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Monsieur le Président, c’est toujours avec beaucoup de plaisir que je prends la parole dans cette Chambre. Aujourd’hui, nous sommes saisis d’un projet de loi important, qui propose la mise en œuvre du nouvel accord de libre-échange Canada‑Ukraine.
Comme nous le savons tous, depuis l’invasion illégale du territoire ukrainien par la Russie, le Canada a manifesté un soutien indéfectible à la souveraineté et à l’indépendance de l’Ukraine. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de manifester une nouvelle fois notre soutien à l’Ukraine par la mise en œuvre du nouvel Accord de libre-échange Canada‑Ukraine.
J’ai eu l’occasion de discuter avec des membres de la communauté ukrainienne de Richmond-Centre, et ils m’ont dit qu’ils partageaient la vision de notre gouvernement d’un pays démocratique fort qui accorde beaucoup d’importance à la collaboration internationale, à la primauté du droit, et à la paix et à la sécurité mondiales. Je profite de l’occasion pour saluer le travail accompli par des organismes communautaires ukrainiens comme l’Ukrainian Community Society d’Ivan Franko, dans Richmond-Centre, et tous les efforts qu’ils déploient pour promouvoir les arts et la culture de l’Ukraine.
Le Canada et l'Ukraine partagent ces valeurs et entretiennent, surtout, des liens entre leurs deux peuples. Ainsi, le 2 décembre 1991, le Canada est devenu le premier pays occidental à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine et, aujourd'hui, le Canada reste solidaire de l'Ukraine et de son peuple et il le restera aussi longtemps qu'il le faudra. Lorsque nos alliés ont besoin d’aide, le gouvernement du Canada a la responsabilité de les soutenir. Je suis reconnaissant au gouvernement du Canada du soutien apporté à l'Ukraine depuis le début de la guerre. Le Canada a dépensé plus de 8 milliards de dollars pour prêter assistance à l’Ukraine sur les plans financier, militaire et humanitaire et en aide au développement et à l'immigration.
Récemment, le gouvernement du Canada a annoncé un nouvel investissement de 650 millions de dollars sur trois ans pour fournir à l'Ukraine 50 véhicules blindés, y compris des véhicules blindés d'évacuation médicale, construits par des travailleurs canadiens à London, en Ontario. L'invasion illégale russe influe sur l'inflation mondiale et nous touche tous. Elle fait augmenter les prix des denrées alimentaires et affecte la chaîne d'approvisionnement. La paix et la sécurité mondiales sont des éléments essentiels de notre prospérité économique mondiale.
En modernisant l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine, nous pouvons fournir l'aide supplémentaire dont l'Ukraine a besoin pour sa reconstruction, dont le coût a été estimé par la Banque mondiale à 411 milliards de dollars américains. Cette reconstruction nécessitera l’intervention de secteurs comme ceux des infrastructures, des ressources renouvelables et des services financiers, qui sont tous des domaines dans lesquels le Canada a des points forts.
Des entreprises canadiennes se sont déjà montrées intéressées à entreprendre des activités en Ukraine, ou à étendre celles qu’elles y mènent déjà, et cela comprend les activités liées à la reconstruction du pays. En outre, nous disposerions d'un outil pour soutenir leur participation. Je parle du nouveau chapitre sur l'investissement, qui ne figurait pas dans l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine de 2017. Comme vous le savez peut-être, le Canada et l'Ukraine ont déjà un accord de promotion et de protection des investissements étrangers, conclu en 1994. Toutefois, ce nouveau chapitre modernisé sur l'investissement permettrait non seulement d'aligner ce nouvel accord sur les accords de libre-échange globaux modèles du Canada, mais aussi d'actualiser nos protections en matière d'investissement pour tenir compte des problèmes et des préoccupations modernes dans ce domaine.
J'aimerais maintenant présenter brièvement ce nouveau chapitre sur l'investissement, qui résulte de nos négociations de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine modernisé et qui soutiendra la participation des entreprises canadiennes à la reconstruction de l'Ukraine. Le chapitre sur l'investissement modernise le cadre de protection des investisseurs et de leurs investissements grâce à un ensemble complet d'obligations conformes aux accords commerciaux les plus ambitieux du Canada. Je suis également fier d'annoncer que ce chapitre est le premier à être négocié selon le modèle canadien le plus récent, qui vise à mieux garantir que les obligations en matière d'investissement fonctionnent comme prévu et qu'elles offrent la souplesse politique nécessaire aux gouvernements pour agir dans l'intérêt public.
La nouvelle formulation du chapitre concernant les investissements permettra au Canada et à l’Ukraine de préserver leurs droits de réglementer dans des domaines fondamentaux comme l’environnement, la santé, la sécurité, les droits des Autochtones, l’égalité des genres et la diversité culturelle. De plus, ce nouveau chapitre propose un mécanisme moderne de règlement des différends assorti de meilleures options pour éviter l’arbitrage et prévoyant une plus grande transparence des procédures. Somme toute, ce nouvel accord représente une nette amélioration par rapport à l'Accord de 1994 sur la promotion et la protection des investissements étrangers, que ce chapitre remplace, et il permettra de sécuriser les conditions dans lesquelles les entrepreneurs canadiens pourront investir dans la reconstruction de l’Ukraine.
Je suis reconnaissant d'avoir pu expliquer ce que cette modernisation de l’accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine nous permettra de réaliser au chapitre des investissements. Je pense avoir bien expliqué en quoi cet accord de libre-échange global et moderne nous permettra non seulement d’établir des relations commerciales à long terme avec l’Ukraine, mais aussi de participer à l’effort de reconstruction.
Dans cette optique, j’invite tous les députés à appuyer le projet de loi pour que nous puissions tous ensemble procéder rapidement à la mise en œuvre du nouvel accord de libre-échange Canada-Ukraine.
Encore une fois, le Canada restera aux côtés de l’Ukraine et de son peuple aussi longtemps qu’il le faudra. Slava Ukraini..
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de m'exprimer au sujet du projet de loi . Je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de , qui m'a fait une fleur en me laissant commencer.
D'emblée, de façon générale, nous sommes tous en faveur du libre-échange et nous sommes en faveur de cet accord avec l'Ukraine. On sait qu'on est en partenariat avec les Ukrainiens, qu'on soutient de façon intense depuis le début du conflit. Ce projet de loi s'inscrit dans une suite logique. En fait, ce nouvel accord va remplacer l'Accord de libre-échange Canada–Ukraine de 2017, qui était plus vague, moins restrictif et moins clair. En ce sens, nous trouvons quand même cela positif, particulièrement au chapitre des mécanismes de mise en œuvre, qui ont été modifiés pour être plus rigoureux.
Cet accord lance un message très clair au monde entier, particulièrement aux Ukrainiens, de l'amitié qui nous lie à eux et du soutien qu'on leur apporte dans les circonstances particulières dans lesquelles on se trouve. Un des éléments positifs de cet accord est qu'il conçoit le territoire ukrainien comme comprenant le Donbass et la Crimée. Cela peut sembler symbolique, mais il est important de poser de tels gestes d'affirmation pour que le message international soit clair. Dans quelques semaines, je serai au forum Asie-Pacifique et je porterai le même message au nom de tout le monde ici.
Cet accord, signé avec le président ukrainien lors de sa dernière visite, vient essentiellement apporter des précisions techniques.
Le problème que nous avons, c'est que les projets de loi de ce genre qu'on adopte au Parlement permettent la création d'institutions ou de mécanismes visant à régir les traités de libre-échange. Cependant, on ne peut jamais se prononcer sur le contenu de ces traités, sinon en les acceptant ou en les rejetant dans leur ensemble. Le travail raisonnable de parlementaire serait d'apporter des propositions et d'analyser les différents textes pour aboutir à un accord qui serait meilleur, plus raffiné, et dans lequel les nuances auraient été étudiées en détail. Le système actuel du gouvernement canadien fait que c'est l'exécutif qui décide d'absolument tout. Les pouvoirs du Parlement sont donc extrêmement limités, car on ne peut jamais intervenir.
Je me souviendrai longtemps que, tout de suite après avoir été élu pour la première fois en 2019, j'ai dû voter en faveur de la ratification de l'Accord Canada—États‑Unis—Mexique, lequel imposait pourtant de nouvelles concessions aux producteurs sous gestion de l'offre. C'est donc avec un très grand pincement et de la douleur au cœur que nous avons été obligés de voter en faveur de ce traité tout en sachant qu'il nuisait à certaines personnes.
Nous ne voulons plus que cela se produise. Je vois que le secrétaire parlementaire nous écoute attentivement: j'en suis très fier et très content puisqu'il va pouvoir entendre mon message. J'invite l'ensemble des partis à s'asseoir ensemble afin d'essayer de voir comment modifier le processus d'adoption d'accords internationaux comme celui-ci. C'est quelque chose d'important.
Certaines personnes ici étaient plus ou moins d'accord avec le projet de loi , qui limite dans les prochains accords commerciaux les concessions imposées dans la gestion de l'offre. C'est le fonctionnement actuel entourant le développement de ces accords qui nous a obligés à être inventifs et à recourir à un projet de loi pour protéger la gestion de l'offre. Ce dossier est désormais réglé. Par contre, dans les autres accords commerciaux, il y aura d'autres questions délicates, où certains groupes seront plus touchés que d'autres et où il faudra rétablir l'équilibre. C'est pour cela qu'il faut réviser le système actuel.
Une autre lacune importante, c'est qu'après la signature de cet accord, les provinces et le Québec seront appelés à appliquer les dispositions qui relèvent de leur compétence et à les mettre en œuvre.
Or, on ne leur a jamais demandé leur avis avant. Après cela, certaines personnes ici se demandent pourquoi nous voulons réaliser l'indépendance du Québec. Il s'agit d'un autre exemple pertinent. C'est pour contrôler ce que nous allons mettre dans nos accords internationaux. C'est une justification pour l'indépendance.
Hier, lorsque j'ai posé une question à la ministre du , j'ai obtenu avec satisfaction une réponse très claire. Le nouvel accord avec l'Ukraine, c'est bien; il va remplacer celui de 2017. Toutefois, l'an dernier, il y a eu un décret de remise unilatéral de la part gouvernement pour que tous les produits ukrainiens entrent sans droits de douane au Canada. C'était correct parce que c'était une mesure pour aider l'économie ukrainienne pendant le conflit. Personne n'a contesté cela.
En revanche, dans son empressement et dans sa panique, le gouvernement a mis là-dedans les productions sous gestion de l'offre, ce qui est inacceptable. Certes, il faut aider, et nous avons toujours été là. Le Bloc québécois a toujours été en faveur des mesures pour aider les Ukrainiens dans ce conflit épouvantable qui sévit actuellement. Toutefois, il faut aider sans se nuire.
Pourquoi avoir mis la gestion de l'offre dans ce décret? Cela a été difficile parce que cela devenait politiquement délicat de chialer contre quelque chose qui favorisait l'Ukraine. Cela a été long. Les groupes de gestion de l'offre ont fait pression sur le gouvernement. Dans l'opposition, nous avons travaillé très fort. Au renouvellement du décret, les productions sous gestion de l'offre ont été retirées. C'est quelque chose qui a été bien fait.
C'est pour cela que j'ai posé la question à la ministre hier. Tant que le projet de loi ne sera pas adopté et n'aura pas force de loi, il y a toujours un petit doute qu'il pourrait y avoir de nouvelles concessions.
Maintenant, le reste du projet de loi, c'est de la mécanique. C'est de la mise en place de structures. J'ai un autre reproche à faire au sujet du projet de loi. Dans la section portant sur les mécanismes investisseur-État, on met encore les entreprises multinationales sur le même pied que les États. C'est plus que condamnable. C'est très grave parce que les États doivent avoir le droit de légiférer pour réglementer et pour assurer un bien-être collectif à ses citoyens. Dans l'état actuel des choses, on pourrait envisager qu'une multinationale poursuive un État pour dommages et intérêts parce qu'il nuit à son commerce. Il va falloir trouver un moyen d'arrêter cela, car cela n'a pas de sens. Il y a plein de choses qui n'ont pas de bon sens.
Une des dernières lacunes du projet de loi porte sur les bonnes pratiques, les pratiques éthiques et les pratiques de protection de l'environnement. Ce projet de loi semble être une série de belles intentions où on incite les gens et les entreprises à faire attention et à adopter de bonnes pratiques, mais il n'y a rien d'obligatoire là-dedans.
Comme il me reste peu de temps, je termine en disant que cet accord est important. Nous sommes des partenaires des Ukrainiens et nous allons le demeurer. Il faudra aussi être présent à la reconstruction de l'État qui, j'espère, arrivera bientôt, dès la fin de cette guerre horrible. Je pense que le génie québécois et les entreprises de notre territoire peuvent participer à cette reconstruction.
Pendant mon discours, j'ai beaucoup parlé d'aider les autres, mais sans se nuire. De temps en temps, j'aimerais aussi qu'on aide notre monde. Je vais me permettre une parenthèse. La semaine dernière, nous avons voté sur un projet de loi visant à augmenter les pensions de vieillesse à partir de 65 ans. Il y a des gens de la FADOQ qui visitent la Colline parlementaire aujourd'hui. J'invite tous les parlementaires à avoir du respect pour ces gens qui sont importants, qui s'occupent de briser l'isolement des gens. Je les invite surtout à avoir du respect pour les gens de 65 à 74 ans qui ont été ignorés parce que le gouvernement a créé une discrimination injustifiée fondée sur l'âge. C'est très grave et cela fait plusieurs mois que cela dure. Je ne comprends pas que cela ne soit pas réglé. Réglons cela au plus vite.
Je répondrai aux questions de mes collègues avec beaucoup de plaisir.
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Monsieur le Président, il est toujours difficile de prendre la parole après mon collègue de , tant il est brillant et connaisseur en la matière.
Pour commencer, je vais rappeler le contexte historique de l’accord, que le projet de loi vient mettre en œuvre sans le modifier à proprement parler. Il a d’abord été négocié sous le gouvernement Harper pour être finalement signé en 2017 par le présent gouvernement. En 2023, on a amélioré différents aspects de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Ukraine de 2017. C’est ce dont je vais discuter dans mon discours.
Essentiellement, l’accord de 2023 vient codifier dans un traité que le territoire de l’Ukraine inclut également le Donbass et la Crimée, deux secteurs qui ont été envahis par la Russie au cours des presque 10 dernières années. L’accord de 2023 est plus complet que celui de 2017. Il a été signé par le président Zelensky le 22 septembre dernier lors de sa visite au Canada.
Le projet de loi C‑57, soit la loi de mise en œuvre de l’accord de libre-échange Canada-Ukraine, tient en une quinzaine de pages. C’est une mise en œuvre, ce n’est pas l’accord en lui-même. Cela contient essentiellement des dispositions de concordance là où le nom de certaines références a été modifié de 2017 à 2023. Le projet de loi autorise donc la création, reconnaît l’autorité et permet le financement de différents organismes institutionnels qui sont eux prévus dans l’accord signé le 22 septembre dernier. Par exemple, on crée un secrétariat chargé du bon fonctionnement de cet accord commercial.
On ne peut pas être contre la tarte aux pommes. Au Québec, on ne peut pas être contre la poutine. Généralement, un accord commercial, c’est bon. Cela dit, l’accord dont nous parlons actuellement est un accord de 1 000 pages divisé en 30 chapitres. C’est plus que de la tarte aux pommes. C’est plus compliqué que de faire une vraie bonne poutine.
C’est un accord qui contient des éléments sur des biens et services, des investissements, des marchés publics, des mesures sanitaires et phytosanitaires et le droit au travail et de l’environnement. Il y a même des dispositions favorisant les petites entreprises, les femmes et les Autochtones qui sont entrepreneurs. C’est un accord qui est somme toute assez lourd et complexe et qui nécessite aussi une étude. Comme l'a dit mon collègue de Berthier—Maskinongé, il faudrait que le projet de loi s'attarde pas mal plus sur le contenu de l'accord qu'il ne le fait.
Non seulement on peut se poser des questions sur la gestion de l’offre, mais on a déjà vu par le passé que l’aluminium au Québec n’était pas protégé dans l’Accord Canada—États‑Unis—Mexique, alors que l’acier de l’Ontario l'était. Est-ce encore le cas? C’est pour cela qu’il faut prendre le temps de bien étudier des accords avant de les signer. C’est un exemple parmi tant d’autres.
L’accord de 2023 contient 11 nouveaux chapitres par rapport à l’accord de 2017. On parle de commerce transfrontière des services en précisant les règles applicables dans le domaine des services. Il y a une élaboration et une administration des mesures assurant la prévisibilité et la constance des pratiques administratives. C’est important. La prévisibilité des événements à venir est un aspect sur lequel les entrepreneurs nous reviennent souvent. Cet accord vient la préciser. On améliore l’accord de 1994 concernant la protection des investissements, en ce qui a trait notamment à la définition d’expropriation directe ou indirecte. On a resserré cette définition pour s’assurer qu’il n’y a pas d’expropriation injustifiée.
Par contre, l'accord actuel ouvre la porte à un problème assez important en donnant la possibilité à un investisseur de poursuivre un État étranger. Cela constitue un problème parce qu'un accord international est un accord entre nations et qu'on vient maintenant mettre des entreprises sur le même pied qu'un État. C'est un précédent à éviter. Nous pourrons certainement, en comité, discuter des manières de protéger nos États. C'est de nation à nation que nous négocions, et non pas d'investisseur à nation. Y a-t-il une solution? Comme je l'ai dit, nous pourrons en discuter en comité, mais la solution la plus simple est de réintégrer sous le giron de l'État les multinationales, plutôt que de les mettre sur un pied d'égalité.
En ce qui a trait au commerce, le présent accord complète le chapitre sur le commerce transfrontalier des services. J'en ai parlé: on précise son application dans divers domaines, ainsi que les exceptions que le Canada et l'Ukraine veulent préserver. Il y a aussi un chapitre sur l'inclusion des gens d'affaires, de même qu'un chapitre sur les télécommunications. On garantit l'accès aux infrastructures, mais on ne touche pas à la radiodiffusion et aux politiques culturelles, ce qui est très bien. Même si nous pouvons avoir des points en commun avec la culture ukrainienne quant à différents aspects, leur culture est bien différente de la nôtre. Au Canada aussi, nous avons des cultures qui sont bien différentes les unes des autres et que nous voulons protéger, notamment la culture francophone et les cultures autochtones.
Dans le présent accord, on définit les règles applicables aux services financiers en établissant maintenant des règles qui facilitent l'utilisation des services financiers et la circulation simple des capitaux dans chacun des pays. Trois chapitres concernent la participation des PME, des femmes et des Autochones, et ils permettent de mettre en place des mesures préférentielles. Enfin, l'accord codifie les règlements adoptés pour en assurer la transparence et la prévisibilité. Il s'agit de deux éléments importants non seulement pour la population, mais aussi pour les gens d'affaires.
Le nouvel accord de libre-échange Canade‑Ukraine de 2023 modifie huit chapitres de l'ALECU de 2017. On parle de « Règles d'origine et procédures d'origine », de « Commerce numérique », de « Politique en matière de concurrence », de « Monopoles désignés et entreprises appartenant à l'état » et de « Marchés publics ». Les chapitres « Environnement » et « Travail » étaient auparavant des énoncés d'intention alors qu'ils sont maintenant plutôt exécutoires. Ainsi, il y a une progression dans ces chapitres. Enfin, on parle de la modification et de l'amélioration du chapitre « Transparence, lutte contre la corruption et conduite responsable des entreprises ».
En résumé, le projet de loi met en œuvre un accord qui est plus complet que celui de 2017 et qui est encore plus complet que celui de 1994. Par contre, sur les 1 000 pages de cet accord, comme avec tout autre accord de libre-échange, nous n'avons à peu près rien eu à voir là-dedans. Cet accord de libre-échange aura pourtant des conséquences sur la population puisque c'est elle qui produit des biens et des services. Nous qui la représentons n'avons presque pas voix au chapitre, sauf pour dire que nous pouvons ou non mettre l'accord en œuvre. Essentiellement, c'est ce que fait le projet de loi C‑57. Sur les 1 000 pages de l'accord, nous n'avons pas grand-chose à dire. Il s'agit d'un problème qui n'est pourtant pas inéluctable. Il serait possible de faire des consultations avec les provinces, les entreprises et les parlementaires.
Par ailleurs, les amendements que nous pourrions apporter au projet de loi C‑57 sont plutôt limités. Nous pourrions modifier le projet de loi, mais pas l'accord. C'est pour cette raison qu'ils sont limités. Enfin, comme je le disais, les provinces ne sont pas vraiment impliquées dans le processus, ce qui fait que l'accord peut toucher à des aspects constitutionnels des compétences du Québec et des provinces canadiennes, ces dernières n'ayant pas été consultés. Le Québec et les provinces canadiennes vont essentiellement subir ces conséquences, alors qu'il s'agit de leurs compétences et que ce serait à eux de les gérer. Voilà une chose qui est également à améliorer.
Enfin, nous allons voter en faveur du projet de loi, car cet accord de libre-échange est bon non seulement pour le Canada, mais aussi pour l'Ukraine, essentiellement parce que cela contribuera à sa reconstruction économique et physique.
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Monsieur le Président, c’est toujours un plaisir pour moi de prendre la parole ici au nom des merveilleux résidants de Davenport, ma circonscription.
Aujourd’hui, je vais parler du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l’Accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine de 2023, mais avant de commencer mes observations officielles, j’aimerais prendre quelques minutes pour formuler quelques commentaires.
Tout d’abord, je me félicite que le projet de loi ait été présenté à la Chambre. Je suis également reconnaissante à la pour son leadership et son travail. En temps de guerre, il est vraiment fondamental pour nous de réfléchir à l’économie ukrainienne d’aujourd’hui et de demain. Je la remercie donc infiniment pour cela.
Je suis très reconnaissante à mes collègues du Groupe d’amitié Canada-Ukraine pour l’attention qu’ils ont portée à la question, en particulier à mon collègue, le député d’.
Je tiens également à exprimer mon immense gratitude à un certain nombre d’acteurs clés qui ont contribué à l’élaboration de l’accord, notamment le Congrès des Ukrainiens Canadiens, la Chambre de commerce Canada-Ukraine, l’Ukrainian Canadian Professional and Business Association of Toronto, l’Ukrainian Canadian Social Services of Canada et l’Ukrainian Canadian Bar Association. Je les remercie tous.
Je tiens également à souligner le contexte dans lequel nous présentons aujourd’hui cet accord commercial modernisé.
Nous savons tous à quel point les grands conflits mondiaux nous perturbent jour après jour. En février 2022, la Russie a déclenché contre l’Ukraine une guerre brutale non provoquée qui se poursuit encore aujourd’hui. Plus récemment, le 7 octobre, le Hamas a attaqué Israël de façon brutale et violente, et cette guerre, elle aussi, se poursuit. Ces deux exemples illustrent clairement à quel point nos démocraties sont sous attaque par ces actes de guerre et de terrorisme.
Je publie régulièrement des énoncés à l’intention de mes concitoyens pour les tenir au courant de ce qui se passe. Dans ma mise au point de vendredi, je leur ai écrit que nous luttons pour défendre nos valeurs et notre humanité et pour nous opposer à ces attaques contre la démocratie. Il n’y a pas de solution simple à ce conflit, mais les efforts que le gouvernement déploie pour mettre fin à la violence en présentant une voie humanitaire devraient reposer sur un principe fondamental, sur la valeur la plus fondamentale de toutes, c’est-à-dire la protection et le respect de la vie humaine.
Certains se demandent peut-être pourquoi je mentionne cela dans mon discours sur la modernisation de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine. C’est qu’en temps de guerre, lorsque nous nous battons pour nos valeurs, pour la démocratie, pour le droit de continuer à choisir notre façon de vivre, la vie quotidienne suit son cours. Il est important non seulement de soutenir l’économie actuelle de l’Ukraine, mais aussi celle qu’elle compte édifier après cette guerre. Je me réjouis vraiment de l’apport du Canada.
Je me permets une autre parenthèse. J’ai le privilège de présider l’Association parlementaire canadienne de l’OTAN. Aux réunions internationales des parlementaires de l’OTAN, nous parlons de la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. Nous savons que ce travail commence déjà maintenant. Je suis très fière que le Canada soit un participant de premier plan.
C’est un véritable honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre aujourd’hui pour appuyer le projet de loi visant à mettre en œuvre l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine modernisé.
Comme nous le savons tous, le Canada et l’Ukraine entretiennent des relations bilatérales très étroites depuis 1991, date où le Canada est devenu le premier pays occidental à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine, un statut pour lequel elle se bat malheureusement encore aujourd’hui. Ces relations bilatérales sont renforcées par des valeurs communes et des liens chaleureux entre les nations, enracinés dans la communauté ukrainocanadienne, qui compte près de 1,3 million de personnes. Ma famille fait partie de cette communauté.
Récemment, les relations bilatérales entre le Canada et l’Ukraine ont été marquées par le soutien indéfectible du Canada à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à l’agression prolongée de la Russie. Que ce soit en 2014, lorsque la Russie a illégalement occupé la Crimée, ou aujourd’hui, après l’invasion massive de la Russie en février 2022, le Canada s’est tenu fermement aux côtés de ses alliés ukrainiens pour les soutenir dans leur lutte pour l’indépendance, la démocratie et la liberté.
Ainsi, depuis le début du conflit en février 2022, le Canada a engagé près de 9 milliards de dollars en soutien de toutes formes à l’Ukraine, dont 5 milliards de dollars en aide financière, y compris 4 milliards de dollars en prêts par l’intermédiaire du compte administré par le Fonds monétaire international pour l’Ukraine, ainsi que 500 millions de dollars par l’intermédiaire d’une obligation de souveraineté Canada—Ukraine; plus de 2 milliards de dollars pour l’aide militaire et la défense, le ayant récemment fait une autre annonce à cet effet; 352 millions de dollars pour l’aide humanitaire, dont une grande partie va au Fonds des femmes ukrainiennes, qui effectue un travail fort nécessaire dans le pays; 147 millions de dollars pour l’aide au développement; 102 millions de dollars pour l’aide à la sécurité et à la stabilisation; et 4,8 millions de dollars pour la protection de la culture.
En outre, le Canada a mis en place de nouvelles mesures d’immigration pour les Ukrainiens fuyant l’invasion russe, pour lesquelles nous nous sommes engagés à verser 1,2 milliard de dollars.
Aujourd’hui, nous avons l'occasion de montrer notre soutien constant à l’Ukraine par d’autres moyens, des moyens qui, au-delà d'une aide à court terme dans le contexte des tristes circonstances actuelles, constitueront le fondement de l’appui par le Canada de la reconstruction de l’Ukraine pour les années à venir. Je parle bien sûr de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine modernisé, et c’est la raison pour laquelle je prends la parole aujourd’hui.
La version initiale de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine est entrée en vigueur en août 2017 et elle a immédiatement éliminé les droits de douane sur 99 % des importations en provenance d’Ukraine. De même, l’Accord de 2017 a immédiatement éliminé les tarifs sur 86 % des exportations canadiennes vers l’Ukraine, le reste des concessions tarifaires devant être mis en œuvre sur une période de 7 ans ou d’ici le 1er janvier 2024.
Si la réduction de l’approvisionnement en charbon canadien a donné lieu à une légère baisse de la valeur totale des échanges après l’entrée en vigueur de l’Accord de 2017, les autres exportations ont augmenté à un rythme accéléré et, en 2021, le commerce bilatéral total a atteint un sommet à 447 millions de dollars avant de redescendre à 421 millions de dollars en 2022 en raison de l’invasion de la Russie.
En 2022, les principales exportations canadiennes vers l’Ukraine comprenaient les véhicules blindés, le poisson, les médicaments, les véhicules à moteur et les pièces automobiles, ainsi que les aliments pour animaux de compagnie. Les principales importations en provenance de l’Ukraine comprenaient les graisses et les huiles, le fer et l’acier, les machines électriques et les aliments transformés. En 2022, l’investissement canadien en Ukraine s’est élevé à 112 millions de dollars.
Bien que complet du point de vue du commerce des marchandises, l’Accord de 2017 ne comprenait pas de chapitre sur le commerce des services ou l’investissement. Ces domaines ont été exclus du traité en raison d’approches divergentes à l’époque. L’Accord contenait plutôt une disposition engageant le Canada et l’Ukraine à réexaminer le traité deux ans après son entrée en vigueur, en vue d'en élargir la portée. La disposition d’examen précisait que les services et l'investissement seraient des ajouts éventuels, mais n’empêchait pas les parties d’explorer d’autres domaines.
Conformément à cette disposition d’examen, le et le président Zelenski, en visite à Ottawa, ont annoncé leur intention de moderniser l’Accord en juillet 2019. Le gouvernement fédéral a ensuite tenu des consultations publiques officielles sur la modernisation de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine au cours de l’hiver 2020. Les soumissions ont appuyé l’initiative en tant que moyen de renforcer les relations bilatérales, de tirer parti de l’engagement commercial du Canada envers l’Ukraine et de promouvoir davantage un environnement commercial ouvert, inclusif et fondé sur des règles pour les entreprises et les investisseurs canadiens.
Le gouvernement du Canada a également reçu de la rétroaction positive de la part des provinces et des territoires, dont plusieurs étaient particulièrement favorables à l’inclusion éventuelle de chapitres nouveaux ou modernisés sur le commerce transfrontalier des services, les services financiers, l’investissement, le commerce numérique et les engagements supplémentaires visant à soutenir les PME. Tous ces domaines ont été inclus avec succès dans l’Accord modernisé, ainsi que de nouveaux chapitres ou dispositions sur le commerce et le genre, le commerce et les peuples autochtones, le commerce numérique, la transparence, le travail et l’environnement, pour n’en nommer que quelques-uns.
Après ces consultations internes et les retards dus à la pandémie de COVID‑19, on a annoncé le lancement des négociations pour un Accord modernisé en janvier 2022.
Hélas, quelques semaines plus tard, le 24 février 2022, la Russie a lancé son invasion massive de l’Ukraine, ce qui a retardé les progrès. Les responsables canadiens du commerce ont toutefois informé leurs homologues ukrainiens qu’ils étaient prêts à poursuivre les discussions sur la modernisation de l’Accord autant que l’Ukraine le voudrait ou le pourrait.
Les négociations ont débuté en juin 2022 et, malgré des délais serrés et des circonstances difficiles pour notre partenaire de négociation, elles ont été fort constructives. Les deux parties ont manifesté la volonté de parvenir à un accord ambitieux et de grande qualité, comparable aux accords commerciaux les plus complets du Canada. L’objectif était de faciliter l’accroissement des échanges entre nos deux nations à l’avenir.
Lors d’une visite du premier ministre ukrainien le 11 avril 2023, celui-ci et notre ont annoncé la conclusion des négociations de l’Accord modernisé. Chacun s’est engagé à gérer ses propres processus nationaux pour faciliter la signature et l’entrée en vigueur de l’accord dès que possible.
Lors de sa dernière visite à Ottawa, le 22 septembre 2023, le président Zelensky et notre ont signé le texte définitif de l’Accord modernisé. Il s’agit d’un jalon historique dans les relations bilatérales entre le Canada et l’Ukraine et d’une autre démonstration claire du soutien indéfectible du Canada envers la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. L’accord définitif ayant été officiellement signé, les deux parties prennent maintenant les mesures nécessaires pour que l’accord entre en vigueur dès le 1er janvier 2024. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui.
Si vous le permettez, je vais dire quelques mots sur l’accord modernisé et sur certains des avantages et des possibilités qu’il présente tant pour les Canadiens que les Ukrainiens.
Des négociations de fond ont produit un Accord modernisé qui comprend neuf nouveaux chapitres dédiés et la mise à jour de neuf chapitres de l’Accord de 2017. Je commencerai par un aperçu des nouveaux chapitres qui ont été ajoutés.
Tout d’abord, l’accord comprend un nouveau chapitre consacré au commerce transfrontalier des services, qui place les fournisseurs de services ukrainiens et canadiens sur un pied d’égalité avec nos principaux partenaires commerciaux dans le domaine des services. En outre, ce chapitre comprend des dispositions sur la reconnaissance des qualifications professionnelles qui encourageraient le commerce et les services professionnels, lesquels revêtent une importance stratégique pour les deux parties dans une économie numérique fondée sur le savoir.
Les parties ont également ajouté un chapitre sur l’investissement qui remplacera l’Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers Canada-Ukraine. Ce chapitre est rédigé selon une perspective moderne afin de garantir que les obligations en matière d’investissement fonctionnent comme prévu et offrent la souplesse nécessaire dans des domaines politiques clés. Ce nouveau chapitre comprend un mécanisme moderne de règlement des différends qui aiderait les investisseurs canadiens à participer avec plus de confiance à la reconstruction de l’Ukraine et à ce qui viendra après.
L’Accord modernisé comporte un chapitre sur les services financiers, qui comprend des obligations fondamentales liées à l’accès au marché, au traitement national et au statut de nation la plus favorisée. Il maintiendrait également la souplesse dont les organismes de réglementation ont besoin pour préserver la stabilité de leurs systèmes financiers. Le chapitre sur les services financiers favoriserait un environnement d’investissement prévisible, stable et transparent pour les investisseurs et accorderait à l’Ukraine une période de dix ans pour passer de ses engagements actuels auprès de l’Organisation mondiale du commerce à ceux inclus dans cet accord.
Il y a également un nouveau chapitre sur les télécommunications, qui vise à promouvoir la concurrence et à offrir une plus grande sécurité aux fournisseurs de services de télécommunications dans leurs activités sur les marchés canadien et ukrainien. Ce chapitre comprend aussi des engagements visant à garantir l’indépendance, l’impartialité et la transparence des organismes de réglementation du secteur des télécommunications.
Les parties ont en outre ajouté un chapitre sur l’admission temporaire des gens d’affaires, qui procure aux Canadiens et aux entreprises canadiennes de nouveaux débouchés pour leur permettre de faire des affaires, d’investir et de travailler temporairement dans des professions hautement qualifiées en Ukraine, tout en permettant aux employeurs canadiens d’accéder plus facilement à des travailleurs ukrainiens hautement qualifiés.
Les nouveaux chapitres sur le commerce inclusif, y compris le commerce et le genre, le commerce et les petites et moyennes entreprises, et le commerce et les peuples autochtones visent à renforcer l’autonomie et à créer des débouchés pour ces groupes sous-représentés, en augmentant leur participation à l’Accord modernisé et en élargissant les avantages qu’ils en retirent. Le chapitre sur le commerce et les peuples autochtones est le premier de ce type pour l’une ou l’autre des parties dans un accord de libre-échange.
Enfin, un chapitre est consacré aux bonnes pratiques de réglementation. Il montre aux partenaires commerciaux actuels et futurs que l’Ukraine est capable de prendre des engagements envers un environnement de réglementation qui encourage le commerce.
Outre les nouveaux chapitres que j’ai décrits, nous avons également convenu avec l’Ukraine de mettre à jour neuf chapitres de l’accord existant. Il s’agit notamment des règles d’origine et des procédures d’origine, pour lesquelles le Canada et l’Ukraine ont convenu d’activer un article de l’Accord de 2017 sur le principe du cumul de l’origine.
Cela permettrait aux matières de tout autre État avec lequel le Canada et l’Ukraine ont tous deux un accord de libre-échange en vigueur, comme l’Union européenne, d’être considérées comme étant originaires en vertu de l’Accord, ce qui permettrait aux entreprises canadiennes et ukrainiennes de participer plus facilement aux chaînes de valeur régionales. Ce chapitre fait état d’une volonté commune de soutenir le commerce entre des partenaires aux vues similaires.
Le nouveau chapitre sur le commerce numérique vise à augmenter la certitude réglementaire pour les entreprises qui cherchent à s’engager dans l’économie numérique sur les deux marchés, ainsi que pour celles qui cherchent en particulier à s’engager dans le commerce numérique transfrontalier entre le Canada et l’Ukraine. L’Accord modernisé comprend également un chapitre autonome sur la politique de concurrence, qui renforcerait l’engagement des deux parties envers un environnement commercial équitable, transparent, prévisible et concurrentiel grâce à des obligations renforcées en matière d’équité procédurale, ainsi que de désignation et de protection des renseignements confidentiels par les autorités.
Le chapitre sur les monopoles et les entreprises d’État a été amélioré pour inclure des définitions importantes pour les entreprises d’État et les monopoles désignés, ainsi que des engagements actualisés en matière de transparence et de coopération technique. Dans le chapitre sur les marchés publics de l'Accord modernisé, le Canada et l’Ukraine ont accepté des dispositions précisant qu’il n’est pas interdit pour les parties de mettre en œuvre des politiques et des programmes visant à soutenir les initiatives nationales, telles que les marchés publics écologiques et sociaux.
L’Accord modernisé comprend également le chapitre sur l’environnement peut-être le plus complet et le plus ambitieux jamais réalisé dans un accord de libre-échange canadien. Ce chapitre actualisé vise à promouvoir une gouvernance environnementale solide, ambitieuse et transparente et, pour la première fois, comprend un article particulier réaffirmant l’engagement des parties à lutter contre le changement climatique.
Le chapitre sur le travail a également été mis à jour et montre que le Canada et l’Ukraine s’engagent à respecter les normes les plus élevées en matière de droits du travail. En pleine conformité au mécanisme de règlement des différends de l’accord, ce chapitre engage le Canada et l’Ukraine à mettre en œuvre, dans leur législation du travail, le contenu des conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail.
Le chapitre sur la transparence, la lutte contre la corruption et la conduite raisonnable des affaires promeut la transparence et l’intégrité chez les fonctionnaires, dans le secteur privé et la société, et renforce l’applicabilité des lois anticorruption. Il comprend une nouvelle section visant à encourager une conduite responsable des entreprises.
Ces résultats négociés permettraient non seulement aux entreprises canadiennes de mieux participer au rétablissement économique de l’Ukraine, mais soutiendraient également les intérêts de la politique commerciale de l’Ukraine à l’échelle mondiale. Nos collègues ukrainiens nous ont déjà fait part de la valeur de l’Accord modernisé en tant que modèle d’accord moderne, complet et de grande qualité avec d’éventuels partenaires commerciaux dans le monde. À l’échelle nationale, l’Accord modernisé renforcerait le cadre réglementaire d’un environnement commercial et d’investissement plus inclusif, prévisible et transparent, pour le grand bien des travailleurs, des entreprises et des entrepreneurs canadiens.
Tandis que la guerre continue d’entraver le commerce mondial et bilatéral entre le Canada et l’Ukraine, les avantages et les débouchée que nos pays ont obtenus grâce à cet accord de libre-échange sont variés et à long terme; ils soutiendront la croissance de nos relations commerciales aujourd’hui et pour les années à venir.
Lors de la récente visite du président Zelensky, ce dernier et le Trudeau ont eu l’occasion de participer à une table ronde commerciale à Toronto. À cette occasion, des chefs d’entreprise de tout le Canada nous ont parlé de l’ampleur des intérêts commerciaux et des investissements en Ukraine, des risques associés aux affaires en Ukraine et de la manière de surmonter ces risques pour que le secteur privé canadien soit bien placé pour investir et soutenir la reconstruction de l’Ukraine. En effet, des entreprises de reconstruction canadiennes, telles qu’Aecon, ont déjà commencé à former des partenariats avec des entreprises ukrainiennes et à contribuer à la reconstruction.
Cet accord n’est pas seulement synonyme de gains économiques. Il représente également un jalon dans les relations entre le Canada et l’Ukraine et témoigne une fois de plus du soutien indéfectible du Canada envers la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Nous nous tenons aux côtés de l’Ukraine, et cet accord constitue un nouveau lien entre nous.
À cette fin, j’exhorte tous les députés à appuyer les modifications législatives que contient le projet de loi et à appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
M. Brad Vis: C'est la circonscription la plus importante du pays.
M. Gerald Soroka: Je crois qu'elle est deuxième.
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour vous entretenir du projet de loi , une mesure législative qui vise à officialiser l'accord de libre-échange modernisé entre le Canada et l'Ukraine. Cet accord nous donne l'occasion de revenir sur les débouchés que le Canada a pu avoir sur la scène mondiale et sur le contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui en ce qui a trait au commerce avec l'Ukraine et, plus généralement, au commerce avec l'Europe dans son ensemble.
Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, l'Europe s'est retrouvée dans une situation difficile. Presque du jour au lendemain, les pays ont dû chercher de nouvelles sources d'énergie, de pétrole et de gaz. Ils devaient agir rapidement. Le Canada était bien placé pour combler ce vide, pour être le pays fiable dont l'Europe avait besoin en ces temps difficiles, mais que s'est‑il passé? Nous avons échoué lamentablement. Nous n'avons pas saisi l'occasion qui se présentait. L'Allemagne, par exemple, l'une des nations les plus avancées de la planète, a dû se démener pour garder ses maisons au chaud en hiver lorsque le gaz naturel russe a cessé d'être une option.
Alors que l'on parle jour et nuit d’énergie verte et de réduction des émissions, l’Allemagne n’a pas eu d’autre choix que de se tourner vers d’autres sources d’énergie pour alimenter le pays. Pourquoi n’étions-nous pas préparés? Nous nous sommes menottés avec des formalités administratives interminables, de longs délais et des obstacles bureaucratiques. Notre secteur énergétique, qui était autrefois un chef de file mondial, n'est plus que l’ombre de lui-même, incapable d’agir au moment où le monde en a le plus besoin.
Nous n’avons pas seulement laissé tomber l’Ukraine ou l’Europe, nous nous sommes laissés tomber nous-mêmes. Nous avons raté une occasion en or d’avoir des retombées concrètes et durables sur la scène mondiale ainsi que d’aider l’Ukraine de manière tangible en affranchissant l'Europe de sa dépendance à la Russie. Nous avons renoncé non seulement à des perspectives commerciales, mais aussi à la perspective de faire le bien au moment le plus crucial.
Il faut remettre les pendules à l'heure. L’idée que tous les hydrocarbures s'équivalent et qu’ils ont tous la même empreinte écologique est tout simplement fausse. Le gaz naturel liquide canadien est l’un des plus propres au monde. Si l’Europe devait remplacer ses importations actuelles d’hydrocarbures par des produits canadiens, il y a fort à parier que ceux-ci délogeraient des importations en provenance de pays aux normes environnementales moins rigoureuses. Notre secteur pétrogazier a beaucoup investi dans la technologie afin d’atténuer autant que possible son impact environnemental.
Ce n’est pas qu’une question d’économie, c’est aussi une question de production d’énergie responsable. L’utilisation du gaz naturel liquéfié canadien offrirait aux pays européens une solution de rechange plus propre que ce qu’ils importent massivement. C’est un facteur important lorsque nous examinons le commerce avec d’autres pays. Nous devons nous assurer que l’Ukraine et les autres pays européens ont accès à notre énergie fiable et propre.
C’est une situation qui ne ferait que des gagnants, qui profiterait à la fois à notre économie et à l’environnement mondial. Lorsque nous parlons d’occasions ratées, nous ne parlons pas seulement de gains financiers. Nous parlons d’une occasion ratée d’avoir un impact concret et significatif sur les émissions mondiales de carbone, ce qui devrait tenir à cœur au gouvernement néo‑démocrate—libéral. Au lieu de cela, le Canada a raté cette occasion. Nous n’avons pas pu aider l’Ukraine à réduire sa dépendance énergétique et nous n’avons pas pu aider le reste de l’Europe non plus.
Il y a aussi l'aspect éthique de la question. Si nous ne faisons rien, l’Europe n’aura d’autre choix que d’acheter du pétrole et du gaz à des dictatures qui ne partagent pas nos valeurs, des endroits où les droits de la personne et les préoccupations environnementales sont relégués au second plan. Nous avons le devoir moral d’offrir une meilleure solution de rechange, et le gaz naturel liquéfié canadien est cette solution de rechange.
L’éthique est importante. La question de savoir où nous obtenons notre énergie n’est pas seulement une question d’économie ni même de protection de l’environnement. C’est une question de valeurs. Lorsque l’Europe achète de l’énergie à des régimes autocratiques, quel message envoie-t-elle? Quel type de comportement cautionne-t-elle? Ces régimes n’hésitent pas à réprimer leur propre population ou à déstabiliser leur région.
Nous l’avons constaté dès le début de la guerre en Ukraine. Cependant, il ne s’agit pas d’une situation isolée. Plusieurs pays exportateurs sont gouvernés par des autocrates ou des gens peu soucieux de l’éthique.
Le Canada est un modèle de démocratie et de respect des droits de la personne sur la scène internationale. Lorsque les gens achètent des produits canadiens, ils n’achètent pas seulement un produit. Ils adhèrent à un ensemble de valeurs, des valeurs qui respectent la dignité humaine, qui donnent la priorité à la durabilité de l’environnement et qui prônent la paix. Imaginez que l’Europe puisse abandonner sa dépendance à l’égard d’autres régimes oppressifs au profit d’un pays qui partage ses principes fondamentaux. Non seulement cela enverrait un message fort au monde entier, mais cela aurait un effet direct et positif sur nos alliés, comme l’Ukraine. En renforçant notre infrastructure énergétique et en augmentant nos capacités en matière de gaz naturel liquéfié, nous pouvons offrir cette solution de rechange, une solution de rechange en phase avec les valeurs qui nous sont chères au Canada et dans les sociétés démocratiques du monde entier.
L’an dernier, le a mis le doigt sur le problème lorsqu’il a parlé des occasions ratées par le Canada dans le secteur de l’énergie. Alors que l’Europe, y compris l’Ukraine, se démenait pour trouver des solutions de rechange au gaz russe, nous sommes restés à l’écart. Pourquoi? Parce que nous n’avions ni l’infrastructure ni la volonté politique nécessaires. Notre incapacité à offrir à l’Europe une solution de rechange viable l’a poussée à se tourner vers des options moins qu’idéales.
Le avait tout à fait raison. C’était l’occasion non seulement de stimuler notre économie, mais aussi de renforcer notre image sur la scène internationale. Nous aurions fort bien pu être la solution que l’Europe, y compris l’Ukraine, recherchait désespérément. Ce qui nous a empêchés de le faire, c’est la bureaucratie et le manque de vision du gouvernement libéral.
Il ne s’agit pas simplement d’énergie. Il s’agit de savoir saisir les occasions stratégiques quand elles se présentent. Au cours de notre débat sur le projet de loi , j’invite tous mes collègues à réfléchir aux conséquences globales de nos politiques en matière de commerce international. Nous cherchons toujours à renforcer nos politiques de libre-échange avec le reste du monde, mais nous avons aussi raté des occasions qui ont eu des conséquences importantes sur le reste de la planète, et il convient d’en prendre toute la mesure.
Le débat sur ce projet de loi nous amènera fort probablement à parler d’énergie, un secteur où le Canada n’a pas su jouer un rôle de chef de file au moment où il le fallait. L'an dernier, le a clairement souligné les faiblesses du gouvernement libéral. Il faut cesser de se laisser embourber dans des tracasseries administratives qui entravent le progrès. Je n’insisterai jamais assez sur le fait que le Canada avait l’occasion d’approvisionner l’Ukraine et l’ensemble de l’Europe avec du gaz naturel plus propre et plus éthique que ce qu'ils achètent maintenant. À la place, des pays européens, comme l’Allemagne et l’Ukraine, ont dû se rabattre sur des options moins souhaitables parce que nous n’avions pas les infrastructures nécessaires pour les approvisionner.
Alors que nous examinons le projet de loi , j'invite tous les députés à regarder au-delà des mots qui sont sur le papier et à réfléchir à ce qu’ils signifient pour le rôle du Canada sur la scène internationale. Serons-nous de simples participants ou des chefs de file?
À l’heure où nous envisageons d'accroître nos échanges commerciaux avec l’Ukraine, nous devons nous assurer que nous aurons la capacité d’exploiter pleinement les occasions semblables qui se présenteront à l’avenir. Il ne s’agit pas seulement d’économie. Il s’agit de prendre clairement la défense d’un commerce propre et éthique, ce qui nous sera bénéfique dès maintenant en plus de paver la voie pour les générations futures.
Je suis prêt à répondre aux questions.
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Madame la Présidente, le Canada et l’Ukraine ont une relation privilégiée. Notre pays compte plus de 1,3 million de Canadiens d’origine ukrainienne. Peu de diasporas au Canada ont la taille de la diaspora ukrainienne, et celle-ci ne cesse de croître.
Comme l’a dit mon collègue, le député d’, notre ville abrite désormais un village ukrainien. Au printemps 2022, j’ai eu l’occasion d’engager comme stagiaire un étudiant ukrainien qui faisait ses études ici au Canada. La ville de Mission abrite une communauté orthodoxe ukrainienne dynamique. Les liens entre nos peuples sont profonds et ne cessent de se renforcer.
En fait, avant de commencer mon intervention, je m’en voudrais de ne pas mentionner la multitude d’organismes de service, comme le Comité central mennonite, qui ont joué un rôle de premier plan dans l’accueil des réfugiés ukrainiens au sein de la société canadienne et leur intégration à notre collectivité et à nos organisations civiques. Lorsque je pense à l’esprit canadien, c’est de cela qu’il s’agit. Je remercie toutes les organisations qui continuent à faire ce travail très important aujourd’hui.
L’Ukraine s’est imposée comme une nation moderne et démocratique. Les conservateurs ont toujours appuyé fermement l’élargissement des liens économiques et le soutien à l’Ukraine, tandis qu’elle s’est écartée de la Russie de Poutine. C’est pourquoi les conservateurs se sont engagés à conclure un accord de libre-échange avec l’Ukraine lorsque nous étions au gouvernement.
Depuis que les troupes russes ont envahi l’Ukraine le 24 février 2022, les conservateurs n’ont jamais cessé de soutenir le peuple ukrainien dans sa lutte contre l’autoritarisme et pour la protection de sa souveraineté en tant que nation moderne et démocratique. L’Ukraine gagnera cette guerre. Le Canada doit s’assurer qu’il est prêt à aider le peuple ukrainien pour la reconstruction du pays, et nous devons veiller à ce que ce soit le but de tout accord commercial avec l’Ukraine.
Le 2 décembre 1991, le lendemain du jour où l’Ukraine a officiellement déclaré son indépendance de l’URSS, le Canada et la Pologne ont été les deux premiers pays à reconnaître officiellement une Ukraine souveraine et indépendante. Comme l’a mentionné hier mon collègue de , ce sont les agriculteurs canadiens qui ont exporté des technologies vers l’Ukraine, permettant ainsi à cette dernière de moderniser ses pratiques agricoles et de se transformer en une puissance agricole qui nourrit de nombreux autres pays.
Le Canada peut, et doit, faire ce qui s'impose de nouveau, et il peut le faire en donnant un coup de pouce à l’Ukraine grâce au commerce. D’où la question: cet accord nous permet-il de le faire? Cet accord nous aide-t-il à donner un coup de pouce au peuple ukrainien? Renferme-t-il les outils nécessaires pour assurer la prospérité de l’Ukraine après la guerre? Nous devons répondre à ces questions en débattant du projet de loi et pendant les étapes du processus législatif.
Parlons brièvement de l’historique de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine. L’accord initial est entré en vigueur le 1er août 2017 et a éliminé les droits de douane sur 86 % des exportations de marchandises du Canada vers l’Ukraine. À l’origine, il s’agissait d’un accord asymétrique qui visait à procurer plus d’avantages à l’Ukraine qu’au Canada.
À la suite de la ratification de ce premier accord, les exportations autres que le charbon vers l’Ukraine ont augmenté de 28,5 % entre 2016 et 2019. En juillet 2019, les gouvernements du Canada et de l’Ukraine ont convenu de moderniser l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine. Le commerce bilatéral entre le Canada et l’Ukraine a atteint un niveau sans précédent en 2021. Les exportations de marchandises du Canada vers l’Ukraine ont totalisé 219 millions de dollars, et les importations de marchandises de l’Ukraine se sont chiffrées à 228 millions de dollars.
Le Canada et l’Ukraine ont annoncé le lancement des négociations sur la modernisation en janvier 2022. Cependant, l’invasion russe de février 2022 a évidemment eu un effet très négatif sur l’ensemble de nos échanges et de nos investissements bilatéraux, ce qui a entraîné une baisse de 31 % des exportations du Canada vers l’Ukraine.
En 2022, les trois principales exportations du Canada vers l’Ukraine étaient les véhicules automobiles et les pièces, le poisson et les fruits de mer, et les produits pharmaceutiques. Les principales importations du Canada en provenance de l’Ukraine étaient les graisses et huiles animales et végétales, le fer et l’acier, ainsi que les machines et le matériel électriques. Le commerce de marchandises avec l’Ukraine a totalisé 420 millions de dollars, soit 150 millions de dollars en exportations et 270 millions de dollars en importations.
L’Accord de libre-échange Canada-Ukraine met à jour les chapitres suivants: règles d’origine, marchés publics, politique en matière de concurrence, monopoles et entreprises d’État, commerce numérique, travail, environnement, transparence et lutte contre la corruption. Pour la première fois dans un accord de libre-échange canadien, le chapitre sur l’environnement comprend des dispositions reconnaissant l’importance de politiques mutuellement favorables au commerce et à l’environnement. L’Accord comporte de nouveaux chapitres sur l’investissement, le commerce transfrontières des services, l’admission temporaire des gens d’affaires, l’élaboration et l’administration de mesures, les services financiers, les télécommunications, le commerce et le genre, le commerce et les PME, le commerce et les peuples autochtones et les pratiques de réglementation. Pour la toute première fois, un accord de libre-échange canadien comprendra un chapitre sur le commerce et les peuples autochtones. L’Accord remplace maintenant l’Accord sur la protection des investissements étrangers de 1994 dans le chapitre sur l’investissement.
Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2006, le Canada n’avait conclu des accords commerciaux qu’avec cinq autres pays: les États‑Unis, le Mexique, le Chili, le Costa Rica et Israël. Lorsque le premier ministre Harper a quitté le pouvoir en 2015, le Canada avait conclu 47 accords de libre-échange supplémentaires, un nombre phénoménal. Je tiens à remercier le député d’ pour tout le travail qu’il a accompli.
Le gouvernement Harper a commencé à négocier avec l’Ukraine dès 2010. À l’époque, l’économie de l’Ukraine était faible et, bien sûr, elle devait faire face aux difficultés causées par la Russie. Malgré cela, comme mon collègue d’ l’a mentionné hier, le premier ministre Harper tenait absolument à ce que le Canada établisse un accord de libre-échange avec l’Ukraine.
Développer une solide relation économique avec l’Ukraine et lui donner un coup de pouce pour prendre sa place en tant que nation démocratique moderne dotée d’une économie forte demeure une priorité pour le Canada aujourd’hui, et j’en suis fier. En examinant les retombées plus larges des politiques commerciales du Canada, nous devons envisager de soutenir un pays comme l’Ukraine. Les conservateurs continueront à soutenir l’Ukraine dans sa lutte contre le régime autoritaire de Poutine.
Le Canada devrait chercher des moyens d’utiliser sa force économique et ses avantages stratégiques pour soutenir le peuple ukrainien, notamment en exportant du gaz naturel liquéfié canadien pour éliminer la dépendance de l’Europe à l’égard du gaz naturel russe.
Je suis prêt à répondre aux questions.
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Madame la Présidente, je lance aujourd’hui le débat sur le projet de loi , la version mise à jour de l’accord commercial entre le Canada et l’Ukraine.
Nous avons déjà discuté ce matin des différences entre les accords commerciaux et les accords de protection des investisseurs. J’aimerais aborder de nouveau ce sujet et parler de l’accord commercial mis à jour entre le Canada et l’Ukraine.
J’aimerais aussi remettre en contexte le fait que plusieurs députés libéraux ont affirmé que dans cet accord, on s’efforce de mentionner les changements climatiques et d’en tenir compte dans les accords commerciaux. J’aimerais que ce soit le cas. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour corriger la façon dont l’Organisation mondiale du commerce et sa création ont miné les accords sur le climat et les accords multilatéraux sur l’environnement en général.
Dans ce contexte, je vais passer très rapidement en revue quelques-unes des grandes questions qui se posent ici, car il est inhabituel que nous ayons l’occasion ici de discuter des accords sur le commerce et sur la protection des investisseurs et des répercussions qu’ils ont sur le climat, car ils en ont.
Commençons par examiner le dernier accord multilatéral sur l’environnement, le plus efficace que le monde ait jamais vu. Il a été négocié en 1987 à Montréal. C’est, bien sûr, le Protocole de Montréal pour protéger la couche d’ozone.
J’ai eu l’honneur de participer à ces négociations à titre de conseillère principale en politiques du ministre fédéral de l’Environnement du gouvernement Mulroney, qui était au pouvoir à l’époque.
Si on y regarde de plus près, on constate que le Protocole de Montréal a donné des résultats étonnants. Il a non seulement permis de mettre un frein à l'appauvrissement de la couche d'ozone par différentes substances, mais il a également permis d'élargir cette entente au moyen de l'amendement de Kigali, qui a efficacement contribué à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le Protocole de Montréal s'est révélé efficace surtout parce qu'il prévoyait des mécanismes d'application ainsi que des sanctions à l'endroit des pays qui ne respecteraient pas leurs engagements à protéger la couche d'ozone. En fait, des sanctions n'ont jamais été imposées parce que les pays signataires du Protocole de Montréal ont respecté les engagements qu'ils avaient pris à l'égard de la protection de la couche d'ozone.
Les sanctions prévues étaient de nature commerciale. Il est très difficile d'imaginer un traité international qui lie des États-nations et qui prévoit un régime de sanctions efficace visant un autre secteur que celui des échanges commerciaux. C'est dans le secteur commercial qu'il est le plus logique d'imposer des sanctions pour non-respect des engagements.
En pratique, si un État signataire ne respectait pas ses engagements de réduire son utilisation et de cesser sa production de chlorofluorocarbures et d'autres substances qui appauvrissent la couche d'ozone, il ferait alors l'objet de sanctions commerciales de n'importe quel autre État signataire du Protocole de Montréal.
Comme tous les pays du monde ont adhéré au Protocole de Montréal, c'était un mécanisme très efficace. Dix ans plus tard, en 1997, au Japon, lorsque nous avons négocié le protocole de Kyoto, le Canada a malheureusement fait volte-face.
Au lieu de se faire le champion de l'efficacité de ces accords en y incluant des sanctions commerciales, notre ministre de l'Environnement s'est rendu à Kyoto en déclarant que si des sanctions commerciales étaient incluses dans le protocole, le Canada ne le signerait pas.
Que s'est‑il passé? Au cours de cette période de 10 ans, il y a eu la création de l'Organisation mondiale du commerce. La fin des négociations du cycle d'Uruguay a abouti à la création d'un axe central plus solide pour les activités commerciales à l'échelle mondiale.
Tout cela découle de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. En effet, l'article XX de cet accord avait — juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'accord a été négocié — écarté les sanctions commerciales pour les actions considérées comme faisant partie de la conservation des ressources naturelles, notamment, et mis les auteurs de ces actions à l'abri de telles sanctions.
Essentiellement, l'article XX de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce mettait de côté les protections environnementales, mais le faisait sans utiliser ces mots. Il ne faisait assurément pas allusion au climat. Nous avions la possibilité de protéger ce que nous faisions en tant que pays, non pas pour des raisons commerciales ou par animosité protectionniste, mais pour la poursuite légitime de la protection de l'environnement. Nous ne pouvions pas être sanctionnés par des accords commerciaux.
Tout a changé depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce. Celle-ci a mis sur pied le Comité du commerce et de l’environnement qui, au lieu de chercher à savoir si des accords commerciaux entravent la protection environnementale — question très pertinente —, s'est affairé à déterminer quelles ententes de protection environnementale interfèrent avec l'activité commerciale. Le Comité a ainsi tourné son attention vers le Protocole de Montréal, qui ne lui a pas plu. Le Comité n’a pas plus apprécié la Convention de Bâle, qui autorise les sanctions commerciales, ni la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
Nous avions déjà un certain nombre d’ententes qui prévoyaient que les mesures de protection de l’environnement étaient autorisées et que le commerce ne pouvait pas y faire obstacle. L’hydre du commerce a soulevé ses nombreuses têtes hideuses pour dire: « Non, je ne veux pas que vous fassiez cela. »
Il n'y a jamais eu de décision, soit dit en passant. Il n'y a pas eu de décision. Simplement, dans chacune des capitales de tous les pays du monde, un puissant ministre du Commerce s'est tourné vers un ministre de l'Environnement, moins puissant, pour lui dire qu'il ne pouvait plus utiliser ces outils. Par conséquent, aucun accord sur les changements climatiques signé par le Canada ne prévoit la moindre sanction. La seule sanction prévue dans l'Accord de Paris se résume à ce qu'on appelle le bilan mondial annuel, qui sera présenté à la COP28. Le bilan mondial est, fondamentalement, une sanction qui repose sur l’humiliation internationale, sur la honte, car il n’y a aucune pénalité en tant que telle.
Nous devons vraiment régler cela. Même s'il est essentiellement trop tard dans le cas de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine, puisque les négociations sont terminées, profitons de ce moment pour dire que c'est inacceptable. Chose certaine, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est l'un des plus ardents défenseurs de la cause climatique. La guerre que Poutine a lancée illégalement contre l'Ukraine ne doit pas nuire à l'action climatique. Le président Zelensky le sait et il défend cette cause. C'est le bon moment pour veiller à ce que tous les accords sur le climat soient protégés contre les restrictions d'ordre commercial.
Le moment est tout indiqué pour revenir sur certaines décisions qui, selon une mauvaise interprétation, signifieraient que nous ne pouvons pas conclure d’accords sur le climat sans violer d’accords commerciaux. Je pense par exemple à l’affaire thon-dauphin et à l’affaire crevettes-tortues. Ces deux affaires ont été traitées par l’Organe d’appel de l’OMC en termes très clairs. Celui-ci n’a pas dit que nous ne pouvons jamais protéger l’environnement sous le régime de l’OMC, mais plutôt que nous ne pouvons pas le faire individuellement; les États‑Unis ne peuvent pas établir leurs propres règles et dire ensuite au Mexique ce qu’il doit faire, par exemple.
Cependant, cet organe a déjà dit, dans le contexte de la négociation d’un accord multilatéral, qu’il fallait subordonner les échanges commerciaux au respect des engagements d'ordre environnemental. Ce fut le cas avec l’Accord de Paris. Tous les pays sont liés par cet accord. C’est une occasion parfaite pour le gouvernement de prendre les devants en affirmant que les pays ne peuvent pas invoquer les accords commerciaux pour restreindre les mesures de protection du climat, comme cela s’est déjà fait. L’Inde, par exemple, fait l’objet de sanctions pour avoir opté pour les énergies renouvelables. Récemment, une autre décision relative à un accord sur la protection des investissements a entravé l’action climatique.
Revenons à nos moutons. Les accords commerciaux sont différents des accords sur la protection des investissements, mais le projet de loi et l'accord commercial existant entre le Canada et l'Ukraine contiennent tous les deux un accord sur la protection des investissements. Les accords sur la protection des investissements sont très dommageables pour la démocratie parce qu'ils donnent le droit à une entreprise étrangère de poursuivre un gouvernement si elle juge que ce que le gouvernement en question fait pourrait nuire à ses profits. Le gouvernement s'est débarrassé d'un tel accord lorsqu'il a négocié le nouvel Accord Canada—États‑Unis—Mexique. Ce qui était autrefois le chapitre 11 de l'ALENA n'existe donc plus.
Nous devrions agir rapidement pour éliminer les accords sur la protection des investissements, qui minent notre démocratie et nos mesures de protection de l'environnement et des travailleurs. Se débarrasser de ce genre d'accords, ou à tout le moins faire en sorte que les entreprises étrangères n'aient pas plus de droits que celles d'ici, serait vraiment une bonne chose.
Le projet de loi C‑57, en tant que version améliorée de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine, est très bien, mais il ne fait pas ce que bon nombre de députés libéraux prétendent qu'il fait. Ils n'ont pas induit la Chambre en erreur parce qu'ils croient sincèrement que l'accord Canada-Ukraine reflété dans le projet de loi C‑57 moderniserait la protection de l'environnement en la bonifiant. Or, ce n'est pas vraiment le cas. En fait, tant que nous ne réglerons pas le problème des accords commerciaux et de l'OMC qui l'emportent sur les accords multilatéraux en matière d'environnement comme l'Accord de Paris, nous continuerons de courir le risque que des accords commerciaux et des décisions d'entités comme l'OMC viennent miner et saboter les efforts mondiaux pour le climat.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour contribuer au débat sur les changements à apporter à l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine.
Je commencerai par réaffirmer notre soutien absolu de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie, qui a commencé par une invasion illégale et injustifiée du territoire ukrainien en février de l’année dernière. Notre soutien n’est pas seulement une réponse à certaines atrocités commises par les forces russes dans la région, mais une position ferme envers le droit international et un ordre fondé sur des règles pour lesquels les Ukrainiens sont littéralement au front aujourd’hui. Il est important que, dans le choix de nos alliés, nous choisissions des alliés qui tiennent à ces valeurs et à l’application du droit international, et que nous leur demandions de respecter rigoureusement le droit international dans ce qu'ils font.
Nous pouvons soutenir nos alliés de nombreuses manières. Bien sûr, le Canada a envoyé différents types d’aide à l'Ukraine, à la fois financière et militaire, mais il est également important d’être un partenaire commercial utile en période de conflit. Toutefois, même si les néo-démocrates tiennent grandement à épauler l'Ukraine, la vue d'ensemble a aussi son importance C’est pourquoi il existe des procédures établies pour la Chambre et des lignes directrices ministérielles qui garantissent que les parlementaires ont le temps de faire leur travail d’examen.
Nous savons que, parfois, sous prétexte qu’il s’agit de bonnes causes, les gouvernements glissent certaines choses en douce dans les traités. C'est pourquoi la politique du ministère sur le dépôt des traités à la Chambre des communes prévoit un délai de 21 jours de séance entre le dépôt du traité comme tel et le dépôt de la mesure législative habilitante. Étant donné que le traité a été déposé le 17 octobre, c'est-à-dire il y a quelques jours à peine, aucune mesure législative habilitante ne devrait normalement être présentée avant le 22 novembre. Or, les choses sont allées beaucoup plus vite. En effet, le traité a été déposé il y a environ une semaine, et nous en sommes déjà au deuxième jour de débat. C’est une violation de la politique du ministère sur le dépôt des traités au Parlement, un document que nous, les néo-démocrates, prenons très au sérieux parce que nous prenons le travail de ce Parlement au sérieux.
Même si nous en sommes au deuxième jour de débat sur les modifications d'un traité commercial international, les caucus n'ont pas eu l'occasion de se réunir depuis le dépôt du projet de loi, ce qui est une des conséquences concrètes de la violation de la politique. Nous disposons donc de très peu de temps. Demander aux parlementaires de s'exprimer avec autorité à quelques jours d'avis sur un document aussi volumineux, avec des implications importantes et beaucoup de détails, n'est pas conforme à l'esprit ni, dans ce cas-ci, à la lettre du discours du gouvernement sur tout le sérieux qu'il accorde à la participation active du Parlement au processus commercial. C’est important que les Canadiens le sachent et le comprennent.
Il y a souvent dans cette enceinte des débats qui portent sur le rôle du Parlement et sur la considération que le gouvernement accorde au Parlement, et le cas présent illustre bien pourquoi. Cette fois-ci, il n'y a pas de grande controverse, ce qui pose justement problème. Nous savons que le gouvernement avait signé ce traité bien avant le dépôt du projet de loi à la Chambre des communes. Il a eu diverses occasions de faire intervenir le Parlement et de suivre la politique appropriée, mais pour une raison ou une autre, le gouvernement a choisi de passer outre, comme il l'a trop souvent fait par le passé.
Pour ceux qui, au sein du gouvernement, sont sincères lorsqu’ils affirment prendre cet endroit au sérieux, nous les supplions de parler avec leurs collègues du Cabinet afin de veiller à ce qu’ils respectent, à tout le moins, les procédures établies pour ce genre de débats et de discussions à la Chambre des communes. Lorsqu’ils parviendront au moins à respecter leurs propres engagements, ainsi que les politiques établies, nous pourrons alors débattre de la manière d’améliorer les choses. Il y a certainement des moyens de faire mieux, des moyens de faire participer le Parlement au processus beaucoup plus tôt, et d’établir un mandat plus strict concernant la présentation d'une mesure législative habilitante à la Chambre.
On a déjà beaucoup parlé de certaines formulations de cet accord. Je remercie l’intervenante précédente d’avoir souligné qu’un langage fleuri dans les préambules et ailleurs, s’il n’est pas accompagné de mécanismes d’application adéquats qui ont du mordant et qui attireraient l’attention de notre gouvernement ou des gouvernements avec lesquels nous concluons des traités, ne sert pas à grand-chose.
Je vais vous présenter ce que je considère être un petite mise à l'épreuve symbolique de l’engagement du gouvernement en ce qui concerne son processus pour les traités commerciaux, de même que dans le contexte de ce traité en particulier. Dans un langage fleuri, il est question d’un chapitre sur les Autochtones et les droits des Autochtones. Je sais que le gouvernement a également utilisé un langage fleuri à ce chapitre dans le cas de l’accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.
Toutefois, j’ai proposé un amendement à la mesure législative habilitante qui constituerait une disposition de non-dérogation en ce qui concerne les droits des Autochtones. On souhaitait simplement que rien dans cette mesure, rien dans l’accord, n’empiète sur les droits déjà établis des peuples autochtones au Canada. Lorsque j’ai proposé cet amendement, j’ai vu les libéraux voter avec les conservateurs pour ne pas avoir une telle disposition qui rappellerait que les peuples autochtones ont des droits dans ce pays et que rien de ce que fait le gouvernement libéral dans le contexte d’un traité de commerce international ne pourrait miner cela ou retirer certains de ces droits.
J’ai été déçu par la réticence des députés à approuver ce principe de base et à l’exprimer dans la mesure législative. Aujourd’hui, nous entendons de belles paroles sur les droits des Autochtones. Assurons‑nous au moins d’inclure cette disposition de non-dérogation dans la loi habilitante. C’est un point important.
Je voudrais parler un peu de l’une des questions que certains collègues conservateurs ont soulevées au sujet de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine et, plus particulièrement depuis le début de la guerre, c'est-à-dire de l’approvisionnement de l’Ukraine en pétrole et en gaz canadiens. Que l’on soit pour ou contre une exploitation accrue du gaz naturel et du pétrole au Canada en vue de leur exportation vers l’Ukraine, je tiens à souligner que, quand les conservateurs en parlent, ils sous-entendent que le gouvernement devrait jouer un rôle plus important dans le choix des clients des compagnies pétrolières et gazières canadiennes. Sur le fond, je ne trouve pas cela particulièrement choquant. Je pense que c’est une conversation que nous devrions avoir.
Nous devrions débattre de l’extraction d’une quantité raisonnable de pétrole et de gaz, en barils par jour ou par an, et nous devrions débattre de la meilleure façon d’utiliser ces ressources limitées. Elles sont limitées parce que ce ne sont pas des ressources renouvelables et parce que, si nous nous y prenons bien, nous devrions avoir une sorte de plafond sur la quantité extraite chaque année. Ce plafond devrait être établi en tenant compte de nos engagements en matière de climat.
Le pétrole et le gaz deviennent une ressource très précieuse, comme les Canadiens le savent déjà, compte tenu des prix que ces derniers sont contraints de payer. Les conservateurs voudraient nous faire croire que c’est à cause de la taxe sur le carbone, mais, en fait, si l’on considère les profits records que les compagnies pétrolières et gazières ont réalisés ces dernières années, la manipulation des prix est bien plus préoccupante, ou devrait être bien plus préoccupante, pour les Canadiens.
Ce que le gouvernement prélève sous la forme d’une taxe sur le carbone et restitue aux Canadiens sous la forme d’un remboursement est bien moins important que ce que les compagnies pétrolières et gazières prélèvent de leurs poches et envoient dans des paradis fiscaux internationaux. Les Canadiens paient beaucoup plus cher pour ces pratiques.
Les conservateurs ont du front de prétendre vouloir débattre de la manière dont un cadre réglementaire public pourrait guider les relations et les contrats d’exportation de l’industrie pétrolière et gazière. Ce n’est pas quelque chose qu’ils soutiennent. Ils appuient l’idée que davantage de pétrole et de gaz soient extraits du sol plus rapidement. Ils appuient l’idée que les entreprises les vendent là où elles peuvent faire le plus d’argent. S'il fallait, cela dit, que le gouvernement intervienne et dicte où nous devons éviter d'acheter du pétrole et du gaz et où nous pouvons en exporter, je doute que le secteur du pétrole et du gaz tolère une si grande participation gouvernementale à ses activités.
C’est un débat que je salue. L’utilisation optimale, la plus efficace et la plus prospère des ressources limitées en pétrole et en gaz est un sujet dont nous devrions parler, à bien des égards. Cependant, je ne pense pas que cette conversation soit sérieusement envisagée. Dans des contextes comme celui-ci, les conservateurs s’en servent pour marquer des points politiques à bon compte, et les Canadiens devraient y prêter attention et ne pas les croire sur parole.
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Madame la Présidente, j’ai l’honneur et le privilège de prendre la parole au nom des bonnes gens de Peace River—Westlock au sujet du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l’Accord de libre-échange entre le Canada et l’Ukraine de 2023.
Je suis un libre-échangiste. Je crois en l’économie de marché. Je crois que le Canada est un pays commerçant et qu’il nous incombe de conclure des accords de libre-échange dans le monde entier. Le Canada a la chance de disposer d’une énorme quantité de ressources naturelles, d’un vaste territoire et d’une population résiliente, capable d’exploiter ces ressources naturelles. Nous sommes en mesure de combler nos propres besoins des centaines de fois, que ce soit dans la production alimentaire, la sylviculture ou le secteur des hydrocarbures au pays.
Je voudrais parler un peu de la décision de la Cour suprême concernant le projet de loi . Cette décision est liée au fait que l’entrée en vigueur du projet de loi C‑69 a mis fin à 14 projets de GNL dans ce pays. Avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral, ces projets étaient en cours de réalisation. Après l’entrée en vigueur du projet de loi C‑69, ils ont été abandonnés.
Lorsque le projet de loi a été inscrit au Feuilleton et que nous en avons discuté ici même, nous avons affirmé qu’il était inconstitutionnel et qu’il aurait un effet marqué sur la poursuite de grands projets dans ce pays. Nous avions vu juste dans les deux cas. Nous avons vu 14 projets disparaître. Les promoteurs de ces projets ont déclaré que les analyses de rentabilité ne justifiaient plus leur réalisation. La réglementation gouvernementale a entièrement modifié l’analyse de rentabilité. Cinq ans après l’entrée en vigueur de ce projet de loi, nous avons également vu la Cour suprême nous donner raison en déclarant que le projet de loi C‑69 était inconstitutionnel.
En quoi cela est-il important dans le contexte de l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine? Je voudrais rappeler à tout le monde que l’Ukraine est actuellement en guerre contre la Russie. L’énergie est le principal produit d’exportation de la Russie dans le monde. Ce qui finance cette guerre, c’est l’énergie que les gens achètent, où qu’ils soient dans le monde.
Nous venons d’entendre le NPD dire que nous devrions choisir les pays avec lesquels nous devrions faire des affaires lorsqu’il s’agit de pétrole et de gaz. Je dirais que le marché mondial de l’énergie est le marché mondial de l’énergie. Si nous offrons du pétrole et du gaz canadiens propres et de bonne qualité sur le marché mondial et que nous y soutenons la concurrence, nous pourrions prendre la place d’autres fournisseurs de pétrole et de gaz. Lorsque nous retirons simplement nos produits de ce marché, quelqu’un d’autre prendra la place et comblera le vide. Ce pourrait être la Russie. D'ailleurs, dans de nombreux cas, c’est la Russie.
Par exemple, nous savons maintenant que les Allemands sont venus chez nous, au Canada, pour nous demander explicitement d'augmenter la production de gaz naturel liquéfié. Ils ont dit que s’ils n’obtenaient pas plus de gaz naturel liquéfié pour l’Europe, ils devraient revenir à l’exploitation du charbon. Lorsque le a été interrogé à ce sujet, il a répondu que l’analyse de rentabilité ne justifiait pas l'acceptation de cette offre. Il n’a pas reconnu, ou il a peut-être volontairement omis de dire que l’analyse de rentabilité sur laquelle les producteurs de gaz naturel liquéfié canadiens ne pouvaient plus s’appuyer reposait entièrement sur le nouveau projet de loi Des projets de gaz naturel liquéfié étaient en cours jusqu’à l’entrée en vigueur du projet de loi C-69, puis, petit à petit, les entreprises qui poursuivaient ces projets ont déclaré que l’analyse de rentabilité n'en justifiait plus la raison d'être pour eux. Nous avons donc assisté à l'abandon de ces projets.
La façon dont la technologie canadienne peut se faire connaître dans le monde entier constitue une autre possibilité qu'offre le libre-échange, plus précisément les accords de libre-échange. Cette perspective m'enthousiasme. Le de notre parti a souvent dit que nous combattrons les changements climatiques par la technologie et non par les taxes. Notre capacité à exporter ces technologies dans le monde entier est liée à la signature d’accords de libre-échange.
Je siège ici à côté du député d’. Je sais que lorsqu’il était ministre du Commerce, il a mis en œuvre un programme de libre-échange énergique sous le précédent gouvernement Harper. Il a signé plus de 40 accords de libre-échange, ce qui a permis à la technologie canadienne d'être connue dans le monde entier. Ces accords ont permis à des entreprises canadiennes de s’enrichir. Ils ont créé des emplois pour les Canadiens. Ils ont également permis à d’autres pays de réaliser des choses extraordinaires.
Le Canada est un chef de file en matière de techniques et de technologies agricoles. Nous sommes souvent à l’avant-garde, notamment en ce qui concerne l’agriculture en milieu aride. Nous sommes en mesure d’exporter non seulement notre équipement, mais aussi notre savoir-faire dans le monde entier.
La production d’énergie avec de petits réacteurs nucléaires de fabrication canadienne est un fleuron de la technologie canadienne. Lorsque j’étais à l’école primaire, le programme d’études sociales vantait les mérites du réacteur CANDU et décrivait comment nous allions alimenter le monde en énergie grâce à cette technologie canadienne. Les accords de libre-échange ont eu une incidence considérable en permettant à la technologie canadienne de s'implanter dans d’autres marchés sur la scène mondiale.
En outre, la capacité du Canada à exporter du gaz naturel liquéfié permet également de faire connaître nos technologies propres dans le monde entier.
Nous exportons d’autres produits comme le charbon, qui est extrait de la manière la plus éthique qui soit. Dans la plupart des cas, l’exploitation est extrêmement mécanisée. Très peu de personnes participent à son extraction, surtout des conducteurs de machinerie lourde. Les taux de blessures ou d’accidents sont les plus bas par rapport aux tonnes de charbon produites. Nos pratiques dans le domaine du travail sont parmi les meilleures au monde dans le secteur de la production de charbon.
Par conséquent, lorsque le charbon canadien se retrouve sur le marché mondial, même si nous ne savons pas nécessairement quelle en est l'utilisation finale, nous pouvons affirmer en toute confiance que notre charbon — tout comme notre pétrole, notre bois et notre électricité — résulte d'une exploitation des plus éthiques. Nos normes en matière de travail et d’environnement sont les meilleures du monde. Nous savons que nous faisons une contribution positive dans le monde en exportant ces produits parce qu'ils prennent la place de produits qui ne sont peut-être pas assujettis aux mêmes normes.
En ce qui a trait aux accords de libre-échange, je voudrais parler de compétitivité. Lorsque nous entrons sur le marché libre, nous ne savons pas nécessairement où nos produits vont aboutir ni avec qui nous allons être en concurrence. Certains signaux de prix influent sur notre capacité à vendre nos produits.
Des représentants de nombreuses entreprises viennent sans arrêt à mon bureau pour me parler de compétitivité. Ils disent qu’ils ont la meilleure technologie et le meilleur droit du travail au monde, et des idées extraordinaires, mais qu’ils ne parviennent pas à attirer des investissements pour leurs produits, notamment à cause de l’incertitude réglementaire, des coûts salariaux et des taux d’intérêt élevés. C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises disent qu’elles doivent être plus compétitives sur la scène mondiale. L’accord de libre-échange entre le Canada et l’Ukraine permettrait non seulement à nos produits d’être exportés, mais aussi aux investissements ukrainiens de venir chez nous. Cette perspective nous enthousiasme beaucoup.
Je sais que de plus en plus d’entreprises disent que leur compétitivité est minée pour différentes raisons, notamment la taxe sur le carbone. Je ne sais pas si l’Ukraine a mis en place une taxe sur le carbone, mais ce pourrait être un enjeu important. Si l’Ukraine n’en a pas et que nous en avons une, nous pourrions paralyser nos propres entreprises en concluant un accord de libre-échange avec l’Ukraine — ou avec tout autre pays. Nos entreprises seraient en concurrence contre d’autres entreprises qui n’ont pas de taxe sur le carbone à payer.
Disons que nous voulons vendre du gaz naturel liquéfié. Peut-être qu’une autre raison pour laquelle il n’y a pas de plan de mise en marché pour ces projets de gaz naturel liquéfié, c’est à cause de la taxe sur le carbone, qui est arrivée à peu près en même temps que le projet de loi . Ainsi, les entreprises peuvent arguer que si elles doivent payer une taxe sur le carbone sur leurs activités de production au Canada alors qu’un projet de gaz naturel liquéfié en Australie n’est pas assujetti à cette taxe, il s’agit d’un coût accru que leurs concurrents n’ont pas à assumer. Nous devons tenir compte de cela lorsque nous concluons ces accords de libre-échange. Nous devons nous assurer non seulement d’avoir la capacité d’expédier nos produits, mais aussi de pouvoir faire concurrence aux entreprises de ces pays.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat. Je craignais d’être parmi les malheureux députés qui se verront privés de la possibilité de parler au nom de leurs électeurs.
Je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi ,qui vise à moderniser notre accord de libre-échange avec l’Ukraine. D’entrée de jeu, je tiens à mentionner que, comme de nombreux députés de ce côté-ci de la Chambre, je continue d’appuyer l’Ukraine dans sa lutte très difficile contre la Fédération de Russie.
Beaucoup de députés le savent, mais pour ceux qui l’ignoreraient, je précise que je suis né en Pologne. Mon père était un farouche anticommuniste, et il l’est toujours. Il ne m’entend pas, parce qu’il ne regarde jamais CPAC. Cependant, j'appartiens à une longue lignée qui a toujours craint les intentions de Moscou, les visées du Kremlin en Europe de l’Est.
Pendant plus de 60 ans, de nombreux pays d’Europe de l’Est ont été occupés par l’Union soviétique, et j’utilise ce terme exprès. Aucun de ces pays ne pouvait choisir son gouvernement. Ils n’avaient pas le droit de choisir qui était responsable de prendre les décisions sur les politiques et les autres décisions gouvernementales chez eux. Je continue d’appuyer le peuple et le gouvernement ukrainiens, qui se battent en fait pour leur survie.
La modernisation des accords leur donnera de l’espoir. Nous espérons que cela permettra d'améliorer les relations qui existent déjà entre le peuple ukrainien et le peuple canadien. Six vagues d’immigrants ukrainiens sont venues s’établir au Canada, si je compte bien. Grâce au visa accordé conformément à l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, je crois que plus de 200 000 Ukrainiens ont fui la guerre et trouvé refuge au Canada. Le Canada est une terre d’accueil. Pas très loin de l'édifice où nous nous trouvons, un monument est en train d'être érigé qui représente le Canada comme un endroit où des gens de partout dans le monde ont trouvé refuge et se sont établis. Je sais que bon nombre de détenteurs de visas délivrés en vertu de l'Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine deviendront un jour des résidents permanents du Canada et, je l’espère, des citoyens canadiens.
Lorsque l’accord initial a été adopté, en août 2017, l’objectif était d’éliminer environ 86 % des droits de douane sur les exportations de marchandises du Canada vers l’Ukraine. C’est un bon accord. Nous avions tous compris, au moment de la signature et de la ratification de l’accord, qu’il serait à l’avantage de l’Ukraine à court terme. C’était une façon pour le Canada de fournir un certain soutien matériel à un pays qui tente encore de se relever de l'occupation soviétique qu'il a subie à l'origine.
L'Ukraine a connu une situation bien pire que beaucoup d'autres pays d'Europe de l'Est qui, nominalement du moins, disposaient d'une certaine autonomie. Il y avait des communistes locaux aux commandes, qui étaient évidemment soutenus par le Kremlin, mais les Ukrainiens ont souffert beaucoup plus profondément et plus longtemps sous la tutelle soviétique. Son industrie lourde se situe principalement dans sa partie orientale, mais une grande partie de son industrie, comme l'agriculture, a été collectivisée et privatisée après la chute du communisme en Europe de l'Est.
L'Ukraine est encore en train de se remettre sur pied. C’est un processus de longue haleine qui ne peut pas se faire en deux ou trois décennies. Il faut parfois un demi-siècle pour se sortir d'un trou que quelqu'un d'autre a creusé. Il est donc important de soutenir l'Ukraine, et des accords comme celui-ci tendraient à le faire également.
En 2022, le total des échanges de marchandises entre le Canada et l'Ukraine s'élevait à environ 420 millions de dollars, dont 150 millions de dollars d'exportations et 270 millions de dollars d'importations. Dans le cadre de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine initial, les exportations de produits autres que le charbon vers l'Ukraine ont augmenté de 28,5 % entre 2016 et 2019.
J'ai parcouru les détails de l'accord et je voudrais souligner quelques points. Je n'ai pas fini de lire l'accord dans son intégralité et je veux prendre le temps d'en lire toutes les parties. L'accord a été signé en septembre. On nous demande maintenant de le ratifier en octobre. Il s'agit d'un document très détaillé, et il faut donc beaucoup de temps aux parlementaires pour le parcourir.
En le parcourant, je note les dispositions qui ont attiré mon attention et mon intérêt, comme celles sur les consultations publiques et les mesures de transparence, qui sont une bonne chose. Elles se trouvent à l'article 26.7. Je lisais exactement les attentes du Canada et de l'Ukraine à l’égard de cet accord.
Je voudrais évoquer une section sur l'agriculture, « Traitement national et accès aux marchés », qui se trouve au chapitre 2, section D, article 2.13, alinéas 4a) à d). L'accord comporte de nombreuses dispositions. Un comité sur l'agriculture a été créé en 2017, et cet accord maintiendrait ce comité. Nous savons bien sûr qu'une grande partie des exportations de l'Ukraine sera constituée de produits agricoles.
L’Ukraine est souvent considérée comme l’un des greniers à blé du monde. Une grande partie de ses exportations de blé, d’orge et d’autres produits agricoles est expédiée par le détroit du Bosphore en passant par la République de Turquie, en direction des pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du monde entier. C’est pourquoi l’exportation de grain, notamment de blé et d’orge, et d’autres produits a été l’un des aspects névralgiques de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. La Russie tente de bloquer ces cargaisons agricoles très importantes pour essayer de priver l’Ukraine de fonds et l’empêcher de continuer à obtenir du soutien international. De nombreux pays comptent sur les exportations agricoles de l’Ukraine, et si nous pouvons leur apporter un certain soutien en leur proposant un autre marché ou la possibilité d’utiliser notre marché comme lieu de transfert vers un autre marché, nous devrions le faire. Je note que le sous-comité de l’agriculture s’attellera à cette tâche. J’aimerais que les agriculteurs et les producteurs agricoles ainsi que les valorisateurs, les transformateurs et les grossistes canadiens aient la possibilité d’acheter des produits agricoles ukrainiens et de les revendre sur le marché mondial.
Je pense que les Canadiens ont fait montre de leur esprit d’entreprise. L’esprit d’entreprise repose sur un ensemble de principes très appréciés. Nous nous efforçons toujours d’inciter nos enfants à créer une entreprise. C’est exactement ce que j’encouragerai mes enfants à faire s’ils le veulent une fois qu’ils seront diplômés. L'entreprenariat est très valorisé chez les Canadiens. S’il y a une possibilité d’aider les entreprises ukrainiennes et le peuple ukrainien, nous devons la saisir. Je le signale parce que c’est prévu dans l’accord et que cela compte pour les gens, en particulier dans l’Ouest du Canada, notamment dans les Prairies.
Une section entière de l’accord traite spécifiquement de l’étiquetage indiquant le pays d’origine. Cette question a été un point sensible entre nous et nos cousins américains au Sud, et dans les différents accords que nous négocions avec eux, parce qu’ils tentent constamment de modifier les termes des accords, ou du moins la manière dont ils les interprètent. J’ai cherché dans cet accord des sections précises portant sur la manière dont les biens et les services de Louhansk, de Donetsk, de Crimée, de Zaporijia et de Kherson seraient traités, mais je ne les ai pas encore trouvées.
Ce sont là les provinces ukrainiennes qui sont occupées par la Russie. Je pensais que cet enjeu serait abordé dans l’accord, mais je n’ai toujours pas trouvé de dispositions précises sur le traitement qui sera accordé aux biens et services en provenance de ces régions, qui n’appartiennent pas à la Fédération de Russie. Les quatre référendums qui ont été organisés dans ces oblasts étaient illégaux et injustifiés, et ils n’ont pas été reconnus par la communauté internationale, puisqu’ils ont été imposés à la population. Les gens ne peuvent pas voter librement lorsqu’ils sont menacés à la pointe du fusil ou qu’ils sont surveillés par des véhicules blindés de la Fédération de Russie.
J’aimerais donc savoir quel traitement sera accordé aux produits, biens et services en provenance de ces territoires. Aurons-nous un moyen de les distinguer des produits russes? Quand, et je dis bien quand et non si, quand l’Ukraine reprendra le contrôle de ces provinces, j’espère que nous pourrons accorder un traitement spécial à ces biens et à ces services dans notre barème tarifaire et dans notre système d’identification du pays d’origine.
Il y a un proverbe yiddish que j’aime bien. Ce n’est toutefois pas un proverbe très connu, ce qui est dommage car il s’applique bien à la Chambre. Il va ainsi: le minyan tardif compte toujours de nombreux retardataires. À la shul, rien ne commence jamais à l’heure, mais il faut au moins 10 participants, sinon, point de service.
J’espère que ce principe peut s’appliquer aux débats sur un accord de libre-échange. Je crois au libre-échange, et notre parti y croit aussi, mais tous les accords ne sont pas identiques. J'ai mentionné un certain nombre d'éléments que j'aimerais voir dans cet accord. Par ailleurs, je ferai remarquer que, puisqu'on ne m’a pas renseigné sur le contenu de l’accord, je dois me contenter de ce qu’il y a dans le projet de loi , qui contient de nombreux renvois au nouvel accord et à l’ancien.
J’espère que d’autres députés seront autorisés à participer, à faire partie du minyan, et qu’ils auront l’occasion de défendre les intérêts de leurs concitoyens en soulevant les points qui les préoccupent. Je viens de Calgary. C’est une ville importante pour le gaz et le pétrole, mais aussi pour le secteur agricole. Nous avons beaucoup de grands transporteurs, producteurs, fabricants et transformateurs agricoles qui sont très intéressés par les marchés de l’Europe de l’Est, et notamment par le sort de l’Ukraine. Ils veulent s'assurer qu’on aide ce pays.
L’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba comptent un grand nombre de membres de la diaspora ukrainienne, qui suivent de près l’évolution de cet accord et la situation en Ukraine, et pour qui cet accord est une source d’espoir. Mais avant de nous prononcer, nous avons besoin de précisions sur certaines dispositions du projet de loi.
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Madame la Présidente, je suis heureuse d’être ici aujourd’hui pour parler d’un sujet qui, à mon avis, est très important pour nous tous ici à la Chambre, à savoir le projet de loi sur l’Accord de libre-échange Canada-Ukraine modernisé. J’ai l’honneur de prendre la parole aujourd’hui pour soutenir la loi visant à mettre en œuvre cet accord modernisé le plus rapidement possible.
Récemment, les relations bilatérales entre le Canada et l’Ukraine ont été marquées par l’appui indéfectible du Canada à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine face à l’agression prolongée de la Russie. Le Canada s’est tenu aux côtés de ses alliés ukrainiens pour les soutenir dans leur lutte pour l’indépendance, la démocratie et la liberté. Je sais qu’ils attendent que cet accord de libre-échange soit conclu et qu’ils espèrent que le Canada y mettra la dernière touche dès que possible afin que nous puissions ouvrir la porte à d’autres échanges commerciaux avec l’Ukraine pour l’aider dans la terrible guerre à laquelle elle est confrontée. Depuis le début de cette invasion illégale par la Russie en février 2022, le Canada a engagé près de 9 milliards de dollars dans un soutien multidimensionnel aux Ukrainiens, car nous savons à quel point ils en ont besoin et ils ont hâte de voir cet accord de libre-échange se concrétiser.
Aujourd’hui, nous avons une nouvelle occasion de démontrer notre appui continu à l’Ukraine par d’autres moyens. Le projet de loi n’offrirait pas seulement des avantages à court terme, mais il irait aussi bien au-delà en renforçant les bases sur lesquelles les entreprises canadiennes et ukrainiennes peuvent travailler ensemble à la reconstruction économique de l’Ukraine, étayant ainsi les relations économiques à long terme entre nos deux pays.
Il ne s’agit pas d’un nouvel accord. Il s’agit d’un élargissement de l’accord de libre-échange. Nous avons un libre-échange avec l’Ukraine depuis très longtemps, et il ne s’agit donc pas d’une nouveauté, d’un élément qui vient de surgir et que nous n’avions pas vu auparavant. Nous savions que cette mesure allait arriver et nous y avons travaillé explicitement pour nous assurer qu’elle soit de la plus haute qualité possible.
Je parle bien entendu de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine modernisé. Cet accord est une entente globale de haute qualité qui, une fois mise en œuvre, en plus de soutenir les entreprises canadiennes et ukrainiennes, approfondira les liens commerciaux, renforcera la coopération, assurera une plus grande transparence en matière de réglementation, appuiera le commerce inclusif et contribuera à réduire les coûts pour les entreprises. Voilà une grande partie de la teneur de cet accord de libre-échange, et il est très important que nous le comprenions.
L’un des principaux résultats de l’accord initial de 2017 était d'ouvrir les marchés pour les biens produits et fabriqués par le Canada et l’Ukraine. S'il y a un moment où les Ukrainiens ont besoin d’un accord de libre-échange, c’est bien maintenant.
À partir de janvier 2024, toutes les annexes sur l’élimination des droits de douane seront complétées, et plus de 99 % des exportations canadiennes vers l’Ukraine pourront entrer en Ukraine en franchise de droits. C’est un aspect très important de cet accord de libre-échange. Il rendra les produits canadiens plus concurrentiels sur le marché ukrainien, et vice versa, ce que nous souhaitons vivement. Ce sera particulièrement utile pour les efforts de reconstruction de l’Ukraine, son renouveau économique et sa prospérité à long terme.
Grâce à l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine, les Ukrainiens pourront profiter d’un plus grand nombre de produits canadiens de grande qualité, tels que les viandes et poissons congelés, les fruits et légumes, d’autres biens de consommation et des services essentiels. Parallèlement, les Canadiens pourront profiter des produits et services ukrainiens que nous aimons tous et dont les nombreux Ukrainiens vivant au Canada pourront jouir.
Il existe une multitude de marques ukrainiennes qui se sont avérées être de bons ajouts au marché canadien au cours des dernières années. L’Accord nous aide à élargir nos horizons et à soutenir l’économie ukrainienne, surtout en ces temps difficiles. Je sais que les Ukrainiens sont emballés et attendent avec impatience l’adoption de ce projet de loi.
Tout au long des négociations, les deux parties se sont montrées désireuses de parvenir à un accord ambitieux accompagné de normes élevées afin de favoriser les échanges commerciaux entre nos deux nations, non seulement pour l'avenir, mais aussi pour répondre aux besoins plus immédiats en matière de reconstruction, qui constituent d'excellentes occasions pour les entreprises canadiennes qui souhaitent s'établir en Ukraine. Le désir affiché par les deux pays se répercute dans le caractère exhaustif de l’Accord modernisé, qui ne se limite pas au commerce de marchandises, mais englobe également les services d’investissement et le commerce inclusif. L’Accord contribue à rendre le processus de reconstruction plus transparent et durable. En outre, il s'agit du premier accord de libre-échange à contenir des dispositions anticorruption.
Le Canada a toujours été présent pour l’Ukraine depuis son indépendance en 1991, et ce nouvel accord est une autre occasion pour le Canada d'accroître sa visibilité en Ukraine et de donner l’exemple. Ainsi, non seulement l’Accord modernisé maintient l’accès préférentiel aux marchés qui était prévu dans l’accord de libre-échange initial pour l’importation et l’exportation de marchandises, mais il appuie aussi de nouveaux débouchés afin de renforcer les relations commerciales entre le Canada et l’Ukraine dans le contexte des efforts de reconstruction et pour de nombreuses années à venir. Ces avantages ont amené les principales parties prenantes à soutenir fermement cet accord. C'est le cas notamment de la Chambre de commerce Canada-Ukraine, dont des représentants sont venus récemment sur la Colline pour exprimer leur souhait de voir cet accord de libre-échange se poursuivre.
Parmi les secteurs d’importance stratégique pour le redressement de l’Ukraine, mentionnons les infrastructures, les énergies renouvelables, les services financiers, le pétrole et le gaz, autant de domaines où le Canada a des atouts. En outre, les entreprises canadiennes ont manifesté leur intérêt pour les perspectives offertes par l’Ukraine dans les secteurs de la défense et de la sécurité, de l’énergie, des technologies de l'information et des communications ainsi que de l’agriculture et elles sont prêtes à passer à l'action en temps et lieu.
Depuis février 2022, selon les dernières estimations de la partie ukrainienne, plus de 37 % de la totalité des dommages causés en Ukraine concernent des immeubles résidentiels, 24 %, des infrastructures, et 8 %, des actifs commerciaux ou industriels. Selon des analystes en Ukraine et ailleurs dans le monde, une fois la guerre terminée, l’Ukraine deviendra le plus grand chantier sur Terre. L’accord modernisé de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine aiderait les entreprises canadiennes à se positionner pour être en mesure de répondre aux besoins, compte tenu de l’étendue du marché ukrainien. C’est le moment opportun pour s'ouvrir aux perspectives.
Avant les négociations, le gouvernement a tenu des consultations publiques avec les parties intéressées canadiennes sur ce qu’elles souhaiteraient que contienne un accord de libre-échange modernisé avec l’Ukraine. Cette démarche a reçu un fort appui de la part des parties intéressées, qui ont indiqué que la modernisation de l'accord, entre autres avantages, rendrait les entreprises canadiennes mieux à même de soutenir la concurrence sur le marché ukrainien.
Les parties intéressées ont expressément défini comme priorités le renforcement des règles commerciales et des obligations de transparence, l’élargissement de l’accord aux services et aux investissements, et le commerce inclusif. Je suis heureux de confirmer que l’accord modernisé dont nous sommes saisis tient compte de ces objectifs et de bien d’autres encore.
Je me permettrai maintenant de dire quelques mots sur l’accord modernisé en soulignant certains des avantages et des débouchés qu'il offre aux Canadiens et aux Ukrainiens ainsi qu'en donnant un aperçu de ses nouveaux chapitres.
Tout d’abord, l’accord comprend un nouveau chapitre consacré exclusivement au commerce transfrontalier des services. Il contient notamment des dispositions sur la reconnaissance des titres, qui facilitera le commerce de services professionnels, un facteur qui a une importance stratégique pour les deux parties dans une économie numérique et fondée sur le savoir.
L’Ukraine est un pays riche en talents exceptionnels, autant de professionnels qui sont prêts à mettre leurs connaissances et leur savoir-faire au service du bien commun. Le nouvel accord de libre-échange leur permettrait de se concentrer sur leur travail et sur ce qu’ils savent faire de mieux plutôt que sur les méandres de la bureaucratie, qui peuvent drainer toutes les parties concernées de leur énergie et de leur enthousiasme.
L’accord comprend également un nouveau chapitre sur l’investissement, qui remplacera l’accord entre le Canada et l'Ukraine pour l'encouragement et la protection des investissements étrangers. Avec des dispositions actualisées sur la protection des investissements, le nouveau chapitre garantit également que les obligations en matière d’investissement fonctionnent comme il se doit.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole une fois de plus au sujet de l’Accord de libre-échange Canada—Ukraine.
Lorsque nous parlons de l’importance des relations entre le Canada et l’Ukraine, nous devons parler des 1,3 million de Canadiens d’origine ukrainienne qui vivent ici, au Canada. Nombre d’entre eux ont joué un rôle essentiel dans le développement de l’Ouest canadien. Ils forment une partie incroyable et importante du tissu social du Canada, et leurs contributions au Canada ne doivent pas passer inaperçues. Voilà pourquoi les relations entre Canadiens et Ukrainiens sont si fortes. Bien sûr, nous soutenons fermement l’Ukraine pendant l’invasion illégitime menée par la Russie.
En outre, en ce qui concerne cet accord en particulier, il s'agit de la modernisation de l’accord de libre-échange de 2017, auquel on a apporté des modifications et on a ajouté 11 chapitres. Les chapitres actualisés portent sur les règles d’origine et les procédures, les marchés publics, la politique en matière de concurrence, les monopoles et les entreprises appartenant à l’État, le commerce électronique, le commerce numérique, le travail, l’environnement, la transparence, la lutte contre la corruption et le comportement responsable des entreprises.
Il y a aussi un nombre important de nouveaux chapitres. Pour être franc, il y en a 11. Ils portent sur l’investissement; le commerce transfrontières des services; l’admission temporaire des gens d’affaires; l’élaboration et l’administration des mesures; les services financiers; les services et l’investissement; les mesures non conformes; les télécommunications; le commerce et le genre; le commerce et les PME; le commerce et les peuples autochtones; et les bonnes pratiques en matière de réglementation. Il s’agit d’un changement substantiel par rapport à l’accord initial conclu en 2017.
Rien qu’en 2021, le Canada a traité quelque 220 millions de dollars en exportations et 227 millions de dollars en importations avec l’Ukraine. Comme le PIB de l’Ukraine a chuté de quelque 30 % depuis l’invasion par la Russie, les échanges avec le Canada sont plus que jamais les bienvenus. Pour situer le contexte, les principales exportations du Canada vers l’Ukraine comprennent les véhicules et les pièces automobiles, le poisson et les produits pharmaceutiques. Quant aux importations au Canada, il s’agit principalement de céréales, de fer et d’acier, pour n’en citer que quelques-unes.
Je voudrais consacrer la majeure partie de mon discours aux gens, et surtout aux gens d’Edmonton.
Au cours de sa visite à Ottawa, le président ukrainien a rappelé au Canada et au monde entier les liens étroits qui unissent Edmonton à son pays. Peu après être monté sur le podium, il a évoqué ma ville en parlant de nos liens avec le destin de l’Ukraine et de la communauté ukrainocanadienne. Il a mentionné une statue qui se trouve à l’extérieur de l’hôtel de ville d’Edmonton depuis 1983. Ce fut un moment de fierté pour de nombreux habitants d’Edmonton, d’autant plus qu’il a demandé qu’un autre monument soit érigé à cet endroit le jour de la victoire, quand l’Ukraine aura vaincu les Russes et gagné la guerre. Le président du conseil provincial de l'Alberta du Congrès des Ukrainiens Canadiens l’a exprimé on ne peut plus clairement: « C’est incroyable. Il est attentif. Il sait qui nous sommes. »
Le conseil provincial de l'Alberta du Congrès des Ukrainiens Canadiens a accompli un travail incroyable pendant cette guerre. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif qui assure le leadership, la défense des intérêts, la coordination et la liaison. Il représente officiellement les besoins des Canadiens d’origine ukrainienne en Alberta auprès de la population et du gouvernement de l’Alberta. Il vise à promouvoir la connaissance de l’Ukraine, le respect de son histoire et de sa souveraineté et la reconnaissance des grandes contributions des Ukrainiens au Canada. Depuis le début de la guerre, plus de 12 000 Ukrainiens sont déjà venus à Edmonton.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le conseil provincial de l'Alberta du Congrès des Ukrainiens Canadiens accomplit un travail phénoménal. Il fournit 200 000 $ pour aider les organisations ukrainiennes à mettre en place des programmes pour les nouveaux arrivants. Il a dépensé 32 000 $ en cartes-cadeaux d’épicerie pour les nouveaux arrivants. Il a créé un site Web de ressources et d’outils pour les nouveaux arrivants. En collaboration avec l’organisation Firefighter Aid Ukraine, il a rempli le premier avion de fournitures médicales et d’urgence à destination de l’Ukraine.
Au nombre de ses autres activités, citons l’aide en cas de crise, notamment en matière de logement d’urgence, le financement de l’acquisition d’équipements médicaux, l’organisation d’un entrepôt de dons de meubles, la distribution de meubles à des milliers de nouveaux arrivants, la mise sur pied de cours d’anglais gratuits, l’organisation de salons de l’emploi, l’organisation de séances de renseignement et d’accueil pour les nouveaux arrivants, des rassemblements hebdomadaires de protestation contre l’agression russe, la collecte de fonds pour soutenir l’établissement, la défense des intérêts auprès du gouvernement, la distribution de cartes SIM, la distribution de palettes de vêtements dans l'ensemble de l’Alberta, la fourniture d’ordinateurs portables et d’ordinateurs de bureau aux Ukrainiens dans le besoin, la coordination du soutien et des ressources en matière de santé mentale et, bien sûr, l’accueil des ressortissants ukrainiens à l’aéroport. Pour moi qui prends souvent l’avion, voir ces Ukrainiens arriver à l’aéroport d’Edmonton et être accueillis dès le débarquement me fait chaud au cœur.
J'aimerais parler d'un certain nombre de personnes et d'initiatives, et plus particulièrement de trois pompiers d'Edmonton. Ces trois pompiers sont allés en Ukraine pour donner à trois intervenants de première ligne une version modifiée de la formation de l'OTAN sur les méthodes conventionnelles de secourisme en situation de combat. Ces pompiers volontaires, membres de l'organisme Firefighter Aid Ukraine, ont formé 70 pompiers et policiers, qui ont à leur tour formé d'autres pompiers et policiers dans l'ensemble de l'Ukraine.
Il s'agissait d'une formation médicale sur les interventions qui peuvent sauver des vies en cas de blessures causées par des attaques militaires contre des civils. La formation portait plus particulièrement sur les blessures graves ainsi que la santé mentale. Le président de l'association a déclaré ceci:
En Ukraine, des interventions d'urgence doivent maintenant être effectuées par des gens qui n'avaient jamais assumé ce rôle auparavant et qui n'ont donc pas reçu la formation dont ils ont absolument besoin pour faire ce travail dans ce genre de situations.
En plus de la formation qu’il a offerte, le groupe de pompiers a également fourni de l'équipement de protection individuelle et de l'équipement spécialisé pour traiter les patients et sauver des vies. Ce n’est pas une nouveauté pour cette organisation. En mai 2017, elle a rempli un conteneur de fournitures médicales, d’outils et de matériel d’intervention d’urgence, qui a ensuite été envoyé en Ukraine. En septembre dernier, un groupe de sept pompiers et un répartiteur se sont également rendus en Ukraine.
Je peux aussi citer l'exemple des artistes d’Edmonton qui font don de leurs œuvres pour aider l'Ukraine. Un certain nombre d’artistes locaux ont fait des dons à un fonds créé par les propriétaires de la West End Gallery à Edmonton. La campagne a permis de récolter près de 29 000 $. Il n’y a pas eu de vente aux enchères. Les clients de cette galerie ont tout bonnement répondu à l'appel. Le montant total des ventes est allé directement à ceux qui en avaient le plus besoin, insiste-t-on.
Le groupe a communiqué avec l’ancien premier ministre de l’Alberta, un ami très cher, Ed Stelmach, dont les grands-parents sont des immigrants ukrainiens venus s'installer dans la province. M. Stelmach et son épouse, Marie Stelmach, ont fondé l'Ed Stelmach Community Foundation, qu'ils administrent depuis 2007. La fondation promeut une culture de la bienfaisance et de l’égalité pour tous les Albertains. Son travail est supervisé par un conseil d’administration composé de bénévoles.
Le soutien ne s’est pas arrêté là. Des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont soudainement fui leur pays déchiré par la guerre, et une mère d’Edmonton et sa fille ont décidé de faire équipe pour aider les nouveaux arrivants, venus avec très peu de biens. Les deux projets qu’elles ont cofondés sont un magasin gratuit et une cuisine ukrainienne. Le magasin gratuit pour les nouveaux arrivants ukrainiens s'est d'abord établi dans des locaux temporaires, pour ensuite être déménagé au centre-ville d’Edmonton, dans un bâtiment fourni gratuitement par l’Université MacEwan. Les nouveaux arrivants déplacés par la guerre peuvent s'y procurer gratuitement des vêtements, des couches, des oreillers, des jouets et des articles ménagers essentiels.
Le deuxième projet, Ukraine Kitchen by Free Store, a ouvert ses portes dans le Nord-Est d’Edmonton après avoir fonctionné temporairement dans le Cook County Saloon. Des plats ukrainiens commandés à l’avance y sont vendus, ce qui permet de rémunérer une équipe d’environ 14 cuisiniers, qui servent fièrement des assiettes de rouleaux de chou, de pérogies, de bortsch et de desserts.
Enfin, un magasin de meubles a aussi été ouvert. Depuis près de 10 mois, le conseil provincial de l'Alberta du Congrès des Ukrainiens canadiens gère un dépôt de meubles dans un entrepôt du Nord-Ouest d’Edmonton. Les nouveaux arrivants peuvent y trouver ce qu'il leur faut pour meubler leur nouveau foyer et s'y installer. Environ 35 familles ont recours gratuitement à l’entrepôt chaque semaine, et la plupart d’entre elles ont besoin de matelas et d’autres fournitures. L’entrepôt se trouve dans le bâtiment de la Boilermakers Lodge 146, près du parc industriel de High Park.
Ce n’est rien de nouveau pour Edmonton. La Ukrainian Cultural Heritage Village Society a été fondée en 1971, et je suis certain que mon collègue de ne m’en voudra pas de la mentionner. Elle présente plusieurs expositions qui permettent de mieux comprendre la colonisation ukrainienne dans le Centre-Est de l’Alberta, qui ont joué un rôle essentiel dans l’éducation de tant d’Albertains et de Canadiens.
Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les Canadiens suivent ce débat de si près. Le Parti conservateur soutient l’Ukraine, le commerce et le libre-échange à 100 %. Le libre-échange entre pays libres est une démarche que nous soutenons pleinement. En tant que membre du comité du commerce international, j’ai hâte d’examiner cet accord et d’écouter le débat à ce sujet à la Chambre.
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Madame la Présidente, je vous remercie de ce rappel. C’était une erreur que j'ai commise par inadvertance.
À peu près à la même époque, le et le président Zelensky ont annoncé des plans de modernisation de l'Accord de libre-échange Canada‑Ukraine. Puis la COVID‑19 est arrivée, et ces négociations ont dû être retardées, ce qui est compréhensible.
Au début de 2021 et à l’automne 2021, la Russie a commencé à rassembler des soldats autour des frontières de l’Ukraine. Les conversations en Ukraine, dans le monde entier et ici au Parlement ont naturellement porté sur la manière dont nous allions soutenir l’Ukraine: ce que nous allions faire, ce que la Russie allait faire et comment nous allions réagir.
Je me souviens qu’en janvier 2022, soit environ un mois avant l’invasion massive de la Russie, la ministre s’est adressée à moi et m’a dit qu’elle voulait avoir une réunion Zoom avec moi parce que le gouvernement allait relancer les négociations pour la modernisation de l’accord de libre-échange. Cela montrait, malgré tout ce qui se passait, à quel point cette question était prioritaire pour l’Ukraine et pour le Canada. Après l’invasion russe, ces négociations se sont poursuivies. Là encore, cela montre à quel point c’était une priorité pour le Canada et pour l’Ukraine. Lorsque le président Zelensky est venu il y a quelques semaines, il a certes pris la parole au Parlement et s’est rendu au manège militaire de Fort York pour rencontrer les Canadiens, mais il a également signé l’accord de libre-échange avec notre . Cela montre une fois de plus l’importance de cet accord pour le Canada et l’Ukraine.
En quoi le nouvel accord de libre-échange est-il si intéressant? Il maintiendrait l'accès préférentiel au marché obtenu dans l'accord de libre-échange initial pour toutes les exportations de marchandises canadiennes vers l'Ukraine, ce qui serait formidable pour les hommes d'affaires et les travailleurs canadiens. L'accord comprend également de nouveaux chapitres consacrés au commerce et aux services, aux investissements, à l'admission temporaire, aux télécommunications, aux services financiers et au commerce inclusif, ainsi que des chapitres actualisés sur le travail, l'environnement, la transparence et la lutte contre la corruption, entre autres.
Il faciliterait et renforcerait la coopération, améliorerait la capacité de résoudre les différends commerciaux, favoriserait l'ouverture et l'inclusivité, accroîtrait la transparence en matière de réglementation et contribuerait à réduire les coûts de transaction pour les entreprises, ce qui serait bénéfique pour les entreprises et les travailleurs et permettrait d’accroître les échanges commerciaux. Le Canada et l'Ukraine s'engageraient à respecter et à promouvoir les droits des travailleurs et les principes connexes internationalement reconnus, ainsi qu'à appliquer efficacement les lois sur le travail et l'environnement. Des mesures importantes seraient également mises en place pour aider à prévenir et à combattre la corruption.
Dans l'ensemble, cet accord est structuré de manière à profiter non seulement aux entreprises, aux employeurs et aux travailleurs canadiens, mais aussi à protéger les investissements des Canadiens en Ukraine et vice-versa. Il offre donc d’énormes possibilités économiques pour le Canada et pour l'Ukraine.
Cependant, il y a une autre chose très importante que je voudrais mentionner à propos de cet accord. C’est une étape importante pour soutenir la victoire de l'Ukraine et notre victoire collective. J'aimerais expliquer aux députés ce que j'entends par là. En ce moment même, le peuple ukrainien se bat pour défendre son pays dans cette guerre génocidaire menée par la Russie. Malgré le courage et la détermination du peuple ukrainien, la situation est désastreuse. La Russie commet des actes de génocide tous les jours. Des millions de personnes sont devenues des réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur de l'Ukraine. Des centaines de millions de personnes dans l’hémisphère Sud sont confrontées à des pénuries alimentaires et à la famine en raison de l'invasion russe et du blocage des exportations alimentaires ukrainiennes, et la guerre est l'une des principales causes de l'inflation alimentaire et énergétique dans le monde. Plus important encore, la guerre constitue une menace pour la sécurité mondiale et la sécurité du Canada.