(au nom du ministre des Finances)
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de faire franchir au projet de loi une nouvelle étape à la Chambre et de pouvoir intervenir aujourd'hui à l'étape de la troisième lecture. Il est question de la Loi sur le chef du développement de la littératie financière, une mesure législative de première importance qui devrait jouer un rôle clé dans l'amélioration de la littératie financière au Canada.
Avant d'entamer mon discours, je tiens à remercier tous les députés qui siègent avec moi au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, pour l'empressement avec lequel ils ont étudier le projet de loi, au début de l'automne. Je souligne en particulier le travail du président du comité, le député d', qui fait constamment preuve de leadership au comité et qui cherche résolument à améliorer la littératie financière des Canadiens. En ce moment même, il travaille ferme au comité.
Le député est un ardent partisan non seulement du projet de loi, mais aussi de diverses grandes initiatives en matière de littératie financière, notamment sa propre motion d'initiative parlementaire, la motion M-269, relative à la constitution d'un groupe de travail sur la littératie financière.
Il ne fait aucun doute que l'amélioration de la littératie financière est un objectif important. C'en est un que je souhaiterais que tous les parlementaires adoptent. C'est un objectif qui fait de plus en plus consensus sur la scène internationale.
Pour reprendre les termes d'une déclaration commune des ministres des Finances faite au Forum de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique, plus tôt cette année:
La littératie financière est devenue une compétence utile dans la vie, qui est essentielle dans toutes les économies pour favoriser des systèmes financiers sûrs et solides, efficients, transparents et inclusifs.
En effet, compte tenu du nombre croissant de produits et de services financiers complexes offerts sur le marché, il est plus important que jamais que les consommateurs possèdent les connaissances nécessaires pour prendre des décisions éclairées.
Comme Annamaria Lusardi, professeur d'économie au collège Dartmouth, l'a dit:
Étant donné la complexité des instruments financiers actuels et les décisions financières à prendre au quotidien, qu'il s'agisse de comparer des offres de sociétés de cartes de crédit, de choisir des modes de paiement ou de déterminer combien d'argent mettre de côté, où faire des placements et comment obtenir le meilleur prêt, les consommateurs doivent posséder des rudiments en matière de finances.
Heureusement, ici au Canada, de grands progrès ont été faits dans ce domaine.
L'Agence de la consommation en matière financière du Canada, ou ACFC, est le principal organisme public qui s'occupe d'information et de littératie financières. Elle a lancé plusieurs programmes très utiles ces dernières années. Par exemple, l'ACFC a créé des outils originaux pour aider les Canadiens, notamment, un calculateur d'hypothèque qui détermine rapidement la mensualité hypothécaire d'une personne et les économies possibles en cas de remboursement anticipé du prêt hypothécaire.
Elle a également mis en ligne de l'information novatrice pour aider les consommateurs à choisir la carte de crédit qui leur convient le mieux ainsi que les forfaits bancaires qui répondent vraiment à leurs besoins.
Grâce au travail de l'ACFC, les Canadiens peuvent dorénavant bénéficier de ressources objectives, fiables et gratuites pour les aider à comprendre les questions financières auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. Le programme « Vos outils financiers » est offert gratuitement en ligne sur le site Web de l'ACFC. J'invite tous ceux que cela intéresse à consulter le site Web où se trouvent ces outils financiers. C'est une autre façon pour les Canadiens d'acquérir ces compétences si importantes dans l'économie d'aujourd'hui.
Le programme « Vos outils financiers » explique, en termes simples non techniques, les questions financières de base qui touchent la plupart des Canadiens au quotidien: services bancaires, budget et épargne, gestion de la dette personnelle, protection contre la fraude et planification de la retraite. Il donne aussi aux Canadiens la possibilité de mettre leurs nouvelles connaissances en pratique et d'appliquer l'information fournie à leur situation personnelle.
Je signale que les critiques du site « Vos outils financiers » ont été extrêmement positives. La réputée journaliste Alison Griffiths, spécialiste des questions relatives aux finances personnelles, a écrit ceci:
[...] je suis heureuse de pouvoir dire que tout le monde y trouvera son compte.
Le gouvernement conservateur appuie sans réserve l'excellent travail fait par l'Agence de la consommation en matière financière du Canada et lui a accordé plus de ressources pour qu'elle puisse continuer sur sa lancée. Le gouvernement a annoncé, par exemple, qu'il lui accordait un nouveau financement de 3 millions de dollars renouvelable chaque année. Cette somme s'ajoute aux 2 millions de dollars de financement qu'il accorde déjà à l'agence pour ses initiatives de littératie financière. L'engagement qu'a pris le gouvernement montre clairement toute l'importance qu'il accorde à l'amélioration de la littératie financière des Canadiens à l'échelle locale et nationale.
Grâce au soutien accru que nous accordons à l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, nous avons vu progresser notre programme d'amélioration de la littératie financière au Canada. Ce n'est toutefois qu'une partie des efforts que nous déployons. Nous sommes même allés plus loin et avons mis à profit ce qui existe déjà, à commencer par le Groupe de travail fédéral sur la littératie financière, qui a été créé en juin 2009. Ce groupe de travail a été chargé de formuler des recommandations en ce qui concerne la création d'une stratégie nationale d'amélioration de la littératie financière au Canada. Il comptait 13 membres venant du monde des affaires, du milieu de l'éducation, des organismes communautaires et du milieu universitaire.
Le groupe de travail avait pour mandat de consulter les Canadiens ordinaires et de leur demander directement leur opinion afin d'éviter de leur imposer d'en haut une stratégie. Ses membres ont donc sillonné le Canada. Les gens leur ont donné d'excellents exemples de mesures créatives de littératie financière à l'échelle régionale et provinciale. On leur a donné des exemples de réalisations individuelles qui aideraient à élaborer un plan global national.
Le groupe de travail a publié son rapport final « Les Canadiens et leur argent: Pour bâtir un avenir financier plus prometteur », qui nous a été remis en février 2011. Il contient 30 recommandations qui permettraient d'améliorer la littératie financière des Canadiens et qui s'adressent aux différents ordres de gouvernement ainsi qu'aux intervenants. J'invite tous les Canadiens à consulter le site financialliteracyincanada.com pour pouvoir lire le rapport et en apprendre davantage sur le travail effectué par le groupe de travail et, surtout, sur les gens qui ont participé à ses travaux.
Je suis très heureux de pouvoir dire que, depuis la publication de ce rapport, il y a plus d'un an, le groupe de travail a été chaudement félicité par une multitude d'organismes et de commentateurs. Par exemple, Social and Enterprise Development Innovations, un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui vise à élargir les possibilités économiques des Canadiens à faible revenu, a appuyé fortement le rapport, surtout pour l'immense travail de consultation réalisé dans chaque région du pays. Voici d'ailleurs ce qu'a dit la présidente-directrice générale de l'organisme, Laura Watt:
[Social and Enterprise Development Innovations félicite] le gouvernement fédéral de reconnaître que la littératie financière est essentielle. Nous soulignons également la diligence et le travail exhaustif des membres du groupe de travail, qui ont permis aux Canadiens de l'ensemble des provinces et des territoires de participer à élaboration d'une stratégie nationale sur la littératie financière, qui s'avère indispensable.
L'Institut canadien des comptables agréés a, lui aussi, parlé favorablement du rapport du groupe de travail. Il a dit:
Les recommandations jettent de solides bases pour l’élaboration d’une stratégie nationale.
Après le succès des consultations et du rapport du groupe de travail, le projet de loi à l'étude aujourd'hui permet d'entreprendre la mise en oeuvre de la première recommandation: établir au sein du gouvernement un leader spécialement chargé de ces questions.
Plus précisément, il propose des modifications à la Loi sur l'Agence de la consommation en matière financière au Canada de manière à fournir un cadre pour la nomination d'un chef du développement de la littératie financière. Les modifications proposées définissent également les attributions du chef du développement de la littératie financière en permettant à celui-ci de mener des activités à l'appui de cet objectif et en fixant ses conditions d'emploi. Le titulaire du poste devra collaborer avec divers groupes de défense des intérêts du public de tous les coins du pays pour apporter son concours et son soutien à des initiatives qui accroîtront la littératie financière des Canadiens.
Le projet de loi permettrait également de poursuivre le travail réalisé jusqu'à présent par l'ACFC en ce qui a trait à la stratégie nationale sur la littératie financière. Même si le chef du développement de la littératie financière jouera un rôle clé dans les efforts du gouvernement en matière de littératie financière, la création de ce poste n'est qu'un exemple parmi tant d'autres des mesures que le gouvernement prend pour continuer à faire en sorte que tous les consommateurs canadiens possèdent les connaissances et les outils dont ils ont besoin pour économiser judicieusement tout en investissant dans leur avenir dans un marché financier de plus en plus complexe.
Peu importe leur niveau de revenu ou le type d'emploi qu'ils occupent, les Canadiens ont besoin de meilleures connaissances financières pour s'y retrouver dans le monde financier complexe d'aujourd'hui. On n'a qu'à penser aux travailleurs qui ouvrent un compte bancaire et qui essaient de trouver la meilleure façon d'atteindre leurs objectifs d'épargne; aux familles qui tentent de joindre les deux bouts, tout en mettant de l'argent de côté pour l'achat d'une première maison; aux investisseurs qui peuvent ne pas connaître les risques et le rendement associés à un type de placement donné ou encore les avantages de l'intérêt composé; aux aînés qui, dans un monde où les transactions bancaires se font de plus en plus sur Internet et au moyen des guichets automatiques, constituent des cibles de choix pour les fraudeurs; aux néo-Canadiens qui ne sont pas au courant de leurs droits à des services bancaires de base; aux Autochtones qui vivent dans des régions éloignées du Nord et qui peuvent avoir de la difficulté à rester au fait des nouveaux instruments d'épargne offerts par le gouvernement.
C'est pour toutes ces personnes que l'éducation financière est utile. Les gens qui sont mieux renseignés sur les questions financières sont davantage en mesure d'obtenir des services financiers et d'en profiter. Nous savons que la littératie financière est le fondement de l'épargne et des placements ainsi que de l'utilisation responsable du crédit. Par exemple, lorsque vient le temps d'acheter une maison, la personne qui possède des connaissances financières peut déterminer le véritable coût d'un emprunt et comprendre que les paiements effectués dans les premières années vont essentiellement au service de la dette et qu'ils ne réduisent pas le capital emprunté. Et surtout, ces connaissances lui permettent de poser les bonnes questions, du genre: Quel type d'hypothèque puis-je obtenir? Quelles sont les options de remboursement? Quels seront les frais et les taxes que je devrai payer? Comment puis-je réduire mes paiements? Puis-je vraiment me permettre cette hypothèque?
C'est chez les jeunes Canadiens que le besoin d'améliorer la littératie financière est le plus criant. Une étude récente sur la littératie financière chez les jeunes, préparée pour l'ACFC, a mis en évidence le coût de l'absence de cours de littératie financière de base dans les programmes scolaires. Selon cette étude, parmi les jeunes Canadiens âgés de 18 à 29 ans, seulement une personne sur quatre dit avoir reçu un enseignement ou une formation quelconque sur les finances personnelles, la plupart du temps dans un établissement postsecondaire. L'étude révèle aussi que ce même groupe d'âge a un grand intérêt pour l'éducation financière, surtout en ce qui concerne l'établissement d'un budget personnel. Les deux tiers de ces jeunes font un budget mensuel, même si la plupart d'entre eux ne le respectent pas toujours. Par ailleurs, plus de 7 jeunes sur 10 mettent de l'argent de côté pour l'avenir, même si seulement la moitié d'entre eux le font régulièrement.
C'est un signe encourageant que de jeunes Canadiens veuillent améliorer leur gestion financière, surtout compte tenu du fait que les jeunes ont aujourd'hui la possibilité d'effectuer un plus grand nombre de transactions financières que toute autre génération avant eux. D'après cette même étude de l'ACFC, plus de 8 jeunes Canadiens sur 10 ont un compte-chèques et ils sont presque aussi nombreux, soit 72 %, à posséder une carte de crédit.
Nous savons que l'éducation sur la littératie financière peut être efficace et que les initiatives comme celle que nous étudions aujourd'hui peuvent contribuer à veiller à ce que les jeunes Canadiens aient à leur disposition les outils dont ils ont besoin. Pour les adolescents comme pour les aînés, le renforcement de la littératie financière se traduit par de meilleurs choix en tant que consommateurs, un marché plus vaste et plus dynamique pour les services financiers, ainsi qu'une participation plus importante dans le secteur bancaire florissant de notre pays. En l'absence de littératie financière, les Canadiens et, bien entendu, notre économie sont désavantagés. Les Canadiens doivent alors payer davantage pour des transactions bancaires de base essentielles ou pour un crédit à court terme. Manifestement, nous voulons tous éviter cela et, à ce jour, je suis fier d'avoir pris cette mesure énergique.
Améliorer la littératie financière des Canadiens n'est pas un objectif facile à atteindre. C'est un engagement continu qui exige le soutien des partenaires de l'ensemble des secteurs de l'éducation et des finances.
Pour accroître le plus possible les connaissances financières des Canadiens, il faut adopter une stratégie nationale à long terme et prendre un engagement collectif, et c'est ce que permet la création du poste de chef du développement de la littératie financière, proposée dans le projet de loi dont nous sommes saisis. Les groupes comme ABC Life Literacy qui participent à la mise en oeuvre de ces types de programmes comprennent l'importance de ce poste. Voici ce qu'a déclaré ABC Life Literacy:
Un chef national du développement de la littératie financière nous épaulerait dans nos efforts visant à accroître la littératie financière des Canadiens. La littératie financière fait partie de l'éventail de compétences essentielles dont ils ont besoin pour réussir.
Pour suivre l'exemple de nos parents et grands-parents, qui ne dépensaient que lorsqu'ils en avaient les moyens, nous devons faire en sorte que nos enfants et petits-enfants comprennent bien les risques et les avantages que présentent les nombreux produits et services financiers qui leur sont proposés de nos jours. Il est évident que notre prospérité dépend de l'accessibilité des marchés et des services financiers.
C'est une réalité que le gouvernement comprend depuis longtemps, et nous avons travaillé avec acharnement pour mettre en oeuvre des initiatives permettant d'uniformiser les règles du jeu pour tous. J'espère seulement qu'après avoir étudié attentivement le projet de loi dont nous sommes saisis au Comité des finances, et après avoir mieux compris les mesures importantes qu'il contient, les députés appuieront la création du poste de chef national du développement de la littératie financière afin que nous puissions améliorer la littératie financière de tous les Canadiens.
Nous avons eu presque un an pour examiner ce projet de loi et en débattre, alors nous devrions l'adopter. Par conséquent, j'exhorte tous les députés à voter en faveur du projet de loi dont nous sommes saisis, car il aidera tous les Canadiens à conserver une plus grande partie de leur argent durement gagné au lieu de le donner aux banques à cause d'un produit ou d'un service inapproprié et inacceptable qui est offert et utilisé.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de présenter aujourd'hui la position du NPD sur le projet de loi , qui créerait le poste de chef du développement de la littératie financière afin d'améliorer la littératie financière au Canada.
Permettez-moi d'abord de dire que c'est bien sûr une bonne chose de comprendre les questions financières. C'est certes un avantage de comprendre, par exemple, la différence que fera un taux annuel de 5 % ou de 5,5 % sur la durée d'un prêt, de pouvoir évaluer la durée de remboursement du solde sur sa carte de crédit si on se contente chaque mois de faire le paiement minimum, de connaître la somme qu'il faut épargner chaque mois pour pouvoir faire des études ou s'acheter une voiture, et de se rendre compte de tout l'argent qu'il faut mettre de côté en prévision de l'achat d'une maison ou de sa retraite.
Comment réussit-on à atteindre son objectif? Comme je l'ai dit au comité, c'est un peu comme le golf. Certaines personnes font un crochet à gauche ou à droite, mais au bout du compte, tout le monde cherche à faire entrer sa balle dans le trou. Nous devons donc nous poser la question suivante: dans quelle mesure le projet de loi permet-il d'atteindre les objectifs qu'on s'est fixés?
Malheureusement, ce projet de loi, bien qu'il constitue un très petit pas en avant, ne va pas nous permettre d'atteindre l'objectif que nous visons tous. Premièrement, le mandat du poste est extrêmement vague. On s'attend à ce que son titulaire fasse la promotion de la littératie financière, mais on ne trouve dans le projet de loi aucune définition de cette notion. De plus, le projet de loi ne précise absolument pas par quels moyens on pourrait ou devrait la promouvoir.
En outre, la recommandation initiale de créer ce poste établissait très clairement la nécessité d'un conseil consultatif formé de travailleurs, de groupes bénévoles, d'éducateurs et d'intervenants du milieu des affaires, qui seraient là pour orienter le travail du chef du développement de la littératie financière. Le projet de loi ne contient aucune disposition visant à créer ce conseil consultatif et, par conséquent, il y a très peu de comptes à rendre.
De plus, le projet de loi ne contient aucune disposition qui garantirait que ce poste serait comblé par une personne pouvant s'exprimer couramment dans les deux langues officielles. Selon moi et mes collègues du NPD, une personne à qui on demande de transmettre des connaissances aux Canadiens en matière financière et de les encourager doit être capable de communiquer tant en français qu'en anglais.
Le NPD a tenté de corriger ces problèmes à l'étape de l'étude en comité. Nous avons proposé six amendements, mais ils ont tous été rejetés par les députés conservateurs membres du Comité des finances. Chose très étonnante, certains de ces opposants ont semblé contredire ce qu'a déclaré le devant le comité et ici même, aujourd'hui.
Quand j'ai demandé au pourquoi le bilinguisme ne faisait pas partie des exigences prévues dans le projet de loi, il a répondu que la capacité de parler les deux langues officielles et de diffuser des renseignements dans les deux langues officielles serait obligatoire. Pourtant, à peine une semaine plus tard, lorsque j'ai présenté une motion pour amender le projet de loi en ce sens, les membres conservateurs ont voté contre celle-ci sous prétexte qu'ils souhaitaient s'assurer de choisir la personne la plus compétente.
Les députés néo-démocrates ne croient pas qu'il soit possible de choisir la personne la plus compétente si celle-ci n'est pas bilingue. À notre avis, le bilinguisme est nécessaire pour que l'on puisse aider tous les Canadiens à améliorer leur littératie financière.
Par conséquent, nous nous trouvons face à un dilemme. Les intervenants que nous avons consultés nous ont dit que l'approche privilégiée par le NPD était de loin supérieure au projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui. Malheureusement, le gouvernement nous dit que c'est tout ou rien et qu'il n'est pas possible d'en arriver à un compromis ni d'apporter des améliorations au projet de loi. Voilà ce qui se trouve sur la table; c'est à prendre ou à laisser.
C'est exactement ce qui s'est produit en comité: les conservateurs n'ont pas voulu accepter un seul amendement. Cette façon de faire est néfaste pour le fonctionnement de la démocratie parlementaire; elle est néfaste pour les Canadiens.
C'est pourquoi l'opposition officielle ne se prêtera pas à ce genre de jeux idéologiques. Les Canadiens veulent une bonne gouvernance et une bonne administration publique, et c'est exactement ce qu'ils obtiendront quand ils éliront leur premier gouvernement néo-démocrate en 2015.
Le NPD appuiera ce projet de loi en troisième lecture. Nous l'appuierons non parce qu'il constitue un remède miracle, comme les conservateurs aiment le prétendre, mais parce que malgré tous ses défauts, ce projet de loi vaut mieux que la situation actuelle.
Contrairement aux conservateurs, nous écoutons tous les intervenants quelle que soit leur allégeance politique; nous tenons compte de leurs préoccupations quand nous prenons des décisions en matière de politiques. Ces groupes nous ont dit que le projet de loi constituerait un petit pas en avant dans leurs efforts pour améliorer la littératie financière des Canadiens.
Nos préoccupations à l'égard du projet de loi demeurent les mêmes. Toutefois, mes collègues et moi-même exigerons que le gouvernement rende des comptes à propos de tous les engagements qu'il prend actuellement à l'égard de sa position. Quand nous prendrons le pouvoir, en 2015, nous serons en mesure de corriger tous les problèmes que le parti d'en face choisit d'oublier parce qu'il préfère marquer des points politiques.
Pour bien examiner ce projet de loi, il faut le replacer dans le contexte général de tous les changements de politique que les conservateurs ont mis en place depuis six ans. À titre d'exemple, d'après Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 26 % des Canadiens ont un faible niveau de numératie et 20 % ne maîtrisent pas les compétences de base en littératie. Et pourtant, le gouvernement qui tente actuellement de convaincre les Canadiens que la littératie financière est le remède à tous leurs maux économiques est le même qui a sabré 17,7 millions de dollars dans les programmes d'alphabétisation des adultes en 2006. Le gouvernement conservateur a toujours pour stratégie de donner d'une main et de reprendre de l'autre.
La littératie financière ne se comprend pas sans tenir compte du contexte. En fait, pendant l'étude en comité, mon collègue québécois a soumis le problème au . Il lui a dit:
Vous parlez du curriculum. En fait, c'est une question importante. Je me souviens que lorsque je faisais ma 3e année du secondaire — qui correspond à la 10e année, je pense —, on avait ce qu'on appelait le programme d'éducation économique. On y traitait de questions comme les cartes de crédit et les comptes bancaires, mais cela portait aussi sur des questions fondamentales auxquelles les gens sont confrontés, comme celle de la syndicalisation. On abordait toutes les questions du point de vue macroéconomique, ce qui allait bien au-delà de la simple question des marchés financiers.
Plutôt que de parler uniquement de la littératie financière selon une définition aussi étroite qui s'arrête aux questions des marchés financiers et des pensions ou à des questions bien spécifiques comme les cartes de crédit, ne pensez-vous pas qu'on pourrait élargir cela à une question d'éducation économique? En ce sens, on pourrait travailler avec les provinces pour essayer de leur faire développer un élément de curriculum peut-être au niveau primaire, mais surtout au niveau secondaire, pour pouvoir former les jeunes à l'ensemble de ce que comprend la complexité économique, au-delà de la seule dimension financière.
La réponse du ministre était aussi claire que directe. Il a dit: « Je dois dire que vous avez raison: c'est ce qui doit arriver. »
Quand on insiste, on voit que même le gouvernement convient que le pays a besoin d'une stratégie globale qui va plus loin que celle qu'on nous présente. Mais au lieu de cela, nous avons droit à un projet de loi qui, bien qu'il intègre la recommandation numéro un du Groupe de travail sur la littératie financière, fait fi des 29 autres. La réponse du ministre: s'il le désire, le futur chef du développement de la littératie financière pourra donner suite aux autres recommandations comme bon lui semble.
Ainsi, on accepte la recommandation numéro un, mais aucune des autres. À quoi bon commander un rapport d'un groupe indépendant si les conservateurs ne vont retenir que les parties qui leur plaisent? La recommandation numéro deux du groupe de travail porte sur la création d'un conseil consultatif sur la littératie financière. Celui-ci serait composé de représentants des institutions financières, du monde de l'enseignement, des syndicats et d'autres intervenants et aurait comme tâche de guider le travail du chef du développement de la littératie financière.
Les conservateurs se sont targués de donner suite à la première recommandation, qui est aussi la plus importante, mais en agissant de la sorte, c'est comme s'ils bâtissaient une maison sans en couler d'abord les fondations. Il ne suffit pas de dire que le futur chef du développement de la littératie financière pourra donner suite aux autres recommandations, il faut que ce soit inscrit dans le projet de loi. Autrement, le message qu'on envoie, c'est qu'il est inutile que tous ceux qui pourraient avoir voix au chapitre soient entendus.
Au NPD, nous préconisons une approche différente, où l'on prête une oreille attentive à toute une gamme de points de vue et où l'on veille à ce qu'aucun Canadien ne soit laissé pour compte. Il faut vulgariser les connaissances financières, plutôt que d'essayer seulement de former les gens pour qu'ils les assimilent mieux. Même pour les gens qui n'ont aucune difficulté en lecture, en écriture ou en mathématiques, la finance est une matière particulièrement aride. Voici ce qu'écrivait Barrie McKenna, un chroniqueur du monde des affaires pour le Globe and Mail:
Chercher à combler les lacunes par des programmes de littératie financière revient à demander aux Canadiens de devenir tous des neurochirurgiens ou des pilotes de ligne. La gamme étourdissante de produits financiers et le comportement chaotique et de plus en plus irrationnel des marchés financiers rendent l'autoplanification financière presque impossible, peu importe l'instruction que l'on possède. Le contrat type de carte de crédit est aussi facile à comprendre qu'un traité de physique quantique.
Nous devons en outre veiller à ce que les Canadiens sachent que certains produits financiers ne sont pas dans leur intérêt. Les gens qui placent leurs économies dans des fonds d'investissement enrichissent les banques et les courtiers aux frais lucratifs. Selon Morningstar, une société de recherche sur les investissements, les frais de gestion des fonds d'actions sont, au Canada, parmi les plus élevés au monde. En moyenne, ils sont deux fois et demie plus élevés qu'aux États-Unis, par exemple.
Nous devons voir à ce que nos programmes de littératie financière jettent un regard critique sur le prélèvement de frais substantiels par certains gestionnaires de fonds, quel qu'en soit le rendement. Il faut faire comprendre aux gens que des fonds comme le RPC ont régulièrement un rendement supérieur aux fonds privés. Il faut leur montrer à apprécier les dangers inhérents aux investissements sur le marché boursier. Malheureusement, à défaut de bien définir la « littératie financière » et de former un conseil consultatif, nous ne pouvons pas être sûrs que ce sera le cas.
En tant que parlementaires, nous devrions en outre être conscients du danger d'accroître la quantité d'information financière offerte sans s'assurer de sa qualité. Au NPD, nous comprenons ce risque et nous avons présenté un amendement pour renforcer les obligations de rendre des comptes du chef du développement de la littératie financière. Cependant, comme à leur habitude, les conservateurs ont ignoré les objections et ont rejeté l'amendement, ce qui entraîne deux conséquences dangereuses et interreliées.
Premièrement, le modèle jette le blâme sur les consommateurs plutôt que sur les banques. Sur le plan individuel, les gens sont tenus responsables des décisions peu éclairées qu'ils ont prises. Sur le plan national ou même international, les problèmes systémiques ne sont plus la faute des banques qui prêtent de l'argent au-delà de leurs moyens, mais des gens qui en empruntent trop. Bien entendu, les particuliers ont la responsabilité de gérer leurs finances, mais les banques, les autres institutions financières et les fonds spéculatifs peuvent avoir des effets beaucoup plus profonds sur l'économie que les consommateurs. Ne l'oublions pas.
Deuxièmement, que faisons-nous pour les personnes qui se retrouvent dans une situation encore pire à cause de placements qui ont mal tourné? Il faut savoir que certaines personnes vont perdre leurs économies lorsque des entreprises feront faillite ou lorsque les marchés boursiers fléchiront. C'est ainsi que fonctionne le marché boursier depuis l'apparition, au XVIIe siècle, à Amsterdam, de ce que l'on considère comme la première bourse.
Qu'en est-il des personnes qui n'ont simplement pas le revenu disponible nécessaire pour investir dans leur avenir, des personnes qui survivent d'un chèque de paye à l'autre, de celles dont le revenu a stagné et chuté en termes réels depuis le milieu des années 1990? Le gouvernement devrait reconnaître que si un grand nombre de Canadiens ont du mal à épargner, c'est à cause de la disparité qui existe depuis une bonne quinzaine d'années entre la hausse du coût de la vie et la hausse des salaires.
Encourager l'épargne est une bonne idée pour les gens qui ont encore de l'argent après avoir payé les choses essentielles. Hélas, pour bien des gens, l'endettement n'est pas un choix. C'est leur seul mode de survie.
D'après un rapport de l'OCDE publié en 2011, la tendance vers une structure fiscale moins progressiste et une société plus inégale au Canada a commencé au milieu des années 1990 sous le gouvernement libéral de l'époque, et ce phénomène se poursuit depuis 2006, sous les conservateurs.
Voici ce qu'a dit Jim Stanford, un économiste canadien, dans le mémoire qu'il a présenté au Groupe de travail national sur la littératie financière:
Les économies personnelles ne constitueront jamais une source importante de sécurité financière pour la grande majorité des Canadiens qui ne peuvent pas épargner, en raison de leurs maigres revenus.
Si le gouvernement voulait vraiment aider ces gens à épargner, il réglementerait les frais bancaires et les taux d'intérêt des cartes de crédit afin de permettre aux gens de mettre un peu d'argent de côté chaque mois.
De même, si le gouvernement veut que les Canadiens aient suffisamment d'économies pour leur retraite, la solution n'est pas de créer un nouveau véhicule d'épargne privée qui comporte des risques inhérents. Il y a toutes sortes de façons pour les Canadiens d'épargner à long terme, comme le REER et le CELI, s'ils ont les moyens d'investir.
Ces véhicules sont déjà appuyés et financés par le gouvernement. Des études ont révélé que les Canadiens qui gagnent le plus, soit 11 % de la population, cotisent davantage à des REER que le reste des contribuables, qui forment 89 % de la population. En raison des avantages fiscaux que procurent les REER, les contribuables canadiens subventionnent la cotisation des 11 % de contribuables dont les revenus sont les plus élevés à hauteur de 7,3 milliards de dollars en dépenses fiscales annuelles nettes.
La création de régimes de pension agréés collectifs, ou RPAC, ne profiterait donc qu'aux personnes qui sont déjà en mesure d'investir en prévision de leur retraite. Ces régimes n'aideraient pas 30 % de familles canadiennes qui, à part le Régime de pensions du Canada, n'ont aucun fonds de retraite.
Encourager les gens à investir dans un véhicule risqué sur les marchés boursiers, ce n'est pas assumer véritablement ses responsabilités en matière de planification financière. Il convient de répéter qu'en agissant ainsi, on fait tout simplement porter à ces personnes tout le risque et toute la responsabilité de ne pas avoir suffisamment d'épargne-retraite. Pour empirer les choses, le gouvernement a fait passer l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans. Si le gouvernement s'intéressait vraiment à la sécurité de la retraite des Canadiens et voulait qu'ils puissent planifier adéquatement leur retraite, il serait beaucoup plus logique d'annuler le changement apporté à l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse et, comme le chef du NPD l'a fait, d'appuyer le plan du NPD visant à bonifier le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec en doublant progressivement les prestations, ce que le Canada peut très bien se permettre.
Toutes les provinces réclament ce plan, car il donnerait aux Canadiens la capacité de planifier leur retraite ainsi que le revenu garanti nécessaire pour vivre leur retraite dans la dignité. De plus, le Régime de pensions du Canada constitue un investissement beaucoup plus sûr que les fonds privés, soumis aux fluctuations du marché, et surclasse invariablement le marché. Même les chroniqueurs financiers ont souligné les avantages d'une telle politique, comme Barrie McKenna, du Globe and Mail, dont on a déjà parlé, qui a déclaré ceci:
Et Ottawa pourrait renforcer le Régime de pensions du Canada et obliger les Canadiens à épargner davantage pour la retraite tout en profitant des faibles coûts du RPC.
Cela dit, jusqu'à maintenant, le gouvernement, et plus particulièrement le , n'ont pas écouté cet appel et n'ont pas cherché à trouver un moyen éprouvé de veiller à ce que les Canadiens puissent prendre leur retraite avec dignité.
Le problème, c'est que le gouvernement semble croire qu'encourager l'acquisition de ces compétences constitue un substitut approprié à un régime convenable de protection des consommateurs, un régime de sécurité de retraite et une stratégie de croissance économique digne de ce nom. Le projet de loi illustre la stratégie du gouvernement, ou plutôt l'absence d'une stratégie susceptible de régler les problèmes qui comptent réellement pour les Canadiens de la classe ouvrière et de la classe moyenne.
Je me demande pourquoi la création d'un poste de chef du développement de la littératie financière ne peut pas être intégrée dans la Loi sur la révision du système financier, au lieu d'être présentée dans le cadre d'une mesure législative distincte. Les conservateurs n'ont aucune difficulté à regrouper des mesures législatives qui n'ont aucun lien pour créer un projet de loi budgétaire omnibus, mais il semblerait que la Loi modifiant la Loi sur l'Agence de la consommation en matière financière au Canada ne peut pas être intégrée à l'examen systémique des lois sur les banques. Selon moi, si l'étude de ces textes de loi n'a pas été combinée, c'est parce que le gouvernement espérait que cette mesure législative donnerait lieu à des reportages favorables dans les médias, mais qui sait?
Le NPD croit qu'on devrait prendre de vraies mesures pour protéger les consommateurs, les personnes âgées et les Canadiens à faible revenu. Mes collègues de l'opposition officielle, de ce côté-ci de la Chambre, continueront d'appuyer les politiques qui aident vraiment les travailleurs canadiens. C'est un début modeste, même très modeste, mais nous appuierons néanmoins le renvoi de la mesure au Sénat afin que les fonds qui ont déjà été alloués puissent être versés aux organisations qui en ont réellement besoin.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir à propos du projet de loi , qui vise, plus précisément, à créer le poste de chef du développement de la littératie financière ou, comme l'a souligné mon collègue, de coordonnateur du développement de la littératie financière. Toutes les régions du pays en ont besoin, surtout en ces temps difficiles. Ne serait-ce que pour cette seule raison, il faut que quelqu'un prenne en main le dossier de la littératie financière.
Le monde n'est plus ce qu'il était. Mon père a travaillé durant plus de 40 ans dans une usine où il avait accès à ce qu'on appelle un régime de pension à prestations déterminées. En gros, lorsqu'il a pris sa retraite, il touchait la même somme tous les mois, et c'est l'entreprise qui assumait les risques financiers. Ce genre de régime n'est plus aussi usité.
On constate en effet que beaucoup de régimes de retraite sont transformés en régimes à cotisations déterminées: l'entreprise cotise autant qu'auparavant, mais l'employé cotise lui aussi et c'est lui, en tant que cotisant, qui assume les risques. C'est un changement radical. Lorsque quelqu'un touche une rente, il doit décider de la répartition de son actif, ce dont se chargeait auparavant le gestionnaire du régime à prestations déterminées. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où beaucoup de gens vivent une telle situation.
L'autre élément à considérer, c'est qu'il y a beaucoup de travailleurs migrants. Je le constate dans ma circonscription, à Terre-Neuve-et-Labrador, où beaucoup de gens trouvent du travail à l'extérieur de leur région, surtout s'ils sont des travailleurs qualifiés.
Au début des années 1990, l'industrie de la pêche à la morue s'est effondrée, ce qui a entraîné la plus grande mise à pied de l'histoire de Terre-Neuve-et-Labrador. Le gouvernement a mis en oeuvre de nombreux programmes pour former les gens et leur permettre d'acquérir les compétences dont ils avaient besoin. Avec les années, ces programmes ont donné d'excellents résultats. Dans ma circonscription, bien des gens ne vont ni au port, ni à la manufacture, ni à l'usine, mais à l'aéroport. Ils vont faire du forage en Alberta, en Saskatchewan, en Russie et au large de la côte africaine. Ils vont dans l'Est de la Russie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, dans certaines parties de la mer du Nord et en Norvège. Ils voyagent dans des régions où bien des gens de ma circonscription ne pensaient jamais aller.
Qu'est-ce que cela signifie? Pourquoi devrait-on renforcer la littératie financière, puisque ces gens gagnent beaucoup d'argent pour subvenir aux besoins de leur famille? Le problème, c'est que les régimes de pension sur lesquels nous comptions ne sont pas transférables. Ces gens doivent investir eux-mêmes leur argent. Ils doivent assumer eux-mêmes tous les risques, et c'est la principale raison qui justifie le renforcement de la littératie financière. Comme les gens sont maintenant des investisseurs et en assument les risques, j'aimerais voir plus de régimes à prestations déterminées. Pourquoi ne serait-ce pas possible? Si les 308 députés sont admissibles à un régime à prestations déterminées, pourquoi les autres n'y auraient-ils pas droit? Au lieu de cela, chacun doit assumer les risques, et c'est pour cette raison que la littératie financière est très importante.
Examinons une autre facette de la question. Penchons-nous sur la situation actuelle des jeunes. Jetons un coup d'oeil sur certains chiffres. Pour chacun des dollars que nous touchons sous forme de revenu, nous accusons une dette de 1,60 $. Ce n'est pas une statistique positive, surtout chez les personnes âgées de 18 à 24 ans, qui se trouvent fortement endettées avant même d'entreprendre leur vie professionnelle. Il s'agit en grande partie de la dette à la consommation, qui est la pire d'entre toutes, car, au bout du compte, elle ne se traduit pas en actifs. Les étudiants accumulent des dettes importantes, mais ils décrochent un diplôme et obtiennent une formation, ce qui leur permet d'occuper des emplois très bien rémunérés. Qu'il s'agisse d'hypothèques ou, dans une moindre mesure, de voitures, ou encore d'investissements dans des REER, collectifs ou non, ce sont, en fin de compte, des actifs.
Ce qui pose problème, ce sont les niveaux d'endettement des consommateurs et les taux d'intérêt élevés exigés, par exemple, par les magasins et les banques à charte qui émettent des cartes de crédit. Une bonne partie de cet endettement ne représente pas un actif et, par conséquent, le fardeau est encore plus lourd à porter pour tout le monde, en particulier les jeunes.
Comment peut-on favoriser la littératie financière? On a beaucoup discuté de ce sujet à la Chambre. Au cours des dernières années, le député d' a soulevé cette question à la Chambre et, il y a quelque temps, il a même fait adopter une motion à ce sujet. Cette motion est à l'origine du projet de loi dont nous sommes saisis. Je le félicite vivement de ses efforts en la matière.
Nous siégeons à l'assemblée législative nationale, qui est l'institution fédérale par excellence. Selon notre Constitution, l'éducation relève de la compétence des provinces. Cependant, le gouvernement fédéral peut aider à coordonner un programme d'éducation destiné aux jeunes d'un bout à l'autre du pays. Le programme ne viserait pas exclusivement les élèves du secondaire, mais ceux-ci pourraient certainement comprendre de quelle façon l'endettement peut nuire à leur capacité financière de répondre à leurs propres besoins et, un jour, à ceux de leur famille.
Le projet de loi est un petit pas dans cette direction. Comme nous en débattons ici à l'étape de la troisième lecture et que nous allons le renvoyer au Sénat, nous pouvons en conclure qu'il s'agit d'un pas dans cette direction.
Nous avons parlé du groupe de travail. Mon collègue, le député de , a beaucoup parlé du groupe de travail en tant que tel, le groupe de travail sur la littératie financière, qui a formulé 30 recommandations. La grande majorité d'entre elles sont des recommandations légitimes. La première consiste à créer un poste de coordonnateur, celui de chef du développement de la littératie financière. Il s'agit de la plus importante.
Si nous examinons le contexte, nous constatons que nous avons, par le passé, abordé cette question en long et en large. Maintenant, j'aimerais que les efforts soient davantage axés sur une stratégie nationale en matière de littératie financière, si je peux oser l'appeler ainsi. Nous allons y aller étape par étape, en progressant lentement, et c'est l'une des étapes nécessaires.
La mesure législative a pour objectif de créer le poste de chef du développement de la littératie financière et de faire respecter les dispositions concernant les consommateurs applicables aux institutions financières fédérales. C'est l'Agence de la consommation en matière financière du Canada qui supervisera le tout. C'est cet organisme qui offre la majeure partie de ces renseignements. J'aimerais qu'il soit beaucoup plus proactif en matière d'éducation. Cela dit, il a la capacité et les ressources nécessaires en la matière, et maintenant, grâce à ce projet de loi, il obtiendra davantage de ressources qui lui permettront de mener des interventions de ce genre, évidemment sous la direction du chef du développement de la littératie financière.
Le résumé législatif a été rédigé par la Bibliothèque du Parlement. D'ailleurs, j'aimerais féliciter le personnel de la bibliothèque de l'excellent travail qu'il accomplit.
L'Agence de la consommation en matière financière du Canada, ou ACFC, contrôle les mesures d'autoréglementation prises par les entreprises du secteur des services financiers pour protéger les consommateurs et les petites entreprises. Encore une fois, la plupart des gens, à moins de faire partie d’une grande entreprise, n’ont pas les ressources nécessaires pour étudier la question de façon approfondie. Le gouvernement se doit donc d'offrir des renseignements aux particuliers et aux petites entreprises qui n'ont pas les moyens financiers de solliciter des conseils judicieux ou une bonne partie des conseils pouvant éclairer leurs décisions.
L'agence contribue aussi à faire connaître et comprendre les services financiers aux consommateurs, en plus de répondre à certaines questions de ces derniers. Précisons ici que le conseiller financier est d'une grande importance. Il y a littéralement des milliers de conseillers financiers au pays. J'aime toujours recommander aux gens de consulter un conseiller financier, surtout s'ils exercent un métier spécialisé et qu'ils travaillent successivement pour plusieurs entreprises pendant un court laps de temps.
On passe 40 ans de sa vie à travailler. De nos jours, il est très rare qu'on puisse travailler pour la même entreprise pendant plus de 40 ans. Ce fut le cas, il y a longtemps, pour ma famille, qui vivait dans une petite ville où était implantée une grosse usine, mais ce n'est pas aussi fréquent aujourd'hui. Je recommande donc aux gens de consulter des conseillers financiers, parce que c'est eux qui prennent les risques.
Il peut s'agir de tuyauteurs, d'électriciens ou de charpentiers. Ce ne sont pas nécessairement des experts financiers. Beaucoup d'entre eux ne veulent pas l'être non plus. Toutefois, il est clair qu'ils doivent atteindre un certain degré de littératie financière pour pouvoir subvenir à leurs besoins quand ils quittent le travail pour passer à autre chose ou s'il survient un incident, une invalidité à long terme, par exemple, qui les oblige à se retirer de la vie active.
Il nous appartient, certes, de prendre des risques, mais il nous incombe également de nous renseigner sur les outils financiers qui existent pour nous aider et de voir ce qui nous est offert pour planifier à long terme.
Les gouvernements fédéral et provinciaux ont un grand rôle à jouer pour que la littératie financière constitue un outil d'apprentissage de première importance pour les jeunes et certainement aussi pour les personnes d'âge moyen qui n'ont pas encore commencé à penser à la retraite.
J'ai parlé tout à l'heure des gens qui ne peuvent pas cotiser à un régime de retraite transférable. Le régime transférable le plus important est le Régime de pensions du Canada, mais les prestations de ce régime même combinées aux prestations de Sécurité de la vieillesse ne remplacent pas le revenu de travail qu'on gagnait. Le revenu de retraite n'en représente qu'un faible pourcentage. Pour les gens qui auront fait leurs propres investissements, le revenu de ces investissements représentera probablement la majorité de leur revenu total au moment de leur retraite ou en cas d'invalidité de longue durée.
J'ai beaucoup parlé des régimes de retraite, qui sont, selon moi, le meilleur exemple en ce qui concerne la littératie financière. C'est important parce qu'un nombre important de personnes prennent leur retraite ces temps-ci. Je parle essentiellement des baby-boomers, comme nous les appelons affectueusement.
Le budget fédéral de 2011 consacrait 3 millions de dollars par année aux initiatives de littératie financière. Cette somme s'ajoutait aux 2 millions accordés à l'Agence de la consommation en matière financière. Les principales dispositions concernant le chef du développement de la littératie financière se retrouvent aux articles 3, 5 et 7 du projet de loi.
Le chef a pour mandat d'assumer un rôle de premier plan à l'échelon national en ce qui a trait au renforcement de la littératie financière. Qu'on l'appelle « chef » ou « coordonnateur », c'est une simple question de vocabulaire. Par contre, nous comprenons que cette personne aura un rôle très important dans la vie des autres. Ses fonctions s'étendent sur bien des secteurs, tant fédéraux que provinciaux, et touchent les francophones, les anglophones, ainsi que les Autochtones.
Sa tâche sera colossale et fort utile. Bien sûr, toutes les tâches déléguées par le Parlement et le gouvernement sont utiles, mais on doit aussi se pencher sur celle-ci et la financer comme il se doit. C'est pourquoi le financement supplémentaire de 3 millions de dollars est fondamental. Quand on les analyse bien, on constate que c'est grâce aux pouvoirs attribués au titulaire de ce poste qu'on réussira à obtenir les résultats escomptés.
J'ai mentionné plus tôt que c'était un petit pas vers l'amélioration de la littératie financière au pays. Cela ne fait aucun doute, mais voyons un instant ce que pourrait faire le chef du développement de la littératie financière dans ce cas particulier. Le commissaire de l'ACFC pourra imposer une cotisation à n'importe quelle institution financière pour recouvrer une partie ou la totalité des dépenses faites pour des initiatives visant à améliorer la littératie financière des Canadiens. Cela revient à faire porter une partie de ce fardeau au secteur financier, ce qui est une excellente idée.
Comme Sa Majesté, le ministre des Finances ainsi que le commissaire et les commissaires adjoints, dirigeants et employés de l’ACFC, le chef du développement de la littératie financière bénéficiera de l’immunité judiciaire pour les actes ou omissions commis de bonne foi dans l’exercice de ses attributions. C'est aussi un aspect très important. Cela permettrait à cette personne d'avoir les mains libres pour améliorer la littératie financière dans tout le pays. Nous ne voudrions pas que cette personne ait les pieds et les poings liés à ce poste et soit étouffée, à défaut d'un meilleur terme, par des règles et des règlements et par son mode de fonctionnement. Cela permettrait à cette personne de choisir de faire plus que son strict devoir.
Le projet de loi dit que le chef du développement de la littératie financière relèvera du Parlement et il y a aussi une disposition concernant les procédures civiles.
Le dernier point dans le document de la Bibliothèque du Parlement est que la littératie financière revient souvent dans les travaux des parlementaires, en tout cas, depuis un bon moment. J'ai mentionné mon collègue d'. Il en a été question dans des rapports de comités parlementaires. Nous avons aussi entendu le député de , qui a parlé de six amendements possibles. Ils n'ont pas été acceptés, mais, néanmoins, il y a eu une discussion et je pense que certains valent la peine d'être mentionnés et partent d'une intention noble.
Nous avons parlé des 30 recommandations du groupe de travail. Une des recommandations présentées par mon collègue de portait sur un conseil consultatif. Je crois que ce serait également un pas dans la bonne direction.
Nous voyons ici divers aspects de l'industrie, dont les travailleurs, des gens que je croise tous les week-ends à l'aéroport et qui se rendent à leur travail, quel qu'il soit, dans le secteur pétrolier et gazier. Ce sont des gens qui appartiennent à des métiers du bâtiment ou à des syndicats. Ils en ont certainement long à dire sur les façons d'améliorer la littératie financière.
Le sujet a également été abordé à la Chambre des communes, y compris dans le contexte de la motion d'initiative parlementaire M-269 du député d', qui est aussi le président du Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Les discussions ont porté sur l'importance de la littératie financière et sur la façon dont nous sommes parvenus à ce que je qualifierais d'ère nouvelle pour tous les travailleurs de ce pays.
Comme je l'ai déjà dit, il y a le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse. Les gens qui ne cotisent pas au RPC sont fort probablement admissibles au Supplément de revenu garanti. Ces mesures ne remplacent pas le salaire qu'ils gagnaient, et encore moins dans le cas des travailleurs du secteur pétrolier et gazier, où les salaires sont si élevés. Ils se retrouvent soudainement sans emploi pour des raisons indépendantes de leur volonté, à cause d'une invalidité de longue durée par exemple.
Il est très important de s'occuper de planification financière et de littératie financière le plus tôt possible dans sa carrière. Si une personne se blesse au travail à l'âge de 25 ou 30 ans, songez au nombre d'années qu'elle devra récupérer en fonction de ses investissements sur une très courte période de temps. La littératie financière n'en devient que plus importante. Nous recevons chaque jour des appels à ce sujet.
Ce projet de loi, le projet de loi , a nécessité une motion de voies et moyens car, comme je l'ai indiqué, il accorderait au commissaire de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada le pouvoir d'imposer une taxe financière à n'importe quelle institution financière dans le but de payer les dépenses liées à des initiatives en matière de littératie financière. Pendant l'examen au comité, des fonctionnaires ont aussi déclaré que le gouvernement porterait de 2 à 5 millions de dollars le budget annuel de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Les prêts hypothécaires sont un important facteur d'endettement des ménages, et nous en avons parlé il y a un certain temps. Il fallait, à mon avis, réduire à 25 ans la période d'amortissement des prêts hypothécaires amortis sur 40 ans. C'était nécessaire parce que les prêts amortis sur 40 ans, sans versement initial, étaient la cause de passablement de problèmes. Nous nous trouvions dans une situation semblable à celles des États-Unis, dont les prêts hypothécaires à risque ont secoué le monde pendant des années. Ce n'était pas la seule cause, mais ce fut certainement la cause originale, qui a tout déclenché. Voilà donc un problème qu'il fallait régler.
Nous prenons en outre des mesures qui favorisent la littératie financière et aident certainement le consommateur moyen à bien s'en sortir.
Les prêts hypothécaires amortis sur 40 ans, sans versement initial, étaient dangereux parce que beaucoup trop risqués. Nous nous sommes retrouvés avec un taux d'endettement élevé, qui a atteint 1,63 $ par dollar de revenu annuel. J'ai cité cette statistique tout à l'heure. D'autres pays dans le monde ont un taux d'endettement semblable. En Europe, actuellement, des pays qui étaient considérés comme financièrement solides ne le sont plus autant.
En somme, je dirais que de nombreuses questions que nous avions posées avant l'étape de la troisième lecture ont trouvé une réponse au sein du comité.
Le chef du développement de la littératie financière n'aura pas son propre bureau. Il oeuvrera au sein de l'Agence de la consommation en matière financière du Canada. C'est l'une des questions que nous avions soulevées.
On ne prévoit aucunement se servir du projet de loi pour prélever parmi les banques des sommes d'argent servant à développer la littératie financière. Soulignons que l'Agence de la consommation en matière financière du Canada a déjà le pouvoir d'imposer une taxe aux banques en vertu de la loi ayant créé cette agence.
Évidemment, la question du coût prévu se posait également, soit la somme de 3 millions de dollars rattachée à ce poste.
Je conviens avec mon collègue qu'un comité consultatif devrait également être formé. Je suis certainement disposé à appuyer le projet de loi actuel, comme première étape en vue d'une telle amélioration à l'avenir.
Je reviens à ce dont j'ai parlé au début. Dans le meilleur des mondes que nous souhaitons, nos enfants devront posséder de bien meilleures connaissances financières que la population actuelle. Le projet de loi est donc un pas dans la bonne direction.
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Monsieur le Président, en tant que porte-parole adjointe en matière de protection du consommateur, j'ai aujourd'hui le grand plaisir de prendre la parole sur un sujet d'une grande importance, c'est-à-dire la littératie financière. C'est difficile de trouver un meilleur moment pour parler de ce sujet, car le mois de novembre, qui commence demain, est le Mois de la littératie financière au Canada.
Je sais que l'expression « littératie financière » n'emballe pas tout le monde, mais pourtant, au quotidien, cela importe vraiment aux Canadiens et aux Canadiennes.
Le projet de loi propose de mettre en place un chef du développement de la littératie financière au Canada. C'est une idée intéressante, mais ce projet de loi, tel que présenté aujourd'hui, est majoritairement une coquille vide, car il n'offre pas de véritables orientations politiques — comme on le souhaiterait. De plus, on n'y retrouve aucune définition de la littératie financière, aucun mécanisme de reddition de comptes ni aucune mesure concrète afin d'accroître la littératie financière au Canada. Cela est bien dommage.
À la suite de la lecture de ce projet de loi, plusieurs questions me viennent à l'esprit. Par exemple, quelle définition le donne-t-il à la littératie financière? Bien sûr, ils vont dire que, globalement, la littératie financière, c'est le fait de posséder les connaissances, les compétences et la confiance en soi requises pour prendre des décisions financières responsables. Cependant, une définition aussi simpliste empêche l'établissement d'une véritable stratégie pour résoudre cet enjeu compliqué. Il faut une stratégie qui s'inscrive aussi dans le temps, à moyen et à long terme. C'est ce qui manque.
Qui est responsable d'aider les Canadiens à améliorer leur niveau de littératie financière? Présentement, plusieurs intervenants font des recommandations afin d'améliorer les connaissances des Canadiens en matière de finances. Par exemple, les banques ont mis en place de nombreuses initiatives afin d'aider les Canadiens à en apprendre d'avantage à ce sujet. Malheureusement, ces banques sont aussi responsables du problème. En effet, les messages qui font la promotion de saines habitudes de gestion financière peuvent facilement être éclipsés par les publicités de l'industrie financière qui font la promotion du crédit facile.
Alors que les produits financiers se multiplient parfois plus vite que les besoins — force est d'admettre que c'est vrai —, il est primordial d'être bien informé sur les questions financières. Effectivement, les notions financières sont souvent compliquées et le consommateur peut facilement s'y perdre au bout d'un moment. Il peut aussi s'y perdre au moment d'évaluer la pertinence d'un produit. L'information transmise au client doit être plus claire, et ce, tant sur le plan du contenu que de la présentation.
Le président du Congrès du travail du Canada, M. Ken Georgetti, résume bien la situation: « Les Canadiens et Canadiennes ont besoin que le gouvernement adopte de meilleures politiques et non pas de se faire sermonner sur la façon d'épargner. » Présentement, on ignore complètement le comportement dommageable des institutions financières.
En tant que principal diffuseur de cette information difficile à comprendre, l'industrie de la finance doit améliorer la clarté de ses communications. C'est notamment l'une des recommandations du Groupe de travail sur la littératie financière, qui a été ignorée dans le projet de loi.
Dans son rapport au ministre, le groupe mentionne:
Les Canadiens ont besoin de renseignements et de conseils financiers qui soient pertinents, faciles à comprendre et persuasifs, et nous croyons qu'il incombe aux gouvernements et aux fournisseurs de services financiers de veiller à ce que leurs communications répondent à ces critères.
De plus, l'amélioration des aptitudes financières doit être continue. Selon les experts du groupe de travail, les écoliers devraient recevoir une instruction de base en matière de finances. Il est impossible de parler de littératie financière sans déplorer le manque de ressources pour les jeunes. On parle justement d'écoliers et de jeunes du secondaire. C'est une perte qu'on n'enseigne plus l'économie dans les écoles secondaires du Québec, car c'est à cet âge que les jeunes commencent à prendre de nombreuses décisions financières.
Tout à l'heure, j'écoutais le député de dire que ça devrait être enseigné à l'université. Personnellement, je pense qu'on devrait l'enseigner à un plus jeune âge. Cela devrait effectivement déjà se retrouver dans leur éducation. Cela nous rappelle l'importance d'assumer cette responsabilité et d'agir.
Plusieurs de ces jeunes ont commencé à travailler et sont continuellement exposés à la consommation et au crédit, et ce, sans toujours posséder tous les outils nécessaires pour bien comprendre les choix offerts. Je ne parlerai pas des petits caractères en bas de page, car ce n'est pas toujours évident de comprendre que ce sont des conditions préalables et autres éléments du même genre.
M. James Clancy, président du Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, exprime une opinion que je partage à ce sujet. Il dit qu'éduquer le public sur les finances, même à un jeune âge, est une bonne chose. Donner aux gens une véritable chance de conserver quelques économies dans leurs comptes bancaires grâce à la réduction des frais bancaires, à la baisse des taux d'intérêt des cartes de crédit ou à la réglementation de l'industrie serait plus impressionnant. Le gouvernement devrait se concentrer sur l'apport de sérieux changements pour alléger le fardeau des familles et des communautés. Or c'est effectivement ce que le NPD propose.
Le Groupe de travail sur la littératie financière du Canada a présenté 30 recommandations, dont l'une visait la création d'un chef du développement de la littératie financière. Ce projet de loi ne tient pas compte des 29 autres recommandations.
Les conservateurs ne semblent pas vouloir s'attaquer au problème avec beaucoup de sérieux, car si cela avait été le cas, ils auraient justement ajouté à ce projet de loi d'autres recommandations du groupe de travail, dont la mise en place d'un conseil consultatif qui inclurait les groupes de travailleurs et de bénévoles ainsi que les enseignants, bref, les gens ayant une expertise sur le terrain, ceux qu'il faut écouter mais que les conservateurs ignorent dans bien des dossiers.
J'aimerais parler d'un autre phénomène qui se rapporte à la littératie financière, soit l'endettement des retraités. Ce phénomène semble prendre beaucoup d'ampleur.
L'organisme Option consommateurs, que j'ai rencontré dernièrement et que je salue, mène présentement une campagne de sensibilisation qui vise à inciter les Canadiens à accroître leurs connaissances en matière de finances personnelles. Option consommateurs constate que de plus en plus de retraités se retrouvent malheureusement dans une situation financière précaire, puisqu'ils n'ont pas suffisamment d'épargnes pour leur retraite. De plus, cette situation ne fera qu'empirer avec le passage de l'âge d'accès à la Sécurité de la vieillesse de 65 ans à 67 ans, une autre mauvaise décision des conservateurs, une autre décision qui va faire mal.
Au NPD, nous avons un véritable plan pour résoudre le problème de la sécurité financière des Canadiens à la retraite. Nous allons renforcer les régimes de pensions garantis du Canada et du Québec, donnant ainsi aux Canadiens et aux Canadiennes un niveau adéquat de revenu garanti pendant leur retraite.
De plus, pourquoi ne pas commencer un dialogue national sur les raisons pour lesquelles les maisons dans lesquelles nous vivons ne doivent pas être traitées comme des investissements, mais plutôt tout simplement comme un toit auquel l'ensemble des Canadiens devraient avoir accès? Les retraités ne sont pas les seuls à voir leur situation financière se dégrader. Il y a quelques jours, Statistique Canada a révisé à la hausse son estimation du ratio d'endettement des ménages. Il atteint désormais 160 % du revenu disponible. Cet endettement plus élevé rend les particuliers plus sensibles aux chocs économiques. Alors, pourquoi le fardeau financier des ménages augmente-t-il? La raison, c'est l'accessibilité au crédit qui est plus facile tandis que le coût de la vie augmente et que les salaires, eux, stagnent. Voilà le résultat des politiques économiques inefficaces de ce gouvernement.
Encore une fois, on le remarque souvent, ce gouvernement préfère réduire le taux d'imposition des grandes entreprises en se disant que cela créera de l'emploi plutôt que de carrément donner un crédit d'impôt aux entreprises qui créent de l'emploi. C'est ainsi qu'agit le gouvernement conservateur.
Si ce gouvernement a à coeur la protection des consommateurs, il devrait mettre en avant l'importante réglementation relative aux cartes de crédit, qui permettrait notamment d'imposer un plafond aux taux d'intérêt et d'éliminer les frais excessifs payés par les consommateurs.
Vu le manque d'enthousiasme démontré durant les dernières années, voire les dernières décennies, par le et ses collègues pour la littératie financière, ils ont besoin d'aide, et un poste de chef de la littératie financière pourrait permettre au Canada de faire au moins un petit pas dans la bonne direction. Nous continuerons tout de même à pousser le gouvernement pour qu'il aille plus loin, car même s'il a fait un petit pas dans la bonne direction aujourd'hui, il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Le NPD a proposé un certain nombre de modifications à l'étape de l'étude en comité, afin de combler certaines lacunes du projet de loi, comme l'ajout d'une exigence de bilinguisme et l'ajout de dispositions définissant clairement ce que l'on entend par littératie financière et demander une plus grande imputabilité au chef de la littératie financière. Toutefois, les conservateurs ont rejeté toutes nos propositions. Ils ont rejeté en bloc les six amendements proposés par le NPD.
Nous sommes très préoccupés par le fait qu'il n'y a aucune exigence explicite que le titulaire de ce poste soit bilingue. Nous pensons que si quelqu'un doit être chargé d'améliorer la littératie financière partout au Canada, il doit être en mesure de communiquer en français et en anglais.
Tel que l'a dit plus tôt mon honorable collègue de , le NPD pense qu'il est possible de trouver un chef de la littératie financière qui soit à la fois compétent, hautement qualifié et bilingue. Il pense que c'est aussi possible pour d'autres postes, comme les agents du gouvernement.
On ne se tirera pas dans le pied si on embauche des gens hautement qualifiés et bilingues. Au contraire, on montrera à toute la planète qu'on est fier d'avoir un pays ayant deux langues officielles: l'anglais et le français.
C'est clairement un avantage pour pouvoir ouvrir le débat avec d'autres pays, notamment sur ces questions-ci; parler deux langues est un avantage. Ce serait bien que ce gouvernement le comprenne et ait cette question à coeur autant que moi et notre parti l'avons.
En conclusion, le Canada gagnerait à ce que sa population améliore ses connaissances en matière d'économie et prenne des décisions financières responsables. Pour ce faire, nous devons mettre en oeuvre une stratégie qui exige un effort concerté des clients, des écoles et des différents organismes, dont ceux de l'industrie. C'est pourquoi il faut créer un comité consultatif composé de représentants de syndicats et d'institutions financières et d'éducateurs. Visiblement, il faudra le répéter.
J'aimerais donner quelques informations. Un député conservateur m'a dit qu'une de mes forces était de pouvoir citer des experts sur le terrain. Je vais lui faire plaisir en en citant quelques-uns qui appuient ce que nous proposons.
Selon M. Barrie McKenna, chroniqueur de la section affaires du Globe and Mail, s'attendre à ce que la littératie financière comble le vide est comme demander aux Canadiens ordinaires d'être leur propre neurochirurgien et pilote de ligne. L'éventail étourdissant de produits financiers auxquels s'ajoutent des marchés financiers chaotiques et de plus en plus irrationnels rend l'autoplanification financière presque impossible, peu importe à quel point vous êtes cultivé. Le contrat des cartes de crédit ordinaires est aussi intuitif que la physique quantique. Les Canadiens sont bombardés de discours les poussant à s'endetter de plus en plus, que ce soit bon ou pas pour eux. Ils sont souvent aveuglément dirigés vers des produits à frais élevés et des instruments complexes. Les documents d'information qui les accompagnent sont rédigés par et pour des avocats. Il existe une voie plus solide et sans doute moins coûteuse, mais elle ne convient pas à l'industrie des services financiers ou à de nombreux groupes d'affaires.
Il poursuit en disant qu'Ottawa pourrait exiger des documents d'information unilingues anglais. En travaillant avec les provinces, il pourrait améliorer la réglementation régissant les incitatifs à la vente de l'industrie et des régimes de retraite à cotisations déterminées. Ottawa pourrait renforcer le RPC, obligeant ainsi les Canadiens à épargner plus d'argent pour la retraite tout en bénéficiant des faibles coûts du RPC.
Bien sûr, je suis d'accord sur une certaine partie de ce discours, mais je n'insisterai jamais assez sur le bilinguisme dans ce domaine, car c'est ce qui est important. M. McKenna a bien souligné l'importance de comprendre qu'à l'heure actuelle, les citoyens et les consommateurs se font inonder par une foule de produits financiers. Chacun devra faire sa part pour que ce soit plus facile à comprendre et plus digeste.
Trente pour cent des familles canadiennes n'ont aucune épargne pour la retraite en dehors du Régime de pensions du Canada. Vingt-cinq pour cent des Canadiens ont vu leurs dettes augmenter au cours de la dernière année. Jamais dans ce pays l'endettement des ménages n'aura été aussi important et significatif. Jamais il n'aura été autant du devoir du gouvernement d'adopter des politiques pour aider les gens et les familles endettés. C'est important.
La littératie financière est un élément important du cadre de protection des consommateurs. Comme je le disais précédemment, ce projet de loi ne va pas assez loin. Le manque d'épargnes de nombreux Canadiens et la hausse de la dette des consommateurs sont des symptômes de la disparité entre la hausse du coût de la vie et les salaires plutôt que d'analphabétisme financier. Les Canadiens sont trop nombreux à vivre d'un chèque de paie à l'autre. Cette situation prouve que le gouvernement n'assume pas son rôle de leader et qu'il est incapable d'aborder les questions qui sont réellement importantes pour les Canadiens et les Canadiennes. Le gouvernement n'a jamais mis en oeuvre des lois et règlements rigoureux visant à protéger les consommateurs. Et ce projet de loi est bien loin d'accorder un réel répit aux consommateurs.
Selon nous, la meilleure façon de soutenir les consommateurs est de mettre en place un ministère ou une agence de protection des consommateurs qui jouerait le rôle d'un guichet unique pour toute question touchant les consommateurs. Si le gouvernement a à coeur la protection des consommateurs, il devrait aller de l'avant avec la réglementation relative aux cartes de crédit et mettre en oeuvre les importants règlements qui permettraient d'imposer un plafond aux taux d'intérêt et d'éliminer les frais excessifs payés par les consommateurs.
En terminant, j'aimerais dire un mot sur la retraite. Plusieurs retraités sont de plus en plus endettés. La population est vieillissante et les gens sont nombreux à se préoccuper de ce qu'on entend faire pour eux. Les néo-démocrates, eux, ont un plan efficace de sécurité financière pour la retraite. Nous proposons de renforcer les régimes de pension garantis du Canada et du Québec, de mettre progressivement en place des prestations abordables doublées jusqu'à un maximum de 1 920 $ par mois — ce n'est pas le Klondike —, donnant ainsi aux Canadiens et aux Canadiennes un niveau adéquat de revenu garanti pendant leur retraite.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de parler aujourd'hui du projet de loi .
J'appuie ce projet de loi, même si j'ai quelques réserves, que je vous expose à l'instant. Ma principale inquiétude tient au fait qu'on n'y parle nulle part de conseil consultatif et qu'il n'est pas inclusif du tout. Je crois en effet qu'il aurait pu être plus inclusif. J'espère que ce sera l'une des priorités du gouvernement lors de l'étude de ce projet de loi.
En écoutant ce qui s'est dit cet après-midi, je me suis demandé quelle proportion de nos problèmes économiques étaient dus à l'analphabétisme financier. À l'heure actuelle, la croissance économique est plutôt faible. En fait, notre taux de croissance vient tout juste de descendre à 1,6 %. Nous sortons d'une grosse récession. Et de l'autre côté de l'Atlantique, le Royaume-Uni a même connu une récession à double creux. Et que dire des turbulences qui secouent la Grèce et plusieurs autres pays. Les États-Unis ont eux aussi connu leur lot de difficultés, même si on note des signes légèrement encourageants.
Quelle est la cause de tous ces problèmes? Nous savons que ce qui est arrivé en 2008 est principalement dû aux perturbations économiques qui ont touché les États-Unis, elles-mêmes causées par le fait que les consommateurs se sont trop endettés et ont contracté des hypothèques précaires. Les institutions financières américaines ont inventé des outils financiers afin que les hypothèques puissent être regroupées et vendues d'une institution à l'autre. La plupart ne savaient pas ce qu'elles achetaient et pensaient qu'il devait s'agir d'une bonne affaire. Les gains se sont mis à grimper, sans qu'il y ait apparemment beaucoup de risques, voire pas du tout. Sous l'administration Bush, l'économie a poursuivi sa course folle, jusqu'au moment où elle s'est écroulée.
Quand les investisseurs qui avaient acheté ces hypothèques regroupées se sont aperçus qu'elles étaient précaires et douteuses, ce fut le krach. Fannie Mae et Freddie Mac et d'autres établissements ont coulé à pic. Quand on y repense, c'est la planète entière qui a subi les contrecoups de cet effondrement, pas seulement les États-Unis. Le chômage a notamment grimpé en flèche. J'ai lu un ouvrage intéressant sur le sujet. L'auteur, Gordon Brown, dit que la communauté internationale a réagi très rapidement afin d'éviter une dépression, ce qui était une réelle possibilité, selon moi. Nous en ressentons les effets encore aujourd'hui.
Quand j'examine ces événements, je me demande dans quelle mesure ils ont été causés par des lacunes en littératie financière. Je crois que la littératie financière n'avait pas grand-chose à y voir. De grandes institutions financières s'amusaient à bafouer les règles et à se berner les unes les autres du mieux qu'elles le pouvaient dans le but de récolter d'énormes bénéfices.
Bien que je reconnaisse la valeur des changements proposés, je crois qu'il faut aussi tenir compte du contexte global. Selon moi, ces choses sont tout à fait imprévisibles. En 2008, le a déclaré, de l'autre côté de la Chambre, que tout allait bien sur le plan économique, puis le Canada a soudainement sombré dans une récession.
En fait, le gouvernement gagnerait à bien faire ses devoirs et à se montrer plus attentif, notamment à ce que dit le directeur parlementaire du budget.
Je suis déçu qu'on n'ait pas tenté d'inclure dans ce projet de loi la présence d'un comité consultatif. J'espère que le gouvernement réévaluera cet élément, peut-être un an après l'entrée en vigueur de la loi. Un comité consultatif aurait pour avantage de soumettre la question à plus de regards, en plus de favoriser l'inclusion.
J'aimerais parler de l'importance de l'inclusion, pour terminer. À titre d'exemple, si le projet de loi encourageait une participation accrue des syndicats, ceux-ci pourraient faire connaître la nouvelle institution à leurs membres, en plus de contribuer à améliorer leur littératie financière. J'encourage vivement le gouvernement à garder ces avantages à l'esprit.