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Monsieur le Président, en tant que secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé, permettez-moi tout d’abord de souligner l’engagement que notre gouvernement a pris.
Nous nous sommes engagés à légaliser, à réglementer strictement et à limiter l’accès à la marijuana. Nous le ferons, parce que c’est ce que nous avons promis aux Canadiens. C’est pour cette raison que les Canadiens nous ont élus et c’est la façon raisonnable de procéder. Notre approche consistera à interdire l’accès de la marijuana aux enfants et à empêcher les criminels de profiter de ce commerce illicite.
Par contre, la décriminalisation offrirait aux organisations criminelles une source de revenu légale. Cette approche ne ferait rien pour protéger nos enfants et atténuer le risque d’accès non restreint et non réglementé à la marijuana. La décriminalisation immédiate que propose le député de ne tient pas compte du fait que la marijuana n’est pas une substance anodine.
Il est important de bien faire les choses et de ne pas se lancer sans réfléchir dans des changements au détriment de la santé et de la sécurité du public. L’usage de la marijuana est associé à divers effets graves. Il est scientifiquement prouvé que son usage est lié à des risques pour la santé physique et mentale. Cela est particulièrement vrai lorsque son usage survient au début de l’adolescence et se poursuit régulièrement.
L'usage de la marijuana nuit au fonctionnement mental dans les domaines de l'attention, la mémoire, le temps de réaction et la prise de décision. Chez les personnes vulnérables, il peut accélérer l'apparition de la psychose ou de la schizophrénie. Un usage régulier de la marijuana, en particulier un usage qui commence tôt dans la vie, peut mener à un risque accru d'accoutumance.
Je pense que nous pouvons tous convenir qu'il s'agit d'une question de politique très complexe, qui comporte notamment des enjeux de santé et de sécurité publiques. Un régime soigneusement planifié, strictement réglementé et mis en œuvre avec soin est essentiel pour atténuer les risques de préjudice aux Canadiens. C'est ce que nous apprennent l'expérience et les leçons tirées dans d'autres pays où l'usage de la marijuana a été légalisé.
Notre gouvernement attache beaucoup d'importance à ce que les politiques soient fondées sur des données probantes. Un message clé que les Canadiens et les experts nous ont communiqué clairement est qu'il importe de prendre le temps de bien faire les choses.
Relativement à ce message général, je renverrais à un rapport de 2015 du Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, qui examinait la réglementation de la marijuana au Colorado et dans l'État de Washington. Ce rapport évoque plusieurs considérations importantes que les responsables de l'élaboration des politiques devraient prendre en compte, à la lumière des observations faites dans ces deux États.
Une leçon importante à laquelle j'ai déjà fait allusion concerne la nécessité de prendre le temps d'élaborer et de mettre en œuvre un système de réglementation complet et efficace. Une autre leçon importante est qu'il faut empêcher l'usage par nos jeunes, en restreignant l'accès et en favorisant un climat propice à la sensibilisation du public aux risques liés à l'usage de la marijuana et aux torts que celui-ci peut causer.
Notre gouvernement a déclaré à de nombreuses reprises notre détermination à nous assurer que la démarche du Canada est rigoureuse. Cela comprendra notamment l'exercice d'un contrôle strict des ventes et de la distribution, dans le cadre duquel les taxes appropriées seront prélevées et l'accès sera restreint.
Une autre leçon importante tirée de l'expérience d'autres pays concerne les effets et les risques liés à différents produits de la marijuana. Des données probantes et des experts nous disent qu'il importe d'envisager sérieusement un contrôle des formats des produits et du dosage, ou des niveaux de concentration. Par exemple, un article publié dans le Globe and Mail vendredi dernier, le 10 juin, rapporte que certains détaillants au Colorado ont affirmé que jusqu'à 60 % de leurs revenus proviennent de produits infusés à la marijuana. Les produits comestibles et les extraits, qui présentent des risques particuliers pour la santé et la sécurité, pourraient constituer jusqu'à 30 % du marché légal américain.
Un accès non réglementé à ces types de produits, qui pourrait exister si le gouvernement devait procéder à une décriminalisation immédiate, accroîtrait les risques de préjudice aux Canadiens et à nos enfants. Comme nos voisins du Sud l'ont observé, le cannabis ingéré sous forme comestible peut prendre des heures à faire effet. Le Colorado a connu une augmentation du nombre de surdoses accidentelles ou involontaires non létales comme conséquence de l'absence de restrictions concernant les formats des produits.
En réponse à ce problème de santé publique, le gouvernement de l'État a décidé de modifier son cadre réglementaire afin de contrôler plus strictement les concentrations et les dosages de manière à atténuer les effets négatifs de ces produits du cannabis sur la santé.
L'adage « c'est la dose qui fait le poison » constitue vraiment le fondement sur lequel nous élaborons des normes en matière de santé publique pour tout un éventail de produits, et il n'y a pas de raison qu'il en aille différemment pour le cannabis. Il est important que nous envisagions d'établir des normes en matière de dose ou de concentration non seulement pour les produits comestibles, mais aussi pour les plants comme tels. De nombreuses études partout dans le monde ont montré que la force de la marijuana avait connu une augmentation constante et considérable au cours des dernières décennies.
Il est essentiel que nous, responsables de l'élaboration des politiques, agissions de manière responsable et que nous adoptions une approche globale, ce qui ne sera pas le cas selon nous si nous nous contentons de décriminaliser l'usage de la marijuana. Nous devrions apprendre de l'expérience d'autres administrations. Nous devrions consulter divers intervenants et experts et élaborer et mettre en œuvre un cadre réglementaire strict assurant un accès restreint.
Une telle démarche atténuera les risques pour la santé et la sécurité, y compris les risques de surdose accidentelle et de visites plus fréquentes aux urgences. Nous ne devrions pas procéder à une décriminalisation à la hâte et favoriser l'enrichissement de criminels, et nous ne le ferons pas, et nous ne devrions pas procéder aveuglément à la légalisation de la marijuana, et nous ne le ferons pas.
Le gouvernement a élaboré un plan d'action réfléchi et robuste. Notre plan est exhaustif et collaboratif.
En accord avec la priorité que le gouvernement a accordée à cette question, le a désigné la légalisation et l'encadrement législatif de la marijuana comme une réalisation clé dans les lettres de mandat de la , du et de la .
Pour guider la conception d'un nouveau système, le gouvernement s'est également engagé à créer un groupe de travail fédéral-provincial-territorial. Ce groupe de travail consultera les Canadiens et des experts de la santé publique, de la toxicomanie, de l'exécution de la loi, de la justice pénale et de l'industrie ainsi que des groupes qui possèdent une expertise dans les domaines de la production, de la vente et de la distribution, afin d'examiner toutes les questions liées à la légalisation et à la réglementation, puis de présenter un rapport aux ministres à ces sujets. Le rapport du groupe de travail aidera à orienter la démarche du gouvernement. Nous demeurons déterminés à travailler avec les provinces et les territoires tout au long de ce processus, en vue de présenter un projet de loi au Parlement au printemps 2017, comme la l'a récemment annoncé.
Je tiens à assurer à la Chambre que le gouvernement respectera son engagement. Nous croyons que la légalisation de la marijuana, avec un accès restreint et des contrôles réglementaires robustes, constitue le meilleur moyen de garder la marijuana hors de portée des enfants et les profits illicites hors de portée des criminels.
Notre démarche permet la prise de mesures réfléchies à l'égard d'une question importante qui requiert une pondération d'importantes considérations liées à la sécurité publique, à la justice et à la santé. J'ai hâte de continuer à travailler avec mes collègues des deux côtés de la Chambre sur cette importante question.
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Monsieur le Président, je crois que la question principale est de savoir pourquoi c'est important de décriminaliser maintenant la possession de marijuana. La première réponse, c'est bien sûr pour éviter les conséquences judiciaires, notamment le fait d'avoir un dossier criminel, à plus de 50 000 personnes par année qui sont encore accusées de possession simple de cannabis, même si le gouvernement a signifié clairement son intention de la légaliser.
C'est un non-sens absolu. Le lui-même a avoué avoir consommé de la drogue. On peut supposer qu'à un moment ou un autre de la soirée, il s'est retrouvé en possession simple de cannabis. Il a lui-même avoué avoir consommé cela pendant qu'il était député. Toutefois, on continue à dire à plus de 50 000 Canadiens par année qu'ils vont avoir un dossier criminel, alors que le premier ministre lui-même a admis avoir posé le même geste.
Il est important de prendre en considération le fait que plusieurs personnalités publiques ont reconnu avoir posé le geste, à un moment ou à un autre de leur vie. Elles ont eu la chance de ne pas se faire prendre à ce moment-là, mais d'autres continuent de se faire prendre chaque année et d'en subir les conséquences. Il y a ici un déséquilibre. C'est une question de malchance parfois, à savoir si quelqu'un va subir les conséquences judiciaires ou non, selon ce qui est arrivé.
Il faut aussi être conscient que c'est quand même quelque chose qui est fréquent. Plusieurs personnes s'exposent à des conséquences judiciaires. En Abitibi—Témiscamingue, selon les statistiques de 2008, il y aurait une personne sur huit, donc 12 %, de la population âgée de 15 ans et plus qui aurait consommé du cannabis au cours de cette année-là. Parmi ces consommateurs, un sur trois en avait pris moins d'une fois par mois, et un sur quatre, c'est-à-dire à peine 3 %, en aurait consommé une à trois fois par mois dans la région. Une majorité des consommateurs, donc environ six sur dix, en aurait consommé plus d'une fois par semaine, durant cette période de 12 mois.
Concrètement, si on met cela en image, cela veut dire que, tous les jours quand je me promène dans ma circonscription, à cause du nombre de personnes que je rencontre, c'est sûr que je croise, sans le savoir, quelqu'un qui s'est retrouvé en possession illégale d'une substance à cause de l'inaction du gouvernement à changer la loi. C'est un nombre important de personnes. Il est donc important que nous cessions de faire en sorte que ces personnes-là s'exposent aux conséquences judiciaires d'avoir un dossier criminel.
Je pense aussi que c'est important d'arrêter d'embourber le système de justice avec des cas qui relèvent, selon moi, beaucoup plus d'un problème de santé que d'un problème de criminalité. Lorsqu'on consomme à des fins personnelles, la consommation relève beaucoup plus d'une question de santé que d'une question en lien avec la criminalité.
On a entendu régulièrement le gouvernement affirmer que le fait de décriminaliser la possession ferait en sorte de maintenir l'argent dans les mains des criminels. On a entendu plusieurs fois cet argument-là. Je trouve que c'est un argument qui a plus ou moins de sens si on considère que, comme dans toute entreprise, légale ou pas, il y a la question de l'offre et de la demande du marché et il y a la question du prix. La raison pour laquelle les groupes criminels font la culture et la vente de la marijuana, c'est qu'il y a de l'argent à gagner. Malheureusement, c'est la principale motivation. À partir du moment où cela devient moins intéressant, ils vont quitter le marché. La raison pour laquelle c'est intéressant, c'est que, comme ils assument des risques, ils se permettent de vendre la substance à des prix qui ne reflètent pas du tout le coût de production.
Si on décriminalise la marijuana, on peut supposer que les personnes qui consomment le produit à des fins personnelles pourront faire pousser les quelques plans dont ils ont besoin pour satisfaire leur consommation.
Dans un article de presse de 2014 sur la marijuana médicale, on a fait une entrevue avec la conjointe d'un homme qui consomme à des fins médicales. Elle fait pousser de la marijuana, même si elle sait que c'est illégal, car il souffre. Elle estime que cela lui coûte environ 5 ¢ par gramme. Sur le marché noir, le prix est d'environ 10 $ par gramme, selon les informations de la Sûreté du Québec.
De toute évidence, si on décriminalise la marijuana et que les prix continuent à être aussi élevés, la plupart des gens choisiront de faire pousser eux-mêmes ce qu'ils consomment. Ultimement, le marché noir ne sera plus intéressant, parce que les gens vont majoritairement choisir de faire pousser ce qu'ils consomment, en fonction du prix.
De plus, si on choisit de faire pousser soi-même la substance, on est capable de mieux contrôler ce qu'on met dans l'engrais, par exemple. Peut-être y aura-t-il une diminution des concentrations de THC, parce qu'on ne vise pas à faire un produit le plus fort possible. On vise simplement à faire un produit qui répond à nos besoins. Puisqu'on le consomme nous-mêmes, il pourrait, par exemple, y avoir moins d'engrais chimiques qui peuvent malheureusement se retrouver dans les plants vendus sur le marché noir.
Le fait de dire qu'en décriminalisant on continue d'envoyer de l'argent au monde criminel est un non-sens. En fait, je crois qu'une grande majorité des gens qui consomment régulièrement vont choisir d'en faire pousser eux-mêmes, puisqu'ils n'auront plus la conséquence d'un dossier criminel potentiel. Bien sûr, ils devront en limiter l'accès à leurs enfants et autres. Ils ne feront plus affaire avec le crime organisé. S'il y a une diminution importante de la demande, parce que les gens choisissent de faire pousser le produit eux-mêmes, le marché noir ne sera plus intéressant. Tranquillement, les criminels vont délaisser la contrebande de cannabis, ou du moins sa vente.
Quand on parle de faire pousser une plante soi-même, il faut comprendre que ce n'est pas comme distiller de l'alcool. Dans le cas de l'alcool, on trouve important qu'il y ait un grand contrôle, parce que les risques de l'alcool frelaté pour la santé sont très élevés. Dans le cas d'une plante que l'on fait pousser soi-même, les conséquences risquent d'être une diminution de la concentration du THC. La plante sera donc moins dommageable pour la santé que ce qui est présentement vendu sur le marché noir. Je pense que c'est tout à fait fallacieux de dire que le fait de décriminaliser la marijuana fera en sorte de continuer d'envoyer de l'argent aux criminels. La décriminalisation permettrait aux gens de faire pousser eux-mêmes la substance. S'ils la font pousser pour leur propre consommation, à mon avis, l'argument est tout à fait fallacieux.
Une autre chose est importante. Lorsqu'on décriminalise, on est capable d'intervenir en ce qui a trait à la santé. Actuellement, le problème, c'est que les gens ont peur de parler de leur consommation, parce qu'ils savent que c'est illégal. Des adultes et des gens un peu plus âgés, qui ont dépassé la cinquantaine, consomment le produit pour différentes raisons. À cause des conséquences que cela pourrait avoir sur leur travail ou leur vie personnelle si on savait qu'ils en consomment à l'occasion, les gens n'en parlent pas et ne vont pas chercher d'information sur les effets de la marijuana sur la santé.
La décriminalisation permettrait aux gens d'aller chercher de l'information concernant les effets de ce produit sur la santé sans avoir peur des conséquences potentielles liées à la découverte de leur consommation. Elle permettrait aussi un dialogue beaucoup plus ouvert sur la différence entre une consommation récréative et une consommation problématique.
Il ne faut pas se le cacher, la marijuana a des effets importants sur la santé. Elle peut avoir des conséquences graves, notamment sur la santé psychologique et la motivation des jeunes. Toutefois, si on ne peut pas en parler de manière ouverte, on ne peut pas obtenir cette information et il est difficile d'intervenir. Les gens vont toujours minimiser la divulgation de leur consommation et on n'aura pas un portrait juste de la situation.
Même dans les sondages sur la consommation, il y a des gens qui mentent régulièrement au sujet de leur consommation, parce qu'ils ont peur des conséquences potentielles dans le cas où ces données seraient obtenues par un tiers. Pour cette raison, ils ne vont pas chercher d'aide médicale. Consommer une fois de temps en temps, cela peut être acceptable, mais lorsqu'on consomme tous les jours, ce n'est plus une consommation récréative, cela devient un problème de santé. Cela, il faut pouvoir le dire.
Il m'importe donc de changer dès maintenant la dynamique de l'approche relative à la marijuana, qui a présentement un caractère criminel, afin qu'on parle davantage de santé. On doit pouvoir en parler de manière intelligente. Par exemple, il existe une comparaison à faire avec l'alcool. Si on prend une ou deux consommations quelques fois par semaine, cela ne pose aucun problème, mais si on doit boire tous les jours ou boire des quantités incroyables, cela devient un problème et on doit aller chercher de l'aide.
Il faut donc être capable de parler de consommation responsable et établir ce qui pose un danger pour la santé, et cela doit se faire dans un contexte où le geste n'est pas criminalisé. Sinon, certains gens n'en parleront pas parce qu'ils craindront les conséquences. Plus on vieillit, plus les conséquences sur notre vie, sur notre travail et sur notre famille sont importantes, et plus on risque donc de se cacher et de ne pas aller chercher l'information ou l'aide dont on a besoin, selon notre situation.
Par ailleurs, la décriminalisation nous permet d'aller chercher des réponses que nous ne possédons pas actuellement, notamment en ce qui concerne les conséquences de la consommation de marijuana sur la santé à long terme. Elle nous permet aussi d'établir les limites en ce qui a trait à la conduite automobile. Par exemple, à partir de notre dernière consommation, combien de temps faut-il attendre avant de prendre le volant? À partir de quelle quantité consommée cela devient-il dangereux?
Si les gens ne peuvent même pas parler de leur consommation sans avoir peur des conséquences légales, ils ne peuvent pas aller chercher cette information. Pourtant, cette information est essentielle si nous voulons nous diriger vers la légalisation, entre autres. Il faut définir ces limites à respecter en ce qui a trait à la conduite automobile, entre autres, afin d'informer les gens. Si on n'a pas cette information précise, on tourne en rond.
Un autre argument dit que la décriminalisation ne fera rien pour empêcher l'accès aux jeunes. Ce n'est pas du tout vrai. Présentement, si quelqu'un consomme de la marijuana dans un parc, par exemple, un policier n'a pas d'autre choix que d'entreprendre toute la panoplie de mesures judiciaires: mise en accusation, arrestation, maintien des preuves, etc. Ce sont des procédures judiciaires qui s'étendent sur une longue période. Il n'y a donc pas de conséquence immédiate associée à la consommation dans un endroit inapproprié.
Si la marijuana était décriminalisée, on pourrait adopter des règlements municipaux afin d'en interdire la consommation dans les parcs municipaux, par exemple, et d'imposer des amendes aux contrevenants. Au moyen de rafles policières, on pourrait ainsi changer leur comportement. Comme la conséquence serait immédiate, les gens ne seraient pas tentés de répéter ce geste dans un endroit inapproprié, c'est-à-dire là où il y a des jeunes.
Donc, en décriminalisant la possession de marijuana, on peut laisser de la latitude aux provinces et aux municipalités pour réglementer le cadre dans lequel cette consommation sera acceptable. On peut aussi rendre beaucoup plus efficaces les interventions pour empêcher la consommation.
À l'heure actuelle, on entreprend chaque fois des démarches judiciaires. Si on considère que 12 % de la population consomme ou a consommé de la marijuana durant les dernières années, c'est évident que ce n'est pas réaliste de convoquer tous ces gens en cour. Cela représente entre 3,6 millions et 4 millions de Canadiens par année qui passent par le processus judiciaire. Cela n'a aucun bon sens. On ne peut pas faire cela.
Dans un contexte de décriminalisation, on peut intervenir avec des contraventions lorsque la consommation se fait à des endroits inappropriés. Cela permet aussi aux intervenants, ou à des comités de parents, par exemple, de cibler des endroits où ils trouvent que cette consommation serait inappropriée, comme les cours d'école, les parcs ou différents endroits fréquentés par les jeunes dans les environs. Cela donne une certaine latitude aux municipalités pour que la consommation se fasse à des endroits qui ne sont pas fréquentés par les jeunes. Cela peut donc avoir un impact positif en réduisant l'accès au cannabis, alors que présentement c'est impossible de mettre en place des règlements sur quelque chose qui est supposé être illégal de toute façon.
Le problème est que, en maintenant le statut illégal de la possession simple, on est incapable de mettre certains règlements, certaines politiques en place vu que, de toute façon, le produit est supposé être illégal.
Par exemple, si on surprend quelqu'un en possession d'une substance dans une école, il faut appeler les policiers et enclencher une procédure judiciaire pour les jeunes contrevenants. Or si on trouve un jeune en possession de cannabis dans une école alors que celle-ci est décriminalisée, on peut lui demander, en vertu des règlements de l'école, de détruire la substance et on peut adopter une approche beaucoup plus axée sur l'intervention sociale. On peut essayer de comprendre les raisons pour lesquelles le jeune consomme de la drogue. Il y a aussi une approche de santé. S'il y a des problèmes de santé sous-jacents — par exemple de santé psychologique —, on peut intervenir. Or présentement, en continuant de criminaliser, on se rentre la tête dans le sable et on se prive d'outils qui permettent d'intervenir de manière adéquate.
C'est très important de rappeler qu'il ne faut absolument pas banaliser la consommation de marijuana. Cette substance a des effets nocifs pour la santé, je le reconnais. Utilisée de manière régulière, elle crée des problèmes de motivation chez les jeunes, ainsi que sur le plan de la santé psychologique. Cela a des effets sur la pression artérielle, sur l'électroencéphalogramme. C'est pourquoi, en raison des risques pour la santé et de l'inefficacité des approches de prohibition, il est important de la décriminaliser dès maintenant.
Cela permet ainsi aux gens de parler de manière un peu plus ouverte de leur consommation, d'aller chercher de l'information sur la santé. Le fait de décriminaliser maintenant nous permet d'intervenir et aussi de retirer ce trafic des mains des criminels. En effet, à partir du moment où on décriminalise la possession du cannabis, les gens qui en consomment de manière plus régulière vont trouver que c'est beaucoup plus facile de produire eux-mêmes ce qu'ils consomment. Cela leur permet d'avoir le contrôle sur leur produit et aussi de payer un prix qui, somme toute, est beaucoup moins élevé que ce que les criminels demandent actuellement, étant donné que c'est associé à un risque qui n'existera plus si on décriminalise.
Donc c'est une façon logique de procéder. Le fait que la vente soit toujours illégale permettra un certain contrôle et aidera beaucoup les gens qui, de toute façon, consomment régulièrement. Ils vont en bénéficier parce qu'ils vont pouvoir contrôler davantage la substance qu'ils consomment et aussi aller chercher de l'information en ce qui concerne leur santé de manière beaucoup plus ouverte.
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Monsieur le Président, je vous informe respectueusement que je partagerai mon temps de parole avec le brillant et éloquent député d’.
J’ai le plaisir aujourd’hui de prendre la parole au sujet d’une question soulevée par le député de .
Il est évident que nous n’avons aucune raison d’adopter avec précipitation la décriminalisation de la marijuana, comme le proposent les députés d’en face. Au cours des 10 dernières années, les tribunaux nous ont dit que les personnes dont l’état de santé le justifie ont le droit constitutionnel d’obtenir de la marijuana à des fins médicales. Après plusieurs décisions des tribunaux, nous disposons maintenant d’un dispositif réglementaire robuste, qui permet aux Canadiens qui en ont besoin pour des raisons médicales d’avoir accès à de la marijuana.
Franchement, ceux qui veulent en consommer pour leur simple plaisir peuvent attendre qu’un nouveau système soit en place pour légaliser la consommation de marijuana et en réglementer strictement l'accès.
[Français]
À l'heure actuelle, nous avons un système pleinement fonctionnel qui procure un accès à la marijuana à des fins médicales à un peu plus de 53 000 Canadiens.
[Traduction]
Le système actuel établit des contrôles très stricts sur la production et la vente de marijuana à des fins médicales. Ces contrôles assurent la protection de la santé et de la sécurité publiques, et permettent aux Canadiens d’avoir accès à de la marijuana à des fins médicales, avec l’autorisation de leur médecin.
Pour que les choses soient claires, je tiens à dire que notre gouvernement n’octroie pas de permis à des organisations comme les clubs de compassion ou les dispensaires pour posséder, produire ou distribuer de la marijuana à des fins médicales. Les activités de ces organisations demeurent illégales. En revanche, Santé Canada a mis en place le Règlement sur la marihuana à des fins médicales, qui permet de contrôler la production et la distribution de la marijuana à des fins médicales, tout en réduisant les risques de détournement vers des marchés ou utilisations illicites.
[Français]
Santé Canada accorde des permis à des producteurs pour qu'ils produisent et distribuent de la marijuana séchée ou fraîche ainsi que de l'huile de cannabis à des Canadiens qui ont reçu l'autorisation d'un praticien de la santé. Ces producteurs autorisés et approuvés par Santé Canada doivent répondre à des normes très élevées, afin de produire et de distribuer de la marijuana à des fins médicales.
[Traduction]
Ce règlement a pour objectif principal la création d’une industrie professionnelle, sûre et respectueuse de la déontologie, capable d’assurer un accès raisonnable à de la marijuana à des fins médicales. Les producteurs autorisés doivent se soumettre à des normes de contrôle de la qualité, conserver des dossiers sur toutes les activités et les stocks de marijuana, et mettre en place des mesures de sécurité pour prévenir les risques de détournement. Outre ces exigences rigoureuses, le dispositif en place prévoit que certains employés, ainsi que les administrateurs et les dirigeants dans le cas d’une entreprise, doivent détenir une cote de sécurité accordée en vertu du règlement.
Le règlement prévoit des mesures de contrôle rigoureuses visant à réduire le risque associé à l’intégrité de la production et de la distribution de marijuana, grâce à la mise en place d’un système d’octroi de permis et de surveillance de la conformité. Les producteurs autorisés doivent respecter de bonnes pratiques de fabrication et soumettre leurs produits à des tests pour détecter des contaminants microbiens ou chimiques. Ils doivent également se conformer aux exigences relatives au contrôle de la qualité.
[Français]
Cela signifie que la marijuana vendue doit subir des contrôles de qualité stricts sous une surveillance rigoureuse, en vue de protéger la santé et la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Pour sa part, Santé Canada joue un rôle de conformité et d'application afin de s'assurer que les producteurs autorisés produisent de la marijuana qui répond aux normes élevées établies dans le règlement. À cette fin, le ministère mène des inspections fréquentes dans les installations de tous les producteurs autorisés.
[Français]
Jusqu'à ce jour, le ministère a délivré 31 permis à des producteurs situés partout au Canada, qui mènent leurs activités en conformité avec les mesures de contrôle de qualité et les normes appropriées de santé, d'innocuité et de sécurité dont j'ai déjà parlé aujourd'hui.
[Traduction]
Nous savons que ces producteurs vendent une vaste variété de marijuana de qualité contrôlée, et qu'ils le font d'une façon qui réduit les risques pour la santé et la sécurité publiques. En outre, les prix demandés par les producteurs autorisés pour la marijuana varient. Certains producteurs offrent des bas prix pour des motifs de compassion.
Pour obtenir de la marijuana à des fins médicales, les Canadiens doivent obtenir l'autorisation d'un professionnel de la santé, soit d'un médecin dans l'ensemble des provinces et des territoires ou d'un infirmier praticien dans les provinces et territoires où cela est permis.
Les professionnels de la santé remplissent un document médical qui comprend la quantité quotidienne de marijuana requise. Grâce à ce document, les gens peuvent s'inscrire auprès de l'un des producteurs autorisés désignés sur le site Web de Santé Canada. Jusqu'à présent, près de 53 000 Canadiens se sont inscrits pour acheter de la marijuana à des fins médicales. Les Canadiens peuvent obtenir auprès de producteurs autorisés de la marijuana séchée ou fraîche, ainsi que de l'huile de cannabis.
[Français]
De plus, les personnes qui ont le droit de posséder de la marijuana à des fins médicales et qui l'ont achetée auprès des producteurs autorisés peuvent produire et posséder des dérivés de marijuana comme des pommades pour leur propre usage.
[Traduction]
Conformément aux exigences réglementaires, les producteurs autorisés doivent assurer la distribution sécuritaire de la marijuana. Cela signifie que les producteurs autorisés peuvent seulement fournir de la marijuana à des clients inscrits et que cette marijuana doit être acheminée directement et en toute sécurité au client, ou encore à la personne ou au professionnel de la santé qui s'occupe de lui.
Je tiens à ajouter aussi que les producteurs autorisés ne peuvent pas exploiter un magasin.
Ils doivent expédier la marijuana dans des contenants à l'épreuve des enfants afin d'aider le client à déterminer si le contenant a été ouvert avant qu'il l'ait reçu et d'empêcher des enfants de l'ouvrir.
[Français]
Les producteurs autorisés doivent apposer une étiquette sur le contenant qui indique le nom du client, celui du producteur autorisé, les coordonnées du fournisseur et les renseignements propres à la marijuana expédiée.
[Traduction]
Finalement, les producteurs autorisés doivent inclure des renseignements similaires dans un document distinct pour chaque envoi de marijuana. Ces documents seront utiles si un client doit fournir une preuve d'autorisation de possession à des membres des forces de l'ordre.
[Français]
Toutes ces exigences établissent un modèle qui permet au Canada d'accéder à de la marijuana prescrite par un praticien de la santé.
[Traduction]
Le système fonctionne. J'ai mentionné qu'il y a 53 000 clients inscrits qui accèdent légalement à de la marijuana à des fins médicales auprès de 31 producteurs autorisés. Ces producteurs autorisés ont la capacité d'absorber de nouveaux clients. Cela signifie que les Canadiens qui ont besoin de marijuana à des fins médicales n'ont pas besoin d'aller à un dispensaire. Ils peuvent déjà l'obtenir d'une source légale s'ils en ont besoin à des fins médicales.
[Français]
Le gouvernement travaille avec assiduité pour apporter des modifications aux règlements en cours en s'appuyant sur les directives de la Cour fédérale.
[Traduction]
Je ne vais pas m'avancer sur les détails des règlements proposés, mais je peux dire qu'ils seront conçus pour régler les problèmes relevés par la cour et faire en sorte que les personnes autorisées aient un accès raisonnable à de la marijuana à des fins médicales.
[Français]
Entretemps, je veux rappeler à la Chambre que les producteurs autorisés continueront de mener leur activité comme ils l'ont fait et que les Canadiens ayant besoin de marijuana à des fins médicales peuvent continuer d'y avoir accès en passant par les producteurs autorisés.
[Traduction]
Il n'est tout simplement pas nécessaire de décriminaliser la marijuana. Un système robuste est en place pour ceux qui en ont besoin à des fins médicales. Quant à ceux qui souhaitent y accéder à des fins récréatives, nous les encourageons fortement à respecter les lois en vigueur le temps que nous mettions en place un système responsable réglementé pour la marijuana à des fins non médicales. Ce système gardera la marijuana hors de portée des jeunes et empêchera les criminels de profiter du commerce illégal de la marijuana. Par conséquent, je ne peux appuyer la motion d'aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour parler de la motion présentée par le député de . Je tiens à dire que je le tiens en haute estime, même s'il n'est pas ici. Toutefois, je dois malheureusement me prononcer contre sa motion.
Je tiens également à remercier le député de de son élégante présentation. Je vais tenter d'être à la hauteur de ses attentes.
Je vais d'abord rappeler à la Chambre que le gouvernement s'est engagé à légaliser et à réglementer rigoureusement la marijuana, de même qu'à limiter l'accès à celle-ci.
[Français]
Le gouvernement du Canada a pour but de tenir la marijuana loin des enfants et d'empêcher les criminels de profiter de son commerce illégal.
[Traduction]
Nous procédons en toute connaissance de cause. Nous préconisons une approche responsable. Nous ne voulons ni agir avec précipitation, ni apporter des changements superflus susceptibles de compliquer indûment la transition vers un régime bien conçu et réglementé limitant l'accès à la marijuana. Comme l'a dit la dans son discours devant les Nations Unies, notre politique à l'égard des drogues, dont relève la légalisation de la marijuana, doit reposer sur des bases scientifiques solides.
J'aimerais consacrer mon temps de parole aujourd'hui aux données scientifiques dont nous disposons sur la marijuana et ses effets sur la santé. La marijuana a beau avoir des vertus thérapeutiques, elle peut également nuire à la santé. La recherche se poursuit sur les risques et les avantages, mais nous disposons déjà d'un grand ensemble de données probantes concernant ses méfaits, surtout chez les jeunes. Il semble que la consommation de marijuana peut entraîner de graves problèmes de santé, particulièrement chez les jeunes.
[Français]
Les risques pour la santé associés à la consommation régulière de marijuana pendant l'adolescence et au début de l'âge adulte, lorsque le cerveau est encore en développement, incluent des effets dommageables à long terme.
[Traduction]
La consommation régulière de marijuana peut, avec le temps, accroître le risque de dépendance et donc éventuellement altérer les facultés mentales pendant plus longtemps, entre autres en causant des déficiences de l'attention et de la mémoire, des problèmes d'apprentissage et même une chute du quotient intellectuel. C'est d'autant plus vrai lorsque la consommation commence au début de l'adolescence.
[Français]
Il existe des preuves qu'une consommation régulière de marijuana dès le début de l'adolescence peut avoir des répercussions négatives sur la réussite scolaire et accroître le risque de décrochage scolaire.
[Traduction]
Un lien a déjà été établi entre la consommation précoce et régulière de marijuana et les risques de psychose et de schizophrénie, surtout chez les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie mentale. Ces effets peuvent entraîner de graves problèmes pour la personne concernée et sa famille. Tout cela est particulièrement inquiétant lorsqu'on constate la grande proportion de jeunes au Canada qui en consomment.
[Français]
Les jeunes font leur premier essai de marijuana à 14 ans en moyenne.
[Traduction]
Près d'un étudiant sur cinq, de la septième à la douzième année, a déclaré avoir consommé de la marijuana en 2012 et 2013. Par surcroît, la plus récente enquête de Santé Canada sur le tabac, l'alcool et les drogues révèle que 11 % des Canadiens de 15 ans et plus ont affirmé avoir utilisé de la marijuana au moins une fois en 2013. Un examen plus attentif des résultats de cette enquête indique également que 25 % des jeunes de 15 à 24 ans en ont consommé au cours de l'année précédente.
[Français]
Les jeunes Canadiens affichent des taux élevés inquiétants de consommation de marijuana, comparativement à ceux d'autres pays.
[Traduction]
Selon une étude menée par l'UNICEF en 2013, les jeunes canadiens de 11 à 15 ans sont les plus grands utilisateurs de marijuana en comparaison avec les jeunes du même âge d'autres pays développés, et 28 % des jeunes Canadiens de 15 ans ont déclaré avoir fait usage de marijuana au moins une fois au cours de l'année précédente.
[Français]
Malgré les risques accrus pour les adolescents qui consomment de la marijuana, le Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l'Ontario, réalisé en 2015, indiquait que, chez les adolescents, le risque perçu des dommages associés à la consommation de marijuana est en baisse.
[Traduction]
Lorsqu'il a pris la parole dans le cadre d'une récente conférence, le a fait état des risques que présente la marijuana pour le développement du cerveau et il a déclaré « Nous devons veiller à ce qu'il soit plus difficile pour les Canadiens mineurs d'obtenir de la marijuana. Un régime axé sur le contrôle et la réglementation permettra d'atteindre ce but. »
[Français]
L'une des raisons fondamentales qui nous ont poussés à faire un pas vers la légalisation est que cela nous permettra de la réglementer de façon adéquate et d'en restreindre l'accès.
[Traduction]
Les Canadiens s'attendent à ce que nous respections notre engagement de façon responsable. Nous devons prendre le temps nécessaire pour adopter la bonne approche.
Nous craignons que les demi-mesures, notamment la décriminalisation que propose le député de , envoient le mauvais message aux jeunes Canadiens et ne servent pas l'intérêt de la population. Tout compte fait, la décriminalisation rendrait un mauvais service aux Canadiens pour de nombreuses raisons. Premièrement, elle ne propose rien pour régler le problème de l'approvisionnement, ce qui laisse de sérieux doutes quant à la qualité de la substance que nous souhaitons réglementer. Deuxièmement, elle ne contribue pas à réduire les ressources policières et judiciaires nécessaires pour poursuivre certains contrevenants dans le cadre d'un nouveau régime de décriminalisation. Troisièmement, ce qui est peut-être l'élément le plus important, elle n'empêcherait pas le crime organisé de s'enrichir.
Comme les députés peuvent le constater, il s'agit d'une question complexe, et c'est pourquoi nous devons tenir compte de nombreux points de vue afin de créer un cadre réglementaire sûr et rigoureux en matière de production et de distribution de marijuana en toute légalité. C'est aussi pourquoi le gouvernement mettra bientôt sur pied un groupe de travail qui lui fournira des conseils d'experts sur la forme que devrait prendre le processus de légalisation. Le groupe de travail comprendra des représentants de nombreux secteurs différents, dont la santé, la justice, l'application de la loi et la sécurité publique. Nous souhaitons prendre le temps d'écouter des experts de divers secteurs qui s'intéressent à cet enjeu important. Nous devons tirer des leçons de l'expérience vécue par d'autres pays ayant légalisé la marijuana et nous devons tenir compte des répercussions de la légalisation pour les provinces et les territoires.
Les données scientifiques sur les risques et les avantages liés à la marijuana ne cessent d'évoluer. Des études cliniques laissent entendre que certaines souches peuvent avoir des vertus thérapeutiques dans le cas de certains problèmes de santé, comme divers types de douleurs chroniques aiguës. De nouvelles données probantes révèlent que certaines souches peuvent être utiles dans le traitement d'enfants et d'adultes épileptiques. Ce qui est évident, c'est que, à mesure que s'accumuleront les preuves scientifiques, il faudra instaurer un système de réglementation rigoureuse de la vente de marijuana et de l'accès à cette substance afin que les Canadiens obtiennent les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et responsables en ce qui concerne leur santé.
Nous croyons que la légalisation et la réglementation de la marijuana ainsi que l'accès restreint à cette substance constituent la meilleure approche pour empêcher les enfants de mettre la main sur de la marijuana et d'écoper d'un casier judiciaire qui pourrait leur nuire toute la vie. À cette fin, nous allons présenter un projet de loi au printemps de 2017 afin d'empêcher les enfants d'avoir accès à la marijuana et d'empêcher les criminels de réaliser des profits illicites en vendant cette substance. Nous sommes convaincus que c'est la meilleure façon de protéger les enfants et les adolescents tout en améliorant la sécurité publique.
Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est offerte d'informer la Chambre de cet engagement important du gouvernement.
Voilà les raisons pour lesquelles je suis contre la motion proposée par le député de et j'encourage les députés à s'y opposer également.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Malgré la promesse claire faite par le , durant la campagne électorale, d'agir rapidement pour corriger les lois canadiennes sur la marijuana et mettre fin aux arrestations insensées pour possession simple, le gouvernement n'a rien fait au cours des six ou sept derniers mois. Les libéraux ont annoncé un échéancier, à New York, mais il ne fera rien avant au moins un an.
De nombreux électeurs dans Nanaimo—Ladysmith me disent qu'ils sont déroutés par les messages du gouvernement sur la marijuana. Voici donc une liste, en neuf parties, des personnes qui sont touchées par l'incertitude qui entoure la réglementation de la marijuana.
Tout d'abord, il y a les juges. Le juge Selkirk, de la Cour de justice de l'Ontario, a dit, en décembre:
Je me rappelle distinctement avoir entendu le premier ministre dire à la Chambre des communes que la marijuana serait légalisée. Je ne serai certainement pas le dernier juge du pays à reconnaître quelqu'un coupable de possession simple de marijuana.
Il a ajouté:
On ne peut pas poursuivre les gens pour un délit qui, aux dires du premier ministre, sera légalisé. C'est impossible. Nous sommes dans une situation ridicule. Ridicule.
Ma deuxième catégorie est celle des contribuables, car le gouvernement dépense de 3 à 4 millions de dollars par an dans la poursuite de cas de possession simple. Les néo-démocrates croient qu'il est irresponsable de permettre ce gaspillage de ressources policières et judiciaires consacré à la création de nouveaux casiers judiciaires pour quelque chose que le gouvernement envisage de légaliser prochainement. La police a mieux à faire.
La troisième catégorie est celle des producteurs commerciaux légaux. Il y a 60 entreprises commerciales autorisées au Canada. L'une d'elles, Tilray, se trouve dans ma circonscription. Ces entreprises ont fait tout ce que le gouvernement leur a demandé de faire. Elles ont dû franchir des obstacles incroyables. Elles se sont conformées à des critères de sécurité, d’investissement et d’inspection. C’est une industrie très strictement réglementée. Elles ont investi de bonne foi, mais elles ne sont pas sûres des futures conditions pour d'autres investissements. Elles sont dans un environnement commercial incertain.
La quatrième catégorie est celle des titulaires d'une licence de production à des fins personnelles. Encore une fois, les conservateurs ont apporté beaucoup de changements et il y a eu un grand nombre de poursuites ces 10 dernières années. Ces gens sont dans l’incertitude. Ils cultivent légalement de la marijuana à des fins médicales, mais ils ne savent pas quel sera leur avenir. C’est un problème.
Il y a un autre groupe important touché dans ma collectivité: ceux qui ont des dispensaires illégaux dans leur région. Ils ne sont pas autorisés en vertu de la loi actuelle de sorte que la cinquième catégorie est celle des gouvernements locaux qui ne savent pas trop quoi faire face au vide juridictionnel laissé par le manque de leadership du gouvernement fédéral sur la question des dispensaires illégaux.
La sixième catégorie est celle des clients qui dépendent de cet approvisionnement des dispensaires. On a pu leur prescrire de la marijuana à des fins médicales, et ils croient que ces dispensaires sont une source légitime sur laquelle ils peuvent compter. Ils sont déconcertés par les raids ponctuels de la police et l'interruption de ce qui pourrait être une source de médicament prescrite. Cela suscite de l'anxiété.
La septième catégorie est celle des entreprises voisines touchées par ces dispensaires illégaux. Elles sont inquiètes des changements dans leur quartier, des gens qui fument dehors et d'une clientèle différente. Les représentants de la Chambre de commerce de la grande région de Nanaimo se plaignent auprès de moi à ce sujet et à propos de l'absence de leadership fédéral. Il y a beaucoup de travail à faire dans ce dossier.
La huitième catégorie, selon moi, est celle des régions qui ne profitent pas des avantages des producteurs légaux de marijuana à des fins médicales. Tilray, dans ma circonscription, est une réussite. La société a recruté 140 employés en 13 mois. Son chiffre d’affaires devrait passer de 13 à 88 millions de dollars dans notre région si le gouvernement peut aller de l'avant et définir ce à quoi va ressembler ce secteur. Nous attendons un leadership.
Enfin, la neuvième catégorie, qui fait l'objet du débat d'aujourd'hui, est celle des milliers de personnes, jeunes adultes pour la plupart, qui auront un casier judiciaire pour le reste de leur vie parce que le n'a pas respecté sa promesse de légaliser la marijuana dès qu'il a pris ses fonctions. Avoir un casier judiciaire pour possession de marijuana a d’importantes conséquences. Cela peut les empêcher de voyager et de trouver un travail. C’est encore une fois le centre du débat d'aujourd'hui. Il est injuste d'imposer un casier judiciaire quand on nous dit que ce sera une drogue légale dans moins de deux ans. C’est injuste et tout le monde en fait les frais.
Depuis 18 mois que nous sommes sous un gouvernement libéral, il y a eu de nombreuses arrestations et des procès inutiles qui accaparent nos policiers et nos tribunaux. Le ministère de la Justice a confirmé qu’il en coûtera aux contribuables jusqu'à 4 millions de dollars par année.
En 2014, près de 60 000 accusations ont été portées pour possession de marijuana, et Statistique Canada affirme que cela représente 3 % de toutes les arrestations au Canada. En 2013, la possession de cannabis représentait 54 % de tous les crimes de drogue déclarés par la police. Si la police arrêtait de poursuivre ces jeunes adultes, alors on pourrait concentrer les ressources sur les trafiquants et le crime organisé.
Dans ma ville, Nanaimo, il y a une crise liée au fentanyl qui mobilise les pompiers, la police, les intervenants de la santé et les hôpitaux. Le produit cause des décès. C’est un problème grave, qui ne reçoit pas l'attention qu’il mérite. Il y a eu 17 décès liés au fentanyl en 2014 dans le district sanitaire de l'île, 22 en 2015, et neuf dans les trois premiers mois de cette année. Le médecin hygiéniste pour ma région, sur l'île de Vancouver, le Dr Paul Hasselback, dit que le taux de surdose de fentanyl à Nanaimo est plus élevé que la moyenne provinciale. C’est là-dessus que nous devrions vraiment nous concentrer, pas sur les poursuites criminelles pour simple possession de marijuana.
Cela s’ajoute à une longue liste d'échecs libéraux. En 1969, une commission royale avait déclaré que le coût pour les jeunes ne se justifiait pas et qu’il fallait se débarrasser de l'interdiction pour usage personnel. Les libéraux ont fait fi de la recommandation. Les néo-démocrates ont présenté un projet de loi, que la Chambre a rejeté.
En 2002, un rapport du Sénat disait que le véritable tort causé par la marijuana à la société se mesurait aux effets secondaires des sanctions pénales. Encore une fois, rien n’a été fait. En 2009, les libéraux ont voté pour appuyer le projet de loi , une initiative des conservateurs visant à imposer des peines minimales obligatoires pour les infractions liées au cannabis.
Les gouvernements libéraux et conservateurs se succèdent et ne réussissent pas à empêcher la consommation de marijuana parmi les jeunes, et le fait de leur donner un casier judiciaire n'a pas aidé.
Les néo-démocrates veulent que le gouvernement fasse la différence sur le terrain maintenant, qu’il fasse la différence dans la vie des gens. Comme l'a dit à juste titre la ministre libérale de la Santé, on ne sortira pas de cette situation à coup d’arrestations. Par conséquent, le gouvernement devrait appuyer la motion du NPD. Il doit immédiatement décriminaliser la simple possession en attendant qu'il rédige des lois pour légaliser la marijuana.
Oui, il peut apprendre des États de Washington et du Colorado. Oui, il peut s’attaquer aux drogues comestibles, à l'étiquetage et au contrôle du dosage. Il peut faire tout cela, mais tout en faisant ce travail de longue haleine, il doit, sans attendre, changer les choses dans la vie des Canadiens. Les néo-démocrates jugent irresponsable de gaspiller les précieuses ressources de la police et des tribunaux pour créer de nouveaux casiers judiciaires pour quelque chose que le gouvernement envisage de légaliser très prochainement.
Les néo-démocrates continueront de pousser le gouvernement à prendre des mesures sensées, comme la décriminalisation de la simple possession de marijuana, en attendant la mise au point d’un plan complet et d’un calendrier pour sa légalisation.
:
Monsieur le Président, depuis le début de notre débat sur le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui, j'ai l'impression à certains moments que la discussion va dans toutes les directions, ce qui est probablement normal avec un sujet aussi sensible.
Malgré le fait que nous parlions de marijuana, communément appelée une drogue douce, certains craignent des dérives. Qu'on me permette de revenir sur le centre de la motion pour bien placer ce dont il est question, particulièrement l'élément a), qui est au coeur de la proposition néo-démocrate:
Que la Chambre: a) reconnaisse la contradiction de continuer à donner un casier judiciaire aux Canadiens pour la simple possession de marijuana après que le gouvernement a affirmé que la simple possession de marijuana ne devrait pas être un crime.
Ce dont nous parlons est en effet la simple possession de marijuana. Voilà la situation dans laquelle on se trouve placés depuis la dernière campagne électorale. Pendant cette campagne, j'ai souvent dit à quelques citoyens qui me demandaient mon opinion sur les rêves, les promesses et les engagements du Parti libéral, de faire attention, car il y a un adage bien connu et reconnu qui dit qu'en période de campagne électorale, les libéraux ont tendance à faire une campagne à gauche, mais quand ils arrivent au pouvoir, ils gouvernent plutôt à droite. Cela fait que présentement, on se retrouve exactement dans cette situation où les rêves des Canadiens sont brisés et les exemples sont multiples.
Par exemple, on pourrait parler de tous ceux qui ont vibré à l'idée d'avoir une baisse d'impôt, donc un surplus de revenu qui les aiderait à joindre les deux bouts. Il faut bien constater qu'une fois que les libéraux ont été au pouvoir, très peu nombreux sont ceux qui ont réellement eu une diminution d'impôt, et ceux qui ont eu les plus grandes diminutions d'impôt étaient déjà les mieux nantis.
Les aînés de ma circonscription étaient particulièrement touchés par l'approche d'investir dans les soins à domicile. Il n' y a rien eu dans le budget à cet égard. En environnement, on disait qu'on voyait enfin la lumière au bout du tunnel. Le gouvernement libéral s'est retrouvé à Paris avec les mêmes engagements que le gouvernement précédent. Alors, on voit bien que de toutes parts, tous côtés, tous sujets confondus, il y a un écart, que dis-je, une fosse abyssale, entre la vision que le gouvernement nous présentait en campagne électorale et ce qu'il nous sert présentement.
Dans le cas de la marijuana, je dirais que l'écart est encore plus grand si cela se peut. On a dit à tout le monde qu'on allait légaliser rapidement la marijuana. Or il n'en est rien. Ce qui reste dans la perception, et particulièrement dans celle des adolescents auxquels je suis très sensible, c'est un sentiment d'invincibilité. En effet, la majorité de ma vie a été en corrélation avec l'adolescence, ma propre adolescence d'abord, et ensuite, 25 ans d'enseignement auprès de cette clientèle. Si on se rappelle notre adolescence, qui est un peu moins lointaine que la mienne pour la plupart des gens de la Chambre, on a souvent ce sentiment d'invincibilité. Ce qu'on fait à l'adolescence est sans risque, on pense qu'on va toujours s'en sortir. Si on tente l'expérience de fumer un joint, évidemment, on ne va pas se faire arrêter parce que cela n'arrive qu'aux autres.
Or la réalité est tout autre, et pour des milliers de Québécois et de Canadiens, le risque de faire l'expérience de fumer un joint de pot ou un dérivé sous forme de muffin, imaginons ce qu'on veut, est un risque d'avoir un casier judiciaire. C'est un casier judiciaire pour une promesse libérale où on nous a dit que cela ne devrait pas arriver dans notre société qu'un citoyen se retrouve avec un casier judiciaire pour possession simple de marijuana. Voilà toute la dichotomie ou tout l'imbroglio autour de cette question que nous tentons de résoudre par une approche très simple qui dit d'y aller et de décriminaliser. Voilà une mesure sur laquelle la majorité est d'accord, et quand on parle de majorité dans ce cas-ci, ce n'est pas 50 % plus 1, c'est 68 % des Canadiens qui pensent que ce serait une bonne façon de faire que de décriminaliser la possession simple de marijuana. Rappelons-le: on parle toujours de possession simple.
J'avoue que malgré que les dossiers soient diamétralement opposés, j'ai quelque difficulté avec l'incohérence de l'approche libérale.
Par exemple, ces dernières semaines, nous avons parlé abondamment du projet de loi sur l'aide médicale à mourir. On nous a dit que, malgré la clarté d'un jugement unanime des juges de la Cour suprême, la société n'était pas prête à cela et que cela nécessitait une approche par petits pas. Cela a amené les libéraux à proposer ce critère de mort naturelle raisonnablement prévisible, qui a fait l'objet de contestations non seulement à la Chambre, mais au Sénat également.
Les petits pas sont donc nécessaires dans le cas de l'aide médicale à mourir, mais quand il s'agit d'étudier la question de la simple possession de marijuana, il semble qu'ils ne soient plus bons. Là, c'est la totale; il faudrait se rendre à la légalisation dès demain matin, ce qui est totalement impossible. Il faut donc reléguer cela aux oubliettes. Tout ce qu'on nous a promis, c'est le dépôt éventuel d'un projet de loi en 2017. Certains députés du caucus libéral disent qu'il pourrait arriver plus tard, et on dit rarement qu'il pourrait arriver avant. On n'entend rien sur la consistance.
Cela prendrait donc un projet de loi qui règle toute la question des drogues, alors que la première étape consiste à mettre en place une mesure simple et compréhensible pour l'ensemble des citoyens. Elle doit également faire disparaître la possibilité de briser la vie d'un adolescent influencé par un groupe d'amis ou ayant seulement le goût de vivre cette expérience en lui donnant un casier judiciaire qui rendrait toute recherche d'emploi ou voyage nettement plus difficile. On sait qu'à l'adolescence, il y a une tentation de vivre des expériences nouvelles. Voilà donc une incohérence.
J'aimerais revenir sur mon passage entre l'enfance et l'adolescence. À cette époque, la question pouvait sembler plus simple, puisque devenir un homme ou combattre l'interdit, c'était tenter de fumer. On pouvait se procurer des cigarettes à la cenne, lorsque la pièce de un cent existait encore.
Il est donc évident que cela a changé, car en éduquant la population, de génération en génération, nous sommes arrivés à démontrer très clairement les côtés nocifs de la cigarette et on a vu le taux de consommation de cigarettes diminuer considérablement. Toutefois, la bataille n'est jamais terminée. Il y a encore des jeunes qui sont attirés par la cigarette et à qui il faut faire la démonstration de ses méfaits sur la santé.
Par exemple, on investit présentement 4 millions de dollars dans le système judiciaire pour faire entendre des causes qui vont donner lieu ou non à des casiers judiciaires d'adolescents. Si on utilisait plutôt cette somme pour éduquer les jeunes sur cette question, on ferait un pas gigantesque en avant. Contrairement à ce que ma défunte mère croyait, il n'y a pas de relation directe entre le premier essai d'un joint de marijuana et la dépendance totale aux drogues dures. Entre les deux, il y a tout un spectre que nous pouvons facilement stopper par une éducation à la santé.
Puisque le temps passe vite, je vais conclure en faisant un portrait de la situation au moyen de quelques statistiques. Ces 4 millions de dollars que nous investissons dans le système judiciaire chaque année servent à traiter des infractions dont 80 % sont liées à la simple possession de cannabis. Si on veut me parler du crime organisé et de toute la machine, soit. Cependant, 80 % des infractions sont reliées à la simple possession de marijuana. Cela représente 66 000 arrestations par année et 22 000 personnes qui risquent de se retrouver avec un casier judiciaire.
Comme je le disais plus tôt, 68 % de la population nous demande de faire ce premier pas, de procéder à une décriminalisation et de travailler en éducation afin que l'expérimentation demeure une expérimentation.
Ce qui est encore plus clair, c'est que l'ensemble des partis convergent tranquillement vers cette même approche qui est celle du NPD, proposée déjà depuis quelques années.
Je vois que le temps file. Je m'arrête ici et j'aurai la chance de poursuivre par l'entremise des questions.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon honorable collègue de .
[Traduction]
Le député est certainement celui qui est le mieux habillé de la Chambre.
Comme c’est la première fois que j’interviens aujourd’hui, je tiens à offrir mes condoléances aux victimes de l’horrible meurtre, de l’acte terroriste, du crime haineux qui a été commis à Orlando, ainsi qu'à leur famille et à leurs amis. Nous avons tous été très touchés et très perturbés par ce qui est arrivé. Beaucoup d’entre nous ont de la difficulté à se concentrer sur cette motion. Alors que nous pensons aux crimes que ne cesse de perpétrer le groupe État islamique, on parle de marijuana.
Je vais être franc. Je ne faisais pas partie des élèves populaires à l’école secondaire. Je n’ai jamais touché à la marijuana et je vous avouerai que je ne le regrette pas. Ce n’était pas mon genre de fumer, de boire ou de consommer de la drogue, mais je comprends par ailleurs que je n’ai pas le droit d’imposer mon point de vue et mes valeurs à tous les Canadiens. J’accepte que mon parti ait proposé de légaliser la consommation de la marijuana et je respecte cette décision. Cependant, dans ce contexte, nous avons aussi dit qu’il y aurait un règlement et des restrictions.
Autant j’apprécie la motion présentée par mon ami et collègue de , autant je respecte son intelligence et j’aime beaucoup travailler avec lui, autant je ne peux pas accepter l’idée de procéder à une décriminalisation pure et simple sans examiner deux autres facteurs très importants: la réglementation et les restrictions.
La motion ne fait aucune distinction entre des personnes de 14 ou de 40 ans. Elle ne précise pas que la décriminalisation vise seulement les adultes, mais qu’elle vise tout le monde. Une des choses qui importe beaucoup pour moi, c'est d’empêcher les enfants d’avoir accès à la marijuana. Cette substance n’est pas sans effets secondaires.
Comme nous le savons tous, elle peut affaiblir les facultés pendant quelque temps, mais elle est également associée à des problèmes de respiration et de santé mentale, et elle est particulièrement dangereuse pour les jeunes dont le cerveau est encore en développement. Ce n’est pas une substance à laquelle les enfants devraient avoir largement accès. Toutefois, si nous la décriminalisons sans déterminer comment éviter qu’elle ne se retrouve entre les mains des enfants, nous allons nous heurter à des problèmes que la motion ne prévoit pas.
Je comprends que, dans le cas d’un adulte capable qui entend le gouvernement dire qu’il va légaliser cette substance, nous devrions être sensibles au fait qu’il s’expose à des poursuites et à un casier judiciaire. Cependant, selon moi, la loi, c'est la loi, un point c'est tout. Que nous soyons d’accord avec la loi ou non, que nous croyions qu’une loi va être abrogée ou non, cela ne signifie pas que nous ne sommes pas tenus de la respecter sous sa forme actuelle. Par conséquent, ma compassion pour les personnes dont nous parlons aujourd’hui est quelque peu mitigée parce qu'elles devraient respecter la loi, comme nous tous. C’est ce que nous sommes censés faire jusqu’à ce que la loi change.
Le NPD a évoqué le projet de loi , et j’aimerais également en parler parce qu’une des choses que l’on reproche au gouvernement, c'est le processus expéditif qui a mené à la présentation du projet de loi C-14. Toutefois, dans le cas de ce projet de loi, nous avions une très bonne raison d'agir ainsi, car il fallait respecter l’échéance du 6 juin imposée par la Cour suprême. Or, dans le cas de la marijuana, il n’y a pas de date butoir.
Les principales études et les commentaires qui nous parviennent de certains États des États-Unis qui ont légalisé la marijuana, notamment le Colorado, indiquent que nous devrions prendre le temps d’adopter les bonnes mesures pour aller de pair avec la loi. Nous ne devrions pas traiter cette question de façon expéditive.
Nous devons non seulement avoir des règlements en place, mais également une infrastructure. Des gens doivent être prêts à distribuer la marijuana de façon légale. Les forces policières et les instances judiciaires doivent être préparées à appliquer la loi. Nous devons disposer de ressources éducatives avant de nous rendre dans les écoles pour expliquer aux jeunes pourquoi ils ne devraient pas consommer de marijuana et essayer de les dissuader de le faire.
Une des choses qui me préoccupe également, en ce qui concerne l’adoption de la motion, c'est la question de la réglementation du produit comme tel.
Nous avons écouté de nombreux Canadiens, dont le député d’, en 2012, qui nous a dit que, dans notre pays, on trouve un type de marijuana très dure et nocive pour la santé. Si nous voulons légaliser la marijuana, ou même la décriminaliser, il faut que nous fixions des normes sur la manière de la cultiver et sur les moyens d’éviter toute contamination afin que les gens puissent, dans la mesure du possible, la consommer sans s’exposer à un danger.
Il faut que nous discutions des règles d’emballage, de distribution et de ce que nous devrons faire pour que le crime organisé ne mette pas la main dessus. Si nous adoptons cette motion telle quelle, il y a lieu de se demander chez qui les gens s’approvisionneront. Les producteurs de marijuana médicale n’ont pas le droit de la vendre sans ordonnance. Rien dans cette motion ne décrit le fonctionnement des circuits de distribution. Je crains donc que les gens qui distribuent déjà la marijuana de manière illicite partout au Canada – pour tout dire, le crime organisé – se sentent encore plus libres d’aller dans les écoles et d’expliquer aux jeunes qu’ils ne seront pas considérés comme des criminels s’ils possèdent une petite quantité de marijuana et de les encourager à acheter celle qu’ils leur vendront. Une fois qu’ils feront cela, quelles autres drogues ces membres du crime organisé vendront-ils? Comment empêcherons-nous les personnes qui commencent par la marijuana de passer aux drogues plus dures que ces mêmes distributeurs leur vendront, si nous décidons d’appeler les membres de la mafia des distributeurs?
Cela me préoccupe réellement parce que, à l’heure actuelle, sur 29 pays, le Canada est celui qui compte le plus haut pourcentage de mineurs consommant de la marijuana. Par conséquent, un volet important du processus de légalisation consistera à trouver le moyen d’empêcher nos jeunes de mettre la main sur cette substance.
J’ai entendu certaines personnes affirmer — et je respecte cette opinion —, que la poursuite des délinquants pour possession de petites quantités de marijuana empêche les policiers de s’occuper de délits plus graves. Je suis tout à fait d’accord avec cela. Cependant, à mon avis, la décriminalisation n’aurait pas le même effet, parce que ces délinquants recevraient des amendes, qu’ils seraient poursuivis, et que les policiers se présenteraient devant les tribunaux. La décriminalisation n’est pas une solution. Il faut légaliser la marijuana, mais en l’encadrant par le truchement de mécanismes d’application des lois rigoureux et au moyen d’une surveillance et d’une supervision étroite.
Je suis très heureux qu’au sein du gouvernement, nous puissions compter sur un expert en consommation de marijuana. L’honorable orientera nos efforts grâce à l’immense expérience qu’il a acquise lorsqu'il était chef de police de Toronto.
Des voix: Oh, oh!
M. Anthony Housefather: Monsieur le Président, je tiens à préciser une chose. Quand je parle de son expérience, je ne parle pas du fait qu’il aurait consommé, mais plutôt du fait qu’il est un expert canadien dans ce domaine et qu’il nous aidera tout au long du processus de légalisation en nous conseillant également sur les restrictions et sur la réglementation. Il travaillera avec une équipe d’experts dans différents domaines.
En conclusion, je comprends et respecte l’opinion de mon collègue, le député de . J’espère que, très bientôt, les adultes qui sont trouvés en possession d’une petite quantité de marijuana ne seront pas en situation d’illégalité et qu’ils ne seront pas poursuivis. Mais je ne crois pas que nous devrions nous précipiter sur cette voie tant que nous n’aurons pas fixé des règles et tant que nous ne saurons pas comment éviter que les jeunes se procurent ce produit et tant que nous ne saurons pas comment le réglementer.
:
Monsieur le Président, étant le seul député à avoir eu l'honneur de voter pour le député de aux dernières élections, je tiens à le remercier de m'avoir accordé le plaisir de partager mon temps de parole avec lui.
Je souhaite répondre à la motion du député de , qui réclame la décriminalisation immédiate de la possession simple de marijuana pour une utilisation personnelle.
[Français]
Comme je l'expliquerai, notre gouvernement ne peut soutenir pareil cheminement, car cela ferait en sorte d'augmenter le flot de revenu des organisations criminelles.
[Traduction]
D'ici à ce que nous puissions légaliser, réglementer et restreindre l'usage de la marijuana, conformément à notre engagement électoral, les policiers doivent continuer d'appliquer les dispositions législatives qui visent la marijuana.
La Loi réglementant certaines drogues et autres substances interdit la possession, la production et le trafic de marijuana au Canada. La simple possession d'une quantité allant jusqu'à 30 grammes est une infraction passible d'une amende maximale de 1 000 $ et d'une peine maximale de six mois de prison.
Plus de la moitié des infractions liées à la drogue qui ont été signalées par la police ont trait à la possession de marijuana. En 2014, il y a eu 60 000 infractions, et un peu plus de 22 000 accusations. Actuellement, la plus grande partie de la marijuana, voire la totalité, est fournie par le crime organisé.
La Chambre sait que le gouvernement s'est fait élire avec un programme qui proposait de légaliser la marijuana et de la réglementer de façon stricte. La et ses collègues de la Santé et de la Sécurité publique s'emploient à élaborer une stratégie méthodique et responsable afin de remplir cet engagement.
[Français]
Nous allons légaliser la marijuana, la réglementer et en restreindre l'accès. Nous allons empêcher les enfants d'y accéder. De plus, nous allons priver le crime organisé des profits qu'il tire de ce lucratif commerce.
Par la même occasion, nous allons punir plus sévèrement ceux qui la fournissent aux mineurs, ceux qui opèrent un véhicule alors qu'ils sont sous son influence ou encore ceux qui la vendront en dehors du cadre réglementaire.
Nous espérons réaliser cela d'ici la fin de l'année prochaine, après avoir tenu des consultations attentives auprès des provinces et territoires, des représentants des forces de l'ordre et d'autres groupes concernés.
[Traduction]
Voilà pourquoi nous mettrons sur pied un groupe de travail sur la légalisation et la réglementation de la marijuana, qui sera chargé de mener de vastes consultations auprès des Canadiens et de divers intervenants, comme les gouvernements provinciaux et territoriaux, des spécialistes de la santé publique, de la toxicomanie, de l'application de la loi, de la justice pénale et de l'économie, ainsi que des groupes autochtones et des groupes de jeunes.
Le député de voudrait que nous décriminalisions la marijuana sans d'abord mettre en place un bon cadre juridique. Il ne faut pas oublier qu'il y a des conséquences indésirables au fait de décriminaliser cette drogue. La plus dangereuse est sans doute le fait que les organisations criminelles pourraient tirer profit du trafic de substances illégales.
Si nous adoptions la motion du député, la marijuana continuerait d'être illégale pendant des mois, tant qu'un projet de loi sur sa légalisation ne recevrait pas la sanction royale, mais les gens pourraient s'en procurer illégalement sans craindre les sanctions pénales. Les criminels pourraient alors intensifier leurs activités. La motion aurait donc pour conséquence indésirable d'aider les organisations criminelles qui importent, cultivent et vendent actuellement de la marijuana au Canada. Ne nous leurrons pas. Elles n'ont aucun scrupule à en vendre aux jeunes.
Les organisations criminelles qui exercent leurs activités au Canada font le trafic de substances illégales et ont mis sur pied des réseaux qui cultivent, importent et vendent de la marijuana et qui blanchissent les profits réalisés. Environ 80 % des organisations criminelles dont les activités sont attestées au Canada font le trafic de stupéfiants, surtout par l'entremise de petits trafiquants de rue.
La vente de marijuana représente actuellement un gros marché. Les profits réalisés accroissent la puissance des organisations criminelles. Les membres de ces organisations peuvent ensuite s'en servir pour se livrer à d'autres activités, comme l'immigration illégale, la traite des personnes, le blanchiment d'argent, les crimes économiques, la contrebande transfrontalière de produits contrefaits et même les crimes environnementaux, comme les déversements de déchets toxiques.
[Français]
Je sais que le député de n'a pas l'intention de promouvoir pareilles activités criminelles; néanmoins, telles pourraient être les conséquences de sa motion.
En légalisant et en réglementant la marijuana, le gouvernement cherche aussi à restreindre la participation du crime organisé à la vente et à la distribution de la marijuana.
[Traduction]
Si nous procédons à la décriminalisation avant d’avoir bien étudié tous les éléments de la légalisation, nous donnons au crime organisé une occasion de renforcer sa présence sur le marché illégal de la marijuana. Il sera encore plus difficile de le déloger du commerce de la marijuana une fois que nous aurons légalisé cette substance.
De plus, nous devrons prendre en considération de nombreux autres aspects de la légalisation de la marijuana, et c’est ce que fera le groupe de travail. Il examinera des questions telles que les conséquences sur les casiers judiciaires pour possession simple, par exemple. Je sais que les conséquences sur la vie des simples citoyens expliquent en grande partie la motion à l’étude.
[Français]
Or il nous faut considérer l'impact du nouveau régime sur le crime organisé. Décriminaliser la marijuana sans simultanément mettre en place un cadre légal et réglementaire équivaut à une reddition totale et complète devant le crime organisé, lequel doit être combattu, puni et privé de ses sources de revenu. Dans aucune circonstance et pour aucune raison, il ne faut donner carte blanche au crime organisé.
Bref, il serait irresponsable de décriminaliser la marijuana avant sa légalisation. Jusque-là, les présentes lois doivent être respectées et appliquées.
J'incite donc et j'encourage tous les députés à voter contre cette motion.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'excellent député de , qui fera la deuxième partie de mon discours.
[Traduction]
Ce qui se passe ici est très clair. J’ai vu, comme tout le monde pendant la dernière campagne, les libéraux parcourir le pays en promettant de légaliser la marijuana. Ils s’y sont engagés et beaucoup de Canadiens ont déclaré de bonne foi qu’ils étaient favorables à cette idée et qu’ils voteraient donc pour le Parti libéral. Je vais revenir dans un instant sur la décriminalisation.
Aujourd’hui, nous voyons les députés libéraux se lever l’un après l’autre pour lire des notes en faveur de l’interdiction. Leurs notes sont exactement les mêmes que celles de leurs prédécesseurs du gouvernement conservateur, sauf qu’à la fin de leurs notes, les libéraux disent qu’un jour peut-être, ils finiront par légaliser la possession simple de marijuana. Ils changeront toutes les bonnes choses qu’ils viennent de dire sur l’interdiction.
Essayons de suivre la logique. Comme nous l’avons vu ces huit derniers mois, les libéraux ont rompu plus d’une centaine de leurs promesses jusqu’ici. Ils sont engagés solennellement devant tous les Canadiens à légaliser la marijuana. Ils ont dit que ce serait fait en quelques mois. Vers le 20 avril, on nous a dit que les libéraux allaient faire une annonce importante. Et l’annonce importante était qu’ils n’annonceraient rien avant un ou deux ans.
Si nous comprenons les propos que le député de a tenus précédemment — pas aujourd’hui, mais il y a quelque temps — ce ne se fera pas dans le premier mandat du gouvernement libéral, et même pas avant les prochaines élections. Nous avons maintenant un double discours de la part des libéraux qui donnent leur parole sur quelque chose pendant la campagne électorale et la trahissent à la Chambre des communes aujourd’hui. Si demain les libéraux votent contre cette motion visant à décriminaliser la marijuana, ils trahiront les engagements qu’ils ont pris pendant la campagne électorale.
Aux Canadiens qui suivent ce débat, je suggère d’interroger cet été leurs députés libéraux qui ont fait campagne sur une chose et font tout autre chose aujourd’hui. Ils tiennent un discours favorable à l’interdiction, alors qu’ils devraient se préoccuper des milliers de Canadiens, très majoritairement des jeunes dans la vingtaine, qui vont avoir un casier judiciaire pour le reste de leurs jours à cause des mesures prises par les libéraux cette semaine.
Je reviendrai dans un instant aux gouvernements qui ont décriminalisé la possession de marijuana. Au lieu d'entendre les libéraux dire que le Parlement s'achemine vers la décriminalisation, qu'il aurait fallu mettre en place un programme d'éducation et qu'ils le feront enfin avec l'argent qu'ils économiseront en mettant fin aux inculpations pour possession simple de marijuana, c'est un discours sur l'interdiction qu'on entend. Au lieu de dire qu'il existe un cadre qu'ils pourraient enrichir et de regarder ce qui se fait dans les pays qui ont instauré la décriminalisation avec succès, les libéraux s'appuient aujourd'hui sur des notes d'allocution pour prôner l'interdiction et indiquer qu'ils ne feront rien pour répondre aux préoccupations des dizaines de milliers de Canadiens qui auront un casier judiciaire au cours de la prochaine année à cause des décisions du gouvernement libéral. Un grand nombre de ces Canadiens auront, de bonne foi, voté pour les libéraux en pensant que ceux-ci respecteraient leur promesse de légaliser la marijuana. Nous voilà avec un gouvernement libéral qui avait dit qu'il agirait différemment des conservateurs quand ils étaient au pouvoir, mais qui fait exactement la même chose qu'eux.
Qu'est-ce que cela a signifié en 2014? Comme les députés le savent, plus de 57 000 Canadiens ont été arrêtés pour possession simple de marijuana. Des millions de dollars ont été dépensés pour appliquer des lois relatives à la marijuana que les libéraux n'avaient pas l'intention d'appliquer, selon ce qu'ils disaient pendant la campagne électorale. En fait, je dois rappeler l'engagement pris par le et les candidats libéraux de partout au pays de légaliser la marijuana en retirant du Code criminel la consommation et la possession de marijuana.
La motion que présente le NPD aujourd’hui reflète bien ce que notre parti a toujours défendu historiquement. Depuis près de 50 ans, nous disons qu’il n’y a aucune raison de mener cette lutte contre la drogue, de procéder à des arrestations, de mettre les gens en prison pour possession simple de marijuana à des fins personnelles. Nous le disons depuis près de 50 ans. Les libéraux l’ont dit lors des dernières élections, et aujourd’hui et demain quand le vote aura lieu, il est évident qu’ils vont trahir les Canadiens qui ont voté pour eux sur la base de cette promesse, en tenant pour acquis qu’ils allaient la respecter.
La position des Canadiens est on ne peut plus claire. Les Canadiens sont de l’avis du caucus du NPD sur cette question. Ils se rangent aussi du côté d’autres partis comme le Parti vert, qui s’est également prononcé contre ce concept ridicule selon lequel nous devrions continuer à créer des casiers judiciaires que les gens devront conserver le restant de leurs jours, ce qui leur posera problème quand ils voudront voyager ou obtenir un emploi.
Ce que nous devons faire en fin de compte c’est d’adopter une politique de décriminalisation simple et intelligente, de sorte que si les libéraux ont éventuellement l’intention de tenir leur promesse pendant leur second mandat, nous ne verrons pas des dizaines de milliers d’autres Canadiens dans la vingtaine se retrouver avec un casier judiciaire qui va ruiner leur vie.
Il y a deux ans, nous avons demandé aux Canadiens s’ils étaient d’accord que la possession de petites quantités de marijuana pour utilisation personnelle ne devrait pas constituer un crime: 68 % des Canadiens d’un bout à l’autre du pays ont dit qu’ils étaient d’accord avec cet énoncé et avec la décriminalisation telle que proposée aujourd'hui par le NPD. Seulement 20 % abondent dans le sens des libéraux et des conservateurs, à savoir qu’il faut continuer de poursuivre, arrêter et incarcérer les personnes qui sont en possession de petites quantités de marijuana pour utilisation personnelle. La plupart des Canadiens sont contre la tactique de l’interdiction et la guerre contre la drogue entamées par les conservateurs et maintenues par les libéraux.
Dans ma province, la Colombie-Britannique, 73 % des Canadiens sont d’accord avec la motion de décriminalisation du NPD. En Alberta, ce chiffre est de 64 %; en Ontario, de 70 %; au Québec, de 64 %; c’est dans le Canada atlantique qu’il est le plus élevé, soit de 75 %. Les députés libéraux du Canada atlantique qui tiennent un discours d’interdiction aujourd’hui sont déconnectés des trois quarts des résidants de leur région.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, même la majorité des partisans des conservateurs croient en la décriminalisation. Chez les partisans des libéraux, ce pourcentage est de 74 %; les trois quarts des partisans du Parti libéral croient en la motion de décriminalisation que présente le NPD aujourd’hui.
C’est très simple. Si les libéraux croient vraiment dans la sensibilisation du public sur ce sujet, plutôt que de dépenser annuellement des millions de dollars dans la poursuite et l'arrestation d’individus pour possession simple de marijuana, ils devraient investir cet argent dans des programmes éducatifs. S'ils croyaient vraiment dans la mise en place d’un cadre juridique, ils se seraient tournés vers des pays comme le Portugal, qui ont réussi la décriminalisation du cannabis. À propos de ce cas précis, un article récent paru dans le Journal of the American Bar Foundation Law and Social Inquiry rapporte ce qui suit: « […] sur tous les plans, le cadre mis en place pour la décriminalisation au Portugal est un succès retentissant ».
Si l’on s’attarde à cet exemple ou si l’on pense aux Pays-Bas ou à tous les autres pays ayant réussi la décriminalisation, il s’agit d’autant d’exemples sur lesquels le gouvernement pourrait se baser. Comme l’a mentionné le député de plus tôt aujourd’hui, nous sommes sceptiques quant à la façon dont le gouvernement souhaite réaliser la décriminalisation; pourtant, nous croyons fermement que de jeunes Canadiens dans la vingtaine, ou même des adultes de tous âges, ayant été trouvés coupables de possession de marijuana pour usage personnel ne devraient pas être arrêtés et devoir assumer la responsabilité d’un casier judiciaire pour le reste de leur vie.
Il s’agit d’une proposition très simple. Nous avons pu voir, lors du congrès du parti conservateur, que même certains délégués ont voté en faveur de la décriminalisation. Nous avons pu constater, selon les engagements pris par le Parti libéral lors des dernières élections, qu’il est temps de mettre un frein aux arrestations et à la détention de personnes pour possession simple de marijuana à usage personnel.
Notre parti défend ces idées depuis 50 ans. Nous présentons cette motion parce que nous croyons que tous les Canadiens, comme je l'ai prouvé plus tôt, croient qu'il est grand temps que cessent les arrestations faites pour ce motif. Si les députés libéraux et conservateurs demeurent fidèles aux principes de leurs partis et fidèles aux affirmations faites durant la campagne électorale, ils voteront alors en faveur de notre motion demain, quand elle sera mise aux voix à la Chambre des communes.
:
Monsieur le Président, je suis honoré d'intervenir aujourd'hui au sujet de la motion qu'a présentée le NPD et dont voici le libellé:
Que la Chambre: a) reconnaisse la contradiction de continuer à donner un casier judiciaire aux Canadiens pour la simple possession de marijuana après que le gouvernement a affirmé que la simple possession de marijuana ne devrait pas être un crime; b) reconnaisse que cette situation est inacceptable pour les Canadiens, les municipalités et les autorités policières; c) reconnaisse qu’un nombre croissant de voix, incluant celle d’un ancien premier ministre libéral, demandent la décriminalisation pour combler cette lacune; d) réclame du gouvernement qu’il décriminalise immédiatement la possession simple de marijuana pour une utilisation personnelle.
Cette question fait l'objet de discussions depuis longtemps. Elle remonte à 1969, à l'époque de la Commission Le Dain. En 1971, le NPD a présenté un projet de loi pour décriminaliser la possession de marijuana après que les libéraux eurent fait abstraction des recommandations contenues dans le rapport de la Commission Le Dain. En 1993, le député néo-démocrate Jim Fulton a présenté un projet de loi pour légaliser la marijuana au Canada, mais le gouvernement libéral de l'époque a rejeté cette mesure aussi. Les libéraux ont eu de nombreuses occasions de s'attaquer à ce problème.
En 2009, le NPD a voté contre le projet de loi qu'avaient présenté les conservateurs et qui proposait entre autres l'imposition de peines minimales obligatoires pour les infractions liées à la marijuana. Je signale que le Parti libéral avait alors appuyé ce projet de loi omnibus des conservateurs. Le NPD a eu recours à toutes les tactiques possibles pour bloquer ou retarder l'adoption de cette mesure, mais les libéraux ne l'ont jamais aidé.
Sur la côte Ouest, dans Courtenay—Alberni, c'est la confusion qui règne. Le a été élu notamment parce qu'il a promis de légaliser la marijuana. « Nous légaliserons, réglementerons et limiterons l’accès à la marijuana », trouve-t-on dans la plateforme du Parti libéral du Canada, qui ne fournit toutefois aucune précision quant à la vitesse à laquelle ce changement législatif doit se produire.
Depuis les dernières élections, sept dispensaires de marijuana pour usage médical ont ouvert leurs portes à Port Alberni. Il n'y en avait aucun auparavant. Le détachement de la GRC de Port Alberni a décidé de ne pas intervenir ou de ne pas poursuivre les personnes qui vendent de la marijuana dans leur dispensaire. Toutefois, à Oceanside, qui se trouve à 35 minutes de route, en automobile, la GRC a décidé d'appliquer la loi. Il en est de même à Courtenay, qui se trouve à une heure seulement au nord de Port Alberni. Ce sont tous des détachements de la GRC. Chacun a son commandant. C'est la confusion totale et c'est en train de devenir un problème énorme pour les pouvoirs publics locaux, qui doivent essayer de comprendre les nouvelles règles du jeu et le rôle qu'ils doivent jouer relativement à la loi.
À Port Alberni, le maire et le conseil municipal sont aux prises avec le problème. Voici un extrait d'un article du journal Alberni Valley News:
Alors que le gouvernement fédéral s'affaire à donner suite à sa promesse électorale, les municipalités sont aux prises avec des dispensaires qui surgissent dans leurs rues. Comme il s'agit d'une question de compétence fédérale, les municipalités ne peuvent à peu près rien faire.
À l'heure actuelle, vendre de la marijuana — que ce soit pour usage médical ou récréatif — est illégal en vertu de la loi canadienne, a affirmé l'inspecteur Mac Richards de la GRC à Port Alberni.
Malgré cela, la Ville de Port Alberni a adopté un règlement autorisant les dispensaires de marijuana à des fins médicales lors de sa réunion du 25 janvier. La décision n'a pas été prise à l'unanimité. Tout au long des trois mois pendant lesquels le conseil municipal a débattu de la question, il a été divisé...
[Le maire Ruttan a déclaré que] c'était « injuste » de la part du gouvernement fédéral de s'être déchargé de sa responsabilité sur les municipalités, mais qu'il s'engageait à respecter la décision du conseil.
« Cela n'a pas d'importance. C'est la décision que le conseil a prise, et je crois que sa position est assez claire. C'est la meilleure tentative du conseil de maîtriser ce qui est impossible à maîtriser. »
D'autres membres du conseil partagent cet avis. La conseillère Sharie Minions a déclaré que:
Ce n'est pas la municipalité qui devrait se charger de ce dossier, mais nous sommes aux prises avec un problème dans la collectivité. Si nous attendons, la situation ne fera probablement que s'aggraver jusqu'à ce que le gouvernement fédéral se décide à agir dans ce dossier.
Voilà ce qui se passe dans ma collectivité. L'administration locale a hérité d'un problème causé par le gouvernement fédéral. Les résidants de notre collectivité ne comprennent pas si la marijuana est légale ou pas. La loi est appliquée dans les deux tiers de la circonscription de Courtenay—Alberni et elle ne l'est pas dans l'autre tiers de la circonscription.
J'ai reçu un courriel de John, qui vit à Courtenay. Voici ce qu'il dit: « Il y a eu de nombreuses descentes et arrestations dernièrement dans des dispensaires de marijuana. Comme le gouvernement libéral légalisera la marijuana sous peu, je me demande pourquoi cela se produit. Si vous en savez davantage à ce sujet, je vous saurais gré de m'en informer. Ce serait formidable si vous pouviez le rappeler au gouvernement. »
Je fais cela pour John; je tiens à le rappeler au gouvernement.
J’ai un autre courriel, qui me vient de Cory Pahl, un physiothérapeute agréé qui habite à Qualicum Beach. Il nous dit que, n’étant pas lui-même un consommateur récréatif, il fait partie de la génération du millénaire, et donc qu’il a un point de vue contemporain de l’application de la marijuana dans sa profession, dans le domaine médical et dans la culture actuelle. Il ajoute que ses suggestions découlent de sa préoccupation pour sa génération, car il a vu les torts que pouvait causer la criminalisation de certaines activités récréatives. Il est très préoccupé par le maintien de l’équité dans tout cela.
Nous nous souvenons certainement tous que le gouvernement a été élu sur la promesse de réformer les lois canadiennes sur la marijuana. À l’heure actuelle, il règne une grande confusion. On a laissé aux administrations, aux services de police et aux détachements de la GRC locaux le soin d’essayer d’y comprendre quelque chose. Nous avons entendu les préoccupations de propriétaires d’entreprise qui fournissent de la marijuana à des patients qui en ont besoin. Nous ne savons pas d’où viennent les produits qu’un grand nombre de dispensaires distribuent; cela cause de la confusion.
Nous devons veiller à utiliser les ressources de notre système de justice pénale pour des initiatives importantes. Nous devons utiliser nos ressources pour protéger les personnes vulnérables et pour fournir aux gens les ressources qui les aideront à éviter d’emprunter des voies qui leur causeront du tort.
À mon avis, nous gaspillons notre temps en traînant en justice des gens qui risquent, par là même, de ne pas trouver d’emploi ou de ne pas avoir le droit de voyager dans l’avenir, alors que nous savons que le gouvernement s’est engagé à légaliser la marijuana dans un an. Pourquoi ne pas prendre cette décision tout de suite? Pourquoi le gouvernement et la n’enverraient-ils pas aux tribunaux une directive leur ordonnant de cesser de poursuivre les jeunes adultes et les gens qui, peut-être, feraient de meilleurs choix si nous appliquions une approche de réduction des méfaits? Nous savons que le gouvernement a été élu parce que les Canadiens désiraient du changement. Nous tenons à agir correctement. Nous savons que certains pays, comme le Portugal, appliquent déjà une approche de réduction des méfaits.
Le NPD a préparé un plan très réfléchi, très respectueux, qui décrit comment aller de l'avant avec la réforme de la législation canadienne sur la marijuana. Ce qui m'inquiète le plus en ce moment, c'est que le gouvernement a fait une promesse, mais qu'il n'a pas de plan. On dirait que ce qu'il nous a présenté a été griffonné à la hâte sur une serviette en papier de restaurant. Il n'y a pas eu d'action. La situation, déjà très incertaine, est en train de devenir un vrai imbroglio. Vraiment, il nous faut une décision.
En parlant des gens de la Colombie-Britannique, je signale l'enquête menée par iPolitics. Elle a révélé que 73 % des habitants de la province pensent que la possession de petites quantités de marijuana pour usage personnel ne devrait pas être considérée un crime, tandis que 16 % étaient de l'avis contraire.
Il ne faut pas s'étonner alors que les gens, après ce qu'ils ont vu, considérant notre histoire et l'échec de l'approche adoptée par les gouvernements précédents dans ce dossier, constatant le beau dégât qui se prépare aujourd'hui, n'aient pas à chercher bien loin. Ils n'ont qu'à déambuler le long de la rue principale de Port Alberni ou de tant d'autres de nos collectivités pour constater qu'il y a un manque de leadership flagrant dans ce domaine. Ce qui nous est proposé est en train de créer une zone grise et n'accomplit pas ce que le gouvernement projetait de faire, c'est-à-dire protéger les jeunes et les personnes vulnérables.
J'exhorte le gouvernement à soutenir notre motion, à soutenir la décriminalisation de la marijuana et à soutenir une utilisation de nos ressources à des fins utiles, c'est-à-dire en adoptant une approche plus positive, plus progressiste, qui donne suite à sa promesse.
:
Monsieur le Président, je remercie le Nouveau Parti démocratique qui a déposé cette motion aujourd'hui.
De toute évidence, la motion mérite d'être débattue clairement parce que l'enjeu est important. La population canadienne se pose des questions, d'autant plus que le Parti libéral veut légaliser la marijuana. La question de la décriminalisation de la marijuana est extrêmement importante, entre autres, parce qu'elle va permettre de clarifier certaines choses pour une partie de la population qui ne fait pas nécessairement la distinction entre les deux. Toutefois, la distinction est très importante dans le cas qui nous occupe. Je veux donc souligner l'apport du NPD dans ce dossier.
Le problème pour moi n'est pas là. Le problème est plutôt lié à la position du Parti libéral qui, de son côté, banalise la question de l'utilisation des drogues, particulièrement par les gens plus vulnérables et les jeunes, en voulant les légaliser. Ce problème est vrai parce qu'on entend souvent le Parti libéral nous dire qu'il consulte les gens et qu'il respecte les compétences des autres juridictions. C'est bien beau de dire, pour faire plaisir à une tranche de la population, qu'on veut légaliser les drogues, mais encore faudrait-il qu'on consulte les provinces, les municipalités et les corps policiers. Ce qu'on constate depuis le début de la discussion sur cet enjeu, c'est que peu de gens ont été consultés. Au contraire, ils l'apprennent et ils ne sont pas tous tellement contents de ce qu'ils lisent.
Au même moment, on voit les gouvernements provinciaux mettre beaucoup l'accent sur la promotion des saines habitudes de vie; ils veulent limiter les emplacements où les fumeurs peuvent aller consommer la cigarette, par exemple. On constate tous les règlements en place. Par ailleurs, au moment où on fait ce travail sur le plan des saines habitudes de vie pour protéger la santé des Canadiens et des Canadiennes, le gouvernement libéral a déjà annoncé dans son discours du Trône sa volonté de tout simplement légaliser une drogue, la marijuana.
J'ai beaucoup de difficulté à m'associer à un tel mouvement qui va à l'encontre de mes valeurs personnelles. Je comprends qu'une partie de la population a déjà consommé un joint, de la marijuana. Je ne pense pas qu'il faut envoyer les gens en prison. Je ne veux pas juger ceux qui ont consommé, mais de là à en faire la promotion, on est à un tout autre niveau en ce qui me concerne.
En ce qui concerne les libéraux, on a un peu l'impression que tout ce débat est improvisé. Comme je le disais tantôt, on nous parle d'un plan, mais on a hâte de voir en quoi consiste ce plan. Une chose est certaine: pour un parti qui a fait de la légalisation de la marijuana un pilier de sa campagne électorale, les libéraux sont loin d'inspirer confiance à la population canadienne avec leur plan de cette légalisation.
Depuis qu'ils ont annoncé que leur projet de loi pour légaliser la marijuana serait déposé à la Chambre au printemps, des lumières rouges s'allument partout. Les corps policiers ne savent plus comment gérer les infractions pour possession de marijuana, les municipalités ne savent plus comment réglementer l'ouverture des magasins destinés à la vente de marijuana, et les parents sont inquiets parce qu'ils manquent de direction et d'éléments pour protéger leurs enfants un peu partout sur le territoire.
Ceux qui veulent faire des profits avec la vente de marijuana sont prêts à tout pour vendre leur produit. Après que 43 distributeurs illégaux aient été arrêtés par la police de Toronto au mois de mai et qu'on ait fermé leurs magasins, bon nombre d'entre eux ont rouvert leurs portes juste à côté. Un gérant, Erin Goodwin, qui avait des magasins, a dit: « Nous tiendrons tête à la police et rouvrirons nos magasins de marijuana. Nous ne céderons pas à ces tactiques d'intimidation de la police ». Cette citation vient du CityNews de Toronto.
Ces vendeurs tiennent littéralement tête à nos corps policiers et ces derniers se tournent vers Ottawa pour de l'information sur le plan. Il n'y a pas de plan présentement. Ces vendeurs se vantent même de vendre leur produit sous différentes formes telles que des bonbons, des jujubes, des biscuits, alors que ce sont tous des produits que les enfants peuvent consommer. À Vancouver, il y a plus de magasins qui vendent de la marijuana de façon illégale que de Starbucks où s'acheter un café. Cela montre à quel point nous avons un grave problème.
Sur le plan de la santé, aucun médecin, à ma connaissance, n'est prêt à affirmer que le plan des libéraux de légaliser la marijuana est un bon plan. Encore faudrait-il qu'il y ait quelque chose qui soit déposé pour qu'ils puissent s'engager à cet égard.
Dans le contexte actuel du débat entourant la légalisation du cannabis au Canada, il n'y a pas très longtemps, le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, un hôpital qui traite des maladies qui touchent directement les enfants et qui est affilié à l'Université de Montréal, a organisé une journée de conférences scientifiques sur le thème « Cannabis et santé des jeunes: qu’en dit la science? ».
Nous qui sommes taxés d'être contre les scientifiques, nous allons donner quelques statistiques et quelques citations.
Les constats étaient plutôt négatifs en ce qui concerne la santé des jeunes et leur vulnérabilité. En légalisant la marijuana, les prescriptions médicales deviennent inutiles, puisque les gens peuvent s'en procurer eux-mêmes. Ils pourront même en faire pousser chez eux, dans leur propre jardin, parmi les concombres, les carottes et la laitue. Il n'y aura plus aucun moyen de contrôler l'accès à cette drogue.
Comme l'a souligné la Société canadienne de pédiatrie, les preuves démontrent clairement que les jeunes qui fument de la marijuana sont plus à risque d'avoir des problèmes de santé mentale, notamment des maladies telles que la psychose et la schizophrénie.
Maintenant, je vais lire quelques citations d'experts, puisque je n'ai rien inventé. Je suis loin d'être un médecin et un expert dans le domaine, mais je sais très bien qu'il y a d'autres façons de prendre soin de notre santé que de consommer de la marijuana.
Voici une citation tirée d'un document du gouvernement du Canada pondue par nos propres fonctionnaires dans La Presse canadienne:
Les aliments contenant de la marijuana, comme les friandises et les biscuits, présentent un « risque significatif » pour les enfants, qui pourraient accidentellement les avaler [...]
Voici ce qu'en pense Paul Frewen, professeur et psychologue à l'Université Western Ontario:
Je crois que ces drogues, aussi bien la marijuana que les autres formes de drogues récréatives, sont utilisées pour leurs effets sur le système nerveux. [...] Elles ont divers effets dissociatifs, [...] notamment la suppression de la mémoire et de la détresse immédiate et à court terme.
Quant à elle, la Société canadienne de pédiatrie dit que les preuves démontrent clairement que les jeunes qui fument de la marijuana sont plus à risque d'avoir des problèmes de santé mentale, notamment des maladies telles que la psychose et la schizophrénie.
Voici une citation provenant de Radio-Canada, notre radiotélévision d'État:
[...] un consensus existe, au sein de la communauté sanitaire, voulant que la consommation récréative régulière entraîne des risques, notamment à long terme sur les capacités cognitives pour les consommateurs de moins de 25 ans.
La prochaine citation provient du rapport de Cochrane, qui regroupe des dizaines de milliers de chercheurs, qui se qualifie par ses méthodes rigoureuses et qui ne reçoit aucune subvention pharmaceutique:
Les jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets de la consommation de marijuana sur la santé, car l'adolescence est une période critique pour le développement du cerveau. Avoir du THC dans le cerveau à un moment si critique peut, par conséquent, interférer avec le développement du cerveau et endommager son fonctionnement. Cela peut aussi accroître le risque de déclencher un épisode psychotique ou une maladie mentale telle que la schizophrénie.
En ce qui concerne la sécurité, alors que les libéraux parlent de légaliser la marijuana, les corps policiers, eux, soulèvent de nombreux problèmes par rapport à la conduite avec facultés affaiblies.
Par ailleurs, bien que les libéraux disent que la légalisation de la marijuana réduira l'accès aux enfants, les plus récents événements à Toronto nous prouvent que c'est totalement faux. Comment le gouvernement contrôlera-t-il la production domestique de marijuana, d'autant plus qu'un jugement de la Cour fédérale en autorise la production personnelle à des fins médicales? S'il est légal d'en cultiver chez soi pour utilisation médicale, lorsqu'on va légaliser la marijuana, les gens pourront en cultiver chez eux. Ainsi, elle deviendra accessible et les corps policiers ne pourront plus protéger nos enfants.
Alors que les libéraux laissent croire que la légalisation de la marijuana limitera la propagation du crime organisé, des exemples démontrent plutôt que sa légalisation n'a aucun effet sur le crime organisé. Comment les libéraux géreront-ils le va-et-vient de la drogue à la frontière, alors qu'elle serait légale au Canada et illégale aux États-Unis?
Voici une autre citation:
La consommation de drogue au volant préoccupe les corps policiers canadiens [...] Les policiers craignent une banalisation de la consommation [et] une multiplication du nombre de conducteurs sous l'influence de la drogue.
Selon le résultat d'un sondage, près de la moitié des Canadiens qui conduisent sous l'effet du cannabis estiment qu'ils ne représentent pas un danger sur la route.
Finalement, pour ceux qui citent l'exemple des autres États et du seul pays qui a légalisé la marijuana, l'Uruguay, j'aimerais rapporter les propos du chef de police de Washington. Selon lui, depuis que l'État de Washington a légalisé la marijuana, c'est plus du tiers des conducteurs en état d'ébriété qui sont sous l'influence de la drogue, et ils testent plus de 13 000 cas annuellement.
Je citerai maintenant Stéphane Quéré, criminologue et spécialiste des réseaux criminels:
La dépénalisation de la consommation du cannabis n'a pas fait disparaître le crime organisé [en Uruguay, malgré ce que certains peuvent dire]. Celui-ci s'est simplement adapté, et a réussi à prendre pied dans les coffee shops, tout en gardant la main sur la culture du cannabis.
À mon avis, cela pose un grave problème actuellement. Il n'y a ni plan ni orientation. Nous n'avons aucune information sur la façon dont on pourrait sécuriser la situation. Avant de parler de décriminalisation, nous devrions en savoir déjà beaucoup plus sur le projet de loi libéral qui est devant nous.