:
Oui, monsieur le président, merci. J’espère que ma voix sera entendue dans la salle.
Monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
Je tiens à souligner que le Dr Cyd Courchesne, médecin-chef d’Anciens Combattants Canada, et le Dr Alex Heber, psychiatre en chef d’Anciens Combattants Canada et lieutenant-colonel à la retraite, sont ici avec moi pour me fournir du soutien.
Je suis très heureux de faire le point sur les efforts que le ministère des Anciens Combattants déploie pour soutenir nos anciens combattants et leurs familles.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour présenter au Comité permanent des anciens combattants une mise à jour au sujet de notre ministère.
[Traduction]
Au cours de notre histoire, plus de deux millions de Canadiens et de Canadiennes ont servi notre nation en uniforme. Aujourd’hui, 1 Canadien sur 57 a servi à un moment ou à un autre de sa vie. Les militaires et les vétérans sont des membres essentiels de chaque collectivité, d’un océan à l’autre.
Le rôle du ministère des Anciens Combattants est de fournir des services et des avantages à tous les vétérans des FAC et de la GRC, aux membres des FAC et de la GRC ainsi qu'à leur famille. Actuellement, nous servons quelque 189 000 clients, ce qui représente environ 18 % de la population totale de vétérans au Canada.
Nous encourageons également la reconnaissance et la commémoration des réalisations et des sacrifices de tous ceux et celles qui ont servi le Canada.
[Français]
Nos programmes ont évolué pour mieux répondre aux besoins des vétérans d'aujourd'hui. Nous avons adopté une approche plus complète pour les aider à maintenir une bonne santé et un meilleur niveau de bien-être tout au long de leur vie.
[Traduction]
Plus de 90 % du budget de notre ministère est consacré directement aux programmes et services destinés aux vétérans et à leur famille. Le ministère veille à ce qu’il y ait toujours suffisamment de fonds disponibles pour que tous les vétérans admissibles reçoivent les prestations et les services dont ils ont besoin.
[Français]
Pour remplir son mandat, le ministère s'assure qu'il y a toujours assez de fonds disponibles pour que les vétérans reçoivent les avantages et les services appropriés.
[Traduction]
La majorité de notre budget est considérée comme un financement quasi législatif, ce qui signifie que le budget est non discrétionnaire et basé sur une estimation annuelle des besoins des clients en matière d'avantages et de services.
Nous établissons nos estimations pour nous assurer que nous avons les fonds nécessaires pour répondre aux besoins prévus des anciens combattants et que nous restons dans le noir par une faible marge. Lorsque nous avons constaté une augmentation de la demande, comme c'était le cas au premier trimestre de l’année dernière, nous avons demandé et reçu des fonds supplémentaires. Au cours des cinq dernières années, nous avons eu tendance à clore l’année légèrement au-dessus de la ligne de flottaison. Je regarde mon dirigeant principal des finances. Le surplus est retourné au Trésor et ces fonds sont immédiatement réaffectés au début de l'exercice suivant en fonction de la nouvelle prévision des besoins des vétérans.
[Français]
Autrement dit, peu importe qu'il y ait 10 ou 10 000 vétérans qui présentent une demande, sur la base de notre système de financement, ils vont recevoir les fonds dont ils ont besoin.
[Traduction]
En fait, un plus grand nombre d’anciens combattants demandent de l’aide. Depuis 2015, nous avons constaté une augmentation de plus de 60 % de tous les types de demandes de prestations d’invalidité et de plus de 90 % des premières demandes. Cette augmentation du volume indique que les vétérans sont mieux informés au sujet des prestations auxquelles ils ont droit et dont ils ont besoin pour leur bien-être. Anciens Combattants a répondu à l’augmentation du volume en simplifiant et en regroupant les prestations, en ajoutant et en formant du personnel, en intégrant des fonctions, dans la mesure du possible, et en numérisant le processus de prise de décisions.
Nous avons rationalisé la façon dont nous prenons les décisions relatives aux prestations et aux programmes de sorte que les cas moins complexes prennent désormais moins de temps à traiter, ce qui permet d’examiner plus en profondeur et plus rapidement les cas complexes. Nous faisons maintenant un triage des demandes de prestations d’invalidité, ce qui nous permet d’accélérer le traitement des demandes des personnes les plus à risque.
Nous avons embauché des centaines de nouveaux employés, notamment des gestionnaires de cas et d’autres personnes qui travaillent directement avec les vétérans. De plus, nous avons engagé des centaines d'employés pour traiter les demandes de prestations d’invalidité et administrer les prestations liées à la pension à vie, qui est entrée en vigueur le 1er avril dernier. Les vétérans peuvent vérifier les temps d’attente pour la plupart des programmes et services sur le site Web d’ACC. Plus important encore, ils peuvent suivre l'état de leurs demandes au moyen de Mon dossier ACC en ligne, un service auquel plus de 108 000 clients sont maintenant inscrits.
[Français]
Notre partenariat avec le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes contribue à améliorer la prestation de nos services. Nous travaillons ensemble de plus en plus pour réduire les difficultés liées à la transition, harmoniser les services, fournir des conseils clairs, intégrer la gestion des cas et donner un accès rapide aux prestations et aux services.
[Traduction]
Bien que nous ayons fait des progrès pour ce qui est de faire face à l’augmentation du volume, nous avons encore du chemin à faire. Nous reconnaissons qu’il n’est pas dans l’intérêt de nos anciens combattants d’avoir un arriéré.
Chaque année, des milliers de membres quittent les forces et traversent une période de transition. Environ deux tiers des membres des Forces armées canadiennes font une transition en douceur vers la vie après le service. Environ un tiers disent ne pas être satisfaits ou avoir de la difficulté à faire la transition.
Nos recherches ont révélé que leurs difficultés peuvent être centrées sur un ou plusieurs de ce que nous appelons les sept domaines de bien-être. Le cadre de bien-être englobe le fait d'avoir un but, la sécurité financière, un logement adéquat, une bonne santé physique et mentale, un soutien familial, une place dans la collectivité et de la fierté à l'égard de son identité.
Par conséquent, pour faciliter la transition, le ministère a mis en place un certain nombre de nouveaux programmes et de nouvelles prestations au cours des dernières années, pour s'axer sur le domaine du bien-être. Par exemple, pour encourager les membres qui sont libérés à se préparer à la vie civile et pour les aider à se trouver un nouveau but, les vétérans qui sont libérés après au moins six années de service peuvent avoir accès à une nouvelle allocation pour études et formation, ou avoir recours au programme de services de réorientation professionnelle pour les aider à trouver un emploi civil.
Des programmes familiaux améliorés permettent maintenant d'accorder une reconnaissance à ceux et celles qui s'occupent de vétérans blessés. Les familles des vétérans libérés pour raisons médicales peuvent maintenant avoir accès à des programmes dans 32 Centres de ressources pour les familles militaires, sur toutes les bases des Forces armées canadiennes.
Un logement convenable est essentiel au bien-être des vétérans. Un vétéran sans abri en est un de trop.
[Français]
Le Fonds d'urgence pour les vétérans aide ceux qui sont dans une situation financière difficile et urgente. Le ministère travaille avec des organisations locales pour prévenir l'itinérance, recenser les vétérans à risque, informer ceux-ci au sujet des avantages dont ils peuvent se prévaloir, et les aider à trouver un abri et l'aide dont ils ont besoin.
Nous travaillons aussi en collaboration avec Emploi et Développement social Canada dans le cadre de la Stratégie nationale sur le logement et de la stratégie canadienne visant les sans-abri afin de soutenir les initiatives liées au logement pour les vétérans.
[Traduction]
Pour favoriser le bien-être mental, le ministère veille à ce que les anciens combattants et les membres de leur famille reçoivent le soutien en santé mentale dont ils ont besoin. Anciens Combattants Canada accorde un financement à des partenaires provinciaux en vue de la création d'un réseau de cliniques spécialisées pour traumatismes liés au stress opérationnel à l'échelle du pays, ce qui permet aux vétérans d'avoir un accès direct à des soins. Chaque clinique offre des services d’évaluation, de traitement, de prévention et de soutien aux membres actifs des Forces armées canadiennes, aux membres de la GRC et aux vétérans. Les cliniques travaillent en étroite collaboration avec des fournisseurs de soins de santé et des organismes de la collectivité pour aider à assurer un suivi si nécessaire.
Les vétérans peuvent avoir accès à des services de soutien en santé mentale même lorsqu'ils sont en attente d'une décision à l'égard de leur demande de prestations d’invalidité.
[Français]
Tous les vétérans et leurs familles peuvent appeler le Service d'aide d'Anciens Combattants Canada, disponible 24 heures sur 24, pour parler immédiatement à un professionnel de la santé mentale.
[Traduction]
Nous comprenons le rôle important que jouent les familles pour soutenir nos anciens combattants et nous continuons de chercher des moyens de les appuyer. Notre politique couvrant les services en santé mentale pour les membres des familles est demeuré fondamentalement inchangée depuis 2010. Nous offrons des services en santé mentale aux membres des familles des vétérans pour soutenir le traitement et la réhabilitation de ces derniers. Or, si un membre de la famille d'un vétéran a besoin d'un soutien à long terme ou d'un traitement pour son propre état de santé mentale, le personnel d’Anciens Combattants Canada l’aidera à trouver d'autres ressources pour obtenir l'aide dont il a besoin.
Nous continuons de déployer de grands efforts pour prévenir le suicide. La mise en oeuvre de la Stratégie conjointe de prévention du suicide des Forces armées canadiennes et d’Anciens Combattants Canada contribue à réduire les risques, à renforcer la résilience et à prévenir le suicide parmi nos militaires et nos vétérans. Le ministère finance également le Centre d’excellence sur le TSPT et les états de santé mentale connexes. Ce centre permettra d'acquérir de nouvelles connaissances pour favoriser une évaluation et un traitement efficaces, qui seront transmises aux professionnels de la santé mentale dans tout le pays.
La fierté à l’égard de leur service, de leurs réalisations et du sacrifice de leurs frères est un facteur déterminant de l’identité et du bien-être des vétérans. Notre programme de commémoration constitue donc un élément essentiel du cadre de bien-être.
L’année dernière a été particulièrement spéciale en matière de commémoration, avec le 75e anniversaire de la campagne d’Italie, le jour J, la bataille de Normandie et la bataille de l’Escaut. En 2019, nous avons célébré aussi le cinquième anniversaire de la fin de la mission militaire du Canada en Afghanistan, et nous avons réalisé des progrès considérables en vue de créer un monument national à la mémoire de ceux et celle qui y ont servi et ceux qui ont fait le sacrifice ultime.
[Français]
En 2020, nous allons célébrer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la libération de la Belgique et des Pays-Bas, de la bataille de l'Atlantique, du jour de la Victoire en Europe et du jour de la Victoire sur le Japon. Nous allons aussi souligner le 70e anniversaire de la guerre de Corée et le 105e anniversaire de la deuxième bataille d’Ypres pendant la Première Guerre mondiale.
[Traduction]
Toutes ces activités servent à cimenter le lien entre nos distingués vétérans et les jeunes du Canada, et ainsi renforcer la tradition de service dans notre pays.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, il ne s'agit là que d'un aperçu très général des activités d’Anciens Combattants Canada. Nous devons composer avec une croissance rapide de la demande pour nos services et nos programmes. Nous avons fait de grands progrès sur le plan de l’amélioration et de la prestation de ces services, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Je suis toutefois convaincu que les personnes formidables de notre ministère s'acquitteront de cette noble responsabilité avec soin, compassion et respect.
Merci.
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Je vous remercie de votre question.
Le temps d'attente varie selon chaque individu. Parfois, on attend de l'information médicale. Par exemple, il peut arriver qu'une personne parte en Floride pendant six mois après avoir fait une demande et que personne ne lui fasse suivre son courrier. Alors, rien ne se passe durant ces six mois.
Il peut aussi s'agir de problèmes relatifs au dossier médical ou au dossier de service du vétéran. Dans ces cas-là, nous travaillons de façon très proactive pour les régler, car, d'habitude, ces problèmes sont indépendants de leur volonté. Il arrive aussi qu'une personne oublie qu'elle a fait une demande et qu'elle ne nous réponde pas.
Par ailleurs, certaines personnes ont le syndrome de l'enveloppe brune, c'est-à-dire qu'elles ne veulent pas ouvrir les enveloppes venant du gouvernement du Canada. Souvent, il s'agit de vétérans aux prises avec des problèmes de santé mentale. Ce n'est pas juste parce qu'ils ont peur de payer quoi que ce soit; ils ont vraiment des craintes. Nos employés essaient d'aider ces gens.
Nous encourageons fortement les vétérans à faire une demande par l'intermédiaire de Mon dossier ACC. Ici, je fais la promotion de notre système. Environ 60 % des demandes sont enregistrées dans notre système informatisé. Dans ce système, la demande n'est pas acceptée si elle est incomplète. Le but est surtout d'accélérer nos services. Plus le système est automatisé, plus les services seront rapides. Cependant, il y a encore beaucoup de travail à faire sur l'application dorsale du système, mais l'application frontale du système fonctionne très bien, et c'est très avantageux. Il est maintenant beaucoup plus facile pour les gens de faire une demande, et cela a, bien sûr, fait grimper le nombre de demandes, il faut le noter. Plus il est facile de faire une demande, plus il y a de gens qui en font. C'est bien, car c'est ce que nous voulons. Cela permet de diminuer le nombre de demandes incomplètes.
Nous remarquons aussi qu'il y a des gens qui ne signent pas leur demande. Cela peut sembler banal, mais, si la demande n'est pas signée, il faut appeler la personne. Si elle ne répond pas, cela devient un cercle vicieux. Bien sûr, lorsqu'elle nous donne l'information requise, nous remettons sa demande dans le système et nous rétablissons son ordre de priorité, puisque le système fonctionne selon le principe du premier entré, premier sorti.
Je ne peux pas vous donner une réponse concernant un temps d'attente précis, parce que chaque cas est différent. Par exemple, il y a des personnes qui, l'hiver, partent pendant six mois — les vétérans ont une bonne pension —, que ce soit en Floride ou ailleurs. Lorsqu'ils reviennent au mois de mai, ils nous appellent pour nous demander où en est leur demande, mais cela fait six mois que nous attendons de recevoir de l'information additionnelle.
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D'abord, je vous remercie de votre présence aujourd'hui. C'est toujours un plaisir de vous revoir, général Natynczyk.
Comme c'est une séance du Comité permanent des anciens combattants, permettez-moi de souligner que nous célébrons aujourd'hui le 120e anniversaire de la bataille de Paardeberg, le premier déploiement de militaires canadiens à l'étranger au cours duquel le Régiment royal canadien, mon alma mater, s'est illustré. Nous en reparlerons plus tard aujourd'hui quand je ferai une allocution à la Chambre.
Pour revenir à certaines des questions abordées, vous avez exprimé le souhait de recruter un plus grand nombre de vétérans. L'une des plaintes que j'ai entendues est sans contredit la suivante: « Ce serait tellement mieux si je pouvais parler à quelqu'un qui comprend en quoi consistait mon service et les défis auxquels je suis confronté. » Quelles mesures prenez-vous pour augmenter ce nombre? Votre objectif est de 10 %, monsieur, et c'est extraordinaire. J'aimerais que vous visiez 50 % et plus si vous le pouviez, parce que je pense que, si vous aviez des gens qui comprennent la situation, vous pourriez accélérer tout le processus. Cela vous permettrait également de régler le problème de la formation, parce que ces vétérans n'auraient pas besoin de suivre une formation sur le système, ils comprendraient les questions qui leur sont posées.
Ma deuxième question est peut-être un peu plus difficile et concerne certaines plaintes que je reçois. J'ai été outré d'apprendre quels étaient les délais d'attente pour certains militaires actuellement en service, combien présentaient des demandes et le délai de traitement de leurs demandes parce qu'ils ont un meilleur accès et sont plus disponibles. Les dossiers des membres actuels des Forces armées canadiennes font-ils l'objet d'un traitement différent de ceux des militaires à la retraite? Dans le même ordre d'idées, étant donné que j'entends des commentaires intéressants sans avoir de données à cet égard, j'aimerais savoir si les dossiers des personnes qui ont intenté un recours collectif pour inconduite sexuelle contre le MDN sont traités différemment? J'ai ouï-dire que c'était peut-être le cas.
Parallèlement au problème des délais, vous parlez du transfert de dossiers médicaux et de demandes non signées. A-t-on envisagé la mise en place d'un processus d'examen rapide, ou quasi instantané, des dossiers, que ce soit par voie électronique ou autrement? Cela permettrait de donner aux demandeurs une première réponse et leur éviterait d'attendre six semaines pour se faire dire qu'ils ont oublié de signer le formulaire.
Vous avez parlé de la difficulté d'obtenir les dossiers médicaux des Forces armées canadiennes. Que fait-on pour régler ce problème afin que vous les receviez plus rapidement?
J'en arrive à mon dernier point. Il semblerait que de nombreux dossiers sont rejetés dès leur premier examen. Pourtant, quand ils sont envoyés devant le Tribunal des anciens combattants (révision et appel), plus de 50 % de ces dossiers — le pourcentage n'est peut-être pas tout à fait exact, je dois le vérifier — sont approuvés, à en juger par la décision rendue ou l'évaluation préliminaire de la demande. Nous devons corriger ce problème afin que les demandeurs n'aient plus à attendre tout ce temps pour recevoir la mauvaise décision. Je pourrais comprendre si vous approuviez en moyenne 80 % des demandes et si tout le monde était satisfait, même s'il est impossible de satisfaire tout le monde. Mais le nombre d'appels interjetés par des vétérans est élevé et la décision du tribunal est que la politique n'a pas été appliquée correctement.
Ce sont beaucoup de questions. Faites de votre mieux, je vous prie.
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En une minute et demie, je répondrais oui, oui, non et non.
Concernant le recrutement de vétérans, il faut savoir que tous les vétérans ne feraient pas nécessairement de bons travailleurs sociaux. Nous devons être prudents, parce que le fait de faire appel à eux peut parfois déclencher... En même temps, comme me l'a déjà dit mon fils qui participait à une formation de base: « Papa, ce sergent-major est de la vieille école. » Il ne ferait peut-être pas le meilleur travailleur social. Nous devons jouer de prudence quand nous embauchons des vétérans. Nous devons nous demander s'ils ont la personnalité requise?
À mon bureau de Trenton, en Ontario, un tiers du personnel se compose de vétérans, un tiers de conjointes ou conjoints de militaires et un tiers de fonctionnaires de carrière qui ont généralement un lien avec une personne qui a servi dans l'armée. Si je vais à l'atrium de Charlottetown et que je demande combien de personnes comptent un militaire dans leur famille, presque tout le monde lève la main.
Il faut trouver un juste équilibre dans l'ensemble de l'organisation. Nous avons besoin de travailleurs sociaux, mais nous voulons aussi embaucher plus de vétérans, ceux qui ont les compétences requises, dans tous les services.
Deuxièmement, concernant les militaires actuellement en service, le défi est de déterminer lesquels ont reçu un diagnostic complet. Un militaire peut se blesser durant sa séance matinale de physiothérapie ou durant un exercice, obtenir un bon, prendre du Tylenol ou du Motrin et présenter une demande d'indemnisation. Nous n'avons pas encore reçu le diagnostic. Même si la blessure n'est pas complètement développée ou persistante, nous recevons déjà une demande d'indemnisation.
Le quart de toutes les demandes que M. Doiron traite provient de membres des Forces armées canadiennes en service. Pourtant, le problème — et travaillons avec les Forces armées canadiennes et le médecin-chef pour le régler —, c'est souvent l'absence de diagnostic parce que la blessure n'est pas encore à maturité.
Nous ne savons pas si nous devons classer la blessure dans la catégorie temporaire ou permanente tant que nous ne savons pas si elle est persistante. C'est l'un des problèmes que nous avons. Nous essayons de trouver une solution avec les Forces armées canadiennes en essayant de déterminer quelle est la porte d'entrée pour présenter une demande. Souvent, les militaires ne veulent même pas dire qu'ils ont une blessure par crainte d'être retirés d'un cours.
En ce qui concerne les recours collectifs pour inconduite sexuelle, nous ne traitons pas ces dossiers de manière différente. En fait, nous y accordons encore plus d'attention...
Monsieur Christopher.
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Je suis ravi de vous revoir. Merci à vous et à votre équipe d'être ici aujourd'hui. Nous l'apprécions grandement.
Comme vous le savez, monsieur Natynczyk, je représente Halifax. Nous accueillons chez nous non seulement la Marine de la côte Est, la 5e Division du Canada, la « Mighty Maroon Machine », mais également la 12e Escadre Shearwater, juste en face du port. Dans la région d'Halifax, je pense que nous avons l'une des plus fortes concentrations de vétérans du pays, voire la plus forte. Ce dossier est très important pour moi et pour les vétérans non seulement d'Halifax, mais de tout le pays.
Je veux d'abord vous remercier d'avoir clarifié la question du surplus budgétaire de fin d'année, en utilisant l'analogie de la ligne de flottaison. Certaines voix cyniques se sont élevées pour dire que c'était un échec. Pourtant, j'imagine que tout le monde ici gère ses comptes personnels de cette façon-là. Le fait d'entendre que ces sommes excédentaires, aussi modestes soient-elles, sont réaffectées dans le budget l'année suivante, cela clarifie bien les choses.
Je veux revenir sur d'autres commentaires négatifs selon lesquels l'arriéré est un signe d'échec. Je crois que toute organisation ou tout service qui fait bien son travail suscite une forte demande. Si personne ne faisait la queue à la porte, je me demanderais peut-être avec inquiétude si ACC fournit aux vétérans les services dont ils ont besoin. Je veux revenir sur cette tentative de faire passer l'arriéré pour un échec.
Vous nous avez déjà fourni des chiffres concernant le budget, le recrutement et tout cela, mais vous voyez où je veux en venir avec ça. Pouvez-vous nous brossez un portrait de la situation, en vous appuyant sur l'un ou l'autre des programmes ou services que vous offrez, que ce soit les centres de ressources pour les familles, les programmes de transition à la vie après le service ou tout autre programme, pour nous expliquer la popularité de vos programmes aujourd'hui. Cela pourrait nous aider à comprendre pourquoi vous êtes si surchargés de travail aujourd'hui et pourquoi vous avez autant de succès. Et cette popularité entre en ligne de compte dans l'augmentation du nombre de demandes.
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Puis-je revenir sur le budget?
Je sais que ma dirigeante principale des finances va se mettre dans tous ses états, mais nous obtenons l'argent dont nous avons besoin pour nos vétérans sans jamais savoir combien d'entre eux vont se manifester. La seule variable qui nous échappe est le nombre de vétérans qui solliciteront les services. Nous entamons chaque exercice financier en fondant nos prévisions sur les meilleures données probantes et aussi rigoureusement que possible, pour tâcher de prédire combien pourraient se retrouver en soins de longue durée, combien pourraient avoir besoin de physiothérapie ou d'autres services. Mais nous n'en sommes pas absolument certains.
L'an dernier en particulier, avec la pension à vie, un nouveau programme, nous ignorions combien de personnes allaient opter pour le montant forfaitaire à la place de versements mensuels. Nos prévisions avaient beau s'inspirer des meilleurs principes financiers, leur nombre nous était tout simplement inconnu. En réalité, nous avons commencé le dernier exercice avec un budget qui se situait autour de 4,1 à 4,2 milliards de dollars. Dès le premier trimestre, beaucoup plus de vétérans que prévu se sont manifestés pour se prévaloir du paiement forfaitaire. Mme Lantz et son équipe ont dû présenter une demande de financement annuel supplémentaire de plus de 900 millions de dollars. Comme il s'agit d'une obligation légale, il n'y a pas de pouvoir discrétionnaire. Le gouvernement nous a accordé ce financement, et nous l'épuisons rapidement à force de vouloir régler toujours davantage de dossiers.
Quant aux nouveaux programmes des dernières années, et compte tenu des plus de 10 milliards de dollars que nous y avons consacrés... Si vous vous souvenez, il y a deux ans, j'étais ici avec le ministre . En 2018, nous avons tenu 45 assemblées publiques d'un bout à l'autre du pays, cinq sommets régionaux et un sommet national. Nous avons eu recours aux médias sociaux pour faire passer le message au sujet de tous ces programmes extraordinaires. Les gens ont écouté, et j'étais absolument ravi de voir les demandes se multiplier.
En 2015, par exemple, les services de réorientation professionnelle que nous avions à l'époque... Je me souviens encore de l'une des premières séances d'information que j'ai eues avec le dirigeant principal des finances. Il m'a dit qu'il nous fallait réduire ces services de 300 000 à 50 000 $. J'ai demandé à savoir pourquoi. Il a expliqué que seules 13 personnes y avaient eu recours. Cette année, nous consacrons beaucoup d'argent aux services de réorientation professionnelle, car de plus en plus de gens tiennent à se faire conseiller pour trouver un emploi civil là où ils souhaitent s'établir.
J'ai été absolument ravi de l'allocation pour études et formation. C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que nous offrons un programme à des personnes qui prennent leur retraite tout en étant en bonne santé, plutôt qu'un programme de libération pour des raisons médicales, car de nos jours, même avant ce programme, les militaires peuvent obtenir jusqu'à 78 500 $ pour leur réadaptation professionnelle. J'ai rencontré de simples matelots à la retraite qui suivaient un doctorat en psychologie à Vancouver. À présent qu'ils ont droit à l'allocation pour études et formation, les vétérans se manifestent littéralement par centaines.
Nous encourageons également les gens à rester dans l'armée. C'est pourquoi nous avons établi la période de 6 et de 12 ans, respectivement.
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Merci beaucoup de votre question. Quand on pense à soutenir nos vétérans, on sait que souvent les vétérans quittent les forces armées et que les choses tournent mal.
J’ai parlé à un vétéran qui était à Vanier. La dernière chose qu’un vétéran abandonne, c’est le téléphone cellulaire et, juste avant, la camionnette. Ce vétéran s'est présenté à nos bureaux. Il faisait partie du Royal Canadian Regiment. Je l’ai appelé, un caporal qui a fait deux missions en Afghanistan, et je lui ai demandé comment il s’était retrouvé dans les rues de Vanier. Il m’a dit: « Monsieur, je ne voulais pas parler de mes blessures parce que je ne voulais pas que mes potes sachent que j’étais malade, alors je n’ai rien fait. » Il est sorti volontairement. Il est allé à Fort McMoney — Fort McMurray —, a conduit un gros camion jusqu’à ce que les démons s’installent. Il a alors été congédié et il vit dans la rue à Vanier.
Pour pouvoir prendre en charge ce vétéran et avoir la possibilité de lui fournir un logement, nous avons maintenant un fonds d’urgence pour les vétérans. Pour la première fois, nous pouvons dépenser de l’argent pour aider un vétéran avant même d’avoir établi son admissibilité. Nous pouvons le prendre devant la porte, lui procurer un logement, faire une épicerie et lui dire: « Découvrez votre identité. »
Il faut aussi travailler avec la collectivité. C’est pourquoi j’ai été enchanté par le centre multiconfessionnel de l’ancienne base de Rockcliffe. Il s’agit d’un investissement de plus de 10 millions de dollars pour construire 40 logements où les vétérans veulent se réunir au sein de cette collectivité, entre eux. Ils ont un logement pendant qu’ils suivent des traitements de toxicomanie, des traitements de santé mentale ou des programmes de réadaptation professionnelle et ils s'engagent dans cette voie.
Le ministre MacAulay et moi venons tout juste d'aller à Calgary. Homes For Heroes est exactement la même chose, sachant qu'à Homes For Heroes, il y a...
[Français]
un membre de la Force aérienne du Saguenay
[Traduction]
... ainsi qu’un vétéran, un soldat, d’Aurora, en Ontario, et un de Calgary, mais ils sont maintenant à Homes For Heroes où, encore une fois, Anciens Combattants Canada offre son soutien, par l’entremise du Fonds pour le bien-être des vétérans, en la personne d'un ancien sergent de la police militaire qui est conseiller en toxicomanie. Notre fonds pour le bien-être accorde un soutien financier à cette personne, qui encadre 15 vétérans tout au long de ce traitement.
Il s’agit d’un effort communautaire, appuyé par ce fonds d’urgence pour les vétérans, le fonds pour le bien-être, mais aussi, comme je l’ai mentionné dans mes commentaires, par la Société canadienne d’hypothèques et de logement, qui appuie de grandes initiatives comme le centre multiconfessionnel pour donner aux vétérans la possibilité de sortir de la rue.
Je dirais aussi que de la tranche des initiatives de bien-être de l’an dernier, 12 ont été consacrées à l’itinérance.
À vous, Steven.
:
En arrivant au ministère, surtout dans un organisme qui avait perdu tellement de gens et dont l'Administration centrale se trouvait loin de la capitale nationale dans une petite collectivité... Le fait que l'effectif de l'Administration centrale ait passé de 2 000 à 1 100 fonctionnaires a causé un choc, et cela nous ramène à l'idée du « véritable raz-de-marée ». M. Casey vit là-bas dans la collectivité, alors il sait de quoi je parle. Les gens avaient peur de prendre des décisions. En tant que chef d’état-major de la Défense, je regardais cela de mon côté de la rivière Rideau et je me demandais avec horreur ce qui se passait.
En entrant en fonction, je voulais m’assurer que tous les employés du ministère se sentent habilités à prendre les bonnes décisions. J’envisageais de déléguer des pouvoirs, de donner aux gens le pouvoir de prendre une décision et de leur faire confiance. Je me souviens encore, en novembre 2014, d’avoir visité notre bureau ici à Ottawa et d'avoir eu la confirmation à Halifax, puis à Québec, que nos gens étaient presque en choc de voir venir ce tsunami de vétérans atteints de troubles mentaux. Pourtant, en même temps, j'avais toutes les peines du monde à faire comprendre à l'Administration centrale que nous avions été frappés par une onde de choc.
Ayant participé à un certain nombre d’opérations militaires, j’en suis arrivé à conclure que plus on se trouve loin du son des armes, moins on le comprend. J'étais à Bagdad quand j'ai conclu cela. Il en est de même dans notre ministère. Nos travailleurs de première ligne, qui sont des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes et des psychologues, rencontrent les vétérans tous les jours, ils les regardent dans les yeux, ils regardent leurs familles dans les yeux, et ils essaient de trouver moyen d'approuver les demandes. Ils travaillent dans une zone grise tout en faisant face à la réalité. Dans ce cas, plus on se trouve loin des vétérans, plus la situation se dédouble. Vous travaillez dans le domaine des politiques ou des finances. Je ne veux pas dénigrer mes collègues, mais c’est la réalité.
Notre travail reposait sur les soins, la compassion et le respect. Notre mission était de prendre soin des gens. Si nous prenons de mauvaises décisions, c’est par compassion, et nous respecterons toujours les vétérans. En réalité, si les gens commettent des erreurs par compassion, nous les appuierons. Bien entendu, nous devons respecter les lois, les règlements et toutes ces choses, mais cela aide les gens à prendre les décisions.
Nous nous souvenons de la situation en 2014, et nous venons tout juste d’apprendre que Forbes compte Anciens Combattants Canada parmi les 100 meilleurs employeurs. Quel était notre classement? Étions-nous 74es? Nous étions parmi les 100 premiers, alors nous avons fait beaucoup de chemin. Nous constatons encore une fois que nos employés ont l’impression que d'autres gens sont venus les aider.
Nous nous attaquons à l’arriéré. Lors des assemblées publiques que j’ai organisées récemment et de celles que le ministre a tenues, les gens ont mentionné l’arriéré, alors nous redoublons d'efforts. Il demeure cependant difficile d'habiliter les fonctionnaires à prendre les bonnes décisions pour pousser les vétérans vers un peu de bien-être. Certains d’entre eux ne veulent pas se laisser pousser. Nous devons les encourager à se trouver un but. Nous devons les pousser à améliorer leur bien-être mental et physique. Nous devons leur fournir un soutien familial. Il faut faire preuve d'une grande bonté et de beaucoup de compassion pour cela.