Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 25 février 2020, le Comité poursuit son étude de l’arriéré des demandes de prestations d’invalidité au ministère des Anciens Combattants.
Nous sommes très heureux de recevoir deux groupes ce matin. Dans notre premier groupe, du Syndicat des employé(e)s des Anciens combattants, nous accueillons Virginia Vaillancourt, présidente nationale, et Mike Martin, responsable des communications.
Bienvenue à vous deux.
De la Légion royale canadienne, nous accueillons Raymond McInnis, directeur, Services aux vétérans, Direction nationale, et Steven Clark, directeur exécutif national.
Merci être tous d’être venus.
Brièvement, j’ignore si vous avez tous déjà assisté à une réunion de comité, mais vous aurez chacun l’occasion de prononcer des remarques liminaires. Ensuite, nous passerons aux questions.
Mon rôle est celui d’un arbitre qui essaie de faire respecter le temps alloué.
Je crois que nous allons commencer par le Syndicat des employé(e)s des Anciens combattants.
Madame Vaillancourt, est-ce vous qui prononcez les remarques aujourd’hui? La parole est à vous pour les 10 prochaines minutes.
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Merci de nous donner l’occasion de vous parler aujourd’hui. Nous sommes ici ce matin au nom du Syndicat des employé(e)s des Anciens combattants, qui fait partie de l’Alliance de la Fonction publique du Canada.
Le SEAC représente plus de 2 800 employés d’Anciens Combattants Canada, dont la majorité du personnel de première ligne qui traite quotidiennement avec les anciens combattants et leur famille. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour vous parler notamment du travail des gestionnaires de cas d’Anciens Combattants Canada et des difficultés qu’ils doivent surmonter en ce qui a trait à leur charge de travail et à l’arriéré de demandes de prestation d’invalidité.
Les programmes et les services d’Anciens Combattants Canada, à l’instar des besoins des anciens combattants, sont vastes, complexes et en constante évolution. Nos gestionnaires de cas font partie du personnel de première ligne et sont des experts des services et des avantages d’ACC. Ils doivent connaître la législation applicable, soit les divers règlements, politiques et lois qui servent à déterminer l’admissibilité à ces services et avantages. Ils doivent pouvoir gérer les problèmes de santé mentale, intervenir en cas de crise, traiter avec des clients exaspérés et parfois en colère, et même s’y connaître en prévention du suicide. Ils doivent aussi comprendre les techniques d’entrevue motivationnelle et savoir les utiliser.
Comme vous l’ont rapporté les représentants du ministère et d’autres personnes, l’un des principaux problèmes est que l’arriéré et les délais d’attente pour les services vont en augmentant. Par conséquent, les anciens combattants doivent prendre leur mal en patience. Cette situation pèse sur leurs finances et leur santé physique, mentale et émotionnelle ainsi que celle de leur famille. Elle affecte aussi directement ceux et celles qui essaient de les aider. Nous voudrions vous dire qu’il s’agit d’un phénomène nouveau, mais l’arriéré et la charge de travail des gestionnaires de cas d’Anciens Combattants Canada sont à la hausse depuis des années.
En 2015-2016, le ministre des Anciens Combattants a promis de réduire le nombre de cas à 25 par gestionnaire pour que ces derniers aient plus de temps à consacrer à chaque dossier et puissent se concentrer sur les besoins des anciens combattants et de leur famille. Cette mesure a aussi été appuyée par un mémoire de l’ombudsman des anciens combattants présenté à la Chambre des Communes en 2016.
Malgré cette promesse et de nombreuses tentatives du gouvernement fédéral depuis, ACC n’a pas réussi à atteindre cet objectif. Ces tentatives ont échoué lamentablement en tous points, comme vous pourrez le constater à partir des renseignements que nous allons vous présenter.
Le Comité a été informé des répercussions de la situation présente sur les anciens combattants et leur famille, dont l’augmentation des délais d’attente et la réduction des services, des visites à domicile et de la fréquence des interventions en santé physique ou mentale adaptées aux anciens combattants. Aujourd’hui, nous allons aussi vous parler des répercussions sur les membres du personnel de première ligne, qui côtoient quotidiennement les anciens combattants et leur famille.
Quand nous avons appris que le Comité allait étudier ce dossier, nous avons entrepris de recueillir des données auprès de gestionnaires de cas de partout au pays. Ces deux dernières semaines, nous avons approché des gestionnaires de cas des régions pour parler de leur charge de travail et de leurs conditions de travail, et des répercussions qu’elles ont sur leur travail et sur les anciens combattants dont ils s’occupent.
Mon collègue, Mike Martin, qui a mené les entrevues, va maintenant prendre la parole pour vous parler de ce qu’il en a tiré.
Nous avons voulu parler d’un certain nombre de secteurs qui sont ressortis des entrevues avec nos gestionnaires de cas. Premièrement, nous leur avons demandé de parler de leur charge de travail. Voici ce qu’ils nous ont dit. Nous aimerions lire leurs commentaires aux fins du compte rendu.
Voici le nombre d’anciens combattants que chaque gestionnaire doit aider: 55, 55, 50, 66, 64, 56, 45, 53, 55, 40, 56, 46, 47 et 50.
Nous leur avons demandé s’ils réussissaient à gérer autant de dossiers. Voici ce qu’ils nous ont dit: « Gérer autant de cas, c’est ridicule. C’est impossible. » « Je suis toujours en mode rattrapage, mais je ne reprends jamais le dessus. » « J’essaie d’apporter une contribution tous les jours, mais mon travail est en train de me rendre malade. » « J’aime mon travail et j’aime aider les anciens combattants, mais je n’ai pas assez de temps pour leur consacrer toute l’attention qu’ils méritent. »
Nous leur avons demandé de parler de leurs conditions de travail. Voici ce qu’ils nous ont dit: « On éteint les feux et on passe au prochain appel. » « On n’a pas assez de temps pour procéder adéquatement à l’admission, à l’évaluation, à l’aiguillage, au suivi ou à la consultation avec les fournisseurs de services. » « Avant, on faisait des visites à domicile toutes les deux ou trois semaines. Maintenant, c’est une fois par année. » « On fait du triage. On se concentre sur les cas à risque élevé, mais on risque toujours d’en échapper un. » « Nous prenons en charge des cas de santé mentale difficiles. Il faut constamment intervenir, et nous manquons tout simplement de temps. » « Les anciens combattants et leurs familles méritent mieux. »
En raison de la surcharge de travail et des conditions de travail difficiles, de nombreux postes sont vacants et la rétention des employé(e)s s’avère difficile, en particulier chez les gestionnaires de cas d’ACC.
Dans la région de l’Atlantique, on rapporte que plus de 25 % des postes sont vacants. Les chiffres les plus élevés sont dans les régions bilingues. Ce phénomène vient aggraver une situation de travail déjà pénible. Voici d’autres citations: « On embauche les nouveaux, on les forme, on leur donne leurs dossiers, et ils démissionnent ou demandent à être mutés. Puis on recommence. » « Notre bureau est en pénurie de personnel depuis quatre ans. » « Le processus d’embauche dure six mois. Cela signifie qu’un poste qui devient vacant le restera au moins six mois. » « Nous avons besoin de mesures incitatives et de primes pour convaincre les gestionnaires de cas de rester. Le roulement est un véritable fléau. »
Pas un seul gestionnaire de cas n’échappait au stress ou à un certain niveau d’épuisement. Leur travail leur cause de l’anxiété, de l’insomnie, un gain de poids et de la fatigue physique, mentale et émotionnelle. Voici ce qu’ils nous ont dit: « Il faut trouver des mécanismes externes pour gérer son stress. Certains prennent des congés, mais leur charge de travail ne fait que s’accumuler pendant leur absence. » « L’intensité et la pression sont constantes. Dans notre bureau, tout le monde en souffre. » « De nombreux anciens combattants sont suicidaires, et cela nous touche. On ramène le problème à la maison, si bien qu’il touche aussi nos familles. » « Il n’y a tout simplement pas de soutien pour le personnel. »
Nous avons aussi été troublés par des signalements d’intimidation et de harcèlement de la part de responsables d’ACC envers les membres du personnel de première ligne. Bien que ce phénomène ne soit pas généralisé à toutes les régions, nous avons eu vent d’attitudes négatives et de commentaires constituant du harcèlement de la part de responsables, ce qui rend un travail déjà stressant encore plus difficile. Les plaintes officielles n’ayant pas résolu le problème, le harcèlement est devenu un fardeau de plus à porter pour les gestionnaires de cas touchés.
L’arriéré des demandes de prestation d’invalidité constitue une autre source de stress, tant pour les anciens combattants que pour le personnel d’ACC. Les gestionnaires de cas disent subir un stress quotidien. Les anciens combattants et leurs partenaires sont en colère et profondément frustrés par les retards. Ils appellent leur gestionnaire de cas pour demander des renseignements, pour apprendre que rien n’a bougé. Les gestionnaires de cas ont le cœur brisé de voir les anciens combattants et leur famille souffrir. Ils se sentent complètement démunis. Pire encore: cela entrave réellement la création d’une relation positive et efficace entre le gestionnaire de cas et l’ancien combattant et sa famille. Le lien de confiance ne peut pas s’établir. « Les anciens combattants sont frustrés et en colère. Ils crient souvent contre nous. » « On les comprend d’être au bout du rouleau. Ils n’ont pas d’argent pour vivre. » « Cela a des conséquences sur leurs plans de traitement, et si les fonds de leur retraite sont retenus en plus, c’est certain qu’ils vont en souffrir. Cela me fait de la peine de voir cette situation se répéter jour après jour. » « Pourquoi le site Web dit-il que cela va prendre 16 semaines quand cela pourrait prendre jusqu’à deux ans? Les anciens combattants s’en rendent compte et me demandent ce qui se passe. Je n’ai aucune réponse à leur donner. » « Les anciens combattants ont l’impression qu’on leur a menti, et nous aussi. »
L’arriéré a également donné lieu à des situations dangereuses dans certains bureaux, notamment ceux situés sur les bases. Le personnel de première ligne est facile d’accès et très peu protégé. On rapporte entre autres de la violence verbale, des appels téléphoniques menaçants et des menaces en personne. Plusieurs gestionnaires de cas, des hommes comme des femmes, ont dit ne pas se sentir en sécurité au travail.
Même si les incidents ont été signalés et que les gestionnaires locaux ont réclamé des changements et des mesures de sécurité supplémentaires, ACC tarde à agir. Voici une citation: « On se fait constamment crier après par des anciens combattants et leurs partenaires. Je les comprends. Ils sont frustrés et en colère. Mais j’ai quand même peur qu’ils s’en prennent physiquement à moi. »
Le passage de CDSN au système GCC a causé et continue de causer des problèmes à toutes les personnes devant traiter avec ACC. Pour les gestionnaires de cas, la transition effectuée le 1er avril 2019 a été abrupte et mal préparée. Les gestionnaires ont l’impression de ne pas avoir reçu de formation adéquate et n’arrivent toujours pas à utiliser le système correctement.
À la suite de ce changement précipité, les gestionnaires ont reçu la directive de désengager des anciens combattants inscrits dans l’ancien système en date du 1er avril 2019. Ils ont reçu des listes d’anciens combattants dont ils devaient justifier la présence dans le système, et ont été fortement encouragés à les convaincre de délaisser l’ancien programme pour de nouveaux volets, comme le soutien encadré.
Pour les gestionnaires de cas responsables d’anciens combattants qui avaient besoin d’aide parce qu’ils n’étaient pas encore autonomes ou aptes au travail, cette politique était déraisonnable. Malgré cela, dans plusieurs secteurs, les gestionnaires de cas subissaient une pression importante pour désengager des anciens combattants et étaient avisés d’éventuelles conséquences s’ils n’appliquaient pas cette directive.
Cette période a été très difficile pour les gestionnaires de cas. À notre connaissance, la politique de désengagement actif est toujours en vigueur à ACC.
Un autre enjeu soulevé par de nombreux gestionnaires de cas à qui nous avons parlé était l’apparent changement d’orientation à ACC en ce qui concerne les services de consultation familiale pour les partenaires et les enfants. Bon nombre de gestionnaires de cas ont dû informer les membres de la famille d’anciens combattants qu’ils ne pouvaient plus recevoir des services de consultation ou consulter un psychologue en raison de changements à la politique.
Sans surprise, les clients n’étaient pas contents de ce changement. Les gestionnaires de cas s’inquiètent des conséquences pour les partenaires et les enfants. Voici ce que certains ont dit: « Les services de consultation ont été interrompus pour des enfants qui tiennent des propos comme “je dois être gentil, sinon papa va se suicider". » « Croix Bleue Medavie appelle des travailleurs sociaux pour les informer que les membres de la famille d’anciens combattants ne sont plus couverts. » « Priver des anciens combattants ou des membres de leur famille d’avantages comme la consultation, c’est complètement ridicule et cela témoigne d’un manque de vision.?» «?On me dit d’envoyer les enfants dans le système provincial, alors que je sais que les programmes y sont rares et nécessitent un an d’attente ».
Je vais redonner la parole à Mme Vaillancourt pour qu’elle formule des recommandations.
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Nous sommes conscients que nous ne vous avons donné qu’un aperçu de ce que nous avons entendu et constaté à l’échelle du pays en ce qui concerne la prestation des services aux anciens combattants. Nous espérons tout de même que vous comprendrez pourquoi les personnes qui travaillent en première ligne, les gestionnaires de cas, estiment que le système est en état de crise, et ce, depuis trop longtemps.
Durant nos entretiens, nous leur avons demandé des idées pour redresser la situation. Voici leurs recommandations.
La priorité absolue serait de ramener le plus rapidement possible la charge de travail à un niveau acceptable. La réduction de la charge de travail à 25 anciens combattants n’est peut-être pas réaliste à court terme, mais devrait être l’objectif à moyen terme. Il ne faudrait toutefois pas attendre encore cinq ans. Cinq années se sont en effet écoulées depuis la promesse de réduire la charge de travail à 25 dossiers par gestionnaire. Pour le bien-être des anciens combattants et des employés, il est impératif que des changements soient apportés immédiatement.
Les gestionnaires de cas réclament également qu’Anciens Combattants Canada engage immédiatement du personnel de première ligne supplémentaire pour rattraper l’arriéré et traiter les anciens combattants en temps opportun avec le respect qu’ils méritent. Cette situation perdure elle aussi depuis trop longtemps. C’est pourquoi nous espérons que le Comité pressera le gouvernement et le ministère à agir sans tarder.
Les réclamations concernent également l’amélioration des réseaux de soutien, de la formation et de l’aide à l’intention des employés ainsi que l’amélioration de la formation et du soutien à l’intention des gestionnaires et des superviseurs pour leur permettre de faire leur travail plus efficacement.
Enfin, les gestionnaires de cas souhaitent que le gouvernement fédéral revoie leur description de travail et leurs niveaux de classification pour qu’ils rendent véritablement compte de l’importance de leur travail.
Merci de nous avoir invités pour vous faire part des problèmes, des enjeux et des recommandations de nos gestionnaires de cas. Nous avons été investis de la mission importante de transmettre leurs messages. Notre espoir commun est qu’on puisse apporter des changements pour améliorer la vie des anciens combattants, de leur famille et de ceux qui ont l’honneur de les servir. Nos anciens combattants méritent un meilleur traitement.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité directeur parlementaire des anciens combattants, bonjour. C’est vraiment un grand plaisir pour moi de me présenter à nouveau devant votre comité.
Au nom de notre président national, M. Tom Irvine, et de nos membres, je m’appelle Ray McInnis — il n’y a que ma mère qui m’appelle Raymond, et c’est quand j’ai fait quelque chose qu’elle n’aimait pas, mais ce n’est pas grave. Je suis le directeur des services aux anciens combattants au siège national de la Légion. Je suis un adjudant-chef à la retraite. J’ai servi pendant plus de 33 ans au sein des forces régulières et de réserve.
Je suis accompagné aujourd’hui par le directeur exécutif national de la Légion, M. Steven Clark, et nous vous remercions pour le travail que vous faites pour nos anciens combattants et leurs familles.
Nous appuyons votre étude sur l’arriéré des demandes de prestations d’invalidité à Anciens Combattants Canada. Dans une minute, j’aimerais vous faire part de quelques conseils fondés sur des données probantes, mais je voudrais d’abord vous exposer très brièvement comment nous sommes équipés pour donner pareils conseils.
Comme vous le savez peut-être, la Légion aide les anciens combattants et leurs familles depuis 1926, grâce au mandat législatif que lui confèrent la Loi sur les pensions et la Loi sur le bien-être des vétérans. Nous sommes la seule organisation de services aux anciens combattants au Canada qui peut aider les anciens combattants et leurs familles à faire des démarches auprès d’ACC et du Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Nous le faisons par l’intermédiaire de nos agents de service de commandement formés et professionnels qui détiennent une cote de sécurité gouvernementale, et de leurs assistants.
Pour vous donner une idée de notre charge de travail, l’année dernière, nos officiers d’entraide de direction ont préparé et présenté des demandes de prestations d’invalidité au nom de plus de 4 000 anciens combattants à ACC et plus de 300 examens et appels au Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Nous avons également conseillé près de 1 100 anciens combattants pour diverses raisons.
En plus des officiers d’entraide des directions de la Légion, chaque filiale dispose d’un officier d’entraide bénévole actif et formé pour répondre aux défis auxquels est confrontée notre communauté d’anciens combattants. Avec 1 400 filiales au Canada, vous pouvez constater que les officiers d’entraide de nos filiales constituent un réseau de soutien essentiel. Ils ne remplissent pas de demandes à ACC, mais ils sont souvent notre premier contact.
Lorsque nous aidons un ancien combattant ou un membre de sa famille dans le cadre d’une première demande ou d’un examen ministériel, il s’agit d’un processus très approfondi, et nous suivons le dossier d’un ancien combattant à vie, y compris les réévaluations. Nous n’envoyons pas de demandes à ACC à moins qu’elles ne contiennent un diagnostic confirmé. Je peux vous dire que c’est beaucoup de travail, mais nous sommes très fiers de ce que nous faisons.
Voici ce qui a changé considérablement. La majorité de nos plaintes portent désormais sur l’arriéré. On nous interroge quotidiennement sur l’état d’avancement des demandes. Et ce, même après que les anciens combattants ont consulté leur compte Mon dossier à ACC et utilisé l’outil de calcul des délais d’attente. Ils nous appellent encore.
Pourquoi nous appellent-ils? Ils nous appellent parce que l’outil de calcul des délais d’attente ne tient pas compte des milliers de demandes que le personnel du ministère des Anciens Combattants doit traiter avant même qu’il n’arrive à la vôtre. L’outil fournit des informations sur les moyennes des 90 derniers jours, et non sur ce à quoi vous pouvez vous attendre de façon réaliste compte tenu de l’arriéré actuel et de la date à laquelle votre propre demande a été présentée. Par exemple, aujourd’hui, vous obtiendrez une estimation de 54 semaines de traitement pour une seule affection. Cette estimation ne serait valable que s’il n’y avait pas d’arriéré.
Nous aimerions également que le ministère soit plus transparent et qu’il modifie l’outil de calcul des délais d’attente pour qu’il reflète la réalité. Non seulement nous recevons beaucoup d’appels inutiles, mais nous ne pouvons même pas dire aux anciens combattants avec la moindre précision quand leur demande sera traitée et qu’une décision sera rendue.
Nous comprenons que l’arriéré est énorme, et nous félicitons le ministère d’avoir essayé de rationaliser le processus de décision avec les équipes d’indemnisation des anciens combattants, en limitant le transfert des dossiers et en donnant aux équipes le pouvoir de prendre les décisions, plutôt que d’exiger une consultation médicale sur les demandes qu’elles présentent. Elles peuvent également trier les demandes de prestations d’invalidité afin d’accélérer le traitement des demandes des anciens combattants à haut risque. Nous l’utilisons constamment pour nos demandes « zone rouge ».
Nous devons également veiller à la cohérence dans la manière dont les conditions liées à certaines professions sont traitées. Par exemple, nous voyons davantage de décisions défavorables rendues pour les personnes des métiers de soutien qui ont des problèmes musculosquelettiques, et nous avons discuté de la question avec le ministère. Nous n’avons pas encore de réponse à ce sujet, mais elle est là.
Nous sommes également favorables à ce que le ministère combine des affections qui résultent normalement de l’affection initiale, à condition qu’il y ait un diagnostic confirmé pour celle-ci. Il sera crucial de mettre en œuvre ces mesures dès que possible.
Je peux vous dire que je suis dans la Légion depuis neuf ans et que je n’ai jamais vu autant de demandes. Nous avons fait appel à des organisations d’anciens combattants, notamment les Forces armées canadiennes et la GRC, pour faire connaître nos services. En conséquence, nous avons constaté une augmentation constante des demandes et des examens ministériels dans tout le pays.
L’augmentation est également attribuable à la modification de ce que l’on appelle la politique sur « l’admissibilité partielle », que le ministère a discrètement modifiée en février 2018. Ce changement a bénéficié aux anciens combattants qui ont reçu des droits partiels au cours des années précédentes et qui peuvent désormais demander à recevoir des droits complets dans certains cas précis.
Ce seul changement a donné lieu à de nombreux autres examens et recours ministériels. À titre d’exemple, par le passé, la Légion effectuait environ 80 examens ministériels par an, mais d’août 2018 à décembre 2018, nous en avons effectué 552. Ils étaient tous favorables. En 2019, nous avons effectué 601 examens, dont la plupart étaient attribuables à la nouvelle politique d’admissibilité partielle.
En fin de compte, nous pensons que le ministère doit encore simplifier ses processus et se débarrasser de certaines des couches qui ne sont peut-être plus nécessaires.
Enfin, j’aimerais vous faire part de quelques points importants concernant le travail de la Légion, qui pourraient constituer un bon point de départ pour vous et pour votre propre travail avec les anciens combattants.
La Légion offre désormais une adhésion gratuite d’un an à tous les militaires encore en service, aux militaires à la retraite, aux membres de la GRC et aux retraités de la GRC qui n’ont pas encore eu l’occasion de rejoindre la Légion. Il s’agit du programme d’accueil des vétérans. C’est une occasion de rester en contact avec la famille des militaires et des policiers, d’honorer et de soutenir ceux qui ont servi et se sont sacrifiés, et de renforcer la communauté.
Grâce à notre Fonds du coquelicot, nous avons recueilli et distribué près de 17 millions de dollars en 2018 pour soutenir des programmes tels que « Leave the Streets Behind », notre programme pour les anciens combattants sans abri, et pour répondre aux besoins essentiels des anciens combattants et de leurs familles qui ont des moyens financiers limités. Le Fonds du coquelicot est disponible à tous les niveaux de la Légion et est accessible aux anciens combattants dans le besoin, y compris les membres encore en service et leurs familles.
Nous travaillons en partenariat étroit avec ACC et d’autres bailleurs de fonds pour veiller à ce que nos anciens combattants et nos veuves disposent d’une solution complète, afin qu’ils n’aient pas à manquer de quoi que ce soit.
Je terminerai sur cette pensée. Il n’y a pas de solution rapide à ce retard important. Nous ne voyons aucune fin en vue. En fait, nous pensons que lorsque les nouveaux groupes de transition seront pleinement opérationnels, davantage de personnel libéré demandera des prestations. Il y a un risque que l’arriéré s’allonge. Nous voulons aider le ministère à éviter ce scénario désastreux grâce à certaines des idées présentées plus tôt. Nous sommes prêts à l’aider davantage.
Monsieur le président, nous vous remercions de nous avoir donné l’occasion de faire cette présentation. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Il y a de nombreux domaines touchés. L'hypoacousie et les acouphènes sont des affections subjectives. Une fois que l'admissibilité des vétérans a été établie, un grand nombre d'entre eux commence à 2 %, 4 % ou 6 %, et ils reviennent trois ou quatre fois quand ils découvrent, en parlant avec leurs amis, qu'ils ont besoin d'un dispositif de masquage pendant la nuit. Il est probable qu'ils utilisent déjà un dispositif de masquage, sous forme de somnifère ou de radio, pour pouvoir dormir pendant la nuit. Si cette affection est aussi subjective, ce qui est le cas, pourquoi ne pas approuver simplement les demandes liées aux acouphènes, puis élaborer une évaluation comparable à celle qui existe en ce moment et qui permet de déterminer un niveau allant de 0 % à 11 % et, si vous vous qualifiez, vous obtenez les prestations? Et, si vous ne vous qualifiez pas, vous n'obtenez pas de prestations. Voilà un moyen facile d'éliminer les demandes liées à des acouphènes, au lieu de devoir constamment procéder à des évaluations.
En ce qui concerne l'ESPT, il y a de nombreux problèmes qui sont liés à l'ESPT, une fois que vous commencez à prendre des médicaments. Par conséquent, les gestionnaires examinent maintenant cet enjeu, parce qu'ils approuvent un problème de santé mentale, mais les clients reviennent avec des symptômes de reflux gastro-oesophagien ou de dysfonction érectile. Au lieu de présenter une autre demande complète, il suffirait de fournir le diagnostic et de demander qu'il soit relié à celui de l'ESPT.
Les révisions ministérielles sont un autre aspect du problème. Il y a trois ans, des révisions ministérielles sur l'agent Orange... L'ancien président du TACRA a renvoyé tous ces dossiers au ministère et, deux ans plus tard, ils sont toujours entre les mains du personnel du ministère. Nos vétérans sont donc très mécontents.
Lorsqu'ils écrivent au ministère, le ministère leur répond que le délai est lié à l'arriéré. Toutefois, ce n'est pas le cas, puisque ces dossiers font l'objet de révisions juridiques. Il faut donc être franc et transparent. Il faut leur expliquer pourquoi ces dossiers ne sont pas traités, ou il faut faire quelque chose à ce sujet. Il faut être transparent.
Il en va de même pour l'outil d'estimation des temps d'attente. Indiquez au vétéran le mois des demandes que vous traitez. Si vous traitez les premières demandes reçues en août 2018 qui portent sur un seul problème, dites-le-lui, puis utilisez l'outil d'estimation des temps d'attente. Soyez tout simplement transparent. Ainsi, le vétéran sera plus heureux, et le délai communiqué sera approximativement correct, parce qu'en ce moment, la date à laquelle nous pensons recevoir une décision est complètement aléatoire.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Nous poursuivons notre étude sur l'arriéré des demandes de prestations d'invalidité avec notre deuxième groupe de témoins.
Nous recevons M. Christopher McNeil, président, et M. Jacques Bouchard, vice-président, du Tribunal des anciens combattants (révision et appel); ainsi que le major-général Andrew Downes, médecin général, commandant, du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes, le brigadier-général Mark Misener, commandant, du Groupe de transition des Forces armées canadiennes, et M. Brock Heilman, directeur du service informatique médical, du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes, qui représentent le Groupe de transition du ministère de la Défense nationale.
Je vous remercie tous en ce matin magnifique et presque printanier. Nous entendrons d'abord le Tribunal des anciens combattants (révision et appel). Je pense que c'est vous qui lancerez le bal, monsieur McNeil. Les 10 prochaines minutes sont à vous.
Monsieur le président, distingués membres du Comité, je vous remercie de nous offrir l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Comme vous le savez, je suis accompagné de Jacques Bouchard, avec lequel je partagerai mon temps de parole. Sachez que M. Bouchard est également un ancien combattant des Forces armées canadiennes.
Au niveau supérieur, le mandat premier du tribunal consiste à veiller à ce que les anciens combattants et leurs familles reçoivent les prestations d'invalidité auxquelles ils ont droit. Nous offrons un processus d'appel indépendant aux anciens combattants, aux membres des Forces armées canadiennes, à la GRC et aux familles qui sont insatisfaits du résultat de leur demande de prestations d'invalidité, soit parce que cette dernière a été rejetée, soit parce qu'ils contestent le montant qui leur a été accordé.
Le tribunal effectue une révision en deux volets: une révision initiale de la décision d'Anciens Combattants Canada, puis un appel si l'ancien combattant est toujours insatisfait de la révision initiale du tribunal. Il importe toutefois de souligner qu'il existe un troisième volet de révision, et les anciens combattants peuvent toujours présenter de nouvelles preuves ou de nouveaux arguments, et demander que la décision rendue par le tribunal soit révisée.
Le tribunal joue un rôle sans pareil dans le cadre du processus de prestations d'invalidité, offrant notamment aux anciens combattants leur première et leur seule occasion de témoigner en personne pour relater leur histoire. Fait de première importance dans le cadre de notre travail, la loi nous confère le mandat de tenir nos audiences de manière conviviale et non accusatoire dans la mesure du possible. J'admets avec regret que le tribunal n'a peut-être pas toujours honoré cette promesse. M. Bouchard et moi-même sommes déterminés à ce que le tribunal tienne des audiences agréables et accueillantes pour les anciens combattants et leurs familles.
Au cours des 18 derniers mois, nous avons pris les choses en main, examinant et modernisant notre processus et notre formation à cet égard. Pour être plus précis, nous instaurons une approche moins officielle, moins judiciaire et plus axée sur la compassion. Ce point est particulièrement important puisqu'un grand nombre d'anciens combattants qui comparaissent sont vulnérables et peinent à simplement accomplir les tâches quotidiennes.
Environ 40 % des anciens combattants qui demandent des prestations d'invalidité éprouvent des problèmes de santé physique et mentale. Notre système doit être convivial pour les anciens combattants et leurs familles, et leur offrir une occasion optimale d'expliquer pourquoi ils devraient recevoir les prestations d'invalidité dont ils peuvent se prévaloir.
Sachez en outre qu'au cours des deux dernières années, la nature et le volume du travail ont changé. Les changements apportés par Anciens Combattants Canada, qui ont entraîné une augmentation des taux d'acceptation des demandes à l'étape initiale, ont modifié la nature des dossiers dont nous sommes saisis. Par exemple, les affaires que nous entendons concernent plus le montant des prestations d'invalidité que le fait que ces prestations ont été accordées ou non.
En outre, le fait qu'Anciens Combattants Canada ait adopté des politiques plus favorables quant au droit aux prestations a eu un effet boomerang. En effet, ces initiatives bénéfiques ont fait en sorte que le traitement des demandes actuelles est plus rapide et connaît une issue plus favorable, mais elles ont aussi incité d'anciens combattants dont les demandes ont été rejetées ou qui reçoivent des prestations moindres à faire réviser leurs demandes. Voilà qui a indirectement ajouté de nouvelles demandes au flux de travail.
Ces dernières années, nous avons révisé environ 5 % des décisions d'Anciens Combattants Canada, examinant quelque 2 000 dossiers en 2018. Cette année, le nombre de demandes a considérablement augmenté par rapport à l'année précédente, principalement en raison de l'effet boomerang.
Ces défis nous ont toutefois offert des occasions. Par exemple, nous avons mis en place un processus d'audience simplifié pour certains types de demandes, ce qui s'est traduit par une augmentation fulgurante du nombre de dossiers que nous avons pu traiter. Ce processus simplifié permet aux anciens combattants de bénéficier d'un traitement plus rapide et plus simple de leur dossier et déleste le calendrier des audiences régulières afin d'entendre plus rapidement des dossiers plus complexes. De plus, il pourrait potentiellement alléger la charge de travail d'Anciens Combattants Canada au cours de son processus d'examen.
Je voudrais demander à M. Bouchard de vous en dire un peu plus sur les mesures que nous avons prises.
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Merci, monsieur McNeil.
Monsieur le président et honorables membres du Comité, c'est avec plaisir que je vous adresse la parole ce matin.
Je vais concentrer mes remarques sur le travail qu'a accompli le Tribunal en vue d'améliorer l'expérience des vétérans en augmentant sa capacité de travail, notamment en mettant en œuvre un processus abrégé ou simplifié.
Cette approche nous permet de regrouper les causes moins complexes et qui ciblent plus étroitement des préoccupations similaires pour lesquelles les résultats sont prévisibles. Le processus d'audience abrégé nous a procuré plusieurs résultats positifs. Nous entendons plus de causes dans une période beaucoup plus courte en utilisant nos ressources plus efficacement.
Nous avons également trouvé que les décisions qui sont prises sont prévisibles et cohérentes. Grâce au processus abrégé, nous avons entendu environ 400 causes et prévoyons en traiter prochainement 300 de plus. Par exemple, cette semaine, nous avons entendu 71 causes en une seule journée, alors qu'il nous aurait fallu au moins quatre semaines pour y arriver avec notre processus habituel. Notre objectif est de fournir nos décisions aux vétérans le plus rapidement possible.
En résumé, cette approche abrégée donne aux vétérans et à leurs familles un meilleur accès à la justice, et ce, en temps plus opportun. Alors que nous continuons à simplifier le processus d'audience abrégé, nous nous attendons à recevoir encore plus de demandes de la part des vétérans et de leurs familles. Nous constatons déjà cette année une augmentation significative des demandes reçues et des audiences tenues comparativement à l'année dernière. Afin de mieux répondre à cette tendance à la hausse, il est essentiel que nous augmentions notre capacité de traitement informel et moins juridique des dossiers.
De plus, nous sommes heureux que le ministre ait appuyé notre récente demande d'embauche de membres supplémentaires du Tribunal des anciens combattants (révision et appel), qui nous aideraient à répondre à cette augmentation du nombre des dossiers qui nous sont soumis. Ces offres d'emploi sont affichées depuis le 2 mars dernier.
[Traduction]
Au nom de M. McNeil et en mon propre nom, je voudrais terminer notre exposé en indiquant que le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) est déterminé à ce que les anciens combattants et leurs familles puissent recevoir des prestations d'invalidité pendant que nous augmentons notre capacité afin d'appuyer ceux et celles que nous servons.
Nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui. Nous répondrons à vos questions avec le plus grand plaisir.
Merci.
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Monsieur le président, distingués membres du Comité permanent des anciens combattants, nous vous remercions.
Nous vous savons gré de nous offrir l'occasion de témoigner aujourd'hui pour vous fournir de l'information dans le cadre de votre étude et pour répondre aux questions sur la transition des Forces armées canadiennes.
En 2017, le gouvernement a lancé la politique de défense intitulée Forte, sûre, engagée. Dans le cadre de cette politique, un nouveau groupe de transition des Forces armées canadiennes a été mis sur pied en décembre 2018 pour soutenir les membres malades et blessés, et permettre à tous les membres des Forces armées canadiennes d'effectuer une transition sans heurt vers la vie après l'armée.
À titre de commandant du Groupe de transition des Forces armées canadiennes, je suis chargé de veiller à ce que les membres des Forces armées canadiennes et leurs familles bénéficient d'un soutien aux blessés et de services de transition personnalisés, professionnels et normalisés, que les membres retournent en service ou qu'ils fassent la transition vers la vie civile, en ciblant particulièrement les personnes malades ou blessées. Aujourd'hui, environ 1 500 personnes malades ou blessées sont affectées à mon unité pour des périodes de six mois ou plus. Je soutiens également directement environ 3 500 autres membres malades et blessés et leurs familles en leur fournissant des informations, en les défendant, en les orientant vers d'autres services et en leur proposant de nombreux programmes et services.
Les services et le soutien sont fournis aux membres des Forces armées canadiennes et à leurs familles par une équipe intégrée avec Anciens Combattants Canada et de nombreux autres partenaires. Environ 550 membres du personnel militaire et civil organisés en 9 unités de transition et 32 centres de transition sont en poste dans les bases et les escadres du pays, ainsi qu'au quartier général du groupe de transition, ici, à Ottawa.
Comme je suis commandant du Groupe de transition des Forces armées canadiennes, mes priorités actuelles sont les suivantes: améliorer en permanence les soins et le soutien à nos membres malades et blessés, à leurs familles et aux familles des soldats tombés au combat; mettre en œuvre une expérience de transition renouvelée et améliorée; et accroître la capacité de transition et l'intégration des partenaires
Nous avons accompli des progrès importants au cours des trois dernières années en mettant en œuvre des initiatives novatrices, en améliorant les programmes existants et en augmentant la capacité d'améliorer l'expérience des militaires lors de leur transition vers la vie après l'armée.
[Français]
Le Groupe de transition des Forces armées canadiennes vise à fournir un soutien professionnel personnalisé et normalisé. En plus de reposer sur un groupe de transition doté de ressources suffisantes et d'un personnel ayant reçu une formation adéquate, ce soutien professionnel implique également une intégration plus poussée avec Anciens Combattants Canada, ou ACC, permettant de coordonner plus étroitement les services que nous fournissons.
« Personnalisé » signifie que l'approche retenue adapte les services offerts en fonction des besoins de la personne et de sa famille. Enfin, « normalisé » veut dire que les mêmes services sont offerts à tous les militaires et leurs familles lorsqu'ils vivent une transition. Il s'agit d'une entreprise ambitieuse et complexe qui prendra un certain temps à mettre en place. C'est pourquoi nous avons également lancé un essai de transition à Borden afin de mettre en œuvre certaines nouvelles initiatives, de les tester et de les ajuster avant de les appliquer à toutes les Forces armées canadiennes, les FAC.
La transition étant une responsabilité partagée entre les FAC et ACC, une coordination et une intégration étroite entre les deux ministères sont essentielles pour assurer une transition réussie et sans heurt de la vie militaire à la vie civile. En collaboration avec ACC, nous avons amélioré et continuons à bonifier les programmes et les services, ainsi qu'à introduire de nouveaux programmes et services qui sont plus harmonisés entre les deux ministères.
L'objectif est de mieux permettre à notre personnel de réussir sa transition vers la vie civile en améliorant sa formation et son état de préparation, en favorisant son recrutement et son emploi et en encourageant la collaboration entre les secteurs qui emploient des anciens combattants. Une collaboration étroite et un travail continu se poursuivent avec nos collègues d'ACC au sein du cadre de gouvernance du Comité directeur conjoint et dans le respect des priorités communes qui continuent d'évoluer en fonction des mandats et des priorités du gouvernement.
[Traduction]
La réalité inévitable du service militaire est que tout le monde finira par quitter les forces. Le fait d'être exposé à l'information et à l'éducation en matière de transition plus tôt dans la carrière militaire d'un membre contribuera de manière bénéfique à la préparation du membre et de sa famille et facilitera la réintégration dans la société civile.
Le membre en transition et sa famille doivent être pleinement préparés à réintégrer la vie civile en élaborant un plan de transition exhaustif, un plan qui aborde l'ensemble des éléments nécessaires pour être prêts à la transition: santé, objectif ou emploi, finances, logement, soutien et intégration sociale, et compétences générales de la vie courante. Quantité de ressources et d'outils de transition ont donc été créés pour permettre aux membres des Forces armées canadiennes et à leurs familles de mieux comprendre et planifier l'inévitable transition.
[Français]
En résumé, mon objectif et celui du Groupe de transition des Forces armées canadiennes est de veiller à ce que tous les membres des FAC et leurs familles soient informés et préparés et de les rendre responsables de réussir leur transition. Il s'agit d'une entreprise ambitieuse dans laquelle nous avons fait beaucoup de progrès, mais dont la réalisation exigera plus d'efforts et de temps. Je remercie à nouveau le Comité de me donner l'occasion de répondre aux questions de ses membres.
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Monsieur le président, membres du Comité permanent des anciens combattants, je vous remercie de nous avoir invités à discuter des éléments du système de santé des Forces armées canadiennes et de nos solides relations de travail avec Anciens Combattants Canada. Je suis accompagné du colonel à la retraite Brock Heilman, notre Directeur du service informatique médical.
[Traduction]
Vous savez probablement que la Loi canadienne sur la santé exclut explicitement les membres des Forces armées canadiennes des programmes d'assurance-maladie provinciaux et territoriaux. Ce sont plutôt les Forces armées canadiennes qui offrent leur propre système de santé équivalent afin de fournir des soins médicaux et dentaires complets aux militaires et aux autres personnes y ayant droit au Canada et dans les bases situées à l'étranger.
[Français]
Le Groupe des Services de santé des Forces canadiennes , l'organisation responsable du fonctionnement et de la prestation des soins dans ce système de santé, comprend un large éventail de professionnels militaires et civils.
[Traduction]
Nous sommes à même de fournir directement la plupart des soins grâce à notre réseau de cliniques de soins primaires réparties en 37 points, mais nous devons faire appel au secteur civil de la santé pour certains services, comme les soins aux patients hospitalisés, les diagnostics avancés et les soins prodigués par certains spécialistes cliniques et d'autres fournisseurs de soins de santé.
[Français]
Notre dossier de santé électronique, connu sous le nom de Système d'information sur la santé des Forces canadiennes, ou SISFC, est accessible dans toutes nos cliniques, ainsi que durant les opérations de déploiement et à bord des navires de la Marine royale canadienne.
[Traduction]
Le système d'information sur la santé des Forces canadiennes, ou SISFC, est une plateforme importante qui permet d'offrir des soins prodigués en équipe et d'intégrer les divers ministères dans les soins cliniques, notamment au chapitre des soins primaires, de la santé mentale, des soins dentaires et de la physiothérapie. Ce système facilite également la prestation de soins à l'effectif militaire fortement mobile, puisque les dossiers médicaux sont accessibles, peu importe la clinique militaire que les membres fréquentent.
Le SISFC constitue également un outil utile en permettant l'échange de renseignements médicaux avec Anciens Combattants Canada. Depuis quelques années, les Forces armées canadiennes collaborent très étroitement avec ce dernier afin d'établir les conditions techniques et logistiques et d'assurer la protection des renseignements personnels nécessaires pour que les évaluateurs du ministère puissent accéder directement dans le SISFC aux dossiers des membres des Forces armées canadiennes qui ont demandé des prestations au ministère.
[Français]
Le Groupe des Services de santé des Forces canadiennes s'est engagé à fournir des soins de haute qualité pour protéger et optimiser la santé des militaires, et à veiller à ce que ceux qui quittent les FAC soient en mesure d'effectuer aussi facilement que possible la transition vers les systèmes de santé provinciaux ou territoriaux.
[Traduction]
Je voudrais vous remercier de votre attention. Nous répondrons à vos questions avec plaisir.
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C'est un point tout à fait valide.
Pour établir un autre lien, je m'adresserai à vous, général Misener. J'ai été estomaqué par le nombre de membres des Forces armées canadiennes qui se sont manifestés au cours des dernières semaines alors que notre comité décidait de se pencher sur les arriérés. Lorsque ses fonctionnaires ont témoigné précédemment, Anciens Combattants Canada a expliqué que le problème vient en partie du fait que les diagnostics ne sont pas complets pour les membres en service. Les arriérés constituent toutefois un problème de taille.
Je pense que vous êtes dans une position unique pour ces membres actifs. Certains d'entre eux ne travaillent pas directement pour vous, car ils sont encore affectés à des unités opérationnelles, malgré le fait qu'ils aient droit aux prestations, car ils satisfont encore entièrement à l'universalité des services et peuvent continuer de servir dans les forces.
Quand ils quittent les forces, je pense que les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale ont une occasion d'exploiter leur expertise et leur efficacité. Vous devez parfois surmonter vos propres difficultés, mais vous pouvez, selon moi, vous montrer plus efficaces qu'Anciens Combattants Canada en aidant les gens à préparer leur dossier pour que lorsqu'ils quittent les forces, ils ne s'ajoutent pas aux arriérés, car vous les avez préparés à effectuer la transition et à monter leur dossier, tout comme la Légion aide de nombreuses personnes qui font appel à elle.
Pourriez-vous donner votre avis sur la question?
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Merci beaucoup de la question.
Je dirais sans détour que nous nous en sortons assez bien. Depuis la création du Groupe de transition, nous avons accru nos capacités au sein de l'organisation. J'ai également été en mesure de rehausser le grade des commandants et, par conséquent, de leur déléguer plus d'autorité. Cela m'a également permis d'établir un protocole de préparation à la transition. Lors de la création du groupe, j'ai demandé ou plutôt donné instruction à tous d'effectuer eux-mêmes, avant la sortie de tout membre, une entrevue de transition avec le membre et son sergent-major.
Essentiellement, le processus consiste à examiner les différents aspects dans le cadre d'une entrevue en tête à tête ou en présence de leur famille. Nous examinons les aspects du bien-être pour évaluer leur état de préparation à la transition. J'ai parlé de services de transition personnalisés, professionnels et normalisés. Nous examinons chacun des aspects du bien-être à un niveau très personnel, à des fins d'évaluation. Par conséquent, environ 90 à 100 jours avant leur départ, indépendamment de ce qui s'est passé auparavant, nous examinons leur situation actuelle pour déterminer s'ils sont prêts pour la transition. S'ils ne le sont pas, nous déterminons s'ils ont besoin de plus de temps et à quoi ce temps pourrait leur servir.
En général, nous voulons en savoir plus sur nous-mêmes, pour confirmer que nous avons fait du bon travail. Si ce n'est pas le cas, cela nous sert aussi à déterminer ce que nous pourrions faire de plus, dans un délai relativement court, pour mieux préparer ce membre et sa famille à la transition.