:
Monsieur le Président, je suis heureux d’intervenir au sujet du message reçu de l’autre endroit concernant le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l’accès à l’information, la Loi sur la protection des renseignements personnels et d’autres lois en conséquence.
J’aimerais souligner qu’il s’agit de la première occasion que j’ai de débattre officiellement d’un projet de loi en ma qualité de secrétaire parlementaire de la présidente du Conseil du Trésor et ministre du Gouvernement numérique, qui est une ministre fabuleuse, soit dit en passant.
[Français]
Je tiens également à souligner qu'un grand nombre d'intervenants ont contribué à amener le projet de loi au point où il en est, à commencer par nos collègues de l'autre Chambre, qui en ont fait une étude très rigoureuse et réfléchie.
[Traduction]
Je tiens également à souligner la contribution des parlementaires et des intervenants, en particulier celle de la commissaire à l’information et du commissaire à la protection de la vie privée, à l’élaboration du projet de loi , ainsi que, bien sûr, celle de nos collègues du Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique, qui ont longuement étudié les amendements proposés.
J’aimerais surtout mentionner les interventions d’un certain nombre d’organisations autochtones et leur influence sur les questions dont nous sommes saisis aujourd’hui, des organisations avec lesquelles le gouvernement s’est engagé à collaborer plus étroitement sur ces questions à l’avenir.
[Français]
Ensemble, les idées et les suggestions qui ont été avancées dans les lettres et dans les exposés des deux comités ont contribué à faire en sorte que les préoccupations des Canadiens soient prises en considération et reflétées dans la version finale du projet de loi.
[Traduction]
Je rappelle à la Chambre que le projet de loi prévoit la mise en œuvre de certaines des modifications les plus importantes apportées à la Loi sur l’accès à l’information depuis que celle-ci a été adoptée, il y a plus de 30 ans, des modifications qui n’ont pas eu de précédent depuis l’avènement du Web. Cela fait partie des efforts continus du gouvernement du Canada pour mettre la barre plus haut en matière d’ouverture et de transparence.
[Français]
Nous croyons en effet que l'information gouvernementale appartient en fin de compte aux personnes qu'elle sert, et qu'elle devrait être ouverte par défaut. C'est très simplement une caractéristique fondamentale d'une démocratie moderne, et le projet de loi reflète cette conviction.
Dans ce contexte, nous accueillons favorablement plusieurs des amendements proposés, qui appuieraient davantage cet objectif. Je signalerai, par contre, que deux des propositions auraient pour effet de légiférer sur des questions qui vont au-delà de l'intention du projet de loi, dont l'objet, je le rappelle à la Chambre, est d'apporter des modifications ciblées à la loi.
[Traduction]
Ces modifications ciblées visent notamment à donner au commissaire à l’information le pouvoir de rendre des décrets exécutoires pour la divulgation de documents de l’administration fédérale et à créer une nouvelle partie dans la loi sur la publication proactive de renseignements clés.
Le gouvernement rejette respectueusement l’amendement qui limiterait à 30 jours les prorogations de délai de réponse à une demande, sans l’approbation préalable du commissaire à l’information, parce que cela va au-delà de l’objet du projet de loi.
Le gouvernement rejette cette proposition parce que ces dispositions n’ont pas fait l’objet de consultations ni d’une étude approfondie dans le contexte de l’examen ciblé qui a mené au projet de loi . Cette proposition risque d’avoir des conséquences imprévues, particulièrement pour le commissaire à l’information.
Le gouvernement est d’accord avec nos amis de l’autre endroit pour dire que les dispositions relatives aux prorogations de délai méritent une étude plus approfondie. Elles seront étudiées dans le cadre de l’examen complet de la loi que le projet de loi exige et qui doit débuter dans l’année suivant la sanction royale.
[Français]
Pour la même raison, le gouvernement rejette respectueusement la proposition de créer une nouvelle infraction criminelle pour l'utilisation d'un code, d'un sobriquet ou d'un mot ou d'une expression inventés dans un document à la place du nom d'une personne, d'une société, d'une entité, d'un tiers ou d'une organisation. Encore une fois, les dispositions dans la Loi sur l'accès à l'information qui concernent les infractions criminelles n'ont pas fait l'objet d'une étude ni de consultations dans l'examen ciblé, de sorte qu'il serait plus opportun de revenir sur les changements à cette disposition dans le contexte d'un examen approfondi.
[Traduction]
Un troisième amendement préoccupant obligerait le commissaire à l’information à se pencher sur l’application de la nouvelle partie 2 de la loi concernant la publication proactive et à faire rapport des résultats au Parlement chaque année. Charger le commissaire de surveiller la publication proactive par les institutions qui appuient le Parlement et les tribunaux pourrait porter atteinte au privilège parlementaire et à l’indépendance judiciaire. Pour cette raison, le gouvernement est respectueusement en désaccord.
Il est également proposé de retirer de la loi la capacité du commissaire à l’information de recevoir les plaintes relatives aux droits et aux prorogations de délai et de faire enquête sur celles-ci. Le gouvernement reconnaît l’intention de cet amendement, qui se rapporte à d’autres propositions déjà faites, mais le commissaire perdrait le pouvoir de recevoir des plaintes concernant la dispense du versement de droits et d’enquêter sur celles-ci; c’est un résultat qui, et les députés des deux côtés de la Chambre en conviendront j’en suis certain, n’est pas souhaitable.
[Français]
De même, comme l'amendement touchant les prorogations de délai n'a pas été accepté, il faut conserver les pouvoirs de la commissaire de recevoir des plaintes concernant les délais et d'enquêter sur ces plaintes, si bien que cet amendement n'est pas nécessaire.
À ces quelques exceptions près, le gouvernement est heureux d'accepter les amendements proposés dans le message de l'autre Chambre, sous réserve de quelques rajustements techniques pour assurer le bon fonctionnement de ces dispositions.
[Traduction]
Par exemple, nous acceptons l’amendement qui éliminerait le pouvoir du gouvernement de fixer et de percevoir des droits, à part les droits de demande. Comme il en a pris l’engagement envers les Canadiens, le gouvernement continuera de ne pas réclamer d’autres droits que les 5 $ du droit de demande.
Un amendement connexe proposé dans le message maintiendrait la possibilité qu'ont les demandeurs de déposer une plainte au commissaire à l’information au sujet de la décision de renoncer aux droits de demande. Les amendements du Sénat auraient aboli cette possibilité, mais nous estimons que le commissaire à l’information devrait continuer de surveiller la façon dont les institutions exercent le pouvoir de renoncer aux droits.
[Français]
Plusieurs des amendements apportés par l'autre endroit favoriseraient et, dans certains cas, exigeraient une consultation plus poussée et une meilleure communication entre la commissaire à l'information et le commissaire à la protection de la vie privée. C'est essentiel pour que la protection de la vie privée continue d'être assurée pendant que le gouvernement s'efforce d'accroître l'ouverture de même que l'accès aux documents gouvernementaux.
[Traduction]
Le projet de loi confère déjà au commissaire à l’information le nouveau pouvoir d’ordonner la communication de renseignements gouvernementaux. Pour garantir que cela ne compromet pas la protection des renseignements personnels, on propose un amendement qui obligerait le commissaire à l’information de consulter le commissaire à la protection de la vie privée avant d’ordonner la communication de renseignements personnels. Cet amendement vise également à donner au commissaire à l’information le pouvoir discrétionnaire de consulter le commissaire à la protection de la vie privée pendant une enquête sur une plainte touchant l’application de l’exception relative aux renseignements personnels. Ces deux amendements et d’autres amendements connexes ont été proposés par les commissaires eux-mêmes, et le gouvernement a déjà signifié qu’il les appuie. Nous croyons qu’ils renforceront la protection des renseignements personnels et le droit à la vie privée des Canadiens.
Le gouvernement accepte aussi un amendement qui maintiendrait Info Source. Les institutions fédérales continueront d’être tenues de publier de l’information sur leur organisation, leurs documents et leurs manuels. Les Canadiens voulant exercer leur droit d’accès aux documents gouvernementaux auront toujours accès à cet outil.
Comme les députés le savent sûrement, le gouvernement traite chaque année des dizaines de milliers de demandes d’accès à l’information. Il est malheureux que, dans un petit nombre de cas, les demandes soient motivées par des considérations incompatibles avec l’objet de la loi. Elles peuvent viser à harceler un employé ou une unité de travail en particulier, par exemple. Ces demandes peuvent avoir un effet disproportionné sur le système et nuire à l’efficacité des ressources consacrées aux demandes légitimes.
[Français]
Le gouvernement est d'accord sur l'amendement apporté par l'autre endroit selon lequel le pouvoir des institutions fédérales de demander l'approbation de la commissaire à l'information pour refuser de donner suite aux demandes devrait être axé sur les demandes vexatoires, entachées de mauvaise foi ou constituant un abus du droit d'accès qui engorge le système. Cela donnera aux institutions fédérales un outil important pour concentrer leurs efforts sur les demandes légitimes avec l'approbation préalable de la commissaire à l'information.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'un des principaux objectifs du projet de loi est de donner à la commissaire à l'information le pouvoir de rendre des ordonnances exécutoires concernant le traitement des demandes, y compris la communication des documents.
[Traduction]
La commissaire pourrait publier ces ordonnances et établir une jurisprudence pour guider les institutions et les utilisateurs du système.
Normalement, pour donner à la commissaire le temps de se préparer à assumer ce pouvoir, le projet de loi n’entrerait en vigueur qu’un an après la sanction royale. Toutefois, la commissaire a demandé que ce pouvoir lui soit accordé tout de suite après la sanction royale. Compte tenu de la valeur que ce pouvoir attribue au point de vue de la commissaire, le gouvernement a déjà indiqué qu’il appuyait cet amendement.
Un autre amendement proposait que la commissaire à l’information dépose ses ordonnances à la Cour fédérale afin qu’elles deviennent des ordonnances de la Cour fédérale. Aux termes du projet de loi , les ordonnances de la commissaire à l’information sont juridiquement contraignantes sans qu’il soit nécessaire de les certifier. À notre avis, cet amendement est inutile et il ajouterait une étape au processus.
Le gouvernement examinera toutefois ces amendements dans le cadre de l’examen annuel de la loi. À ce moment-là, il aura déjà mis le nouveau système à l’essai depuis un an.
Le fait d'accorder à la commissaire à l’information le pouvoir d’émettre des ordonnances exécutoires au gouvernement et aux institutions ne constitue pas un changement anodin. Cela change les règles de l’accès à l’information. À l’heure actuelle, la commissaire à l’information doit recourir aux tribunaux lorsqu’une institution ne suit pas ses recommandations. Le projet de loi impose le fardeau de la preuve aux institutions. Si elles désirent contester une ordonnance de la commissaire à l’information, les institutions auront 30 jours pour le faire devant la Cour fédérale.
[Français]
À propos des tribunaux, je rappellerais que le gouvernement a accepté un amendement qui aiderait à faire en sorte que le projet de loi n'empiète pas sur l'indépendance judiciaire. Comme la Chambre le sait, la nouvelle partie 2, qui se trouve dans le projet de loi, imposerait des exigences de publication proactive à plus de 260 ministères, organismes et sociétés d'État, ainsi qu'au Cabinet du premier ministre, aux cabinets des ministres, aux sénateurs et aux députés, aux institutions qui appuient le Parlement et aux institutions administratives qui appuient les tribunaux.
L'amendement inscrirait aussi dans la loi la publication proactive de renseignements qui présentent un grand intérêt pour les Canadiens, en particulier ceux qui assurent une plus grande transparence et une plus grande responsabilité quant à l'utilisation des fonds publics.
[Traduction]
Cela comprend les frais de déplacement et d’accueil des ministres et de leur personnel ainsi que des hauts fonctionnaires de l’ensemble du gouvernement; les contrats de plus de 10 000 $ et tous les contrats des députés et des sénateurs; les subventions et contributions de plus de 25 000 $; les lettres de mandat et les lettres de mandat révisées; les trousses d’information pour les nouveaux ministres et sous-ministres; les listes de notes d’information pour les ministres et les sous-ministres; ainsi que les cahiers d’information utilisés pour la période des questions et pour la comparution devant les comités parlementaires.
En incluant ces exigences dans la loi, on permettra aux Canadiens d’avoir automatiquement accès à ce type de renseignements sans devoir en faire la demande. On accroîtra ainsi le niveau de transparence que ce gouvernement et ceux qui le suivront devront respecter.
Si la Chambre l’adopte, le projet de loi exigera une divulgation semblable de la part de la magistrature.
[Français]
Depuis, on a soulevé des craintes au sujet des incidences de la communication des dépenses judiciaires individuelles sur l'indépendance judiciaire, qui sont exacerbées par la convention selon laquelle les juges font preuve de retenue lorsqu'ils commentent leurs jugements et ne peuvent donc pas se défendre ni rétablir les faits. L'amendement proposé dans le message qui obligerait à faire rapport des dépenses judiciaires par tribunal, plutôt que par individu, répondrait à ces préoccupations et comprendrait des mesures complémentaires pour accroître la transparence.
Le gouvernement accueille aussi favorablement et accepte l'amendement qui supprimerait des exigences particulières obligeant les individus qui demandent des renseignements à indiquer le sujet précis de leur démarche, le type de document demandé et la période de référence.
Cela faisait partie du projet de loi initial comme moyen de s'assurer que les demandes contenaient suffisamment d'information pour permettre une réponse en temps opportun.
Nous avons écouté les préoccupations de la commissaire à l'information au sujet de cet article, et, en particulier celles des organismes autochtones, qui nous ont dit que ces dispositions pourraient faire obstacle à leurs droits d'accès. Je signalerais que cet amendement, comme plusieurs autres proposés dans le message, a été propos par l'ancien président du Conseil du Trésor lors d'une comparution devant le Comité permanent des affaires juridiques et constitutionnelles du Sénat, en octobre dernier.
La proposition et l'acceptation de cet amendement témoignent de l'engagement du gouvernement de garantir aux peuples autochtones l'accès à l'information dont ils ont besoin, notamment pour appuyer leurs revendications et pour demander réparation des torts passés.
Comme les députés peuvent l'imaginer, lorsque les documents datent de plusieurs décennies ou, dans certains cas, de plus d'un siècle, demander à quelqu'un d'indiquer avec précision le sujet, le type de renseignements demandés et la période de référence peut constituer un obstacle à l'accès.
J'aimerais aussi assurer à la Chambre que le gouvernement a pris à cœur les critiques formulées par les groupes autochtones, à savoir que les gouvernements ne les ont pas consultés comme ils auraient dû le faire pour l'élaboration du projet de loi .
[Traduction]
Pour répondre à ces préoccupations, le gouvernement a appuyé l’Union of British Columbia Indian Chiefs, les Directeurs nationaux de la recherche sur les revendications et l’Association du Barreau autochtone, qui ont sélectionné des chercheurs et des membres du personnel chargé des politiques des Premières Nations afin de les consulter sur les problèmes auxquels ils se heurtent en faisant des demandes d’accès à l’information. Ces organismes ont ensuite compilé et analysé les résultats de ces consultations pour les publier dans un document de travail. Ils ont également mené un examen juridique du projet de loi .
Quoi qu’il en soit, nous reconnaissons la nécessité de poursuivre ce travail en collaborant de plus près avec les groupes autochtones. J’attire l’attention de la Chambre sur une lettre que l’ancien président du Conseil du Trésor a envoyée au comité du Sénat. Il y décrit en détail l’engagement d’inviter des organismes et des représentants autochtones à participer à la transformation de la Loi sur l’accès à l’information pour qu’elle reflète la relation du Canada avec les peuples autochtones, notamment pour que l’information et les connaissances des communautés autochtones soient à la fois protégées et acceptables.
Cet engagement, comme tous les engagements avec les Premières Nations, les Inuits et la nation métisse, reposera sur le principe fondamental de « rien sur nous sans nous ». Le gouvernement est déterminé à ce que l’on conçoive les programmes, les politiques et les services qui touchent les peuples autochtones en les consultant et en collaboration avec eux.
À cet effet, j'aimerais rappeler à la Chambre que le projet de loi ne constitue que la première étape de la réforme de l'accès à l'information entamée par le gouvernement. Un examen complet commencera dans l'année suivant la sanction royale du projet de loi , puis sera suivi d'un examen obligatoire tous les cinq ans pour veiller à ce que la Loi sur l'accès à l'information ne soit plus jamais aussi désuète. Je me permets de préciser que le gouvernement est conscient que la mobilisation des communautés et organisations autochtones doit être un des éléments centraux de ces examens.
En conclusion, j'aimerais rappeler à la Chambre que, dans son cinquième rapport mondial publié en 2018, le baromètre des données ouvertes classait le Canada au premier rang en matière d'ouverture et de transparence, notre pays se démarquant de bien d'autres, y compris de pays dits évolués. D'ailleurs, on peut lire ceci dans le dernier rapport de l'organisation:
Les progrès soutenus du gouvernement témoignent d'une solide performance dans à peu près tous les secteurs, des politiques à la mise en œuvre. L'appui inébranlable de la classe politique est l'un des facteurs clés de sa réussite.
Le projet de loi s'inscrit dans les efforts déployés pour favoriser l'ouverture et la transparence du gouvernement.
Je remercie une fois de plus nos collègues de l'autre Chambre, qui nous ont aidés à améliorer ce projet de loi. Je suis de l'avis de la commissaire à l'information, qui estime que le projet de loi est mieux que la loi en vigueur, et j'incite tous les députés à se joindre à moi pour l'appuyer.
:
Monsieur le président, c'est avec beaucoup de plaisir et de fierté que je prends la parole sur le projet de loi , à titre de porte-parole de l'opposition officielle responsable du Conseil du Trésor.
Mettons les choses en perspective. Le projet de loi a été débattu et adopté à la Chambre. Il a par la suite été transféré au Sénat, où des amendements ont été proposés. Comme le veut notre procédure législative et parlementaire, une fois que le Sénat fait ses propositions, on doit les porter à l'analyse de la Chambre, afin qu'elle accepte ou de refuse les propositions. C'est le gouvernement qui est le maître d'œuvre dans ce domaine.
La décision du gouvernement a essentiellement été d'accepter la plupart des amendements soumis par le Sénat. Toutefois, il a manifesté son opposition à l'endroit de quatre éléments. Parmi ceux-ci, il y en a deux qui attirent notre attention.
J'aurai l'occasion, dans les minutes qui me sont imparties, d'aller au fond des choses et d'expliquer clairement pourquoi ces quatre éléments auraient mérité d'être à l'intérieur de la loi. Malheureusement, le gouvernement les a mis de côté.
Cette attitude aura conduit à l'une des pires crises de confiance des Canadiens envers leur gouvernement, surtout en ce qui a trait au respect que le gouvernement doit avoir face aux responsabilités de l'armée canadienne. D'ailleurs, il y a quelques minutes, nous avons honoré, à la Chambre, certains de nos plus valeureux militaires.
Le projet de loi est un projet de loi délicat. Il est délicat, mais essentiel, puisqu'il concerne la protection des renseignements privés et la divulgation des éléments d'information. C'est un peu l'équilibre que l'on doit avoir entre le droit du public à l'information et la protection des renseignements personnels.
Je sais de quoi je parle, ayant eu le grand bonheur et le privilège d'exercer le métier de journaliste pendant plus de 20 ans. Le 17 juillet 1989, j'ai été officiellement embauché à titre de journaliste à la station de télévision TQS, à Québec. Puis, 20 ans de carrière s'en sont suivis. Je dois rappeler que c'est l'année précédente que j'avais été embauché par La Presse canadienne pour assumer des fonctions de courriériste parlementaire à l'Assemblée nationale du Québec, en tant qu'employé occasionnel. Lors de l'élection générale de 1988, M. Michel Dolbec, qui était journaliste pour NTR et La Presse canadienne, est parti. Je l'ai alors remplacé pendant six semaines. C'était mes premières expériences en tant que journaliste. Je ne raconterai pas ma vie ici, mais c'est simplement pour dire que c'est un sujet qui me touche.
[Traduction]
Cette question est très importante, parce que les parlementaires que nous sommes doivent trouver l'équilibre entre le droit à l’information — ce qui signifie protéger le bon travail de la presse libre dans notre démocratie — et la protection de la vie privée. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est ça, la démocratie. Il faut laisser la presse faire son travail tout en protégeant la vie privée des gens.
[Français]
Cela fait quand même un bon moment que cette loi a été mise en avant et que tous les partis politiques se sont engagés à la revoir. Il faut rappeler que la première loi sur la protection des renseignements personnels date de 1983.
Nous étions donc, il y a de cela 36 ans, dans un monde nouveau. Il fallait avoir certaines règles. Bon an, mal an, les gouvernements successifs se sont dit qu'il faudrait peut-être un jour faire une mise à jour et s'assurer que la façon de faire de 1983 est toujours mise à jour. Cela a conduit, en 2006, à une première mise à jour initiée par le gouvernement conservateur.
D'ailleurs, comme l'a mentionné plus tôt le et député de , qui est aussi mon député quand je siège à Ottawa, bien qu'en 1983, dans certains cercles très restreints de laboratoires et d'armées, il y avait le World Wide Web — le circuit qui allait générer internet —, force est d'admettre que ce n'était pas aussi déployé que maintenant.
Pour revenir à ce que je disais, en 2006, on jetait les bases d'une mise à jour qui était de mise. D'un gouvernement à l'autre, élection après élection, tout le monde s'est engagé à revoir cette loi afin de l'adapter aux réalités du XXIe siècle, comme l'arrivée des médias sociaux et l'accès très élargi à l'information. Cela a changé dramatiquement l'exercice des métiers de journaliste et d'enquêteur, ainsi que l'information à laquelle tous les citoyens peuvent avoir accès.
D'ailleurs, on se souviendra qu'en 2016, dans l'ancienne législature, on avait déposé un rapport qui formulait 32 recommandations. La plupart de celles-ci se sont retrouvées dans la loi et ont été mises en oeuvre à divers degrés. Par la suite, certaines des recommandations qui n'avaient pas été pas incluses dans la loi ont été proposées par le Sénat et ont été soit mises en application, soit refusées par le gouvernement, ce qui est le propre du travail législatif.
[Traduction]
Ce projet de loi est très important, parce que depuis 1983, nous avons une loi ici, au Canada, sur la protection des renseignements personnels. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis, mais il faut comprendre que le Web n’existait pas en 1983, sauf dans certains laboratoires et universités et dans les forces armées. En général, les gens n’avaient pas accès à cette nouvelle réalité du XXIe siècle. C’est pourquoi, lorsque mon parti est arrivé au pouvoir, en 2006, nous avons modifié cette loi, et le gouvernement a présenté le projet de loi au cours de la présente législature.
[Français]
Une première mouture de ce projet de loi a été présentée il y a de cela un bon moment déjà. Cela peut être un peu surprenant, puisque ce projet de loi était la suite logique de la promesse électorale du Parti libéral selon laquelle il fallait absolument démocratiser davantage la loi sur les renseignements personnels. C'était inscrit dans la fameuse plateforme électorale des libéraux, à côté de plusieurs engagements qui n'ont pas été tenus. Pensons notamment à celui de faire trois petits déficits. Au cours des trois dernières années, on a plutôt assisté à la création de trois gros déficits. Le Parti libéral s'était également engagé, en 2015, à atteindre le déficit zéro en 2019, alors que c'est finalement un déficit de 19,8 milliards de dollars. Le gouvernement n'a pas tenu parole et ce sont les Canadiens qui vont en payer le prix.
Dans la plateforme électorale des libéraux, on retrouvait également l'engagement de faire une mise à jour de la loi sur les renseignements personnels, ce qui a mené au projet de loi . C'est la raison pour laquelle j'en fais état dans ce discours. Évidemment, quand on parle d'un sujet, il faut aller au fond des choses, donner les éléments et ne pas s'éparpiller. De mon point de vue, il était important de rappeler que la plateforme électorale de 2015 du Parti libéral indiquait qu'il allait déposer un projet de loi à ce sujet, en l'occurrence le projet de loi C-58, et qu'elle contenait d'autres engagements qui ont été complètement bafoués par ce groupe politique, qui sera jugé le 21 octobre prochain.
J'aimerais bien pouvoir déposer le document en question, c'est-à-dire le programme électoral. Au cours des trois dernières années, j'ai dû essayer de le faire 150 fois — j'exagère à peine — et j'ai toujours essuyé des refus. Encore aujourd'hui, après la période des questions, j'ai demandé la permission de déposer un document officiel du ministère de l'Environnement du gouvernement du Québec qui avait été déposé à l'Assemblée nationale par le premier ministre du Québec le 29 novembre. Malheureusement, encore une fois, le gouvernement a refusé de permettre aux Canadiens d'avoir accès, ici, à la Chambre, à une information sérieuse, rigoureuse, scientifique et officielle concernant l'environnement provenant du gouvernement du Québec. Nous aurons certainement l'occasion d'y revenir. Bref, c'était une mesure législative importante pour le gouvernement.
D'ailleurs, des lettres de mandat avaient été confiées aux nouveaux ministres par le lorsqu'ils ont été assermentés à Rideau Hall, en novembre 2015, après les élections du 19 novembre. Voici ce que celle de la disait: « Travailler avec le président du Conseil du Trésor et la ministre de la Justice afin de rendre le gouvernement encore plus ouvert, notamment en appuyant la révision de la Loi sur l’accès à l’information. »
Il y avait le même appel à la collaboration dans la lettre de mandat du ministre de la Justice. En fait, c'était une femme qui occupait ce poste à ce moment-là. Je m'excuse d'avoir induit la Chambre en erreur. En effet, la personne qui, en d'autres temps, occupait le poste de ministre de la Justice a démissionné et elle a été éjectée du caucus ministériel. Elle siège maintenant comme députée indépendante.
Malheureusement, cela a eu lieu à la suite d'une situation tout à fait odieuse et outrageante pour quiconque au Canada apprécie la différence que l'on doit avoir entre le pouvoir politique et le processus judiciaire. Un monde doit exister entre la responsabilité politique et le processus judiciaire. On aura l'occasion d'y revenir un peu plus tard.
La lettre de mandat adressée à la ministre de la Justice se lisait comme suit:
Travailler avec le président du Conseil du Trésor afin d’accroître l’ouverture du gouvernement, notamment en prêtant votre concours au président du Conseil du Trésor dans le cadre la révision de la Loi sur l’accès à l’information de manière à ce que les Canadiens et les Canadiennes puissent accéder plus facilement à leurs renseignements personnels, à ce que la commissaire à l’information soit autorisée à ordonner la divulgation des renseignements du gouvernement et à ce que la Loi s’applique de manière adéquate au Cabinet du Premier ministre, aux cabinets des ministres ainsi qu’aux organismes administratifs qui sont au service du Parlement et des tribunaux.
D'ailleurs, ce président du Conseil du Trésor a lui aussi démissionné. Selon le , il est la cause de tous les malheurs de ce gouvernement en 2019. On y reviendra plus tard.
C'est une vaste tâche inscrite ici par le premier ministre à l'endroit de son ex-ministre de la Justice, qu'il a boutée hors de son caucus plus tard. Bien des choses dites là-dedans n'ont pas du tout été accomplies, mais, cela, c'est une autre chose. Les Canadiens auront l'occasion de le leur dire dans quatre mois et quelques jours à peine, c'est-à-dire le 21 octobre prochain.
Ainsi, en juin 2017, le gouvernement, après deux ans d'exercice de pouvoir, dépose le projet de loi . Je tiens à saluer l'exceptionnel travail de mon collègue de la Chambre haute, l'honorable sénateur québécois Claude Carignan. Je crois avoir le droit de nommer le sénateur. Ici à la Chambre, on ne peut pas identifier les parlementaires par leurs noms, mais je crois qu'on peut le faire lorsqu'il s'agit d'un parlementaire de la Chambre haute.
Le sénateur Carignan est un juriste à qui l'on doit l'exceptionnelle loi qui permet de protéger les lanceurs d'alertes. Souvenons-nous qu'il y deux ans, le sénateur Carignan avait déposé à la Chambre haute une loi que j'ai eu l'insigne privilège et honneur de porter ici, à la Chambre des communes à titre de parrain de ce projet de loi, qui permettait une meilleure protection des sonneurs d'alerte. Nous tenons donc à saluer l'exceptionnel travail du sénateur Carignan en ce qui a trait à l'accès à l'information, à la liberté de presse et au fait que les journalistes peuvent exercer convenablement leur travail.
[Traduction]
Le sénateur Carignan a joué un rôle important dans l'analyse de ce projet de loi. C'est un juriste et un parlementaire bien connu qui a été nommé sénateur il y a 10 ans par le premier ministre Harper. Il fait un excellent travail dans le dossier de la protection des lanceurs d'alerte. Il y a deux ans, il a présenté au Sénat un projet loi là-dessus. J'ai eu le privilège de parrainer ici à la Chambre des communes cette excellente mesure législative.
Je tiens à rendre hommage au sénateur Carignan, qui a joué un rôle important dans l'étude du projet de loi au Sénat du Canada.
[Français]
Dans son discours du 3 mai à la Chambre haute, le sénateur Carignan avait remarqué que l'ancienne commissaire à l'information Mme Suzanne Legault avait écrit dans un rapport concernant le projet de loi , qui a été déposé au Sénat en septembre 2017, qu'elle avait de sérieuses réserves concernant ce projet de loi:
Plutôt que de faire progresser les droits d’accès à l’information, le projet de loi C-58 entraînerait plutôt une régression des droits existants [...]
Plus tard, dans cette même allocution, le sénateur Carignan portait à l'attention des gens de la Chambre haute le propos suivant:
La sénatrice Pate l’a indiqué : plusieurs groupes autochtones ont réclamé le retrait pur et simple du projet de loi C-58. Les anciens commissaires à l’information l’ont décrié, plusieurs observateurs souhaitent qu’il ne soit pas adopté. La sénatrice McCoy a souligné que ce projet de loi bafoue l’essence même du principe de l’accès à l’information, et je partage son opinion. Elle aurait voulu que le Sénat bloque le projet de loi, mais n’ose pas le faire maintenant.
Il s'agissait du sénateur Carignan qui sonnait l'alarme tout à fait légitime et pertinente qui avait été soulevée par bien des observateurs et journalistes. De nombreuses associations de journalistes professionnels estimaient que, même si le gouvernement s'était fait élire avec de beaux grands principes, l'essence même du projet de loi n'atteignait pas du tout ces objectifs.
Comme le disait l'ancienne commissaire à l'information, Mme Suzanne Legault, ce n'était certainement pas un pas vers l'avant, mais plutôt un pas vers l'arrière. C'est la raison pour laquelle le Sénat a fait son travail. On se souviendra que nous, de l'opposition officielle, nous nous sommes opposés au projet de loi. Comme nous sommes à l'étape suivant l'étude du projet de loi par la Chambre haute et le dépôt des amendements, concentrons-nous sur ce que les sénateurs ont fait.
C'est donc pour cela qu'il s'en est suivi le dépôt des amendements, votés à la majorité par la Chambre haute. Comme je le mentionnais, nous procédons maintenant à l'étude des amendements proposés.
[Traduction]
Dans l'ensemble, le gouvernement a accepté la majorité des amendements apportés par le Sénat, mais il a malheureusement décidé d'écarter ce que nous considérons comme quatre éléments importants du projet de loi et des amendements apportés par le Sénat.
Le gouvernement a mentionné de manière très respectueuse, dans ce qui a été lu il y a quelques minutes, qu'il rejetait les amendements 3 et 12, ainsi que le nouveau paragraphe (6) proposé. Il écarte également l'amendement 15c).
[Français]
Abordons maintenant deux amendements qui, de notre point de vue, auraient dû être inscrits dans la loi tels que votés par le Sénat. Malheureusement, ils ont été refusés par l'actuel gouvernement.
Je vais maintenant aborder l'amendement 12, dont j'ai fait mention plus tôt lorsque j'ai posé une question au . L'amendement propose:
12. Nouvel article 30.2, page 17: Ajouter, après la ligne 36, ce qui suit
« 30.2 Le paragraphe 67.1(1) de la même loi est modifié par adjonction, après l’alinéa b), de ce qui suit:
b.1) utiliser tout code, surnom ou mot ou phrase fabriqué dans un document au lieu du nom de toute personne, société, entité, tiers ou organisation; ».
C'est un élément essentiel dont j'aurai l'occasion de débattre tout à l'heure. J'aborderai aussi un exemple précis qui justifie, de notre point de vue, de conserver ce paragraphe. Malheureusement, cet amendement a été refusé par l'actuel gouvernement.
Au cours des prochaines minutes, je rappellerai tristement l'horrible épisode que notre pays a eu à subir en raison de l'attitude arrogante de ce gouvernement, soit la triste affaire du vice-amiral Norman.
L'autre amendement qui, selon nous, aurait dû être accepté est l'amendement 3:
3. Nouvel article 6.2, page 4: Ajouter, après la ligne 4, ce qui suit:
« 6.2 Le paragraphe 9(2) de la même loi est remplacé par ce qui suit:
(2) La prorogation du délai au titre des alinéas (1)a) ou b) ne doit pas dépasser trente jours, sauf avec l’autorisation écrite préalable du Commissaire à l’information. ».
Avant d'aborder le fond des choses, je tiens à saluer le travail exceptionnel des légistes. Lorsqu'on fait la lecture des articles de loi, ils peuvent paraître très lourds et difficiles à comprendre. Ils sont surtout difficiles à suivre puisque le langage est très technique. Je me permets donc de saluer le travail exceptionnel des légistes du Parlement canadien, qui vérifient, mot à mot, paragraphe par paragraphe...
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de la Colombie-Britannique de nous rappeler le respect que nous devons avoir, à titre de parlementaires, pour les règles et les coutumes. Ce n'est surtout pas par orgueil que nous devons souhaiter avoir beaucoup d'auditeurs. Par accident, c'est moi qui ai la parole actuellement.
Je tenais à saluer l'extraordinaire travail des légistes du Parlement canadien, parce que c'est extrêmement difficile d'écrire des lois. C'est un métier qui demande des années de pratique et, surtout, la conscience du devoir accompli, dans le sens le plus détaillé du terme. Je leur suis donc très reconnaissant.
En décembre 2004, si mes souvenirs sont bons, j'ai fait un reportage avec les légistes du ministère du Revenu du gouvernement du Québec qui écrivaient les lois de mise en oeuvre des budgets, des textes extrêmement ardus. Je tiens d'ailleurs à saluer l'honorable Lawrence Bergman, qui était ministre du Revenu du gouvernement du Québec sous l'honorable Jean Charest. Nous avons bien connu ce dernier ici, à la Chambre des communes, dans les années 1984 à 1997, puisqu'il aura été député, ministre, vice-premier ministre, chef de parti et vice-président de la Chambre des communes.
Cela dit, il nous apparaissait important de maintenir ces quatre éléments dans la loi, et c'est ce que le gouvernement libéral n'a pas fait. J'ai mentionné que la question des surnoms nous dérangeait particulièrement, nous, les conservateurs. Dans l'affaire Norman, malheureusement, des gens qui avaient des intentions malsaines — je le dis avec la protection de la Chambre — ont fait une chasse aux sorcières. Je vais le démontrer dans l'exposé qui suivra dans quelques instants. C'est tout à fait imbuvable dans notre système démocratique, particulièrement lorsqu'on tient compte du respect que le pouvoir politique doit avoir à l'égard du système judiciaire et du système militaire. Malheureusement, on a voulu tout mettre dans le même bain, sans parler des répercussions financières que cela pouvait avoir sur l'industrie maritime canadienne.
Les personnes qui menaient des enquêtes utilisaient des noms de code pour masquer leur travail. De notre point de vue, cette pratique doit être sévèrement condamnée. Nous avons salué le fait que le Sénat ait adopté l'amendement 3, qui mettait justement un terme à cette pratique. Toutefois, comme l'a annoncé le , c'est leur droit et c'est leur choix, et je respecte cela. Je suis d'abord et avant tout un parlementaire et surtout un grand démocrate. Cependant, nous estimons que le gouvernement erre en éliminant cet amendement, car il concerne une pratique odieuse et l'une des attaques les plus frontales du pouvoir politique contre le pouvoir judiciaire et le pouvoir militaire, et ce, à des fins mercantiles et déshonorantes.
Je vais parler de l'histoire du navire Asterix, puisque c'est ce dont il est question, du vice-amiral Norman et du contrat qui a été donné par le gouvernement du Canada en 2015 pour la réalisation de ce bateau ravitailleur. Le contrat a été donné à un chantier maritime de Lévis, le chantier Davie, et des pressions ont été exercées par un chantier maritime concurrent, soit celui d'Irving. Celui-ci s'est ingéré dans le processus exécutif de notre système parlementaire en intervenant directement auprès des plus importants membres du Conseil des ministres.
Parlons d'abord du vice-amiral Mark Norman, un des militaires les plus honorés et honorables de notre système militaire canadien. Ce soldat, avec sa constance, son professionnalisme et son sens du devoir, a accompli des exploits des plus méritoires. Bon sang ne saurait mentir; il est le fils d'un officier de l'armée et le petit-fils d'un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Il a étudié à Kingston, il s'est enrôlé dans la réserve navale et il a fait sa carrière militaire dans la marine. Il a été, entre autres, spécialiste de la lutte antisurface et antiaérienne, membre du premier équipage du NCSM Halifax, commandant en second du NCSM Iroquois, commandant de la frégate NCSM St. John's et, plus récemment, commandant des Forces maritimes de l'Atlantique.
À chaque étape de sa carrière, en commençant par la Réserve navale jusqu’au sommet absolu de l’arme militaire qu’est la marine, c’est-à-dire vice-amiral, il a agi avec l’honneur dû à son rang et à la confiance manifestée par ses pairs à son endroit.
De triste mémoire, on se souviendra toujours que, pour des raisons malsaines, le gouvernement a littéralement traîné dans la boue un homme honorable, à des fins malheureusement pécuniaires et mercantiles. C’est un déshonneur pour le gouvernement. D'ailleurs, souhaitons qu'il sera sévèrement sanctionné par la population le 21 octobre prochain.
Il faut savoir que tout ceci a cours parce que le gouvernement précédent, celui de la 41e législature, c’est-à-dire le gouvernement conservateur, avait décidé d’octroyer au chantier maritime Davie, à Lévis, la construction d’un navire ravitailleur.
Une fois que le gouvernement conservateur a été défait et que le nouveau gouvernement libéral est entré en fonction, les gens d'Irving ont immédiatement fait pression sur le gouvernement nouvellement élu pour qu'il revoie cette décision. Il s’est ensuivi une enquête judiciaire qui a conduit au congédiement du vice-amiral et au traînage de cet homme honorable dans la boue par l’actuel gouvernement, entre autres par le , qui a tenu des propos malheureux. Le chef de l’État doit faire attention à ce qu’il dit. Malheureusement, le premier ministre a mentionné à deux reprises qu’il allait y avoir un procès, alors qu’il n’y avait strictement rien qui avait été annoncé à cet effet. C’était de l’ingérence politique imbuvable dans le système judiciaire. On l’aura vu aussi lors du scandale de SNC-Lavalin. Tout cela mérite d’être rappelé à notre mémoire.
Puisque le temps de parole qui m'est imparti est restreint, je serai bref. Toutefois, je tiens à rappeler l'épisode malheureux dont le gouvernement portera toujours la cicatrice, c'est-à-dire l’affaire entourant le vice-amiral Norman, une affaire qui a des racines profondes.
En 2004, le gouvernement libéral de Paul Martin a évalué la possibilité de changer des navires ravitailleurs, mais c’est finalement en 2015 que la décision a été prise.
Dès 2004, on a mentionné le besoin d’avoir un nouveau navire ravitailleur. Il s’est ensuivi plusieurs démarches. Finalement, le 18 novembre 2014, le vice-amiral Norman a informé le Comité permanent de la défense nationale que le Canada aura besoin de nouveaux navires ravitailleurs.
En 2004, le gouvernement libéral de Paul Martin a annoncé que le Canada aura besoin d'un nouveau navire ravitailleur. Puis, le 18 novembre 2014, en comité parlementaire, le vice-amiral Norman a mentionné que le Canada avait effectivement besoin d'un nouveau navire ravitailleur. En janvier 2015, le gouvernement fédéral a décidé que nous avions besoin d’honorer cette demande. Le 23 juin 2015, l’actuel premier ministre de l’Alberta, l’honorable Jason Kenney, qui était à l’époque ministre de la Défense nationale, a annoncé que le gouvernement était en discussion avec le chantier naval Davie, à Lévis, afin d’obtenir un bateau ravitailleur intérimaire.
Cette annonce a été faite le 23 juin, soit la veille de la Saint-Jean-Baptiste, la fête nationale des Québécois ou, comme d’aucuns pourraient le dire ces jours-ci, la veille de la fin du solstice d'été — cela est une autre histoire. Cela arrive juste quelques heures avant la fête nationale des Québécois.
Le 23 juin 2015, le gouvernement conservateur, par la voix de son ministre de la Défense, a annoncé qu’on entamait des pourparlers avec le chantier Davie. Le 1er août 2015, le gouvernement conservateur a annoncé, quelques heures avant le déclenchement des élections, qu’il y avait une lettre d’intention entre le gouvernement du Canada et le chantier Davie relativement à la construction d'un bateau ravitailleur. Tout allait bien jusque-là. Toutefois, le 19 octobre 2015, la population s’est prononcée et le Parti libéral a été élu au pouvoir. Nous sommes des démocrates et nous respectons le choix populaire.
Le 8 octobre 2015, le MV Asterix, qui avait été choisi par la Davie pour faire partie du projet visant à changer le ravitailleur, arrive à Québec, au chantier maritime.
C'est le 17 novembre 2015 que le processus politique intervient dans le processus tout à fait pertinent qui avait été initié par l'ancien gouvernement.
Je tiens à rappeler que ce n'est pas rien. On fait beaucoup état, à Québec — et je suis un député de Québec —, du chantier maritime Davie. Encore une fois, pour la troisième fois, je rappelle — parce que cela a quand même un lien avec le projet de loi — qu'à titre de journaliste, pendant mes 20 ans de carrière journalistique à Québec, j'ai pu parler entre 150 et 200 fois du chantier Davie.
Sur ces 150 ou 200 reportages, si j'en ai fait trois qui étaient positifs, c'est bon, parce que, de triste mémoire, cela allait toujours mal au chantier Davie. Notre gouvernement avait octroyé de l'argent à ce chantier, qui est né en 1880. Ce n'est pas rien, et ce n'est pas un petit chantier de rien du tout. C'est le plus grand chantier que nous avons, avec deux immenses cales sèches pour accueillir de grands travaux de cette nature.
Je sens que d'aucuns vont se demander pourquoi le gouvernement conservateur n'a rien fait à cet égard en 2011. Je dirai deux choses. D'abord, l'annonce du gouvernement, en 2011, avait été faite à la suite des recommandations d'un comité neutre et indépendant. Ensuite, rappelons que, de triste mémoire, en 2011, le chantier Davie était en faillite technique. Personne ne se réjouit de cela, mais les faits sont têtus et les faits sont les faits. J'invite n'importe qui à se questionner: serait-on prêt à donner un contrat de construction de maison à une entreprise qui est en faillite technique? Je n'en suis pas sûr. C'est ce qui s'est passé en 2011.
Pourtant, en 2015, sous l'égide de notre gouvernement, le Canada avait octroyé un contrat pour fabriquer un bateau ravitailleur, et l'histoire nous éclaira plus tard. Je peux confirmer que ce bateau a effectivement été livré, dans les délais et en respectant le budget prévu. Cela n'arrive pas souvent. Nous pouvons saluer et féliciter chaleureusement les travailleurs du chantier Davie, les dirigeants, les dirigeants syndicaux et le nouveau dirigeant et propriétaire du chantier Davie d'avoir permis de réaliser dans les délais et en respectant les budgets prescrits cette pièce tout à fait importante de l'arsenal canadien, c'est-à-dire le bateau ravitailleur Asterix.
J'étais présent, le 20 juillet 2017, alors que Mme Pauline Théberge, épouse de l'honorable lieutenant-gouverneur du Québec, M. Michel Doyon a procédé à la lancée symbolique de la bouteille sur le bateau pour faire en sorte que cela fonctionne. Nous étions présents. C'est avec beaucoup de plaisir et d'honneur que j'ai assisté à cela en compagnie de plusieurs députés et d'anciens ministres du gouvernement conservateur. Malheureusement, l'actuel gouvernement brillait par son absence lors de cet événement majeur, positif et stimulant pour le Canada. Cette absence disait tout.
Revenons à notre histoire concernant M. Norman et le contrat de l'Asterix. Le 17 novembre 2015, quelques jours à peine après l'assermentation du Cabinet du gouvernement libéral à Rideau Hall, James Irving, le coprésident directeur officiel de l'entreprise Irving, a envoyé une lettre à quatre membres du Cabinet libéral, ci-devant: le , le , l'ancienne ministre des Services publics et de l'Approvisionnement et l'ancien président du Conseil du Trésor, Scott Brison. C'est un nom qu'on a beaucoup entendu au cours des derniers mois, et on verra qu'il y a peut-être un petit lien avec ce qui s'est passé ici.
M. Irving, qui défend son chantier — c'est son emploi, d'une certaine façon —, interpelle donc directement quatre ministres d'importance du gouvernement actuel, y compris le président du Conseil du Trésor, le ministre de la Défense et le ministre des Finances. Je ne dirai pas que ce sont les trois as, mais ils le sont presque. Ils sont au haut de l'échelle de l'administration fédérale. M. Irving voulait revoir le contrat qui avait été octroyé par le gouvernement précédent.
On apprend alors que, le 19 novembre 2015, pendant une rencontre du Cabinet fédéral à laquelle le vice-amiral Norman n'a pas assisté, le projet de fabrication de l'Asterix a été mis de côté pendant deux mois par le président du Conseil du Trésor afin de réévaluer le contrat qui avait été octroyé.
Ce n'est que plus tard que l'on comprendra pourquoi. Le 20 novembre 2015, le journaliste de la CBC James Cudmore rapporte, à partir de fuites du Cabinet, que la lettre n'a pas été signée comme elle aurait dû l'être le 30 novembre.
C'est ainsi que les problèmes concernant cette histoire ont commencé. Le 16 novembre 2016, une opération de surveillance de la GRC à l'endroit du vice-amiral Norman a débuté. Il y avait une voiture de police devant sa maison, à Orléans, une banlieue d'Ottawa. Comme je le disais, il a été traîné dans la boue et cela a été odieux. Le 9 janvier 2017, sept policiers ont effectué un raid dans la résidence du vice-amiral Mark Norman.
[Traduction]
Voici quelques renseignements qui ont été publiés. Les sept agents de police se sont présentés à la résidence du vice-amiral Mark Norman et sont demeurés sur place pendant six heures. Ils ont saisi un ordinateur de bureau, un ordinateur portable, deux téléphones cellulaires et trois iPad, dont un appartenant à son épouse.
Les avocats de M. Norman vont plus tard faire valoir que la GRC, qui avait le mandat de saisir les dossiers du ministère de la Défense nationale et le matériel connexe, a outrepassé ce mandat en saisissant des milliers d'objets personnels de la famille Norman.
C'est une situation tout à fait inacceptable et scandaleuse. On parle ici d'un des militaires les plus hauts gradés de l'armée canadienne. On parle du numéro deux de l'Armée canadienne, et les libéraux n'ont pas traité cet homme respectable avec tout le respect qui est dû à un homme menant une carrière et ayant une vie personnelle honorables.
[Français]
D'autres épisodes tout à fait odieux ont suivi. Le vice-amiral a été remercié de ses fonctions. Le 20 novembre 2017, le gouvernement canadien a refusé la demande du vice-amiral Norman de recevoir une aide financière pour les dépenses légales relatives à cette situation de crise.
Le navire Asterix a été officiellement baptisé par l'épouse du lieutenant-gouverneur du Québec en juillet 2017. Le 23 décembre 2017, le navire ravitailleur Asterix a quitté le chantier de la Davie, près de Québec, pour commencer ses opérations. D'ailleurs, au cours des deux dernières années, le navire ravitailleur Asterix s'est distingué comme l'un des meilleurs, sinon le meilleur, navires de tous les pays alliés au Canada. Bref, le contrat octroyé par notre gouvernement au chantier de la Davie a été réalisé de façon impeccable non seulement en ce qui a trait au budget et aux délais, mais également en ce qui a trait aux besoins de notre armée.
Tout allait bien jusqu'à ce que le politique interfère. Lorsqu'il a été questionné à ce sujet, le a dit à deux reprises que le vice-amiral Norman serait accusé au criminel. Il a affirmé cela avant même que les poursuites officielles soient déposées devant les tribunaux. Cela est odieux. Il s'agit d'une implication absolue du premier ministre du Canada, le chef de l'État — donc le chef du pouvoir exécutif et, dans une certaine mesure, le chef du pouvoir législatif — dans le processus judiciaire.
Ce n'est pas la seule fois qu'il l'a fait. Nous nous souvenons tristement de l'horrible histoire entourant SNC-Lavalin, qui a conduit à la démission de deux ministres séniors du gouvernement, soit l'ex-ministre de la Justice et l'ancienne présidente du Conseil du Trésor. C'est odieux que le politique s'ingère ainsi dans le système judiciaire.
Le n'avait pas à annoncer publiquement que l'affaire Norman allait se rendre devant les tribunaux. Laissons les tribunaux et les forces judiciaires faire leur travail. Il ne faut pas supposer que certaines affaires vont se rendre devant les tribunaux, à moins que cela ne soit arrangé avec le gars des vues, ce que je ne soupçonne pas, même si c'est l'impression que cela donne. C'est ce qui est odieux dans cette histoire.
Que s'est-il passé à ce moment-là? Le vice-amiral Norman a été expulsé et les pires soupçons pesaient contre lui. On a fouillé sa maison, et on a retiré des biens personnels à sa famille. Ils ont fouillé dans le iPad de son épouse pour essayer de trouver des informations. Finalement, le vice-amiral Norman a demandé l'accès à des preuves, à des courriels et à d'autres éléments pouvant assurer sa défense pleine et entière. Les avocats du gouvernement refusaient constamment l'accès à ces pièces importantes pour la défense pleine et entière d'un homme honorable comme le vice-amiral.
Quand le militaire no 2 du Canada est impliqué dans une cause, on s'attend au moins à ce que le gouvernement garde ses distances. Cependant, au contraire, jour après jour, ce gouvernement voulait s'assurer que M. Norman n'avait pas accès à une défense pleine et entière. Il lui refusait l'aide financière qui serait normalement accordée à un homme de ce rang dans de telles circonstances. Même quand les accusations sont tombées, le gouvernement refusait toujours de lui donner cette aide financière, alors qu'il avait dépensé près de 15 millions de dollars pour le poursuivre. Le gouvernement lui a constamment refusé cette aide financière.
Lorsque le processus judiciaire a débuté, on a demandé d'avoir accès à des éléments d'information majeurs, et le gouvernement refusait toujours. Heureusement, le système judiciaire fonctionne. Un juge a permis à M. Norman d'avoir accès à certains éléments de preuve. C'est lorsque tout le monde a eu accès à ces informations qu'on s'est soudainement rendu compte qu'il n'y avait pas d'histoire et que jamais on n'aurait dû traîner cet homme en justice et le traîner dans la boue. Cette histoire restera longtemps dans la mémoire de tous les Canadiens comme une honte. Le pouvoir politique s'est ingéré dans une affaire judiciaire qui n'avait pas cours.
Le vice-amiral Norman a souffert pendant des mois et a dû se défendre tout seul, sans aucune aide. Le 8 mai, le gouvernement s'est rendu compte qu'il n'y avait peut-être pas de cause. Il a donc laissé tomber ses accusations contre M. Norman et il a finalement décidé de lui payer ses frais juridiques. C'est bien la moindre des choses, mille tonnerres! On a créé tout ce problème pour finalement n'arriver à rien.
Une fois que le gouvernement a été obligé par la cour de dévoiler les éléments de preuve auxquels M. Norman avait droit et que les juristes du Canada y ont eu accès, soudainement, il n'y avait plus d'histoire. Parmi ces éléments de preuve, que retrouve-t-on? C'est ici que je fais le lien entre le projet de loi et l'amendement 3 des sénateurs, qui a été bafoué par l'actuel gouvernement.
Le 18 décembre 2018, l'équipe du vice-amiral Norman a convoqué deux témoins surprises qui ont démontré, preuve à l'appui, que le vice-amiral Norman avait le droit de voir des noms qui avaient été biffés. Les gens qui étaient au pouvoir évitaient d'utiliser son nom dans leurs courriels, justement pour ne pas l'identifier. C'est un élément fondamental. De plus, le 29 janvier 2019, on a dévoilé des listes d'acronymes et d'autres termes militaires qui ont été utilisés pour désigner le vice-amiral Norman.
[Traduction]
Ces acronymes et autres termes sont en anglais, car les principaux éléments de preuve étaient rédigés en anglais. Au lieu de parler du vice-amiral Mark Norman en utilisant son nom, on utilisait « the boss », « N3 » et « C34 ». La liste a été compilée par le ministère de la Défense nationale. Lorsqu'on l'a interrogé, le chef d'état-major de la Défense, le général Jonathan Vance, a déclaré qu'à moins qu'on ait demandé précisément aux agents d'utiliser ces termes pour effectuer des recherches, il se peut que les citations à comparaître de l'équipe de la défense de M. Norman n'aient pas mené aux documents dans lesquels ces termes étaient employés.
[Français]
C'est la raison précise pour laquelle il faut maintenir l'amendement 3 tel que soumis par le Sénat. L'utilisation de noms de code, particulièrement dans un cas semblable, n'a pas sa place, de notre point de vue. Monsieur le Président, permettez-moi de me corriger: ce n'est pas l'amendement 3, mais plutôt l'amendement 12. Dans mes conversations avec mes collègues, je l'ai toujours appelé l'amendement Norman. Cette modification vise à ce qu'on ne prenne pas la mauvaise habitude d'identifier des personnes clés dans des causes criminelles par des noms de code. D'ailleurs, ce n'était pas une cause criminelle du tout, finalement.
Finalement, on s'est rendu compte que cet homme a été davantage victime d'une attitude odieuse de la part de ce gouvernement à des fins que je n'oserais même pas nommer ici, à la Chambre. Les libéraux ont voulu faire plaisir aux amis de l'un et aux amis de l'autre, mais pas aux Canadiens dans leur ensemble. Selon notre point de vue, cette utilisation de noms de code doit être mise de côté.
Je sais que cela rappelle de mauvais souvenirs au gouvernement. Si j'étais un libéral, c'est sûr que je serais mal à l'aise devant cet état de fait, devant cet horrible scandale sur l'affaire Norman qui porte la signature du gouvernement libéral.
Ce militaire a donné sa vie professionnelle avec honneur et dignité à la défense du Canada. Il est parti des éléments les plus humbles de notre vie militaire maritime pour aboutir au sommet de la Marine royale canadienne. Alors qu'il était au sommet de sa carrière et de son art, cet homme faisait en sorte qu'on pouvait faire confiance à l'industrie canadienne et aux travailleurs du chantier Davie, à Lévis. Oui, tout allait bien, oui, c'était un succès et, oui, on était capable de le faire avec le budget et le temps impartis.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de participer à cet important débat. D'emblée, je tiens à souligner que, techniquement, la motion du gouvernement à l'étude rejetterait les 19 ou 20 amendements que le Sénat propose d'apporter au projet de loi . Le NPD s'oppose à la motion. Il ne peut appuyer un projet de loi qui n'inclut pas les amendements présentés à la Chambre par le Sénat. Je m'explique.
La situation est troublante. En campagne électorale, le gouvernement avait promis la transparence. D'ailleurs, lorsqu'il faisait partie de l'opposition, le , a présenté le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le Parlement du Canada et la Loi sur l’accès à l’information. On pourrait l'appeler le projet de loi sur la transparence. Le projet de loi n'est pas une chose que les libéraux ont simplement décidé de proposer sur un coup de tête. C'est le résultat d'un effort réfléchi du gouvernement pour honorer une promesse électorale en matière de transparence.
Or, lorsqu'il a été présenté, le projet de loi s'est révélé une totale déception. Ce n'est pas moi qui le dis. C'est l'ancienne commissaire à l'information du Canada, Suzanne Legault. Tout comme moi, les députés savent à quel point il est inhabituel pour un mandataire du Parlement comme la commissaire à l'information de formuler une telle critique. J'aimerais aujourd'hui lire à la Chambre ce qu'elle a dit.
Le 28 septembre 2017, lorsque le projet de loi a été présenté pour la première fois, elle a dit qu'il ferait « reculer au lieu de faire avancer le droit à l'information des Canadiens », selon le National Post. On pouvait aussi lire ceci dans l'article:
Dans ses premières observations de fond sur le projet de loi, [l'ancienne commissaire] a affirmé que les mesures ne respectaient pas les promesses électorales des libéraux. « S'il est adopté, il entraînerait une régression des droits existants. »
Elle a présenté 28 recommandations pour améliorer la mesure législative. Il serait bien difficile de les retrouver dans le projet de loi . C'est pourquoi, lorsque j'ai pris la parole plus tôt dans le cadre du débat, j'ai dit avec tristesse que nous devions nous opposer au projet de loi. Si le gouvernement n'est même pas prêt à prendre les petites mesures que représentent les amendements du Sénat, nous ne pouvons évidemment pas nous permettre d'adopter un projet de loi que même la commissaire a qualifié avec beaucoup d'éloquence de régressif. Elle a raison, et je vais expliquer pourquoi.
Comme le député de , qui est acclamé à juste titre pour les prix qu'il a remportés lorsqu'il était journaliste, j'ai moi aussi reçu un prix pour mon travail sur la liberté d'information. C'est Ged Baldwin, un ancien député de Peace River, qui m'a décerné ce prix pour le travail que j'avais fait lors des mes études supérieures, puis au sein de l'Association du Barreau canadien, il y a de nombreuses années afin de faire adopter une loi sur l'accès à l'information. La loi que je réclamais s'inspirait des lois que d'autres pays tiennent pour acquises. En guise d'exemples, les États-Unis ont une telle loi depuis les années 1960 et la Suède, depuis le XVIIIe siècle.
Le Canada a fini par adopter une loi sur l'accès à l'information, mais elle est maintenant vieille. En effet, elle a été adoptée dans les années 1980. Elle est dépassée. Pourtant, le projet de loi dont nous sommes saisis n'a pas modernisé certaines des anciennes dispositions de cette loi.
L'enjeu dont nous discutons me tient énormément à coeur. Je pense qu'il s'agit d'un élément essentiel d'une démocratie. La Cour suprême du Canada a dit que le droit de savoir, soit le droit à la liberté d'information et le droit d'accès à l'information, est un droit quasi constitutionnel dont jouissent les Canadiens. Quand l'ancienne commissaire affirme que le projet de loi est régressif et qu'il s'agit d'un pas en arrière, alors que le avait fait toutes ses belles promesses de transparence quand il était chef du troisième parti à la Chambre, nous pouvons imaginer à quel point les Canadiens sont déçus.
Certes, ce n'est pas seulement ce Canadien qui est déçu. Je vous signale que les Journalistes canadiens pour la liberté d'expression et le Centre for Law and Democracy ont qualifié le projet de loi d'« inadéquat » et demandé au gouvernement de le retirer.
Le Sénat a proposé des améliorations et il est franchement choquant d'entendre le gouvernement dire qu'il ne veut même pas les envisager.
Qu'est-ce qui ne va pas dans ce projet de loi? Je ne sais même pas par où commencer. Le seul élément qui est positif, je le concède, est que pour la première fois, on accorde au commissaire le pouvoir de rendre des ordonnances.
Mais revenons un peu en arrière. Qu'est-ce qu'une loi sur l'accès à l'information devrait comprendre? Elle doit comprendre trois choses.
Premièrement, elle doit comprendre une déclaration générale voulant que le public ait le droit de consulter les documents du gouvernement.
Deuxièmement, elle doit prévoir des exceptions à cette règle. Nous pouvons tous imaginer en quoi elles consistent. Elles sont d'ailleurs déjà toutes prévues dans la loi. Ce sont les documents confidentiels du Cabinet, l'information commerciale, les conseils stratégiques, les dossiers faisant état des rapports entre un avocat et son client et l'information qui, si elle était divulguée, serait préjudiciable à la sécurité nationale ou aux relations internationales. Voilà quelles sont les règles et les exceptions.
Troisièmement, il doit y avoir un arbitre indépendant. Jusqu'à ce que le projet de loi soit adopté, cet arbitre, qui est le commissaire à l'information, ne peut faire que des recommandations que le gouvernement ignore fréquemment. Il y aurait désormais quelque chose comme une ordonnance qui pourrait être décrétée et appliquée par une Cour fédérale. C'est quelque chose en quoi je crois et qui mérite d'être appuyé. J'appuie également le principe d'un examen législatif de ces dispositions dans un délai de cinq ans. Je pense que ce serait opportun.
J'ai parlé des promesses libérales. Lors de la dernière campagne électorale, les libéraux disaient constamment que ce projet de loi s'appliquerait aussi au Cabinet du premier ministre et aux cabinets des ministres. Les documents pourraient être consultés. Ils peuvent être consultés en vertu des lois provinciales. C'est certainement le cas dans ma province, la Colombie-Britannique. C'était une promesse électorale écrite noir sur blanc que le gouvernement vient de rompre, rien de moins.
Les amendements du Sénat l'auraient améliorée et lui aurait donné plus de mordant, mais ce n'est simplement pas ce qui est prévu pour cette mesure législative. Je suis reconnaissant au Sénat pour les 20 amendements qui, s'ils étaient adoptés, nous permettraient d'accepter, à contrecoeur, les améliorations qu'apporte ce projet de loi. Toutefois, le gouvernement nous a avisés que c'était hors de question. Il aime le projet de loi en l'état, en dépit du fait qu'il a été fustigé par tous ceux qui s'y connaissent en matière d'accès à l'information au Canada. Les universitaires et les journalistes qui l'ont étudié et les défenseurs de droits qui utilisent l'accès à l'information pour demander des comptes à leur gouvernement ont tous dit qu'il ne donnera pas les résultats attendus et qu'il ne va pas assez loin. Je trouve que c'est dommage.
Lorsqu'il était dans l'opposition, le a dit: « le système d'accès à l'information d'un pays est au coeur d'un gouvernement ouvert ».
J'ai parlé de transparence. Les libéraux semblaient aimer ce principe quand ils étaient dans l'opposition. Lors de la campagne électorale, le a déclaré ceci: « Un gouvernement transparent est un bon gouvernement. » C'est ce qu'il a dit à ce moment-là.
Soyons plus précis. Il a dit:
Nous veillerons à ce que la Loi s’applique aux cabinets ministériels, y compris celui du premier ministre, ainsi qu’aux organismes publics qui assistent le Parlement et les tribunaux.
Malheureusement, ce n'est pas ce que ce projet de loi accomplit.
Ce dont le gouvernement aime parler, c'est ce qu'il appelle la « divulgation proactive », qui est une bonne chose. Par exemple, un ministre en déplacement doit indiquer ses dépenses sur le site Web pour que les Canadiens puissent voir s'il y a eu des abus. C'est fait de façon proactive. Si on se rend sur le site Web, tout est là. Bien franchement, c'est de l'histoire ancienne au Canada. Cette pratique existe depuis des décennies dans les provinces. Toutefois, même si je salue cette initiative, ce n'est pas ce que les gens veulent. Si on veut s'adresser au cabinet d'un ministre pour comprendre un contrat en particulier ou un dossier qui relève de ce dernier, on se heurte à un mur, étant donné que les cabinets des ministres ne sont pas assujettis à la loi. Il s'agit d'une véritable aberration.
J'ai eu la chance d'être le conseiller non rémunéré du procureur général de la Colombie-Britannique lorsqu'on a présenté la loi sur l'accès à l'information de cette province. Je peux dire que nous avons mené de vastes consultations. Je crois qu'on a proposé 52 amendements sur le parquet. Lorsque le projet de loi a été présenté, on l'a qualifié de meilleur du Commonwealth, puis il a été adopté à l'unanimité. Malheureusement, il a besoin de plus de travail. J'espère qu'il sera modifié, à l'instar du présent projet de loi. Néanmoins, c'était un modèle d'excellence, à l'époque. Il n'a jamais été question que les cabinets des ministres ne soient pas assujettis à la loi.
Le gouvernement bénéficie d'une disposition extrêmement vague. Elle n’a pas été modifiée. Cela fait référence à l’article 69 de la loi d'origine, l’article sur les documents confidentiels du Cabinet. Qu’est-ce que ça signifie? Plutôt que d’établir une simple exemption ou une exception à la règle, comme je l’ai mentionné précédemment, cette disposition fait en sorte que la loi ne s’applique même pas à ces documents. Qu’est-ce que ça signifie? Cela signifie que ni le bureau du commissaire ni qui que ce soit d’autre ne peut déterminer si des documents ont été versés dans un dossier confidentiel du Cabinet pour échapper à la Loi sur l'accès à l’information. Cette disposition extrêmement vague est surnommée « blanchiment de Cabinet ». Cela signifie que le gouvernement peut balancer un document dans les classeurs du Cabinet. Je ne dis pas que c’est ce qui s’est produit. Je ne dis pas qu’il y a eu mauvaise foi. Cependant, selon ce que prévoit la loi, c’est tout à fait possible. C’est pourquoi cela a été si critiqué à l’époque.
Quelles sont les autres mesures que le Sénat prône, mais auxquelles le gouvernement ne veut pas toucher? Nous avons beaucoup entendu parler de Mark Norman aujourd’hui. Le Sénat voudrait ajouter une disposition qui créerait une nouvelle infraction, celle d’« utiliser tout code, surnom ou mot ou phrase fabriqué dans un document au lieu du nom de toute personne, société, entité, tiers ou organisation » en vue de se soustraire à l’obligation légale de publier des documents.
Nous savons tous pourquoi cet amendement a été proposé: il est maintenant bien connu que, pour échapper à la Loi sur l’accès à l’information, le ministère de la Défense nationale a évité d’utiliser le nom de Mark Norman ou son grade. Pour le désigner, on employait un nom bidon, ce qui est contraire à l’esprit de la loi et certainement à la lettre de la loi. Cet amendement établirait clairement qu’on ne pourrait plus procéder ainsi à l’avenir, ce qui serait une saine pratique de politique publique.
Il me semble évident que si le gouvernement souhaite dénaturer la lettre et l'esprit de la loi, comme il l'a fait, nous devrions corriger la situation. Le Sénat s'en est aperçu et a proposé des amendements qu'il a renvoyés à la Chambre. Toutefois, le gouvernement ne nous a même pas permis d'en débattre. Il va tout simplement les mettre tous de côté. C'est très troublant. Autrement dit, il ne s'agit pas d'un problème théorique. Le problème est bien réel, et le Sénat a tenté de le régler, car on en a eu vent dans l'affaire litigieuse touchant Mark Norman. Le gouvernement refuse de régler le problème. Il ne veut même pas se pencher là-dessus.
Des amendements de forme ont été proposés, mais ce qu'il faut retenir avant tout, c'est que la loi est en train de tomber en désuétude parce qu'elle n'a pas été modifiée depuis des années. La loi a été adoptée avant même que nous ayons des ordinateurs et, maintenant, le gouvernement fait du rafistolage et se félicite d'avoir pris des mesures qui sont déjà inscrites dans les lois d'autres pays depuis une génération.
J'ai beaucoup de difficulté à trouver des aspects positifs au projet de loi. Certes, je suis heureux qu'il prévoie un examen quinquennal et, comme je l'ai dit plus tôt, qu'il accorde enfin au commissaire le pouvoir de rendre des ordonnances conformément aux lois de toutes les provinces, mais c'est plutôt mince après toutes ces années. C'est un changement positif, il faut le reconnaître, mais toujours est-il que dans l'ensemble, le projet de loi est extrêmement inquiétant.
J'aimerais pouvoir dire qu'il a du mérite, qu'il comprend certaines des choses dont j'ai parlé, comme l'idée de faire régulièrement exception pour les documents confidentiels du Cabinet afin que les tribunaux et d'autres personnes puissent théoriquement examiner les décisions relatives à la divulgation, mais il n'y a rien dans le projet de loi qui permettrait cela.
Il y a un autre problème. Je parle de l'obligation de consigner. L'un des points qui ont été soulevées est qu'il semble que pour échapper au droit du public à l'information, une grande tradition orale ait émergé. On omet d'écrire certaines choses dans les dossiers gouvernementaux. Ou bien on écrit des notes sur des feuillets autoadhésifs qu'on appose au dossier et qu'on enlève lorsqu'une demande de divulgation est présentée, ou bien — et c'est ce qui se produit le plus souvent — on n'établit aucun dossier. Nous avons observé cette situation en Colombie-Britannique, avec le développement de ce qui a été baptisé la culture orale du gouvernement.
On ne prend pas suffisamment au sérieux l'obligation de consigner, notamment pour les générations futures, les décisions prises et les motifs qui les sous-tendent. En droit administratif, les tribunaux ont constaté un engagement croissant à motiver les décisions. Il est arrivé que la Loi sur l'accès à l'information permette d'élucider les motifs d'une décision. Voilà pourquoi certains demandent que l'on établisse une obligation de consigner. Malheureusement, je dois dire qu'il n'existe rien de tel dans le projet de loi.
En conclusion, le gouvernement a fait table rase de toutes les propositions du Sénat, qui auraient fait en sorte que le projet de loi puisse être appuyée. Selon Caroline Maynard, commissaire à l'information du Canada, les amendements du Sénat amélioraient le projet de loi. S'ils avaient été adoptés, le Nouveau Parti démocratique aurait appuyé le projet de loi.
Il est tout simplement scandaleux que le gouvernement ait rejeté l'ensemble de ces amendements et ait décidé de garder une version vivement critiquée dans tous les milieux, notamment par des universitaires, des groupes d'utilisateurs et des groupes de journalistes, et qu'il ait dit que nous devrions être satisfaits de la mesure. Par conséquent, nous ne pouvons pas l'appuyer.
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Monsieur le Président, il sera difficile d’égaler la performance du député de , mais je ferai de mon mieux.
D’entrée de jeu, je dirais qu'il y a un fossé immense entre ce que le gouvernement a promis en 2015 et ce qu’il a réellement accompli. C’est un jour sombre pour tous les Canadiens qui croient en la démocratie parlementaire et qui sont convaincus que le peuple devrait avoir le droit de choisir le destin de son pays. Le gouvernement a trahi à maintes reprises les promesses faites par les libéraux pendant la campagne électorale de 2015.
Je ne m’attarderai pas trop sur la litanie des promesses non tenues, mais il y en a certainement une sur la réforme du système démocratique. Les élections de 2015 étaient censées être les dernières élections générales tenues selon le système uninominal majoritaire à un tour, qui est antidémocratique. De nouvelles élections vont bientôt avoir lieu alors que tous les espoirs de réforme du système démocratique ont été anéantis. C’est une promesse qui a été complètement trahie.
Le gouvernement a affirmé vouloir agir pour protéger l'environnement. Il a décidé, à la place, d'investir des milliards de dollars dans le pipeline Trans Mountain, et plus encore, puisque les coûts de construction ne cessent d'augmenter.
Quant à la démocratie parlementaire, le avait promis en 2015 de mettre fin aux projets de loi omnibus qui touchent une foule de sujets sans lien les uns avec les autres. Au lieu de cela, les libéraux ont enchéri et donné le jour aux projets de loi omnibus les plus monstrueux que la Chambre ait jamais vus en un siècle et demi d'existence.
Pendant la campagne électorale, le avait dit qu'il mettrait fin à la pratique du bâillon et travaillerait en collaboration avec les autres partis de l'opposition. Au lieu de cela, cette semaine, l'opposition a été réduite au silence lors de la pire opération de ce genre qui ait jamais eu lieu dans notre histoire grâce à des motions de clôture, motions de clôture dans le cadre desquelles, par ailleurs, un seul député avait le droit de s'exprimer. Le gouvernement a eu recours à cette mesure à plusieurs reprises. Une fois la motion proposée par le gouvernement adoptée, un seul député peut parler, et c'est la plupart du temps un député ministériel. Les députés de l'opposition n'ont droit ni aux questions ni aux commentaires ni à rien d'autre. Les députés de l'opposition représentent plus de 60 % de la population canadienne et pourtant, ils sont complètement muselés et réduits au silence.
La réponse à la question du jeudi que nous venons d'entendre est la pire que le Parlement ait jamais obtenue. Par respect pour le Parlement, lorsque la question du jeudi est posée par le leader de l'opposition officielle, un rôle que j'ai assumé au cours de la dernière législature, le gouvernement donne toujours une idée des projets de loi dont la Chambre sera saisie la semaine suivante. Depuis un siècle et demi, le gouvernement s'est toujours montré coopératif lorsque cette question était posée par le leader de l'opposition officielle. Les choses peuvent changer, certes, mais nous avions toujours une petite idée des travaux qui auraient lieu à la Chambre la semaine suivante.
Aujourd'hui, le gouvernement a laissé tomber son masque et a affiché ses vraies couleurs. Pas un seul député de l'opposition ou député ministériel n'a obtenu d'information. Nous ne savons pas quand les conservateurs auront leur journée de l'opposition. Nous ne savons pas quand auront lieu les votes sur les crédits, votes qui devraient durer une bonne partie de la journée et possiblement toute la nuit. Nous ne savons pas de quel projet de loi nous serons saisis lundi matin. Lorsqu'ils quitteront la Chambre pour la fin de semaine, les députés n'auront aucune idée de ce qui les attend la semaine prochaine. C'est la première fois de l'histoire du Canada qu'un gouvernement tente de passer outre aux droits parlementaires. C'est tout à fait méprisable.
Ce n'est pas une mince affaire. Pensons à tous les députés qui doivent organiser leurs déplacements pour s'assurer d'être présents aux votes sur les crédits, qui, souvent, prennent 24 heures, et pensons aux conservateurs, qui doivent savoir quand sera leur journée de l'opposition pour qu'ils puissent faire leurs suggestions au sujet de ce que le Parlement et le gouvernement devraient faire. Bien souvent, je ne suis pas d'accord avec leurs suggestions, mais je respecte toujours leur droit de les offrir. Tout cela a été complètement suspendu. Les députés doivent maintenant attendre de voir ce que le gouvernement présentera lundi matin. C'est incroyable.
Par conséquent, lorsque nous parlons du projet de loi , c'est dans le même contexte de promesses non tenues et d'abus de la démocratie parlementaire.
Tous les députés ont un rôle à jouer à la Chambre des communes. Nous devrions tous être en mesure de représenter les habitants de notre circonscription. Toutefois, le gouvernement demeure évasif, en se contentant de dire: « Nous vous informerons lundi de ce qui sera discuté à la Chambre. Nous indiquerons aux conservateurs quand ils pourront présenter leur motion d'opposition. Nous allons dire à tous les députés quand nous entrerons dans un marathon de vote de 24 heures. » C'est là une marque d'irrespect incroyable envers les députés qui doivent se rendre dans leur circonscription et ceux qui ont des obligations familiales. Il est inconcevable qu'on ne donne pas la moindre indication à propos de ce qui se passera dans cette enceinte à compter de lundi matin.
C'est là que commence l'accès à l'information. Si le gouvernement respectait l'accès à l'information, il l'offrirait d'abord aux députés, en disant: « Voici l'horaire de la semaine prochaine. Il pourrait changer, mais il présente nos intentions au sujet des projets de loi qui seront débattus à la Chambre. » Certes, les agissements du Sénat ont une certaine incidence, je n'en doute pas, mais il faut faire preuve d'un tant soit peu de respect envers les députés et leur transmettre des informations afin de leur donner une idée des projets de loi qui seront à l'horaire et du jour où aura lieu la journée de l'opposition ou le marathon de votes.
Les libéraux ont agi envers les Canadiens comme ils agissent envers les députés. Nous sommes saisis du projet de loi , qui laisse grandement à désirer. Il a été critiqué de toutes parts par des gens qui pensent que les Canadiens ont le droit d'avoir accès à l'information qui leur appartient. Nous ne sommes pas sous une dictature libérale, du moins j'espère que ce n'en est pas une ou que ça ne va pas en devenir une. Les gouvernements libéraux, comme tous les gouvernements, devraient diriger les affaires du pays dans l'intérêt de toute la population. Il ne fait aucun doute que tous les Canadiens ont un droit fondamental à l'information.
Or, les libéraux ont présenté un projet de loi mal conçu. Les députés néo-démocrates et les députés des autres partis de l'opposition ont tous proposé des idées utiles qui auraient pu permettre d'améliorer de beaucoup ce projet de loi boiteux. Les députés libéraux au sein du comité et à la Chambre ont refusé ces amendements. Le projet de loi a été renvoyé au Sénat. Celui-ci avait la possibilité de présenter des amendements au gouvernement. Nous sommes peut-être en faveur de l'abolition du Sénat, mais, pour l'instant, il a encore un rôle à jouer et il a amélioré le projet de loi. Je pense que les gens étaient optimistes en général, jugeant que ce projet de loi bancal avait été amélioré. Or, encore une fois, le gouvernement n'a rien retenu.
Au final, il y a un manque de respect envers les parlementaires et un manque de respect envers les Canadiens. Pour cette raison, les néo-démocrates vont voter contre la proposition du gouvernement.