:
Monsieur le Président, j'apprécie beaucoup que vous preniez le temps de lire la motion. Il s'agit d'une motion très importante.
Alors que nous entamons le débat sur la motion à l'étude, il importe d'insister sur le fait qu'elle ne propose rien d'inusité. Je suis député depuis 1988. J'ai vu passer des gouvernements minoritaires et majoritaires. J'ai fait partie de l'opposition, et je fais maintenant partie du gouvernement. La plupart du temps, il arrive que les heures soient prolongées à la fin d'une session, jusqu'au mois de juin, et c'est l'essence de la motion à l'étude.
Nous allons sans doute voir les conservateurs prendre la parole et, en jouant les vierges offensées, affirmer que la motion est autre chose que ce qu'elle est. Il s'agit toutefois d'une motion très claire et très simple.
Lorsqu'il prendra la parole, le pourra indiquer quels gouvernements en particulier n'ont pas présenté de motions de cette nature. Selon mon expérience, le gouvernement néo-démocrate du Manitoba, le gouvernement progressiste-conservateur du Manitoba, l'ancien premier ministre du Canada Stephen Harper et d'autres premiers ministres avant lui ont présenté des motions permettant aux députés de contribuer davantage aux débats, et c'est essentiellement ce que vise la motion. Il faut que les gens le comprennent.
On nous rappelle souvent, et à juste titre. que nous sommes dans un gouvernement minoritaire. La première fois que j’ai été élu, c’était un gouvernement minoritaire. Je faisais partie de l’opposition officielle et je me souviens que Reg Alcock, à l’époque le leader de l’opposition à la Chambre, avait dit que nous avions un rôle à jouer en nous montrant créatifs et en aidant dans la mesure du possible à apporter une contribution positive au processus législatif. Il s’agissait de voir si nous pouvions apporter des amendements aux projets de loi et de veiller à ce qu’ils soient finalement adoptés de manière à ce que nous puissions tenir des débats sur certaines des mesures législatives les plus importantes.
C’était en 1988 et il y a tout juste huit mois, à la fin de septembre et en octobre dernier, les Canadiens nous ont confié un troisième mandat plus solide que le deuxième. Plus de députés ont été élus pour ce troisième mandat qu’au deuxième. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un gouvernement minoritaire. Les Canadiens veulent que nous travaillions pour eux, ce qui signifie que nous devons parfois mettre de côté la politique partisane. Comme les députés le savent, il m’arrive d’être quelque peu partisan, et je le reconnais. Cependant, il est parfois important de mettre la partisanerie de côté.
Je serais heureux d'entendre le . Il devrait dire aux Canadiens, dans cette enceinte aujourd’hui, si Stephen Harper a déjà présenté des motions de cette nature pour prolonger les heures de débat. Je dirai au député d’en face, comme je suis sûr qu’il le sait, que la réponse à cette question est oui. Il est important que nous le reconnaissions dès le départ, car je prédis que les conservateurs, dans une certaine mesure, nous dirons à quel point cette motion est mauvaise.
Monsieur le Président, si nous examinons les détails de cette motion, nous constatons qu'elle prévoit essentiellement deux choses. Premièrement, elle permet à la Chambre des communes de siéger plus tard le soir, ce qui signifie que nous pourrions siéger jusqu’à minuit. Pourquoi devrions-nous siéger jusqu’à minuit? Eh bien, parce qu’il y a un programme législatif important. Il y a des projets de loi dont la Chambre doit pouvoir débattre. Pour faciliter ce débat, nous devons prolonger les heures ou limiter encore plus la durée des débats au sein de la Chambre. Nous avons souvent observé la réaction des conservateurs lorsque nous essayons de dire qu’un certain projet de loi doit être adopté: ils en débattent sans fin, avant de réclamer plus de temps de débat.
M. Damien Kurek: C’est ce qui s’appelle la démocratie.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, le député d’en face dit que cela s’appelle la démocratie. C’est l'objet de ce projet de loi: accorder plus de temps pour que les députés d’en face puissent débattre.
On peut penser aux arguments qu’ils ont fait valoir au cours des dernières semaines et des derniers mois, disant qu’ils veulent plus de débats sur les projets de loi du gouvernement. Ne sont-ils pas satisfaits? C’est la motion pour laquelle ils devraient voter. C’est la motion qu’ils devraient appuyer pour qu’elle soit adoptée rapidement, car elle va nous permettre d’avoir des heures de débats supplémentaires. Est-ce parce qu’ils ne veulent pas faire l’effort nécessaire? Je peux assurer aux députés que chaque membre du caucus libéral, grâce à l’appui du caucus néo-démocrate, s’engagera à faire le travail nécessaire pour adopter le type de mesures législatives que les Canadiens attendent de la Chambre des communes.
Bref, le député d’en face a tort, étant donné l’attitude du Parti conservateur. Nous l’avons vue plus tôt aujourd’hui, il y a une heure à peine. Nous devions parler de ce que nous pouvons faire pour ajouter des heures afin que les députés de l’opposition et les députés ministériels puissent participer au débat sur des projets de loi importants. Cependant, les conservateurs ont déposé une motion d’adoption, comme ils continuent d'essayer de bloquer le programme législatif. Il m’était difficile de ne pas parler quand cette motion nous a été présentée, et je peux l’assurer aux députés parce que j’avais plusieurs réflexions sur le comportement dont fait preuve le Parti conservateur en déposant une telle motion.
Comme nous le voyons, les conservateurs ont des arrière-pensées en l’occurrence. Ils essaient de dire au public qu’ils veulent coopérer, qu'ils veulent accomplir des choses avec le gouvernement, l’aider à faire les types de choses qui sont à faire, mais, le moment venu, le Parti conservateur continue de chercher des moyens d’empêcher que les choses se fassent.
Je me permets d'en donner un exemple. Le projet de loi est celui qui me vient à l’esprit.
M. John Brassard: Je suis heureux de vous l’entendre mentionner.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, le se dit heureux que je le mentionne. Voici donc ce que j’en pense.
Nous parlons des mesures budgétaires de l’automne. Le projet de loi , le suivi à l'énoncé économique de l’automne, vise à soutenir concrètement les Canadiens, de manière très réelle. Il est difficile de le croire, mais c’est vrai: ce projet de loi est toujours à l’étude à la Chambre. Nous en avons débattu un plus grand nombre de jours que le budget de 2022‑2023.
Le contenu du projet de loi est substantiel. On parle d’un projet de loi qui soutient directement et très concrètement les Canadiens. Je pourrais parler, par exemple, de l’amélioration de la ventilation dans les écoles. Quand on pense à la pandémie, il s’agit d'une mesure très nécessaire qui recueille un certain soutien. Il y a eu le premier examen des tests de dépistage rapide. Nous nous rappelons qu’en décembre et en janvier, quand les Canadiens disaient qu’ils avaient besoin de tests de dépistage rapide, nous avons réussi à en obtenir un nombre record afin que les provinces et les territoires puissent les distribuer. Bien plus de 1 milliard de dollars a été affecté à ces tests de dépistage rapide. Il y a aussi des aides directes aux petites entreprises dans le projet de loi C‑8, des aides dont les petites entreprises dépendent beaucoup.
Le projet de loi est une mesure législative qui aurait dû être adoptée il y a longtemps, sauf que quand le gouvernement l’inscrit au débat, les conservateurs cherchent des moyens d’empêcher que les députés l’examinent. J’ai mentionné ce qui s’est passé aujourd’hui quand l’opposition a présenté une motion d’adoption. Elle en a présenté d'autres, même pour empêcher le débat sur le projet de loi C‑8. Les conservateurs ne reculent devant rien pour empêcher les députés de débattre. L’opposition officielle dresse souvent des obstacles, quel que soit le projet de loi. Nous l’avons même constaté lorsqu’il s’agit de projets de loi qu’elle appuie. Nous avons une opposition officielle qui s’est donné pour objectif d’empêcher le gouvernement de faire adopter quoi que ce soit, un point, c’est tout.
Une voix: Le gouvernement doit rendre des comptes.
M. Kevin Lamoureux: Vous parlez de rendre des comptes, mais cher ami, rendre des comptes, ce n’est pas cela.
M. Jake Stewart: Bien sûr que si, c’est ça rendre des comptes.
M. Kevin Lamoureux: Monsieur le Président, empêcher le gouvernement de faire adopter toutes les mesures qu’il présente à la Chambre des communes, ce n’est pas lui demander de rendre des comptes. Nous n’avons pas la même définition de la reddition de comptes, mais en tout cas, cher ami, ce n’est pas cela.
Le souhait que les Canadiens ont exprimé par leur vote, c’est que le gouvernement travaille avec les partis de l'opposition. Mais il faut que les partis de l'opposition, notamment le Parti conservateur qui est l’opposition officielle, reconnaissent qu’ils ont eux aussi une obligation, celle de faire en sorte que la Chambre des communes soit mieux en mesure de servir la population canadienne.
Je mets au défi les députés d’en face de s’engager dans un débat sincère, comme si nous étions à l’université, par exemple, au sujet de cette question précise. Je suis convaincu qu’aucun député conservateur ne voudra en discuter. D’une part, ils essayeront d’empêcher toute discussion et, d'autre part, ils diront qu’il faut plus de temps pour en discuter. Ils veulent qu’un plus grand nombre de députés puissent prendre la parole au sujet de ce projet de loi, celui-ci ou un autre d’ailleurs. Ils envoient des messages tout à fait contradictoires.
Aujourd’hui, les députés conservateurs vont prendre la parole, l’un après l’autre, pour nous dire, notamment le , que nous n’avons pas besoin de cette motion et que ce qu’il faut, c’est plus de collaboration. Leur leader à la Chambre des communes va parler du soutien que nos collègues néo-démocrates apportent à la motion. Manifestement, cela le dérange beaucoup.
Pour faire adopter des projets de loi dans cette enceinte, le gouvernement a absolument besoin de la collaboration d’au moins un parti de l'opposition. Il ne faut pas grand-chose pour empêcher l’adoption d’un projet de loi du gouvernement. Il suffit de faire venir à la Chambre une dizaine d’élèves du secondaire de l’école R.B Russell, de Sisley, de St. John’s ou de Maples, et je vous garantis qu’on pourra empêcher l’adoption de n’importe quel projet de loi.
Il ne faut pas grand-chose pour empêcher l’adoption d’un projet de loi. En revanche, il faut faire un effort pour contribuer sérieusement au débat et proposer les modifications qu’on juge nécessaires, voire, si l’on est en profond désaccord avec la mesure proposée, suggérer d’autres façons de procéder pour avoir un vrai débat. Il n’y a pas un député libéral qui serait contre cela, si tous les partis ici présents faisaient preuve de bonne volonté. C’est la raison pour laquelle, lorsque viendra le moment de passer au vote, tous les libéraux se prononceront en faveur de la motion. Il n’y aura même pas besoin de rameuter les troupes pour le vote, puisque cela garantira un plus grand nombre d’heures de discussion...
:
Monsieur le Président, vous faites du bon travail dans le fauteuil aujourd'hui. Je vous remercie encore.
[Traduction]
Et c’est reparti. Honnêtement, je ne sais pas quoi dire après avoir entendu le . Comme je l’ai dit dans la question que je lui ai adressée, j’ai entendu beaucoup de justifications, mais peu de reddition de comptes quant aux raisons pour lesquelles les libéraux présentent aujourd’hui ce qui m’apparaît comme une motion draconienne, la motion no 11, alors qu’il n’y a pas vraiment lieu de le faire. Grâce à la coalition avec le NPD, et même avant l’annonce de cette coalition, il n’y a aucune mesure que les libéraux n’ont pas pu présenter dans le cadre de leur programme législatif.
Jusqu’à maintenant, sur les 18 projets de loi qui ont été présentés, huit ont reçu la sanction royale. Il ne fait aucun doute que le gouvernement peut vouloir présenter d’autres projets de loi, mais rien ne l’empêche de le faire dans les délais prescrits par le Règlement et par le calendrier que mon prédécesseur et les autres leaders parlementaires ont accepté l’an dernier.
Le Règlement parle de la possibilité de prolonger les heures de séance. Nous l’avons vu. Je suis ici depuis six ans et demi, certainement pas aussi longtemps que ma collègue de , qui est ici depuis 21 ans et qui est, je crois, la doyenne de notre caucus. Elle a tout vu, comme députée ministérielle et maintenant comme députée de l’opposition. Il n’y a jamais eu de cas comme celui-ci, du moins dans l’histoire de ce Parlement, et je suppose dans l’histoire des assemblées législatives de l’ensemble des provinces et des territoires du pays, où le 28 avril, on débat d’une motion qui donne au gouvernement le pouvoir absolu de prolonger les heures de séance à ce moment précis de la session parlementaire.
Je parlerai plus tard des conséquences de cette mesure, car je crois qu’elle a des conséquences importantes pour l’administration de la Chambre, sur la vie et la santé mentale et physique de ceux qui y travaillent, mais je veux d’abord me concentrer sur la raison pour laquelle nous en sommes là, une situation dans laquelle nous n’avons certainement pas besoin de nous trouver.
J’ai entendu le et le dire qu’ils se concentrent sur le projet de loi pour justifier la présentation de cette motion no 11 maladroite. La réalité du projet de loi C‑8 est que, comme je l’ai dit, il n’a été présenté que le 15 décembre. Il a été adopté à l'étape de la deuxième lecture en février, puis a été renvoyé au comité en mars et est revenu à la Chambre à l’étape du rapport. D’autres questions ont dû être débattues à l'issue de l'étude par le comité. En fait, je me souviens de m’être entretenu avec vous, monsieur le Président, du projet de loi C‑8 à l’étape du rapport et que vous aviez exprimé des préoccupations, non pas dans votre rôle actuel de Président, mais à titre de député du Bloc québécois. Ces préoccupations ont certainement suivi le processus.
Dans cet échéancier, plus particulièrement en ce qui concerne le projet de loi , il y a certaines mesures importantes, qui ont déjà été mises en œuvre, comme l’achat de tests rapides. En déposant un avis de voies et moyens, le gouvernement a le pouvoir d’accélérer les dépenses prévues dans un projet de loi. Si nous jetons un regard en arrière, nous avons eu quatre semaines de congé. Je suis sûr que nous sommes tous d’accord avec cet échéancier. C’est effectivement une mauvaise gestion du programme législatif qui explique pourquoi le projet de loi C‑8 n’a pas été mis de l'avant.
Comme je l’ai dit dans ma question au , et il est important de comprendre ceci parce que les libéraux nous ont accusés, nous, l’opposition, de faire de l’obstruction à ce projet de loi, c’est le 4 avril que le gouvernement a fait inscrire un avis d’attribution de temps au Feuilleton des avis. C’était la semaine du budget. Le budget a été présenté le 7 avril. La motion n’a pas été présentée.
Lorsque j’ai demandé au pourquoi il n’avait pas présenté la motion, il s’est justifié en disant que le NPD ne voulait pas la présenter. Comment pouvons-nous faire de l’obstruction? Si les partenaires de coalition des libéraux ne voulaient pas présenter un avis d’attribution de temps, alors leur problème par rapport au projet de loi n’est pas lié à l’opposition, mais bien à leurs partenaires de coalition, car ces derniers ne voulaient pas présenter la motion. Si le secrétaire parlementaire le souhaite, il peut le confirmer auprès du leader du gouvernement à la Chambre. Espérons qu’il obtiendra la vérité, mais c’était la teneur de la conversation que nous avons eue. En fait, la question a été soulevée lors de la réunion des leaders parlementaires le lendemain.
Le gouvernement laisse entendre, en particulier à propos du projet de loi , que nous faisons en quelque sorte obstruction à l’adoption de cette mesure législative. Certes, des personnes ont voulu s’exprimer sur le projet de loi à l'issue de l'étude par le comité parce qu’il y avait des problèmes importants. Toutefois, j’affirmerais respectueusement que ce sont les partenaires de coalition des libéraux qui ont empêché la présentation de l’avis d’attribution de temps qui, comme je l’ai dit, a été déposé le 4 avril. Nous aurions pu nous pencher sur cette question à l'étape de la troisième lecture, même avant le budget, au cours de cette première semaine.
Nous partageons certainement ces préoccupations, notamment du point de vue de l’agriculture, en ce qui concerne le remboursement de la taxe sur le carbone et les taxes. Je sais qu’il y a des enseignants qui attendent ce projet de loi. Le fait que ce sont les libéraux et leurs partenaires de coalition néo-démocrates qui y font obstacle ne m’échappe pas, et cela ne devrait échapper à personne à la Chambre.
L’autre élément préoccupant — et je sais que le député l’a également soulevé — est la question de l’aide médicale à mourir et la prolongation, dans cette motion, concernant l’aide médicale à mourir, jusqu'au 17 octobre. Ce projet de loi devait faire l’objet d’un examen législatif. Il y a eu des élections en septembre. Nous avons repris nos travaux vers le mois de novembre. Toutefois, ce n’est qu’à la fin du mois de mars, dans le délai requis pour cet examen législatif, que le gouvernement a commencé à parler du comité sur l’aide médicale à mourir et de la nécessité de cet examen législatif. En fait, cet examen législatif devait avoir eu lieu avant le mois de mai, et nous en avons donc débattu.
Je comprends mon collègue du Bloc et je comprends également que l’aide médicale à mourir soulève des questions très sérieuses qui doivent être examinées, mais en ce qui concerne l’examen législatif qui devait se faire en mai, nous avons en fait accepté, en tant qu’opposition, de prolonger le délai de six semaines. Ce n’est pas notre faute si le gouvernement a retardé l’examen législatif. Il l’a repoussé jusqu’en mars, et nous avons ensuite accepté de dépasser cette prolongation. Au départ, cela m’a un peu inquiété, mais nous ne contrôlons pas le programme législatif à la Chambre. Ce n’est pas le travail de l’opposition de déterminer ce qui va se passer dans cet endroit. C’est le travail du gouvernement. Lorsque nous étions au pouvoir, nous avons établi le programme législatif qui devait se dérouler dans cette enceinte.
L’échec des libéraux, en ce qui concerne non seulement le projet de loi , mais aussi l’aide médicale à mourir, l’examen législatif requis et l’échéancier connexe, est leur faute. C’est entièrement leur faute, et c’est pourquoi nous nous sommes entendus. J’ai respecté la préoccupation du , et je sais qu’il y a des problèmes très profonds et personnels au sein du caucus du Bloc sur la question de l’aide médicale à mourir. C’est pourquoi nous avons accepté de prolonger le délai de six semaines et de donner au comité ce que nous croyons être un délai approprié, soit six semaines de plus, pour examiner cette question.
En fait, nous nous sommes également engagés à ce que le comité siège plus longtemps que prévu. Cela aurait nécessité le transfert de ressources d’autres comités à ce comité, mais nous nous sommes engagés à permettre cette prolongation jusqu’au 23 juin, ce que nous avons tous accepté, y compris moi-même et le parti.
Encore une fois, c’est la prérogative du gouvernement. Nous ne contrôlons pas l’administration de cet endroit. Nous ne contrôlons pas les comités. Nous ne contrôlons pas les séances virtuelles. Nous ne contrôlons pas la traduction. Nous ne contrôlons pas le personnel administratif ni les greffiers. C’est le gouvernement qui s’en charge. Nous nous sommes engagés, en prolongeant ce délai, à travailler et à être disponibles pendant cette période si des séances supplémentaires du comité sur l’aide médicale à mourir étaient nécessaires. Nous nous sommes engagés à faire le travail, et pourtant, voilà où nous en sommes.
Nous voyons maintenant dans cette motion une prolongation jusqu’au 17 octobre. Il y avait eu des discussions entre les partis pour la prolonger, et au nom de notre parti, j’ai dit « non ». Il devait y avoir un consentement unanime, car nous avions déjà convenu de la prolonger de six semaines, soit jusqu’au 23 juin. Encore une fois, le gouvernement a perdu du temps à former le comité. Il a fallu que nous commencions à siéger en novembre pour qu’il se décide enfin à en parler en mars, ce qu’il a fait pour respecter les exigences du calendrier législatif.
L’autre chose que le gouvernement a faite, c’est qu'il a déclenché des élections en septembre dernier. La Chambre aurait pu encore siéger. Seulement 18 mois s'étaient écoulés depuis le début de la session parlementaire. Nous aurions pu continuer à siéger. Les libéraux auraient pu s'occuper de l’aide médicale à mourir ou d’autres projets de loi, comme le projet de loi , durant cette période, mais ils ont choisi de ne pas le faire. En quoi est-ce notre faute? En quoi faisons-nous obstruction au Parlement? En quoi faisons-nous obstacle au programme législatif du gouvernement, alors que ses députés ne parviennent presque jamais à mettre en œuvre ce qui figure dans leur programme législatif et n’utilisent pas le temps et les ressources de la Chambre d’une manière qui leur permettrait de faire leur travail?
C’est ce qui s’est passé avec l’aide médicale à mourir. C’est ce qui s’est passé, au cas où quelqu’un se demanderait pourquoi nous voyons ce report dans cette motion. Je comprends, comme je l’ai dit plus tôt, qu’il était important pour mon collègue le et pour les députés du Bloc de voir l’échéance être prolongée au-delà de ce que nous avions tous convenu, soit jusqu'au 17 octobre. Bien que cela me déçoive, je comprends assurément, d’après mes discussions avec mon collègue du Bloc, pourquoi c’est important pour eux.
Or, je doute que nous ayons besoin de l'inscrire dans une motion omnibus. Nous aurions pu avoir d’autres discussions, mais je suppose que c’était une façon de donner une sorte d’occasion au Bloc de comprendre cette motion, et c’est correct. Je comprends que ces choses-là arrivent, car, comme je l’ai dit, je comprends l’importance de cette question pour le Bloc. Je sais que le voulait une explication, et je viens de la lui donner. Nous avions tous convenu de prolonger ce délai, et nous n’en voyions pas la raison, surtout compte tenu du fait que nous étions prêts à travailler avec le comité pour prolonger les heures.
Il a été question que, pendant la pause de mai, la semaine suivant la fête de Victoria, nous ayons des séances de huit heures. J’en ai parlé à notre ministre du cabinet fantôme, et c’était impossible. Cela aurait représenté huit heures de séance par jour pour un comité traitant de l’aide médicale à mourir, alors qu’un grand nombre de ces ressources auraient pu être transférées d’autres sources pour s’occuper du comité sur l’aide médicale à mourir pendant que la Chambre siège. Cela aurait pu se faire, mais nous avons pensé que huit heures par jour de séance pendant cette semaine de relâche en mai était une demande déraisonnable, et je pense qu’elle l’était, car certains députés de notre côté avaient des projets avec leur famille pendant cette semaine-là, parce que c’est la fin de semaine de la fête de Victoria ici, en Ontario; donc, il y avait déjà des choses de prévues.
Nous aurions certainement pu travailler ensemble, mais nous constatons que ce genre de choses tend à se répéter. Les députés se souviendront de la motion no 6, que le gouvernement a présentée à un moment donné. C’est très différent de cela, car à l’époque, il y avait un fort consensus, un accord et une harmonisation entre les partis de l’opposition. Le Parti conservateur, le Bloc et le NPD s’opposaient à la motion no 6, et nous l’avons combattue vigoureusement.
Toutefois, en raison de cette harmonisation, le gouvernement a fini par renoncer à cette motion, du moins à certains de ses éléments les plus destructeurs. La situation est différente ici.
La motion no 11 est différente parce que je soupçonne les libéraux d’avoir l’appui du NPD. Bien sûr, le gouvernement a lancé quelques miettes au NPD. Nous avons vu que tout ce qu’il faut au NPD pour qu'il donne son appui dans cette alliance contre nature et cette collusion, c’est qu’on lui lance quelques petites miettes, et il saute sur l’occasion, car le Parti libéral a effectivement le NPD dans sa poche pour mettre en œuvre ce genre de motions. C’est assez inquiétant.
Il y a des aspects extrêmement inquiétants qui s’inscrivent dans un modèle de ce que j’appellerais un déclin de la démocratie dans ce pays. Nous avons vu ce genre de choses à maintes reprises. Nous l’avons vu avec la motion no 6, comme je l’ai dit plus tôt. En fait, l’une des premières mesures législatives présentées après le début de la crise de la COVID, en mars 2020, était une mesure absolument draconienne du gouvernement, et je suis heureux que tous les partis de l'opposition s'y soient opposés. Même le NPD l’a fait à l’époque parce qu’il n’avait pas encore formé cette alliance contre nature, mais il a combattu ce projet de loi draconien, qui aurait donné au gouvernement d'immenses pouvoirs et une portée excessive pour suspendre les activités du Parlement et taxer les Canadiens sans l’aval du Parlement.
Les députés peuvent-ils s'imaginer qu'un gouvernement songe à appliquer une telle mesure dans une société démocratique comme le Canada? Lorsque je parle de ce déclin de la démocratie, de nombreux exemples me viennent en tête, et pas uniquement pendant la pandémie de COVID, mais aussi avant. Même en tentant de faire adopter la motion no 6, le gouvernement a vraiment outrepassé et élargi ses pouvoirs et son influence sur le Parlement, affaiblissant ainsi la démocratie et, du même coup, nos institutions. Cette façon de faire mine la confiance et le respect de la population à l'égard de nos institutions, de ce qui tient les institutions à l'écart de la politisation et de l'influence du gouvernement, et pourtant, c'est ce que le gouvernement continue de faire. C'est certainement l'objectif de la motion no 11.
J'aimerais passer la motion en revue et en signaler les éléments les plus préoccupants. Je ne suis pas le seul, à titre de parlementaire, à être préoccupé par le déclin démocratique qui se produit au Canada. On en voit des exemples chez nous, comme dans certains pays d'Europe de l'Est où l'ampleur du phénomène est mesurable. Des mesures ont été faites, et j'en parlerai dans quelques minutes.
Je soutiens que la motion no 11 aggrave le déclin de la démocratie. À la lecture de la motion, on voit certaines des mesures que le gouvernement propose. La motion dit:
[L]e jour de l’adoption de cet ordre, l’heure de l’ajournement quotidien soit minuit, que jusqu’au jeudi 23 juin 2022, un ministre de la Couronne puisse, avec l’accord du leader à la Chambre d’un autre parti reconnu, se lever de son siège à tout moment pendant une séance, mais avant 18 h 30, et demander que l’heure ordinaire de l’ajournement quotidien pour la séance en cours ou une séance ultérieure soit minuit [...]
Réfléchissons maintenant à ce que cela signifie. Un ministre de la Couronne — et il n'est pas nécessaire que ce soit le leader du gouvernement à la Chambre, même s'il est considéré comme un ministre — pourrait se présenter à un autre parti à 18 h 29 et lui dire: « Nous voulons prolonger les heures, serez-vous d'accord? »
Il suffit qu'un parti, c'est-à-dire un leader à la Chambre d'un parti reconnu, donne son accord. Je me demande qui le ferait. Je sais que le a dit que je pourrais donner mon accord, mais la motion contient certaines dispositions que je ne pourrais jamais accepter. Pourquoi accepterais-je donc à 18 h 29 de prolonger la durée de la séance de la Chambre?
Le leader du gouvernement à la Chambre ou un ministre ira voir ses copains de coalition du NPD et lui dira: « Bon, nous ne faisons pas avancer les choses assez rapidement ». Il n’y aura pas de débat ouvert et vigoureux, ni de surveillance ou d’examen, ce qui est la raison d’être de la Chambre des communes. Au lieu de cela, nous pouvons siéger ici, et ils peuvent se déplacer et parler à leurs copains du NPD pour dire « Bon, nous voulons prolonger les heures de séance jusqu’à minuit ». Je vais dire aux députés ce qui est le plus inquiétant à ce sujet, mais ce qui l’est moins, c’est l’impact que le manque de planification aurait sur les familles des gens qui travaillent ici.
Voici un scénario: la Chambre doit lever la séance à 18 h 30. À 18 h 29, tous deux sont de mèche et ils disent qu’ils veulent prolonger la séance jusqu’à minuit. Que cela fait-il aux familles? Que cela fait-il aux députés qui ont peut-être des projets? C’est une chose de le faire pendant l’horaire normal prévu dans le Règlement, mais c’en est une autre de commencer à le faire le 28 avril, c’est-à-dire aujourd’hui, car cela entrerait en vigueur si cette motion était adoptée.
Que cela fait-il à l’Administration de la Chambre? Que cela fait-il aux greffiers? Ils travaillent fort, et ils savent qu’ils doivent travailler fort, mais une minute avant l’ajournement de la Chambre, le gouvernement et ses copains du NPD peuvent dire qu’ils veulent garder tout le monde ici. Ils voudraient garder ici les greffiers, l’Administration et les pages.
Les gens n’ont-ils pas assez souffert durant cette crise? Nous avons dû subir la prolongation de longues heures de travail dans cet endroit, l’incertitude et les répercussions sur la santé mentale, sur les familles et sur la vie des gens, et pourtant, une minute avant l’ajournement de la Chambre, ils peuvent soudainement prolonger la séance jusqu’à minuit et ils peuvent faire cela tous les soirs s’ils le veulent.
En quoi est-ce juste? En quoi est-ce juste pour une mère qui travaille ici et qui a des enfants qui l'attendent à la maison, ou pour un père qui travaille ici et qui a des enfants qui l’attendent à la maison? Qu’en est-il d’un mari et d’une femme qui travaillent ensemble, des conjoints qui travaillent ici, qui doivent travailler de longues heures parce que le gouvernement gère mal son programme et qu'il n’utilise pas efficacement son temps à la Chambre?
Qu’en est-il des répercussions sur la santé mentale? Qu’en est-il des chauffeurs? Qu’en est-il des gardiens de sécurité? Concrètement, ils recevront un préavis d’une minute les obligeant à rester dans cet endroit. Allons donc. C’est ridicule, non? Le gouvernement peut le faire, comme je l’ai dit plus tôt, à partir du moment où cette motion est adoptée jusqu’au 23 juin, ou plus tôt s’il décide d’ajourner la Chambre.
Bien sûr, une autre partie de la motion parle des délibérations sur toute motion de l’opposition. Ainsi, lorsqu’il s’agit d’affaires du gouvernement, c'est bon, on prolongera la séance, mais pas les jours de motion de l’opposition. Ce sont des jours désignés très précieux que nous obtenons. L’opposition officielle obtient cinq jours de la période de crédits, le Bloc québécois en obtient un et le NPD, je crois, en obtient un aussi.
Cependant, ces jours-là, la séance serait levée au moment prévu. Il n'y aurait pas de possibilité de prolonger la séance au-delà du temps normal, mais il y aurait toujours du temps pour les projets de loi d’initiative ministérielle. Or, il y aurait peut-être là une question de la première importance pour les Canadiens. Il s'agirait peut-être d’un dossier géopolitique, d’une question financière ou d’un problème touchant la santé des Canadiens que nous voudrions soulever pour obtenir un consensus à la Chambre. Nous n'aurions pas la possibilité de prolonger la séance au-delà de l’heure normale, mais le gouvernement, avec un préavis d’une minute et avec l’aide de ses amis de coalition du NPD, pourrait prolonger la durée des séances de la Chambre chaque jour, y compris le vendredi.
Le vendredi, nous nous occupons des affaires de la Chambre pour le pays, et la séance est levée à 14 h 30. Cependant, à 14 h 29, les deux partis pourraient se réunir et dire que nous siégerions jusqu’à minuit.
On peut parler des répercussions possibles sur les familles et l’unité familiale, ainsi que des répercussions sur la santé mentale et physique de ceux qui travaillent pour faire fonctionner cet endroit. Cela comprend les députés, dont beaucoup planifient de se déplacer le vendredi pour pouvoir rentrer dans leur circonscription. Lorsqu’ils rentrent dans leur circonscription, ils participent à des activités le samedi et parfois le dimanche, puis ils reprennent l'avion pour revenir au Parlement. Les libéraux laissent maintenant entendre que les députés doivent annuler leurs plans sur un coup de tête parce qu’ils ne réussissent pas à gérer leur programme législatif et l’horaire de la Chambre, et ils vont nous garder ici jusqu’à minuit le vendredi.
Je siège ici depuis six ans et demi et j’ai souvent entendu le NPD parler d’un environnement favorable à la famille à la Chambre afin d’attirer plus de femmes au Parlement et de faire en sorte que la vie des gens qui travaillent ici et celle des députés soient équilibrées pour qu’ils puissent passer du temps avec leur famille et dans leur circonscription. Cependant, si cette motion est adoptée aujourd’hui, les libéraux insisteront pour que la séance soit prolongée jusqu’à minuit chaque jour où la Chambre siège, avec un préavis d’une minute, une minute seulement, y compris les vendredis. Je n’ai rien contre le fait de travailler le vendredi. Cela fait partie de mon travail, à titre de leader parlementaire de l’opposition, d’être ici le vendredi. Cependant, je pense qu’il est tout à fait déraisonnable de s’attendre, avec un préavis d’une minute, à ce que toute l’Administration, tout le personnel de soutien et les interprètes qui travaillent à la Chambre soient ici jusqu’à minuit tous les jours, lorsque les travaux de la Chambre débutent à 10 heures, parce que le gouvernement gère mal son programme législatif.
Je n’ai même pas parlé des interprètes. Au Bureau de régie interne, nous avons entendu parler des répercussions des séances virtuelles ou hybrides sur les interprètes. Nous avons constaté une augmentation du nombre de blessures. Des rapports publiés font état d’une augmentation marquée de l’incidence de blessures physiques que le milieu de travail hybride a sur les interprètes. J’ai également parlé de certaines des autres personnes qui seront touchées par cette mesure. Si le gouvernement se préoccupe à ce point de la santé et du bien-être des gens qui travaillent ici, y compris les interprètes, pourquoi proposerait-il de prolonger la séance jusqu’à minuit tous les jours? Tout simplement parce qu’il n’a pas réussi à imposer son programme législatif dans les délais prescrits par le Règlement.
Cela aura également une incidence sur les comités, un sujet que je vais aborder un peu plus tard. Cela aura une incidence sur la capacité des comités à faire leur travail en raison de la réaffectation des ressources qui sera nécessaire. Il va de soi que si nous siégeons jusqu'à minuit, nous devrons retirer quelque chose à quelqu'un, et le travail important effectué par les comités en souffrira. C'est peut-être l'objectif. C'est peut-être ce que veut le gouvernement, c'est-à-dire enlever du temps de travail aux comités afin de pouvoir éviter d'assumer ses responsabilités et de faire preuve de transparence. Nous pouvons constater une fois de plus le déclin démocratique qui se produit au pays.
C'est extraordinaire. Comme je l'ai mentionné, après 18 h 30, alors qu'il reste une minute à la séance parce que la Chambre ajourne normalement à 18 h 30, un député ou un ministre du gouvernement peut aller voir le NPD et dire: « Nous allons prolonger la séance. » Voilà l'incidence de cette motion. C'est une blague, il n'y a pas d'autre façon de l'expliquer. La motion stipule:
[...] la présidence ne reçoive ni demande de quorum ou motion dilatoire, et ne reçoive une demande de consentement unanime qu’après avoir reçu avis des leaders à la Chambre ou whips de tous les partis reconnus [...]
On ne parle pour l'instant que du consentement unanime. Au moins, les libéraux ont prévu que les leaders à la Chambre des partis reconnus doivent donner leur consentement pour que la motion de consentement unanime soit adoptée. Cependant, ce qui est intéressant en l’occurrence, c’est l'obligation constitutionnelle d’avoir un quorum à la Chambre. Bref, ce que les libéraux disent dans cette motion, c’est qu’après 18 h 30, le quorum ne sera plus obligatoire.
M. Kevin Lamoureux: Cela ne s’est jamais produit auparavant.
M. John Brassard: Monsieur le Président, le vient de me dire que cela ne s’est jamais produit auparavant. Cela ne s’est jamais produit dans ce type de circonstances, cela s’est toujours fait avec l’accord de tous partis reconnus, par consentement unanime. Les libéraux forcent le Parlement à adopter cette motion à la hâte. Ainsi, cela ne s’est jamais fait avant sans le consentement express et unanime de tous les leaders à la Chambre. La motion n’en tient pas compte. Autrement dit, on nous impose cette formule.
Voyons un peu à quel point c’est ridicule. Il n’est pas question de quorum, et les députés de l’opposition prennent leurs responsabilités et leur rôle de député très au sérieux. Tout comme le quorum à la Chambre est un droit constitutionnel, l’opposition a encore l’obligation constitutionnelle de demander au gouvernement de rendre des comptes. Nous prenons ce rôle très au sérieux. Le fait que le gouvernement ne prévoie pas de quorum à la Chambre signifie, en fait, que nous pouvons être présents en tant qu’opposition, tout comme le Bloc, pour poser des questions et débattre de projets de loi du gouvernement, mais que les députés ministériels ne sont pas tenus d'être présents. Ils peuvent littéralement être tranquillement chez eux à ne rien faire, à regarder un feuilleton télévisé ou les Blue Jays, pendant que nous et nos collègues du Bloc, en tant qu’opposition, nous siégeons à la Chambre à débattre des projets de loi du gouvernement. Avec le libellé actuel de la motion, quand il y aura des questions et des commentaires, il se peut que nous soyons les seuls à nous poser des questions sur les projets de loi du gouvernement.
Cela donne une idée de ce que sera le programme à la Chambre si cette motion est adoptée. En fait, comme nous le savons à cause de l’entente que nous avons tous vu le NPD et les libéraux signer, les choses sont déjà programmées à la Chambre. Les députés ministériels ne veulent pas d’opposition, ils veulent un auditoire, et ils y parviendront parce qu’ils ne seront pas obligés d’être ici. Ils pourront être tranquillement chez eux en pyjama à regarder CPAC pendant que nous travaillerons pour le pays et débattrons de leurs projets de loi. Voilà ce que signifie cette partie de la motion. À défaut de demande de vérification du quorum, ni le gouvernement ni le NPD n'ont l'obligation d’être présents.
Je soupçonne que les deux seuls partis qui se présenteront sont l’opposition officielle et le troisième parti, le Bloc, car nous sommes ceux qui veulent travailler. Je regarde mes collègues du Bloc. Suis-je le seul à penser qu’il est ridicule que le gouvernement et le NPD puissent rester assis chez eux pendant que nous débattons de leurs projets de loi et que, à la période des questions et commentaires, nous nous posions les questions que le gouvernement devrait poser pendant le débat? N’est-ce pas ridicule? C’est ce que demande la motion.
M. Kevin Lamoureux: Essayez-vous de les manipuler pour qu’ils vous appuient?
M. John Brassard: Monsieur le Président, le député vient de demander si j’essaie de les manipuler pour qu’ils nous appuient. Je pense que les députés du Bloc sont en fait intelligents et voient à quel point cette motion est ridicule. Je pense qu’ils s'en rendent compte. J’ai déjà eu affaire au député de et c’est un gars assez intelligent. Il comprend exactement ce que font les députés ministériels, tout comme nous. Ils ne veulent pas d’une opposition; ils veulent un auditoire. C’est ce qu’ils veulent.
Nous observons cette tendance depuis six ans et demi, depuis que je suis ici, depuis 2015, et j’ai souligné certaines de ces manœuvres, qu’il s’agisse de la motion no 6 ou du premier projet de loi présenté au Parlement après l'apparition de la COVID. Les députés ministériels semblent penser qu’ils peuvent faire passer n’importe quoi à toute vitesse.
Il y a eu des élections en septembre et les libéraux ont formé un gouvernement minoritaire. À l’époque, je crois que le pensait que deux choses allaient se produire. Premièrement, il pensait que les gens allaient lui jeter des pétales de rose pour la façon dont il avait géré la COVID. Cela ne s’est pas produit, de toute évidence, au vu des résultats. Deuxièmement, les libéraux savaient très bien ce qui allait se passer au Canada. Ils savaient que la crise économique était imminente. Ils savaient que la crise d’abordabilité était imminente, et la seule façon pour eux de protéger leurs arrières était d’espérer un gouvernement majoritaire en septembre. Comment expliquer autrement le fait que 18 mois après le début de son mandat, le premier ministre ait été prêt à déclencher des élections à 600 millions de dollars? Bien sûr, les libéraux essayaient de protéger leurs arrières, d'obtenir une protection que seul un gouvernement majoritaire pouvait leur offrir.
Il ne leur a pas fallu longtemps pour en arriver à un gouvernement majoritaire, n’est-ce pas? En faisant quelques petites concessions au NPD, en lui donnant ceci et cela pour obtenir un soutien pour au moins les quatre prochains budgets, les libéraux ont trouvé cette protection. J’ai déjà abordé la question à la Chambre, et je n'arrive pas exprimer l'ampleur de ma déception à l’égard de nos amis du NPD qui ont donné au gouvernement la protection qu’il souhaitait obtenir en septembre lors des élections. Je n'arrive tout simplement pas à le croire. À la période des questions quand je suis ici et que j’entends certaines des questions posées par les députés néo-démocrates, je ne peux que secouer la tête. Comment les néo-démocrates peuvent-ils réalistement affirmer qu'ils exigent que le gouvernement rende des comptes alors qu'ils appuient toutes les mesures qu'il prend?
Un rapport sur le changement climatique paru il y a quelques jours qualifiait les efforts du gouvernement pour le climat d’imposture. C’est le commissaire à l’environnement qui le disait, et les députés du NPD, qui se disent gardiens du climat, sont ici à critiquer les députés ministériels mêmes avec qui ils sont de connivence, le gouvernement avec lequel ils se sont alliés. Cela n’a aucun sens, à moins qu’ils ne cherchent qu’à obtenir quelques miettes, et on dirait que c’est le cas.
J’ai parlé du quorum et des motions dilatoires. La motion indique aussi:
(iii) les motions visant à passer à l’ordre du jour et d’ajournement du débat ou de la Chambre puissent être proposées après 18 h 30 par un ministre de la Couronne, y compris sur un rappel au Règlement, et que lesdites motions soient réputées adoptées,
(iv) la période prévue pour les ordres émanant du gouvernement ne soit pas prolongée conformément aux articles 33(2), 45(7.1) ou 67.1(2) du Règlement [...]
Encore une fois, si les libéraux ont décidé de choisir l’option nucléaire avec cette mesure législative, c’est qu’ils gèrent mal le programme législatif de la Chambre.
La motion poursuit:
(i) pendant l’étude de budgets des dépenses le dernier jour désigné, conformément à l’article 81(18) du Règlement, lorsque le Président interrompt les délibérations afin de mettre immédiatement aux voix toute question nécessaire pour disposer de budgets des dépenses,
(A) toutes les autres motions portant adoption des crédits ayant fait l’objet d’un avis d’opposition soient réputées avoir été proposées et appuyées, les questions soient réputées avoir été mises aux voix et les votes par appel nominal soient réputés demandés [...]
Encore une fois, l’objectif est strictement de faire adopter des mesures législatives à toute vapeur. Le gouvernement a déjà la plupart de ces pouvoirs, mais il se montre certainement plus prescriptif avec cette motion.
Ensuite, la motion ajoute:
(B) le Président ait le pouvoir de combiner lesdites motions pour leur mise aux voix, pourvu que, dans l’exercice de ce pouvoir, le Président soit guidé par les mêmes principes et pratiques que ceux utilisés à l’étape du rapport [...]
Cette partie parle d’elle-même. Ensuite, ceci est intéressant:
(ii) lorsque le débat sur une motion portant adoption d'un rapport de comités est ajourné ou interrompu, y compris le jour de l'adoption du présent ordre, le débat soit repris lors d'une journée désignée par le gouvernement, après consultation avec les leaders à la Chambre des autres partis reconnus, et, dans tous les cas, au plus tard le 35e jour de séance suivant l'interruption [...]
Les rapports soumis par les comités sont envoyés à la Chambre pour être adoptés. Comme je l'ai dit dans un article récent pour lequel on m'a interviewé, il y a bon nombre d'yeux rivés sur ce lieu. Il y a des gens qui regardent la Chambre des communes qui, normalement, ne s'intéressent pas aux processus des comités ou aux autres processus.
À preuve, ce matin, nous avons présenté une motion d'adoption au sujet du scandale de l'organisme UNIS. Le député de a présenté une motion portant que la question soit renvoyée au comité afin que les témoins qui ne s'étaient pas présentés devant le comité ainsi qu'un ministre puissent venir y témoigner, car c'est ce que nous voulons. Nous voulons aller au fond du scandale de l'organisme UNIS sans faire d'obstruction. Nous voulons que le gouvernement rende des comptes et fasse preuve de transparence. Les libéraux déplacent cette partie du processus au 35e jour de séance suivant l’interruption, ce qui signifie que nous ne pourrons proposer l'adoption de rapports sur les recommandations du comité qu'après le mois de septembre.
Sur le plan de la reddition de comptes et de la transparence, on constate une fois de plus que le gouvernement se protège. Il ne fait aucun doute qu'en appuyant cette motion, les néo-démocrates, les partenaires de coalition du gouvernement, aident ce dernier à faire obstruction à la fois au travail des comités et à celui du Parlement. Cela montre une fois de plus que la démocratie est en recul au Canada. Cette tendance se poursuit.
L’autre chose que la motion dit est: « une motion portant troisième lecture d’un projet de loi puisse être proposée pendant la même séance que celle de l’adoption dudit projet de loi à l'étape du rapport [...] ». Aussi ridicule que soit le reste de la motion, voici le comble: « un ministre de la Couronne puisse présenter, sans préavis, une motion proposant l’ajournement de la Chambre jusqu’au lundi 19 septembre 2022, sous réserve que la Chambre soit ajournée conformément à l’article 28 du Règlement, et que ladite motion soit mise aux voix immédiatement sans débat ni amendement [...] ».
Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie que si les choses se réchauffent pour les libéraux, et c’est le cas, puisqu'il y a des scandales qui se brassent — dont le moindre n’est pas l’enquête de la GRC sur l’admission par le qu’il ne s’est pas donné la permission d’accepter des vacances de plus de 200 000 $ sur une île privée —, ils peuvent simplement arrêter net le Parlement. Ils peuvent le faire n’importe quand à partir du jour où cette motion est adoptée. Ce pourrait être la semaine prochaine si les choses commencent vraiment à chauffer.
Je repense à certains des scandales dans lesquels le gouvernement a été impliqué, en particulier le et, par extension et par implication, tous ceux qui, de ce côté-là, ont couvert les choses et ont continué à soutenir le premier ministre dans tous ces scandales, que ce soit SNC‑Lavalin, le scandale de l’organisme UNIS ou l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence. Cela signifie concrètement que si le comité conclut que rien ne justifie ou ne rationalise l’imposition par le gouvernement de la Loi sur les mesures d’urgence, si cela commence à trop sentir la soupe chaude, le gouvernement peut simplement dire « Assez, on rentre chez nous. » Cela pourrait se produire le jour même où cette motion est adoptée.
Ce qu’elle fait, c’est permettre au gouvernement de proroger le Parlement sans mettre en œuvre la procédure de prorogation. Voilà ce qu’elle fait. Supposons que la GRC décide d’enquêter sur le . Je pense qu’elle devrait le faire, car la pièce manquante de son enquête initiale a été admise par le premier ministre dans cette enceinte l’autre jour: il ne s’est pas donné l’autorisation, en tant que chef du gouvernement, de faire ce voyage. Et si la GRC décidait de faire enquête? Que se passera-t-il si, par exemple, le 15 mai, nous recevons un rapport de la GRC ou si, en outre, le premier ministre est accusé de fraude? Pensons à l’incendie politique que représenterait cette éventualité. Il se peut que ce soit autre chose. Je sais qu’il y a d’autres choses qui se préparent en ce qui concerne le gouvernement et les éventuels scandales.
Comme je l’ai dit à maintes reprises ici, lorsqu’ils ont 567 milliards de dollars de dépenses et 1,3 billion de dollars de dette, parmi tous ces zéros, comme cela a été documenté, nous savons qu’il y a plus, que beaucoup d’initiés et de copains associés aux libéraux ont profité directement de la pandémie. Les députés le savent. Je peux affirmer qu’il y a bien du monde qui recherche ces ramifications. Que se passera-t-il si un scandale de cette nature éclate? Que se passera-t-il s’il y a un autre scandale UNIS?
L’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence illustre parfaitement cette situation. Les libéraux sont excellents pour ce qui est de formuler les choses. En tant qu’ancien procureur, le est très doué dans ses tournures de phrases. Cependant, le gouvernement a déjà indiqué qu’en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence, tant au comité que dans le cadre du contrôle judiciaire prévu par la loi, les libéraux ne bougeront pas de leur siège et ne permettront pas la levée du secret du Cabinet. Ils ne permettront pas que les documents soient consultés. Que se passera-t-il si un scandale s’annonce à ce sujet?
Il y a aussi le scandale du laboratoire de Winnipeg. Qu’est-ce qui s’est passé là-bas? Il est plutôt curieux qu’hier, j’ai reçu un appel du . Il n’y a eu aucune indication qu’il ferait ce qu’il a dit qu’il ferait. Nous avons appris hier soir qu’avec ou sans les conservateurs et avec ou sans le Bloc, le gouvernement demanderait aux libéraux et aux néo-démocrates de former un comité chargé d’examiner les documents relatifs au scandale du laboratoire de Winnipeg et de déterminer si quelque chose de fâcheux s’y est produit. C’est comme si les loups gardaient la bergerie. Ils sont déjà de mèche. Ils travaillent ensemble.
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes m’a appelé hier et je lui ai demandé de me laisser revenir là-dessus parce que je n’étais pas le leader de l'opposition à la Chambre au moment où cela s’est produit. J’ai dit: « Laissez-moi en parler à mon groupe. » Entre le moment où cette conversation a eu lieu, c’est-à-dire après le caucus d’hier, et 15 heures, j’ai appris que les libéraux avaient déjà fait cette annonce et qu’elle était sous embargo dans les médias.
Il n’y a pas eu de discussion. Nous n’avons pas eu la possibilité de travailler ensemble pour essayer de trouver une solution. Le a fait référence à une situation qui s’est produite en janvier, dont j’ai été informé au moment où j’ai appris que cet accord avait été conclu entre le NPD et les libéraux, les loups veillant sur la bergerie, au sujet du document. C’est alors que j’ai découvert que nous étions déjà devant le fait accompli. C’était ainsi que les choses se passeraient, que nous soyons d’accord ou non. Les libéraux nous accusent de faire ce qu’ils font eux-mêmes. Ils font obstacle à l’obligation constitutionnelle du parti de l’opposition officielle à propos du document du laboratoire de Winnipeg.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à partir du moment où la motion est présentée, le gouvernement peut mettre fin aux travaux n’importe quand si les choses se mettent à mal tourner ou s’il commence à sentir la soupe chaude. Si le gouvernement a une raison politique de ne pas permettre au Parlement de fonctionner, de ne pas permettre aux partis de l’opposition de s’acquitter de leur obligation constitutionnelle de demander des comptes au gouvernement — et nous sommes deux à le faire —, les libéraux peuvent mettre fin aux travaux n’importe quand si la soupe devient trop chaude pour eux.
Si cela ne cause pas d’inquiétude, c’est une prorogation sans prorogation. Mes collègues se souviennent de ce que le gouvernement a fait pendant le scandale de l’organisme UNIS. L'étau se resserrait. Les libéraux le sentaient. Qu’a fait le ? Il a fait exactement ce qu’en 2015, il avait promis de ne jamais faire, il a prorogé le Parlement. Il l’a fait. Tout s’est arrêté d’un seul coup: tout le travail du comité et tous les rapports.
Voilà pourquoi la motion d’adoption de ce matin est si importante. Nous avons déjà demandé, dans le cadre d’une question de privilège, si nous pouvions soulever de nouveau les questions d’outrage commis par le personnel du Cabinet du premier ministre et, à ce moment-là, par un ministre, et vous avez jugé que ce n'était pas approprié. Je respecte la présidence et les décisions qu’elle prend. C’est parfait.
Quelles autres mesures devons-nous prendre pour obliger le gouvernement à rendre des comptes? Nous avons essayé ce matin, au moyen d’une motion d’adoption d’un rapport de comité, de ramener ces personnes devant le comité, et pourquoi pas? Pourquoi ne pas agir de manière responsable et transparente? Le gouvernement libéral déteste agir ainsi. Voilà pourquoi nous sommes saisis de la motion no 11.
On commence à sentir la soupe chaude, ce qui arrive habituellement pendant la session parlementaire. Je soulignerai que l'Agence de la santé publique du Canada s’est servie des données sur la mobilité pour déceler des problèmes de processus et les troubles de santé des Canadiens à leur insu pendant le congé de Noël, mais il est très rare qu’un scandale éclate pendant une pause de deux semaines. Cela n’arrive que lorsque nous commençons à nous occuper des travaux de la Chambre, lorsque nous recevons des questions inscrites au Feuilleton ou des documents d’accès à l’information, comme c’est le cas pour l’enquête de la GRC. C’est seulement grâce à la demande d'accès à l’information que nous avons découvert que la partie manquante, ou le chaînon manquant, de l’enquête de la GRC consistait à ne pas avoir porté des accusations de fraude contre le pour ses vacances de luxe illégales qui ont coûté plusieurs centaines de milliers de dollars.
Lorsque cette information nous est revenue, nous nous sommes rendu compte qu’il manquait un élément à l’enquête de la GRC. Il s’agissait de savoir si le premier ministre se considérait comme le chef du gouvernement et si, à ce titre, il s’était donné la permission de faire ce voyage. Lorsque l’autre jour, la a posé des questions précises au premier ministre, celui-ci a répondu « non ». C’est le seul élément qui manquait.
Nous avons demandé à la GRC de rouvrir l’enquête, parce qu’elle détient maintenant le chaînon qui manquait au moment de l’enquête. Je le sais, car j’ai entendu hier le se plaindre d’être la cible d’attaques personnelles. Il ne parle jamais de rendre des comptes. Ce premier ministre cherche toujours à se justifier. Il n’y a pas de délai de prescription pour les accusations de fraude. Si le premier ministre a commis une fraude, ce nouveau chaînon manquant permettra à la GRC de déterminer si, en fait, des accusations de fraude devraient être portées contre lui pour ses vacances illégales. D’ailleurs, le commissaire à l’éthique a déjà conclu et jugé qu’elles contrevenaient au Code régissant les conflits d’intérêts. Ce sera à la GRC d’en décider.
On fait cela parce que la Chambre siège. On ne le fait pas parce que les libéraux et leurs partenaires de coalition siègent à la maison et parce qu'il n'y a pas de demande de vérification du quorum. Ils ne participent même pas aux travaux du Parlement et ils ne débattent même pas de leurs propres projets de loi. Ils laissent l'opposition faire le travail dans tous ces dossiers. Dans les faits, il s'agit d'une guerre d'usure; voilà en quoi consiste cette motion. C'est ce qui arrive quand la Chambre fait son travail et quand on ne voit pas notre démocratie décliner comme on l'a vu depuis six ans et demi.
Je suis très préoccupé par la possibilité qu'on puisse présenter, « sans préavis, une motion proposant l'ajournement de la Chambre jusqu'au lundi 19 septembre 2022 », soit la date à laquelle nous devrions normalement reprendre nos travaux après la pause estivale.
Si la tension devait monter et que le gouvernement devait subir beaucoup de pression, il pourrait proroger sans recourir à la prorogation. Je sais ce que le et son Cabinet diront. Ils diront: « Nous n'avons pas prorogé. » Ils ont fait cette promesse en 2015, mais ils l'ont quand même brisée. La réalité, c'est que cette proposition vise essentiellement à leur accorder inutilement le pouvoir exclusif de fermer le Parlement.
Il va sans dire que cela pose problème à bien des égards. Nous devons composer avec de nombreux problèmes, dont un problème particulièrement grave que j'ai mentionné plus tôt, soit la crise de l'abordabilité. Il y a des enjeux géopolitiques partout dans le monde. Il y a des problèmes de nature économique, des pressions inflationnistes, la crise du logement et la crise des opioïdes. Tous ces enjeux sont importants pour les Canadiens.
Nous ne devrions pas accorder au gouvernement le pouvoir de mettre fin aux travaux de la Chambre pour échapper aux pressions politiques. Un calendrier a déjà été approuvé par les partis, quoique j’aie déjà pu constater, même si j’exerce la fonction de leader à la Chambre depuis peu, que les ententes conclues avec certains autres leaders à la Chambre ne valent même pas le papier sur lequel elles sont écrites. En raison de l'entente, ils se contentent maintenant de faire ce qu'ils veulent. Ils ne nous téléphonent que par courtoisie. Pourquoi nous téléphonent-ils? Ils nous téléphonent juste pour pouvoir dire qu'ils nous ont téléphoné, mais la décision a déjà été prise par cette alliance contre nature entre les libéraux et le NPD. Les choses ne devraient pas être ainsi. La Chambre ne devrait pas fonctionner de cette manière.
Dans une démocratie en santé, le gouvernement ne devrait pas se mettre dans une position où il prend les décisions et relègue l'opposition au rôle de spectateur.
Toujours dans la motion, on peut lire ceci:
nonobstant l’ordre adopté le jeudi 25 novembre 2021 et l’article 45(6) du Règlement, aucun vote par appel nominal demandé après 14 heures le jeudi 23 juin 2022 ne puisse être différé, à l’exclusion de tout vote par appel nominal demandé à l’égard d’une affaire émanant d’un député, pour lesquels [...]
C'est une question de procédure:
que, nonobstant le paragraphe j) de l’ordre adopté le mercredi 30 mars 2022, la date limite pour que le Comité mixte spécial sur l'aide médicale à mourir soumette au Parlement le rapport final de son examen, incluant une déclaration de changements recommandés, soit au plus tard le lundi 17 octobre 2022, pourvu qu’un rapport provisoire sur les maladies mentales comme unique condition sous-jacente soit présenté à la Chambre au plus tard le jeudi 23 juin 2022 [...]
J'ai déjà longuement parlé de cette disposition et de la prolongation proposée. En bref, comme je l'ai déjà dit, le gouvernement devait procéder à l'examen dans les délais prévus par la loi. L'échéance devait être en mai. Les discussions officielles à ce sujet n'ont commencé qu'à la fin mars. Nous avons tous accepté de reporter l'échéance au 23 juin, donc six semaines plus tard, car cette demande nous paraissait raisonnable, comme le disait particulièrement le leader parlementaire du Bloc et député de .
Le gouvernement savait que cette échéance prévue par la loi allait arriver. Il a toutefois choisi de mettre le dossier en suspend et d'attendre jusqu'à la fin mars avant de même amorcer les discussions. Je ne vais donc pas m'excuser d'être contre cette disposition qui vise à prolonger l'échéance jusqu'au 17 octobre. Je considère qu'il reste suffisamment de temps d'ici au 23 juin. Comme je l'ai mentionné plus tôt, nous avons demandé au gouvernement d'affecter les ressources nécessaires au comité afin de lui permettre de prolonger ses heures pour être en mesure d'accomplir cette tâche essentielle, car il s'agit bel et bien d'une tâche essentielle. À l'heure actuelle, de nombreux Canadiens sont préoccupés par le processus de l'aide médicale à mourir et ils veulent se faire entendre.
C'est quelque chose que je comprends. Je crois fermement que l'on ne doit pas reporter l'échéance au 17 octobre. L'entente qui avait été conclue au départ était raisonnable et bien que le gouvernement ait mal géré son temps dans ce dossier, j'estime que nous devrions pouvoir terminer le travail d'ici le 23 juin, comme nous en avions tous convenu.
L'autre aspect — que j'ai abordé brièvement dans le recours au Règlement que j'ai invoqué ce matin — porte sur la question de scinder ce qui est, dans les faits, une motion omnibus. Je fais référence à la modification proposée à l'article 28 du Règlement, qui se lit ainsi:
La Chambre ne siégera pas le jour de l’An, le Vendredi saint, le lundi de Pâques, le jour fixé pour la célébration de l’anniversaire du souverain, la fête de Saint-Jean-Baptiste, la fête du Canada, la fête du Travail, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le jour d’Action de grâces, le jour du Souvenir et le jour de Noël. Lorsque la fête de Saint-Jean-Baptiste, la fête du Canada ou la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, sont un mardi, la Chambre ne siégera pas la veille; lorsque ces fêtes sont un jeudi, la Chambre ne siégera pas le lendemain.
Cette partie de la motion comporte un élément essentiel qui peut sembler important pour les traditionalistes, mais il n’est pas si essentiel. Il s’agit du changement de désignation de la « fête du Dominion » pour « fête du Canada ». Nous reconnaissons tous que le 1er juillet est désormais la fête du Canada. Les traditionalistes souhaiteraient conserver l’expression « fête du Dominion », mais cela est moins important que la reconnaissance de la Journée nationale de la vérité et la réconciliation.
J’en ai parlé ce matin quand j’ai invoqué le Règlement pour demander au Président d’examiner la possibilité de diviser cette motion omnibus en sept parties, la plus importante étant la question de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. En insérant cette journée dans cette motion, qui est en fait une motion de procédure, le gouvernement fait deux choses.
Premièrement, il dilue l’importance capitale que cette journée aura pour la réconciliation avec les peuples autochtones de notre pays. J’aimerais que les députés de la Chambre soient nombreux à demander la division de cette motion afin que nous puissions nous exprimer sur l’importance de cette journée et sur la signification de la réconciliation, qui est l’une des nombreuses recommandations formulées par la Commission de vérité et de réconciliation.
L’inclusion de cette journée dans une motion de procédure omnibus comme celle-ci dénote un certain cynisme à mes yeux, et j’espère que c’est pareil pour les Canadiens et les Autochtones du Canada, justement parce qu’il s’agit d’une motion de procédure. Je soupçonne que c’est peut-être la raison pour laquelle il y a eu des tractations avec le NPD, mais il est important que cette journée fasse l’objet d’une motion ou d’une mesure législative distincte.
Nous avons déjà adopté, dans cette enceinte, des mesures législatives portant sur la vérité et la réconciliation. Nous l’avons déjà fait, je ne comprends donc pas pourquoi le gouvernement juge nécessaire d’inclure cette journée dans cette motion-ci, alors qu’il est important que les parlementaires et les Canadiens aient leur mot à dire à ce sujet.
Si cette journée faisait l’objet d’une mesure législative, je pourrais difficilement voter contre, mais j’aimerais que nous suivions la procédure normale au lieu de l’inclure dans une motion omnibus. Je pense que nous devons y accorder, à tout le moins, toute l’attention qu’elle mérite, du moins l’attention du Parlement, dans une motion distincte. Cette question doit être examinée par un comité. Par respect, nous devons inviter les dirigeants et les communautés autochtones à venir témoigner devant un comité et à s'exprimer sur l’importance de cette journée pour la réconciliation. On dirait que le gouvernement l’a insérée dans une motion omnibus pour que nous puissions voter contre.
Je ne suis pas satisfait de cette motion. Je pense avoir expliqué pourquoi à plusieurs égards, mais sur ce point en particulier, si l’intention cynique est de faire en sorte que l’opposition n’appuie pas la motion et, concrètement, n’appuie pas la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en tant que fête nationale, rien ne pourrait être moins vrai. Nous l’appuierions si elle était retirée et traitée séparément.
Les libéraux vont nous forcer à voter contre cette motion afin d’accentuer la divergence, la stigmatisation et la division. Pire encore, ils vont s’en servir comme levier politique contre le Parti conservateur. Je rappelle aux députés que c’est l’ancien premier ministre Stephen Harper qui a créé la Commission de vérité et réconciliation. Les libéraux vont utiliser cette motion omnibus pour nous coincer politiquement et dire aux communautés autochtones que les conservateurs n’ont pas appuyé ce projet.
Je pense que je parle au nom de chacun de nos députés lorsque je dis que nous soutenons la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, alors il y a une seule raison pour que le gouvernement mette cela dans cette motion. Par conséquent, j’espère qu'à la suite de mon rappel au Règlement de ce matin, pour les raisons que je viens de citer et que j’ai données ce matin, vous allez retrancher cette partie afin que nous puissions la traiter avec le respect, l’honneur et la dignité qu’elle mérite.
Je voudrais maintenant me concentrer sur certaines des autres questions qui ont été soulevées au cours du débat.
Il est évident que cette motion aura une incidence considérable sur le travail des comités, puisque nous leur retirons des ressources pour les affecter aux séances prolongées. Cependant, je me suis un peu amusé à faire des recherches sur le fait que le gouvernement impose concrètement au Parlement des mesures draconiennes pour agir là où il échoue. Très souvent...