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Bienvenue à la 23
e réunion du Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
[Français]
Le Comité se réunit pour étudier l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la capacité du gouvernement à fournir de l'information dans les deux langues officielles.
Il s'agit de la dernière séance concernant cette étude.
[Traduction]
Afin d'assurer le bon déroulement de cette réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
[Français]
Je voudrais profiter de cette occasion pour rappeler à tous les participants à cette réunion que les captures d'écran ou la prise de photos de leur écran ne sont pas autorisées, tel que mentionné par le Président de la Chambre.
[Traduction]
Les membres et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont à votre disposition. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais et le français.
Je rappelle à tous que toutes les interventions doivent être adressées à la présidence.
[Français]
Lorsque vous parlez, exprimez-vous lentement et clairement.
[Traduction]
À moins de circonstances exceptionnelles, tous les participants à distance doivent utiliser un casque d'écoute et un micro-perche.
[Français]
S'il y a un problème quelconque, n'hésitez pas à faire appel à moi ou à la greffière, parce que nous devons garantir la pleine participation de tous les députés.
Étant donné qu'il n'y a personne en salle, je vais pouvoir accueillir nos témoins maintenant. Je les remercie tout d'abord d'avoir accepté notre invitation.
Vous disposerez de sept minutes et demie pour faire votre présentation, qui sera suivie d'une période de questions. Je vous invite aussi à jeter un petit coup d'œil vers moi de temps en temps, parce que je vous ferai signe lorsqu'il vous restera une minute. J'utiliserai le carton rouge pour vous dire que le temps est écoulé.
Chers membres, compte tenu du fait que nous aurons deux allocutions d'ouverture de sept minutes et demie et de l'heure à laquelle nous avons commencé, la dernière ronde de cinq minutes de questions ne sera pas possible. Si vous voulez partager votre temps de parole avec d'autres, n'hésitez donc pas à le faire.
Avec grand plaisir, j'accueille les représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous avons avec nous M. Denis Vinette, vice-président, Direction générale des voyageurs, et Mme Louise Youdale, vice-présidente, Direction générale des ressources humaines.
Du côté d'Ombudsman Ontario, nous avons avec nous Mme Kelly Burke, commissaire aux services en français de l'Ontario, et M. Carl Bouchard, directeur des opérations, Unité des services en français.
Nous commencerons par l'Agence des services frontaliers du Canada.
Monsieur Vinette, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, membres du Comité. Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui.
Je m'appelle Denis Vinette, et je suis le vice-président de la Direction générale des voyageurs à l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC. Je suis responsable, entre autres choses, des agents des services frontaliers de l'Agence. Aujourd'hui, je suis accompagné de Louise Youdale, vice-présidente de la Direction générale des ressources humaines à l'Agence, qui supervise le programme des langues officielles de notre organisation.
Nous vous remercions de nous donner l'occasion de vous faire part de tout ce qui a été fait par notre agence pour fournir des services et de l'information dans les deux langues officielles, malgré la pandémie en cours, et pour se conformer à la Loi sur les langues officielles du Canada.
L'ASFC prend ses obligations en matière de langues officielles au sérieux, qu'il s'agisse de traiter avec des clients externes ou avec ses propres employés. Les façons les plus fréquentes que nous utilisons pour interagir avec le grand public sont les suivante :: en personne, au point d'entrée; par téléphone, sur la ligne du Service d'information sur la frontière; et lors des visites sur notre site Internet et sur nos pages de médias sociaux.
Comme vous le savez tous, la pandémie a obligé l'Agence à mettre en œuvre un certain nombre de mesures de santé publique à la frontière dans un environnement dynamique. C'était une situation en évolution, et c'est toujours le cas. Toutefois, je vous assure que nous n'avons pas fait de compromis sur la prestation de services dans les deux langues officielles. En fait, non seulement avons-nous continué à embrasser la dualité linguistique pendant la pandémie, mais nous en avons fait une priorité pour nous assurer que les mesures essentielles de santé publique sont bien comprises par les Canadiens et les voyageurs.
L'ASFC s'engage à offrir aux voyageurs des services de qualité égale dans la langue officielle de leur choix à tous les points d'entrée désignés bilingues. À nos points d'entrée, les services, la signalisation et le matériel d'information sont fournis conformément aux règles sur les langues officielles visant la région en question et lorsque la demande des communautés de langue officielle en situation minoritaire est importante.
Dans le cas d'une situation où il existe un obstacle linguistique, l'agent de l'ASFC qui s'occupe de la situation change de langue, demande à un agent qui parle la langue de le remplacer ou communique par l'entremise d'un interprète. En fait, dans une étude d'opinion publique réalisée en 2020 par Ipsos, 98 % des répondants qui ont eu des interactions avec un agent des services frontaliers ont déclaré qu'elles avaient eu lieu dans la langue officielle de leur choix.
L'ASFC considère qu'elle a toujours fourni un service de qualité égale lorsque les voyageurs arrivaient à un point d'entrée bilingue, que chaque voyageur était accueilli dans la langue officielle de son choix, que chaque voyageur était servi par un agent ayant les compétences linguistiques requises et que chaque voyageur recevait tous les documents dans la langue officielle de son choix.
[Traduction]
Le système de planification des quarts de travail de l'Agence des services frontaliers du Canada permet d'identifier le profil linguistique des employés afin de prioriser l'affectation d'agents bilingues à tel ou tel point d'entrée, selon les besoins. La technologie utilisée aux points d'entrée fonctionne dans les deux langues officielles. Les voyageurs peuvent utiliser notre kiosque d'inspection primaire en anglais ou en français.
Les personnes qui souhaitent obtenir des renseignements de l'agence peuvent également communiquer avec nous par téléphone. Notre ligne du Service d'information sur la frontière à l'intention des entreprises fournit des renseignements sur nos programmes, nos services et nos initiatives. Il y a un service téléphonique automatisé qui donne des renseignements enregistrés en français et en anglais. De plus, des agents sont accessibles en direct pendant les heures de bureau pour répondre aux questions dans l'une ou l'autre des langues officielles.
Avant même le début de la pandémie, les visites de nos sites Web étaient en hausse et ces sites étaient en voie de devenir le principal moyen de communiquer l'information au public. Nos statistiques indiquent que nos pages Web ont reçu plus d'un million de visites entre juin et décembre 2020. Nous veillons à ce que tous les renseignements soient offerts dans les deux langues officielles en même temps et à ce que la qualité linguistique de nos textes réponde aux normes les plus élevées.
En fait, tout le contenu produit pour nos médias sociaux, nos sites Web et nos applications est toujours offert dans les deux langues officielles du Canada, et ce, dès qu'il est rendu public. Dès le début de la pandémie et de façon continue depuis, la signalisation aux points d'entrée a été donnée dans les deux langues. La même chose peut être dite à propos de toutes les brochures destinées aux voyageurs.
Je sais que, jusqu'à maintenant, j'ai mis l'accent sur les services que nous fournissons à nos clients, mais soyez assurés que nous accordons la même importance à nos pratiques internes. Ainsi, toute la correspondance interne destinée à nos employés est disponible en anglais et en français. Notre intranet, nos messages et nos bulletins se déclinent toujours dans les deux langues, et la publication des deux versions se fait toujours en même temps.
Cela dit, nous pouvons toujours améliorer nos pratiques externes et internes, et nous pouvons faire davantage pour soutenir les langues officielles du Canada.
Nous connaissons les préoccupations du commissaire aux langues officielles à l'égard de l'Agence des services frontaliers du Canada; elles sont consignées dans son rapport de 2019. Il est question du recrutement, des mécanismes d'évaluation de la prestation de services bilingues et des défis liés à l'établissement et au maintien de relations avec les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Pour répondre à ces préoccupations, l'agence a élaboré un plan d'action complet pour améliorer sa performance en matière de bilinguisme. D'ici septembre 2021, des outils et des documents de référence seront élaborés à l'intention des gestionnaires, et des ateliers seront offerts sur la tenue de réunions bilingues. D'ici février 2022, nous aurons mis à jour notre formation sur l'« offre active » et nous l'aurons remise en ligne afin que nos agents puissent, de façon proactive, offrir au public un service de qualité dans les deux langues officielles. Nous prévoyons également mettre sur pied un comité consultatif national sur les langues officielles composé d'ambassadeurs des régions et des directions générales.
Enfin, je tiens à vous assurer que toutes les allégations ou plaintes concernant les langues officielles sont prises très au sérieux, qu'elles font l'objet d'enquêtes approfondies, et que des mesures sont prises pour rectifier le tir, le cas échéant.
En terminant, permettez-moi de réaffirmer que l'Agence des services frontaliers du Canada souscrit sans réserve à la Loi sur les langues officielles.
Nous serons heureux de vous fournir de plus amples renseignements et de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi, mesdames et messieurs les députés.
Je suis accompagnée de mon directeur des opérations au Bureau de l'ombudsman, M. Carl Bouchard.
Je tiens à vous remercier chaleureusement de cette invitation à partager avec vous mon expérience de commissaire aux services en français de l'Ontario relativement à ma surveillance de l'offre de services en français du gouvernement de l'Ontario depuis le début de la pandémie de la COVID-19.
L'Ontario est le cœur économique du pays et la province au Canada où réside la population francophone la plus nombreuse à l'extérieur du Québec. La province joue donc un rôle essentiel pour la francophonie du Canada et pour notre identité canadienne. La pandémie de la COVID-19 nous a forcés à revoir nos méthodes de travail, nos structures opérationnelles et notre vie personnelle. Maintenant que la vaccination est commencée, des questions se posent. Comment les droits linguistiques sont-ils assurés dans un monde en plein changement?
Peu importent les changements qui s'effectuent, les langues officielles doivent demeurer une priorité. Les changements doivent renforcer et améliorer l'offre de services dans les deux langues officielles. La majorité des provinces et des territoires ont des lois ou des politiques qui traitent des langues officielles et, souvent, des services en français. Leur expérience varie, mais leurs préoccupations sont souvent similaires. Je vous remercie donc de vous intéresser à l'expérience de l'Ontario dans le cadre de vos réflexions.
Le 10 décembre 2020, le Bureau de l'ombudsman a publié le rapport annuel 2019-2020 de la commissaire aux services en français. J'ai émis huit recommandations qui émanent des cas que nous avons traités. Ce que j'aimerais que vous reteniez de mes propos aujourd'hui, c'est que, pour réussir l'offre de services en français langue officielle, les gouvernements doivent accorder la priorité à la langue, planifier de façon stratégique en amont, évaluer les résultats de leurs stratégies, et apprendre de leurs expériences pour viser l'excellence et non le minimum.
Au cours d'un échange que j'ai eu avec le premier ministre de l'Ontario en avril 2020, nous nous sommes tous deux entendus sur le fait que les francophones de l'Ontario avaient le droit de recevoir des services de communication en français équivalents à ceux offerts en anglais, et que cela était encore plus pertinent en cette période de crise. Or, en plus de bonnes intentions, il faut également des stratégies efficaces et c'est ce que je vous apporte aujourd'hui: des solutions.
Soixante-treize pour cent des cas que nous avons traités dans l'exercice de notre rapport annuel ont à voir avec les communications écrites, en personne et en ligne. Il s'agit d'une tendance qui se poursuit à ce jour et qui se remarque ailleurs au pays. Je vous donne quelques exemples de cas que nous avons traités en Ontario.
Nous avons reçu de nombreuses plaintes sur les points de presse quotidiens du premier ministre de l'Ontario, qui étaient uniquement en anglais, au début de la crise. J'ai entendu des plaignantes et des plaignants nous raconter que leurs parents âgés francophones de l'Ontario, qui ne connaissaient pas bien l'anglais, devaient s'informer au Québec ou au fédéral en ce qui concerne la COVID-19. Or les instructions communiquées à la population par la juridiction provinciale voisine et le gouvernement fédéral n'étaient pas les mêmes que celles envoyées aux citoyens et aux citoyennes de l'Ontario par leur propre gouvernement provincial, ce qui a eu pour effet de créer de la confusion. Notre intervention a contribué à la mise en œuvre de l'interprétation simultanée pour les points de presse, une pratique que j'ai recommandé au gouvernement de rendre permanente.
Nous avons reçu plusieurs plaintes sur les sites Internet du gouvernement conçus pendant la pandémie, soit parce qu'ils étaient lancés d'abord en anglais d'abord et que la version française suivait avec un délai important, parfois de quelques jours, soit parce que les sites n'étaient que partiellement traduits.
Nous avons reçu de nombreuses plaintes sur les plans du gouvernement développés pendant la pandémie, dont celui intitulé?« Protéger les Ontariens : Se préparer à de futures vagues de COVID-19 », rendu public en anglais d'abord et en français 24 heures plus tard.
Nous avons également reçu des plaintes au sujet des bureaux de santé publique locaux, sur lesquels le gouvernement a peu de pouvoir et auxquels la Loi sur les services en français ne s'applique pas.
Les gens qui nous ont contactés étaient inquiets. Certaines personnes craignaient pour leur sécurité ou pour celle de leurs proches. Plusieurs considéraient que le manque de services en français témoignait d'un manque de respect du gouvernement envers les francophones.
Ces exemples et ces témoignages, et de nombreux autres, m'ont amenée à faire le constat suivant: il est essentiel de planifier l'offre de services dans les deux langues officielles dès le départ et de manière stratégique.
En effet, le recrutement et l'environnement professionnel doivent être propices à attirer des professionnels bilingues dans des postes clés et à les maintenir au sein de l'organisation. Il faut également renforcer les capacités de traduction et d'interprétation simultanée qui permettent des accommodements souvent nécessaires et justifiables. Enfin, les lois doivent être cohérentes pour permettre une offre de services ininterrompue, en particulier lorsqu'il s'agit de la santé du public canadien.
J'ai d'ailleurs recommandé au gouvernement de l'Ontario de s'assurer que chaque ministère remettra un plan de services en français au Conseil exécutif dès le 1er avril 2022, que ces plans seront rendus publics et que des mises à jour annuelles seront communiquées publiquement.
Les gouvernements doivent travailler ensemble et s'entraider pour trouver des solutions et pour s'assurer que les deux langues officielles jouissent vraiment du même statut.
Cela est d'autant plus essentiel en cas d'urgence, alors que la langue minoritaire a malheureusement tendance à passer au deuxième rang des priorités.
Je vous remercie de votre attention cet après-midi. Je suis disposée à répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais essayer de partager mon temps de parole avec mon collègue M. Godin, s'il est prêt à prendre le relais.
Je veux d'abord souhaiter la bienvenue à nos deux groupes de témoins.
Monsieur Vinette, comme le virus est malheureusement arrivé par la frontière, vous avez été en première ligne.
Vous avez dit que vous aviez réagi aux commentaires du commissaire aux langues officielles. Ce dernier, il faut le dire, a mentionné avoir reçu beaucoup de plaintes concernant l'Agence des services frontaliers du Canada, et nous avons vu, dans le cadre de nos études, qu'il est important d'être servi dans sa langue, surtout en situation d'urgence lorsqu'il y a pandémie.
Vous avez commencé à nous expliquer de quelle manière vous étiez en train d'apporter des améliorations au sein de l'Agence. Vous avez même parlé du mois de septembre comme échéance.
Pourriez-vous nous dire quelles sont les démarches que vous effectuez présentement pour répondre aux recommandations du commissaire aux langues officielles?
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C'est avec plaisir que je le ferai. Je demanderai à ma collègue de la Direction générale des ressources humaines d'ajouter à mes propos, si nécessaire.
Depuis plusieurs années, l'une de nos grandes préoccupations est de veiller à ce que nous ayons en place les mesures, les politiques et les pratiques pour nos agents, et ce, afin de nous assurer que l'offre de service est toujours offerte, que le service est accessible en tout temps. Il n'y a aucune exception à cette obligation.
Nous devons donc nous assurer de maintenir un plan d'action interne qui réponde non seulement aux observations du commissaire, mais également à nos propres observations internes, et ce, sur deux volets. Premièrement, nous devons toujours être en mesure d'avoir le personnel nécessaire pour rendre le service au public. Ensuite, à l'interne, nous devons veiller à respecter le droit de nos employés partout au pays, que ce soit au Québec ou ailleurs, dans toutes les régions, et nous assurer d'une ligne directrice en matière de service et de leur capacité à donner en tout temps un service bilingue aux Canadiens.
Notre plan d'action comporte plusieurs thématiques. Je demanderai à ma collègue, Mme Youdale, de prendre la relève pour en parler.
Comme M. Vinette l'a mentionné, notre plan annuel comporte diverses facettes. En premier lieu, il y a la planification stratégique et la gouvernance, puis la formation et le perfectionnement et, enfin, la gestion générale des personnes. Dans mes explications sur ces différents thèmes, je tenterai de faire référence aux conclusions que nous avons tirées du rapport du Commissariat aux langues officielles.
Tout d'abord, les ententes de rendement de nos dirigeants au sein de l'organisation comportent désormais l'obligation d'établir une culture appropriée qui accorde l'attention nécessaire aux deux langues officielles en milieu de travail. C'est l'une des mesures clés qui ont été mises en place.
Deuxièmement, nous avons passé en revue la désignation des postes proprement dite et nous nous sommes assurés de toujours prêter attention à la désignation bilingue et de la relever lorsque l'occasion s'y prête. J'aimerais ici faire référence à l'une des conclusions du rapport, à savoir que le commissaire était satisfait du travail que nous avons fait pour augmenter le nombre de surintendants, signifiant en cela que nous avons partiellement donné suite à la recommandation en ce sens. Si je dis partiellement, c'est parce que le commissaire était déçu que nous ayons accru l'écart en ce qui a trait au nombre d'employés qui ne répondent pas au profil linguistique. Cela dit, nous sommes heureux d'annoncer que nous avons encore augmenté le nombre de postes de surintendants bilingues — il y en a maintenant 214 —, et que 99,1 % des titulaires répondent au profil linguistique de leur poste.
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Merci, monsieur le président. Je tiens à remercier nos deux délégations d'être venues nous voir aujourd'hui pour discuter de ce sujet important.
Mes questions s'adressent à nos amis de l'Agence des services frontaliers du Canada. Tout d'abord, à l'instar de M. Blaney, permettez-moi de vous remercier du travail acharné que vous faites sur les lignes de front. Nous savons que la pandémie a été très difficile pour nous tous. Nous avons dû faire preuve de souplesse. Comme vous le savez, les mesures publiques ont changé rapidement et elles changeront sans aucun doute encore, en particulier lorsque nous émergerons graduellement de cette pandémie.
J'ai un vif intérêt pour certaines des mesures supplémentaires que vous avez mises en place conformément aux directives du gouvernement fédéral, et en particulier en ce qui concerne la fermeture de la frontière. Je pense plus particulièrement au personnel d'appoint et au renforcement de l'effectif d'agents bilingues. Cette pandémie ne sera pas la dernière que nous aurons, soit dit en passant. Les responsables de la santé publique me disent que d'autres pandémies sont à prévoir.
En guise de corollaire à cette question, je crois comprendre qu'il y a une pénurie d'agents bilingues. Pouvez-vous me donner un peu plus de détails sur votre plan et vos objectifs ainsi que sur les dates projetées pour la réalisation des conditions de ce plan?
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Certainement, monsieur le président. C'est une excellente question.
Au cours de mes 29 années de service — et je n'ai fait que cela, puisque j'ai commencé comme agent de première ligne et que je fais partie de l'organisation depuis —, je n'ai jamais vu une escalade des mesures frontalières comme celle que nous avons vue au cours des 12 derniers mois. Pour réussir à répondre à la fois à la pandémie et aux directives du gouvernement, nous avons créé quelques groupes de travail au sein de l'organisation. Je suis responsable du groupe de travail sur la COVID-19 à la frontière de l'ASFC, et c'est nous qui étions chargés de la mise en œuvre des mesures dès le départ. L'une des mesures qui furent prises dès la mise sur pied de ce groupe de travail — qui est un sous-groupe d'experts — a été de faire appel à des services de traduction spécialisés afin que, lorsque nous devions élaborer des bulletins et des procédures et que nous devions travailler avec nos régions, nous ayons la capacité, grâce à nos propres services de traduction internes, de faire en sorte que les produits soient prêts à être utilisés aussitôt l'entrée en vigueur des mesures. Et il convient ici de souligner qu'il arrive souvent que des décisions soient prises ou que des décrets soient signés tard dans la journée, et qu'il faille les mettre en œuvre très tôt le lendemain, soit une minute après minuit.
Du point de vue des communications, nous avons également créé un groupe de travail interne et un groupe de travail sur les politiques stratégiques. Ces trois groupes travaillent ensemble. Notre groupe de travail sur les politiques stratégiques englobe notre direction des communications. Là encore, nous avons veillé à disposer de services de traduction spécialisés, de sorte que lorsque nous avons lancé nos campagnes d'information, notamment sur nos médias sociaux et nos pages Web, nous avons pu le faire dans les deux langues officielles. Assurément, ce sont des choses qui ont bien fonctionné.
Je crois que je vais céder la parole à ma collègue, mais je remercie le président d'avoir souligné le mérite des hommes et des femmes qui se trouvent aux premières lignes, le travail qu'ils ont accompli et l'ampleur des efforts que nous leur avons demandés. Cela n'a pas été tâche facile, et je suis ravi qu'on leur accorde cette reconnaissance.
Merci.
En plus des mesures dont a parlé M. Vinette, nous nous sommes assurés de continuer à fournir des candidats bilingues aux premières lignes. L'agence dispose de sa propre école, qui compte 16 instructeurs. Pendant la pandémie, cette formation est passée en mode virtuel et cela nous a permis de continuer à l'offrir en français. Nous sommes en voie de remettre leur diplôme à 736 participants de cette formation.
En ce qui concerne les objectifs que nous espérons atteindre, à l'heure actuelle, lorsque nous regardons la ligne de front, 96,8 % des personnes occupant ces postes bilingues répondent aux exigences linguistiques de leur poste et, bien sûr, nous aimerions porter ce chiffre à égalité avec celui que nous observons actuellement chez nos surintendants, soit environ 99,1 %.
En plus de la formation, nous continuons à développer notre programme de recrutement. Nous avons un programme de recrutement d'agents de première ligne qui a été élaboré en tirant parti de notre engagement auprès des communautés de langue officielle en situation minoritaire de tout le pays. Une fois que nous aurons établi le nouveau comité consultatif national sur les langues officielles dont il a été question précédemment, nous continuerons à tirer des leçons de cet engagement afin d'étoffer toujours plus ce programme national de recrutement.
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Je suis toujours un peu inquiet, quand il y a une grande différence entre la réalité et ce qui nous est présenté.
Si j'ai bien compris, l'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, dit qu'elle a toujours fourni un service de qualité égal lorsque les voyageurs arrivaient à un point d'entrée bilingue et que chaque voyageur était accueilli dans la langue de son choix. Cependant, en 2015, le commissaire aux langues officielles a publié un rapport et des recommandations. Quatre ans plus tard, il a fait un suivi et il a conclu que l'Agence faisait du surplace et qu'il lui restait du travail à faire. Il disait qu'il y avait des obstacles systémiques importants lorsque venait le temps d'obtenir un service en français à la frontière et que le nœud du problème était la capacité bilingue insuffisante des agents des services frontaliers.
Entre 2015 et 2017, par exemple, on ne notait aucune amélioration quant à l'embauche d'agents bilingues. On disait même que le nombre de surintendants bilingues avait diminué, passant de 80 à 76, en 2017. J'aimerais qu'on précise combien il y en a aujourd'hui.
Par ailleurs, le commissaire aux langues officielles disait qu'il était impossible d'évaluer les services bilingues, parce qu'il n'y avait aucun mécanisme de surveillance des agents ou de l'achalandage des aéroports permettant de fournir un service bilingue. En 2020, dans son rapport, il notait encore une absence de services bilingues offerts par l'Agence des services frontaliers en ce qui concernait les mesures liées à la COVID-19, que ce soit dans les aéroports internationaux ou aux frontières terrestres.
Comment explique-t-on cette divergence entre ce qu'on nous a dit et ce qui semble être la réalité selon le commissaire aux langues officielles?
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Je remercie le député de sa question.
Pour nous, c'est un effort continu. En ce moment, durant la pandémie, comme vous le savez, tous les vols entrants sont limités à quatre aéroports. Nous nous sommes assurés d'avoir les effectifs nécessaires pour effectuer les contrôles frontaliers, y compris les nouveaux contrôles sanitaires, et d'avoir une représentation adéquate d'employés bilingues en les mutant à de nouveaux postes. Nous sommes toujours à la recherche d'un accroissement du nombre d'agents bilingues dans l'organisation, notamment en offrant une formation interne, comme ma collègue l'a mentionné. Cette formation est donnée par une école qui a été créée au sein même de l'Agence et qui relève donc toujours de celle-ci.
Nous avons également continué nos efforts de recrutement. Par exemple, à Ottawa, où je suis en ce moment, nous allons aux foires de carrières à l'Université d'Ottawa et à la Cité collégiale. Nous ciblons les milieux francophones, mais la GRC, les services de police municipaux et les services correctionnels, entre autres, cherchent aussi des gens bilingues. Il est donc un peu plus difficile de trouver des gens qui sont déjà bilingues.
En ce qui concerne les services, une plainte va toujours être une plainte de trop. Nous avons tout de même des mesures en place pour nous assurer que les agents offrent et rendent un service bilingue en tout temps, que ce soit en recourant à un collègue ou à un interprète. Ainsi, lorsque quelqu'un veut recevoir un service dans la langue de son choix, nous nous assurons qu'il le reçoit.
Alors, nous allons faire un effort soutenu par l'entremise de notre plan d'action, qui vise à répondre aux observations du commissaire.
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Merci, monsieur le président.
Mes questions s'adressent particulièrement à Mme Burke, la commissaire aux services en français de l'Ontario, qui nous fait l'honneur de nous visiter.
Madame Burke, vous avez observé sur le terrain, que ce soit au Nouveau-Brunswick, au Manitoba ou dans les régions acadiennes des provinces atlantiques, que la langue française avait tendance à passer au deuxième rang et que la pandémie avait exacerbé ce sentiment chez les gens. En fait, c'est ce que j'ai compris quand vous parliez des plaintes que vous receviez.
Entre 2009 et 2010, il y a eu la pandémie de la grippe H1N1. Votre prédécesseur avait produit un rapport dans lequel il recommandait d'offrir des services en français clairs pendant une situation d'urgence.
Je vais faire un bref retour dans le temps, en avril 2020, c'est-à-dire au moment où vous avez rencontré le premier ministre Ford. Au sujet de la grippe H1N1, le commissaire disait, dans son rapport, qu'il fallait, en temps d'urgence, être en mesure d'offrir une qualité de communication dans les deux langues officielles. Quand vous avez rencontré M. Ford, vous avez tous deux convenu qu'il fallait également le faire. C'était en 2020. Que s'est-il passé? Aujourd'hui, après la rencontre avec le premier ministre M. Ford, qu'en est-il?
:
Je vous remercie de votre question.
Une chose est certaine: entre ces deux dates, il y a eu un manque sur le plan de la planification. La planification aurait dû être faite immédiatement, à la suite de la recommandation soumise par l'ancien commissaire M. Boileau. En fait, je me pose cette question depuis le mois de janvier de l'année dernière, c'est-à-dire depuis que j'ai occupé ces fonctions pour la première fois. J'ai constaté très rapidement, huit semaines seulement avant que la pandémie s'installe, que le gouvernement ne s'était pas suffisamment préparé à de telles circonstances. Je ne parle évidemment pas seulement du gouvernement Ford, mais du gouvernement en général, qui, depuis ce temps, n'avait pas mis en avant une planification prévoyant des services en français en période de crise.
Ce que j'ai compris, c'est que le gouvernement était tout à fait prêt à aider les francophones de la province à obtenir les services auxquels ils ont droit. En tant que commissaire aux services en français, j'ai insisté pour que ce soit le cas, en vertu de la Loi sur les services en français. J'ai reçu du gouvernement un message selon lequel il était en mesure de mettre en place la technologie nécessaire, et c'est ce qui a été fait.
Depuis le mois d'avril, il y a eu un engagement à rendre l'information disponible sur les sites Internet, surtout de la part du ministère de la Santé et du ministère des Affaires francophones. Ce dernier travaille jour et nuit pour assurer que ce service est offert à la communauté, en Ontario, depuis le mois d'avril de l'année dernière.
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Merci, c'est tout le temps dont nous disposons pour ce groupe de témoins. Il est déjà 16 h 37.
Au nom de tous les membres du Comité, en mon nom et au nom du personnel du Comité, je voudrais vous remercier de votre participation. Je vous demanderais de ne pas hésiter à nous faire parvenir des compléments d'information ou vos mémoires. Je sais que nous avons reçu ceux de M. Vinette et de Mme Burke.
Sur ce, je voudrais commencer par remercier Mme Kelly Burke, commissaire aux services en français de l'Ontario, et M. Carl Bouchard, directeur des opérations, unité des services en français. Du côté de l'Agence des services frontaliers du Canada, j'aimerais remercier M. Denis Vinette, vice-président, Direction générale des voyageurs, et Mme Louise Youdale, vice-présidente, Direction générale des ressources humaines.
Je vous remercie de votre participation.
Nous allons suspendre la séance une ou deux minutes, le temps d'accueillir nos prochains témoins.
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Le Comité reprend ses travaux.
Aujourd'hui, le Comité se réunit concernant l'étude de l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la capacité du gouvernement à fournir de l'information dans les deux langues officielles.
Je m'adresse ici aux témoins. Avant de prendre la parole, assurez-vous d'ouvrir votre micro. Si la question vous est adressée, il n'est pas nécessaire d'attendre que je vous donne la parole, allez-y tout de suite.
[Traduction]
Je rappelle à tous que toutes les interventions doivent être adressées à la présidence.
[Français]
Vous avez accès à des services d'interprétation et vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais ou le français.
Je vous demande aussi de parler lentement et clairement. Quand vous ne parlez pas, vous devez mettre votre micro en sourdine.
Je vous accueille donc officiellement au Comité permanent des langues officielles. Chaque groupe disposera de sept minutes et demie pour faire son allocution d'ouverture, qui sera suivie d'une période de questions posées par les députés. Je vous ferai signe quand il vous restera une minute et quand votre temps sera écoulé.
Accueillons donc chaleureusement cet après-midi M. Alex Silas, vice-président exécutif régional de l'Alliance de la fonction publique du Canada, région de la capitale nationale, Mme Chantal Fortin, vice-présidente exécutive régionale suppléante, région de la capitale nationale, et Mme Louise Imbeault, présidente de la Société Nationale de l'Acadie..
Je dois vous aviser qu'au cours de cette heure de discussion, il se pourrait que nous nous arrêtions si les cloches sonnent pour nous indiquer que c'est le temps de voter.
Je demanderais aux gens de l'Alliance de la fonction publique de faire leur présentation.
Vous avez la parole pour sept minutes et demie.
:
Monsieur le président, chers membres du Comité permanent des langues officielles, je vous remercie de nous avoir invités à témoigner sur l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la capacité du gouvernement à fournir de l'information dans les deux langues officielles.
Je m'appelle Alex Silas et je suis le vice-président exécutif régional de l'Alliance de la fonction publique du Canada pour la région de la capitale nationale. Je suis accompagné de ma consoeur, Mme Chantal Fortin, vice-présidente exécutive régionale de l'Alliance de la fonction publique du Canada.
Je suis né à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Ma famille a déménagé à Ottawa quand j'étais plus jeune. Je suis très fier d'être de descendance acadienne. C'est un peuple francophone et bilingue qui se tient debout pour défendre ses droits.
L'AFPC représente plus de 48 000 membres dans la région de la capitale nationale. Il y a un peu plus d'un an, la pandémie de COVID-19 est entrée dans notre vie. Alors que les semaines se sont transformées en mois, nos membres se sont mobilisés et ont continué d'offrir des services publics essentiels aux Canadiens pour les soutenir tout au cours de la pandémie.
À vrai dire, même avant la pandémie, nous savions qu'il y avait des problèmes de bilinguisme dans la fonction publique fédérale. Comme il n'y avait pas de mesures pour protéger le bilinguisme, le droit de travailler dans la langue officielle de son choix et notre capacité de communiquer avec la population dans les deux langues officielles, la réponse de l'Alliance face à la pandémie a été affectée.
Si le bilinguisme était une priorité pour le Conseil du Trésor, celui-ci mettrait en vigueur des pratiques concrètes pour soutenir l'utilisation du français en milieu de travail, au lieu de simplement transmettre des communiqués qui encouragent son utilisation. La pandémie a aggravé la situation.
Pour discuter de ce que nous constatons dans les milieux de travail ainsi que des solutions que nous proposons en tant qu'Alliance, j'invite ma consoeur, Mme Chantal Fortin, à prendre la parole.
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Je suis désolée, j'étais au téléphone avec le technicien pour tenter de régler mes problèmes de vidéo.
Je vous remercie beaucoup de cet accueil.
Je m'appelle Chantal Fortin, je suis la vice-présidente exécutive régionale suppléante de l'AFPC de la région de la capitale nationale. Je suis une fière Franco-Ontarienne née ici, à Ottawa. Je parle aisément le français et l'anglais, ayant vécu dans la région de la capitale nationale toute ma vie. Même si je suis bilingue, ma langue maternelle et d'études est le français. Cela me demande donc plus d'efforts et de temps pour travailler dans ma langue seconde. Ce sont des efforts et du temps qui, au travail, devraient être consacrés à mes tâches principales. Cela fait 19 ans que je travaille au gouvernement du Canada, et je me préoccupe beaucoup de la capacité des travailleuses et des travailleurs comme moi de pouvoir utiliser la langue officielle dans laquelle ils sont le plus à l'aise.
Voici ce que nous entendons de nos membres à l'AFPC. Les informations importantes ne sont pas toujours envoyées par les gestionnaires dans les deux langues officielles. Quand les documents sont envoyés en anglais seulement, la direction dit que [difficultés techniques] version française. Souvent, les francophones ont l'impression qu'ils doivent s'exprimer dans leur deuxième langue...
Je vais m'assurer de parler un peu plus lentement.
Je travaille au gouvernement du Canada depuis 19 ans et je me préoccupe beaucoup de la capacité des travailleuses et des travailleurs comme moi de pouvoir utiliser la langue officielle dans laquelle ils sont le plus à l'aise.
J'aimerais vous faire part de quelques témoignages entendus de nos membres.
Les informations importantes ne sont pas toujours envoyées par les gestionnaires dans les deux langues officielles, et quand les documents sont envoyés en anglais seulement, la Direction dit que cela va prendre un peu plus de temps pour obtenir la traduction française.
Souvent, les francophones ont l'impression qu'ils doivent s'exprimer dans leur deuxième langue pour ne pas laisser de côté leurs collègues, soit parce que la traduction n'est pas disponible, soit parce qu'elle n'est pas produite assez rapidement.
Quelquefois, les francophones comprennent difficilement ce qui est dit en anglais lors des réunions et, à cause du travail virtuel, ces derniers n'ont plus facilement accès à leurs collègues pour pouvoir poser des questions et mieux comprendre ce qui s'est dit pendant la réunion. Quant aux anglophones, ils se sentent mal à l'aise de parler français dans un contexte de réunion officielle où tout se déroule en anglais.
On s'attend parfois à ce que les travailleuses et les travailleurs bilingues interviennent et assurent l'interprétation lors des réunions, plutôt que de mettre à la disposition des participants des services d'interprétation. Par conséquent, les personnes bilingues ont un double devoir: remplir leurs fonctions et fournir des services d'interprétation en renfort. J'ose espérer que vous croyez comme moi que cela est inacceptable.
On entend aussi que, dans nos points de service, plus d'anglophones unilingues que de francophones unilingues sont embauchés et se voient ensuite offrir des formations privées pour améliorer leur français, même si les débouchés sont beaucoup moins fréquents pour les candidats unilingues francophones. On parle alors d'un désavantage et d'une iniquité pour les francophones et les immigrants de pays francophones.
Les membres francophones doivent se battre pour avoir accès à des outils de travail en français, comme des logiciels, de la documentation, des programmes et des applications en français. C'est tout à fait inacceptable.
Le gouvernement du Canada souligne régulièrement sa fierté d'avoir une fonction publique compétente, diversifiée, dynamique et bilingue. Cependant, pour maintenir et améliorer ces capacités, il faut aussi mettre en place les outils et les systèmes de soutien nécessaires pour appuyer l'utilisation du français en milieu de travail.
J'aimerais présenter quelques solutions qui pourraient contribuer à améliorer le bilinguisme dans le milieu de travail fédéral. La prime de bilinguisme, de 800 $ par année, n'a pas changé depuis 30 ans. Nous avons fait pression à plusieurs reprises auprès du gouvernement pour qu'il revoie sa politique, mais celui-ci refuse de bouger.
La prime de bilinguisme doit être augmentée pour reconnaître la valeur du travail dans les deux langues officielles. Il faut aussi offrir plus de formation linguistique afin d'encourager les travailleurs anglophones et francophones à perfectionner leur deuxième langue.
Si le gouvernement veut sérieusement améliorer le bilinguisme dans le milieu de travail fédéral, il devrait augmenter la prime de bilinguisme et étendre la formation en langue seconde. Ce ne doit pas être l'un ou l'autre.
Le Conseil du Trésor doit également cesser toute sous-traitance en formation linguistique et miser sur le retour d'un programme de formation dans le secteur public, composé de travailleurs et de travailleuses de la fonction publique.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je salue chacun et chacune d'entre vous. J'en connais plusieurs, à qui j'ai pu parler. Je suis contente de pouvoir réitérer le message de la Société nationale de l'Acadie.
La Société nationale de l'Acadie existe depuis 1881 pour défendre les intérêts des Acadiens et des Acadiennes, particulièrement de l'Acadie ancienne et de l'Acadie contemporaine. Nous représentons les quatre associations porte-parole des Acadiens et des Acadiennes dans les quatre provinces de l'Atlantique, ainsi que les associations jeunesse de ces quatre provinces et toute une flopée de membres d'un peu partout au monde, que ce soit au Québec, en Ontario, en Louisiane, aux États-Unis ou en France. Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui.
J'aimerais soulever quatre points auprès de vous.
Je commencerai par une anecdote. C'est maintenant une anecdote, mais ce ne l'était pas au moment où cela s'est produit. Vous vous rappellerez qu'au début de la pandémie, le gouvernement canadien a accepté qu'on mette sur le marché des médicaments ou des produits qui n'étaient pas étiquetés dans les deux langues officielles. On a dit que l'urgence en était la cause. Or cela est précisément la pointe de l'iceberg.
Depuis des années, les francophones du pays disent que la Loi sur les langues officielles n'est pas respectée et mise en œuvre, ou qu'elle ne l'est pas toujours, et que, par conséquent, on n'est pas prêt à faire face aux urgences. Des éléments de la même nature ont été soulevés par M. Silas et Mme Fortin.
Depuis deux ou trois ans déjà, sinon plus, les francophones du pays réclament la mise à jour de cette Loi. On réclame qu'elle soit modernisée, qu'elle ait plus de mordant et qu'il y ait des sanctions pour les gens, les entreprises, et particulièrement les services gouvernementaux qui ne la respectent pas. Cet après-midi, on a déjà entendu parler de beaucoup d'incidences où la Loi n'était pas respectée ou mise en vigueur.
Premièrement, la pandémie a eu pour conséquence qu'on a repoussé le projet de loi que nous attendions, et depuis longtemps.
Heureusement, en février, la ministre a fait part de son projet de refonte. Je dois dire que la plupart des milieux que je représente étaient satisfaits que le projet de refonte ait pris en compte les considérations que nous avions proposées, que ce soit pour le respect de la Loi, pour l'augmentation de certaines normes, pour les incitatifs ainsi que pour la reconnaissance des régimes linguistiques de chacune des provinces, notamment celle du Nouveau-Brunswick. La première conséquence de la pandémie sur la Loi sur les langues officielles a été effectivement un grand retard relativement au projet de loi que nous attendions tous depuis longtemps. Cela dit, je ne suis pas sûre que la pandémie en soit responsable; elle a peut-être servi de bonne excuse.
Deuxièmement, les effets de la pandémie ont fait que tous les efforts de développement à l'étranger de la Société nationale de l'Acadie et de l'Acadie en général ont été mis en veilleuse. On n'a pas pu continuer d'entretenir les relations qui avaient été établies avec la France, la Belgique et la Louisiane. Bien sûr, la pandémie en est en partie responsable, mais il faut aussi considérer le fait qu'on n'avait pas les outils pour poursuivre ces relations. À l'exception des Québécois, les francophones ne sont pas nombreux. Il est important que notre capacité d'intervenir puisse s'appuyer sur la reconnaissance internationale.
Troisièmement, je veux parler de la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale, ou SPAASI. Le milieu artistique acadien est foisonnant, mais le public n'est pas très grand. Alors, depuis déjà une bonne vingtaine d'années, nous travaillons à faire valoir la capacité artistique de nos artistes, c'est-à-dire leurs produits artistiques, sur la scène internationale. C'est non seulement un élément clé pour leur rayonnement, mais c'est aussi une question économique. Comme les marchés sont petits, quand nos artistes peuvent se produire sur la scène internationale, cela peut aller jusqu'à tripler les investissements. Ainsi, un artiste qui va faire une tournée en France, en Belgique ou ailleurs va quintupler ses revenus, qui sont très minimes. Pour chacun des dollars investis, il y a un rendement appréciable.
Ce n'est pas du même ordre que le financement ou la subvention d'organismes comme le Cirque du Soleil, pour lesquels on parle de retombées de millions de dollars. Cependant, pour les individus et les groupes, ces retombées sont importantes. Comme le Canada a mis sur ces investissements à l'étranger un signe de dollar, il faut que cela rapporte des retombées. Or il faut prendre en considération le fait que cela peut rapporter différemment, selon que l'on est un artiste seul, une petite compagnie de théâtre, une exposition ou un grand ensemble comme on en a au Canada.
Quatrièmement, je veux attirer votre attention sur la question de l'immigration francophone. Le gouvernement canadien s'était engagé à élargir les possibilités d'immigration et à s'assurer que l'immigration francophone pour l'ensemble du pays atteint au moins 4,4 %, voire plus dans certaines provinces, comme au Nouveau-Brunswick. Cependant, ces cibles n'ont jamais été atteintes et ne le seront sûrement pas non plus cette année, à cause de la pandémie.
Si l'on veut reprendre cet engagement et assurer la pérennité du français, il va donc falloir y mettre des ressources. Considérant ce qui s'est passé, il va falloir, au cours des années à venir, mettre l'accent sur l'immigration francophone et donner un coup de pouce pour que la pandémie n'ait pas d'effets néfastes et éviter que la proportion de francophones au pays ne diminue encore.
Ce sont les quatre points que je voulais soulever. Je suis évidemment tout à fait disposée à discuter davantage avec les membres du Comité.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de nous avoir présenté deux réalités du bilinguisme et de la situation de la langue française au pays et au sein de la fonction publique.
Madame Fortin, votre portrait de l'état du français dans la fonction publique est plutôt alarmant. Je dirais que cela dépasse la portée de l'étude que nous effectuons sur les effets de la pandémie, mais s'inscrit bien dans le cadre de la réforme de la Loi sur les langues officielles.
Madame Imbeault, vous avez touché à plusieurs points importants pour nos collectivités, dont l'immigration. Parlant de culture et de rayonnement, l'émission En direct de l'univers a célébré la francophonie samedi dernier avec une très belle prestation musicale du groupe Salebarbes. La culture est un très bon ambassadeur de la langue.
J'aurais quelques questions, mais, comme la tenue des votes risque de couper court à nos travaux, je vais tout de suite laisser la parole à mon collègue, M. Godin, et vous remercier de vos témoignages qui vont être précieux pour cette étude. Je vous remercie également de nous avoir donné une perspective plus large de la situation préoccupante du français au sein de la fonction publique, entre autres.
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Merci infiniment de votre question, monsieur Godin.
De toute évidence, la nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles doit être adoptée au plus sacrant, au risque de mal parler. Il y a longtemps que nous l'attendons.
Pendant toute la durée de la pandémie, on a démontré que les éléments de la Loi qui n'ont pas été respectés ont fait en sorte que plusieurs personnes n'ont pas reçu les services auxquels elles avaient droit.
J'ai entendu tout à l'heure des questions relatives aux droits des gens de parler en français. Ils ne l'ont pas fait et ils n'ont probablement pas milité beaucoup en faveur de cela pendant la pandémie, parce qu'ils étaient aux prises avec l'urgence. S'il y a une priorité, c'est celle-là.
La deuxième serait de financer les organismes et les institutions, que ce soit les universités ou des groupes comme le nôtre, qui pourront accélérer la cadence afin que les retards soient comblés.
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La province du Nouveau-Brunswick s'est définie comme une province bilingue. Son engagement envers le bilinguisme est inséré dans la Loi sur les langues officielles et dans la Charte canadienne des droits et libertés. C'est donc certain que cet événement a contrevenu à la loi.
Cependant, je ne veux pas m'avancer davantage sur ce sujet. Ce n'est pas par manque de conviction, c'est simplement parce que c'est la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick qui pilote ces dossiers pour les gens du Nouveau-Brunswick.
J'ai essayé d'exposer la situation qui concerne l'ensemble des Acadiens et des Acadiennes des provinces atlantiques. Ce qui s'est produit au Nouveau-Brunswick, c'est une chose. Par contre, à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, la situation est sûrement légèrement différente parce que les obligations sont différentes.
Le gouvernement canadien, lui, a une obligation sur tout le territoire. Comme il finance la santé à un très haut pourcentage, il devrait utiliser ce levier pour que ces services soient vraiment reconnus pour chacun et chacune des francophones.
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Merci beaucoup, monsieur Boulerice.
Je sais que la sonnerie de la Chambre nous appelle au vote, mais permettez-moi de saluer les témoins et de les remercier de leurs interventions. S'ils ont un mémoire à nous envoyer, ils ne doivent pas hésiter à le faire.
Je remercie les deux représentants de l'Alliance de la fonction publique du Canada: M. Alex Silas, vice-président exécutif régional, ainsi que Mme Chantal Fortin, vice-présidente exécutive régionale suppléante, tous deux pour la région de la capitale nationale. Je remercie également Mme Louise Imbeault, présidente de la Société nationale de l'Acadie.
Chers collègues, c'est la dernière journée de notre greffière, Mme Josée Harrison, au sein de ce comité. Au nom de tous les membres du Comité, je voudrais la remercier de son travail et de son accompagnement. Je suis sûr que vous vous joignez à moi pour lui souhaiter du succès dans ses nouveaux projets.
Je veux aussi accueillir chaleureusement Mme Nancy Vohl, qui sera notre nouvelle greffière. C'est elle qui a fait les tests de son ces derniers temps. Je veux lui souhaiter du succès.
Enfin, je remercie le personnel, les techniciens et tous ceux qui nous ont accompagnés durant cette séance.
Sur ce, mesdames et messieurs, la séance est levée.