'elle va faire partie d'un ensemble de conventions que nous avons avec de nombreux pays et qui ont des effets importants sur la fiscalité.
Tous les Canadiens se sentent interpellés par les questions fiscales, parce qu'ils remplissent tous une déclaration d'impôt chaque année afin de payer leur dû et d'avoir en retour tous les crédits auxquels ils ont droit. Ils savent tous que la fiscalité est une question extrêmement importante liée à l'équité et à la justice.
Dans notre pays — ce n'est pas la première fois que je vais le dire à la Chambre —, nous avons heureusement un système fiscal qui permet aux gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux de rendre des services à la population. Dans certaines provinces, il y a même des gouvernements scolaires avec un système de taxation. Le but ultime de la taxation et de la fiscalité est de s'assurer que le gouvernement fonctionne, mais le gouvernement fonctionne en premier lieu pour servir la population et rendre les meilleurs services possibles aux Canadiens. Ceux-ci doivent en avoir pour leur argent, comme on le dit dans le milieu des affaires.
Quand on achète un produit ou un service, on veut en avoir pour notre argent. C'est la même chose en matière de fiscalité. Quand on paie de l'impôt aux différents ordres de gouvernement, on espère en avoir pour notre argent et recevoir de bons services. Le problème, c'est que certains Canadiens ont l'impression que d'autres contribuables comme eux, qui sont riches la plupart du temps, réussissent à se soustraire à leur responsabilité de payer de l'impôt en cachant leur argent, que ce soit au Canada ou ailleurs.
Dans certains cas, il peut s'agir d'évasion fiscale domestique. Par exemple, il y a des gens qui travaillent au noir et qui cachent de l'argent liquide sous un tapis ou un matelas, par exemple, des images qu'on a tous déjà vues. Dans d'autres cas, ils le cachent dans des paradis fiscaux. Dans les deux cas, le principe est le même: éviter de payer sa juste part d'impôt au système fiscal, qui permet d'offrir des services à tous les Canadiens.
Comme je l'ai dit dans d'autres débats sur la fiscalité, la majorité des Canadiens reçoivent une part de services plus importante que leur contribution. C'est ce qu'on constate lorsqu'on fait le calcul et qu'on tient compte de tous les services qui leur sont rendus. Cela signifie qu'on a un système équitable, mais il devrait être encore plus progressiste afin de permettre aux gens qui ont le moins de moyens d'avoir les meilleurs services quand même.
On ne veut pas vivre dans un pays ou une société où les moyens déterminent les services que l'on reçoit de l'État. Il faut donc s'assurer que les plus riches apportent leur contribution, particulièrement les multinationales et les banques canadiennes, qui enregistrent des gains records de milliards de dollars chaque année, et qui ont d'ailleurs recours à de nombreux paradis fiscaux. C'est fondamental pour préserver la confiance des Canadiens à l'égard de notre système fiscal.
C'est peut-être un bref préambule au débat que nous avons sur les conventions fiscales, qui servent à éviter la double imposition.
Je vais donner un exemple que reconnaîtront plusieurs Canadiens, celui d'une entreprise canadienne qui a une filiale aux États-Unis ou qui y fait des affaires. Si elle y paie des impôts, dont les taux sont comparables ou même supérieurs aux nôtres, elle ne sera pas imposée une deuxième fois lorsque ses profits seront rapatriés au Canada. C'est le principe de base des conventions fiscales, et c'est une question d'équité. Si le contribuable paie ses impôts dans un autre pays, l'argent ne doit pas être imposé une deuxième fois lorsqu'il revient à la maison. Le but premier d'une convention fiscale est de ne pas imposer deux fois le même revenu.
Cela étant dit, cela a du sens dans le cas de pays comme les États-Unis, qui ont des taux d'imposition comparables et même supérieurs aux nôtres selon les États. Toutefois, dans le cas d'autres pays avec lesquels on a des conventions fiscales, il faut se demander quel est l'objectif réel de la convention. Prenons l'exemple de la Barbade, avec qui nous avons une convention fiscale. Il s'agit d'un petit pays. Pour des raisons toujours nébuleuses à mes yeux même si j'ai posé de nombreuses questions à ce sujet, ce pays est le troisième, et parfois même deuxième, en importance sur la liste des pays où le Canada fait des investissements directs à l'étranger. C'est Statistique Canada qui nous donne cette information: la Barbade, de tous les pays du monde, est le troisième en importance dans lequel le Canada investit. Après les États-Unis et le Royaume-Uni, la Barbade arrive souvent en troisième ou quatrième place pour ce qui est de nos investissements directs à l'étranger. Il faut se demander pourquoi.
La réponse me semble simple: nous avons une convention fiscale empêchant la double imposition avec la Barbade, et que celle-ci a un taux d'imposition variant entre 0,5 et 2,5 % pour les sociétés étrangères. Il ne faut pas chercher plus loin pour comprendre cela. Cela ne date pas d'hier, mais de 1982. C'est l'une des premières conventions fiscales internationales que nous avons signées.
Lorsque nous posons des questions sur cette entente avec la Barbade, il nous arrive d'obtenir, entre les branches, des débuts de réponses sur la raison pour laquelle, historiquement, nous avons cette relation très proche avec la Barbade. C'est difficile de trouver cela écrit quelque part, mais il semble relever de la politique fiscale canadienne que cette entente avec la Barbade soit la porte d'entrée de nos entreprises canadiennes sur le monde entier. Si une entreprise canadienne veut faire des affaires ailleurs dans le monde, la Barbade est une porte d'entrée sur tous ces pays, grâce à son faible taux d'imposition variant entre 0,5 et 2,5 % pour les sociétés étrangères. Une société canadienne qui installe une filiale à la Barbade va donc faire des affaires dans le monde entier, et comme ses revenus seront déclarés à la Barbade, c'est là qu'ils seront imposés. Cette entreprise canadienne, au lieu de faire des affaires dans le monde entier à partir du Canada, utilise la Barbade comme porte d'entrée sur le monde entier pour faire des affaires ailleurs. Le gouvernement ne le dira pas, mais, entre les branches, au cours de nombreuses discussions, j'ai déjà entendu qu'il s'agissait d'une politique fiscale remontant à 1982, et que le Canada l'aurait adoptée parce que tous les autres pays le faisaient. On nous dit effectivement qu'il faut bien le faire puisque tout le monde le fait. Si tout le monde le fait, pourquoi le Canada devrait-il être désavantagé en ne le faisant pas? C'est ce qu'on entend.
C'est donc la raison pour laquelle il est extrêmement important, aujourd'hui plus que jamais, même si le gouvernement actuel et les gouvernements précédents n'ont jamais rien fait de concret là-dessus, d'entamer une réelle discussion et une réelle collaboration ferme par rapport aux paradis fiscaux. Plus que jamais, il faut mettre fin à ces pratiques malhonnêtes de la part de nombreux contribuables, surtout des entreprises et des multinationales, qui, dans le monde entier, utilisent ces coquilles des paradis fiscaux.
La Barbade est le paradis fiscal préféré du Canada. Celui d'autres pays en sera un autre. Il faut mettre un terme à tout jamais à ces pratiques, pour que tous les pays industrialisés qui perdent leur impôt, et dont la base d'imposition est erronée par ces pratiques, puissent enfin retrouver ce à quoi ils ont droit. Ils doivent pouvoir retrouver leur dû, c'est-à-dire les taxes et les impôts générés par les profits de ces multinationales qui engrangent des milliards de dollars par année. Ces milliards de dollars engrangés dans le monde entier sont camouflés dans des comptes en banque, dans des paradis fiscaux, pour éviter une imposition juste et équitable permettant de rendre des services à la population en retour.
Le pire dans tout cela, c'est que ces compagnies sont souvent les premières à bénéficier des services publics. Elles sont les premières à utiliser les infrastructures que nos pays industrialisés ont mises en place. Leurs employés sont les premiers à profiter des routes, des autobus, des services publics, comme l'éducation, et des services en matière de santé. Ces employés profitent donc du Canada. Ils profitent du système de la société canadienne et de sa générosité, pour ensuite camoufler leur argent à l'étranger, et ce, sans contribuer à notre système en retour.
Ce que les gouvernements nous répondent aujourd'hui, surtout les conservateurs, c'est que l'argent manque. Heureusement, tous ne relaient pas ce message, mais, mondialement, on entend de plus en plus dire que l'argent n'est plus là et que les gouvernements n'ont plus les moyens d'offrir de services aux Canadiens. Les gouvernements sont étranglés par les dettes, n'arrivent plus à équilibrer leurs budgets et doivent réduire les services. Or des milliards de dollars sont cachés à l'étranger et ne contribuent pas à la société, comme on souhaiterait le voir. Nous voulons que les services évoluent et s'améliorent, qu'on en développe de nouveaux et que tout le monde puisse en profiter, au Canada aussi, évidemment.
Voilà la question dans sa globalité. C'est la raison pour laquelle il est important de se pencher sur cette question. Ce n'est pas un dossier ennuyant, au contraire. Le projet de loi est un dossier passionnant. En effet, la convention fiscale avec Madagascar permettra peut-être de continuer à abuser d'une convention. Ce n'est d'ailleurs pas moi qui dis qu'on abuse des conventions fiscales. Le projet de loi , présentement à l'étude, est en train d'être débattu, en ce moment, deux étages plus bas, dans une salle de comité.
Du propre aveu des fonctionnaires du ministère des Finances, les contribuables peuvent abuser des conventions fiscales et ils le font. C'est la raison pour laquelle on a présenté le projet de loi . Cela est clair, cela est dit, heureusement d'ailleurs. Je pense que c'était la première fois que je l'entendais dire. Je disais tantôt qu'on entend parfois entre les branches des choses qui ne sont jamais dites ouvertement devant un micro. Or cela a clairement été dit: on abuse des conventions fiscales, et c'est la raison pour laquelle le projet de loi C-82 devait être déposé et doit maintenant être adopté.
La question que j'ai posée à la secrétaire parlementaire, qui ne semblait pas avoir la réponse, était liée à cela. En fait, je l'ai, la réponse. Le projet de loi épouse l'ancien modèle des conventions fiscales, qui, du propre aveu du gouvernement, sont des conventions fiscales dont on abuse.
Aujourd'hui, nous débattons un projet de loi sur une convention fiscale. Dans le cas de Madagascar, cela semble bien. Je le disais, nous ne voulons pas de double imposition. Ce pays a des taux d'imposition raisonnables et comparables à ceux du Canada. Cela est bien, mais on ne veut pas qu'on puisse abuser de ces conventions fiscales.
Or le projet de loi C-82 montre que c'est déjà le cas. De plus, le projet de loi S-6 vise à adopter une convention comme celles dont, du propre aveu des libéraux, on peut abuser. Cela n'a aucun sens.
Ils auraient dû prendre le temps de négocier la nouvelle version des conventions développée par l'OCDE pour avoir une meilleure convention. Elle ne serait pas parfaite — c'est ce qu'on va m'entendre dire au Comité —, mais, au moins, elle irait dans la bonne direction. On reconnaît que c'est possible d'en abuser. On essaie donc de colmater ces brèches dans les conventions pour éviter que cela se produise. Or, du propre aveu du gouvernement, les contribuables peuvent abuser de celle-ci.
C'est pour cela que je tenais à mentionner dans mon discours d'aujourd'hui la responsabilité du gouvernement de prendre un engagement clair visant à s'assurer que, au fil du temps, on ne pourra pas abuser des conventions. Comme je le disais tantôt, c'est parfait d'avoir une convention avec Madagascar, car le taux d'imposition y est similaire à celui du Canada.
Cela ne veut pas dire que, dans cinq ans, Madagascar ne deviendra pas un paradis fiscal ou qu'il ne changera pas ses lois fiscales pour diminuer le taux d'imposition des entreprises étrangères qui sont sur son territoire. Il faut s'assurer qu'il y a un mécanisme de vérification et de contrôle. Il faut contrôler les conventions pour s'assurer que les 94 conventions que nous avons ne deviennent pas des conventions fiscales dont on peut abuser. Cela est extrêmement important. Malheureusement, le gouvernement ne s'est pas engagé à contrôler les conventions et à s'assurer que ces conventions ne deviennent pas, pour les entreprises canadiennes, des portes d'entrée en matière d'évitement fiscal abusif ou d'évasion fiscale. Comme chacun le sait, l'évasion fiscale est répréhensible et illégale.
Le gouvernement parle beaucoup de l'évasion fiscale, et il dit en faire beaucoup pour la contrer, mais il n'a aucun résultat à montrer aux Canadiens.
Les conservateurs n'avaient aucun résultat à cet égard, et ils n'avaient aucune intention de faire quoi que ce soit en matière d'évasion fiscale. Je le répète pour les conservateurs qui m'écoutent: un ancien ministre du Revenu national a avoué lui-même que l'évasion fiscale n'était pas une priorité. Je ne l'ai pas dit dans mon discours, mais je l'ai mentionné dans une question que j'ai posée à mon collègue conservateur, même si ce dernier n'avait pas fait allusion à cette question. M. Jean-Pierre Blackburn a avoué que l'évasion fiscale n'avait pas été pas une priorité.
Le gouvernement avait promis d'en faire davantage pour contrer l'évasion fiscale, mais il n'a obtenu aucun résultat. Pourtant, les résultats, c'est ce qui parle le plus. C'est bien beau de dire qu'on fait tout ce qu'il faut, qu'on investit 1 milliard de dollars et qu'on embauche 1 300 vérificateurs, mais s'il n'y a aucun résultat qui prouve l'efficacité du plan, force est de constater qu'il ne fonctionne pas. La motivation et les réelles intentions du gouvernement ne sont pas d'aller au cœur du problème. En fait, le gouvernement travaille en surface.
Depuis que les libéraux sont au pouvoir, il y a eu trois scandales fiscaux et financiers: les Bahamas Leaks, les Paradise Papers et les Panama Papers. Dans les trois cas, on a déterminé que de nombreux Canadiens étaient impliqués dans ces affaires. Aujourd'hui, soit trois ans plus tard, aucun contribuable n'a été condamné pour évasion fiscale. Pire encore, aucune accusation n'a été déposée contre ne serait-ce qu'au moins un contribuable impliqué dans ces scandales financiers et fiscaux. C'est donc la preuve que le système ne fonctionne pas et qu'il est boiteux.
Même si on investit 1 milliard de dollars et qu'on embauche 1 300 vérificateurs — comme le répète tous les jours la —, si le système est boiteux, rien ne va changer. Les contribuables vont quand même pouvoir se soustraire à leurs responsabilités. C'est le cœur du problème, mais le gouvernement refuse de le voir.
Le système fiscal nécessite une réforme dans son ensemble. Ce n'est pas tout que de colmater quelques brèches par-ci par-là. La première version du code fiscal comportait 15 pages. Aujourd'hui, le code comporte 1 800 pages. C'est la preuve que le système est boiteux.
Les comptables agréés du Canada demandent une réforme complète du système fiscal. C'est ce qui est en jeu aujourd'hui, et c'est ce sur quoi le gouvernement doit se pencher. Sinon, le fait d'investir 1 milliard de dollars et d'embaucher 1 300 vérificateurs ne changera rien. Le gouvernement doit revoir le code fiscal canadien de fond en comble, afin de le simplifier et de s'assurer que chacun paie sa juste part. C'est souvent plus facile de respecter une chose simple.
J'espère que le gouvernement va aussi examiner cette question. Le NPD s'engage à revoir le code fiscal dans son ensemble, afin de colmater toutes les brèches et d'avoir un code fiscal simple.
Les Canadiens s'attendent à recevoir des services de qualité, en proportion avec l'argent qu'ils investissent dans le système.
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Monsieur le Président, la présente convention fiscale conclue avec la République de Madagascar et signée à Antananarivo le 24 novembre 2016 présente un aspect intéressant qu'on ne retrouve pas systématiquement dans les autres ententes. Ce sera mon propos principal, ici.
J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur l'article 25 de la convention, qui porte sur l'échange de renseignements fiscaux. La formulation s'appuie sur la norme de l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, en matière d'échange de renseignements fiscaux. On y retrouve donc le partage automatique des renseignements fiscaux prévu par l'OCDE pour lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices. L'information est automatiquement transférée de part et d'autre, et c'est très bien. Autrement dit, le Canada reçoit toute l'information automatiquement.
Ici, on pourrait faire un lien avec le projet de déclaration de revenus unique gérée par Québec. Avec un accord de partage de renseignements comme celui dont il est question dans le présent projet de loi, avec la collaboration d'Ottawa, Québec pourrait avoir accès à toute l'information. Une telle convention est donc pleinement compatible avec le fameux projet de déclaration de revenus unique gérée par Québec, tel que discuté récemment à la Chambre.
Cette formulation basée sur les normes de l'OCDE est reprise dans plusieurs accords de partage de renseignements que le Canada a conclus. Cependant, malheureusement, on ne la retrouve pas dans la plupart des accords conclus avec les paradis fiscaux. Cela me désole profondément.
Prenons l'exemple de la Barbade. Dans l'accord entre le Canada et la Barbade, le paragraphe II(3) précise que le « présent Accord s'applique [uniquement] en ce qui concerne le Canada [aux] impôts sur le revenu qui sont perçus par le Gouvernement du Canada, (ci-après dénommés “impôt canadien”) ».
Un peu plus loin, à l'article XXVIII, qui traite spécifiquement du partage de renseignements, l'accord précise que les seuls renseignements que la Barbade a le droit de partager au sens du traité sont les « impôts visés par ledit Accord dans la mesure où l’imposition qu’elles prévoient est conforme à l’Accord. »
Alors, en d'autres mots, elle ne peut partager des renseignements qu'avec Ottawa, elle ne peut partager que ceux qui concernent l'impôt fédéral et elle ne peut carrément pas partager aucun renseignement qui permettrait l'application d'une loi québécoise de l'impôt qui ne serait pas la copie conforme de la loi fédérale. C'est un grave problème. L'accord entre le Canada et la Barbade empêche donc Québec d'avoir accès aux informations fiscales si sa loi de l'impôt diffère de celle d'Ottawa. Cependant, c'est un vieux traité qui remonte aux années 1980. Allons donc voir un autre accord de partage de renseignements fiscaux conclu avec un autre paradis fiscal. Je prends un exemple au hasard, l'accord avec les Bahamas conclu en 2011.
Au paragraphe 3(1), on dit que le partage de renseignements, aux fins de l'accord, ne concerne que « les impôts existants établis ou administrés par le gouvernement du Canada ». Je répète: « établis ou administrés par le gouvernement du Canada », soit le fédéral. C'est comme dans l'accord avec la Barbade.
Pour résumer, lorsque le Canada conclut des accords de partage de renseignements avec des pays qui ne sont pas des paradis fiscaux, en l'occurrence Madagascar, on a accès à toute l'information disponible, et cette information peut être utilisée par Québec, même si sa loi de l'impôt diffère de celle d'Ottawa, pourvu que le gouvernement fédéral collabore.
A contrario, lorsque le Canada conclut des accords de partage de renseignements avec des paradis fiscaux, comme la Barbade ou les Bahamas, on n'a plus accès à toute l'information disponible. Seule l'information à la pièce demandée par Ottawa peut être obtenue, et ce, selon sa loi de l'impôt. Ces libellés vont à l'encontre des normes de l'OCDE, empêchent Québec de mener une lutte efficace contre les paradis fiscaux et rendent le projet de déclaration de revenus unique difficile à réaliser. Il s'agit, à mon avis, d'un choix délibéré de la part du gouvernement fédéral, et ce, peu importe le parti au pouvoir.
Visiblement, le Canada ne veut pas partager l'information des paradis fiscaux avec Québec. Or le présent accord avec Madagascar démontre que c'est tout à fait possible. Cela démontre sans équivoque qu'il est possible de conclure des ententes compatibles avec le projet de déclaration de revenus unique administrée par Québec. Le problème tient au fait qu'on ne peut pas taxer un revenu dont on ignore l'existence.
À ce sujet, lors de sa comparution devant la Commission des finances publiques de l'Assemblée nationale, le 15 septembre 2016, le fiscaliste André Lareau disait d'entrée de jeu qu'on ne peut contrôler ce qu'on ne voit pas.
L'accès aux renseignements fiscaux est un préalable à l'application de la Loi de l'impôt sur le revenu. À cet effet, le gouvernement fédéral a conclu près d'une centaine de traités fiscaux et plus d'une vingtaine d'accords d'échange de renseignements fiscaux qui contiennent tous, malgré leurs grandes imperfections, des dispositions relatives à l'échange de renseignements. Sans elles, le gouvernement fédéral ne disposerait pas des informations nécessaires à l'application de sa propre loi. Les traités sont la pierre d'assise de la fiscalité internationale.
Dans les traités, les dispositions relatives à l'échange de renseignements fiscaux contiennent de nombreux défauts. Par exemple, elles ne prévoient pas systématiquement l'échange automatique de renseignements. Les demandes doivent être spécifiques et concerner une information précise sur un contribuable bien identifié, ce qui ne permet pas de débusquer un contribuable dont on ignorerait les activités dans des paradis fiscaux. Surtout, elles ne concernent que les impôts sur le revenu qui sont perçus par le gouvernement du Canada et les impôts existants établis ou administrés par le gouvernement du Canada.
En d'autres termes, seul Ottawa peut demander des renseignements fiscaux à l'étranger, parce qu'il est le seul signataire des traités, et il ne peut le faire qu'afin d'appliquer la loi fédérale de l'impôt. En fait, tel que rédigés, les accords avec les paradis fiscaux interdisent carrément aux pays étrangers d'échanger des renseignements fiscaux, sauf pour l'application de la loi fédérale de l'impôt. À ce sujet, tant que la loi québécoise de l'impôt est un calque de la loi fédérale, ça va. Par contre, si la loi québécoise devait y déroger, le gouvernement du Québec ne disposerait pas des renseignements lui permettant d'appliquer sa loi. Bref, il est libre de concevoir son régime fiscal, mais s'il utilise cette liberté, il ne peut plus faire appliquer sa loi. Qu'il soit question d'une déclaration de revenus unique ou pas, si Québec veut lutter davantage contre les paradis fiscaux que ne le fait Ottawa, il ne peut pas le faire, parce qu'il n'a pas accès aux renseignements. Dans le cas des accords qui couvrent les paradis fiscaux, il n'a pas accès aux renseignements. Dans le cas de ceux qui ne couvrent pas les paradis fiscaux, comme le présent accord, la présente convention, il a accès à toute l'information. C'est assez décevant et indignant.
Ainsi, même si Québec est théoriquement autonome en matière de fiscalité internationale, il se retrouve plutôt en liberté conditionnelle. Québec est libre, à condition qu'il fasse la même chose qu'Ottawa. Pour tous les aspects internationaux de la fiscalité québécoise, y compris les paradis fiscaux, la clé est malheureusement ici, quoi qu'en dise la Constitution. Or la présente convention nous montre qu'il est possible de faire autrement.
Je souhaite ardemment que l'ensemble des accords d'échange de renseignements fiscaux conclus avec les paradis fiscaux soit revu et modifié, afin de reprendre le libellé basé sur la norme de l'OCDE tel qu'inclus dans la présente convention avec Madagascar. C'était le propos principal que je voulais soulever.
À mon avis, cette nouvelle convention n'est pas étrangère au fait que, depuis le début des années 2000, on a vu, à Madagascar, une reprise de l'exploitation de pétrole, d'uranium, d'ilménite, de nickel et même de niobium. Ce sont des secteurs d'investissements importants pour les pétrolières et les minières du Canada. Cette convention sera accompagnée d'un accord de protection des investissements étrangers. Cet accord a été conclu, mais il n'a pas encore été mis en œuvre. Dans cet accord, on retrouve une disposition semblable à celle du chapitre 11 de l'ALENA, qui porte sur la protection des investissements étrangers. Cela pourra pratiquement permettre aux pétrolières de l'Ouest et aux minières de Toronto et du Canada de plonger Madagascar dans la faillite. On le sait.
Dans une telle disposition de protection des investissements, l'entreprise étrangère, l'entreprise canadienne dans ce cas-ci, aura le pouvoir de poursuivre le gouvernement malgache pour toute modification à la loi ou réglementation qui viendrait réduire la possibilité des profits espérés de l'entreprise. Si une norme environnementale était mise en place par le gouvernement, cela pourrait faire perdre des profits à l'entreprise canadienne, qui pourrait poursuivre le gouvernement.
Dans le cas d'une norme pour protéger les travailleurs de l'industrie minière, ce serait la même chose, l'entreprise minière canadienne pourrait poursuivre le gouvernement malgache. Or il s'agit d'une économie qui vit de plus grandes difficultés que celles des pays développés. Ainsi, la poursuite pourrait mettre le gouvernement en faillite, ce qui est vraiment problématique.
Le gouvernement se targue d'établir des partenariats et des ententes progressistes qui respectent les droits des travailleurs et les droits de l'environnement. Nous ne savons pas si c'est le cas dans la convention d'échange d'informations actuellement discutée. C'est cependant le cas dans l'accord de protection des investissements étrangers, qui est signé et qui sera mis en œuvre éventuellement, que se pose le problème. J'espère qu'il y aura une modification.
Voilà qui conclut mon discours.
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Monsieur le Président, en effet, en vertu projet de loi , les prochaines conventions fiscales seront basées sur les normes de l'OCDE, qui permettent un échange complet de renseignements fiscaux.
Nous allons continuer de l'appuyer, tout comme le projet de loi sur la convention Canada-Madagascar. Selon la lecture que nous avons faite de cette convention, l'esprit et les normes proposées par l'OCDE s'y retrouvent, même si la formulation n'est pas tout à fait celle que l'on trouve dans ce qui a été signé à Paris. Encore une fois, je dis tout cela en fonction de la connaissance que j'ai du dossier.
Comme Madagascar n'est pas un paradis fiscal pour l'instant, à mon avis, la formulation de la partie qui porte sur l'accord d'échange de renseignements est correcte. C'est certain qu'il serait préférable que ce soit homogène, comme cherche à le faire le projet de loi C-82. Le véritable problème porte sur l'accord de partage de renseignements fiscaux avec les paradis fiscaux qui, eux, rendent complexe, voire impossible, un véritable partage d'information de données fiscales.
Dans ce cas-ci, l'Agence du Revenu du Canada doit aller pêcher une information précise et bien ciblée auprès d'un contribuable connu. On n'a pas l'information nécessaire pour vérifier l'état des données de partage de renseignement. Si tout était disponible, il serait possible d'identifier où il doit y avoir eu un cas de fraude ou un cas d'évasion fiscale. C'est cela qu'il faut changer. C'est l'accord de partage de renseignements fiscaux avec les paradis fiscaux qui est problématique.
Je le rappelle, quand ces accords ont été conclus avec les paradis fiscaux, il y a eu un règlement à la Loi de l’impôt sur le revenu. Cela s'est fait de façon obscure. On a caché cela dans les renseignements sur les frais médicaux, dans les milliers de pages de la Loi de l’impôt sur le revenu. On y disait que, dès que le Canada conclurait un accord avec un paradis fiscal, la partie des revenus que l'entreprise canadienne déclare générer là-bas ne serait plus imposée ici. L'imposition se ferait seulement dans les paradis fiscaux, où le taux d'imposition est complètement nul, ou de l'ordre de miettes. C'est ce que nous dénonçons et qui doit être changé.
Le Canada est un cancre en matière de lutte contre l'évitement fiscal, parce qu'il permet aux grandes banques et aux multinationales de détourner leurs profits dans les paradis fiscaux, en vertu de ces accords. À l'époque, il y avait 22 accords. Cela continue. Il faut que cela soit changé.
J'avais présenté une motion à la Chambre pour que ce soit changé. Tous les libéraux, à l'exception d'un élu, et tous les conservateurs s'y étaient opposés. Ces partis qui aspirent à gouverner sont-ils des représentants de la population qui veut qu'on enraie l'utilisation des paradis fiscaux, ou sont-ils à la solde des grandes entreprises et des grandes banques qui sont les premiers bénéficiaires de ces stratagèmes immoraux?
Je pense que poser la question, c'est y répondre. Il faut que cela change.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de la Colombie-Britannique le député de .
Ce député est venu à Lévis en tant que porte-parole en matière de garde côtière, et nous avons procédé au lancement du navire de ravitaillement l'Asterix. Ce navire fait la fierté de la Marine royale canadienne. C'était un contrat que l'ancien gouvernement conservateur avait voulu donner au chantier Davie. On se souvient de l'imbroglio concernant l'interférence politique. On ne parlera pas de l'affaire Norman ici ce matin et du scandale entourant l'octroi de ce contrat par les libéraux. On va plutôt parler d'évasion fiscale.
Je tiens quand même à remercier mon collègue de Cariboo—Prince George de son implication pour que la garde côtière puisse jouer son rôle sur les trois océans et puisse notamment entretenir la Voie maritime du Saint-Laurent. À l'heure actuelle, à cause de sa flotte vieillissante, la garde côtière peine à s'assurer que le commerce maritime peut se faire sur ces grandes voies navigables. Je remercie donc mon collègue. Comme moi, il va prendre la parole au sujet du projet de loi aujourd'hui. C'est la 94e entente fiscale du Canada, et elle se conclut entre celui-ci et Madagascar afin de réduire et de prévenir l'évasion fiscale, mais également pour éviter la double imposition.
La raison pour laquelle nous avons besoin d'ententes comme celle-là est justement pour que l'État puisse assumer ses fonctions. J'en donnais justement un exemple. C'est le gouvernement canadien qui est responsable de veiller à la navigabilité et de protéger notre souveraineté sur les trois océans. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin d'ententes avec différents pays, et c'est la raison pour laquelle les États ont besoin de revenus pour assumer leurs fonctions constitutionnelles.
C'est la responsabilité constitutionnelle du Canada de s'assurer qu'on peut avoir une flotte de navires de la garde côtière qui réponde aux besoins croissants. On le voit présentement, c'est un défi. On l'a vu cet hiver, plusieurs navires ont été immobilisés dans les glaces du fleuve Saint-Laurent, et il serait temps que le gouvernement libéral pose des gestes concrets.
Comme mon collègue l'a vu au chantier Davie de Lévis, les travailleurs sont en mesure de répondre aux besoins du gouvernement canadien. C'est intéressant, parce qu'on parle alors de revenus. On sait que ces revenus seraient bien investis par le gouvernement, parce que les travailleurs ont démontré qu'ils étaient en mesure de respecter les échéances prévues, comme cela a été le cas pour l'Asterix.
Cela étant dit, j'aimerais simplement rappeler aux gens qui nous écoutent que, si on ne compte que les montants dus des contribuables canadiens, on estime que l'État perdrait jusqu'à 17 milliards de dollars en raison de l'évasion fiscale et de l'évitement fiscal. C'est le montant d'argent que le Trésor public perd chaque année en impôts impayés, souvent à cause de riches personnes qui cachent des revenus dans des paradis fiscaux.
Des auteurs québécois se sont penchés sur cet enjeu, et en plus des individus, il y a aussi des compagnies. À cet égard, j'ai ici une étude du Conference Board du Canada, selon laquelle, en comparaison avec d'autres pays qui ont des pertes en matière d'évasion fiscale, si on considère l'ensemble de l'écart fiscal, soit les contribuables et les compagnies, on pourrait parler de pertes annuelles allant jusqu'à 47 milliards de dollars. C'est dire l'envergure du problème.
On imagine ce que nous pourrions faire avec ces milliards de dollars. Je donnais l'exemple, tantôt, des navires qu'on pourrait avoir pour la garde côtière. Il s'agit là de besoins.
Pas plus tard qu'il y a deux jours, un citoyen de ma circonscription m'a interpelé parce qu'il a un grave problème de santé. Il a payé de l'assurance-emploi toute sa vie. Maintenant, il se retrouve dans une situation où il doit quitter son emploi pour se concentrer sur ses traitements et il est limité à 15 maigres semaines d'assurance-emploi. Il n'est même pas en mesure d'avoir davantage d'assurance-emploi.
Je rappelle que les employeurs et les employés contribuent à parts égales à l'assurance-emploi. Bien sûr, le gouvernement a des besoins en matière de finances, et il a des responsabilités. Dans le cas qui nous occupe, c'est important de s'assurer que le gouvernement est non seulement en mesure de percevoir l'ensemble des revenus auxquels il a droit, mais qu'il a aussi la responsabilité de contrôler ses dépenses. C'est l'important enjeu qui nous concerne aujourd'hui. Nous parlons d'une 94e entente avec un autre pays, soit avec l'île de Madagascar. Mon collègue de a, d'une part, rappelé l'importance relative de cette entente par rapport aux échanges que nous avons avec des pays, comme les États-Unis, ou avec d'autres partenaires commerciaux, comme la Chine. D'autre part, il a rappelé la vigilance dont nous devons faire preuve lors de la mise en oeuvre des ententes. Comme on le dit, le diable est dans les détails.
Mon collègue de Louis-Saint-Laurent nous en a donné un bon exemple ce matin. Louis St-Laurent a été le premier ministre qui a inauguré la voie maritime du Saint-Laurent, dont l'entretien est aujourd'hui négligé par les libéraux.
Mon collègue nous a rappelé l'importance d'avoir des ententes portant sur l'évasion fiscale. Il a aussi mentionné qu'il fallait s'assurer que les lois ne comportaient pas d'articles n'ayant aucun rapport ou pouvant constituer une brèche. Dans le dernier projet de loi du gouvernement, qui touchait à des mesures budgétaires, le gouvernement a inséré des clauses d'ordre judiciaire visant en quelque sorte à créer une forme d'accord de réparation. Cela place le gouvernement dans une situation délicate. Nous voulons savoir ce que le gouvernement cherche à cacher.
Nous allons appuyer le projet de loi, mais nous voulons également rappeler au gouvernement qu'il a la responsabilité de nous permettre de débattre de façon ouverte des projets de loi qu'il dépose. Cela ne se fait pas en insérant des mesures juridiques dans un projet de loi de 800 pages qui sera étudié par le Comité permanent des finances.
Aujourd'hui, nous parlons de l'évasion fiscale, de la fiscalité et d'une entente avec Madagascar. Le gouvernement échoue lamentablement quand vient le temps de s'assurer que les contribuables en ont pour leur argent. Une famille moyenne paie plus d'impôt. Le gouvernement a un problème sur le plan des dépenses. Il a une dépendance aux dépenses: même s'il engrange des revenus, il dépense davantage. La situation paradoxale dans laquelle se trouve le Canada, c'est que les familles canadiennes paient plus d'impôt. J'ai en main une très récente étude de l'Institut Fraser. L'étude date du 21 février. Selon cette étude, la majorité des familles canadiennes à revenu moyen paient un impôt plus élevé. Toujours selon cette étude, les familles canadiennes à revenu moyen doivent payer 1 000 $ de plus en impôt chaque année.
Il y a beaucoup d'études et beaucoup de données à cet égard. Comme on le sait, le gouvernement libéral cherche toujours à augmenter ses revenus. On se dit qu'il devrait au moins équilibrer ses budgets, mais on se retrouve dans un gouffre sans fond. Non seulement les familles doivent payer plus d'impôt, mais leurs enfants devront réparer les pots cassés. Sur le plan fiscal, le gouvernement ne sait pas où il s'en va.
Le 19 mars, le gouvernement va présenter son prochain budget, son dernier budget. Celui-ci devait être un budget de retour à l'équilibre budgétaire. Or c'est tout le contraire. Le gouvernement a perdu le contrôle du déficit. Comme nous l'avons vu ce matin, ce sont les vétérans qui sont pénalisés.
Nous sommes d'accord sur le fait d'établir des ententes avec les autres pays — Madagascar, dans ce cas-ci — pour limiter l'évasion fiscale. Toutefois, ce n'est pas une excuse pour se moquer du travail des parlementaires en déposant des projets de loi ou des éléments importants relatifs à la confiance du public envers les institutions qui sont menacées à cause d'articles que l'on retrouve dans le projet de loi. J'espère que j'aurai l'occasion de revenir là-dessus un peu plus tard.
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Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de prendre la parole dans cette enceinte au sujet du projet de loi , Loi mettant en œuvre la Convention entre le Canada et la République de Madagascar en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu. On dit que c'est le 94
e accord de ce genre, et il porte précisément sur l’évasion fiscale.
Pour me préparer à ce débat, j’ai fait quelques recherches sur les relations du Canada avec Madagascar. C’est en 1965 que nous avons commencé à entretenir des liens diplomatiques avec ce pays. Nos échanges commerciaux représentent, selon les données les plus récentes, un total de 115,5 millions de dollars. Si je dis cela, c’est parce que le secrétaire parlementaire a indiqué que, très souvent, les conventions fiscales étaient un moyen d’abaisser les barrières commerciales. Ce n’est donc pas négligeable.
J’aimerais remercier mon collègue de m’avoir fait visiter le chantier naval de Davie. Le jour où nous y sommes allés, j’ai pu constater combien les centaines de personnes qui y travaillent sont fières de leur production. Le navire Astérix est un objet de fierté pour notre marine.
Notre collègue a également abordé mon domaine de spécialisation, puisque je suis le ministre du cabinet fantôme responsable de Pêches et Océans Canada et de la Garde côtière canadienne. Les députés savent-ils que le Canada a la façade maritime la plus longue au monde, mais qu’en revanche, il a les bâtiments les plus vieux pour protéger sa souveraineté? Notre flotte maritime a également la responsabilité de s’assurer que nos cours d’eau sont accessibles aux collectivités côtières qui en dépendent, que le transport des marchandises et des passagers se fait sans entraves et que nos cours d’eau sont sécuritaires. C’est ce que font chaque jour les hommes et les femmes qui travaillent pour la Garde côtière canadienne. Il ne faut jamais oublier les services que ces gens rendent à notre pays.
Nous avons malheureusement un gouvernement qui fait beaucoup de promesses. Les libéraux adorent se montrer avec la main sur le cœur, à la Chambre et partout au pays, pour parler de leurs relations les plus importantes. Je ne sais pas combien il y en a, mais il y en a beaucoup, et c’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui à discuter de la relation entre le Canada et Madagascar.
J’aimerais parler des relations qui sont les plus importantes pour nous. Mon collègue a parlé des femmes et des hommes courageux qui travaillent pour la Garde côtière canadienne. Qu'il s'agisse de premiers répondants ou de militaires, nous avons la responsabilité de nous assurer que ces gens-là sont bien équipés. La Garde côtière canadienne doit avoir l'équipement qu'il lui faut pour faire son travail, mais le gouvernement ne le lui fournit pas. Les libéraux se contentent d'être de beaux parleurs.
Les fonctionnaires du ministère ont comparu plusieurs fois devant le comité, mais les libéraux n’ont toujours pas indiqué quand ils achèteraient de nouveaux bâtiments pour maintenir la navigabilité des cours d’eau. J’espère qu’il n’y aura pas d’accident dans l’Arctique et que nous n’aurons pas à aller à la rescousse d’un bateau pris dans les glaces et surtout, que nous n'aurons pas à le faire dans les pires conditions.
Ceci m’amène à un autre aspect de la question dont nous sommes saisis aujourd’hui, à savoir l’évasion fiscale et les 47 milliards de dollars qui échappent chaque année au fisc canadien. J'aimerais parler de notre économie. Chaque année, ces quelque 47 milliards de dollars qui disparaissent de notre économie sont des investissements qui quittent le pays. Les investisseurs quittent notre pays à des taux record. Les niveaux sont astronomiques, les plus élevés en 70 ans. Nous avons donc le problème de l’évasion fiscale et des investisseurs qui fuient notre pays à des taux record.
Pourquoi? À cause des politiques et des messages contradictoires du gouvernement depuis les quelques années qu’il est au pouvoir. Je reconnais que ces trois années et demie ont paru longues, incroyablement longues.
Des entrepreneurs viennent nous voir chaque jour dans nos bureaux pour nous dire combien ils sont inquiets. Les électeurs font de même quand nous rentrons dans nos circonscriptions pendants les semaines de relâche.
Voici ce que j’ai appris la semaine dernière. À propos du crédit d’impôt pour l’exploration minière à l’intention des jeunes entreprises, un comptable de ma circonscription m’a dit que l’ARC considère maintenant ce crédit d’impôt comme une aide, de sorte que les entreprises doivent maintenant le déclarer comme un revenu. Voilà un obstacle de plus, alors que nous cherchons des moyens d’éliminer les obstacles aux échanges commerciaux. Il faut tout faire pour éliminer les obstacles aux investissements des entreprises.
Les libéraux aiment se vanter du nombre d’emplois qu’ils ont créés, mais j’ai une nouvelle pour eux: ce ne sont pas les gouvernements qui créent des emplois. Les gouvernements sont là pour créer un environnement susceptible d’encourager les entreprises à investir et à créer des emplois. Les chiffres sont inquiétants. J’ai lu récemment qu’aucun gouvernement n’avait dépensé autant et ne s’était vanté autant pour si peu de résultats.
Nous savons que, pendant la campagne électorale de 2015, le a fait beaucoup de promesses. Il a promis d’être différent. Il a promis un réel changement. Il a promis qu’il n’y aurait plus de projets de loi omnibus et qu’il ne ferait plus passer des mesures en douce dans des projets de loi aussi volumineux. Or, les journaux ont fait la une, récemment, sur un petit article sur la justice qui avait été glissé dans la loi d'exécution du budget. D’aucuns diront que c’était une façon sournoise et détournée de le faire. En effet, pourquoi cet article figurait-il dans cette loi et pas dans une loi sur le ministère de la Justice? Pourquoi l’ancienne procureure générale n’a-t-elle pas proposé elle-même cette mesure si c’était ce qu’elle voulait?
Les députés conservateurs appuient le projet de loi dont il est question aujourd’hui. Nous savons qu’il est important d’éliminer les obstacles aux échanges commerciaux et de réduire l’évasion fiscale. Nous voulons que le projet de loi dont la Chambre est saisie fasse l’objet d’un débat approfondi et que les 338 députés qui ont été élus pour représenter les Canadiens aient tous leur mot à dire au sujet de ce projet de loi.
Le a fait campagne en promettant l’ouverture et la transparence, et les libéraux nous disent que nous devons leur faire confiance et que nous pourrons avoir un débat approfondi quand le projet de loi sera renvoyé au comité. Ils ont beau parler d’esprit de collaboration, nous savons aussi que, une fois le projet de loi en comité, la majorité libérale va étouffer le débat et les discussions vont être à sens unique.
En comité, nous faisons du bon travail lorsque nous mettons de côté nos opinions partisanes et que le comité conserve son indépendance vis-à-vis du ministre. Par exemple, nous avons réussi à faire du très bon travail, qui a permis de mettre au jour l’escroquerie de la mactre de l’Atlantique, si bien que l’ancien ministre des Pêches a discrètement été déplacé pendant l’été dans un nouveau ministère. Pourquoi? Parce que les libéraux avaient accordé un lucratif quota de pêche à la mactre de l’Atlantique au frère d’un député libéral en fonction qui est aussi un ancien collègue libéral et un parent de celui qui était alors ministre des Pêches, selon les documents déposés devant les tribunaux.
Pourquoi notre parti s’inquiète-t-il? Le gouvernement dit que l’opposition est trop bruyante, mais notre rôle consiste à faire un second examen objectif de ce que font ceux d’en face.
C’est le rôle du Sénat.
C'est peut-être le rôle du Sénat, monsieur le Président, mais il faut bien que quelqu’un fasse un examen raisonné du projet de loi, étant donné les tours de passe-passe que le gouvernement actuel fait subir aux Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet d’un projet de loi qui galvanise vraiment l’opinion dans ma circonscription.
Mme Elizabeth May: Oh, oh!
M. Garnett Genuis: Il s’agit du projet de loi , Loi mettant en œuvre la Convention entre le Canada et la République de Madagascar en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu.
Ma collègue de a apprécié ma boutade quand j’ai pris la parole. Je dirai qu’on me parle beaucoup de fiscalité dans ma circonscription – pas tant des détails de notre relation avec Madagascar, mais beaucoup de fiscalité.
Il me semble assez curieux que le gouvernement propose la mise en œuvre d’un projet de loi visant à éviter les doubles impositions parce que, si nous voulons les éviter, je serais d’avis que le gouvernement commence à balayer devant sa propre porte.
C’est un bon projet de loi et une bonne convention. Cependant, comme le dit le proverbe, charité bien ordonnée commence par soi-même. Il ne s’agit pas vraiment de charité. En fait, il est question de laisser les gens garder leur propre argent et de leur permettre d’éviter d’être doublement imposés. Je suggère au gouvernement de commencer dans un domaine qu’il contrôle directement.
Avant d’entrer dans les détails du projet de loi et de cette question, je tiens à mentionner que j’ai eu le plaisir ce matin de rencontrer Mme Chemi Lhamo, qui est la présidente élue du syndicat étudiant du campus de l’Université de Toronto à Scarborough, quelqu’un qui a été victime de harcèlement, d’intimidation et de menaces de la part de personnes qui sont contre elle parce qu’elle est d’origine tibétaine et qu’elle milite pour la défense des droits de la personne au Tibet. Il semble que cette intimidation et ce harcèlement aient pour origine les vils motifs de certains diplomates en poste au Canada. Il s’agit d’un problème très sérieux par rapport à la liberté d’expression sur les campus et aussi parce que des diplomates étrangers cherchent à intimider des étudiants canadiens. Peut-être qu’un jour, le genre de réponse que les parlementaires devraient apporter à ces événements devrait faire l’objet d’un examen détaillé et d’un débat.
Cela dit, je reviens maintenant au projet de loi et à la proposition de conclure un accord avec Madagascar en vue d'éviter la double imposition et de remédier au problème de l'évasion fiscale.
Dans mes observations, j'expliquerai pourquoi nous devrions appuyer le projet de loi. Toutefois, la priorité du gouvernement devrait être de prendre les mesures voulues pour régler ces mêmes problèmes ici au pays, soit le fardeau fiscal des Canadiens et, dans le domaine de l'évasion fiscale, la façon dont l'Agence du revenu du Canada interagit avec les citoyens.
Au sujet de la relation de l'Agence du revenu du Canada avec les citoyens, j'ai trouvé intéressant de lire sur les médias sociaux un message de la , qui est plus que ravie que ce soit la saison des déclarations de revenus. Je doute qu'un collecteur d'impôts ait déjà manifesté un tel enthousiasme à l'idée de percevoir des impôts. Les Canadiens ne se réjouissent pas des impôts qu'ils paient ni ne se réjouissent des incidents dont on entend parler fréquemment, où des Canadiens se font harceler par l'Agence du revenu du Canada, éprouvent de la difficulté à obtenir des renseignements fiables et ont du mal à obtenir des éclaircissements ou de l'aide concernant des enjeux clés.
C'est pourquoi mon collègue l'excellent député de a présenté une motion visant à donner à l'Agence du revenu du Canada une obligation de diligence. Peu importe notre point de vue quant à l'ampleur du problème que représente le comportement de l'Agence envers les citoyens, le fait de lui donner une obligation de diligence garantirait à ceux-ci un traitement adéquat et équitable dans leurs contacts avec l'Agence.
Les députés libéraux et les députés néo-démocrates ont voté contre cette motion. C'est intéressant, car, d'après ce que j'ai compris des discours prononcés récemment par les néo-démocrates, ceux-ci semblent avoir changé d'avis par rapport à cette question. Les députés néo-démocrates rapportent des situations vécues par des citoyens de leur circonscription où l'Agence du revenu du Canada s'en prendrait à des mères seules ou à d'autres particuliers qui n'ont pas les lobbyistes ni les relations de SNC-Lavalin, par exemple. Les députés de cette partie de la Chambre ont reproché au gouvernement de négliger le problème des mauvais services reçus par les citoyens sans relations et sans accès, alors qu'il explore la possibilité de conclure des ententes spéciales avec des gens qui ont leurs entrées au parti.
J’applaudis à l’orientation que mes collègues du NPD donnent à la discussion, mais j’espère qu’à l’avenir, ils appuieront des mesures comme l’initiative proposée par mon collègue de Calgary-Rocky Ridge. Ils avaient l’occasion de démontrer clairement par leur vote qu'ils se préoccupent de cette question et qu'ils défendent les intérêts de leurs concitoyens, mais ils ont voté contre la motion. S’ils souhaitent maintenant se rallier et appuyer cette initiative, mieux vaut tard que jamais. C’est peut-être un peu trop tard pour la présente législature, mais si nous avons leur appui et si, reconnaissant le problème, ils ont changé d’avis, peut-être que nous pourrons avancer à l’avenir.
Cependant, il est clair que le gouvernement n’a pas bougé sur la question. Il a voté contre la motion imposant à l’ARC l’obligation de diligence dans ses interactions avec les citoyens. Dans toutes ses déclarations et ses interactions, il ne semble toujours pas comprendre la nécessité de régler cette question cruciale, soit le mécontentement que tant de citoyens ressentent dans leurs rapports avec l’Agence du revenu du Canada.
Le temps, l’énergie et les ressources que le gouvernement consacre à certains problèmes par rapport à d’autres démontrent clairement qui le gouvernement est déterminé à aider. Les libéraux sont-ils interpellés par les défis de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour s’y joindre, ou sont-ils interpellés par les difficultés de SNC-Lavalin et surtout, peut-être, par les répercussions politiques que cela représente pour eux?
Il y a eu une très longue réunion du Cabinet il y a deux jours, et l'on s’interroge à ce sujet. Les libéraux discutaient-ils de la façon d’aider les familles ou les travailleurs de l’énergie en difficulté? Discutaient-ils de la façon de surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés sur de nombreux fronts et des répercussions de ces défis sur les Canadiens ordinaires? Je soupçonne qu’ils discutaient plutôt de la façon de gérer les aspects politiques du message, ce qu’ils n’ont pas su faire jusqu’à présent, en ce qui concerne le pire scandale de corruption au pays depuis très longtemps. Les Canadiens se demandent si le gouvernement se soucie le moindrement de leurs priorités quand il rejette des motions comme celle de mon collègue de Calgary Rocky Ridge et qu'il continue d’augmenter les taxes.
Nous devrions réfléchir non seulement à l'incapacité du gouvernement actuel de répondre aux besoins des Canadiens, mais aussi à son manque d’intérêt en général envers le sort des Canadiens. Il ne se concentre pas sur ce que pensent les Canadiens ordinaires ou sur les difficultés que connaissent les travailleurs de l’énergie et de l’automobile, mais plutôt sur la protection des initiés bien branchés. C’est ce que nous observons chez le gouvernement récemment. Nous avons vu dans de nombreuses réunions avec quel empressement il tentait de modifier un projet de loi d’exécution du budget. Il y a également l’insinuation selon laquelle le a essayé à tort d’inciter l’ancienne procureure générale à faire quelque chose au sujet de la poursuite contre SNC-Lavalin. Ce sont là de graves allégations.
Les conversations incessantes que tient le gouvernement montrent à quel point il est obnubilé par cet enjeu, ce qui lui fait oublier les combats que mènent les Canadiens et qui montre le fossé qui sépare les priorités du gouvernement de celles des Canadiens. On s'en rend compte en regardant ce à quoi le gouvernement passe son temps et ce dont il parle. Son programme législatif en témoigne, ainsi que la façon dont ses membres votent sur des propositions clés de l'opposition, celle de notre chef, par exemple, qui proposait une exemption d'impôt pour les congés parentaux. En effet, les députés libéraux ont voté contre cet excellent projet de réduction d'impôt pour les nouveaux parents.
Il y a eu aussi l'excellente proposition législative du ministre du cabinet fantôme responsable des finances, le député de , qui aurait permis de garantir que les Canadiens atteints d'invalidité ne soient pas pénalisés en entrant sur le marché du travail.
Voilà quelles sont nos priorités: réduire l'impôt des Canadiens, aider les Canadiens handicapés, aider les nouveaux parents et, comme essaie de le faire mon collègue de Calgary Rocky Ridge, aider ceux qui ont maille à partir avec l'Agence du revenu du Canada.
Voilà ce que nous essayons de faire de ce côté-ci de la Chambre, alors que le gouvernement s'attache à aider les initiés bien branchés, au détriment des Canadiens.
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Monsieur le Président, je vais m’efforcer de ne pas mentionner la présence ou l’absence de députés pendant toute la durée de ce discours. J’apprécie le soutien de mes collègues pendant que je prononce ces remarques, et je comprends que le gouvernement puisse trouver ces messages difficiles à entendre.
J’aimerais parler de la double imposition de la taxe sur le carbone. Nous avions une autre excellente initiative législative d’un de mes collègues, le député de Langley—Aldergrove, qui aurait pu enlever la TPS imposée par-dessus la taxe sur le carbone. C’est manifestement un cas de double imposition. À l’heure actuelle, le gouvernement impose une taxe sur le carbone à tous les Canadiens. Si la province n’est pas d’accord ou veut faire autre chose en réaction au changement climatique, le gouvernement s’y oppose et imposera une taxe sur le carbone fédérale.
La taxe sur le carbone augmentera le prix de tout. Nous pouvons être certains que, si le est réélu, la taxe sur le carbone augmentera considérablement après les prochaines élections. Il ne l’admet pas maintenant, mais il ne le nie pas non plus. S’il remporte les prochaines élections, il voudra quand même aller chercher plus d’argent des contribuables, mais il n’aura plus besoin de leur vote. C’est ce dont nous devons nous méfier.
La taxe sur le carbone est déjà douloureuse pour les Canadiens, mais elle le sera encore plus quand elle augmentera. Si la taxe sur le carbone augmente, la TPS augmentera aussi. La TPS fédérale est imposée par-dessus la taxe sur le carbone, et tout cela va directement dans les coffres de l’État.
Le gouvernement a déclaré que la taxe sur le carbone est sans incidence sur les recettes pour le gouvernement fédéral, ce qui est une plaisanterie. Par « sans incidence sur les recettes », le gouvernement semble vouloir dire qu’à ce stade, tout l’argent sera dépensé.
De toute évidence, imposer la TPS par-dessus la taxe sur le carbone est une forme de double imposition dont le produit va directement dans les coffres fédéraux. Comme le gouvernement, s’il en a la possibilité, augmentera encore et encore la taxe sur le carbone, la TPS augmentera forcément elle aussi. Nous savons que le gouvernement n’aimerait rien de mieux que d’augmenter la TPS également. Après que le premier ministre Stephen Harper l’a réduite, les libéraux ont continuellement laissé entendre la possibilité d’augmenter la TPS.
Quand les libéraux créent des déficits de dizaines de milliards de dollars, de loin supérieurs à ce qu’ils ont promis aux dernières élections, nous savons qu’ils prévoient hausser les impôts. Ils tenteront de le faire et le feront de la façon la moins évidente. Ils tenteront de retirer des déductions. Ils tenteront de changer le système. Ils tenteront, par le truchement de l’ARC, de sévir contre les Canadiens ordinaires et de les pénaliser pour des choses qui sont pratique courante et acceptée depuis longtemps.
Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour augmenter le fardeau fiscal des Canadiens sans jamais annoncer les importantes augmentations d’impôt qu’ils appliquent. Ils le feront. C’est forcément leur plan, puisqu’ils ne sont pas capables de contrôler les dépenses.
Quand un gouvernement accumule des déficits comme ceux que nous voyons en ce moment, il finit par augmenter les impôts. Nous avons plutôt besoin d’un nouveau gouvernement qui aura des priorités autres que celles du gouvernement actuel, qui s’emploiera plutôt à offrir un allégement fiscal aux Canadiens qui en ont le plus besoin.
Rappelons-nous que c’est ce que les conservateurs ont toujours fait. Nous avons offert des allégements fiscaux à ceux qui en avaient le plus besoin. Nous avons créé un crédit d’impôt pour la condition physique des enfants. Nous avons créé un crédit d’impôt pour le transport en commun. Le gouvernement libéral a éliminé ces crédits d’impôt pour augmenter le fardeau fiscal. Les libéraux chercheront encore plus de moyens de hausser les impôts.
Les conservateurs ont aussi fait passer la TPS de 7 à 6 puis à 5 %. Les libéraux tentent de percevoir encore plus de TPS par le moyen de la double imposition de la taxe sur le carbone. Nous avons fait passer la TPS de 7 à 5 %. Nous avons réduit le taux marginal d’imposition le plus bas. Nous avons augmenté l’exemption de base personnelle, c’est-à-dire le montant d’argent que les Canadiens peuvent gagner sans payer d’impôt. Nos réductions d’impôt visaient ceux qui avaient le plus besoin de ces baisses d’impôt.
Le gouvernement libéral a augmenté les impôts des Canadiens par le truchement de la taxe sur le carbone, le retrait des crédits et déductions, et par toutes sortes d'autres changements. De plus, il n’a changé d’aucune façon le taux d’imposition de ceux qui gagnent 45 000 $ par an ou moins. Ses changements fiscaux étaient plus avantageux pour une personne touchant le salaire d’un député que pour une personne gagnant 45 000 $ par an. La personne qui gagne 45 000 $ par an n’a vu que des augmentations, et la plupart des Canadiens de toutes les couches reconnaissent qu’ils payent plus d’impôt avec le gouvernement actuel.
Les Canadiens payent pour les erreurs du . Ils payent aussi pour son manque d’intérêt envers leur situation. Quand je parle aux gens dans ma circonscription, ils parlent du problème de la double imposition. Ils parlent de l’accumulation, de ce qu’ils considèrent une triple et quadruple imposition occasionnée par ces nouvelles mesures fiscales, et des attaques contre les petites entreprises que nous avons pu constater avec le gouvernement actuel. Tout cela pendant que le gouvernement cherche à conclure des accords spéciaux avec des gens qui ont leurs entrées au parti.
Nous avons besoin d’un nouveau gouvernement qui veut mettre fin à la surimposition et veut le faire par le truchement de partenariats et de traités comme la convention entre le Canada et Madagascar, mais qui est aussi prêt à prendre les mesures nécessaires au pays, soit réduire l’impôt sur le salaire de tous les Canadiens.
Nous avons besoin d’un gouvernement qui veillera à ce que l’Agence du revenu du Canada traite équitablement tous les Canadiens à l'aide des mesures d’obligation de diligence proposées par mon collègue de , ainsi que par le truchement d’allégements fiscaux pour les Canadiens, surtout ceux qui en ont le plus besoin.
Mon collègue d'en face s'est moqué quand j'ai dit que le gouvernement précédent avait allégé le fardeau fiscal des personnes qui en avaient le plus besoin. Je l'invite à réfuter mes propos par des faits et des arguments concrets. Si nous examinons le bilan, nous constatons que toutes les réductions d'impôt...
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Monsieur le Président, c’est toujours un honneur de prendre la parole dans cette enceinte au nom des résidants de Central Okanagan—Similkameen—Nicola et de faire valoir certaines de mes préoccupations.
De toute évidence, ces conventions fiscales existent depuis longtemps. En fait, deux des conventions fiscales que j’ai examinées plus tôt datent d’avant ma naissance, à la fin des années 1970. Elles existent depuis longtemps. Elles ont évolué au fil des ans. Il est important de souligner qu’il faut régler la question de la double imposition.
Le Canada, en sa qualité d’économie ouverte qui s’efforce d’attirer des investissements étrangers directs, devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour donner plus de certitude afin que d’autres pays puissent investir ici pour faire avancer de nombreux projets importants dans des endroits comme Central Okanagan—Similkameen—Nicola. À Princeton, dans ma circonscription, on y trouve la mine Copper Mountain. C’est une mine très populaire parce qu’elle fait partie des plus gros employeurs privés de la région. Cette mine a bénéficié d’investissements étrangers directs.
Lors des élections de 2015, j’ai fait du porte-à-porte pour me présenter aux résidants de Princeton parce que la circonscription avait été modifiée, et on m’a fait remarquer que lorsque la mine avait fermé ses portes pendant une période prolongée, l’économie de Princeton en avait beaucoup souffert. Cette mine a procuré de grands avantages aux résidants tant sur le plan fiscal, parce que la collectivité reçoit maintenant une part des impôts qui vont au gouvernement provincial, que sur le plan de l’emploi et des services que la collectivité est maintenant en mesure d’obtenir.
Il en va de même pour la mine de cuivre Highland Valley, juste à l’extérieur de la belle ville de Logan Lake. Si on fait un calcul par habitant, les villes de Logan Lake et Princeton sont parmi celles qui contribuent le plus au PIB net de la région.
Avant d’aller plus loin, j’ai l’intention de partager mon temps de parole avec la députée de et je suis certain qu’elle donnera un point de vue beaucoup plus éclairé sur les choses.
Toutefois, lorsqu’il est question d’accroître la certitude, au moyen de conventions fiscales internationales, afin d'attirer des investissements étrangers directs, il importe de parler de nos atouts.
Il y a quatre ou cinq ans, Highland Valley Copper a construit une nouvelle usine de flottation au prix d’un investissement qui atteignait facilement le demi-milliard de dollars. Ce genre d’investissement ne se fait pas dans les pays où il n’y a pas de cadre stable et qui ne connaissent pas la primauté du droit, et notamment les conventions fiscales. Encore une fois, la vallée de la Nicola et la vallée de la Similkameen ont prospéré grâce à ces grands projets. Il n’est pas toujours possible de réunir les capitaux nécessaires ici.
Il arrive que des Canadiens me demandent pourquoi nous avons des investissements étrangers directs, pourquoi les Canadiens ne peuvent pas tout simplement financer eux-mêmes leurs projets. La réponse est qu’il y a tellement de possibilités chez nous qu’il ne serait pas raisonnable de nous attendre à voir bon nombre de ces projets aller de l’avant si nous utilisons uniquement nos propres ressources. Cet investissement étranger direct et cette présence stable sont extrêmement importants pour la primauté du droit.
Le projet de loi est une loi de mise en oeuvre de la convention entre le Canada et la République de Madagascar en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion fiscale en matière d'impôt sur le revenu. Pour être très clair, ce n’est pas nouveau. Sous le précédent gouvernement, dirigé par l’ancien premier ministre Stephen Harper, nous avons assisté au renouvellement de l’accord avec la Nouvelle-Zélande et à la mise à jour de l’accord entre le Canada et la France.
Les gouvernements successifs de différentes allégeances politiques ont cherché à mettre ces choses-là en place. En plus d'éviter la double imposition, cela facilite un peu la vie. Par exemple, les étudiants sont couverts et il y a une définition de qui est un étudiant. S’ils tirent un revenu de l’autre pays signataire de l’accord, ces étudiants n’auront pas d’impôt à payer dans le pays où ils étudient. Ces mesures sont importantes et elles éliminent de nombreuses formalités administratives pour les particuliers. Je pense que nous pouvons trouver un terrain d’entente à cet égard.
J’ai parlé de deux choses: premièrement, l’importance de la certitude, parce que les affaires, le développement et l’investissement ne se font pas sans certitude; et deuxièmement, les possibilités, c’est-à-dire que ceux qui investissent leur argent peuvent s’attendre à récupérer leur mise avec un certain rendement.
Je crains que, même si le cadre du projet de loi existe, le gouvernement ait laissé s’éroder certaines de ces certitudes et de ces possibilités.
Par exemple, il y avait une belle occasion aujourd’hui. Kim Moody nous a parlé des changements que le gouvernement avait apportés à la Loi de l’impôt sur le revenu, particulièrement pour les petites entreprises et les sociétés privées sous contrôle canadien. J’en ai parlé à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Le gouvernement aime parler de baisser les impôts des petites entreprises, mais lorsque j’ai parlé à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et lorsque j’ai entendu une partie du témoignage de M. Moody aujourd’hui, j’ai trouvé que le gouvernement avait rendu très difficile pour de nombreuses familles l’utilisation d’un régime fiscal légitime qui était à leur portée les années précédentes. Étant donné qu’il y a une telle zone grise en raison de la superposition des règles, ces familles n’ont aucune certitude.
Si on demande aux Canadiens et aux gens des autres pays d’investir chez nous et qu’ils s’aperçoivent qu’ils n’ont plus la même certitude ou les mêmes possibilités qu’avant, ils peuvent fort bien s’abstenir. Ils peuvent choisir de ne pas faire grandir leurs affaires ici parce qu’ils trouvent que les possibilités manquent.
Le projet de loi offre un peu plus de certitude aux gens qui viennent de Madagascar pour investir au Canada puisque les règles qui s’appliqueraient à eux en vertu de la loi seront connues. Une convention fiscale prévoyant l’échange de renseignements entre les administrations veillerait à ce qu’ils ne soient pas imposés en double. Toutefois, lorsqu’on voit le gâchis dans lequel le gouvernement a plongé notre pays en matière de développement responsable des ressources, il n’y a rien de certain.
Pensons à la délégation que nous avons reçue l’autre jour. Ces gens-là veulent de la certitude. Ils veulent des débouchés. Ils ne veulent pas de mesures législatives comme le projet de loi . Ils ne veulent pas voir fuir l’investissement étranger.
À propos de faire fuir l’investissement, le gouvernement, faute de créer un climat réglementaire stable, a laissé languir l’expansion du réseau Trans Mountain. Des fonds privés étaient censés créer des débouchés pour les gens de Merritt. Je ne suis pas certain de l’avoir déjà mentionné, mais on a promis à la collectivité de Merritt, aux termes d’une entente de développement communautaire, qu’elle recevrait des fonds pour l’atténuation des inondations. Toutefois, vu que l’investisseur n’en avait pas la certitude et n’y voyait pas de débouché, il a décidé de mettre son argent dans l’exploitation de pipelines aux États-Unis. C’est vraiment dommage.
Il ne suffit pas non plus de se donner un cadre comme le projet de loi . Il faut aussi avoir le sentiment que le droit primera toujours, que nous sommes liés par les règles mises en place, que nous ferons honneur à notre parole, qu’il n’y aura pas d’ingérence politique une fois que la gouverneure générale aura sanctionné une mesure législative, qui aura dès lors force de loi.
Monsieur le Président, vous avez dit tout à l’heure que vous vouliez que nous parlions du projet de loi . Cependant, il y a un malaise évident lorsque nous apprenons que des secrets du Cabinet ont été brisés. Nous apprenons que des secrets de caucus ont été brisés dans le camp libéral. On en parle partout dans les journaux. Lorsque les gens découvrent que quelqu’un est suspecté d’ingérence dans une poursuite indépendante, ils commencent à se demander si la règle de droit s’applique bien dans ce pays. Cela mine la confiance. C’est à se demander s’il ne vaut pas mieux investir plutôt en Australie, ou aux États-Unis, là où il y a de la certitude et des possibilités.
C’est tellement important à nos yeux, nous les Canadiens. Nous avons des mesures comme le projet de loi qui proposent des cadres convenables. Par contre, même avec des cadres convenables, si les gens ne sont pas convaincus que les élus et les fonctionnaires vont s’y conformer, cela mine chez eux le sentiment que c’est le droit qui prime. Puissions-nous ne jamais en venir à une situation où les gens mettent en doute le sérieux de l’engagement du gouvernement canadien ou de la population canadienne à l’égard de la primauté du droit.
Je demande au gouvernement de mener une enquête publique. Je demande expressément au de lever le secret professionnel de l'ancienne procureure générale. Pourquoi? Parce que ce qui m'intéresse tout particulièrement, c'est la certitude, les possibilités, la fierté d'être Canadien et le fait de pouvoir dire aux gens que je suis fier d'être Canadien. Je suis certain que les gens dans la rue se disent la même chose. Cette situation n’est guère reluisante. Elle n'est pas rassurante. Il faut y remédier.
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Monsieur le Président, nous débattons aujourd'hui d'un projet de loi intitulé .
Il est essentiel que les gens qui regardent ce débat, et qui ne saisissent peut-être pas la manière dont le calendrier législatif est établi, comprennent que la s'est dit qu'il serait génial de consacrer notre temps aujourd'hui à l'étude de cette mesure législative, apparemment prioritaire.
Je m'oppose au fait que ce projet de loi en particulier, qui porte sur une convention fiscale entre le Canada et Madagascar pour prévenir l'évasion fiscale, soit considéré comme une priorité pour nos discussions aujourd'hui à la Chambre, alors qu'on peut dire que celle-ci est en feu. On se retrouve en quelque sorte dans une situation où, alors que la Chambre brûle, le gouvernement décide d'aller arroser les rosiers à l'extérieur.
Récapitulons les événements de la semaine. Nous débattons de la mise en oeuvre d'une convention entre le Canada et Madagascar en vue d'éviter les doubles impositions, alors que des travailleurs du secteur énergétique de l'Ouest canadien, qui ont perdu leur emploi, ont dû venir à Ottawa à bord d'un convoi de camions pour rappeler le fait qu'aucun pipeline n'a encore été construit. Pourtant, le a dilapidé des milliards de dollars pour faire l'acquisition d'un pipeline que le secteur privé allait construire, puis il a fait marche arrière et a fait adopter des mesures législatives qui ont complètement nui à un climat propice aux investissements au Canada.
Nous devrions peut-être discuter de cette situation. Nous devrions peut-être discuter aussi d'une stratégie pour permettre aux travailleurs du secteur de l'énergie de réintégrer le marché du travail, ou encore du climat ridiculement peu propice aux investissements dans le secteur énergétique au pays. Ces dossiers semblent importants. Cependant, je ne pense pas que le souhaitait rencontrer ces gens. Aujourd'hui, il est question du projet de loi sur une convention entre le Canada et Madagascar pour prévenir l'évasion fiscale. Voilà qui me paraît d'un niveau d'importance comparable.
En ce qui a trait aux demandes de statut de réfugié, nous pourrions parler du fait que nous avons appris cette semaine que, après que le ait permis à 40 000 personnes de traverser illégalement la frontière en provenance du Nord de l’État de New York — que l’on pourrait qualifier de haut lieu de la persécution — pour demander l’asile au Canada, les délais d’attente pour savoir si les demandes de ces personnes sont valides ou non, et on parle de personnes en provenance du Nord de l’État de New York, ont augmenté en flèche et dépassent maintenant deux ans et sont sur la bonne voie pour atteindre cinq ans.
Le gouvernement a dépensé plus d’un milliard de dollars pour offrir des chambres d’hôtel et des prestations d’aide sociale à des personnes en provenance du Nord de l’État de New York. Nous pourrions peut-être parler de cela. Non, ce dont nous débattons ici aujourd’hui, c’est de la convention entre le Canada et la République de Madagascar pour éviter la double imposition. Je rêve?
Il est clair que ce sont deux choses dont nous aurions pu parler. Je suis heureuse d’aborder ces questions que je trouve importantes. Elles le sont certainement pour les électeurs que je représente. Il y a une chose dont mes électeurs ne m’ont pas parlé, ni par courriel, ni par téléphone, ni lorsque j’ai fait du porte-à-porte, c’est la convention entre le Canada et la République de Madagascar pour éviter la double imposition.
Je pourrais être surprise. Il s’agit peut-être d’un sujet brûlant dans une circonscription qui est passée d’un taux de chômage à un chiffre à l’un des taux les plus élevés au pays en raison des politiques inefficaces du gouvernement qui ont pénalisé le secteur de l’énergie. Les électeurs que je représente m’appellent pour me dire qu’ils devront peut-être quitter l’Alberta, que leur maison est sur le point d’être saisie et que leur carte de crédit est pleine, et ils me demandent de faire quelque chose au sujet de leur emploi. Se pourrait-il que ces électeurs souhaitent que je parle de la convention entre le Canada et la République de Madagascar pour éviter la double imposition? Je ne comprends plus ce qui se passe ici.
Sérieusement, comment cela a-t-il pu faire partie du programme législatif, alors que le gouvernement a déposé un projet de loi omnibus d’exécution du budget de huit milliards de pages, dans lequel il a commodément inséré l’accord sur la suspension des poursuites? Nous aurions peut-être dû en discuter au comité de la justice, mais le gouvernement a préféré le camoufler dans cette mesure législative.
Cependant, nous devons débattre pendant toute une journée de la convention entre le Canada et la République de Madagascar pour éviter la double imposition. Pourquoi le gouvernement voudrait-il consacrer toute une journée de débats à…
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Monsieur le Président, il ne fait aucun doute que le gouvernement voudrait faire taire les gens qui s’opposent à lui. Nous l’avons constaté à maintes reprises. Nous savons que les libéraux, et en particulier le député, sont prêts à parler de tous les sujets imaginables chaque fois qu’ils en ont l’occasion. Le député ne s’est jamais soucié de la pertinence, sauf lorsque nous parlons de choses qu’il ne veut pas dévoiler aux Canadiens.
Nous abordons actuellement ce sujet. Le et le ne veulent pas que l’ancienne procureure générale parle de ce qu’elle sait et de ce qu’ils ont tenté de lui imposer quant à SNC-Lavalin. Les libéraux ont mis fin aux travaux du Comité des finances aujourd’hui pour éviter les questions difficiles à ce sujet. Maintenant, ce député, qui parle au nom du gouvernement, voudrait me faire taire parce qu’il ne veut plus de débat ou de discussion sur cette question.
S’ils veulent parler de pertinence, je vais leur en parler. Ce traité est censé porter sur l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu, mais il y plus. Il s’agit de savoir pour qui le gouvernement travaille. Le gouvernement actuel a tendance à faire dans le corporatisme de copinage et à favoriser les élites riches et puissantes.
Les activités de lobbying déclarées ont sérieusement bondi depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux. C’est parce que le gouvernement est devenu le principal décideur quant à savoir qui reçoit quel argent. Les entreprises comprennent de plus en plus que la façon de progresser dans l’économie libérale n’est pas d’avoir le meilleur produit, mais d’avoir le meilleur lobbyiste.
Des lobbyistes ont réussi à obtenir 400 millions de dollars en cadeaux pour Bombardier, une entreprise qui a licencié des travailleurs, qui a transféré des emplois aux États-Unis et qui a vendu la PI à l’Europe. L’Europe a obtenu la PI. Les États-Unis ont obtenu les emplois. Les contribuables canadiens ont reçu la facture. Pourquoi les libéraux ont-ils agi ainsi? Si les contribuables canadiens n’étaient pas intervenus, la famille Bombardier-Beaudoin aurait perdu le contrôle de l’entreprise. Elle aurait dû émettre plus d’actions, ce qui aurait dilué son intérêt et l’aurait ramené sous la barre des 50 %. Par conséquent, 400 millions de dollars provenant des contribuables de la classe ouvrière ont servi à protéger les intérêts de milliardaires féodaux qui voulaient garder le contrôle de cette entreprise.
Pourquoi les libéraux voulaient-ils que SNC-Lavalin s'en tire sans accusations? C'est une société qui a des liens avec les libéraux, qui a versé illégalement plus de 100 000 $ au Parti libéral et qui a par la suite fait du lobbying auprès du gouvernement actuel et des députés ministériels à plus de 100 reprises.
Les Canadiens les plus riches paient maintenant 4,6 milliards de dollars de moins. Ceux qui héritent de fortunes colossales de leurs ancêtres, comme c'est le cas du , peuvent mettre leur argent à l'abri au moyen de véhicules spéciaux. Le a apporté des modifications au régime fiscal qui ciblent les plombiers, les propriétaires de pizzerias et les agriculteurs, mais, chose intéressante, qui ne touchent pas son entreprise familiale, Morneau Shepell.
Les libéraux ont créé une banque de l'infrastructure qui protège les grandes firmes de construction contre des pertes éventuelles liées à des projets d'approvisionnement public d'envergure. Ainsi, les contribuables assument tous les risques, tandis que les sociétés privées empochent tous les profits.
C'est le genre de copinage corporatiste qui motive les actions du gouvernement actuel. Au lieu de se fier à la libre entreprise, les libéraux veulent un gouvernement interventionniste. Au lieu d'une méritocratie, les libéraux préconisent l'aristocratie. Plutôt que d'avoir des entreprises qui prospèrent grâce à la qualité des produits qu'elles offrent, nous avons des entreprises qui prospèrent grâce à leurs excellents lobbyistes. Au lieu de s'affairer à plaire aux consommateurs, les entreprises canadiennes doivent s'affairer à plaire aux politiciens. Voilà le type d'économie que les libéraux veulent mettre en place, une économie d'initiés où les gens avancent grâce à leurs relations, où leur richesse leur amène un pouvoir qui leur permet de faire encore plus d'argent.
Il faut absolument mettre fin à ce copinage corporatiste. Nous le ferons et nous rétablirons une méritocratie fondée sur le libre marché qui soutient ceux qui veulent se lancer en affaires plus que ceux qui sont déjà établis, qui favorise le petit nouveau plutôt que les pachas et qui place les intérêts du Canadien moyen avant ceux des amis du régime.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever aujourd'hui pour parler du projet de loi , qui porte sur un accord entre le Canada et Madagascar.
Je vais soutenir le projet de loi S-6, parce que je crois que c'est une bonne chose d'avoir des accords entre notre pays et les autres pays.
Je vais raconter l'histoire des accords conclus pendant le gouvernement de Stephen Harper et faire une comparaison avec ce qu'a fait le gouvernement libéral actuel. Je vais parler des répercussions dans ma circonscription et de quelques autres choses.
[Traduction]
Pour commencer, il est bon d’avoir des accords avec d’autres pays. Dans ce cas-ci, nous essayons de prévenir la double imposition et l’évasion fiscale entre le Canada et Madagascar. Si je considère le nombre d’accords commerciaux qui ont été signés sous Stephen Harper, j’en vois 43 qui ont d’énormes retombées économiques pour les Canadiens. Si l’on fait la comparaison avec le projet de loi , qui semble avoir de très faibles incidences, nous voyons que le gouvernement actuel se concentre sur des choses moins prioritaires.
Où est l’accent, par exemple, sur l’ALENA? L’ALENA est un accord entre le Canada et les États-Unis qui a d’immenses répercussions économiques pour nous, mais qui n’a toujours pas été ratifié, ni d’un côté ni de l’autre. Nous avons encore des droits tarifaires de 20 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium, et cette situation a des conséquences pour les entreprises canadiennes, surtout dans ma circonscription. Sarnia—Lambton a une base manufacturière. Ce genre de droits de douane fait fuir nos emplois aux États-Unis. Le gouvernement devrait s’en inquiéter et consacrer plus de temps à ce problème qu’à parler des répercussions au large des côtes, en l’occurrence à Madagascar.
De même, l'Accord économique et commercial global a été négocié, mais n'a pas encore été signé par un seul des 13 pays parties. Où est l'effort du gouvernement pour mettre cet accord en place? Ce dernier aurait d'énormes retombées économiques pour les Canadiens, si seulement nous pouvions le signer. Du côté de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, il n'y a pas grand-chose à dire, sinon que le a fâché bien des pays lors de ses visites. Nous attendons toujours de voir les avantages économiques de cet accord.
Bien que j'estime qu'il est bon d'avoir des accords en place, il ne faut pas perdre de vue les priorités. Nous devons travailler d'abord aux dossiers ayant la plus grande incidence.
Dans le dossier de l'évasion fiscale, il y a eu les Paradise Papers et les Panama Papers, mais où est le suivi à cet égard par l'Agence du revenu du Canada? À mon sens, les sommes à risque à Madagascar sont bien modestes comparativement à ce qui se trouve dans ces documents. Or, on ne constate aucun suivi, et c'est certainement préoccupant.
Pour ce qui est de la double imposition, je peux certainement parler longuement de cette question, car c’est une spécialité du gouvernement libéral. Un peu plus tôt cette semaine, j’ai tenu une conférence de presse pour parler de la triple taxe sur le cannabis thérapeutique. Dans ce cas-ci, le gouvernement a imposé une taxe de 2,5 % aux producteurs après la signature de toutes les ententes, une taxe supplémentaire, qui vient s’ajouter à la taxe d’accise de 7,5 % des provinces. Il y a aussi la TPS. On impose donc une taxe de 15 % à un remède prescrit par les médecins à des gens qui veulent soulager leurs douleurs, des gens vulnérables qui ont des problèmes de santé.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement libéral décide de s’attaquer aux plus vulnérables avec des impôts. Nous l’avons vu avec le crédit d’impôt pour personnes handicapées. Par le passé, 80 % des personnes atteintes de diabète de type 2 ou de troubles comme l’autisme, ou encore de problèmes de santé mentale, comme le trouble bipolaire, ont pu profiter de ce crédit d’impôt. Puis, le gouvernement libéral est arrivé, et 80 % des gens sont devenus inadmissibles. En fait, ce changement visait à les rendre inadmissibles à la pension de retraite pour invalidité, qui s’élevait à environ 150 000 $ par personne. Le gouvernement a agi ainsi pour tenter de récupérer cet argent.
Ce n’est pas bien de pratiquer la double imposition à l'endroit de nos propres citoyens et de mettre l’accent sur la double imposition à Madagascar plutôt que sur la double imposition qui existe au Canada. Cela ne semble pas être la bonne priorité.
Il est toujours intéressant d’essayer d’obtenir plus de recettes fiscales. C'est très important. Or, pour avoir des recettes fiscales, il faut profiter des occasions qui se présentent.
Par exemple, en ce qui concerne Sarnia—Lambton, le gouvernement recevrait 4,3 millions de dollars en recettes fiscales chaque année si le quai du traversier international de Sombra était réparé. Il y a deux ans, des dommages ont été causés par les opérations d’un brise-glace de la Garde côtière dans de la glace trop épaisse. Les installations n'ont pas été réparéee. Beaucoup de temps et beaucoup d’emplois ont été perdus du côté canadien. Tous les restaurants et services qui s’y trouvaient ont fait faillite. La même chose s’est produite du côté américain.
Cela a suscité un tollé auprès de nombreux ministres au Canada. On aurait pu croire que le aurait fait quelque chose pour l’ASFC, qui percevait ces 4,3 millions de dollars de recettes fiscales. Il n’aurait fallu que 2 millions de dollars pour réparer la passerelle, alors que le gouvernement dépense 80 milliards de dollars pour le pont Gordie-Howe. Je suis donc surprise que le ministre de la Sécurité publique ait choisi de ne rien faire.
Des sapeurs de combat de ma circonscription m'ont dit que s'il était considéré comme d'intérêt national d'ouvrir le poste frontalier, on pourrait le faire avec des fonds tirés du budget du . Lui aussi a refusé. La députée de , qui a été ministre des Transports, a indiqué qu'il existe un fonds de prévoyance pouvant servir à cette fin, mais l'actuel ministre m'a affirmé que ce n'était pas le cas et qu'il ne pouvait rien faire. Le a refusé d'apporter son aide.
Nous nous sommes même adressés au Cabinet du premier ministre. Le maire de Marine City, le membre du Congrès américain Paul Mitchell, les sénateurs de l'État du Michigan et l'ambassadeur des États-Unis au Canada en ont appelé au pour qu'il rouvre le poste frontalier et rien ne s'est produit, ce qui est très troublant. Dans ce cas, on aurait pu récupérer les coûts de restauration des installations du traversier de Sombra en moins d'un an à même les revenus générés. Le gouvernement a choisi de laisser passer cette occasion et il a eu tort.
Comme l'affaire est actuellement devant les tribunaux, le poste frontalier demeurera fermé, ce qui entrainera des pertes économiques.
Le sérieux du gouvernement par rapport à l'ALENA soulève des doutes. Si le gouvernement refuse de dépenser ne serait-ce que 2 millions de dollars pour la réouverture d'un poste frontalier alors qu'il souhaite faire des affaires avec les États-Unis, il y a lieu de remettre en question ses priorités.
Nous avons manifestement discuté de ce sujet au cours de l'étude du projet de loi en voyant que le gouvernement souhaite faire de la convention une priorité, même s'il existe d'autres enjeux énormes. Certains secteurs, dont le secteur pétrolier et gazier, ont subi d'énormes pertes d'emplois. Que dire du secteur des produits forestiers? Nous savons que le gouvernement n'a rien fait pour régler le dossier des droits de douane sur le bois d'oeuvre. Nous en parlons depuis l'élection du gouvernement libéral en 2015 et le problème n'a toujours pas été résolu.
Bien que ce soit formidable d'avoir une convention entre le Canada et Madagascar et une bonne chose de régler des questions avec ce pays, j'espère que nous en profiterons pour tirer parti de toutes les autres priorités qui sont ignorées pendant que nous discutons du projet de loi à la Chambre aujourd'hui.
Une des choses qui me préoccupent concernant l'Agence du revenu du Canada, c'est que nous ne donnons pas suite au rapport du vérificateur général. Nous sommes tous attristés par le décès du vérificateur général. Je rappelle toutefois aux députés que, selon son rapport, il faut en moyenne téléphoner quatre fois et attendre 110 minutes pour obtenir une réponse de l'Agence. De plus, cette réponse est la mauvaise le tiers du temps. J'ai personnellement lu toutes sortes de lettres mesquines que l'Agence du revenu du Canada a envoyées à mes concitoyens pour essentiellement les menacer d'emprisonnement. Je parle ici de Canadiens qui travaillent fort et qui paient leur impôt et de situations où de très petites sommes d'argent sont en jeu. Les sommes qui sont placées dans des comptes étrangers par des gens qui souhaitent éviter de payer de l'impôt sont beaucoup plus élevées, et il me semble qu'il y a déjà 70 employés de l'Agence en mesure de travailler sur ce type de cas précis. Nous devrions peut-être cibler davantage les gens qui cachent des millions de dollars en impôt plutôt que ceux qui cachent des centaines de dollars en impôt.