propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, avant d'entamer le débat sur mon projet de loi d'initiative parlementaire, je veux souligner qu'aujourd'hui est le Yom ha-Choah, soit le jour de commémoration de l'Holocauste. Selon moi, c'est le moment de réaffirmer notre engagement à lutter contre toutes les formes d'antisémitisme.
Je suis honoré de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , loi modifiant le Code criminel afin d'interdire la fomentation de l'antisémitisme. Il s'agit de mon projet de loi d'initiative parlementaire, qui s'inspire du paragraphe 319(2) du Code criminel du Canada, « Fomenter volontairement la haine », mais qui vise le déni de l'Holocauste en particulier, en raison de la gravité de cet événement dans l'histoire. Si la Chambre choisit d'adopter le projet de loi C‑250, le déni de l'Holocauste, qui est l'un des signes principaux de l'antisémitisme et de la radicalisation, deviendra illégal au pays, et le délit sera punissable d'une peine d'emprisonnement.
B'nai Brith vient de publier, cette semaine, son audit des incidents antisémites en 2021. Pour la sixième année consécutive, le Canada a battu son record d’antisémitisme. Malheureusement, il y a eu une augmentation de 7,2 %. Près de huit incidents antisémites se sont produits chaque jour dans ce pays en 2021. Le nombre exact d’incidents antisémites répertoriés l’an dernier est de 2 799. C’est la quatrième année de suite que nous dépassons la marque des 2 000.
Heather Fenyes est une ancienne présidente de la synagogue de la congrégation Agudas Israel, chez moi, à Saskatoon, une partenaire locale du Centre consultatif des relations juives et israéliennes, membre du conseil d’administration du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne et présidente de la Fondation d’éducation à la citoyenneté Concentus. Voici ce qu’elle avait à dire sur le projet de loi : « Quand on nie l’Holocauste, des Juifs meurent. Ce mauvais germe de haine, quand on le laisse croître, est une menace pour les Juifs chez eux, dans leur synagogue et dans leur communauté. L’antisémitisme, la plus pernicieuse des haines, est le canari dans la mine de charbon. Quand on laisse libre cours à la haine, personne n’est à l’abri de ses conséquences; c’est une menace pour toutes les communautés. Rendre le négationnisme de l’Holocauste illégal, c’est une étape vers des espaces plus sécuritaires pour les Juifs en particulier, et aussi vers une société plus saine. »
Kevin Sharfe, président du centre communautaire juif et de la synagogue de la congrégation Agudas Israel, a dit: « Le déni de l’Holocauste est souvent un symptôme d’ignorance ou d’intolérance. Malheureusement, nier l’histoire d’un peuple peut mener à l’antisémitisme et, plus généralement, à la propagation du racisme dans notre communauté. Il faut instruire les gens de façon saine. »
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a fait cette déclaration: « Le déni de l'Holocauste constitue une forme dangereuse d'antisémitisme. Nous sommes très reconnaissants au député de Saskatoon—Grasswood d'avoir présenté un projet de loi d'initiative parlementaire visant à criminaliser cette forme insidieuse de haine envers les Juifs. Nous remercions la députée de d'avoir appuyé [ce projet de loi]. »
Il faut dénoncer et condamner l'ignorance et l'intolérance partout où elles existent. Idéalement, je serais ravi que cette modification au Code criminel ne serve jamais. La punition est le dernier recours. La criminalisation est un outil imparfait, mais important pour mettre un terme à un comportement que la société considère comme offensant. La criminalisation constitue également une étape importante pour changer les attitudes au pays. Elle contribuera à établir une limite morale à l'érosion de l'histoire et elle enverra un message à ceux qui cherchent à effacer des vérités historiques.
Le but n'est pas d'éliminer l'antisémitisme. L'éducation est la clé pour mettre fin à l'antisémitisme et aux gestes haineux qui découlent de l'ignorance. L'éducation est une façon de préserver l'histoire. Le déni de l'Holocauste n'a rien à voir avec la liberté d'expression; c'est un abus de la liberté d'expression. C'est abuser de la liberté que nous chérissons tous dans ce pays. C'est une attaque contre les valeurs canadiennes et notre respect de la diversité. Si nous n'intervenons pas et si nous permettons à des gens d'effacer l'histoire en niant l'Holocauste, en donnant une fausse image de ces événements ou en minimisant leur importance, alors nous permettrons à la démocratie de s'éroder.
Des résultats de recherche ont révélé que les gens qui en apprennent davantage sur l'Holocauste sont plus susceptibles de se soucier des autres communautés, d'acquérir des comportements antiracistes et de s'opposer à la persécution. Il est impératif que les générations futures sachent et comprennent que, de 1941 à 1945, 6 millions d'enfants, de femmes et d'hommes juifs ont été assassinés lors d'un génocide ordonné par l'État que nous appelons aujourd'hui l'Holocauste. Nous ne pouvons pas tolérer que ce chapitre de l'histoire soit nié, minimisé ou oublié. Nous devons continuer d'informer les Canadiens, de faire face à l'histoire avec courage et de dénoncer l'intolérance et le racisme sous toutes leurs formes.
Si nous ne continuons pas de sensibiliser les Canadiens aux horreurs de l'Holocauste et aux dangers de l'antisémitisme, nous allons laisser la haine, le racisme et la radicalisation prendre racine et croître davantage dans ce pays.
Je vais donner deux exemples récents qui me viennent à l'esprit. Le premier est celui de Joseph DiMarco. Ce professeur de Timmins, en Ontario, a été renvoyé en 2019 après avoir enseigné le déni de l'Holocauste. L'an dernier, l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario a tenu une audience disciplinaire au sujet des allégations selon lesquelles il avait enseigné des théories du déni de l'Holocauste en 2018 et en 2019. Lorsque le permis d'enseignant de M. DiMarco a été révoqué, Michael Levitt, PDG des Amis du Centre Simon Wiesenthal, a affirmé ce qui suit:
Les actions inquiétantes de cet ancien enseignant n'exigent rien de moins que de l'empêcher de retourner un jour dans une salle de classe. Au lieu de saisir l'occasion d'enseigner l'Holocauste et [même] les attentats du 11 septembre ainsi que les leçons qu'on a pu en tirer, il a décidé de propager le déni de l'Holocauste et l'antisémitisme, nuisant ainsi grandement à ses élèves [...] Les éducateurs ont le devoir non seulement de fournir aux élèves des faits, mais également de les inspirer à devenir d'honnêtes citoyens qui s'opposeront à la haine et à l'intolérance.
Je pense que nous conviendrons tous que le cas le plus médiatisé a été le procès de James Keegstra, il y a des dizaines d'années. Pour ceux qui n'en ont pas entendu parler, M. Keegstra a été accusé et reconnu coupable de discours haineux en 1984: on lui a reproché d'avoir fomenté volontairement la haine contre un groupe identifié en enseignant à ses élèves que l'Holocauste était une imposture et en prônant l'antisémitisme.
M. Keegstra était un enseignant du secondaire en Alberta jusqu'à son renvoi en 1982. Il s'attendait à ce que ses élèves acceptent ses points de vue; s'ils osaient s'y opposer, leurs notes en souffraient. En passant, M. Keegstra a été maire d'Eckville, en Alberta, de 1974 à 1983, année où les électeurs ont massivement voté contre lui en raison de ses points de vue offensants et antisémites. Il a porté sa condamnation en appel devant la Cour suprême, où elle a été confirmée.
La plupart des juges de la Cour suprême sont d'avis que le discours haineux n'est pas un crime sans victime. Ils ont compris que le discours haineux et l'antisémitisme risquent d'avoir des effets nuisibles et dangereux, en plus de promouvoir la violence.
On ne peut laisser la violence et la radicalisation prendre de l'ampleur au Canada. On ne peut les vaincre en fermant les yeux sur les causes évidentes, et lorsque ces délits sont perpétrés par des éducateurs, ils sont particulièrement odieux et néfastes. Je comprends que les lois ne peuvent éradiquer à elles seules la haine et l'antisémitisme, mais elles constituent une corde de plus à notre arc.
J'ai entendu des critiques venant de partout au sujet de ce projet de loi. J'ai lu des reportages dans les médias qui laissent entendre que la criminalisation ne servira qu'à museler l'antisémitisme, mais ne rien faire n'est pas une solution. Je suis très préoccupé par le fait que l'inaction soit une solution acceptable aux yeux de certains, qu'on considère en quelque sorte que les beaux discours et les gestes vertueux puissent se substituer à la prise de mesures. Qu'on ne s'y méprenne pas: l'éducation est la mesure dont on a besoin et la criminalisation est l'outil qui montrera que l'antisémitisme de même que le déni, la minimisation et la distorsion de l'Holocauste ne seront plus tolérés dans ce pays.
Une étude de 2020 sur la sensibilisation à l'Holocauste, réalisée par Nanos à la commande des Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l'Holocauste, appuie l'idée d'éducation. Je vais citer l'étude, et je serai heureux de la déposer si j'obtiens le consentement des députés. Cette étude de 2020 révèle que 59 % des habitants des Prairies canadiennes croient que l'histoire de l'Holocauste n'est pas assez enseignée dans nos écoles. De plus, 73 % d'entre eux croient que les jeunes d'aujourd'hui sont moins conscients de l'Holocauste et de ses leçons que les jeunes du passé, 92 % affirment qu'il est assez important ou important d'enseigner ce qu'est la discrimination, et 96 % croient qu'il est assez important ou important d'enseigner l'Holocauste.
Dans un rapport de juillet 2021 des Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l'Holocauste portant sur les crimes haineux, des données de Statistique Canada indiquent que ces crimes sont à la hausse. Encore une fois, je serais heureux de déposer la partie du rapport contenant ces données. Le 27 juillet dernier, cet organisme a fait la déclaration suivante: « Statistique Canada a publié aujourd'hui les statistiques sur les crimes haineux pour 2020. Elles révèlent que le nombre de crimes haineux déclarés par la police l'année dernière est le plus élevé jamais enregistré, soit 2 669, ce qui représente une augmentation de 37 %. D'après la compilation annuelle de Statistique Canada sur les crimes déclarés par la police, il y a eu une augmentation de presque 5 % des crimes haineux perpétrés contre la communauté juive. »
Je parlerai maintenant d'une personne que je connais depuis de nombreuses années. Il était éducateur dans la ville de Saskatoon. Aujourd'hui, il est président de l'organisme B'nai Brith. Il s'agit de David Katzman. Il vient de la loge 739 qui se trouve dans ma ville. Il s'est exprimé concernant le projet de loi visant à criminaliser les communications qui fomentent volontairement l’antisémitisme en cautionnant, en niant ou en minimisant l’Holocauste. Il a déclaré que l'Holocauste est l'industrialisation du massacre de 11 millions de personnes, dont 6 millions de Juifs. Comme il le dit, le fait de cautionner, de nier ou de minimiser l'Holocauste a été une puissante force d'attraction pour ceux qui détestent les Juifs. Il n'est pas rare que ces mêmes individus estiment que bien d'autres catégories de personnes devraient être harcelées ou chassées. Selon M. Katzman, les Canadiens chérissent notre engagement national pour que nous puissions tous vivre librement et en toute sécurité.
Le gouvernement a — une fois de plus — réitéré son initiative d'appropriation du projet de loi d'initiative parlementaire que j'ai présenté en tant que député de Saskatoon—Grasswood. Lors de la dernière législature, le gouvernement a pris mon projet de loi et a manqué son coup, puisque j'ai tenu bon et que je suis allé jusqu'au bout. Cette fois-ci, il a subtilisé le texte de mon projet de loi pour l'insérer au milieu des sept pages de promesses éventuelles figurant dans l'annexe 3 du budget. Il ne faut y lire aucun engagement, juste une vague suggestion pour l'avenir.
J'exhorte les députés à bien faire la différence entre mon projet de loi, le projet de loi , et la version édulcorée que le gouvernement a choisi d'insérer dans le projet de loi omnibus d'exécution du budget. Le projet de loi C‑250 est bien plus rigoureux que la version édulcorée figurant dans ce budget.
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Madame la Présidente, je remercie mon collègue d'avoir présenté ce projet de loi.
Rarement une date est-elle plus appropriée pour débattre un projet de loi, puisque ce soir marque le début de Yom ha-Choah.
Yom ha-Choah est un jour sacré. C'est un jour où nous nous souvenons avec révérence des plus de 6 millions de Juifs exterminés par les nazis durant l'Holocauste. C'est un jour où nous nous souvenons de toutes les victimes de l'Holocauste, quelle que soit leur origine, qu'elles appartiennent à la communauté LGBTQ+, à la communauté rom ou à toute autre communauté. C'est un jour où nous honorons les survivants, y compris les nombreux qui ont élu domicile dans des villes telles que Montréal, Toronto, Vancouver et Winnipeg. C'est un jour où nous remercions les sauveteurs, les gentils vertueux qui ont risqué leur vie pour sauver celle d'autrui. C'est un jour où nous nous souvenons des atrocités, un jour où il est totalement approprié de parler des façons dont nous pouvons empêcher un tel événement de se reproduire.
Lundi, j'ai eu l'incroyable honneur de me joindre à mes collègues de Thornhill et d'Esquimalt—Saanich—Sooke à la conférence de presse de B'nai B'rith, où l'organisme a présenté son audit des incidents antisémites survenus au cours de la dernière année. Comme l'a mentionné mon collègue de Saskatoon, le nombre d'incidents s'est de nouveau accru pour une énième année consécutive et ceux-ci étaient plus violents et plus menaçants.
[Français]
Dans ma province, le Québec, il y a eu une importante augmentation d'incidents antisémites.
[Traduction]
La Colombie‑Britannique a enregistré une augmentation importante d'incidents antisémites. En tant que pays, nous devons en déterminer la raison.
Beaucoup de ces incidents se sont produits le printemps dernier, au mois de mai. Cela coïncide avec l'intensification de la guerre ou des incidents violents dans l'État d'Israël lorsque ce dernier a été attaqué par le Hamas, une organisation reconnue comme étant terroriste par la loi canadienne. Pour des raisons que j'ignore, cela a donné lieu à de l'antisémitisme au Canada. Cela a poussé des gens à lancer des cailloux à Montréal. Pendant une certaine période, les familles de ma circonscription avaient peur de laisser leurs enfants aller au parc parce qu'elles craignaient que quelqu'un les voie porter la kippa et les attaque.
[Français]
Au cours du même mois, dans ma circonscription, des survivants de l'Holocauste sont venus me voir pour me demander s'ils devaient enlever de leur porte la mézouza, le symbole juif, de peur que les gens apprennent qu'ils étaient Juifs.
Je n'aurais jamais cru de ma vie qu'une telle chose arriverait à Montréal, au Québec, au Canada. C'est incroyable.
[Traduction]
La communauté juive est présente au Canada depuis 262 ans. Notre contribution à toutes les facettes de la vie au pays est énorme. Pensons à la politique, à l'appareil judiciaire, aux arts, aux sports ou aux forces armées. Les Canadiens juifs ne sont pas des victimes. Nous sommes forts et fiers. Il est inacceptable que l'antisémitisme et le déni de l'Holocauste existent dans un grand pays comme le nôtre.
Je suis très fier du fait que, dans les enquêtes internationales menées au sujet de l'antisémitisme, le Canada se classe toujours parmi les pays où il y a le moins d'actes d'antisémitisme. Il n'y aurait que 8 % ou 9 % de Canadiens antisémites, contrairement à d'autres pays où ces nombres sont plus élevés.
La semaine dernière, Angus Reid a mené un sondage sur la perception qu'ont les gens des différentes religions au Canada et c'est la communauté juive pour laquelle la perception était la plus favorable. Comment se fait-il que, dans un pays où il y a aussi peu d'antisémites, 61 % des crimes motivés par la haine religieuse ciblent les Juifs, alors que nous ne représentons que 1,25 % de la population du Canada?
[Français]
Quelque chose ne va pas.
[Traduction]
Qu'il s'agisse des Protocoles des sages de Sion ou de la désinformation qu'on trouve en ligne de nos jours, pour une raison inexplicable, les Juifs sont toujours les premières victimes, mais ils ne sont jamais les dernières. Quelqu'un qui a de la haine envers les Juifs en aura pour n'importe quel groupe, parce que les Juifs font partie de tous les groupes.
[Français]
On sait que cela commence parfois par les Juifs, mais que cela ne s'arrête pas aux Juifs.
Nous sommes tous ici pour essayer de voir ce que nous pouvons faire pour combattre non seulement l'antisémitisme, mais le racisme, la francophobie et toutes les formes de discrimination dans notre société.
Cela passe d'abord par l'éducation. Toutefois, l'éducation ne suffit pas toujours.
[Traduction]
Je crois qu'il vaut toujours mieux pencher du côté de la liberté d'expression. Il faut s'assurer de ne pas retirer de façon déraisonnable le droit de parole des gens, mais, d'après ce que nous constatons, il est évident que le déni de l'Holocauste ou sa minimisation est une des façons les plus efficaces de favoriser l'antisémitisme et d'inciter à la haine et à la violence à l'endroit des Juifs.
La Constitution canadienne est claire. La liberté d'expression est un droit extrêmement important qui est protégé par l'article 2 de la Charte canadienne.
[Français]
Ce droit est aussi protégé par la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et par plusieurs autres chartes dans ce pays.
[Traduction]
En vertu de l'article 1, nous avons le droit d'imposer des limites raisonnables à la liberté d'expression. En effet, les discours haineux ne relèvent pas nécessairement de la liberté d'expression. Les tribunaux canadiens ont établi que nous avons le droit d'empêcher les gens d'inciter au génocide et à la haine contre des groupes distincts.
Aujourd'hui, lorsque les gens vont sur Internet pour y consulter toutes sortes de plateformes où il est question du déni de l'Holocauste, il s'agit de la première étape d'une démarche de haine envers les Juifs. J'appuie ce projet de loi, quel qu'en soit le cadre, car il est primordial d'empêcher des gens de minimiser ou de nier l'Holocauste dans notre pays. Il s'agit d'une vérité historique. Ce n'est pas un sujet de débat. Ceux qui prétendent que six millions de Juifs ne sont pas morts pendant l'Holocauste n'ont aucune idée de ce dont ils parlent. Ce sont des faits.
[Français]
Aujourd'hui, nous avons tous un devoir ici, au Parlement. Peu importe notre parti politique, nous sommes tous unis pour dire que nous ne voulons pas d'antisémitisme, de racisme, d'homophobie ou de n'importe quelle forme de discrimination au Canada.
Nous ne sommes peut-être pas toujours d'accord sur la manière de traiter la question, mais nous sommes d'accord pour dire que cela ne devrait pas exister.
La négation de l'Holocauste est une chose que nous pourrions unanimement condamner. C'est tellement grave, et cela cause tellement de haine, qu'on devrait l'interdire.
[Traduction]
Pour terminer, j'ajouterais un dernier point. Yom ha-Choah se déroule la veille de Yom Ha'atzmaut, qui est l'anniversaire de l'indépendance d'Israël et qui aura lieu la semaine prochaine. Au Canada, personne n'a le monopole de la haine. Celle-ci peut provenir de l'extrême droite comme de l'extrême gauche. Cela concerne tout le monde.
Ce que je constate, et ce dont j'ai le plus peur, c'est que lorsque quelqu'un nie l'existence de l'État d'Israël ou incite à la haine contre l'État d'Israël, cela conduit à l'antisémitisme au sein de nos frontières. Israël est un pays démocratique: c'est le seul État dont la population est majoritairement juive dans le monde. Il a le droit d'exister. Il a le droit d'exister à l'intérieur de frontières sûres.
J'espère sincèrement qu'en plus de faire front commun pour condamner l'antisémitisme, nous pourrons également tous nous entendre sur le fait que le mouvement BDS et la Semaine contre l'apartheid israélien, de même que les agressions odieuses d'étudiants juifs sur les campus, de quelque forme que ce soit, et toutes les manifestations de haine contre Israël n'ont pas leur place dans notre pays.
Je remercie mon ami de . Il nous a saisi d'un problème important contre lequel nous devons tous lutter ensemble.
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Madame la Présidente, je vais débuter en lisant le texte d'une motion adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale du Québec le 26 mai 2021, donc, il y aura bientôt un an:
Que l'Assemblée nationale dénonce fermement les menaces, violences et agressions envers les Québécois de confessions juives, lesquelles ont augmenté dans les dernières semaines;
Qu'elle réaffirme que dans une société libre et démocratique, tous peuvent manifester ou exprimer une opinion, dans le respect, la sécurité et de la dignité;
Qu'elle réitère la nécessité de maintenir un débat sain et démocratique concernant le conflit israélo‑palestinien;
Qu'enfin, elle rappelle qu'en tout temps, la violence est intolérable envers quiconque.
C'est l'Assemblée nationale du Québec qui le dit. C'est, quant à moi, l'instance suprême au Québec. Ce sont les motions unanimes que le Bloc québécois s'est engagé, et continue de s'engager, à défendre envers et contre toute attaque. Je lis cela pour dire que le projet de loi s'inscrit dans ce processus. Le projet de loi C‑250 n'est pas parfait, mais il s'inscrit dans ce processus.
La haine, c'est le venin dans les veines de la société. Inciter à la haine et fomenter la haine, c'est injecter ce poison dans les veines de notre société.
D'ailleurs, au Québec, on a adopté une loi sur la laïcité qui vise justement à permettre à chacune des confessions religieuses de s'exprimer volontairement et librement sans avoir l'impression d'être critiquée, d'être préférée ou d'être désapprouvée par l'État. On veut que l'État soit laïc et que les gens pratiquent et s'expriment dans la religion de leur choix. Pour nous, au Québec, ce principe est sacré.
Au cours des dernières années, on a vu monter le nombre de crimes antisémites. Je voyais que, en 2021, dans la région de Montréal particulièrement, mais ailleurs aussi, mon collègue d'en face disait dans la région de Vancouver, un peu partout au Canada et en Amérique, probablement même dans l'ensemble du monde occidental, les crimes antisémites ont augmenté considérablement. On doit travailler non seulement à réduire, mais à abolir cette fâcheuse tendance.
Évidemment, il n'y a pas seulement la haine contre la communauté juive qu'il faut combattre, mais l'ensemble des haines. Néanmoins, il faut commencer quelque part et je pense que la situation actuelle mérite qu'on s'y attarde.
Il y a différentes façons de fomenter la haine et fomenter le négationnisme en est une. Il n'y a pas de mot pour décrire ce qu'est l'Holocauste. J'ai, moi aussi, eu l'occasion d'aller visiter des sites en Pologne. J'en suis resté sans mot. C'est inimaginable qu'un être humain puisse commettre des gestes comme ceux-là. Je m'en confesse, je n'ai même pas la prétention de me considérer au-dessus des gens qui ont commis ces crimes horribles. Je pense que c'est le genre de choses dans toute société, même si on ne le souhaite pas, dont personne n'est à l'abri. Je comprends que toute société peut, dans certaines circonstances, se retrouver prise dans des dilemmes comme cela. J'ai presque envie de dire que je plains les gens qui ont commis ces atrocités autant que leurs victimes. C'est incroyable.
J'ai un fort sentiment de solidarité avec la communauté juive et je sympathise avec ce que vit cette communauté. Nier l'importance de l'Holocauste, nier l'existence même, à l'occasion, de l'Holocauste ou minimiser l'Holocauste en en faisant quelque chose de banal, c'est inacceptable. Il faut nécessairement qu'on fasse en sorte que jamais l'Holocauste ne soit oublié et ne soit banalisé.
Je disais donc que le projet de loi n’est pas parfait. Il propose une définition de l’Holocauste. Comme je le disais, j’ai quand même visité des sites en Pologne. J’ai constaté ce que c’était. Malgré tout, j’ai un peu de difficulté à expliquer ce que c’est. C’est quelque chose de tellement inhumain et aberrant qu’on a de la difficulté à s’en faire une idée. J’ai donc envie d’entendre des experts en comité.
La définition que mon collègue de propose est peut-être bonne, ou peut-être est-il possible de l'améliorer. J’ai envie d’entendre l’opinion d'experts sur comment définir l’Holocauste de façon suffisamment précise pour ne pas jeter d’ombre sur d’autres génocides, pour bien mettre en lumière ce qui s'est passé à l’époque et pour s’assurer que cela ne se reproduira plus jamais.
Il faut aussi qu’on nous explique en comité non seulement les différentes définitions possibles de l’Holocauste, mais aussi leurs effets négatifs. On les imagine assez bien sans problème, mais j’ai quand même envie d’entendre les experts nous en parler.
Mon collègue d’en face parlait tantôt du citoyen de sa circonscription qui se demande s’il doit enlever sa mezouzah de la porte et s’il doit éviter que les enfants aillent au parc avec une kippa. C’est intolérable. C’est sûr qu’on ne veut pas cela. Ce sont les effets néfastes apportés par le négationnisme et la haine d’autrui. J’ai envie d’entendre des gens qui vont nous en parler en comité et qui vont peut-être nous permettre de connaître encore mieux la situation et d’ainsi mieux répondre à la problématique.
Tout cela doit être fait en se gardant bien du piège évident que serait l'adoption de dispositions allant à l’encontre de la Charte des droits et libertés par rapport à la liberté d’expression. Comme mon collègue le disait, la liberté d’expression est inscrite dans cette Charte. Au Québec, elle est aussi inscrite dans la Charte des droits et libertés de la personne. C’est un principe auquel nous tenons tous, aussi bien au Québec qu’au Canada, et même dans le monde occidental. C’est une liberté parmi les plus précieuses.
Il faut cependant être prudent. Si on me permet l’expression, il va falloir « manipuler » le projet de loi C‑250 avec prudence et délicatesse. Cela doit être traité. On doit faire face à cette situation, prendre ses responsabilités et s’assurer qu’on répond aux inquiétudes de la communauté juive. Les inquiétudes de cette communauté sont partagées par l’ensemble de la société de différentes façons pour différentes raisons. Cela ne peut pas nous laisser indifférents. On ne peut pas être indifférent à ce qui se passe dans ces situations-là.
Il va falloir être prudent, mais il va falloir le faire. Il va falloir s’assurer également qu’on ne répète pas ce qui est déjà dans l'article 319 du Code criminel, qui est assez clair. Il est possible que les dispositions prévues dans le projet de loi C‑250 soient de moindre portée et qu'elles soient déjà incluses dans l’article 319. Le cas échéant, il va falloir qu’on trouve une façon d’harmoniser le tout, pour ne pas simplement répéter ce qui est déjà au Code criminel, mais le compléter, ou s’assurer d’avoir un texte que les tribunaux puissent interpréter de façon à bien atteindre l’objectif que se fixe le projet de loi C‑250.
Pour toutes ces raisons, le Bloc québécois entend voter en faveur du projet de loi C‑250 pour qu’il soit envoyé en comité et qu’on puisse le travailler et, bien que je pense qu’on ne comprendra jamais suffisamment, pour toujours mieux comprendre la situation désastreuse que peuvent vivre les membres de la communauté juive, ainsi que les événements inhumains qui se sont déroulés dans les années 1940, particulièrement dans les camps de concentration en Pologne.
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Madame la Présidente, j'aimerais commencer mon intervention aujourd'hui en remerciant tous les députés d'avoir veillé à ce qu'un véritable débat soit tenu sur la signification et l'importance de la présente journée, en particulier la commémoration de l'Holocauste, et sur le fait que le projet de loi est véritablement crucial. La planification de la destruction de six millions de vies juives et sa mise à exécution constituent une tragédie à laquelle il faut réfléchir, particulièrement ici au Canada, un endroit où nous ne sommes pas étrangers à cela.
Aujourd'hui et chaque jour, nous sommes appelés à nous souvenir d'une dure réalité, à savoir que six millions de Juifs sont morts simplement pour avoir été eux-mêmes, pour avoir été ce qu'ils étaient, pour avoir été fidèles à cette promesse. Des femmes, des enfants et des hommes ont été exécutés par le terrible et maléfique régime nazi simplement pour avoir été eux-mêmes. Tous les Canadiens méritent d'être fidèles à ce qu'ils sont. C'est un principe de base que notre pays peut défendre, à mon avis.
Aujourd'hui, nous devons non seulement nous souvenir, mais aussi nous mettre au défi d'aller encore plus loin et d'en faire plus. Dans tout le pays, des familles pleurent encore cette expérience douloureuse aux séquelles persistantes. Nous devons reconnaître cette réalité et nous engager une fois de plus à éliminer la haine, l'antisémitisme et la xénophobie sous toutes ses formes. Nous devons combattre la haine empoisonnée qui est au cœur l'antisémitisme. C'est notre devoir. Hélas, l'antisémitisme est en hausse au Canada et dans le monde entier. Les Juifs continuent d'être victimes de discrimination, de préjugés et de violence physique du seul fait qu'ils existent.
Je suis conscient de la difficulté de demeurer honnêtes avec nous-mêmes et de mettre en place les protections nécessaires au pays pour y parvenir. En tant que parlementaires, nous devons non seulement défendre ce que le Canada a été en mesure d'accomplir, mais aussi essayer de remédier à tout ce que nous n'avons pas fait dans le passé, notamment en mettant véritablement fin à l'antisémitisme. Les gens qui nient et cautionnent l'Holocauste devraient, à juste titre, faire l'objet de poursuites criminelles. Leurs actions incitent la haine.
Je suis reconnaissant au député de du leadership dont il a fait preuve en présentant le projet de loi , qui vise à interdire enfin le déni de l'Holocauste au Canada. Je l'en remercie.
Le Canada a l'obligation, en tant que saine démocratie, de condamner et de combattre toutes les formes de déni de l'Holocauste. La communauté juive a vraiment souffert des horreurs du régime nazi et continue de souffrir. C'est une grande douleur que tous les Canadiens doivent partager. Nous devons tirer des enseignements de cette épreuve unique et vraiment pénible et nous devons la surmonter. Les néo-démocrates sont en faveur du projet de loi et espèrent qu'il permettra enfin de s'attaquer à ce déni de longue date qui menace la génération actuelle.
J'aimerais profiter de l'occasion pour faire la lumière sur un pan profondément troublant de l'histoire de l'antisémitisme au Canada.
Frederick Blair est l'un des personnages les plus honteux de l'histoire canadienne. Haut fonctionnaire de l'immigration au sein du gouvernement fédéral dans les années 1930, il a délibérément travaillé à l'élaboration de politiques d'immigration fondées sur la pureté raciale, qui comprenaient notamment l'exclusion des Juifs. Des antisémites notoires contrôlaient les politiques canadiennes à l'égard des Juifs pendant l'Holocauste, à un moment où ils avaient le plus besoin de nous. En 1941, Blair a écrit ceci: « Conformément à une pratique généralement acceptée, le Canada accorde davantage d'importance à la race qu'à la citoyenneté. » Il est bien connu que de nombreux autres hauts fonctionnaires et gens puissants étaient ouvertement du même avis. J'éprouve de profonds remords au sujet de cette facette, parmi tant d'autres du même type, de l'histoire canadienne.
Au lieu d'accueillir les réfugiés juifs à bras ouverts, la politique d'immigration du Canada leur refusait ouvertement un refuge sécuritaire. Comme toutes ces personnes qui arrivaient au pays des quatre coins du globe, les Juifs voulaient obtenir l'asile. Nous leur avons refusé. Pendant que d'autres pays alliés acceptaient des centaines de milliers de réfugiés, le Canada n'en a accueilli que 5 000 durant tout l'Holocauste.
Le premier ministre libéral William Mackenzie King avait décidé de limiter l'immigration des Juifs au Canada. L'un des chapitres les plus honteux de notre histoire est le moment où le Saint Louis est arrivé en provenance de l'Allemagne, en 1939, avec à son bord 937 réfugiés, et que le Canada leur a refusé l'asile. C'est honteux. Par la suite, 254 de ces passagers sont décédés, tout simplement parce qu'ils étaient juifs et avec la complicité du Canada. Nous avions la possibilité de les aider et nous avons failli à la tâche.
Selon un fait vérifié survenu en 1939, un agent d'immigration canadien a donné la réponse suivante lorsqu'on lui a demandé si le Canada allait s'engager à accueillir des réfugiés juifs: « Aucun, c'est déjà trop ».
« Aucun, c'est déjà trop ». Est-ce que les députés peuvent s'imaginer fuir une catastrophe historique aussi terrible et atroce que le régime nazi et se voir refuser de l'aide? Cette démonstration de haine ignoble et discriminatoire s'est faite au vu et au su du monde entier, et c'est une erreur que nous, les Canadiens, devons reconnaître.
Comment pouvons-nous prétendre être une autorité morale sur la scène internationale si nous ne rectifions pas ces erreurs? Notre passé est rempli de cas honteux, mais je crois que notre pays a la volonté de le réparer. J’ai peur que ces horreurs du passé continuent de hanter les générations actuelles et la prochaine génération. Nous devons nous assurer qu’ils ont une place sécuritaire dans notre pays.
Cette année, nous avons été consternés de voir une manifestation violente et antidémocratique tout juste devant le Parlement, édifice qui doit être un symbole de notre démocratie, de notre unité et de notre diversité. Parmi les manifestants, les Canadiens ont aperçu quelque chose de terrible. Ils ont été troublés de voir des symboles de haine, comme le drapeau confédéré et la croix gammée.
Des groupes comme ces manifestants, qui ont pour intention explicite de faire augmenter la criminalité et la division, et de miner nos institutions démocratiques, commencent à accumuler beaucoup de pouvoir. C’est exactement comme cela que le pouvoir fonctionne. Les grandes démonstrations où figurent des symboles de haine antisémites sur la Colline du Parlement ne doivent pas devenir chose courante dans notre société. Nous devons empêcher cela. C'est à nous, qui avons été élus pour parler au nom de nos concitoyens, qu'il revient de contrôler la suite des choses.
Nous devons confronter ces réalités difficiles. Notre pays doit radicalement changer de vitesse afin de ne plus jamais oublier, avec force et action. Il ne faut jamais oublier les crimes commis par les nazis et répétés par les horribles groupes haineux qui sévissent au Canada aujourd’hui.
Les néo-démocrates ont toujours dénoncé la haine, et je suis fier des extraordinaires membres de notre caucus, qui ont prouvé leur solidarité envers les communautés vulnérables en présentant un projet de loi rigoureux visant à interdire la haine.
Je veux profiter de cette occasion pour remercier mon collègue de d'avoir présenté le projet de loi d'initiative parlementaire qui rendrait illégaux les symboles haineux, tels que les croix gammées nazies.
Je veux conclure en remerciant les nombreux Canadiens de confession juive qui continuent de lutter pour la justice et contre l'antisémitisme. Je suis fermement solidaire des Canadiens de confession juive de tout le pays qui souhaitent mettre fin à l'antisémitisme, qui gagne du terrain.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui a été présenté à la Chambre par mon collègue le député de . Je l'en remercie, et je remercie les autres collègues qui en ont parlé aujourd'hui.
Je prends la parole sur ce projet de loi à la veille du Yom ha-Choah, jour de commémoration des six millions d'hommes, de femmes et d'enfants juifs innocents qui ont été systématiquement assassinés par le régime nazi pendant l'Holocauste. À la veille de cette journée, des gens de partout au pays commémorent les événements particulièrement horribles de l'Holocauste, rendent hommage aux innocentes victimes, honorent les survivants et saluent les gens vertueux qui ont sauvé la vie d'étrangers en risquant leur propre vie. L'Holocauste est l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire de l'humanité. Le jour de commémoration solennel du Yom ha-Choah est une bonne occasion de débattre de ce projet de loi.
Je dois admettre que ce projet de loi n'est pas entièrement clair ni pour moi ni pour tous les membres de la plus grande communauté juive du Canada, que j'ai l'insigne honneur de représenter à la Chambre en tant que députée de Thornhill. Il n'est pas tout à fait clair pour les gens qui ont été touchés directement par l'Holocauste, comme les gens qui ont une génération ou deux d'écart par rapport à ces événements, ou indirectement, comme les Canadiens qui, aujourd'hui, contribuent à honorer la mémoire des victimes et des survivants et à commémorer les horreurs inconcevables qui se sont déroulées pendant l'Holocauste.
Le souvenir est au cœur de ce débat et vise à ce que cela ne se reproduise plus jamais. Pour beaucoup, la protection et la promotion de la liberté d'expression sont primordiales. Compte tenu de ma propre vision du monde, il est difficile de concilier la nécessité et la pureté idéologique. Les discours de haine ne sont pas des discours libres. Dans un monde idéal, l'éducation, le souvenir et la recherche sur l'Holocauste suffiraient à garantir un avenir où le déni de l'histoire cesserait tout simplement d'exister. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
Il existe une énorme quantité de preuves, de témoignages de survivants et de témoignages de ceux qui ont libéré les camps de la mort. Il y a encore des survivants parmi nous, nos grands-parents, nos amis, les personnes qui ont été témoins de ce qui s'est passé. Malgré tout cela, le déni et la déformation de l'Holocauste persistent. Pour cette raison, il est nécessaire de lutter avec les outils législatifs lorsque les lois existantes ne parviennent pas à protéger la vérité sur les horreurs de l'Holocauste.
Il faut pouvoir intenter avec succès des poursuites contre les personnes coupables de déni et de déformation pour faire comprendre très clairement que de tels gestes sont inacceptables et ne sont pas tolérés au Canada. Il est nécessaire de lutter contre le déni et la déformation de l'Holocauste pour combattre les gens semant la confusion sur ce qui s'est vraiment passé et ceux étant complices des tentatives horribles de réécrire l'histoire. Nous devons nous attaquer aux efforts de déformation qui insultent les victimes et les survivants, qui perpétuent l'antisémitisme et qui attisent les flammes de l'extrémisme violent.
Nous devons le faire non seulement pour la communauté juive, mais aussi pour les milliers de gens qui ont défié les règles imposées par les nazis et par Hitler et qui, ensemble, ont sauvé d'une mort certaine un nombre incalculable de personnes LGBT, de personnes handicapées, de Roms et d'autres minorités. Le déni de l'Holocauste, qui est un acte pervers, cherche à effacer leur bravoure et leur courage face à Hitler et à ses partisans. Nous devons nous opposer à la déformation des faits pour éviter qu'elle ne nuise à notre capacité de comprendre le passé et d'en tirer des leçons. Surtout, nous devons nous y opposer pour éviter que les faits déformés ne soient un jour considérés comme des faits historiques.
Le projet de loi vise à poursuivre avec succès les néo‑nazis et les négationnistes. Au bout du compte, il devrait prévenir la résurgence du nazisme.
Nous constatons une montée de l'antisémitisme. J'en ai déjà parlé à la Chambre. J'en ai aussi parlé à l'extérieur de la Chambre. Cette montée ne vient pas seulement de l'extrême droite et elle ne vient pas seulement de l'extrême gauche. Elle se produit dans les campus universitaires, dans les organisations de justice sociale et dans les sphères proches du gouvernement.
En 2021, 2 799 incidents antisémites ont été recensés. Une des formes que prenaient le plus fréquemment les actes qui ciblaient les Juifs était le déni de l'Holocauste et la déformation des faits qui y sont liés. Presque huit événements sont survenus chaque jour en 2021. C'est une augmentation de 59,8 % par rapport à 2017. Ces chiffres devraient tous nous alarmer, et ce n'est pas moi qui ai produit ces données. Elles viennent de la plus récente analyse menée par B'nai Brith, dont nous avons entendu parler cette semaine. Il est évident que ces incidents sont sous-rapportés, et cela a de quoi nous inquiéter.
La longue histoire des Juifs est caractérisée par un cycle qui se répète: des ères d'oppression et de noirceur sont interrompues par de trop brefs âges d'or de libération et de créativité florissante. Cependant, nous savons que l'antisémitisme du passé avec sa persécution, les pogroms et les chambres à gaz nazies s'est renouvelé et est devenu un cancer plus subtil, mais tout aussi dangereux. Il a aujourd'hui un objectif génocidaire indirect qui cible le territoire national des Juifs.
Les adeptes de ce nouvel antisémitisme vilipendent Israël parce que c'est le pays des Juifs, et, même si le projet de loi à l'étude ne réglera pas ce problème, il reste qu'il s'agit d'un des moteurs de la haine à l'endroit des Juifs et qu'il serait difficile de ne pas en parler à la Chambre dans le cadre d'une discussion sur l'antisémitisme. Certains députés ont contribué à attiser les braises de la démonisation de l'État d'Israël qui alimentent la montée pernicieuse de l'antisémitisme qui prétend lutter contre le sionisme. Ces députés indiquent à ceux qui font la même chose à l'extérieur de la Chambre que c'est acceptable de le faire.
L'ancien premier ministre Stephen Harper a parlé de l'antisémitisme lors d'un discours à la Knesset israélienne. Il a été le premier et le seul premier ministre canadien à le faire. Dans son discours, il a décrit une nouvelle forme d'antisémitisme, qui emploie un langage sophistiqué, c'est-à-dire des mots qui sont acceptables dans la société dite bien élevée. M. Harper a dit: « Je trouve intéressant que l'on me demande de pointer du doigt Israël lorsque je suis en territoire israélien. Lorsque je suis sur le territoire de l'Autorité palestinienne, on me demande de pointer du doigt Israël, et si je me trouve dans la moitié des autres pays du monde, on me demande encore de pointer du doigt Israël. »
Les manifestations publiques de haine dont nous avons été témoins d'un bout à l'autre du Canada n'ont débouché sur aucune action. Voilà pourquoi le projet de loi est important. Comme l'a expliqué le premier ministre dans son discours, les gens à la Chambre, ceux qui gravitent autour ainsi que les gens de la société dite bien élevée qui pointent du doigt Israël encouragent ces manifestations de haine en leur envoyant le message que ce qu'ils font est correct.
Il était inacceptable de voir le drapeau du groupe terroriste Hamas à une manifestation anti-Israël à Toronto, juste avant les dernières élections, alors que le Hamas appelle au génocide des Juifs dans sa charte, de voir l'envoi d'un manuel anti-Israël au plus important conseil scolaire du pays par quelqu'un du conseil scolaire à Toronto, de voir des enfants jouant au hockey pour les Avenue Road Ducks, dans la ligue de sport organisé la plus importante de la ville d'où je viens, exprimer ouvertement de la haine pour les Juifs, de voir d'innombrables croix gammées souiller les écoles, les terrains de jeu, les parcs et les maisons dans ma collectivité et partout ailleurs au pays, ou de voir l'antisémitisme la semaine dernière dans les rues de Toronto lorsque les participants d'un rassemblement propalestinien ont applaudi avec enthousiasme des attaques à la roquette contre des civils.
C'est de l'antisémitisme sous le couvert de l'antisionisme et de l'opposition à l'État juif. Laisser entendre qu'il s'agit de deux choses distinctes fait partie du problème. Par l'entremise de ce projet de loi, où il est convenu que l'Holocauste est un événement historique très précis et que son déni incite à la haine, des gens choisiront peut-être de défendre un principe au lieu de ménager les préjugés la prochaine fois où l'occasion de faire preuve de courage se présentera, et cette occasion viendra très vite.
Cette loi est nécessaire, d'autant plus que le nombre de survivants de l'Holocauste — les témoins oculaires de cette tragédie — est en train de décliner. L'Holocauste ne devient plus qu'un vague souvenir qui s'éloigne un peu chaque jour. Alors que les gens forment de plus en plus leur opinion selon l'idéologie dominante ou la popularité, cette loi permettra d'éviter de devoir prouver devant un tribunal, à ceux qui le nient, que l'Holocauste a bel et bien eu lieu, et de les tenir responsables de leurs actes. Les députés doivent savoir que ce texte a été inséré dans le budget. Après sept ans d'inaction, l'antisémitisme est devenu un problème encore plus pernicieux dans notre pays.
J'espère que les libéraux ne jouent pas un jeu. J'espère que les députés soutiendront ce projet de loi. D'après ce que j'ai entendu ce soir, j'ai bon espoir. Je suis certaine qu'il y a des intentions louables derrière ce qui se trouve dans le budget, mais j'espère que les députés choisiront de soutenir ce projet de loi.
Je terminerai par ces mots: l'ignorance alimente l'intolérance, et, comme l'a dit mon collègue, l'éducation est une façon de préserver l'histoire. Nous devons continuer d'enseigner la vérité. Adopter ce projet de loi permettra de protéger cette vérité.