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Monsieur le Président, c'est un honneur et un plaisir pour moi de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre, durant ce débat historique à l'étape de la troisième lecture du projet de loi concernant le parc urbain national de la Rouge.
Avant de parler de choses positives, je sens le besoin de souligner que nous avons perdu la dernière heure, car une fois de plus, l'opposition officielle, plus précisément le NPD, a cherché à saboter une mesure législative. On me dit qu'il y a peut-être eu un problème de transmission, et je suppose que nous devons tenir compte de cette possibilité, mais à mon avis, c'est le plus récent exemple d'une situation qu'on observe depuis longtemps, tant aux comités que dans le cadre des débats à la Chambre: le NPD ne cesse de faire de l'obstruction, de miner les projets de loi et de chercher à les saboter.
Je vais maintenant passer aux bonnes nouvelles. Le gouvernement du Canada est fier de se lancer dans un projet qui constitue une première au pays, soit la création d'une nouvelle aire protégée nationale dans la plus grande région métropolitaine du Canada. La création du parc urbain national de la Rouge est une grande réalisation historique, non seulement pour les habitants de la région du Grand Toronto et de l'ensemble de l'Ontario, mais aussi pour tous les Canadiens, partout au pays. Le parc urbain national de la Rouge, une première canadienne, s'appuie sur le travail de conservation novateur que Parcs Canada accomplit depuis plus d'un siècle.
En 2011, l'année du centenaire de Parcs Canada, cet organisme a reçu le prix Don à la Terre, qui lui a été remis par celui qui présidait alors la Fédération mondiale de la faune, M. Gerald Butts. Comme mes collègues le savent, il est maintenant responsable des mesures de rétablissement visant une autre espèce en péril, mais ça, c'est une autre histoire.
La création du parc urbain national de la Rouge est un moment de très grande fierté pour tous les Ontariens et tous les Canadiens. Ce projet contribue à positionner le Canada à l'avant-garde d'un nouveau mouvement mondial visant à protéger certaines aires urbaines. Le parc urbain national de la Rouge serait l'une des plus grandes et des plus importantes aires urbaines protégées au monde. Il s'agirait d'un refuge faunique composé de forêts protégées et régénérées, de marais, de terres humides, de terres agricoles et de paysages culturels datant de plusieurs siècles, qui côtoierait la riche diversité culturelle de la région du Grand Toronto.
Le projet de loi prévoit que la superficie du parc pourra augmenter au fil du temps, ce qui signifie qu'au bout du compte, la taille de ce merveilleux parc augmentera de 25 % par rapport à la taille de l'aire protégée à l'heure actuelle et qu'il sera 13 fois plus grand que le parc Stanley, à Vancouver — loin de moi l'idée d'insulter mes collègues de la Colombie-Britannique —, 16 fois plus grand que Central Park, à New York, et 33 fois plus grand que Hyde Park, à Londres.
Le parc urbain national de la Rouge serait un exemple éclatant de ce que le Canada a de mieux à offrir, car le projet de loi consacrerait dans la loi la protection et la mise en valeur de trois choses qui sont au coeur de l'identité canadienne et qui font partie intégrante du Canada: le patrimoine national, culturel et agricole de notre pays.
Le projet de loi met en oeuvre une nouvelle approche audacieuse qui intègre la protection de la nature, de la culture et de l'agriculture. Le parc urbain national de la Rouge fournirait une structure législative solide qui nous permettrait de respecter, de surpasser et d'élargir les mesures de protection et le mandat actuel du parc afin de protéger et de mieux gérer les petites portions du territoire de la Rouge que possèdent divers propriétaires fonciers publics.
Le souci de protéger à la fois le patrimoine naturel, culturel et agricole ne diminue en rien, comme certains l'ont laissé entendre, la protection des ressources naturelles et ne signifie pas qu'aucune priorité n'a été établie ou que le projet du parc de la Rouge essaie de plaire à tout le monde. Ce n'est tout simplement pas le cas. Ceux qui avancent de telles idées ne comprennent pas le cadre urbain dans lequel s'inscrit le parc de la Rouge, les exigences découlant de son territoire diversifié et l'occasion qu'offre ce projet de faire preuve d'un véritable leadership sur la scène internationale.
L'Alliance du parc de la Rouge gère depuis des années les terres qu'on appelle actuellement le parc de la Rouge. Après qu'elle eut demandé à l'agence Parcs Canada de trouver une façon de régler les conflits et les problèmes de gouvernance qui rendaient impossible la gestion du parc, celle-ci a entrepris des consultations auprès de milliers de Canadiens et de centaines d'associations et d'organismes représentant des intervenants, des collectivités, des ONG et des gouvernements.
Au terme du processus, le gouvernement a établi que l'approche intégrée convenait le mieux pour le parc de la Rouge. Cette approche se fonde sur trois priorités précises et interreliées: protéger le patrimoine naturel, culturel et agricole. Il s'agit du modèle que réclamaient les Canadiens et l'Alliance du parc de la Rouge, c'est-à-dire l'ancienne autorité provinciale chargée de gérer le parc de la Rouge. C'est cette approche qui nous permettrait de mieux préserver l'ensemble du territoire du parc et qui protégerait le mieux, dès maintenant et pendant longtemps, les ressources naturelles, culturelles et agricoles.
Grâce à l'approche inclusive que le gouvernement du Canada propose pour la gestion du parc, nous pourrons réussir là où ont échoué les précédentes administrations et autorités disparates. Il est vrai qu'un travail extraordinaire a été fait au cours des 20 dernières années pour protéger le parc de la Rouge, mais des intérêts divergents, parfois même conflictuels, se sont manifestés au sujet des terres qui seront incluses dans le futur parc urbain national de la Rouge. Pendant ce temps, la gestion de ces terres n'était assujettie à aucun cadre législatif, et parfois, les politiques et les pratiques de gestion du parc étaient mises en oeuvre sans tenir compte de l'avis de nombreux groupes et résidants. Les possibilités de promotion de la nature, de la culture, de l'agriculture et du tourisme étaient souvent vues comme étant contradictoires plutôt que complémentaires.
Lorsque le comité s'est penché sur le projet de loi, au début du mois, un des témoins, la directrice de la Waterfront Regeneration Trust Corporation et ancienne ministre d'État fédérale à l'Environnement, Pauline Browes, a donné un aperçu historique de la création du parc de la Rouge. Je la cite:
Toutes les municipalités du bassin de la Rouge ainsi que l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région ont adopté une motion recommandant au gouvernement fédéral d'établir un parc national. Le gouvernement de l'Ontario a appuyé publiquement cette recommandation avec beaucoup d'enthousiasme. Les citoyens étaient également en faveur de cette proposition [...]
Voici un autre extrait du témoignage de Mme Browes:
Vous devez maintenant étudier le projet de loi à cet effet. Parcs Canada, une organisation de grande réputation pouvant compter sur des employés très compétents, s'est vu confier la responsabilité de protéger et préserver en permanence les aspects naturels, culturels et agricoles du parc urbain national de la Rouge. J'aimerais traiter tout particulièrement des articles 4 et 6 du projet de loi. J'ai pris connaissance de vos interventions à la Chambre des communes [...] Le libellé de ces deux articles est toutefois très clair et se passe d'explication. Ils permettront au ministre de prendre les décisions qui s'imposent en fonction des fins pour lesquelles le parc est créé et des facteurs à prendre en considération. Si l'on mettait en opposition les différents éléments en décrétant que l'un d'entre eux est prioritaire [...] on créerait vraiment une situation de conflit. Je vous demande donc de prendre en considération à la fois les aspects naturels, culturels et agricoles, en incluant dans les aspects culturels les questions autochtones et les enjeux archéologiques. Lorsque j'étais députée, des fouilles effectuées dans le parc ont permis de découvrir une pièce de monnaie française du XVIIe siècle. Ce parc recèle donc un important patrimoine culturel.
Le projet de loi donnerait à Parcs Canada, par l'intermédiaire du ministre de l'Environnement, la responsabilité d'amener tous les groupes d'intervenants à collaborer à l'amélioration du parc urbain national de la Rouge, de sorte que plusieurs points de vue puissent être pris en compte et que les aspects naturels, culturels et agricoles soient respectés, célébrés et, plus important encore, protégés avec toute la rigueur de la loi.
Grâce à l'approche adoptée par le gouvernement, tous ceux qui ont un intérêt dans ce merveilleux parc national travailleront de concert, afin que les gestes qui profitent à la nature profitent aussi à l'agriculture et au paysage culturel du parc. Cela signifie concrètement que Parcs Canada utiliserait l'approche qui a fait sa renommée à l'échelle mondiale pour préserver la biodiversité, rétablir les espèces sauvages indigènes et veiller à la santé des écosystèmes, en soumettant à une surveillance rigoureuse la flore, la faune, les eaux et les terres du parc. En collaboration avec les agriculteurs, Parcs Canada remplacerait le cycle des baux d'un an par un autre régime favorisant une meilleure stabilité économique. De leur côté, les agriculteurs verraient à adopter des méthodes écologiques de gestion des terres, à conserver les ressources, et à contribuer à l'expérience des visiteurs et au patrimoine culturel du parc.
Un des aspects essentiels, c'est que le projet de loi conférerait à Parcs Canada la gestion de la santé des écosystèmes. L'agence appliquerait ce concept aux écosystèmes, aux paysages et aux ressources qui se trouvent dans l'ensemble du parc, non seulement pour protéger et rétablir le patrimoine naturel et culturel, mais aussi pour favoriser la santé et le dynamisme des collectivités agricoles. Ce nouveau type d'aire protégée ne peut être géré du point de vue de l'intégrité écologique, comme certains l'ont demandé. Étant donné que plus de 75 % de la zone prévue a été modifiée ou perturbée par les humains, que le parc est situé à proximité de la plus grande métropole du Canada et qu'il englobe une variété de paysages et d'utilisations des terres, le concept d'intégrité écologique ne se prête tout simplement pas au parc de la Rouge. Cette aire protégée unique fait plutôt appel à une nouvelle approche en matière de conservation.
Quand le projet de loi était à l'étude au comité plus tôt ce mois-ci, un des témoins que nous avons entendus, M. Larry Noonan, de l'Altona Forest Community Stewardship Committee, a affirmé ceci:
Certains se demandent pourquoi le projet de loi ne parle pas d’intégrité écologique. Selon la Loi sur les parcs nationaux du Canada, l’« intégrité écologique » englobe « le maintien de processus écologiques ». À cette définition, Parcs Canada ajoute que les processus écologiques sont « les "moteurs" de l’écosystème, p. ex. le feu, les inondations [...] ».
M. Noonan a enchaîné en disant que « l’intégrité écologique ne peut s’appliquer à un parc urbain national ». Il a été très clair là-dessus, et il peut défendre ces propos en toute connaissance de cause. Voici ce qu'il a ajouté:
Nous ne pouvons permettre des feux et des inondations dans l’environnement urbain de Toronto, Markham et Pickering. Le projet de loi sur le parc urbain national de la Rouge ne peut donc inclure cette expression sans rattacher, à la définition, une liste d’exceptions qui pourraient réduire son impact dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada.
Ici, je me permets un petit aparté. La loi de l'Ontario contient des échappatoires qui permettent un certain nombre d'incidents, ce qui a des répercussions négatives considérables sur l'aire protégée elle-même, la faune, les réalités archéologiques, les Premières Nations et le volet agricole de cette nouvelle entité unique.
Après avoir dit que l'intégrité écologique ne pouvait être appliquée à un parc urbain national, M. Noonan a ajouté:
Le projet de loi sur le parc urbain national de la Rouge ne peut donc inclure cette expression [...]. Le projet de loi C-40 parle plutôt de « la préservation des espèces sauvages indigènes [...] et [du] maintien de la santé de ces écosystèmes ». Le parc urbain national de la Rouge et le plan directeur établissent des stratégies visant à assurer la préservation de la santé optimale des écosystèmes du parc.
De plus, nous avons entendu beaucoup d’autres témoins, dont je ne dresserai pas la liste, qui ne croient pas que l'intégrité écologique est même possible au sein du parc de la Rouge en raison de son contexte urbain unique et du fort pourcentage de perturbation des sols.
La conservation de la nature est évidemment l'un des principaux objectifs du parc urbain national de la Rouge, et l’approche de gestion intégrée est conforme aux normes internationales définies quant à la conservation des zones protégées.
Le cadre législatif du parc urbain national de la Rouge satisfait aux critères rigoureux de la définition d'une zone protégée de catégorie V de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Cette catégorie de zones protégées s'applique lorsque les interactions entre les gens et la nature ont produit au fil des ans une zone ayant un caractère distinct et une valeur considérable sur les plans écologique, biologique, culturel et scénique. C'est exactement ce que représente le parc urbain national de la Rouge. Je m'engage auprès de la Chambre à ce que Parcs Canada s’assure que l'ensemble des composantes uniques de ce parc respecte les normes internationales les plus strictes en matière de conservation et que le parc obtienne les meilleures protections juridiques de l'histoire de la Rouge.
L'intégration est adaptée à ce territoire unique, et c’est la manière adéquate de procéder relativement au parc urbain national de la Rouge. L'intégration nous permet de protéger la féerie des couleurs qu'offrent les érables à sucre de la forêt carolinienne de la Rouge à l'automne et permettra aux générations futures d’en profiter jusqu'à la fin des temps, si je puis dire, et de déguster le sirop d'érable frais que produisent chaque printemps les acériculteurs de longue date de la Rouge. Autrement dit, notre approche intégrée est on ne peut plus canadienne.
Nous avons une occasion historique d’unir nos forces pour le bien public et de créer un héritage intemporel pour les Ontariens, les Canadiens et les citoyens du monde; j'invite donc tous les députés à appuyer le projet de loi dont la Chambre est saisie. Le cadre législatif du parc urbain national de la Rouge satisfait aux critères rigoureux de la définition d'une zone protégée de catégorie V de l'Union internationale pour la conservation de la nature.
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Monsieur le Président, j'espérais pouvoir poser une question à mon collègue de , mais je pense qu'il ne reste plus de temps. Il a commencé son discours en accusant le NPD de vouloir saboter une mesure législative, alors je vais commencer mon discours en parlant du sabotage législatif.
Le sabotage législatif? Que dire alors des 82 motions d'attribution de temps destinées à écourter les débats, donc à limiter la démocratie, qui ont été adoptées aux Communes? Le député veut parler de sabotage législatif? Que dire des huis clos derrière lesquels se réfugient les conservateurs pour que les comités tiennent tout débat ou toute discussion véritables loin des regards du public? Le député veut parler de sabotage législatif? Que dire de la décision du président du comité de bâillonner Allan Adam, le chef de la Première Nation des Chipewyans d'Athabasca, au moment où il voulait parler des effets en aval, sur son peuple, de l'exploitation des sables bitumineux. Le président a indiqué au chef Allan de mettre fin à son intervention parce que la réunion du comité devait porter seulement sur les avantages de l'exploitation des sables bitumineux.
Si les conservateurs veulent parler de sabotage législatif, que dire du mutisme complet de la ministre, qui n'a pas dit un mot encore sur le projet de loi, alors que nous en sommes à la troisième lecture? Où est-elle?
Voilà ce que c'est que du sabotage législatif.
Monsieur le Président, je vous prie de me prévenir lorsque j'approcherai de la fin de mon temps de parole parce que j'en ai beaucoup à dire à propos du projet de loi et que je tiens à exposer mes principaux arguments.
La première fois où nous avons entendu parler de l'idée de faire du parc de la Rouge un parc urbain national, c'était dans un discours du Trône. D'habitude, les discours du Trône ne me réjouissent pas, mais j'ai été emballée par cette proposition. J'adore l'idée de créer le parc urbain national de la Rouge. Le NPD appuie de tout coeur le concept des parcs urbains nationaux, d'ailleurs, mais le fait que celui de la Rouge puisse être le premier de ce genre me plaît immensément.
Imaginons qu'il y ait des parcs urbains nationaux d'un bout à l'autre du Canada et qu'il soit possible d'emprunter le transport en commun pour aller admirer les beautés de la nature, se ressourcer en pleine nature et prendre ainsi la mesure de sa valeur culturelle et écologique. C'est une idée brillante.
Nous étions tellement emballés à cette perspective que le NPD est parvenu à obtenir des résultats au comité. Dans le cadre de l'étude sur la conservation en milieu urbain que nous menions, nous avons pu consacrer quelques jours au parc de la Rouge afin de faire l'état des lieux. Sont venus témoigner des représentants de Parcs Canada, de la Fondation David Suzuki, des Amis du bassin de la rivière Rouge ainsi que de la Société pour la nature et les parcs du Canada. Nous tenions absolument à faire le point sur l'évolution du dossier depuis le discours du Trône, ce que nous devions savoir, les écueils qu'il fallait contourner ou surmonter et les éléments qui exigeaient une certaine créativité.
Je veux pour preuve de notre soutien enthousiaste pour la création d'un parc urbain national dans la vallée de la Rouge le fait que ma collègue la députée de compte parmi les parrains des Amis du bassin de la rivière Rouge. En tant que députée, elle s'est personnellement engagée à s'investir dans le processus parce qu'elle appuie le projet et qu'elle tient à le voir se concrétiser.
Nous étions tous très emballés lorsque nous avons vu ce point dans le discours du Trône. Que s'est-il passé depuis? J'aimerais signaler que nous avons toujours appuyé les travaux effectués sur le terrain visant à créer le parc de la Rouge. Des groupes locaux, provinciaux et nationaux ont travaillé pendant des décennies pour que ce projet se concrétise, pour que ce secteur devienne un parc national, avec le statut et les mesures de protection que cela comporte.
On peut imaginer à quel point ils étaient enthousiastes lorsqu'ils ont entendu le discours du Trône. Ils ont vraiment pu voir que tous leurs efforts portaient leurs fruits, que leur projet deviendrait réalité. Or, j'ai entre les mains un communiqué de presse rédigé par tous ces groupes et qui a été envoyé à tous les députés. J'aimerais lire un extrait de ce document. Je le répète, nous sommes ravis à l'idée que ce parc voie le jour, mais voici ce que dit le communiqué de presse:
À tous les députés de la Chambre:
En tant que groupe d'organisations qui s'intéressent depuis longtemps à la création du parc urbain national de la Rouge, nous avons rédigé la présente afin d'exprimer de vives préoccupations au sujet du projet de loi C-40. Nous vous prions de vous opposer à ce projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Il faut établir un cadre législatif plus solide pour que le premier parc urbain national au Canada protège adéquatement la rivière Rouge de façon à ce que les générations actuelles et futures puissent profiter de ce merveilleux trésor naturel. Nous avons essayé de travailler de manière constructive en respectant le processus parlementaire: nous avons appuyé les amendements visant à corriger les lacunes importantes du projet de loi lorsque le Comité permanent de l'environnement et du développement durable de la Chambre des communes en a fait l'examen à la fin octobre et au début novembre. Malheureusement, le comité a rejeté tous les amendements proposés.
On y parle ensuite des problèmes que comporte le projet de loi lui-même, mais j'y reviendrai plus tard. Je saute plutôt directement au dernier paragraphe. Les auteurs y résument avec émotion la situation dans laquelle se trouvent ces groupes:
L'Ontario a déjà indiqué au Canada qu'il ne transférera pas les terres du parc de la Rouge qui lui appartiennent à moins que le projet de loi tendant à la création du parc urbain national « ne satisfasse ou n'excède » les politiques environnementales régissant les plans de gestion de la Ceinture de verdure et du parc de la Rouge. Or, le projet de loi C-40 ne répond pas à cette demande. Si le Parlement adopte ce mauvais projet de loi, les vastes terres du parc de la Rouge qui appartiennent à la province (plus de 25 kilomètres carrés) pourraient ne pas être transférés à Parcs Canada. Résultat: la superficie du parc national urbain de la Rouge ne sera au final que la moitié de ce qui avait été annoncé, et le parc sera privé de ce qui devrait en constituer le coeur même, à savoir le réseau hydrographique de la vallée de la Rouge. Bref, ce parc n'aura de parc que le nom.
Merci de vous opposer au projet de loi C-40 à l'étape de la troisième lecture et de recommander que la Chambre soit plutôt saisie d'une mesure législative plus rigoureuse.
Ont signé les directeurs généraux de Nature Canada, d'Environmental Defence, de la Société pour la nature et les parcs du Canada, de la Fondation David Suzuki, des Amis du bassin de la rivière Rouge, d'Ontario Nature et de la coalition STORM. C'est quand même incroyable que ces groupes nous demandent de voter contre ce projet de loi, mais c'est la réalité.
Quand nous avons vu qu'aucun des 19 amendements proposés par le NPD n'avait été adopté, mon collègue le député de et moi avions une décision à prendre. Nous devions décider ce que nous allions faire et ce que nous allions recommander à nos collègues de faire quand ils nous demanderaient comment voter. Bon nombre de ces groupes, dont les Amis du bassin de la rivière Rouge, Land Over Landings et Ontario Nature, ont proposé de nous faire faire une visite guidée du parc pour parler de la suite des choses. Nous y sommes allés tous les deux lundi dernier, et c'était génial.
Ces gens ont mis tant d'efforts au fil des ans pour protéger ces terres, dans l'espoir qu'un jour, elles pourraient devenir un parc urbain national. Après notre extraordinaire visite, durant laquelle nous avons vu des fermes, des zones humides, des plages et la vallée elle-même, nous nous sommes tous réunis dans un centre de sensibilisation à l'environnement pour les jeunes, et les membres des groupes présents nous l'ont dit sans équivoque: « Nous voulons que vous votiez contre ce projet de loi. »
Comment en sommes-nous venus là? Comment se fait-il que ces groupes nous pressent de voter contre le projet de loi? Ce n'est pas que nous rejetions toute forme de compromis. Mais comme le dit le dicton: « le mieux est parfois l'ennemi du bien ».
Nous avons connu une situation semblable avec le parc national de l'Île-de-Sable, situé dans ma circonscription, Halifax. Les députés se souviendront du débat que nous avons tenu à la Chambre et des questions semblables que soulevait le projet de loi, qui n'était pas tout à fait ce qu'il nous fallait.
Nous avons participé au processus législatif. Nous avons proposé des amendements, qui ont été rejetés. C'était prévisible, compte tenu de la façon de faire des conservateurs, ces temps-ci. Quoi qu'il en soit, nous avons tout de même participé de bonne foi. En dernière analyse, je me suis rendu compte que le projet de loi du parc national de l'Île-de-Sable exclurait une aire protégée au milieu d'un champ de gaz, plus précisément un champ de gaz naturel. C'est une situation unique: on exclurait une aire protégée. Je savais qu'un jour, il pouvait y avoir des forages dans ce parc national, mais que dès le lendemain de l'adoption de ce projet de loi, il ne pourrait plus y en avoir. Il valait donc la peine d'adopter le projet de loi même s'il n'était pas parfait et même si les amendements que nous avions proposés avaient été rejetés. Nous l'avons donc appuyé.
Je suis extrêmement fière de ce travail, et nous continuerons à travailler afin de renforcer le projet de loi et le plan de gestion du parc et de mettre en place les mécanismes de protection appropriés pour ce parc.
Toutefois, le cas du parc urbain national de la Rouge est différent, car le projet de loi franchit une limite. Il crée de toute évidence un précédent. Il s'agit du premier parc national en milieu urbain, accessible par les transports en commun. Il crée un nouveau modèle pour la protection des aires en milieu urbain, car nous devons tenir compte de la présence d'autoroutes. Il y a la 407.
Alors que j'admirais la belle vallée de la Rouge en nature l'autre jour, je pouvais entendre le vrombissement de l'autoroute 401. C'était incroyable. C'est forcément différent puisqu'il y a des routes, des autoroutes, des lignes de chemin de fer et des exploitations agricoles. Un précédent sera créé.
Toutefois, il y a un précédent négatif pour ce qui est de l'intégrité écologique. Le député de en a parlé. Il a dit que nous ne pouvions pas protéger l'intégrité écologique dans un parc urbain. Je ne suis pas d'accord. La priorité absolue aux termes de la Loi sur l'Agence Parcs Canada, c'est le maintien ou la restauration de l'intégrité écologique, à savoir son amélioration.
D'après l'Union internationale pour la conservation de la nature, une aire protégée est « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré [...] afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les systèmes écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ». Bien que les mots soient différents, l'idée est la même. Il est question de conservation de la nature, qui consiste à accorder la priorité à la santé écologique ou à l'intégrité écologique.
Qu'avons-nous donc ici? Le projet de loi propose quelque chose de tout à fait différent. Je vais le citer textuellement, ce qui choquera les députés, car le projet de loi prévoit ceci:
Dans le cadre de la gestion du parc, le ministre prend en considération la protection des paysages culturels et des écosystèmes naturels du parc, la préservation des espèces sauvages indigènes de celui-ci et le maintien de la santé de ces écosystèmes.
Nous prévoyons établir des priorités, apporter des améliorations et assurer la préservation, puis nous nous ravisons en disant qu'il faut probablement y réfléchir, ce qui est tout à fait inacceptable.
J'ai entendu le discours du député de ainsi que tous les arguments qu'il a fait valoir au comité à l'étape de la deuxième lecture. Les conservateurs ont dit qu'il est interdit de brûler une forêt lorsqu'elle est traversée par une autoroute et qu'il y a des habitations sur le territoire, ou encore de démolir des exploitations agricoles pour planter des arbres et restaurer l'écosystème naturel. Personne n'a fait une telle demande.
Au comité, nous avons entendu d'incroyables témoignages de groupes environnementaux, d'organisations locales et de groupes agricoles. Les conservateurs voudraient nous faire croire que c'est une lutte entre les environnementalistes et les agriculteurs, et que les deux parties ne devraient jamais se rencontrer. Ce n'est pas le cas. Tout le monde a été parfaitement raisonnable au comité. Tous les témoins ont dit vouloir protéger les exploitations agricoles. Les agriculteurs ont dit vouloir protéger leur gagne-pain, mais qu'ils voulaient que le parc soit créé. Les groupes environnementaux ont dit vouloir protéger les fermes, mais aussi avoir un parc. Tout le monde s'est montré raisonnable.
Il était possible de trouver une solution et de parvenir à un compromis en protégeant les terres agricoles et en s'assurant qu'il n'y avait aucune règle ridicule disant qu'il fallait stimuler la fertilité des terres à proximité de l'autoroute 407 en les brûlant tous les 10 ans. Nous sommes intelligents. Nous sommes des législateurs. Nous pouvons compter sur Parcs Canada et sur les rédacteurs juridiques. Je les connais; ce sont des gens intelligents. Nous pouvons trouver une solution au problème.
Le NPD a proposé bien des choses, car le projet de loi contient un certain nombre de lacunes concernant la priorisation de la santé des écosystèmes ou la priorisation écologique. Nous avons proposé de remplacer l'article 6 et affirmé que, dans le cadre de la gestion du parc, la ministre doit accorder la priorité à l'amélioration de la santé de l'écosystème. C'est de cela qu'il est question. Nous ne disons pas qu'il faut prendre des mesures extrêmes qui n'ont aucun sens. Nous voulons seulement accorder la priorité à l'amélioration de la santé de l'écosystème du parc.
Nous avons ensuite proposé le paragraphe (2) qui stipule que, pour offrir une plus grande certitude, la ministre doit prendre en considération le fait que des activités agricoles sont menées dans le parc. C'est important. J'entends les conservateurs demander ce qu'il adviendra des agriculteurs. Nous allons mettre les points sur les i. Nous allons tenir compte de leur présence continue dans le parc. Nous ne disons pas cela en sachant qu'il y a un complot visant à démanteler toutes les fermes et à arracher toutes les plantes cultivées pour planter des arbres. Nous parlons de protéger l'agriculture dans le parc.
Je vais citer quelques observations faites au comité qui sont très simples et directes.
Faisal Moola travaille pour la Fondation David Suzuki. Voici ce qu'il a dit:
[...] nous ne croyons pas que la maximisation de la santé écologique et le soutien de l'agriculture soient des objectifs mutuellement exclusifs pour le parc. La Fondation David Suzuki appuie l'agriculture durable dans le parc.
C'est parfait.
Kim Empringham travaille pour la York Region Federation of Agriculture. Elle a livré un témoignage épatant au comité. Elle comprend qu'il faut établir des compromis et collaborer afin d'atteindre un consensus. Je la cite:
Deux des principes directeurs établis pour le parc urbain national de la Rouge consistent à maintenir et améliorer la santé écologique et l'intégrité scientifique, et à respecter, intégrer et soutenir l'agriculture durable et d'autres utilisations compatibles des terres.
Voilà un homme qui a témoigné au nom de groupes environnementaux et une femme qui a témoigné au nom d'agriculteurs, et ils ont dit la même chose. Je ne comprends pas pourquoi on tient ce faux débat et on prétend que c'est impossible. Nous pouvons le faire. Nous avons trouvé une solution. À mon avis, à lui seul, l'amendement proposé suffirait à régler tous les problèmes.
Que fait-on maintenant? J'aimerais parler un peu du processus politique. Nous avons travaillé d'arrache-pied pour élaborer le meilleur projet de loi possible. Les députés se souviendront peut-être que le NPD ne s'est pas montré combatif à l'étape de la deuxième lecture. Nous avons appuyé la mesure pour qu'elle atteigne l'étape de la troisième lecture. Je pense que nous avons même accéléré le processus en ne faisant intervenir qu'un certain nombre de députés parce que nous étions impatients d'étudier la mesure en comité.
Les intervenants néo-démocrates ont affirmé vouloir trouver une solution, que c'était possible et que nous pouvions y parvenir. Nos observations étaient modérées et nous nous sommes dits plutôt favorables au projet de loi. Nos interventions étaient très intéressantes. La plupart des députés qui sont intervenus provenaient de la région de Toronto parce qu'ils connaissent très bien le parc. Ils voulaient vraiment faire part de leur point de vue au sujet du parc et contribuer à son avenir. Ils ont fait d'excellentes interventions.
Nous avons ensuite collaboré avec divers groupes. Il y a parfois eu des échanges. Nous étions souvent au téléphone. Des gens se posaient des questions sur certains termes, et nous agissions à titre d'intermédiaire. Puisque vous avez une formation en droit, monsieur le Président, vous savez de quoi je parle, il faut parfois de la négociation, et c'est ce que nous avons fait. Nous avons présenté un bon amendement, très bien rédigé, visant à modifier l'article 6 du projet de loi.
Il fallait entendre le point de vue des organisations communautaires qui souhaitent protéger l'agriculture dans le parc et reconnaître les fermes comme une des caractéristiques de celui-ci. Selon moi, nous y sommes arrivés. Que restait-il à faire?
Le NPD a proposé 19 amendements au comité. J'ai eu du plaisir à collaborer avec mes collègues néo-démocrates dans ce dossier, parce qu'ils ont pris la question très à coeur. Ils voulaient sincèrement améliorer le projet de loi. Je félicite les députés de et de de leur travail. Comme nous avons perdu la bataille, nous allons suivre l'avis des groupes sur le terrain. Ceux-ci désirent plus que tout voir le projet du parc se réaliser, mais pas au point de créer un mauvais précédent pour les parcs urbains futurs. Nous allons donc suivre leur conseil et voter contre le projet de loi.
Il reste toutefois que nous appuyons le parc. Que faire alors? Nous nous sommes déjà mis au travail. En effet, mes collègues et moi-même — et en particulier la députée de — avons entrepris de rédiger un projet de loi d'initiative parlementaire qui comprendra entre autres l'amendement à l'article 6. Dans ce projet de loi, nous présenterons ce que le NPD fera une fois au pouvoir, c'est-à-dire modifier le projet de loi à l'étude de manière à protéger à la fois l'intégrité écologique du parc et la pérennité de l'agriculture à cet endroit. Nous allons proposer ce projet de loi et j'en serai fière. J'espère que je serai la comotionnaire lorsqu'il sera présenté.
Nous pouvons y arriver. Il nous est possible de créer un parc national urbain extraordinaire. Nous pouvons en faire le fleuron des parcs nationaux et un exemple à suivre pour les prochains parcs urbains. Voilà ce que nous tâchons de faire. Il me tarde que notre projet de loi d'initiative parlementaire soit déposé. Nous allons exposer clairement la façon dont nous comptons atteindre l'objectif fixé, c'est-à-dire protéger tous les intérêts qui doivent être protégés, y compris la santé de l'écosystème.
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Monsieur le Président, habituellement, les députés disent qu'ils sont ravis de participer au débat. Toutefois, je dois dire que je ne suis pas ravi du tout de participer au débat sur ce projet de loi. Je suis très déçu de sa version définitive. J'aurais espéré que, avec la collaboration des partis de l'opposition à l'étape de la deuxième lecture, le projet de loi aurait été renvoyé au comité, où nous aurions pu faire le travail qui s'imposait. Cependant, le gouvernement a déclaré avec son entêtement habituel qu'il avait raison et que tous les autres avaient tort. Par conséquent, le gouvernement n'a pas accepté de modifier quoi que ce soit, notamment la taille du parc, de tenter de satisfaire aux demandes de Queen's Park ou de tenir compte de l'opinion de milliers de pétitionnaires, de l'ensemble des groupes environnementaux et même de certains agriculteurs, qui sont inquiets quant au dénouement de ce dossier.
Je ne suis donc pas du tout ravi d'intervenir aujourd'hui au sujet de ce projet de loi au nom du Parti libéral. Si nous avons la chance de former le gouvernement un jour, nous allons rectifier la situation, ce qui est absolument nécessaire. Il s'agissait — et il s'agit toujours — d'une excellente occasion de faire quelque chose de bien, mais, dans sa « sagesse », le gouvernement a décidé qu'il était le seul à savoir comment s'y prendre.
Je suis d'accord avec Pauline Browes, une ancienne ministre au sein du gouvernement Mulroney, qui a expliqué en détail comment les divers ordres de gouvernement — conservateurs et libéraux — ont uni leurs efforts au fil des ans pour nous amener au point où nous en sommes aujourd'hui.
L'idée de transformer ces terrains en parc fédéral est bonne, mais, malheureusement, l'initiative a dérapé. Qui est responsable de ce dérapage? Est-ce Queen's Park? Queen's Park a déclaré que, à moins que le gouvernement fédéral corrige le projet de loi, il ne va pas céder ses terrains au parc. Or, ces terrains représentent environ 44 % du parc. Par conséquent, contrairement à ce qui a été annoncé, la superficie du parc ne couvrira pas 58 kilomètres carrés, mais bien 44 % de moins.
En fait, la situation est encore pire. Ce n'est pas comme si on pouvait couper le parc en deux, tracer une frontière bien nette et se retrouver avec la moitié d'un parc. En fait, le parc ressemblerait plutôt à un fromage suisse. Il est composé d'une foule de petites parcelles de terre qui appartiennent à diverses entités, dont l'Office de protection de la nature de Toronto, qui relève du gouvernement de l'Ontario. Ces terres sont surtout situées au bord des vallées des rivières et des ruisseaux. D'autres appartiennent à la ville de Markham, qui prend ses propres décisions. Il y a aussi les terres fédérales. Ce sera un gâchis. Il y aura des conflits de compétences, du lac Ontario jusqu'à la moraine d'Oak Ridges. C'est un territoire très vaste.
Le parc, avec une superficie de 58 kilomètres carrés, sera beaucoup plus petit que le souhaitaient les environnementalistes, qui voulaient qu'on protège une aire de 100 kilomètres carrés. Les terres situées à l'est du parc relèvent entièrement du gouvernement fédéral et elles sont surtout réservées pour l'aéroport de Pickering; d'ailleurs, il y a des terrains excédentaires de ce type autour de tous les aéroports. Le gouvernement aurait pu décider d'offrir ces terres pour agrandir le parc mais, pour une raison quelconque, il a décidé de ne pas le faire. Le corridor de 600 mètres, qui aurait permis de relier la moraine d'Oak Ridges à la majeure partie du parc, aurait pu faire partie des terres dès le départ mais, pour une raison que j'ignore, ce n'est pas le cas.
Les conservateurs semblent aimer réserver des terres, mais on dirait qu'ils aiment un peu moins garantir l'intégrité écologique et protéger les habitats. Les animaux du parc devront s'arrêter à une frontière bien nette entre la moraine d'Oak Ridges et le bout du parc, sinon, je pense qu'ils pourraient fort bien devenir des proies.
Il est question dans le projet de loi de trois petits terrains aux formes irrégulières situés à Markham. On n'obtient donc pas, pour ce parc, 58 kilomètres carrés ou 100 kilomètres carrés, ni des terres que le gouvernement fédéral aurait pu céder parmi les terrains situés à l'est du parc. Ce que contient le projet de loi, c'est tout simplement trois petits terrains irréguliers à Markham. Mais le gouvernement affirme qu'il faut lui faire confiance.
Comment les choses ont-elles si mal tourné? Faut-il blâmer la décision du gouvernement ontarien? Non, sûrement pas. Faut-il blâmer le processus suivi par le comité? On peut penser qu'un projet de loi de cette importance aurait dû bénéficier de plus de trois audiences, dont l'une était consacrée à la ministre et aux fonctionnaires venus vanter les mérites du projet de loi. Tout compte fait, le comité a eu quatre heures pour étudier ce projet de loi et entendre les préoccupations des gens. Ce parc se prépare depuis 30 ans, et le comité n'y a consacré que quatre heures. De plus, bon nombre de témoins ont été choisis parce que leur point de vue correspondait à celui du gouvernement.
Les députés qui ont déjà pris la parole ont mentionné les nombreux amendements, qui portaient en grande partie sur la création de normes écologiques. On peut se demander s'il vaudrait mieux parler d'intégrité écologique ou de santé écologique, mais il faudrait au moins qualifier le mot « écologique ». Pour le moment, ce mot ne se rattache à rien. Par ailleurs, l'article 6 contient tellement de priorités que plus rien n'est prioritaire. C'est donc dire que, lorsqu'un ministre a tendance à improviser selon les événements, comme pourrait le faire la ministre actuelle, tout le monde est vulnérable. D'un autre côté, un futur ministre pourrait s'intéresser particulièrement à un des aspects, que ce soit le développement, l'agriculture ou l'intégrité écologique du parc. Tout est possible. Dans sa formulation actuelle, le projet de loi accorde au ministre le pouvoir de diriger le parc presque par décrets, ce qui viendra parfois à l'encontre des intérêts des écologistes, des agriculteurs, des résidants ou d'autres ordres de gouvernement. Alors que nous avons la possibilité de bien faire les choses, d'établir des valeurs et des priorités, le gouvernement se borne à dire « faites-nous confiance ».
Le gouvernement a probablement dérapé lorsqu'il s'est mis à rabaisser les témoins et à exagérer les différences entre les agriculteurs et les autres. Jane Philpott, une candidate de mon parti dans la région, et moi-même, avons fait un effort particulier et nous avons passé une journée complète en compagnie des agriculteurs. J'ai bien aimé cette expérience. J'ai trouvé ces gens raisonnables. Leurs attentes étaient tout à fait raisonnables. Je me suis dit que nous avions là des gens avec qui nous pourrions collaborer. C'était donc très loin de l'hostilité à laquelle je m'attendais de la part des agriculteurs, attente largement nourrie par les députés ministériels et qui a été complètement démentie. À mes yeux, on trouve là certains des meilleurs gardiens écologiques. Ils se soucient de leurs terres. Cela m'a rappelé mon père, qui avait une ferme pas très loin de cet endroit. Pour lui, ses terres, c'était son capital. Dans l'état actuel des choses, les agriculteurs se trouvent dans une situation difficile, parce qu'ils ne peuvent pas améliorer ou développer leur capital, que ce soit par l'application de diverses techniques agricoles, le drainage ou d'autres solutions de cette nature. Les agriculteurs se trouvent en situation de vulnérabilité. Cela me fait penser à la blague qui dit: la pire phrase qu'un citoyen canadien pourrait entendre un jour, c'est « Je suis un représentant du gouvernement du Canada et je suis là pour vous aider. » De fait, je mets mes amis agriculteurs en garde contre le projet de loi. Ils pensent peut-être que cette mesure législative leur est utile, mais une définition appropriée de la santé écologique leur serait d'un plus grand secours.
Je dois dire que j'ai été déçu par le traitement réservé aux témoins qui se sont présentés devant nous et dont le point de vue ne correspondait pas aux idées préconçues du gouvernement. Il y a de quoi s'inquiéter lorsqu'un projet de loi n'a pas l'appui de la Société pour la nature et les parcs du Canada, ou SNAP. Selon cette organisation canadienne de premier plan qui est reconnue à l'échelle internationale, nous devrions retourner à notre table de travail et essayer de bien faire les choses parce que cette mesure législative servira de précédent pour d'autres projets de loi.
Plusieurs organismes n'appuient pas le projet de loi, dont Ontario Nature, la STORM Coalition, Nature Canada, Environmental Defence, ainsi que des milliers de pétitionnaires. Ils ne sont pas tous là pour entraver le développement et tout le reste, comme le laissent entendre ceux qui diabolisent les groupes environnementaux. En fait, ces organismes ont fait des suggestions très raisonnables, réfléchies et, j'ose dire en tout respect, modestes quant à la façon de régler les préoccupations du gouvernement de Queen's Park à l'égard du projet de loi, tel que présenté par le gouvernement conservateur. Là encore, tout le monde avait tort, sauf le gouvernement, et il n'y avait aucun moyen d'en venir à un compromis.
Nous avons discuté de ce rejet du concept d'intégrité écologique. C'est en fait un point épineux et je serais porté à croire qu'on ne peut simplement pas appliquer la loi sur Parcs Canada à un parc urbain. Cela me semble raisonnable, mais que pouvons-nous faire d'autre? Les autres possibilités sont décrites aux articles 4 et 6. Lorsque nous posons une question très simple, à savoir ce qu'on entend par santé écologique, nous obtenons soit une dizaine de réponses, soit un silence pesant ou une esquive, car il n'y a pas un seul député et pas une seule personne qui écoute ce débat qui sait vraiment ce qu'est la santé écologique. On lance l'expression en présumant que les gens vont adopter cette idée et que, d'une manière ou d'une autre, elle fera son effet.
Dans son discours initial, l'ancien ministre a dit que certaines choses vont de soi. À bien y penser, nous sommes des législateurs et nous présentons des projets de loi. On ne peut pas inclure l'expression « cela va de soi » dans un projet de loi simplement en affirmant que cela va de soi. Si, dans les faits, il y a des groupes qui se soucient beaucoup de la teneur des définitions, il ne suffit pas de leur répondre que « cela va de soi ».
Si nous mettons des définitions dans les projets de loi, c'est pour une bonne raison. Nous les y mettons pour limiter le pouvoir discrétionnaire du ministre. Les ministres changent. Certains sont persuadés d'une chose et d'autres du contraire et, avec le gouvernement actuel, il y a un fort roulement. Les conservateurs sont arrivés au pouvoir il y a huit ou neuf ans, et il y a eu six ministres, dont un à deux reprises, ainsi que cinq ou six sous-ministres. C'est comme si nous avions deux manèges tournant simultanément en sens inverses. Dans ce contexte, il est difficile pour Environnement Canada ou le sous-ministre de donner l'impression qu'ils ont une vision précise. C'est tout à fait naturel puisque l'idée, au gouvernement, c'est que tout est dirigé à partir d'un seul endroit et qu'on n'a qu'à remplacer un ministre ou un sous-ministre de temps à autre quand on souhaite changer le nom ou le visage associé à l'organisation.
Dans le contexte du présent projet de loi, nous avons eu cinq, six et peut-être même sept ministres qui avaient chacun une idée différente de ce que veut dire la santé écologique. Il va sans dire que nous ne pouvons pas accepter que ce ne soit pas défini. Voilà pourquoi cela devient un Golgotha.
Pour l'instant, c'est la communauté écologique qui est mécontente du projet de loi. La députée d’ a pris la parole plus tôt et a dressé la liste de toutes les personnes qui sont mécontentes du projet de loi. À la même période l'année prochaine, ce sera peut-être en fait le milieu agricole qui sera mécontent du projet de loi, parce que la mesure législative donne carte blanche au ministre à cet égard. Si nous avions utilisé à bon escient notre temps en vue d'essayer de mieux définir les notions arbitraires du projet de loi, nous aurions pu faire en sorte que toute la Chambre appuie et adopte le projet de loi. En raison des objectifs mystérieux du gouvernement, ce ne sera pas le cas.
L'autre article qui soulevait des réserves est l'article 8, soit la nomination d’un comité consultatif. Le libellé dit que le ministre « peut » nommer un comité consultatif. Cela signifie également que le ministre peut ne pas nommer un comité consultatif. Compte tenu de l’arbitraire de l'article 6, à savoir que toutes les priorités sont des priorités et que nous n'avons donc pas de priorité, et du libellé qui dit que le ministre peut créer ou ne pas créer un comité consultatif, nous pourrions nous retrouver avec un ministre prenant des décisions très arbitraires. Cela pourrait aller à l'encontre des intérêts des communautés qui se sont exprimées sur la question, comme la communauté environnementale ou la communauté agricole. Personne n'est à l'abri.
Voilà une série de raisons qui expliquent pourquoi le projet de loi a dérapé, alors qu'il aurait pu rester sur la bonne voie avec un peu de bon sens et de compromis.
On a aussi proposé de relier la moraine d'Oak Ridges à la majeure partie du parc afin de protéger les populations animales qui se déplaceront sur le territoire. Bien qu'il soit présenté de façon plus ou moins cohérente, ce projet existe et nécessiterait l'acquisition de terres. Évidemment, on pourrait aussi verser une indemnisation pour l'acquisition de ces terres. Encore une fois, je reviens au caractère très arbitraire du projet de loi. Un ministre pourrait bien dire à un agriculteur: « On vous expulse de vos terres. Tant pis pour vous ». Ce serait franchement très regrettable. L'établissement d'un lien entre l'embouchure de la Rouge et la moraine d'Oak Ridges était un projet qui visait à protéger la fonction écologique du parc.
En résumé, le projet de loi est un échec lamentable. On aurait pu le sauver, et ce serait encore possible, si le gouvernement était ouvert aux amendements, mais malheureusement, nous devrons faire face à son intransigeance. Nous aurions pu arriver à un consensus, mais ce n'est malheureusement pas ce qui est arrivé. J'ose dire que cela correspond à l'attitude typique du gouvernement à l'égard de toute forme d'opposition, aussi modérée et raisonnée soit-elle.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler de ce projet de loi des plus valables.
Le parc urbain national de la Rouge protégera les ressources naturelles, culturelles et agricoles. Il nous permettra de profiter de paysages et d'expériences qui contribuent à forger notre identité canadienne. Le projet de loi permettrait de concrétiser cette vision.
Le parc urbain national de la Rouge, le premier parc de ce genre au Canada, serait l'un des parcs urbains les plus grands et les plus diversifiés du monde. Il n'existe actuellement aucun endroit comparable.
Le parc proposé est tellement grand qu'il abritera 79 exploitations agricoles avec vue sur le centre-ville de Toronto. C'est quelque chose que bien des citadins ont rarement l'occasion de voir, et encore moins de vivre, au XXIe siècle.
Le parc permettrait aux enfants et aux jeunes des milieux urbains d'apprendre à connaître leur patrimoine régional, de l'arrivée des Premières Nations il y a au moins 10 000 ans à leur histoire agricole plus récente, qui remonte à la fin des années 1700. Il leur permettrait aussi de découvrir la provenance des aliments qu'ils mangent. Il apprendrait aux jeunes Canadiens ce qu'ils devront faire à l'avenir pour bien gérer nos ressources agricoles, ainsi que nos précieuses ressources naturelles et culturelles. C'est peut-être l'un des meilleurs arguments en faveur de cette audacieuse mesure législative.
Parmi ses avantages, il y a l'ajout au parc régional actuel de la Rouge de milliers d'acres de terres agricoles de catégorie 1 dans la région d'York à la suite de ce mandat élargi. Soixante-deux pour cent des terres réservées au parc urbain national de la Rouge seraient des terres agricoles, et pas n'importe lesquelles. Grâce à la création du parc urbain national de la Rouge, le gouvernement du Canada protégerait certains des sols les plus rares et les plus riches et fertiles du pays. C'est important, car les fermes de la région du Grand Toronto et de ses environs deviennent rapidement une espèce en voie de disparition.
Étant donné que seulement 1 % de toutes les terres agricoles au Canada sont de catégorie 1, leur protection est vitale, surtout parce que plus de deux millions d'acres de terres agricoles sont disparus dans le Sud de l'Ontario depuis 30 ans en raison de l'urbanisation et des modifications de zonage. Sans le niveau le plus élevé de protection législative prévu dans le projet de loi , des millions de Torontois, d'Ontariens et de Canadiens n'auraient plus accès à ces terres agricoles précieuses. La désignation officielle du parc signifie que nous pourrions préserver des terres qui produisent des aliments pour les collectivités urbaines voisines, tout en réussissant à y conserver les plantes et les animaux indigènes et à offrir aux visiteurs des activités agricoles et récréatives novatrices.
Avant le dépôt du projet de loi, Parcs Canada a consulté des milliers de Canadiens, des centaines de groupes communautaires et d'organisations et divers ordres de gouvernement.
En plus de faire l'objet d'une consultation publique, le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui a été renvoyé à un comité multipartite, qui en a examiné chacun des éléments avant de l'adopter dans sa forme actuelle. Le Comité permanent de l'environnement et du développement durable a entendu 11 témoins et experts, dont des hauts dirigeants de Parcs Canada; un ancien président et des membres de l'Alliance du parc de la Rouge, groupe provincial maintenant dissous qui a contribué à la gestion de la Rouge durant près de 20 ans; des agriculteurs et des groupes environnementaux. La plupart de ces témoins ont appuyé le projet de loi dans sa forme actuelle, y compris les représentants de la communauté agricole de la Rouge.
Certains prétendent que le gouvernement a fait de la petite politique en n'acceptant aucun des amendements au projet de loi. Ce n'est tout simplement pas le cas. En fait, la plupart des amendements proposés par l'opposition officielle et le Parti vert visaient à faire de l'intégrité écologique une priorité majeure du projet de loi, même si seulement 2 des 11 témoins du comité ont souscrit à cette idée. En termes relatifs, 81 % des témoins présents n'ont pas réclamé l'inclusion de l'intégrité écologique dans le projet de loi.
De plus, deux groupes environnementaux venus témoigner nous ont dit préférer le concept de vigueur écologique préconisé par Parcs Canada, plutôt que le concept d'intégrité écologique. Par conséquent, il est très difficile de comprendre pourquoi l'opposition officielle et le Parti vert ont tenu à proposer un grand nombre d'amendements incluant le concept d'intégrité écologique. Je me demande pourquoi ces députés ont choisi d'écouter seulement deux témoins. Et surtout, ce qui est encore plus inquiétant, je me demande pourquoi ces partis ont choisi d'ignorer la vaste majorité des témoins.
Beaucoup nous demandent pourquoi le gouvernement est contre l'application du principe d'intégrité écologique dans le parc urbain national de la Rouge. Ceux qui connaissent bien le sujet savent que, selon la Loi sur les parcs nationaux du Canada, qui régit l'ensemble des parcs nationaux au pays, l'intégrité écologique signifie « l'état d'un parc jugé caractéristique de la région naturelle dont il fait partie et qui sera vraisemblablement maintenu [...] ». Cet état doit pouvoir évoluer à l'abri des interventions humaines.
Autrement dit, l'intégrité écologique est préservée lorsque les éléments naturels d'un écosystème sont intacts, y compris les rivières et les ruisseaux, dont le cours ne doit pas être altéré, et lorsque se poursuivent des phénomènes naturels comme les incendies, les inondations, les infestations de ravageurs et la prédation. Pour que l'intégrité écologique soit préservée, l'empreinte des êtres humains dans le parc et ses environs doit être réduite au minimum.
Bien que l'intégrité écologique, telle que Parcs Canada la définit, soit un principe noble qui s'applique bien dans des parcs nationaux du Canada comme celui de Banff, où 96 % du territoire est fait d'étendues sauvages, elle ne convient pas dans un milieu urbain comme celui de la Rouge, où l'on trouve des infrastructures et où la province de l'Ontario et les municipalités adjacentes auront encore des besoins en infrastructures. Près de 80 % de la superficie du parc constitue un environnement perturbé ou sérieusement altéré par rapport à son état naturel, ce qui nécessite une approche de conservation très différente.
Compte tenu du contexte urbain très particulier, Parcs Canada a élaboré le concept mieux adapté de vigueur écosystémique. Il appliquera ce concept pour obtenir le degré maximal de conservation et de protection de l'histoire de la Rouge en intégrant la conservation du patrimoine naturel avec la santé et le bien-être des êtres humains, ce qui comprendra: l'amélioration de la qualité de l'air, du sol et de l'eau; la production alimentaire; les activités de loisir et d'éducation.
En termes simples, dans le contexte des parcs nationaux du Canada, l'intégrité écologique ne cadre pas dans un paysage qui est traversé par les autoroutes les plus achalandées du Canada, des routes, des lignes de chemin de fer, des corridors hydroélectriques, des parcelles de terres privées, des habitations, des exploitations agricoles, des collectivités et des infrastructures provinciales et municipales. Ce contexte urbain particulier fait du parc de la Rouge un parc national unique en son genre, et c'est la raison pour laquelle le gouvernement du Canada a décidé de créer une nouvelle catégorie d'aires protégées: les parcs urbains nationaux.
Concrètement, si le gouvernement appliquait le concept d'intégrité écologique au parc urbain national de la Rouge, il y aurait de graves conséquences pour les localités, les municipalités, les résidants, les agriculteurs et d'autres entreprises. Si l'on appliquait ce concept, la plupart des nouvelles infrastructures ne seraient pas autorisées, dont les infrastructures souterraines et celles en surface qui seraient aménagées pour répondre aux besoins de la province et des localités.
Si l'on appliquait le concept d'intégrité écologique, il faudrait vraisemblablement faire disparaître les structures de contrôle dans les cours d'eau pour prévenir les inondations. Il faudrait également rétablir les cours d'eau naturels, peu importe leur trajectoire dans le paysage, et laisser les inondations ainsi que le mouvement et l'évolution des rivières et des ruisseaux suivre leur cours naturel. L'intégrité écologique empêcherait de recourir aux techniques agricoles respectueuses de l'environnement telles que des installations de drainage agricole.
Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que, si on adaptait le principe d'intégrité écologique dans la vallée de la Rouge, de nombreux agriculteurs seraient chassés de fermes qui sont exploitées depuis au moins 1799. Il y a des raisons pour lesquelles on ne pratique pas l'agriculture dans des endroits comme le parc national Banff ou le parc national du Gros-Morne. C'est parce que l'agriculture est considérée comme étant incompatible avec l'intégrité écologique au sens de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. C'est pourquoi ceux qui disent appuyer l'agriculture et l'intégrité écologique telle qu'elle est définie dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada sont, au mieux, naïfs ou mal informés, ou au pire, ils essaient — en vain, je dois dire — d'apaiser le milieu agricole.
D'autres amendements au projet de loi proposaient d'accorder la priorité à la conservation du patrimoine naturel plutôt qu'au patrimoine culturel et agricole. J'aimerais prendre quelques instants pour aborder la question.
Depuis le début de ce grand projet, le gouvernement dit clairement qu'il faut une approche intégrée pour conserver le paysage et les utilisations riches et diversifiées du parc de la Rouge. Le gouvernement du Canada et Parcs Canada ont toujours clairement indiqué que le parc urbain national de la Rouge accorderait autant d'importance à la protection et à la célébration de la nature, de la culture et de l'agriculture qu'à l'objectif de rapprocher les Canadiens de ce patrimoine. Là encore, la majorité des témoins qui ont comparu au comité appuyaient notre approche intégrée visant à protéger le patrimoine naturel mais aussi le patrimoine culturel et agricole du parc de la Rouge.
L'opposition officielle et le Parti vert ont néanmoins présenté des amendements pour qu'un aspect du parc, la conservation du patrimoine naturel, ait préséance sur un autre. Veulent-ils dire par là que, d'une certaine façon, 10 000 ans d'une riche histoire et d'un riche patrimoine culturel autochtones, ainsi que des siècles de patrimoine agricole, devraient figurer en deuxième place? Laissent-ils entendre que les autres aspects du parc sont moins importants et qu'ils méritent d'être relégués au second rang?
Encore une fois, pourquoi ces députés ignorent-ils l'opinion de la majorité des témoins au comité pour plutôt proposer des amendements intenables et controversés? Ces députés n'ont peut-être pas lu le Plan de la ceinture de verdure de la province de l'Ontario dont on a beaucoup vanté les mérites et qui ne considère pas l'agriculture comme étant moins importante que la nature.
Il est évident qu'en présentant ces amendements, ils se sont peu souciés de l'intérêt public. Il s'agissait plutôt d'un cas où on a écouté et favorisé un segment étroit de la population. C'est ce qui mène au cynisme du public à l'égard du processus politique.
Le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui est rigoureux et accordera à la Rouge la plus grande protection législative de son histoire. Ceux qui disent que cette mesure affaiblira la protection actuellement en vigueur ont tout simplement tort.
S'attend-on à ce que nous croyons que les échappatoires dans la Loi sur la ceinture de verdure et la Loi sur la conservation de la moraine d'Oak Ridges de l'Ontario, comme les droits acquis protégeant des pratiques néfastes pour l'environnement, les exemptions qui permettent de tuer des espèces en péril si cela représente un avantage net, des systèmes de délivrance de permis souples et, ce qui est incroyable, l'autosurveillance de projets de développement, constituent les normes législatives les plus élevées que le Canada devrait adopter ou s'efforcer d'adopter pour la Rouge? Ces échappatoires autorisent un développement commercial et industriel considérable, le déversement de produits toxiques et l'abatage d'espèces en péril. Il s'agit des mêmes pratiques qui ont été sévèrement critiquées par les organisations qui laissent entendre que le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui représente d'une certaine façon un recul pour la protection de la Rouge.
Cette semaine, un tribunal de Pontypool, en Ontario, a écouté des citoyens préoccupés qui affirment que le développement industriel à l'endroit où se trouve la moraine d'Oak Ridges, qui est censée être protégée, causera des « dommages graves et irréversibles aux plantes, aux animaux et à l'environnement, notamment à la moraine d'Oak Ridges ».
Ce sont de graves allégations qui ont été formulées contre la législation provinciale, que les partis d'opposition considèrent pourtant comme un exemple de la meilleure protection que l'on puisse fournir.
En fin de compte, Parcs Canada mettrait en place des mesures de protection qui protégeraient éternellement les plantes, les animaux, les eaux, les paysages culturels et les terres agricoles qui se trouvent près de la rivière Rouge, et s'engagerait à ne causer aucun dommage irréversible.
J'insiste sur le fait que le projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui respectera, voire surpassera les mesures de protection de la rivière Rouge déjà en place. C'est une honte, vu la force de ce projet de loi et la réputation internationale de Parcs Canada en matière de conservation et de restauration écologique, que quiconque puisse laisser entendre quoi que ce soit d'autre.
À l'heure actuelle, dans le parc de la Rouge, il n'y a aucun agent de la paix sur place pour assurer la protection de ces ressources inestimables et prendre des mesures si quelqu'un vole un fossile, tue un animal, vandalise un lieu historique, pollue l'eau ou jette des déchets ou des matières toxiques dans la forêt. Dans le parc urbain national de la Rouge, il y aurait une équipe complète de gardiens de parc tous les jours de l'année. Ces gardiens mettraient en application un ensemble précis de lois et de règlements stricts, et ils auraient le droit d'imposer des amendes et des sanctions sévères afin de bien faire respecter la loi.
Les Canadiens ne savent pas d'où proviennent leurs aliments, et bon nombre d'entre eux ne savent probablement pas non plus que les terres agricoles peuvent contribuer à préserver et à restaurer les milieux humides, les forêts et les pâturages qui protègent une vaste gamme d'espèces. Les fermes tournées vers l'avenir appuient la biodiversité indigène de nombreuses façons: bonnes pratiques de culture; maintien et rétablissement de haies, de champs en jachère et de boisés; création d'habitats nécessaires à la nidification et aux oiseaux migrateurs, aux mammifères, aux reptiles et aux amphibiens.
Les terres agricoles de la région de la Rouge renferment un important patrimoine naturel et des caractéristiques hydrologiques clés; la façon dont ces fermes sont gérées peut contribuer à la protection de l'environnement et de l'agriculture. Les fermes du parc national de la Rouge pourraient donc jouer un rôle de premier plan pour assurer la viabilité et la santé à long terme du parc.
Voilà précisément pourquoi il devrait y avoir des terres agricoles protégées dans le parc national de la Rouge. Le parc ferait la promotion des pratiques agricoles durables afin d'assurer la viabilité des fermes et il contribuerait à la protection des ressources naturelles et culturelles, au maintien d'écosystèmes en santé et à l'amélioration de l'expérience des visiteurs.
Cette approche toute canadienne ferait en sorte que l'exploitation agricole soit une caractéristique unique du parc et que l'agriculture fasse partie intégrante du parc. Ces objectifs seraient confirmés par la loi.
Parcs Canada continuerait de collaborer avec le milieu agricole, les établissements d'enseignement et les autres intéressés afin de trouver la meilleure façon de veiller à ce que ces fermes soient là pour y rester. Pour la première fois depuis des décennies, les agriculteurs pourraient obtenir des baux à long terme, à la condition qu'ils respectent les plus hautes normes en matière de pratiques agricoles durables. Voilà maintenant bien longtemps que le milieu agricole est le gardien de ces terres, et il souhaite de toute évidence concrétiser la vision du parc national urbain.
Il est également important de souligner que des possibilités s'offriront à une nouvelle génération d'agriculteurs au fur et à mesure que les plus âgés prendront leur retraite. De jeunes et nouveaux agriculteurs se joindront à ceux qui sont déjà établis, et tous auront l'occasion d'appliquer des techniques novatrices de pointe pour mieux gérer et protéger les terres agricoles et les exploiter de manière optimale, tout en maintenant des méthodes traditionnelles éprouvées qui font de l'agriculture un élément si important de notre patrimoine. Résultat: on assistera à la diversification des fermes, en termes de taille et de types d'exploitation agricole, et des plantes cultivées dans le parc.
Au-delà des intérêts directs liés à l'agriculture et à la production de nourriture, il faut aussi mentionner l'expérience des visiteurs, à laquelle s'intégreraient des thèmes agricoles. Par exemple, des circuits agrotouristiques, des ateliers et autres programmes pourraient être offerts aux visiteurs, qui pourraient également acheter les produits frais vendus dans les marchés et prendre part aux foires agricoles.
Voilà qui serait avantageux pour tous. Le projet de loi aiderait les gens à continuer à vivre et à travailler dans le parc, à améliorer leur gagne-pain et à collaborer pour que se concrétise la vision globale du parc. Ainsi, il encouragerait la pérennisation et l'application de pratiques bénéfiques en matière de gestion des terres, ce qui assurera la santé des terres protégées du parc.
Le projet du parc urbain national de la Rouge devrait rassembler les Canadiens, non les diviser. Il s'agit réellement d'un parc pensé par des Canadiens pour des Canadiens. Il y a de quoi célébrer, non seulement dans la grande région de Toronto, mais aussi partout au Canada, puisque tous les Canadiens pourront avoir accès à ce parc urbain national unique en son genre.
Les Canadiens appuient fermement notre approche, qui assure la protection et la promotion d'écosystèmes sains, respecte les agriculteurs locaux et crée des occasions sans précédent pour les néo-Canadiens et les Canadiens vivant en zone urbaine de connaître la richesse et la beauté des lieux patrimoniaux fédéraux si chers au Canada. Travaillons ensemble dans l'intérêt de tous les Canadiens et créons un héritage durable pour les arrière-petits-enfants de nos enfants.
C'est en toute humilité et en toute sincérité que j'invite tous les députés à exprimer leur plein appui à ce projet de loi historique.
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Monsieur le Président, je suis triste de dire que je ne pourrai pas appuyer le projet de loi, parce que j'étais l'une des personnes présentes lors du premier exercice de visualisation en vue de créer le parc urbain national de la Rouge. J'étais la plus jeune dans la pièce. À ce titre, je savais que je serais la personne qui en profiterait le plus. Je débordais d'enthousiasme.
Je vais partager mon temps avec un collègue.
Même si je ne peux pas soutenir le projet de loi du gouvernement, je suis d'accord pour faire du parc de la Rouge un parc national protégé. Nous voulons que ces terres soient protégées. Nous voulons que ce territoire devienne un parc national dont tout le monde pourra profiter pour des générations à venir. La présente mesure législative réduirait la protection.
Je débordais d'enthousiasme lorsque j'ai entendu pendant le discours du Trône que le gouvernement prévoyait faire du parc de la Rouge un parc national protégé.
J'ai assisté à l'exercice de visualisation d'une journée. Durant des années, j'ai travaillé à la conservation et à la protection du présent parc de la Rouge. La Rouge coule dans ma circonscription, Scarborough—Rouge River. C'est dans ma circonscription que se trouve la plus grande portion de cette rivière, et je suis choyée que ce parc se situe littéralement dans ma cour arrière.
Le parc de la Rouge est bien particulier, en raison de son emplacement dans un milieu urbain. Il est traversé par des routes, des autoroutes, des corridors hydroélectriques, des voies ferrées et des oléoducs. Il s'agit d'un parc spécial parce qu'on ne trouve pas ce genre d'infrastructures dans les aires protégées de la plupart de nos autres parcs nationaux.
Les gens sur le terrain, ceux qui sont touchés par la création de ce parc, avaient une vision. Nous étions sûrs de pouvoir la concrétiser. Nous savions que nous pouvions y donner suite. Nous pouvions envisager un parc urbain national protégé qui inclurait des agriculteurs, des agents de protection de la nature, des environnementalistes, des autoroutes, des routes, des voies ferrées et des corridors hydroélectriques. De toute évidence, on ne pouvait pas déplacer ces infrastructures. Nous étions tous d'avis que le parc urbain national de la Rouge, avec sa superficie de 100 kilomètres carrés, présenterait un véritable potentiel. Nous nous réjouissions à cette idée, parce que le parc s'inscrit dans le réseau du patrimoine naturel de la ceinture de verdure. On y trouve des habitats menacés, notamment la partie la plus septentrionale de la forêt carolinienne et des zones de forêts mixtes. Le parc de la Rouge est le plus grand parc public dans le sud de l'Ontario, à proximité de 25 % de la population du Grand Toronto. Nous étions donc nombreux à être emballés par ce projet.
Notre parti était heureux de renvoyer le projet de loi au comité à l'étape de la deuxième lecture. Nous pensions que le gouvernement ferait preuve de bonne foi au comité. Nous pensions pouvoir présenter des amendements qui permettraient de renforcer le projet de loi dont la Chambre est maintenant saisie.
Je vais parler de trois sujets: l'intégrité écologique; le maintien ou le renforcement des mesures de protection déjà en vigueur dans le parc de la Rouge; et la superficie de 100 kilomètres carrés. Je parlerai d'abord de l'intégrité écologique.
La Loi sur les parcs nationaux du Canada dit ceci:
La préservation ou le rétablissement de l'intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques sont la première priorité du ministre pour tous les aspects de la gestion des parcs.
L'article 6 du projet de loi prévoit, pour sa part, ceci:
Dans le cadre de la gestion du parc, le ministre prend en considération [et c'est là le problème] la protection des paysages culturels et des écosystèmes naturels du parc, la préservation des espèces sauvages indigènes de celui-ci et le maintien de la santé de ces écosystèmes.
La différence, c'est la disposition solide qui existe déjà dans la Loi sur les parcs nationaux du Canada et qui précise que la préservation, le rétablissement et la protection de nos ressources naturelles doivent être la première priorité du ministre.
À l'inverse, le projet de loi présenté par le gouvernement aurait pour effet d'affaiblir cette disposition au point où, même si le ministre doit prendre en considération la protection de la nature, il n'a pas l'obligation d'intervenir.
Voyons la question avec les yeux des gens qui aiment ce parc. J'y vais au moins une fois par semaine et, dans le pire des cas, une fois toutes les deux semaines. Le parc fait partie de ma vie. Nous voulons qu'il soit protégé. Nous voulons qu'il puisse exister pour les générations à venir. Mais ce projet de loi affaiblirait considérablement la protection des écosystèmes et ne serait pas vraiment utile pour maintenir la vigueur ou l'intégrité écologique du parc.
Je tiens à dire très clairement que le NPD est pour la création du parc urbain national de la Rouge, mais pas s'il faut mettre en péril l'intégrité écologique. Or, c'est la conséquence qu'entraînerait le projet de loi actuel et c'est la raison pour laquelle je ne peux malheureusement pas en appuyer l'adoption tel qu'il a été rédigé par les conservateurs.
Comme je ne dispose que de 10 minutes, je vais passer à mon prochain sujet, qui est le respect ou le renforcement des règles de protection actuelles. Mon collègue qui a pris la parole tout à l'heure sur ce projet de loi a parlé du protocole d'entente signé en janvier 2013 entre la province de l'Ontario et le gouvernement fédéral. Dans ce protocole, il est convenu que les politiques actuelles de l'Ontario seront appliquées ou renforcées, y compris les plans de conservation de la ceinture verte et de la moraine d'Oak Ridges, lors de l'élaboration du projet de loi et du plan de gestion relatifs au parc urbain national de la Rouge.
Le plan provincial de conservation de la ceinture verte englobe le parc de la Rouge et les plans concernant les bassins hydrographiques. La protection dont le parc fait l'objet actuellement est définie dans un ensemble disparate d'environ 11 politiques ou plans. Le gouvernement fédéral a accepté de se conformer à toutes ces dispositions. Je sais qu'elles sont hétéroclites, mais le gouvernement fédéral a accepté de veiller à ce que le projet de loi respecte ou renforce les mesures de protection déjà établies pour ce parc.
Le ministre provincial a envoyé une lettre à la ministre fédérale, qui, je dois le préciser, n'a pas encore pris la parole une seule fois au sujet de ce projet de loi. Nous en sommes à la troisième lecture, soit la dernière étape de l'étude du projet de loi, et la actuelle, qui est responsable du dossier, n'a même pas encore dit un mot sur le projet de loi, ce qui me semble absolument honteux. Je m'écarte un peu du sujet.
Je vais paraphraser une lettre que le ministre provincial du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure a envoyée à la ministre fédérale, car je n'ai pas le temps de la citer au complet. En gros, il a dit que les protections pour le parc prévues dans le projet de loi sont de beaucoup inférieures à celles qui existent déjà en Ontario en vertu des politiques et des plans provinciaux en vigueur. Le régime actuel permettrait de renforcer l'intégrité écologique du parc urbain national de la Rouge qui est proposé dans cette mesure législative. Le ministre provincial a ajouté qu'il ne pourrait pas transférer les 5 400 acres de terrain qui appartiennent actuellement au gouvernement de l'Ontario en vue de la création du parc urbain national de la Rouge.
Cela m'amène à mon troisième point, soit un parc de 100 kilomètres carrés. La collectivité rêvait d'un parc de cette superficie, ce qui aurait été tout à fait formidable. Cependant, à l'époque, le gouvernement a proposé pour l'étude une aire de 58 kilomètres carrés. Maintenant, étant donné que le gouvernement provincial dit qu'il n'est pas disposé à transférer plus de 25 kilomètres carrés de terrain, ce nouveau parc national aura une superficie équivalant à moins du quart de ce que tous les intervenants espéraient depuis des dizaines d'années.
Je vais lire quelques extraits d'une lettre que sept organisations environnementales ont envoyée à tous les députés. Ces organisations nous ont demandé de ne pas appuyer le projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Elles ont dit avoir tenté d'améliorer le projet de loi et de travailler avec le milieu agricole, les environnementalistes et le gouvernement. Elles s'opposent à ce projet de loi imparfait parce qu'il ne serait pas avantageux pour le parc urbain national de la Rouge.
Monsieur le Président, c'est pourquoi je donne ma parole aujourd'hui, à vous et à tous ceux qui ont à coeur le parc de la Rouge, que je rédigerai un projet de loi d'initiative parlementaire qui permettra d'améliorer cette mesure législative. Je me réjouis à l'idée de pouvoir présenter ce projet de loi à la Chambre et de le voir être adopté un jour, lorsque le NPD formera le gouvernement.
:
Monsieur le Président, il y a environ 15 ans, la Chambre adoptait trois projets de loi essentiels à la protection de notre patrimoine collectif: la Loi sur les parcs nationaux du Canada, la Loi sur les aires marines nationales de conservation du Canada et la Loi sur l'Agence Parcs Canada.
Aujourd'hui, nous avons un réseau magnifique de 44 parcs nationaux et quatre aires marines de conservation dont nous sommes fiers, parce que ces richesses naturelles sont pour le bénéfice de tous les Canadiens et Canadiennes.
Cependant, alors que nous protégeons des espaces qui sont plutôt sauvages, nous devons nous rendre à l'évidence que le Canada d'aujourd'hui est un pays urbain. En 2006, plus de 80 % de la population habitait dans nos villes. Voilà l'importance du projet de loi instaurant le parc urbain national de la Rouge.
Le projet amorce une nouvelle époque dans l'histoire de notre pratique de la conservation en définissant le premier parc national en milieu urbain. L'article 4 de ce projet de loi innovateur trace les grandes lignes de ses objectifs, qui sont de protéger et de mettre en valeur pour les générations actuelles et futures le paysage diversifié et le patrimoine naturel et culturel du parc, de favoriser le dynamisme des collectivités et d'encourager les Canadiens à découvrir les lieux patrimoniaux nationaux protégés et à développer des liens avec eux.
Ce projet de loi crée un nouvel encadrement pour la protection de l'écologie dans les zones urbaines au Canada. Le parc de la Rouge est maintenant le plus grand parc de la plus grande ville au Canada. Le parc comprend des ressources écologiques exceptionnelles, dont l'un des plus grands habitats de forêt carolinienne au Canada et des sites patrimoniaux importants, comme l'ancien chemin de portage, le lac Simcoe et le lac Ontario.
Le parc de la Rouge actuel doit son existence à la persévérance et aux efforts soutenus de groupes de citoyens dévoués à sa préservation depuis des décennies. Si le gouvernement veut s'engager sérieusement en ce qui concerne le parc de la Rouge, il doit le faire avec diligence et respect de la longue tradition de conservation au Canada.
[Traduction]
Le projet de loi créerait un nouveau précédent en matière de protection écologique en milieu urbain au Canada. Le parc de la Rouge est une ressource exceptionnelle; il s'agit du plus grand parc du genre et il est situé dans la plus grande ville du Canada. Nous devons reconnaître et souligner les efforts déployés par les citoyens intéressés qui ont protégé ce patrimoine naturel pendant de nombreuses décennies. Nous devons rendre justice à leurs efforts. Si le gouvernement fédéral entend assumer la responsabilité du parc pour lequel ces gens se sont battus, il doit agir de façon mûrement réfléchie et adéquatement.
Voilà maintenant que de nombreuses organisations en vue, qui ont oeuvré dans le dossier du parc et qui ont récemment signé une lettre, s'opposent au projet de loi dans sa forme actuelle, y compris la Fondation David Suzuki, la Société pour la nature et les parcs du Canada, Nature Canada et les Amis du bassin de la rivière Rouge.
Le gouvernement provincial de l'Ontario a déclaré qu'il refusera de faire don des terres qui lui appartiennent pour la création d'un parc assujetti aux dispositions du projet de loi .
[Français]
Compte tenu de l'importance du mandat de créer le premier parc urbain national, je réitère l'importance de bien le faire. Le projet de loi soulève des préoccupations, principalement en ce qui concerne les priorités du ministre par rapport à la conservation. Dans le projet de loi , celles-ci sont différentes de celles dans le cas d'un parc national.
Dans le projet de loi C-40, il est dit que:
[...] le ministre prend en considération la protection des paysages culturels et des écosystèmes naturels du parc, la préservation des espèces sauvages indigènes de celui-ci et le maintien de la santé de ces écosystèmes.
Par contre, dans le cas d'un parc national, la première priorité du ministre consiste à préserver l'intégrité écologique du parc par le biais de la protection des ressources naturelles et des processus écologiques. Si on accepte un modèle qui protégera dorénavant l'écologie dans les milieux urbains, on doit s'assurer que la protection écologique est une priorité réelle et non pas la laisser aux aléas des volontés d'un ministre.
La création d'un parc urbain national est un enjeu qui intéresse plusieurs résidants de ma circonscription. J'ai le bonheur et le privilège de représenter LaSalle—Émard, située en milieu urbain sur l'île de Montréal et longeant le fleuve Saint-Laurent. Au large, il y a les rapides de Lachine, un obstacle naturel qui a contribué à la création du canal de Lachine, le berceau de l'industrie au Canada et de la voie maritime du Saint-Laurent, la deuxième en importance au monde.
En plus de son importance historique, les rapides de Lachine comprennent 50 % de la fraie des poissons d'eau douce du Saint-Laurent. Le parc Des rapides, adjacent aux rapides de Lachine, est une réserve faunique d'oiseaux migrateurs avec entre autres l'une des dix plus grosses héronnières en Amérique du Nord.
Nous sommes fiers de cette ressource, et j'invite également mes collègues à visiter cette belle région du Canada. Nous sommes très fiers de cette ressource qui est d'une part écologique et naturelle, et d'autre part culturelle et historique, de l'établissement des Premières Nations à l'industrialisation.
Le mois dernier, j'ai organisé un forum sur l'avenir de notre fleuve, de nos rapides et de notre canal où plus de 120 participants sont venus échanger. Tout cela est pour faire valoir l'importance qu'a la création d'un parc comme celui de la Rouge, soit un parc en milieu urbain.
Lors de ces échanges, nous avons parlé de l'importance de ces joyaux situés en milieu urbain au Canada. Ce sont des sites d'une beauté naturelle exceptionnelle, et ce sont également des sites qui font partie de notre patrimoine historique, comme ceux que nous découvrons dans le parc de la Rouge, mais également ceux qui sont situés dans ma région et dans LaSalle—Émard. En raison de la proximité des milieux urbains de ces sites exceptionnels qu'il nous faut conserver et valoriser, des citadins pourront les visiter et s'y rendre très facilement, soit par le transport en commun, à pied ou à vélo. Il y aura des ressources expertes qui pourront les interpréter.
Je prends très au sérieux la création d'un parc urbain national comme celui de la Rouge. Je réitère toute l'importance de retrouver dans le projet de loi de solides balises, afin de ne pas seulement considérer la protection des paysages et la préservation des espèces, mais de réellement en faire une priorité.
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Monsieur le Président, je suis très heureux d'avoir l'occasion de participer au débat sur ce projet de loi.
Depuis de nombreuses années, bien des gens travaillent à la création du parc national de la Rouge. En règle générale, ils ont réellement à coeur la protection des terres et du patrimoine national. C'est ce qui importe le plus pour eux.
Pendant de nombreuses années, les gens de ce secteur ont demandé aux gouvernements précédents de tenter d'établir un équilibre entre la protection du patrimoine naturel de ce secteur et la protection des agriculteurs.
J'ai déjà abordé cet aspect, mais je vais faire un bref résumé.
La majorité des terres situées dans la partie nord de ce qui deviendrait le parc urbain national de la Rouge sont des terres agricoles de classe 1. Des agriculteurs ont été expropriés par le gouvernement libéral de M. Trudeau au début des années 1970 pour créer l'aéroport international de Pickering. Des milliers d'acres de terres agricoles de classe 1 ont été retirées aux agriculteurs. Dans certains cas, on a expulsé les agriculteurs de leur ferme. Dans d'autres cas, on a signé avec eux un bail d'un an. C'est ainsi que les choses se passent pour ces agriculteurs depuis le début des années 1970. Ils doivent composer avec des baux d'un an visant des terres agricoles de classe 1.
Plusieurs années plus tard, la province de l'Ontario, alors dirigée par le gouvernement néo-démocrate de Bob Rae, a commencé à envisager une gestion différente pour le parc de la Rouge. On se concentrait alors surtout sur les terres au sud de l'avenue Steeles, à Toronto.
Dans le cadre de ce processus, les agriculteurs au sud de l'avenue Steeles ont été expulsés lentement, mais sûrement et systématiquement. Aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus de terres agricoles de classe 1 dans cette région.
Aujourd'hui, de nombreux députés de l'opposition ont dit croire que nous pouvons proposer une approche qui protégerait désormais non seulement les agriculteurs, mais également l'intégrité écologique du parc de la Rouge.
Je sais que des députés de l'opposition, surtout les néo-démocrates, on dit avoir visité la vallée de la Rouge. Ils ont rencontré des groupes environnementalistes qui sont largement opposés à ce projet de loi. Ils ont également cité une agricultrice qui a témoigné au comité, et nous avons entendu cette citation deux fois dans le débat d'aujourd'hui. Je parle de Kim Empringham, de la York Region Federation of Agriculture.
Soulignons que la fédération représente 700 entreprises agricoles dans cette région, et qu'elle est responsable d'une activité économique qui génère des milliers de dollars et des centaines d'emplois dans la région. Les agriculteurs sont là depuis plus de 200 ans, et la tradition agricole de cette région remonte à plus de 400 ans.
Qu'a dit Kim Empringham, de la York Region Federation of Agriculture? Elle a dit que la York Region Federation of Agriculture appuyait ce qu'avait fait Parcs Canada. Elle appuyait le processus de consultation mené par Parcs Canada ainsi que le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui, sous sa forme actuelle.
Lorsque la députée d' l'a interrogée au sujet du projet de loi, Mme Empringham a répondu ceci:
Nous craignons de perdre graduellement nos terres avec le temps. Quand on n'accorde pas la même importance aux deux éléments, il est difficile pour les agriculteurs et pour l'agriculture de se maintenir et de ne pas être désavantagés.
Nous avons également entendu ce que Mike Whittamore, un agriculteur prospère, avait à dire au sujet des terres provinciales qui se trouvent dans le nord du parc de la Rouge.
Je précise qu'il y a deux sortes de terres: les terres domaniales, au nord, que les libéraux ont expropriées dans les années 1970 pour construire un aéroport international, et les milliers d'acres de terres provinciales, essentiellement accumulées par le gouvernement néo-démocrate de Bob Rae et le gouvernement conservateur de Mike Harris, qui sont sous la protection de l'Office de protection de la nature de la communauté urbaine de Toronto et de la région. Certaines terres ont par ailleurs été cédées par la Ville de Markham et placées sous la protection de ce qu'on appelait alors l'Alliance du parc de la Rouge.
Mark Whittamore cultive des terres provinciales. C'est un agriculteur prospère, l'un de ceux dont la famille, dans les années 1970, cultivait les mêmes terres depuis 200 ans. Sa ferme a été expropriée. Depuis, il doit se contenter de louer les terres selon un bail annuel. Qu'avait donc à dire M. Whittamore, un agriculteur? Il a dit qu'il redoutait que cela devienne une mort à petit feu. Il a dit qu'il y aurait d'abord la reforestation, puis les pesticides et les engrais et ainsi de suite.
Sur quoi s'appuie M. Whittamore? J'en ai déjà parlé à la Chambre. Quelles preuves a-t-il que c'est ce qui l'attend? À cet égard, en 2007, le même gouvernement provincial et le ministre Brad Duguid, qui préconise maintenant de ne pas céder les terres provinciales, sont allés un peu plus loin: ils ont soustrait des centaines d'acres de terres de classe 1 à l'exploitation agricole, évinçant les agriculteurs de leurs terres et de leur foyer.
L'hon. John McKay: C'est un mensonge.
M. Paul Calandra: Monsieur le Président, le député de dit que c'est un mensonge. Quelle déclaration remarquable, compte tenu des nombreux communiqués de presse qui ont été publiés. Je l'incite à les consulter, car il constaterait que son collègue de était là quand un chèque de 2 millions de dollars a été présenté à des agriculteurs qui ont été expulsés de leurs terres pour créer le parc commémoratif Bob Hunter.
C'est avec le sourire que le ministre qui était à l'époque le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires municipales et du Logement et qui représentait la circonscription ontarienne de Markham—Unionville, soit le député fédéral qui représente aujourd'hui , a mis en friche des terres agricoles de classe 1 en 2007; le député était tout heureux d'expulser des agriculteurs de leur terre en échange d'un chèque de 2 millions de dollars.
Or, le parc commémoratif Bob Hunter n'est toujours pas ouvert au public. Voilà comment les libéraux d'en face et leurs collègues du gouvernement provincial gèrent les parcs, et c'est ce que les agriculteurs craignent. Ils savent ce qui arrivent lorsqu'ils laissent leur avenir dans les mains d'autres personnes: ils souffrent, ils meurent à petit feu, comme l'a dit M. Whittamore.
Les députés d'en face ont parlé d'intégrité écologique. Parmi les témoins qui ont comparu au comité, il y en avait un qui s'était déjà occupé de la gestion des ressources de cette région: Ian Buchanan de la région de York. M. Buchanan a dit qu'il serait impossible d'assurer l'intégrité écologique du parc pour bien des raisons, notamment à cause de l'autoroute 401, du site d'enfouissement et du Zoo de Toronto. M. Buchanan, qui travaille pour la municipalité régionale de York, a parlé des bons coups. Je le cite:
Par ailleurs, d'après mon expérience de travail de 15 ans dans le domaine de l'application des lois environnementales aux trois paliers de gouvernement, ce qui faisait malheureusement défaut dans tous les cadres législatifs antérieurs, c'était l'absence d'un guichet unique pour la protection environnementale. Il y avait de nombreux paliers, et les gens ne savaient pas à qui s'adresser pour obtenir des renseignements sur les activités. Un tel guichet unique existe dans le cas du parc de la Rouge, ce qui est une bénédiction.
Larry Noonan, dont le député de a parlé et qui représentait un groupe de contribuables, appuie la mesure législative que nous avons présentée. Il reconnaît qu'il est impossible d'assurer l'intégrité environnementale de cette région, et il appuie l'exploitation agricole dans le parc.
Nombreux sont les députés d'en face à avoir mentionné des organisations comme les Amis du bassin de la rivière Rouge, Ontario Nature, et j'en passe. Une représentante d'Ontario Nature, Caroline Schultz, a comparu devant le comité. Les députés d'en face disent souvent qu'il ne faut pas nous inquiéter de l'agriculture, que tout se passera bien et que ce secteur sera protégé. Quand on a demandé à Mme Schultz de parler d'un corridor, elle a dit qu'elle appuyait la création d'un corridor écologique de 600 mètres qui mettrait fin aux activités agricoles sur 2 000 acres de terres agricoles de classe 1. Elle a déclaré qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, puisque les agriculteurs pourraient continuer d'exploiter les terres.
Toutefois, selon le type de production agricole, elle a dit que certaines pratiques agricoles ne seraient pas compatibles avec le projet. Ils font déjà des plans pour expulser les agriculteurs de la région.
De nombreux députés de l'opposition ont déposé des pétitions au sujet du plan de gestion du parc de la Rouge. Ils ont affirmé avoir obtenu l'appui d'organisations comme Ontario Nature, la Fondation David Suzuki et les Amis du bassin de la rivière Rouge, et ils ont insisté sur l'importance de ces appuis.
Le député de a déclaré ce qui suit en parlant des Amis du bassin de la rivière Rouge: « Rien ne sera jamais réalisé dans le parc de la Rouge sans l'adhésion des Amis du bassin de la rivière Rouge ». Qui pourrait le contredire? Les 700 agriculteurs qui exploitent les terres de cette région ainsi que les contribuables qui y habitent. En effet, l'association des contribuables de Cedar Grove n'est pas d'accord avec cette affirmation. Les gens qui habitent vraiment près de la rivière Rouge, qui travaillent dans cette région, y investissent et s'adonnent à des activités là-bas rejettent tout ce que l'opposition a dit au sujet de la rivière Rouge et de la préservation de celle-ci.
Pourquoi les agriculteurs en ont-ils autant contre les propositions des groupes environnementaux? Parce qu'ils appuient la section concernée du plan de gestion du parc de la Rouge. L'extrait suivant est tiré du plan:
La protection des valeurs du patrimoine culturel du parc passe par le maintien des activités agricoles. Comme toutes les activités doivent répondre aux objectifs du parc, la priorité étant accordée à la protection et au rétablissement du patrimoine naturel, on recommande de réduire la portion réservée aux terres agricoles afin d'atteindre les objectifs de rétablissement à l'état naturel du parc.
Voilà les propos et les politiques que les députés d'en face voudraient faire avaler encore une fois aux agriculteurs.
Parlons maintenant du corridor écologique de 600 mètres. Au départ, je croyais que c'était 1 700 acres de terres agricoles de classe 1 qui devraient être mises hors service pour satisfaire aux demandes des groupes environnementaux concernant le parc de la Rouge, mais je m'étais trompé. En réalité, il faudrait renoncer à 2 000 acres de terres agricoles de classe 1. Pensons-y.
Quand on a demandé à Mme Empringham et à M. Whittamore quelles seraient les conséquences pour eux, M. Whittamore a répondu « la mort à petit feu ». Mme Empringham, qui s'exprimait au nom des agriculteurs, a de son côté laissé entendre qu'il fallait ne rien comprendre à l'agriculture pour proposer une telle chose. L'équipement utilisé aujourd'hui est plus gros et il offre un rendement supérieur. Il y aurait donc moins d'agriculteurs dans le parc de la Rouge.
L'opposition a aussi beaucoup parlé de M. Robb. Pourquoi les agriculteurs craignent-ils Jim Robb? Pourquoi craignent-ils les groupes environnementaux qui ont souscrit à cette idée? Comment M. Robb a-t-il qualifié nos agriculteurs?
Il a dit d'eux que c'était des producteurs de cultures commerciales dont les produits étaient néfastes pour l'environnement. Il s'adressait alors à un comité de la Ville de Markham. Il a aussi dit qu'il était disposé à partager le parc de la rouge avec la communauté patrimoniale d'agriculteurs.
Quand il a comparu devant le comité, nous lui avons demandé de nous décrire l'agriculteur patrimonial type. Il a répondu qu'à son avis, il s'agit d'un agriculteur qui était là pendant la vague d'expropriations.
Bref, ce qu'il voulait dire, lorsqu'il s'est adressé au comité de la Ville de Markham, c'est qu'il serait prêt à partager le parc avec les agriculteurs patrimoniaux, mais que les agriculteurs qui exploitaient les terres de classe 1 et qui n'ont jamais été expropriés n'ont pas le droit d'être là et de travailler la terre.
Il a participé à une réunion du comité avec un M. Reesor. La famille Reesor est l’une des premières familles qui se sont établies dans le secteur. M. Reesor a, quant à lui, commencé à cultiver sa terre en 1985. On ne considérerait donc pas que l’activité agricole de ce monsieur a une valeur patrimoniale. Selon la définition de M. Robb, une définition avalisée par l’opposition, M. Reesor devrait probablement être expulsé de la terre qu’il cultive depuis 1985 et que sa famille cultive depuis plus de 200 ans.
Nous avons entendu des témoins. J’ai rencontré un certain nombre de groupes d’agriculteurs et j’ai parlé à d’innombrables électeurs de ma circonscription. Ils disent tous la même chose: nous devons protéger les agriculteurs établis dans la partie nord de la vallée de la Rouge.
Parallèlement, nous devons tout faire pour protéger la partie sud de la Rouge, qui est sous la responsabilité du gouvernement provincial. Au début, tout ce que le gouvernement provincial voulait, c’était 100 millions de dollars. On nous a dit: « Donnez-nous 100 millions de dollars et nous vous abandonnons la Rouge. Vous pourrez en faire ce que vous voudrez, vous n’avez qu’à nous donner 100 millions de dollars. »
Alan Wells, qui a déjà présidé l’Alliance du parc de la Rouge, a dit que cela n’avait jamais été fait. Lorsque nous l'avons confronté, le gouvernement provincial a changé d’idée et déclaré que 100 millions, c’était peut-être un peu exagéré. L’intégrité écologique de la région était importante pour lui et faisait partie intégrante du marché. Mais non, c’était: « Donnez-nous 100 millions de dollars. Nous vous abandonnons le secteur. Félicitations. Faites-le, votre parc. »
Nous avons refusé; telle n’était pas notre priorité. Notre priorité était d’obtenir les terres au nom de tous les Canadiens et de créer quelque chose de spécial dans le secteur de la Rouge. C’est ce vers quoi nous nous dirigeons.
Voyons ce qui est arrivé. Les gens demandaient au gouvernement fédéral de prendre les choses en main depuis des décennies; nous avons donc offert cette protection. Nous avons présenté un plan qui faisait intervenir Parcs Canada.
Je n’ai entendu personne laisser entendre à la Chambre que Parcs Canada n’est pas l’un des organismes les plus professionnels qui soient et l’un des meilleurs gardiens de nos parcs. En fait, le travail effectué par cet organisme pour créer des parcs nationaux et protéger notre patrimoine naturel partout au pays est reconnu de par le monde.
Parcs Canada a pris le temps de parler avec les agriculteurs et a réellement changé la relation qu’avait le gouvernement avec les gens de cette région. La relation est devenue davantage axée sur la collaboration. Parcs Canada a travaillé avec les agriculteurs et il les a amenés à participer à l’aménagement du parc national de la Rouge.
Le gouvernement fédéral a réservé plus de 140 millions de dollars pour créer ce parc, pour en faire une réalité, afin que des millions de gens du Grand Toronto puissent avoir accès à un parc national. Nous avons prévu des centres pour les visiteurs de façon que les gens puissent comprendre pourquoi le secteur est important. Nous avons établi un centre agricole au nord du parc de la Rouge pour familiariser les visiteurs avec la tradition agricole vieille de 400 ans de cette région. Au sud, des sentiers seront aménagés pour que les gens puissent profiter du parc. Ils pourront jouir de leur visite. Il devait y avoir des travaux d’amélioration de l’environnement, des travaux que le gouvernement provincial n’a jamais faits.
Le gouvernement provincial a présenté une série de conditions pour transférer les terres et il veut que nous fassions ce qu’il n’a jamais fait. Soit dit en passant, cela ne comprend pas les demandes pour les infrastructures. Le gouvernement libéral a dit : « Vous devez assurer l’intégrité écologique de la région, mais, un instant, nous avons besoin d’une exemption pour tout un segment, parce qu’il se pourrait que nous ayons des demandes un jour pour des infrastructures dans ce secteur. Vous pouvez donc laisser tomber ce segment, mais pour tout le reste, vous devez protéger l’intégrité écologique de la région. »
Oubliez le fait que le gouvernement provincial n’a jamais fait quoi que ce soit. Oubliez le fait que le projet de loi permettrait de protéger mieux que jamais auparavant l’environnement de cette région. Oubliez le fait que les gens qui vivent, travaillent et pratiquent leurs loisirs dans ce secteur, comme cela est le cas depuis des décennies, n’approuvent pas les agissements du gouvernement provincial. Ils approuvent notre approche toutefois et, en fait, leurs représentants ont comparu devant un comité pour appuyer le gouvernement et les initiatives de Parcs Canada. Nous sommes censés faire abstraction de tout cela et écouter des groupes qui n'ont aucun intérêt particulier dans ce parc, mis à part le fait qu'ils sont payés pour le défendre. Telle est la réalité, et c'est une erreur que de laisser entendre quoi que ce soit d’autre.
Et sur quoi portent donc la grande majorité des très nombreux amendements qu’ils ont présentés? Ils portent sur l’intégrité écologique. Avons-nous voté contre? Oh que oui! Si nous avions voté en faveur des amendements, nous aurions dû expulser des agriculteurs. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre.
En résumé, pour ceux qui laissent entendre qu’ils ne peuvent pas appuyer le projet de loi, réfléchissons à ceci. Si le gouvernement provincial disait qu’il ne peut transférer les terres, que ferions-nous? Nous créerions un parc de 5 000 acres. Que faisons-nous là-bas? Nous prenons 5 000 acres de terres de première qualité pour les soustraire à un projet d’aéroport international. Nous réservons ces terres pour les agriculteurs et nous les préservons afin qu’ils puissent continuer de les cultiver pour toujours.
Si elle vote contre le projet de loi, l’opposition ne votera pas tant contre un grand parc de la Rouge que pour la conservation de ces terres en vue de l’aménagement d’un aéroport international. Ils peuvent traiter les deux dossiers séparément. S’ils appuient les agriculteurs et s’ils appuient la protection de l’environnement, ils voteront en faveur du projet de loi, à tout le moins parce qu’il permettrait d’exclure 5 000 acres de terres fédérales d’un projet possible d’aéroport international, et de préserver et protéger ces terres pour toujours.
L’opposition peut au moins appuyer cet aspect, et nous pourrions tous alors travailler à l’élaboration du cadre et du plan de gestion final qui appuieraient tous les objectifs des agriculteurs et des environnementalistes.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole.
Les néo-démocrates veulent s'assurer que nous faisons bien les choses relativement à ce parc. Cela veut dire s'assurer que l'intégrité écologique et la conservation sont considérées en priorité dans le parc urbain de la Rouge. Par contre, cela ne veut ni dire que nous voulons expulser les agriculteurs ni que nous ne souhaitons pas que le plus d'aliments possibles sont produits localement dans la région du Grand Toronto, car cela relève du gros bon sens et est bon pour l'environnement.
Nous venons d'entendre le secrétaire parlementaire parler de l'impossibilité, pour les agriculteurs, d'investir à long terme pour respecter les meilleures pratiques et assurer l'intégrité écologique de leurs terres. Bien sûr, nous appuierions les mesures qui aideraient les agriculteurs à faire ces investissements et leur donneraient la possibilité d'améliorer leurs terres. Nous souhaitons l'amélioration de la protection du parc et de la région entière de sorte que le parc de la Rouge et ses agriculteurs soient là pour des générations à venir, pour le bien de la ville de Toronto, de la région du Grand Toronto et de tous ceux qui fréquenteront le parc et en profiteront.
Nous sommes reconnaissants à tous les citoyens qui, pendant des décennies, ont travaillé dur afin de protéger les parcs établis et de planifier ce parc national. Le NPD appuie la création du parc urbain national de la Rouge, à condition que cela ne se fasse pas au détriment de la protection environnementale. Un manque de protection créerait un précédent vraiment dangereux pour les futurs parcs urbains nationaux, puisque ce premier parc servira de modèle aux parcs futurs. C'est pourquoi nous nous opposons au projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
Nous proposerons plutôt un nouveau projet de loi qui remédiera à la diminution de la protection des parcs que propose le projet de loi des conservateurs. Cette nouvelle mesure fera fond sur l'impulsion positive du projet de loi et la renforcera grâce aux commentaires et aux témoignages entendus à l'étape de l'examen en comité, de façon à arriver à un consensus pour la création de ce parc urbain national. Cette stratégie devrait nous permettre de dénouer l'impasse et de rétablir la collaboration avec la province et les intervenants locaux pour arriver à un processus optimal.
Selon la communauté locale, nous avons besoin d'une mesure législative plus solide si on souhaite préserver la Rouge pour les générations futures. La création du premier parc urbain national du Canada servira de modèle et déterminera comment on protégera, à l'avenir, les terres écosensibles situées en zone urbaine. Il est donc essentiel de bien faire les choses. Le gouvernement peut créer tous les parcs qu'il désire mais, si ces parcs ne bénéficient pas du financement requis ni d'une bonne protection au chapitre de l'intégrité écologique, la désignation de parc national ne contribuera pas vraiment à la conservation.
Nous avons écouté les témoignages d'experts et avons proposé 18 amendements visant à renforcer le cadre législatif du projet de loi . Nous étions extrêmement déçus — mais, malheureusement, pas surpris — que les conservateurs aient, une fois de plus, refusé d'écouter les intervenants et de travailler avec les autres partis pour créer une mesure législative qui représente tous les intérêts des personnes touchées. Voilà pourquoi nous créons un nouveau projet de loi. C'est la députée néo-démocrate de qui le présentera.
Nous voulons qu'un parc soit créé, mais nous n'allons pas nous contenter de protections environnementales inférieures aux normes. Nous continuerons de travailler fort pour créer le parc urbain national de la Rouge. Nous travaillerons à l'adoption de bonnes politiques environnementales solides — lesquelles accorderont la priorité à l'intégrité écologique et au maintien des terres agricoles, et protégeront au mieux nos précieuses forêts caroliniennes et nos précieux bassins hydrographiques —, tout en collaborant avec le milieu agricole pour assurer la pérennité de l'agriculture durable et de la production alimentaire locale dans le parc.
En résumé, nous avons débattu de ce projet de loi une première fois à l'étape de la deuxième lecture, durant laquelle plusieurs pétitions ont été présentées pour demander au gouvernement de prendre certaines mesures. En fait, nous avions un plus grand consensus au début du processus, mais, en raison du refus des ministériels de collaborer avec les autres intervenants, les institutions et le gouvernement ont, à mesure que le processus s'étirait, commencé lentement à retirer leur soutien au projet de loi, puisqu'il ne répond pas aux normes qui, selon nous, devraient exister pour assurer l'intégrité écologique, l'agriculture durable et la protection de nos bassins hydrographiques. Un pipeline qui traverse la région et la multiplication des autoroutes, des routes et des infrastructures sont autant de difficultés supplémentaires qui doivent être prises en considération.
Toutefois, la création de ce parc nous offre une occasion en or d'établir des normes internationales exemplaires en ce qui concerne les relations entre l'environnement et les infrastructures, l'environnement et l'agriculture, ainsi que l'interaction entre les gens — les êtres humains — et les écosystèmes fragiles. Nous pourrions envisager de créer des pratiques exemplaires en utilisant celles qui existent déjà dans d'autres pays pour que ce parc soit le meilleur et le mieux protégé. C'est le genre de modèle que nous serions fiers de transmettre pour d'autres parcs et d'autres régions urbaines dans le futur. Puisque 80 % de la population canadienne habite déjà dans des centres urbains, l'importance de préserver l'intégrité écologique des terres, des forêts, des bassins hydrologiques et d'autres aspects de la nature dans les environs de ces centres continuera de croître.
En raison de la croissance démographique, nous devons aussi veiller à produire davantage d'aliments à l'échelle locale. C'est pour cela que nous sommes tellement mécontents que le gouvernement ait suivi la voie empruntée par les gouvernements conservateurs et libéraux précédents en ne corrigeant pas l'erreur qui a été commise lors de l'expulsion de nombreux agriculteurs quand des terres ont été expropriées pour construire l'aéroport de Pickering. Il y a là des dizaines de milliers d'acres de terres agricoles de première qualité qui devraient être cultivées à l'échelle locale et produire des aliments destinés à la région du Grand Toronto. Ces terres devraient être protégées pour les générations à venir afin que les agriculteurs puissent avoir l'assurance, grâce à des pratiques exemplaires durables, qu'ils ne causent aucun tort à l'environnement, que leur productivité est la meilleure possible, et qu'ils peuvent transmettre ces exploitations aux générations à venir qui pourront continuer à nourrir la population croissante de la région du Grand Toronto, qui dépasse déjà largement les cinq millions de personnes.
Ce nombre augmente considérablement si l'on tient compte des régions plus éloignées, autour d'Hamilton. Une grande partie de la population canadienne habite dans le Sud-Ouest et dans le Sud de l'Ontario. Par conséquent, plus nous réussirons à produire d'aliments à l'échelle locale, moins notre approvisionnement alimentaire aura de répercussions sur l'environnement. Quand des aliments produits au loin sont expédiés de l'autre côté d'un continent ou d'un océan, les ressources utilisées pour acheminer ces produits vers les marchés sont énormes.
Nous pouvons nous demander si le prix de nos ressources est approprié, mais nous sommes tous d'accord pour dire que la production locale d'aliments est avantageuse pour l'économie, pour les familles et certainement pour l'environnement. Le gouvernement rate une belle occasion de protéger des dizaines de milliers d'acres de terres qui ont été expropriées pour construire l'aéroport de Pickering. Nous pourrions choisir d'autres endroits pour accroître la capacité aéroportuaire afin que nous n'ayons pas à perdre ces terres agricoles de première qualité.
Le secrétaire parlementaire n'a pas cessé de parler de l'importance de préserver la tradition agricole de cette région, mais il ne prend jamais la parole quand nous réclamons l'annulation de la terrible décision d'exproprier ces terres il y a 40 ans, date depuis laquelle les agriculteurs sont forcés d'accepter des baux d'un an seulement.
Plusieurs de mes collègues et moi avons visité un grand nombre de ces exploitations agricoles. Nous avons participé à des activités d'une journée qui nous ont permis de comprendre et de voir les contributions de cette région à l'Ontario et à notre économie locale. Ces contributions seraient encore plus importantes si ces terres étaient protégées. Toutefois, quand nous avons ce débat, le secrétaire parlementaire brille par son absence. Seul le sort de quelques agriculteurs lui tient à coeur. Il ne semble pas vraiment se soucier du reste. C'est toute notre chaîne d'alimentation qui doit être protégée.
Le projet de loi est bien loin de répondre à nos attentes, de même qu'aux normes que nous devrions exiger pour que le parc urbain national de la Rouge respecte les intérêts de toutes les parties concernées, à savoir les agriculteurs, les environnementalistes, la population locale, les gouvernements locaux et toutes les personnes s'occupant du parc.