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Publications de la Chambre

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44e LÉGISLATURE, 1re SESSION

HANSARD RÉVISÉ • No 096

TABLE DES MATIÈRES

Le jeudi 15 septembre 2022




Emblème de la Chambre des communes

Débats de la Chambre des communes

Volume 151
No 096
1re SESSION
44e LÉGISLATURE

COMPTE RENDU OFFICIEL (HANSARD)

Le jeudi 15 septembre 2022

Présidence de l'honorable Anthony Rota


    La séance est ouverte à 10 heures.

Prière


(1000)

[Français]

Convocation de la Chambre des communes

[La Chambre des communes]

    Je tiens à informer la Chambre que le mardi 13 septembre 2022, conformément à l'article 28(3) du Règlement, le Président a envoyé un avis de convocation de la Chambre pour aujourd'hui et a envoyé à chaque député un message expliquant les raisons du rappel de la Chambre.
    Je dépose maintenant cet avis sur le bureau.

[Traduction]

    J'aimerais également déposer sur le Bureau une lettre du leader du gouvernement à la Chambre des communes datée du 13 septembre 2022 portant sur le rappel de la Chambre.

Le Bureau de régie interne

    J'ai l'honneur d'informer la Chambre que, aux fins et en vertu des dispositions de l'article 50 de la Loi sur le Parlement du Canada, les députés suivants ont été nommés membres du Bureau de régie interne: M. Scheer, député de la circonscription de Regina—Qu'Appelle, en remplacement de M. Brassard, député de la circonscription de Barrie—Innisfil; ainsi que Mme Findlay, députée de la circonscription de Surrey‑Sud—White Rock, en remplacement de M. Calkins, député de la circonscription de Red Deer—Lacombe.
(1005)

[Français]

Les événements tragiques en Saskatchewan

    À la suite de discussions entre les représentants de tous les partis à la Chambre, je crois comprendre qu'il y a consentement pour observer un moment de silence pour les victimes de l'événement tragique survenu en Saskatchewan.

[Traduction]

    J'inviterais maintenant tous les députés à se lever et à observer un moment de silence en mémoire des victimes de la Saskatchewan.
    [La Chambre observe un moment de silence.]

Le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II et l'accession au trône de Sa Majesté le roi Charles III

    Monsieur le Président, il y a eu consultations entre les partis, et je crois que vous constaterez qu'il y a consentement unanime à l'égard de la motion suivante. Je propose:
     Que, nonobstant tout article du Règlement, ordre spécial ou usage habituel de la Chambre:
a) la Chambre se réunisse aujourd'hui et demain à la seule fin de faire des hommages et déclarations à l'occasion du décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II et de l'accession au trône de Sa Majesté le roi Charles III et, qu'au cours de ces séances,

[Français]

(i) immédiatement après l'adoption de cette motion, un député de chaque parti reconnu et un député du Parti vert puissent chacun faire une déclaration au nom de leur parti, et que par la suite la Chambre observe un moment de silence,
(ii) les autres députés désirant faire une déclaration puissent chacun prendre la parole,
(iii) le premier ministre et le chef de l'opposition officielle aient un temps illimité pour leur déclaration, et les autres députés aient au plus 10 minutes chacun,
(iv) la présidence ne reçoive ni demande de quorum ou motion dilatoire,

[Traduction]

(v) la séance ne soit pas comptée aux fins de l'alinéa c)(ii) de l'ordre adopté le 2 mai 2022 régissant les délibérations jusqu'au 23 juin 2022 et des articles 34(1), 36(8)b), 37(3), 39(5)b), 81(10)c), 93(2) et 97.1 du Règlement, et pourvu que les réponses dues aux questions écrites et aux pétitions ces jours-là soient déposées le 20 septembre 2022;
b) à l'heure ordinaire de l'ajournement quotidien aujourd'hui, ou lorsqu'aucun député ne se lève pour prendre la parole, selon la première éventualité, la Chambre s'ajourne jusqu'au vendredi 16 septembre 2022, à 10 heures;
c) à l'heure ordinaire de l'ajournement quotidien le vendredi 16 septembre 2022, ou lorsqu'aucun député ne se lève pour prendre la parole, selon la première éventualité, la Chambre s'ajourne jusqu'au mardi 20 septembre 2022, à 10 heures, pourvu que, aux fins de l'article 28 du Règlement, la Chambre soit réputée avoir siégé le lundi 19 septembre 2022.
    Que tous ceux qui s'opposent à ce que le député propose la motion veuillent bien dire non.
    La Chambre a entendu la motion. Que tous ceux qui s'opposent à la motion veuillent bien dire non.

    (La motion est adoptée.)

[Hommage]

[Français]

Feu la reine Elizabeth II

Hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II — Adresse de condoléances et de loyauté à Sa Majesté le roi Charles III

    Monsieur le Président, avant de commencer, je veux réitérer mes félicitations au député de Carleton pour son nouveau rôle de chef de l'opposition officielle. Nous avons tous beaucoup de travail devant nous, et nous allons travailler pour un Canada meilleur.
    La semaine dernière, le Canada a perdu la seule souveraine que la majorité d'entre nous a connue. C'est important de prendre ces moments, ici au Parlement et dans tout le pays, pour reconnaître le service et le leadership qu'elle nous a offerts.

[Traduction]

    Lorsqu'une personne vit jusqu'à 96 ans, nous ne devrions pas nous en étonner; pourtant, son absence soudaine nous a tous frappés de manière palpable et profonde. Sa Majesté était partout: sur les pièces de monnaie, dans ses portraits accrochés au Parlement et dans les bureaux de poste, ainsi que dans son discours télévisé de Noël, ce rituel agréable diffusé dans les foyers d'un bout à l'autre du pays. La reine représentait tant de choses pour tant d'entre nous et elle dégageait une humilité et une compassion qui nous réconfortaient tous.
    J'ai eu la chance extraordinaire de connaître Sa Majesté tout au long de ma vie. La première fois que je l'ai rencontrée, c'était en 1977, alors que je n'étais qu'un petit garçon. Lorsque je l'ai rencontrée en tant que premier ministre près de quarante ans plus tard, en 2015, j'ai plaisanté en disant que la dernière fois que nous nous étions rencontrés, elle était plus grande que moi. Elle m'a répondu en boutade que je la faisais se sentir vieille. Son sens de l'humour était l'une de ses nombreuses qualités et l'une des nombreuses raisons pour lesquelles elle était l'une des personnes que je préférais dans le monde.
    Elle a assumé son rôle de reine du Canada: notre reine, notre cheffe d'État. Les conversations que nous avons tenues ont toujours été sincères. Nous parlions de tout et de rien. Elle s'efforçait de donner les meilleurs conseils sur une foule de sujets. Elle se montrait toujours curieuse, engagée et réfléchie. Les Canadiens peuvent lui être éternellement reconnaissants de ses conseils.
    D'une certaine manière, tout le monde la connaissait. Les Canadiens ont l'impression d'avoir perdu un membre de leur famille, quelqu'un qui a grandi à leurs côtés. Elle n'avait que 9 ans lorsqu'elle a accompli ce qui a peut-être été sa première fonction officielle pour le Canada, en figurant sur un timbre-poste. C'était en 1935. Sa Majesté s'est jointe à nous pour des anniversaires importants, comme en 1967, lorsqu'elle a coupé le gâteau du centenaire du Canada sur la Colline du Parlement. Notre pays a atteint sa maturité sous son règne. C'est Sa Majesté qui a ratifié la Loi constitutionnelle de 1982 et la Charte canadienne des droits et libertés. Ces piliers de notre démocratie contribuent à assurer la stabilité de notre pays et à garantir notre liberté.
(1010)

[Français]

    Sa Majesté se sentait chez elle au Canada. Elle est venue au Canada plus souvent que dans n'importe quel autre pays. Il y a quelques années, elle disait: que ce soit en « [...] assist[ant] à une course de chariots au Stampede de Calgary ou [devant les] prouesses athlétiques des Jeux olympiques de Montréal, [que ce soit en écoutant] une chanson inuite de bienvenue au Nunavut ou le son [...] de la cornemuse en Nouvelle‑Écosse, je me suis toujours sentie non seulement la bienvenue mais aussi chez moi au Canada. »
    La reine avait une appréciation profonde de notre culture. En 1964, elle avait dit qu'elle était heureuse de savoir qu'il existait dans notre Commonwealth un endroit où on s'attendait d'elle de s'exprimer officiellement en français. C'est une langue qu'elle aimait beaucoup, d'ailleurs, et qu'elle parlait de manière impeccable.

[Traduction]

    On a utilisé bien des mots pour décrire les qualités qui marquent l'héritage de Sa Majesté, comme le devoir, le service, le dévouement et la stabilité. Chacun de ces mots représente un aspect légèrement différent de ce qu'elle nous a donné.
    Si on pense au mot devoir, nous songeons à la manière dont la reine a, par-dessus tout, incarné la Couronne, à son dernier acte public — qui était un acte constitutionnel — lorsqu'elle a invité la nouvelle première ministre du Royaume-Uni à former son gouvernement, et à sa dernière déclaration publique, où elle a offert ses condoléances aux survivants et aux proches des victimes en Saskatchewan.
    Si on pense au mot service, on se rappelle comment, en 1945, la princesse Elizabeth a revêtu l'uniforme et s'est jointe aux efforts des Alliés, y compris à ceux de plus d'un million de Canadiens, pendant la Deuxième Guerre mondiale.

[Français]

    Lorsque nous pensons à son dévouement, nous nous souvenons des images et des histoires de Sa Majesté en tant qu'épouse, mère, grand-mère et arrière-grand-mère. Nous pensons à sa famille dévouée qui est en deuil avec beaucoup de grâce et d'amour pour elle.
     Surtout, lorsque nous pensons à Sa Majesté la reine Elizabeth II, nous pensons à la stabilité qu'elle nous a apportée. Son règne de 70 ans est inégalé. En juin dernier, nous avons célébré le tout premier jubilé de platine d'une souveraine canadienne. Durant son règne, le Canada a connu une paix et une prospérité extraordinaire.
(1015)

[Traduction]

    Comme l'a dit le premier ministre Louis St‑Laurent quand il s'est adressé à la Chambre après le décès du père de Sa Majesté la reine, le roi George, en 1952, « le système de gouvernement des pays du Commonwealth est aussi libre que tout autre sur la planète ».
    Aujourd'hui, le monde se trouve dans une situation difficile. Nous avons tous été ébranlés par une pandémie mondiale sans précédent. De plus, la guerre brutale et injustifiable de Poutine menace la stabilité mondiale. Aux quatre coins du monde, les institutions démocratiques sont remises en question, mais les Canadiens peuvent à juste titre être fiers de vivre dans l'une des plus fortes démocraties du monde. Nos institutions sont solides. Nous avons des débats robustes, et nous jouissons d'une stabilité et d'une résilience enviables en dépit — ou peut-être en raison — de la vaste diversité de croyances, d'origines et d'opinions des Canadiens.
    Les Canadiens ont toujours bénéficié de cette force et de cette stabilité qui sont représentées par la Couronne, et qui étaient incarnées par la reine. Nous, en tant que parlementaires et Canadiens, nous consacrons tous les jours à défendre ces principes démocratiques. Chacun d'entre nous siégeant à la Chambre a choisi de servir sa collectivité et son pays. Nous le faisons en sachant que les défis que nous devrons relever lors de notre vie publique sont d'une durée limitée, alors que Sa Majesté a dévoué toute sa vie au service public.
    Jusqu'à la fin, son engagement à servir, à construire un monde meilleur et un avenir radieux est resté indéfectible et inébranlable. Nous savons tous ici que servir notre pays exige des sacrifices; la reine l'a fait avec grâce. Son altruisme et son dévouement exemplaires nous rappellent le poids et l'importance de chaque jour passé dans cette assemblée et nous inspirent pour l'avenir.
    Dans notre monarchie constitutionnelle, les fonctions de la Couronne au sein de notre gouvernement visent à servir de fondement à notre Constitution et à transcender les débats politiques quotidiens. Notre nouveau roi, le roi Charles III, a démontré son engagement à soutenir la marche de l'histoire lors de sa plus récente visite, au cours de laquelle il a mis l'accent sur le travail intergénérationnel nécessaire pour parvenir à la réconciliation et pour lutter contre le changement climatique. La stabilité de nos principales institutions démocratiques donne aux Canadiens l'assurance et la tranquillité d'esprit nécessaires pour que nous puissions tous nous concentrer sur les enjeux les plus importants, notamment nous occuper des gens, de notre économie, de nos collectivités et de notre planète.

[Français]

    Avant de terminer, je tiens à présenter, au nom de tous les Canadiens, mes sincères condoléances à la famille royale.
    Cette fin de semaine, je vais me rendre à Londres avec des anciens premiers ministres et gouverneurs généraux pour assister aux funérailles d'État de Sa Majesté, qui auront lieu lundi. Ce même jour, pour marquer son décès, le Canada observera un jour de deuil national et organisera une cérémonie commémorative.
    J'espère que, lundi prochain, les Canadiens d'un océan à l'autre pourront prendre quelques instants pour réfléchir à l'héritage incomparable de Sa Majesté et à ce qu'elle représentait de mieux.

[Traduction]

    La reine Elizabeth a assumé ses fonctions et servi son peuple jusqu'au bout, restant présente à nos côtés jusqu'à ses derniers instants. Elle nous manquera énormément, mais je sais, comme nous le savons tous, que notre nouveau souverain, Sa Majesté le roi Charles III, défendra les valeurs mêmes dont nous parlons aujourd'hui et perpétuera son héritage.
    Vive le roi!
(1020)

[Français]

    Monsieur le Président, aujourd'hui, la Chambre des communes réfléchit à la vie exceptionnelle de Sa Majesté la reine Elizabeth II, la reine du Canada, notre reine.
    Pendant environ 70 ans, elle a été notre cheffe d'État, mais elle a également été au service du peuple canadien. Elle était un modèle pour tous ceux et celles qui assument des responsabilités relatives au service public.

[Traduction]

    Le sens du devoir dont elle a fait preuve nous rappelle que, malgré les cérémonies et l'apparat, dans la vie réelle, gouverner n'est pas un spectacle. Pour gouverner, il faut souvent mettre son ego de côté, travailler dur et continuer d'avancer. Son humilité nous a montré que ce n'est pas pour nous que le gouvernement existe, mais pour la population que nous servons. À l'évidence, nous sommes les serviteurs et non les maîtres.
    La reine avait une place spéciale dans nos cœurs et nous avions notre place spéciale dans le sien. La reine a passé plus de temps en visite officielle au Canada que partout ailleurs dans le monde, mis à part le Royaume‑Uni.
    Elle a visité le Canada pour la première fois en 1951 à titre de princesse Elizabeth. C'est lors de cette visite qu'elle a fait la déclaration suivante: « Dès mon arrivée au Canada, le sentiment de nouveauté est disparu, car je me savais non seulement parmi des amis, mais aussi parmi des concitoyens. » Elle est ensuite venue au Canada plus de 20 fois en tant que reine. Elle était présente lors d'un grand nombre des occasions les plus importantes du pays: l'ouverture de la voie maritime du Saint‑Laurent en 1959, l'Expo 67, les Jeux olympiques d'été de 1976 et le rapatriement de la Constitution en 1982.
    Tandis que nous évoquons la vie et le service de la regrettée reine, nous devons également réfléchir à la nature pérenne de l'institution sur laquelle elle régnait.
    Lors de sa visite au Canada en 1951, celle qui était alors la princesse Elizabeth avait planté un jeune chêne à Vancouver. Soixante et onze ans plus tard, ce chêne est devenu noble et majestueux. Son couvert dense offre un abri contre le soleil — ou plutôt la pluie — aux Vancouvérois. Cette essence d'arbre est un symbole royal depuis longtemps. Il représente la Constitution britannique, qui est à l'origine des traditions et des conventions dans cette enceinte. Dans son ouvrage Réflexions sur la révolution de France, Edmund Burke a décrit la Constitution comme un énorme chêne dont l'ombre protège les sujets britanniques, qui peuvent ainsi savourer la vie dans la paix et la sécurité, comme seuls le peuvent ceux qui vivent dans une société où règne la liberté ordonnée.
    À l'époque de Burke, la Couronne était déjà une institution principalement symbolique. Plus d'un siècle auparavant, la guerre civile avait fait en sorte que le Parlement hérite de pouvoirs supérieurs. Les conventions du Cabinet, semblables à celles d'aujourd'hui, avaient alors été établies. Cependant, des voix s'élevaient pour se défaire de la monarchie. Burke comprenait toutefois que la stabilité, la paix civile et la liberté ne reposent pas sur l'abolition de la Couronne, mais sur son indépendance à l'égard de la politique quotidienne.
    Lorsque chacun d'entre nous est entré ici, dans ce Parlement qui est le nôtre, il est entré dans un lieu enraciné dans un compromis historique entre la Couronne et le peuple, un compromis établi au fil des siècles dans la foulée de conflits sanglants, mais aussi d'une évolution pacifique. L'autorité de la Couronne est peut-être en un sens fictive, mais elle est aussi fonctionnelle. La séparation de l'autorité symbolique du pouvoir politique permet de contester sans crainte les politiques partisanes sans menacer l'ordre constitutionnel établi. Les partis et les politiciens vont et viennent, mais la Couronne demeure. La division des tâches, ou « l'organigramme », comme on dirait dans le monde du travail, est simple: la Couronne préserve la démocratie parlementaire et les députés, les représentants du peuple, la pratiquent, comme c'est le cas ici.
    D'où tout cela vient-il? Eh bien, c'est au moins aussi vieux que la Grande Charte elle-même. En 1215, les barons se sont réunis dans le pré de Runnymede, à l'extérieur de Londres, pour affronter le roi. Ils étaient furieux d'être surtaxés pour financer les expéditions royales à l'étranger, et frustrés par les excès arbitraires du pouvoir royal au pays. Ils étaient déterminés à contenir l'autorité royale. Les barons ont forcé le roi Jean à signer la Grande Charte, qui établissait les droits et les libertés que la Couronne devait respecter. Il s'agissait alors, et il s'agit toujours, des libertés aux termes de la loi.
(1025)
    Au cours des 800 années suivantes, ces libertés ont été progressivement développées et améliorées, et ont été octroyées non seulement aux citoyens du Royaume-Uni, mais aussi à tous ceux qui ont hérité d'une démocratie parlementaire de style britannique. Bien que le système existe depuis 800 ans, il ne tient qu'à une génération. Si une génération s'en débarrasse, il pourrait disparaître pour toujours. Voilà pourquoi le travail de Sa Majesté pour préserver cette liberté et ce système représente un cadeau si précieux pour nous tous et pour beaucoup qui nous suivrons. Comme l'a déclaré Burke, c'est « un partenariat [...] entre les vivants, les morts et ceux qui vont naître ».
    La génération vivante, c'est nous, et nous avons le devoir de léguer à nos enfants ce que Diefenbaker a désigné « le patrimoine de liberté » que nous avons hérité de nos ancêtres. Il s'agit d'un héritage de la part de tous les Canadiens, et pas seulement ceux de descendance britannique. Bien que je ne sois pas moi-même de descendance britannique, je reconnais cette tradition et ces libertés comme les miennes, tout comme le premier Canadien francophone à devenir premier ministre, le grand Wilfrid Laurier, l'a fait il y a plus d'un siècle.

[Français]

     Lors d'une visite en France en tant que premier ministre en 1897, sir Wilfrid Laurier a fait remarquer, au nom de tous les Canadiens français, qu'il était fidèle à l'Angleterre et à la France en disant: « Nous sommes fidèles à la grande nation qui nous a donné la vie [ainsi qu'à] la grande nation qui nous a donné la liberté. »

[Traduction]

    Il a expliqué cela à une assistance française. C'est notre gloire au Canada.
    À l'occasion du rapatriement de la Constitution en 1982, lors d'une cérémonie tenue non loin de l'endroit où je me trouve et où tous les députés siègent aujourd'hui, la Reine a pris la parole et a dit:
    Le génie du fédéralisme canadien [...] réside dans votre capacité constante à surmonter les divergences par la raison et le compromis. Cette capacité se reflète dans la volonté des gens ordinaires des diverses régions du Canada français et du Canada anglais de respecter les droits de chacun et de créer ensemble les conditions dans lesquelles tous peuvent prospérer en liberté.

[Français]

     Dans son premier discours officiel en tant que roi, le roi Charles III a déclaré qu'il avait été élevé dans le plus grand respect des précieuses traditions, libertés et responsabilités relatives à notre histoire unique et à notre système de gouvernement parlementaire.
     Je félicite le nouveau roi pour ses responsabilités, et j'ai hâte de servir, ici au Canada, les peuples canadiens, alors qu'il est en train de faire exactement la même chose.

[Traduction]

    C'est avec un cœur lourd, mais rempli de gratitude, et avec confiance dans l'avenir, que je dis: « Que Dieu vous garde, reine Elizabeth II, que Dieu bénisse le roi et le Canada. »

[Français]

    Monsieur le Président, permettez-moi d'abord d'exprimer en toute simplicité les condoléances du Bloc québécois, de ses élus, de ses membres et de ses employés à l'endroit de quiconque vit un deuil à la suite du décès de la reine Elizabeth II.
    Ce n'est pas un geste que nous posons, nous, nationalistes et souverainistes, sans qu'il y ait eu de longues délibérations entre nous. Les sensibilités de chacun méritent une attention au regard de l'histoire. En effet, la relation historique entre la couronne d'Angleterre et la nation québécoise est parsemée de moments dramatiques, cruels parfois. L'histoire et les valeurs nous séparent irrémédiablement.
    Cependant, le respect doit prévaloir. Nous avons ainsi le devoir de distinguer l'institution de la personne et la politique de la tristesse sincère. C'est donc sans arrière-pensées que nous adressons nos condoléances à ceux qui, au sein du peuple d'Angleterre, sont affligés par la peine.
    L'on comprendra aussi que, à la suite des manifestations de sympathie des chefs, ici à la Chambre, et à la suite de la minute de silence convenue, les députés du Bloc québécois se retireront de cette enceinte, laissant les élus du Canada à leurs manifestations.
    Par la suite, je nous inviterai tous bientôt à une nécessaire réflexion. Dans l'intervalle, nos pensées sont avec les gens éplorés à la suite du départ d'une figure dominante des trois derniers quarts de siècle.
(1030)

[Traduction]

    Monsieur le Président, avant de commencer, je me joins à mes collègues pour souligner les pertes de vies tragiques en Saskatchewan, dans la Nation crie de James Smith et dans la ville de Weldon. Le chagrin et la douleur qu'éprouvent les familles qui ont perdu leurs proches à cause d'une telle violence indescriptible dépassent notre entendement. Nous sommes de tout cœur avec ces familles.
    Aujourd'hui, je souhaite commémorer le décès de la reine Elizabeth II et présenter mes condoléances à sa famille. À l'âge de 21 ans, elle a promis qu'elle passerait toute sa vie, que celle‑ci soit longue ou courte, à accomplir son devoir. Pendant plus de 70 ans, elle a tenu cette promesse.
    Deux jours avant sa mort, elle a rencontré la nouvelle première ministre britannique, l'a invitée à former un gouvernement et a ainsi rempli ce dernier devoir constitutionnel.
    La reine Elizabeth II a mené une vie remarquable qui a été marquée par l'histoire. Au milieu d'énormes changements, elle a été une figure de stabilité et a servi de symbole constant pour de nombreuses personnes.
    Quatre-vingt-seize ans représentent une longue vie pour tout le monde. Elle est née avant que la communication et les médias de masse ne réduisent les distances entre les pays, avant que la télévision ne soit créée et bien avant qu'Internet ne nous donne un accès illimité à l'information.
    Sa vie a été marquée par la guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que ses parents avaient juré de rester à Londres pendant les bombardements, elle et sa sœur ont été transportées à Windsor pour leur sécurité. En tant qu'enfants de la guerre, la reine et sa sœur ont pris la parole sur les ondes lors d'une émission de radio pour s'adresser à d'autres enfants qui éprouvaient également de l'inquiétude et de la peur en raison des bombardements et du fait que leurs parents étaient partis se battre.
    Tout au long de sa vie, la reine Elizabeth II a utilisé sa tribune pour offrir des encouragements dans les moments difficiles. Plus récemment, pendant la pandémie, elle nous a rappelé que nous surmonterions cette épreuve, tout comme la douleur de ne pas pouvoir voir nos proches. Elle nous a demandé d’accueillir les moments difficiles avec optimisme et espoir, en nous serrant les coudes et en faisant ce qui devait être fait. Elle a dit: « Nous devons nous réconforter en pensant que même si nous avons encore des épreuves à affronter, les jours meilleurs reviendront. Nous retrouverons nos amis; nous retrouverons nos familles. Nous nous retrouverons tous. »

[Français]

    Pour beaucoup, son décès marque la fin d'une époque. Elle est la seule reine que nous avons connue. Elle aimait beaucoup le Canada, et j'ai entendu plusieurs histoires de gens qui ont été très touchés par leurs rencontres avec la reine.

[Traduction]

    Dans les jours qui ont suivi sa mort, j’ai entendu de nombreux Canadiens parler de leur rencontre avec elle. Elle est souvent venue au Canada, comme on l’a fait remarquer, ce qui montre son affection pour notre pays. Beaucoup de ceux qui ont rencontré la reine, parfois pour le plus bref des moments, ont le sentiment qu’elle a pris le temps de les écouter, qu’elle s’est intéressée à leur vie et qu’elle était sincèrement reconnaissante d'avoir la chance de les rencontrer. C’était son don: faire en sorte que l’on se sente vu dans une foule de milliers de personnes et investir toute son attention dans chaque rencontre, même s’il s’agissait d’une rencontre parmi tant d’autres.
(1035)

[Français]

    Je tiens également à prendre quelques instants pour féliciter le roi Charles III, qui assume l'héritage de sa mère. Il doit faire le deuil de cette perte profonde sous les yeux du monde entier, tout en s'assurant d'être à la hauteur. J'espère qu'il relèvera le défi de la réconciliation que lui ont lancé les chefs des Premières Nations et la Comission de vérité et réconciliation du Canada.

[Traduction]

     L'un des appels à l'action demande d'élaborer une proclamation royale de réconciliation. Lors de sa première rencontre avec le roi Charles, j'espère que le premier ministre lui rappellera que le nouveau souverain doit donner suite à cette recommandation pour promouvoir la réconciliation.
    Par ailleurs, la Couronne a encore beaucoup de travail à faire pour rétablir ses relations avec les nombreux peuples dans le monde qui ont souffert à cause de la colonisation. La perte de leur langue et de leur culture, la violence et la guerre font partie des conséquences de leur passé colonial. Je crois que le nouveau roi a l'occasion et la responsabilité de faire tout en son pouvoir pour réparer les torts du passé.
    En conclusion, j'aimerais de nouveau offrir mes sincères condoléances à la famille de la reine Elizabeth II, qui, en plus d'être reine, était aussi mère, grand-mère et arrière-grand-mère. Nous devons offrir nos plus sincères condoléances aux membres de sa famille, qui ont perdu un véritable pilier lors du décès de cette souveraine qui a marqué leur propre histoire et qui a mené une vie bien remplie.
    Monsieur le Président, notre leader parlementaire ne pouvant être présente ce matin, j'ai l'honneur de prendre la parole au nom du caucus vert afin de souligner le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Avant de commencer, j'aimerais moi aussi reconnaître les pertes de vie tragiques survenues au sein de la nation crie de James Smith et faire savoir à cette entière communauté que nous pensons à elle.
    Ayant régné plus de 70 ans, soit plus longtemps que tout autre monarque britannique, Sa Majesté était un véritable exemple de vie consacrée au service de la population. J'aimerais exprimer nos condoléances à sa famille ainsi qu'à toutes les personnes qui l'aimaient.
    En général, les réflexions au sujet de la vie de la feue souveraine sont axées sur le mot « devoir ». C'est la décision de son regretté oncle de rejeter l'appel du devoir pour suivre plutôt l'appel de l'amour qui a mené son père, le roi George VI, au trône. C'est la mort prématurée de ce dernier, en 1952, qui a propulsé une jeune femme nouvellement mariée dans une vie de service et de devoir. Malgré tous les récits hollywoodiens inspirés par sa vie, jamais on ne saura réellement le prix qu'elle et sa famille ont payé.
    En tant que monarchie constitutionnelle, notre système de gouvernement reconnaît Sa Majesté la reine comme étant notre cheffe d'État. Ce lien étroit lie les membres du Commonwealth. Bien entendu, il reste de nombreuses questions politiques à régler. Toutefois, ces discussions devront attendre. Aujourd'hui, nous honorons et pleurons une femme remarquable qui aimait ce pays et ses citoyens, feu la reine Elizabeth II, une souveraine modèle et sans égal.
    Ma voisine de banquette et collègue, la députée de Saanich—Gulf Islands, aurait souhaité être ici ce matin, et je sais qu'elle chérit le souvenir des rencontres qu'elle a eues avec des membres de la famille royale. Même si elle n'a jamais rencontré la reine elle-même, elle sait que le mari de la reine, le regretté duc d'Édimbourg et prince Philippe, et son fils, qui est maintenant le roi, ont été très actifs pour la cause de la conservation de la nature et de l'environnement. Sa Majesté avait, elle aussi, ces préoccupations.
    Cela lui a valu l'affection de beaucoup de Canadiens, c'est son ton enjoué lors de ses rencontres. Le premier ministre vient de nous parler de la boutade qu'elle lui avait lancée en lui disant qu'il lui donnait l'impression d'être vieille. C'est un peu comme en 2015, lors de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Malte: elle s'était amusée à dire qu'à cause de lui, elle avait l'impression de paraitre en public comme une ancienne.
    Personnellement, je trouve que c'est formidable de voir que Noel Coward adorait la reine et la Reine-Mère pour leur sens de l'humour et leur côté espiègle.
    Alors que nous nous remémorons la vie de la reine et que nous réfléchissons à l'avenir, gardons bien à l'esprit notre devoir de réconciliation avec les peuples autochtones dans l'ensemble du pays.
(1040)
    J’invite tous les députés à se lever pour observer un moment de silence à la mémoire de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    [La Chambre observe un moment de silence.]
    Monsieur le Président, il y a eu consultations entre les partis et vous constaterez qu’il y a consentement unanime afin que la motion suivante soit réputée adoptée avec dissidence. Je propose:
    Qu’une humble Adresse soit présentée à Sa Majesté le Roi dans les termes suivants:

    À SA TRÈS EXCELLENTE MAJESTÉ LE ROI,
    TRÈS GRACIEUX SOUVERAIN,
    Nous, sujets fidèles et loyaux de Votre Majesté, la Chambre des communes du Canada assemblée en Parlement, désirons respectueusement Lui exprimer notre profonde sympathie pour la grande perte que vous avez subie à la suite du décès de votre mère bien-aimée, Sa Majesté la reine Elizabeth II.

[Français]

    Nous pleurons avec vous, avec les membres de la famille royale et avec le peuple de tous vos royaumes, la perte de notre Reine, dont le dévouement sans faille au devoir méritait notre respect et notre admiration. Pendant plus de sept décennies, Sa Majesté la Reine a démontré son engagement envers le peuple canadien, qui lui a offert en retour sa grande affection et sa loyauté.

[Traduction]

    En cette période de tristesse, nous nous réjouissons de l’accession au trône de Votre Majesté et vous transmettons l’expression sincère de notre loyauté et de notre dévouement.
    Nous, les Communes du Canada, ferons tout notre possible pour soutenir et appuyer Votre Majesté dans l’exercice de ses lourdes responsabilités.
    Que cette Adresse soit grossoyée;
    Qu’un message soit transmis au Sénat informant Leurs Honneurs que la Chambre des communes a adopté cette Adresse et priant Leurs Honneurs de se joindre à cette Chambre dans cette Adresse en insérant les mots « le Sénat et ».
(1045)
    La Chambre a entendu la motion. Que tous ceux qui s’opposent à ce que la motion soit adoptée avec dissidence veuillent bien dire non.

    (La motion est adoptée.)

[Français]

    Monsieur le Président, c'est avec tristesse que je prends la parole aujourd'hui à titre de ministre du Patrimoine canadien pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    C'est dans des moments difficiles, comme dans les moments de deuil, qu'on se connecte à ce qu'il y a de plus humain en soi, qu'on ressent cette solidarité et qu'on se rappelle qu'on appartient à une communauté. Tout cela, on a pu le voir dans les derniers jours avec tous les témoignages et les hommages qui sont venus de partout dans le monde. C'est encore plus vrai chez nous, partout au pays.

[Traduction]

    Tout au long de sa vie, la reine Elizabeth II a été une figure inspirante pour le Canada. Elle a régné pendant près de la moitié de l'existence du notre pays. Au cours des 70 années de son règne, et lors de ses 23 visites au Canada, dont 22 en tant que reine, elle s'est rendue dans toutes les régions du pays, d'est en ouest et du nord au sud, pour rencontrer et écouter les Canadiens. Elle a dit qu'elle se sentait chez elle dans notre pays, et qu'elle partageait la fierté des Canadiens à l'égard de leurs réalisations. Elle nous a accompagnés lors de moments déterminants, dans nos moments les plus heureux, mais aussi les plus tristes. Elle était toujours avec nous.

[Français]

    Elle a été présente avec nous lors de certains des moments les plus importants pour notre nation. Pensons, par exemple, à l'Exposition universelle de 1967 qui, comme on le dit souvent, a mis Montréal sur la carte. En 1970, elle était au centenaire de l'entrée du Manitoba et des Territoires du Nord‑Ouest dans la Confédération canadienne. La reine était au centenaire de la Colombie‑Britannique en 1971, ainsi qu'à celui de l'Île‑du‑Prince‑Édouard en 1973.

[Traduction]

    Elle était avec nous lors des 15e Jeux du Commonwealth, qui ont eu lieu en 1994, à Victoria. C'était la première fois que des athlètes handicapés pouvaient prendre part à ces jeux. Elle est aussi venue visiter le territoire nouvellement créé du Nunavut afin d'aller à la rencontre des communautés dynamiques du Nord.
    La reine a proclamé l'adoption de notre drapeau national et a établi notre régime de distinctions honorifiques. En 2007, elle a participé à la nouvelle inauguration du Monument commémoratif du Canada à Vimy. En 2010, elle a souligné le centenaire de la Marine royale canadienne, à Halifax.

[Français]

     Je pourrais continuer cette liste longtemps, mais ces quelques exemples nous démontrent la force de son engagement ainsi que la longévité de son service public. Au fur et à mesure que notre monde se transforme à travers les guerres et les drames humains, elle a su être une figure de stabilité pour notre pays. Avec un sens du service hors du commun et une grande sensibilité, elle a cheminé avec nous et les Canadiens à travers les moments de célébration, mais aussi à travers les moments difficiles.

[Traduction]

    Ceux qui la connaissaient bien savent qu'elle avait un excellent sens de l'humour. Nous en avons été témoins récemment lorsque nous l'avons vue prendre le thé avec l'ours Paddington au moment de son jubilé de platine.
    En tant que mécène d'au moins 15 organismes caritatifs canadiens, elle a contribué à l'amélioration de la société en faisant la promotion de l'éducation, de la santé, du bien-être des enfants, des arts, du service militaire et de bien d'autres causes.
    Jusqu'à la fin de sa vie, elle s'est dévouée au bien-être des collectivités. Il y a à peine une semaine, elle a offert ses condoléances aux victimes des terribles attaques survenues en Saskatchewan et à tous ceux qui ont perdu des proches dans cette tragédie.
    La reine représentait les valeurs de solidarité, d'unité et de générosité, des valeurs que les Canadiens chérissent et transmettent à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
    Dans les dernières années, la nation canadienne a soutenu la reine dans des moments difficiles, notamment le décès de Son Altesse Royale le duc d'Édimbourg, qu'elle appelait sa « force ».
(1050)

[Français]

    Cette semaine, c'est un deuil que nous vivons ensemble. Alors, prenons le temps de lui rendre hommage. J'encourage les gens à visiter le site Web de commémoration en l'honneur de Sa Majesté la reine Elizabeth II. Tous les Canadiens sont invités à signer le livre de condoléances. On peut également le faire en ligne. Hier, il y avait déjà plus de 45 000 Canadiens qui avaient fait part de leurs souvenirs et exprimé leur peine à la famille royale. C'est profondément touchant de voir autant de messages de gens de tous les coins du pays et de tous les milieux, de gens qui ont des convictions différentes, mais qui se souviennent de cette reine qui a été une amie et alliée inconditionnelle du Canada.

[Traduction]

    En reconnaissance de la relation importante qu'entretenait Sa Majesté avec le Canada, et afin de mettre en lumière son service et ses contributions, beaucoup d'édifices et de monuments sont maintenant illuminés en bleu royal, du coucher du soleil jusqu'à minuit. De surcroît, les drapeaux canadiens seront mis en berne sur tous les édifices publics fédéraux, au Canada et à l'étranger, y compris la tour de la Paix, jusqu'au coucher du soleil le 19 septembre.
    Le jour des funérailles de Sa Majesté à Londres, une cérémonie nationale de commémoration aura lieu ici au Canada, et plus précisément à Ottawa, et elle sera diffusée en direct à la télévision et sur les médias sociaux. Les gens se trouvant dans la région de la capitale nationale pourront se rassembler sur le trajet du défilé commémoratif juste avant la cérémonie. Ce jour de deuil national permettra à tous les Canadiens, d'un bout à l'autre du pays, de réfléchir aux réalisations de Sa Majesté, à son amour pour notre pays, à sa personnalité chaleureuse et à sa grâce.

[Français]

    Toutes les informations détaillées sur la cérémonie nationale de commémoration se trouvent en ligne. J'encourage les gens à consulter le site Web du ministère du Patrimoine canadien.
    La présence rassurante et le sourire unique de la reine vont beaucoup nous manquer, tout comme son leadership et sa bienveillance. Les valeurs de constance, de stabilité et de compassion qu'elle incarnait resteront pour toujours gravées dans l'histoire de notre pays, et je suis convaincu que l'exemple de Sa Majesté inspirera notre nouveau souverain, le roi Charles III, dans son engagement envers notre nation.
    Enfin, j'aimerais présenter mes plus sincères condoléances à la famille royale et rappeler que le Canada se souviendra toujours du dévouement et de l'affection de Sa Majesté la reine Elizabeth II envers notre nation.

[Traduction]

    Qu'elle repose en paix.
    Monsieur le Président, pour des générations de Canadiens, Sa Majesté la reine Elizabeth II était une constante dans un monde en perpétuel changement. Même si elle était âgée de 96 ans, beaucoup d'entre nous avaient l'impression qu'elle serait toujours là. Après tout, elle a joué un rôle important dans notre histoire. Elle était notre reine, alors il nous semble presque irréel de déclarer « Que Dieu protège le roi ».
    Sa Majesté la reine Elizabeth II a visité le Canada plus souvent que tout autre pays du monde. Je me souviens très bien de la visite de Sa Majesté à Stratford en 1997 pour voir une scène de La Mégère apprivoisée au Festival de Stratford. Je me souviens avoir vu son hélicoptère atterrir dans le bien nommé Lower Queen's Park. J'ai ensuite couru vers Upper Queen's Park et je suis resté debout sur une chaise de jardin, six ou sept rangées plus loin, afin de pouvoir apercevoir Sa Majesté pendant son bain de foule. De nombreux membres de notre collectivité se souviennent également de sa précédente visite à Stratford, en 1959, en compagnie du prince Philip, pour une représentation de la pièce Comme il vous plaira de Shakespeare.
    Elle était présente quand notre pays célébrait de grandes occasions. Elle était là pour l'ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent, pour l'Exposition universelle de 1967, pour les Jeux olympiques de Montréal, pour le rapatriement de la Constitution, pour le centenaire de l'entrée dans la Confédération de la Colombie‑Britannique et, 34 ans plus tard, pour celui de l'Alberta et de la Saskatchewan. En 1964, elle était ici pour le centenaire des conférences de Charlottetown et de Québec.
    Dans un discours prononcé lors de l’ouverture du Centre de la Confédération, Sa Majesté la reine a évoqué le Canada qu’elle aimait tant. Elle a dit:
    Nous connaissons la splendeur de ses réalisations, tant en temps de paix que pendant les sombres années de guerre, l’estime dont elle jouit au sein des grands conseils du monde, ses contributions à l’enrichissement du Commonwealth, sa générosité et son sens des responsabilités envers les pays en voie de développement, et sa volonté d’assumer les plus lourdes responsabilités internationales — tout cela et bien d’autres choses encore sont nés de ce grand acte d’habileté politique, et ils ont fait du Canada ce qu’il est aujourd’hui.
    En tant que députés, nous représentons l’une des deux Chambres du Parlement, mais aussi l’une des trois parties du Parlement: la Chambre des communes, le Sénat et la Couronne. En effet, la première fois que ces trois parties du Parlement se sont officiellement réunies, c’était en 1957, pour l’ouverture de la 23e législature. Dans le discours du Trône, le premier à être prononcé par elle, la reine a affirmé:
    C'est à titre de reine, votre reine, que je vous salue. Ensemble, nous constituons le Parlement du Canada. C'est la première fois que les représentants du peuple du Canada et leur souveraine se trouvent réunis à l'occasion de l'ouverture du Parlement. C'est pour nous tous un moment mémorable.
    Le gouvernement parlementaire est le fruit de la sagesse de bien des siècles. Sa justice, son autorité et sa dignité sont chères aux hommes de bonne volonté.
    Je cite ces propos de 1957 parce qu'ils reflètent la sincérité avec laquelle Sa Majesté s'est conduite en remplissant ses obligations constitutionnelles.
    Dans La constitution anglaise de Walter Bagehot, l'auteur divise habilement les institutions du gouvernement en deux parties: les organes de dignité et les organes d'efficacité. Les organes de dignité « sont ceux qui inspirent et préservent la vénération de la population » et les organes d'efficacité sont « ceux qui permettent en fait au gouvernement de fonctionner et de diriger. » Les organes de dignité relèvent de la Couronne, les organes d'efficacité, du gouvernement.
    Je suis certain qu'il y a eu des moments au cours des décennies où Sa Majesté s'est peut-être demandé à quel point ses ministres étaient efficaces, mais en tant que souveraine toujours digne, elle a respecté son rôle constitutionnel.
(1055)
    Si elle a toujours été digne, cela ne l’a pas empêchée de nous surprendre, comme elle l’a fait avec sa célèbre arrivée aux Jeux olympiques de Londres escortée par l'agent 007 et avec la scène très touchante où elle prenait le thé avec l’ours Paddington, lors des célébrations du jubilé de platine, au début de cette année.
    Il y a soixante-quinze ans, le jour de son 21e anniversaire, la princesse Elizabeth s’est engagée à consacrer sa vie entière à servir ses sujets. Jusqu’à ses derniers jours, elle a tenu sa promesse. Pour paraphraser Shakespeare, nous n’en reverrons jamais de semblable.
(1100)
    Monsieur le Président, c’est le cœur lourd et avec beaucoup de tristesse que je prends la parole pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, qui a tenu son engagement et a consacré sa vie à son devoir et à servir généreusement ses sujets. Je pense aussi au roi Charles III, à la reine consort et à la famille royale, qui pleurent non seulement la perte de leur reine, mais aussi de leur mère, de leur grand-mère et de leur arrière-grand-mère.
    Nous aurons de nombreuses occasions, dans les temps à venir, de nous remémorer plus amplement la vie extraordinaire au service des autres que fut celle de la reine, mais aujourd’hui, je voudrais parler de manière très personnelle de l’influence qu’a eue Sa Majesté sur une famille de l’autre côté de l’Atlantique.
    En 1939, une jeune mère canadienne d'origine ukrainienne âgée de 22 ans était devenue veuve et avait deux enfants de moins de cinq ans. Le cœur brisé, elle traversait des moments difficiles. Elle appartenait à une famille d'agriculteurs d'Alliston, en Ontario, et elle avait très peu d’argent. Cette femme, c'était ma grand-mère. Tout au long de sa vie, elle nous a raconté qu'une jeune princesse l’avait inspirée et que cela l’avait aidée à traverser la période la plus sombre de sa vie.
    Ma grand-mère admirait la jeune princesse parce qu'elle avait exhorté son père à lui permettre de servir son pays pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle s’était portée volontaire dans le service territorial auxiliaire, la branche féminine de l’armée britannique, où elle était devenue chauffeuse et avait suivi une formation en mécanique automobile. Elle comprenait ce que cela signifiait que de revêtir un uniforme et de servir son pays. Elle fut une précurseure. Qu'une femme puisse démonter un moteur et changer un pneu a marqué un tournant majeur pour ce qui est des rôles attribués aux hommes et aux femmes dans la société, et le changement amorcé s’est poursuivi tout au long de la vie de la future reine.
    Ma grand-mère a été inspirée par la princesse de l’époque et a suivi son exemple. Elle a trouvé du travail. Lorsque l’usine de munitions Dominion Small Arms Limited a ouvert ses portes à Mississauga, ma grand-mère a trouvé du travail afin de participer à l’effort de guerre, inspirée par la jeune princesse. Bien que ces deux femmes vinssent de mondes différents et que leurs vies fussent très différentes, ma grand-mère s'est sentie liée à la princesse et plus tard à Sa Majesté. La princesse avait vu des jeunes de son âge partir à la guerre et faire le sacrifice de leur vie au combat. Elle voulait prendre part à l’effort de guerre même si son père n'était pas d'accord.
    C'était à une époque où les jeunes hommes de Toronto de régiments tels que le Queen's Own Rifles, le 48th Highlanders et le Toronto Scottish quittaient leur foyer pour servir outre-mer. Les familles recevaient constamment de mauvaises nouvelles du front. La princesse Elizabeth comprenait que les familles faisaient de terribles sacrifices pour l'effort de guerre et pour la liberté. Il convient de rappeler qu'elle est aujourd'hui le seul chef d'État à avoir servi pendant la Seconde Guerre mondiale. C'était une princesse qui ne rechignait pas à se salir les mains en entretenant différents types de véhicules blindés lourds, qui agissait dans un univers d'hommes et le faisait joyeusement, une princesse qui réconfortait les enfants de la nation lors de leur évacuation à l’écart des bombardements.
    Plus tard, à chaque visite de la reine Elizabeth, ma grand-mère s'arrangeait pour se trouver dans la foule. Elle voulait manifester son appui à une dirigeante qui avait consacré sa vie entière au service et qui avait un travail impossible. Ma grand-mère espérait avoir peut-être la chance, une toute petite chance, de la remercier. Si elle n'a jamais eu l'occasion d'exprimer sa gratitude, ceux qui l'ont rencontrée ont eu le sentiment de compter.
    Lorsque nous étions enfants, nos mamans du quartier d'Etobicoke se sont réunies, nous ont mis dans des voitures et nous ont conduits au centre-ville pour que nous puissions apercevoir le couple royal et nous souvenir de ce moment toute notre vie. En 7e année, j'ai choisi de faire un discours sur elle.
    Dans ce monde d’hommes qui étaient dans le milieu des affaires, au Parlement, à la radio et à la télévision, et à la direction du monde, elle s'est distinguée, par sa grâce et sa chaleur humaine, tout comme par sa compassion. Elle a montré à des générations de femmes et d'hommes que les femmes pouvaient être des leaders et qu'elles le sont.
(1105)
    Dans un monde en perpétuel changement, entre la dévastation de la Seconde Guerre mondiale et la pandémie de COVID-19, Sa Majesté était une présence constante, un exemple, une femme d'État. De génération en génération, beaucoup ont ressenti ce lien personnel. Les femmes à la légion ont raconté avoir regardé son couronnement. Les femmes à l'église attendaient avec impatience son message annuel de Noël. De jeunes femmes m'ont dit qu'elles ont aimé regarder sur leur téléphone les célébrations de son jubilé de platine. J'ai appris que les gens se sentaient personnellement liés à elle. Elle était également connue pour sa capacité à rassembler les gens et les pays. Elle a favorisé l'établissement de liens durables au sein du Commonwealth des nations.
    Aujourd'hui, nous avons l'occasion d'exprimer notre gratitude pour la vie et le service de la reine Elizabeth II. Elle n'a pas choisi son destin, mais a hérité d'une vie de devoir. Âgée d’à peine 25 ans, elle s'est engagée à mettre sa vie au service des autres. Tous les députés de la Chambre savent ce que signifie servir, mais tous ont eu le choix. Elle a tenu sa promesse avec une dignité, une grâce et une fidélité constantes pendant 70 ans.
    Je remercie humblement Sa Majesté et je la remercie au nom de ma grand-mère en saluant la vie extraordinaire d'une reine qui a servi pendant sept décennies, qui a travaillé jusqu'à ses derniers instants, jusqu’à l'âge de 96 ans, une femme qui demeurera dans le cœur de beaucoup.
    Aujourd'hui, mes pensées et mes prières accompagnent les habitants du Royaume‑Uni et du Commonwealth. Je transmets mes plus sincères condoléances à la famille royale.

[Français]

    Monsieur le Président, je me lève aujourd'hui avec un sentiment de tristesse pour le décès d'une grande dame qui a marqué l'histoire, mais aussi avec une certaine joie d'un souvenir personnel concernant Sa Majesté la reine Elizabeth II. J'aimerais tout simplement raconter, sommairement, mon histoire.
    En 2002, lors de l'année du 50e anniversaire du jubilé de Sa Majesté, j'étais en touriste, à Londres. Je me suis rendu au palais de Buckingham. Au mois d'août, c'est ouvert pour les touristes. Mon épouse et moi avons visité le palais de Buckingham. À un moment donné, je me suis tourné vers elle et je lui ai dit, sans savoir pourquoi, que je pensais que je reviendrais à cet endroit un jour.
     Quatre ans plus tard, j'étais commandant du Régiment de la Chaudière, une unité des Forces armées canadiennes qui a la reine Elizabeth II comme colonel en chef, comme 13 autres régiments au Canada, dont le fameux Royal 22e Régiment.
    On m'a informé que, en tant que commandant du Régiment de la Chaudière, j'avais accès directement à mon colonel en chef. C'était une première surprise pour moi. J'ai donc fait une demande d'audience à Sa Majesté pour lui remettre le livre du Régiment de la Chaudière qui venait d'être réédité. C'était une édition spéciale faite expressément pour Sa Majesté. À ma grande surprise, ma demande a été acceptée très rapidement. Le bureau de la reine m'a dit que celle-ci me recevrait le 5 mai 2006.
    Or, il y avait un petit problème, car c'était l'anniversaire de ma fille qui allait avoir 1 an le 5 mai 2006. C'est donc avec un certain courage que j'ai demandé au secrétaire de Sa Majesté: pouvez-vous changer de date svp? Encore une fois, à ma grande surprise, on m'a répondu qu'on comprenait très bien et qu'il n'y avait aucun problème. On a reporté l'audience de deux semaines. Je me trouvais quand même assez audacieux. La reine me donne une audience et moi je dis que je ne peux pas cette date-là et je demande si Sa Majesté a une autre date.
    À ma grande joie, et de façon très respectueuse, ils ont accepté de remettre l'audience.
    Donc, en mai 2006, en compagnie de mes colonels honoraires, Marcel Belleau et Laurence Létourneau, du directeur du musée à l'époque, mon ami Richard Martin, de mon sergent-major régimentaire, Claude Pineault, ainsi que nos épouses, nous avons été reçus à Buckingham.
    Voici un autre fait cocasse dans mon histoire de visite à Sa Majesté. En arrivant à l'aéroport de Londres Heathrow, le douanier m'a demandé ce que je venais faire en Angleterre. Je lui ai répondu que je venais rencontrer la reine. Le douanier m'a regardé et m'a demandé la vraie raison. J'ai répondu à nouveau que je venais rencontrer la reine. Je me faisais une joie de dire « je viens officiellement rencontrer la reine. »
    On sait que, comme touriste, il est très rare qu'on puisse entrer dans le palais de Buckingham. Habituellement, les barrières sont fermées et les gens sont devant la grille en espérant voir Sa Majesté. Avec mon groupe, nous avons eu la chance de franchir la barrière et de nous rendre directement au palais, d'être accueillis, d'être reçus dans un hall, devant le bureau de la reine.
    Il y avait évidemment un stress. Rencontrer la reine dans le palais de Buckingham est une chose assez rare. Lorsque la porte du bureau s'ouvre et qu'on voit Sa Majesté qui est là, toute petite, qui attend, c'est vraiment un sentiment difficile à expliquer. C'est comme un stress jumelé à une joie.
    Évidemment, il y a un protocole. Pour rentrer dans le bureau, les dames font une révérence. On doit saluer la reine. Le premier ministre en parlait tantôt dans son discours: Sa Majesté a beaucoup d'humour. Sa Majesté, voyant que tout le monde était un peu coincé et ne savait pas trop comment se comporter, a fait une blague pour relaxer le groupe. Elle a dit: vous savez, le monsieur avant vous qui était avec moi, c'est le général commandant de ma garde royale, mais il boite parce qu'il est tombé en bas de son cheval. Elle a dit cela dans un excellent français. La reine a fait cette blague-là en parlant du général commandant de sa garde royale. La tension a baissé. Nous sommes partis à rire. Cela mettait la table pour notre rencontre qui, finalement, a été extraordinaire.
     Le but de cette rencontre était évidemment de parler de mon régiment, le Régiment de la Chaudière. Je lui ai mentionné que, la dernière fois qu'elle avait rencontré son régiment, c'était dans les années 1950.
(1110)
    Elle m'a répondu tout bonnement qu'il était temps. Cette brève réponse de la part de Sa Majesté était sympathique. Lors de la rencontre, nous lui avons présenté le livre du Régiment, nous lui avons parlé de son régiment et nous lui avons dit comment il se portait. Ce moment, qui s'est déroulé en toute simplicité, s'inscrivait dans un contexte immense pour moi et pour les gens qui m'accompagnaient, mes colonels honoraires et nos épouses. Quand on est reçu ainsi au palais de Buckingham, c'est un moment qu'on ne peut pas oublier. La reine savait accueillir les gens et les mettre à l'aise d'une façon simple.
    Pour moi, Sa Majesté la reine Elizabeth II a toujours représenté la stabilité de nos institutions. Peu importe les gouvernements qui se sont succédé en Angleterre, au Canada ou dans les autres pays du Commonwealth durant les 70 ans de son règne, la reine était toujours là pour faire rayonner son aura. On sait que, sur le plan parlementaire, il peut y avoir de la partisanerie, mais la reine représentait pour moi la personne morale se trouvant au-dessus de tous. Voilà ce qui a été le plus significatif pour moi au cours du règne d'Elizabeth II.
    De plus, en tant que militaire, j'ai eu l'honneur de porter allégeance à Sa Majesté la reine. Je l'ai fait en tant que soldat au début et en tant qu'officier par la suite. Je l'ai aussi fait trois fois en tant qu'élu. Je portais allégeance à une dame pour laquelle j'avais un énorme respect. Qu'on soit monarchiste ou non, en ce qui a trait à Elizabeth II, c'est la personne qui était importante pour moi. Comme je l'ai mentionné, l'important, c'est ce qu'elle représentait, ainsi que son aura positive qui rayonnait sur les pays du Commonwealth.
    En conclusion, je suis honoré d'avoir pu raconter ma petite histoire personnelle à la Chambre. Bien évidemment, je demeure attristé par le décès de Sa Majesté, mais, la vie étant la vie, il fallait s'y attendre.
    Maintenant, nous avons un nouveau roi, Charles III. Je souhaite un bon règne et une longue vie au roi Charles III.
(1115)

[Traduction]

    Monsieur le Président, comme d'autres députés, mes pensées sont tournées aujourd'hui vers ces familles de la Saskatchewan qui sont en deuil à cause d'actes de violence insensés. Nos prières les accompagnent.
    C'est le cœur lourd que je me joins à mes collègues pour commémorer aujourd'hui la vie de notre défunte souveraine, Sa Majesté la reine Elizabeth II, reine du Canada et cheffe du Commonwealth. Au nom des citoyens de Winnipeg-Sud, je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à Sa Majesté le roi et à la famille royale à la suite du décès de la reine.
    Alors que nous pleurons tous la perte de notre reine, nous célébrons également sa vie exceptionnelle et son règne historique. En tant que notre cheffe d'État, elle a été un modèle de dévouement et d'engagement désintéressés à l'égard du service, modèle qui demeure toujours une source d'inspiration.
    J'ai eu l'honneur de faire partie du conseil d'administration international de l'Association parlementaire du Commonwealth. Cette année, le Canada a été l'hôte de plus de 500 délégués provenant de tous les pays du Commonwealth, la Conférence parlementaire du Commonwealth ayant eu lieu à Halifax en août dernier.
    Alors que je rencontrais des représentants du Commonwealth, j'ai réfléchi au fait qu'il est remarquable que, pendant que la reine était à la tête du Commonwealth, il soit passé d'un groupe de colonies et de territoires britanniques à une organisation florissante et dynamique de démocraties du monde entier qui choisissent librement d'en être membres. À Halifax, nous avons salué Sa Majesté à l'occasion de la célébration de son jubilé de platine et avons honoré son service exemplaire au Commonwealth et à l'humanité.
    En tant que député du Manitoba, je voudrais brièvement souligner les six visites de Sa Majesté dans notre province.
    La première visite a eu lieu en 1951. La princesse Elizabeth a alors assisté à un spectacle du Royal Winnipeg Ballet. En passant, en tant que reine, elle a décerné au Royal Winnipeg Ballet son titre royal en 1953. C'était la première compagnie de ballet à recevoir cet honneur sous son règne.
    Sa deuxième visite en tant que reine a eu lieu en 1959, lors de sa tournée au Canada avec le prince Philip.
    En 1970, lors d'une visite ultérieure, les habitants du Manitoba ont eu l'honneur de voir la reine se joindre à eux pour célébrer le centenaire du Manitoba, c'est-à-dire le 100e anniversaire de l'entrée de la province dans la Confédération. Sa Majesté a beaucoup voyagé dans notre province et a amené avec elle ses deux enfants aînés, celui qui était alors le prince Charles et la princesse Anne.
    Sa Majesté est revenue en 1984 et a visité Winnipeg, Dauphin, Brandon et Dugald.
    En 2002, lors de son jubilé d'or, elle a participé au dévoilement du Golden Boy nouvellement restauré qui orne le dôme de l'édifice de l'Assemblée législative du Manitoba. Un malencontreux événement était survenu lors de cette visite; la reine a profité de la rivière Rouge plus longtemps que prévu lorsque son bateau-taxi est tombé en panne non pas une, mais deux fois. Les députés ne seront pas surpris d'entendre que, fidèle à son habitude, la reine n'a même pas sourcillé.
    Soit dit en passant, en 2002, j'ai eu la fierté de recevoir la Médaille du jubilé de la reine pour le Canada.
    La dernière visite de la reine Elizabeth au Manitoba a eu lieu en 2010. Elle avait apporté une pierre du château de Windsor, où la Grande Charte a été signée, et cette pierre est encore exposée au Musée canadien des droits de la personne à Winnipeg.
    Le seul monarque que la majorité des Canadiens ont connu est la reine Elizabeth, et nous apprenons tranquillement à vivre sans elle. Elle incarnait une présence durable et rassurante dans nos vies et, pendant son règne, le Canada est devenu un pays confiant, diversifié et tourné vers l'avenir. Les Canadiens garderont de bons souvenirs de la vie et du règne de Sa Majesté la reine Elizabeth II; ils se rappelleront toujours sa sagesse, sa compassion et sa chaleureuse personnalité.
    Nous vivons présentement une période de transition alors que s'ouvre un nouveau chapitre de l'histoire canadienne avec notre nouveau souverain, le roi Charles III. Le roi entretient une relation étroite avec le Canada depuis longtemps; il a visité le pays à de très nombreuses reprises, notamment cette année, lorsque son épouse, maintenant reine consort, et lui ont pris part aux célébrations du jubilé de la reine.
    Je souhaite beaucoup de force au roi Charles en cette période difficile pour sa famille et lui. Je sais qu'il servira le Canada et le Commonwealth avec dévouement et distinction, comme l'a fait sa regrettée mère, la reine.
    Longue vie au roi.
(1120)
    Monsieur le Président, pendant sept décennies, la reine a été notre cheffe d'État et elle a rempli ses fonctions de façon admirable et avec le plus grand soin. Pour beaucoup de personnes, c'était la reine, mais pour nous, c'était notre reine.
    Joe Martin, un historien accompli, m'a dit ceci l'autre jour: « Son règne est un exemple sans précédent et éclatant de sens du devoir et des responsabilités ». Effectivement, alors qu'elle n'avait que 21 ans, elle a juré ceci au Cap: « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service. » La reine ne s'est jamais déchargée du poids de la Couronne.
    Sa Majesté aimait le Canada, pays qu'elle a visité plus de 20 fois, y compris Midland et Orillia, dans Simcoe-Nord. Quand il était jeune, mon père est allé la voir monter à bord d'un train à Midland en 1959. Des années plus tard, en 2010, je suis allé la voir monter à bord d'une voiture qui quittait Queen's Park. Elle exaltait le patriotisme chez plusieurs d'entre nous, et je me souviens d'avoir ressenti ce sentiment cette journée-là.
    J'ai toujours cru que Sa Majesté serait toujours là. À certains égards, elle le sera toujours, mais beaucoup s'ennuieront de son calme et de son attitude posée, qui ont offert confort et stabilité à tant de gens au cours de nombreuses périodes difficiles durant les 70 dernières années.
    Notre système de gouvernement n'est peut-être pas parfait, mais la reine a rempli son rôle avec dignité et grâce pour assurer l'intégrité de notre système. Il y avait un être humain derrière la Couronne qui aimait rire comme tout le monde. Il y a une famille qui pleure la perte d'une mère, d'une sœur, d'une grand-mère et d'une arrière-grand-mère. Les personnes qui se sentent liées à Sa Majesté sont aussi nombreuses à éprouver de la tristesse.
    Au nom des habitants de Simcoe-Nord qui sont aussi peinés par la perte de Sa Majesté, nous offrons nos plus sincères condoléances à la famille royale. Puissions-nous nous inspirer de la vie de service de Sa Majesté et appliquer son exemple à notre propre vie.
    Que Dieu bénisse la reine. Longue vie au roi.
    Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au nom des habitants de Vaughan—Woodbridge pour offrir nos plus sincères condoléances à l'occasion du décès de la souveraine au plus long règne du Canada, Sa Majesté la reine Elizabeth II. Mes prières accompagnent Sa Majesté la reine Elizabeth II alors que le Seigneur l'appelle à rejoindre l'autre monde.
    Comme l'archevêque de Canterbury l'a indiqué dans les jours suivants le décès de la reine: « J'en ai conclu que cette personne ne craignait pas la mort, envisageait l'avenir avec espoir et était consciente du roc sur lequel elle s'appuyait et qui lui donnait sa force. » Il a également parlé de l'attitude de Sa Majesté la reine Elizabeth II qui disait: « Il n'est pas question de moi, il s'agit de ce que j'ai été appelée à faire... par Dieu. »
    Sur une note personnelle, je vais parler de l'histoire de ma famille. En mai 1971, la reine a visité la côte nord de la Colombie‑Britannique et la ville où vivait ma famille, Prince Rupert. C'est dans cette ville, au début des années 1950, que Frank, Rose et leurs sept enfants ont émigré du Sud de l'Italie.
    Lors de sa visite à Prince Rupert, la reine a assisté à l'ouverture officielle de l'Hôpital régional de Prince Rupert, où je suis né moins d'un an plus tard. C’est à cette occasion que Rose Amante, ma grand-mère, a eu le privilège de saluer la reine et de lui offrir des fleurs. Une photo de cette rencontre a ensuite été placée bien en vue chez mes grands-parents, dans la maison de ma nonni, pendant des décennies, et l’histoire de cette photo a été racontée maintes fois. Ce fut un moment de grande fierté pour toute la famille, un moment qui est resté à jamais gravé dans ma mémoire de petit-fils d’une femme fière, forte, et je dirais même farouche, dont le petit-fils compte maintenant parmi les 338 députés du Parlement du Canada.
    Sa Majesté s’est engagée à consacrer sa vie au service du Commonwealth et de ses citoyens. Le jour de son 21e anniversaire, Sa Majesté a promis: « Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale », une promesse qu’elle a tenue avec un dévouement incomparable.
    Comme l’a déclaré notre premier ministre, Sa Majesté a été une présence constante dans la vie des Canadiens. Nous remercions la reine Elizabeth II d’avoir consacré à sa vie entière au service ainsi que de son humilité et de son leadership extraordinaire. Au cours de son règne de 70 ans, la défunte souveraine a visité le Canada plus de 20 fois, y compris, je le répète, Prince Rupert en Colombie-Britannique. Qu’il s’agisse de vastes tournées royales ou de visites à l’occasion d’événements spéciaux, les Canadiens n’oublieront jamais les paroles sincères qu’a prononcées Sa Majesté en 2010 en nous confiant que la Reine-Mère Elizabeth avait dit un jour que ce pays était comme un second chez-soi pour la reine du Canada. La reine Elizabeth II a ensuite déclaré: « Je suis ravie de vous dire que c’est toujours le cas et je suis ravie d’être de retour parmi vous. »
    La future souveraine a foulé le sol canadien pour la première fois en 1951, alors qu’elle n’avait que 25 ans et qu’elle était encore une princesse, accompagnée de son défunt mari, le duc d’Édimbourg. En 2010, nous avons célébré la fête du Canada avec Sa Majesté sous le thème « Une année flamboyante: Le Canada accueille le monde ». Nous avons souligné le chemin que nous avions parcouru en tant que pays et les espoirs que nous entretenions pour l’avenir. Dans son discours à notre pays, la reine Elizabeth II a exprimé sa joie et celle du prince Philip de se retrouver parmi les Canadiens lors de cette occasion spéciale.
    Sa Majesté a ensuite déclaré:
    Tout au long de ma vie, j’ai été témoin de plus de la moitié de l’histoire de ce pays depuis sa Confédération. J’ai regardé avec la plus grande admiration le Canada grandir et évoluer tout en restant fidèle à son histoire, à son caractère distinctif et à ses valeurs.
    Cette nation s’est consacrée à devenir un pays prévenant pour les siens, un refuge pour d’autres et un exemple pour le monde.
(1125)

[Français]

    Nous venons tout juste de voir des images des Forces canadiennes, des diplomates, et des travailleurs humanitaires à l'œuvre dans le monde entier, apportant leur soutien et leur aide à autrui.

[Traduction]

    Ces engagements, souvent dans des conditions dangereuses et hostiles, sont assumés avec le soutien et le respect de nous tous.
    Faisons un bond dans le temps. En 2020, à l'âge de 93 ans, la reine Elizabeth a fait une rare déclaration sur les ondes, afin de mobiliser la population à l'occasion de l'irruption du coronavirus, la pandémie de COVID‑19. Sa Majesté a commencé son intervention en disant: « Je m'adresse à vous à un moment que je sais être de plus en plus difficile, un moment de perturbation dans la vie de notre pays, une perturbation qui a apporté du chagrin à certains, des difficultés financières à beaucoup, et d'énormes changements dans la vie quotidienne de nous tous. »
    Plus loin, la reine a poursuivi en reconnaissant ceci:
    Dans tout le Commonwealth et dans le monde entier, nous avons entendu des histoires réconfortantes de gens qui se sont entraidés, en toute solidarité, que ce soit en livrant des colis de nourriture et des médicaments, en veillant sur leurs voisins ou en convertissant des entreprises pour participer aux efforts de secours.
    Bien qu'il soit parfois difficile de s'isoler, de nombreuses personnes de toutes les confessions, ou d'aucune, découvrent que cela leur donne l'occasion de ralentir, de faire une pause et de réfléchir, dans la prière ou la méditation.
    Cela me rappelle la toute première fois où je me suis exprimée à la radio, en 1940, avec l'aide de ma sœur. Nous, enfants, nous étions adressées d'ici, à Windsor, à des enfants qui avaient été évacués de leur maison et envoyés au loin pour leur propre sécurité. Aujourd'hui, une fois de plus, beaucoup vont ressentir un douloureux sentiment de séparation d'avec leurs proches. Cependant, aujourd'hui comme hier, nous savons, au fond de nous-mêmes, que c'est la chose à faire. Certes, nous avons déjà vécu des moments difficiles auparavant, mais celui-ci est différent. Cette fois, nous nous joignons à toutes les nations du monde dans un effort commun, en nous appuyant sur les grandes avancées de la science et notre compassion instinctive pour guérir. Nous réussirons, et ce succès appartiendra à chacun d'entre nous.
     Sa Majesté la reine n’a jamais douté de la force des Canadiens et elle nous a toujours encouragés à « rester optimistes », sachant que les Canadiens sauraient « relever les défis à venir ».
    Monsieur le Président, c’est le cœur lourd que bon nombre des électeurs d’Etobicoke-Centre et moi avons appris le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    En tant que souveraine au règne le plus long de l’histoire du Canada, elle a touché, je crois, de nombreux Canadiens. Elle a profondément marqué notre histoire. Pour beaucoup de Canadiens, moi y compris, la reine Elizabeth II est le seul souverain qu’ils aient jamais connu. Dans un monde en constante évolution, elle a été une présence constante et elle a consacré sa vie au service du Commonwealth et de ses habitants.
    Sa Majesté n’avait que 25 ans quand elle est montée sur le trône pour assumer les fonctions de chef d’État de nombreux pays, dont le Canada. Elle a rempli ce rôle avec grâce et dévouement pendant 70 ans. Plus tôt cette année, le Canada a célébré les 70 ans de service de la reine et les liens durables qu’elle avait tissés avec les Canadiens. Il s’agissait du premier jubilé de platine d’un souverain au Canada.
    L’importance du règne de Sa Majesté ne réside pas seulement dans sa durée, mais aussi dans la profondeur du sens du service de la reine et dans le rôle que celle-ci a joué dans l’histoire du Canada. Sa Majesté a présidé de nombreux moments importants de l’histoire du Canada, et elle représente une partie importante, à mon avis, de notre histoire.
    Depuis qu’elle est devenue reine, en 1952, Sa Majesté a connu 12 premiers ministres canadiens et 13 gouverneurs généraux. Elle a effectué 22 visites au Canada en tant que monarque. La reine Elizabeth II a également participé à la cérémonie de rapatriement de la Constitution et elle a proclamé la Loi constitutionnelle du Canada, y compris la Charte des droits et libertés, en 1982. Elle a observé le Canada et elle a présidé ses destinées alors qu'il devenait un pays encore plus confiant, plus multiculturel et plus prospère.
    Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles je crois que nous vivons dans le meilleur pays au monde. L’une d'entre elles, c'est notre solide démocratie ainsi que les conventions et les institutions qui la sous-tendent, la protègent et la facilitent. Ce régime démocratique confère au Parlement le pouvoir suprême de prendre des décisions au nom des Canadiens et pour les Canadiens. Il nous permet de nous réunir ici, à la Chambre des communes, en tant que représentants du peuple pour prendre des décisions au nom du peuple, pour le peuple.
    À mon avis, la fonction du monarque dans notre pays n’est pas seulement cérémonielle, mais aussi substantielle. L’un des principaux rôles de la Couronne, du monarque, consiste à protéger cette démocratie et à la faciliter. La reine incarnait la Couronne et elle a assumé ce rôle. Il est essentiel de reconnaître que c'est grâce à l’importance de ce rôle et au travail de la reine pour protéger notre démocratie que nous, députés passés, actuels et futurs, pouvons continuer à bâtir le meilleur pays sur Terre.
    Il y a de nombreuses années, j’ai eu le privilège d’assister à une visite de Sa Majesté et du duc d’Édimbourg à Toronto. Au cours de ma brève conversation avec le duc d’Édimbourg, j’ai pu apprécier sa volonté, ainsi que celle de la reine, d'apprendre à connaître les Canadiens. Je crois que c’est l’une des caractéristiques qui expliquent que Sa Majesté s'est autant investie et s'est montrée aussi efficace pour servir et représenter notre pays.
(1130)
    Je crois que si beaucoup d’entre nous avaient le cœur aussi lourd quand nous avons appris le décès de Sa Majesté, c'est notamment parce que nous étions nombreux à avoir l’impression de la connaître. Je crois qu’elle nous connaissait.
    Sa Majesté a touché des millions de Canadiens de diverses façons. Je crois que les gens du monde entier se souviendront de son sens du service et du rôle structurant qu'elle a joué, avec dévouement et grâce, et qu'ils les admireront pendant de nombreuses années encore.
    Au nom des électeurs d’Etobicoke‑Centre et en mon nom personnel, j’offre nos plus sincères condoléances aux membres de la famille royale ainsi qu'aux peuples du Royaume‑Uni et des pays du Commonwealth en cette période difficile.
    Au nom des électeurs d’Etobicoke‑Centre et en mon nom personnel, j’offre également nos meilleurs vœux à notre nouveau souverain, le roi Charles III. J’ai eu le privilège de le rencontrer lorsqu’il était prince de Galles, lors de sa visite au Canada il y a quelques mois. Il a fait preuve de la même curiosité, de la même volonté, je crois, de comprendre et connaître les Canadiens et de les servir que la reine Elizabeth II.
    Vive le roi.
(1135)
    Monsieur le Président, il y a des jours dans l’histoire où le monde s’arrête et écoute, et où chacun se souvient de l’endroit où il se trouvait lorsqu’il a appris une nouvelle tragique. Pour certains de mes collègues, c’est peut-être le jour où John F. Kennedy a été assassiné. Pour d’autres, ce sera celui de la mort de la princesse Diana ou le 11 septembre. Ces jours-là, cependant, semblent loin de nos vies et ils le sont, en partie. Ils sont le produit d’un choc qui suscite un besoin de réponses pour expliquer les circonstances propres à ces journées.
    Ces événements semblent lointains, mais ils ressemblent d’une certaine manière au jour où nous avons appris le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II. C’est l’un de ces moments de l’histoire que beaucoup n’oublieront jamais. Pour de nombreux Canadiens, ce décès n’a pas semblé si lointain. Il l’était sur le plan de distance physique, mais beaucoup d’entre nous ont eu l'impression d'être touchés de près.
     Comme ces autres événements tragiques des années passées, le décès de notre reine, la reine du Canada, restera dans les mémoires parce que nous avons perdu plus qu’une personne. Nous avons perdu une partie d’une idée. Nous avons perdu un symbole. Nous avons perdu une personne que nous considérions comme faisant partie de nous. Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis sentie, en un sens, de la même façon que s'il s'était agi de quelqu’un que je connaissais, de quelqu’un qui était présent, comme un membre de la famille, proche ou éloignée, dont la compagnie tranquille et constante était simplement toujours là.
    Bien sûr, je n’ai aucun lien de parenté avec la reine. Je ne l’ai jamais rencontrée, pas plus que des millions d’autres Canadiens qui pleurent aujourd’hui à nos côtés. Nous avons senti que la reine était comme un membre de notre famille parce que nous voyions en elle un membre de notre famille. À l'instar des membres de notre famille, elle était là dans les moments les plus forts comme dans les plus difficiles, nous soutenant avec un amour indéfectible et des encouragements. Elle représentait non pas ce que nous étions, mais ce que nous pouvions être. Elle voulait que nous soyons la meilleure version de nous-mêmes. Je le crois vraiment.
     Comme les membres de notre famille, la reine nous a appris ce que signifie être au service des autres. Elle a vécu une vie de dévouement désintéressé, non seulement envers ceux qu’elle aimait, mais aussi envers d'innombrables personnes qui ne l’ont jamais rencontrée et qui ne l’ont jamais connue. Elle a incité à la tolérance, au respect et à la compréhension, autant de qualités que nous cherchons à cultiver. Comme un membre de notre famille, elle était toujours là pour nous, que nous en ayons ou non conscience. Toutes les choses qui changent aujourd’hui, notre argent, notre système juridique, nos forces armées et même le Parlement lui-même, sont la preuve des multiples façons dont elle a touché nos vies. Parfois, comme avec beaucoup de membres de notre propre famille, nous avons tenu cela pour acquis.
    Elle était la seule souveraine que la plupart des Canadiens aient jamais connue. Alors que nous vieillissions au fil des ans, la reine semblait figée dans le temps. Les hommages qu’elle a reçus au cours de nombreux jubilés et anniversaires nous ont montré que nous savions ce que nous avions. En vérité, nous n’avons jamais pensé que nous le perdrions.
    Tous ceux qui me connaissent savent à quel point je respecte la monarchie. Ce respect est ancré dans la tradition sur laquelle repose cette institution. Notre monarchie fait la distinction entre la politique et le service public, de même qu'entre la popularité de ses membres et l'essence même de l'institution. Après pratiquement un an à la Chambre, je suis plus que jamais convaincue que l'unité provient davantage de la monarchie que des dirigeants politiques des gouvernements. Par son caractère inébranlable, la monarchie impose le respect. Sans elle, il n'aurait probablement pas toujours régné.
     Sa Majesté a visité le Canada plus de 20 fois en 70 ans. Cette assiduité dénote un dévouement extraordinaire envers les Canadiens et le Canada. La reine occupe une place spéciale dans le cœur de nombreux habitants de ma localité, probablement plus que ce que la plupart des Canadiens peuvent imaginer. Je vais expliquer aux députés pourquoi.
    Mécanicienne pendant la Deuxième Guerre mondiale, la reine a été la première femme monarque de la famille royale à servir activement dans les Forces armées britanniques. Elle a mis non seulement ses propres mains, mais aussi son cœur au service de l'empire. Cette figure sereine et stable, modèle d'optimisme et de persévérance, a incité les gens à garder le calme et le cap. Elle incarnait cette idée selon laquelle un jour, d'une manière ou d'une autre, les choses allaient s'améliorer, même si personne ne savait quand ou comment.
    Elle a encouragé son pays alors plongé dans ses heures les plus sombres à vaincre et à renverser le régime nazi en Europe. Elle a ainsi contribué à la libération de millions de prisonniers de camps de concentration dans tout le continent, dont les descendants comptent parmi mes amis, les membres de ma famille et les résidants de ma circonscription.
(1140)
    Son dévouement ne s'est pas arrêté là. Elle a continué d'écouter les récits de survivants pendant les 70 années de son règne, ce qui en dit long sur sa personnalité. Il lui aurait été facile d'oublier ces personnes, comme nombre de dirigeants contemporains l'ont fait. Or, en tant que souveraine, elle s'est fait un devoir d'aider des gens profondément traumatisés à tourner la page et à panser leurs blessures. Elle s'est servie de sa situation privilégiée pour éduquer les autres au sujet d'une période sombre de l'histoire, et elle incarnait ainsi le message que les survivants s'efforcent de communiquer tous les jours en disant « plus jamais ».
    Une tradition royale maintenue depuis des siècles veut qu'un monarque ne soit jamais en retard, et la reine ne faisait généralement pas exception à cette règle. Cependant, le 27 janvier 2005, lors d'une rencontre organisée avec des survivants à l'occasion du 60e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, il y avait encore un grand groupe de personnes qui n'avaient pas encore eu la chance de rencontrer la reine même s'il ne restait plus de temps. Au lieu de s'en aller, Sa Majesté est restée et a accordé toute son attention à chacun des survivants. Le regretté rabbin lord Sacks, qui était présent ce jour-là, s'est fait dire par l'une des personnes qui accompagnaient la reine qu'elle n'avait jamais vu la souveraine rester aussi tard après l'heure où elle devait partir, allant ainsi à l'encontre d'une tradition sacrée.
    Nous avons la chance inouïe d'avoir vu la reine Elizabeth II consacrer plus de sept décennies — plus qu'une vie pour beaucoup — à la cause du Commonwealth et au mieux-être de notre pays. En dépit de son décès, l'esprit, la joie et le sentiment d'affection que la reine a laissés à des millions de personnes ne mourront jamais. Les fruits de son sens du service vivront à jamais dans le cœur de nombreux Canadiens reconnaissants, y compris le mien.
    En regardant vers l'avenir, je persiste à croire que la monarchie constitue une importante mesure de contrôle empêchant que le pouvoir constitutionnel soit donné à une bureaucratie ou à un gouvernement éphémère. Elle nous rappelle humblement qu'en ce lieu, nous travaillons au nom des citoyens, et que toute personne qui se voit confier ce rôle est amenée à se rappeler les idéaux et les traditions qui existaient bien avant nous tous.
    Sur ce, j'offre mes plus sincères condoléances à la famille royale et à tous les peuples du Commonwealth qui pleurent la perte de Sa Majesté.
    Que Dieu ait l'âme de la reine et, enfin, que Dieu protège le roi.
    Monsieur le Président, c'est aujourd'hui un jour solennel. Pour la première fois dans la vie de nombre d'entre nous ici présents, nous pleurons le décès et commémorons le règne de Sa Majesté la reine Elizabeth II. Le fait d'être demeurée notre chef d'État pendant 70 ans constitue un exploit extraordinaire que seule Sa Majesté pouvait accomplir.

[Français]

    Comme nous l'avons entendu tout au long de la dernière semaine et au Parlement aujourd'hui, la passion, la résilience et la force de Sa Majesté pour servir son pays et son peuple ont été les traits fondamentaux qui ont façonné son règne.

[Traduction]

    Lorsque je pense à la reine Elizabeth montant sur le trône à l’âge de 25 ans après la mort de son père, le roi George VI, je ne peux m’empêcher d’être impressionnée. À 25 ans, je venais d’obtenir un diplôme universitaire en travail social, je commençais un nouvel emploi à la Société d’aide à l’enfance et j’avais une magnifique fille de deux ans pleine d’énergie. À un moment aussi décisif de la vie, alors que beaucoup d’entre nous terminent leurs études universitaires, amorcent leur carrière, fondent une famille ou se fraient un chemin dans le monde en tirant des leçons de leurs aventures et de leurs échecs, Sa Majesté a été propulsée sur le trône, la plus haute institution de gouvernance en qualité de reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, de cheffe du Commonwealth et de défenseure de la foi.
    Le règne de la reine Elizabeth a été façonné par certains des événements les plus marquants de l’histoire. Parmi ces événements, citons ses premières années en tant que princesse servant comme officier dans l’Auxiliary Territorial Service pendant la Seconde Guerre mondiale, le fait d’avoir Sir Winston Churchill pour premier premier ministre, l’accélération de la décolonisation, la guerre froide et la chute du rideau de fer, le conflit meurtrier en Irlande connu sous le nom de « Troubles », la guerre contre le terrorisme, le Brexit et la pandémie de COVID-19. Ces événements procédaient des affaires britanniques, européennes ou internationales, mais Sa Majesté a utilisé sa position et ses pouvoirs pour rapprocher et unir des personnes d’origines linguistiques, culturelles et politiques différentes afin de faciliter la coopération et la collaboration en vue de l’unité, montrant ainsi ce que devrait être un monarque constitutionnel.
(1145)

[Français]

     La reine Elizabeth II a également régné pendant certains des événements marquants ici, au Canada, en émettant la proclamation du drapeau canadien en 1965; en s'adressant à l'Assemblée législative du Québec pendant la Révolution tranquille du Québec, remarquant à quel point elle était heureuse qu'il y ait un endroit dans le Commonwealth où l'on pouvait s'exprimer en français; en ouvrant les Jeux olympiques de Montréal en 1976; et, bien sûr, en signant la proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982, qui a enchâssé la Charte canadienne des droits et libertés en 1982.
     L'admiration de la reine Elizabeth II pour le Canada est indéniable. Au cours de son règne, la reine a effectué 22 visites d'État au Canada, faisant du Canada le pays du Commonwealth le plus visité pendant son règne. Au cours de ses visites au Canada, Sa Majesté a effectué des tournées dans le pays, marrainé des œuvres de charité, participé à des cérémonies, ouvert le Parlement en 1957 et prononcé un discours du Trône en 1977.
    La première visite d'État de Sa Majesté en tant que reine a eu lieu en 1957, où elle et son défunt mari ont passé quatre jours ici, à Ottawa. Cependant, ce n'était pas le premier voyage d'Elizabeth au Canada. Comme certains de mes collègues l'ont mentionné, la princesse Elizabeth de l'époque a visité le Canada en 1951 au nom de son père, qui, malheureusement, était traité pour un cancer du poumon.

[Traduction]

    Je veux vous communiquer certains éléments sur ce voyage. Sa Majesté a serré des mains au rythme de 30 000 par semaine, entendu l’hymne national jouer 150 fois, rencontré 53 maires, passé en revue 24 gardes d’honneur, accepté les bouquets officiels de 23 enfants et signé 21 livres d’or. Permettez-moi de rappeler à chacun que tout cela s’est fait en 33 jours.
    La tournée royale de la reine Elizabeth au Canada en 1951 a été un événement déterminant qui a influencé son règne de reine dans les années à suivre. Le fait que Sa Majesté ait assisté au Stampede de Calgary et qu’elle ait pratiqué la danse carrée à Rideau Hall — qui, je le précise, s’est retrouvée sur des cartes de Noël populaires — témoigne qu’il s’agit d’une monarchie moderne désireuse de se rapprocher des jeunes et de refléter les changements civils et sociétaux de l’époque. Nous aurions dû savoir alors qu’elle était destinée à être une reine de l’ère moderne.
    Au nom de la circonscription d’Orléans que j’ai le privilège de représenter, je tiens à offrir mes sincères condoléances à la famille royale, qui a perdu une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère, ainsi qu’à la famille élargie et au peuple du Royaume-Uni.
    Tandis que nous continuons de commémorer le règne de la reine Elizabeth II, nous inaugurons également le règne de Sa Majesté le roi Charles III. Je suis convaincue que Sa Majesté tiendra sa promesse de suivre l’exemple inspirant de sa mère en matière de service public, laquelle a illustré le dévouement, la résilience et la force de la Couronne dans la défense du principe de gouvernement constitutionnel et des valeurs que, comme pays du Commonwealth, nous partageons et nous apprécions.
    Que Dieu protège le roi.
(1150)
    Monsieur le Président, c'est avec honneur, tristesse et humilité que je prends la parole à la Chambre pour rendre hommage à notre monarque et souveraine, la reine Elizabeth II, devant les représentants d'un pays membre du Commonwealth, le Canada. Il s'agit d'une responsabilité que je ne prends pas à la légère, puisqu'il est pratiquement impossible d'exprimer adéquatement l'importance de cette vie qui a contribué à façonner notre pays pendant près de la moitié de son existence.
    J'aimerais d'abord citer les paroles prononcées par Sa Majesté elle-même non pas au cours de son règne, mais plutôt lors du discours qu'elle a livré, alors qu'elle était jeune princesse, au Cap, en Afrique du Sud, en 1947, à l'occasion de son 21e anniversaire de naissance. Elle a dit:
     Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.
    Mais je n’aurai pas la force de mener à bien cette résolution seule si vous ne vous y associez pas avec moi, comme je vous y invite maintenant: je sais que votre appui sera indéfectible. Que Dieu m’aide à réaliser mon vœu, et que Dieu bénisse tous ceux d’entre vous qui veulent s’y associer.
    Sa déclaration selon laquelle sa vie entière, qu'elle soit longue ou courte, serait vouée à servir les autres l'a suivie, elle qui est devenue le premier monarque britannique et le deuxième monarque de l'histoire au chapitre de la longévité de son règne.
    Elle a également prononcé, lors de sa tournée au Canada pour son jubilé d'or en 2002, d'autres paroles importantes:
    Je chéris ma place dans la société canadienne et les liens qui m'unissent à tous les Canadiens [...] J'ai le privilège de vous servir en tant que reine du Canada du mieux que je peux, de jouer mon rôle dans l'identité canadienne, de défendre les traditions et le patrimoine canadiens, de souligner l'excellence et les réalisations canadiennes et de chercher à maintenir une certaine continuité en ces temps passionnants de constante évolution que nous avons la chance de vivre.
    Elle aimait la nation, le peuple, les traditions et l'identité du Canada, puisqu'elle a visité le pays 22 fois au cours de ses 70 années de règne. En songeant à cela, j'ai passé beaucoup de temps à réfléchir à la meilleure façon de rendre hommage à une personne qui, de toute évidence, figurera pendant des décennies, voire des siècles, dans les livres d'histoire. On racontera l'histoire de son règne, mais on ne parlera peut-être pas assez de l'influence qu'elle a exercée sur les Canadiens de toutes les régions.
    C'était toujours avec beaucoup de joie qu'elle considérait l'identité canadienne. J'aimerais prendre le temps de me remémorer les liens qui existaient entre les Canadiens et elle, et faire quelques réflexions à ce sujet. Cependant, je souhaite avant saluer l'un de mes concitoyens, Luc Morrissette du magasin Alpine Flowers & Gifts, à Elliot Lake, qui a mis un livre commémoratif à la disposition de tous, livre qui sera envoyé au palais pour commémorer le décès de la reine Elizabeth II.
    Je commencerais en parlant de réflexions et de souvenirs dont a fait part Douglas Elliot sur sa page Facebook. Voici ce qu'il a écrit: « Le décès de la reine Elizabeth II marque la fin d'une époque pour le Canada et, de bien des façons, pour notre monde.
    « Elle était la dernière leader du monde à être une vétérane de la Seconde Guerre mondiale. À l'instar de la majorité des Canadiens, je ne peux pas me souvenir d'une époque où elle n'était pas notre reine.
    « Je n'ai jamais eu le plaisir de rencontrer Sa Majesté, qui était reconnue pour son humour caustique et son charme. Toutefois, je l'ai vue en personne à deux occasions.
    « La première fois, c'était en juillet 1959, et je n'avais pas encore 3 ans. La reine était venue au Canada pour inaugurer la Voie maritime du Saint‑Laurent, et le nouveau yacht royal Britannia avait navigué sur les Grands Lacs. Il avait notamment fait escale à Parry Sound, et ma mère m'avait emmené voir Sa Majesté. On m'a dit que lorsque ma mère m'avait signalé que la jolie jeune femme saluant la foule était la reine, j'avais répondu avec fierté que je le savais.
     « Je ne me souviens pas vraiment de cette première fois, mais je me souviens très bien de la deuxième. C'était en 1984, à Queen's Park. Par hasard, la photo de la visite publiée par le Toronto Star montre ma grand-tante Grace et moi alors que nous regardons avec bonheur la reine. J'ai d'abord été frappé par sa petite taille, sa démarche militaire, sa belle silhouette et son teint impeccable. Sa coiffure était irréprochable. Elle me faisait penser à une petite poupée de porcelaine parfaite et magnifiquement vêtue. »
    « Je me souviendrai avant tout de Sa Majesté pour son rôle dans le rapatriement de la Constitution et la création de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982. La reine avait un bon sens de l'humour; elle avait la réputation de se délecter des petits pépins lors des activités officielles. Jean Chrétien, qui était alors ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, a souligné que Sa Majesté avait un excellent français et qu'elle parlait souvent avec lui en français. J'ai personnellement confirmé cette histoire royale avec lui. »
    La publication de Douglas est accompagnée d'une photo. Il explique ceci: « La photo a été prise à la cérémonie officielle de signature de la nouvelle Constitution, en cette journée venteuse sur la Colline du Parlement d'avril 1982. M. Chrétien a l'air sombre alors que la reine sourit. Apparemment, son stylo ne fonctionnait pas et, lorsqu'il s'est étiré pour en prendre un autre, il a murmuré “merde!” La reine l'a entendu, ce qui l'a fait rire. »
    Douglas écrit ensuite: « Repose en paix, bonne et loyale servante, et que le chant des anges vous accompagne dans votre repos. »
(1155)
    Douglas a reçu les réponses suivantes:
    Ralph Carl Wushke a écrit: « Je dois être un sujet encore plus loyal, car je l'ai vue au moins six fois, notamment lorsqu'elle est sortie du fourgon de queue du train royal à Broadview, en Saskatchewan, pour rencontrer les chefs de trois Premières Nations — Cowesses, Ochapowace et Kahkewistahaw, toutes du territoire du Traité no 2 — et les premières familles d'agriculteurs à s'y être établies. J'avais 5 ans et c'est le souvenir le plus vif que j'aie de cette époque. Elle était habillée en bleu poudre. C'était en plein été. »
     Shelley Heinrich a écrit: « En 2010, la reine est venue à Waterloo. Mon mari comptait parmi les personnes qui assuraient sa sécurité. Comme j'étais en congé ce jour-là, mon mari, qui escortait la souveraine, m'a dit à quel moment le cortège allait passer sur la portion de l'autoroute qui traverse notre petite ville. Voici le message texte qu'il m'a envoyé: “L'aigle a quitté le nid”. C'était sa manière de me dire à quel moment amener Hailey à l'intersection où nous pourrions voir la reine, dont ni lui ni moi ne voulions mettre en péril la sécurité. »
    « Nous avons été extrêmement chanceux d'avoir été témoins de sa visite. J'ai pris avec moi Hailey, qui avait deux ans à l'époque. Lorsque la reine et le duc ont défilé devant nous dans leur véhicule, Hailey les a salués frénétiquement. La reine a répondu directement à la petite en reproduisant le même salut: main ouverte, doigts écartés et flexion du poignet assortis du célèbre sourire. Le duc a fait un salut de la main et esquissé un sourire. Il n'y avait personne à part nous deux à cet endroit. Ils n'étaient pas obligés, mais ils nous ont salués. Ravie, Hailey s'est esclaffée. »
     Debra Pain Mallon a écrit: « Mon oncle était le préfet de Muskoka et mon cousin a eu l'honneur de présenter des fleurs à la reine. Cette femme a une classe incroyable. Elle est allée rejoindre Philip. Elle nous manquera terriblement. »
     Janet Babcock a écrit ceci: « Mon conjoint de l'époque et moi avions été invités à la signature de la Constitution, car il était l'adjoint d'un ministre. Le temps était venteux, et il s'est mis à pleuvoir abondamment vers la fin de la cérémonie de signature. Nous étions assis derrière Andy Haydon, qui était alors le président régional de la région d'Ottawa—Carleton. Il était chauve, et la pluie coulait de sa tête sur mes vêtements et mon chapeau plutôt élégants, étant donné que nous essayions tous d'imiter la princesse Diana. Nous avons obtenu une copie du programme qui portait les signatures de Pierre Trudeau, Jean Chrétien et Paul Martin. Elle se trouve dans une boîte quelque part dans mon sous-sol. Ce fut une journée historique, cela ne fait aucun doute! »
    La cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, a publié la déclaration suivante sur le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II:
     Ainsi que pour de nombreuses personnes, la reine Elizabeth II est le seul monarque britannique que j’ai connu de mon vivant. Tout au long de son règne, elle a été un modèle influent pour des générations de femmes et on se souviendra d’elle pour avoir normalisé et fait évoluer la perception d’un leadership féminin fort. Je présente mes condoléances au roi Charles III et à tous les membres de la famille royale britannique qui pleurent la perte de leur matriarche, la reine Elizabeth II.
    Je tiens aussi à faire part à la Chambre des pensées de Kate Matuszewski. Elle a publié le message suivant: « Quel triste jour de l'histoire nous vivons tous aujourd'hui. J'ai le cœur lourd. »
    « Votre Majesté, madame, je vous remercie de votre dévouement envers votre devoir et des services rendus à la Grande‑Bretagne et au Commonwealth. Tout au long de votre règne, vous avez donné l'exemple avec force et dignité. Vous nous avez encouragés quand les temps étaient durs et vous nous avez donné de l'espoir. Vous avez marché parmi nous, vos sujets, et vous avez fait preuve de compassion, de loyauté, de dévouement, de grâce, d'intelligence, de bienveillance, d'humour et d'amour.
    « Vous avez su vous faire aimer de nous tous et avez été un parfait exemple à suivre. Pour beaucoup d'entre nous, vous avez été la seule reine de notre vie! Aujourd'hui, je pleure votre mort, et je souhaite que Dieu vous conduise vite auprès de votre bien-aimé prince Philip et vous donne la paix que vous méritez tant. Que Dieu vous bénisse, madame. Vous avez laissé une marque indélébile sur le monde et dans l'histoire. Quelle longue et glorieuse vie vous avez eue. Je suis si fière d'être Britannique et d'avoir grandi dans un pays aussi extraordinaire, qui possède une histoire, des valeurs et des traditions magnifiques. Merci de votre service. Reposez en paix. »
     Kimberly MacVoy Arnold, elle, a écrit ceci: « Je suis profondément attristée par cette nouvelle. J'admire depuis longtemps Sa Majesté la reine. Qu'elle repose en paix et que sa famille trouve du réconfort et de la force, dans les prochains jours, à l'occasion des longs adieux qu'elle mérite amplement. »
    Gladys Wiggins a écrit ceci: « J’ai vu la reine à Kapuskasing, en Ontario, quand je n’étais qu’une enfant. C’était peu de temps avant son couronnement. Déjà, à cet âge, je savais qu’elle était une femme spéciale et que sa visite était un événement important. Reposez en paix, reine Elizabeth. »
    Erika MacLellan a écrit ceci: « Je me souviens de l’avoir aperçue quand j’étais toute petite, lors de sa visite dans ma ville natale. Ma mère nous avait conduites, moi et mon amie, toutes endimanchées, pour agiter nos drapeaux au passage du cortège de la reine et du prince Philip, dans leur décapotable noire, saluant la foule en souriant. Je revois la scène comme si c’était hier. Ma mère nous avait offert une petite gâterie par la suite. »
    Sur sa page Facebook, la révérende Valerie Isaac a publié ceci: « Reposez en paix, Votre Majesté. Vous aviez promis de servir votre peuple toute votre vie, qu’elle soit longue ou courte. Votre ère élisabéthaine s’est terminée. Nous présentons nos plus sincères condoléances au roi Charles III et à tous les membres de la famille royale. »
    J’espère qu’en entendant ces histoires et ces réflexions, vous comprendrez mieux dans quelle mesure les Canadiens sont chagrinés par le décès de leur reine et, par le fait même, à quel point elle a eu une incidence sur la vie des personnes au Canada.
    Que Sa Majesté repose en paix.
(1200)
    Monsieur le Président, c'est un grand honneur de prendre la parole aujourd'hui, en mon nom et au nom des résidants de Don Valley-Ouest, en souvenir de Sa regrettée Majesté, la reine Elizabeth II, reine du Canada, pour l'honorer et lui rendre hommage.
    Nous avons tous été surpris par les événements de la semaine dernière. Nous savions que ce jour arriverait, mais dans notre cœur, nous espérions qu'il n'arriverait jamais. Mes premières pensées vont vers ceux qui pleurent le plus profondément et le plus personnellement cette perte. Nous l'avons connue comme monarque bien-aimée, mais nous devons d'abord offrir nos condoléances à ceux qui la connaissaient comme mère, grand-mère et arrière-grand-mère. Puissent-ils chérir dans leur cœur leurs souvenirs les plus riches et intimes, eux qui l'ont partagée si généreusement avec les gens du Royaume‑Uni, du royaume, du Commonwealth et du monde.
    La deuxième tâche que je dois accomplir est de rendre hommage au legs de la reine. Elle a assurément rempli la promesse qu'elle avait faite au moment du décès de son père, le roi George VI. À l'époque, personne n'aurait imaginé à quel point elle serait fidèle à sa parole lorsqu'elle a dit: « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale dont nous sommes tous membres. » Or, sa vie, y compris les 70 incroyables années qu'elle a passées sur le trône, n'a pas seulement été longue; elle a été incroyablement riche, gracieuse et intense.
    Troisièmement, je profite de l'occasion pour souhaiter une longue vie, un règne fructueux et un riche legs au roi Charles III à qui, en tant que député, je prête allégeance en prononçant ces paroles historiques: « Je jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté le roi Charles III. »
    La reine Elizabeth a placé la barre très haut pour tous les chefs d'État du monde. Son dévouement désintéressé envers le devoir a été une inspiration et un exemple pour tous. Elle était respectée des Canadiens, certes, cela vient avec la fonction, mais j'ajouterais qu'elle était également profondément aimée. Cet amour, ce respect et cette admiration n'étaient pas liés à sa fonction, mais à sa personnalité: c'était une femme qui incarnait la compassion, la chaleur, la grâce, la dignité, l'espièglerie, la joie, la sagesse et l'expérience et qui avait une compréhension profonde de la population du Canada et de tout son royaume.
    Comme la plupart des députés, je n'ai connu aucun autre monarque. Elle était une présence constante dans nos vies. Elle régnait en donnant l'exemple, en travaillant fort, en conservant son calme malgré les énormes pressions et les grandes difficultés, en faisant preuve de persévérance et en honorant les traditions, tout en étant toujours prête à s'adapter à un monde en évolution.
    Mes souvenirs les plus anciens et les plus durables de la reine sont liés au jour de Noël. Année après année, d'aussi loin que je me souvienne, j'entendais ma mère annoncer à toute la maisonnée: « La reine, la reine ». C'était le moment d'arrêter ce que nous faisions, de nous réunir devant le téléviseur et d'écouter le message annuel de Sa Majesté.
    C'est une tradition que je perpétue: malgré l'accès à Internet, je le regarde à la télévision. La reine avait la capacité d'entrer dans nos foyers pour nous transmettre un message qui non seulement soulignait l'année qu'elle avait traversée et que nous avions traversée, mais qui permettait également d'envisager l'année à venir avec confiance, en sachant que ces défis seraient relevés et que tout se passerait bien dans notre monde.
    Malgré ses nombreuses visites au Canada, nous voyions surtout Sa Majesté à distance. Cependant, j'ai pu la rencontrer en personne à quelques reprises. La première fois, c'était en 1977, alors que nous célébrions ses 25 ans de règne. Le premier ministre de l'époque, Pierre Elliott Trudeau, avait invité de jeunes Canadiens qui excellaient dans les arts et les sciences à assister à un dîner d'État, à Ottawa. Heureusement pour moi, M. Trudeau avait aussi inclus quelques jeunes libéraux, alors je suis parvenu de justesse à obtenir une invitation. On nous avait envoyé le protocole à suivre pour rencontrer la reine et le duc d'Édimbourg, qui contenait même une note sur la façon de manger nos asperges. Nous avons appris qu'il ne fallait pas utiliser un couteau et une fourchette, mais les manger avec nos doigts parce que c'est ce que Sa Majesté faisait. Qui l'aurait cru?
    Nous étions nerveux mais, quand la reine est entrée dans la salle, nous nous sommes détendus. Son sourire était accueillant, et nous avons tous eu la possibilité de lui raconter notre histoire. Elle nous a écoutés avec intérêt. Être en présence d'un membre de la famille royale est une leçon d'humilité, mais être en présence de Sa Majesté la reine Elizabeth était extraordinaire parce que son humilité propre nous mettait à l'aise.
(1205)
    Il existe une histoire sur la reine, qui est sans doute vraie, mais si elle ne l'est pas, elle devrait l'être. Apparemment, elle avait pour habitude de s'évader de temps en temps de sa résidence préférée, Balmoral en Écosse. Elle prenait sa propre voiture pour aller faire un tour dans les magasins des localités voisines. Un jour, elle est entrée dans un magasin et a acheté quelque chose, et le vendeur du magasin lui a dit qu'elle ressemblait beaucoup à la reine. La reine a simplement répondu: « Comme c'est rassurant ». Elle a peut-être été rassurée ce jour-là, mais elle a passé sa vie à nous rassurer, et cela nous a rendus plus forts.
    Ce jour est en effet bien triste. Mais c'est aussi un jour de fête. Un jour de célébration d'une vie bien remplie au service des autres. Dans cette assemblée et dans les Parlements de tout le royaume, il y aura une myriade d'hommage et de témoignages d'admiration, de superlatifs utilisés pour décrire Sa défunte Majesté la reine Elizabeth II. Ils sont tout à fait justifiés. Elle est le monarque qui a régné le plus longtemps au Canada. Elle était respectée dans le monde entier. Elle s'est associée à nos plus grands moments de joie et, souvent, avec un sourire malicieux, elle s'est adressée à nous. Elle a été un modèle et a vécu une existence exemplaire qui nous a montré à tous comment vivre une vie caractérisée par le service, le devoir, la dignité et la bienséance. Elle était remarquable.
    Qu'elle repose en paix et que son esprit soit glorifié, alors même que nous disons « Longue vie au roi ».
    Madame la Présidente, c'est avec grande tristesse que je prends la parole aujourd'hui, en mon nom personnel ainsi qu'au nom des citoyens de Wellington—Halton Hills, à la suite du décès de Sa Majesté la reine.
    La reine Elizabeth était notre souveraine et notre cheffe d'État, mais elle était aussi une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Mes pensées accompagnent le roi Charles et la famille royale.
    Lorsqu'on me demande quelle est la personne la plus importante que j'ai rencontrée au cours de mes déplacements dans ma carrière de député, je réponds toujours « la reine ». Elle était un modèle de dévouement et de service à la population. À l'âge de 21 ans, elle a dit: « [...] ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service [...] ». Elle a passé toute sa vie à remplir cette promesse.
    Pendant la Seconde Guerre mondiale et avant de devenir reine, à l'instar de 1 million de Canadiens, elle a été membre des forces armées et a suivi une formation de mécanicienne.
    Le règne de la reine s'est amorcé le 6 février 1952. À l'époque, Louis St‑Laurent était premier ministre. Depuis, elle a travaillé avec 12 premiers ministres canadiens et, sous son règne, le Canada a connu d'importantes transformations qui ont façonné notre nation.
    Pendant sept décennies, elle a fait tout ce que le Canada attendait d'elle, sans créer de crise ni de controverse. C'est pendant son règne que la Cour suprême a été fermement établie comme tribunal de dernière instance au Canada, mettant ainsi fin à l'époque où il fallait interjeter appel auprès du Comité judiciaire du Conseil privé.
    Le 15 février 1965, elle a émis la proclamation royale établissant l'emblématique unifolié rouge et blanc comme drapeau national du Canada.
    En 1982, elle est venue ici même, sur la Colline du Parlement, pour signer la proclamation royale qui a rapatrié les pouvoirs constitutionnels du Royaume-Uni tout en réaffirmant la monarchie constitutionnelle du Canada.
    La reine Elizabeth II était la seule souveraine que le pays avait connue. Elle est la seule que mon épouse, Carrie, ainsi que nos enfants ont connue, et il en va de même pour la plupart des Canadiens. Elle nous a accompagnés de bien des façons pendant de nombreuses décennies.
    Lorsque mon père était un jeune homme et habitait à Hong Kong, la reine Elizabeth II était sa reine, et elle l'est demeurée lorsqu'il a émigré au Canada, en 1952.
    Lorsque j'étais jeune garçon, mes cousins de Hong Kong et moi avions l'habitude de correspondre pour nous tenir au courant de ce qui se passait dans la famille. Nous nous écrivions, et sur le courrier que nous nous envoyions, il y avait un portrait de Sa Majesté la reine. Dans un sens, il était écrit « Canada » et dans l'autre, « Hong Kong ». Ces timbres m'ont fait réaliser, alors que je n'étais qu'un jeune garçon, que ce qui nous unissait, entre le Canada et Hong Kong, ce n'était pas seulement les liens familiaux, mais aussi des institutions fondées sur les libertés et la primauté du droit. Aujourd'hui, des millions de Hongkongais gardent un souvenir agréable de la reine Elizabeth, non seulement en tant que personne, mais aussi en tant qu'institution représentant les libertés qui leur ont malheureusement été aliénées.
    Je me souviens qu'étant jeune garçon, j'ai regardé la cérémonie de rapatriement de 1982 qui s'est déroulée ici, sur la Colline du Parlement, où la reine a ratifié la proclamation royale qui a rapatrié notre Constitution et mis en œuvre la Charte canadienne des droits et libertés. J'ai aussi de très bons souvenirs de l'école primaire que j'ai fréquentée dans une région rurale de l'Ontario durant les années 1970. Chaque matin, nous entonnions l'Ô Canada et le God Save the Queen.
    Pour certains, le décès de la reine a été un moment d'émotion. Pam, la tante de mon épouse Carrie, a partagé ce souvenir avec nous à l'occasion du décès de la reine et elle nous a demandé de le partager avec d'autres.
    « Le 24 juin 1959, soit le jour de la Saint‑Jean‑Baptiste, j'étais avec mon père et quelques amis sur le toit de notre immeuble, devant l'hôtel de ville de Westmount, où on remettait à la reine et au prince Philip une cruche de sirop d'érable. Mon père a crié à ses amis de se dépêcher pour descendre devant l'immeuble. Le couple royal l'a entendu, a levé les yeux, puis lui a souri et l'a salué. Mon père était au comble du bonheur.
(1210)
    « Le lendemain, papa nous a emmenés voir le yacht royal Britannia et le débarquement du couple royal. Le trajet en voiture fut très long et, à un moment donné, papa a dû donner un brusque coup de volant pour éviter une portière qui venait de s'ouvrir. Lorsque nous sommes arrivés au navire, nous avons marché sur une distance assez courte et nous nous sommes retrouvés très près de la passerelle. Soudainement, papa s'est écroulé, mort, et nos vies ont basculé.
    « La reine et le prince Philip ont dû retarder leur débarquement, le temps qu'une ambulance emporte papa. Je me suis toujours demandé ce que l'on avait dit à la reine au sujet de ce qui avait causé un retard dans son horaire. »
    Le règne de la reine, notre monarque ayant régné le plus longtemps, a été si long qu'il s'est étendu sur plusieurs générations. On pouvait entrer dans une petite filiale de la Légion royale canadienne, dans une petite collectivité rurale du Canada, et y voir un portrait d'une très jeune femme d'environ 25 ans et réaliser soudainement qu'il s'agissait de la reine. Quelqu'un avait soigneusement suspendu ce portrait au mur de la filiale il y a 70 ans.
    De nombreuses familles canadiennes ont des boîtes à biscuits, transmises de génération en génération, sur lesquelles figure le couronnement qui a eu lieu en 1952. On les sort dans le temps des Fêtes et on les remplit de recettes familiales transmises d'une génération à l'autre.
    Carrie et moi-même avons eu le privilège de rencontrer Sa Majesté la reine et le prince Philip en 2010 au cours de l'une des plus de 20 visites qu'elle a faites au Canada. Nous l'avons rencontrée à un dîner d'État à l'hôtel Royal York, où des centaines de personnes étaient présentes pour l'occasion. La reine a salué patiemment chacun des invités, qui faisaient la file pour la rencontrer. Après le dîner, la reine a rencontré les employés de l'hôtel qui avaient servi le repas et nettoyé les chambres, c'était un point sur lequel elle insistait.
    Je termine en disant que nous ne verrons probablement plus d'autres personnes de la trempe de la reine Elizabeth. Nous sommes en deuil. Qu'elle repose en paix et qu'elle s'élève dans la gloire.
    Madame la Présidente, j'aimerais commencer en rendant hommage aux victimes et aux familles des victimes de l'horrible tragédie survenue récemment en Saskatchewan.
    J'aimerais également souligner que le Parlement du Canada se trouve sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe.
    Nous sommes à la Chambre aujourd'hui pour rendre hommage à la reine Elizabeth II et pour commémorer sa vie. Dans un monde qui évolue rapidement, la reine représente la stabilité, le service public et l'élégance tranquille. La reine incarnait le sens du devoir et le dévouement envers son pays.
    J'aimerais offrir mes condoléances à la famille royale et au roi Charles III. Ces gens ont perdu non seulement une reine, mais aussi une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Nous savons qu'ils pleurent la perte d'un être cher. Nos pensées les accompagnent tous et toutes.
(1215)

[Français]

    Depuis qu'on a appris son décès, les Canadiens ont exprimé leur chagrin ainsi que leur admiration pour la reine. Beaucoup se souviennent du moment où elle a visité leur communauté ou de la fois où ils ont pu lui serrer la main. Toutefois, les Canadiens n’ont pas tous eu la même expérience avec la Couronne. Les sentiments de certaines personnes sont beaucoup plus mitigés, particulièrement les Autochtones.

[Traduction]

    Beaucoup avaient l'impression d'entretenir un lien personnel avec la reine, car elle était quelqu’un d’aimable, d'attentionné et de compatissant. Cependant, l’idée d’une souveraine du Canada est complexe pour les peuples autochtones, qui vivaient sur cette terre bien avant l’arrivée des Européens.
    La relation entre la Couronne, les Inuits, les Premières Nations et les Métis est complexe, en constante évolution et personnelle. Je veux donc prendre un moment pour reconnaître que les réactions de certaines personnes seront différentes, et c’est tout à fait normal. Voilà ce qu’est le Canada: pouvoir avoir des opinions différentes et en parler d’une manière respectueuse et réfléchie.
    Pour de nombreux peuples autochtones, Sa Majesté la reine Elizabeth II a joué un rôle particulier et personnel dans les relations entre la Couronne et les Autochtones. Aujourd’hui, nous sommes ici pour souligner son extraordinaire vie au service des autres, et je parlerai de l’affinité de Sa Majesté pour le Nord du Canada et, bien entendu, de ses visites à Winnipeg et dans d’autres régions du Manitoba.
    La reine a longtemps manifesté son amour et son respect pour le Canada. La reine Elizabeth II a effectué 23 voyages royaux au Canada et elle a eu un impact énorme partout où elle est allée, attirant les foules et touchant les cœurs.
    Au fil des ans, elle a effectué quatre voyages dans les magnifiques régions du Nord et de l’Arctique de notre pays, le premier étant celui au Yukon en 1959. C’était tout un voyage, en effet: elle a parcouru 2 600 kilomètres en 45 jours, visitant alors 90 villes et villages.
    Au cours de ce premier voyage, un célèbre sculpteur inuit, Osuitok Ipeelee, a sculpté une magnifique image de la reine. Il s'était inspiré d'une photo prise lors de son couronnement en 1952. Toutefois, comme les pieds de la reine étaient couverts par sa robe dans la photographie, M. Ipeelee l'a représentée pieds nus dans sa sculpture, qu'il a remise au prince Philip.
    En 1970, la reine a fait un autre voyage dans l'Arctique, qui a inclus une visite à Resolute, dans l'Extrême‑Arctique, ainsi qu'à Yellowknife et Iqaluit. Le futur roi Charles l'a accompagnée tout au long du voyage.
    Elle a fait une autre visite à Yellowknife en 1994, où elle a inauguré l'édifice de l'Assemblée législative des nouveaux Territoires du Nord‑Ouest. Elle s'est ensuite rendue au Nunavut, attirant des foules à Rankin Inlet, et a assisté à des célébrations où se sont produits des artistes inuits et dénés, à l'occasion de la création imminente du territoire.
    Durant sa visite à Iqaluit en 2002, on lui a offert un bouquet de fleurs arctiques, dont des linaigrettes à belle crinière. Comme il s'agissait de sa troisième visite au Nunavut, elle a fait l'effort de remercier les gens en inuktitut, en s'efforçant de prononcer ses paroles correctement, ce que beaucoup de gens ont apprécié.
(1220)

[Français]

    Tout comme les habitants du Nord, les Manitobains ont de bons souvenirs des visites de la reine Elizabeth II dans notre merveilleuse province et chez moi, à Winnipeg. La reine a visité le Manitoba à six reprises. En 1970, elle a visité 16 villes du Manitoba pour célébrer le 100e anniversaire de la province, accompagnée du prince Philip et de deux de leurs enfants, du futur roi Charles III et de la princesse Anne.
    On ne peut jamais oublier que la reine est venue à Saint‑Pierre‑Jolys en 1970 pour s'adresser aux Franco‑Manitobains. En 2002, la reine et le prince Philip sont retournés au Manitoba pour souligner le jubilé d'or de la reine et dévoiler la statue du Golden Boy de l'Assemblée législative du Manitoba.

[Traduction]

    Lors de la dernière visite de la reine au Manitoba, en 2010, elle a dévoilé une pierre angulaire du Musée canadien des droits de la personne après son arrivée avec le prince Philippe au nouvel Aéroport international James-Armstrong-Richardson de Winnipeg en tant que premiers passagers officiels de ce dernier. Cette pierre provient d'un pré près du château de Windsor, là où la Grande Charte a été signée. Lors de cette visite, la reine a aussi franchi la magnifique Esplanade Riel pour se rendre au Musée canadien des droits de la personne.
    La reine a transmis ses vertus du service et de la responsabilité à d'autres membres de sa famille et elle a manifestement transmis son intérêt pour le Nord du Canada au roi Charles. Notre nouveau roi a été l'une des premières voix à promouvoir activement les efforts visant à informer le public des dangers et des effets des changements climatiques. Son travail dans le dossier des changements climatiques trouve un écho particulier dans le Nord, étant donné que la région est touchée de façon disproportionnée par les changements que subit son climat.
    Lors de ses visites au Canada, le roi Charles III a souvent parlé des changements climatiques. En 2009, il a déclaré à Terre‑Neuve que les changements climatiques étaient une « menace [...] pour toute l'humanité ».

[Français]

    En 2017, au Nunavut, il a signalé que le réchauffement climatique apportait des changements rapides et dommageables au mode de vie dans l'Arctique qui a longtemps fait vivre les Inuits.
    Le roi a également montré qu'il s'intéresse à l'inuktitut et à la culture inuite. En 2016, il a d'ailleurs invité un groupe d'Inuits à se rendre au pays de Galles pour étudier des façons de normaliser l'écriture de l'inuktitut.
    Je me plais à penser que l'intérêt particulier du roi pour le Nord et son engagement dans des causes comme celle des changements climatiques découlent en partie des voyages auxquels il a pris part durant sa jeunesse avec la reine.
    Nous pouvons tous nous inspirer de cet exemple que la reine a montré avec son sens du devoir à l'égard du bien commun, son dévouement et son sens des responsabilités.

[Traduction]

    À travers les changements politiques et sociaux, l'évolution des réseaux de communication et des technologies et les périodes de paix et de conflit, Sa Majesté la reine a été un symbole de tradition et de stabilité. Elle aimait particulièrement le Canada, et cet amour lui était rendu. Chaque fois qu'elle visitait le pays, elle attirait d'énormes foules d'un océan à l'autre.
     Dans un monde en pleine évolution, une chose est certaine: il n'y aura jamais personne d'autre comme la reine Elizabeth II.

[Français]

    Madame la Présidente, une femme, une mère, une grand-mère, une arrière-grand-mère, une reine est décédée. Sa Majesté la reine Elizabeth II était une femme qui incarnait, dans toute sa dignité et toute sa splendeur, la pérennité de l'État et le fait d'un devoir accompli correctement. Pendant 70 ans, elle aura été une source d'inspiration pour des millions de personnes partout dans le monde, ses sujets et des gens qui n'étaient pas de la royauté britannique, mais qui la respectaient énormément. Elle incarnait la stabilité dans un monde bouleversé.
    Pourtant, Sa Majesté la reine Elizabeth II n'est pas née comme reine. Il faut savoir que c'est un accident de l'histoire qui aura amené Elizabeth II au trône suprême de l'Empire britannique et qui aura eu des répercussions extraordinaires pour l'humanité tout entière. Quand on connaît un peu la hiérarchie de la monarchie, on sait que, dans l'ordre de succession au trône, il y avait du monde avant Sa Majesté la reine Elizabeth II. C'est son oncle, Édouard VIII, qui a accédé au trône en 1936, mais celui-ci a abdiqué moins d'un an plus tard. Heureusement qu'il l'a fait, puisque ce souverain était malheureusement très attiré par la croix gammée. Une fois qu'il a quitté ses fonctions, on l'a vu être accueilli sur le territoire nazi et même être reçu par le führer en 1937.
     Heureusement que cet homme, qui était un partisan de la politique d'apaisement, a abdiqué et n'était plus en fonction lorsque le terrible malheur de la Seconde Guerre mondiale a soufflé sur l'humanité tout entière. Heureusement, c'est son frère, George VI, le père d'Elizabeth II, qui était en fonction, non sans le concours exceptionnel de Winston Churchill. C'est ce qui a fait en sorte que, malgré les tonnerres et les horreurs du blitzkrieg, l'humanité tout entière a résisté à l'ordre nazi.
    Parlons de la Seconde Guerre mondiale, parce que c'est à ce moment-là qu'Elizabeth II est devenue la princesse et, surtout, la source d'inspiration de son peuple. Lorsque la guerre s'est déclarée, comme des millions de personnes et des millions d'enfants, Elizabeth II a quitté la maison pour aller dans le monde rural et éviter les villes. Bien sûr, ce n'était pas M. et Mme Tout-le-Monde. Ils étaient dans un château. Cependant, Elizabeth II, adolescente, est restée sur le territoire national, qui était envahi par les avions de la Luftwaffe qui bombardaient sans arrêt l'Angleterre. Elle aurait pu quitter le pays, mais elle est restée, comme ses parents.
    Lorsqu'elle a eu 18 ans, elle s'est enrôlée dans l'armée anglaise, comme 200 000 de ses compagnes. Elle aurait pu rester dans son manoir, dans son château, mais elle a vêtu l'uniforme. Elle a appris le métier de mécanicien, ce qui peut être surprenant, mais c'est vrai. Elle a servi son pays dès qu'elle pouvait le faire, soit à l'âge de 18 ans.
    On se souvient des magnifiques images où on voit son père, sa mère, sa sœur et elle vêtus de l'uniforme lors du triomphe de l'humanité tout entière le 8 mai 1945. Ce qui est peu connu, c'est que, dès après ces manifestations de joie pour l'humanité tout entière, Elizabeth II s'est mis le chapeau sur la tête, elle l'a écrasé et elle est allée rejoindre le peuple. Elle voulait sentir ce moment historique avec le peuple qu'elle voulait représenter et dont elle aurait à être la reine quelques années plus tard. C'est ce qu'on appelle se souder avec la population, malgré la hiérarchie et la majesté, qui amène évidemment des privilèges que peu de gens ont sur notre Terre.
    Elle est donc devenue reine il y a 70 ans. Je savais qu'elle était venue 22 fois au Canada, mais ce matin, j'ai appris que le Canada était le pays qui avait reçu le plus souvent Elizabeth II. Cela m'a fait chaud au cœur. Ce n'est pas pour rien que nous, les Canadiens, que nous soyons monarchistes ou non, que nous soyons proanglais ou pas anglais, respectons la femme qu'elle était. Tous mes collègues ici racontent qu'elle est venue dans leur circonscription ou dans leur province, qu'elle a visité les dix provinces et les trois territoires et qu'elle prenait le temps d'écouter les gens. C'est tout à son honneur. C'est pourquoi les gens étaient si proches d'elle.
     Elle aura connu 12 premiers ministres, de l'actuel premier ministre jusqu'au très honorable Louis St‑Laurent, dont ma circonscription porte le nom. Je salue d'ailleurs les gens de Louis‑Saint‑Laurent, grâce à qui je suis encore ici aujourd'hui.
(1225)
    À ma connaissance, la seule fois dans l'histoire qu'une souveraine a prononcé le discours du Trône, c'était en 1957. Généralement, c'est sa représentante ou son représentant ici qui le fait. Cela ne pouvait pas mieux tomber, parce que le premier ministre qui était au pouvoir, le très honorable John George Diefenbaker, était probablement le premier ministre du Canada le plus monarchiste.
    Je n'ai pas connu M. Diefenbaker. Lorsqu'il a rendu son dernier souffle, en 1979, il était député à la Chambre des communes. Or tout le monde me dit qu'il ressentait une joie suprême à l'idée d'accueillir au Parlement canadien Sa Majesté pour la lecture du discours du Trône de son gouvernement.
    Je vais donner la parole à des premiers ministres, parce qu'il y en a 12 qui l'ont connue et qui ont pu constater directement les qualités d'Elizabeth II. J'en ai choisi trois au hasard et les trois ont la même couleur politique. C'est un adon.
(1230)

[Traduction]

    Le très honorable Stephen Harper, qui a été premier ministre du Canada pendant neuf ans, a dit ceci:
    Au fil des décennies, Sa Majesté s'est rendue dans tous les coins de notre cher pays. Elle aimait le Canada de tout son cœur et elle était vraiment l'une des nôtres. Les Canadiens lui ont rendu ce sentiment avec fierté et avec une sincère affection. Pendant que le Canada se développait et prospérait au fil des décennies de son règne, la reine a été un vibrant symbole de continuité, de stabilité et de progrès.

[Français]

    C'est la déclaration que le très honorable Stephen Harper, premier ministre du Canada en d'autres temps, a faite lors du décès de Sa Majesté.
    J'ai également écouté attentivement les propos que le très honorable Brian Mulroney a tenus à l'antenne de TVA et de LCN sur deux éléments fondamentaux de l'action de Sa Majesté la reine concernant le Canada et le monde entier, à savoir l'apartheid, mais également le fait français au Canada.
    Je cite le premier ministre Mulroney: « Le respect qu’elle vouait à l’histoire du bilinguisme au Canada a été, pour moi, maintes fois apparent […] sa maîtrise du français qu’elle parlait à la perfection; son désir de favoriser l’épanouissement et la vigueur de la langue française et du rôle international du Québec […] Elle avait un respect inestimable pour le rôle unique joué par les Québécois. »
    La contribution du premier ministre Mulroney dans la lutte contre l'apartheid est l'une de ses grandes réalisations permanentes et efficaces, et il a reconnu que la reine avait joué un rôle là-dedans. Je le cite: « J’étais président du Commonwealth à ce moment-là. Je la voyais souvent dans ces circonstances. Il n’y avait pas de doute dans mon esprit qu’elle recherchait ce que nous avons obtenu, c’est-à-dire la libération de Nelson Mandela, après avoir imposé des sanctions brutales sur l’Afrique du Sud, et la fin du régime de l’apartheid. C’est ça qu’elle voulait […] »
    J'ai également écouté avec beaucoup de plaisir une entrevue fort sympathique qui a été donnée dans le cadre de l'émission Power & Politics, à l'antenne de CBC.

[Traduction]

    C'était une entrevue avec l'honorable Charles Joseph Clark, l'ancien premier ministre du Canada, et sa fille Catherine. M. Clark a dit que la reine Elizabeth était « un être humain remarquable », qu'elle avait une aptitude « naturelle » pour la diplomatie et qu'elle était le cœur de l'institution.

[Français]

    Je vais traduire en français les propos qu'il a tenus. Par nature, le poste de la reine l'isole, mais Sa Majesté Elizabeth II ne s'est jamais isolée. Au contraire, elle allait à la rencontre des citoyens. Elle traitait tout le monde comme son égal, chacun avait le droit de dire ce qu'il avait à dire et méritait d'être écouté. Sa Majesté était toujours bien informée. Elle avait beaucoup à apprendre des enjeux complexes mondiaux sur une si longue période de temps, et elle l'a toujours fait avec sérieux.
    De plus, lors de cette entrevue fort agréable, sa fille Catherine Clark a dit: she was the ultimate boss lady.
    Ces trois premiers ministres, qui ont connu directement Sa Majesté la reine, nous offrent une source d'inspiration en nous présentant la personne qu'elle a été.
    En terminant, la reine aimait les Canadiens et, comme le disait René Lévesque, on ne peut pas aimer le peuple si on n'aime pas ce que le peuple aime. Sa Majesté la reine était attirée par le hockey et elle voulait comprendre ce sport. Elle ne comprenait pas toujours, particulièrement lors de son premier match de hockey, mais elle s'y intéressait.
    Nous avons vu une magnifique image, en 2002 à Vancouver, lorsqu'elle a fait la mise au jeu à côté du Great One, Wayne Gretzky.

[Traduction]

    Nous avons vu la reine ainsi que le roi du hockey sur la glace au même moment.

[Français]

    Rappelons aussi qu'elle avait assisté à une victoire des Canadiens de Montréal contre les Rangers de New York. C'était le 29 octobre 1951, et Sa Majesté n'était pas encore reine, elle était princesse. Le journal The Gazette avait écrit un article dont le titre était Couple Watches Game, Crowd Watches Couple. C'est ainsi que les gens l'ont accueillie.
    Aujourd'hui, nous commémorons le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II et nous devons nous souvenir du sens du devoir qu'elle a assumé et démontré de brillante façon.
    Le roi Charles III est venu 19 fois au Canada. Je souhaite la bienvenue à Sa Majesté pour une 20e fois.

[Traduction]

    Madame la Présidente, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre regrettée reine, Sa Majesté la reine Elizabeth II. Auparavant, je voudrais exprimer mes condoléances aux familles et aux membres de la nation crie de James Smith, en Saskatchewan, qui viennent d’enterrer un grand nombre des personnes tuées et qui souffrent de la terrible tragédie qui les a frappés.
     Je prends la parole au nom de nombreux citoyens d’Aurora—Oak Ridges—Richmond Hill pour rendre hommage à la reine et exprimer mes condoléances à la famille royale et au roi Charles III. Je dis « nombreux », car nous avons tous une opinion différente de la monarchie ou de la reine. Plusieurs députés en ont déjà parlé.
    Notre relation avec la monarchie est complexe. Il y a un héritage de colonialisme, et les peuples autochtones et les francophones n’ont pas toujours vu la monarchie d’un bon œil. Cela dit, beaucoup de gens, dont moi-même, ont grandement admiré la reine et sa vie au service des autres.
    La reine incarnait bien des choses. Pour moi, elle incarnait la famille. La famille a toujours été très importante pour moi et pour nombre de mes concitoyens, ainsi que pour beaucoup de Canadiens. La reine fait passer la famille en premier. Je crois que l'exemple qu'elle a donné en jouant son rôle de mère, de grand-mère et d’arrière-grand-mère et en s’occupant de sa famille a été pour nous tous source d’admiration.
    Même si, contrairement à nombre de députés, je n’ai pas eu la chance de rencontrer la reine, j’ai quand même l’impression de l’avoir rencontrée par l’entremise de ma famille. Ma grand-mère, Marie Ellen Taylor, est née en Angleterre. Elle a fréquenté l’école en Irlande et a déménagé au Canada alors qu’elle était une jeune femme. Je n’ai pu m’empêcher de remarquer toutes les boîtes de biscuits, les assiettes, les tasses de porcelaine et les photos de la reine chez elle. Elle était certainement fière de notre reine. Elle était aussi fière d’être Canadienne, comme chacun de nous assurément.
    Il n’y a pas que l’attachement de la reine aux valeurs familiales, mais aussi son immense volonté de servir. Au cours de son règne de plus de 70 ans, la reine a montré un service exemplaire. Elle voulait plus que tout établir des liens avec les gens. Elle était la reine du Commonwealth et, comme beaucoup l’ont déjà mentionné, elle aimait le Canada et nous rendait souvent visite. Je crois que son attachement au Canada était réel: elle n’était pas seulement attachée à ses sujets du passé, mais elle a grandi et évolué au même rythme que le Canada. Son acceptation et son désir d’apprendre à connaître un si grand nombre de régions du Canada et de gens étaient formidables.
    J’aimerais lire une citation qui montre clairement qu’elle croit à l’inclusivité et au respect du multiculturalisme au Canada. Voici ce qu'elle a dit:
     Je suis ici aujourd'hui en ma qualité de reine du Canada... reine du Canada et de tous les Canadiens. J'aimerais que la Couronne soit considérée comme un symbole de la souveraineté nationale appartenant à tous et comme un lien unissant [...] tous les citoyens canadiens, de toute origine et de toute ascendance.
    Plus tard, la reine dira: « Cette nation s’est consacrée à devenir un pays prévenant pour les siens, un refuge pour d’autres et un exemple pour le monde. » Dans son dernier message, elle a exprimé sa solidarité avec les proches des personnes qui ont tragiquement perdu la vie dans la réserve de la nation crie de James Smith et elle leur a offert ses condoléances. Elle se souciait de nos problèmes. Elle se souciait de notre pays.
    Je reviens sur son legs de service et je pense à la façon dont elle a établi un lien avec les gens. Elle a été la première reine à avoir un mariage télévisé. Bien sûr, c'était la première fois que la télévision était accessible, mais elle a également instauré les bains de foule. De nombreux députés ont parlé du nombre de mains qu'elle a serrées, du nombre de personnes qu'elle a vues personnellement et de toutes les histoires et tous les souvenirs inscrits dans le livre de condoléances. Elle a vraiment touché les gens. L'importance du lien humain, la reconnaissance de la dignité individuelle et la poursuite de la bonne gouvernance sont l'un des héritages de la reine Elizabeth.
(1235)
    Lors d'un discours prononcé aux Nations unies en 2010, elle a déclaré: « Je ne connais pas de formule unique pour réussir. Mais au fil des ans, j'ai observé que certains attributs du leadership sont universels et consistent souvent à trouver des moyens d'encourager les gens à combiner leurs efforts, leurs talents, leurs idées, leur enthousiasme et leur inspiration pour travailler ensemble. »
    C'est cet engagement à l'égard de l'espoir et de l'unité qui fait que tellement de gens se souviennent de sa vie de service, de décorum et de force personnelle, et qui nous sert de modèle en tant que représentants démocratiques du peuple canadien.
    Je sais qu'elle va manquer à beaucoup de gens. Elle a constitué une présence féminine forte pendant des décennies, pendant une période de changement et des moments tumultueux. Elle a toujours été un exemple de confiance et d'espoir. Je crois que c'est de cette confiance et de cet espoir que nous avons toujours besoin, alors que nous allons de l'avant.
    Je sais que, tout comme bien des gens, je vais m'ennuyer de sa présence bienveillante et stable dans notre monde. Nous ressentirons tous sa perte.
(1240)
    Madame la Présidente, c’est toujours un privilège de prendre la parole à la Chambre, mais aujourd’hui, tous les collègues et moi-même, nous le faisons le cœur très lourd. À peu près à ce moment-là, jeudi dernier, il a plu à Dieu Tout-Puissant d’appeler à Sa Miséricorde feu notre Souveraine Dame La Reine Elizabeth la Seconde de Sainte et Glorieuse Mémoire, pour reprendre les termes utilisés dans la première des nombreuses proclamations d’accession au trône émises la fin de semaine dernière.
    Au cours de la semaine qui s’est écoulée, nous avons été témoins du choc ressenti et du chagrin éprouvé depuis lors aux quatre coins du monde, et en fait nous les avons ressentis nous-mêmes, et des réflexions que cet événement a suscitées. Pour ma part, j’ai réfléchi à l’insigne honneur et privilège que j’ai eu d’être reçu en audience par Sa Majesté à deux occasions. Tout d’abord, en tant que président de la Chambre, avec mon homologue Noël Kinsella, président du Sénat à l’époque, j’ai présenté les adresses à Sa Majesté que les deux Chambres de notre Parlement avaient adoptées à l’occasion du Jubilé de diamant de la reine en 2012 et en 2013 après la naissance de notre futur roi, l’actuel prince George.
    La Chambre ayant adopté une adresse à notre nouveau roi Charles III, le Président pourrait se retrouver prochainement en audience avec Sa Majesté pour lui présenter les condoléances officielles de notre Parlement. Il me revient une anecdote personnelle à propos d’une telle audience.
    Avant que le Président ne rencontre le roi, on l’informe du protocole. On nous a tous dit ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire. J’ai demandé au responsable du protocole comment nous saurions à quel moment la réunion serait terminée. En me faisant un clin d’œil, il m’a répondu: «  Oh, vous le saurez!  ». À un moment donné de l’entretien, lorsqu’il était clair que Sa Majesté avait échangé assez de civilités, elle a sorti une boîte sur laquelle il y avait un bouton. Elle a appuyé tout doucement dessus et quelques instants plus tard, l’écuyer est entré dans la pièce et la réunion a pris fin. Je suis sûr que beaucoup de gens au Canada aimeraient avoir ce genre de boîte lorsqu’ils ont des réunions dont ils voudraient s’échapper.
    Les deux fois où j’ai eu ce privilège, je peux dire que l'enthousiasme et l’intérêt de Sa Majesté pour les questions canadiennes étaient sans équivoques. Les divers rapports que les députés ont pu entendre ou lire sur le fait que la reine Elizabeth était incroyablement bien renseignée sur les dossiers canadiens et mondiaux concordent absolument avec mon expérience personnelle, mais son amour pour le Canada ne se résumait pas seulement au fait d’être bien informée. Le Canada était présent de façon tangible dans sa vie. Elle y a d'ailleurs effectué 22 visites officielles en tant que reine et une visite comme princesse Elizabeth, c’est-à-dire plus de visites que dans tout autre pays.
    Son plus long séjour au Canada, qui remonte à 1959, a duré 45 jours et comportait 24 000 kilomètres en déplacements. Au cours de cette visite, elle s’est acquittée de ses fonctions officielles avec autant de grâce que de courage, luttant contre les nausées matinales pour terminer son parcours éreintant. Le Canada était pour elle un second foyer. Lors d’une tournée royale en 1983, qui comprenait les États-Unis et le Canada, alors qu’elle s’apprêtait à prendre l’avion de la Californie à Vancouver, elle a déclaré à la presse: «  Demain, je rentre chez moi. »
    Certains députés savent peut-être que Sa Majesté avait un cheval préféré nommé Burmese, né à Fort Walsh, en Saskatchewan, qui lui avait été donné en cadeau par la GRC — le premier d’une série de montures offertes au fil des ans. Pendant 18 années consécutives, soit de 1969 à 1988, c’est Burmese que la reine choisissait pour la parade du drapeau. C’est aussi Burmese qu’elle a monté pour tant d’autres occasions, comme lors de la fameuse randonnée avec Ronald Reagan qui a été immortalisée sur photo. Quand Burmese a pris sa retraite, la reine n’a plus jamais paradé à cheval, préférant être transportée en voiture tirée par d'autres chevaux. Une statue de la reine Elizabeth en selle sur Burmese se trouve à Regina, la cité reine, que je représente fièrement.
    Nous savons que la reine a eu une pensée pour la population de la Saskatchewan jusqu’à la toute fin, car sa dernière déclaration publique — diffusée il y a un peu plus d’une semaine — s’adressait à la Nation crie de James Smith et au village de Weldon. La reine voulait exprimer sa peine à ces habitants de la Saskatchewan et leur dire qu’elle partageait leur chagrin pour la perte de leurs êtres chers. La journée précédente, nous avions tous vu les grands titres et les photos de la nomination de la nouvelle première ministre du Royaume‑Uni, la 15e nomination depuis le début de son règne. Que Sa Majesté, nonagénaire avancée, ait travaillé jusqu’à la fin de sa vie, littéralement, témoigne de sa profonde compréhension des responsabilités associées à son destin.
    À l’âge de 21 ans, elle a prononcé un discours radiophonique qui a été rediffusé maintes fois ces derniers jours. Elle y déclarait: « Ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service. » Elle était alors une jeune femme, à peine sortie de l’enfance, poussée par l’abdication inattendue de son oncle dans une vie de service. C’était une promesse impressionnante pour une si jeune personne, faite avec une telle conviction. Elle savait déjà à ce jeune âge qu’il n’y aurait pas de retraite tranquille pour elle, même si elle était bien méritée. Ses fonctions ne prendraient fin que dans la mort, et c’est ce qui s’est produit.
(1245)
    Sur sa dernière photo officielle, elle se tient près de la cheminée à Balmoral, et elle respire la chaleur et la sagesse, même si elle pressentait peut-être qu’elle n’était qu’à quelques jours de la fin de son service. Elle a personnifié le devoir jusqu’à la fin. Ce dévouement au service, que notre défunte reine a incarné pendant près d’un siècle et dont elle a vu son père faire preuve de façon si remarquable, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, était d’autant plus remarquable qu’aucun des deux n’était destiné à être monarque de naissance. C’est le même exemple que notre nouveau souverain, le roi Charles III, a vu et ressenti de première main. Je suis sûr que nous pouvons être pleinement confiants dans le fait que Sa Majesté suivra leurs traces et celles de leurs nombreux et illustres prédécesseurs des mille dernières années.
    Les souvenirs, les réflexions, les hommages et la reconnaissance exprimés au cours de la semaine écoulée ont rappelé de manière saisissante à chacun d’entre nous la majesté et la magie de notre monarchie constitutionnelle, la continuité qu’elle assure et le socle de stabilité qu’elle forme. D’autres pays peuvent prêter allégeance à des drapeaux, qui soufflent de façon imprévisible au gré des vents politiques, mais notre allégeance va à la Couronne canadienne, qui nous relie directement à la source historique de notre Constitution. C’est une tradition vivante d’ordre et de liberté qui se renouvelle à chaque génération.
    L’autre jour, je me souvenais que le rôle de la Couronne dans notre démocratie parlementaire me rappelait la parabole dite de la clôture de Chesterton. Dans son livre, La chose, publié en 1929, G.K. Chesterton parle d’une clôture que certains réformateurs démolissent parce qu’ils n’en comprennent pas l’utilité, tandis que d’autres, plus prudents, cherchent d’abord à comprendre l’objectif initial de la clôture et à savoir si elle répond à ces besoins. En gros, la leçon à retenir est qu’il ne faut pas détruire ce que l’on ne comprend pas.
    Je soupçonne qu’après cette semaine, beaucoup plus de gens comprendront vraiment le rôle significatif de la monarchie canadienne — la Couronne canadienne —, et ce sera un héritage de plus du règne remarquable de Sa Majesté. Il ne fait aucun doute que la Couronne a contribué à façonner le Canada, mais nous ne devons pas considérer la monarchie ou la Couronne comme une sorte d’institution étrangère. Le Canada et la Couronne sont intimement liés, et le Canada a eu une incidence sur la Couronne elle-même.

[Français]

    Nos collègues francophones du Québec connaissent l'histoire de notre peuple ici, en Amérique du Nord, et savent que quelques événements ont eu une grande incidence sur la Couronne.

[Traduction]

    Par exemple, c'est l'Acte de Québec qui, le premier, a conféré aux catholiques des libertés religieuses, ouvrant la voie à la tolérance religieuse dans l'ensemble de l'Empire britannique. Cette innovation employée ici, en Amérique du Nord, pour favoriser l'union de deux peuples a changé le traitement réservé aux catholiques et, au bout du compte, aux minorités religieuses dans le monde entier. Le Canada peut s'attribuer le mérite de cet héritage, du changement qui en a découlé dans notre système de gouvernement et, par son intermédiaire, dans l'ensemble de l'Empire britannique et dans le monde entier. C'est l'Acte de Québec qui, le premier, a établi le principe selon lequel on peut être loyal envers le souverain tout en pratiquant la religion de son choix.
    Lorsqu'une personne assume avec diligence ses fonctions pendant aussi longtemps que l'a fait la reine Elizabeth, on est tenté de croire qu'il en sera toujours ainsi. C'est peut-être la raison pour laquelle sa mort, même si elle n'était pas inattendue, nous émeut aussi profondément. Nous avons perdu une personne qui se trouvait à l'arrière-plan de notre vie d'aussi loin que la plupart d'entre nous puissent se rappeler. Elle nous a quittés, mais nous nous souviendrons d'elle pendant encore des années. Sans doute, nous la rencontrerons de façon inattendue lorsque nous viderons nos poches de la monnaie qu'elles contiennent ou lorsque nous trouverons un timbre au fond d'un tiroir, voyant de nouveau soudainement ce profil royal qui nous est si familier. Alors, nous sourirons en nous remémorant la vie d'une femme extraordinaire et d'une reine exemplaire.
    Que Dieu bénisse la reine Elizabeth, et que Dieu protège le roi.
(1250)
    Madame la Présidente, c'est toujours un honneur de prendre la parole à la Chambre, surtout aujourd'hui, vu la raison pour laquelle nous nous sommes réunis. J'ajouterais que c'est toujours un plaisir de prendre la parole quand vous occupez le fauteuil.
    La semaine dernière, lorsque le monde a appris le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II, cela m'a rappelé l'époque de Winston Churchill, qui était le premier ministre lorsqu'elle a accédé au trône, après le décès de son père, le regretté George VI. Lorsque le roi est décédé, Winston Churchill a dit que cela avait « provoqué une onde profonde et solennelle dans nos vies qui, en se propageant partout dans le monde, a fait taire le bourdonnement de la vie du XXe siècle dans nombre de pays et incité des millions de personnes à s'arrêter et à regarder autour d'elles ». On pourrait dire la même chose du décès de sa fille.
    Nous prenons une pause pour réfléchir à ses 96 ans d'existence et au fait que le monde a beaucoup changé. Au cours de sa vie, elle a tout vu. Durant ces 96 années extraordinaires, elle s'est révélée une véritable pionnière dans bien des circonstances.
    Tout d'abord, comme on l'a mentionné, Sa Majesté était une mécanicienne dûment formée. Elle a fait partie de l'Auxiliary Territorial Service, la branche féminine de l'armée britannique, où elle a réparé et conduit des camions au cours de la Deuxième Guerre mondiale. En tant que membre de l'Auxiliary Territorial Service, elle fut la première femme de la famille royale à être en service actif au sein de l'armée britannique. Chose peu étonnante, elle était aussi la dernière cheffe d'État vivante à avoir servi au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
    Le 2 juin 1953, son couronnement a été le premier événement du genre à être télévisé, attirant 27 millions de téléspectateurs dans le monde. Le 25 décembre 1957, elle est passée à l'histoire en décidant de téléviser son message de Noël, 25 ans après que son grand-père, le roi George V, eut lancé cette tradition de Noël avec un discours diffusé à la radio.
    Sa Majesté a modernisé les rapports de la famille royale avec le public. C’est au cours de sa visite en Australie, en 1970, que la reine a créé un précédent en faisant un bain de foule royal et en serrant la main des gens présents plutôt que de les saluer de loin. C’est une tradition qui se poursuit aujourd’hui. En 2011, elle a de nouveau écrit l’histoire en étant le premier monarque britannique en 100 ans à visiter l’Irlande. Bien sûr, son règne a été le plus long de l’histoire britannique. Il y a eu tellement de premières.
    Sa Majesté était aussi une adepte des progrès technologiques. En 1969, la reine et de nombreux autres dirigeants mondiaux ont élargi leur univers en envoyant un message bienveillant à l'occasion de la mission sur la Lune. Ces messages ont été gravés sur un disque de silicium qui se trouve encore aujourd’hui à la surface de la Lune. Elle a envoyé son premier courriel en 1976 à partir d’une base de l’armée britannique. Elle est une des premières à avoir cru en Facebook, s’y inscrivant en 2010, sans doute bien avant que je le fasse.
    Sur le plan politique, nous savons tous que Sa Majesté a dirigé pendant plus de 70 ans le Commonwealth, qui regroupe plus de deux milliards de personnes dans le monde. Pendant son règne, elle a vu 14 premiers ministres britanniques accéder au pouvoir, de sir Winston Churchill jusqu’à la plus récente première ministre britannique. Au Canada, 12 premiers ministres ont été au pouvoir durant son règne, du premier ministre Louis St‑Laurent, dont nous avons entendu parler aujourd’hui, jusqu’à notre premier ministre actuel.
    Sa Majesté a marqué à maintes reprises l’histoire moderne du Canada. Durant son règne de 70 ans et ses 23 visites royales, la reine Elizabeth II a parcouru le pays d’un océan à l’autre et elle a été présente à chaque étape importante. Ce n’était un secret pour personne qu’elle aimait notre pays. À chaque visite au Canada, elle affirmait même qu’il était bon d’être à la maison.
    D'autres détails au sujet de Sa Majesté font sourire. Elle était une adepte de soccer et une fervente partisane de l’Arsenal. Elle a même invité l’équipe au palais pour le thé de l’après-midi, en 2006. Je crois savoir qu’elle aimait se sucrer le bec et qu’elle mangeait une part de gâteau au chocolat chaque jour, y compris à l'occasion de son anniversaire, où elle le partageait avec tous ses employés et les gens du palais. La reine était une philatéliste passionnée. Elle a enrichi la collection de son père et des monarques précédents en remplissant environ 300 albums.
    Dieu nous garde si elle mettait son sac à main sur son bras: c’était un signe pour son personnel qu’elle ne trouvait pas son interlocuteur intéressant. Mes collègues doivent être prudents si je demande où se trouve mon sac à main quand ils parlent. Ils sauront maintenant pourquoi. Je m’attends à le faire souvent lorsque l’opposition posera des questions pendant la période des questions.
(1255)
    Même si la reine a servi son pays avec dévouement, sincérité et loyauté, elle n'en était pas moins dévouée à sa famille. En tant que mère, grand-mère et arrière-grand-mère, elle éprouvait manifestement un grand plaisir en compagnie de sa famille.
    J'aimerais maintenant prendre quelques instants pour faire part de réflexions personnelles. Je suis né à Thunder Bay, et le premier souvenir que j'ai de Sa Majesté remonte probablement à sa visite à Fort William en 1973. Ce fut un grand événement. Les rues étaient bondées. La fierté des gens était à son comble. Cette visite a marqué tout le monde, dont le jeune homme que j'étais. Elle a également été marquée par une entorse au protocole, si l'on peut dire. Le maire de l'époque était un personnage plutôt grégaire qui a tendu la main à la reine pour la toucher, ce qui est tout à fait inapproprié et ce que les médias britanniques, comme le veut la tradition, se sont empressés de relater à l'aide de photos qui semblaient montrer le maire se livrant à une certaine familiarité.
    Elle était omniprésente. Que ce soit dans les salles de classe ou les nombreuses salles d'audience que j'ai fréquentées — j'étais avocat, je tiens à le préciser —, elle était toujours là, à veiller sur nous. Elle a été présente dans nos vies depuis le jour où tous les députés ici présents sont nés, et elle le sera pour le reste de nos vies.
    J'ai eu l'honneur de rencontrer Sa Majesté le roi Charles III lorsque lui et son épouse sont venus au Canada en mai dernier. Je sais que je m'exprime au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens, notamment des citoyens d'Etobicoke—Lakeshore, en lui souhaitant la meilleure des chances dans l'exercice de ses nouvelles fonctions. Il sera difficile de remplacer sa prédécesseure.
    Je souhaite à Sa Majesté la reine Elizabeth II de reposer en paix. Elle le mérite bien.
    Longue vie au roi.
    Madame la Présidente, c'est avec tristesse que je prends la parole afin de rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des résidants de ma circonscription, Pitt Meadows—Maple Ridge. J'offre mes condoléances à Sa Majesté le roi Charles III ainsi qu'à toute la famille royale.
    La reine Elizabeth II était probablement la femme la plus connue du monde entier. Pour des centaines de millions de personnes, elle a été une source d'inspiration et un modèle de bienveillance, de dévouement et de leadership.

[Français]

    Alors que le Canada porte le deuil de notre monarque qui a régné le plus longtemps, nous nous souvenons de son service historique au sein du Commonwealth britannique des nations, de sa grâce, de son leadership et de sa gentillesse, qui en ont inspiré de nombreuses et laissé un impact sur des millions de vies.

[Traduction]

    Comme elle a vécu 96 ans, la grande majorité d'entre nous ont vécu toute leur vie sous son règne. Nous savions qu'elle ne serait pas des nôtres pour toujours, mais nous avons quand même été surpris d'apprendre son décès, car le public l'avait vue quelques jours auparavant, lors de sa rencontre avec la nouvelle première ministre de la Grande‑Bretagne, Liz Truss. Ce jour-là, le premier ministre sortant, Boris Johnson, a dit qu'elle était « lucide et concentrée », et que ses rencontres hebdomadaires avec la reine étaient pour lui « un moment de tranquillité formidable » et « une occasion extraordinaire de marquer une pause par rapport à tout le reste ». Nous vivons un deuil national et personnel.
    J'ai commencé à collectionner des timbres lorsque j'étais enfant, dans les années 1960. À l'époque, on pouvait envoyer une lettre à l'autre bout du pays pour 4 ¢. Ensuite, le prix a grimpé à 5 ¢, 6 ¢, 8 ¢ et ainsi de suite. Aujourd'hui, on n'inscrit même plus la valeur sur les timbres. Cela dit, c'est le charmant visage de la reine qu'on voyait sur les timbres. Sur nos pièces de 1 ¢, dont j'ai encore un pot plein, de 5 ¢, de 10 ¢ et de 25 ¢, on voit, d'un côté, la feuille d'érable, le castor, le Bluenose et le caribou, et de l'autre, le visage de la reine. Nous la portions carrément sur nous. Elle régnait non seulement sur le Royaume-Uni, mais aussi sur le Canada. C'est la souveraine qui a connu le plus long règne dans l'histoire du Commonwealth, du Royaume-Uni et du Canada.
    Le Canada arrive au troisième rang des démocraties les plus durables au monde, ce qui n’est pas un mince exploit. Seuls le Royaume‑Uni et les États‑Unis sont des démocraties depuis plus longtemps. La stabilité de notre système parlementaire contraste avec une si grande part des autres pays du monde, qui ont connu des révolutions et des guerres, ou ont été soumis à des régimes oppressifs.
    Notre pays est une monarchie constitutionnelle dans laquelle le monarque — le roi, désormais — est le chef d’État officiel, soumis à la primauté du droit et dans un Parlement choisi par le peuple. Les racines de notre liberté remontent à la Magna Carta Libertatum, ce qui signifie en latin la « grande charte des libertés ». Elle a été signée pour acheter la paix entre le roi Jean et ses barons mécontents en 1215, il y a environ 800 ans.
    Il y a des symboles de la Couronne partout au pays, au gouvernement et ici au Parlement. Par exemple, la masse, qui se trouve devant nous ici, est un symbole de l’autorité de la souveraine, et maintenant du souverain, et du pouvoir de la Chambre des communes. La Couronne est l’institution sur laquelle repose l’ensemble de notre système de gouvernement. C’est sur l’autorité de la Couronne que nous maintenons la démocratie, la paix, la justice et l’ordre au Canada. Nous ne devrions jamais douter que la Couronne est bel et bien une institution canadienne.
(1300)

[Français]

    Pendant la Révolution américaine, le Québec avait l'occasion de joindre les autres colonies américaines. Il ne faut pas oublier que les Anglais ont conquis la Nouvelle‑France seulement une quinzaine d'années avant cela, mais les Canadiens français ont décidé que c'était beaucoup mieux de demeurer une colonie sous le roi et le Parlement de l'Angleterre pour mieux sauvegarder leur langue, leur religion et leurs libertés.
    Sa Majesté la reine Elizabeth II était fière que le Canada soit une nation francophone et tenait à nous parler en français à chaque occasion possible.

[Traduction]

    La reine Elizabeth personnifiait ce qu’est d’être au service du peuple et elle a établi la norme à suivre pour tous les chefs d’État.
    Comme il a été mentionné précédemment, le jour de son 21e anniversaire, en 1947, alors qu’elle se trouvait en Afrique du Sud, elle a diffusé le message suivant: « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service [...] »
    La vie entière de la reine Elizabeth II a effectivement été consacrée au service. En fait, elle a même servi dans les forces armées durant la Seconde Guerre mondiale en tant que sous-lieutenante pour combattre le nazisme. En 1957, lors de son premier discours télévisé, elle a déclaré ce qui suit: « Je ne peux pas vous mener au combat. Je ne vous donne pas de lois. Je n’administre pas la justice. Mais je peux faire autre chose: je peux vous donner mon cœur et mon dévouement. »
    Heureusement, elle a eu une longue vie.
    Le 28 août, quelques jours avant son décès, j’étais l’hôte d’une cérémonie extérieure pour honorer les récipiendaires de la médaille du jubilé de platine de la reine. Afin de souligner le 70e anniversaire de son règne, quelques habitants de ma circonscription ont été honorés pour leur service à la communauté.
    Ce fut un événement très spécial où nous avons souligné l’apport de certaines personnes très connues et d’autres qui œuvrent dans l’ombre. Je pense, entre autres, à un monsieur qui, depuis de nombreuses années, marche environ 10 kilomètres par jour en apportant un sac de poubelle pour ramasser les déchets qu’il trouve sur son chemin. Il affirme seulement vouloir garder la forme, mais nous tirons tous des bienfaits de son service.
    À l'occasion de son jubilé de platine, elle a dit: « Lorsqu'il s'agit de savoir comment souligner les 70 ans passés en tant que reine, il n'existe aucun guide à suivre. C'est véritablement une première. [...] Je reste déterminée à vous servir au mieux de mes capacités, soutenue par ma famille. »
    Elle a ajouté: « Même si je n'ai pas assisté à tous les événements en personne, mon cœur y était avec vous tous. »
    La reine avait son propre style. Selon son biographe, comme la reine était plutôt petite, elle pensait qu'il était important qu'elle soit vue pour être crue. C'est dans cet esprit qu'elle choisissait de porter des tenues aux couleurs vives lors de ses engagements publics.
    Avec des chapeaux et des parapluies aux couleurs assorties, il était difficile de perdre la reine de vue, même lorsqu'il pleuvait des cordes. Elle a conservé le même style pendant des décennies: monochrome, vif et accrocheur, sans être tape-à-l'œil. Elle disait que personne ne la reconnaîtrait si elle portait des vêtements plus ternes.
    Elle a dit un jour: « Le chagrin est le prix à payer pour l'amour. » Si nous pleurons le décès de la reine Elizabeth II, c'est en raison de l'affection que nous lui portons, et ce chagrin correspond à l'amour qu'elle a porté à ses sujets pendant de très nombreuses années.
(1305)

[Français]

    En tant que député de la loyale opposition de Sa Majesté, je me joins à mes collègues pour offrir mon plein soutien à notre nouveau roi, Sa Majesté le roi Charles III.

[Traduction]

    Que Dieu protège le roi. Puisse-t-il régner longtemps.
    Je terminerai par une dernière citation de la reine: « Chaque jour représente un nouveau départ. Je sais que la seule façon de vivre ma vie consiste à essayer de faire ce qui est juste, à voir à long terme, à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que la journée apporte et à mettre ma confiance en Dieu. »
    Madame la Présidente, je suis très honorée de m'adresser à la Chambre des communes aujourd'hui, en ce moment historique, pour honorer la mémoire de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Pendant les sept dernières décennies, la reine a incarné la stabilité dans le monde et dans nos vies. Depuis son accession au trône en 1952 comme reine du Canada, notre reine a toujours été présente. Elle a traversé les époques prospères et les périodes difficiles, le mandat d'une douzaine de premiers ministres du Canada et d'un nombre encore plus grand de premiers ministres britanniques, de même que tous les changements technologiques et sociaux qui se sont produits à une vitesse fulgurante.

[Français]

    Maintenant, malheureusement, elle n'est plus. Malgré le fait qu'elle ne soit pas avec nous — nous en avons vu la preuve chaque jour depuis l'annonce de son décès —, elle ne sera jamais pour autant oubliée.

[Traduction]

    Comme nous l'avons entendu lors des hommages prononcés à la Chambre et partout dans le monde, la reine était une femme remarquable dont le souvenir ne s'effacera jamais. Elle laissera sa marque non seulement comme reine, mais aussi comme être humain.
    Malgré une vie très médiatisée dès la naissance, elle a affronté sans fléchir la pression énorme qui pesait sur elle. Elle était une personne chaleureuse qui savait faire preuve de compassion. Empreinte de grâce et de sagesse, elle était entièrement dévouée au service public envers son pays et le Commonwealth.
    Voilà des qualités auxquelles nous devrions tous et toutes aspirer.

[Français]

    Pour cette occasion, je vais concentrer mon allocution sur les quatre fois où elle a visité la région de Moncton—Riverview—Dieppe et sur l’incidence qu’elle a eue sur les gens de notre coin du pays, la belle province du Nouveau‑Brunswick.

[Traduction]

    Lors de sa première visite à Moncton, en 1951, Son Altesse Royale la princesse Elizabeth, qui était alors la duchesse d'Édimbourg, a visité notre parc historique nommé en l'honneur de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria.

[Français]

    Cette semaine, l'une de mes concitoyennes de Moncton m'a rappelé comment les écoliers de la ville ont été transportés en autobus au parc, ce jour de novembre, pour accueillir la jeune princesse. Elle m'a également raconté comment, à l'âge de 10 ans, elle s'émerveillait de la beauté d'Elizabeth et de la prestance du prince Philip, sans parler de sa taille impressionnante.
    Le couple royal, dont la petite fille avait méticuleusement présenté le mariage dans un précieux album de photos en noir et blanc quelques années auparavant, se tenait en chair et en os en couleur devant elle.

[Traduction]

    Quand on lui a demandé toutes ces années plus tard quel temps il faisait en cette journée de novembre, ma concitoyenne y a réfléchi un instant avant de répondre que ce devait être une belle journée, mais qu'elle n'arrivait pas vraiment à se rappeler des détails. Elle a dit que le tout était enlevant et que la journée semblait étincelante.
    Je précise à la Chambre que je vis près du parc Victoria et que je vais m'y promener chaque fois que je suis à la maison. C'est un endroit magnifique. Cependant, je dois également admettre qu'une belle journée au parc en novembre au Nouveau‑Brunswick est loin d'être assurée. Je ne peux que m'imaginer que c'était en fait le duc et la duchesse d'Édimbourg qui ont tant fait rayonner cette journée aux yeux de ma concitoyenne.
    Comme nous le savons tous, trois mois à peine après sa visite à Moncton, la princesse Elizabeth, jeune épouse et mère de deux jeunes enfants, a perdu soudainement son père bien-aimé le roi George VI et a hérité du poids de la Couronne, le tout en un instant.
(1310)

[Français]

    La jeune princesse Elizabeth n'aurait alors jamais imaginé qu'elle porterait cette couronne pendant les sept décennies suivantes et qu'elle deviendrait, pour tant d'entre nous, non seulement une monarque, mais aussi une figure maternelle et de grand‑maman.

[Traduction]

    Elle n'aurait jamais imaginé non plus ce jour‑là que, en 70 ans de règne, elle ne faillirait jamais à son devoir et qu'elle demeurerait un symbole de grâce et de distinction pour tant d'entre nous.

[Français]

    La reine Elizabeth est ensuite revenue à Moncton, au parc Victoria, à peine huit ans plus tard, mais cette fois‑ci, en tant que souveraine.
    Cette visite royale de l'été 1959 reste d'ailleurs la plus mémorable dans l'esprit des Néo‑Brunswickois et Néo‑Brunswickoises. À cette époque, la reine et le prince Philip venaient tout juste d'entamer une tournée pancanadienne lorsqu'une violente tempête a frappé la côte de Northumberland au Nouveau‑Brunswick.

[Traduction]

    En tout, 35 hommes et garçons — qui, à l'exception de 4 d'entre eux, venaient du minuscule village d'Escuminac, au Nouveau‑Brunswick — ont péri en mer. Lorsqu'elle a appris la tragique nouvelle, et tout au long de sa visite royale de 45 jours au Canada, Sa Majesté a continué de demander des comptes rendus réguliers sur la catastrophe. À son arrivée au Yukon, la reine s'est soudainement sentie malade. Nous savons maintenant qu'elle souffrait secrètement de nausées parce qu'elle était au premier trimestre de sa grossesse. Quand elle l'a avoué en confidence au premier ministre de l'époque, John Diefenbaker, il a suggéré que le prince Phillip et elle écourtent leur visite. On lui a aussi suggéré de se servir de son passage au Nouveau‑Brunswick pour se reposer, une fois que son mari et elle seraient arrivés dans notre belle province.

[Français]

    Cependant, la reine ne voulait rien savoir de cela. D'ailleurs, non seulement le couple royal a-t-il respecté tous ses engagements au Nouveau‑Brunswick, mais il en a même rajouté d'autres, prenant le temps de rencontrer les veuves ainsi que des orphelins du désastre d'Escuminac sur les quais de Pointe-du-Chêne, où le yacht royal Britannia était amarré dans la baie de Shediac.
    Là, sur le quai, par une journée d'été, notre reine elle‑même, jeune épouse et mère, a fait de son mieux pour réconforter les personnes en deuil, passant sans difficulté de l'anglais au français pour bien les consoler.

[Traduction]

    Selon le Moncton Daily Times, le journal de l'époque, parmi les mères et les épouses qui pleuraient sur le quai se trouvait nulle autre que Sa Majesté elle-même. Il a été dit à maintes reprises que le stoïcisme et la détermination dont la reine Elizabeth II a fait preuve tout au long de sa vie suscitaient l'admiration de tous les habitants du royaume. À cet instant, au moment d'une terrible tragédie dans notre province, sa force résolue a certainement donné à tous un grand courage.

[Français]

    Cependant, dans notre petit coin du Nouveau‑Brunswick, ce jour-là, la compassion de son cœur a brièvement dépassé sa grande force, et tous les Néo‑Brunswickois ont surtout été touchés de voir la reine Elizabeth II exprimer si ouvertement sa tristesse.

[Traduction]

    Par la suite, on a appris que le couple royal avait rompu avec la tradition et fait don d'une somme non divulguée, mais généreuse, au fonds créé pour les familles des disparus. Le don de la reine Elizabeth et du prince Philip a incité les gens du monde entier à faire eux aussi des dons pour cette cause. Le Nouveau-Brunswick n'a jamais oublié ce geste généreux de leur part.
    La reine et le prince ont de nouveau visité le Nouveau-Brunswick en 1984, à une époque bien plus réjouissante. Près de deux décennies plus tard, en 2002, Sa Majesté et le duc d'Édimbourg sont revenus dans la région de Moncton pour leur dernière visite.

[Français]

     Le mois prochain, cela fera 20 ans qu'elle nous a rendu visite dans le cadre de sa tournée du jubilé d'or. Au cours de sa visite, elle en avait d'ailleurs profité pour aider les gens de ma ville natale, Dieppe, à célébrer le 50e anniversaire de leur propre ville. Lors de cette visite, elle a également inauguré le nouveau terminal de ce qui est aujourd'hui l'Aéroport international Roméo‑Leblanc du Grand Moncton, car elle tenait ainsi à rendre hommage à l'accueil réservé par les gens de Moncton aux milliers de voyageurs bloqués à l'aéroport lors de l'attaque terroriste du 11 septembre 2001 survenue l'année précédente.
(1315)

[Traduction]

    Pendant les 70 ans de son prestigieux règne, Sa Majesté a été là pour les citoyens du Nouveau-Brunswick, dans les bons comme dans les mauvais moments, tout comme elle l'a été pour les citoyens de l'ensemble du Commonwealth. Nous ne l'oublierons jamais.
    J'aimerais terminer mon discours par une histoire, non pas au sujet de notre défunte reine, mais plutôt au sujet de notre nouveau roi. C'est une histoire qui n'a jamais été racontée publiquement et qui n'est pas vraiment connue du grand public. Bien que la tragédie d'Escuminac s'estompe dans la mémoire de nombreux Néo-Brunswickois, bon nombre de mes concitoyens gardent malheureusement le douloureux souvenir de certains des jours les plus sombres de l'histoire de Moncton, Riverview et Dieppe.

[Français]

    Il y a huit ans, lors d'une fusillade dans notre communauté, cinq membres de la GRC ont été blessés, dont trois mortellement. À l'époque, j'étais travailleuse sociale et je travaillais au sein de la GRC en tant que coordonnatrice des services aux victimes.

[Traduction]

    La tristesse de notre communauté et de notre détachement de police à la suite de ces événements était indescriptible. Heureusement, des messages d'appui provenant du public et de particuliers nous sont parvenus de partout dans le monde, ce qui a vraiment aidé notre communauté à se rétablir. L'un de ces messages de soutien provenait de Son Altesse Royale le prince de Galles lui-même, qui a également envoyé des lettres personnelles et des gerbes de fleurs aux épouses des trois membres de la GRC décédés.

[Français]

    Ce fut peut-être un petit geste de grâce, mais ce fut également un rappel que, dans les moments les plus difficiles, la grâce existait encore dans le monde. Ce geste de bonté et de considération pour les autres de la part de notre futur roi est le genre de chose que nous apprenons de nos parents, mais seulement si nous en avons la chance.

[Traduction]

    Le prince de Galles a eu la chance d'avoir sa mère à ses côtés pendant 73 ans, et elle était un exemple à suivre.
    Que Dieu bénisse la reine et que Dieu bénisse le roi.
    Madame la Présidente, je veux d'abord offrir mes plus sincères condoléances à la famille royale en cette période éprouvante. Le sens du devoir de Sa Majesté envers le Canada et son dévouement envers tous les pays membres du Commonwealth ressortaient de toutes les nobles actions de Sa Majesté. Je sais que, comme moi, beaucoup seront éternellement reconnaissants de son dévouement pour le pays.
     « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service [...] » Ce sont les paroles célèbres prononcées par la princesse Elizabeth au moment de son 21e anniversaire en 1947. C'était plus qu'une promesse en l'air; la reine a indéniablement rempli cette promesse.
    En 1951, deux années avant son couronnement, la princesse Elizabeth a visité ma circonscription, Brantford—Brant. C'était la première de trois visites de Sa Majesté dans ma circonscription. Elle était en compagnie de son mari, le prince Philip, et le couple a traversé la ville en route vers le Collège militaire royal, à Kingston, où il allait passer en revue les cadets.
    C’est en 1984 que Sa Majesté a effectué sa deuxième visite à Brantford. Plus de 4 000 personnes, dont mes parents et moi, se sont réunies à la Chapelle royale de Sa Majesté des Mohawks, l’une des trois chapelles royales du Canada, où elle a dévoilé une plaque reconnaissant la chapelle comme la première église anglicane du Haut‑Canada. Elle a aussi reconnu la terre comme un lieu historique national canadien, car il s’agissait de la plus ancienne église encore en existence en Ontario.
    Durant cette même tournée, elle a visité la réserve des Six Nations de la rivière Grand, qui se trouve aussi dans ma circonscription. Les membres de cette bande commémorent chaque année les liens étroits entre les Six Nations et la Couronne britannique à l’occasion de la fête de Victoria, en organisant une journée « Pain et fromage ».
    Comme beaucoup le savent, ma circonscription est aussi connue sous le nom de Telephone City. En effet, la famille d’Alexander Graham Bell a immigré au Canada et s’est établie sur une petite terre agricole juste à l’extérieur de la ville. En 1997, lors de sa troisième et dernière visite à Brantford, Sa Majesté a visité la Maison-Familiale-Rurale-de-Bell, le lieu historique où Alexander Graham Bell a inventé le téléphone, en reconnaissance des réalisations de M. Bell et de son importance dans l’histoire du Canada. Lors de cette tournée, la reine a aussi dîné au restaurant Olde School, qui est toujours ouvert aujourd’hui et dont les murs sont ornés de photos préservant ce moment historique pour que ses clients puissent continuer à en profiter.
    Je suis heureux que de nombreux électeurs de ma circonscription aient pris le temps de communiquer avec mon bureau pour me raconter des souvenirs de ses visites, exprimer l’enthousiasme, la joie, l’espoir et la gentillesse qu’ils ressentaient lors de sa visite et dire que sa présence était inoubliable. Les visites de la reine à Brantford ne sont qu’un exemple de la façon dont elle a participé activement à l’évolution historique du Canada et a véritablement défendu la réussite future de notre pays tout au long de son règne.
    Au cours de son règne de 70 ans, la reine Elizabeth a fait 22 voyages officiels au Canada. Elle a été témoin de l’arrivée au pouvoir et du départ de 12 premiers ministres. C’est au Canada que la reine a passé le plus de temps. On peut donc dire sans se tromper qu’elle occupe une place spéciale au Canada et que nous avons été ravis d'être son second chez-soi. L’engagement de Sa Majesté envers le Canada n’a commencé qu’après son couronnement comme reine du Royaume-Uni en 1952; elle a été la première souveraine à ouvrir les portes de notre Parlement en 1957. La reine Elizabeth a aussi été la première à porter le titre de reine du Canada et elle a consacré sa vie au service public.
    Suivant les inoubliables traces de son arrière-grand-mère la reine Victoria, qui avait approuvé la Loi constitutionnelle de 1867, la reine Elizabeth II a accordé la sanction royale à la Loi constitutionnelle de 1982. C'est son influence sur cette mesure législative qui a permis de jeter les bases de la modification de la Constitution du Canada et qui a permis l'adoption de la Charte des droits et libertés. Pour nombre de Canadiens, le pays est entré dans une nouvelle ère de rapatriement pleine de fierté.
    Des millions de personnes sont en deuil partout dans le monde, au Canada et dans les 14 autres pays dont la Reine était le chef d'État. Au cours de son règne, Elizabeth a visité 117 pays, y compris 56 États du Commonwealth, et elle a présidé aux destinées de 2,5 milliards de résidants. Sans aucun doute, elle a été la leader mondiale ayant le plus voyagé, et ses visites au cours des 70 dernières années ont certainement joué un rôle important dans la propagation des valeurs démocratiques dans le monde entier.
(1320)
    Dans son discours de 1947, elle a encouragé chaque personne à faire des pays du Commonwealth des pays plus libres, plus heureux et plus prospères qui exercent une plus grande influence pour le bien dans le monde. Elle a dit: « Pour y parvenir, nous devons donner le meilleur de nous-mêmes, rien de moins. » C'est exactement ce qu'elle a fait et nous devons continuer à respecter ce vœu.
    L'engagement de Sa Majesté envers tous les pays membres du Commonwealth sera chéri à jamais et son leadership, son engagement et son inspiration perdureront. Le décès de Sa Majesté nous a brisé le cœur. Il ne fait aucun doute que, en tant que souveraine ayant eu le plus long règne au Royaume‑Uni, elle a laissé une marque vraiment monumentale. Ce fut à la fois un honneur et un privilège de servir les citoyens de Brantford—Brant en tant que député de la loyale opposition de Sa Majesté. Elle nous a montré comment diriger, nous a donné de l'espoir et nous a fourni le meilleur exemple de service avant tout. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants.
    Que Dieu lui accorde le repos éternel.
    En tant que député de Brantford-Brant, j'aimerais maintenant profiter de cette occasion pour très fièrement prêter allégeance au roi Charles III.
    Que Dieu protège le roi.
    Madame la Présidente, j’ai moi aussi aujourd’hui le triste privilège d’exprimer mes condoléances les plus sincères et celles de mes électeurs à notre souverain, le roi Charles III, et à sa famille, qui pleurent leur « mère bien-aimée » et grand-mère, notre regrettée reine Elizabeth II.

[Français]

    Aujourd'hui, nous réfléchissons aux 70 années de service accordées au Canada par notre reine, une cheffe d'État qui a joué un rôle central, bien que souvent discret, dans la vie des Canadiens.
(1325)

[Traduction]

    La plupart des Canadiens d’aujourd’hui n’ont pas connu d’autre chef d’État. De nombreux gouvernements et parlements sont passés alors qu’elle, Sa Majesté, nous est restée. En 1959, la reine Elizabeth II et son époux, le prince Philip, duc d’Édimbourg, se sont arrêtés au Yukon pendant deux jours pendant leur tournée du Canada. Pour illustrer cette visite mémorable, j’ai affiché dans mes pages de médias sociaux une vieille vidéo de Pathé décrivant la tournée du couple royal dans notre Yukon « oh! si romantique! ».
    Évidemment qu’il y a 64 ans, Whitehorse, nommée récemment capitale territoriale, était très différente. Les rues n’étaient pas asphaltées, et plusieurs maisons n’avaient toujours pas de plomberie intérieure. La grande époque des bateaux à aubes du Yukon venait de prendre fin, et sa base militaire florissante assurait une présence militaire importante dans la collectivité.
    Certains Yukonnais se souviennent fièrement de cette visite. Ils n’ont pas oublié qu'un soir, une panne de courant a laissé le couple royal dans le noir pendant toute la nuit. Sa Majesté et son époux ont visité le MacBride Museum et sont montés à bord d’un train royal que le White Pass & Yukon Route Railway avait réservé pour les emmener sur le court trajet qui les séparait des limites de la ville.
    Enceinte de son troisième enfant et souffrant d’une nausée matinale, Sa Majesté a choisi de ne pas aller plus loin, tandis que le duc d’Édimbourg s’est envolé vers Dawson et Mayo à bord d’un avion de Havilland Heron à quatre moteurs, qu’il pilotait lui-même. Pour vous rappeler une image du Yukon de cette époque, je vous dirai qu’à son retour, le prince Philip a pu faire rouler l’avion jusqu’à la porte de la maison où logeait Sa Majesté, près de l’escarpement de l’aéroport. Cette maison a depuis été déplacée au centre-ville.
    Lorsque le couple royal a insisté pour saluer les Yukonnais dans une voiture ouverte, les responsables ont dû chercher un chauffeur qui leur prêterait son auto pour la journée. Ils ont emprunté la belle Ford Fairlane décapotable toute neuve d’un mineur de Cassiar, Vincenzo Caparelli.
    Cette visite a été merveilleuse. Elle nous rappelle la relation que le Yukon et de nombreux Yukonnais entretiennent avec la Couronne.

[Français]

    Les Canadiens ont ressenti, tout naturellement, diverses émotions à la suite de notre récente perte. Pour certains, cela a été comme perdre un membre de la famille. D'autres réfléchissent à son rôle et à son service et offrent leurs condoléances à la famille immédiate, sans aller plus loin.
    Cependant, pour ceux qui ressentent et vivent les répercussions des projets coloniaux exécutés par le gouvernement en son nom, cette perte peut provoquer des réflexions plus douloureuses.

[Traduction]

    Dans le cadre de notre monarchie constitutionnelle, les Canadiens ont la chance de pouvoir exprimer publiquement un vaste éventail d’émotions et de critiques, parfois simultanément, qu’ils partagent respectueusement avec leurs concitoyens. Bien peu de pays en dehors du Commonwealth laissent leur chef d’État s’élever au-dessus de la mêlée politique pour assurer la continuité, la compassion, la longévité et la prévoyance que les gouvernements élus ne négligent que trop souvent en se concentrant avant tout sur leurs prochaines élections.
    Le roi Charles III perpétuera l’institution de la Couronne en assumant ce rôle. Il demeurera éloigné des vents changeants de la partisanerie des Chambres élues au Canada depuis que son ancêtre, la reine Victoria, a accordé pour la première fois au Canada un gouvernement responsable, il y a maintenant presque 200 ans.

[Français]

    La Couronne du Canada a représenté une relation importante entre l'État et ses membres. C'est une relation qui a pris une importance particulière compte tenu de la nature urgente de la crise climatique ressentie dans le monde et du cheminement continu du Canada vers la réconciliation avec les peuples autochtones.

[Traduction]

    Bon nombre des accords, traités et proclamations signés entre l’État et les peuples autochtones du passé et de l’ère moderne sont conclus entre des citoyens autochtones et la Couronne. Nous savons que les gouvernements élus n’ont pas toujours respecté ces accords comme ils auraient dû le faire, et que certains d’entre eux les ont complètement bafoués, ce qui a entraîné des résultats dévastateurs et un legs de traumatismes qui se perpétuent dans diverses tragédies. Les meurtres survenus dans la nation crie James Smith, pour lesquels nous avons observé un moment de silence à la Chambre ce matin, constituent le rappel le plus récent et le plus douloureux du tort que les pratiques coloniales du Canada ont causé sous la gouverne de notre monarchie.
    Cependant, la guérison peut se poursuivre et elle se poursuivra. Lors de sa visite au Canada en sa qualité de prince de Galles plus tôt cette année, Sa Majesté a rencontré des survivants des pensionnats indiens et a demandé aux Canadiens de prendre acte de la réalité des expériences vécues par les peuples autochtones, et il a rappelé que nous avons tous la responsabilité d’écouter, de comprendre et d’agir de manière à favoriser les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada.
    Étant un Canadien d’origine britannique, de souches irlandaise et écossaise, et ma propre mère ayant grandi au Raj, en Inde, je suis conscient de la douloureuse symbolique de la Couronne dans mes propres terres ancestrales. Étant maintenant établi au Canada, je vois des similitudes dans les projets coloniaux ébauchés au fil des siècles, mais je sais aussi que la Couronne a évolué et reconnaît maintenant les torts causés en son nom, que ce soit à l’étranger ou au Canada.
(1330)

[Français]

    Plus tôt cette semaine, lors de sa première visite en Irlande du Nord, le roi Charles III a rencontré des dirigeants et des politiciens et a parlé de l'importance de la réconciliation dans un échange remarquable de gestes de conciliation, une continuation de la bonne volonté engagée par la reine dans les dernières années de son règne.

[Traduction]

    Je suis convaincu qu'à l'occasion de sa première visite au Canada, le roi Charles continuera d'exprimer un désir d'écouter et de discuter avec les peuples autochtones et tous les Canadiens dans le cheminement vers la réconciliation partout au pays.
    Je terminerai aujourd'hui en disant que de cette période de deuil jaillira de l'espoir, et la réconciliation continuera d'avancer vers un avenir meilleur. Quel Canadien ne serait pas d'accord, et quel meilleur legs pourrions-nous souhaiter de notre reine?
    Nous offrons nos condoléances à notre nouveau roi en nous remémorant la compassion, l'aplomb et le charme que sa mère a apportés pendant 70 ans à son rôle de cheffe d'État du Canada, permettant ainsi au Canada de passer d'un jeune pays limité par de vieilles idées à un pays mûr sur la voie de l'inclusivité et de la prospérité. Nous offrons nos meilleurs vœux à notre nouveau roi pour son règne qui s'amorce. Longue vie au roi Charles III.
    Madame la Présidente, c’est avec tristesse que nous sommes réunis ici aujourd’hui pour rendre hommage à une personne universellement reconnue. En pensant à l’impact que Sa Majesté la reine Élisabeth II a eu non seulement sur le Royaume-Uni et le Commonwealth, mais aussi sur le monde entier, nous sommes profondément attristés par l’immense perte que nous avons tous subie, surtout ceux d’entre nous qui ont été touchés ici au Canada en particulier, un pays qu’elle a visité si souvent. Je crois que c’est le pays qu’elle a visité le plus souvent à l’extérieur du Royaume-Uni. Nous étions aimés par Sa Majesté et nous le lui rendions bien. Le vide que laisse son départ ici au Canada est énorme, mais son héritage survivra et l’impact qu’elle a eu se perpétuera pour des générations à venir.
    Je tiens à offrir mes plus sincères condoléances à la famille royale et à tous ceux qui pleurent la perte de la reine Élisabeth II. La stabilité que Sa Majesté a apportée au rôle de reine est une chose à laquelle tous les dirigeants ne peuvent qu’aspirer et qu’ils espèrent offrir aux gens qu’ils représentent et servent.
    Je repense aux années où elle a servi et à tous les bouleversements que notre monde a connus durant cette période et tout au long de sa vie. C'est assez remarquable. Enfant, elle a été élevée à une époque de bouleversements mondiaux. Elle a vécu la Seconde Guerre mondiale et des conflits mondiaux. À cette époque, elle a vu sa famille menacée d'être attaquée. Comme tout le monde, elle a sans doute éprouvé des peurs, se demandant ce que l'avenir lui réservait, et, même à ce stade, a probablement commencé à ressentir un peu le poids qui allait peser sur elle après son ascension au trône.
    Il est difficile de croire que pas moins de 12 premiers ministres canadiens ont servi au cours de son règne, depuis le très honorable Louis Saint‑Laurent jusqu'à l'actuel premier ministre. Au cours de son règne, 15 premiers ministres du Royaume‑Uni ont servi, le premier étant le seul et unique sir Winston Churchill. Vous parlez d'une façon d'entamer son règne en tant que reine: servir aux côtés de M. Churchill. Seulement deux jours avant son décès, elle a assermenté un premier ministre pour la 15e fois. Il s'agissait de la première ministre Liz Truss.
    Elle était reine au moment de l’assassinat de Martin Luther King Jr. Elle était reine lorsque Apollo 11 a effectué le premier alunissage. Elle était reine pendant la guerre du Vietnam et a vécu ce que le monde traversait à cette époque. Elle a connu la joie de voir la toute première femme élue au poste de premier ministre du Royaume‑Uni, à savoir Margaret Thatcher. Elle était présente dans notre histoire pour le rapatriement de la Constitution du Canada et l’établissement de notre Charte des droits et libertés.
    Sa Majesté était reine lors de la terrible catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Elle était présente lors de la chute du mur de Berlin. Elle était là au moment de la guerre du Golfe. Elle a également assisté à la fin de l’apartheid. Elle a été témoin de la fin des conflits en Irlande du Nord. Elle était aussi à nos côtés lors de la tragédie du 11 septembre et de la guerre en Afghanistan. Bien entendu, elle était là lorsque notre monde a connu la crise bancaire, la crise hypothécaire et la grande récession de 2008‑2009. Elle a été témoin du début du printemps arabe. Plus récemment, elle a traversé la pandémie de COVID‑19 avec nous tous.
(1335)
    À travers les vicissitudes que notre monde a connues, Sa Majesté est restée un symbole de stabilité, d'espoir, de force et de courage. Peu importe ce que notre monde traversait, chaque fois que Sa Majesté s'est exprimée, elle l'a fait avec un calme et une détermination qui ont trouvé un écho auprès de toutes les personnes sur qui elle a exercé une influence.
    Elle a porté de nombreux titres. On l'appelait la reine, la cheffe du Commonwealth, notre souveraine et Sa Majesté, mais on a dit de la reine que son titre préféré, son titre fétiche, était Votre Grâce. Elle aimait qu'on l'appelle Votre Grâce. Selon ce que l'on raconte, elle aimait ce titre parce qu'elle sentait profondément qu'elle devait son rôle de reine à la grâce de son Seigneur et Sauveur. Elle prenait ce rôle très au sérieux, car elle y voyait l'accomplissement de sa vocation ici-bas. Lors de son couronnement, Sa Majesté a déclaré:
     Voilà pourquoi je suis convaincue que ce couronnement n'est pas le symbole d'un pouvoir et d'une splendeur qui ont disparu, mais une déclaration de nos espoirs pour l'avenir et pour les années où il me sera donné, par la grâce et la miséricorde de Dieu, de régner et de vous servir en tant que reine.
    La reine a témoigné de l'importance de la foi dans sa vie et dans le monde dans toutes sortes de circonstances. Elle a célébré les joies des saisons et a réfléchi à sa foi dans son discours annuel de Noël, que beaucoup d'entre nous se remémorent avec plaisir. Je suis certain qu'en temps de crise et de tragédies, elle a puisé sa force dans sa foi, ce qu'elle partageait avec ceux d'entre nous qui écoutaient ses messages. Elle n'était pas invulnérable aux souffrances de son peuple. Elle était non seulement la reine, mais aussi une mère, une grand-mère, une épouse, une arrière-grand-mère et une tante. Elle a connu tout ce que ces rôles peuvent apporter à la vie et aux émotions d'une personne.
    Sa Majesté a perdu son père en 1952 et elle est devenue notre souveraine à l'âge de 25 ans seulement. Nous nous rappelons tous la mort tragique de la princesse Diana, en août 1997. La reine a aussi vécu la perte de son mari, récemment. Elle comprenait le stress et le fardeau associés aux périodes difficiles que nous avons tous vécues dans nos vies, mais il y avait un aspect supplémentaire pour elle. Lorsqu'on occupe un poste de dirigeant, vers qui se tourne-t-on lorsqu'on a le cœur lourd et qu'on déplore les difficultés des gens dont on se sent responsable? Vers qui la reine se tournait-elle lorsqu'elle avait le cœur serré? Vers qui pouvait-elle se tourner lorsqu'elle avait besoin de parler à quelqu'un? Elle nous l'a dit. Elle nous a fait part de la source de sa force. Elle a dit:
     Je sais à quel point je compte sur ma propre foi pour me guider dans les bons et les mauvais moments. Chaque jour représente un nouveau départ. Je sais que la seule façon de vivre ma vie consiste à essayer de faire ce qui est juste, à voir à long terme, à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que la journée apporte et à avoir confiance en Dieu.
    Elle a aussi dit ce qui suit:
     Pour beaucoup d'entre nous, nos croyances ont une importance fondamentale. Pour moi, les enseignements du Christ et ma propre responsabilité devant Dieu fournissent le cadre dans lequel j'essaie de mener ma vie. Comme beaucoup d'entre vous, dans les moments difficiles, j'ai puisé un grand réconfort dans les paroles et les exemples du Christ.
(1340)
    Aujourd'hui, à la Chambre, j'espère que la source de réconfort de Sa Majesté la reine Elizabeth II sera également la nôtre, que nous nous tournerons vers la même source que la reine et que nous y trouverons une grande joie et un grand réconfort en cette période de deuil et de profonde tristesse en sachant que notre espoir va au-delà d'ici.
    Que Dieu protège le roi et que Dieu continue de bénir le Canada.
    Madame la Présidente, il y a une histoire que l'on raconte avec beaucoup de nostalgie chez nous à propos de Sa Majesté la reine Elizabeth II. En visite à St. John's en 1997, celle-ci a été invitée à visiter les usines historiques de Purity, producteur de spécialités terre-neuviennes comme les bouchées à la menthe et les biscuits de mer. Au cours de sa visite, elle s'est arrêtée auprès d'un ouvrier vêtu d'une blouse blanche et portant une résille pour observer avec lui le défilement, sur un tapis roulant, de bonbons au rhum et au beurre, ou quelque chose du genre. Il y a eu un long moment de silence, car l'ouvrier était complètement bouleversé par la présence de la monarque, la reine du Canada, à ses côtés, jusqu'à ce qu'elle lui demande poliment: « Que faites-vous exactement ici? » Avant même qu'elle ne puisse terminer sa question, il lui répondit aussitôt: « Mon travail, Votre Majesté. »
    Je ne sais même pas si cette histoire est vraie, mais j'aimerais vraiment qu'elle le soit. C'était le cas de nous tous à l'époque. Avant l'avènement de Facebook, c'était le genre d'histoire qui se répandait d'un voisin à l'autre, très rapidement. Les gens en riaient avec gentillesse, car ils se reconnaissaient dans ce pauvre homme qui avait dû répondre aux questions de la reine parce qu'elle s'était inopinément arrêtée à côté de lui.
    C’est peut-être la nature terre-à-terre des Terre-Neuviens qui a fait en sorte que, lorsqu’on lui a demandé « Que faites-vous exactement ici? », cet ouvrier a répondu qu’il faisait son travail au lieu d’expliquer en quoi il consistait. C’est peut-être parce que nous savons tous que si cette reine a demandé « Que faites-vous exactement ici? », ce n’est pas parce qu’elle voulait savoir ce que cet ouvrier fabriquait, mais bien parce qu’elle voulait en savoir plus sur lui. C'est l'impression qu'elle nous donnait. C'est ainsi que nous la connaissions.
    Sac à main au poignet et fleurs dans les mains, elle arborait un sourire sympathique sous son grand chapeau. Elle marchait le long de rangées de personnes dans les parcs, les centres commerciaux et les usines, s'arrêtant ici et là pour poser poliment une question, serrer des mains ou échanger un rire, pour ensuite poursuivre son chemin, paraissant invariablement heureuse d'être en présence des autres et sans jamais montrer le moindre signe de fatigue ou de désintérêt, jour après jour, mois après mois, année après année, chaque année de notre vie.
    Elle incarnait cette constance qui se fait de plus en plus rare dans nos vies. Voilà peut-être pourquoi, si la majorité d'entre nous n'étions pas vraiment surpris d'apprendre ce décès survenu après une vie si longue et si riche, ce sont plutôt nos réactions qui nous ont surpris. En cette période tumultueuse en raison notamment de la pandémie, d'une guerre en Europe et des technologies qui présentent les événements mondiaux à un rythme étourdissant, sa présence constante était rassurante, apaisante et inspirante.
    Sa Majesté la reine Elizabeth II comprenait son rôle de chef du Commonwealth, ainsi que les aspects formels, les responsabilités et les obligations s'y rattachant. Par contre, là où elle a été particulièrement brillante, c'est en trouvant le moyen d'exprimer son humanité tout en préservant le mystère, de s'en tenir à des conversations discrètes non diffusées, de s'enraciner dans certaines facettes de notre vie et de faire preuve d'une présence indéfectible.
    Elle a compris plus que tout autre notre soif de stabilité. Même si nous ne la regardions que du coin de l'œil dans une émission télévisée en préparant le souper pour les enfants ou sur une image fugace dans nos téléphones pendant notre retour à la maison en autobus, elle était là, avec son chapeau, sa suite, son sourire, son sac à main et son rire. Certaines personnes riaient avec elle de la même blague. Ces gens savaient pourquoi elle riait et pourquoi elle rassurait.
    Outre cette belle histoire, cet homme aux Purity Factories sait exactement ce qu'elle a dit et ne l'oubliera jamais. Les chefs d'État, les présidents et les premiers ministres ont tous été touchés par sa présence. Elle leur a donné de très bons conseils tirés de son expérience et du fait d'avoir eu sir Winston Churchill comme premier premier ministre britannique de son règne. Peu importe la fonction de chacun, elle était une présence constante, indéfectible et inébranlable. Elle était notre étoile polaire, aujourd'hui disparue.
(1345)
    Au cours des prochains jours, nous remarquerons que le ciel est un peu plus vide et nous nous rendrons compte de ce que nous avions depuis tout ce temps: une gardienne inébranlable de notre Constitution, une incarnation de la vocation supérieure qu'est le service public ainsi que la voix et le visage sur lesquels nous pouvions compter durant les périodes difficiles. Pour l'instant, nous sommes accablés par la tristesse qui découle de notre perte, mais dans les jours à venir, nous serons portés par l'exemple qu'elle a donné et le réconfort qu'elle a offert.
    Au nom de mes concitoyens et de tous les Terre‑Neuviens et Labradoriens, j'offre mes plus sincères condoléances à Sa Majesté le roi du Canada, à la famille royale et aux peuples du Commonwealth et du monde entier qui pleurent le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II, qui s'est dévouée au service de son peuple comme peut-être personne ne l'a fait pour aucune autre nation.
    Madame la Présidente, c'est à la fois un grand honneur et une triste responsabilité que de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au nom des gens d'Esquimalt—Saanich—Sooke pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II à l'occasion de cette séance commémorative spéciale. Pour moi, aujourd'hui est un autre de ces moments auquel beaucoup d'entre nous n'auraient jamais imaginé participer. Je crois que nous sommes tous encore un peu sous le choc, car malgré son âge avancé, nous n'avions vraiment pas commencé à envisager ni même à imaginer un monde dépourvu de la seule cheffe d'État que la plupart d'entre nous ont connu de toute leur vie.
    Il est inspirant de nous rappeler toutes les années que la reine a consacrées à notre service et toutes les façons dont elle nous a servis. En plus d'avoir été notre monarque ayant régné le plus longtemps, la reine Elizabeth comptait parmi le groupe de moins en moins nombreux d'anciens combattants ayant servi fièrement durant la Seconde Guerre mondiale. Au début de l'année 1945, alors qu'elle n'avait que 19 ans, elle s'est jointe à l'Auxiliary Territorial Service de l'armée britannique, devenant la première membre féminine de la famille royale en service actif. Elle y a assumé des rôles non traditionnels, apprenant à conduire et à entretenir des véhicules, un intérêt qu'elle a conservé le reste de sa vie.
    Quand on repense au long règne de la reine, il est important de se souvenir que son accession au trône découle de deux événements inattendus. D'abord, en 1936, l'abdication inattendue de son oncle, le roi Édouard VIII, a fait d'elle l'héritière du trône à l'âge de 11 ans. Ensuite, en 1952, le décès tout aussi inattendu de son père, le roi George VI, a précipité l'accession au trône de la reine à l'âge de 26 ans.
    Cependant, la reine Elizabeth semble avoir compris dès le début que le rôle d'un monarque constitutionnel est d'avoir une grande connaissance et une compréhension approfondie de la politique et des affaires mondiales pour remplir son rôle efficacement. Elle n'a ménagé aucun effort pour s'assurer de remplir son rôle au meilleur de ses capacités. Elle savait que, même si elle n'avait que peu de pouvoirs concrets, ces pouvoirs revêtaient une importance particulière.
    Je m'excuse, je ne suis qu'un politicologue en rémission, même après 11 années passées à la Chambre, mais je crois qu'il faut bien comprendre le rôle d'un monarque constitutionnel pour réaliser à quel point la reine Elizabeth II a été une bonne souveraine.
    Dans les années 1860, le constitutionnaliste britannique Walter Bagehot a affirmé dans une déclaration célèbre que le souverain britannique n’avait plus que trois droits: le droit d’être consulté, le droit d'encourager et le droit de le mettre en garde, un énoncé clair de la distinction entre gouverner et régner dans une monarchie constitutionnelle. Bien que la reine puisse exercer ces droits en privé, d’autres fonctions importantes de la monarchie exigeaient toujours que ces droits ne soient exercés qu’en privé. Ces autres fonctions importantes consistent à garantir un gouvernement constitutionnel et la continuité du gouvernement ainsi qu’à fournir un symbole d’unité nationale dénué de toute partisanerie.
    C’est l’adoption du Statut de Westminster par le Parlement britannique en 1931 qui a créé une monarchie canadienne distincte dans la loi. Cette loi précisait aussi que le gouverneur général du Canada était le représentant direct du souverain et non du gouvernement britannique. En parallèle, elle confirmait un précédent bien établi selon lequel les quelques pouvoirs de réserve de la monarchie, en grande partie axés sur la nomination et le congédiement des premiers ministres, ne pouvaient être exercés que par le gouverneur général du Canada et non par la Couronne. Que restait-il aux monarques britanniques, maintenant établis légalement comme monarques canadiens? Presque rien, sauf, encore une fois, garantir un gouvernement constitutionnel, la continuité et l’unité nationale.
    Bien que certains aient de la difficulté à voir un monarque comme un symbole de continuité, d’État et d’unité, je considère qu’il offre un avantage clé en séparant le concept de loyauté de la politique. Il existe d’autres solutions à ce problème, mais aucune n’est aussi simple et fiable qu’une monarchie constitutionnelle. C’est pourquoi il y a tant de monarques constitutionnels dans les grandes démocraties du monde, pas seulement au Canada, en Australie, en Nouvelle‑Zélande, au Royaume‑Uni et dans les autres membres du Commonwealth, mais aussi en Suède, aux Pays‑Bas, au Danemark, en Belgique, en Norvège et au Japon.
    Aujourd’hui, nous devons nous rappeler à quel point la reine Elizabeth II en est venue à représenter le monarque constitutionnel modèle et à illustrer les forces de la monarchie constitutionnelle. Dans notre système, le fait que la loyauté soit exprimée envers la Couronne nous protège des pires ravages des dissensions civiles. Nous prêtons serment à la Couronne et non aux politiciens en place. Cela veut dire, comme certains d’entre nous aiment le souligner, que tout le monde peut être libre de s’opposer au premier ministre sans que notre loyauté envers le Canada soit remise en question. Nous avons vu les dangers de l’unification des rôles symboliques et politiques chez une seule personne et nous savons comment ça se passe encore chez nos voisins du Sud.
(1350)
    La longue vie de la reine Elizabeth a amené beaucoup de gens à considérer comme acquis un deuxième avantage de la monarchie constitutionnelle, à savoir la continuité. Elle a vu défiler 12 premiers ministres canadiens, de Louis Saint-Laurent à notre premier ministre actuel, 12 premiers ministres de la Colombie‑Britannique, de W.A.C. Bennett à John Horgan, et d'innombrables premiers ministres provinciaux. Ce n'est pas une surprise étant donné qu'elle a servi le Canada pendant près de la moitié de notre existence en tant que pays indépendant.
    Lorsqu'un monarque constitutionnel meurt, la continuité de l'institution ne fait aucun doute, car ses héritiers montent automatiquement sur le trône. Lorsque les premiers ministres quittent leur poste, la monarchie constitutionnelle garantit à son tour qu'il y aura quelqu'un pour s'assurer que le poste sera pourvu.
    Aujourd'hui, je tiens à reconnaître que le symbole de la Couronne a des significations différentes pour les Premières Nations de notre pays, et j'exprime mon respect pour ceux qui ont une perception différente du rôle et des responsabilités du souverain en ce qui concerne les Premières Nations. Je reconnais qu'il est compréhensible que cela se traduise par des réactions diverses et variées de la part des Premières Nations à l'occasion du décès de la reine Elizabeth II.
    Après cette longue digression sur le rôle de la monarchie, j'aimerais revenir sur le long règne de la reine Elizabeth en termes moins théoriques.
    Elle a fait ce travail avec une grâce et une dignité incroyables, dans les bons et les mauvais moments, et toujours sous le regard implacable de la presse et du public. Toutefois, malgré les limites de son rôle, la reine Elizabeth est quand même parvenue à laisser transparaître sa personnalité. Je vais raconter deux histoires qui, selon moi, le montrent bien. Il ne s'agit pas là de mes histoires, mais j'espère que leurs auteurs ne s'en formaliseront pas puisqu'ils les ont déjà racontées publiquement.
    Il y a quelques jours, Dmitriy Shapiro nous rappelait comment la reine avait rencontré des survivants de l'Holocauste lors du 60 anniversaire de la libération d'Auschwitz en 2005, comme l'avait raconté le regretté grand rabbin Jonathan Sacks. M. Sacks a écrit comment la reine avait rencontré des survivants de l'Holocauste. Même si pour des raisons de protocole et à cause de contraintes d'horaire, la reine devait généralement respecter un échéancier très serré et que son personnel lui faisait habituellement rapidement quitter les lieux à la fin de l'une de ses apparitions, cette fois‑ci, la reine Elizabeth a refusé de partir. Elle est restée sur place, et elle s'est entretenue personnellement avec les membres du grand groupe qui s'était rassemblé. L'une des personnes qui l'accompagnaient a dit au rabbin Sacks que c'était la première fois qu'elle voyait la reine demeurer sur place aussi longtemps après l'heure de départ prévue. Je cite le rabbin Sacks:
    Elle a accordé à chaque survivant — c'était un gros groupe — une attention soutenue, sans se presser. Elle est restée avec chacun d'eux jusqu'à ce qu'ils aient fini de raconter leur histoire personnelle. C'était un acte de bonté qui m'a presque fait pleurer. L'un après l'autre, les survivants sont venus à moi dans une sorte de transe, en disant: « Il y a 60 ans, je ne savais pas si je serais en vie le lendemain, et me voilà aujourd'hui en train de parler à la reine. » Cela a apporté une sorte d'heureux dénouement à des vies profondément meurtries.
     La deuxième histoire, plus brève, témoigne de la compassion de la reine. Elle nous vient de Catherine Clark qui, à 10 ans, s'est trouvée coincée à une réception tenue à l'occasion d'une réunion de chefs de gouvernement du Commonwealth. Lorsqu'elle a signifié qu'elle souhaitait s'en aller, on lui a répondu que personne ne pouvait partir avant la reine. Elle s'est donc mise à attendre près de la porte. Peu après, la reine est venue la voir et lui a demandé pourquoi elle était toujours à la réception après tout ce temps. Catherine lui a dit qu'elle attendait qu'elle parte, ce à quoi la reine a répondu: « Eh bien, allons-y alors! » Elle lui a pris la main et elles sont parties.
    Il y a tant d’autres histoires comme celle-ci, des histoires de sa gentillesse et de son intérêt authentique pour les gens ordinaires qu’elle servait. Elle a touché tant de personnes et de familles. Même dans ma propre famille, mon oncle, John Garrison, aujourd’hui octogénaire, aime encore raconter l’histoire de son service au sein d’une garde d’honneur lorsque la reine Elizabeth a déposé une couronne à la croix canadienne lors d’une visite au cimetière national d’Arlington, à Washington, en 1957. Il se souvient d’avoir été debout le long du tapis rouge lorsqu’elle est passée, assez près pour la toucher, même s’il dit, avec une étincelle dans les yeux: « Même à un jeune âge, je comprenais que les choses n’iraient pas bien pour moi si je faisais cela. »
    Mes propres expériences avec la reine ont toujours été à grande distance, notamment lorsque je me suis trouvé dans les rues d’Ottawa en 1983, quand la reine est venue présider au rapatriement de la Constitution canadienne, et en 1994, quand elle est venue aux Jeux du Commonwealth à Victoria. À ces occasions, j’ai pu constater de visu l’affection sincère que l’on porte à la reine.
    Cependant, je ne me suis jamais senti plus proche de la reine Elizabeth que lors de son jubilé de diamant. La reine a choisi de célébrer cet événement, notamment, en décernant des médailles pour le service communautaire, ce qui est tout à fait approprié pour une souveraine qui a servi toute sa vie de façon exemplaire. C'était un grand honneur comme député de remettre ces médailles dans ma circonscription en son nom, et cela signifiait tant pour les récipiendaires.
    Les nombreuses visites de la reine Elizabeth au Canada témoignent de l'amour qu'elle éprouvait pour notre pays: 22 en tout pendant son règne, d'après mes renseignements, y compris 7 visites en Colombie‑Britannique, avec des arrêts sur l’île de Vancouver chaque fois. Certaines visites dans ma circonscription sont bien documentées, notamment celles pour passer en revue les cadets à ce qui était alors le collège militaire Royal Roads en 1951 et en 1983. Ces visites ont mis en évidence le lien étroit que la famille royale a toujours entretenu avec les Forces canadiennes.
(1355)
    Par ailleurs, en 1983, la reine a dévoilé une plaque commémorative à l'école Craigflower, dans ma circonscription, pour souligner le fait qu'il s'agissait du plus ancien bâtiment scolaire de l'Ouest canadien.
    Évidemment, elle a fait des visites plus importantes, comme sa visite de 1971 pour souligner le 100e anniversaire de l'adhésion de la Colombie‑Britannique à la Confédération, sa visite de 1994 pour l'ouverture des Jeux du Commonwealth, ainsi que sa visite de 2002, pendant laquelle Sa Majesté a fait ce qu'il y a probablement de plus canadien, soit faire une mise au jeu lors d'un match hors concours de la Ligue nationale de hockey entre les Canucks de Vancouver et les Sharks de San Jose.
    Ce que je retiens de toutes ces visites, c'est la façon dont la reine accordait manifestement toute son attention à tous ceux que la souveraine et d'autres membres de la famille royale rencontraient. En accordant autant d'attention à des Canadiens de tous les horizons, elle a envoyé un message fort en faveur de l'intégration et de l'inclusion. Ce faisant, la reine a établi un précédent qui lui survivra pendant longtemps, et que j'ai vu le prince William et le prince Harry observer dernièrement, puisqu'ils suivent l'exemple de la princesse Diana en soutenant la communauté 2ELGBTQI+.
    Comme mon temps de parole tire à sa fin, j'offre mes plus sincères condoléances et celles des gens de ma circonscription aux membres de la famille royale, qui sont éplorés par la perte d'une mère, d'une grand-mère et d'une arrière-grand-mère.
    J'aimerais aussi dire que, comme bien des gens, j'ai de la difficulté à imaginer un Canada, voire un monde, sans la reine. Cependant, puisque nos traditions politiques accordent beaucoup d'importance aux précédents, je suis convaincu que la reine nous a clairement indiqué la voie à suivre pour préserver notre gouvernement démocratique et favoriser l'unité et l'inclusion. Elle a montré l'exemple de façon exceptionnelle en consacrant sa vie au service des autres avec énormément de dignité et de grâce.
    Adieu, reine Elizabeth II. Qu'elle repose en paix.
(1400)
    Madame la Présidente, je suis honoré de prendre la parole aujourd'hui pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, dont le décès est pleuré par les citoyens du Canada, du Commonwealth et des royaumes, ainsi que par des millions de personnes partout dans le monde. Sa Majesté la reine a visité ma communauté de Cambridge à deux occasions: une fois au cours de l'été 1959 et une autre fois dans le cadre d'une vaste tournée de l'Ontario en 1973, alors qu'elle a remis une épinglette à la mairesse de Cambridge de l'époque, Claudette Millar, lors d'une cérémonie tenue au parc Riverside.
    En tant que secrétaire parlementaire de la ministre de la Défense nationale, j'aimerais également souligner la relation spéciale que Sa Majesté la reine entretenait avec les Forces armées canadiennes à titre de commandante en chef. Avant même de monter sur le trône, Sa Majesté entretenait une relation spéciale avec les militaires canadiens. En 1947, Son Altesse Royale la princesse Elizabeth a été nommée colonelle en chef du 48th Highlanders of Canada et du Régiment de la Chaudière. Une fois qu'elle est devenue reine du Canada, cette relation s'est approfondie dans le cadre de son rôle de commandante en chef des Forces armées canadiennes. Outre ce rôle, Sa Majesté a également été nommée capitaine générale, colonelle en chef et commodore de l'air en chef de 16 unités et branches militaires canadiennes.
    Dans le cadre de 22 visites officielles au Canada et de cérémonies à l'étranger, la reine a rendu hommage aux militaires canadiens en visitant des bases, en se rendant sur des navires de la Marine royale canadienne, en présidant des cérémonies militaires, en déposant des couronnes à des lieux commémoratifs, en présentant les couleurs militaires, en inspectant les troupes, en rencontrant des anciens combattants et en participant à des cérémonies commémoratives, y compris la réinauguration du Mémorial national du Canada à Vimy en 2007 et le centenaire de la Marine royale canadienne, à Halifax, en 2010.
    La reine avait une connaissance intime de la vie militaire: elle a été la première femme de sa famille à servir dans l'armée à temps plein, en tant que conductrice et mécanicienne de camion. Elle avait un profond attachement et un grand respect pour les militaires canadiens, comme le montraient clairement ses interactions avec eux. Il y a quelques mois à peine, pendant une inspection du Régiment royal de l’Artillerie canadienne, qui assurait la garde de la reine au château de Windsor, Sa Majesté a gentiment taquiné un officier à propos de son âge. À l'image de l'esprit vif et du sens de l'humour dont beaucoup ont parlé aujourd'hui, lorsque l'officier a répondu à Sa Majesté qu'il servait dans l'armée depuis plus de 27 ans, elle s'est approchée de la collection de médailles sur son uniforme, a souri et a dit: « Oui, il semble bien que ce soit le cas. » Elle a alors apporté un moment de légèreté à une cérémonie généralement sérieuse.
    Il y a un peu plus d'un an, à titre de colonel en chef de la Branche des services juridiques des Forces armées canadiennes, Sa Majesté a remis une bannière royale à cette branche à l'occasion de son 100e anniversaire. Le symbolisme royal et les traditions royales constituent un élément essentiel des activités des Forces armées canadiennes.
    Selon la Loi sur la défense nationale, les règles régissant nos forces armées pendant son règne s'appelaient « Ordonnances et règlements royaux applicables aux Forces canadiennes » et couvraient tous les aspects de la vie militaire. Tous les membres des Forces armées canadiennes ont prêté un serment d'allégeance à Sa Majesté la reine depuis son accession au trône. Les officiers reçoivent de la reine une commission qui les autorise à commander et à donner des ordres. La marine et l'aviation canadienne portent toutes deux la mention « royale », et de nombreux corps d'armée et régiments sont également qualifiés de « royaux ». De nombreux insignes et médailles militaires qui ornent les uniformes, les drapeaux, l'équipement et les affiches portent aussi le symbole de la Couronne. Il ne s'agit là que de quelques exemples, car la liste est longue.
    Le décès de Sa Majesté la reine marque la fin d'une époque. Les membres des Forces armées canadiennes continueront toutefois de personnifier les idéaux qu'elle représentait. Au cours des prochains jours, des centaines de membres des Forces armées canadiennes vont participer, au Canada et au Royaume‑Uni, à des défilés et des cérémonies commémoratives visant à rendre hommage à Sa Majesté la reine et à sa vie remarquable, et ils vont représenter le Canada et les Canadiens par la même occasion.
(1405)
    Tout au long de son règne, Sa Majesté la reine a représenté les idéaux de nos militaires: le sens du devoir, de la compassion et du dévouement. Au nom de la ministre de la Défense nationale, des membres du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, j'offre mes plus sincères condoléances aux membres de la famille royale.
    Sa Majesté la reine nous manquera beaucoup. Que sa vie soit un exemple pour nous tous.
    Madame la Présidente, c'est le cœur lourd que je prends la parole aujourd'hui pour rendre hommage à la personne emblématique que nous avons perdue la semaine dernière, la seule cheffe d'État canadienne que la plupart d'entre nous ont connue et une femme extraordinaire que beaucoup d'entre nous ont eu l'honneur de rencontrer ou de voir en personne au cours des 70 dernières années.
    Sa Majesté la reine Elizabeth II était bien plus qu'une simple figure de proue, et bien plus que notre cheffe d'État. Elle représentait une institution qui a joué un rôle fondamental dans la création et le développement du Canada, une institution qui entretient des liens plus étroits avec notre nation qu'avec toute autre. Elle incarnait la Couronne.
    Aujourd'hui, nous avons écouté et continuerons d'écouter de nombreux discours émouvants sur ce que Sa Majesté représentait et continue de représenter pour nous, ici, dans cette enceinte, et pour nos concitoyens de partout dans ce grand pays. Même si la Couronne, Sa Majesté, représente bien des choses pour bien des gens, je crois qu'elle a un lien unique avec Hastings—Lennox et Addington. Je représente deux comtés qui ont été fondés par des loyalistes de l'Empire-Uni, des gens qui ont tout perdu au sud de la frontière actuelle en se ralliant au roi pendant la Révolution américaine. La reine était quelqu'un de spécial à leurs yeux et elle est venue à plusieurs reprises pour leur témoigner sa reconnaissance.
    Le roi avait promis la liberté de religion aux loyalistes de l'Empire‑Uni et à leurs descendants lorsqu'ils se sont installés dans les colonies et il a tenu cette promesse pendant de nombreuses décennies, protégeant les colonies contre les conflits religieux qui faisaient rage en Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le roi avait fait des promesses aux peuples autochtones résidant autour des Grands Lacs et il a également tenu ces promesses, qui ont été reprises dans la Proclamation royale de 1763. Ainsi, les Mohawks, les Iroquois et d'autres Premières Nations ont appuyé le roi lors du cataclysme de la révolution. Malheureusement, le rôle essentiel que bon nombre de nos voisins autochtones ont joué dans la création du Canada et, en particulier, des collectivités du canton de Loyalist est trop souvent oublié, néanmoins, on ne le soulignera jamais assez. Je leur dis meegwetch.
    Ce sont ces gens, qui provenaient au départ de plus d'une vingtaine de pays, qui pratiquaient plus d'une vingtaine de religions et qui, à première vue, n'avaient en commun que le fait de parler l'anglais avec un fort accent, qui composaient les 10 000 loyalistes, par exemple, qui ont fondé ce qui est devenu l'Ontario, qui a été découpé à même le flanc occidental de la colonie de Québec. Comme les réfugiés des temps modernes, ces personnes ont quitté des villes et des villages où elles étaient bien installées, situés sur des territoires que l'on appelle maintenant New York, New Jersey et Connecticut, ainsi que d'autres colonies en révolte, pour recommencer à zéro ici.
    Les arpenteurs du roi ont été envoyés ici en septembre 1783 pour établir les limites des terres concédées aux loyalistes. Ces frontières existent encore à ce jour, et nombre d'entre elles correspondent aux routes que nous empruntons en Ontario, à la disposition de nos rues et de nos villes, aux voies de communication et à l'emplacement des places et des grands édifices publics. À Hastings, les premiers loyalistes arrivés par bateau étaient des Mohawks de Fort Hunter, situé dans la vallée de Mohawk, dans l'État de New York. Débarqués en mai 1784, ils ont une chapelle royale dont ils sont fiers, où ils commémorent cette arrivée et rendent hommage à la Couronne qu'ils ont soutenue jusqu'à aujourd'hui. J'ai eu le grand privilège d'assister à la cérémonie honorant ce débarquement plus tôt cette année avec Don Maracle, le chef des Mohawks de la baie de Quinte.
    Les cantons créés à Hastings‑Lennox et Addington ont été nommés en l'honneur de leur roi. Tous ceux qui sont ici aujourd'hui ont soit traversé Lennox et Addington en voiture ou en train ou l'ont vu du haut des airs. Ils ne savent peut-être pas que les cantons qui longent le lac Ontario et la baie de Quinte ont été nommés d'après les enfants du roi George III. Adolphustown, par exemple, est l'endroit où les premiers non-Mohawks ont débarqué en juin 1784 et c'est pourquoi l'Ontario a proclamé le 19 juin Jour des loyalistes de l'Empire‑Uni.
(1410)
    La route construite de Kingston à Toronto relie entre elles les petites routes construites entre 1798 et 1801. Elle passe par Adolphustown, Fredericksburg et Ernesttown, qui sont trois autres cantons nommés en l'honneur des enfants du roi George. La réorganisation et la consolidation des municipalités qui ont eu lieu dans les années 1990 ont regroupé les deux premiers dans Napanee, et Ernesttown est devenu le canton de Loyalist, qui est fier de compter Bath, Odessa et Amherstview sur son territoire.
    C'est à Amherstview, où Gord Downie a grandi, que la reine Elizabeth s'est rendue en septembre 1984 pour couper fièrement le ruban de la promenade des Loyalistes. C'était la nouvelle appellation de l'ancienne route qui avait été connue sous différents noms selon son emplacement, notamment le chemin Kingston, le chemin Bath, le chemin Toronto et le chemin Danforth.
    À Lennox et Addington, on l'appelait officiellement la promenade des Loyalistes. Lorsqu'on franchit le portail cérémonial à Amherstview, le long de la route 33, on passe à l'endroit exact où, il y a 38 ans, la reine a pris la parole devant la foule qui s'était rassemblée ce jour-là pour remercier les ancêtres, les loyalistes, de leur loyauté envers le roi George III et du rôle essentiel qu'ils ont joué dans la création du Canada.
    Nous savons tous la place que notre chère reine occupait dans le cœur des Canadiens, mais les gens de ma circonscription se rappellent aujourd'hui d'une façon plus particulière ce que la reine et la monarchie signifiaient et ce qu'elles continuent de signifier pour nous. Cela ne se limite pas à la fondation et au peuplement de notre région; c'est aussi la cérémonie d'inauguration à Amherstview et les paroles aimables qu'elle y a prononcées, sa visite éclair à Napanee en 1973, ou encore le passage de son yacht Britannia dans les eaux près de l’île Amherst, où le navire Royal George a échappé à une attaque américaine durant la guerre de 1812. Il y a aussi les visites à la ville voisine, Kingston, en 1959, 1973 et 1976, année où elle avait lancé les épreuves de voile des Jeux olympiques, un événement qui avait attiré les foules, y compris les habitants de ma circonscription et leurs parents.
    Pour nous, la reine représentait bien plus que ces souvenirs. Elle était une icône du service et de la ténacité devant l’adversité. Elle était celle à qui nous avions tous prêté serment d’allégeance et celle avec qui nous pouvions nous imaginer prendre le thé. Que Dieu bénisse son âme et qu'il protège nos souvenirs de la reine Elizabeth II alors que nous rendons hommage à la seconde ère élisabéthaine.
    Longue vie au roi.
    Madame la Présidente, c'est toujours un privilège de prendre la parole à la Chambre. J'y interviens devant mes collègues avec des sentiments partagés. Je suis à la fois heureux de la rentrée et de retrouver mes collègues des deux côtés de la Chambre, que je n'ai pas pu voir depuis juin, mais je suis aussi profondément attristé par les événements qui ont eu lieu récemment en Saskatchewan, au sein de la nation crie de James Smith, ainsi que par la raison pour laquelle nous nous sommes réunis aujourd'hui, soit le décès de notre reine, la reine Elizabeth II.
    Aux familles qui ont perdu des êtres chers en Saskatchewan, nous tenons à dire que nous pensons à elles et que nous sommes de tout cœur avec elles.
    J'aimerais offrir mes condoléances non seulement à la famille royale, mais aussi à tous ceux, partout dans le monde, qui pleurent son décès. Elle a été une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère, mais elle était aussi notre reine et la cheffe d'État de millions de personnes dans le monde.
(1415)

[Français]

    Durant le temps de parole qui m'est imparti aujourd'hui, je souhaite souligner certaines des incroyables contributions à la vie publique que la reine a apportées au cours de ses 70 ans de règne. Je souhaite aussi parler de l'importance de la couronne et de la relation du Canada avec le Royaume‑Uni en tant que monarchie constitutionnelle.

[Traduction]

    Il va sans dire que la reine servait le public avec dévouement, et je pense que tous les députés — et en fait, tous les Canadiens — ont probablement eu l'occasion de réfléchir à la période pendant laquelle elle a été notre cheffe d'État. Nous avons récemment tenu un caucus national au Nouveau‑Brunswick et nous avons réfléchi à la meilleure façon d'aller de l'avant après son décès.
    Littéralement 36 heures avant sa mort, elle s'acquittait de ses obligations constitutionnelles. Elle servait le public en accueillant la nouvelle première ministre du Royaume‑Uni pour former le gouvernement en son nom. Cela montre à quel point elle prenait au sérieux son travail de souveraine non seulement du Royaume‑Uni, mais aussi des pays du Commonwealth dont elle était la cheffe d'État. C'est révélateur.
    Comme cela a été mentionné dans diverses interventions aujourd'hui, dans son premier discours au Commonwealth, elle a dédié sa vie au service public. Il est important de reconnaître que, pendant la Seconde Guerre mondiale, la princesse Elizabeth a servi dans l'Auxiliary Territorial Service, la branche féminine de l'armée britannique, où elle a suivi une formation de mécanicienne.
    Je voudrais prendre un moment pour parler de la relation qu'entretenait Sa Majesté avec le Canada. Comme on l'a dit, le Canada a été le pays du Commonwealth le plus visité par la reine en dehors du Royaume-Uni. La reine s'est rendue en Nouvelle-Écosse à cinq occasions.
    Je porte une cravate MacLachlan. J'ai de profondes racines écossaises et un lien solide avec le Royaume-Uni. Je me souviens que la reine aimait se rendre au château de Balmoral et passer du temps en Écosse, notamment dans le cadre des Jeux écossais. Quant à ses visites en Nouvelle-Écosse, j'en conclus qu'elle aimait particulièrement notre province en raison des profondes racines écossaises que la Nouvelle-Écosse a en commun avec la mère patrie.
    D'une certaine manière, la reine me faisait penser à ma grand-mère. Je l'affirme en tout respect. Les deux femmes ont relativement le même âge. Ma grand-mère a 93 ans; elle est née à peine trois ans après la reine. Je pense que nous pourrions tous comprendre, tout dépendant de notre âge, la façon dont la reine a pratiquement servi de grand-mère à chacun d'entre nous, en particulier à ceux qui ont atteint l'âge adulte. Même si, dans les faits, nous ne la connaissions pas vraiment, nous avions l'impression de la connaître vu sa présence pendant une période considérable de l'histoire du Canada.
    La reine a été notre cheffe d'État pendant 70 ans, soit un peu moins de la moitié de l'existence du pays. C'est colossal. J'ai vu l'autre jour des statistiques selon lesquelles 9 personnes sur 10 dans le monde n'ont pas connu la reine Elizabeth autrement que comme cheffe d'État, du moins au Canada. Selon ces mêmes statistiques, seulement une personne dans le monde sur 10 est née avant que la reine accède au trône.
    Beaucoup ont fait part de leurs réflexions depuis le décès de Sa Majesté. Une vidéo particulièrement drôle que j’ai trouvée sur les médias sociaux dresse probablement un portrait fidèle du type de personne qu’elle était.
    Dans cette vidéo, qui ne dure qu’une minute et demie environ, un policier qui a déjà fait partie de la garde de Sa Majesté raconte que, lors d’une promenade en Écosse, alors qu’il l’accompagnait, deux touristes américains les ont croisés le long de la route. Il est devenu très évident que les touristes ne savaient pas qu’il s’agissait de la reine Elizabeth. Je ne veux pas trop entrer dans les détails, et j’encourage mes collègues à trouver la vidéo sur Twitter.
    La reine joue le jeu et dit qu’elle n’a jamais rencontré la reine, mais que son garde l’a rencontrée. Le policier se met de la partie et a dit: « Eh bien, oui, je l’ai rencontrée. Elle peut être acariâtre par moments, mais elle a une superbe personnalité. » Ces deux touristes américains, selon cette histoire, sont repartis sans même savoir qu’ils venaient de rencontrer la cheffe d’État du Canada et de tout un royaume. Je pense que l’esprit bon enfant de la reine transparaît dans cette histoire. J’encourage mes collègues à trouver cette vidéo.
    Bien entendu, aujourd'hui, nous voulons avant tout présenter nos condoléances, souligner son service public et célébrer l'accession au trône du roi Charles III. Il sera sans aucun doute question de la nature constitutionnelle du Canada. J'aimerais profiter du temps qu'il me reste pour souligner que je crois dur comme fer que la Couronne et la relation que le Canada entretient avec le Royaume-Uni grâce à la monarchie constitutionnelle doivent continuer d'exister. J'espère pouvoir expliquer un peu plus en détail ma position.
    La relation du Canada avec la Couronne est fondamentale pour le développement du pays. La députée de Hastings—Lennox and Addington a expliqué en détail l'histoire de sa circonscription et la relation entre la Couronne et les loyalistes qui ont fondé sa région. Il en va de même pour la Nouvelle-Écosse. Dans le comté de Hants, les relations entre les Acadiens et les loyalistes venus en Nouvelle-Écosse, ainsi que ceux qui avaient des racines écossaises, comme je l'ai mentionné précédemment, étaient toutes des relations très importantes, comme celles qui existaient avec les peuples autochtones, qui ont véritablement permis de fonder le Canada.
    Le Parlement où nous nous trouvons, le système de Westminster, a été emprunté à notre mère patrie, au Royaume-Uni, et a été fondé grâce à elle. Je m'en voudrais de ne pas mentionner que la Nouvelle-Écosse a été la première colonie à former un gouvernement responsable à l'extérieur du Royaume-Uni. C'était en 1848. Nous avons hérité de ces conventions et de ces coutumes, qui ont par la suite évolué au sein du Canada et qui forment notre tradition issue de nos relations avec la Couronne et la monarchie britanniques.
    Comme cela a été mentionné précédemment, nos relations avec les Autochtones n'ont pas toujours été parfaites. Elles ont parfois été cahoteuses. Je suis peut-être naïf, mais en discutant avec des Autochtones de ma circonscription, j'ai été surpris de constater les liens profonds qui existent entre les communautés autochtones de Kings—Hants et la Couronne, particulièrement en ce qui concerne les traités signés directement avec la Couronne britannique avant la fondation du Canada. Je pense aux traités d'amitié signés dans les années 1700, particulièrement celui de 1763. Ces traités ont été conclus puis, évidemment, inscrits dans la Loi constitutionnelle de 1982.
    À mon avis, la députée d'Orléans a fait un travail remarquable lorsqu'elle a parlé des tensions qui sont apparues par moment dans les relations avec la Couronne au Canada. Ces relations se sont façonnées en anglais et en français, ce qui témoigne de notre diversité linguistique et culturelle.
    Je voudrais seulement aborder deux autres points avant de terminer. Au sujet de nos perspectives sur le monde et de la coopération internationale, il convient de rappeler qu'un pays n'a pas besoin d'être une monarchie constitutionnelle pour faire partie comme nous du Commonwealth. Les partenariats fondamentaux que le Royaume-Uni a noués un peu partout dans le monde ont créé une communauté internationale avec laquelle nous pouvons travailler et sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Dans le monde d'aujourd'hui, qui apporte son lot d'incertitudes, ces partenariats et les expériences de collaboration internationale qui en résultent revêtent une importance énorme dans le cadre de notre travail diplomatique dans le monde.
(1420)
    On entend souvent dire que la démocratie n'est pas nécessairement la meilleure forme de gouvernement, mais seulement si l'on fait abstraction de toutes les autres qui ont été essayées.
    Il existe effectivement d'autres formes de gouvernement qu'une monarchie constitutionnelle comme la nôtre. Toutefois, qu'il s'agisse d'une république ou d'un autre genre de régime, ces autres formes soulèvent toute une série de questions. Inversement, il se dégage un sentiment d'assurance de la transition entre le règne d'Elizabeth II et celui de son héritier, le roi Charles III, dont l'accession au trône a été préparée au fil du temps. Comme certains députés l'ont dit, nous les parlementaires pouvons nous concentrer sur la nature partisane de la politique et débattre vigoureusement dans cette enceinte, mais nous le faisons toujours pour servir la Couronne et le pays. À mon avis, il en découle une stabilité importante.
    Je voulais m'assurer que mes réflexions seraient officiellement entendues et consignées dans le hansard.
    Bien entendu, au nom des concitoyens de Kings-Hants, je souhaite la bienvenue au roi Charles III, le nouveau souverain du Canada. Je crois bien avoir entendu dire « que Dieu sauve le roi » ou « longue vie au roi ». Je ne sais pas exactement s'il existe une convention et si ces deux expressions ont des significations différentes, mais nous nous réjouissons certainement de voir le roi accéder au trône et endosser le rôle de chef d'État dans notre pays.
(1425)
    Madame la Présidente, je suis honoré de prendre la parole et de me joindre à mes collègues députés pour rendre hommage à la reine Elizabeth. Au nom des habitants de Selkirk—Interlake—Eastman, je veux offrir mes sincères condoléances à la famille royale et aux loyaux sujets de la reine.
     Beaucoup ont parlé de l'incidence de la monarchie sur leurs circonscriptions respectives. Pour ma part, je peux dire aux députés que la circonscription que je représente, Selkirk—Interlake—Eastman, comprend Lower Fort Garry, jadis le siège social de la Compagnie de la Baie d'Hudson, et que la résidence du gouverneur de la Compagnie se trouve un peu au sud de l'emplacement actuel de la ville de Selkirk.
     Le fort est en excellent état et, chaque année, on s'y réunit pour commémorer la signature du Traité no 1 en 1871, entre le Canada et les peuples anishinabe et ojibwé, premiers occupants du territoire, alors que le Manitoba venait d'intégrer la Confédération à titre de province, en 1870. C'était le premier traité numéroté à être signé dans l'Ouest du Canada.
    Après avoir lu un peu l'histoire du chef Peguis, ainsi que de la Première Nation de Peguis, de la Première Nation de Sagkeeng et de la nation ojibwée de Brokenhead, qui se trouvent dans ma circonscription ou à proximité de celle-ci, je sais que le chef Peguis, qui était l'un des premiers signataires du traité, a toujours pris très à cœur le fait qu'il signait ce traité avec la Couronne, la reine Victoria. Tous ses fils ont porté le nom de « prince » parce que le chef considérait qu'il était sur un pied d'égalité avec la monarchie en signant le traité. C'est quelque chose qui trouve encore écho aujourd'hui chez les Premières Nations du Canada.
    Lors de son accession au trône le 2 juin 1953, après la mort de son père le roi George VI, la reine Elizabeth, âgée de seulement 25 ans, a promis de servir la population du Canada, du royaume, durant toute sa vie, qu'elle soit longue ou brève. Je peux dire aux députés qu'elle l'a fait avec grâce, dignité, humilité et cœur et que, pendant ses 70 ans de carrière, elle a servi d'exemple et de norme pour nous tous qui sommes au service du public.
    Nous avons tous été choqués et attristés d'apprendre la nouvelle de son décès le 8 septembre. Jamais plus nous ne connaîtrons une personne comparable à la reine Elizabeth. Pour la plupart d'entre nous, elle est la seule cheffe d'État que nous ayons connue. J'ai 57 ans et je n'ai jamais connu autre chose que « que Dieu protège la reine ». Maintenant, nous devons apprendre à dire « que Dieu protège le roi ». Nous devrons modifier toute la nomenclature de nos institutions. Il ne s'agit plus de la Cour du Banc de la Reine, mais de la Cour du Banc du Roi, et les conseillers de la reine sont maintenant les conseillers du roi. Tous les sigles vont changer.
    Nous avons parlé de son service, et en tant qu'ancien ministre du cabinet fantôme pour la défense nationale et ancien secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, j'ai toujours été incroyablement impressionné par son courage et son service en tant que mécanicienne et chauffeuse de camion au sein de l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a cultivé cet intérêt jusqu'à sa mort. Elle adorait le plein air. Elle adorait aller à la ferme et passer du temps avec ses chevaux et ses chiens, et elle adorait conduire son Jeep.
    Il y a quelques jours, l'ancien premier ministre, le très honorable Boris Johnson, a rendu hommage à la reine au Parlement de Westminster. Il a raconté que lorsqu'il est allé à la rencontre de la reine au château de Balmoral dans le cadre de la transition vers la formation d'un nouveau gouvernement en Grande‑Bretagne, elle lui a fait faire un tour. Elle a sauté dans le Jeep et elle a conduit. Elle était au volant. C'était un véhicule manuel, avec un levier de vitesses. Elle passait chacune des vitesses avec la pédale d'embrayage. Qui aurait cru que quelques jours plus tard elle nous quitterait aussi rapidement?
    C'est un honneur pour nous de l'avoir eue comme cheffe d'État. Nous sommes toujours impressionnés par tout ce qu'elle a accompli au cours de sa vie. Elle commandait le respect partout dans le monde parce qu'elle plaçait toujours le service et le dévouement envers son prochain d'abord.
(1430)
    Le roi Charles III a renouvelé la promesse de sa mère de servir toute sa vie. Je sais que tous les Canadiens d'un océan à l'autre partagent cette peine avec la famille royale.
    Nous parlons souvent des 22 fois où la reine est venue au Canada, et un certain nombre de ces visites de la reine et du prince Philip ont eu une incidence sur ma famille. Lorsque mes deux frères aînés étaient des adolescents inscrits au bon vieux programme des 4‑H, un programme jeunesse qui est axé sur les gens comme nous du secteur agricole, la reine Elizabeth et le prince Philip ont assisté au premier concours international de jugement de bétail. La reine Elizabeth et le prince Philip se sont rendus à l'Agribition, à Regina, en 1977. Les participants des 4‑H avaient l'occasion de souper avec le prince Philip. L'étiquette à adopter était une question brûlante à nos tables. Dans quel ordre doit-on utiliser les fourchettes? Comment manger les petits pains? Il y a eu toutes ces discussions sur le protocole qui s'impose lors d'un souper avec un membre de la famille royale.
    La reine Elizabeth II est venue au Manitoba pendant 6 de ses 22 visites au Canada. À l'occasion de son jubilé, en 2002, une jeune fille lui a offert des fleurs sur les marches de l'Assemblée législative du Manitoba. C'était ma nièce, Holly. Notre famille en est très fière. Elle a pu rencontrer Sa Majesté et lui offrir des fleurs. Le 8 octobre 2002 est un jour qui sera à jamais gravé dans sa mémoire et celle des membres de notre famille.
    La reine est retournée au Manitoba en juillet 2010 pour dévoiler la pierre angulaire du Musée canadien des droits de la personne, le premier musée canadien établi à l'extérieur de la région de la capitale nationale. Cette pierre apportée par la reine provient de la région d'Angleterre où la Grande Charte a été signée, en 1215. La reine s'est engagée dans la promotion des droits de la personne. Quand on se penche sur sa carrière et sur le travail qu'elle a réalisé partout dans le monde, on constate que la protection des droits de la personne était souvent au cœur de ses efforts. Lors du dévoilement de cette pierre, elle a tenu à préciser que c'est avec l'adoption de la Grande Charte que la démocratie parlementaire moderne a été établie, que les libertés civiles ont été prise en compte, et que les simples citoyens ont enfin eu leur mot à dire sur la façon de gérer leurs propres affaires. Elle tenait à ce que le Musée canadien des droits de la personne porte une attention particulière à ces principes.
    Alors que le Canada et le monde pleurent notre bien-aimée souveraine, nous regardons également vers l'avenir. J'ai eu le plaisir de rencontrer son fils, le roi Charles III, qui est maintenant le roi du Canada, en mars 2006, lors des célébrations du Jour du Commonwealth, à Londres. J'étais là pour assister au colloque de Westminster de l'Association parlementaire du Commonwealth. Nous y avons participé et nous avons pu rencontrer le roi Charles III et la reine consort Camilla. Je puis dire à tous que c'est un événement que je n'oublierai jamais. Le roi était incroyablement engageant, et c'était très facile de lui parler.
    Que le roi Charles soit empreint de sagesse et qu'il fasse preuve de justice et de clémence. Longue vie à lui. Que la reine Elizabeth II repose en paix. Que Dieu protège la Reine et que Dieu bénisse le Canada.
(1435)
     Madame la Présidente, au couronnement de Sa Majesté, le 2 juin 1953, la formule suivante, traditionnelle et éminemment optimiste, a été prononcée: « Que Dieu bénisse la reine Elizabeth. Que Dieu protège la reine Elizabeth. Que la reine vive éternellement. »
    Notre défunte reine est demeurée si longtemps sur le trône que nous avions réellement l’impression que son règne pourrait ne prendre jamais fin. Il semblait possible d'espérer que la reine puisse vraiment vivre éternellement. Elle faisait si intrinsèquement partie de nos souvenirs que de nombreuses personnes dans le monde la considéraient comme un membre de leur famille. Je crois que c’est non seulement la longueur de son règne qui a fait naître ce sentiment, mais aussi le fait qu’elle ait été présente pour célébrer chaque moment important de notre pays, y compris toutes les fois où elle a accompagné ses sujets dans leur deuil lors d’innombrables tragédies collectives.
    Son règne a débuté bien avant la naissance d’un grand nombre d’entre nous. En 1982, alors que j’étais adolescent, je l’ai vue pour la première fois en personne, ici même, sur la Colline du Parlement. Elle s'y trouvait pour apposer sa signature sur la nouvelle Loi constitutionnelle du Canada, qui comprend la Charte des droits et libertés. À cette époque, elle avait déjà célébré son jubilé d’argent pour ses 25 ans sur le trône. Du haut de ma jeunesse, elle représentait déjà une présence éternelle.
    Ce point de vue est en grande partie le même pour toute personne qui n'avait pas atteint l'âge de la maternelle lorsque la reine est montée sur le trône, ce qui signifie, démographiquement, plus de 90 % de la population canadienne et un pourcentage encore plus élevé dans certains autres pays du Commonwealth. Il n'y a tout simplement pas, dans nos mémoires, d'époque sans la reine Elizabeth. Elle faisait même partie de la culture populaire, étant mentionnée dans des chansons des Beatles et de Dire Straits, entre autres. C'est ainsi que d'innombrables personnes qui ne l'avaient jamais rencontrée ont eu le sentiment qu'elle était comme un membre de la famille.
    Il y a un an, lorsqu'elle vivait ses derniers jours, ma propre mère gardait à son chevet un portrait encadré de la reine. C'est comme le pompier de la chanson des Beatles Penny Lane, qui en avait un dans sa poche. La présence de la reine, même si ce n'était que dans notre imagination, était un réconfort. Est-il sensé d'agir comme si quelqu'un que nous n'avons vu que de loin est un membre de notre propre famille? Je ne le sais pas. Rien de ce qui concerne les émotions humaines ne semble logique lorsque l'on essaie de les examiner de manière logique plutôt qu'émotionnelle. Cependant, que les humains soient rationnels ou non, sa perte est ressentie par beaucoup d'entre nous comme un choc semblable à celui que vivent les personnes qui l'ont vraiment connue personnellement.
    Bien entendu, ce cercle comprend notre nouveau roi, Sa Majesté le roi Charles III. Tout comme sa mère et une longue lignée d'ancêtres avant lui, il est confronté à la difficile tâche d'assumer les devoirs qui seront siens le reste de sa vie à un moment de grande perte sur le plan personnel. Il doit assumer son rôle constitutionnel précisément au moment où le reste de la population serait en droit de prendre un congé de deuil. Il n'y a aucune raison d'envier nos monarques vu les terribles fardeaux qu'ils doivent supporter. Dans notre système, un monarque porte la couronne à vie, et seule la mort peut le libérer de son devoir. Aussi difficile que cela puisse être pour ceux qui doivent supporter le lourd fardeau de la couronne, le génie de la monarchie, c'est que le trône ne reste jamais vide et que Charles a commencé à régner au moment même où la défunte reine est passée de cette vie jusque dans les bras de son propre souverain.
    Dans sa première allocution en tant que notre roi, Sa Majesté a fait l'observation suivante au sujet de sa défunte mère. Il a déclaré: « En 1947, à l'occasion de son 21e anniversaire, dans un discours diffusé depuis Le Cap aux pays du Commonwealth, elle a promis de consacrer sa vie, qu'elle soit longue ou courte, au service de ses peuples. »
    Sa Majesté a poursuivi son allocution en faisant quelques remarques très pertinentes au sujet de l'engagement sans pareil de la reine à l'égard de cette promesse extraordinaire faite il y a si longtemps. Il a ensuite ajouté ceci: « Comme la reine elle-même l'a fait avec un dévouement inébranlable, moi aussi je promets solennellement de faire respecter, tout au long du reste de la vie que Dieu voudra bien m'accorder, les principes constitutionnels qui sont au cœur de notre nation. »
    Même si, en 1947, le jour où elle accéderait au trône devait sembler lointain pour la princesse Elizabeth, faire une telle promesse le jour même où elle atteignait l'âge de la majorité n'était pas anodin. Il me semble, et je pense qu'il en est de même pour quiconque prend le temps d'y réfléchir un instant, qu'il n'est pas moins extraordinaire pour un homme de 73 ans, pour qui le poids de l'âge n'est pas un secret, de prendre un tel engagement pour le reste de sa vie. Le fait que notre nouveau roi se soit montré prêt à assumer avec autant de détermination ce fardeau, dont il ne sera jamais libéré, et à se priver jusqu'à la fin de sa vie des plaisirs de la retraite dont jouissent, par exemple, les anciens monarques de Belgique, des Pays‑Bas et d'Espagne, montre que son engagement à accomplir son devoir est aussi ferme que l'était celui de la reine Elizabeth, aussi ferme, d'ailleurs, que celui de son grand-père le roi George VI, qui a su faire preuve d'un courage inébranlable pendant les jours les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.
    Je crois que le roi Charles sera un bon souverain. Il a déjà démontré, mieux que tout autre prince de Galles avant lui, sa capacité de servir consciencieusement toutes les nations du Commonwealth. Il est intelligent. Il est travaillant. Son épouse, Sa Majesté la reine consort Camilla, est une partenaire idéale. Bien entendu, il a eu toute une vie pour apprendre du meilleur modèle possible.
    Le roi est un homme de grandes réalisations. Il est auteur. Je peux même affirmer qu’il est un aquarelliste talentueux, pour avoir déjà reçu comme cadeau de Noël un livre des paysages qu'il a peints. Il est aussi un homme d’affaires bien établi, ayant lancé la marque de produits biologiques de haute gamme, Duchy Originals. Je souligne au passage que les recettes de la vente de ces produits sont versées à l’organisme Prince's Charities, un réseau formidable de bienfaisance créé par le roi durant toutes les années où il était le prince de Galles. J’imagine qu’à son couronnement — qui devrait avoir lieu en 2023 —, la formule sera adaptée pour proclamer: « Que Dieu bénisse le roi Charles. Que Dieu protège le roi Charles. Que le roi vive éternellement. »
(1440)
    Étant donné la longue vie de ses deux parents et de sa grand-mère, la bien-aimée Reine-Mère, qui s'est éteinte seulement après son 100e anniversaire, il y a tout lieu d'espérer que son règne durera longtemps, selon des normes contemporaines ou historiques, même s'il ne sera pas aussi long que celui de sa mère, dont la durée a été extraordinaire.
    Toutefois, comme tous les règnes, celui-ci commence dans le chagrin. La reine n'est plus et son départ créera un vide éternel dans des millions de cœurs partout dans le monde, comme toujours lorsqu'un être aimé nous est enlevé.
    Que Dieu bénisse la reine défunte. J'espère qu'elle sait à quel point elle était aimée par tous ceux qu'elle n'a pas pu rencontrer au cours de son existence.

[Français]

    Madame la Présidente, je ne veux pas remercier mon collègue qui a pris la parole avant moi, car il m'a fait fondre en larmes avant même que je ne commence mon discours.
     J'aimerais d'abord offrir mes condoléances les plus sincères à Sa Majesté le roi Charles III et à toute la famille royale, à la princesse royale, au duc d'York, au comte de Wessex et à tous les petits-enfants et arrière-petits-enfants. C'est un drame familial et une perte familiale très profonde, et c'est d'abord à eux que je pense alors que je prends la parole aujourd'hui.
    Les propos de mon collègue de Lanark—Frontenac—Kingston reflètent en grande partie mes pensées. Il a fait écho à beaucoup de mes sentiments au sujet de Sa Majesté et de cette vie incroyablement dévouée au service des autres, une vie si longue et si réussie. Sa Majesté a été si généreuse de son temps, de ses talents et, surtout, de son humanité. Ce que je retiendrai le plus de Sa Majesté, c'est l'humanité qu'elle a toujours démontrée.
    Elle était une femme inspirante par son action. Elle ne faisait pas beaucoup de discours, et, comme nous le savions, elle ne donnait jamais d'entrevue. C'est une femme qui a beaucoup inspiré les autres par ses gestes, qui parlaient d'eux-mêmes.
     D'abord, en 1952, elle a assumé une charge très lourde à la suite de la peine très profonde occasionnée par la perte de son père. Elle a assumé ce rôle dans sa jeunesse avec beaucoup de fermeté. Sir Winston Churchill a été son premier premier ministre, et il l'a évidemment aidée à prendre conscience de son rôle et de ses responsabilités. Au fil des années, elle a su affirmer sa façon de voir le rôle qu'elle devait jouer et les fonctions qu'elle devait remplir. À cet égard, elle a donné un exemple formidable aux femmes qui commençaient, dans les années de l'après-guerre, à assumer la plénitude de leurs capacités et leur place dans la société dans l'espoir de tendre de plus en plus vers l'égalité hommes-femmes.
    Tout ce que Sa Majesté a su démontrer par ses actions, sans beaucoup de mots pour les entourer, a été pour moi une inspiration toute ma vie. Cette femme a su utiliser l'art des symboles d'une façon délicate, mais très éloquente. Je l'admire profondément.
     Je l'admire très particulièrement pour la visite qu'elle a faite en Irlande en 2011. C'était la première fois qu'un souverain britannique se rendait dans la République d'Irlande après l'indépendance. Alors que nous connaissions la difficulté des relations entre la République d'Irlande, l'Irlande du Nord et le Royaume‑Uni, la reine tenait à ce que cette visite se fasse dans un esprit de réconciliation entre les catholiques et les protestants pour que la paix puisse finalement régner et pour que toute l'île irlandaise soit réconciliée.
    J'ai entendu les discours qui ont été prononcés tant en Irlande qu'en Irlande du Nord depuis le décès de Sa Majesté, et je suis extrêmement émue de constater les retombées extraordinaires que cette visite a eues sur les relations entre le Nord, le Sud et la République. Sa Majesté a fait preuve de courage en faisant ce voyage et en prononçant quelques mots en gaélique, et cela a été la main tendue que les Irlandais attendaient depuis longtemps.
     D'une façon un peu moins solennelle, j'aimerais rappeler un événement qui a été d'une importance particulière durant son règne en tant que reine du Canada. Il s'agit de l'inauguration de la Voie maritime du Saint-Laurent, qui a eu lieu dans la circonscription que je représente, dans la ville de Saint‑Lambert, en avril 1959.
(1445)
     La Voie maritime du Saint-Laurent a été un facteur essentiel dans le développement du Canada, et la présence de Sa Majesté lors de son inauguration lui a accordé l'importance qu'elle méritait. Pour ma circonscription, c'est une visite qui reste dans la très heureuse mémoire collective.
    En tant que personne très attachée à la vie animale, j'aimerais souligner l'amour de Sa Majesté envers ses chiens, les corgis, et envers les chevaux. Cet amour, connu de tous, démontrait son côté très joyeux. Il était particulièrement amusant d'observer sa relation avec ses chiens.

[Traduction]

    Les gens ont constaté que c'est lorsqu'elle était en présence de ses chiens ou de chevaux qu'elle était la plus détendue. Selon moi, il ne faut pas oublier ces côtés plus enjoués de Sa Majesté, car ils contribuaient à faire d'elle la reine humaine que nous aimions tant. Nous nous en souviendrons longtemps.

[Français]

    Le principe de monarchie constitutionnelle m'a toujours beaucoup interpellée. Avec notre reine, cela a évidemment été renforcé.
    Depuis 44 ans, j'ai le bonheur de vivre au Canada et, pendant toutes ces années, j'ai eu le bonheur d'avoir pour souveraine la reine Elizabeth II. Je ne suis pas née Canadienne, mais j'ai eu l'occasion de le devenir et de jurer mon allégeance à la reine, une allégeance que je veux maintenant reconduire à Sa Majesté le roi Charles III, qui est devenu le roi du Canada le 8 septembre dernier. C'est un roi qui a reçu une préparation absolument exceptionnelle pour le rôle qu'il devra jouer dans les prochaines années.
     Comme l'a dit mon collègue qui a pris la parole avant moi, nous lui souhaitons un très long règne imprégné de toute cette expérience qu'il a acquise au fil des ans, particulièrement dans deux domaines dans lesquels le Canada travaille extrêmement fort, soit l'urgence climatique et la réconciliation avec les peuples autochtones. Je pense que Sa Majesté comprend très bien les politiques que le Canada veut mettre en œuvre dans ces deux domaines. Je lui affirme mon allégeance pour le règne qu'il vient de débuter.
    Je voudrais terminer mon discours avec quelques mots que j'ai déjà prononcés lorsque nous avons célébré le jubilé de platine en février dernier. Elle a été, au fil de ses 70 ans de règne, une facilitatrice d'une évolution sociétale qui nous a permis de garder une pérennité historique, que je crois très appréciable.
(1450)

[Traduction]

    Sa Majesté a honoré son engagement à consacrer sa vie au service d'autrui comme peu d'autres l'ont fait. J'ai une admiration sans limites pour elle, sa ténacité et sa capacité à répondre aux besoins de l'époque.
    Que Sa Majesté repose en paix. Longue vie au roi.
    Madame la Présidente, j'ai l'honneur de rendre hommage, au nom de mes concitoyens, à Sa Majesté la reine Elizabeth II, reine du Canada, qui est décédée après 70 ans de services rendus avec dévouement au Royaume-Uni, au Commonwealth et, assurément, au Canada.
    Son décès a bouleversé des millions de personnes de partout dans le monde. Fait très poétique, le jour de son décès, j'ai remarqué sur les médias sociaux de nombreuses photos d'un double arc-en-ciel apparu ce jour-là juste au-dessus du palais de Buckingham. La plupart des gens disaient dans leurs commentaires qu'il s'agissait peut-être d'un message divin annonçant que notre reine avait enfin retrouvé le prince Philip, son époux depuis plus de 70 ans, qu'elle appelait « sa force et son soutien ». Voilà une bien belle chose qui s'est produite en ce jour autrement si douloureux pour beaucoup de gens.
    Comme bien des gens l'ont constaté, la reine avait un côté mystérieux. Peter Mansbridge a récemment déclaré dans un balado que la monarque, la reine, incarnait en quelque sorte « un mélange magique de conte de fées et d'histoire ». Je trouve que ces mots sont très justes.
    Dans notre famille, la reine faisait partie de notre patrimoine culturel et alimentait nos conversations. Nous avions une grande admiration et nous nous sentions très reconnaissants envers Sa Majesté. Ma grand-mère maternelle nous a dit que quand elle était jeune, elle découpait des photos de la reine, car elle admirait ce qu’elle portait, ce qu’elle disait, comment elle se comportait et ce qu’elle faisait. C’était presque l’équivalent du Pinterest des temps modernes. Plusieurs d’entre nous y ont épinglé de beaux vêtements que portaient les plus jeunes membres de la famille royale. Ma grand-mère faisait déjà cela il y a 70 ans par admiration pour Sa Majesté.
    Ma grand-mère paternelle, qui admirait elle aussi beaucoup la reine, nous taquinait toujours avec affection. Si nous étions bien habillés pour aller à l’église ou pour une réunion de famille, elle s’exclamait: « Oh! la reine Elizabeth vient nous rendre visite? » C’était le plus beau compliment qu’elle pouvait nous faire pour nous dire que nous étions vraiment très beaux.
    Ma mère, comme beaucoup de femmes de sa génération, admirait beaucoup la princesse Diana. Les jeunes de mon âge ont plusieurs jeunes membres de la famille royale à admirer, comme la princesse de Galles, Catherine Windsor, qui est pour nous un modèle de bienséance, de professionnalisme et de respectabilité qu’elle a appris de ceux qui l’ont précédée pendant bien plus de 70 ans.
    J’admirais la famille royale de loin, mais je ne la considérais pas comme la pierre angulaire de ma vie professionnelle et personnelle. Quand j’ai prêté serment d’allégeance à la reine, ce que tous les députés doivent faire en accédant à leurs fonctions, j’ai prononcé ces paroles: « Je, Raquel Dancho, jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II. » C'est alors que l’énormité de la responsabilité que j’assumais m’a frappée. Je me suis mise à réfléchir à ce que cela signifiait vraiment. Quel devoir est-ce que je jure de respecter? La reine est devenue mon modèle. Elle a su incarner nos institutions anciennes, nos symboles, nos traditions parlementaires, notre culture, notre histoire ainsi que nos valeurs canadiennes et celles du Commonwealth.
    En prêtant serment, j’ai compris que je jurais de respecter ces traditions et ces valeurs. Ce n’est bien entendu pas toujours facile. La reine semblait le faire très facilement. Elle l’a fait pendant 70 ans et elle nous a laissé un exemple admirable.
    Les députés ont pour devoir de défendre ces valeurs et ces traditions.
    La reine Elizabeth II est un personnage historique sans pareil. Son influence se fera sentir pendant des générations. On ne reproduira probablement jamais ce qu’elle a réussi à accomplir.
     Elle est née en 1926 au sein de la plus importante génération qui a été définie et façonnée par les souffrances causées par la Grande Dépression et les guerres mondiales. Elle a incarné les principes moraux du monde occidental et les valeurs judéo-chrétiennes.
    À l’annonce de son décès, j’ai ressenti une profonde tristesse, mais aussi de la frustration et de l’anxiété. C’était comme si nous avions perdu le porte-étendard de ces valeurs et que notre capacité de maintenir ces valeurs au sein de la société était en train de nous échapper, en même temps que notre capacité de prospérer et de nous épanouir, qui dépend de ces valeurs.
    Nous savons que la reine a défendu la dignité, le travail acharné, le devoir et le service public. Elle ne s’est jamais plainte, quelles qu'aient été les épreuves du moment, qu’elles aient été publiques ou personnelles. Son flegme britannique ne la quittait jamais et elle savait garder son calme avec grâce. Elle était résiliente et forte. Elle n’a jamais joué à la victime et ne s’est jamais montrée narcissique. Elle était dévouée, majestueuse, honnête et digne. Elle accordait une valeur absolue au décorum, au bon goût et aux convenances. Tout au long de ses sept décennies de règne, elle a rarement, voire jamais, fait de faux pas. C’est vraiment remarquable.
(1455)
    Voilà pourquoi elle va manquer à des millions d’entre nous. Nous avons besoin d’exemples comme elle, il en va de même pour nos enfants, nos élus et nos communautés.
    En 1947, à l’occasion de son 21e anniversaire, elle a prononcé un discours à la radio qui a été diffusé dans le monde entier et elle a fait une promesse: « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service. » Elle a tenu cette promesse tout au long de sa vie. Je pense qu’il est difficile pour quiconque de s’imaginer faire une telle promesse à 21 ans et de la respecter infailliblement pendant 70 ans.
    Elle a toujours eu des mots d’une grande sagesse pour nous tous. J’adorais ses discours de Noël et ils vont vraiment me manquer.
    En 2008, elle a déclaré: « Lorsque la vie semble difficile, les courageux ne plient pas et n’acceptent pas la défaite; au contraire, ils sont d’autant plus déterminés à se battre pour un avenir meilleur. » Au début de la pandémie, elle nous a dit: « Nous devrions nous réconforter en pensant que, même si nous avons encore beaucoup à endurer, les jours meilleurs reviendront: nous serons à nouveau avec nos amis, nous serons à nouveau avec nos familles et nous nous retrouverons à nouveau. » Elle avait tout fait raison.
    Elle était toujours calme et posée, peu importe ce qui se passait dans le monde. Elle était vraiment un port dans la tempête, pour ainsi dire. Elle était un modèle extraordinaire pour son peuple, pour les députés et certainement pour les femmes. À l’âge tendre de 25 ans, elle est devenue reine sous le regard du monde entier. Beaucoup ont sous-estimé ses capacités. Beaucoup pensaient qu’une jeune femme ne serait jamais capable d’assumer l’énorme responsabilité de porter les plus de mille ans de tradition et d’évolution constitutionnelles qui composent notre système de gouvernement, mais elle l’a fait et elle est devenue l’un des plus grands leaders mondiaux que nous ayons jamais vus.
    Bien qu’elle ait été une servante de la tradition, elle était aussi une femme moderne à part entière. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle était princesse, elle s’est portée volontaire pour être conductrice de camion et mécanicienne, ce qui a fait d’elle la première femme membre de la famille royale à servir dans l’armée. Son couronnement a été un moment important pour les femmes dans l’histoire. À cette époque, les femmes voyaient rarement des femmes en position de pouvoir. Après des années de guerre, les femmes de l’époque étaient encouragées à rentrer chez elles et à être des épouses et des mères dévouées, mais on attendait de la reine qu’elle connaisse les problèmes du monde et qu’elle soit capable de converser avec les dirigeants de l’époque, principalement des hommes, et de les conseiller. On attendait d’elle qu’elle voyage malgré le fait qu’elle ait de jeunes enfants. C’était une mère qui travaillait avant que cela ne devienne la mode.
    Pendant 70 ans, c'est son visage qui était présent dans les coulisses du pouvoir, une chose rarement vue par les femmes. Dans un récent article du Globe and Mail, on peut lire ceci:
    Elle était également la femme d'exception qui a vieilli tout en détenant des pouvoirs publics. Après tout, la reine ne pouvait pas être renvoyée parce qu'elle avait des enfants ou qu'elle vieillissait. Au lieu de cela, son visage a été mis à jour dans les portraits officiels pour représenter le temps qui passait et l'expérience qu'elle avait accumulée. Elle a vieilli en donnant l'exemple d'un leadership imperturbable et résolu [...]
    J'ai trouvé quelques citations très émouvantes dont nous devons nous souvenir à l'aube de cette nouvelle session parlementaire. Dans ses messages de Noël de 1957 et 1974, elle a dit respectivement: « Il a toujours été facile de haïr et de détruire. Construire et chérir est beaucoup plus difficile »; « Nous pouvons avoir des points de vue différents, mais c'est en période de stress et de difficulté que nous devons le plus nous rappeler que nous avons beaucoup plus en commun que ce qui nous divise. »
    En cette occasion très solennelle, je voudrais conclure sur une note plus joyeuse. Nous avons été réconfortés ces derniers jours par le fait qu'elle a certainement été réunie avec le prince Philip, qui a été son époux pendant plus de 70 ans. Il était sa force et son soutien et je pense qu'elle était la nôtre.
    Elle nous manquera. Elle va certainement me manquer.
    Que Dieu protège la reine.
(1500)
    Madame la Présidente, tout comme mes collègues députés, c'est avec le cœur extrêmement lourd que je prends la parole aujourd'hui pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Lorsque la nouvelle du décès de Sa Majesté a été annoncée, j'étais en plein milieu d'un trajet de cinq heures pour rencontrer des collègues de l'Atlantique, et j'ai passé le reste du trajet à réfléchir au rôle que la reine Elizabeth II a joué pour notre pays, pour le Commonwealth et, en fait, pour le monde entier.
    Ce que nous avons entendu aujourd'hui est tout à fait vrai. Elle était une source de constance. Elle était un symbole de paix pour beaucoup d'entre nous. En période d'incertitude et même de crainte, elle dégageait un calme qui nous rappelait l'importance de l'humilité, du service, de la dignité et de la solidarité.
    Ayant régné plus longtemps que tout autre monarque dans l'histoire du Canada, Sa Majesté a créé un rapprochement entre les Canadiens et plus de deux milliards de personnes dans le monde, symbolisant ainsi la collaboration et célébrant la diversité.
    Au cours de ses visites au Canada, Sa Majesté a visité ma région, l'île du Cap‑Breton, à trois reprises: en 1951, en 1959 et en 1994. Pendant ces visites royales au Cap‑Breton, la reine a fait une impression durable sur tous les citoyens. J'aimerais faire part de certains souvenirs que les habitants du Cap‑Breton ont évoqués au sujet de Sa Majesté, et qui ont été publiés par David Jala dans le Cape Breton Post après son décès.
    L'ex-lieutenante-gouverneure de la Nouvelle‑Écosse Mayann Francis, qui est originaire du Cap-Breton, parle de Sa Majesté comme étant « une personne très ouverte, qui accepte la diversité, les différences de couleur et les différences de genre ».
    Manning MacDonald, ex-maire de la municipalité régionale de Cap‑Breton, a été l'hôte de la reine et du prince Philip lors de leur dernière visite au Cap‑Breton en 1994. M. MacDonald a dit de la reine qu'elle brillait dans la conversation. Il a affirmé ceci: « Lorsqu'on discutait avec la reine, c'était comme si on était seul tous les deux. Il était très facile de discuter avec elle. Elle m'a fait sentir très à l'aise. ».
    Ce sont des souvenirs du genre qui resteront gravés dans notre mémoire dans les années à venir et qui garderont vivants le règne et la présence de Sa Majesté au Canada alors que le pays passe au prochain chapitre de son histoire.
    Même après le décès de la reine, j'ai la conviction que les Canadiens continueront de se souvenir de la chaleur, de la compassion, du sentiment fort de tradition et du service de Sa Majesté pour le Canada.
    Au nom des gens de ma circonscription, Cape Breton—Canso, j'offre mes sincères condoléances à la famille royale en cette période difficile.
    Madame la Présidente, c’est un honneur pour moi de prendre la parole en cette triste et solennelle occasion. Il est intéressant de nous retrouver ici après le congé d’été, de manière non partisane, pour rendre hommage à une personne qui le mérite grandement. Dans notre monde, cela est devenu de plus en plus rare et difficile.
    Pour bon nombre d’entre nous, il est difficile d’imaginer un règne d’une durée aussi longue, soit 70 ans. En tant qu’agriculteur d’une petite ville de l’Alberta, c’est un honneur pour moi de prendre la parole, au nom des citoyens que je représente, pour rendre hommage à une personne qui nous était si proche, avec laquelle nous n’avons pourtant jamais eu de relations personnelles, mais que nous avions l’impression de connaître personnellement.
    Tout au long de la dernière semaine, j’ai pris le temps d’écouter certains discours prononcés au Parlement britannique de Londres, au palais de Westminster, et d’entendre les réflexions de la première ministre et de ses prédécesseurs, ainsi que de personnes de partout au Royaume‑Uni qui racontaient leurs souvenirs. Aujourd’hui, à la grandeur du Commonwealth, des gens prennent le temps d’honorer l’héritage, le service et la personne qui incarnait si bien ce que nous sommes en tant que peuple.
    Je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à cette personne, Sa Majesté la reine. Parmi tous ces discours prononcés au palais de Westminster, il y a un message qui a vraiment eu un écho en moi, en tant que Canadien et membre du Commonwealth. Quelqu’un a dit que pour le monde, elle était la reine Elizabeth, mais que pour nous, elle était simplement la reine. C’est de ce lien personnel qu'il est question depuis une semaine durant laquelle les citoyens ont été si nombreux à vouloir raconter leurs impressions de Sa Majesté ou leur interaction avec elle dans les premières années de son règne.
    Une bénévole de campagne a raconté que lorsqu’elle était petite, après avoir survécu à la fièvre scarlatine, elle a eu l’occasion de s’asseoir aux côtés de Sa Majesté et de recevoir ses encouragements dans la petite ville de Lethbridge, lors d’une de ses premières visites officielles.
    J’ai entendu d’autres personnes parler de ses messages de Noël. Comme beaucoup de citoyens du monde entier, je vais regretter de ne plus pouvoir écouter ces messages encourageants, qu’ils aient été prononcés en temps de crise ou de réjouissance. Beaucoup de personnes ont reçu un message pour leur 100e anniversaire de naissance. Mon arrière-grand-père a reçu les vœux de Sa Majesté. Pour ce Britannique qui a émigré au Canada pour cultiver la terre, ce fut un moment inoubliable.
    Ces liens personnels avec la reine se comptent sans doute par millions. C’est énorme dans un monde où les liens personnels se font de plus en plus rares.
    Cela m’amène à ma prochaine observation, à savoir que Sa Majesté était incroyablement présente, non seulement en tant que monarque, en tant que reine au milieu d’un monde en évolution, mais aussi auprès de chaque personne qu’elle rencontrait. C’est une qualité pour laquelle j’aimerais lui rendre hommage aujourd’hui. Lorsqu’elle parlait avec quelqu’un, que ce soit à l’hôpital, avec un ancien combattant, ou pour faire une blague sur son âge, comme cela a souvent été le cas, d'autant plus que bon nombre des dirigeants avec lesquels elle interagissait étaient beaucoup plus jeunes qu’elle, elle accordait toute son attention à son interlocuteur pendant la durée de l'échange.
    Elle était présente dans toutes nos vies de bien des façons, comme lorsqu’elle regardait une caméra de télévision. Elle a été l’une des premières à adopter une technologie canadienne appelée Blackberry, même si ce n’est plus nécessairement une technologie moderne. Elle a utilisé un Blackberry pour interagir avec les membres de sa famille et rester en contact avec le monde. Elle était en fait incroyablement présente.
(1505)
    J’ai une autre observation qui, à mon avis, est profonde et digne de l’hommage que nous lui rendons aujourd’hui.
    Ma femme et moi parlons souvent des personnes, du passé ou du présent, avec qui nous aimerions prendre un café. Quand Danielle et moi en parlons, nous évoquons des personnages d’un passé lointain, des personnes qui sont encore en vie aujourd’hui et d’autres qui sont décédées plus récemment, mais Danielle et moi semblons toujours vouloir passer du temps avec notre reine et entendre ses histoires.
    Dans la pratique, elle est devenue reine lorsque Winston Churchill était encore premier ministre, dans un pays ravagé par la guerre, qui était en train de se reconstruire et qui avait d’importants défis économiques à relever. Quelques jours à peine avant son décès, incarnant la définition même du service public, elle a assermenté son 15e premier ministre britannique. Il est difficile d'imaginer la vision des choses que l'on peut avoir avec une telle expérience. J'ai entendu les anecdotes de différents premiers ministres britanniques au fil du temps, y compris de certains qui sont entrés en fonction sans trop savoir ce qu’ils pensaient de la monarchie. Il en ressort qu'ils ont vite compris sa valeur en tant qu’institution. La valeur de la reine et celle de sa vision des choses étaient si profondes qu’elles méritaient d’être écoutées, et pour cela, nous honorons aujourd’hui notre regrettée reine.
    Notre régime est très différent de celui de nos voisins du Sud. Selon ce qui nous est présenté à Hollywood et à la télévision, je dirais qu’il n’est pas toujours aussi bien compris qu’il le devrait. Cependant, avant d’être élu, j’ai reçu une question d’un étudiant qui avait regardé un film qui était populaire à l’époque et qui portait sur certains des documents fondateurs des États-Unis. Quelqu’un a demandé pourquoi les Américains gardaient ces documents dans un bunker à l’épreuve des bombes nucléaires. L’étudiant m’a posé cette question, qui était en quelque sorte une observation: « Pourquoi est-ce nécessaire? Si cela est nécessaire pour eux aux États-Unis, pourquoi ne l’est-ce pas aussi pour nous? »
    Ma réponse, et je fais part de cette observation à la Chambre aujourd’hui, est la suivante: bien que les États‑Unis soient une république dotée de documents constitutionnels solides et, bien sûr, de l’histoire qui y est associée, nous n’avons pas nécessairement la même chose au Canada. Même si notre Constitution comporte des dispositions écrites, une bonne partie de celles-ci ne sont pas écrites, et j’espère que nous le comprenons bien dans cette enceinte. Une grande partie de cette tradition ne se trouve pas nécessairement dans un document comme celui de nos voisins du Sud, mais elle est plutôt incarnée dans nos institutions.
    Sa Majesté joue un rôle important à cet égard, qu’il s’agisse de sa vie au service du peuple, de la période où elle était princesse, de son titre d’ancienne combattante ou, bien sûr, du monarque que nous avons tous connu, et du fait d’être une mère, une grand-mère, une arrière-grand-mère et une tante et d’avoir eu une influence sur tant de gens. Une grande partie de notre pays, pendant près de la moitié de son existence en fait, a été nourrie et s’est développée sous son règne. Ce sont des exploits remarquables pour une femme qui, à mon avis, a occupé l’un des emplois les plus difficiles au monde. Sur le plan pratique, alors que de nombreux monarques et monarchies dans le monde se dissolvaient, devenaient déconnectés ou étaient carrément abolis, son influence est toujours demeurée la même.
    Alors que sonne la fin de la deuxième ère élisabéthaine, comme bon nombre de députés de la plupart des partis représentés ici l’ont fait remarquer au moyen d’hommages touchants, nous devons nous arrêter et réfléchir à ce que la monarchie signifie pour chacun d’entre nous. Je parle ici des interactions personnelles et de l’incidence qu’elles ont sur nos institutions, à partir de la masse, qui représente le pouvoir de la Couronne transféré au peuple et pointant vers le gouvernement, jusqu'aux armoiries, en passant par tout ce que nous touchons en tant que membres du Commonwealth et par le fait de vivre dans un système démocratique de type Westminster.
(1510)
    J’aimerais conclure sur une note plus personnelle. Puisque la reine avait une foi puissante et inébranlable, et elle a certainement été une source d’inspiration dans mon propre cheminement vers la foi, j’aimerais citer quelques extraits de la Bible particulièrement pertinents aujourd’hui.
    Au chapitre 78, verset 72, du livre des Psaumes, on peut lire ceci: « Et David les dirigea avec un cœur intègre, Et les conduisit avec des mains intelligentes. » Je ne peux penser à une meilleure comparaison pour montrer à la Chambre aujourd’hui avec quel doigté la reine a dirigé son peuple au cours des sept dernières décennies.
    Selon le livre des Proverbes, au chapitre 11, verset 14: « Quand la prudence fait défaut, le peuple tombe; Et le salut est dans le grand nombre des conseillers. » Le conseil que notre reine a fourni en période de bouleversements et de paix témoigne de l’influence et de la marque qu’elle a laissées sur notre pays.
    Au nom de Danielle, de mes fils et de moi-même, ainsi que des gens de Battle River—Crowfoot, je rends hommage à notre reine à la Chambre des communes, ici, aujourd’hui. Je souhaite à notre roi Charles tout le succès possible. Sur ce, et compte tenu de ce que je sais être les souhaits de la reine, je dis: que Dieu protège le roi.
(1515)
    Madame la Présidente, c’est vraiment un honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui pour rendre hommage à la reine Elizabeth II. Avant de présenter mes brèves observations, je tiens à souligner la tragédie survenue en Saskatchewan et la perte de deux policiers dans la région du Grand Toronto ces derniers jours. C’est une perte énorme pour l’ensemble des collectivités de ces deux régions du pays.
    Je prends la parole aujourd’hui au nom des résidants de Humber River—Black Creek et de Toronto pour souligner l’énorme perte que nous avons subie depuis le décès de la reine, notre reine. J’ai grandi à Moncton, au Nouveau‑Brunswick, et ma grand-mère et mes tantes aimaient beaucoup la reine. Elles mentionnaient souvent les vêtements qu’elle portait telle ou telle journée, mais elles parlaient surtout de ses chapeaux. Il était difficile de rater les chapeaux qu’elle portait littéralement, mais bien moins visibles étaient les nombreux chapeaux qu’elle a portés métaphoriquement pendant son règne de 70 ans, ces nombreux rôles qu’elle a assumés chaque jour pour que le monde dans lequel nous vivons progresse d’une façon pacifique.
    Elle semblait toujours inébranlable. Elle n’a jamais paru bouleversée, elle n’a jamais exprimé l’intensité des tragédies qu'elle a vécues dans sa propre vie. Elle avait toujours l'air en parfait contrôle. Elle avait toujours l’air de la personne sur laquelle nous pouvions compter pour diriger le Commonwealth et faire progresser nos nombreuses régions dans des circonstances extrêmement diverses. La reine avait toujours des solutions à proposer pour nous faire aller de l’avant.
    Il y a 70 ans, on lui a demandé de monter sur le trône, et pendant toutes ces années, elle a su faire preuve d'un leadership sans faille. Bien avant qu'il soit de bon ton de reconnaître les accomplissements des femmes, elle a assumé ces fonctions en tant que femme d’une façon extraordinaire dont nous sommes tous très fiers. La reine Elizabeth sera à jamais considérée comme une excellente leader et une vraie féministe. Nous nous tournons vers l'avenir, mais nous n'oublierons jamais qu’elle a été la première femme à vraiment se démarquer de façon forte et puissante pour faire progresser nos pays et notre Commonwealth.
    Au nom de tous les résidants de Humber River—Black Creek, je tiens à la remercier une fois de plus pour son engagement de toute une vie envers le Canada.
    Tous les députés s'engagent à servir la population. Nous acceptons ce défi. Pour nous, cela dure deux, trois ou quatre ans. Pour elle, cela a duré 70 ans. Son engagement était inébranlable. Elle a fait cette promesse et elle l'a inlassablement tenue.
    Chacun de nous comptait sur elle pour être notre reine. Elle a visité le Canada à maintes reprises, au grand bonheur des Canadiens. C'était un événement tout aussi marquant il y a 50 ans qu'aujourd'hui. Son engagement et son dévouement envers tous les membres du Commonwealth, mais également à l'égard de la paix dans le monde, de même que les nombreux projets qu'elle a mis sur pied pour contribuer à un monde meilleur étaient importants.
    C'est le cœur bien gros que nous réalisons que les légendes doivent mourir elles aussi. Toutefois, je crois que l'héritage et le leadership de la reine resteront à jamais bien vivants parmi nous. Une ère complète a pris fin, près d'un siècle de vie. Sa sagesse, sa force et son dévouement ont guidé le Commonwealth et toute sa population durant les 70 ans de règne de Sa Majesté. La force dont elle a fait preuve publiquement, composant avec les nombreuses tragédies qu'elle a connues au cours de sa vie, a servi d'exemple pour chacun de nous.
(1520)
    Comme mes collègues l'ont déjà dit, la reine a affirmé dans un message de Noël que « [c]haque jour représente un nouveau départ ». Alors que je prononce ces mots, je peux l'entendre les dire. Elle les disait souvent, et je pense que c'est un message pour nous tous:
    Chaque jour représente un nouveau départ. Je sais que la seule façon de vivre ma vie consiste à essayer de faire ce qui est juste, à voir à long terme, à donner le meilleur de moi-même dans tout ce que la journée apporte et à avoir confiance en Dieu.
    C'est le genre de sentiment qu'il nous conviendrait à tous d'exprimer au début de chaque journée, surtout à la Chambre des communes. Cela pourrait tous nous aider à effectuer le travail important que nous voulons accomplir et à faire ce qui s'impose chaque jour. Il ne s'agit pas toujours d'avoir raison sur le plan politique, mais de faire ce qui est juste pour les Canadiens et pour nous-mêmes. Nous devons nous regarder dans le miroir, et je pense que lorsque la reine, notre reine, se regardait dans le miroir, elle était satisfaite parce qu'elle nous a tout donné.
    Je souhaite bonne chance à notre nouveau roi, le roi Charles III. Puissent le succès et la paix l'accompagner dans ses nouvelles fonctions extrêmement difficiles. Nous serons là pour lui comme nous l'avons été pour notre reine.
    Que Dieu bénisse le roi Charles III et que notre reine repose en paix.
    Avant de passer au prochain intervenant, je souhaite prendre quelques instants pour souhaiter la bienvenue à de nouveaux visages à la Chambre des communes. Les députés l'auront peut-être remarqué, mais un certain nombre de nouveaux pages se sont joints à nous, tous issus de la nouvelle équipe de 2022. J'invite les députés qui voient des pages qu'ils n'ont jamais vus auparavant à se présenter pour leur dire bonjour, car nous sommes vraiment heureux de les avoir à la Chambre des communes pour nous aider.
    Nous reprenons le débat. La députée de Calgary Nose Hill a la parole.
    Monsieur le Président, en mettant des mots sur le bilan de la seconde ère élisabéthaine, la plupart des dirigeants du monde ont souligné que Sa Majesté la reine Elizabeth II avait été une présence constante durant les périodes de changement. Pourtant, lorsqu'elle a parlé du but de la vie, la reine avait cité un proverbe australien qui évoque le rôle fondamental du changement dans la condition humaine: « Nous sommes tous des visiteurs de ce temps, de cet endroit. Nous ne faisons que passer. Notre but ici est d'observer, d'apprendre, de grandir, d'aimer... puis de rentrer chez nous. »
    C'est là le paradoxe du règne de la reine Elizabeth. Comment se fait-il qu'elle ait connu tant de changements au cours de sa longue vie au service des autres, mais qu'elle ait pu laisser sa marque en définissant la constance comme quelque chose de toute beauté à quoi il faut aspirer? L'histoire n'est guère tendre avec les femmes ou manque rarement d'attribuer leurs succès à des hommes, alors comment se fait-il qu'une d'entre elles ait si manifestement réussi dans cette entreprise? La réponse se trouve dans des contre-exemples.
    L'histoire de l'humanité est parsemée d'exemples qui prouvent que la constance peut être vouée à l'échec. D'innombrables dirigeants ont imposé des croyances rigides au détriment de leur peuple, souvent pour pouvoir conserver leurs pouvoirs ou leurs richesses dans leur propre intérêt. La constance avec laquelle ces gens défendaient avant tout leurs propres intérêts égoïstes a invariablement mené à des situations d'oppression et de conflit, et l'histoire montre que le remède contre un tel comportement, ce sont des vertus comme la tempérance et la retenue. Elizabeth II était la tempérance incarnée.
    Tout au long de sa vie consacrée au service des autres, la reine a su joindre la constance à la tempérance. Pendant plus de 70 ans, elle a mis ses propres intérêts de côté pour que les institutions qu'elle devait diriger en vertu de sa foi, soit la Couronne, l'Église et la famille royale, demeurent résilientes pendant les périodes tumultueuses de son règne d'une durée sans précédent et en sortent plus fortes.
    Elle incarnait la Couronne, et cette institution s'est maintenue en cette ère moderne. C'est un exploit remarquable, mais c'est aussi d'une importance capitale, puisque la Couronne est le fondement de notre système de gouvernement, et notre démocratie fonctionne parce que l'institution qui relève de notre souverain doit être préservée des aléas de la politique. Il s'agit de pérenniser les institutions démocratiques et la Couronne. Aujourd'hui, je dirais que la Couronne, en tant que fondement institutionnel de notre démocratie, est saine et forte, et ce, grâce à la reine.
    Les représentations de la vertu de tempérance montrent souvent une figure mélangeant des éléments, habituellement de l'eau chaude et froide, dans un récipient. Pour tempérer une substance, il faut la mélanger avec quelque chose d'autre pour accroître son utilité. Pour que la Couronne conserve sa pertinence dans un monde qui a évolué de plus en plus rapidement au cours du dernier siècle, la reine a créé un creuset pouvant tempérer certains des conflits mondiaux les plus explosifs. Par ailleurs, en garantissant que la Couronne demeure neutre d'un point de vue politique, mais essentielle à la démocratie, la reine a pu exercer une puissance douce qui a grandement contribué à désamorcer des conflits et à démanteler des systèmes d'oppression.
    Cela a dû exiger énormément de retenue. Lorsqu'on occupe un poste de pouvoir, il est bien plus facile de défendre une position injuste que de recommander des compromis afin de garantir le progrès. De même, il est plus facile de répandre les graines du changement sans d'abord labourer le sol que de s'atteler en premier lieu à la dure tâche de préparer progressivement la société pour que ces changements prennent racine. Dans les deux cas, la reine a opté pour la deuxième solution, et elle a agi avec conviction lors de la plupart des crises auxquelles elle a été confrontée. En agissant ainsi, elle a tempéré la Couronne pour en faire une institution qui est perçue comme aidant les générations futures, au lieu de réduire leurs perspectives.
    Même si je suis loin de connaître le fardeau des responsabilités que la reine a porté sur ses épaules pendant 70 ans, mes années à titre de députée m’ont menée à développer la discipline personnelle requise pour me retenir d’avoir un comportement égoïste dans un rôle de leader. Je me suis maintes fois retrouvée dans une situation où la meilleure manière de procéder pour bien représenter ma circonscription était de ne pas adopter une approche politique polarisante par respect pour la fonction que j'occupe. Il arrive aussi que la bonne chose à faire ne soit pas la plus facile ni la plus populaire. À cet égard, j’ai eu mon lot de réussites et d’échecs. Au fil de mes réussites, surtout, j’ai senti le poids de la solitude qui découle de la retenue dans mon rôle de leader, particulièrement quand j’étais jeune et en plein apprentissage de mes nouvelles fonctions d’élue. Je me demande si la reine a déjà ressenti cette solitude.
(1525)
    Je me souviens que la reine était également à la tête de son église et qu'elle considérait sa foi comme étant le pilier de sa vie. Dans son vœu de service, elle a demandé à son Dieu de l'aider à accomplir son vœu en tant que monarque. Dans sa tempérance, elle a vécu sa foi avec constance et, ce faisant, elle a fait honneur à l'humanité en l'incitant à agir dans un but plus noble que son propre intérêt. Elle a également montré que lorsque nous nous concentrons sur un objectif qui surpasse nos propres besoins, nous ne sommes jamais vraiment seuls, et je ne peux imaginer une meilleure façon de défendre la foi.
    Ces dernières années, je me suis découvert une affinité avec la reine sur un autre plan, et cette affinité est peut-être la plus importante pour nous tous. Interrogée sur la vie de famille, la reine a déclaré: « Je peux répondre avec simplicité et conviction: je suis pour ».
    Le rôle joué par la reine Élisabeth dans l'institution de sa propre famille était aussi clairement marqué par la tempérance, et devait l'être, car toute femme ayant élevé des enfants nous dira que la maternité est déjà synonyme d'abnégation. Les femmes attribuent leurs victoires en matière d'éducation aux moments où elles ont fait abstraction d'elles-mêmes pour le bien de leurs enfants.
    Or, en tant que mère, je peux également dire que, les fois où j'ai failli dans mon rôle de mère, c'était ma tempérance qui avait failli. Il est arrivé que j'aie succombé à la tentation de la colère, que mes gestes aient fait honte à mes enfants ou que mon désir d'éviter les conflits m'ait empêché de faire de la discipline. Par contre, je suis une mère, mais tous les yeux de la planète ne sont pas posés sur moi et ma compétence de mère n'est pas mesurée en fonction de la possibilité que mes enfants deviennent les dirigeants de l'une des institutions les plus puissantes de l'histoire humaine. La reine a porté cette responsabilité sans jamais tenter d'influer sur l'opinion publique au sujet de son rôle ou de sa famille. Cela a dû être terriblement difficile pour toutes les personnes concernées, mais tout s'est toujours fait dans la grâce.
    Être à la fois une femme mariée et la dirigeante d'une institution est également difficile. Si la façon dont la société voit les rôles des genres a changé au cours du dernier siècle, bon nombre des mœurs de la société quant à la façon dont les femmes doivent agir au sein du mariage ont dû peser lourd sur les épaules de la reine. Même si je ne suis députée que depuis peu, j'ai moi aussi eu à composer avec les déséquilibres à ce sujet. Il arrive cependant que le sort nous tende la main et nous envoie un partenaire qui soutient notre tempérance lorsqu'elle flanche. Je suis certaine que c'est ainsi que la reine voyait le prince Philip.
    Pour mesurer la maturité dont la reine a fait preuve en s'occupant de sa famille, nous devons tenir compte du fait qu'elle préparait en même temps ses héritiers pour le bien de la Couronne. Au cours des bouleversements du dernier siècle, de nombreuses familles ont été brisées. La famille royale n'a pas été épargnée par la tourmente pendant le règne de la reine, mais elle a survécu grâce à sa tempérance. Nous devons y voir une preuve d'humanité et non pas un échec.
    En tant que citoyenne du Commonwealth, je suis très heureuse de constater que succèdent à la reine trois générations d'héritiers qui l'ont clairement aimée en tant que matriarche de la famille et qui, par leurs propres gestes, ont démontré qu'eux aussi adhèrent au principe de la tempérance comme vertu de la Couronne, de la foi et de la famille. Je pense que c'est en fonction de cela que la reine devait mesurer la réussite de sa vie au service des autres.
    Alors que le monde commémore la fin de la deuxième ère élisabéthaine, nombreux sont ceux qui, comme moi, ressentent une profonde tristesse. Je crois que le monde est en deuil, car la constance tempérée qui incombait auparavant à la reine incombe désormais de toute évidence à d'autres. Dans ce contexte, nous prions pour la santé et la sagesse de notre nouveau souverain, Sa Majesté le roi Charles III, de sa reine consort et de toute la famille royale, alors qu'ils font leur deuil et endossent de nouvelles responsabilités.
    Je prie pour nous tous. En tant que membre du Conseil privé, j'ai prêté serment d'être fidèle et de porter sincère allégeance à la reine et à ses héritiers et successeurs. Certains jours, en ce lieu, j'ai eu l'impression que mes gestes ont rendu honneur à sa tempérance, et d'autres jours, je sais que cela n'a pas été le cas. Dans ces moments, je sais que pendant ces temps incertains, j'ai le devoir et la responsabilité de tempérer mes gestes avec l'altruisme, comme nous devons tous le faire. La santé de notre démocratie et de notre société en dépend.
    Que la reine repose dans la paix que lui procure notre engagement collectif de prendre ce flambeau. Aujourd'hui, au nom des résidants de Calgary Nose Hill, je me réengage envers mon serment de le faire. Longue vie au roi.
(1530)
    Monsieur le Président, le monde a changé le jeudi 8 septembre 2022. Beaucoup ont affirmé que la plupart des gens qui vivent aujourd'hui n'ont connu qu'une seule reine du Royaume‑Uni, du Commonwealth, du Canada, et c'est certainement mon cas. Nous avons sur notre table basse, à la maison, un magazine de collection daté de juin 1953, commémorant le couronnement de la princesse Elizabeth, alors âgée de 25 ans, qui était reine depuis quelques mois déjà en raison du décès soudain et inattendu de son père, le roi George VI.
    Je vais trahir mon âge: je suis né entre ces deux dates, celle de son accession au trône et celle de son couronnement.
    On a souligné le fait qu'Elizabeth a été reine du Canada pendant presque la moitié de l'existence du pays en tant qu'État moderne. La transition d'une reine à un roi est un événement historique, auquel nous devrons tous nous habituer.
    Même si le visage de la monarchie n'est plus Elizabeth II, qui est adorée et aimée du monde entier, mais Charles III, qui a de très grands souliers à chausser, rien n'a vraiment changé. En tant que député, j'ai prêté serment d'allégeance à Elizabeth II et à ses héritiers. Le Parlement n'a pas été dissous. Le gouvernement continue de fonctionner. Le parti politique dont je suis membre continue d'être la loyale opposition, fidèle à la Couronne.
    Il convient de souligner qu'un autre événement historique a eu lieu récemment. Notre collègue le député de Carleton est maintenant devenu le chef de la loyale opposition de Sa Majesté le roi, un titre qui n'avait pas été employé depuis 70 ans.
    Je n'ai jamais rencontré la reine, mais j'ai toujours eu l'impression de la connaître depuis mes jours à l'école primaire Virginia Park d'Edmonton, en Alberta. Dans chaque salle de classe de l'école, une photo plus ou moins à jour de la reine était fièrement exposée. Nous saluions le drapeau. Nous récitions le Notre‑Père. Nous entonnions le God Save the Queen presque aussi souvent que l'Ô Canada, notre hymne national.
    J'aime le fait que le Canada est un pays multiculturel. Je bénéficie moi‑même de ce multiculturalisme, puisque mes parents ont émigré des Pays‑Bas peu de temps avant ma naissance. Même s'ils avaient conservé bon nombre de leurs traditions néerlandaises, ils appréciaient beaucoup les riches traditions de la Couronne britannique et tout ce qui en découle: le régime parlementaire, une monarchie stable, la stabilité offerte par un monarque qui transcende les orientations politiques de l'époque. Ce sont des concepts avec lesquels ils avaient été élevés dans leur pays d'origine et qu'ils nous ont inculqués durant notre enfance.
    Je n'ai jamais rencontré la reine Elizabeth, mais c'est dans mon ADN de respecter la contribution d'une monarchie immuable à notre identité, à notre stabilité et à notre unité nationales.
    Les Canadiens observent leurs représentants élus être en désaccord sur presque tous les sujets et parfois, à en juger par ce qui se passe à la Chambre, on pourrait croire qu'il y a très peu d'unité et presque pas d'identité nationale. Pourtant, on peut toujours se tourner vers la Couronne pour se rappeler que nous sommes effectivement unis.
    Charles III sera-t-il à la hauteur de sa mère en ce qui concerne l'accomplissement des fonctions royales? Je suis persuadé qu'il fera un excellent travail, mais en un sens, cela importe peu. Le fonctionnement du gouvernement ne dépend pas des forces ou des faiblesses du monarque régnant.
    Cela importe cependant sur un plan: dans les pays du Commonwealth, dont le Canada, de plus en plus de gens remettent en question la pertinence d'une royauté qui remonte au Moyen-Âge, à l'Europe féodale, au début des structures de classes. Rien de tout cela n'a sa place dans notre société moderne, égalitaire et démocratique. Comment, alors, cette tradition ancienne peut-elle survivre? En s'adaptant, bien entendu. Elizabeth II l'a fait avec brio. Elle savait quand parler, quand garder le silence, quand être présente, quand être absente, quand être transparente et comment gérer le caractère mystique du trône royal.
    Elle a fait preuve de leadership engagé dès les premiers jours de sa vie publique. Dans une déclaration à l'intention des pays du Commonwealth prononcée à l'occasion de son 21e anniversaire, elle a dit: « Ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service. » Au cours des 75 années suivantes, elle a démontré qu'il ne s'agissait pas de paroles en l'air.
(1535)
    Cette volonté de servir et de diriger humblement n'a jamais été plus évidente que dans son discours annuel de Noël.
    En 2014, elle a déclaré dans son discours de Noël:
     Pour moi, la vie de Jésus-Christ, le Prince de la Paix, dont nous célébrons la naissance aujourd'hui, est une inspiration et constitue un ancrage dans ma vie.
    Quelques années plus tard, en 2016, elle a prononcé ces mots dans son discours de Noël:
     Des milliards de personnes suivent aujourd'hui les enseignements du Christ et trouvent en lui un guide pour leur vie. Je suis l'une d'entre elles [...]
    Au fil des années, Elizabeth a commencé à parler plus ouvertement de sa foi chrétienne. Peut-être qu'avec l'âge, elle s'est mise à réfléchir à sa propre mortalité. Peut-être que l'instabilité du monde qui l'entourait l'a poussée à rechercher la stabilité qu'elle a trouvée dans cette religion très ancienne. Ou peut-être qu'Elizabeth II a ainsi manifesté son leadership dans son autre rôle sur terre, celui de cheffe de l'Église d'Angleterre. Elle comprenait que même si l'Angleterre devenait de plus en plus une société multiculturelle, multiraciale et multiconfessionnelle, il était toujours très pertinent pour la cheffe de l'Église d'Angleterre d'utiliser le langage de l'Église.
    Pour conclure, je citerai l'archevêque de Canterbury, qui a déclaré l'autre jour:
    Que Sa défunte Majesté la reine Elizabeth II repose en paix et s'élève dans la gloire.
    Monsieur le Président, je suis très heureux de me joindre aux autres députés pour rendre hommage à celle qui a été notre cheffe d'État durant plus de sept décennies, la reine Elizabeth II. En effet, c'est un grand privilège d'exprimer mes sentiments qui, je peux en assurer les députés, sont partagés par les nombreux résidants de Willowdale attristés par le décès de notre monarque.
    Ces derniers jours, nous avons été témoins de manifestations extraordinaires de chagrin de la part de nombreuses personnes dans le monde. Nous avons entendu d'innombrables expressions de tristesse à la suite du décès d'une personnalité exceptionnelle qui occupait une place bien spéciale dans le cœur de bien des gens.
    Nous sommes tous attristés, mais les raisons peuvent varier d'une personne à l'autre. Autrement dit, une légion de personnes aimaient la reine pour tout un éventail de qualités et de raisons. Quoi qu'il en soit, nous reconnaissons tous que nous pleurons maintenant le décès d'un monarque infatigable qui incarnait la notion du devoir et qui personnifiait le service public à son meilleur. Elle a eu un effet profond sur bien des gens. Elle a été une présence constante dans d'innombrables vies durant de nombreuses décennies tumultueuses.
    Au cours de son règne de 70 ans, elle a été un symbole d'espoir historique. Elle a traversé d'innombrables crises mondiales avec une détermination sans faille, une grande dignité et une décence sans borne. Malgré le tourbillon d'événements que le monde a connu de son vivant, elle s'est montrée imperturbable et s'est toujours engagée à être un véritable pilier et à incarner la détermination en ces temps incertains.
    En 1940, le public a eu un premier aperçu de ses qualités inébranlables avant même qu'elle ne monte sur le trône lorsqu'elle s'est sentie obligée, à l'âge de 14 ans, de prononcer un discours radiophonique depuis le château de Windsor. Ce discours s'adressait spécifiquement aux enfants pour les rassurer au sujet de la promesse d'une paix imminente pendant les jours sombres de la Seconde Guerre mondiale. Comme elle l'a fait remarquer lors de ce discours, « [l]orsque la paix sera revenue, souvenez-vous que ce sera à nous, les enfants d'aujourd'hui, de faire du monde de demain un endroit meilleur et plus heureux ».
    Personne ne devrait également s'étonner du fait que, quelques années plus tard, alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente, elle a insisté pour joindre le service territorial auxiliaire afin de suivre une formation et de devenir une chauffeuse de camion et une mécanicienne pour participer à l'effort de guerre.
    Ce même sens du devoir et du service a été constant après son accession au trône. Son sens de l'obligation et sa force n'ont jamais fléchi. On estime aujourd'hui que la reine a présidé à une moyenne de 500 nominations officielles par année durant son long règne. Elle est également reconnue comme la cheffe d'État ayant le plus voyagé dans l'histoire.
    En tant que Canadiens, nous avons été les grands bénéficiaires de son attention et de son affection. Elle a effectué pas moins de 22 visites officielles au Canada en tant que monarque. Le Canada a été le pays le plus fréquemment visité par Sa Majesté. Comme elle l'a fait remarquer à une occasion à propos de notre pays: « Je suis convaincue que nulle part ailleurs ne se trouve une terre aussi débordante d’espoir. »
    Il ne faut pas s'étonner que Sa Majesté fût parmi nous, au Canada, en 1957, lorsqu'elle est devenue le premier monarque canadien à inaugurer les travaux du Parlement et à prononcer un discours du Trône. Elle a inauguré la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959. Elle a assisté au 100e anniversaire de la réunion des Pères de la Fédération à Charlottetown en 1964. Elle était présente pour notre centenaire à Ottawa en 1967.
    Elle a participé à l'Expo 67 à Montréal et était présente à l'ouverture des Jeux olympiques d'été à Montréal en 1976. Elle était présente pour souligner le 100e anniversaire de l'entrée dans la Confédération du Manitoba, des Territoires du Nord-Ouest, de la Colombie-Britannique et de l'Île-du-Prince-Édouard entre 1970 et 1973.
(1540)
    En 1982, elle était présente à Ottawa pour participer à la cérémonie de rapatriement de notre nouvelle Constitution, qui comprenait bien sûr la Charte canadienne des droits et libertés.
    Il faut également souligner qu'elle a nommé notre premier gouverneur général canadien-français en 1959, a proclamé notre drapeau national en 1965 et a créé l'Ordre du Canada en 1967.
    Au cours de son long règne, elle a conféré d'innombrables distinctions honorifiques, envoyé des lettres et des messages de félicitations à des milliers de Canadiens, et accordé son patronage royal à d'innombrables organismes de bienfaisance canadiens, tout en développant et en maintenant un lien particulièrement fort avec nos forces armées et la GRC.
    Bien entendu, c'est sur les citoyens canadiens qu'elle a eu le plus grand effet, notamment grâce à ses mémorables allocutions de Noël.
    C'est en 2010, lors d'une visite à Halifax, qu'elle a déclaré:
    Les Canadiens ont, à force d’efforts, bâti un pays et une société largement admirés dans le monde entier. J’ai eu la chance d’avoir été témoin de nombre de progrès et de réalisations du Canada moderne.
    Je m'en voudrais également de ne pas souligner son dévouement à maintenir des liens solides avec le plus grand nombre de pays, ce qui a permis au Canada d'élargir et d'approfondir ses liens avec de nombreux pays en tant que membre du Commonwealth. En effet, notre appartenance au Commonwealth, ainsi qu'à d'autres institutions multilatérales, nous permet d'affirmer avec beaucoup de fierté depuis plusieurs décennies que nous sommes le pays le plus branché du monde. Pendant le règne de la reine, le Commonwealth est passé de 7 à 56 États membres, qui représentent ensemble près de 2,5 milliards de personnes. Cela a permis au Canada de tisser des liens étroits et des liens d'amitié avec de nombreux pays.
    Les objectifs du Commonwealth ont été établis expressément pour la première fois en 1971, moment où l'organisation s'est engagée à promouvoir la paix dans le monde, la démocratie représentative et les libertés individuelles. Même si nous pouvons tous reconnaître les vicissitudes du Commonwealth, il ne fait aucun doute que Sa Majesté a réinventé cette organisation et qu'elle s'est employée à faire en sorte qu'elle soit vouée à améliorer les conditions de l'ensemble de ses États membres.
    Le meilleur exemple que je puisse donner remonte à 1986: 48 des 49 membres du Commonwealth à l'époque se sont entendus pour adopter des sanctions contre le régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Le gouvernement de la première ministre Thatcher était alors le seul récalcitrant. Nous savons maintenant, grâce à des archives diplomatiques déclassifiées, que le Canada a joué un rôle de premier plan pour convaincre le Royaume‑Uni de changer sa position officielle, mais aussi que la reine s'est jointe à cette entreprise, en coulisses uniquement et avec beaucoup de dignité et de décorum, bien évidemment.
    Je tiens à offrir mes condoléances à la famille royale et, en particulier, à Sa Majesté le roi Charles.
    Je me joins aux millions de personnes dans le monde qui saluent la reine Elizabeth pour son sens inébranlable du devoir et du service pendant des décennies.
    Reposez en paix, Votre Majesté.
(1545)
    Monsieur le Président, dans ma brève carrière parlementaire, je ne peux imaginer plus grand honneur que celui de prendre la parole aujourd'hui pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des gens de South Shore—St. Margarets que je représente. Nombre de merveilleux hommages ont été rendus à Sa Majesté à la Chambre aujourd'hui, et je vais tenter d'ajouter d'autres perspectives à cette commémoration d'une vie exemplaire de dévouement et de service.
    La perte de sa mère entraîne un sentiment de déracinement. On a l'impression que le point d'ancrage de la famille est perdu. La famille n'est plus jamais la même. Ceux d'entre nous qui ont perdu leur mère savent que c'est vrai. Ma mère, Rosemarie Borgald Perkins, est morte il y a moins de trois mois, le 29 juin. On a le sentiment d'être à la dérive. Plusieurs de nos collègues à la Chambre ont également perdu leur mère cet été et vivent le même deuil.
    La mort de Sa Majesté la reine Elizabeth II est une perte que ses enfants — le roi Charles III, la princesse Anne, le prince Andrew et le prince Edward — ressentent plus vivement que quiconque. Ils pleurent l'amour d'une mère. William Shakespeare a su bien traduire le sentiment d'un enfant après le départ de sa mère dans Henry V, lorsqu'il a écrit:
    

Ma mère tout entière a surgi à mes yeux
Et m'a fait fondre en larmes!

    C'est ce que doit ressentir la famille royale en cette période de deuil public. C'est ce que nous ressentons tous quand nous perdons un parent. Le deuil se fait par vagues: des vagues de profonde tristesse, ainsi que des vagues de grand humour et de grande joie. En réponse aux attaques terroristes du 11 septembre, la reine Elizabeth avait dit que « le deuil est le prix que nous payons pour l'amour ». Tandis que sa famille, son pays et le Commonwealth pleurent sa perte, nous démontrons collectivement notre amour et notre gratitude pour Sa Majesté et sa famille.
    Comme nous le savons, lors de son accession au trône, elle a dit « ma vie entière, qu'elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service ». Par bonheur, sa vie a été longue, et elle s'est acquittée de ses fonctions avec grâce, solennité, enthousiasme et humour. Le monde ne s'en porte que mieux.
    La perte d'un être cher nous amène souvent à réfléchir sur notre propre vie et à raconter quelques histoires qui illustrent la personnalité de cette personne. Si la Chambre me le permet, j'aimerais en raconter quelques-unes sur Sa Majesté.
    Ma mère et mon père ont grandi à Halifax pendant la Seconde Guerre mondiale. C'était un port de guerre très actif et le roi, la reine, la famille royale et Winston Churchill ont joué un rôle capital dans leur vie à cette époque. Lorsque la jeune reine Elizabeth, âgée de seulement 33 ans, a visité la Nouvelle-Écosse pour la première fois en tant que souveraine, ma mère et mon père voulaient absolument la voir. Ils y sont allés, et lorsque le cortège est passé, ma mère et sa sœur ont couru sur la route derrière la reine comme si elles étaient des groupies des Beatles, ce qui a plongé mon père dans un terrible embarras.
    Dans cette enceinte, nous connaissons tous l'importance du rôle des éclaireurs des premiers ministres au service de notre pays. Un de mes meilleurs amis, Scott Munnoch, a occupé cette fonction pour le premier ministre Mulroney. En service, Scott portait souvent des chaussures de course blanches avec ses costumes. Il les portait même avec une tenue de soirée. Même si cela avait l'air un peu loufoque, c'était confortable pour passer de longues journées debout comme il le faisait. Scott est un homme costaud. Comme il a été joueur de ligne défensive dans l'équipe de football de l'Université Queen's, il ne passe pas inaperçu.
    Lors de la visite royale de 1992 pour célébrer le 125e anniversaire du Canada, Scott a porté des chaussures de course blanches tout le temps. Le service de sécurité de la GRC lui a mentionné qu'à plusieurs reprises, dans la voiture, la reine avait posé des questions sur l'homme qui portait des chaussures de course. Le jour de la fête du Canada, Sa Majesté est apparue au spectacle du midi sur la Colline et est revenue pour le spectacle du soir, ce qu'elle n'avait jamais fait auparavant.
    Le jour du départ à l'aéroport d'Uplands, la délégation d'adieu comprenait le premier ministre, Mme Mulroney et un certain nombre de ministres. Ils étaient alignés au pied de l'escalier menant à l'avion. Une fois qu'ils ont été rassemblés, Scott s'est placé à l'opposé, au pied de l'escalier, à l'écart, pensait-il. Sa Majesté a fait ses adieux et a commencé à gravir les escaliers de l'avion. Après une ou deux marches, elle s'est arrêtée, s'est retournée vers Scott et a dit: « J'aime beaucoup vos chaussures. » Elle est ensuite montée dans l'avion et est rentrée à Londres.
(1550)
    En 1997, alors qu'il remplissait des fonctions comparables pour le premier ministre Harris, Scott a organisé la portion ontarienne de la visite de Sa Majesté au Canada. Au dernier arrêt de la visite à North Bay, on a dit à Scott qu'il devait assister à un événement avec Sa Majesté. Il était la dernière personne à être appelée à une audience personnelle avec la reine Elizabeth et le prince Philip, et la reine a conféré à « l'homme chaussé d'espadrilles » l'Ordre royal de Victoria, faisant de lui un membre de cet ordre dynastique établi par la reine Victoria, un honneur que seul le monarque peut décerner, en reconnaissance de services personnels distingués rendus au monarque. Scott est la 2 072e personne dans le Commonwealth à recevoir cet honneur depuis sa création en 1896.
    En 2002, Sa Majesté la reine était à Regina pour dévoiler la statue d'elle sur son cheval primé Burmese, qui lui a été offert en cadeau par la GRC. La GRC avait transporté le landau officiel en Saskatchewan pour l'occasion. Comme la journée a été gâchée par des pluies torrentielles intermittentes, le commandant divisionnaire de la GRC a demandé à la reine si elle souhaitait qu'on installe le toit sur le landau pour la garder au sec. Fidèle à ses habitudes, la reine Elizabeth a répondu que si ses sujets allaient s'exposer à la pluie, elle ferait de même. On a rapporté le toit au camion et il y est demeuré le reste de la journée.
    Lors d’une autre visite au Canada, pour son jubilé d’or, Sa Majesté s’est rendue à l’Exhibition Place de Toronto, où on devait lui présenter un spécimen d’une race de chevaux réhabilitée, appelée le cheval canadien, qui avait presque disparu. Elle a immédiatement établi un lien avec l’énorme cheval, qui était un peu nerveux à cause de la foule et des flashs des appareils photo. À la surprise générale, Sa Majesté a sorti une grosse carotte de son sac à main et l’a donnée au cheval, devenu son nouveau meilleur ami. Voilà. Il y avait plus dans son sac à main qu’un sandwich.
    Un membre de mon personnel, Denis Drever, a fait office de photographe officiel lors de trois tournées royales au Canada pour Sa Majesté et le prince Philip. À la fin de l’une de ces tournées, la reine lui a remis personnellement, à lui, photographe professionnel, un portrait du couple royal signé de sa main et lui a dit: « c’est assez étrange, vraiment, que je vous donne une photographie. » Naturellement, il l’a acceptée avec reconnaissance et elle occupe maintenant une place d’honneur dans mon bureau sur la Colline.
    Selon l'histoire qu'il a racontée au premier ministre Mulroney, le président Reagan a accueilli la reine et, alors que la visite tirait à sa fin, il lui a demandé quel était son programme pour le lendemain. Elle a répondu qu’elle rentrait chez elle, qu’elle allait au Canada. Cela témoigne de son affection et de son amour pour le Canada.
    Des 15 premiers ministres qui lui ont juré allégeance, la reine Elizabeth a seulement assisté aux funérailles de deux d'entre eux, soit celles de Margaret Thatcher et de Winston Churchill. Je conclurai donc mon hommage avec les mots de Winston Churchill, prononcés lors de son dernier toast à Sa Majesté la reine Elizabeth, lorsqu'il était premier ministre. Voici ce qu'il a dit:
    Jamais les augustes devoirs qui incombent au monarque britannique n'ont-ils été accomplis avec plus de dévotion que lors du brillant début du règne de Votre Majesté. Nous remercions Dieu du cadeau qu'il nous a donné et nous nous vouons de nouveau à la cause sacrée, et au mode de vie sage et cordial dont Votre Majesté est la jeune et étincelante championne.
    Que Dieu bénisse Sa Majesté la reine Elizabeth II, et longue vie au roi Charles III!
(1555)
    Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole à la Chambre au nom des citoyens de Brampton-Sud pour commémorer le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Notre nation exprime ses sincères condoléances à la famille royale, au peuple du Royaume-Uni et à l'ensemble du Commonwealth. Le souvenir du dévouement de la reine au service du Commonwealth et de ses peuples restera à jamais gravé dans nos esprits.
    Au fil des générations, des centaines de Bramptoniens ont servi notre pays aux côtés de Sa Majesté, commandante en chef des Forces armées canadiennes, en étant membres de l'unité Lorne Scots de la Première réserve de l'Armée canadienne. Créée au XVIIIe siècle, cette unité a son quartier général dans Brampton Sud. C'est la plus ancienne unité militaire du Canada. Elle continue de défendre le Canada et a participé à presque tous les déploiements de troupes du Canada. De nombreux anciens combattants de cette unité sont maintenant membres de la filiale no 15 de la Légion royale canadienne, et je souhaite profiter de cette occasion pour les remercier de leurs bons et loyaux services à notre pays.
    Lorsque le père de la princesse Elizabeth est décédé, en février 1952, elle est devenue la reine et la cheffe du Commonwealth. Cela signifie qu'elle est aussi devenue notre commandante en chef et qu'elle s'est retrouvée à la tête de nos forces armées. Elle a été témoin de nombreux événements historiques au cours de son règne et a été notre monarque pendant près de la moitié de l'existence de notre pays. Nous avons eu l'honneur de l'accueillir 22 fois en tant que souveraine. Au cours de son règne, elle s'est rendue dans les 10 provinces et les trois territoires du Canada, et cinq ans seulement après son accession au trône, en 1957, elle a ouvert en personne une session de notre Parlement.
    L'une de ses visites a eu lieu en 1973. La reine et son mari le prince Philip se sont alors rendus à Brampton à l'occasion du 100e anniversaire de la ville. Ils ont été accueillis par le maire de l'époque, James Archdekin, et ont été les invités d'honneur de la cérémonie. Ils ont visité le parc Gage, le premier parc municipal de Brampton, qui est maintenant situé dans Brampton‑Sud. Dans le livre officiel publié pour commémorer l'événement, on peut lire:
    La reine Elizabeth, à son arrivée à Brampton le vendredi 29 juin, a reçu l'un des accueils les plus chaleureux qu'elle ait reçus au cours de sa tournée canadienne de 10 jours. Le parc Gage, site des cérémonies officielles, était bondé en raison des milliers d'habitants de Brampton et de visiteurs venus de nombreux autres endroits de l'Ontario. Des centaines d'enfants dans la foule tendaient le cou pour voir chaque mouvement de la reine.
    Comme les députés le savent, Brampton est communément appelée la « ville fleurie » du Canada, et on me demande souvent d'où vient ce nom. Tout a commencé avec un certain Edward Dale, qui avait quitté l'Angleterre pour s'installer à Brampton afin de cultiver des légumes et des fleurs. Edward Dale a pris sa retraite en 1882 et son fils Harry Dale a pris la relève. À cette époque, le domaine Dale employait un quart de la population de Brampton, avec plus de 140 serres à son actif. Chaque année, ils cultivaient de plus en plus de roses et construisaient de plus en plus de serres.
    Les gens venaient de partout dans le monde pour voir les serres de Brampton, et les fleurs du domaine Dale étaient même appréciées par la royauté. En effet, le domaine Dale de Brampton a fourni des fleurs à la reine à trois occasions sur une période de deux ans. De plus, à cette époque, à savoir dans les années 1950, c'était la plus importante production serricole du Commonwealth. Dans une lettre envoyée après leur visite à Brampton, la reine et le prince Phillip ont exprimé leurs chaleureux remerciements pour les rosiers « Centennial » qui leur avaient été présentés. Brampton continue d'être une ville dynamique remplie de beaux jardins, et nous poursuivons cette tradition.
    Ce que j'aime le plus dans l'histoire de la visite de Sa Majesté et de Son Altesse Royale à Brampton est que, après la cérémonie officielle, ils ont rencontré 25 nouveaux citoyens canadiens qui avaient obtenu leur citoyenneté plus tôt au cours de la journée. Cela montrait vraiment l'ouverture, la compassion et le respect dont faisait preuve Sa Majesté. Les articles publiés dans les journaux locaux après sa visite sont éloquents, et ils témoignent de sa grâce. La reine était heureuse d'être à Brampton, et la population locale l'a accueillie à bras ouverts.
(1600)
    Une manchette du Daily Times, un journal de Brampton de l'époque, titrait: « Les visiteurs royaux conquièrent le cœur de milliers de gens d'ici ». Une autre disait: « Elle était si gracieuse, si radieuse ».
    Son décès est une perte pour nous tous, et les résidants de Brampton gardent d'émouvants souvenirs de son règne. Plus tôt cette année, le Canada a célébré d'un océan à l'autre le jubilé de platine de Sa Majesté, soulignant le 70e anniversaire de son accession au trône, et, pas plus tard que le mois dernier, j'ai eu l'honneur d'assister, en compagnie de collègues, à la 65e Conférence parlementaire du Commonwealth, à Halifax.
    Plus de 600 délégués y étaient rassemblés pour discuter d'enjeux mondiaux et de solutions. Les principaux thèmes abordés comprenaient notamment la démocratie, le développement durable et les droits de la personne, en particulier ceux des femmes et des filles. Il s'agit là de valeurs essentielles du Commonwealth que nous demeurons déterminés à protéger et à promouvoir. Les liens et les valeurs communes font la force du Commonwealth, et Sa Majesté la reine Elizabeth II y tenait profondément.
    J'aimerais mentionner que les faits et les histoires que j'ai dont j'ai fait part aux députés aujourd'hui ont été préservés grâce au travail inlassable des historiens et des archivistes de la galerie d'art, du musée et des archives de Peel. Je leur suis reconnaissante de leurs efforts pour recueillir le matériel de valeur historique afin que ces histoires puissent être racontées pendant des décennies.
    En conclusion, j'encourage tous les députés et tous les Canadiens à l'écoute à continuer de tisser des liens avec d'autres démocraties et à continuer de promouvoir les valeurs de la paix, de la sécurité et de la prospérité. C'est ce à quoi s'était dévouée la reine et ce pour quoi nous nous souviendrons d'elle. Lorsque la reine a quitté le parc Gage en ce jour ensoleillé de juin 1976, la fanfare du Lorne Scots Regiment a joué le God Save the Queen. Aujourd'hui, nous songeons à l'héritage de la reine et disons: « Que Dieu protège le roi. »
(1605)
    Monsieur le Président, bien que je ressente une profonde tristesse, c'est pour moi un honneur de prendre part avec mes collègues à cette séance spéciale de la Chambre afin de rendre hommage à feu Sa Majesté, la reine Elizabeth II.
    Bien que la reine Elizabeth ait joué de nombreux rôles sur la scène mondiale, ses devoirs étaient, d'abord et avant tout, ceux d'une mère, d'une grand-mère et d'une arrière-grand-mère. Au nom des gens de Cowichan—Malahat—Langford, je veux d'abord offrir mes plus sincères condoléances à la famille royale, et surtout à notre nouveau souverain, Sa Majesté le roi Charles III, qui doit faire le deuil de sa mère tout en assumant les devoirs solennels et les lourdes responsabilités de la Couronne.
    Dans les discours qu'ils ont prononcés aujourd'hui, de nombreux députés ont souligné que la reine Elizabeth II était le seul monarque que la plupart des Canadiens aient jamais connu. C'est assurément mon cas. Quand je suis venu au monde en 1979, la reine — alors âgée de 53 ans — était déjà souveraine depuis 27 ans. Durant mon enfance, son image était omniprésente: sur nos pièces de monnaie et nos billets de deux dollars et de vingt dollars. Son portrait était affiché, entre autres, dans les clubs, dans les salles des légions et dans les écoles.
    Lorsqu'une souveraine règne pendant aussi longtemps, on peut comprendre que les gens aient l'impression qu'elle sera toujours là. Les gouvernements se succèdent, mais la Couronne demeure; c'est une institution qui a joué un rôle fondamental dans de nombreux pays, dont le Canada, pendant des décennies des plus tumultueuses. Elle était toujours présente. Elle offrait de la stabilité. Par conséquent, lorsque j'ai appris, jeudi dernier, que les membres de sa famille immédiate avaient été convoqués à Balmoral en raison de son état de santé critique, j'ai aussitôt cru que ce n'était rien de grave, qu'elle allait s'en remettre et reprendre ses fonctions comme elle l'avait toujours fait. Après tout, seulement deux jours auparavant, elle avait rencontré la cheffe nouvellement élue du Parti conservateur du Royaume‑Uni, Liz Truss, afin de l'inviter à devenir première ministre et à former un gouvernement.
    Plus tard ce jour-là, l'annonce de son décès a causé la surprise, et je sais que bien des gens dans cette enceinte ainsi que bon nombre de résidants de ma circonscription peinent encore à le concevoir.
    Je voudrais parler un peu de la Couronne en tant qu’institution et de l’incarnation de cette institution par la reine Elizabeth. Beaucoup de mes collègues en ont parlé comme d’une institution qui transcende nos institutions politiques et qui a donné à notre pays, en tant que monarchie constitutionnelle, une stabilité à toute épreuve. Étant donné que le trône ne sera jamais vacant, l’accession de Charles comme roi a été immédiate. C’est pourquoi, depuis des siècles, l’expression « la reine est morte; vive le roi » souligne le fait que le trône n’est jamais vacant.
    Cette transition a entraîné une cascade de changements dans nos institutions, comme, en anglais, le changement de nom de nos navires de la marine, qui deviennent maintenant His Majesty’s Canadian ship plutôt que Her Majesty’s Canadian ship, de même, bien sûr que l’opposition officielle, qui devient His Majesty’s loyal opposition. En outre, la Cour du Banc de la Reine s’appelle maintenant la Cour du Banc du Roi. Cela montre que, si nos politiques diffèrent, notre loyauté envers l’État et notre souhait qu’il se porte bien restent inchangés, quel que soit le côté de la Chambre des communes où nous siégeons.
    Bien entendu, lorsqu'il s'agit du Parlement, nous faisons référence à ses trois parties constitutives: la Chambre des communes, le Sénat et le monarque, qui est représenté par le gouverneur général. Aucun projet de loi ne peut être adopté sans que chacun de ces organes joue un rôle: les deux assemblées législatives, qui doivent chacune adopter le projet de loi sous la même forme, et le gouverneur général, qui accorde la sanction royale au nom du monarque. Les nouveaux citoyens, les députés et les sénateurs, les membres de la GRC et des Forces armées canadiennes, les députés des assemblées législatives et les juges des tribunaux provinciaux et fédéraux sont autant d'exemples de personnes qui doivent prêter serment au monarque et à ses héritiers et successeurs. Les politiques du gouvernement sont mises en œuvre au nom du monarque, qui a le devoir de défendre l'honneur de la Couronne.
    Les serments que nous avons prêtés à la reine Elizabeth II et maintenant à son héritier et successeur, le roi Charles III, ne s'adressaient pas à elle en tant que personne, mais plutôt à son incarnation de la Couronne en tant qu'institution, en tant que symbole de l'État canadien, ce navire qui poursuit sa route malgré les changements occasionnels de capitaines.
(1610)
    Elle s'est montrée à la hauteur de cette incarnation en consacrant sa vie au service de ses sujets et à l'accomplissement de ses devoirs. C'est incroyable, quand on y pense: 70 ans sur le trône. Il y a eu 15 premiers ministres britanniques, à commencer par sir Winston Churchill, et, bien sûr, 12 premiers ministres canadiens, à commencer par Louis St‑Laurent.
    Le monde de 1952 était très différent de celui d'aujourd'hui. Une grande partie de l'Europe se remettait encore de la brutalité de la Seconde Guerre mondiale, et la reine a assumé son rôle de cheffe d'État dans un empire britannique qui était très incertain de son rôle dans le monde et dont les fondations s'effritaient autour de lui.
    Le Canada de l'époque était également un pays très différent de celui d'aujourd'hui, et nous avons eu la chance de recevoir de nombreuses visites de la reine Elizabeth au cours de son règne. Mes collègues savent que je suis un fier habitant de l'île de Vancouver, et nous avons eu la grande chance de l'accueillir à sept reprises. Victoria, la ville où je suis né, porte également le nom d'une reine et sera probablement reconnue par les gens qui l'ont visitée comme l'une des villes les plus royalistes de tout le Canada.
    L'événement le plus important pour le Canada a probablement eu lieu le 17 avril 1982, lorsque la reine a signé la proclamation de la Loi constitutionnelle. Cette loi a permis à notre pays d'acquérir sa pleine indépendance. Elle nous a permis de modifier notre Constitution sans l'approbation de la Grande‑Bretagne et a inclus notre Charte des droits et libertés, qui est utilisée depuis comme garde-fou contre l'ingérence du gouvernement et contre les législatures comme la nôtre qui outrepassent leurs limites lorsqu'elles créent des lois.
    À l'avenir, nous aurons également besoin que la monarchie s'attaque aux injustices du passé, et je dis cela en toute bonne foi à l'égard de notre nouveau monarque. De nombreux peuples dans le monde ont une histoire et une relation difficiles avec la Couronne britannique. Mon propre nom de famille indique un lien très clair avec l'Écosse, et l'histoire est chargée à ce sujet.
    Plus important encore, nous devons parler de l'héritage du colonialisme. Si on regarde la carte de l'Afrique actuelle, ces lignes droites tracées avec la précision d'une règle sont le résultat d'un découpage par les puissances impériales.
    De même, il faut aborder le rôle de la Couronne britannique dans l'esclavage et la correction de cette injustice historique. Et surtout, ici au Canada, il y a le traitement des peuples autochtones. J'ai eu la chance de discuter avec un Autochtone de ma circonscription, la semaine dernière, ce qui m'a rappelé cette relation trouble avec la Couronne.
    Sa Majesté le roi Charles III a une occasion sans précédent de faire progresser la monarchie d’une manière acceptable et plus pertinente pour les générations d’aujourd’hui. Il a reconnu cette possibilité lors d’une récente visite au Canada, quand il a déclaré ce qui suit:
    Les rencontres avec des survivants des pensionnats pour Autochtones ont été particulièrement touchantes. Ils m'ont raconté courageusement ce qu'ils ont vécu. Au nom de ma femme et en mon nom, je tiens à leur dire que je suis conscient de leur souffrance et que nous sommes de tout cœur avec eux et leurs familles.
    Le roi peut aller encore plus loin. J'espère sincèrement que, durant se première visite au Canada en tant que roi, Sa Majesté Charles III rencontrera les aînés autochtones du pays pour les écouter.
    Je terminerai en disant que la couronne est lourde à porter. La reine Elizabeth II a bien rempli son rôle. Elle avait le sens du devoir et servait ses sujets avec dévouement. Je conserverai précieusement le souvenir de ce qu'elle a apporté à notre pays. Que son âme repose en paix.
(1615)
    Monsieur le Président, nous sommes réunis aujourd’hui alors que nous vivons des moments historiques empreints de tristesse et que le monde baigne dans l'incertitude.

[Français]

    Il y a de l'incertitude, car nous continuons à surveiller avec prudence l'impact actuel de la pandémie de la COVID‑19 sur nos économies rouvertes. Il y a de l'incertitude parce que l'invasion illégale et non provoquée de l'Ukraine par la Russie a bouleversé l'environnement politique déjà instable, menaçant la vie de millions de nos frères et sœurs ukrainiens et choquant notre conscience collective.

[Traduction]

    Il y a de l'incertitude en raison de la menace des changements climatiques, qui provoquent déjà des conditions météorologiques extrêmes, qui affectent nos vies, qui nuisent à la relance du pays et qui menacent nos collectivités. Bref, nous vivons dans un monde où les prémisses et les conventions que nous tenions jadis comme acquises semblent disparaître.
    Dans ces circonstances, c'est avec tristesse que j'ai l'honneur de me joindre à mes collègues de la Chambre pour rendre hommage à une femme qui a été d'une grande constance dans nos vies et dont la destinée a été étroitement liée à celle de notre pays.
    Tandis que nous rendons hommage à la mère, la grand-mère et l'arrière-grand-mère qu'a été notre souveraine, je transmets mes condoléances, ainsi que celles de ma famille et de l'ensemble des habitants d'Edmonton-Centre, à Sa Majesté le roi Charles III et à tous les membres de la famille royale à la suite du décès de Sa Majesté la reine.
    Sa Majesté la reine Elizabeth II a accédé au trône en 1952, devenant par le fait même chef d'État du Royaume‑Uni, du Canada et d'autres royaumes. Le monde était alors profondément divisé entre l'Ouest et l'Union soviétique dans un conflit qualifié de guerre froide qui semblait sur le point de s'enflammer à la moindre provocation.

[Français]

    Des régions du monde jusque là ignorées et exploitées ont commencé à revendiquer avec une confiance croissante leur droit à l'autodétermination et à l'autonomie. La télévision, une invention encore relativement nouvelle, a changé notre façon de voir et de comprendre le monde. Le Canada et ses alliés commençaient tout juste à entreprendre des réformes essentielles de notre système de santé et des services gouvernementaux afin d'accroître les possibilités pour tous.

[Traduction]

    Comme les choses peuvent changer au cours d'une vie.
    Personnellement, je me souviendrai pour toujours de l'expérience que j'ai vécue lors de la visite de Sa Majesté à Edmonton en 2005. J'ai eu l'occasion de voir la reine et de l'écouter prononcer un discours dans ma ville. Je me souviens clairement de l'amour qu'elle avait exprimé à l'endroit du Canada et des Canadiens et je me souviens qu'elle disait, chaque fois qu'elle venait au Canada, qu'elle se sentait chez elle.
    C'est cet amour et son adoration qu'elle a exprimés chaque fois qu'elle est venue au pays au cours de son règne. D'ailleurs, au cours des 70 dernières années, Sa Majesté a pris part à certains des plus importants accomplissements et défis du Canada ou en a été témoin, par exemple lorsque l'existence même du pays a été menacée au moment des deux référendums sur la souveraineté ou du rapatriement de la Constitution, qui comprend la Charte des droits et libertés, ou lorsque nous avons décidé de décriminaliser l'homosexualité, de reconnaître l'égalité en matière de mariage, de protéger dans la loi les personnes trans et de divers genres et d'interdire les thérapies de conversion. La reine a été témoin de la reconnaissance grandissante des injustices et des génocides culturels qui marquent notre relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.

[Français]

    Il y a eu la formation du Commonwealth, et la joie et l'espoir de nos 100e et 150e anniversaires.

[Traduction]

    Elle a été témoin de l'horreur ressentie partout dans le monde à la vue des événements du 11 septembre, ainsi que des problèmes persistants causés par la pandémie de COVID-19.
    Elle a vécu toutes nos expériences collectives, tantôt exaltantes, tantôt tragiques, inspirantes ou dévastatrices. Elle a été la garante de la solidité de nos institutions, pour que la démocratie et la Chambre des communes, qui guide le fonctionnement de l'État en préservant la primauté du droit et le pouvoir du peuple, survivent bon an, mal an, tant dans les moments de célébration que dans les moments difficiles.

[Français]

    À travers tout cela, nos institutions ont tenu bon et nous, en tant que peuple, avons tenu bon et avons continué à devenir plus forts, ensemble.

[Traduction]

    À l'exception de mon regretté père, Rowley, aucun membre de ma famille ni de celle de mon partenaire, David, n'a vu de son vivant une autre personne exercer les fonctions de cheffe d'État. Trois générations de ma famille ont seulement connu Sa Majesté la reine Elizabeth II comme cheffe d'État de notre pays. Comme je l'ai dit, c'est le cas de mon partenaire, David, de ma mère, Shirley, de mon frère, Mark, de ma belle‑sœur, Leanne, ainsi que de mes neveux et de ma nièce, Ethan, Skyler et Andrew.
(1620)
    Je vais raconter une anecdote à la Chambre et aux députés. Mon plus jeune neveu, Andrew, a maintenant 14 ans et demi et il commence à s'éveiller au monde, à la politique et à ce qui se passe autour de lui. Quand j'ai récupéré mon téléphone, qui était dans le boîtier de sécurité lorsque nous avons appris le décès de Sa Majesté, le premier texto que j'ai vu venait d'Andrew. Le texte dans notre groupe de discussion familial se lisait comme suit: « Oncle Randy, la reine est décédée. Qu'est-ce que cela signifie? » C'était ce que sa question laissait entendre. Ma réponse immédiate était, « Andrew, nous cherchons nous-mêmes à le savoir », mais j'ai répondu: « Nous sommes en deuil; le Canada est devenu un grand pays pendant le règne de la reine. La reine est décédée. Longue vie au roi. »
    La prochaine fois que je verrai Andrew en personne, nous parlerons de la continuité des activités du gouvernement, des processus et des traditions qui sont en place pour que notre travail se poursuive, et nous parlerons aussi probablement de sa nouvelle moto. Cependant, le fait qu'il réfléchisse au rôle de la Reine et à notre rôle en tant que monarchie constitutionnelle à l'âge de 14 ans en dit long sur le chemin qu'il a parcouru vers l'âge adulte.
    Je partage avec beaucoup de gens ici, dans tout le pays et dans le monde entier un sentiment profond qui reflète l'héritage de Sa Majesté la reine Elizabeth II.

[Français]

    Pendant tout ce temps, elle était toujours là. À l'occasion, c'était devenu facile de penser qu'elle le serait toujours.

[Traduction]

    Elle a vécu sa vie en faisant preuve d'un profond dévouement envers le devoir et d'un profond engagement envers le service, une responsabilité qui lui a été confiée à un très jeune âge et qu'elle a acceptée avec dignité et grâce.
    Nous avons peut-être tous vu la vidéo, rediffusée ces derniers jours, de la jeune Elizabeth, âgée de 21 ans à peine, qui a regardé le monde dans les yeux et a fait le serment solennel que toute sa vie, qu'elle soit longue ou courte, serait consacrée au service, que les nations seraient son seul but et que ces nations deviendraient le Commonwealth. C'est une promesse qu'elle a tenue, un serment qu'elle a accompli.
    Aujourd'hui, nous lui disons merci.

[Français]

    Je remercie cette grande dame pour tout.

[Traduction]

    Monsieur le Président, c'est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre au nom des résidants de Kamloops—Thompson—Cariboo, même si, dans ce cas-ci, je le fais dans des circonstances malheureuses afin de rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, décédée à l'âge de 96 ans. Malgré cela, c'est pour moi un honneur de prendre la parole au nom des résidants de Kamloops—Thompson—Cariboo afin de souligner le décès de la reine.
    Je profite de l'occasion pour commémorer la vie de la reine Elizabeth II et pour offrir mes sincères condoléances à la famille royale et à ses proches. Bon nombre de Canadiens n'ont connu que cette souveraine. C'est certainement mon cas, puisque j'ai 43 ans, et c'est aussi le cas de presque tous les membres de ma famille, sauf ma grand-mère, qui a 98 ans.
    Nous devons nous rappeler que la reine est montée sur le trône à tout juste 25 ans. En y réfléchissant, je me suis demandé qui j’étais à 25 ans. Je venais d’entamer ma première année de droit. Je venais de rencontrer ma femme, et je ne sais pas si j’étais même prêt à être un avocat, un parlementaire ou même un mari à ce moment-là. Je n’étais certainement pas prêt à être père, et je n’étais pas prêt pour tout ce que le monde me réservait. Pourtant, à seulement 25 ans, la reine a fait preuve de la dignité et de la grâce qui allaient marquer son règne, un règne que nous n’oublierons pas de sitôt.
    Nous avons entendu parler plus tôt aujourd’hui de la relation spéciale entre la reine et le Canada. La reine Elizabeth II a visité le Canada 20 fois en 70 ans. Fait remarquable, elle a visité Kamloops—Thompson—Cariboo quatre fois dans sa vie. D’abord, en 1939, elle est venue en tant que princesse Elizabeth, puis elle est revenue en 1951, peu après son adolescence, alors qu’elle était encore princesse. En 1959 et 1971, elle est venue en tant que reine. Beaucoup se souviennent encore de ces visites dans Kamloops—Thompson—Cariboo. Son plus long séjour a eu lieu en 1959, une visite au cours de laquelle elle et le prince Philip ont été accueillis par quelque 30 000 personnes dans ma circonscription. Quand j’y repense, je crois que Kamloops—Thompson—Cariboo était encore divisée, à l’époque, entre Kamloops‑Nord et Kamloops.
    Ma mère, Alba Spina, avait 9 ans à l'époque et, si je me souviens bien, l'itinéraire de la reine lui a fait emprunter le chemin Tranquille, situé à environ un pâté de maisons de l'endroit où ma mère a grandi, sur l'avenue Poplar, dans Kamloops‑Nord. Ma mère m'a raconté qu'elle est allée voir la reine lors de cette visite. Elle m'a parlé de la foule qui s'y trouvait et m'a dit à quel point il avait été marquant que la reine passe devant ce qui, plus tard, allait devenir mon école élémentaire, Our Lady of Perpetual Help.
    Elle s'en souviendra toujours. Quelque 30 000 personnes à Kamloops—Thompson—Cariboo s'en souviendront probablement toujours. Le fait que la reine Elizabeth ait pris le temps de saluer les gens sur le chemin Tranquille dans Kamloops‑Nord à l'époque en dit long sur sa relation avec l'ensemble des Canadiens.
    Comme la plupart le savent, dans ma carrière précédente, j'ai été procureur de la Couronne. À ce titre, j'ai toujours mis l'accent sur la Couronne et j'ai toujours entretenu une relation spéciale avec la monarchie. Je me souviens avoir été appelé, lors d'un procès qui portait sur une affaire d'agression sexuelle, à prendre une décision assez importante conformément à mes obligations en matière d'éthique. À la suite de cette décision, l'avocat de la défense a tenu à me dire que j'avais vraiment fait honneur à la Couronne ce jour-là.
(1625)
    En préparant mon discours, j'ai réfléchi à ce que cela signifiait. Qu'est-ce que l'honneur de la Couronne? L'honneur de la Couronne, à mon avis, c'est faire ce qui est juste. Faire les choses avec dignité et intégrité, autant de qualités que Sa Majesté la reine Elizabeth II a personnifiées. Il est difficile d'imaginer un avenir sans Sa Majesté la reine.
    Lorsque je parle de mon ancienne carrière d'avocat, je pense à l'ampleur du rapatriement de la Constitution en 1982 et à l'annexe de la Charte des droits et libertés, et à la façon dont cela a changé la vie de tous les Canadiens. Cela a transformé profondément la vie de tous les avocats, en particulier les avocats en droit criminel, le domaine dans lequel j'ai pratiqué et enseigné à la Faculté de droit de l'Université Thompson Rivers.
    La reine Elizabeth II a établi une norme de leadership pour les générations à venir, et il est difficile de concevoir qu'elle ait dirigé des gens pendant 70 ans. Elle a exercé une influence apaisante sur tous les événements majeurs dont le monde a été témoin au cours des 70 dernières années. N'oublions pas qu'elle a été témoin de la création des Nations Unies, qu'elle a assisté à l'alunissage et qu'elle a traversé des conflits tels que la guerre de Corée, la guerre froide, la chute du mur de Berlin, la guerre du Golfe, le 11 septembre, l'Afghanistan, l'Irak et l'invasion illégale de l'Ukraine par la Russie, le plus grand conflit en Europe depuis qu'elle avait servi dans l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale.
    On ne saurait trop insister sur l'influence qu'a eue la reine Elizabeth II sur le Canada durant cette période éprouvante. Dans notre vie courante, nous ne pensons pas souvent à l'incidence qu'elle a eue sur nos vies, mais, dans les moments difficiles, elle offrait une parole de réconfort aux Canadiens. Ses messages au cours de la pandémie de COVID‑19 sont les plus récents exemples du don qu'elle avait de nous conférer une peu de sérénité dans la tourmente.
    En revenant sur sa vie, je me souviens, en tant que ministre du cabinet fantôme pour les anciens combattants, qu'elle a été formée et a travaillé à titre de mécanicienne durant la Seconde Guerre mondiale. En tant que jeune femme, la reine Elizabeth II aurait pu observer les choses de loin, mais son caractère l'a incitée à servir. Les dirigeants dirigent et elle a saisi l'occasion de diriger lorsqu'elle s'est présentée — lorsque son pays, le Royaume‑Uni, était en guerre.
    Nous sommes reconnaissants envers la reine Elizabeth des innombrables contributions qu'elle a faites à notre pays et à notre système de gouvernement, en accordant personnellement la sanction royale à la Loi constitutionnelle et à la Charte des droits et libertés.
    Ce fut une vie bien vécue. Que la lumière éternelle brille sur la reine Elizabeth II. Que Sa Majesté repose en paix. Que Dieu protège le roi.
(1630)
    Monsieur le Président, c'est toujours un privilège de prendre la parole à la Chambre, mais c'est un honneur particulier de le faire pour rendre hommage à Sa défunte Majesté et offrir mes condoléances à la famille royale.
    Pour de nombreux Canadiens, moi y compris, Sa défunte Majesté était la seule reine que nous ayons jamais connue, mais elle était plus qu'une souveraine aimée et respectée de tous. Elle représentait la stabilité dans un pays et un monde de plus en plus chaotiques. Elle a épousé un profond sens de l'humilité à une époque d'autoglorification et a vaillamment défendu la démocratie et la primauté du droit à une époque d'autocratie croissante.
    Après avoir parlé à des amis et des membres de ma famille, j'ai remarqué que beaucoup de gens étaient surpris par le sentiment de perte personnelle ressenti. Le décès de la reine a eu une incidence profonde, semblable, je pense, au décès d'un grand-père ou d'une grand-mère. Il s'agit d'une perte extrêmement personnelle. En ce qui concerne la perte d'un grand-père ou d'une grand-mère, on sait que cela arrivera un jour, mais on espère que cela ne se produira pas avant longtemps. On ne s'y attend jamais vraiment.
    Je ne peux pas ajouter grand-chose qui n'ait pas déjà été dit. J'aimerais toutefois dire ceci à mes collègues: je peux témoigner personnellement que la reine savait comment vous faire sentir comme s'il n'y avait que vous dans une pièce, et ce, même si des centaines de personnes étaient présentes. Elle était très attentive, drôle, gentille, et dotée d'une compassion et d'une grâce infinies.
    Je suis particulièrement reconnaissant d'avoir eu la chance de rencontrer notre défunte reine en 2017, quand, à sa demande, j'ai souligné le 150e anniversaire du Canada en me joignant à de jeunes leaders des quatre coins du Commonwealth au Royaume‑Uni. Il s'agissait d'une cérémonie spéciale organisée au palais de Buckingham, au cours de laquelle nous avons reçu des médailles de Sa Majesté. J'ai eu l'immense honneur d'être nommé Jeune Leader de Sa Majesté la reine pour le Canada.
    Je me souviens encore comment je me suis senti au palais de Buckingham, avec le décorum et le grand apparat, habité par la peur de me tromper dans le protocole que nous étions tenus de mémoriser pour rencontrer la reine. À titre d'exemple, il ne fallait pas lui tourner le dos, ni lui présenter la main en premier, ni lui adresser la parole, à moins qu'elle ne le fasse d'abord.
    J'imagine que certaines personnes qui écoutent se disent qu'elles pourraient certainement faire ces choses assez simples. Je serais d'accord avec elles, jusqu'à ce qu'elles soient sur le point de rencontrer la reine. C'est là que toutes les directives se volatilisent. Cela n'a pas aidé que pendant les séances d'information, les leaders racontaient toutes les fois où ils sont restés figés ou bouche bée. Je me contenterai de dire que j'étais nerveux.
    Je portais mon uniforme blanc de la marine au col haut. J'avais pratiqué comment j'allais entrer en marchant au pas, tourner à gauche et saluer. Ensuite, on m'a dit qu'en fait, il fallait oublier tout cela lors de la rencontre avec la reine, et seulement incliner rapidement la tête. Ainsi, me voilà, à vingt ans, un jeune des banlieues de Toronto, effrayé en essayant de me rappeler des exigences protocolaires de base assez simples, alors que mon cerveau criait: « Oh! mon Dieu. Voilà la reine. Sapristi. » Bon, j'ai employé un autre mot, mais je n'ai pas le droit de le répéter en ce lieu. À l'évidence, j'étais nerveux.
    Pour essayer de me calmer, j'ai tourné le regard vers la foule. « Balaie rapidement la pièce du regard », me suis-je dit. Il y avait des centaines de personnes dans la salle, donc cela n'a pas vraiment aidé. Cependant, alors que je m'exécutais, j'ai aperçu le prince Harry qui était assis au premier rang, à deux heures par rapport à l'endroit où je me trouvais. Je suppose que Son Altesse Royale a pu sentir ma nervosité, alors il m'a fait un signe de tête de soutien et un clin d'œil comme pour dire: « Hé, tu peux le faire. » Il avait raison.
    Je me suis approché de Sa Majesté, je me suis incliné, elle a tendu la main en premier, bien sûr, puis j'ai tendu la mienne. Elle a dit « félicitations » et m'a remis ma médaille. Je me suis dit que c'était probablement la fin de l'histoire, mais elle m'a demandé de lui dire ce que je faisais. Pour replacer les choses dans leur contexte, on nous récompensait pour notre travail dans nos communautés respectives et j'avais été mis en nomination. J'ai eu le privilège de travailler avec des jeunes à risque extraordinaires et des collectivités autochtones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de l'Ontario, notamment l'incroyable collectivité de la Première Nation des Chippawas de la Thames.
(1635)
    Je lui ai dit que je travaillais avec des jeunes de différentes communautés. Elle a fait « hum », et je me suis dit que cela l'intéressait. Je lui en ai donc dit plus. Elle m'a dit que cela la fascinait et m'a demandé de lui en dire plus, ce que j'ai fait. Nous avons fini par discuter une minute ou deux, ce qui, selon ce qu'on m'a dit, est vraiment très long dans son cas. Comme je l'ai dit plus tôt, elle avait cette extraordinaire capacité à me faire sentir comme si j'étais la seule personne présente dans la salle.
    À la fin de la conversation, elle m'a tendu la main, ce qui est censé vouloir dire que la conversation est terminée. Je suppose que certaines personnes sont tellement impressionnées par leur rencontre avec la reine qu'elles ne comprennent peut-être pas le message. On ne peut pas le discerner, que l'on soit sur place — j'étais là et je l'ai vu le faire avec d'autres — ou qu'on la regarde à la télé, mais lorsqu'elle tend la main pour qu'on la prenne, elle nous repousse. C'est comme si elle voulait dire « Mon petit Kevin, c'était bon de discuter avec toi, mais c'est terminé maintenant. » Je dois dire que la poussée était forte pour une femme de 91 ans. Je peux maintenant dire avec plaisir aux gens que j'ai rencontré la reine, qu'elle m'a remis une médaille, puis qu'elle m'a repoussé. Blague à part, je serai à jamais reconnaissant d'avoir pu vivre cela. C'est un souvenir que je vais chérir le reste de ma vie.
    En conclusion, j'ai prêté deux fois allégeance à Sa défunte Majesté: une première fois en 2015, lorsque j'ai rejoint la Marine royale canadienne de Sa Majesté, puis une deuxième fois en tant que député. Dans ce serment, nous nous engageons à la servir fidèlement, ainsi que ses héritiers et successeurs. Avec l'accession au trône de Sa Majesté le roi Charles III, tout comme les autres députés de la Chambre, je continuerai de servir mon souverain, que je porte l'uniforme ou non.
    Vive le roi.
    Monsieur le Président, c'est avec énormément de tristesse et un profond respect que je prends la parole aujourd'hui pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, qui s'est éteinte il y a une semaine après 70 années remarquables à servir en tant que reine du Canada. Comme bon nombre d'entre nous, jusqu'à la semaine dernière, je n'avais pas connu d'autre monarque. Alors que je préparais mes observations pour aujourd'hui, j'ai réfléchi à sa présence constante dans ma vie. Je voudrais donc d'abord parler de quelques souvenirs personnels.
    Sans que la reine ni moi en soyons conscients, nos chemins se sont croisés pour la première fois à l'Expo 67. J'étais un bambin de 1 un an dans les bras de ma mère alors qu'elle était une monarque de 41 ans qui visitait pour la cinquième fois le Canada, pour la quatrième fois en tant que reine.
    Nos chemins se sont à nouveau croisés lors du jubilé d'argent de Sa Majesté, en 1977. Âgé de 11 ans, je vivais cette année-là à Édimbourg avec mes parents et mes sœurs. Les élèves de ma classe de cinquième année à l'école primaire Sciennes avaient fabriqué d'extravagants costumes commémoratifs en papier. Notre groupe s'est déplacé pour voir le défilé de la reine sur le Royal Mile d'Édimbourg. Elle a répondu chaleureusement à nos salutations enthousiastes et elle nous a gratifiés d'un sourire joyeux.
    En 2008, sa présence a de nouveau été ressentie à l'occasion du 100e anniversaire de ma grand-mère à Berwick, en Nouvelle‑Écosse. Imaginons la fierté de cette femme, fidèle sujette britannique née dans le comté de Durham, lorsqu'elle a découvert dans sa pile de cartes une lettre d'anniversaire personnalisée de la reine qu'elle aimait tant.
    En 2010, c'est à Halifax, dans ma circonscription, que Sa Majesté a entamé ce qui devait être sa dernière visite au Canada. Accompagnée du prince Philip, elle a célébré le centenaire de la Marine royale canadienne en passant en revue, à titre de commandante en chef des Forces armées canadiennes, une flottille de navires internationaux dans le port d'Halifax. C'est un jour que les habitants d'Halifax et moi-même n'oublierons jamais.
    Notre dernière interaction a eu lieu à Noël 2015, mon premier Noël à titre de député. Étant un nouveau venu sur la colline du Parlement, j'ai été agréablement surpris par le nombre de personnes que je n'avais jamais rencontrées et qui m'envoyaient des cartes de Noël. Pensant que c'était peut-être aussi ce que l'on attendait de moi, j'ai décidé d'en faire de même et d'envoyer des cartes de Noël à de nombreuses personnalités, dont une à la reine. À ma grande joie, lorsque nous sommes rentrés à Ottawa après le congé de Noël, une lettre estampillée du chiffre royal de la reine se cachait dans une pile de courrier. Son message était chaleureux, personnalisé et imprimé sur du papier à en-tête du palais de Buckingham, ce qui a suscité une grande émotion chez moi et toute mon équipe.
    À n'importe laquelle de ces interactions pendant d'innombrables années, si quelqu'un m'avait laissé entendre que je prêterais un jour serment d'allégeance à la reine Elizabeth II en tant que député au Parlement du Canada, je ne l'aurais pas cru. Cependant, j'ai maintenant juré à trois reprises fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la reine Elizabeth II. J'espère et je crois que je me suis acquitté de mon serment à Sa défunte Majesté au mieux de mes capacités.
    Pourquoi ai-je partagé ces histoires personnelles? Je les ai partagées parce que d'innombrables Canadiens ont des histoires semblables. Ce sont de petits moments qui nous lient à une monarque que nous n'avons peut-être jamais rencontrée, mais qui a gagné notre admiration et notre affection grâce à son service constant et consciencieux. En effet, de nombreux Néo-Écossais se souviendront d'avoir vu Sa Majesté lors de l'une de ses cinq visites royales dans notre province, dont quatre à Halifax, sur ses 22 déplacements au Canada, le pays qu'elle a visité plus que tout autre.
    Peut-être faisaient-ils partie des 50 000 personnes qui l'ont accueillie à la gare de Halifax au cours de son premier voyage au Canada, en 1951, alors qu'elle était une princesse de 24 ans. Peut-être étaient-ils des anciens combattants soignés à l'hôpital Camp Hill, qu'elle a visité lors de ce même voyage. Peut-être ont-ils eu l'honneur d'être inspectés par Sa Majesté à l'occasion d'une visite à la base de la Marine royale canadienne à Halifax, ou peut-être l'ont-ils rencontrée à l'école d'équitation des Bengal Lancers lors de son premier voyage en tant que reine, en 1959. Peut-être étaient-ils des résidants du foyer pour personnes âgées Northwood de Halifax, où la Reine s'est rendue en 1979, tout comme à la forteresse de Louisbourg en 1994. Peut-être l'ont-ils vue lors de sa dernière visite au Canada, dont j'ai parlé plus tôt, où, par une journée pluvieuse sur la colline de la Citadelle, au cœur du centre-ville d'Halifax, elle a déclaré de façon mémorable:
     Ma mère a déjà dit que ce pays était comme un « second chez-soi » pour la reine du Canada [...] Je suis heureuse de pouvoir dire que c'est toujours le cas. Ma fierté en ce pays n'a pas diminué. Il fait bon d'être chez soi.
    Comme la reine a fait partie de nos vies de diverses façons au cours des 70 dernières années, elle a donc assisté à certains des moments les plus marquants de l'histoire de notre nation, notamment en 1982 lorsque, avec Pierre Elliott Trudeau, le père du premier ministre, elle a participé à la signature de la Charte canadienne des droits et des libertés et au rapatriement de la Constitution canadienne.
(1640)
    Je crois que l'histoire se souviendra de la reine comme d'une force stabilisatrice dans une période de grands bouleversements. Le monde d'aujourd'hui est très différent de celui d'il y a 70 ans, et même si nous avons réalisé d'importants progrès, il reste encore beaucoup à accomplir.
    La démocratie parlementaire canadienne vient de la mère patrie, et notre monarchie constitutionnelle fait en sorte que le système de gouvernement du Canada est l'un des plus stables au monde. Je crois que, à titre de reine du Canada, la reine Elizabeth II a joué un rôle important pour assurer notre confiance en ce système et en son succès.
    Cela dit, la couronne a maintenant été transmise au roi Charles III, qui a promis de poursuivre la vie de service de sa mère à l'égard du Commonwealth. En ce qui me concerne, je renouvelle le serment que j'ai prêté à sa mère. Alors que Sa Majesté entame ce nouveau périple, nous lui souhaitons bonne chance. Vive le roi.
    Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui au nom des citoyens de ma circonscription de Red Deer—Mountain View pour réfléchir au formidable règne de notre regrettée reine.
    J'ai été profondément attristé par la nouvelle du décès de notre reine et souveraine, Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    La princesse Elizabeth n'avait qu'un an de moins que ma défunte mère. Mon père plaisantait toujours en disant que lui aussi avait une princesse qui était devenue reine, tout comme les habitants de l'Empire britannique. Il nous faisait comprendre, à nous les garçons, à quel point nous avions de la chance et combien il était important que nous traitions notre mère en conséquence.
    Le fait que la princesse pouvait réparer un véhicule et conduire un camion et qu'elle servait dans l'armée de son pays en temps de guerre n'a fait que mettre en évidence ses compétences et son dévouement. Lorsqu'elle a accédé au trône à un très jeune âge, ses vastes connaissances et capacités la rendaient encore plus impressionnante. C'est ainsi que j'ai entendu de nombreuses histoires sur la vie et l'époque de notre reine Elizabeth.
    Quelques années avant ma première année d'école, l'école à classe unique que mon arrière-grand-père avait contribué à bâtir avait été remplacée par une caserne militaire de la Seconde Guerre mondiale. À l'avant de la salle se trouvait un portrait de la reine Elizabeth II et du prince Philip. Nous chantions l'Ô Canada et le God save the Queen. Cela allait de soi pour nous, et nous ressentions ce lien spécial au quotidien.
    En vieillissant, j'en ai appris davantage sur le Canada et sur notre système de gouvernement, et je me suis intéressé aux représentants de la reine en Alberta, les lieutenants-gouverneurs. J'ai rencontré bon nombre d'entre eux au cours de ma vie, y compris l'honorable Percy Page, Grant MacEwan, Ralph Steinhauer, Charles Lynch-Staunton, Helen Hunley, l'honorable Gordon Towers, ancien député de Red Deer, Bud Olson, Lois Hole, Norman Kwong, Donald Ethell, ma chère amie l'honorable Lois Mitchell, ainsi que notre actuelle lieutenante-gouverneure, Salmi Lakhani.
    J'ai aussi un profond respect pour les représentants vice-royaux qui ont résidé à Rideau Hall. Pendant le règne de Sa Majesté, les fonctions de gouverneur général du Canada ont été occupées par le très honorable Vincent Massey, Georges Vanier, Roland Michener, du Centre de l'Alberta, Jules Léger, Ed Schreyer, Jeanne Sauvé, Ramon Hnatyshyn, Roméo LeBlanc, Adrienne Clarkson, Michaëlle Jean, David Johnston, que j'ai appris à bien connaître pendant son mandat, Julie Payette, ainsi que l'actuelle gouverneure générale, Mary Simon.
    Pour beaucoup d'entre nous, ces personnes ne sont plus que des images sur les murs de nos assemblées législatives respectives, mais leur mission consistait à représenter Sa Majesté au nom du peuple de son royaume, ce qu'elles ont fait avec honneur. Non seulement ces représentants se sont donnés corps et âme pour nous servir, mais leurs conjoints et leurs familles ont eux aussi beaucoup contribué à l'institution. Comme chacun de nous le sait dans cette enceinte, personne ne survit dans une fonction publique sans le soutien de sa famille.
    C'est ce que nous avions à l'esprit ma femme Judy et moi en nous rendant à Calgary jeudi dernier. Nous nous rendions au service commémoratif d'un ami cher, le regretté Doug Mitchell, époux de l'honorable Lois Mitchell, 18e lieutenante-gouverneure de l'Alberta, lorsque nous avons entendu la nouvelle du décès de la reine. Deux jours auparavant, elle venait d'assermenter la nouvelle première ministre du Royaume-Uni. Même si elle était à un âge avancé, nous ne nous attendions pas à une telle nouvelle. Durant la cérémonie commémorative, il flottait un air de tristesse accrue et d'irrévocabilité, alors que les orateurs qui se succédaient ont invoqué le lien unique qui unit la famille vice-royale de l'Alberta à celle de notre défunte reine.
    Cela me ramène à mes réflexions sur l'héritage de la reine Elizabeth, car il n'y a aucun doute que son défunt mari, Son Altesse Royale le prince Philip, est toujours demeuré aux côtés de Sa Majesté et qu'il a vraiment eu une incidence positive pour elle alors qu'elle servait la nation et le Commonwealth.
    La famille royale et la reine en particulier ont toujours occupé une place spéciale dans le cœur des Albertains. J'étais présent au stade du Commonwealth en cette journée pluvieuse où la reine et le premier ministre Klein se sont adressés à la foule dans le cadre des célébrations du centenaire de l'Alberta en 2005. C'était incroyable. Plus tard, en tant que représentant élu, j'ai eu le privilège de rencontrer le prince Edward à une cérémonie du prix du duc d'Édimbourg ainsi que le prince William et la princesse Kate au Stampede de Calgary, en plus de regarder mon épouse et la reine échanger des civilités lors de la dernière visite de Sa Majesté à Ottawa.
(1645)
    De façon générale, j'ai apprécié chaque rencontre et je parlerai toujours en termes élogieux de l'expérience. Il est possible que j'entende toujours la voix de mon père.
    Pendant que la reine Elizabeth fracassait tous les jalons de service, je crois que j'ai négligé de réfléchir à ce à quoi la monarchie ressemblerait après son départ.
    En 2012, les Canadiens ont exprimé leur grande fierté pour notre histoire et ont célébré le lien spécial qui existait entre la reine Elizabeth et notre nation. Les médailles du jubilé de diamant qui célébraient ses 60 ans de règne ont été remises à nos concitoyens pour les services exemplaires qu'ils ont rendus à notre pays. Cette reconnaissance avait une grande importance pour de nombreuses personnes. Dans le cadre des célébrations de ses 70 ans de règne, j'ai encouragé les élèves de sixième année de Red Deer—Mountain View à rédiger des textes sur une personne spéciale dans leur vie qui leur rappelait le sens du service et l'amour de l'humanité incarnés à merveille par la reine Elizabeth II. Ces élèves ont exprimé de nombreux beaux sentiments et ont fait preuve d'une grande sensibilité.
    Qu'en est-il de la nouvelle réalité qui nous attend? La reine Elizabeth II est le seul monarque que j'aie connu. C'est à sa place dans l'histoire au sein des siècles de traditions que je réfléchis maintenant, et à la suite de cette réflexion, j'accueille chaleureusement la promesse du règne du roi Charles III. Ses responsabilités seront immenses, mais il a eu le meilleur des exemples.
    L'une de ces responsabilités est celle de chef de l'Église d'Angleterre, sur lequel repose la monarchie depuis des siècles. Ainsi, ce rôle a toujours occupé une place importante dans ma collectivité, Pine Lake. L'église anglicane historique Holy Trinity est l'une des nombreuses églises au pays affichant le nom de membres de la collectivité locale ayant servi le roi et le pays et fait le sacrifice ultime lors des deux guerres mondiales. J'espère que plus jamais nous n'aurons besoin d'afficher ainsi aux murs le nom de jeunes hommes et de jeunes femmes au nom d'un monarque.
    On ne peut que prier pour que notre nouveau roi et nous ayons la force et la sagesse de servir notre pays avec sagesse en temps de paix et avec fermeté en période de conflit. Quel meilleur héritage pouvons-nous suivre que celui de la jeune princesse qui a amorcé ses longues années de service à la population alors que son pays était déchiré par la guerre et qui, devenue reine, a su guider son pays durant tant de décennies avec grâce et compassion? En 1947, à l'occasion de son 21e anniversaire de naissance, la princesse Elizabeth a déclaré:
    
     Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service et au service de notre grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.
    Nous sommes si reconnaissants que sa vie ait été longue. Longue vie au roi.
(1650)
    Monsieur le Président, j'ai écouté presque tous les discours aujourd'hui, soit à mon siège, ici, à la Chambre, soit derrière le rideau lorsque j'ai dû sortir. J'ai trouvé que beaucoup d'entre eux étaient érudits et émouvants.
    J'ai appris des notions d'histoire. J'ai appris des choses sur l'histoire de notre grand pays et sur l'histoire de la démocratie et du Commonwealth. J'ai profité de la sagesse des propos de la reine Elizabeth II que différents députés ont cités. J'ai aussi appris des choses sur l'histoire des régions et sur des parties du Canada où les loyalistes se sont établis. J'ai appris à connaître leur attachement à la monarchie, les valeurs que la monarchie représentait pour eux et celles qu'ils ont apportées à notre grand pays.
    Nous avons aussi entendu de nombreuses anecdotes personnelles.

[Français]

    C'est ce qu'on appelle en français la petite histoire. Ce sont les histoires des gens, des individus, qui ne parlent pas des grands événements, mais qui parlent de choses qui leur sont chères.

[Traduction]

    J'ai entendu de nombreuses histoires racontées par des députés à propos de leurs expériences avec la reine, lors de visites royales, lors de rencontres avec elle, et, bien sûr, nous avons tous lu des histoires comme celle qui a été répétée aujourd'hui et que j'avais lue dans le Globe and Mail la semaine dernière. Je parle de l'histoire de Catherine Clark, qui savait qu'elle ne pouvait pas quitter une réception avant que la reine ne l'ait fait et qui a fini par partir avec elle, bras dessus, bras dessous. C'est une histoire très touchante qui, sans aucun doute, est extrêmement chère à Mme Clark.
    J'ai également lu, dans le journal, des souvenirs et des anecdotes du premier ministre Mulroney, qui a raconté avoir passé un très long moment avec la reine autour d'un déjeuner très informel au 24 Sussex. Comme ce souvenir doit être merveilleux pour M. Mulroney et son épouse, Mila.
    Bien sûr, nous savons tous que la reine avait un faible pour le premier ministre Chrétien. D'ailleurs, on pouvait le voir sur son visage. La reine est rayonnante sur toutes les photos de ses rencontres avec M. Chrétien. Il était sans aucun doute l'une de ses personnes préférées au monde.
    Comme c'est le cas pour tout le monde, Sa Majesté la reine Elizabeth II est la seule souveraine que j'ai connue. Elle a été une présence constante pour moi, tout comme elle l'a été pour d'innombrables autres personnes. Tel qu'on l'a mentionné à de nombreuses reprises, elle représente le fondement de notre démocratie constitutionnelle. Elle est un symbole de constance dans notre démocratie. Comme tout le monde à la Chambre, je suis très reconnaissant de vivre dans une démocratie constitutionnelle. J'aime le fait que ce système sépare le rôle de chef d'État de celui de chef du gouvernement. Comme beaucoup d'autres l'ont dit, cela nous donne le sentiment que les institutions sont toujours bien plus fortes que leurs occupants et que notre démocratie est bien plus solide que les conflits partisans qui peuvent éclater de temps à autre et qui, bien sûr, font partie intégrante de la démocratie. Nous avons l'impression qu'il y a quelque chose qui prédomine les débats politiques et les débats partisans.
(1655)
    Comme bien d'autres députés sans doute, je suis également conscient que le Canada n'est pas né dans la violence et la révolution, et qu'il est impossible de séparer l'histoire de la Couronne de celle du Canada. Bien sûr, il y a eu de la violence et de l'oppression dans notre passé. Ces erreurs du passé doivent être corrigées, mais le pays a essentiellement évolué. Il s'est adapté.
    Cette capacité d'adaptation, l'éthique dont nous faisons preuve dans nos efforts pour nous adapter au lieu de rompre violemment avec le passé sont grandement attribuables, à mon avis, à la Couronne et à la sagesse de cette dernière. Nous avons vu que c'était le cas. Il est très important de comprendre que, même si Sa Majesté la reine Elizabeth II n'avait aucun pouvoir législatif ou militaire ni aucun pouvoir sur les marchés financiers, elle exerçait un pouvoir de persuasion morale et elle avait le pouvoir de la sagesse acquise au cours de sa vie.
    J'ai lu dans le journal que l'ex-premier ministre Brian Mulroney a parlé du soutien exprimé par la reine à sa politique de fin de l'apartheid. Nous le savons, la première ministre Thatcher n'était pas du côté de M. Mulroney lors de cette initiative historique. La reine avait offert ses sages conseils à M. Mulroney et elle avait soutenu ses efforts pour mettre fin à l'apartheid. Nous avons également entendu des gens dire que l'Acte de Québec a permis l'évolution pacifique de notre pays, une évolution pacifique dans le respect des droits individuels. La Couronne a joué un rôle de premier plan pour que la démocratie canadienne ait la capacité de s'adapter de façon pacifique.
     Cela me ramène à ce que je viens de dire, à savoir que nous avons souvent entendu dans les discours qui ont été prononcés que la reine devait avoir bien des histoires à raconter. Je comprends ce que l'on entend par là et je me délecte de cette pensée, mais il ne s'agit pas seulement d'histoires. Plus qu'une simple observatrice de l'histoire, la reine a eu un accès direct à des connaissances, des informations et des renseignements privilégiés, si l'on peut dire. Elle consultait ceux qui prenaient des décisions très importantes et elle était consultée par eux, ce qui fait d'elle bien plus qu'une simple observatrice. Elle a été un véritable acteur, un acteur sans le pouvoir que nous associons au pouvoir politique, mais un acteur doté d'un pouvoir de persuasion, ce qui est très important. Elle a joué un rôle particulièrement crucial dans l'évolution de notre pays et dans l'évolution du Commonwealth.
    Évidemment, en plus de tout cela, Sa Majesté la reine incarnait certaines valeurs et vertus que nous pouvons qualifier de personnelles, à savoir les valeurs de la bienveillance et de la gentillesse, des vertus qui, à vrai dire, sont toujours d'actualité et peuvent continuer à nous éclairer et à créer un monde plus harmonieux, y compris en politique.
    Sa présence était un élément fondamental de nos vies, et elle nous manquera. Je tiens à présenter mes plus sincères condoléances à tous les membres de la famille royale, à tous les Britanniques et à tous ceux qui, dans le monde entier, avaient un lien affectif avec Sa Majesté la reine Elizabeth II.
(1700)
    Madame la Présidente, au nom des habitants de Lambton—Kent—Middlesex, j’offre mes condoléances à la famille royale et à tous ceux qui pleurent la perte de leur reine bien-aimée.
    Le 8 septembre 2022, Elizabeth Alexandra Mary Windsor, Sa Majesté la reine Elizabeth II, est décédée en laissant à la postérité un service échelonné sur plusieurs générations. Le règne de Sa Majesté s’est étendu sur 70 ans, ce qu’aucun autre monarque n’avait accompli. Pour la plupart des Canadiens, elle est le seul monarque qu’ils aient jamais connu.
    À l’âge de 21 ans, Elizabeth a promis de mettre sa vie au service des autres, ce qu’elle a fait pendant cinq ans avant de devenir inopinément reine. Elle a plus que rempli cette promesse et elle a inculqué l’importance du devoir aux autres jusqu’à son décès. Pour son travail, ses efforts, son dévouement et son humilité, Sa Majesté est reconnue comme l’un des plus grands défenseurs du travail de bienfaisance dans le monde.
    Que ce soit en entrant dans le service territorial auxiliaire de l’armée britannique en 1945, en récoltant 2,2 milliards de dollars pour des organismes de bienfaisance au Royaume‑Uni ou en soutenant plus de 3 000 organisations internationales, la reine a eu un impact sur la vie de gens dans le monde entier, mais son bénévolat et son soutien ne se limitaient pas aux humains. L’amour de Sa Majesté pour les animaux est bien connu. Les chevaux et les chiens, notamment les corgis du Pembrokeshire — elle en a élevé 30 —, ont également bénéficié de sa bonté.
    Évaluant ses responsabilités en tant que monarque, la reine a déclaré que le service public était la partie la plus importante de son travail. Je suis d'accord avec elle, et en tant que serviteurs du public, nous devons suivre son exemple.
    J'ai récemment eu le privilège de féliciter et de remercier, en son nom, 70 bénévoles communautaires de Lambton—Kent—Middlesex, à l'occasion du jubilé de platine de la reine. Lors de cette cérémonie, les récipiendaires ont reçu un médaillon commémoratif et une épinglette canadienne du jubilé de platine, un souvenir spécial en l'honneur de Sa Majesté, le premier monarque de l'histoire britannique à célébrer un jubilé de platine.
    Le platine est un métal blanc argenté, lourd, mais doux, et précieux. C'est certainement une comparaison appropriée pour une souveraine dont le règne s'est étendu sur sept décennies et a inclus une guerre mondiale, des périodes économiques diverses, une tragédie personnelle et beaucoup de sacrifices personnels. La résilience de la reine à travers tout cela est la preuve de son esprit durable et de son dévouement inébranlable envers les vœux qu'elle a prononcés et le peuple qu'elle a servi. Pendant sa 70e année en tant que souveraine, sa volonté de détourner les projecteurs d'elle-même pour inclure d'autres serviteurs dignes de ce nom en disait long sur son humilité.
    La reine aimait le Canada, et le Canada le lui rendait bien. Que Dieu bénisse la reine. Qu'elle repose en paix. Ce ne sera plus pareil sans elle.
    Vive le roi, et que Dieu bénisse le Canada.
(1705)
    Madame la Présidente, c'est avec une profonde tristesse que je rends hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Toutefois, sur une note positive, je veux d'abord souligner que cela fait 18 ans que Melanie Namespetra travaille avec moi sur la Colline, à titre d'adjointe de circonscription et d'adjointe législative. Elle a passé avec moi 18 de mes 20 ans ici, et nous avons vécu ensemble beaucoup de moments merveilleux. Je souhaite la remercier, elle et sa famille, de tout leur travail pour Windsor, l'Ontario, Essex et le Canada.
    Je souhaite exprimer mes condoléances à la famille royale. La reine était mère, grand‑mère et arrière-grand-mère. La famille royale éprouve certainement de nombreuses émotions, d'autant plus qu'elle doit partager ce moment avec le monde entier. Il est très difficile de faire son deuil en public. Je lui offre mes meilleurs vœux en cette période douloureuse.
    Je remercie également Drew Dilkens, le maire de Windsor. Notre maire fait preuve de leadership lorsqu'il a inclus le public. Le 19 septembre, à 5 h 45, les funérailles de la reine seront diffusées au public en plein air à la place de l'hôtel de ville. Je remercie le maire Drew Dilkens de cette initiative. Il y aura également un service commémoratif public à l'église anglicane All Saints' à 18 heures. L'église est située juste à côté de la place de l'hôtel de ville. On prie les gens de réserver leur place.
    Il convient de noter que le service sera dirigé par l'Essex and Kent Scottish Regiment pour souligner que cette année est le 80e anniversaire du raid sur Dieppe. Le régiment a joué un rôle de premier plan dans ces opérations et a subi des pertes importantes pendant la Seconde Guerre mondiale. Je vais maintenant parler un peu de ses liens avec la reine et des raisons qui expliquent son importance pour notre pays et notre Parlement.
    Je vais aussi raconter un peu mes expériences. J'ai eu l'occasion de rencontrer la reine à Toronto. Je parlerai un peu de cette rencontre plus tard.
    Je veux souligner qu'une partie de ma famille est venue d'Angleterre. Nous avons grandi à la table de la cuisine à entendre parler d'événements survenus pendant la guerre, d'événements liés à la famille royale et d'un certain nombre de liens différents. Mon grand-père biologique était John Clifford Addison. Je ne l'ai pas connu. J'ai ses médailles de soccer et ses médailles de guerre. Il est mort sur le NSM Scorpion lors de la chute de la Birmanie.
    C'est une chance que ma grand-mère, Irene Attwood, ait pu épouser Fred Attwood. Il a servi dans la Royal Navy sur le Ark Royal et le MacCallum. Ma grand-mère, Irene, et ma mère, Jean Masse, Jean Attwood à l'époque, ont survécu aux bombardements de Londres. Ma mère m'a fait cadeau l'année dernière d'un album de découpures de la reine qu'elle a réalisé à cette époque et pendant son adolescence.
    Il y a beaucoup de textes et d'articles d'actualité remontant au début de son règne, il y a 70 ans, qui avaient été publiés dans les journaux britanniques, les programmes officiels, etc. Je vais les partager le 16 sur mes médias sociaux. J'en ai pris quelques-uns en photo.
    À travers les yeux de ma mère à l'époque, il est intéressant de constater tout le travail consacré à cette collection. Je crois que cette expérience a été mieux comprise avec le passage des années. Fred Atwood était un marchand et il a servi dans la Royal Navy. Il a passé beaucoup de temps à servir son pays, mais il est venu au Canada.
    J'ai grandi avec la musique des big bands qui jouait en arrière-plan, assis à la table de la cuisine près de ma grand-mère, qui faisait des scones et buvait du thé tout en parlant de la vie en Angleterre. Reconnaître l'engagement de Sa Majesté pendant la guerre faisait partie des discussions. Mes grands-parents poursuivaient au Canada la vie qu'ils avaient eue en Angleterre.
    Il est important de souligner la durée du règne de Sa Majesté. Il a été vraiment long. Pendant ses 70 années de règne, 179 personnes ont été ses premiers ministres, dont 15 Britanniques et 12 Canadiens. Winston Churchill, son premier premier ministre britannique, est né en 1874. Liz Truss, la dernière première ministre britannique nommée par la reine, est née 101 ans plus tard, soit en 1975. Elle a été nommée par la reine deux jours à peine avant le décès de cette dernière.
(1710)
    Comme je l’ai mentionné, j’ai eu le privilège de rencontrer Son Altesse Royale quand elle est venue à Toronto. À cette époque, je n’étais qu’un enfant et j’habitais à Windsor, en Ontario. Comme de nombreux jeunes de mon âge, nous nous tenions le long du chemin pour la regarder passer en voiture en saluant la foule. C’était une expérience fascinante pour un enfant.
    Plus tard, la reine a participé à un certain nombre de cérémonies à Windsor. De toute évidence, avec un nom comme Windsor, les liens sont très étroits, sans compter qu’il s’agit d’une ville frontalière qui a joué un grand rôle lors de la guerre de 1812. C’est également l’endroit où passait le chemin de fer clandestin. Quand l’Empire britannique a finalement mis fin à l’esclavage, beaucoup de personnes en quête de liberté ont quitté les États‑Unis pour se rendre dans notre région, qui était reconnue comme un meilleur endroit où vivre. L’esclavage est l'une des questions qui demeurent latentes encore de nos jours. J’espère que le nouveau roi saura reconnaître la souffrance qui y est associée depuis des générations. Néanmoins, nous avons ces liens.
    Plus tard, Jack Layton devait assister à un déjeuner pour la reine au Royal York. Jack, l'ancien député de Toronto-Danforth, ne pouvait pas s'y rendre, alors on m'a demandé de le représenter. C'était une journée d'été où il faisait 90 degrés, et je séjournais dans un hôtel. Je vais essayer de décrire la situation pour que les gens aient une idée de ce que l'on vit.
    Pour les gens qui ne me connaissent pas, je ne suis pas une personne très solennelle. Il fallait porter un smoking. Je ne suis pas non plus très doué pour le protocole. Cependant, pour moi, le seul fait d'enfiler un smoking constituait déjà un exploit en soi, sans dire que j'ai dû le faire pendant une panne d'électricité, qui a eu lieu à ce moment-là. Il m'a fallu descendre les escaliers de l'hôtel — 11 étages par une température de 90 degrés — et marcher jusqu'au Royal York, où une centaine d'invités s'entassaient dans le noir.
    Nous allions rencontrer la reine et le duc d'Édimbourg. On nous avait envoyé une fiche de protocole, très utile pour que les gens comme moi sachent à quoi s'attendre. Nous devions nous mettre en file et, lorsque notre tour arrivait, nous diriger vers la reine, la saluer d'une certaine manière, puis passer à Son Altesse Royale. Nous devions ensuite nous rendre dans une autre pièce pour l'événement.
    Eh bien, je suis terriblement mauvais pour ce qui est du protocole. Je me suis souvenu de la bonne salutation pour la reine, mais quand je suis arrivé à Son Altesse Royale, j’ai eu un blocage, et il y avait des gens derrière moi. J’ai dit: « Salut, mec », et il a souri et ri, puis j’ai avancé. Ce moment était un peu spécial, car j’étais là pour essayer d’être aussi respectueux du protocole que possible, mais c'était sans importance.
    Nous sommes ensuite passés dans la salle suivante pour le déjeuner, où la reine a pris la parole. C’était intéressant, car elle a parlé du Canada. Elle n’a pas parlé d’autre chose que du Canada. Elle a évoqué les visites qu’elle avait faites partout dans notre pays, que ce soit dans les Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique ou sur la côte Est. Elle a également mentionné Windsor. Nous avons eu ce type d’échange, puis l’événement s’est terminé. C’était intéressant, car j’avais grandi avec ce type de discussions à la table de la cuisine.
    Autre fait intéressant, elle a été le dirigeant mondial à avoir le plus voyagé, puisqu’elle s’est rendue dans 117 pays et près de 56 nations du Commonwealth. Elle a également été le premier monarque à visiter l’Allemagne de l’Ouest, la Chine, l’Afrique du Sud et d’autres nations africaines, et presque tous les coins du Canada au cours de ses 22 visites. C’est toujours intéressant en soi d’écouter quelqu’un qui a ce type d’expérience, mais le fait d'avoir ces différents liens était vraiment important. Je pense que l’élément commun de ce qui se passait au Canada était très spécial.
    Comme je l'ai mentionné, son règne n'a pas été parfait. Une des choses que j'espère voir se réaliser, c'est la réconciliation avec les Premières Nations du Canada. J'espère que le roi Charles III agira en ce sens et qu'il reconnaîtra qu'il faudra faire plus d'efforts pour réussir la réconciliation. C'est un des points de la Commission de vérité et réconciliation, et je suis impatient de le voir se réaliser. En plus de m'aider personnellement, je pense que cela aiderait peut-être aussi les jeunes Canadiens, alors que nous essayons d'avancer en maintenant le lien de notre pays avec la monarchie, mais cela nécessitera la reconnaissance de ce qui a eu lieu dans le passé.
    Pour conclure, j'offre mes condoléances à la famille royale.
(1715)
    Madame la Présidente, c'est toujours un honneur et un privilège de prendre la parole dans cette enceinte et de représenter les habitants de Chatham-Kent-Leamington, particulièrement en cette heure solennelle et en ce jour d'hommage.
    Je n'ai connu qu'une seule souveraine. En fait, plus de 90 % des Canadiens n'ont connu qu'une seule souveraine, Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Hier soir, avant de prendre l'avion à destination d'Ottawa, j'ai rendu visite à mes parents. Comme ils ont près de 90 ans, ils font partie des 10 % de la population qui ont connu deux monarques. Ils ont évoqué la mort du roi George VI et le couronnement de la princesse Elizabeth, et se sont rappelé la tristesse nationale qui a suivi l'apparat du couronnement. Je crois que nous sommes nombreux à éprouver certaines de ces émotions aujourd'hui.
    Enfant, à l'école, je me souviens d'avoir chanté God Save the Queen, un hymne qui se termine sur ces paroles:
    

Que soit long son règne sur nous,
Que Dieu protège la reine.

    Eh bien, son règne aura été long, le plus long de l'histoire de la monarchie britannique. Certes, nous savions intuitivement qu'elle n'était pas immortelle et que son décès viendrait, mais celui-ci est tout de même un choc, car la plupart d'entre nous ont toujours vécu en présumant qu'elle ferait toujours partie de notre existence.
    Sa Majesté savait bien qu'elle n'était pas immortelle, puisqu'elle a demandé l'aide de son créateur et reconnu être à son service en prêtant serment à la patrie et au Commonwealth au début de son règne, il y a près de 70 ans. Cette volonté de servir et ce sens du devoir ont fini par être le legs qui a défini son règne. Bien qu'elle ait détenu en théorie le pouvoir suprême, elle comprenait pleinement son rôle au sein d'une monarchie constitutionnelle, où le véritable pouvoir réside dans le peuple du pays. En pratique, elle a exercé un pouvoir symbolique et a prêché par l'exemple, ce qui lui a permis d'avoir une influence énorme et d'être le modèle que nous devrions tous suivre.
    La voix calme et assurée de Sa Majesté, son ton mesuré et son attitude digne ont constitué un gage de stabilité durant les nombreuses périodes turbulentes qu'a traversées son pays, le Commonwealth, le monde et même sa propre famille. Sa Majesté était une épouse, une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère, et c'est à sa famille, la famille royale, que je souhaite transmettre mes plus sincères condoléances.
    Aujourd'hui, on parle beaucoup de liberté, mais la liberté ne peut exister sans le sens du devoir. On parle beaucoup des droits que nous avons, mais ces droits ne peuvent exister sans les responsabilités. Nos libertés ne peuvent exister sans le devoir des citoyens de servir leur pays. La liberté n'est pas gratuite. Nos droits individuels ne peuvent être maintenus que si nous reconnaissons et honorons nos responsabilités les uns envers les autres de même qu'envers la collectivité dans son ensemble.
    Notre Constitution repose sur cette relation entre la liberté et le devoir, entre les droits et les responsabilités de chacun. Le dévouement dont a fait preuve Sa Majesté tout au long de sa vie, ses services rendus à la nation et son sens du devoir à l’égard du Commonwealth ont inspiré d’innombrables personnes. Ils symbolisent l’interdépendance de la liberté et du devoir, des droits et des responsabilités ainsi que de volonté de servir et de l'humilité.
    Ainsi, en tant que député, j'ai eu le véritable honneur de commémorer le jubilé de platine de Sa Majesté l’été dernier, le 70e anniversaire de son règne, en remettant des épinglettes de platine pour services rendus à la communauté. Autrement dit, j’ai rendu hommage à des personnes au sens des responsabilités aigu qui se sont mises au service de leurs concitoyens de Chatham-Kent—Leamington et qui, par le fait même, ont suivi les traces de Sa Majesté, au service de son peuple sa vie durant. Aujourd’hui, dans cette enceinte, je me fais le porte-parole de ces Canadiens exemplaires.
     Que Sa Majesté repose en paix et que son nom évoque la gloire à tout jamais. Longue vie au roi Charles III. Que Dieu bénisse le Canada.
(1720)
    Madame la Présidente, nous sommes ici aujourd'hui pour rendre hommage à la monarque qui a connu le plus long règne de la Grande-Bretagne et à la cheffe d'État du Canada qui a siégé le plus longtemps: la reine Elizabeth II. La reine a vécu longtemps, une vie pleine de devoirs, de stabilité et de service public. Elle a été une présence constante et inébranlable sur la scène internationale tout au long de ses sept décennies en tant que reine.
    Je prends la parole aujourd'hui pour offrir mes condoléances les plus profondes à la famille royale alors qu'elle pleure la perte d'une mère, d'une grand-mère et d'une arrière-grand-mère. Vivre la perte d'un être cher n'est jamais un processus facile, et j'espère que pendant qu'ils réfléchissent à la vie de la reine Elizabeth II, les membres de sa famille trouveront du réconfort dans les souvenirs des nombreux moments qu'ils ont passés ensemble. Pendant ses 70 ans de service, il ne fait aucun doute que la reine Elizabeth II a laissé sa marque sur le monde et sur notre histoire collective.
    La reine a accédé au trône le 6 février 1952, après la mort de son père, et a assumé cette énorme responsabilité alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années. Sur la scène mondiale, beaucoup de gens l'ont décrite comme une femme vaillante et dévouée qui s'est toujours acquittée de son devoir de servir. En 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est devenue la première femme de la famille royale à servir en tant que membre actif à part entière des forces armées britanniques lorsqu'elle s'est enrôlée dans le service territorial auxiliaire féminin. Elle a travaillé comme mécanicienne et chauffeuse de camion avant d'atteindre le rang de commandante subalterne. De son vivant, elle était la seule cheffe d'État au pouvoir à avoir servi pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Elle a ensuite fait les manchettes en 2003 lorsqu'elle a conduit le prince héritier d'Arabie saoudite lors d'une visite du château de la reine. Cet acte a été perçu comme une déclaration à une époque où les femmes n'avaient même pas le droit de conduire en Arabie saoudite. Puis, en 2011, la reine a supervisé une modification des lois sur la succession qui signifiait que les fils et les filles de tout futur monarque britannique auraient les mêmes droits au trône.
    La reine était bien connue pour son soutien à l'égard d'organismes de bienfaisance et humanitaires partout sur la planète. Elle entretenait des relations avec plus de 500 organismes de bienfaisance, organisations professionnelles et organismes de service public, et a contribué à recueillir plus de 2 milliards de dollars pour plus de 600 organismes sans but lucratif pendant son règne, soit plus que tout autre monarque dans l'histoire. Elle a notamment appuyé la Croix-Rouge, le Royal College of Nursing et le Disaster Emergency Committee. La reine Elizabeth II était aussi la marraine de plusieurs organismes de bienfaisance canadiens. Elle a sensibilisé la population et contribué à la reconnaissance d'organismes importants comme la Société canadienne de la Croix-Rouge, la Société canadienne du cancer, Aide à l'enfance Canada et l'Association des infirmières et infirmiers du Canada.
    Comme notre pays fait partie du Commonwealth, la reine a une signification particulière pour le Canada. Au cours des 70 dernières années, elle a influencé l'histoire du Canada d'une façon qui sera ressentie pendant encore longtemps.
    On sait qu'elle parlait du Canada comme de son « chez-soi ». En décrivant le Canada, elle a déjà déclaré « je suis persuadée que nulle part ailleurs sur la planète on ne peut trouver une terre aussi remplie d'espoir, de joie et de bonnes, loyales et généreuses personnes. » Plusieurs éminents Canadiens ont assisté à son couronnement le 2 juin 1953, dont l'ancien premier ministre Louis St-Laurent, l'ancien premier ministre de la Saskatchewan Tommy Douglas et le chef Joe Mathias, de la nation des Squamish.
    À titre de reine du Canada, son règne a duré pendant les mandats de 12 premiers ministres et 13 gouverneurs généraux. Plusieurs de ses 22 visites au Canada ont eu lieu à des moments critiques de l'histoire du pays.
    Sa première visite officielle en tant que reine du Canada a eu lieu en 1957. Le 14 octobre 1957, elle est devenue la première souveraine à ouvrir en personne une session du Parlement canadien et à prononcer le discours du Trône. En 1964, elle a assisté au centenaire de deux conférences ayant précédé la Confédération, à Charlottetown et à Québec. Un an plus tard, elle a signé la proclamation royale qui a donné au Canada son nouveau drapeau unifolié. Elle a aussi participé à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Montréal de 1976.
(1725)
    En 1982, elle est revenue au Canada pour signer la proclamation de la loi constitutionnelle du Canada, ce qui a mené à l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés, à l'indépendance constitutionnelle du Canada ainsi qu'à la reconnaissance des droits issus de traités des peuples autochtones, au titre de l'article 35, une étape importante vers la reconnaissance des droits des Autochtones du Canada sur le plan juridique.
    Au cours de sa vie, la reine a aussi visité ma province, la Colombie‑Britannique, a sept reprises. En 1951, en tant que princesse, elle a assisté à un événement important dans Vancouver-Est, la Pacific National Exhibition, puis, en 1959, en tant que reine, elle a visité l'Empire Stadium. Les amateurs de hockey se rappelleront peut-être que, dans le cadre de sa visite de 2002, à l'occasion de son jubilé, elle a fait une mise au jeu lors d'un match de la LNH à Vancouver. Ces événements aident à expliquer pourquoi, pour bon nombre de Canadiens, la reine est intimement liée à l'image et aux traditions socioculturelles du pays.
    Le passé et le présent de notre pays ont un lien institutionnel avec la Couronne britannique. Depuis 70 ans, aucune loi fédérale n'a été promulguée sans que Sa Majesté donne son approbation au moyen de la sanction royale. Bien des Canadiens, moi y compris, n'ont connu que cette cheffe d'État, et même si nous ne pensons pas à la Couronne britannique tous les jours, le deuil que nous portons est aussi une occasion d'amorcer une réflexion. En tant que députée de Vancouver-Est, une collectivité diversifiée et dynamique, j'ai réfléchi à ce que le décès de la reine représente pour les résidants de ma circonscription.
    Bon nombre des vétérans de ma région et de tout le pays avaient un lien spécial avec la reine Elizabeth II. Elle-même vétérane de la Seconde Guerre mondiale, elle était la commandante en chef des Forces armées canadiennes.
    La Légion royale canadienne, la plus grande organisation de soutien aux vétérans au Canada, qui compte des filiales dans Vancouver‑Est, a des liens profonds avec la Couronne. La Légion a récemment révélé que l'ajout du mot « royale » dans son nom est survenu en 1961 après que la reine ait donné son consentement.
    La reine entretenait des liens étroits avec les vétérans canadiens et elle exprimait publiquement son appui aux vétérans. Elle s'est rendue au Monument commémoratif de guerre du Canada en 1967 puis, en 2007, elle a inauguré de nouveau le Monument commémoratif du Canada à Vimy et déclaré: « Le Corps canadien a transformé la crête de Vimy; c'était une source de désespoir et c'est maintenant une source d'inspiration. »
    Je pense aux nombreux vétérans de Vancouver‑Est, qui retrouvent un sentiment d'appartenance dans les filiales de la Légion partout dans la circonscription et qui participent aux cérémonies du jour du Souvenir au cénotaphe du parc Grandview ou au Monument commémoratif de guerre sino-canadien. Ces vétérans ont rempli leur devoir de service, un peu à la manière de la reine, qui a rempli son devoir.
    En tant que Canadienne d'origine chinoise née à Hong Kong, qui était sous le régime colonial britannique jusqu'en 1997, je réfléchis également à la signification du décès de la reine pour les citoyens de ma circonscription qui ont immigré au Canada et qui proviennent d'autres pays du Commonwealth ou d'anciennes colonies britanniques.
     Compte tenu de l'évolution de la situation à Hong Kong depuis la rétrocession, notamment l'adoption de la loi sur la sécurité nationale, de nombreux Hongkongais déplorent le fait qu'ils jouissaient de plus de libertés lorsque Hong Kong était sous le régime britannique. Cela dit, nous devons aussi reconnaître que tout le monde n'est pas en mesure de célébrer la vie d'un monarque ou de pleurer sa disparition. De nombreux Canadiens ressentent de la douleur et de la peine en raison des préjudices et des injustices du régime colonial britannique.
    C'est sans doute pour les peuples autochtones du Canada que les liens avec la Couronne sont les plus significatifs et les plus difficiles à vivre. Pour ceux-ci, une relation directe a été établie par proclamation royale, suivie du processus de négociation des traités. La Proclamation royale de 1763 a jeté les bases des relations entre les peuples autochtones et la Couronne en reconnaissant dans la loi les droits territoriaux des Autochtones et en établissant des rapports de nation à nation. Bien qu'elle soit antérieure à la Confédération et au règne de la reine, il s'agit d'un élément fondamental des relations entre la Couronne et les Autochtones.
    Alors que nous réfléchissons à l'importance des relations entre les peuples autochtones et la Couronne, il faut que nous soyons à l'écoute des voix des Autochtones, dont beaucoup souffrent encore des séquelles de la colonisation. Au lieu de susciter des sentiments de fierté nationale ou de nostalgie, la reine est un symbole de colonisation.
(1730)
    Les dirigeants des Premières Nations ont réclamé à la Couronne de prendre d'autres mesures pour favoriser la réconciliation. L'Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, le Sommet des Premières Nations et l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique ont demandé que le premier acte officiel du nouveau roi soit de dénoncer la doctrine de la découverte, un élément de l'appel à l'action no 45 de la Commission de vérité et réconciliation. Nos réflexions ne devraient pas se limiter au décès de la reine, mais elles devraient porter également sur les dommages causés par la colonisation qui continuent de nuire aux communautés autochtones.
    Madame la Présidente, le 26 juin 1959 fut une belle journée d'été le long du fleuve Saint-Laurent. Dans la ville de Cornwall, nous avons l'habitude de recevoir des invités et des dignitaires de temps à autre, mais ce jour-là, au barrage Moses-Saunders de la ville de Cornwall, il y avait plusieurs visiteurs très importants. Le président des États-Unis, Dwight Eisenhower, et le vice-président de l'époque, Richard Nixon, ont été rejoints par Sa Majesté la reine Elizabeth II et le prince Philip pour inaugurer la Voie maritime du Saint-Laurent. Le lendemain, ils ont voyagé de Cornwall à Long Sault, Ingleside, Morrisburg et ensuite Iroquois. Bien que cela se soit passé il y a plusieurs décennies, de nombreux citoyens qui ont vécu ces jours merveilleux en gardent de précieux souvenirs.
    Cette visite au Canada et dans la circonscription de Stormont-Dundas-South Glengarry a eu lieu sept ans après le début de son règne de sept décennies à la tête de notre État. Je veux commencer aujourd'hui par évoquer ce souvenir et présenter mes condoléances au nom des gens et des résidants de Stormont-Dundas-South Glengarry à l'occasion du décès d'une merveilleuse cheffe d'État, notre reine.
    Sur le plan des émotions, nous avons vécu un sentiment particulier au cours de la dernière semaine. En effet, nous avons dû assimiler un événement unique de notre histoire, une transition que peu de gens ont déjà vécue et que nous ne revivrons peut-être pas de notre vivant. Outre de la tristesse et une sensation de vide très justifiées, l’occasion est propice à réfléchir à la vie et au service de la reine. Que pouvons-nous demander de plus? À 96 ans, elle a consacré 70 ans de sa vie à son rôle de souveraine, allant même jusqu’à rencontrer la nouvelle première ministre — la 15e personne qu'elle ait nommée à ce poste — deux jours seulement avant son décès. Elle a travaillé au service de son peuple jusqu’à la toute fin.
    Il est fascinant de penser à la valeur historique et à la portée de son règne, d’abord avec la nomination de Winston Churchill, et enfin avec celle de Liz Truss la semaine dernière. Au Canada, elle a régné sur 12 premiers ministres, à commencer par Louis St‑Laurent, jusqu’à notre premier ministre actuel, le député de Papineau. Dans l’ensemble du Commonwealth, elle a travaillé et collaboré avec 179 premiers ministres au cours de sa vie. Ce n’est pas de sitôt que nous verrons un autre chef d’État accomplir un tel exploit.
    Nous sommes attristés, mais aussi reconnaissants. C'est une occasion pour nous de pleurer la perte de notre reine, mais aussi de raconter des anecdotes, comme l'ont fait plusieurs fois aujourd'hui le premier ministre, plusieurs membres du Cabinet et d'autres personnes qui ont eu l'occasion de rencontrer la reine. C'est une occasion pour nous de nous rappeler des souvenirs.
    Je tiens à remercier Susan Peters, des Archives du comté de Dundas, dans la partie ouest de ma circonscription, ainsi que Ian Bowering, conservateur du Cornwall Community Museum à la retraite, qui ont documenté d'autres visites et anecdotes au sujet de notre circonscription de l'Est de l'Ontario, de notre collectivité et de la reine.
    En 1976, elle a fait une visite formidable à l'Upper Canada Village, qui, encore aujourd'hui, attire des dizaines de milliers de visiteurs au site qui se trouve à proximité, à Morrisburg, en Ontario. En 1984, elle a visité de nouveau notre région en se rendant à Cornwall dans le cadre d'une tournée de l'Est de l'Ontario. Elle a visité le Complexe civique de Cornwall et la Trinity Church, pour ensuite remonter dans le train à la gare. Nous avons eu la chance de côtoyer cette personne digne et dynamique qui s'intéressait vivement à notre pays et au Commonwealth.
    Ces récits vont dans les deux sens. Nous nous souvenons des visites, que j'ai pu évoquer ici à la Chambre aujourd'hui, mais je dis aussi que cela va dans les deux sens. De temps en temps, Sa Majesté la reine Elizabeth II a accueilli des résidants de ma circonscription au Royaume‑Uni. Un exemple que j'aimerais souligner aujourd'hui est celui d'un député provincial à la retraite, Jim Brownell, qui a aussi servi pendant un certain temps comme colonel honoraire des Stromont, Dundas and Glengarry Highlanders. À ce titre, il a eu l'honneur, en juin 2018, d'obtenir une audience avec Sa Majesté, alors que le régiment célébrait son 150e anniversaire. La reine était la colonelle en chef, et Jim se rappelle que ce fut tout un honneur.
(1735)
    Je pense à ses messages sur Facebook. Je me remémorais des souvenirs et je me suis rappelé que M. Brownell a publié le message suivant: « Une excellente façon de célébrer le 150e anniversaire d'un régiment fier et historique [est] certainement de penser aux résidents et à la famille qui sont au Canada et aux gens qui nous ont quittés. Je pense tout spécialement à mes parents aujourd'hui. Ils seraient effectivement fiers. »
    Ce souvenir est important parce que le service de la reine a touché de nombreuses générations. Les jeunes comme les vieux sont venus à respecter et à apprécier son sens du devoir, son service et la stabilité qu'elle nous a apportés. Voilà un terme qu'on a employé à juste titre à maintes reprises à la Chambre et ailleurs au cours des derniers jours. Nous la remercions pour la stabilité qu'elle a apportée à notre pays et au Commonwealth.
    C'est quelque chose que nous tenons pour acquis. Malgré les bouleversements et les difficultés qu'on observe partout le monde et les difficultés auxquelles nous sommes confrontés encore aujourd'hui sous diverses formes dans notre propre pays, elle a assuré la continuité de la démocratie et de la stabilité dans notre pays. Nous lui en sommes reconnaissants.
    Les habitants de Stormont—Dundas—South Glengarry offrent leurs condoléances à la famille royale et la remercient des visites, des souvenirs et de tout ce que la reine a fait pour le bien non seulement du Commonwealth et du Canada, mais également du monde.
    En ce qui concerne le roi Charles III, la reine consort et la famille royale, le roi sait qu'il succède à une personne difficile à remplacer et que des millions de Canadiens au pays lui adressent leurs meilleurs vœux. Au-delà des traditions, du protocole, du faste et des cérémonies entourant des funérailles d'État de l'ampleur que nous voyons et que nous verrons dans les jours à venir, il est important de noter que si nous perdons une reine et une cheffe d'État, le roi et la famille royale perdent eux une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Nos pensées les accompagnent en cette période difficile.
    Que la reine repose en paix, que Dieu protège le roi et que Dieu bénisse le Canada. Je suis reconnaissant d'avoir pu offrir nos condoléances et évoquer quelques merveilleux souvenirs de ses 70 ans d'excellents services.
    Madame la Présidente, en 1947, à l’occasion de son 21e anniversaire et alors qu’elle effectuait une tournée mondiale avec sa famille, la future reine Elizabeth II a prononcé une allocution à la radio à l’intention de l’ensemble du Commonwealth des nations dans laquelle elle a déclaré:
     Je déclare devant vous que toute ma vie, qu’elle soit courte ou longue, sera consacrée à votre service et au service de la grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.
    Je crois que nous pouvons convenir que Sa Majesté a été fidèle à sa parole. Tout au long de ses 70 remarquables années en tant que reine, elle s’est entièrement dévouée au service de ses nombreux sujets, et ce fut assurément une longue vie. Je pense à la grande majorité des Canadiens nés après 1952 qui n’ont jamais connu d’autre chef d’État. Son décès la semaine dernière, à l’âge de 96 ans, est un moment de profonde tristesse et aussi l'occasion de témoigner notre respect pour elle.
    Chaque Canadien a un certain lien avec la reine, qu’il soit superficiel ou profond. C’est parce qu’elle a toujours été là pour nous. Bien que nous comprenions tous qu’elle avait tout un Commonwealth à servir, beaucoup d’entre nous, moi y compris, aimons penser que nous étions ses préférés, tant le lien qu’elle formait avec le Canada était fort. La reine Elizabeth disait souvent qu’il fallait être vu pour être cru, et elle a donc travaillé sans relâche pour s’assurer qu’elle était effectivement vue et crue par son public.
    Ses 22 visites officielles au Canada comptent parmi les moments les plus importants de l'histoire du pays, y compris le centenaire du Canada en 1967, les Jeux olympiques de 1976 à Montréal et le rapatriement de la Constitution en 1982.
    Certaines visites ont connu une tournure insolite, notamment lorsque Sa Majesté a visité ma province en 1984 et qu'on a trouvé de la marijuana dans les bagages du premier ministre, à bord de l'avion royal. Évidemment, il ignorait comment elle s'était retrouvée là et un juge a même émis l'hypothèse qu'un journaliste l'avait mise là. Tout cela a provoqué un émoi souverain. Je suis certain que beaucoup de députés d'autres provinces ont de semblables anecdotes savoureuses à propos de la reine, de la marijuana et de la GRC — ou peut-être pas.
    Toujours est-il que l'expérience de la reine lui a permis de voir comment nous nous percevons nous-mêmes. En 2010, lors de sa dernière visite sur nos côtes, elle a déclaré: « Cette nation s’est consacrée à devenir un pays prévenant pour les siens, un refuge pour d’autres et un exemple pour le monde. »
    La relation durable entre la monarque et son public était le résultat direct du devoir exercé par la reine et de son dévouement au service public. Ces qualités qui semblent souvent rares aujourd'hui, notre reine les manifestait dans une large mesure et de manière apparemment illimitée. Son sens du devoir est à lui seul une raison de pleurer sa disparition.
    Notre reine a joué un rôle encore plus important que son dévouement au service public. Je fais référence ici au rôle qu'elle a joué dans la préservation de notre remarquable monarchie constitutionnelle démocratique. Bien que notre système soit largement préférable à une république, il nécessite néanmoins un monarque avisé, mais apolitique pour assurer son bon fonctionnement.
    La Couronne doit se consacrer à la défense de l'intérêt public sans jamais mettre en péril le cours naturel du gouvernement élu. Elle doit régner sans gouverner. Pour ce faire, il faut trouver un équilibre délicat entre tradition et modernité. Je mentionne la tradition parce que le système de gouvernement actuel du Canada remonte aux tout premiers balbutiements de notre pays. De la Proclamation royale de 1763 à la fondation du Nouveau-Brunswick en 1784 — une date particulièrement importante pour les résidants de ma circonscription —, jusqu'à la Confédération en 1867, le Canada a grandi et prospéré sous le régime de la monarchie constitutionnelle.
    Dans ses interactions avec le public et dans le faste qui l'entourait, la reine a rappelé à plusieurs occasions notre attachement à nos fondements institutionnels, nos longues traditions démocratiques et nos liens culturels avec les autres pays du Commonwealth. Cependant, ceux qui prétendent que la Couronne est trop axée sur la tradition et qu'elle est une institution ancienne qui résiste au changement ne tiennent pas compte des nombreux moyens qui ont permis à la reine Elizabeth d'instaurer des réformes remarquables de l'institution qu'elle incarnait.
(1740)
    Que ce soit pour adopter de nouveaux moyens de communication ou reconnaître la révolution des relations modernes, la Couronne s’est transformée au fil du temps. Mes collègues se souviendront que c’est parce que son oncle, le roi Edward VIII, avait abdiqué en 1936 pour épouser une femme divorcée, ce qui était totalement inconcevable pour un monarque à l’époque, qu'Elizabeth est devenue reine. Aujourd’hui, son fils Charles accède au trône avec, à ses côtés, une reine consort, son épouse Camilla. La reine Elizabeth était-elle bornée? C’est très peu probable.
     Dans tout ce qu’elle a fait, la reine Elizabeth a donné l’exemple d’une monarque qui adopte une approche digne afin de faire progresser les choses sans brusquer les traditions. Elle a travaillé sans relâche pour défendre l’institution qu’elle représentait tout en reconnaissant la nécessité de la faire évoluer lentement et de manière graduelle en tenant compte des attentes du public.
    L’accession harmonieuse du roi Charles III au trône devrait être considérée comme la dernière preuve du dévouement de la reine Elizabeth envers l’institution de la monarchie constitutionnelle. Il n’y a eu aucun moment de confusion dans l’ensemble du processus. En fait, la procédure s’est amorcée sans que la majorité d’entre nous s’en rende compte. La procédure se poursuit pendant que les liens se forgent, ce qui témoigne de l’autorité remarquable de la Couronne.
    Pour finir, tous les Canadiens seront réconfortés de savoir que, dès qu'il a pris ses fonctions, le roi Charles a fait directement référence à la promesse historique faite par sa mère il y a 75 ans. Il a déclaré: « Je vous renouvelle aujourd'hui cette promesse de rester à votre service toute ma vie. » Un tel engagement est exactement ce dont les Canadiens ont besoin et ce qu'ils attendent de leur monarque. Les vertus de discrétion, de dignité et de devoir d'un chef d'État ont été transmises de mère en fils, de reine à roi. Le cadeau ultime et des plus durables de la reine Elizabeth a été d'assurer, par ses longues années de travail, la continuité et la stabilité de notre monarchie constitutionnelle pendant encore très longtemps.
    Au nom de mes concitoyens, je reconnais tout ce que Sa Majesté a fait pour notre grand pays. Je remercie notre reine Elizabeth. Longue vie au roi.
(1745)
    Madame la Présidente, jeudi dernier, alors que j'allais quitter mon domicile pour me rendre à l'aéroport et prendre un vol à destination d'Ottawa, mon épouse a porté à mon attention la nouvelle selon laquelle Sa Majesté la reine Elizabeth II semblait très malade et pouvait être sur le point de mourir. Sur le coup, j'étais incrédule. Je ne pouvais pas croire que la nouvelle qu'on venait de me communiquer puisse être autre chose qu'une réaction exagérée par rapport à la gravité de son état de santé. Malgré son âge avancé, je ne pouvais tout simplement pas concevoir qu'il puisse lui rester moins de 5 années à vivre, voire 10. Ses sujets et les citoyens de ses nombreux royaumes et territoires tenaient sa présence pour acquise à tel point que l'idée qu'elle puisse mourir leur était inconcevable jusqu'à son heure dernière.
    Née en 1926, elle faisait partie des derniers survivants de ce qu'on a appelé la plus grande génération. Elle était de la génération qui avait vaincu Hitler et qui, pendant la longue guerre froide, avait su persévérer pour finalement l'emporter. Elle faisait partie des toutes dernières personnes encore vivantes ayant servi activement pendant la Seconde Guerre mondiale, et elle était assurément la dernière cheffe d'État à l'avoir fait.
    C'est pendant les années de guerre que le public a commencé à prendre conscience du sens aigu du devoir de la jeune princesse Elizabeth. Son dévouement allait définir son futur règne de 70 ans. La princesse a insisté pour se joindre au service territorial auxiliaire à l'âge de 18 ans et est ainsi devenue la première et la seule femme de l'histoire de la famille royale, longue près de 1 000 ans, à avoir porté l'uniforme pour défendre le royaume à plein temps. Elle a suivi une formation pour devenir mécanicienne et a travaillé comme chauffeuse.
    Après la guerre, lors de son célèbre discours radiophonique de 1947, soit quelques années encore avant son ascension, elle a déclaré que peu importe qu'elle vive longtemps ou non, elle consacrerait toute sa vie à nous servir. Or, elle a eu une longue vie et elle a entrepris ses décennies de dévouement total quelques années plus tard, à l'âge de 25 ans, lorsqu'elle est devenue la reine Elizabeth II et qu'elle a amorcé la deuxième ère élisabéthaine prédite par Churchill. Les seuls Canadiens encore en vie qui peuvent se souvenir d'une époque antérieure à son règne ont maintenant plus de 75 ans. Le premier souvenir d'enfance d'un événement mondial pour les baby-boomers les plus âgés pourrait bien être le couronnement de la reine en 1953.
    Elle a vécu pendant les deux tiers de l’histoire du Canada tout en étant souveraine durant près de la moitié de cette période. En compagnie de son époux, le prince Philip, elle a visité ma ville pour la première fois en 1951, soit quelques mois seulement avant son couronnement. Elle avait assisté à une version très réduite du Stampede de Calgary au mois d’octobre. Évidemment, il y avait eu une tempête de neige hâtive la nuit précédente. Le couple royal avait été photographié assis stoïquement dans les gradins, regardant les épreuves de rodéo et les courses de chariot, alors que le mercure affichait 10 degrés Fahrenheit. C’est -12 degrés Celsius. Son sens du devoir ne faisait aucun doute. Le Calgary Herald avait rapporté que, malgré les conditions difficiles, la princesse Elizabeth avait été aimable avec tout le monde et exprimé de l’intérêt pour revenir à Calgary. Au fil des ans, elle est effectivement retournée quatre fois à Calgary, la dernière visite ayant eu lieu en 2005.
    Elle était l'incarnation parfaite d'une monarchie constitutionnelle. L'occasion de son décès nous offre un moment propice pour réfléchir à la grande solidité de cet accord constitutionnel, qui forme la base du gouvernement démocratique canadien et de notre société en général. Dans le cadre de cet accord constitutionnel, les lois sont adoptées et mises en application et la justice est rendue non pas par le souverain, mais au nom de celui-ci.
    Cet accord a sauvegardé la liberté des personnes qui ont vécu sous son régime pendant des siècles. Elle a régné avec le sens du devoir sans exprimer d'opinion sur une quelconque politique publique et elle l'a fait avec dignité et grâce. Elle a accepté directement les conseils de 15 premiers ministres sans faire de commentaires publics. Pourtant, les mémoires de ces premiers ministres mentionnent souvent à quel point ils ont aimé leurs audiences régulières avec la reine. Ils ont souligné son intelligence, la façon dont elle suivait de près les événements nationaux et la valeur qu'ils accordaient à sa sagesse. On compte parmi eux des leaders transformationnels de son époque, comme Churchill et Thatcher.
    Cette vie de dévouement à ses nombreux royaumes et territoires, y compris le Canada, s'est poursuivie jusqu'à l'avant-dernier jour de sa vie, alors qu'elle a personnellement accepté la démission du premier ministre Boris Johnson et invité Liz Truss à former un gouvernement en son nom, devenant ainsi la dernière des premiers ministres de son règne, qui avait commencé 70 ans plus tôt lorsque sir Winston Churchill était premier ministre.
(1750)
    Cette journée-là, mardi de la semaine dernière, le premier ministre sortant Boris Johnson a dit: « Elle était radieuse et aussi fascinée par la politique et au courant des derniers développements que jamais et elle m'a donné des conseils aussi sages que les autres que j'ai reçus, peut-être même plus sages. »
    Elle était tellement dévouée que, même à 96 ans, à l'approche de son dernier souffle, elle a procédé au transfert ordonné sans heurt du pouvoir exécutif d'un premier ministre à une autre. Son décès nous amène une autre transition sans heurt, celle de l'ascension de son fil, le roi Charles III, un homme qui a déjà consacré sa vie au service public et à la préparation à ce moment et qui servira sans l'ombre d'un doute avec autant de dévouement, d'honneur, de dignité et de grâce que sa mère.
    J'offre mes condoléances à la famille royale et à tous les sujets de la reine. Qu'elle repose en paix; long règne au roi.
    Madame la Présidente, c'est un honneur de pouvoir aujourd'hui exprimer mes condoléances et, au nom des électeurs de Courtenay—Alberni, prendre la parole à la Chambre pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II. Mes pensées accompagnent la famille royale, qui a perdu une mère, une grand‑mère et une arrière‑grand‑mère, ainsi que les millions d'autres gens dans les pays du Commonwealth et ailleurs qui comptaient sur la reine pour les réconforter en période d'incertitude. Qu'elle repose en paix.
    Tout d'abord, je tiens à remercier les nombreuses personnes dans ma collectivité qui organisent des services pour la reine Elizabeth II lundi, de même qu'à leur dire combien je suis déçu de ne pas pouvoir me joindre à elles parce que j'assisterai à la cérémonie nationale de commémoration en l'honneur de la reine Elizabeth II ici, à Ottawa.
    Je tiens à remercier les organisateurs des nombreux événements organisés dans ma circonscription, en particulier les Légions. Nous savons que, lorsque la reine a été couronnée en 1952, le monde était bien différent. Elle a endossé les fonctions de cheffe d'État juste après la Seconde Guerre mondiale, et son rôle pendant cette guerre lui a permis d'acquérir une grande expérience et de comprendre combien le dévouement, l'engagement, l'empathie et la force sont nécessaires. Notre pays était très différent à cette époque. Nous avons eu la chance de recevoir la visite de la reine à de nombreuses reprises. Je vais en parler un peu et porter mon attention sur ce point, car nous avons entendu les nombreux éloges à l'égard des multiples responsabilités de la reine, non seulement ici au Canada, mais dans tout le Commonwealth. Cette reconnaissance est un immense hommage à la reine, à son dévouement et aux services qu'elle a rendus.
    Je veux parler de ses visites à l'île de Vancouver. De nombreux récits ont été publiés dans les communautés de la région depuis le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II la semaine dernière. Les récits abondent dans ma circonscription.
    Erin Haluschak, une journaliste locale du Comox Valley Record, a publié un article sur les visites de la reine à Courtenay en 1971. Elle s'était arrêtée au parc Lewis, arrêt fort important pour notre région. Elle a de nouveau visité la région en 1994 dans le cadre des cérémonies d'ouverture des Jeux du Commonwealth à Victoria, et tous se souviennent de l'honneur immense que la tenue de ces jeux représentait pour le Canada. Assurément, pour la Colombie‑Britannique et pour l'île de Vancouver, il s'agit de souvenirs indélébiles.
    Je veux également remercier Susie Quinn, journaliste locale du Alberni Valley News. Elle a écrit un article magnifique au sujet de la visite de la princesse Elizabeth et du prince Philip dans notre région il y a plus de 70 ans, un peu plus de trois mois avant qu'elle devienne reine. Je remercie Susie d'avoir parlé de l'Alberni Valley Museum. Une magnifique photo accompagnait l'article; nombreux sont ceux qui la connaissent. Elle témoigne de la visite du prince et de la princesse, et c'est un très beau souvenir.
    Nous sommes fiers qu'elle ait choisi de venir dans notre ville lors de sa toute première visite au Canada. La plupart d'entre nous, moi y compris, n'avons pas connu d'autre souveraine. Elle était une constante dans nos vies. Je me joins à beaucoup d'autres pour exprimer nos plus sincères condoléances aux membres de sa famille, et elle ne manquera pas d'être présente dans nos prières.
    Je vais parler de certains moments et de certaines histoires que des gens ont racontés. Je vais citer un extrait de l'histoire de Susie Quinn. Elle a écrit ceci:
    La princesse Elizabeth a accédé au trône quelques mois [après sa visite], le 6 février 1952, après la mort de son père, le roi George VI. Elle a été officiellement couronnée reine Elizabeth II le 2 juin 1953.
    À l'époque de leur visite, la vallée Alberni était une ville forestière prospère. Pour cette ville de l'île de Vancouver, ce n'était pas une mince affaire que de figurer sur la liste des endroits visités, aux côtés de Toronto, où des centaines de milliers de personnes se sont massées dans les rues pour accueillir le couple royal.
    Bob Cole, un habitant de Port Alberni — 
    Bob Cole est un célèbre pêcheur de notre communauté, et il est là depuis longtemps.
    — a raconté qu'il n'avait que cinq ans lorsque la princesse Elizabeth et le prince Philip sont venus en ville en 1951. À l'époque, ses parents, Arnold et May Cole, étaient propriétaires de l'auberge Klitsa Lodge au lac Sproat. Cet établissement était connu pour sa clientèle prestigieuse, notamment des magnats américains du monde des affaires et des vedettes d'Hollywood.
(1755)
    « Klitsa ne pouvait pas accueillir son entourage, mais elle et le prince Philip sont venus prendre le thé à l'auberge, servi par ma mère, mon père et le personnel », se souvient-il. L'entourage de la reine comprenait 60 personnes et le pavillon ne pouvait en accueillir que 46. Le groupe a donc séjourné à Eaglecrest, près de Qualicum Beach. « Ils sont venus prendre le thé. Ils se sont arrêtés et se sont fait photographier aux chutes Sproat. »
    Patty Archer a dit que sa mère avait 13 ans et qu'elle avait l'habitude de raconter l'histoire où elle se tenait debout sur le parcours du défilé. « Elle s'est toujours souvenue de l'excitation provoquée par la venue du couple royal dans la vallée plutôt éloignée d'Alberni », a écrit Mme Archer dans un message sur les médias sociaux. « Elle a été une admiratrice inconditionnelle de la reine toute sa vie. »
    Joyce Evans se souvient d'avoir observé celle qui était alors princesse lorsque le couple royal avait traversé Alberni sur le chemin Johnston. « Nous y sommes allés avec nos enseignants de l'école élémentaire d'Alberni », dit-elle. « Ma mère, qui est décédée en mars, se souvient de ce jour, a déclaré Helena Sperling-Beaulieu. Elle a suivi la scène de ses yeux d'adolescente. Pour elle, c'était un beau souvenir. »
    Ann Carney a déclaré: « C'est très triste. Je veux dire, elle a fait un travail merveilleux à 96 ans. » Ann travaille chez Churchill's British Imports à Parksville. Elle a dit: « Beaucoup de gens sont venus aujourd'hui et sont un peu tristes. Nous pensons tous qu'elle était une femme merveilleuse et qu'elle travaillait très fort. »
    Lorraine Bell, la gérante du musée de Qualicum Beach, a déclaré dans un communiqué de presse que « Qualicum Beach a accueilli la famille royale et a servi de lieu de repos et de relaxation plusieurs fois au fil des ans ».
    En 1951, avant son couronnement, la princesse Elizabeth, accompagnée par le prince Philip, a fait une visite informelle à l'auberge Eaglecrest lorsque la population de Qualicum Beach ne comptait que 760 âmes.
    Je vais citer la page des médias sociaux des nouvelles de PQB. Linda Thomas écrit: « Je pense que la reine a très bien fait son travail. Elle était ferme, gentille et dévouée, et elle n'a jamais vraiment évité de faire son devoir. Elle a servi durant la guerre. Elle savait ce qu'était la guerre. Je n'ai jamais connu d'autre monarque. Qu'elle repose en paix. » Ce sont de très aimables paroles.
    Ma regrettée arrière-grand-mère, Winifred Denholme, et ma regrettée grand-mère, Joan Pearsell, étaient de grandes admiratrices de la famille royale. La reine était assurément un modèle pour elles.
    J'ai demandé à ma mère, Judy, comment elle se sentait. Elle m'a écrit le message suivant: « La reine va vraiment me manquer, plus que je ne saurais le dire. Chaque fois que je la voyais, elle me rappelait ma grand-mère, si pleine de foi, de grâce et d'amour. Elle était un exemple pour nous tous. Au bout du compte, il ne s'agit pas des points de vue que nous défendons, mais du cadeau d'amour et de bonté que nous partageons entre nous. Elle va nous manquer. »
    Dans ma jeunesse, ma famille suivait les activités de la famille royale. On m'a traîné à Victoria pour y voir la reine au centre-ville lors de sa visite en 1983. Je dois dire que je n'oublierai jamais la chaleur qui émanait du salut de la reine. C'était un geste rempli d'amour et de tendresse. J'ai beaucoup aimé cette douce approche qu'elle avait.
    Je pourrais parler très longtemps de son sens de l’humour. Elle a posé avec l'ourson Paddington à 96 ans. C'était un exemple parfait de la personne amusante qu'elle était. J'aurais bien apporté un sandwich à la marmelade aujourd'hui, mais je ne suis pas autorisé à utiliser des accessoires à la Chambre. Comme je l'ai dit, c'était une façon amusante de montrer qu'elle appréciait vraiment sa vie.
    Le décès de la reine met en évidence le travail important que fait la monarchie pour corriger des injustices passées. Bien des gens partout dans le monde ont un passé difficile avec la Couronne britannique. Je songe notamment au colonialisme, à l'esclavage et au traitement infligé aux peuples autochtones ici, au Canada.
    Le roi Charles III a l'occasion, pour la première fois dans sa vie, de faire avancer la monarchie comme il n'a jamais pu le faire auparavant et d'une manière acceptable pour la génération actuelle. Nous savons que lors de sa plus récente visite au Canada, il a dit avoir rencontré des survivants de pensionnats autochtones qui ont fait preuve de courage en racontant leurs expériences. Il a reconnu leurs souffrances et a dit à quel point il était de tout cœur avec eux et leurs familles, mais il faut qu'il aille encore plus loin. J'espère qu'il assumera sincèrement cette responsabilité dans son nouveau rôle, qu'il écoutera les aînés et les dirigeants autochtones et qu'il appuiera les 94 appels à l'action.
    Comme on l'a dit, la reine Elizabeth II s'est bien acquittée de son rôle; elle avait le sens du devoir et elle a servi ses sujets avec dévouement. Je chérirai véritablement sa mémoire. Qu'elle repose en paix.
(1800)
    Madame la Présidente, avant de commencer, j'offre mes condoléances aux gens touchés par les attaques au couteau perpétrées dans la nation crie de James Smith. Nos pensées et nos prières accompagnent toute la communauté.
    C'est un honneur de prendre la parole aujourd'hui en cette séance spéciale pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II. Le décès de la reine le 8 septembre nous a tous bouleversés. La semaine dernière, le monde a perdu une figure monumentale. Sa Majesté était l'incarnation de la grâce, de la classe et du sens du devoir.
    Je tiens à adresser mes plus sincères condoléances à la famille royale et aux Canadiens de tout le pays. Notre nation est en deuil après le décès de notre reine. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En Angleterre, les files de personnes en deuil s'étendent sur cinq kilomètres. Au Canada, notre livre de condoléances en ligne contient à lui seul plus de 170 pages de signatures, et je suis certaine que ce nombre a beaucoup augmenté depuis que j'ai écrit ce discours.
    Des centaines de personnes se sont rendues à mon bureau de circonscription, dans Brampton‑Ouest, pour lui rendre hommage. Les mots employés pour décrire la reine dans la presse et dans les livres de condoléances évoquent sa grâce, son dévouement, de même que son sens de l'humour et sa diplomatie. Pour beaucoup de gens, dont je fais partie, elle avait une belle présence. Elle était un symbole d'espoir et de stabilité dans un monde changeant et de plus en plus éclaté.
    Dans sa vie publique, elle a été un modèle de respect, de devoir et d’humilité, des qualités qui font cruellement défaut dans la sphère politique actuelle. Sa Majesté a régné pendant près de la moitié de l’histoire du Canada. Son règne s’est échelonné sur plus de sept décennies, période durant laquelle elle a été témoin de la croissance du Canada, contribuant même à en faire le pays prospère, fort et inclusif qu’il est aujourd’hui.
    Au cours des soixante-dix dernières années, Sa Majesté a été une présence constante pour nombre d'étapes importantes de notre histoire. Je pense à l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés, il y a à peine 40 ans, avec la signature de la proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982 par Sa Majesté et le premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
    Par ailleurs, elle était là pour la proclamation du drapeau national du Canada en 1965, la création de l’Ordre du Canada en 1967 et d'autres distinctions, ainsi que les célébrations pour souligner le 100e anniversaire de l’entrée dans la Confédération du Manitoba, des Territoires du Nord‑Ouest en 1970, de la Colombie‑Britannique en 1971 et de l’Île‑du‑Prince‑Édouard en 1973. Sa Majesté était aussi présente pour faire la mise au jeu lors d’une partie de la Ligue nationale de hockey à Vancouver, en 2002.
    Lors de l'une de ses nombreuses visites au Canada, elle s'est également rendue dans la ville de Brampton pour en célébrer le centenaire, en 1973. Bien que je n'étais pas encore née à cette époque, je peux dire que lors de leur visite, la reine et le prince Philip ont été accueillis au parc Gage dans le cadre des célébrations officielles du centenaire. Je sais que de nombreux citoyens de Brampton se souviennent encore de ce jour et ils m'en ont parlé dans les nombreuses conversations que j'ai eues avec eux au cours de la dernière semaine.
    Il existe bien d'autres moments que les Canadiens garderont à jamais en mémoire. Sa Majesté demeurera la première souveraine canadienne à avoir inauguré les travaux du Parlement et à avoir prononcé un discours du Trône en 1957. Elle a été la première femme membre de la famille royale à avoir servi activement dans l'armée et a avoir entretenu des liens étroits avec les Forces armées canadiennes à titre de commandante en chef. Elle a visité de nombreux navires et bases militaires partout au pays et a présidé de nombreuses cérémonies militaires.
    Bien entendu, le Canada a été le pays le plus fréquemment visité par la reine Elizabeth II, un pays avec lequel elle a entretenu des liens étroits. Elle s'est fait un devoir de se rendre dans chaque province et territoire, en commençant par une tournée pancanadienne de cinq semaines en 1951, qui a été suivie de 22 visites officielles au fil des ans. Elle décrivait souvent le Canada comme étant chez elle et « une terre […] débordante d'espoir, de joie et de personnes généreuses, bonnes et loyales ».
    C'est en 1947, à l'âge de 21 ans seulement, qu'elle a fait le vœu de consacrer sa vie entière au service du Commonwealth, une promesse qu'elle a tenue jusqu'à son dernier jour, à l'âge de 96 ans.
(1805)
    En 2002, Sa Majesté a rappelé au monde l'importance du service, de la communauté et de la compassion lorsqu'elle a affirmé ceci: « Le monde moderne exerce une pression telle sur le temps dont nous disposons et sur notre attention qu'il faut, plus que jamais, être conscients des responsabilités que nous avons envers les autres. »
    Sa Majesté mettait ces paroles en pratique par son dévouement et son engagement au service. Elle parrainait plus de 600 organisations, notamment 36 au Canada, dont plusieurs étaient le reflet de ses intérêts et de ses passions, comme l'éducation, la santé, les enfants et la science.
    Sa Majesté était un modèle d'abnégation qui inspirait les gens au pays et partout sur la planète. On se souviendra à jamais de son engagement envers le service, de son bénévolat et de ses efforts pour améliorer la société.
    En tant que ministre des Aînés, j'ai souvent pensé à l'exemple puissant et inspirant de la reine en ce qui concerne la valeur des aînés. Elle a travaillé au service des autres jusqu'à son dernier souffle. Sa résilience et ses contributions, même à la fin de sa vie, nous rappellent que les aînés sont un atout précieux. C'est dire que le Canada est très chanceux. Le nombre d'aînés est en croissance au Canada, alors nous pouvons compter sur une multitude d'aînés canadiens pour nous guider vers l'avenir.
    Les Canadiens se souviendront de la sagesse, des conseils et de la compassion de Sa Majesté. Elle était une source de stabilité et de force pour tous. Elle guidait et orientait le pays et lui donnait de la confiance et du courage et elle a toujours su trouver les mots sûrs et rassurants, en particulier lors des crises mondiales, comme dans le cas de la pandémie de COVID‑19. La portée de ses paroles a toujours été immense.
    En 1974, elle a prononcé des paroles qui m'ont toujours marquée depuis que j'en ai pris connaissance: « Nous pouvons avoir des points de vue différents, mais c’est en période de stress et de difficulté que nous devons le plus nous rappeler que nous avons beaucoup plus en commun que ce qui nous divise. » Ces paroles occupent une grande place dans mon cœur et nous rappellent constamment à quel point nous sommes en fait tous semblables, quelles que soient nos origines ou nos allégeances politiques.
    Sa Majesté a toujours eu une présence constante dans la vie des Canadiens, et elle nous manquera sincèrement. Elle aimait profondément les Canadiens et le Canada, et nous nous souviendrons d'elle pendant des générations. Au nom de tous les Canadiens, je la remercie de ses innombrables années de service et de dévouement ainsi que pour la promesse qu'elle a faite il y a 75 ans et à laquelle elle n'a jamais manqué.
    Mes pensées accompagnent sa famille, pour qui elle était une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère aimée. Je sais que je me joins à de nombreux Canadiens de partout au pays et notamment de ma circonscription, Brampton‑Ouest, en pleurant la fin d'une époque.
    J'aimerais également féliciter Sa Majesté le roi Charles III de son accession au trône. Sa volonté de servir, l'importance qu'il attache aux enjeux climatiques et son engagement envers le renouvellement des relations entre la Couronne et les peuples autochtones sont tous de bon augure pour l'avenir. Longue vie au roi.
(1810)
    Madame la Présidente, je prends la parole afin de rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II et d'offrir mes plus sincères condoléances et celles des résidants de Brandon—Souris à sa famille et à ses proches.
    Lorsque Sa Majesté est décédée, nous avons eu l'impression de perdre un membre de notre famille, et c'est tout comme, car nous la connaissions si bien et elle était toujours présente depuis si longtemps. Sa Majesté était là depuis toujours.
    Après une vie consacrée au service des autres, la reine nous a malheureusement quittés l'année de son jubilé de platine, après avoir rempli ses fonctions officielles pour la dernière fois en demandant à la nouvelle première ministre de la Grande-Bretagne de former un nouveau gouvernement.
    En plus d'assumer ses nombreuses fonctions officielles et d'avoir à cœur de soutenir des organismes de charité, cette reine, qui n'était pas du genre à rester inactive, a été mécanicienne au service territorial auxiliaire de l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Sa Majesté n'était pas seulement la reine du Royaume-Uni et la cheffe du Commonwealth. Elle était aussi la reine du Canada.
    Lors de sa visite au Canada, en 2010, elle a dit ceci:
    Ma mère m'a déjà dit que ce pays était comme un deuxième chez-soi pour la reine du Canada. Monsieur le premier ministre, j'ai le plaisir de vous dire que c'est encore vrai aujourd'hui.
    Peu importe où elle se rendait, une foule de Canadiens de tous les âges attendaient des heures pour lui serrer la main ou l'entrevoir. Entendre tant de gens de partout dans le monde raconter leurs récits émouvants et leurs interactions avec la reine a été inspirant. Pour beaucoup, la reine Elizabeth II était un symbole de grâce et d'éloquence. Pour d'autres, elle était leur cheffe d'État et leur commandante en chef. Pour nous tous, elle était une femme extraordinaire qui incarnait à merveille le sens du devoir et du service envers autrui. Elle transcendait les générations. Alors que tout changeait autour de nous, elle était un pilier. Pendant les périodes les plus tumultueuses, elle a fourni une stabilité. Elle servait d'étoile polaire pour beaucoup et représentait un modèle pour des millions de personnes. Bien simplement, elle n'était pas seulement une reine; elle était ma reine.
    Quand j'étais jeune écolier à Elgin, au Manitoba, elle était présente lorsque nous entonnions le God Save the Queen le matin, et sa photo était placée bien en évidence dans notre école. Notre famille regardait le message de Noël annuel de Sa Majesté, et nous prenions à cœur ses mots d'encouragement et ses appels à l'action. Pour elle, la foi, la famille, l'esprit de communauté, la charité et le dévouement envers ses sujets avaient une importance primordiale. Elle a été le premier monarque à inaugurer une session parlementaire au Canada, elle a inauguré les célébrations du centenaire du Canada et elle était là le jour où nous avons rapatrié la Constitution, elle était toujours présente.
    Toute personne étant allée voir une partie de hockey à l'ancien aréna de Winnipeg gardera un souvenir impérissable d'une peinture vraiment magnifique de Sa Majesté, qui était bien placée entre les deux drapeaux.
    Quand je suis devenu député en 2013, mon premier acte a été de jurer fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. C'est le même serment qu'ont prêté, depuis 70 ans, tous les députés, en poste ou retraités.
    De nombreux Canadiens, moi y compris, ont ressenti un lien profond avec la reine durant son règne. Au cours de cette période, elle a visité 22 fois le Canada. Qu'il s'agisse de faire la mise au jeu lors d'un match des Canucks de Vancouver, comme il a été mentionné à maintes reprises aujourd'hui, ou de regarder sa fille compétitionner aux Jeux olympiques de Montréal de 1976, sa famille et elle ne se comportaient pas comme des étrangers lors de leurs visites dans notre pays.
    J'ai eu l'occasion de rencontrer le prince Edward, fils de la reine, à deux reprises lorsque j'étais député de l'Assemblée législative du Manitoba. La première fois, c'était durant une réunion de l'Association parlementaire du Commonwealth qui, ironiquement, se déroulait à l'Île-du-Prince-Édouard. La seconde fois, c'était à Winnipeg, où il a présenté les médailles d'or du Duc d'Édimbourg aux meilleurs cadets du Manitoba, dont deux venaient d'Arthur-Viden, circonscription provinciale que je représentais à l'époque.
    Mon interaction la plus mémorable avec Sa Majesté a eu lieu lorsque je lui ai serré la main au cours de l'une de ses six visites au Manitoba. Elle a visité l'assemblée législative en 2002 pour célébrer son jubilé d'or, alors que j'étais député provincial. Bien que ce fut seulement une brève rencontre, sa cordialité et sa grâce étaient évidentes. C'est lors de cette visite que des milliers de Manitobains s'étaient rendus dans la ville pour célébrer son jubilé.
(1815)
    Ce fut également un moment extraordinaire lorsqu'elle a dévoilé la statue du Golden Boy remise à neuf, qui est installée sur le dôme de l'Assemblée législative du Manitoba. Voir la reine, à l'occasion de son jubilé, dévoiler le Golden Boy, qui est l'un des symboles les plus célèbres du Manitoba, est pour moi un souvenir inoubliable.
    Au cours des nombreux voyages de Sa Majesté au Manitoba, elle a pu visiter même les plus petites collectivités rurales et éloignées, notamment Churchill, Thompson, Gillam, Flin Flon, Norway House, Swan River, The Pas, Dauphin, Carman et bien d'autres. Elle s'est rendue dans ces localités pour mieux comprendre la province et ses habitants.
    Tout récemment, le Brandon Sun a publié un merveilleux article sur la visite de la reine, du prince Philip, de la princesse Anne et maintenant du roi Charles à la ferme Bailey, près de Carberry, au Manitoba, en 1970. Ils avaient pu prendre un moment dans leur horaire chargé pour monter à cheval et inspecter les cultures de la ferme Bailey. Comme de juste, 40 ans après la visite de la ferme, M. Bailey a eu l'occasion de rencontrer la reine à Winnipeg. Elle lui a parlé avec bonheur du temps passé à la ferme familiale. Selon moi, cela indique que la reine était tout aussi à l'aise dans une ferme de la campagne manitobaine que dans un banquet d'État ou au palais de Buckingham.
    Son amour pour le plein air et les chevaux ne s'est jamais démenti tout au long de sa vie, et c'est sans parler, bien sûr, de ses chiens, ses chers corgis. Depuis 1969, la Gendarmerie royale du Canada canadienne a fait don de huit chevaux à Sa Majesté, son préféré ayant été le premier, qui se nommait Burmese. Lorsque Burmese a cessé de participer aux parades et aux fonctions publiques, la reine a dit: « Bien, je prends ma retraite aussi. Je ne vais plus monter à cheval parce que sans Burmese, ce ne sera plus pareil. »
    Pour symboliser leur relation unique et son lien avec le Canada, une statue de Burmese et de Sa Majesté se trouve au nord de l'Assemblée législative de la Saskatchewan et une deuxième se trouve à l'extérieur de la résidence de la gouverneure générale, ici, à Ottawa. Ces statues rappelleront de façon durable l'amour qu'elle portait à notre pays et elles nous permettront de lier le passé au présent.
    Je souhaite souligner le dévouement de la reine Elizabeth II à sa tâche.
    La semaine passée a été historique. Mardi, la reine a accueilli Liz Truss, la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, en lui serrant officiellement la main. Notre reine nous a quittés jeudi, et samedi, un nouveau chef de l’opposition officielle a été élu au Canada. Je doute que trois événements aussi importants dans nos deux nations puissent se reproduire dans un laps de temps aussi court.
    Après sept décennies, il est difficile d'imaginer un monde sans elle. Il est impossible de résumer l'influence positive qu'elle a eue sur le Canada et sur nos vies. Le legs de Sa Majesté est immense et il marque la fin d'une époque et le début d'une nouvelle. Que sa mémoire demeure à jamais en nos cœurs et que son sens du devoir nous inspire alors que nous nous mettons au service des gens que nous représentons.
    Que Dieu protège le roi.
(1820)
    Comme aucun autre député ne souhaite intervenir, conformément à l'ordre adopté plus tôt aujourd'hui, la Chambre reprendra les déclarations à l'occasion du décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II à sa prochaine séance.

[Français]

    En conséquence, la Chambre demeure ajournée jusqu'à demain, à 10 heures, conformément à l'ordre adopté plus tôt aujourd'hui.
    (La séance est levée à 18 h 22.)
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