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Madame la Présidente, je suis heureux de commencer la semaine en parlant du projet de loi , un projet de loi assez volumineux de plus de 140 pages. Le projet de loi modifierait plusieurs lois, dont trois en particulier, puisque son titre est Loi édictant la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs, la Loi sur le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données et la Loi sur l’intelligence artificielle et les données et apportant des modifications corrélatives et connexes à d’autres lois.
Je devrais commencer par dire que le projet de loi consiste en fait en trois mesures législatives qui ont été regroupées en une seule. Nous, les néo-démocrates, avons demandé un vote différent pour la troisième et dernière partie de ce projet de loi.
Les deux premières parties du projet de loi, concernant la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs et la Loi sur le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données, ont suffisamment de thèmes communs pour être regroupées en un seul texte législatif. Je continue de penser toutefois qu'il aurait été préférable d'avoir deux textes législatifs distincts, parce que l’une d’elles est toute nouvelle, et la première, celle qui porte sur la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs, est l'ancien projet de loi , qui a été très controversé au cours de la législature précédente.
Lorsque le a déclenché des élections inutiles, ce projet de loi est mort au Feuilleton, comme tous les travaux du Parlement qui n'avaient pas été menés à terme, malgré le lobbying et les consultations intenses qui avaient eu lieu à l'époque, notamment par l'intermédiaire du comité de l'éthique. Cet ancien projet de loi a maintenant été regroupé avec d'autres dispositions législatives pour être soumis au comité de l'industrie, ce qui est bien.
La Loi sur le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données est un nouvel élément de ce projet de loi. J'ai quelques réserves à ce sujet, mais cette partie du projet de loi a un thème commun avec l’autre, ce qui est intéressant, et il est au moins possible qu'elle soit regroupée avec l’autre partie. Même si, comme je l'ai dit, la mesure est vaste, c'est un regroupement que nous pouvons accepter.
Nous avons demandé une décision de la présidence pour la Loi sur l'intelligence artificielle et les données, parce que c’est également une disposition législative toute nouvelle, mais elle n'a pas les mêmes liens que les deux parties précédentes, qui sont regroupées, peuvent avoir entre elles, et qui se prêtent à une discussion commune. Nous voulons un vote séparé pour la deuxième partie de ce texte, parce que les deux textes seraient étudiés ensemble en comité.
Ce projet de loi suscitera beaucoup d'intérêt, comme ce fut le cas de l'ancien projet de loi . Ce que propose le projet de loi est considérablement différent du projet de loi C‑11, et je m'attends à ce que cela suscite beaucoup de discussions, ainsi qu'un intérêt de la part d'un certain nombre d'organisations, dont beaucoup ont déjà été entendues à ce jour.
L'autre partie, celle concernant le tribunal, serait un autre aspect important, parce qu'elle s'écarte de notre mode traditionnel d’exécution de la loi et crée un autre volet bureaucratique. Là encore, j'aimerais en savoir plus à ce sujet, et je suis ouvert à l'idée, mais cela diffère certainement de notre droit privé traditionnel pour le règlement des différends concernant les atteintes à la sécurité des données et d'autres types de méfaits de la part d'entreprises, qui doivent bel et bien être traités au moyen des lois qui sont nécessaires pour amener les gens à se conformer.
Cela va au cœur même des attentes d’un parti politique envers les entreprises et l'utilisation que celles-ci font des données, de l’information et des algorithmes. La position des néo-démocrates s'inscrit essentiellement dans la foulée d'un projet de loi que j'ai présenté il y a plusieurs années pour établir une charte des droits numériques: les droits personnels en ligne doivent être cohérents avec les droits physiques individuels. Autrement dit, il faut être aussi bien traité dans le monde numérique que dans le monde physique, que ce soit sur le plan du droit à la vie privée, du droit à s'attendre à être traité correctement ou du droit à ne pas faire l'objet de pratiques abusives. Le projet de loi C‑27 prévoit également des sanctions importantes pour quiconque s'adonne à ces pratiques abusives, surtout dans le secteur des entreprises.
L'aspect le plus complexe du projet de loi découle du recours à l’intelligence artificielle, qui est en émergence depuis 10 ans et qui s'intensifiera considérablement au cours des prochaines années. C’est pour cette raison que l’Union européenne et divers pays, comme les États‑Unis, prennent des mesures dans ce domaine.
Nous craignons que le projet de loi tente de diviser les deux mondes. Nous savons tous que, depuis quelques années, Google et les autres géants du Web misent largement sur le lobbyisme. Depuis que le gouvernement est au pouvoir, ils ont établi une ligne de communication directe et triplé leurs activités à ce chapitre, ce qui est correct, jusqu'à un certain point, sauf que l'équilibre attendu ne semble pas être au rendez-vous.
Avant d'en venir aux aspects techniques du projet de loi et aux atteintes à la protection des données, qui renvoient aux besoins des Canadiens et des entreprises en matière de protection, parlons des répercussions individuelles du projet de loi. On oublie souvent que les renseignements que possèdent les entreprises, petites et grandes, peuvent être gravement compromis. Par conséquent, il est tout aussi important, pour l'économie, de protéger les gens eux-mêmes, surtout compte tenu de l’émergence de nouvelles industries. Ce qui peut être perturbé, manipulé ou transmis peut devenir un problème majeur.
Je rappelle que certaines des fuites de données survenues chez Yahoo, Marriott, le groupe Desjardins et Facebook, entre autres, ont révélé des différences considérables dans le traitement réservé aux victimes dans les régimes réglementaires canadien et étatsunien. On en trouve un bon exemple dans un règlement conclu aux États‑Unis en 2009, à la suite d'un incident survenu chez Equifax: avec l'accord des autorités compétentes, l'entreprise a convenu de régler les poursuites pour l'atteinte à la protection des données qu'elle détenait en payant 700 millions de dollars, dont 425 millions de dollars en réparation pécuniaire pour les consommateurs. Rien de tel ne s'est déjà vu au Canada.
Cela ressemble au travail que j'ai effectué dans le passé auprès de l'industrie automobile et montre que notre Bureau de la concurrence et nos systèmes de remboursement ne sont pas à jour. Nous avons été traités fondamentalement comme une colonie par de nombreuses entreprises en ce qui concerne la protection des consommateurs et la responsabilité des détaillants.
Prenons l'exemple de Toyota qui a prétendu que le problème de perte de contrôle de ses voitures était attribuable à la pédale de l’accélérateur alors qu’on s’est rendu compte que ce n’était pas le cas. C’était en fait le logiciel de données qui faisait défaut. Aux États-Unis, cela a entraîné des centaines de millions de dollars d'investissement dans les procédures de sécurité. Nous n'avons rien reçu pour notre part. De plus, les consommateurs américains ont été mieux traités, leurs véhicules ayant été remorqués jusqu'aux différents concessionnaires pour être réparés. Au Canada, les consommateurs n'ont rien eu de tout cela.
On pourrait dire la même chose de la société Volkswagen et des émissions causées par ses voitures. Non seulement nous n'avons pas reçu de compensation semblable à celle des États-Unis, mais nous avons importé une grande partie des véhicules Volkswagen usagés d'Europe. Cependant, nous l'avons fait de notre propre gré et à un moment où ces véhicules étaient retirés du marché européen à cause des émissions.
Dans le cas de Facebook, la Federal Trade Commission des États-Unis a pu imposer une amende de 5 milliards de dollars pour les violations commises par l'entreprise, tandis que le Commissariat à la protection de la vie privée a été obligé de poursuivre l'entreprise devant la Cour fédérale ici au Canada. J'aimerais souligner que notre commissaire à la protection de la vie privée a défendu les besoins des Canadiens, et l'une des préoccupations que suscite le projet de loi tient à l'érosion de sa capacité d’intervenir une fois ces mesures législatives adoptées.
Le commissaire à la protection de la vie privée a proposé des modifications importantes pour le projet de loi de façon à le rendre vraiment équilibré, mais ces modifications n'ont pas toutes été prises en compte. Entre autres points forts de notre étude, nous nous pencherons sur la présence d’amendements nécessaires provenant de notre commissaire à la protection de la vie privée à ce sujet.
L'une des grandes différences entre le Canada et les États-Unis, qui est à l’avantage et au crédit du Canada, est le Commissariat à la protection de la vie privée. Alors que nous n'avons pas les pouvoirs nécessaires pour traiter avec ces entreprises, nous avons le commissaire à la protection de la vie privée indépendant, qui peut enquêter et porter les problèmes jusqu’à un processus officiel du système juridique. C'est très laborieux et très difficile, mais en même temps, le commissaire agit en toute indépendance, ce qui est l'une des forces de notre système.
Si le gouvernement va de l'avant, le projet de loi sera renvoyé au comité, avec notre appui. Nous souhaitons toutefois qu'il y ait des votes distincts. Avant de plonger davantage dans les détails du projet de loi, j'expliquerai pourquoi nous tenons à des votes distincts, car cela met en lumière le côté inapproprié de la situation. La Loi sur l'intelligence artificielle représente la première fois où nous traitons de cet enjeu à la Chambre des communes, et il faudrait procéder autrement.
Nous nous attendons à ce que des amendements soient apportés. Soulignons aussi un problème grandissant, celui des grandes entreprises qui subissent de vastes fuites de données qui sont parfois très complexes à gérer. Dans certains cas, un élément de cybersécurité ou même d'extorsion est en cause. Le cas de l'Université de Calgary est bien connu, mais ce n'est pas le seul.
Il faut rassembler certains de ces éléments. Il est vrai que le projet de loi prévoit des corrections importantes que nous demandons depuis un certain temps, notamment une application plus rigoureuse du droit à la protection des renseignements personnels et à la vie privée, de nouvelles amendes salées et de la transparence quant aux décisions d'affaires prises par des algorithmes.
Si j'ai signalé bon nombre de nos réserves au sujet de l'avancement de ce projet de loi, c'est en raison de l'importance de ce dernier. Nous nous réjouissons néanmoins qu'il continue d'avancer, mais nous croyons qu'il devrait y avoir une loi distincte. Il faut féliciter le d'avoir donné à la Chambre l'occasion de débattre de ce projet de loi.
Les mesures prévues dans le projet de loi auraient dû être adoptées lors de la dernière législature, mais nous voici de nouveau saisis de ce projet de loi. Ce qui nous préoccupe, ce sont les dispositions sur le nouveau tribunal, car celui-ci pourrait affaiblir les règles qui visent actuellement le contenu; nous allons nous pencher sur ce nouveau tribunal.
Par exemple, il sera intéressant d'examiner le processus de nomination au tribunal. Un processus de nomination gouvernemental apporte toujours son lot de préoccupations et de difficultés quand il s'agit, notamment, de déterminer les personnes qui seront choisies, leurs antécédents, leur profession et la mesure dans laquelle le soutien sera suffisant.
L'un des problèmes, c'est que le CRTC, par exemple, met beaucoup de temps à prendre une décision. C'est un processus très laborieux et, dernièrement, le CRTC n'a pas toujours agi dans les intérêts supérieurs des Canadiens lorsqu'il s'agit de protéger les consommateurs et les droits individuels. Je crains qu'on puisse retarder le processus en mettant sur pied un autre tribunal qui agirait comme arbitre à la place du système judiciaire.
Certains témoignages entendus et certaines analyses indiquent que le tribunal pourrait finir par traiter des poursuites de toute façon, alors nous pourrions nous retrouver à la case départ. Les délais, le financement, la capacité de faire enquête et tous les autres enjeux du genre méritent d'être étudiés pour savoir si le soutien nécessaire sera en place pour la mise en œuvre d'une nouvelle mesure.
Une autre ressource gouvernementale serait la clé. Au bout du compte, s'il s'agit d'un tribunal qui ne contribue pas à la protection de la vie privée et des droits des Canadiens, nous aurons affaibli la loi. C'est une importante préoccupation, parce que cela se déroulerait hors de la portée du Parlement. De la façon dont certains amendements sont rédigés, le processus se ferait davantage dans un cadre réglementaire, ce qui implique moins de surveillance parlementaire.
Qui siégera au tribunal? Qu'est-ce qui assurera sa constance? Comment sera-t-il réglementé? Je soulignerais le fait que le ministre envoie une lettre de mandat au CRTC dans le but de mettre en évidence les orientations stratégiques que devrait adopter l'organisme. À mon avis, dans les dernières années, le CRTC n'a pas mis en place les mesures de protection des consommateurs que les néo-démocrates préconisent.
Pour ce qui est de la modernisation de la loi, nous savons que ce sera un important élément à aborder parce que des questions se posent au sujet de la propriété des données, qui est au cœur même de quelques‑uns des problèmes que nous éprouvons. Il y a des abus d’algorithmes, de même que des questions relatives à l'indemnisation, à l'exécution, à la propriété et au contrôle des données, ainsi qu'à un certain nombre de mesures qui s'imposent pour protéger la population.
Nous pouvons nous pencher sur un domaine où j'ai fait beaucoup de travail pour le compte de ma circonscription, à savoir la production automobile. En plus de se pencher sur ce secteur et sa valeur, il faudra aussi recueillir des données. En effet, l'utilisation des données recueillies pourrait influencer non seulement le comportement d'un particulier, mais aussi de l'ensemble de la société. Il s'agit d'une ressource économique appréciable pour certaines de ces entreprises.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai déposé une mise à jour de mon projet de loi sur le droit de réparer, c'est-à-dire la capacité d'une personne de faire réparer son véhicule au garage de son choix dans le marché secondaire. Les équipementiers, les fabricants d'origine, se sont parfois opposés à cela. Les exemples sont nombreux. Notamment, Tesla n'est même pas partie à l'entente volontaire, mais nous attendons toujours qu'elle fasse le point sur l'utilisation des données et la façon dont on peut s'y prendre pour réparer le véhicule.
Cela crée également des problèmes connexes relativement à la propriété du véhicule, de même qu'au chapitre des assurances et de la responsabilité. Ces questions entourant l'utilisation des données et la réglementation pertinente risquent de devenir très complexes. Si les droits des gens, les attentes de ceux qui utilisent les données et la protection des gens ne sont pas établis clairement, cela risque de créer un problème de taille non seulement pour les particuliers, mais également pour notre économie.
Il est donc primordial d'en tenir compte dans le projet de loi. Une grande partie de cette question a été soulevée par l'examen des effets du Règlement général sur la protection des données sur le droit européen. Les Européens ont été parmi les premiers à soulever ce type de question et ils ont fourni un degré de protection adéquat, ce qui est l'un des points que l'Europe défend en matière de protection de la vie privée. Certaines personnes en Amérique du Nord se sont opposées au Règlement général sur la protection des données et, bien que cette mesure législative historique ait ouvert la voie, il faut quand même faire preuve de transparence et comprendre les sanctions pécuniaires qui s'appliqueront en cas d'abus, ce qui est également très important en ce qui concerne nos attentes relatives au projet de loi.
L’érosion des droits relatifs au contenu est l’un des éléments de ce projet de loi qui nous inquiètent. Aux termes du projet de loi , les particuliers auraient un contrôle considérablement réduit, et même inférieur à celui prévu dans le projet de loi , sur la collecte, l’utilisation et la communication de leurs données personnelles. Selon les nouvelles dispositions sur le consentement, le public doit afficher un niveau de confiance exemplaire aux entreprises afin de les tenir responsables, car les exceptions au contenu prévues dans le projet de loi permettent aux organisations de mener de nombreux types d’activités sans connaître les personnes concernées. La souplesse que prévoit le projet de loi permet aux organisations d’établir la portée des intérêts légitimes et de ce qui est raisonnable, nécessaire et avantageux sur le plan social, et donc de modéliser leurs pratiques de façon à maximiser la valeur dérivée des renseignements personnels.
En fait, dans ce cas, ce sont les acteurs qui établissent certaines règles. Il s’agit de l’une des choses plus claires dont nous avons besoin à la suite de la discussion qui aura lieu au comité, mais aussi des témoignages que nous entendrons, parce que si nous laissons ceux qui utilisent et gèrent les données déterminer ce qu’est le consentement et la façon dont il est utilisé, nous donnerons naissance à un système qui pourrait réellement mener à des abus.
Il y a aussi la question ou le danger de la dépersonnalisation. Nous craignons, entre autres, que des témoins, l’intelligence artificielle et des gens puissent nettoyer une grande partie de leurs données n'importe quand et de la façon dont ils le souhaitent. On ne reconnaît pas assez le risque que cela pose. Je parle aussi des jeunes. Nous croyons que ce projet de loi penche quelque peu en faveur du secteur des entreprises en ce moment, et nous voulons proposer des amendements qui permettraient de mieux protéger les droits individuels et d’assurer un consentement éclairé quant à ce que les gens veulent faire de leurs données et à la façon dont ils veulent qu’elles soient utilisées à leur avantage et à celui de leur famille au lieu d’être exposées accidentellement ou volontairement à des risques auxquels ils n’ont pas consenti.
Pour conclure, je veux simplement dire que nous avons plusieurs problèmes avec ce projet de loi. Encore une fois, nous croyons que la deuxième partie du projet de loi, soit son troisième aspect, devrait faire l’objet d’un vote distinct. C’est une loi très ambitieuse. Elle est aussi volumineuse que le projet de loi d’exécution du budget. Cela devrait en dire assez en ce qui concerne le type de contenu auquel nous avons à faire. Je remercie les députés qui ont déjà parlé de ce projet de loi. Il sera intéressant d’obtenir tous les points de vue. J’attends avec impatience les travaux qui seront effectués au comité. Il nécessitera de mener des consultations approfondies auprès des Canadiens.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
C'est avec plaisir que je me présente à la Chambre aujourd'hui pour parler de la , en particulier de l'aspect sur la loi sur la protection de la vie privée des consommateurs. Si j'ai le temps, j'aborderai aussi la loi sur l'intelligence artificielle et les données.
Je suis très fière de traiter de ces deux lois qui introduisent un régime qui a pour but non seulement de soutenir la transformation technologique, mais aussi d'aider les Canadiens à naviguer dans ce nouveau monde numérique avec confiance et en sécurité. Ces dernières années, les Canadiens ont été témoins de ces transformations. Ils ont su profiter des nouvelles technologies d'une manière jamais vue auparavant. En 2021, plus de 72,5 % des Canadiens ont utilisé des services de commerce électronique, et une croissance jusqu'à 77,6 % est prévue pour 2025.
Selon TECHNATION, une augmentation de 10 % de la numérisation peut entraîner une baisse de près de 1 % du taux de chômage. De plus, chaque augmentation de 1 % de l'adoption du numérique peut ajouter 8,7 milliards de dollars au PIB du Canada. Afin de profiter de ces avantages substantiels pour notre économie, nous devons veiller à ce que les consommateurs continuent d'avoir confiance dans le marché numérique.
Il est évident que la technologie est une partie intrinsèque de notre vie et que les Canadiens ont des attentes croissantes par rapport à l'économie numérique. Il s'avère essentiel que le gouvernement du Canada soit en mesure de répondre à ces attentes.
Avec ce projet de loi, le gouvernement met de l'avant un régime qui offre aux Canadiens les protections qu'ils méritent. Premièrement, tel qu'il est noté dans le préambule de la loi de 2022 sur la mise en œuvre de la Charte du numérique, le Canada reconnaît l'importance de protéger les droits des Canadiens en ce qui concerne les renseignements personnels. La loi de 2022 sur la protection de la vie privée de consommateurs, comme la proposition précédente, offre des protections importantes pour les Canadiens.
Cependant, notre gouvernement a été à l'écoute des commentaires des divers intervenants, et nous avons apporté des modifications afin d'améliorer ce projet de loi. Je faisais partie du comité, lors de la dernière législature, où nous avons beaucoup discuté du projet de loi précédent, le projet de loi . Je suis très contente de pouvoir parler de ce projet de loi afin de réaliser justement tout ce travail lors de la présente législature.
L'un des plus importants changements que nous avons faits est de rehausser la protection pour les mineurs. Certains intervenants ont estimé que la loi précédente n'allait pas assez loin pour protéger la vie privée des enfants. Je suis d'accord. Nous avons donc modifié la loi afin de définir les renseignements des mineurs comme étant de nature délicate par défaut. Cela fait que les organismes assujettis à la loi devront adhérer à des normes plus strictes de protection pour ces renseignements. Aussi, la loi offre aux mineurs une voie plus directe pour supprimer leurs renseignements personnels. Ils pourront donc plus facilement gérer leur réputation en ligne. Je trouve que c'est vraiment une modification importante, parce qu'on sait que les jeunes sont très au courant et très capables d'utiliser toutes les plateformes numériques, mais, en même temps, il faut aussi s'assurer qu'ils sont capables de protéger leur réputation.
En plus des protections pour les mineurs, nous avons aussi fait des rajustements au concept des renseignements dépersonnalisés. Plusieurs intervenants avaient indiqué que les définitions de l'ancien projet de loi portaient à confusion. Nous reconnaissons qu'avoir des termes bien définis aide au respect de la loi et à une protection plus efficace des renseignements des consommateurs. Là-dessus, je constate que, comme ce sont des nouvelles technologies et toute une industrie en évolution, c'est important que tous les députés partagent leur expertise, puisque cela va nous aider à élaborer une meilleure mesure législative.
Il faut donc clarifier la différence entre les renseignements anonymes et les renseignements dépersonnalisés, parce que c'est sûr que, si on fait dépersonnaliser des renseignements, mais qu'un organisme ou une compagnie est capable de réidentifier les données, cela ne sert pas le but d'avoir des renseignements anonymes.
L'innovation axée sur les données offre d'innombrables bénéfices pour les Canadiens. Ces changements contribuent à des mesures de protection appropriées afin d'empêcher la repersonnalisation non autorisée de ces renseignements tout en offrant une plus grande souplesse quant à l'utilisation des renseignements dépersonnalisés.
De plus, la nouvelle loi maintient l'emphase sur le contrôle de l'utilisation de leurs renseignements personnels par les individus. Cela demeure un fondement de la loi, c'est-à-dire que les individus doivent être en mesure de bien comprendre les fins auxquelles les renseignements seront utilisés et de consentir à ces fins dans les circonstances qui sont les plus importantes.
Cependant, l'économie moderne doit aussi avoir des outils souples pour accommoder des situations bénéfiques, mais qui ne se prêtent pas à un consentement des règles si l'organisation respecte certaines limites et prend des mesures pour protéger les individus.
L'approche préconisée ici continue de s'appuyer sur la notion de contrôle par les individus, mais propose une nouvelle exception au consentement pour résoudre ces lacunes en tant qu'outil de protection de la vie privée. Les nouvelles dispositions proposent une exception générale couvrant les situations dans lesquelles des organismes pourraient utiliser des renseignements personnels sans obtenir le consentement, à condition qu'ils puissent justifier leur intérêt légitime pour leur utilisation, et ceci, pour les circonstances où l'individu s'attend à l'utilisation.
De plus, afin de prévenir les abus, l'exception est sujette à une exigence d'atténuer les risques par l'organisme. Par exemple, les applications cartographiques numériques qui prennent des photos de toutes les rues et qui nous aident à les visualiser, notamment pour faciliter notre navigation, sont largement acceptées comme étant bénéfiques. Pourtant, obtenir le consentement individuel de tous les habitants de la ville est impossible.
Je pense que tout le monde à la Chambre sera d'accord pour se demander ce qu'on faisait avant d'avoir accès à ces applications pour naviguer. Hier soir, j'ai moi-même eu la visite d'un membre de ma famille, à Ottawa, et j'étais très contente d'avoir mon application cartographique pour trouver ma destination.
La présence d'une exception, combinée à une exigence d'atténuation, permet donc aux individus de profiter d'un service bénéfique tout en assurant la protection des renseignements personnels. L'exemple démontre un autre aspect crucial pour bâtir de la confiance et de la transparence. La technologie de la cartographie numérique présente un certain niveau de transparence. On peut voir les autos équipées de caméras qui circulent dans nos rues et on peut également voir le résultat affiché et disponible sur Internet.
Il y a cependant des technologies et des aspects de celles-ci qui demeurent plus difficiles à voir et à comprendre. C'est pourquoi le projet de loi continue à conférer aux individus le droit de demander aux organismes une explication de toute prédiction, recommandation ou décision formulée à leur sujet par un système automatisé de prise de décision.
De plus, ces explications doivent être fournies dans un langage simple et compréhensible pour l'individu. Ces dispositions appuient aussi la nouvelle loi proposée sur l'intelligence artificielle. Cependant, je ne pense pas avoir le temps d'en parler. Je terminerai donc là-dessus.
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Madame la Présidente, chers collègues, je prends la parole aujourd'hui au sujet de la Loi de 2022 sur la mise en œuvre de la Charte du numérique, c'est-à-dire le projet de loi .
Je remercie la députée de de partager son temps de parole avec moi aujourd'hui.
Les Canadiens ont une discussion importante à propos de ce à quoi ressemble l'environnement numérique. Comme nous le savons, au cours des dernières années, l'environnement numérique a évolué constamment. Les Canadiens réussissent à naviguer dans cet environnement en constante évolution, mais ils nous ont aussi clairement indiqué vouloir une meilleure protection de leurs renseignements personnels. Ils souhaitent pouvoir profiter des toutes dernières technologies tout en ayant l'assurance qu'ils peuvent les utiliser sans danger. Les Canadiens sont aussi d'avis que les organismes doivent être pleinement responsables de leur gestion des données personnelles et de la façon dont ils mettent au point des technologies puissantes, comme l'intelligence artificielle.
Depuis le début de nos consultations sur le monde numérique et les données, les intervenants soulignent l'importance de maintenir une latitude permettant d'innover de façon responsable, ainsi que l'accès aux marchés ici et à l'étranger. Je suis fière de dire que c'est exactement ce que permettrait de faire la Loi de 2022 sur la mise en œuvre de la Charte du numérique, qui édicterait la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs et la Loi sur l’intelligence artificielle et les données.
La Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs représente une transformation complète du régime de protection des renseignements personnels du secteur privé du Canada, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, qui est entrée en vigueur en 2001. C’était il y a environ 20 ans. La Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs apporterait des changements importants afin de mieux protéger les renseignements personnels des Canadiens. Elle prévoirait de lourdes sanctions fiscales et financières pour ceux qui se dérobent à leurs obligations légales et cherchent à en profiter. Ce nouveau cadre permettrait également à tous les Canadiens de bénéficier de la même protection des renseignements personnels que celles qui existent dans d’autres pays.
La Loi sur l'intelligence artificielle et les données, pour sa part, est proposée pour renforcer la confiance dans un élément clé de l’économie axée sur les données. Cette partie du projet de loi introduirait des normes communes pour la conception, le développement et la mise en service responsables des systèmes d’intelligence artificielle. Il permettrait également aux entreprises de se doter des mécanismes de protection indispensables pour l’innovation en intelligence artificielle et permettrait aux Canadiens de faire confiance aux systèmes d’intelligence artificielle qui sous-tendent le secteur des données numériques.
La Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques a été adoptée au début du siècle lorsque d’autres pays et certaines provinces ont adopté des lois sur la protection des renseignements personnels qui régissent le secteur privé. Conscient de la possibilité de voir apparaître un ensemble disparate de lois provinciales sur la protection des renseignements personnels et de la nécessité d'harmoniser sa législation avec celle des autres pays, le Canada a adopté la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques comme norme nationale de protection des renseignements personnels. Il s’est appuyé sur les pratiques exemplaires pour instaurer de solides mesures de protection des renseignements personnels, pour inspirer confiance aux consommateurs et pour offrir aux entreprises un environnement réglementaire uniforme et souple qui leur permet de faire une utilisation légitime de renseignements personnels.
Les lois provinciales sur la protection des renseignements personnels du secteur privé étant semblables en substance, cela a constitué la clé de l’harmonisation. Ainsi, lorsqu'un gouvernement provincial avait adopté une loi de ce type, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques ne s’appliquerait pas aux activités d’une organisation dans cette province. Toutefois, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques continuerait de s’appliquer aux entreprises de cette province faisant partie des secteurs sous réglementation fédérale ainsi qu’aux renseignements personnels recueillis, utilisés ou divulgués dans le cadre d’activités commerciales transfrontalières. Cela a permis aux provinces de bénéficier d’un environnement réglementaire stable et d’une certaine souplesse, tout en favorisant les intérêts commerciaux du Canada pendant de nombreuses années.
Aujourd’hui, l’histoire se répète, mais les enjeux sont beaucoup plus importants. L’économie numérique occupe une place centrale dans nos vies, et ce, nettement plus qu'il y a 20 ans. Pour exploiter tout ce que le monde numérique moderne a à offrir, il est clair que nous devons moderniser la loi fédérale sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Les provinces se dirigent dans cette direction et, là encore, il y a un risque de voir survenir une législation hétéroclite.
Le Québec a modifié sa loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé et la Colombie-Britannique et l’Alberta examinent également leurs lois sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. L’Ontario envisage d'adopter une nouvelle loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Par conséquent, le gouvernement fédéral doit agir dès maintenant pour s’assurer que tous les Canadiens bénéficient d’un degré de protection sensiblement équivalent et pour aider les organisations qui ont des activités à l’échelle du pays à se conformer à la législation.
À l'instar de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, la loi sur la protection de la vie privée des consommateurs repose sur les pouvoirs fédéraux en matière de commerce. Elle fait fond sur les pratiques exemplaires mises au point par les provinces canadiennes ou ailleurs dans le monde et met en premier plan l'importance de faciliter les affaires outre-frontière. La loi sur la protection de la vie privée des consommateurs reprend l'approche qui sous-tend la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques et modernise le mécanisme réglementaire pour reconnaître les lois provinciales sensiblement similaires. La réglementation définira les critères et le processus de cette reconnaissance ou d'un réexamen, et elle continuera de permettre une souplesse provinciale importante pour le succès de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
À l'instar de la loi actuelle, la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs permettrait au commissaire à la protection de la vie privée de collaborer avec ses homologues provinciaux. Il s’agit là d’un outil important pour assurer l'uniformité de la législation, pour énoncer des lignes directrices et pour que la loi puisse être appliquée efficacement. Nos commissaires font ainsi office des chefs de file de la collaboration en matière de protection de la vie privée à l’échelle mondiale.
Le Canada doit aussi agir de façon proactive pour réglementer le domaine de l’intelligence artificielle, étant donné que l’exploitation de ces systèmes transcende les frontières nationales et provinciales dans l’environnement numérique. La Loi sur l'intelligence artificielle et les données établirait une norme commune que devraient respecter toutes les organisations qui font du commerce international ou interprovincial. La Loi sur l'intelligence artificielle et les données placerait le Canada à l’avant-garde de la réglementation internationale dans le domaine de l’intelligence artificielle et établirait des règles claires à l’échelle du pays. Cela stimulerait l’innovation et renforcerait la confiance dans la sécurité des systèmes d’intelligence artificielle utilisés ou développés au Canada.
Nous vivons dans un monde interconnecté. Les données traversent constamment les frontières. En 2001, la Commission européenne a déterminé que la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques offrait une protection conforme à la législation de l’Union européenne, ce qui permettait la libre circulation des renseignements personnels entre les entreprises canadiennes et européennes.
En 2018, un nouveau règlement de l’Union européenne est entré en vigueur, connu sous le nom de Règlement général sur la protection des données. Il a mis à jour bon nombre des exigences existantes et a ajouté de fortes amendes pour les violations. L’Union européenne examine actuellement ses décisions passées en matière de conformité, y compris celle qui concerne le Canada. Nous espérons connaître prochainement les résultats de cet examen.
La Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs contribuerait au maintien de la conformité du Canada au régime de protection des renseignements personnels de l’Union européenne. Cela permettrait aux données personnelles des entreprises de l’Union européenne de continuer à circuler au Canada sans protection supplémentaire. Au-delà de l’Union européenne, les changements proposés dans la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs constituent des mises à jour importantes qui nous permettraient de nous doter de dispositions juridiques conformes à celles des pays étrangers ayant mis à jour leurs lois. Il garantirait l’interopérabilité avec des règles, des droits et des conséquences uniformes.
Ailleurs dans le monde, des gouvernements sont, eux aussi, en train de mettre à jour leur réglementation applicable à l'intelligence artificielle, et des mesures énergiques sont nécessaires pour que le Canada demeure un chef de file dans le monde. L’interopérabilité avec les partenaires internationaux demeure une priorité absolue. L’Union européenne en particulier a avancé un cadre de réglementation de l’intelligence artificielle qui établirait des normes pour tous les systèmes d’intelligence artificielle en service sur le marché de l’Union européenne.
La Loi sur l'intelligence artificielle et les données proposerait une approche axée sur les risques qui assurerait l’interopérabilité avec l’Union européenne tout en gardant à l’esprit que le contexte canadien est unique. Par exemple, la Loi sur l'intelligence artificielle et les données inclurait des options flexibles pour se conformer aux dispositions, de manière à ce que les nombreuses petites et moyennes entreprises du pays ne soient pas laissées pour compte. La Loi sur l'intelligence artificielle et les données qui nous est proposée serait une occasion pour le Canada de jouer son rôle de chef de file à l'échelle internationale, d’assurer l’accès aux marchés pour les entreprises canadiennes et de défendre les valeurs canadiennes.
Le gouvernement a adopté la Charte canadienne du numérique en 2019. Ses 10 principes directeurs constituent la pierre d'assise d'une économie numérique innovante, inclusive et axée sur les données. La Loi de 2022 sur la mise en œuvre de la charte du numérique favorise clairement l’interopérabilité, l’égalité des chances, l'application rigoureuse de la loi ainsi qu'une vraie reddition de comptes.
Je peux assurer à mes collègues que notre approche est pragmatique et fondée sur des principes et qu'elle répond à nos besoins commerciaux. Le projet de loi fournirait un cadre cohérent sur lequel les Canadiens et les parties prenantes pourraient s'appuyer. Avec le projet de loi , nous continuerions d'encourager le commerce et l'investissement et de développer une économie qui transcende les frontières provinciales et internationales.
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Madame la Présidente, les données sont utilisées tantôt à bon escient, tantôt à mauvais escient. Les données valent de l'argent, elles donnent du pouvoir et elles apportent des connaissances. Les données peuvent améliorer nos vies. Les données peuvent également nuire à nos vies. Les données racontent l'histoire de nos vies, et nos données personnelles circulent à l'échelle mondiale. La quantité de données dans le monde a doublé depuis 2020 et devrait tripler d'ici 2025 selon les indications dont dispose Statista en 2022.
Pour bien saisir pourquoi nous avons besoin de moderniser les droits à la vie privée dans le monde numérique, il est important de comprendre que les entreprises ont évolué. Elles ont commencé par offrir de simples services spécifiques — par exemple un réseau social comme Facebook ou Twitter ou un moteur de recherche comme Google ou Microsoft qui permet de trouver des informations —, puis elles ont commencé à utiliser des données pour recueillir des informations sur des personnes et des groupes, à gérer et à déployer ces données, pour finir par vendre leurs informations à d'autres entreprises et à nous vendre des biens et des services.
Les entreprises qui fournissaient ces services dans un but lucratif sont devenues des entreprises qui utilisent ces services pour nous surveiller et gagner d'énormes sommes d'argent avec nos informations personnelles. En tant que législateurs, nous devons trouver un équilibre entre les usages de la collecte de données et le droit à la vie privée d'un individu. C'est un équilibre délicat que le projet de loi entend aborder en modernisant nos lois sur la vie privée.
Les droits de la personne doivent figurer au centre de ce remaniement attendu depuis longtemps de nos lois en matière de respect de la vie privée. Selon moi, l’utilisation des données à des fins commerciales en vertu de la loi sur la protection de la vie privée devrait passer après la protection des renseignements personnels. En outre, elle ne devrait mettre l’accent que sur la manière dont les intérêts commerciaux satisfont aux besoins personnels, et la manière dont les entités commerciales protègent les droits à la vie privée de chacun. Aujourd’hui, dans le cadre de mon discours, je vais expliquer pourquoi cette législation ne satisfait pas aux besoins des individus, des groupes et des entreprises quand vient le temps de mettre en place un cadre législatif clair pour la collecte de données et la gestion de renseignements personnels en cette ère numérique.
Tout d’abord, le projet de loi regroupe plutôt trois projets de loi en un seul projet de loi omnibus. Le premier projet de loi mettrait à jour les lois sur la protection des renseignements personnels. Le deuxième projet de loi renferme un nouvel organisme quasi judiciaire et chevaucherait potentiellement les activités que le commissaire à la protection de la vie privée peut réaliser, tout en supprimant le droit de se tourner vers les tribunaux. Le troisième projet de loi est un projet de loi supplémentaire préparé de manière précipitée sur l’intelligence artificielle qui, selon moi, n’est pas très intelligent. La mesure présentée par les libéraux réussit à réduire la protection de la vie privée tout en nuisant à l’innovation.
Le projet de loi ne protège pas les Canadiens dès le départ, comme le montre le préambule. Même si les défenseurs de la protection de la vie privée le demandent depuis des années, le gouvernement n’a pas reconnu le respect de la vie privée comme un droit fondamental dans le préambule. Selon le projet de loi, les renseignements personnels de chacun doivent mener à la « pleine jouissance des droits […] fondamentaux » d'une personne. Il s’agit d’une formulation habile qui évite de reconnaître la protection de la vie privée comme un droit fondamental ou un droit de la personne fondamental.
La formulation « pleine jouissance des droits […] fondamentaux » qu’on trouve dans le préambule doit être modifiée. En effet, il faudrait dire que le droit à la vie privée est un droit fondamental. En outre, en laissant cette formulation uniquement dans le préambule, on réduit, voire on élimine, toute répercussion juridique réelle. Si le respect de la vie privée est un droit fondamental, pour qu’elle soit vraiment mise en application dans ce projet de loi, il faut l’inclure à l’article 5, qui fait état de l’objet du projet de loi.
Pourquoi le respect de la vie privée est-il un droit fondamental? La liberté de pensée, la liberté d’expression et la liberté d’être laissé à soi-même découlent du respect de la vie privée. Les protections juridiques prévues par le respect de la vie privée limitent toute invasion du gouvernement dans nos vies. Dans les sociétés libres et démocratiques, nous considérons ces libertés comme des droits essentiels. Le droit de penser ce que je veux, de dire ce que je veux et de choisir ce que je veux être, le droit de m’intéresser à ce que je veux et d’interagir avec qui je veux, où je le veux, dans notre monde numérique, constituent des points de données. Je considère qu’il s’agit de renseignements personnels et qu’ils font donc partie du droit fondamental au respect de la vie privée.
Qu'est-ce que tout cela signifie? Cela signifie que les droits à la vie privée prévus par la loi prévalent sur les droits commerciaux. Une approche fondée sur les droits permet de contrôler efficacement les risques liés à la technologie tout en garantissant le bon fonctionnement et la prospérité des entreprises.
Des fonctionnaires m'ont dit que cela ne peut être inscrit dans le projet de loi comme il se doit pour avoir un véritable sens selon les lois en vigueur, car cela empiéterait sur la compétence provinciale. Je ne suis pas d'accord, et le commissaire à la protection de la vie privée du Canada non plus. Les deux ordres de gouvernement peuvent réglementer la vie privée, et ils le font. Le rôle du gouvernement fédéral consiste à réglementer les aspects qui relèvent de sa compétence, notamment le fait que le commerce ne suit pas les frontières provinciales et nécessite donc une surveillance fédérale.
Je crois que la plupart des Canadiens s'attendent à ce que leurs données soient utilisées pour améliorer leurs expériences et renforcer leurs besoins dans notre société moderne. Je crois également que pour que les organisations puissent obtenir les données des Canadiens, ceux-ci doivent d'abord y consentir, et que si ces mêmes organisations trouvent de nouvelles utilisations de ces données, elles doivent également en obtenir le consentement exprès. Les Canadiens veulent que leurs données soient gardées en toute sécurité et non utilisées à des fins pour lesquelles ils n'ont pas donné leur autorisation. De même, s'ils décident de mettre fin à une relation avec un fournisseur de services, ils veulent que leurs données personnelles soient détruites.
Je crois que les Canadiens ne veulent pas que leurs données personnelles soient vendues à des tierces parties sans leur consentement explicite, alors comment le projet de loi tient-il compte de leur attente à cet égard? Je crois que la réponse est « à peu près pas ». En effet, dans le sommaire du projet de loi, on peut lire que l'un des deux objectifs est « de régir la protection des renseignements personnels des individus tout en tenant compte du besoin des organisations de recueillir, d’utiliser ou de communiquer de tels renseignements dans le cadre d’activités commerciales. » Le projet de loi ne ferait pas en sorte que le droit à la protection des renseignements personnels aurait préséance sur les intérêts commerciaux.
Bien que le projet de loi exige, à l'article 15, l'obtention du consentement explicite de l'individu concerné, le projet de loi décrit, dans une large mesure, les nombreux cas dans lesquels le consentement ne serait pas exigé et la façon dont on laisserait à l'organisation qui recueille les données le soin de décider si elle a besoin d'obtenir ce consentement pour les utiliser. De plus, le projet de loi laisse à désirer pour ce qui est de s'assurer que les personnes dont on cherche à obtenir le consentement comprennent clairement ce à quoi elles consentent. En effet, pour être en mesure de donner leur consentement éclairé, ces dernières doivent clairement comprendre à quelles fins les données qu'elles fournissent seront utilisées. L'absence de définition et le fait d'imposer aux entreprises la responsabilité de cette interprétation exposent ces mêmes entreprises à des poursuites et à des sanctions si elles commettent des erreurs. Ce manque de clarté pourrait ainsi freiner l'innovation au Canada. Le projet de loi doit faire en sorte que les personnes comprennent la nature, le but et les conséquences de la collecte, de l'utilisation et de la communication des renseignements auxquels elles consentent.
En outre, le projet de loi donnerait aux organisations le droit d'utiliser ces renseignements de nouvelles façons et obligerait les entreprises à obtenir une mise à jour du consentement relatif à ces renseignements. Bien que cela soit louable et nécessaire, le projet de loi permettrait également aux organisations d'avoir recours au consentement implicite prévu au paragraphe 15(5). Associée à l'alinéa 18(2)d), cette disposition donnerait aux entreprises carte blanche pour recourir au consentement implicite plutôt qu'au consentement explicite.
Une organisation peut décider d'elle-même que le consentement initial sous-entend le consentement à une fin nouvelle et qu'elle n'a pas besoin d'obtenir un nouveau consentement de la personne concernée. Il s'agit d'une version de l'ancienne commercialisation par abonnement par défaut qui a été interdite dans les années 1990. Soit une personne donne son consentement, soit elle ne le donne pas. À mon avis, le consentement implicite n'existe pas et il doit être supprimé du projet de loi.
De plus, le projet de loi utilise l'expression « renseignements de nature sensible », que les entreprises et les organisations doivent déterminer pour protéger les données, mais il n'en donne pas la définition nulle part dans ses quelque 100 pages. L'expression doit être définie dans le projet de loi afin d'inclure les renseignements qui révèlent l'origine raciale et ethnique, l'identité de genre, l'orientation sexuelle et l'affiliation religieuse, pour n'en nommer que quelques-uns.
Cependant, ce n'est pas le pire. Le projet de loi introduirait le concept de l'« intérêt légitime ». Il s'agit d'une nouvelle règle qui classerait les intérêts et les droits fondamentaux d'une personne en dessous de ceux de l'organisation qui a recueilli les renseignements, soit exactement le contraire de ce que devrait faire un projet de loi qui protège la vie privée. Pour ce faire, le paragraphe 18(3) autoriserait une organisation ou une entreprise à utiliser des renseignements si elle a un intérêt légitime à le faire. Cependant, c'est ici que la situation devient vraiment loufoque: pour tenter de réduire l'utilisation de nos données par les entreprises, pour leurs propres besoins au détriment des nôtres, en vertu de la disposition sur l'intérêt légitime, les libéraux ont décidé de restreindre le pouvoir prévu à l'alinéa 18(3)b). Cette disposition pourrait interdire à l'entreprise ou à l'organisation d'utiliser les données d'un individu en vue d'influencer son comportement.
Depuis l'invention des programmes de fidélisation et de récompenses il y a plus de 20 ans, les détaillants se servent des données des gens pour leur offrir des produits qui pourraient leur plaire en fonction de leurs habitudes d'achat. Les députés ont‑ils déjà acheté du vin en ligne ou dans un magasin parce qu'on leur avait dit que s'ils aimaient tel vin, ils pourraient en aimer un similaire? N'ont‑ils jamais regardé une émission sur Netflix parce que cela leur avait été recommandé? N'ont‑ils jamais écouté une chanson sur Spotify parce que l'application leur avait recommandée d'après les autres chansons qu'ils avaient écoutées? Eh bien, l'alinéa 18(3)b) pourrait maintenant rendre ce service illégal.
Les libéraux ne font pas bien les choses en ce qui a trait à l'obtention du consentement exprès, et ils autorisent des entreprises à utiliser les données des gens en s'appuyant sur un consentement implicite ou sans même obtenir de consentement. De plus, ils font passer l'utilisation commerciale des données personnelles avant le droit à la vie privée des gens. Cette mesure législative ne fait absolument rien pour protéger la vie privée. Parallèlement, les libéraux rendent illégales les bonnes initiatives prises par les entreprises pour améliorer l'expérience de leur clientèle en se servant de l'alinéa 18(3)b) pour les empêcher d'étudier les habitudes d'achat et d'offrir des produits qui pourraient lui plaire. Aux termes du projet de loi à l'étude, il serait illégal d'influencer les décisions des gens.
Le m'a dit être fier de protéger les enfants au moyen de cette mesure sur les droits numériques; ce qu'il a d'ailleurs mentionné à la Chambre dans son discours d'ouverture sur le projet de loi. Aujourd'hui, d'autres députés ont tenu des propos dans le même sens. Or, cette mesure législative de 100 pages ne comporte qu'une seule disposition sur les enfants. Il s'agit du paragraphe 2(2), sous la rubrique « Définitions », qui dit « [...] les renseignements personnels d'un mineur sont considérés comme étant de nature sensible ». Cependant, le projet de loi ne définit pas la notion de « nature sensible » ni ne précise qui est considéré comme un mineur. Les fonctionnaires concernés m'ont dit que la définition de mineur est établie dans la loi provinciale et que comme chaque province a des règles différentes, les entreprises doivent se conformer aux règles provinciales auxquelles elles sont assujetties.
Si la protection des enfants était réellement un des principaux buts visés par cette mesure, les rédacteurs législatifs y auraient précisé ce qu'est un mineur et en quoi consistent les renseignements de nature sensible. Pendant la COVID, de nombreux mineurs se sont servi d'applications et de programmes en ligne pour poursuivre leurs études. Or, ni à ce moment-là, ni maintenant d'ailleurs, la loi n'a prévu des mesures de protection quant à l'utilisation des données personnelles des jeunes. Cette technologie constitue une nouvelle norme en matière d'éducation. La COVID a donné lieu à une énorme surveillance en ligne des enfants, mais il n'existe aucune mesure de protection, même pas dans ce projet de loi.
Ce projet de loi doit définir dans la loi, et non dans un règlement, le consentement approprié en fonction de l'âge des mineurs, et énoncer des règles complètes pour empêcher la collecte, la manipulation et l'utilisation des données de tout mineur. Ce projet de loi laisse aux entreprises le soin de décider ce qui est délicat et approprié pour les mineurs. C'est un échec colossal pour ce qui est du principal argument de vente du concernant ce projet de loi qui ne protège pas la vie privée.
Le projet de loi ne dit rien sur la vente des données personnelles. Il doit comprendre des dispositions sur les limites et les obligations des courtiers en données. Le projet de loi ne dit rien sur l'utilisation de la technologie de reconnaissance faciale. Il interdit également l'utilisation des données d'une manière qui produit un préjudice important, mais définit ce préjudice de manière inadéquate. Par exemple, le préjudice psychologique causé par une violation des données et la gêne causée par une atteinte à la vie privée ne sont pas inclus. La liste des dommages doit être élargie pour inclure les dommages moraux, car la plupart des infractions aux dispositions sur la vie privée n'entraînent pas de dommages prouvables et quantifiables.
Accroître la bureaucratie et la taille du gouvernement constitue le véritable héritage du gouvernement libéral. Ce projet de loi ne fait pas exception à la règle, avec la création d'un organisme auprès duquel on peut faire appel des décisions du commissaire à la protection de la vie privée. Le nouvel organisme composé de non-juristes nommés s'appelle le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données et est créé par la deuxième partie du projet de loi. Franchement, ces pouvoirs, s'ils sont vraiment importants, devraient être confiés au commissaire à la protection de la vie privée afin d'éliminer l'intermédiaire bureaucratique. Ce tribunal n'est pas nécessaire.
Enfin, penchons-nous sur la partie mal conçue, mal structurée et mal définie du projet de loi au sujet de l'intelligence artificielle. Il faut vraiment supprimer cette partie de la mesure législative et la remettre en question. Il est pertinent de légiférer en matière d'intelligence artificielle, mais seulement dans le cadre d'un projet de loi qui a un objectif législatif. C'est pourquoi j'espère que le Président va rendre une décision favorable au rappel au Règlement du NPD, qui a obtenu l'appui du , et qui ferait en sorte que la partie 3 du projet de loi fasse l'objet d'un vote différent des parties 1 et 2.
Essentiellement, cette partie du projet de loi ferait en sorte que toutes les activités portant sur l'intelligence artificielle au pays quitteraient le Canada au profit de pays possédant des lois plus claires en matière d'intelligence artificielle. À mes yeux, cela signifie que le gouvernement n'a pas fait son travail, qu'il ne sait pas vraiment ce qu'est ou ce que deviendra l'intelligence artificielle, et qu’il n'a aucune idée de l'incidence qu'elle pourrait avoir sur nos concitoyens.
Le projet de loi demande aux parlementaires d'adopter une loi qui ne définit ni but ni surveillance et qui accorderait tous les futurs pouvoirs législatifs au ministre — pas au gouverneur en conseil, mais au ministre — par voie de réglementation. Le ministre peut légiférer, enquêter sur des violations, déterminer la culpabilité et infliger des pénalités sans jamais en informer le Parlement, le Cabinet ou un tiers quelconque.
Ces pouvoirs sont beaucoup trop importants et antidémocratiques dans un domaine essentiel du programme canadien en matière d'innovation. Les promesses de consultations dans le processus d'élaboration de la réglementation, c'est trop peu, trop tard. On remet trop de pouvoirs entre les mains de fonctionnaires non élus et du ministre.
Selon la définition incluse dans le projet de loi, et donc ce que celui-ci souhaite réglementer en totalité, l’intelligence artificielle est un système qui traite, de manière autonome, des données liées à l’activité humaine au moyen d’algorithmes génétiques, de réseaux neuronaux, d’apprentissage automatique ou d’autres techniques pour formuler des recommandations ou faire des prédictions. Si nous pensons que c’est futuriste, ce n’est pas le cas. Ce système est déjà utilisé en temps de guerre afin de déterminer et d’exécuter des bombardements.
Sans surveillance parlementaire, le projet de loi introduit le concept de « système à incidence élevée ». Il ne définit pas en quoi ce système consiste. Cependant, ce concept sera défini dans le règlement et géré au moyen du règlement. On ne devrait jamais accorder de pouvoir de réglementation au ministre ou au gouverneur en conseil pour un concept qui n’est pas défini dans la loi.
Le projet de loi ne définit que le pouvoir sans précédent de réglementer l’ensemble de cette industrie, ainsi que les amendes prévues pour les personnes qui enfreignent le règlement qui n'a pas encore été écrit. Les sanctions financières et les peines d’emprisonnement très lourdes qui seraient imposées aux développeurs et aux chercheurs universitaires en cas d’infraction non définie dans la loi sont énormes.
À moins que cette partie du projet de loi soit séparée du reste lorsque les députés voteront, cette section réservée à l’intelligence artificielle suffirait à rejeter cette mesure législative. L’intelligence artificielle représente un besoin considérable, mais il lui faut un cadre législatif approprié, qui sera établi dans le cadre de consultations.
Je demande aux députés de lire attentivement le projet de loi. Les lois actuelles sur la protection de la vie privée doivent être modifiées. Cependant, la loi actuelle est préférable à cette proposition mal définie. Le projet de loi sur l’intelligence artificielle chasserait l’innovation et les entreprises de l’économie canadienne, ce qui nous rendrait le pays moins concurrentiel.
Il est difficile de croire qu'on puisse aussi mal rédiger cette loi, surtout si l’on tient compte du fait que les libéraux proposent pour la deuxième fois une mise à jour de nos lois sur la protection de la vie privée. Si l’on ne divise pas le projet de loi, si l’on ne tient pas des votes distincts et si un comité n’apporte pas de modifications considérables aux deux premières parties, ce projet de loi devrait être rejeté.
Je demande à tous les députés de réfléchir sérieusement à cela pendant leurs réflexions, alors que nous allons entendre de nombreux discours. Même si la mise à jour de nos lois en matière de respect de la vie privée est essentielle, ce projet de loi, dans son état actuel, n’y parvient pas. Il accorde des droits égaux, voire plus de droits, aux entreprises et aux organisations par rapport aux individus.
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Madame la Présidente, je suis honoré de pouvoir m'exprimer au sujet du projet de loi , la loi sur la mise en œuvre de la Charte du numérique.
Je crois qu'il est important de souligner tout le temps qui s'est écoulé depuis la dernière mise à jour des dispositions législatives qui touchent la protection des données personnelles. Cela remonte à plus de 20 ans, ce qui pourrait sembler un court laps de temps. Toutefois, quand on s'arrête pour y penser, il y a 20 ans, Facebook n'était probablement encore qu'un simple programme que Mark Zuckerberg essayait de mettre au point dans sa chambre à la résidence universitaire.
Quant au iPhone, il n'existait pas encore il y a 20 ans. Les téléphones intelligents étaient sur le marché, mais ils ne nous offraient pas encore toutes les fonctionnalités auxquelles nous sommes habitués aujourd'hui. Autrement dit, un grand nombre des outils technologiques dont nous ne pouvons plus nous passer aujourd'hui ont grandement évolué au fil du temps. Ils ont des capacités nouvelles et s'ils fonctionnent aussi efficacement, c'est en raison de la collecte des données personnelles des utilisateurs.
Un autre bon exemple serait Google. Il y a 20 ans, ce n'était rien de plus qu'un moteur de recherche. Il fallait taper dans Google ce qu'on cherchait. Parfois, il fallait mettre des caractères bizarres ou le signe plus entre les mots dans les termes de recherche. Il s'agissait tout bonnement d'une table des matières qui permettait aux gens d'accéder à des informations. Cependant, c'est maintenant bien plus que cela. Combien d'entre nous ont déjà dit à quelqu'un qu'ils aimeraient bien avoir une nouvelle friteuse à air chaud, puis le lendemain ou plus tard dans la journée, ne cessent soudainement de voir des publicités pour des friteuses à air chaud sur Google, sur Facebook ou toute autre plateforme? Je suis sûr qu'il s'agit parfois d'une coïncidence, mais d'après mon expérience, cela arrive bien trop souvent pour être une coïncidence.
Ce sont les résultats de l'évolution des nouvelles technologies, en particulier de l'intelligence artificielle, qui sont capables d'utiliser des algorithmes et d'en créer de nouveaux en fonction des informations fournies au système. Bien sûr, plus on fournit d'informations, plus les technologies deviennent intelligentes et plus elles cherchent à obtenir de nouvelles données qui peuvent les aider à cibler encore plus précisément les publicités qu'elles montrent aux gens et les outils qu'elles utilisent.
Il ne s'agit pas seulement de vendre de la publicité. L'intelligence artificielle peut aussi mener à des percées technologiques qui autrement seraient impossibles pour nous, comme dans le domaine de la santé et dans l'industrie automobile. Prenons par exemple nos véhicules: la fonctionnalité de l'heure dans les nouvelles voitures est le système de maintien sur la voie, qui utilise des technologies comme le lidar pour décoder des signaux sur la route.
Lorsque nous saisissons nos mots de passe, il y a une technologie qui permet de confirmer que nous sommes des êtres humains, parfois en nous demandant de reconnaître certaines images. Quand nous faisons cela, nous versons des informations dans le système qui permettent de bien placer les images. Nous ne faisons pas seulement confirmer que nous sommes des êtres humains. On se sert d'énormément de données afin de mieux évaluer différentes formules et équations en fonction des choses que nous faisons.
Pensons aux véhicules intelligents ou autonomes, qui se conduisent pratiquement eux-mêmes. Aurions-nous pensé qu'une automobile pourrait se conduire toute seule il y a 20 ans? Nous sommes pratiquement à mi-chemin de cette réalité. À l'heure actuelle, les véhicules peuvent détecter la route et suivre un itinéraire, elles savent où elles sont censées être situées, elles signalent les dangers et préviennent d'éventuelles menaces sur notre route.
Ce qui est encore plus important, c'est que lorsque je monte dans mon véhicule, que je me mets en route et que je rencontre d'autres véhicules, mon véhicule analyse toutes ces données et communique ces renseignements pour aider au développement de ce système d'intelligence artificielle en vue de perfectionner les véhicules intelligents et de les rendre plus prédictifs. Non seulement ces données informent l'intelligence artificielle, mais elles lui permettent aussi d'en générer d'autres, et toutes servent à améliorer les algorithmes.
Il est plus qu'évident que les choses ont beaucoup changé en 20 ans. Nous sommes à des années-lumière d'il y a 20 ans. Nous sommes beaucoup plus avancés, mais nous devons être conscients de ce qui arrive aux données que nous transmettons. Parfois, comme je l'ai indiqué plus tôt dans une question, il peut s'agir de données transmises anonymement afin d'aider des algorithmes liés à la technologie LIDAR et aux véhicules autonomes, par exemple. Il peut aussi s'agir de données pouvant être utilisées à des fins commerciales, de marketing et publicitaires.
Je songe à mes enfants. Mon jeune de six ans, qui est en première année, apprend rapidement à lire. Même lorsqu'il avait quatre ans, lorsqu'il jouait à un jeu vidéo et qu'il était incapable de dépasser un certain niveau, il venait demander au iPad de ma femme: « dis, Siri, comment puis-je faire cela? »
En disant ces mots, j'ai probablement activé Siri sur une foule de téléphones cellulaires, mais ce que je veux dire, c'est que dès un très jeune âge, nos enfants utilisent cette technologie. Je n'ai pas grandi dans un monde où je pouvais dire « dis, Siri, comment puis-je faire ceci ou cela? »
Ce qui devrait vraiment nous préoccuper, c'est le développement des enfants et des mineurs, ce qu'ils font et les répercussions que leurs activités peuvent avoir sur eux et sur leur vie privée. Je suis très soulagé de constater que le projet de loi comprend un élément important qui, à mon avis, vise à assurer le maintien de la vie privée des mineurs, même si j'ai entendu aujourd'hui certains députés préoccupés ou insatisfaits affirmer que le projet de loi doit mieux refléter la définition du terme « mineur ».
Selon moi, si l'on ne sait pas ce qu'est un mineur dans le cadre du projet de loi à l'étude, c'est une question qui peut être réglée en comité. C'est une chose que les députés ministériels seraient contents d'étudier en comité, c'est-à-dire qu'ils écouteraient la discussion à ce sujet, afin de savoir s'il est important ou non d'éclaircir davantage la définition.
J'aimerais revenir un peu en arrière et parler plus précisément des trois parties du projet de loi et de l'objectif de chacune. Dans le sommaire, on peut lire:
La partie 1 édicte la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs afin de régir la protection des renseignements personnels des individus tout en tenant compte du besoin des organisations de recueillir, d’utiliser ou de communiquer de tels renseignements dans le cadre d’activités commerciales.
Une conséquence de cette partie serait d'abroger d'autres dispositions législatives anciennes. Je pense que c'est absolument essentiel parce que, comme je l'ai dit, les choses ont changé au cours des 20 dernières années. De nos jours, nous ne savons pas vraiment quels renseignements nous donnons ou comment ceux‑ci sont employés. Je me rends compte, comme certains de mes collègues l'ont indiqué, que, dans 99,9 % des cas, nous cliquons sur « Oui, j'accepte les conditions » sans même avoir lu ces conditions, sans savoir exactement comment notre information est utilisée et ce qui provient directement de nous.
Grâce à la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs, on protégerait les renseignements personnels des particuliers, tout en respectant réellement la nécessité de s'assurer que les entreprises peuvent encore innover parce que l'innovation est importante, tout comme l'amélioration des technologies.
Très franchement, je trouve que c'est important — et on me qualifiera peut-être d'égoïste —, lorsque je regarde sur Netflix une émission que j'aime beaucoup, d'obtenir des recommandations d'autres émissions que je pourrais aimer tout autant. Comme l'a mentionné plus tôt le député de , lorsqu'il s'agit de Spotify, je trouve que c'est important, lorsque je commence à écouter certaines chansons, que d'autres chansons me soient suggérées en fonction de ce qu'ont aimé d'autres personnes qui partagent les mêmes intérêts que moi, et que les algorithmes finissent par générer ce contenu pour moi.
Si nous voulons qu'elles continuent à innover grâce à ces incroyables technologies dont nous disposons, il est important de veiller à ce que les entreprises puissent avoir accès aux données. Cependant, il est encore plus important qu'elles se montrent responsables à l'égard de cette innovation. Il faut trouver un juste équilibre entre la vie privée et l'innovation, entre la manière dont les gens innovent et la façon d'utiliser les données.
Au cours des dernières années, nous avons pu voir, aux États‑Unis et au Canada, des situations dans lesquelles des données avaient été utilisées autrement que de la façon prévue. Nous avons besoin d'une mesure législative exhaustive qui établira adéquatement le bon usage des données. Rappelons que la dernière fois où la loi a été mise à jour, il y a 20 ans, nous n'avions franchement aucune idée de l'utilisation qui serait faite des données de nos jours.
Il s'agit donc d'encourager une innovation responsable et d'inclure une terminologie appropriée dans la loi, afin que les entreprises sachent exactement ce qu'elles doivent et ne doivent pas faire, comment elles peuvent utiliser les données, ce qu'elles doivent faire avec les données à différents moments, comment en assurer la sécurité et, plus important encore, comment protéger la vie privée des gens. À l'approche de 2023, la protection adéquate des données ne profite pas seulement aux personnes: elle est aussi cruciale et bénéfique pour les entreprises, qui peuvent ainsi savoir quelles sont les règles du jeu quand il est question d'accès aux données.
La deuxième partie du projet de loi, comme il a été mentionné:
[...] édicte la Loi sur le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données qui constitue un tribunal administratif pour entendre les appels interjetés à l’encontre de certaines décisions rendues par le Commissaire à la protection de la vie privée au titre de la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs et pour infliger des pénalités relatives à la contravention de certaines dispositions de cette dernière loi.
C'est absolument essentiel: si les gens sont inquiets de la façon dont leurs données de consommateurs sont utilisées et s'ils sont mécontents des résultats du commissaire, ils doivent pouvoir interjeter appel des décisions. Si nous ne le faisons pas, si nous mettons trop de pouvoir dans les mains de quelques personnes ou, dans ce cas précis, du commissaire à la protection de la vie privée au titre de la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs, si nous accordons tous ces pouvoirs sans prévoir un mécanisme d'appel, nous allons certainement nous heurter à des problèmes dans l'avenir. Le projet de loi contribuerait à contrôler les pouvoirs du commissaire. Il aiderait également les consommateurs à avoir confiance dans le processus de reddition de comptes au sujet de l'utilisation et de la conservation sécuritaires de leurs données.
La troisième partie du projet de loi est la plus controversée parce qu'on se demande si elle devrait en faire partie ou si elle devrait faire partie d'un projet de loi distinct. Le sommaire se lit comme suit:
La partie 3 édicte la Loi sur l’intelligence artificielle et les données pour réglementer les échanges et le commerce internationaux et interprovinciaux en matière de systèmes d’intelligence artificielle et exiger que certaines personnes adoptent des mesures pour atténuer les risques de préjudices et de résultats biaisés liés aux systèmes d’intelligence artificielle à incidence élevée.
Cette loi prévoirait la publication de renseignements et autoriserait le ministre à ordonner la fourniture de documents relatifs aux systèmes d’intelligence artificielle. Elle établirait également des interdictions relatives à la possession ou à l’utilisation de renseignements personnels obtenus illégalement afin de concevoir, de développer, d’utiliser ou de rendre disponible intentionnellement ou par imprudence un système d’intelligence artificielle dont l’utilisation cause un préjudice aux particuliers.
Bien franchement, l'une des conséquences de l'intelligence artificielle est que, si nous permettons à toutes ces informations biaisées d'alimenter les systèmes d'intelligence artificielle et d'être utilisées afin de produire des résultats pour des algorithmes importants, nous courons ainsi le risque que les résultats soient aussi biaisés que les intrants. Par conséquent, il faudra une véritable reddition de comptes pour garantir que des mesures appropriées soient en place afin d'éviter que les gens soient traités de façon biaisée.
Même dans sa forme actuelle, l'intelligence artificielle est très difficile à prédire. Il est très difficile de comprendre exactement quand une chose générée par une forme d'intelligence artificielle a une incidence sur une personne. Une bonne partie de nos interactions quotidiennes sont déjà fondées sur ces fonctions d'intelligence artificielle utilisant divers intrants pour déterminer ce que nous devrions faire ou de quelle façon nous devrions interagir avec quelque chose.
Si cela se fait de manière partiale ou délibérément imprudente, les gens pourraient s'en rendre compte seulement après coup. Il est donc important de mettre en place toutes les mesures qui s'imposent pour protéger les particuliers contre ceux qui voudraient tenter d'utiliser l'intelligence artificielle d'une manière qui leur causerait délibérément des préjudices.
Pour conclure, je reviens sur ce que je disais au début de mon discours. Bien franchement, l'intelligence artificielle comporte beaucoup d'avantages. Elle va transformer pratiquement tous les aspects de notre vie: nos interactions interpersonnelles, nos interactions avec les technologies, les soins que nous recevons, nos modes de transport, nos processus décisionnels et, comme nous le savons déjà, ce que nous écoutons et ce que nous visionnons.
À mesure que cette technologie évoluera et que l'intelligence artificielle sera implantée, il sera extrêmement important que nous exercions un contrôle pour que nous puissions bien comprendre ce qui se passe et qui pourrait enfreindre les règles en utilisant l'intelligence artificielle. En toute franchise, il sera de plus en plus difficile de le faire à mesure que l'intelligence artificielle prendra de nouvelles formes, assumera de nouvelles fonctions et offrira de nouvelles façons de prendre des décisions et de produire des résultats. Nous devons donc veiller à ce que nous puissions toujours exercer le contrôle et la surveillance nécessaires à cet égard.
Je comprends certaines inquiétudes qui ont été soulevées aujourd'hui par des députés. Le député de et d'autres ont fait part de leurs préoccupations sur la définition de « mineur », ce à quoi je n'avais pas songé au départ en examinant ce projet de loi, et je dois dire que, de prime abord, je peux comprendre, surtout après avoir entendu la réponse du député à ma question, pourquoi il serait nécessaire d'inclure une définition en bonne et due forme. J'espère que le projet de loi sera renvoyé à un comité et que celui-ci pourra se pencher sur ces questions importantes afin que nous puissions aller de l'avant.
Je n'ai certainement pas l'impression que nous devrions abandonner complètement le projet de loi simplement parce que nous avons peut-être des préoccupations concernant telle ou telle chose. La réalité, et ce dont nous sommes certains, c'est que les choses ont bien changé au cours des 20 dernières années depuis la dernière mise à jour de la législation. Nous devons nous y mettre maintenant. Nous devons renvoyer le projet de loi au comité pour qu'il puisse entreprendre les études appropriées qui doivent avoir lieu à ce moment-ci du processus, afin que nous puissions garantir adéquatement la protection de la vie privée et des renseignements personnels des Canadiens, relativement aux trois parties du projet de loi dont j'ai parlé aujourd'hui.
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Madame la Présidente, pour le citoyen moyen en cette ère numérique, nous vivons une période caractérisée par l’incertitude. À première vue, pour presque tout le monde, le degré de commodité qu’offre cette période est remarquable. Tout renseignement se trouve à portée de main. Il est possible de commander tout article imaginable et le faire livrer chez soi. Il est possible d’accéder à de nombreux services gouvernementaux en ligne plutôt qu’en personne. Depuis de nombreuses années, les Canadiens tiennent pour acquis ce degré de commodité.
Selon la personne à qui vous posez la question, la pandémie a accéléré notre ascension ou notre descente dans cette ère numérique. L’incapacité de sortir de nos maisons et la nécessité de maintenir un certain rythme dans la vie quotidienne ont favorisé considérablement cette situation. Cependant, partout dans le monde, nous avons vu des gouvernements profiter de la détresse de leurs citoyens. La santé publique a servi de moteur pour mettre en œuvre des méthodes de suivi et de contrôle. Les plateformes des médias sociaux, qui exploitent si gentiment ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas et nos mouvements depuis des années, continuent de créer et de mettre en œuvre cette technologie sans que leurs millions d’utilisateurs aient leur mot à dire.
Les Canadiens ne peuvent plus être certains que leurs renseignements personnels ne seront pas divulgués au public si cela permettait d’atteindre un certain objectif politique. Nous avons observé une telle situation plus tôt cette année qui touchait les utilisateurs de la plateforme GiveSendGo.
Les Canadiens commencent à comprendre les ramifications à long terme de notre relation avec l’économie numérique. Ils sont maintenant conscients du fait que les organisations, les entreprises et les ministères gouvernementaux exploités aujourd’hui au Canada font face à des conséquences minimes s’ils ne respectent pas nos lois en matière de respect de la vie privée. À titre de législateurs, nous devons nous assurer de protéger la vie privée des Canadiens et veiller à ce que cette protection évolue alors que les menaces visant nos renseignements et notre anonymat en tant que consommateurs prennent de l’ampleur, au pays et ailleurs.
J’en viens donc au projet de loi dont nous discutons aujourd’hui, le projet de loi . Il s’agit d’une autre tentative de présenter une charte numérique, alors que la version précédente du projet de loi, le projet de loi , est morte au Feuilleton lors de la dernière législature. Mes collègues et moi pensons que le fait d’établir un équilibre judicieux est au centre du débat sur ce projet de loi. D’un côté, il cherche à mettre à jour les lois et règlements sur la protection de la vie privée qui n’ont pas été modernisés depuis l’année 2000 et qui sont entrés en vigueur en 2005. Il serait difficile de décrire l’envergure de l’expansion du monde numérique au cours des 22 dernières années en 20 minutes. Il est donc approprié qu’un projet de loi, de quelque format que ce soit, surtout un projet de loi aussi attendu que le projet de loi C-27, soit évalué par le Parlement, afin de combler les lacunes en matière de protection de la vie privée que nous observons dans l’économie numérique d’aujourd’hui au Canada.
Le Parlement doit également établir un équilibre entre la nécessité de moderniser les mesures de protection de la vie privée et celle d'assurer la compétitivité des petites et moyennes entreprises. Bon nombre de ces entreprises survivent grâce au dur labeur de deux ou trois employés ou parfois, de leur seul propriétaire. Au moment où le Canada cherche à améliorer sa réputation comme destination accueillante dans les domaines de la technologie, des données et de l'innovation, nous devons prêter attention à leurs préoccupations. C'est particulièrement important alors que la reprise économique se poursuit en dépit des dommages causés par les confinements imposés pendant la pandémie, des hausses de taxes incessantes et des tracasseries administratives qui n'en finissent plus.
Ces formalités administratives supplémentaires pourraient fort bien amener de nombreuses petites entreprises à cesser leurs activités. Personne à la Chambre ne souhaite voir une recrudescence des achats des Canadiens auprès de gros joueurs comme Amazon et Walmart, qui possèdent déjà l'infrastructure nécessaire pour répondre à ces nouvelles exigences en matière de protection de la vie privée.
À l'ère numérique, les consommateurs canadiens s'attendent à ce que les entreprises aient des activités en ligne et, dans le cadre d'une transaction, ils leur accordent une certaine confiance en ce qui concerne la protection de leurs renseignements personnels. Les Canadiens s'attendent à ce que ces renseignements soient utilisés uniquement aux fins d'une transaction et rien de plus.
En échange de commodité et de rapidité, les consommateurs ont été prêts à compromettre leur anonymat dans une certaine mesure, mais ils attendent de leur gouvernement et des entreprises qu'ils prennent des mesures appropriées pour protéger cette libre circulation de l'information. C'est pourquoi le projet de loi et tous les autres projets de loi similaires doivent être soigneusement examinés.
Comme bon nombre de mes collègues l'ont déjà dit, il s'agit d'un projet de loi vaste et complexe, et nous pensons que ses composantes individuelles sont trop importantes pour être considérées comme une partie d'un projet de loi omnibus.
Il y a trois...