propose que le troisième rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, présenté le jeudi 3 mars 2022, soit adopté.
— Monsieur le Président, aujourd'hui, nous demandons à la Chambre d'adopter le rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration qui recommande que la possibilité de venir au Canada sans visa soit accordée aux Ukrainiens, notamment par l’obtention rapide d’une autorisation de voyage électronique et l'augmentation des ressources en personnel afin que l'arriéré existant des demandes d'immigration ne soit pas davantage affecté par cette crise humanitaire.
La motion a été adoptée au comité avec l'appui de tous les députés de l'opposition. J'espère que le gouvernement appuiera cette mesure nécessaire, puisqu'il a voté contre la motion lorsque nous l'avons présentée au comité.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Nous sommes tous horrifiés par les événements qui se déroulent en Ukraine. L'invasion russe non provoquée d'un pays souverain et ami du Canada est dégoûtante. En cette période difficile, les Canadiens de partout au pays se sont organisés pour fournir de l'aide. Ils offrent d'héberger les Ukrainiens qui viennent au Canada et ils recueillent des fonds pour soutenir les gens qui se trouvent dans les centres de réfugiés en Europe et ceux qui arrivent au Canada avec presque rien. Voilà la générosité des Canadiens. Les Ukrainiens qui fuient la guerre cherchent la sécurité et un endroit où travailler et vivre, où leurs enfants peuvent être des enfants.
Les pays voisins de l’Ukraine, comme la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la Moldavie, ont accueilli des millions de réfugiés. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime que le nombre total de réfugiés dépasse désormais 3,8 millions et que plus de 6,5 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays. La Pologne est au point où ses infrastructures ne peuvent plus supporter grand-chose, mais ces pays continuent d’ouvrir leurs foyers et leurs collectivités. Ils fournissent un soutien et une assistance militaire à l’Ukraine, tout en défendant la liberté contre l’agression russe.
Cette crise des réfugiés est d’une ampleur que le monde n’a pas connue depuis la Seconde Guerre mondiale. La gravité de la situation n’échappe à personne. Nous voyons les images de villes bombardées, de corps de femmes et d’enfants gisant dans la rue et des crimes de guerre commis par un régime qui veut recréer l’Union soviétique. En janvier dernier, la députée de et moi-même avons écrit au pour lui demander de se préparer à l’invasion et à la crise des réfugiés. Nous avons réitéré l’appel des conservateurs en faveur d’une exemption de visa pour les Ukrainiens et leurs familles. Je tiens à souligner que le Bloc et le NPD appuient cette mesure et la réclament également.
Compte tenu de toute la douleur et la souffrance que vivent les Ukrainiens et de la pression qui s’exerce sur les pays voisins, le système d’immigration actuel et la voie d’accès doivent être modifiés. L’autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine n’a pas amélioré la situation des Ukrainiens. Ce n’est un secret pour personne que les gens qui demandent un visa de résident temporaire dans le cadre de ce programme sont toujours bloqués dans l’arriéré sans précédent à IRCC – dû aux libéraux – qui compte près de 2 millions de demandes. J’entends des histoires d’Ukrainiens et de leurs familles qui sont complètement frustrés par la paperasserie et la bureaucratie qui paralysent les personnes qui espèrent venir au Canada. Le nouveau programme est fondé sur le programme existant de visa de résident temporaire. Cela signifie que les demandeurs doivent toujours fournir des données biométriques et demander un visa en ligne. Le gouvernement actuel demande aux Ukrainiens de respecter les mêmes normes qu’un immigrant venant d’un pays sans guerre. Les personnes qui n’ont pas d’ordinateur ou d’accès à Internet ou qui ont un accès limité à ces outils ne sont pas en mesure de traiter avec IRCC et sa bureaucratie.
Regardez ce qui s’est passé en Afghanistan. Lorsque le gouvernement a mis en place des mesures spéciales, les gens devaient tout soumettre par voie électronique. En pleine prise de pouvoir par les talibans, les réfugiés devaient se rendre dans un cybercafé, payer, imprimer des documents, les remplir, les scanner et les envoyer par courriel. Après la chute de Kaboul, des ONG comme Ark Salus ont mis en place des refuges pour permettre aux gens de remplir leurs papiers, mais à ce jour, des milliers d’Afghans qui ont travaillé pour le gouvernement du Canada en Afghanistan ou comme interprètes pour les Forces canadiennes sont toujours bloqués et en danger.
Le manque de prévoyance, de planification et de coordination du gouvernement a été pleinement démontré en Afghanistan. Dans la lettre adressée au , nous lui avons demandé, ainsi qu’au gouvernement, d’élaborer une réponse concernant l’Ukraine qui soit coordonnée avec la défense nationale et la sécurité publique. Le gouvernement n’a pas su planifier la chute de Kaboul, et les Ukrainiens ne peuvent pas se permettre que les libéraux fassent la même erreur qu’en Afghanistan. Lorsque le gouvernement a finalement rendu public son nouveau programme pour les Ukrainiens, je savais que le n’avait pas écouté. Il n’a pas écouté l’opposition officielle, le Bloc, le NPD ou même les Ukrainiens qui sont ici au Canada.
L'exemption de visa est une demande simple que nous faisons tous. Nous savions que si IRCC laissait en place un processus bureaucratique, ce serait comme revivre ce qui s'est passé en août 2021.
Plus de 1,4 million de personnes ayant des racines ukrainiennes habitent au Canada. Des milliers de Canadiens ont de la famille qui vit ou qui vivait en Ukraine. La diaspora ukrainienne au pays est la deuxième en importance dans le monde. Cela signifie que de nombreuses personnes qui fuient la guerre et qui souhaitent venir au Canada sont des amis et des membres de la famille de personnes qui se trouvent déjà ici.
Lorsque j'ai présenté la motion demandant la levée de l'exigence de visa pour les Ukrainiens, les députés libéraux du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration s'y sont opposés en invoquant des enjeux de sécurité. Mais si des sympathisants ou des espions russes essayaient de venir au Canada, notre système biométrique ne nous permettrait pas de les attraper de toute façon. Le ministre a lui-même dit au Comité, le 3 mars 2022, que pour environ 80 % des demandeurs déclarés non admissibles pour des motifs liés à la criminalité, la détection se fait par la voie d'une analyse biométrique. Le député de a demandé au ministre si cela signifiait que 80 % des Ukrainiens pro-russes étaient détectés à l'aide d'un système biométrique, et le ministre a répondu par la négative.
Si les données biométriques ne sont pas aussi utiles que le gouvernement le laisse entendre, pourquoi faut-il forcer les Ukrainiens à s'engouffrer dans le chaos bureaucratique créé par le gouvernement? Toute personne qui arrive au Canada et qui n'a pas la résidence permanente ou la citoyenneté doit quand même se soumettre à une vérification dans les bases de données internationales et criminelles. De plus, les Ukrainiens doivent quand même présenter leur passeport en vue d'obtenir une autorisation de voyage électronique, et chaque personne qui entre au Canada doit passer par les douanes. C'est sans compter le fait que la grande majorité des réfugiés ukrainiens sont des femmes, des enfants et des personnes âgées qui ne pouvaient pas rester dans leur pays pour le défendre.
Puis, le discours a changé. Le ministre a déclaré qu'il n'y aurait pas d'exemption de visa sous prétexte que les délais seraient trop longs. Je le cite:
[…] j'ai réalisé qu'il faudrait modifier la réglementation […] Il faudrait compter de 12 à 14 semaines pour faire ce travail, ce qui est beaucoup trop long. Il sera beaucoup plus efficace d'établir un nouveau système.
Cette citation est revenue hanter le gouvernement, surtout ces jours-ci. Les personnes qui veulent présenter une demande de visa doivent attendre de trois semaines à six mois avant d'obtenir un rendez-vous pour la vérification de leurs données biométriques à un centre de réception des demandes de visa en Europe, et ces délais ne comprennent pas la période de traitement de leur demande.
Mike O'Leary, un Canadien vivant en Ukraine, a fui en Pologne. Il essaie de revenir à Edmonton avec sa famille, mais il n'y arrive pas parce que sa demande est engouffrée dans le système surchargé.
Tetiana est une ex-interprète militaire qui a travaillé avec les Forces canadiennes avant la guerre. Elle est actuellement en Pologne et elle attend de pouvoir fournir ses données biométriques. Elle a reçu une lettre d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada contenant des instructions sur la façon de fixer un rendez-vous. Pourtant, elle ne peut trouver des places libres dans les pays voisins qu’en juillet 2022. Son amie a présenté sa demande le premier jour de l’ouverture du nouveau programme et n’a pu obtenir son rendez-vous que le 5 avril, soit trois semaines après sa demande.
Konrad, un Canadien d’origine ukrainienne, a communiqué avec mon bureau au sujet de sa famille en Ukraine. Ils étaient assiégés dans le sud du pays. Les membres de sa famille et leurs voisins ont tout perdu. Sa famille a réussi à partir et à se rendre à Bucarest. Ils ont présenté une demande pour le nouveau programme le jour de son ouverture et n’ont pu obtenir un rendez-vous que pour le 28 avril 2022, soit plus d’un mois après le jour où ils ont présenté leur demande. Il m’a demandé pourquoi on qualifie cette mesure de programme d’urgence si les réfugiés doivent utiliser la même procédure que pour les permis d’études, l’immigration économique régulière, les permis de travail et les visas de touriste?
Il a entièrement raison. Pourquoi les Ukrainiens sont-ils coincés dans un système qui compte déjà un arriéré de près de 2 millions de personnes au moment où ils cherchent seulement à se protéger d’une guerre qui leur a été imposée?
C’est pourquoi j’ai présenté cette motion au comité de l’immigration. C’est pourquoi je demande aujourd’hui au gouvernement de ne pas affliger nos amis et leur famille de tracasseries administratives. Il faut que les Ukrainiens qui fuient la guerre puissent voyager sans visa, et c’est maintenant qu’ils doivent pouvoir le faire.
Je remercie les députés du Bloc et du NPD qui ont voté en faveur de l’adoption de cette motion en comité. J’exhorte tous les députés à faire ce qui s’impose pour les gens qui fuient l’invasion russe et à voter en faveur des déplacements sans visa.
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Madame la Présidente, c’est avec plaisir que je participe au débat sur cette motion d’adoption du Parti conservateur afin que soient prises plusieurs mesures liées à l’immigration qui sont nécessaires pour soutenir le peuple ukrainien et, en particulier, pour permettre les voyages de l'Ukraine au Canada sans visa.
Je vais commencer par dire que je me suis récemment joint au comité de l’immigration. C’est un plaisir de travailler au sein de ce comité avec mes collègues de tous les partis, en particulier le député de , le ministre de notre cabinet fantôme, qui a fait montre d’une grande passion dans ce domaine. Comme il l’a mentionné dans son discours, longtemps avant d’être élu à la Chambre des communes, il parrainait des réfugiés à titre personnel. Il nous faut plus de députés qui prennent cet enjeu très au sérieux et qui, loin des projecteurs et en dehors de la vie publique, sont prêts à joindre le geste à la parole.
Avant d’aborder les mesures sur l’immigration, je veux parler de la situation en Ukraine en général. Nous en avons déjà beaucoup débattu à la Chambre. Il est important de ne pas baisser les bras et de ne pas laisser cette crise quitter nos manchettes. Nous devons continuer à réfléchir sérieusement à la situation et au conflit en cours.
Lorsque j'ai parlé de la situation en Ukraine plus tôt, j'ai dit que, selon moi, l'invasion par le régime du président Poutine pourrait se terminer soit comme l'invasion de l'Afghanistan, soit comme le démantèlement de la Tchécoslovaquie. Évidemment, nous connaissons les tristes événements qui se sont déroulés en Tchécoslovaquie au début de la Seconde Guerre mondiale. Le monde a en quelque sorte laissé ces événements se produire. On a négocié le démantèlement de la Tchécoslovaquie et on a permis à Hitler de prendre le contrôle de ce pays. Ce n'était qu'une étape dans une série d'agressions et de violences.
Par ailleurs, nous connaissons aussi l'histoire de l'invasion de l'Afghanistan par le régime soviétique. Grâce au soutien considérable offert par l'Occident, le peuple afghan a pu riposter et recevoir le matériel nécessaire pour repousser l'envahisseur soviétique. Ces événements ont finalement contribué à changer de façon considérable le cours de l'histoire en contrant les campagnes agressives que le régime soviétique avait menées jusqu'à ce point.
C'est à nous de nous pencher sur la situation et de décider si nous allons soutenir le peuple ukrainien de manière à ce que l'expérience du régime du président Poutine en Ukraine ressemble à celle du régime soviétique en Afghanistan, ou si nous allons laisser l'invasion se produire comme lorsque le monde a en quelque sorte accepté la prise de contrôle de la Tchécoslovaquie. Voilà le choix que nous avons à faire, et nous devons nous engager activement, fournir une aide considérable aux Ukrainiens et persévérer dans cette entreprise.
Nous savons, bien sûr, qu'on parle beaucoup dans les médias de négociations et d'échanges qui auraient peut-être lieu. En tant qu'intervenants externes, ce qui importe pour nous, c'est de dire que, peu importe les négociations qui ont lieu, nous ne lèverons pas les sanctions et nous ne renoncerons pas à obliger Poutine à rendre des comptes, à moins qu'il retire ses troupes de tous les territoires souverains ukrainiens, respecte la souveraineté du gouvernement de l'Ukraine et respecte le droit des Ukrainiens de se prononcer dans des élections démocratiques et de faire des choix politiques à l'égard de leur avenir. Notre rôle consiste à continuer d'imposer des sanctions sévères. C'est ce que nous disons du côté des conservateurs: ce qu'il faut, c'est beaucoup plus d'aide létale et d'autres formes de soutien tactique pour les Ukrainiens, des sanctions plus sévères et surtout, comme l'a demandé notre cheffe, du soutien aérien pour sécuriser des couloirs humanitaires.
Ces couloirs humanitaires m'amènent à parler de certains enjeux liés à l'immigration. Bien que de nombreux Ukrainiens restent au pays pour combattre héroïquement l'invasion russe, beaucoup d'autres, comme des femmes, des enfants, des aînés et ceux qui ne sont pas en mesure de combattre, cherchent désespérément à se mettre en lieu sûr. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime que le nombre d'Ukrainiens qui ont fui le pays frôle les 4 millions. C'est beaucoup de monde.
Je veux féliciter les voisins de l'Ukraine, comme la Pologne, la Lettonie et les autres pays de la région. Ils ont fait un travail remarquable. Des citoyens ordinaires de ces pays accueillent des Ukrainiens chez eux et ils leur viennent en aide au moment où ils en ont vraiment besoin. Cependant, d'autres pays se trouvant plus loin pourraient jouer un rôle accru. Le Canada, notamment avec sa vaste communauté ukrainienne et les liens étroits, culturels ou autres, qu'il entretient déjà avec elle, peut jouer un rôle essentiel pour accueillir ceux qui arrivent de l'Ukraine et qui, dans bon nombre de cas, souhaitent bien entendu pouvoir retourner dans leur pays après le conflit. Il y a urgence d'agir.
Il est frustrant de constater qu'il faut tellement de temps au gouvernement pour prendre des mesures et résoudre des problèmes que les choses tirent à leur fin ou atteignent un point où elles ne peuvent plus être résolues aisément par le temps où il aborde le dossier.
Par exemple, le gouvernement avait annoncé initialement que les personnes provenant de l'Ukraine pouvaient rester au Canada deux ans. À présent, il affirme qu'elles peuvent rester trois ans. Je conviens que trois ans, c'est mieux que deux, mais nous espérons tous que la situation sera révolue dans deux ans et que les gens auront pu retourner chez eux. Nous ne savons pas ce qui va arriver.
Il est difficile de prédire le dénouement de ce genre de conflit, mais le gouvernement fait une promesse sur le long terme, selon un horizon dans le temps. Or, ce dont nous avons vraiment besoin, c'est de trouver une solution qui permettra aux gens de venir au Canada rapidement, tout de suite, parce que le problème se pose maintenant. Je pense que nous pouvons établir une comparaison avec d'autres enjeux. Prenons par exemple les programmes liés à la COVID. Comme il a raté le bateau, le gouvernement a dit après-coup qu'il installerait de la ventilation dans les écoles, mais deux ans après le début de la pandémie. Hélas, le problème réside dans le fonctionnement même du gouvernement. Il ne s'attaque pas en temps voulu aux difficultés, puis promet de faire des choses qui auraient déjà dû être faites.
En ce qui concerne le soutien à l'immigration pour les Ukrainiens qui cherchent un endroit sûr où vivre dans le contexte actuel, nous demandons au gouvernement de se concentrer sur la prise de mesures urgentes et immédiates pour aider les gens à se réfugier en lieu sûr. À cette fin, le comité a présenté une motion qui vise à vraiment faire progresser ce dossier et à insister sur ce que le gouvernement doit faire. Cette motion réclame notamment qu'il soit possible de venir ici sans visa.
Je tiens à souligner qu'il règne un très fort esprit de collaboration au sein du comité de l'immigration. La motion a été présentée par le Parti conservateur, mais je ne crois pas me tromper en affirmant que mes collègues du NPD et du Bloc étaient aussi très enthousiastes à l'idée d'inclure l'exemption de visa dans la motion. J'ai bon espoir que les autres partis de l'opposition exprimeront le même appui enthousiaste lorsqu'il s'agira d'adopter la motion à la Chambre des communes. Malgré le fait que les libéraux ont voté contre la motion au comité, j'espère que le , le de l'Immigration et le gouvernement prendront au sérieux la volonté de la Chambre des communes à ce sujet. Si une majorité de députés votent en faveur de la motion indiquant qu'il faut permettre l'entrée au pays sans visa, le gouvernement n'a pas l'obligation légale officielle de respecter la volonté de la Chambre dans ce cas-ci. Je crois toutefois qu'il a l'obligation morale, en tant qu'institution démocratique, de prendre au sérieux l'opinion de la Chambre des communes à ce sujet.
Étant donné les positions adoptées par les autres partis de l'opposition, je m'attends à ce que la motion soit adoptée. Je crois qu'il est raisonnable dans une démocratie que, lorsqu'un gouvernement élu par seulement le tiers du vote populaire se fait dire par tous les autres partis à la Chambre des communes qu'il doit prendre une certaine mesure, il prenne leur demande au sérieux et agisse en conséquence.
Mon collègue qui a parlé avant moi a mentionné les arguments avancés par le gouvernement contre l'octroi d'une exemption de visa. Les libéraux ont utilisé certains des mêmes arguments au comité. Ils ont dit qu'on ne pouvait pas lever l'obligation de visa pour des motifs de sécurité. Cependant, je crois que mon collègue a bien montré — et le l'a reconnu en quelque sorte — que, même si des gens non sympathiques à la cause des Ukrainiens tentaient de se servir de ce programme pour entrer au Canada, c'est déjà un risque qui existe avec les dispositions mises en place par le gouvernement.
Je crois que le ministre a également prétendu qu'il prendrait trop de temps pour supprimer l'obligation de visa, ce qui ne me semble pas très logique. Si le gouvernement est tellement lent qu'il lui faut de nombreuses semaines uniquement pour supprimer une obligation, cela semble dénoter un problème plus fondamental qu'il faudra chercher à corriger parce que nous ne demandons pas de compliquer le processus en imposant des obligations supplémentaires. Nous demandons seulement au gouvernement de supprimer une obligation existante. Ce ne devrait pas être très difficile. Le gouvernement soutient que l'imposition d'un tout nouveau programme qu'il a mis au point prendrait moins de temps que simplement supprimer l'obligation de visa. Or, je ne crois pas que cet argument tienne debout.
Quoi qu'il en soit, comme je l'ai déjà dit quelques fois dans divers contextes ce matin, je crois que nous devons exiger et attendre du gouvernement du Canada qu'il agisse plus rapidement dans de telles situations critiques. Je crois qu'au chapitre de l'immigration, cela fait l'unanimité. Il est utile de se rappeler la situation vécue en Afghanistan l'an dernier et de la comparer avec la situation actuelle en Ukraine. Dans les deux cas, le gouvernement était mal préparé et a été incapable d'agir avec toute la célérité qui s'impose. Il y a de la paperasse à gérer et des documents à signer, et cela prend tout simplement trop de temps. Le prix réel à payer, si l'on accepte que les processus prennent autant de temps que ce que dit le gouvernement, ce sont des vies humaines. La sécurité de nombreuses personnes est en jeu.
Le prix à payer pour la lenteur et l'inaction du gouvernement dans le contexte de l'Afghanistan a été que beaucoup de gens n'ont pas pu être évacués. Dans le cas de l'Ukraine, le prix à payer pour la lenteur du gouvernement est que des gens demeurent en danger inutilement et plus longtemps qu'ils ne le devraient.
J'aimerais faire part de certaines déclarations effectuées par les représentants du Congrès ukrainien canadien concernant les mesures relatives à l'immigration. D'abord, je crois que leur position a été mal exprimée au comité. Un député du caucus libéral a laissé entendre que le Congrès ukrainien canadien ne réclame pas l'exemption de visa pour les Ukrainiens. Or, le même jour, le Congrès ukrainien canadien a publié une déclaration clarifiant qu'il réclame effectivement que le gouvernement autorise les Ukrainiens à venir au Canada sans visa. Il a également exprimé des réserves concernant le programme mis en place par le gouvernement, que j'aurai peut-être la chance d'aborder au cours de la période de questions et observations.
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Madame la Présidente, je suis ravi de prendre la parole sur cette question parce que dans une certaine mesure c'est un plaisir, mais je suis également déçu de l'attitude du Parti conservateur qui semble se servir de cet enjeu pour entraver le processus législatif, et je n'avance pas cela à la légère.
Tous les députés ont exprimé un fort appui au peuple ukrainien. Ils comprennent la situation et souhaitent faire ce que l'ensemble des Canadiens attend de nous, c'est-à-dire soutenir le peuple ukrainien en cette période difficile. Cet appui s'est manifesté dans le cadre de débats exploratoires. Si je me rappelle bien, nous avons tenu deux débats exploratoires, mais l'un d'entre eux était peut-être un débat d'urgence. Je ne suis pas totalement certain à ce sujet. Quoi qu'il en soit, les députés de tous les partis représentés à la Chambre ont reconnu la tragédie qui se déroule en Ukraine.
Il n'est pas vraiment difficile de comprendre ce qui se passe sur le terrain. Il suffit d'aller sur YouTube ou de consulter les chaînes d'information pour voir les horreurs de la guerre qui sévit actuellement en Ukraine. Des villes sont complètement détruites et des milliers de personnes meurent chaque jour. Nous considérons Poutine comme un dictateur qui a décidé d'anéantir l'infrastructure d'un pays, mais les Ukrainiens résistent. Cette résistance et l'amour du patrimoine ukrainien finiront par triompher. Nous le savons et nous le constatons.
J'ai trouvé inspirant de voir le président Zelensky s'adresser à la Chambre par vidéoconférence pour transmettre son message aux Canadiens par l'entremise de la Chambre des communes. J'estime — et je crois que mes collègues abondent dans le même sens — que le gouvernement du Canada doit faire tout en son pouvoir pour soutenir l'Ukraine et le peuple ukrainien, et ne pas se livrer à des manœuvres politiques comme celles dont je crois que nous sommes témoins aujourd'hui et qui visent tout simplement à mettre des bâtons dans les roues du gouvernement.
Si le Parti conservateur souhaite vraiment débattre de la situation actuelle en Ukraine et discuter des visas de visiteur ou des exigences en matière de visas, il existe d'autres avenues. Les conservateurs auraient pu s'adresser au gouvernement pour tenir un autre débat exploratoire. Ils auraient pu utiliser leur journée de l'opposition et présenter une motion précise sur le sujet dont ils souhaitent parler aujourd'hui. Voilà ce qu'ils auraient pu faire. L'opposition officielle dispose d'autres moyens pour soulever cette question très importante. Aucun député libéral ne peut nier le fait que l'objet du débat est de la plus haute importance. Le moment choisi est malheureusement inopportun.
Hier, par exemple, nous espérions adopter le projet de loi , mais, l'un après l'autre, les députés conservateurs se sont levés pour prendre la parole. Le projet de loi porte sur l'énoncé économique de l'automne. Il permettrait d'offrir de l'aide et du soutien aux Canadiens de toutes les régions, mais les conservateurs ont décidé qu'ils ne veulent pas que ce projet de loi soit adopté.
Aujourd'hui, nous savons tous que nous sommes censés débattre du projet de loi , qui porte sur la modernisation de la Loi sur la radiodiffusion.
Ce projet de loi est le fruit d'efforts considérables tant de la part des Canadiens qui ont présenté leurs points de vue que du ministère et du lui-même. Il a fait l’objet d’un débat approfondi jusqu’à maintenant, et ce débat était censé se poursuivre.
Encore une fois, les conservateurs présentent une motion d’adoption. À ma connaissance, ils n’ont pas demandé au la tenue d’un débat exploratoire. À ma connaissance, nous n’avons pas abordé le reste des affaires à l’ordre du jour. Les conservateurs auraient pu demander un débat d’urgence sur la question. S’ils avaient attendu quelques minutes de plus durant les travaux de la Chambre, nous aurions pu avoir un débat d’urgence.
Je suis certain que les députés du Parti conservateur savent que le genre de débat qu’ils préconisent est, en fait, limité à trois heures. Un débat d’urgence aurait permis la participation d’un plus grand nombre de députés. Un débat exploratoire aussi. Une motion de l’opposition aurait non seulement permis à plus de députés de participer, mais elle aurait aussi permis au Parti conservateur de formuler une question qui aurait pu être présentée à la Chambre où elle aurait peut-être reçu un appui.
Voilà pourquoi je dis aux députés conservateurs, et à toutes les personnes qui suivent ce débat, qu’il n’est pas digne de l’opposition officielle d’essayer de politiser un enjeu important pour tous les Canadiens. Le Parti conservateur devrait avoir honte de recourir à la manipulation pour essayer de déformer quelque chose dans le but de se faire du capital politique, ou de limiter le débat sur un autre projet de loi et d’engendrer de la frustration.
Il est complètement ridicule d'essayer, comme le font les conservateurs, de donner l’impression que les libéraux ne veulent rien faire pour aider les réfugiés ukrainiens. En tant que gouvernement, nous voulons faire tout ce que nous pouvons pour soutenir le peuple ukrainien. À ce jour, près de 3,9 millions de personnes ont fui l’Ukraine d’après les données les plus récentes que j’ai entendues. Près de 4 millions de personnes ont fui l’Ukraine.
J’ai parlé au début de ces horreurs. Examinons maintenant le bilan de notre gouvernement. Je vais le comparer à celui de Stephen Harper. En 2015, nous avons eu des élections pendant que des événements tragiques se déroulaient en Syrie. Nous devions accueillir près de 25 000 réfugiés, et les conservateurs regimbaient et se demandaient comment nous allions y arriver.
Les conservateurs semblaient s’y opposer, car je pense qu'ils voulaient accueillir environ 10 000 réfugiés. Ne me citez pas, mais c’était nettement moins que le nombre que nous étions prêts à accueillir. Non seulement nous avons reçu 25 000 réfugiés, mais si j’ai bien compris, nous en avons même accueilli plus de 50 000. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a un processus à suivre. Je demande à mes estimés collègues d’en face de m'indiquer un autre pays occidental qui, par habitant, a accueilli plus de réfugiés syriens que le Canada.
Il y a aussi le cas de l’Afghanistan, au sujet duquel l’ancien avait dit que nous allions réinstaller 20 000 réfugiés, mais ce chiffre a doublé pour atteindre 40 000. Les conservateurs critiquent déjà certains des processus relatifs au traitement de ces réfugiés. Nous finirons par atteindre notre objectif. Nous comprenons le rôle important que le Canada doit jouer en ce qui concerne les réfugiés.
Lorsque j’étais le porte-parole du Parti libéral du Canada en matière d’immigration, Stephen Harper et le ministre conservateur de l’Immigration ont sabré les programmes d’établissement des réfugiés.
Nous n’avons pas de leçons à recevoir du Parti conservateur en matière de soutien humanitaire aux réfugiés. Je l’ai vu de mes propres yeux lorsque je siégeais dans l’opposition et que le Parti conservateur n’avait aucun respect pour les réfugiés ou n’avait que peu de respect pour leur fournir le soutien dont ils avaient besoin pour bien s’établir au Canada. Maintenant, les membres du Parti conservateur ont l’audace de dire que nous pourrions faire mieux en tant que gouvernement.
Une voix: Vous pourriez faire quelque chose.
M. Kevin Lamoureux: Madame la Présidente, nous faisons quelque chose. Ceux qui croient que ce n’est pas le cas essaient de répandre de faux renseignements. Les Prairies ont été construites en bonne partie grâce à...
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Madame la Présidente, quelqu’un a mentionné des chiffres. Je pense que près de 1,4 million de personnes qui vivent aujourd’hui au Canada sont d’origine ukrainienne. Si mes collègues regardent les provinces des Prairies, ils constateront que de nombreux pionniers étaient d’origine ukrainienne. Ils ont contribué à faire des Prairies ce qu’elles sont aujourd’hui.
Winnipeg-Nord, la circonscription que je représente, est une région du Canada qui a une signification historique. Elle a des racines profondes dans le patrimoine ukrainien. Jetez un coup d’œil aux belles églises ukrainiennes que nous avons et à une grande partie de l’infrastructure. Il y a plus de 50 pâtés de maisons que je visiterai pour parler à de nombreuses personnes qui parlent encore l’ukrainien, avec très peu d’anglais, certaines d’entre elles étant d’adorables personnes âgées qui exprimeront leurs préoccupations et leur passion pour l’Ukraine. On peut constater la richesse du patrimoine ukrainien à l'occasion du festival Folklorama notamment au pavillon Spirit of Ukraine et au pavillon de Kiev. Ces deux pavillons ont fait pratiquement salle comble à de nombreuses reprises. Nous reconnaissons la valeur de l'apport des Canadiens d’origine ukrainienne depuis des générations. Il n’est pas surprenant que lorsque quelque chose se passe en Ukraine, on y accorde de l’importance, que ce soit en 2014 ou aujourd’hui, quand on voit les horreurs de la guerre.
À l'instar de l’ensemble de la population, les 1,4 million de Canadiens d’origine ukrainienne s’attendaient à ce que le gouvernement du Canada intervienne. Non seulement le gouvernement du Canada s’est engagé, mais il y a eu, je crois, trois rassemblements à l’Assemblée législative du Manitoba auxquels ont participé des milliers de Manitobains d’origines très diverses. Ils se sont présentés devant l’Assemblée législative du Manitoba pour exprimer leur appui au peuple ukrainien. J’ai eu l’occasion de participer à quelques-uns de ces rassemblements. Les Canadiens, particulièrement ceux d’origine ukrainienne, même s’ils ne sont pas en Ukraine et même s’ils ne sont pas nés en Ukraine, font preuve d'une compassion réelle et tangible. Nous l’avons vu dans les larmes et le drapeau brandi devant l’Assemblée législative du Manitoba.
Ce n’est pas un cas unique. C’est une réaction qui se manifeste partout au Canada, car les Canadiens se sont mobilisés, que ce soit en faisant des prières ou des dons. Le gouvernement du Canada a donné des sommes considérables, atteignant des centaines de millions de dollars, mais le programme que je tiens à souligner est celui de la Croix-Rouge. J’aime en faire mention parce qu’au départ, il s’agissait d’un programme de 10 millions de dollars de dons jumelés, dans le cadre duquel le gouvernement fédéral s’engageait à verser, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, jusqu’à 10 millions de dollars pour l'équivalent en dons canadiens. Ce montant a été atteint en quelques jours. Nous avons plus que triplé le montant des dons. Je dis cela parce que non seulement les Canadiens ont offert leurs prières, mais ils ont aussi offert de l’argent et des dons de toutes sortes. Ma fille, qui est députée provinciale, a ouvert son bureau pour y recevoir directement des dons non monétaires.
La population a répondu à l'appel. Une partie de cette réponse a consisté à faire pression sur les députés fédéraux, les députés provinciaux et d’autres intervenants, pour qu’ils fassent tout en leur pouvoir pour aider l’Ukraine en cette période difficile.
Qu’a fait le gouvernement du Canada? L’une des choses les plus importantes que nous pouvons faire est de fournir des armes létales pour soutenir le peuple ukrainien. Le Canada travaille en étroite collaboration avec ses alliés. Dans certains domaines, nous avons joué un rôle de chef de file, plus que d’autres pays, au sein des forces alliées. Dans d’autres domaines, un autre pays peut être le chef de file, mais d’un point de vue financier, avant même que la guerre ne commence, le gouvernement canadien a fourni un soutien financier au peuple ukrainien.
Ce sont ces armes létales, ainsi que celles fournies par d'autres pays alliés et amis de l’Ukraine, qui ont permis aux héros de l’Ukraine de rester en Ukraine et de combattre les soldats russes et Poutine. Cette aide puissante s’est révélée efficace, car des parties de l’Ukraine ont été reconquises grâce aux efforts de ces héros.
Le Canada fournit également de l'aide humanitaire qui se chiffre en millions de dollars.
En particulier, je veux aborder la question des personnes déplacées — 3,9 millions de personnes à ce jour. Je crois que c'est à peu près ce chiffre. Le Canada a accéléré les choses et mis en place un processus spécial qui nous permet d'accueillir un nombre illimité — j'insiste sur le mot « illimité » — de personnes fuyant l'Ukraine. Oui, il existe un processus, un processus qui est, je crois, raisonnable dans les circonstances. Étant donné ce que le Canada fournit au bout du compte et la manière dont il l'offre, on verra des dizaines de milliers d'Ukrainiens venir au Canada, que ce soit pour trois ans ou, dans certains cas sans doute, pour de bon.
Nous avons mis en place un système accéléré qui permettra aux gens non seulement de venir au Canada, mais aussi d'y travailler et d'y étudier. Des gens dans nos communautés ouvrent leurs maisons. Le gouvernement fédéral travaille avec les gouvernements provinciaux et d'autres intervenants pour qu'il y ait des programmes d'établissement partout où c'est possible, afin de soutenir ceux qui fuient l'Ukraine. Nous serons toujours là.
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Madame la Présidente, je dois avouer que je suis un peu surpris de la tournure du débat. Bien honnêtement, je m'attendais à ce que ce soit une motion qui fasse un peu l'unanimité. J'ai écouté le discours enflammé de notre collègue libéral et je me suis demandé sur quoi nous sommes en désaccord, finalement. Je me suis donc permis de regarder de nouveau l'objet de la motion qui est sous nos yeux aujourd'hui.
On peut y lire ceci:
Que le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration présente ce qui suit à la Chambre: Nous (a) condamnons l'attaque injustifiée et non provoquée contre l'Ukraine, qui a été ordonnée par le président russe Vladimir Putin, une violation claire du droit international [...].
Il me semble, à moins de faire erreur, que nous sommes pas mal tous et toutes unanimes sur cette question. Ce n'est donc pas là que quelque chose coince.
Je poursuis ma lecture:
(b) demandons au gouvernement du Canada de soutenir les Ukrainiens et les personnes résidant en Ukraine qui sont touchés par ce conflit et de s'assurer qu'il est prêt à traiter les demandes d'immigration de toute urgence sans compromettre les besoins dans d'autres domaines [...].
Il est écrit « de toute urgence sans compromettre les besoins dans d'autres domaines ». Peut-être est-ce là que les choses commencent à accrocher, mais il me semble qu'il y a comme une balise intéressante mise en place par le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration dans ce deuxième point. Je me dis que ce ne doit pas être là que quelque chose accroche. Où cela coince-t-il donc, du côté libéral?
Au point suivant, on mentionne:
(c) demandons que la possibilité de venir au Canada sans visa soit accordée aux Ukrainiens, notamment par l'obtention rapide d'une autorisation de voyage électronique (AVÉ) et augmenter les ressources en personnel afin que l'arriéré existant pour tous les volets de l'immigration ne soit pas davantage affecté par cette crise humanitaire.
Avant de commenter, je me permettrai de souligner le travail extraordinaire qui a été fait dans ce dossier par notre collègue de qui, malheureusement, ne peut être des nôtres aujourd'hui pour des raisons de prudence, dirais-je.
Je salue son travail. D'ailleurs, en lien avec le point (c) où on demande « que la possibilité de venir au Canada sans visa soit accordée aux Ukrainiens », je tiens à souligner que c'était la proposition initiale. Mon collègue de Lac‑Saint‑Jean et nos collègues libéraux, entre autres, ont ajouté « notamment par l'obtention rapide d'une autorisation de voyage électronique ». Plutôt que de tout simplement lever les visas, on maintient donc au moins la nécessité d'obtenir une autorisation de voyage électronique. Or cela n'a pas l'air d'être suffisant pour nos amis libéraux, qui, en comité, ont été les seuls à voter en défaveur de la motion, malgré cette balise mise en place par notre collègue de Lac‑Saint‑Jean.
On peut ensuite lire ceci au point (c): « [...] augmenter les ressources en personnel afin que l'arriéré existant pour tous les volets de l'immigration ne soit pas davantage affecté par cette crise humanitaire. »
Les libéraux nous disent-ils, par le discours enflammé de notre collègue, qu'ils n'ont pas l'intention d'augmenter les ressources? Nous disent-ils que nous avons, selon eux, suffisamment de personnel pour traiter une affaire comme celle-là?
Si tel est le cas, c'est pour le moins préoccupant. Il suffit de regarder le résultat du travail du gouvernement fédéral quant à l'accueil des réfugiés afghans pour réaliser que cela n'a pas été très riche jusqu'à présent.
On avait promis d'accueillir 40 000 réfugiés afghans. Jusqu'à présent, ils ne sont pas encore 10 000 à être entrés sur le territoire canadien. C'est donc dire que, en dépit des belles intentions, si les moyens et les ressources ne sont pas au rendez-vous, ces intentions ne se traduisent pas en résultats concrets.
Nous n'avons pas besoin d'attendre encore trois mois pour arriver à cette conclusion. Nous le savons déjà. Nous n'avons qu'à nous pencher sur ce qui s'est passé avec les réfugiés afghans pour comprendre que le fait de ne pas déployer les ressources nécessaires a pour effet de ne pas nous permettre d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Il risque d'arriver exactement la même chose dans le cas des réfugiés ukrainiens.
Où se situe donc le problème de la part du gouvernement? Est-ce lié au fait de demander la levée des visas tout en maintenant la proposition de compromis et de repli de mon collègue de Lac‑Saint‑Jean, c'est-à-dire tout en maintenant l'obligation d'une autorisation de voyage électronique?
Est-ce celui-là, le problème, du côté libéral? Ou est-ce le deuxième élément du point (c), à savoir le fait d'« augmenter les ressources en personnel afin que l'arriéré existant pour tous les volets de l'immigration ne soit pas davantage affecté par cette crise humanitaire »? Honnêtement, si c'est vraiment de ce côté que les choses coincent, je suis pour le moins inquiet.
À juste titre d'ailleurs, le et la ont reconnu la très grande collaboration dans ce dossier de mon collègue de . Ce dernier, qui est notre porte-parole en matière de citoyenneté et d'immigration, s'est placé dès le départ en mode solution, collaboration et coopération.
Les libéraux ne sont pas particulièrement habitués à cela. En dépit des affirmations du selon lesquelles il existerait un climat extrêmement tendu au Parlement et que ce dernier serait paralysé, sclérosé et ne fonctionnerait pas, le premier ministre n'a peut-être pas saisi que, depuis l'élection, le Bloc québécois ne cesse de répéter qu'il est en mode collaboration constructive. C'est dans cet esprit que notre collègue de Lac‑Saint‑Jean s'est placé en réaction à l'importante crise humanitaire qui a cours en Ukraine. Il a donc fait des propositions.
Sa première proposition a été de prolonger pour trois ans les permis de travail et d'étude des Ukrainiens et des Ukrainiennes déjà en sol canadien. Sur ce point, le gouvernement a procédé rapidement. Nous le saluons et lui disons bravo. C'est formidable. Il s'agit d'une proposition du Bloc québécois qui a rapidement reçu un accueil favorable de la part du gouvernement. Quand ce gouvernement est déterminé à agir et qu'il s'enlève les doigts du nez, il est capable de faire des trucs rapidement.
La deuxième proposition de mon collègue de Lac‑Saint‑Jean visait la levée de l'exigence de visa. Celle-ci n'a abouti nulle part et s'est heurtée assez rapidement à des obstacles. Nous nous sommes alors rendu compte que le gouvernement n'avait pas vraiment envie de lever cette exigence.
Comme le soulignait le chef du Bloc québécois, des milliers de personnes entrent sans problème par le chemin Roxham sans présenter le moindre document de voyage, le moindre visa ou le moindre test biométrique. Pendant toute la pandémie, on a prouvé qu'il était possible de fermer ce chemin. Le gouvernement a maintenant décidé qu'il rouvrait les vannes et cela ne lui pose aucun problème en matière de sécurité ou autre: les gens entrent à pleines portes sans problème. Le leur souhaite la bienvenue et les accueille à bras ouverts.
Cependant, cela ne semble pas s'appliquer aux pauvres Ukrainiennes et Ukrainiens, qui fuient leur pays envahi injustement par la Russie. Le gouvernement a dit qu'il allait mettre en place une procédure accélérée. Or, il n'a pas particulièrement accéléré le processus et cela a même pris des semaines avant qu'il annonce cette procédure accélérée, ce qui, de toute évidence, n'est guère accéléré.
Plaçons-nous dans la peau de ces pauvres Ukrainiennes, lesquelles sont les principales à trouver refuge en Pologne, en Moldavie ou en Roumanie. Elles aimeraient bien aboutir au Canada, aussi loin que possible du conflit.
On leur demande alors de remplir une demande de visa de résident temporaire, ce qui peut prendre jusqu'à trois heures pour une personne maîtrisant l'anglais ou le français, selon les spécialistes. Or, on a ici affaire à des gens qui ne maîtrisent probablement ni le français ni l'anglais, mais qui doivent pourtant se prêter à l'exercice et remplir ce formulaire. Sinon, ils ne réussiront pas à entrer.
Ensuite, ces gens doivent prendre rendez-vous dans un centre de traitement de demandes de visa pour soumettre leurs données biométriques. Je rappelle que la situation est urgente et qu'on doit accueillir massivement ces gens. Cependant, on leur demande de se présenter entre 9 heures et 17 heures ou entre 8 heures et 16 heures. Sinon, on ne sera pas en mesure de les accueillir.
Par ailleurs, on exige qu'ils paient des frais de 185 $, alors que certains sont dans le dénuement le plus complet. On leur demande quand même de « cracher le cash ». Le gouvernement dit qu'il remboursera ces frais, mais il faut quand même que ces gens avancent ce montant. De plus, on ne sait pas à quel moment ni de quelle façon s'effectuera le remboursement de ces frais.
Voici les documents que le gouvernement demande de produire: relevé bancaire, pièce d'identité officielle, passeport et assurance‑voyage. Or, je ne suis pas sûr que les gens aient pris le temps, surtout si leur maison a été détruite, de ramasser tous ces documents en se disant qu'ils pourraient en avoir besoin au cas où le gouvernement canadien les demande. Ces gens vont-ils donc prendre le soin de fouiller dans les décombres de leur maison pour voir s'ils ne retrouveraient pas leur passeport et leurs relevés bancaires? Ce que le gouvernement demande aux réfugiés ukrainiens n'est pas nécessairement évident pour leur permettre d'accéder à cette procédure accélérée.
Je rappelle que, des 40 000 réfugiés afghans que nous avons promis d'accueillir, nous n'en avons accueilli jusqu'à présent que 8 580. Il y a donc lieu de s'inquiéter de cette procédure accélérée en ce qui concerne les visas puisque, de toute façon, cela ne s'est pas révélé particulièrement efficace jusqu'à présent, quelles qu'aient été les mesures déployées par ce gouvernement.
Pour ce qui est de la levée de l'exigence de visa, il semble y avoir une préoccupation de sécurité qui titille et agace ce gouvernement: il a peur que de méchants Russes puissent se glisser dans le lot. J'aurais tendance à répondre que ceux qui seront dans le lot ne seront pas sur place pour affronter les Ukrainiens, mais c'est une autre question.
Le gouvernement est bien préoccupé par cette question de sécurité. Pourtant, pas moins de 91 pays permettent aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens de franchir leurs frontières sans visa. J'imagine que ces 91 pays n'ont pas le même genre de préoccupations que le Canada en matière de sécurité.
Par ailleurs, le gouvernement nous a dit qu'il ne pouvait pas vraiment lever l'exigence de visa parce que cela prendrait 12 semaines pour adapter le système informatique d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. C'est le ministre d'IRCC lui‑même qui nous a dit cela. Peut‑être que s'il avait commencé dès le départ, on serait sur le point d'être en mesure de lever l'exigence de visa.
Je me permets de rappeler que l'Irlande, en temps normal, agit comme le Canada et n'autorise pas aux ressortissants ukrainiens l'entrée sur son territoire sans visa. Or l'Irlande a été en mesure de lever cette obligation en quelques heures, et non en quelques jours ou quelques semaines. Comment se fait‑il que l'Irlande soit capable en quelques heures de faire ce que le Canada semble ne pouvoir faire qu'en 12 semaines?
Plutôt que de travailler à la levée de l'exigence de visa, IRCC a travaillé très fort pendant des semaines à mettre en place le processus accéléré dont je viens de faire état. Peut‑être qu'il aurait dû se bouger un peu le popotin pour travailler immédiatement à la levée des visas? Je pense que c'est ce qu’il aurait été approprié de faire.
La sécurité semblant obnubiler ce gouvernement, nous avons proposé une autre formule. Ce dernier pensant qu'il est absolument nécessaire de faire passer des tests biométriques pour des motifs de sécurité, nous nous sommes demandé si nous ne pourrions pas éviter de demander ces tests là‑bas, amener les réfugiés au Canada rapidement et en sécurité, pour ensuite leur faire passer ces tests. Cela semble encore trop compliqué, cependant, puisque le gouvernement a là encore opposé une fin de non-recevoir à cette autre proposition de mon collègue de .
Le Bloc étant sans cesse en mode solution, nous avons proposé une passerelle humanitaire. Nous nous sommes dit que nous allions demander l'aide de compagnies aériennes canadiennes, qui ne demandent que cela. Pensons ici à Air Transat, qui a déjà levé la main et dit qu'elle était prête à envoyer des avions si le gouvernement du Canada en manifestait l'intérêt.
Or le nous a dit que son gouvernement cherche à noliser du transport aérien pour de l'aide médicale, sans toutefois passer par la flotte des Forces armées canadiennes. Air Transat a levé la main pour savoir ce que l'on attendait. On se demande où cela coince, mais on est encore en train de chercher la réponse. On peut arrêter de chercher la réponse, car Air Transat est prête à le faire. On le dit publiquement. On n'a pas encore compris qu’Air Transat est prête à le faire, mais je le donne en mille, gratuitement.
Cependant, on dirait que cela ne fonctionne pas de créer une passerelle humanitaire où l'on noliserait des avions vers la Pologne, afin de les remplir et de ramener des réfugiés ukrainiens qui pourraient rapidement trouver refuge et sécurité sur le territoire du Canada et sur celui du Québec.
J'imagine qu'on s'est demandé si l'on allait faire voler les avions à lège. Cela coûte cher. Ils vont se rendre là-bas vides et revenir au Canada avec du monde.
Mon collègue de a eu une idée brillante. Il a dit qu'il ne fallait pas les faire voler à lège, parce que le Congrès ukrainien canadien se démène actuellement comme un diable dans l'eau bénite pour ramasser des objets et des articles de première nécessité. Il y en a d'ailleurs des tonnes qui ont été amassées partout; ils ne savent plus où les mettre. C'est à eux qu'on demande de noliser des avions pour envoyer le matériel en Pologne et dans les autres pays limitrophes.
Remplissons ces avions, ces passerelles humanitaires, du matériel qui a été accumulé grâce à la générosité des Canadiennes et Canadiens et des Québécoises et Québécois. Remplissons ces avions, envoyons-les en Pologne et ne les faisons pas revenir à lège. Remplissons-les de réfugiés ukrainiens. Toutefois, cela semble encore trop compliqué. Cette autre proposition de mon collègue de s'est butée à une fin de non-recevoir.
Jusqu'à présent, le gouvernement canadien a fait la sourde oreille à la proposition de créer une passerelle humanitaire. Cette proposition me semble pourtant très raisonnable.
On ne perd rien pour attendre, car mon collègue de Lac-Saint-Jean est toujours à la recherche de propositions positives à faire. On peut être certain qu'il va continuer à faire des propositions au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Il ne se laisse pas démonter par l'indolence du gouvernement. J'ai eu l'occasion de placoter avec lui avant de venir ici, et je sais qu'il est à la recherche de nouvelles solutions, qu'il ne s'arrête pas à celles qui ont été proposées jusqu'à présent.
Je m'explique très mal le discours enflammé, voire courroucé, de notre collègue quant à la proposition des conservateurs. Somme toute, il s'agit d'une proposition assez raisonnable. Personnellement, j'y vois une main tendue de la part des conservateurs. De notre côté, nous ne cessons de tendre la main.
Comment voir un débat partisan dans une motion comme celle-là? Il faut vraiment être de mauvaise foi pour y voir un débat partisan et pour reprocher aux conservateurs d'avoir osé demander que ce rapport du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration soit adopté par la Chambre.
On y voit de l'hérésie, mais il n'y a pas d'hérésie là-dedans. J'ai lu les éléments de cette proposition. À moins que notre collègue dise qu'il ne veut pas condamner l'attaque injustifiée ou qu'il ne veut pas soutenir les Ukrainiens, on est obligé de comprendre que ce qui lui pose problème, c'est qu'on demande la levée des visas, malgré qu'on maintienne l'obligation d'une autorisation de voyage électronique, ce qui était un compromis, une formule de repli, de la part de mon collègue de Lac-Saint-Jean. Il refuse d'augmenter le personnel alloué au traitement de ces demandes. C'est là que se situe le problème du gouvernement. C'est ce qui explique le fait qu'il ait réagi de façon aussi enflammée et courroucée à cette proposition fort raisonnable des conservateurs. De notre côté, nous allons voter en faveur de cette proposition.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd’hui pour parler de cette motion d’adoption du rapport sur la grave situation de l’Ukraine. Mes concitoyens de Saskatoon-Ouest savent que je siège au comité de l’immigration de la Chambre des communes. Ce comité s’est concentré sur plusieurs questions importantes, mais surtout sur l’horrible guerre qui fait rage en Europe de l’Est et sur la crise humanitaire causée par l’invasion de l’Ukraine que Poutine a ordonnée sans qu’il y ait eu de provocation.
La motion dont nous débattons aujourd’hui est très simple. Le comité de l’immigration s’est réuni sous la direction de mon collègue, le ministre du cabinet fantôme conservateur en matière d’immigration, et a demandé au gouvernement d’accepter les Ukrainiens sans visa. C’est assez simple, n’est-ce pas? Malheureusement, tous les membres libéraux du comité ont voté contre cette motion. J’espère que les libéraux changeront d’avis et appuieront cette motion maintenant qu’elle a été déposée devant toute la Chambre des communes.
Cette motion découle du fait que, depuis le 15 août de l’année dernière, le gouvernement n’a pas réussi à aider les réfugiés afghans qui fuient les talibans. Nous ne voulons pas que ce qui s’est passé en Afghanistan se reproduise en Ukraine. Ces deux problèmes sont très étroitement liés alors, avant d’entrer dans les détails au sujet de l’Ukraine, je vais présenter le contexte de la situation de l’Afghanistan.
Aucun de nous à la Chambre n’a demandé aux talibans, en août dernier, d’anéantir le gouvernement légitime de l’Afghanistan lorsque Joe Biden en a retiré les derniers soldats américains. De même, aucun de nous à la Chambre n’a demandé à Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine et de se livrer à une guerre qui a créé le plus grand exode en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais voilà où nous en sommes.
Le Canada est l’un des pays les plus chanceux et les plus choyés de la planète. Il doit donc assumer son rôle et faire sa part. Si nous écoutons le gouvernement, il semblerait que la réponse du Canada, pour reprendre les mots de la , serait d’organiser des réunions. Nous envoyons quelques bazookas datant de la Deuxième Guerre mondiale et nous organisons des réunions en Ukraine. Évidemment que cette réponse semble très faible à côté de celle des libéraux face aux talibans, qui forment une organisation terroriste interdite au Canada et qui ont conquis Kaboul l’an dernier. Maryam Monsef, championne du Parti libéral pour les droits des femmes, appelait les talibans « nos frères ».
J’aimerais d’abord mettre en contexte notre débat sur l’Ukraine. Le contexte, c’est l’Afghanistan. Pendant que Kaboul tombait aux mains des talibans, notre a déclenché des élections par vanité, dans l’espoir d’obtenir la majorité qu’il recherchait pendant la pandémie. Ce jour-là, le monde était en crise, mais le premier ministre ne voyait rien d’autre que sa vaine image dans le miroir. Des milliers de membres des Forces canadiennes ont servi en Afghanistan entre 2001 et 2014, où 159 Canadiens et militaires ont perdu la vie. Ces femmes et ces hommes courageux se sont battus pour faire respecter les droits fondamentaux de la personne, notamment pour que les filles ne soient pas vendues comme esclaves sexuelles et puissent aller à l’école. Ils se sont également battus pour écarter la menace que les talibans faisaient planer sur la paix mondiale. Bien sûr, ce sont les talibans qui ont apporté un soutien matériel à Al‑Qaïda dans la planification et l’exécution de l’attaque du 11 septembre.
Profondément embarrassés, les libéraux ont promis de faire venir au Canada 40 000 réfugiés afghans, dont les gens qui ont aidé nos forces armées pendant qu’elles se trouvaient dans le pays, mais le programme conçu pour les faire venir au pays a été un échec lamentable. En huit mois, le programme a permis d’accueillir moins de 20 % des réfugiés admissibles, la plupart grâce au parrainage privé de réfugiés, et non pas grâce au processus boiteux et excessivement bureaucratique d’IRCC.
Hier soir, j’ai assisté à la séance du comité sur l’Afghanistan où j’ai entendu des histoires pénibles. Les talibans partisans de la ligne dure font reculer le pays des années en arrière. Ils interdisent aux filles de fréquenter l'école après la sixième année, et les femmes ne peuvent même pas prendre l’avion sans accompagnateur de sexe masculin, et pourtant, le Canada ne peut pas s’organiser.
Voici un exemple. Friba Rezayee, de l’organisme Women Leaders of Tomorrow, travaille avec des athlètes féminines d’élite. Elle connaît 15 athlètes afghanes qui ont reçu des bourses pour toutes leurs études dans des universités canadiennes de renom. Les libéraux leur ont refusé des visas d’étudiante parce qu’ils ont peur qu’elles restent au Canada à long terme. Les libéraux ne permettront pas aux athlètes féminines d’élite d’étudier au Canada parce qu’elles risquent de ne pas retourner vers un régime taliban régressif. Je vous garantis que nous ne verrons pas cette manchette aux nouvelles de Radio‑Canada.
Aujourd’hui, de nombreux nouveaux réfugiés potentiels se trouvent en Europe, en attente du feu vert d’IRCC et d’un billet d’avion, qui n’arrivent pas. En effet, la Grèce, la Crète et d’autres pays de l’Union européenne sont de plus en plus impatients face au Canada, car ils doivent loger et nourrir ces réfugiés qui sont censés venir au Canada.
En tant que député et ministre adjoint du cabinet fantôme en matière d'immigration, je suis plutôt chanceux d'avoir pu rencontrer de nombreux ambassadeurs, hauts-commissaires et consuls généraux d'autres pays pour discuter de la réponse du Canada à la crise des réfugiés. J'ai eu des discussions très fructueuses avec la consule générale du président Biden, le chef de mission adjoint de Boris Johnson à Ottawa, et l'ambassadeur de Belgique. J'ai aussi rencontré les hauts-commissaires de l'Inde, M. Ajay Bisaria, et du Bengladesh, le Dr Rahman, afin de discuter de ces sujets. Tous ces diplomates sont unanimes: il faut s'activer et faire venir ces réfugiés au Canada.
J'aimerais parler de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. Plus tôt ce mois-ci, notre comité, dirigé par les conservateurs et appuyé par les autres partis de l'opposition, a adopté cette motion demandant au gouvernement d'accorder une exemption de visa aux Ukrainiens qui fuient la machine de guerre de Poutine. Malheureusement, les membres libéraux ont voté contre cette motion, indiquant ainsi officiellement qu'ils sont contre l'idée de laisser les Ukrainiens venir au Canada. En effet, le député libéral de a résumé en ces mots l'opposition des libéraux à cette motion lors de la réunion du 1er mars du comité:
[...] les membres du Parti libéral qui sont préoccupés au sujet de la sécurité [...] [et] du fait que de mauvaises personnes pourraient venir au Canada si le visa n'est pas obligatoire.
Les choses vont mal se passer, alors pensez‑y et n'appuyez pas cette motion.
N'oublions pas qu'on parle de femmes et d'enfants. Les hommes ne sont même pas autorisés à quitter l'Ukraine.
Honnêtement, ce n’est que de la poudre aux yeux de la part du gouvernement afin de ralentir le processus et d’empêcher les gens d’entrer. Je le sais, car j’ai interrogé directement le sur les problèmes de sécurité des Ukrainiens qui viennent au Canada lorsqu’il a comparu devant le comité à la réunion suivante. Plus précisément, je lui ai demandé si les contrôles biométriques qui sont effectués à notre ambassade à Varsovie, en Pologne, allaient ajouter du temps de traitement aux demandes. Il m’a répondu que cela ne prenait que quelques jours et n’ajoutait qu’un temps négligeable au traitement des demandes des Ukrainiens. C’est tout simplement faux. En réalité, cela ajoute jusqu’à six semaines au processus.
La situation est si grave que le Toronto Star a rapporté que le premier ministre polonais a dû prendre à part les médias canadiens lors du voyage du en Pologne pour souligner sa frustration de voir que ces réfugiés n'étaient pas approuvés par notre ambassade à Varsovie. Lorsque le premier ministre polonais a besoin de se plaindre du piètre travail des libéraux, il est clair que quelque chose ne va pas.
La solution des conservateurs est simple: effectuer les contrôles de sécurité lorsque ces personnes arrivent au Canada. Ce sont des femmes et des enfants; le risque est très faible.
Qu’accomplirait la solution des conservateurs? D’abord et avant tout, elle permettrait aux personnes qui fuient la zone de guerre de venir au Canada de façon accélérée. À Saskatoon, lorsque je parle à des gens qui ont de la famille sur le terrain en Ukraine, en Pologne, en République tchèque, en Slovaquie ou ailleurs en Europe, ils me racontent qu’il y a des retards énormes dans les ambassades et les consulats canadiens pour obtenir des documents, et ces documents concernent les visas. Il s’agit d’obtenir ce que l’on appelle les données biométriques. En gros, il s’agit de prendre les empreintes digitales et de vérifier le casier judiciaire, mais à plus grande échelle et dans une base de données mondiale. Les conservateurs comprennent parfaitement la nécessité d’empêcher les personnes indésirables d’entrer au Canada. Cependant, nous pouvons effectuer ces vérifications criminelles au Canada. N’oublions pas que nous parlons de femmes et d’enfants. Le Canada peut faire mieux.
Jeudi dernier, le a comparu devant le comité de l’immigration. Je l’ai interrogé sur la dichotomie entre le traitement des Afghans et des Ukrainiens qui entrent au Canada. Je voulais savoir pourquoi seulement 9 500 des 40 000 réfugiés afghans promis sont arrivés au Canada après 8 mois. Je voulais savoir pourquoi il se vantait en plus d’avoir fait venir plus de 10 000 Ukrainiens blancs au Canada en seulement trois mois. Le ministre m’a répondu que la grande majorité des personnes qui veulent trouver refuge au Canada retourneront en fait en Ukraine. En ce qui concerne les Afghans, il a déclaré: « Il m’est très difficile d’admettre que la probabilité que les gens qui viennent ici puissent retourner chez eux n’existe tout simplement pas. »
Il pense que les Afghans resteront au Canada de façon permanente. En revanche, il est convaincu que les Ukrainiens blancs n’auront aucun problème à quitter le Canada le moment venu. Cela me stupéfie. Il a essentiellement admis ses propres préjugés systémiques pour ce qui est d'évaluer les gens en fonction de la couleur de leur peau.
Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué. Vendredi dernier, le Globe and Mail a consacré tout un reportage à mon échange avec le , dont voici l'analyse:
Les partis de l'opposition affirment que le programme d'immigration simplifié du gouvernement libéral à l'égard des Ukrainiens crée un système racialisé à deux vitesses, qui accorde la priorité aux immigrants ukrainiens par rapport aux réfugiés d'autres zones de conflit, comme l'Afghanistan [...]
[Le ministre de l'Immigration] a ajouté que le gouvernement avait opté pour des mesures d'immigration simplifiées à l'égard des Ukrainiens, plutôt que de concevoir un programme de réfugiés spécial, étant donné que des homologues européens et la communauté ukrainienne du Canada avaient indiqué que la plupart des Ukrainiens qui viennent au Canada voudraient tôt ou tard rentrer chez eux. Ce n'est pas le cas pour les réfugiés de l'Afghanistan, ajoute-t-il, d'où le besoin d'établir un programme de réfugiés.
J'assure les résidants de ma circonscription, Saskatoon-Ouest, de même que tous les Canadiens qu'ils peuvent lire entre les lignes pour comprendre que le brandit ni plus ni moins le drapeau blanc aux talibans, en affirmant que, contrairement aux Européens blancs, les Afghans n'ont pas de dynamisme, de volonté ni d'amour de leur patrie, où ils ne retourneraient pas si les conditions s'amélioraient.
Après avoir géré de nombreuses équipes au fil des ans, je sais que la vaste majorité des employés veulent faire du bon travail. Je suis certain que les employés dévoués du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté veulent que le Canada soit fier. Ils font de leur mieux, mais il y a des problèmes évidents. Les Afghans et les Ukrainiens sont embourbés dans cette bureaucratie et cette panoplie de règles qui empêchent des personnes irréprochables de venir au Canada. Ce type de problème est imputable aux dirigeants, en l'occurrence le et les hauts fonctionnaires. J'exhorte le ministre à se pencher sur la bureaucratie et à apporter des changements immédiats pour que les employés du ministère puissent faire leur travail et faire honneur au Canada.
Marcel, de Saskatoon-Ouest, m'a écrit au sujet de l'article publié dans le Globe and Mail. Je veux que les députés sachent ce que m'a dit ce résidant parce que ses propos sont liés au débat d'aujourd'hui. Je le cite: « Merci de soulever ce point [...] J'ai dit [...] pendant la campagne électorale qu'il était criminel de laisser les bureaucrates et les libéraux retarder l'arrivée au Canada d'Afghans qui avaient aidé les Forces canadiennes [...] Dans le journal d'aujourd'hui, on indique que la moitié des personnes dont le dossier a été approuvé ne sont pas encore arrivées au Canada. Nous devrions noliser des avions pour les amener ici, et remplir les formulaires après. Les membres actuels et passés des Forces armées sont en mesure d'identifier les personnes qui ont aidé les Canadiens. »
Marcel voulait souligner que les Afghans que nous essayons de faire sortir d'Afghanistan nous ont aidés au cours de cette guerre qui a duré deux décennies. Le Canada était en guerre à titre de membre de l'OTAN, et les États‑Unis ont invoqué l'article 5 sur la défense collective. Une attaque dirigée contre un membre de l'OTAN est considérée comme une attaque contre tous les membres de l'Alliance.
Vu ce qui se passe en Ukraine, les gens parlent beaucoup de l'OTAN et du rôle du Canada comme membre de cette organisation. Les résidants de Saskatoon-Ouest me demandent mon avis sur ce que le budget devrait prévoir dans le domaine de la défense. J'ai déposé un avis de motion à la Chambre la semaine dernière. Voici donc le contenu de la motion M‑55:
Que, étant donné la guerre d'agression en cours en Ukraine et la possibilité que cette guerre empiète sur le territoire défendu par l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait:
a) mettre au minimum dans le budget de 2022 l'exigence de l'OTAN concernant des investissements dans les dépenses militaires correspondant à 2 % du produit intérieur brut (PIB) afin d'harmoniser le budget du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes (FAC) avec les exigences de l'OTAN;
b) injecter ces fonds dans l'expansion des capacités de combat du Canada;
c) autoriser les ministères des Travaux publics et des Services gouvernementaux et de la Défense nationale à faire de toute urgence l'acquisition d'immobilisations pour les FAC, en invoquant des motifs de sécurité nationale et en s'affranchissant du fardeau administratif;
d) conclure immédiatement un accord avec les États-Unis d'Amérique concernant l'utilisation du territoire canadien pour le déploiement de leur système de missiles balistiques, ainsi que la fourniture du financement et du personnel opérationnel nécessaires à l'exploitation d'un tel système sur son territoire.
La première et la deuxième partie de la motion sont assez simples. La semaine dernière, lors de la visite du à Bruxelles, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré aux journalistes que les pays membres de l’OTAN avaient jusqu’en juin pour lui présenter leurs plans en vue de consacrer au moins 2 % de leur PIB à des dépenses de défense, comme cette organisation l’exige. La a immédiatement quitté cette réunion et a refusé. Le partenaire de coalition du gouvernement, le NPD, a déclaré qu’il mettrait son veto à toute augmentation des dépenses de défense. Il semble donc que le Canada manquera une fois de plus cette cible.
La troisième partie de la motion vise à réduire les formalités administratives et à autoriser l’achat d’équipement militaire pour des raisons de sécurité nationale. Il s’agit de quelque chose qui ne s’est pas produit depuis le gouvernement Harper. Lorsque le Canada avait besoin de chars d’assaut ou de nouveaux avions de transport lourd pour la guerre en Afghanistan, ce gouvernement invoquait la clause de sécurité nationale et l’équipement arrivait en quelques mois. Aujourd’hui, lorsque nous regardons ce que nous pouvons fournir en soutien à la guerre en Ukraine, nous n’avons pas grand-chose. Notre armoire militaire est presque vide.
Lorsque les gouvernements canadiens achètent des hélicoptères, des avions de chasse ou de nouveaux navires de guerre, cela prend des décennies. Le processus pour faire construire de nouvelles frégates a commencé au début des années 2000, et leur construction n’a pas encore commencé. Le processus d’achat des avions de chasse a commencé à la même époque, et ce n’est qu’hier que le gouvernement a annoncé qu’il allait entamer le processus d’achat des avions que Harper proposait d’acheter en 2006. Qu’en est-il de ces hélicoptères? Oui, ce sont ceux que Brian Mulroney avait commandés dans les années 1980 et qui ont été annulés par Jean Chrétien. Ils ont ensuite été commandés à nouveau et sont finalement arrivés il y a quelques années seulement. Malheureusement, tous ces hélicoptères sont hors d’usage en raison de fissures dans leur structure, mais cela exemplifie le système d’approvisionnement militaire du gouvernement.
La dernière partie de la motion porte sur l’adhésion du Canada au système de défense antimissile balistique des États-Unis. Les députés savent-ils que le Canada est le seul pays de l’OTAN qui n’est pas protégé contre une attaque nucléaire russe? La technologie utilisée dans ce système a fait ses preuves pour ce qui est d’abattre les missiles balistiques intercontinentaux en approche. Il n’attraperait pas toutes les ogives nucléaires, mais il limiterait certainement les dégâts. Pourquoi le Canada n’y adhère-t-il pas? Les Américains étaient prêts à payer et à s’occuper du système après tout, et tout ce que nous avions à faire était de leur permettre d’installer quelques stations sur notre territoire dans l’Arctique. Cependant, en 2005, sous la direction du gouvernement libéral de Paul Martin, le Canada a dit au président Bush qu’il pensait que Poutine était un bon gars et que ce dernier ne ferait jamais de mal à une mouche. Ce que je propose, c’est que nous recontactions les Américains, que nous leur disions que le Canada a fait une erreur et que si nous devons payer et équiper les stations dans l’Arctique, pour conclure un véritable partenariat avec les États-Unis, nous le ferons.
Même avec la guerre en Ukraine, je ne me fais pas d’illusions sur la probabilité que le gouvernement néo-démocrate—libéral appuie cette motion. Je veux toutefois que les gens de Saskatoon-Ouest sachent que je présente ces idées pour eux.
La diaspora ukrainienne de Saskatoon est l’une des plus importantes au monde. Après l’Ukraine et la Russie, les Prairies canadiennes accueillent la troisième population ukrainienne en importance au monde. J’ai grandi derrière le rideau de l’ail, à Yorkton, en Saskatchewan. La région de Yorkton compte une importante population ukrainienne, c’est d’ailleurs pour cette raison que je pensais que l’ail était un des groupes alimentaires. J’ai très bien mangé à Yorkton, du bortsch, des pirojkis, des holopchis.
J’ai récemment découvert que mes propres ancêtres avaient un lien avec l’Ukraine. Je suis de descendance mennonite. Mes ancêtres mennonites sont originaires des Pays‑Bas et ils se sont ensuite établis en Prusse, avant d’être attirés vers la Russie par Catherine la Grande. Comme ils étaient reconnus comme d’excellents agriculteurs, elle leur a offert la liberté en échange de leur travail sur de vastes fermes. Mon grand-père a toujours dit qu’il était Russe et qu’il était né Schönfeld, en Russie. J’ai toutefois découvert récemment qu’il est né en Ukraine. Son lieu de naissance, dans ce qui était à l’époque la Russie, se trouvait tout près de Zaporijia, au cœur de l’actuelle zone de combat dans le Sud de l’Ukraine. J’ai finalement compris pourquoi j’adore la cuisine ukrainienne et le peuple ukrainien.
De nombreux Ukrainiens vivent aussi à Saskatoon-Ouest. Leurs familles sont arrivées ici au début de la colonisation de notre province et le gouvernement leur a offert des terres à cultiver. D’autres ont des grands-parents ou des parents qui ont trouvé refuge au Canada durant l’Holodomor, l’holocauste de Staline, et la grande famine qui a frappé le peuple ukrainien. Beaucoup d’Ukrainiens immigrent encore aujourd’hui. La langue ukrainienne est très vivante à Saskatoon.
Ces dernières années, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux concitoyens d’origine ukrainienne et de discuter avec eux de questions qui intéressent tous les Canadiens. Nous parlons d’impôts et des dépenses du gouvernement. En ce moment, l’inflation est un sujet très chaud. Nous parlons aussi des soins de santé, de la pandémie, de la criminalité et de bien d’autres enjeux. Ce n’est que récemment, cependant, que nous avons commencé à parler de leur pays d’origine et des liens qu'ils entretiennent avec lui. Il est déchirant d’entendre les histoires qu’ils nous transmettent des lignes de front. Par contre, il est réconfortant de savoir que bon nombre d’entre eux sont prêts à tout faire pour soutenir l’Ukraine dans cette guerre d’agression de Poutine. Même à Saskatoon, j’ai parlé à de jeunes hommes qui étaient impatients de trouver un vol vers l’Ukraine pour aller y combattre Poutine.
Oleksandr, un résidant de ma circonscription, m’a écrit ceci: « Bonjour Brad, je suis un immigrant ukrainien et je vis à Saskatoon depuis 2006... Je serais heureux de vous rencontrer, même si je ne suis qu’un compagnon soudeur ici au Canada, et un ancien ingénieur ukrainien. Je réside à Saskatoon. Comme je ne suis pas une figure dirigeante dans la communauté ni rien du genre, vous n’avez pas vraiment besoin de moi, si ce n’est que pour avoir des nouvelles de cette ridicule attaque vicieuse contre l’Ukraine. »
Dans sa lettre, Oleksandr me disait qu’il voulait envoyer de l'argent à sa famille, mais qu’il ne peut pas le faire à cause des politiques du gouvernement libéral à Ottawa. Voilà un autre exemple qui démontre que les libéraux font passer la bureaucratie avant les Ukrainiens. Je vais dire à Oleksandr et à tous les résidants de ma circonscription que je vais continuer à me battre pour eux contre ce gouvernement libéral incompétent afin que les préoccupations des Ukrainiens soient entendues.
Je ne sais pas ce que l’avenir réserve à l’Ukraine et à l’Afghanistan. Dans les deux cas, je crains que ce ne soient pas de bonnes nouvelles. La démocratie et les droits de la personne seront peut-être rétablis dans ces deux pays, mais le coût humain sera élevé.
Quelle est la responsabilité du Canada pour assurer la paix? Nous avons fait la guerre en Afghanistan et beaucoup de sang canadien a été versé et beaucoup d'argent a été dépensé. En Ukraine, les enjeux sont encore plus élevés. Selon les rapports, le nombre quotidien de victimes militaires est supérieur au nombre de pertes infligées par les guerres en Irak et en Afghanistan aux États-Unis et à l'OTAN en deux décennies. Les belligérants que sont la Russie et la Biélorussie ont une frontière directe avec des pays membres de l’OTAN, tandis que les lignes d’approvisionnement en matériel militaire de l’OTAN en Ukraine sont devenues des cibles d’attaque légitimes. Le président Biden a déclaré ce qui suit: « Un conflit direct entre l’OTAN et la Russie, c’est la troisième guerre mondiale, et nous devons nous efforcer de l’empêcher ». Ce sont des mots qui font peur, c’est sûr.
Je me permets de terminer par ces paroles inspirantes du président ukrainien Zelensky lorsqu’il s’est adressé au Parlement ici il y a deux semaines: « Nous ne demandons pas grand-chose. Nous demandons justice et une aide concrète qui nous aidera à l'emporter, à nous défendre, à sauver des vies partout dans le monde. Je vous prie d'accroître vos efforts afin de rétablir la paix dans notre pays pacifique. Je crois, je suis persuadé que vous en êtes capables. »
Ces paroles sont une source d’inspiration. Prenons-les en compte. Paix à l’Ukraine. Slava Ukraini.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Je tiens à donner d’abord à tous les députés une idée de ce que le conflit en Ukraine signifie pour les habitants d'Edmonton Strathcona.
Comme beaucoup le savent, l’Alberta est la patrie de nombreux Canadiens d’origine ukrainienne qui ont choisi de s’installer dans notre pays. Edmonton Strathcona abrite de nombreux Ukrainiens incroyables ainsi que de nombreux Canadiens qui ne sont pas d’origine ukrainienne, mais qui veulent désespérément aider le peuple ukrainien en ce moment et qui ressentent un lien profond avec lui.
Nous avons entendu à maintes reprises à la Chambre que les Canadiens ont une relation spéciale avec les Ukrainiens. Plus de personnes originaires d’Ukraine se sont installées dans notre pays que partout ailleurs en dehors de l’Ukraine et de la Russie. J’en ai vu les retombées dans ma ville au cours des dernières semaines. Je l’ai vu dans l’engagement de toutes sortes d’Edmontoniens à aider l’Ukraine. Dans un salon de tatouage de ma circonscription, si quelqu’un se fait tatouer, le salon fait un don pour l’Ukraine. Dans un magasin de jardinage, si quelqu’un achète une plante, un don est fait pour soutenir les Ukrainiens.
Le soutien que nous avons vu est sans précédent. Je suis très fière de deux Albertains: l’ancien premier ministre Ed Stelmach et l’ancien député provincial Thomas Lukaszuk, qui ont affrété un avion de la Polish Airlines pour se rendre en Pologne afin d'aider les réfugiés ukrainiens fuyant la violence à venir ici. Les efforts que des Albertains ont déployés pour aider le peuple ukrainien me font chaud au cœur.
Nous sommes tous horrifiés par les crimes de guerre commis par Vladimir Poutine, des crimes contre l’humanité qui sont commis contre les Ukrainiens sans qu’ils y soient pour quoi que ce soit, mais je pense qu’il importe que nous prenions un moment, ici, pour reconnaître la bonté, la générosité et la beauté des Canadiens dans leurs efforts pour soutenir l’Ukraine et les Ukrainiens.
Je peux dire aussi qu’en tant que parlementaires et que gouvernement, nous devons faire tout en notre pouvoir pour aider le peuple ukrainien en ce moment. Le 24 février dernier, le monde a changé. Nous devons y réagir. Le Nouveau Parti démocratique a réclamé diverses mesures, dont de l’aide humanitaire. J’ai demandé une aide humanitaire immédiate et à long terme parce que nous devrons aider l’Ukraine à se reconstruire lorsque ce conflit sera enfin terminé. Nous avons demandé que des sanctions complètes soient dûment appliquées et que nous fassions tout en notre pouvoir, dès que possible, pour que Poutine ressente la douleur des actions qu’il a entreprises. Nous avons parlé de la nécessité pour nous, en tant que Canadiens, de donner aux Ukrainiens les outils dont ils ont besoin pour se défendre. Nous devons les aider alors qu’ils essaient de protéger leur pays souverain.
Ce dont il est davantage question aujourd’hui, c’est de la nécessité d’aider les Ukrainiens à venir au Canada. Nous devons aider les Ukrainiens à fuir la violence qui sévit dans leur pays. On n’a cessé de répéter aujourd’hui que les gens qui fuient l’Ukraine en ce moment sont des aînés, des femmes et des enfants. Il y a quelques semaines, j’ai pu me rendre à la frontière polonaise où j’ai rencontré des aînés, des femmes et des enfants fuyant la violence en Ukraine. Mes collègues ne seront pas surpris de m’entendre dire que c’était bouleversant. C’était terrible de les entendre raconter ce que subissait le peuple ukrainien.
J’ai un fils de 14 ans. J’ai déjà parlé de cela, mais je tiens à relater à mes collègues de la Chambre ma rencontre avec un jeune garçon de 11 ans. Il était là, avec ses deux sœurs cadettes et sa mère. Il essayait d’expliquer dans un anglais laborieux et avec un peu d’aide pour traduire ses propos qu’il allait maintenant devoir s’occuper de sa famille parce que son père lui avait dit que c’était maintenant lui le chef de famille et qu’il devait s’occuper de sa mère et de ses sœurs.
Il avait 11 ans et il tenait son animal en peluche contre lui. J’ai du mal à ne pas pleurer quand je pense à tout cela, quand je pense à ce que serait la vie de mon fils s’il devait s’occuper de sa famille sans avoir les outils nécessaires pour le faire, ni aucune aide de la communauté internationale pour y arriver.
Nous savons qu’il faut autoriser les déplacements sans visa. Nous savons qu’il faut faire tout ce qui est possible pour aider les Ukrainiens qui fuient la violence en ce moment. L’autorisation de voyager sans visa est l’une des mesures importantes.
En 2018, ma prédécesseure dans la circonscription d’Edmonton Strathcona, Linda Duncan, a demandé au gouvernement d’exempter les Ukrainiens de l’obligation d’avoir un visa. Je demande à tous les députés ici présents de réfléchir à ce qui se passerait pour les gens qui essaient de fuir la violence en Ukraine si le gouvernement avait écouté le Nouveau Parti démocratique, en 2018, et mis en place une exemption de visa pour nos chers amis ukrainiens. Nous ne serions pas en train de discuter de biométrie. Nous ne serions pas obligés de dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Nous serions en mesure d’aider, plus rapidement et plus efficacement, les femmes, les enfants et les aînés de l’Ukraine à venir au Canada dès maintenant. Malheureusement, nous ne l’avons pas fait. Comme nous ne l’avons pas fait en 2018, nous devons le faire maintenant. Nous devons faire maintenant ce que nous aurions dû faire avant. Nous devons agir plus rapidement. Nous devons en faire plus.
Nous avons une autre chose à faire pour ces Ukrainiens traumatisés par la guerre qui ont fui leur pays et qui n’auraient jamais dû être témoins de tant d’horreurs, pour ces familles qui ont laissé des pères, des maris et des frères sans savoir si elles les reverront un jour. Nous devons les soutenir quand ils arrivent chez nous.
Ces réfugiés ukrainiens n’ont pas accès aux soins de santé de notre pays. Jusqu’à maintenant, la Pologne a accepté 2,3 millions de réfugiés. La Pologne n’a pas la taille ni la capacité financière du Canada. Elle a accepté beaucoup plus de réfugiés que le Canada, et elle fournit les ressources nécessaires pour les soigner. Je vais répéter cela. La Pologne a accueilli 2,3 millions de réfugiés ukrainiens et elle leur offre des soins de santé de base. Le Canada ne le fait pas. Le Canada empêche les Ukrainiens de venir, il ne les protège pas et ne leur fournit pas le soutien qu’il leur faut quand ils arrivent au pays.
C’est honteux. Cela ne reflète pas nos relations avec l’Ukraine. Cela ne correspond pas aux paroles du , qui dit que nous faisons tout ce que nous pouvons pour l’Ukraine. De toute évidence, nous ne faisons pas tout ce que nous pouvons pour l’Ukraine. De toute évidence, nous pourrions en faire beaucoup plus.
Je pose la question suivante à tous mes collègues du gouvernement et de l’opposition: ne pourrions-nous pas travailler ensemble? Ne pourrions-nous pas trouver des solutions pour aider le peuple de l’Ukraine, pour aider les Ukrainiens qui fuient la violence, pour aider les Afghans qui fuient la violence et pour aider les gens de tous les pays du monde qui ont besoin de l’aide du Canada en ce moment? Ne pourrions-nous pas travailler ensemble pour édifier le Canada que nous désirons, un pays qui protège les droits de la personne, qui protège la vie des gens et qui les aide à s’installer ici pour apporter leur contribution à notre société?
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Madame la Présidente, je suis très heureuse de participer à ce débat aujourd’hui.
Comme nous le savons, la situation en Ukraine est épouvantable. Cette guerre illégale et gratuite que M. Poutine livre à l’Ukraine choque le monde, et nous sommes tous unis dans notre soutien à l’Ukraine.
La question est de savoir ce que nous pouvons faire depuis le Canada et ce que nous faisons pour aider les Ukrainiens. Je dirai que le gouvernement essaie de faire quelque chose, mais les mesures qu’il propose soulèvent beaucoup de questions.
La question que la députée d’ a posée est, en fait, une question que les néo-démocrates posaient déjà en 2018. À l’époque, nous avions demandé au gouvernement de faire en sorte qu’il y ait une exemption de visa pour l’Ukraine. Le gouvernement a ignoré cette recommandation et n’a rien fait à ce sujet, et nous voilà dans cette situation. Imaginez un instant que la mesure ait été prise ou même que le gouvernement ait pris le temps de la mettre en œuvre maintenant, dès janvier, quand le a déclaré que le gouvernement allait de l’avant avec des mesures en matière d’immigration pour accélérer la venue d’Ukrainiens au Canada. Même s’il l’avait fait alors, début janvier, nous aurions pratiquement une exemption de visa pour l’Ukraine, mais il ne l’a pas fait.
Je demande instamment au gouvernement de mettre en place dans les meilleurs délais une exemption de visa pour l’Ukraine. Elle est indispensable, même avec les mesures spéciales actuellement en place en matière d’immigration.
Je dirai quelques mots sur les mesures spéciales actuellement en place en matière d’immigration. Je m’en suis réjouie quand le gouvernement les a annoncées, même si j’avais des propositions pour les améliorer et quelques questions sur leur mise en œuvre. Voilà ce qui se passe en réalité: comme prévu, les exigences causent retard sur retard.
J’ai reçu tout à l’heure un courriel d’un concitoyen qui essaie de faire venir au Canada sa mère âgée de 82 ans. Il est allé la retrouver en Pologne. Elle a pris toute seule un autocar pour quitter l’Ukraine pour la Pologne, et ils y sont coincés depuis. Ils sont allés sur le portail pour faire une demande et ils n’ont pas pu indiquer dans le processus que sa mère a ce qu’on appelle un passeport intérieur. Il s’agit d’une pièce d’identité plus ancienne qui est plus ou moins l’équivalent de la carte de citoyenneté canadienne. Elle a 82 ans. Les députés se doutent bien que le document n’est pas récent et qu’en fait, il est même très vieux. Or, le portail ne reconnaît pas du tout les titulaires de passeports intérieurs, même si le site Web du gouvernement dit qu’il reconnaîtra d’autres pièces d’identité nationales.
Mon concitoyen a ensuite envoyé un formulaire en ligne, composé le numéro d’appel d’urgence et contacté notre bureau. On lui a dit de ne pas s’inquiéter parce que la demande serait traitée et que, si sa mère était admissible, elle recevrait un titre de voyage à usage unique. On lui a aussi dit de ne pas s’inquiéter parce que les données biométriques seraient incluses dans ce processus.
Sans surprise, je viens de recevoir un courriel où il me dit qu’IRCC leur demande de se procurer un passeport pour les voyages internationaux. Que se passe-t-il? On vient de leur dire de ne pas s’inquiéter et que d’ici deux semaines, ils obtiendraient un titre de voyage à usage unique comportant les données biométriques. Maintenant, on leur dit qu’ils doivent demander un passeport. Soit dit en passant, les files d’attente dans les centres de collecte des données biométriques sont tellement longues que les gens n’arrivent même pas à prendre rendez-vous. Le traitement prend plus d’un mois. Telle est la réalité à laquelle les gens font face.
Je comprends que le gouvernement dise que c’est tout nouveau, qu’il tâtonne encore et qu’il fait de son mieux, mais hélas, ce n’est pas suffisant. Il y a des vies en jeu. Ces personnes ont désespérément besoin que le gouvernement fasse correctement les choses. C’est ce que nous devons faire et je suis tout à fait disposée à collaborer avec le gouvernement à cet égard.
J’ai écrit au ministre pour attirer son attention sur ces problèmes. Je lui en ai parlé pendant la période des questions. Il a dit qu’il allait s’en occuper, qu’ils allaient faire les choses correctement. Pourquoi ne pas faire en sorte que le portail dirige automatiquement les titulaires de vieux passeports internes vers la page où elles peuvent demander un titre de voyage à usage unique? Pourquoi ne pas avoir un espace qui reconnaît les pièces d’identité internes? La plupart des personnes qui souhaitent trouver un refuge sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Le gouvernement doit simplifier le processus pour qu’elles puissent se mettre en sécurité. Il doit régler ces problèmes. Voilà ce qu’il faut faire.
Je tiens aussi à dire quelques mots sur ce qui se passe quand les personnes sont arrivées d’Ukraine. Le Congrès ukrainien canadien, ainsi que plus de 500 organismes offrant des services aux immigrants dans l’ensemble du pays, demandent au gouvernement de fournir aux Ukrainiens des services de soutien et de réinstallation. C’est très bien de leur donner un permis de travail, mais tout le monde ne peut pas travailler. C’est très bien de leur donner un permis d’études, mais tout le monde n’étudiera pas.
Ils doivent survivre une fois ici. Autrement dit, il leur faut de l'aide en matière de soins de santé, de garderie et de logement, de même qu’un soutien financier, et ainsi de suite. Je m’associe au Congrès ukrainien canadien et à plus de 500 organismes offrant des services aux immigrants dans l’ensemble du pays pour demander au gouvernement de fournir précisément ces services afin d’aider les Ukrainiens ici, au Canada, pendant cette période très difficile.
Je sais que les députés ministériels diront qu’ils le font, qu’ils essaient de négocier avec les provinces et ainsi de suite. Pourquoi ne pas garantir un accès immédiat à des soins de santé en utilisant le Programme fédéral de santé intérimaire? Nous le faisons pour les réfugiés. Nous devrions le faire pour les Ukrainiens. Le ministre est habilité à l’autoriser dès maintenant.
J’aimerais aussi ajouter, à l’intention des Ukrainiens qui souffrent, que les Canadiens veulent les aider. Je suis certaine que tous les députés reçoivent quantité de messages de Canadiens qui veulent aider, qui offrent un logement, de l’aide, par exemple. Le gouvernement doit mettre en place un système coordonné pour canaliser la bienveillance et le soutien des Canadiens. Je propose de créer une ligne téléphonique que les citoyens appelleront pour dire qu’ils ont une maison à Vancouver, à Saskatoon ou ailleurs et qu’ils peuvent héberger des personnes.
Il y a des personnes qui veulent employer des Ukrainiens, qui disent qu’elles ont des offres d’emploi pour eux, mais qu’elles ne savent pas à qui s’adresser. Il n’y a pas d’endroit où afficher ces renseignements. Le gouvernement devrait créer un système pour que les citoyens puissent s’inscrire et indiquer leur disponibilité, afin de mettre leur bienveillance et leur soutien humanitaire à contribution, au lieu de les laisser se débrouiller tant bien que mal comme ils le font maintenant.
Nous pouvons aussi utiliser les organismes à but non lucratif et leur implantation sur le terrain et les aider à coordonner cet effort, mais ils ne peuvent pas le faire sans l’appui du gouvernement. Nous en avons parlé au ministre. Il a dit qu’ils y travaillaient. J’espère que le gouvernement agira vraiment.
Je tiens aussi à soulever le point suivant: le ministre a annoncé qu’il autoriserait le parrainage de la famille élargie pour les Ukrainiens, mais je ne vois rien sur le site Web du gouvernement et c’est le silence radio depuis cette annonce. Où en est-on avec cette mesure? J’étais à une réunion le week-end dernier dans une église où nous avons prié pour les Ukrainiens et leur avons envoyé force et soutien, et les personnes présentes m’ont demandé où en était cette mesure et si le gouvernement l’avait annoncée. Ils veulent parrainer leur cousin, leur nièce, leur neveu ou quelqu’un d’autre qu’ils souhaitent faire venir ici. Pour l’instant, rien ne se passe. Voilà encore une mesure que nous devons mettre en place.
Le programme de parrainage de la famille élargie fonctionne. Le gouvernement n’a pas à attendre pour voir ce qu’il donne. J’en suis un produit. Ma famille a immigré au Canada dans le cadre d’un parrainage de la famille élargie. Ma tante nous a parrainés pour nous faire venir au Canada en 1976. Le programme marche. Nous pouvons l’activer pour les Ukrainiens.
Je dirai pour conclure que le gouvernement doit aussi élargir les mesures spéciales en matière d’immigration aux Afghans et aux personnes qui se trouvent dans d’autres régions en conflit.
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Madame la Présidente, j’aimerais intervenir dans le débat sur le rapport du comité de la citoyenneté et de l’immigration.
Essentiellement, le rapport fait trois choses. Il condamne l’attaque injustifiée et non provoquée du président Poutine et de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Il demande au gouvernement de soutenir les Ukrainiens et les personnes résidant en Ukraine qui sont touchés par ce conflit, afin de s’assurer qu’il existe un processus permettant de traiter les demandes d’immigration de façon urgente sans sacrifier la capacité du ministère à traiter d’autres demandes. Enfin, le rapport demande au gouvernement de permettre aux Ukrainiens de venir au Canada sans visa, notamment en délivrant des autorisations de voyage électroniques, et d'augmenter les ressources en personnel, afin qu’il n’y ait pas d’arriérés supplémentaires dans les autres volets d’immigration.
J’appuie ce rapport parce que, depuis un certain temps, nous demandons au gouvernement de lever l'obligation d'avoir un visa pour voyager de l'Ukraine au Canada. En fait, nous lançons cet appel depuis plus d’un an. Il est semblable à d’autres appels que nous avons lancés au gouvernement pour aider l’Ukraine et les Ukrainiens au cours de l’année dernière. Depuis quelque temps, nous demandons au gouvernement de fournir des armes létales à l’Ukraine, ce à quoi il résistait jusqu’à récemment. Nous avons lancé cet appel il y a plus d’un an, demandant au gouvernement de venir en aide à l’Ukraine, car nous anticipions certaines des menaces que la Fédération de Russie fait maintenant peser sur l’Ukraine.
Jusqu’au 14 février, le jour même où le gouvernement a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence, il s’est opposé à la demande d’exemption de visa et à la demande de fournir des armes létales à l’Ukraine. En fait, il a déclaré qu’en ce qui concerne la fourniture d’armes létales à l’Ukraine, la solution serait diplomatique et non militaire. Le 14 février, le jour même où il a annoncé le recours à la Loi sur les mesures d’urgence, il a fait volte-face par rapport à sa politique de ne pas fournir d’armes létales à l’Ukraine et a annoncé que le gouvernement fournirait en fait à l’Ukraine pour environ 9 millions de dollars d'armes létales. Cependant, il n’a pas fait marche arrière en ce qui concerne notre demande de longue date de mettre en place un régime d’exemption de visa pour l’Ukraine.
C’est pourquoi ce rapport a été présenté à la Chambre. C’est parce que le gouvernement n’a toujours pas abordé le problème de la crise humanitaire qui se déroule en Ukraine. Il n’en a pas encore fait assez pour s’assurer que le Canada apporte sa contribution à l'aide aux Ukrainiens, tant en Ukraine que dans l’Union européenne. L’Ukraine est un pays de quelque 45 millions d’habitants. Environ un quart du pays est maintenant déplacé. Plus de 10 millions d’Ukrainiens ont été forcés de quitter leur foyer. Certains d’entre eux sont maintenant des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Quelque 7 millions d’entre eux sont maintenant en Ukraine, sans être chez eux, fuyant les bombardements aveugles de zones civiles par la Fédération de Russie. Trois millions d’autres Ukrainiens ont fui l’Ukraine pour se rendre dans l’Union européenne.
À notre avis, ce sont ces Ukrainiens qui ont fui que le Canada peut mieux aider. Actuellement, le fardeau pèse de façon disproportionnée sur les États membres de l’Union européenne, en particulier sur les États membres de ses régions orientales, comme la Pologne, la Hongrie et les pays baltes.
Le gouvernement du Canada a déclaré qu’il traite les demandes de visa des Ukrainiens, mais le problème tient au fait qu’il y a des arriérés et de longs délais pour demander un visa afin de venir au Canada. En fait, on nous signale qu’il faut jusqu’à quatre mois pour prendre un rendez-vous afin d’obtenir les analyses biométriques qui permettront d’entamer le processus de demande de visa. Les Ukrainiens d’Europe de l’Est qui ont de la famille ici capable de s’occuper d’eux ont demandé ces visas pour venir au Canada, mais, selon les sites Web, il faudra jusqu’à quatre mois avant qu’ils puissent obtenir l’analyse biométrique qui permettra de traiter leur demande de visa. Une fois l’analyse biométrique effectuée, qui sait combien de temps le ministère prendra encore pour traiter leurs demandes de visa?
Ces délais sont inacceptables. Le gouvernement a eu le temps de corriger ce processus et de faire en sorte que les données biométriques soient recueillies plus rapidement et que les demandes soient traitées plus rapidement.
Nous avons présenté cette motion à la Chambre aujourd’hui pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il corrige ce processus déficient, une demande qui ne devrait pas surprendre le gouvernement, car le problème dure depuis un certain temps. Nous l’avons constaté pas plus tard qu’en août dernier, lorsque nous avons vécu un problème similaire, à la honte de notre pays, en Afghanistan.
Au cours des mois qui ont précédé la chute de Kaboul, le 15 août dernier, l’opposition a demandé au gouvernement de prendre rapidement des mesures pour faire venir au Canada des Afghans ayant un lien durable avec le Canada, afin de les protéger contre les attaques et les meurtres aux mains des talibans. Nous avons lancé cet appel dans une déclaration publiée au début de juillet dernier, plus d’un mois avant la chute de Kaboul. Le chef de l’opposition officielle de l’époque a répété cet appel dans une lettre rendue publique, demandant au , à la fin du mois de juillet, de prendre rapidement des mesures pour aider les Afghans vulnérables aux attaques des talibans et les Afghans qui ont un lien durable avec le Canada.
Il s’agit d’Afghans qui ont aidé les soldats canadiens sur le terrain pendant la guerre en Afghanistan, l’une de nos missions les plus importantes des deux dernières décennies. Il s’agit de ceux qui ont servi d’interprètes, de conseillers et d’autres experts locaux sur le terrain qui ont aidé les soldats canadiens sur place et qui ont sans doute sauvé d’innombrables vies canadiennes. Sans leur savoir-faire, les soldats canadiens auraient opéré dans un environnement beaucoup plus dangereux et beaucoup moins riche en informations.
Nous avons lancé ces appels à l’approche de la chute de Kaboul, le 15 août, parce qu’il était évident, d’après les reportages quotidiens publiés par les journalistes sur le terrain de journaux réputés comme le New York Times, le Wall Street Journal et le Guardian, que les talibans gagnaient du terrain assez rapidement au cours des six premiers mois de l’année dernière. Il était évident que le gouvernement afghan n’était pas en mesure de freiner l’avancée des talibans et il était évident que Kaboul allait tomber beaucoup plus tôt que ce que beaucoup de gens avaient prévu lorsque le président Biden a confirmé le retrait des États‑Unis de l’Afghanistan au début de l’année dernière.
Malgré ces appels, le gouvernement n’a rien fait. Il aurait pu évacuer facilement les quelque 6 000 ou 7 000 Afghans que nous devions évacuer. Ces 6 000 ou 7 000 Afghans comprenaient environ 1 000 Afghans qui ont servi d’interprètes, de conseillers et d’experts locaux pour les soldats canadiens dans la guerre en Afghanistan, ainsi que leurs familles. Les familles afghanes peuvent souvent être assez nombreuses; il y avait donc environ 6 000 ou 7 000 personnes que nous devions évacuer et que nous avions le devoir d’évacuer parce qu’elles avaient mis leur vie en danger pour protéger les soldats canadiens et les aider sur le terrain et parce qu’elles croyaient en la mission dans laquelle nous nous étions engagés. J’ajouterai que cette mission a été entreprise par le gouvernement libéral de Paul Martin, en 2005, et qu’elle a été poursuivie par le gouvernement Harper à son arrivée au pouvoir, en février 2006. Cependant, malgré ces appels, le gouvernement n’a rien fait.
Le gouvernement aurait pu évacuer facilement ces 6 000 à 7 000 personnes sur des vols Globemaster. Ce sont d’immenses avions qui peuvent aisément transporter de 400 à 500 personnes. En fait, pendant le chaos de la chute de l’Afghanistan, le 15 août, et dans les jours qui ont suivi, un Globemaster aurait décollé de l’aéroport international Hamid Karzaï avec quelque 850 personnes à bord. Nous aurions pu évacuer ces 6 000 ou 7 000 Afghans à qui nous devons une dette de gratitude, que nous avons le devoir d’honorer, à bord d’une douzaine de vols Globemaster canadiens de manière organisée au cours des semaines de juillet et du début d’août, avant la chute de Kaboul. Au lieu de cela, le gouvernement n'a rien fait.
Le gouvernement s’est alors mis à paniquer en essayant de faire quelque chose à ce moment-là. Je pense que nous sommes maintenant dans exactement la même situation avec la crise en Ukraine. Le gouvernement s’efforce tardivement de trouver une solution à l’inertie bureaucratique et aux immenses retards qui se sont accumulés au cours des dernières semaines, alors que nous savions depuis un certain temps que cela allait se produire.
Comme dans le cas de l’Afghanistan, le gouvernement semble incapable de corriger le processus qui engendre ces retards dans les analyses biométriques et le traitement des visas, et de mettre en place un processus beaucoup plus efficace et beaucoup plus rapide pour traiter les demandes des Ukrainiens qui veulent venir au Canada. Le Canada peut faire mieux.
Nous savons que nous pouvons faire mieux, car c’est sous Clifford Sifton, l’un des anciens ministres libéraux sous Wilfrid Laurier, que le gouvernement a ouvert l’Ouest canadien à des centaines de milliers d’Ukrainiens, littéralement, il y a un siècle. L’Ouest a été colonisé par ces Ukrainiens grâce à un ambitieux programme d’immigration. Il s’agissait d’un programme d’accès libre qui, dans les années 1920, a donné lieu à une augmentation de l’immigration à des niveaux parmi les plus élevés de l’histoire du Canada. Beaucoup de ces immigrants sont venus d’Ukraine et se sont installés dans les Prairies de l’ouest du pays. Ils ont labouré le sol et jeté les bases de l’Ouest canadien moderne. Quelque 1,3 million de Canadiens ont aujourd’hui des racines dans ces vagues d’immigration ukrainienne d’il y a un siècle. Nous pouvons faire mieux parce que nous avons déjà fait mieux.
La motion dont nous sommes saisis lance un appel au gouvernement pour qu’il fasse mieux lorsqu’il s’agit de s’attaquer à ce qui constitue l’une des plus grandes crises humanitaires au monde. Curieusement, elle est liée à la plus grande crise humanitaire du monde actuel, à savoir celle qui se déroule en Afghanistan. L’Afghanistan est confronté à la plus grande crise humanitaire. Les pénuries de nourriture, d’énergie et de tant d’autres choses font courir à des millions d’Afghans le risque de mourir de faim et de subir de graves privations dans les mois à venir. Là aussi, comme dans la situation actuelle en Ukraine, bien qu’il prenne plusieurs mesures pour corriger la situation, le gouvernement canadien peut faire beaucoup mieux, surtout si l’on considère l’immense richesse et la chance que nous avons dans ce pays de ne pas être directement touchés par la guerre et les conflits, contrairement à l’Afghanistan et à l’Ukraine. J’espère que le débat d’aujourd’hui aura en partie pour effet de faire comprendre au gouvernement que les parlementaires se sont saisis de ce dossier et que nous croyons que le gouvernement devrait faire un meilleur travail pour aider les Ukrainiens à fuir l’Ukraine et les Afghans à fuir l’Afghanistan.
La situation des Ukrainiens en Europe de l’Est est sans doute beaucoup plus facile à régler pour le gouvernement que celle de l’Afghanistan aujourd’hui, pour la simple raison que l’Afghanistan est devenu une société fermée avec un gouvernement que nous ne reconnaissons pas, un gouvernement qui figure sur la liste des entités terroristes du gouvernement canadien et d’autres alliés occidentaux. C’est un gouvernement avec lequel nous ne devrions et ne pouvons pas traiter, que ce soit directement ou indirectement, par l’entremise de groupes d’aide humanitaire sur le terrain.
Cependant, ce n’est pas le cas des Ukrainiens d’Europe de l’Est. Ils sont quelque 3 millions que nous pourrions aider aujourd’hui ici, au Canada. Il suffit que les sous-ministres et les organismes centraux déterminent quels sont les obstacles, qu’ils ramènent le délai pour les analyses biométriques de quatre mois à quatre jours environ, et qu’ils déterminent ce que nous devons faire pour ramener les délais de traitement des visas, qui sont actuellement incertains, à quelques jours environ.
Ainsi, nous pourrions commencer à accueillir des Ukrainiens en nombre suffisant pour soulager la pression sur nos alliés de l’OTAN en Europe de l’Est. Nous avons déjà pris ce genre de mesures rapides dans l’histoire de notre pays, et l’urgence de la situation exige que nous fassions de même aujourd’hui. Il est dans notre intérêt de le faire. Nous disposons des ressources et des capacités nécessaires pour prendre ces mesures. S’il s’agit d’une question de sécurité, comme le gouvernement l’a affirmé au cours des dernières semaines, nous pouvons certainement travailler plus rapidement avec les gouvernements européens et la Commission européenne pour échanger les données nécessaires afin de voir à ce que des acteurs malveillants n’utilisent pas le couvert d’une crise humanitaire pour se faufiler au Canada et poursuivre leurs activités néfastes.
Nous sommes voisins d’un des plus grands pays du monde, les États‑Unis d’Amérique, où quelque 300 millions de citoyens ont le droit de venir au Canada sans visa. Je peux assurer aux députés que, comme au Canada, il y a beaucoup de gens mal intentionnés au sud de la frontière que nous ne voulons pas voir franchir la frontière au poste de Fort Erie-Buffalo, de Niagara Falls ou de Queenston-Lewiston, ni aucun des dizaines d’autres postes frontaliers que compte notre beau pays. Nous avons donc mis en place des systèmes d’échanges d’informations pour que les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada à la frontière puissent interdire à certaines personnes l’entrée au Canada dès la lecture de leur passeport, car nous avons les données du renseignement et des services de police américains sur les individus qui ne devraient pas entrer au Canada et vice-versa. Je suis certain qu’il y a des personnes ici que les Américains ne veulent pas voir entrer aux États‑Unis, et ils refusent l’entrée dans leur pays tous les jours.
Nous devrions mettre en place des systèmes similaires sans tarder, maintenant, entre les démocraties de l’Union européenne et le Canada parce que les États membres de l’Union européenne se sont déjà dotés de tels systèmes pour assurer la protection de leurs propres citoyens. En fait, l’Union européenne a mis en œuvre il y a un moment une exemption de visa entre l’Ukraine et les pays de l’Union. Les trois millions et demi d’Ukrainiens qui ont fui l’Ukraine pour trouver refuge dans l'espace Schengen de l’Union européenne l’ont fait sans visa. Ce processus était en place bien avant qu’éclate la guerre. L’Union européenne a estimé pouvoir mettre en place cette exemption de visa parce qu’elle s’était déjà dotée de systèmes de sécurité pour empêcher que des personnes mal intentionnées profitent de cette exemption pour entrer dans la zone de l’Union européenne pour y commettre leurs actes répréhensibles.
Nous devrions être en mesure d’obtenir très rapidement les données de sécurité et d’autres renseignements pour garantir que nous ne laissons pas entrer au Canada de personnes mal intentionnées. C’est le travail des dirigeants politiques de le faire sans tarder. C’est le travail des ministres concernés et du Cabinet du d’ordonner aux organismes centraux, au ministère, de constituer un groupe de travail réunissant ministères, organismes centraux et dirigeants politiques pour débloquer ce qui coince afin que nous puissions faire notre juste part pour aider les Ukrainiens à fuir l’Ukraine, pour aider les Ukrainiens qui se trouvent actuellement dans l’Union européenne et pour soulager certains de nos alliés de l’OTAN en Europe de l’Est qui accueillent des millions de réfugiés ukrainiens.
J’espère que ce qui ressortira de ce débat aujourd’hui, c’est à quel point il est urgent que le gouvernement du Canada fasse mieux pour aider les Ukrainiens, en Ukraine comme dans l’Union européenne.