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Bonjour. Bienvenue à cette 45
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
Conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022, la séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride; les membres y assistent sur place, dans la salle d'audience, ou à distance, sur Zoom.
Permettez-moi ces quelques observations à l'intention des membres et des témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom. Ceux qui sont avec nous par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour activer leur micro et ne pas oublier de mettre ce dernier en sourdine lorsque ce n'est pas à eux à parler.
Pour ceux qui sont sur Zoom, les contrôles de l'interprétation se trouvent au bas de l'écran; vous avez le choix entre le parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont sur place doivent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal souhaité.
Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées par l'intermédiaire de la présidence.
Le sujet de la réunion d'aujourd'hui est la situation actuelle aux frontières entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, avec un accent particulier sur la route de Latchine.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos deux témoins, qui auront chacun cinq minutes pour présenter leur déclaration liminaire. Il s'agit de M. Robert Cutler, ancien chargé de recherche supérieur, Institute of European, Russian and Eurasian Studies, à l'Université Carleton, et de Mme Olesya Vartanyan, analyste principale du Caucase du Sud pour l'International Crisis Group.
Chacun de vous dispose de cinq minutes pour livrer sa déclaration liminaire. Lorsqu'il ne vous restera plus que 30 secondes, j'afficherai un panneau rouge pour vous en avertir. Nous vous serions reconnaissants d'en tenir compte. Il en sera de même lorsque vous serez appelés à répondre aux questions des membres du Comité.
Monsieur Cutler, nous allons commencer par vous. Vous avez cinq minutes pour nous livrer votre déclaration liminaire.
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Je vous remercie de me donner ce privilège.
Aux fins d'identité, je suis membre de l'Institut canadien des affaires mondiales et directeur du programme de sécurité énergétique de l'Association canadienne pour l'OTAN. Je comparais à titre personnel et les opinions que vous entendrez sont les miennes. J'ai obtenu mon baccalauréat au MIT et mon doctorat à la Michigan University. J'ai enseigné à tous les niveaux universitaires au Canada et à l'étranger. Comme vous l'avez dit, j'ai été chargé de recherche supérieur à l'Université Carleton pendant plus de 20 ans.
Voici maintenant ma déclaration.
[Français]
Cependant, je vais répondre aux questions dans la langue dans laquelle elles auront été posées.
[Traduction]
Le Canada coopère depuis longtemps avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie, nommément depuis le programme Partenariat pour la paix de l'OTAN, en 1994. À partir de 2001, des dizaines de milliers d'avions militaires et de camions de ravitaillement ont transité par l'Azerbaïdjan pour transporter les forces et le matériel de l'OTAN en Afghanistan. À partir de 2002, le bataillon azerbaïdjanais de maintien de la paix a participé au déploiement en Afghanistan de la Force internationale d'assistance à la sécurité dirigée par l'OTAN. Lorsque le réseau de distribution du Nord a été mis en place en 2009, l'Azerbaïdjan constituait toujours un lien essentiel, ce qui s'est poursuivi jusqu'à ce qu'on cesse de l'utiliser, il y a quelques années.
Le Canada entretient des relations diplomatiques officielles avec l'Azerbaïdjan et l'Arménie depuis 1992, date à laquelle il a reconnu leur intégrité territoriale en fonction des frontières qu'avaient ces États avant l'effondrement de l'Union soviétique. Prenant acte de quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies datant de 1993, la politique canadienne a toujours soutenu l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan et s'est opposée au séparatisme, tout comme elle l'a fait en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine.
À l'instar du Canada, l'Azerbaïdjan apporte un soutien concret à l'Ukraine. Il y envoie d'importantes cargaisons de marchandises aux fins d'aide humanitaire. La société pétrolière d'État de la République d'Azerbaïdjan, la SOCAR, possède des stations-service en Ukraine qui fournissent gratuitement du carburant aux véhicules des services d'urgence tels que les ambulances et les camions de pompiers. L'Azerbaïdjan a récemment fourni à l'Ukraine des générateurs électriques d'urgence pour l'hiver.
Que peut faire le Canada aujourd'hui? Premièrement, Ottawa devrait faire davantage pour aider à déminer le sixième du territoire de l'Azerbaïdjan — une région deux fois plus étendue que le Grand Toronto — qui, pendant 30 ans, a été sous occupation militaire. Je suis désolé de le dire, mais la contribution du Canada à l'effort de déminage en Azerbaïdjan n'a pas été à la hauteur de l'attention que cette question a reçue ailleurs dans le monde. De nombreux pays, ONG et organismes internationaux du monde entier contribuent non seulement au financement de ce déminage, mais aussi en fournissant du personnel et de l'aide à la formation et à l'enseignement du programme de déminage à long terme de l'Azerbaïdjan.
Autour de la seule ville détruite d'Aghdam, pas moins de 80 000 mines ont été découvertes et désamorcées. On estime à plus d'un million le nombre de mines posées dans les anciens territoires occupés. Le Canada devrait également encourager l'Arménie à remplir l'obligation qui lui incombe aux termes du droit international de remettre à l'Azerbaïdjan toutes les cartes des mines que ses forces ont posées pendant les 30 ans qu'a duré l'occupation, ce qu'elle a refusé de faire jusqu'à présent.
Deuxièmement, le Canada devrait ouvrir une ambassade en Azerbaïdjan. La dernière crise sur la route de Latchine et, en fait, toute l'instabilité politique actuelle de la région sont manigancées par la Russie, qui cherche à faire dérailler le processus de paix. L'Union européenne, les États-Unis et d'autres puissances occidentales s'accordent à dire que seuls des contacts et des négociations bilatéraux directs entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie permettront d'aboutir à un règlement définitif. L'Azerbaïdjan a maintes fois fait mention de sa volonté de reconnaître l'Arménie, de réconcilier les deux sociétés civiles et d'établir une coopération mutuellement bénéfique sur le plan économique et dans d'autres sphères d'activités. Seule la Russie s'y oppose, car elle ne veut pas être exclue de cette région où, depuis si longtemps, elle exerce son statut de seule puissance hégémonique.
Le Canada et l'Azerbaïdjan sont tous deux d'authentiques moyennes puissances multiculturelles qui ne cessent de se surpasser dans la diplomatie internationale. Par leurs actions, leur conduite de la diplomatie internationale, leur participation à la coopération internationale et leur leadership au sein d'organismes internationaux, le Canada et l'Azerbaïdjan ont tous deux démontré leur foi en un ordre international fondé sur des règles. Bien que l'Azerbaïdjan n'est pas aussi démocratique que nous le souhaiterions, sans représentation diplomatique, nous perdons la possibilité de découvrir le véritable pluralisme de la société azerbaïdjanaise, d'amorcer la mise en œuvre d'un dialogue ouvert et de dire à Bakou ce que nous pensons.
L'Azerbaïdjan est l'acteur géopolitique le plus important de cette région. Non seulement apporte‑t‑il un soutien important à l'Ukraine, mais il est également un allié très important d'Israël, ce que son voisin l'Iran — ironiquement, comme la Russie, un allié de l'Arménie dans le conflit — n'aime pas. Une ambassade canadienne à Bakou est essentielle, non seulement pour améliorer notre représentation dans la région de la mer Caspienne, mais aussi pour nous permettre de nous faire une idée plus objective de ce qui se passe sur le terrain en étant à l'affût de toutes ces nuances névralgiques qui seront déterminantes pour le sort de la région.
Merci de votre attention.
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Monsieur le président Ehsassi, monsieur le vice-président Bergeron, distingués membres du Comité, bonjour.
Vous avez déjà eu l'occasion d'écouter un certain nombre d'intervenants qui ont fourni des détails sur ce qui se passe sur le terrain dans le Haut-Karabakh. Aujourd'hui, à l'occasion de cette importante audition, j'ai l'intention de vous expliquer plus en détail pourquoi ces développements se produisent et ce qui devrait être fait pour les empêcher de se produire, non seulement maintenant, mais aussi à l'avenir.
Je vais pour ce faire m'appuyer sur les analyses de mes nombreux collègues de l'International Crisis Group. Mes collègues et moi effectuons des recherches sur le terrain et nous entretenons avec les personnes touchées par le conflit et les décideurs de toutes les parties concernées, tant dans la région que dans les capitales étrangères.
International Crisis Group s'intéresse au conflit du Haut-Karabakh depuis plus de 15 ans. Au cours de cette période, nous avons connu un grand nombre de hauts et de bas. La dernière guerre — six semaines de combats d'une grande brutalité — a eu lieu en 2020 et a coûté la vie à plus de 7 000 personnes. Cette année, le Crisis Group a inscrit le conflit du Haut-Karabakh dans sa liste des 10 conflits à surveiller dans le monde. Pour en arriver là, nous nous sommes basés sur notre analyse des événements qui ont commencé à se produire l'année dernière. Or — et c'est malheureux de le dire —, nous voyons maintenant des risques accrus d'une nouvelle guerre dans cette région. En voici les raisons.
L'année dernière, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont entamé des pourparlers de paix. Leurs dirigeants se sont rencontrés plusieurs fois et les ministres des Affaires étrangères de part et d'autre ont commencé à discuter d'un traité de paix. Leurs objectifs étaient vraiment ambitieux, car ils souhaitaient en arriver très rapidement à finaliser le travail. Certains visaient même la fin de l'année, mais la teneur de ces pourparlers est particulièrement ardue et la quantité de sujets cruciaux qui doivent encore être débattus est vraiment trop importante. Malheureusement, compte tenu de la complexité des pourparlers à l'ordre du jour, ce processus de négociation a plus de chances d'échouer que de réussir. Or, l'échec éventuel de ce processus sera assurément une mauvaise nouvelle, car il accroîtra l'instabilité dans la région.
Les risques d'une nouvelle guerre sont vraiment très élevés. L'année dernière, nous avons déjà assisté à trois escalades, chacune plus meurtrière que la précédente. Deux d'entre elles ont eu lieu dans le Haut-Karabakh et l'autre s'est produite à la frontière. L'Azerbaïdjan a fait usage de sa supériorité militaire alors que la Russie était occupée à envahir son voisin et que les autres pays du monde étaient focalisés sur la réponse à la guerre en Ukraine.
Cela a permis à l'Azerbaïdjan de renforcer considérablement ses positions au cours de la dernière année, avec comme résultat qu'elle détient désormais un avantage militaire significatif. Lorsque je me suis rendue sur le lieu des derniers combats à la frontière, j'ai vu l'armée azerbaïdjanaise renforcer ses positions. En cas de nouvelle flambée, les soldats azerbaïdjanais pourraient réaliser une avancée militaire à travers l'unique gorge qui sépare désormais leurs positions de l'exclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, au sud de l'Arménie. L'Arménie serait alors coupée en deux, avec de graves conséquences humanitaires, et les dirigeants arméniens seraient soumis à une pression énorme pour faire des concessions.
Pour éviter que cela ne se produise, l'Union européenne a annoncé il y a deux jours qu'elle déploierait huit observateurs civils non armés qui auront pour mission d'observer la situation sur le terrain et de faire rapport directement à tous les États membres. Dans les jours à venir, nous, au Crisis Group, aurons en main un rapport qui examinera en détail ce qui devra être fait — et comment — pour que la mission fonctionne. Comme d'autres acteurs de l'extérieur que cette question préoccupe, le Canada devrait soutenir cette mission et l'aider à obtenir suffisamment de personnel ainsi que les moyens et le mandat nécessaires pour prévenir efficacement les incidents susceptibles de dégénérer et de déclencher une nouvelle guerre.
La mission atténuera les risques d'une nouvelle guerre, mais elle ne pourra pas les éliminer complètement. Ce qui sera essentiel, c'est un processus de négociation fonctionnel qui devrait aboutir à un accord de paix apte à mettre un terme à ce conflit. L'Union européenne a joué un rôle important en facilitant les contacts entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Elle a fait en sorte que les dirigeants se rencontrent. Elle a été présente et prête à aider lorsqu'ils ont accepté de poursuivre les pourparlers de paix. Les États-Unis ont soutenu ce processus. L'Union européenne devra poursuivre cette initiative diplomatique, et elle devrait pour ce faire être soutenue par ceux qui se trouvent dans la région et par les autorités des capitales étrangères.
Maintenant que j'ai campé la situation actuelle, permettez-moi de revenir sur les événements qui ont secoué le Haut-Karabakh.
La situation s'aggrave et beaucoup s'inquiètent, mais comme vous pouvez le constater, il ne s'agit que de la manifestation la plus récente des tensions. En effet, il est nécessaire d'accroître la pression diplomatique pour apaiser la situation, mais il faut également trouver une voie pour mettre fin au cycle de crises et d'embrasements, tous plus sanglants les uns que les autres. Les appels à la reprise des contacts et des pourparlers pourraient être une façon d'avancer. Pendant l'été, l'Union européenne et les États-Unis ont commencé à travailler sur l'instauration d'une nouvelle dynamique entre Bakou et Stepanakert. De tels contacts pourraient contribuer à la résolution de tout problème futur sur le terrain. Ils donneraient également aux Arméniens qui sont sur place l'assurance qu'ils ne seront pas chassés de chez eux.
Je serai heureuse de discuter de ces idées lors de la période des questions.
Merci encore de m'avoir invitée à votre réunion.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre question, qui témoigne d'un malentendu généralisé. J'ai le plaisir de vous informer qu'il n'y a pas de blocage. Depuis quelques mois, un millier de camions des forces russes de maintien de la paix et du Comité international de la Croix-Rouge ont emprunté la route de Latchine.
Les problèmes ont commencé le 13 décembre, lorsque des écoactivistes azerbaïdjanais ont cherché à accéder au territoire temporairement occupé par les forces de maintien de la paix russes afin de vérifier le respect des lois environnementales par une société suisse qui, contrairement au droit international, extrait de l'or dans les territoires occupés. En fait, une société britannique, qui détient le contrat pour ces gisements, a officiellement attiré l'attention des gouvernements américain, britannique et autres sur ce fait.
Le problème n'était pas seulement le fait que ces gisements exploités illégalement étaient acheminés en Azerbaïdjan pour être raffinés et exportés par le couloir ou la route. Il y avait aussi ce problème du non-respect des protocoles nécessaires à la préservation de l'environnement. Tel était le motif initial de la manifestation azerbaïdjanaise qui s'est organisée sur la route le 13 décembre.
Les forces de maintien de la paix russes ont alors bloqué la route en érigeant des barrières pour empêcher les manifestants azerbaïdjanais de progresser. La route a été bloquée pendant environ une semaine. Puis les Arméniens de Hankendi, une ville qui s'appelait Stepanakert à l'époque soviétique, ont fait une excursion, une manifestation, depuis leur ville le long de la route jusqu'à l'endroit où elle était bloquée afin de voir à ce qu'on la débloque.
À la suite de cela, les soldats russes ont enlevé les barrières et depuis, les véhicules peuvent circuler librement. Ils s'assurent qu'il n'y a pas d'exportation illégale d'or et qu'aucune mine n'est importée pour être posée, comme cela s'est déjà fait, de sorte que la route est maintenant ouverte.
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Merci beaucoup de me donner la possibilité de répondre à cette question.
Je crois que vous avez déjà entendu un certain nombre de témoins qui non seulement ont discuté avec d'autres personnes sur ce sujet, mais qui ont aussi un lien personnel avec la région. Au sein de l'International Crisis Group, nous parlons à des personnes qui sont touchées par le conflit.
J'ai eu l'occasion de parler aux personnes qui se trouvent actuellement à Stepanakert. Je communique en fait avec elles depuis le tout début du blocus, qui dure depuis plus de 40 jours. D'après ce que j'ai entendu, les gens ne sont pas en mesure de voyager par la route.
La guerre de 2020 nous a laissé un accord de paix. En vertu de celui‑ci, nous avons obtenu les territoires où vivent actuellement les personnes d'origine arménienne et les forces russes de maintien de la paix qui y sont présentes. Ces soldats sont chargés d'appliquer et d'observer le cessez‑le‑feu sur le terrain.
En plus de cette zone, il y a une route, et il s'agit de la seule route qui relie le Haut-Karabakh à l'Arménie et, de ce fait, au monde extérieur. Le blocus actuel se situe exactement à cet endroit.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d'être présents. Je pense que les deux témoins ont un peu fait la lumière sur la situation du corridor de Latchine. Il s'agit d'une question importante que nous tentons d'examiner ici. Cette situation crée‑t‑elle une crise humanitaire? C'est la question que nous posons à ce comité et c'est ce que nous essayons de déterminer. Nous voulons bien sûr également savoir si le Canada peut faire quelque chose.
Je voudrais poser quelques questions très importantes. Nous savons que l'Union européenne s'est engagée et nous savons que la Russie est censée assurer le maintien de la paix. Nous savons également que des observateurs de l'Union européenne étaient présents sur place. Il existe un rapport sur ce sujet. Les gens s'efforcent de comprendre ce qui se passe.
J'ai une question importante à poser. Les Nations unies peuvent intervenir. Les États-Unis sont intervenus et ont rencontré les deux parties. La France est intervenue et a rencontré les deux parties. Nous savons que la Russie est en fait officiellement intervenue au moment de Noël et a rencontré les deux parties.
Selon vous, quelle est la probabilité que l'OSCE, le groupe qui était à l'origine responsable des Accords de Minsk...? Pourquoi ont‑ils échoué? Que peut faire l'OSCE? Elle ne peut pas vraiment envoyer de troupes, mais ses membres pourraient apporter leur aide. Je veux dire que le Canada est membre de l'OSCE. Comme vous le savez, cette organisation regroupe 57 États-nations, dont certains ont une capacité et d'autres non.
Pourquoi les Accords de Minsk, qui sont l'instance officielle de négociation, ont‑ils échoué? Quelle est la probabilité qu'ils soient renouvelés? Quelle est la probabilité que nous puissions mettre un terme à cette situation? La plupart d'entre nous souhaitent y mettre fin. La plupart d'entre nous veulent un règlement pacifique. La plupart d'entre nous souhaitent que les gens puissent rentrer chez eux et que les personnes d'origine arménienne et les Azerbaïdjanais puissent être amis. Il fut un temps où ils étaient amis. Il fut un temps où nombre d'entre eux entretenaient encore, comme l'a dit M. Cutler, les relations multiculturelles et multireligieuses qui étaient les leurs.
Que pouvons-nous faire? Quel est le rôle des Accords de Minsk et pourquoi ont‑ils échoué? Ce sont les deux questions auxquelles j'aimerais que l'un d'entre vous réponde, en commençant peut-être par Mme Vartanyan.
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C'est une excellente question, en particulier la partie sur le rôle de l'OSCE.
Cette organisation participe au processus, ainsi que le Groupe de Minsk de l'OSCE. Les coprésidents en sont la France, la Russie et les États-Unis. Comme vous le savez probablement, le Groupe de Minsk a eu d'énormes problèmes pour reprendre ses fonctions après la guerre de 2020 en raison de la résistance de l'Azerbaïdjan à collaborer avec lui. Bakou pense que le Groupe a échoué dans le cadre des négociations en vue d'un accord de paix. Bakou a tout de même essayé de collaborer avec le Groupe. Ils ont toutefois constaté que les choses ne se passaient pas comme ils le souhaitaient et que le processus se trouvait dans une impasse.
L'autre raison pour laquelle le Groupe de Minsk de l'OSCE ne se réunit pas est l'invasion russe de l'Ukraine. Lorsque l'Occident est devenu beaucoup plus engagé dans la médiation entre les dirigeants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, la Russie s'est essentiellement retirée du Groupe. Il existe toujours sur le papier, donc il est possible qu'il se réunisse à nouveau, mais pour l'instant, il est difficile d'imaginer une quelconque coopération entre les États-Unis et la Russie, y compris, malheureusement, au sujet du Haut-Karabakh.
Cela étant dit...
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Merci pour votre question.
Pour reprendre le dernier point de l'intervenante précédente, si l'OSCE n'a pas envoyé de mission d'enquête, c'est parce que la décision avait été mal prise et qu'il n'y avait pas de mandat.
Si le Groupe de Minsk n'a aucune chance de réussir, je suis désolé de le dire, c'est parce que son mandat est devenu obsolète. Le mandat du Groupe de Minsk était fondé sur la résolution pacifique du conflit, ce qui n'a pas été le cas. Vous connaissez probablement les six points des Principes de Madrid, qui ont été rédigés en 2007 et révisés en 2009. La lecture de ces six points indique qu'ils sont obsolètes. Soit ils ont été réalisés, soit ils ont été dépassés par les événements. Je pense qu'on peut le dire ainsi. De plus, si l'on prend les trois coprésidents — la Russie, la France et les États-Unis — aucun d'entre eux ne s'intéresse au Groupe de Minsk.
Hier encore, le secrétaire d'État américain a insisté sur le fait que la seule voie possible serait d'établir des contacts bilatéraux directs entre les deux parties. La France n'est pas une partie neutre en raison des proclamations très publiques du président Macron. Par exemple, après le déclenchement de la guerre, à l'automne 2020, il a déclaré à ses concitoyens français que la France ne permettrait pas — il s'agit presque d'une citation directe, car j'ai écrit sur ce sujet — à l'Azerbaïdjan de reprendre le Haut-Karabakh et que la France jouerait son rôle pour empêcher que cela ne se produise. Il s'agit d'une paraphrase très fidèle, presque une citation directe. La France n'est pas digne de confiance, et on peut comprendre la méfiance de l'Azerbaïdjan à l'égard de ce pays sur ce point.
Enfin, la Russie ne veut pas donner un droit de parole aux États-Unis ou à la France sur la situation parce que c'était le cas jusqu'à ce que Charles Michel commence sa médiation ou ses convocations en décembre 2021, qui ont été très fructueuses jusqu'à un certain point... Suite à la déclaration trilatérale de novembre 2020, la Russie monopolisait les interactions entre ces deux pays. Aucun des coprésidents du Groupe de Minsk n'a...
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être des nôtres aujourd'hui.
Je vais d'abord m'adresser à M. Cutler. D'abord, j'aimerais lui dire que sa présentation de la situation m'apparaît être une présentation alternative de la réalité qui a cours là-bas. En effet, cette présentation ne correspond pas, à première vue, à l'ensemble des informations qui circulent à propos de ce qui se passe véritablement dans le corridor de Latchine. En ce sens, je salue sa contribution aux travaux du Comité.
Cela m'amène à lui poser immédiatement une question. Je dois dire que je suis extrêmement dubitatif en ce qui a trait à sa présentation, dans la mesure où le Canada, les États‑Unis, l'Union européenne, la France, qui de toute façon n'est pas un intervenant fiable, crédible et neutre, selon ses propos, ont, au cours des premières heures ou des premiers jours du blocage, qui aurait eu lieu le 12 décembre, réclamé de l'Azerbaïdjan qu'elle rouvre les communications. Or M. Cutler présente une séquence des faits différente.
Monsieur Cutler, êtes-vous en train de laisser entendre que les services de renseignement des États‑Unis, de l'Union européenne, de la France et du Canada étaient complètement à côté de leurs pompes?
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Je vous remercie de vos propos, monsieur le député.
D'abord, il ne s'agit pas d'informations venant des services de renseignement, mais d'informations propagées par les médias de masse. Je vous assure que tous les constats dont je vous fais part sont basés sur des reportages sur le terrain, que je suis au jour le jour.
Effectivement, c'est une version des faits différente, dans la mesure où elle diffère de celle qui est présentée par les médias de masse.
Je vais vous donner un exemple. Depuis le début, nous avons beaucoup entendu dire que 120 000 habitants de Stepanakert auraient été touchés par une pénurie de denrées alimentaires, entre autres. Je vous dis carrément, monsieur le député, que ce chiffre est périmé, car il remonte à avant la guerre de 2020. Selon des dires publics et les autorités arméniennes, la population de Stepanakert ne serait que de 30 000 habitants.
On parle aussi de l'interruption de l'approvisionnement en gaz, dont les Azerbaïdjanais seraient supposément coupables. Il s'agit d'un gazoduc souterrain construit pendant l'occupation et contrôlé par l'État arménien. Ce sont les Arméniens d'Arménie qui fournissent ce gaz aux Arméniens du Haut‑Karabakh. L'Azerbaïdjan n'est pas en mesure de couper cet approvisionnement en gaz. L'année dernière, on racontait la même histoire. Je m'en souviens, car je suis de très près les événements, et je suis certain qu'on racontera la même histoire l'année prochaine. En fait, les Azerbaïdjanais devaient demander la permission des autorités arméniennes et des troupes russes pour intervenir sur le terrain et faire le nécessaire pour régler le problème. On le leur a permis, et le problème est disparu.
Il ne s'agit donc pas d'informations venant des services de renseignement ou des services secrets, privés ou privilégiés, monsieur le député. Ce sont des informations propagées par les médias de masse. Nous avons appris, depuis un certain temps, à faire preuve de scepticisme dans l'évaluation de tout ce genre d'informations.
En conclusion, monsieur le député, je vous assure qu'en tant que spécialiste, je suis de près, au jour le jour, les événements. Vous dites que je présente une version différente des faits. Effectivement, elle diffère de la soi-disant réalité qui est dépeinte par les médias, mais je vous assure que c'est la réalité sur le terrain.
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Les forces de maintien de la paix ont un contingent très limité sur le terrain. Elles sont surtout présentes le long des routes principales, avec divers points de contrôle. Elles n'ont pas assez de personnel, par exemple, pour assurer la sécurité de la population locale. Dès le début, la population locale s'est posé des questions, mais comme elle a compris qu'il s'agissait de la seule présence internationale convenue à ce jour, elle l'a acceptée et l'a soutenue.
Plus la situation se prolongeait, plus les gens se rendaient compte qu'il y avait des problèmes. L'Azerbaïdjan a profité de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et du fait que la Russie préfère toujours se concentrer sur sa guerre, c'est‑à‑dire sur sa guerre illégale en Ukraine. Comme je l'ai décrit dans mon mémoire et comme je l'ai dit plus tôt dans ma déclaration préliminaire, l'Azerbaïdjan a attaqué le Haut-Karabakh à deux reprises l'année dernière, et a même attaqué la frontière. Je dirais que la dernière frappe était encore plus étendue, car elle a duré deux jours et a pris place sur 200 kilomètres. On ne peut pas vraiment lancer une attaque spontanée comme celle‑là sans la planifier.
Ce que j'essaie de dire, c'est qu'au début, certaines personnes étaient prêtes à faire confiance aux forces de dissuasion russes, mais cette confiance a certainement été ébranlée, et les gens sur le terrain se posent maintenant des questions. C'est la raison pour laquelle je pense que c'est une bonne chose que nous ayons cette discussion, car ce sont les principaux enjeux sur lesquels il faut se pencher en ce moment. Si la situation ne change pas, nous assisterons peut-être à la montée de la violence dans la région. Nous ne voulons certainement pas faire face à une situation dans laquelle nous ne pourrions pas intervenir dans une nouvelle guerre, car je pense qu'une telle guerre serait dévastatrice et entraînerait de graves conséquences.
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Je remercie les témoins.
J'imagine que vous pouvez comprendre que nous essayons de démêler tout cela pour nous faire une idée plus précise de la situation actuelle dans un contexte élargi. Nous comprenons que ce contexte élargi a 100 ans. Un conflit qui a éclaté en 1992 se poursuit à ce jour, et il est donc très difficile pour nous de comprendre ce qui passe exactement en ce moment. Nous entendons différentes versions de la réalité. Je n'ai aucune intention de critiquer les réalités que nous avons entendues, mais je tente de comprendre ce qui se passe.
Si vous n'avez pas de connaissances directes, pouvez-vous me diriger vers quelqu'un qui possède de telles connaissances? Je demanderais aux deux témoins de nous indiquer à qui nous devrions nous adresser pour mieux comprendre la situation.
Monsieur le président, pourriez-vous demander aux témoins de répondre, puisqu'ils ne peuvent parler qu'à vous et non à moi?
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Je vous remercie beaucoup.
Je pense qu'il faudrait faire deux choses au sujet du blocus. Premièrement, je pense que le Canada devrait continuer à exercer des pressions sur Bakou pour que nous puissions commencer à voir au moins plus de mouvement sur cette route.
Je parle régulièrement aux gens sur le terrain et d'après ce que je comprends, la situation ne cesse d'empirer. Malheureusement, les contacts sont inexistants. Ce sont eux qui pourraient, par exemple, résoudre certains des problèmes liés au manque de gaz ou d'électricité, car les lignes se trouvent dans les zones contrôlées par les Azerbaïdjanais.
La deuxième chose est très importante, car il s'agit de demander des pourparlers. En ce sens, l'idée selon laquelle l'Union européenne et les États-Unis doivent créer une voie de communication directe entre Bakou et Stepanakert est une excellente idée. Le fait d'y croire pourrait satisfaire toutes les parties.
Il est très important de continuer à appuyer les efforts de l'Union européenne pour réunir les dirigeants. De même, comme je l'ai dit, je pense que le Canada devrait soutenir la mission européenne à la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
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Merci, monsieur le président.
Comme participant actif à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, j'ai l'occasion d'entendre la rhétorique de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan sur le conflit qui, comme l'évoquait M. Oliphant, a cours entre ces deux pays depuis de nombreuses décennies.
Évidemment, nous savons que le problème du corridor de Latchine est directement lié à ce conflit. Zaur Shiriyev, un analyste de l'International Crisis Group, a expliqué à Eurasianet, le 15 décembre dernier, que si Bakou s'engageait de bonne foi auprès des Arméniens locaux, cela pourrait réduire les risques concernant l'accord de paix.
Pourriez-vous nous dire, très rapidement, quelles sont vos impressions sur un éventuel accord de paix? La paix est-elle possible ou faut-il se résigner à cet état de guerre permanent entre les deux pays?
Ma question s'adresse aux deux témoins, indifféremment.
Monsieur le député, on ne peut qu'être d'accord sur un engagement entre Bakou et les Arméniens du Haut-Karabakh. Cela a eu lieu en été et en automne.
L'autre expert qui comparaît devant vous aujourd'hui sait comme moi, j'en suis certain, qu'un nouveau leader a été parachuté au Haut-Karabakh arménien à partir de Moscou. Il s'appelle Ruben Vardanyan et n'est pas originaire du Haut-Karabakh. Je suis sûr qu'il n'y a aucune relation entre lui et Mme Vartanyan. Je ne vais pas tout raconter à son sujet, mais disons que, dès son arrivée, la politique arménienne s'est durcie. Or une nette amélioration était en cours.
Je profite de l'occasion pour exprimer mon accord sur la nécessité de mettre de la pression sur Bakou. Comme je le disais au début, il faut pour cela qu'il y ait une ambassade canadienne à Bakou et qu'on puisse ainsi faire savoir à ce gouvernement ce que pensent les Canadiens. Parmi les choses que peut faire le Canada, il y a la sensibilisation à la question des mines et la réalisation de l'accord de 2020.
Je vous remercie.
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La population locale souffre de pénuries de nourriture. Par exemple, il n'y a plus de légumes ou de fruits depuis des semaines. Il y a également d'autres problèmes avec les fournitures médicales, car les gens ne peuvent même plus obtenir de simples analgésiques à leur pharmacie locale, sans parler des médicaments nécessaires pour les personnes atteintes de cancer, par exemple, ou de diabète.
En outre, près de la moitié de la population du Haut-Karabakh vit à Stepanakert. Devant les magasins, on peut voir de très longues files de personnes qui tentent d'acheter au moins des oeufs ou des fromages apportés des autres villages, car aucune autre nourriture n'arrive au Haut-Karabakh à cause du blocage de la route.
De plus, les gens sur le terrain commencent à avoir des problèmes avec le chauffage, car l'approvisionnement en gaz est intermittent. Encore une fois, le gazoduc et les lignes électriques se trouvent sur le territoire contrôlé par l'Azerbaïdjan. Par conséquent, les gens souffrent d'une pénurie d'aliments essentiels. Ils n'ont pas de fournitures médicales et en plus de tout cela, ils ont tout simplement froid. En effet, c'est l'hiver là‑bas et il s'agit d'une région montagneuse.
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Nous reprenons la séance pour la quatrième heure de notre audience sur la situation actuelle entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, notamment en ce qui concerne le corridor de Latchine.
Nous sommes reconnaissants d'avoir avec nous aujourd'hui M. Anar Jahangirli, président du conseil du Network of Azerbaijani Canadians, ainsi que M. Christopher Waters, professeur à l'Université de Windsor.
Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire. Les membres du Comité vous poseront ensuite des questions. Lorsqu'il ne vous restera que 30 secondes, je brandirai ce carton, qui signifie que vous devez conclure votre intervention. Cela s'applique à votre déclaration préliminaire et aux réponses que vous donnerez aux questions qui vous seront posées par les membres du Comité.
Monsieur Jahangirli, vous avez la parole. Vous avez cinq minutes.
Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs, de m'avoir invité à témoigner. Je représente le Réseau des Canadiens azerbaïdjanais, une organisation communautaire qui défend les intérêts des Canadiens azerbaïdjanais.
Plus tôt aujourd'hui, le Comité a entendu quatre témoins arméniens et un expert qui se trouve être arménien aussi. Je pense qu'il est très symbolique que l'autre partie doive présenter son point de vue en cinq itérations. Le point de vue azerbaïdjanais vous informera des faits importants qui manquent dans ce discours enflammé. Un seul témoin suffira pour présenter la vérité.
Je m'exprime aujourd'hui à un moment très difficile pour la région du Caucase du Sud, où le président russe Vladimir Poutine tente de provoquer une nouvelle crise et de rompre le processus de paix fragile entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Il est donc très important de nous arrêter un peu pour porter attention à ce qui n'a pas été dit, afin de replacer la situation dans le contexte de ce qui se passe réellement dans la région.
Je mentionnerai trois périodes importantes dans l'histoire.
La première est celle où l'Arménie encourageait l'irrédentisme et le séparatisme ethnique en Azerbaïdjan, pendant les dernières années de l'Union soviétique. Juste après l'effondrement de l'U.R.S.S., le conflit a dégénéré en guerre à grande échelle. La plus grande atrocité de masse de ce conflit, le massacre de Khojaly, a fait 613 victimes en une nuit parmi les civils azerbaïdjanais au cœur du Karabakh, aux mains des soldats arméniens.
La guerre s'est finie en 1994, laissant environ 15 % des territoires azerbaïdjanais internationalement reconnus sous occupation arménienne et 700 000 Azerbaïdjanais autochtones du Karabakh en proie au nettoyage ethnique, forcés de vivre dans des camps de personnes déplacées ailleurs dans le pays. À ces réfugiés totalement oubliés du monde, il faut ajouter 200 000 Azerbaïdjanais qui ont dû quitter l'Arménie elle-même.
Par la suite, pendant 26 ans, se sont étirés des négociations, ou plutôt un semblant de négociations, l'Arménie ne faisant rien pour se retirer des territoires azerbaïdjanais occupés illégalement.
Le deuxième virage important s'est amorcé quand la guerre a éclaté, en septembre 2020, et que l'Azerbaïdjan a réussi à libérer la plupart de ses territoires occupés illégalement par l'Arménie. Le 9 novembre, après que l'Azerbaïdjan ait repris le contrôle de territoires clés et de la ville historique azerbaïdjanaise de Shusha, l'Arménie a accepté de signer une déclaration dans laquelle elle fournissait un calendrier de retrait de ses troupes du reste des territoires azerbaïdjanais occupés. Malheureusement, certaines dispositions de cet accord n'ont toujours pas été mises en œuvre par l'Arménie. Je serai heureux de vous en parler davantage si le temps me le permet. Selon la déclaration en question, un contingent de maintien de la paix russe devait être déployé dans la région jusqu'en novembre 2025.
Depuis, les parties se sont engagées dans des pourparlers de paix. En octobre dernier, à Prague, l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé une déclaration confirmant leur engagement à reconnaître l'intégrité et la souveraineté territoriale l'un de l'autre. C'est à ce moment‑là que le régime de Poutine a parachuté un oligarque arméno-russe, Ruben Vardanyan, au Karabakh pour déstabiliser la situation et faire dérailler le processus de paix.
Cela m'amène à mon dernier point, à la situation actuelle.
Cet individu, qui est d'ailleurs sanctionné par l'Ukraine, a rapidement pris le pouvoir en tant que « ministre d'État » dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh, où le contingent russe de maintien de la paix est temporairement déployé. Depuis le 12 décembre, des militants azerbaïdjanais manifestent sur la route qu'empruntent les Arméniens du Karabakh pour rejoindre l'Arménie proprement dite. Ils manifestent contre l'exploitation illégale de mines d'or et de cuivre dans la région azerbaïdjanaise du Karabakh, et non contre les civils ou le transport humanitaire.
Actuellement, des militants azerbaïdjanais contrôlent la route pour empêcher le transport hors de la région d'armes et de ressources aurifères extraites illégalement. Je répète qu'aucun accès humanitaire n'est bloqué. C'est évident au vu des nombreux véhicules qui continuent de passer par là chaque jour. Plus de 1 000 véhicules et camions ont emprunté cette route au cours du dernier mois et demi, selon les informations les plus récentes.
Si la situation sur le corridor de Latchine n'est pas du tout celle dans laquelle les Azerbaïdjanais et les Arméniens devraient se trouver, nous nous interrogeons sur les motivations de ceux qui amplifient les affirmations facilement réfutables d'un oligarque soutenu par la Russie. Nous nous interrogeons sur les motivations de ceux qui ne se sont pas prononcés une seule fois en faveur du processus de paix et de la signature d'un accord de paix, mais qui au contraire régurgitent une propagande haineuse en faveur de la guerre. Notre communauté canadienne azerbaïdjanaise s'oppose fermement à l'ingérence de la Russie dans la région du Caucase du Sud, afin que l'Azerbaïdjan et l'Arménie puissent poursuivre leurs négociations de paix jusqu'à la conclusion d'un traité de paix.
Par conséquent, nous exhortons le gouvernement canadien à se demander si les discours qu'il amplifie sont fondés sur des faits ou de la manipulation, premièrement, et s'ils mèneront à une paix durable dans la région ou aideront la région à retourner dans la sphère d'influence de la Russie, deuxièmement.
Merci beaucoup.
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Bonjour, monsieur le président, et merci beaucoup de m'avoir invité à comparaître devant le Comité.
J'étudie le Caucase du Sud depuis 25 ans, de sorte que j'ai effectué de nombreux voyages dans la région en ma qualité de professeur de droit. Si le Canada est maintenant engagé dans le Caucase du Sud plus qu'il ne l'a été pendant l'essentiel de ces deux décennies et demie, c'est en partie grâce à ce comité et aux audiences qu'il a tenues il y a deux ans, en particulier, sur les transferts d'armes à la Turquie et les ramifications de tout cela sur le conflit dans le Haut-Karabakh, donc je vous en remercie.
J'ai trois points à soulever.
Premièrement, je crois que le blocus du corridor de Latchine crée actuellement une crise humanitaire qui nécessite notre attention de toute urgence. Deuxièmement, j'estime que l'État de l'Azerbaïdjan doit en assumer la responsabilité. Troisièmement, je dirais que le Canada a de bonnes raisons de prendre position à cet égard.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'importance capitale du corridor de Latchine, comme vous le savez, l'accord de cessez‑le‑feu conclu le 9 novembre 2020 avec l'appui de la Russie comprend notamment une disposition selon laquelle « la République d'Azerbaïdjan garantit la sécurité des citoyens, des véhicules et des marchandises circulant le long du corridor de Latchine dans les deux directions. »
Depuis 2020, ce corridor est une bouée de sauvetage pour les quelque 120 000 habitants du Haut-Karabakh. Son blocage par l'Azerbaïdjan a déjà des conséquences désastreuses, et celles‑ci risquent fort de s'aggraver.
La population est ainsi privée d'électricité et de gaz; elle est confrontée à des pénuries alimentaires, y compris au rationnement de denrées de base comme le blé, le sarrasin, les légumes et d'autres aliments, ainsi qu'à des pénuries de fournitures médicales et à l'impossibilité de transférer des patients arméniens gravement malades, y compris des enfants, vers des hôpitaux en Arménie à proprement parler. De plus, certains enfants sont coincés en Arménie et ne peuvent rejoindre leur famille dans le Haut-Karabakh.
Ces actes constituent non seulement des violations de l'accord de cessez‑le‑feu, mais aussi des atteintes aux conventions internationales en droit humanitaire et en droits de l'homme. Ils font partie d'un effort plus vaste de nettoyage ethnique du Haut-Karabakh. Ils s'inscrivent dans un contexte de propagande arménophobe généralisée de la part du régime et de destruction des biens culturels. Le fait que l'Institut Lemkin pour la prévention des génocides ait levé le drapeau rouge par crainte d'un génocide dans la région devrait nous inquiéter.
Il faut reconnaître que les deux parties ont de quoi avoir des préoccupations légitimes quant à la manière dont le cessez-le-feu a été mis en œuvre. Je reconnais tout à fait les préoccupations légitimes des deux parties à cet égard, et nous devons faire pression sur les deux parties afin qu'elles fassent de véritables efforts de compromis pour parvenir à une paix durable dans la région, mais il n'y a pas de place pour les luttes entre les deux parties sur le corridor de Latchine. Le blocus a des conséquences humanitaires immédiates et graves sur les civils. Ils sont essentiellement pris en otage.
Soyons francs. L'Azerbaïdjan est un État autoritaire, et les affirmations selon lesquelles ce blocus est le résultat d'un militantisme spontané de la part des citoyens azerbaïdjanais ne sont tout simplement pas crédibles, mais ce n'est pas que moi qui le dit. On peut lire dans le rapport de Human Rights Watch sur l'Azerbaïdjan: « L'espace pour l'activisme indépendant, le journalisme critique et les activités politiques de l'opposition a fortement réduit. »
Le pouvoir, en Azerbaïdjan, est entre les mains du président Ilham Aliyev, successeur de la dynastie de son père, qui occupe le poste de président depuis 2003. Et même si les militants écologistes étaient des particuliers azerbaïdjanais bloquant spontanément la route, c'est l'État de l'Azerbaïdjan qui en porte la responsabilité. Un État peut être responsable des effets du comportement de parties privées s'il ne prend pas les mesures nécessaires pour les prévenir.
Permettez-moi de faire une analogie. Un État n'est pas responsable de la prise d'une ambassade par des citoyens, comme cela s'est produit à Téhéran, mais il est responsable de ses actes s'il ne prend pas de mesures pour l'empêcher ou s'il n'agit pas ensuite de manière appropriée pour protéger l'ambassade ou en reprendre le contrôle. La Russie porte également une responsabilité d'État dans ce cas, nous y reviendrons peut-être dans les questions.
Mon troisième point est que le Canada a de bonnes raisons de prendre position. Comme vous le savez, nous avons célébré en 2020 le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et l'Arménie. Ces célébrations ont toutefois été éclipsées par les violences en cours, et ce n'est pas parce que les relations entre le Canada et l'Arménie sont mauvaises. Au contraire, les relations entre les deux pays n'ont jamais été aussi fortes.
Si les liens entre les deux peuples sont si forts, c'est grâce à la diaspora arménienne importante et engagée qui est présente au Canada. Sur le plan politique, l'Arménie s'est engagée sur la voie des réformes depuis la révolution de velours de 2018, bien que cela ne se fasse pas sans heurts. Sur le plan géopolitique, l'Arménie se distancie de plus en plus de l'orbite russe, tandis que sur le plan diplomatique, l'annonce récente par le Canada de l'ouverture d'une ambassade en Arménie, sa première dans le Caucase du Sud, constitue un pas en avant très encourageant, tout comme les autres recommandations de M. Dion pour « faire de l'Arménie une priorité en tant que démocratie fragile ».
Le rapport de M. Dion a été commandé avant l'invasion générale de l'Ukraine par la Russie. Dans sa lettre de mandat, il lui a été expressément demandé de ne pas tenir compte des facteurs géopolitiques sur le soutien du Canada à l'Arménie. Depuis, cependant, le soutien du Canada a pris une plus grande importance géopolitique. En somme, le soutien du Canada aux démocraties fragiles issues de l'ancienne Union soviétique a gagné en importance.
En conclusion, à mon avis, le Canada devrait non seulement continuer de faire pression sur les deux parties pour qu'elles parviennent à une paix durable, mais aussi condamner les actions de l'Azerbaïdjan dans le corridor de Latchine en des termes similaires à ceux de ses alliés, de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe, et utiliser tous les outils diplomatiques et économiques à sa disposition pour que le corridor humanitaire soit ouvert et le reste.
Merci.
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C'est une très bonne question, monsieur Bergeron.
Je pense qu'il y a là un malentendu. Il est faux que le gouvernement d'Azerbaïdjan laisse sortir les gens, et ne les laisse pas revenir. Je pense que ce n'est pas ce que le président de l'Azerbaïdjan a déclaré. Il a indiqué que nous sommes prêtes à accueillir la communauté arménienne en tant que citoyens du pays, mais que nous ne retiendrons pas ceux qui sont insatisfaits de la situation.
Voilà l'essence de la déclaration. Ce n'est pas que les gens partent et qu'ils ne peuvent pas revenir. Depuis deux ans, monsieur Bergeron, il y a des gens qui voyagent dans un sens ou l'autre sans problème.
J'aimerais aborder rapidement une autre question. Aux termes de l'accord de novembre 2020, l'Arménie s'est engagée à garantir le passage et l'accès sans entrave entre les régions de l'ouest de l'Azerbaïdjan et la région du Nakhitchevan. Cela n'a pas été fait. L'Azerbaïdjan négocie pour obtenir cet accès depuis deux ans, mais cela ne s'est pas concrétisé.
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Monsieur Davies, par l'intermédiaire de la présidence, je dirais qu'il y a trois cadres juridiques, pour ainsi dire.
Le premier est la violation des obligations du cessez‑le-feu trilatéral. Je n'ai pas l'intention de pointer qui que ce soit du doigt et de dire que c'est le fait d'une seule partie. Je suis particulièrement préoccupé par l'accès humanitaire. Pour moi, cela contrevient à la fois au droit humanitaire international — ou au droit des conflits armés — et aux droits internationaux de la personne. Lorsqu'on pense aux droits internationaux de la personne — les droits de l'enfant, par exemple —, le fait que plusieurs milliers d'écoliers du Haut-Karabakh ne puissent pas aller à l'école en ce moment parce qu'il n'y a pas d'électricité ou de chauffage soulève des questions relatives aux droits de la personne, notamment le droit des enfants à l'éducation.
Pour ce qui est du droit international humanitaire, dans la mesure où un conflit armé perdure, des questions comme le meurtre de prisonniers de guerre arméniens — l'une des violations du droit international humanitaire parmi d'autres relevées par Human Rights Watch — soulèvent des préoccupations continues.
Les prisonniers pourraient tous être retournés ou non. Je crois savoir, selon des rapports crédibles, que certains des prisonniers n'ont pas été renvoyés en Arménie depuis l'Azerbaïdjan. À l'automne, il y avait, semble‑t‑il, un enregistrement vidéo de l'assassinat de cinq prisonniers de guerre arméniens. Human Rights Watch a fait un rapport à ce sujet.
Le fait de ne pas établir un corridor humanitaire ou de ne pas permettre le libre passage de fournitures de secours constitue également une violation du droit humanitaire international.
Quant à savoir s'il y a toujours une situation de conflit armé international, on pourrait en débattre, mais étant donné les attaques de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie proprement dite à l'automne, je suis d'avis que la situation de conflit armé international perdure, de sorte que l'obligation de permettre la libre circulation des fournitures d'aide humanitaire demeure une préoccupation.
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D'une certaine manière, les actions de l'Azerbaïdjan ces derniers mois, depuis la mise en place du cessez‑le-feu, ont favorisé le droit à l'autodétermination de la population de souche arménienne. À titre d'exemple, notre Cour suprême a déclaré, dans le renvoi relatif à la sécession du Québec, que le droit à l'autodétermination s'applique dans des situations de colonialisme ou autres situations semblables, ou lorsqu'une minorité ethnique est incapable de prendre en charge sa propre destinée et que les droits sont bafoués. Nous avons vu de telles violations de droits au cours des deux dernières années. Donc, en fait, le droit à l'autodétermination est plus fort maintenant.
Je dirais qu'il faut s'éloigner de l'équation binaire qui oppose l'intégrité territoriale et l'autodétermination. Cela a entraîné une impasse totale, tant dans ce conflit que dans d'autres conflits dans l'ancienne Union soviétique. Il y a littéralement des dizaines de façons d'aborder la question du partage du territoire, et il importe de faire preuve de créativité dans le cas présent.
Il faut faire pression sur les deux parties. Voilà où il faut exercer des pressions. Les deux parties devraient être poussées à faire les concessions nécessaires afin de parvenir à une solution durable. Il n'est pas impossible d'imaginer une situation où Arméniens et Azéris s'épanouissent dans le Caucase du Sud en toute amitié. Je suis peut-être naïf, ou peut-être indûment optimiste, mais je pense que c'est possible.
Il existe de nombreux exemples de situations où des solutions créatives ont été trouvées, et ce qu'il faut, ici, c'est un compromis. Je ne suis pas certain qu'une approche binaire et sans nuance mettant en opposition l'autodétermination et l'intégrité territoriale nous mènera bien loin.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins pour leurs témoignages sensés. Je pense que les deux comprennent... Ils me semblent intègres et sincères lorsqu'ils disent que des mesures s'imposent pour sortir du conflit, et ils présentent très honnêtement ce qu'ils savent de la situation sur le terrain.
Chaque fois qu'on examine un conflit, on constate que les deux camps ont leur propre version des faits, et ces versions sont presque toujours partiales. Comme M. Rob Oliphant l'a dit tout à l'heure, la première victime de la guerre, c'est la vérité. S'il y a bel et bien un blocage de l'aide humanitaire, il faut parler des moyens d'y mettre fin. Certaines personnes disent qu'il y a un blocage. D'autres maintiennent qu'on laisse entrer certaines choses, avec des vidéos à l'appui.
Voici ce que je veux savoir. La Russie est présente dans le corridor pour maintenir la paix et pour permettre la circulation. J'ai l'impression... Je suis la directrice de la délégation canadienne de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Chaque fois que j'assiste aux réunions, je parle aux deux camps. Les parlementaires me semblent raisonnables. Leurs intentions sont bonnes. Ils veulent apporter des changements. Oui, ils se plaignent tous de certaines choses, mais je pense qu'ils sont prêts à discuter. Cependant, j'ai l'impression que ni l'un ni l'autre des camps n'appuie la présence de la Russie. Ils ont toujours été sous l'égide de la Russie et ils veulent s'en libérer.
Ma question est la suivante. Étant donné le manque de confiance envers la Russie et étant donné l'aide offerte par l'Union européenne... Le fait est que la présence de l'OSCE est nécessaire puisque cette organisation comprend l'histoire du conflit et puisque ses États membres entourent la région et y appartiennent.
Le Canada, qui est membre en règle de l'OSCE, ne pourrait‑il pas proposer que l'OSCE soit l'organisation qui observe et qui agisse en attendant la conclusion d'un accord?
Je comprends que le Groupe de Minsk n'est plus pertinent parce que la Russie en fait partie et qu'elle continue à vouloir exercer de l'influence dans la région. Étant donné la guerre en Ukraine, il est rendu impossible pour le Groupe de Minsk de réussir. Il y a donc des problèmes réels et concrets à régler.
L'OSCE est‑elle l'organisation la mieux placée pour intervenir? Elle comprend le Canada, ainsi que l'ensemble de ses 57 États membres, dont beaucoup ont la confiance et de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie.
Puis‑je obtenir une réponse brève de la part des deux témoins?
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Merci beaucoup pour la question, madame Fry.
La présence de la Russie dans la région et le fait que les deux pays, les deux sociétés, souhaitent se libérer de l'influence de la Russie et mettre fin à sa participation sont des questions très pertinentes; toutefois, il y a une distinction importante à faire. Oui, à l'heure actuelle, les deux pays cherchent à se distancier de la Russie, mais l'Arménie n'a commencé à déployer des efforts en ce sens que lorsque la Russie a cessé de soutenir l'occupation des territoires de l'Azerbaïdjan.
Pendant 26 ou 27 ans, la Russie a soutenu l'Arménie dans le cadre de l'Organisation du traité de sécurité collective, l'OTSC, dont l'Arménie et la Russie sont toutes deux membres. Elle a appuyé l'occupation, elle a gardé la frontière de l'Arménie et elle a soutenu les troupes arméniennes stationnées dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan, forçant ainsi 700 000 Azerbaïdjanais à vivre dans des camps de personnes déplacées...
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Merci, monsieur le président.
Madame Fry, en ma qualité d'ancien membre de la Mission de l'OSCE au Kosovo, je suis un grand partisan de cette organisation. Toutefois, je crains que l'OSCE ne traverse prochainement une période difficile, et bien que je sois d'avis qu'elle devrait continuer à servir d'intermédiaire et peut-être même qu'elle devrait assurer une présence sur le terrain, comme mon collègue l'a souligné, l'Union européenne est déjà là et elle a accepté de renouveler son engagement.
Mme Vartanyan, de l'International Crisis Group, a aussi mentionné le renouvellement de ce mandat. Nous devrions certainement appuyer cette mesure. En fait, nous devrions appuyer toute mesure qui favorise la discussion entre les deux parties.
Il y a une dernière chose que je tiens à dire, si vous me le permettez. Je ne comprends pas du tout l'approche de type « fausses nouvelles » à l'égard du corridor humanitaire. Bien qu'il y ait beaucoup de points à discuter en vue d'instaurer une paix durable dans la région, la question de l'accès sans entraves à l'aide humanitaire est très importante; elle menace actuellement la population.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser deux questions à M. Jahangirli.
Tout d'abord, j'étais heureux de vous entendre dire qu'il fallait trouver une solution à la présente crise. Par contre, sur le site Internet de votre Réseau des Canadiens azerbaïdjanais, la dernière déclaration en date du 23 janvier porte sur une proposition en cinq points soumise à l'Arménie dans le but de normaliser les relations entre les deux pays.
Pourquoi ne mentionnez-vous aucunement la question du blocage du corridor de Latchine?
Quels ont été les efforts déployés par l'Azerbaïdjan jusqu'à présent pour mettre un terme au blocage du corridor, conformément à ce à quoi il s'était engagé dans l'accord de cessez-le-feu?
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Je vous remercie, monsieur Davies.
Le 19 janvier, le Parlement européen a adopté une résolution sur les conséquences humanitaires du blocus dans le Haut-Karabakh, en vertu de laquelle il « exhorte l'Azerbaïdjan à respecter et à mettre en œuvre la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 et de rouvrir immédiatement le corridor de Lachin afin de favoriser la liberté de circulation et de permettre l'accès aux biens et aux services essentiels ». Il exhorte également les parties à conclure un « accord de paix global ».
Il y a deux éléments que je trouve très simples. Nous devons prôner l'accès immédiat aux biens d'aide humanitaire et la libre circulation de la population. Il est tout simplement inacceptable que des enfants soient coincés en Arménie et qu'ils ne puissent pas rejoindre leurs familles dans le Haut-Karabakh. Le Canada étant un acteur sur la scène internationale et un pays ayant maintenant une présence dans le Caucase du Sud, il doit exiger l'ouverture d'un corridor humanitaire.
En même temps, le Canada doit exhorter les deux parties à continuer de négocier en vue de conclure un accord de paix durable et global; en fait, il doit l'exiger. En ce sens, j'encourage le Canada à prendre des mesures semblables à celles mises en œuvre par le Parlement européen.